Les rayonnements ionisants : ce qu'il faut savoir
Mise en perspective des risques liés à l'exposition des rayonnements ionisants
Pr Martin Schlumberger, Professeur de cancérologie à l’Université Paris-Sud
Chef du département d’Imagerie Médicale de Gustave Roussy, Villejuif
Mise en perspective des risques liés à l'exposition des rayonnements ionisants
1. MISE EN PERSPECTIVE DES RISQUES
LIÉS À L’EXPOSITION AUX
RAYONNEMENTS IONISANTS
Pr Martin SCHLUMBERGER
Professeur de cancérologie à l’Université Paris-Sud
Chef du département d’Imagerie Médicale de Gustave
Roussy, Villejuif
2. Membre Expert du Conseil Scientifique Santé &
Energies d’EDF (CSSE)
DÉCLARATION D’INTÉRÊT - TRANSPARENCE
5. RELATION DOSE-EFFET ET FAIBLES DOSES
Gold Standard :
survivants H et NRisque
De
Cancer
Dose (mSv)
Extrapolation faibles doses
Personnes sensibles ?
Doses élevées
500 2 500100
Relation
linéaire
sans seuil
6. DOSE COLLECTIVE
Faible dose X effectif considérable X ERR forte dose
= N’IMPORTE QUOI
En France : dose moyenne liée à la pratique médicale = 1,3 mSv
délivrée à 66 millions de français, soit une dose totale de
100 000 homme.Sv.
Calcul théorique: 1Sv délivré à un individu est associé à un risque
de cancer de 5 %
100 000 homme.Sv vont provoquer 5 000 cancers supplémentaires
CIPR 103 : ne pas utiliser le concept de dose collective pour la
prédiction des risques
7. Faible dose X effectif considérable X ERR forte dose =
n’importe quoi
– Années 1990 : Prédiction que l’accident de Tchernobyl
allait être responsable de plusieurs dizaines de milliers de
cancers supplémentaires en Europe.
– 2012 : pas d’excès de cancers autres que les cancers de la
thyroïde chez les jeunes habitants d’Ukraine-Biélorussie-
Russie
La notion de dose collective est utile pour réduire des
expositions au niveau le plus bas possible dans un milieu
professionnel ou industriel (ex: dose collective délivrée par un
réacteur nucléaire: 0,67 homme.Sv en 2012)
CIPR 103 : ne pas utiliser le concept de dose collective pour la
prédiction des risques
DOSE COLLECTIVE
8. QUI PEUT ÊTRE EXPOSÉ AUX RI ?
En plus de l’irradiation naturelle…
En conditions normales
- Professionnels
- Patients
En conditions accidentelles
- Population générale
Limite de dose très inférieure à 100mSv (principe de radioprotection basé
sur la notion de relation linéaire sans seuil) :
• Travailleur exposé :
- Seuil réglementaire : 20mSv/an (dose maximale cumulée pendant la vie
professionnelle < 500mSv)
- En 2013, la dose moyenne reçue par salarié EDF : 1,04 mSv /an.
- Aucun intervenants n’enregistre de dose entre 16 et 20 mSv
• Population générale : 1mSv/an
• 3 principes : Justification/Optimisation/Limitation
9. CANCER DE LA THYROÏDE APRÈS
EXPOSITION AUX RI
Cancer de la thyroïde après irradiation externe
– Importance de l’âge au moment de l’irradiation
• Irradiation reçue avant âge de 15 ans : RR de cancer de la thyroïde
7,7 par Gy
• Irradiation à l’âge adulte: risque faible/non démontré
– Genre (risque plus élevé chez la fille)
– Risque augmente avec la dose reçue à la thyroïde
– Délai entre irradiation et apparition du cancer (maximum d’incidence
15-25 ans après irradiation)
Risque de cancer de la thyroïde significatif pour des dose >100mSv
Qualifier un cancer de la thyroïde après une dose faible ou
inconnue: intérêt de la signature biologique
(Cancer/radiothérapie 2011)
10. SITUATION ACCIDENTELLE ET RISQUE DE
CANCER DE LA THYROÏDE
Tchernobyl - territoires contaminés
– 2 millions d’enfants ont été contaminés par les iodes radioactifs en
Biélorussie, Ukraine et Russie
– 7 000 cancers de la thyroïde survenus chez ces sujets
– Inhalation et contamination alimentaire, carence en iode
En France
– Dose maximale délivrée à la thyroïde des enfants :
• quelques mSv
– Augmentation de l’incidence des cancers de la thyroïde
depuis 1970
• Meilleur dépistage,
• Autres causes possibles : obésité, thyroïdite auto-immune
0,2 1,5
11. RADIOACTIVITÉS RELARGUÉES -
COMPARAISON TCHERNOBYL – FUKUSHIMA
Tchernobyl
1 800 000
85 000
Fukushima
130 000
11 000
Radionucléide
Iode 131
Césium 137
[Activités en Téra Bq (1012 Bq) ; 1 Ci = 0,037 TBq]
FUKUSHIMA
• Apport en iode élevé.
