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l'open source et
les logiciels libres
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➔ Philosophie
➔ Licences
➔ Support
➔ Marché
➔ Modèles économiques
➔ Modèles de développement
2. Page 2
Comprendre l'open source et les logiciels libres
[1] PRÉAMBULE
« Middleware », dans le cadre de la
[1.1] Smile collection « Système et Infrastructure ».
Smile est une société d’ingénieurs experts Chacun de ces ouvrages présente une
dans la mise en œuvre de solutions open sélection des meilleures solutions open
source et l’intégration de systèmes source dans le domaine considéré, leurs
appuyés sur l’open source. Smile est qualités respectives, ainsi que des retours
membre de l’APRIL, l’association pour la d’expérience opérationnels.
promotion et la défense du logiciel libre,
de Alliance Libre, PLOSS, et PLOSS RA, Au fur et à mesure que des solutions open
des associations clusters régionaux source solides gagnent de nouveaux
d'entreprises du logiciel libre. domaines, Smile sera présent pour
proposer à ses clients d’en bénéficier sans
Smile compte 290 collaborateurs en risque. Smile apparaît dans le paysage
France, 330 dans le monde, ce qui en fait informatique français comme le
la première société en France spécialisée prestataire intégrateur de choix pour
dans l’open source. accompagner les plus grandes entreprises
dans l’adoption des meilleures solutions
Depuis 2000, environ, Smile mène une open source.
action active de veille technologique qui
lui permet de découvrir les produits les Ces dernières années, Smile a également
plus prometteurs de l’open source, de les étendu la gamme des services proposés.
qualifier et de les évaluer, de manière à Depuis 2005, un département consulting
proposer à ses clients les produits les plus accompagne nos clients, tant dans les
aboutis, les plus robustes et les plus phases d’avant-projet, en recherche de
pérennes. solutions, qu’en accompagnement de
projet. Depuis 2000, Smile dispose d’un
Cette démarche a donné lieu à toute une studio graphique, devenu en 2007 Agence
gamme de livres blancs couvrant Interactive, proposant outre la création
différents domaines d’application. La graphique, une expertise e-marketing,
gestion de contenus (2004), les portails éditoriale, et interfaces riches. Smile
(2005), la business intelligence (2006), les dispose aussi d’une agence spécialisée
frameworks PHP (2007), la virtualisation dans la Tierce Maintenance Applicative, le
(2007), et la gestion électronique de support et l’exploitation des applications.
documents (2008), ainsi que les Enfin, Smile est implanté à Paris, Lyon,
PGIs/ERPs (2008). Parmi les ouvrages Nantes, Bordeaux et Montpellier. Et
publiés en 2009, citons également « Les présent également en Espagne, en Suisse,
VPN open source », et « Firewall est en Ukraine et au Maroc.
Contrôle de flux open source », et
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
[1.2] Ce livre blanc
On parle beaucoup de logiciels libres et Ce livre blanc est diffusé sous licence
d’open source, mais en creusant un peu, Creative Commons « Paternité-Pas de
il apparaît que nombreux sont ceux, Modification » 2.01. Il peut être
même parmi les professionnels de redistribué librement.
l’informatique, qui ont une connaissance
et une compréhension assez superficielles Je remercie chaleureusement les
du phénomène. personnes qui ont bien voulu me faire
part de leurs remarques, corrections et
D’un côté les passionnés, engagés, qui se enrichissements, en particulier Benoit
régalent de la démarche communautaire, Jacquemont, Frédéric Couché et
mais ne connaissent pas toujours les Benjamin Jean.
aspects économiques, de l’autre les
décideurs du monde de l’entreprise, qui
sont de plus en plus sensibles aux
bénéfices des solutions open source, mais
en connaissent mal la philosophie,
l’histoire, ou même les questions de
licences.
