Notes de cours en Anthropologie audiovisuelle. Robert Flaherty, pionnier du cinéma ethnographique, Nanook. Mis en ligne par Mme Souad AZIZI, à l'attention des étudiants de la filière de sociologie de Mohammedia, Parcours Anthropologie des Mondes urbains, (5ème sem.).
1. Département de Sociologie de Mohammedia
Filière de Sociologie
Professeur: Souad AZIZI
U.E.: Anthropologie audiovisuelle
Année: 2006/2007
Robert FLAHERTY (1884-1951)
LA CAMÉRA PARTICIPANTE
2. Plan de cours: Robert FLAHERTY, La
caméra participante
I. Qui est Robert Flaherty?
II. Message de Flaherty Qu’est-ce qu’il a essayé de faire et
de dire en tournant Nanouk ?
III. Comment Flaherty a fait Nanouk
IV. Procédés d’observation ethnographique
V. Procédés d’écriture cinématographique
VI. Autres films de FLAHERTY
Références bibliographiques
2
3. I. Qui est Robert Flaherty?
Ni cinéaste de métier , ni
anthropologue de formation
Pour les cinéastes : il est l’inventeur du
documentaire cinématographique.
Pour les anthropologues : il est
l’inventeur du film ethnographique
Film qui lui vaut cette renommée :
Nanouk l’Esquimau (1922).
3
4. Eléments biographiques déterminants
Flaherty, enfant
Naissance dans le Michigan (USA), Famille
d’origine irlandaise.
Son père : Exploitant de mines de fer et
de cuivre.
A 12 ans, Robert l’accompagne dans les
terres du Grand Nord.
Naissance de sa vocation : goût pour la
minéralogie et les territoires exotiques.
4
5. Flaherty, adulte
Devient minéralogiste et explorateur
Mandaté par le gouvernement américain pour
explorer la baie d’Hudson, territoire des Inuit.
Filme en amateur les Inuit. Incendie de sa cabine de
montage : pellicules détruites.
Nouvelle expédition financée par les Frères Revillon.
Principal objectif : Faire un FILM sur le peuple Inuit.
Principale source de revenus des Inuit : La vente
de fourrures au Comptoir des blancs.
5
6. Hommage de Jean ROUCH
Robert Flaherty est
« ce pionnier qui n’avait jamais été à
l’école, sauf à celle des bûcherons du
Grand Nord, et qui, aveuglé par la
lumière de la baie d’Hudson, a inventé
le cinéma dans les yeux émerveillés de
Nanouk »
6
7. II. Message de Flaherty
Objectif : Décrire le peuple Inuit et son
mode de vie.
Message particulariste : Qu’est-ce qui
fait la particularité de la culture inuit ?
Message universel : Donner à voir le
combat de l’homme avec une nature
hostile, pour assurer sa survie.
7
9. 1. Long séjour sur le terrain
Immersion totale
dans
la population
observée,
pendant près de 15
mois.
Etablissement
d’une relation
d’amitié et de
grande proximité
avec l’homme qui
va devenir le
héros de son
film, avec sa famille
et son entourage.
L’équipe de tournage sur le terrain
9
10. 2. Recours à des « acteurs » autochtones
Nanouk, de son vrai nom
Allakarialuk, son épouse
et les autres Inuits
jouent leur propre Nanouk
rôle.
Une seule des femmes
présentées comme étant
celles de Nanouk est sa
véritable épouse, Nyla.
Les autres sont les Nyla
compagnes de Flaherty.
Elles font donc de la
figuration.
10
11. 3. Caméra participante
Restitution immédiate à l’observé:
Flaherty développe ses images sur
place et les montre à Nanouk sur le
champ.
Participation de l’observé à
l’organisation de la prise de vue :
Flaherty fait participer activement
Nanouk à la réalisation du film.
11
12. 4. Mise en scène et reconstitution d’une réalité passée
La chasse au morse avec des harpons Le tir à l’arc: technique également
Technique de chasse séculaire mais disparue en déperdition dans les années 20
dans les années 20 (usage de fusils)
12
13. 5. Jeu du « primitif ignare »
Etonnement simulé
devant un
gramophone, dans le
Comptoir des Blancs.
Nanouk joue la
comédie: il mord
dans le disque.
13
14. 6. Trucage de la réalité présente
Fabrication de plusieurs
igloos utilisés comme des
décors de cinéma.
Pour les besoins du
film, l’igloo fabriqué par
Nanouk est plus grand qu’un
igloo réel.
Scènes filmées à l’intérieur :
igloo décalotté.
Un véritable igloo : trop petit
et trop sombre pour
permettre l’évolution de
l’opérateur et la prise
d’images nettes.
14
15. 7. Mise en scène de la réalité et trucage
Séquence de la pêche au phoque : Lutte de
Nanouk pour sortir le phoque de l’eau. En
réalité, pas d’animal au bout de son
filin, seulement des membres de l’équipe de
tournage. Scène truquée
Séquence de dépeçage : Consacrée aux
techniques de dépeçage, aux règles de
partage et aux coutumes de consommation
du phoque.
15
16. IV. Procédés d’observation ethnographique
1. Longue immersion dans la population observée
2. Observation et repérage avant la description
filmique
3. Restitution immédiate à l’observé des résultats
et discussion
4. Participation de l’observé à l’organisation de la
prise de vue
5. Suscitation de nouvelles informations
RÉSULTAT : Description de l’intérieur du mode
de vie d’une société autre par un observateur de
l’extérieur .
16
17. V. Procédés d’écriture cinématographique
1. Reconstitution de la
réalité
2. Personnages jouant leur
propre rôle
3. Appel à des figurants
4. Utilisation d’un décor
adapté aux exigences des
conditions de tournage
5. Trucage et mise en scène
de la réalité
6. Montage et raccord de
plans rapprochés et de
gros plans pour créer une Séquence de dépeçage, gros plans sur les chiens
dramaturgie fictionnelle.
17
18. VI. Autres films de Flaherty
1922 Chtors
1923 Moana (1h30) : les Polynésiens des îles
Samoa
1931 Tabou (1h30) : les Polynésiens des îles
Samoa
1934 L’Homme d’Aran (1h20) : les pêcheurs
d’Aran
1937 Elephant Boy (1h16) .
1942 La Terre (42 mn)
1948 Luisiana Story (1h17) : les Français de
Louisiane
18
19. Références bibliographiques
PIAULT, M-H. 2000. « Flaherty et l’illusion ethnologique », pp. 68-79, in:
Anthropologie et cinéma. Paris: Nathan.
ROUCH, J. 1968. « Le film ethnographique», pp. 447-455, in: Ethnologie
générale. Paris: Gallimard.
ROUCH, J. 1979. « La caméra et les hommes », pp. 55-56, in: Pour une
anthropologie visuelle. Paris: Mouton/EHESS.
19