• Consignes alimentaires et de confinement/évacuation : formulées et respectées
• Dose à la thyroïde des enfants vivant à proximité de la centrale de <10mSv
•Echographie de la thyroïde chez 360 000 enfants: mise en évidence de 44 cancers. Lien
avec l’accident non démontré.
12. PRÉVENTION DU CANCER DE
LA THYROIDE
Consignes : restrictions alimentaires/confinement/évacuation
Contre-mesure simple et efficace : iode stable
– Iodure de potassium, comprimé quadri-sécable 65 mg
Principes de protection de la thyroïde par l’iode
– Blocage des iodes radioactifs par l’iodure de potassium
• 98 % d’efficacité si prise quelques heures AVANT l’exposition
• 90 % d’efficacité si prise simultanée à l’exposition
• 50 % d’efficacité si prise 6H après exposition
Effets indésirables
– Allergie à l’iode (exceptionnel); Intolérance digestive; Dysthyroïdie
En pratique, intérêt de la pré-distribution
Les avantages de la prévention par l’iode dépassent largement
ses inconvénients
15. PART RELATIVE DE LA DOSE COLLECTIVE
Population exposure to ionizing radiation from medical examinations in France. P. SCANFF,
J. DONADIEU, P. PIRARD, B. AUBERT
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
RX CT MN RI
37 % 39 %
7 %
17 %
Part relative dose collective(BJR, 2008)Mais ...
• RX → 90 % des actes
• CT → 8 % des actes
• NM + RI → 2 % des actes
16. RADIOPROTECTION EN IMAGERIE
Justification des actes (Bénéfice – risque)
– Éviter les examens inutiles et les redondances ; autres techniques
d’imagerie non irradiantes (ex: IRM, échographie), notamment chez
l’enfant
– Exemple : guide d’indication des examens d’imagerie en urgence
Optimisation du type d’examen
– Dose minimum selon le besoin
– Procédures écrites
Limitation des doses et suivi individuel
– Pas de limitation à partir du moment où la pratique médicale est
justifiée et optimisée y compris pendant la grossesse (aucun examen
Rx ou MN ne délivre >10mSv à l’utérus)
« Réaliser le bon examen avec la dose minimale pour
l’information diagnostique souhaitée »
17. RADIOPROTECTION DU PATIENT :
RESPONSABILITÉS
• Médecin responsable de la prescription et de la réalisation de
l’examen. Il doit justifier l’acte médical
• Physicien médical responsable du contrôle de qualité du
matériel et de la dosimétrie (RP des patients)
• Manipulateur participe au déroulement de l’acte médical
suivant des protocoles bien établis et à son optimisation
• Personne Compétente en Radioprotection responsable de la
RP du personnel
Contrôle : ASN et IRSN
18. SUIVI DOSIMÉTRIQUE "CORPS ENTIER"
(n=544 ; catégorie B = 94 % ; catégorie A = 6 %)
en fonction de la dose corps entier reçue en 2011
Exposition CE < 1 mSv Exposition CE < 6 mSv
Limites réglementaires
- Public : < 1 mSv
- Catégorie B : < 6 mSv
- Catégorie A : < 20 mSv
97 %
3 %
Répartition du personnel exposé aux rayonnements ionisants
19. SCANNER CHEZ L’ENFANT
179 000 sujets britanniques <22 ans ayant eu 1 ou plusieurs scanners
RR de leucémies après dose cumulée >30 mGy : 3,18
RR de cancer du cerveau après une dose cumulée de 50-74 mGy : 2,82
Risque absolu : pendant les 10 ans après le scanner pour des sujets <10 ans,
l’excès estimé est de 1 leucémie et de 1 cancer du cerveau pour 10 000 scanners
de la tête pratiqués
680.000 parmi 11 millions d’enfants australiens <19 ans, ont eu 1
ou plusieurs scanners (dose: 4,5mSv). Suivi: 9,5 ans
Augmentation de l’incidence du cancer de 24 % (RR: 1,24) chez les enfants
exposés (p<0,001); augmentation du RR de 16% /CT scan supplémentaire
RR plus élevé si exposition à un age jeune (p<0,001)
Excès de 608 cancers chez les sujets ayant eu un scanner
Excès de risque absolu pour tous cancers: 9,38/100000 personnes/an
Pearce MS, Lancet 2012; Mathews JD, BMJ 2013
20. RISQUES LIÉS À L ’EXPOSITION MÉDICALE
POUR LE PERSONNEL
– Aucun effet aléatoire
POUR LES PATIENTS
– Radiologie et médecine nucléaire
• Aucun effet cancérigène démontré chez l’adulte
– Y compris après activités thérapeutiques (iode 131)
• Discuté chez l’enfant
• Même si le risque semble très faible, tout mettre en œuvre pour
diminuer les doses reçues, notamment chez l’enfant
• Radioprotection, formation
– Radiothérapie
• Effet cancérigène certain (<1% des patients) a mettre en rapport
avec des bénéfices considérables