Ce livre blanc est une introduction au
phénomène de l’open source, la plus
grande révolution qui touche
l’informatique depuis l’Internet. Comme
on le verra, le mouvement est bien
antérieur au web, néanmoins la puissante
perturbation sur l’économie de
l’informatique date de ces dernières
années, et ne fait que commencer.
Cet ouvrage a une vocation de
vulgarisation, s’efforçant surtout
d’expliquer l’open source à ceux qui n’y
sont pas impliqués, mais commencent à
en sentir l’importance, et ont besoin de
mieux connaître le phénomène.
Notons que le monde de l’open source est
sujet à diverses « controverses », qui
enflamment les esprits et scindent les
communautés depuis de longues années.
À commencer par l’appellation logiciel libre
versus logiciel open source ou encore
GNU/Linux versus Linux. Même s’il faut
les mentionner, nous passerons
rapidement sur ces disputes internes,
pour mieux nous focaliser sur ce qui nous
semble être plus fondamental.
1
http://creativecommons.org/licenses/by-
nd/2.0/fr/.
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
Table des matières
[1] PRÉAMBULE..........................................................................................................2
[1.1]SMILE.......................................................................................................................................2
[1.2]CE LIVRE BLANC...........................................................................................................................3
[2] INTRODUCTION....................................................................................................5
[2.1]TERMINOLOGIE.............................................................................................................................5
[2.2]PHILOSOPHIE DE L’OPEN SOURCE........................................................................................................5
[2.3]BIÈRE GRATUITE ?!.....................................................................................................................7
[2.4]LES BÉNÉFICES DE L’OPEN SOURCE POUR LE CLIENT.................................................................................8
[3] LE MARCHÉ DE L’OPEN SOURCE........................................................................11
[3.1]QUELQUES ÉTUDES.....................................................................................................................11
[3.2]UNE VAGUE PUISSANTE.................................................................................................................11
[3.3]UNE ANALYSE ÉCONOMIQUE............................................................................................................12
[4] HISTOIRE
ET GRANDES FIGURES............................................................................................13
[4.1]LES HACKERS............................................................................................................................13
[4.2]RICHARD M. STALLMAN ET LA FSF.................................................................................................14
[4.3]LINUS TORVALDS .......................................................................................................................14
[4.4]ERIC S. RAYMOND ET L’OSI.........................................................................................................15
[4.5]LES GRANDES DATES DE L’OPEN SOURCE.............................................................................................15
[5] COPYRIGHT ET LICENCES..................................................................................16
[5.1]PRINCIPES ÉLÉMENTAIRES..............................................................................................................16
[5.2]LA FAMILLE BSD.......................................................................................................................19
[5.3]LA LICENCE GNU GPL...............................................................................................................19
[5.4]PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET BREVETS............................................................................................23
[6] SUPPORT............................................................................................................24
[6.1]OPEN SOURCE ET SUPPORT.............................................................................................................24
[6.2]SUPPORT COMMUNAUTAIRE ET SUPPORT D’ÉDITEURS................................................................................24
[6.3]3 NIVEAUX DE SUPPORT.................................................................................................................25
[6.4]COUCHES LOGICIELLES.................................................................................................................25
[7] MODELES ECONOMIQUES...................................................................................28
[7.1]PRINCIPES................................................................................................................................28
[7.2]LES FONDATIONS.........................................................................................................................28
[7.3]LES DISTRIBUTEURS....................................................................................................................30
[7.4]LES ÉDITEURS OPEN SOURCE..........................................................................................................32
[7.5]LES PRESTATAIRES.......................................................................................................................41
[7.6]SYNTHÈSE................................................................................................................................43
[8] MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT...........................................................................44
[8.1]INTRODUCTION...........................................................................................................................44
[8.2]ORGANISATION, INSTANCES.............................................................................................................46
[8.3]MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT.........................................................................................................47
[8.4]LES OUTILS...............................................................................................................................48
[9] CONCLUSION......................................................................................................51
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
[2] INTRODUCTION accès au code source est simplement
rendu nécessaire par ces libertés
fondamentales, et non une fin en soi.
