2. le renouveau chrétien
au XVII° siècle
• Suite au bouleversement de la Réforme
• restauration du catholicisme : dévotion et
sainteté ➙ nouveaux ordres religieux
‣ St Vincent de Paul
‣ Compagnie du St Sacrement
‣ Compagnie de Jésus = Jésuites
‣ Jansénistes
3. Jansénisme et catholicisme :
une autre manière de vivre en accord avec la
religion : catholiques ➾ vie de prière
plutôt libre
jansénistes :
✦ beaucoup plus sévères ;
✦ vivent retirés du monde ;
✦ leur vie doit être la plus
austère et la plus pieuse
possible.
Le Jansénisme est, à la base, une réflexion
théologique centrée sur le problème de la grâce
divine mais devient vite une force politique.
4. Idée que l’homme est condamné à la misère s’il n’a pas la Foi.
(importance accrue accordée au péché originel)
doctrine de la prédestination :
La prédestination est la doctrine théologique selon laquelle Dieu choisit
d'aimer l'homme, de l'appeler avant son savoir, de le sauver
avant ses mérites, de le maintenir dans la fidélité de cet appel
et de ce salut avant le terme de sa vie, de condenser ainsi dans
un acte de libre amour ce qui se déroule dans la multiplicité
variable du temps.
La prédestination caractérise Dieu non comme un être immobile et
général, mais comme une personne active et élective. Elle protège
l'homme contre l'autojustification et l'autoglorification.
Elle est certitude sans sécurité. Elle détache du souci de conquérir un salut
humainement toujours incertain et elle engage l'homme dans une
permanente réponse de gratitude, de tremblement et d'espérance.
La prédestination a toujours constitué un thème important mais difficile
pour la théologie chrétienne, car elle paraît s'opposer brutalement à
d'autres thèmes de la foi, tels que la liberté humaine.
5. Pour Saint-Augustin : depuis le péché originel,
la volonté de l'homme, laissée à ses seules
forces, est incapable d’aucun bien ; sans
l’aide et le secours divin, il ne peut résister à la
tentation d’où la notion de grâce divine
Pb : cette grâce, lorsqu’elle est envoyée, n'est
cependant pas accordée de la même manière, ni
indistinctement, à tous les hommes ;
➙ nécessité de se tenir en un état de sainte
disposition et de prier sans savoir si adviendront
-ou pas- les lumières salvatrices de la grâce
Saint-Cyran :
« Le diable remplit
ce que Dieu ne remplit point.»
6. La grâce divine est un don fait aux hommes par
Dieu « gratuitement » (= sans que l’homme l’ait
mérité).
Le catholicisme prône, à l’inverse du Jansénisme, la
miséricorde (=Dieu se montre indulgent et ne
punit pas les hommes qui choisissent la confession
ou une vie pieuse par exemple).
8. Personnages incarnant
le jansénisme
• Sainte-Colombe
• Claude Lancelot (chap. 2)
• Madame de Pont-Carré
• Monsieur de Bures, précepteur des enfants (chap. 1)
mais aussi
le ton de la narration et l’intrigue font référence aux
moralistes classiques ;
les personnages répondent par des maximes
grand pessimisme de ce courant
9. Monsieur de Bures
• « Un homme qui appartenait à la société qui
fréquentait Port-Royal » (page 10)
• « Elles vivaient dans la compagnie de Guignotte,
de Monsieur de Pardoux, et de Monsieur de
Bures » (page 19).
• « Elle ne communiait plus, sans quʼil y eut
forcément lieu de voir en cela les influences de
Monsieur de Bures » (page 99).
Il est également indiqué que Mr de Bures vit rue
Saint-Dominique-d’Enfer où les Petites Ecoles
de Port-Royal siègent pendant un certain temps
avant de revenir à Port-Royal des Champs.
10. Monsieur de la Petitière
connu comme ayant été « la meilleure épée de
France » (épée est assimilée à la noblesse).
« Il avait été lié à Monsieur de la Petitière qui avait
été garde du corps du Cardinal sʼétait fait depuis
solitaire » (page 17).
11. Lancelot
enseignant éminent de Port-Royal
auteur de la Grammaire de Port-Royal,
« Sainte Colombe avait fait ses études en compagnie
de Claude Lancelot et il le retrouvait quelquefois les
jours où Madame de Pont-Carré recevait. »
12. les peintres :
Lubin Baugin...
nombreuses reproductions de ses oeuvres dans le film
Chez Baugin, se trouve une vieille femme « qui porte
une ancienne coiffe en pointe »,
➙ le terme ancien nous rappelle la fraise démodée de
Sainte Colombe qui montre le détachement des
Solitaires avec la cour et sa mode.
