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Le Soir
Des étudiants en médecine veulent un examen d’entrée
Billy-Ray Muraille (ULB), Alexandre Borsus (ULg), Coralie Sampaoli (Unamur)
Mis en ligne vendredi 24 avril 2015, 9h01
Les représentants des étudiants en médecine de l’ULB, l’ULg et l’Unamur
viennent de signer une lettre ouverte adressée à Jean-Claude Marcourt (PS).

Voilà qui va relancer le débat sur le filtre à l’entrée des études de médecine. On sait le
ministre Marcourt fermement opposé à un examen d’entrée et plutôt favorable – parce que
contraint par le fédéral – à un filtre en fin de première.
Or, à l’instar d’une large partie de la profession, les représentants des étudiants en médecine
de trois universités viennent de signer une lettre ouverte : Billy-Ray Muraille (ULB),
Alexandre Borsus (ULg), Coralie Sampaoli (Unamur).
A la lumière de leurs analyses, ils rejettent en bloc la proposition du ministre et l’exhortent à
mettre en place « un examen d’entrée corrélé avec les quotas fédéraux », épreuve à doubler
« d’une année propédeutique facultative ».
La lettre ouverte à Jean-Claude Marcourt
Afin de résoudre le dossier INAMI pour les études de médecine et de dentisterie,
l’instauration d’un concours en fin de première année a été annoncée.
Cette décision, résultant de l’absence de politique efficace en la matière, a été prise sans réelle
concertation avec l’ensemble des représentants officiels des étudiants, des académiques ou
des milieux médicaux, et nous le regrettons.
Avant toute chose, nous tenons à rappeler notre opposition de principe à toute forme de
sélection autre que la sélection académique. Cependant, les conditions actuelles nous amènent
à la conclusion qu’une limitation à l’entrée permettrait d’améliorer la situation à court terme.
Faut-il rappeler à Monsieur le Ministre la situation actuelle dans les amphithéâtres de
première année ? Auditoires surchargés, structure d’enseignement à bout de souffle et
incertitude quant à leur avenir sont le quotidien de milliers d’étudiants en médecine et de
dentisterie. Instaurer un concours à la fin de première année ajouterait un esprit de
compétition malsain. Si l’environnement actuel n’est certainement pas propice à
l’apprentissage, ce concours aggraverait d’avantage cette situation, amplifiant les écarts socio-
économiques au lieu de les réduire.
De plus, le moratoire dont a fait l’objet ce système en 2008 a démontré sa fragilité juridique.
Or, l’accord intervenu avec le fédéral pour octroyer des numéros INAMI pour les promotions
actuelles est conditionné par la mise en place d’une sélection fiable et viable à long terme.
Une nouvelle arrivée de « reçus-collés » pourrait mettre en danger cet accord, en donnant la
possibilité de voir ce système cassé en justice.
Dès lors, nous proposons un examen d’entrée corrélé avec les quotas fédéraux, avec une
année propédeutique accessible financièrement et facultative.
Une année préparatoire basée sur deux axes
L’année préparatoire serait basée sur deux axes. Le premier axe porterait sur la remise à
niveau des connaissances en sciences fondamentales. Le deuxième sur le développement
d’autres compétences comme la réflexion, la logique, l’analyse de textes et de problèmes.
Nous comptons ainsi minimiser l’impact des inégalités dans le secondaire, tout en donnant
des outils qui diminueront les risques de doublement par la suite, peu importe l’orientation.
Par ailleurs, cette année propédeutique serait organisée et financée par la fédération Wallonie-
Bruxelles, avec une participation de l’étudiant dans la même proportion que pour une année
universitaire classique. À la fin de l’année propédeutique, l’étudiant pourra choisir l’université
dans laquelle il passe son examen. L’examen d’entrée et l’année propédeutique seraient ainsi
clairement séparés pour limiter tout esprit de compétition négatif.
L’examen d’entrée suivrait la logique de l’année préparatoire : une partie de sciences
fondamentales et une partie cognitive. Cet examen serait mis en place par la Fédération
Wallonie-Bruxelles, uniformisant la sélection pour toutes les universités francophones. De
cette façon, l’examen permettrait d’éviter les différences entre universités contrairement au
concours qui se base sur les cours du second trimestre, propres à chaque établissement. Par
ailleurs, les quotas d’étudiants admis seraient corrélés avec un cadastre dynamique et actualisé
représentant réellement la demande médicale.
Pour un meilleur encadrement pédagogique
Par rapport au concours en fin de première bac, l’examen d’entrée permettrait de réduire le
nombre d’étudiants pris en charge par les universités, afin de mettre en place un bien meilleur
encadrement pédagogique. Cette première année permettrait d’assurer une formation de
qualité dès le début, au lieu de la perdre au profit d’une année de sélection.
Pour toutes ces raisons, nous plaidons en faveur de cette sélection qui nous semble plus
humaine, plus pratique, plus pédagogique et plus égalitaire. Celle-ci permettrait à la fois de
répondre aux problèmes concrets de la situation socio-économique, tout en respectant le
principe d’équité et de qualité de l’enseignement supérieur.