[2.1] Terminologie Le logiciel open source se définit par les 10
articles de l’open source definition, sur
Le code source est la version d’un laquelle nous reviendrons plus loin.
programme qui est lisible et intelligible
pour l’homme. C’est le code source qui Les deux appellations sont presque
est écrit par l’informaticien, le équivalentes, mais correspondent à des
programmeur, et qui pourra être relu et écoles de pensées différentes. Aucune
modifié par d’autres. Les programmes n’acceptant d’être englobée par l’autre, les
peuvent ensuite être compilés, ce qui américains utilisent parfois le terme de
produit le code objet, ou binaire, ou encore FOSS pour « Free and Open Source
exécutable, qui lui n’est pas Software », ou encore FLOSS pour
compréhensible. « Free/Libre and Open Source Software ».
Un logiciel libre, ou logiciel open source, est Nous avons estimé qu’utiliser « FLOSS »
un programme dont le code source est dans tout le corps de ce livre blanc serait
distribué et peut être utilisé, copié, étudié, pesant pour le lecteur, et avons pris le
modifié et redistribué sans restriction. parti d’utiliser le terme open source.
Notons toutefois que FLOSS est le terme
Notons qu’il existe des langages officiel adopté par la commission
informatiques interprétés, tels le PHP, qui européenne.
n’existent pas autrement que sous forme
de code source. Mais même lorsque le
code source est disponible, il n’est pas [2.2] Philosophie de
toujours autorisé de le modifier. Ce sont
les termes de la licence, concédée par l’open source
l’auteur ou le détenteur des droits, qui
précisent s’il est permis ou non de
modifier le code, de le réutiliser, de le Une liberté fondamentale
redistribuer, et sous quelles conditions.
Pour Richard Matthew Stallman, le père
Logiciel libre est la juste traduction de la Free Software Foundation (1985),
« RMS » pour les intimes, le logiciel libre
française de free software, l’appellation
lancée par Richard Stallman et défendue est avant tout affaire de liberté. La liberté
que doit avoir chaque individu d’utiliser,
par la Free Software Foundation, la FSF.
modifier, et redistribuer n’importe quel
Open source est l’appellation de l’Open programme. Une liberté aussi
Source Initiative, qui édicte sur le site fondamentale que la liberté d’expression.
opensource.org les conditions que doit Et indissociable d’autres valeurs,
d’éthique et de responsabilité sociale.
satisfaire une licence pour se dire open
source. Dans cette logique, un logiciel non libre,
« propriétaire » donc, porte atteinte à cette
Le logiciel libre est défini par quatre liberté fondamentale. Le logiciel libre
libertés fondamentales : exécuter le n’est donc pas une simple alternative, et
programme, l’étudier, l’adapter, le encore moins le choix d’un business
redistribuer. Il faut souligner que le libre model parmi d’autres. Le logiciel
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propriétaire est « privateur » dans le sens Mais ils représentent des vues basées sur
où il prive de liberté, et il est en ce sens des valeurs fondamentalement
intolérable. Il s’agit bel et bien une lutte différentes. »
du bien contre le mal.
On pourrait sourire de ce manichéisme, Un patrimoine de l’humanité
mais lorsque l’on voit l’extraordinaire
patrimoine de logiciels que le mouvement Enfin, nous proposons ici notre propre
initiée par Stallman a mis à disposition de vision de l’open source, non pas tant
tous, on se doit d’être surtout admiratif et affaire de liberté, mais de progrès et de
reconnaissant. On ne fait pas une patrimoine. Voici le texte d’un article qui
révolution avec des idées molles, et il présente ce point de vue.