...et Philippe de Champaigne
« Monsieur de Sainte Colombe ne louait pas la
peinture que faisait alors Monsieur de Champaigne.
Il la jugeait moins grave que triste et moins sobre
que pauvre. » (page 17)
14. Sainte Colombe est également invité à jouer pour les gens de
Port-Royal
➙ « pour quʼil vînt jouer pour la mort dʼun des leurs ou pour les
Ténèbres » (p. 76).
(= nom donné aux matines et aux laudes des trois
derniers jours-saints : jeudi, vendredi, samedi).
rappel des offices :
matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies
15. Autres évocations dans le roman :
p. 76 « Les Messieurs de Port-Royal étaient en fuite.
Ceux-ci avaient eu le projet dʼacheter une île en Amérique et
de sʼy établir comme les Puritains persécutés lʼavaient fait.
Monsieur de Sainte Colombe avait conservé des liens
dʼamitié avec Monsieur de Bures. »
p. 89, « Lʼannée où on ouvrit les charniers de Port-Royal
– lʼannée où le roi exigea par écrit quʼon rasât les murs,
quʼon exhumât les corps de Messieurs Hamon et Racine et
quʼon les donnât aux chiens ».
p. 90, « cʼétait lors de la grande persécution de juin
1679 ».
17. Texte de Philippe Cibois, janvier 2011 - «Un ex-voto au Louvre»
Nous sommes au moment du passage d’une civilisation où la religion imprègne toutes les
réalités de la vie, situation du Moyen âge, à une situation, qui est la nôtre aujourd’hui où la
religion est devenue presque une affaire privée. Le monde vécu comme une réalité
transcendante devient, à l’époque de Galilée et de Descartes, c’est-à-dire dans le siècle de
Port-Royal, un monde qui a perdu sa transcendance, désenchanté, objectivé dans son
fonctionnement par la découverte de lois scientifiques. Le Dieu qui régissait le cosmos se
replie sur les âmes, sur l’intériorité et il n’est pas étonnant que l’on redécouvre Saint-
Augustin qui avait mis en avant cette dimension.
C’est l’époque de la naissance d’un individualisme qui est encore le nôtre : si le monde
paysan, majoritaire en nombre, vit encore un christianisme traditionnel qui l’encadre
culturellement et socialement, par contre dans les villes, les marchands et les élites
instruites en général commencent à faire de la religion une affaire intérieure où l’on se
soucie de savoir si l’on est, ou non, en accord avec la volonté divine, si, pour reprendre le
vocabulaire traditionnel on est « sauvé ». C’est la question du salut, posée d’abord par la
Réforme protestante, puis reprise à l’occasion du Concile de Trente par la Réforme
catholique, question que l’on essaiera en vain de sortir de la contradiction entre la toute-
puissance de Dieu qui sait tout et donc le destin de chacun, et la liberté humaine qui
n’existe plus si Dieu, dans sa prescience, l’a destiné à être ou à n’être pas sauvé. Pour
sortir de cette impasse théorique, Rome essaiera d’imposer le silence sur cette question
effectivement insoluble, mais en vain.
18. Si la religion se réduit à savoir si on est vraiment en accord avec la volonté de Dieu,
on comprend que cette recherche ait trouvé des solutions diverses, soit du côté
calviniste en considérant la réussite professionnelle comme un signe du bon
accomplissement de la volonté divine ; soit du côté des jésuites en évitant de
mettre la barre du salut trop haut et en tenant compte de la faiblesse des masses ;
soit du côté janséniste en exigeant le don total de sa personne à Dieu, l’héroïsme
devenant l’exigence de tout croyant véritable.
Si chaque individu est l’objet d’un « décret divin » le concernant, chaque individu peut
prendre de l’importance : il doit avoir une stratégie pour gagner son salut et, si son
plan de carrière se laïcise peu à peu, la démarche reste la même, il s’agit d’exister aux
yeux d’un Autre, puis des autres. Comme la réussite ne se comptabilise plus seulement
en réussite (la proximité de Dieu, le paradis en langage traditionnel) ou en échec (son
éloignement, l’enfer), des degrés vont s’imposer dont la réussite sociale et
professionnelle deviendra le critère. Nous y sommes encore aujourd’hui.