Monsieur le Ministre, sachez que ces propositions ne reflètent pas simplement l’avis d’une
poignée d’étudiants, mais sont le résultat d’un vrai travail de fond et de nombreux échanges
avec les différents acteurs du monde de l’enseignement et des soins de santé.
http://www.lesoir.be/859913/article/debats/cartes-blanches/2015-04-24/des-etudiants-en-
medecine-veulent-un-examen-d-entree

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  • 1. Le Soir Des étudiants en médecine veulent un examen d’entrée Billy-Ray Muraille (ULB), Alexandre Borsus (ULg), Coralie Sampaoli (Unamur) Mis en ligne vendredi 24 avril 2015, 9h01 Les représentants des étudiants en médecine de l’ULB, l’ULg et l’Unamur viennent de signer une lettre ouverte adressée à Jean-Claude Marcourt (PS).  Voilà qui va relancer le débat sur le filtre à l’entrée des études de médecine. On sait le ministre Marcourt fermement opposé à un examen d’entrée et plutôt favorable – parce que contraint par le fédéral – à un filtre en fin de première. Or, à l’instar d’une large partie de la profession, les représentants des étudiants en médecine de trois universités viennent de signer une lettre ouverte : Billy-Ray Muraille (ULB), Alexandre Borsus (ULg), Coralie Sampaoli (Unamur). A la lumière de leurs analyses, ils rejettent en bloc la proposition du ministre et l’exhortent à mettre en place « un examen d’entrée corrélé avec les quotas fédéraux », épreuve à doubler « d’une année propédeutique facultative ». La lettre ouverte à Jean-Claude Marcourt Afin de résoudre le dossier INAMI pour les études de médecine et de dentisterie, l’instauration d’un concours en fin de première année a été annoncée. Cette décision, résultant de l’absence de politique efficace en la matière, a été prise sans réelle concertation avec l’ensemble des représentants officiels des étudiants, des académiques ou des milieux médicaux, et nous le regrettons.
  • 2. Avant toute chose, nous tenons à rappeler notre opposition de principe à toute forme de sélection autre que la sélection académique. Cependant, les conditions actuelles nous amènent à la conclusion qu’une limitation à l’entrée permettrait d’améliorer la situation à court terme. Faut-il rappeler à Monsieur le Ministre la situation actuelle dans les amphithéâtres de première année ? Auditoires surchargés, structure d’enseignement à bout de souffle et incertitude quant à leur avenir sont le quotidien de milliers d’étudiants en médecine et de dentisterie. Instaurer un concours à la fin de première année ajouterait un esprit de compétition malsain. Si l’environnement actuel n’est certainement pas propice à l’apprentissage, ce concours aggraverait d’avantage cette situation, amplifiant les écarts socio- économiques au lieu de les réduire. De plus, le moratoire dont a fait l’objet ce système en 2008 a démontré sa fragilité juridique. Or, l’accord intervenu avec le fédéral pour octroyer des numéros INAMI pour les promotions actuelles est conditionné par la mise en place d’une sélection fiable et viable à long terme. Une nouvelle arrivée de « reçus-collés » pourrait mettre en danger cet accord, en donnant la possibilité de voir ce système cassé en justice. Dès lors, nous proposons un examen d’entrée corrélé avec les quotas fédéraux, avec une année propédeutique accessible financièrement et facultative. Une année préparatoire basée sur deux axes L’année préparatoire serait basée sur deux axes. Le premier axe porterait sur la remise à niveau des connaissances en sciences fondamentales. Le deuxième sur le développement d’autres compétences comme la réflexion, la logique, l’analyse de textes et de problèmes. Nous comptons ainsi minimiser l’impact des inégalités dans le secondaire, tout en donnant des outils qui diminueront les risques de doublement par la suite, peu importe l’orientation. Par ailleurs, cette année propédeutique serait organisée et financée par la fédération Wallonie- Bruxelles, avec une participation de l’étudiant dans la même proportion que pour une année universitaire classique. À la fin de l’année propédeutique, l’étudiant pourra choisir l’université dans laquelle il passe son examen. L’examen d’entrée et l’année propédeutique seraient ainsi clairement séparés pour limiter tout esprit de compétition négatif. L’examen d’entrée suivrait la logique de l’année préparatoire : une partie de sciences fondamentales et une partie cognitive. Cet examen serait mis en place par la Fédération Wallonie-Bruxelles, uniformisant la sélection pour toutes les universités francophones. De cette façon, l’examen permettrait d’éviter les différences entre universités contrairement au concours qui se base sur les cours du second trimestre, propres à chaque établissement. Par ailleurs, les quotas d’étudiants admis seraient corrélés avec un cadastre dynamique et actualisé représentant réellement la demande médicale. Pour un meilleur encadrement pédagogique Par rapport au concours en fin de première bac, l’examen d’entrée permettrait de réduire le nombre d’étudiants pris en charge par les universités, afin de mettre en place un bien meilleur encadrement pédagogique. Cette première année permettrait d’assurer une formation de qualité dès le début, au lieu de la perdre au profit d’une année de sélection.
  • 3. Pour toutes ces raisons, nous plaidons en faveur de cette sélection qui nous semble plus humaine, plus pratique, plus pédagogique et plus égalitaire. Celle-ci permettrait à la fois de répondre aux problèmes concrets de la situation socio-économique, tout en respectant le principe d’équité et de qualité de l’enseignement supérieur. Monsieur le Ministre, sachez que ces propositions ne reflètent pas simplement l’avis d’une poignée d’étudiants, mais sont le résultat d’un vrai travail de fond et de nombreux échanges avec les différents acteurs du monde de l’enseignement et des soins de santé. http://www.lesoir.be/859913/article/debats/cartes-blanches/2015-04-24/des-etudiants-en- medecine-veulent-un-examen-d-entree