fallait l’intransigeance de Stallman, pour
créer une vraie rupture, et un mouvement "Nous sommes des nains sur les épaules
de pensée profond, où la liberté va de pair de géants". C’est dans le domaine des
avec des valeurs de solidarité sociale et sciences que l’on entend cette pensée. Et
d’entraide. en effet, les savants d’aujourd’hui ne sont
pas plus intelligents que ceux d’hier, mais
ils bénéficient, dès leur formation, de
Un modèle de développement siècles de science accumulée et c’est sur
ce socle immense construit par Newton,
Pour Eric Raymond, il ne s’agit guère Einstein et les autres, qu’ils apportent
d’éthique, ou même de philosophie, il est leurs petites pierres.
question avant tout de démontrer la
supériorité des logiciels réalisés selon un L’informatique n’est pas exactement une
modèle de développement open source science. Mais doit-elle pour autant tout
communautaire, et de les faire entrer dans reconstruire à chaque génération ? Si
la sphère économique. c’était le cas, elle serait condamnée à
toucher rapidement ses limites. Les
Pour Eric Raymond, le dogmatisme de la informaticiens d’aujourd’hui sont-ils plus
FSF ne joue pas en faveur du mouvement, doués que ceux d’hier ? Certainement pas.
et ce sont des logiciels de qualité Ont-ils appris plus de choses en cours ?
supérieure, plus que les valeurs éthiques, Un peu sans doute. Mais cela ne suffirait
qui imposeront l’open source. pas à s’élancer plus loin.
Avec Bruce Perens, il fonde l’Open Source Car si, en sciences, le patrimoine est
Initiative en 1998, pour promouvoir l’open entièrement dans le savoir, en
source (cf. « Eric S. Raymond et l’OSI », informatique, il y a deux patrimoines : la
page 15). Le mouvement « open source » connaissance d’une part, le code source
apparaît à certain comme une opération d’autre part. La connaissance progresse
de marketing en faveur du logiciel libre. lentement et il y a peu de savoirs
Mais pour Richard Stallman, il n’est pas fondamentaux pour bâtir, disons, Firefox
permis de jeter au passage les valeurs ou bien Eclipse, qui étaient inconnus il y
fondatrices, en particulier de liberté. a 15 ans. Si l’informatique progresse, c’est
plus par le patrimoine de code source que
Dix ans plus tard, la cicatrice de cette par la connaissance, c’est-à-dire que l’on
scission n’est pas refermée entre logiciel peut s’appuyer aujourd’hui sur un
libre et open source, et l’on ne peut immense socle de code source.
choisir une appellation plutôt qu’une
autre sans s’attirer les foudres de l’un des Dans les premiers temps, les
camps. Dans la pratique, Stallman informaticiens devaient tout créer,
convient que « les deux termes décrivent pratiquement pour chaque programme.
pratiquement la même catégorie de logiciel. Puis, les systèmes d’exploitation ont
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
amené un premier niveau de socle, qui est
devenu plus sophistiqué au fil des années,
[2.3] Bière gratuite ?!
et les langages de haut niveau ont amené
des bibliothèques de plus en plus riches. « Free » voulant dire à la fois « gratuit » et
« libre », les tenants du free software
Sur ce socle élémentaire, nous avons s’évertuent à faire comprendre qu’il s’agit
ajouté différents socles de développement, bien de liberté et non de gratuité, selon la
des frameworks, qui constituent une formule « free as in ‘free speech’ and ‘free
seconde couche. Et ce n’est pas tout : market’, not as in ‘free beer’ ».
nous disposons aussi d’une quantité de
composants de haut niveau, que nous En français, nous n’avons pas cette
pouvons assembler pour construire des ambiguïté, mais nous avons gardé la
applications nouvelles. Au total, 90% du formule « logiciel libre ne signifie pas
code déroulé dans ces applications sera gratuit ». Et de cette formule, certains
issu, soit du système d’exploitation, soit comprennent qu’un logiciel libre peut être
des frameworks, soit des composants. Et payant. Ce n’est pas strictement faux,
nous n’aurons réellement développé que mais presque. Expliquons.
les 10% de valeur ajoutée spécifique.
Rien en effet, dans les licences open
C’est un constat important : l’informatique source, n’interdit de faire payer la
progresse essentiellement parce que le distribution du logiciel. Mais celui à qui
socle de code qui constitue notre vous le distribuez sera autorisé à le
patrimoine s’agrandit. dupliquer et le redistribuer gratuitement
s’il le souhaite. On voit qu’il est bien
Si, dans un effort gigantesque, je réalise difficile de vendre quelque chose que
un programme nouveau, représentant d’autres peuvent donner !
disons un million de lignes de code
originales, que ce programme répond à un Comme nous le verrons en expliquant les
besoin et qu’il est un succès commercial, modèles économiques, on ne peut faire
c’est certes une belle aventure, qui payer un droit d'utilisation d'un logiciel
m’enrichira peut-être et sera utile à mes open source. On peut faire payer des
clients. prestations associées (intégration,
support, formation, etc), et/ou un droit
Mais je n’aurai pas réellement fait d'utilisation associé à une licence non
progresser l’informatique d’un pouce, car open source du logiciel.
trois ans après moi, si un autre veut aller
plus loin dans cette voie, pour faire un Donc dans la pratique, il faut retenir que
meilleur programme sans disposer du un logiciel open source est bel et bien
mien, il lui faudra repartir d’où j’étais gratuit, d’acquisition comme d’utilisation,
parti, ré-écrire mon premier million de du point de vue de sa licence.
lignes de code, pour enfin y ajouter
200 000 lignes qui l’amèneront un peu Comme nous le verrons, cela n’empêche
plus loin. Ne pouvant grimper sur mes pas qu’il soit accompagné d’une offre de
épaules, il a les deux pieds dans la même services payants : intégration, support,
boue que moi, et n'a d'autre choix que formations, développements
d'être géant lui-même. complémentaires, voire même assurance
juridique. De sorte que son « coût total de
C’est la dimension humaniste de l’open possession » est rarement nul, même s’il
source que de considérer que nous est presque toujours inférieur à celui
apportons chacun notre pierre, ajoutant à d’une solution propriétaire équivalente.
ce patrimoine commun, qui nous
permettra d’aller plus loin. »
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
donc de retours d’expérience, mais
[2.4] Les bénéfices de aussi leur modèle de développement
l’open source pour le et leur intégration de composants de
haut niveau, permet à beaucoup de
client surclasser les produits propriétaires
souvent vieillissants.
Pas seulement moins cher… A quoi on peut ajouter le plaisir, pour les
informaticiens, d’utiliser des programmes
Bien sûr, les bénéfices économiques sont dont ils peuvent acquérir une totale
parmi les premières raisons dans le choix maîtrise, sans barrière ni technique ni
de solutions open source. Même si « libre juridique.
ne signifie pas gratuit », ces solutions ont
toujours un coût de possession
sensiblement moins élevé que leurs La pérennité
équivalents propriétaires.
En matière de pérennité, les solutions
D’autant que les prix de prestations open source n’ont pas une garantie
tendent aussi à être moins élevés, car d’éternelle jouvence. Elles peuvent
l’ouverture du produit facilite la diffusion mourir, aussi, mais de mort lente !
de la connaissance.
Le pire qu’il puisse arriver pour une
Mais au fur et à mesure que ces solutions solution open source est une désaffection
arrivent à maturité, le moindre coût n’est progressive de la part des communautés,
plus le premier critère de choix. généralement au profit d’une solution plus
prometteuse. Ainsi, il est possible qu’il
Les principaux arguments sont alors : faille un jour changer de produit. Mais du
moins le phénomène est toujours lent, et
La non-dépendance, ou moindre le client a le temps d’organiser la
dépendance, par rapport à un migration.
éditeur. On sait que changer
d’outil peut coûter très cher, et les Il faut souligner aussi que, même si
éditeurs peuvent être tentés de l’éditeur original était un jour défaillant, il
profiter de la vache à lait que resterait toujours possible pour une
constituent ces clients devenus communauté de reprendre en main le
captifs. En anglais, on parle de produit et ses évolutions, c’est le principe
vendor lock-in, le verrouillage par le des licences open source.
fournisseur.
Le notoriété, l’envergure des
L’ouverture est également un déploiements, la dynamique du
argument de poids. Les solutions développement et de la communauté, ces
open source sont en général plus critères de pérennité sont relativement
respectueuses des standards, et plus facile à évaluer, et une solution open
ouvertes vers l’ajout de modules source leader offre une garantie de
d’extension. pérennité supérieure à la majorité des
solutions propriétaires.
La pérennité est un autre critère de
choix fort, nous y revenons plus loin.
Et la qualité finalement, car dans
L’ouverture
beaucoup de domaines les solutions
Un mot également sur la question de
open source sont réellement,
l’ouverture. La possibilité de faire des
objectivement, supérieures. Le très
modifications dans les sources est
grand nombre de déploiements et
fondamentale sur le plan théorique, mais
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
parfois risquée sur le plan pratique (cf. La sécurité
« Maîtriser les sources : un droit, non un
devoir », page 10). Ce n’est donc pas en Le domaine de la sécurité mérite une
ces termes qu’il faut apprécier l’ouverture, mention spéciale. Car en matière de
mais plutôt dans la capacité à accepter sécurité, l’accès aux sources est
des extensions, ou à s’interfacer à quasiment une obligation. On ne
d’autres applications. concevrait pas que l’armée française
utilise pour ses communications un VPN
Sur le fond, il faut comprendre qu’un reçu sous forme d’exécutable d’un éditeur
éditeur à vocation commerciale n’a pas américain ou chinois.
que des intérêts convergents avec ceux de
ses clients. Certes, il évolue dans un En matière de sécurité, il est absolument
marché concurrentiel, et son produit doit obligatoire de pouvoir auditer ce qu’un
être au niveau de ses concurrents. Mais programme fait vraiment, et cela ne peut
une fois sa position bien assise, l’éditeur se faire qu’en analysant ses sources.
peut faire l’analyse que :
Pour autant, cela n’implique pas que le
Son produit doit être performant,
programme soit open source. Certains
mais pas trop, car s’il faut plus de
éditeurs non open source acceptent de
serveurs, ce sera davantage de
livrer les sources à leurs clients, après
licences vendues.
signature d’un accord de non divulgation.
Son produit doit être robuste, mais
pas trop, car il faut continuer à Mais il est un autre argument qui rend
vendre du support. l’open source indispensable ici : le peer
review, la validation des pairs, c’est à dire
Son produit doit être ouvert, mais d’autres experts, et du plus grand nombre
pas trop, pour garder la maîtrise du possible d’autres experts.
client.
Faisons un petit parallèle. Dans ses
Nous ne disons pas que les éditeurs débuts, la cryptographie utilisait
propriétaires seraient machiavéliques au majoritairement des algorithmes secrets.
point de dégrader ces qualités dans leur On considérait alors que la protection de
produit, nous disons seulement que la l’algorithme contribuait à la sécurité.
priorité stratégique n’est pas Dans l’après-guerre, une révolution s’est
nécessairement mise sur ces qualités. amorcée : on a finalement conclu qu’un
algorithme secret, dont la qualité n’est
En matière d’ouverture, enfin, il faut affirmée que par la petite équipe qui l’a
souligner que le logiciel propriétaire n’est créé, avait de fortes chances d’être
pas la seule manière d’enfermer un client. défaillant, si ce n’est aujourd’hui alors
Les formats de documents sont aussi une sans doutes dans quelques années. Et a
arme puissante pour parvenir au contrario, les algorithmes qui sont
verrouillage du client. Ces dernières exposés sur la place publique, sont
années, on a pu voir une forte prise de analysés par des centaines d’experts dans
conscience de l’importance des formats le monde. S’ils ont une faille, elle est
ouverts, c’est-à-dire à la fois documentés, rapidement identifiée et connue. On peut
et d’utilisation libre. Ils sont à la fois la donc en dire autant des programmes qui
condition de l’indépendance, mais aussi exécutent ces algorithmes : le meilleur
de la pérennité des documents, et de moyen d’être assuré de leur perfection est
l’interopérabilité des applications de les exposer à l’audit de milliers
2
partageant ces documents . d’experts.
2
Pour en savoir plus:
http://blog.smile.fr/documents-ouverts-un-pont- Enfin ajoutons un dernier argument : en
entre-bureautique-et-gestion-de-contenus matière de sécurité, on préfère
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généralement les vieux algorithmes, qui grande implication, et donc un
ont fait leurs preuves, et on se méfie des budget sérieux.
dernières innovations. L’algorithme RSA
date de 1977 ! Il est naturel que depuis Votre version modifiée est donc un
ce temps, les programmes qui fork, une version alternative, du
implémentent ces algorithmes soient produit. Elle ne bénéficiera pas, ou
parvenus dans le patrimoine commun, plus difficilement, du support tant
sinon dans le domaine public. éditeur que communautaire, et il
faudra réintroduire vos modifications
Il est donc naturel que le portail du dans les nouvelles versions pour
gouvernement consacré à la sécurité pouvoir en bénéficier.
informatique 3 accorde une place
importante au logiciel libre. Dans une majorité de cas, ces raisons
l’emportent. Pourtant, si elles devaient
bloquer toute forme de contribution, la
Maîtriser les sources : un droit, vitalité de l’open source serait
non un devoir compromise.
Il faut souligner, car c’est souvent mal Ce qu’il faut, c’est que chacun,
compris, qu’il n’est nullement nécessaire développeur indépendant ou organisation,
de maîtriser les sources d’un produit open mesure l’investissement qu’il peut faire
source, pour le déployer, l’utiliser et en sur un projet, s’y implique en échangeant
tirer bénéfice. Ni de les maîtriser, ni de abondamment avec les autres
les regarder, ni même de les télécharger. développeurs du projet, et effectue ses
modifications non pas dans son coin, mais
Il y a quelques années encore, certains dans le référentiel commun.
produits open source s’attachaient à ne
diffuser que les sources, obligeant C’est à dire qu’il est tout à fait souhaitable
l’utilisateur à recompiler et générer son d’enrichir le produit au sein de la
programme. Cette démarche un peu communauté ou en liaison avec l’éditeur,
extrémiste est aujourd’hui abandonnée mais qu’il n’est en général pas souhaitable
car elle nuit à la diffusion de l’open de le faire autrement.
source.
Pseudo open-source
Prendre connaissance des sources est un
droit et non un devoir. En théorie, il suffit de proposer ses
sources sous une licence agréée pour se
De même, modifier les sources est un
revendiquer logiciel open source. Pour
droit fondamental, mais dans beaucoup
les utilisateurs toutefois, il faut se défier
de cas c’est une chose qui n’est pas
des produits pseudo-open-source.
recommandée. Cela pour plusieurs
raisons : Il arrive couramment que des éditeurs de
Il y a un risque important de solutions propriétaires en échec sur le
fragiliser le produit, parce que votre marché, particulièrement face à la montée
code sera moins bien testé que le en puissance de solutions concurrentes
reste, et que vous l’aurez écrit avec open source, prennent un ultime
une moindre maîtrise de l’ensemble. revirement stratégique avant de
disparaître, en déclarant que leur produit
Sur des produits d’envergure, devient open source. Ils diffusent les
apporter des modifications demande sources avec plus ou moins de bonne
un grand investissement, une volonté, et envoient leurs commerciaux
clamer sur le marché qu’ils sont
3
http://www.securite-informatique.gouv.fr/ désormais aussi ouverts que leurs
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concurrents open source. Mais le cœur Md€, soit une part de marché de 1,4%.
n’y est pas, et ils ont la ferme résolution Ce marché devrait croître de 50% par an,
de ne laisser personne prendre la maîtrise sur un marché en croissance de 6,5%, ce
de leur code, et de garder la mainmise sur qui amène la part de marché du logiciel
la totalité des déploiements. open source à doubler en deux ans. Le
Syntec estime que la tendance sera à la
Pour les clients, ces solutions sont la pire mise en place de systèmes d’information
des voies car ils n’auront au bout du mêlant open source et propriétaire sans
compte aucun des bénéfices de l’open préjugés.
source, et en particulier subiront le même
verrouillage, le vendor lock-in, qu’avec une Selon une étude 2007 de Pierre Audoin
solution propriétaire. Mais plus grave que Consultants, le marché de l’open source
ça : l’expérience montre que ces solutions en France progresse d'environ 70% par
disparaissent presque toujours dans an. En France, le secteur public tient
l’année qui suit. une place particulière, et l’étude Markess,
de 2007, estime que le secteur public
consacre en moyenne 11% de ses budgets
informatiques aux technologies libres,
contre 7% en 2006, et 14% en 2009. Les
[3] LE MARCHÉ DE L’OPEN raisons invoquées par les décideurs sont
autant les contraintes budgétaires que le
SOURCE
besoin d’indépendance et
d’interopérabilité.
[3.1] Quelques études La France apparaît comme un précurseur
dans ce domaine, mais de son coté IDC
Tous les analystes, tant en France qu’aux estime que le marché mondial de l’open
États-Unis, s’accordent à percevoir source passera de 2 Md$ à 6 Md$ en
l’extraordinaire percée des solutions open 2011.
source dans la sphère économique ces
Enfin, citons également l’étude américaine
dernières années, et à la prolonger sur les
de Saugatuck Technologies, qui évalue à
années à venir.
10% la part des logiciels utilisés en
Il est toujours difficile de mesurer la entreprise aux U.S. qui sont des logiciels
pénétration de l'open source en termes de open source, et estime qu’elle passera à
milliards d'euros. Dans la mesure où une 15-20% d’ici à 2010.
part importante des produits sont utilisés
Mais au delà des parts de marché, tous
gratuitement, la part de marché en termes
les analystes s’accordent à penser que la
de déploiement est immensément plus
pénétration de l’open source dans un
grande que la part de marché en termes
nombre croissant de domaines est un des
de chiffre d'affaire. Il conviendrait de
facteurs les plus importants de réduction
mesurer le marché de l'open source en
des coûts informatiques dans les années à
termes de valeur de remplacement
venir.
propriétaire, c'est à dire valeur marchande
d'un produit propriétaire équivalent.
[3.2] Une vague
En France, le Syntec estimait pour sa puissante
part, dans une étude de 2007, que le
marché des logiciels et services open Comme on le verra plus loin, l’open source
source représente 450 M€ sur un marché est loin d’être un phénomène nouveau.
total des logiciels et services de plus de 30 Dans certains domaines, cette ancienneté
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
fait partie de ses atouts : les logiciels collection du même nom, et l’un des
open source se sont bonifiés avec les penseurs de l’open source.
années, sont devenus toujours plus
robustes et ont vu asseoir également leur Dans un article de 20034, il revient sur la
part de marché, en particulier dans les rupture provoquée par la banalisation du
couches d’infrastructure et les outils de matériel, entamée en 1981, lorsque IBM
développement. crée un marché du PC compatible en
ouvrant son architecture. Il utilise le
Mais ces dernières années ont vu une terme de « commoditization », qui fait
sensible accélération de deux référence aux « commodities », les biens
phénomènes plus nouveaux. ordinaires tels que le blé ou le pétrole, des
biens dont le prix peut fluctuer, mais où il
Le premier est que les entreprises, y n’y a plus guère de valeur ajoutée
compris les plus grandes d’entre elles, spécifique, qui sont interchangeables,
n’ont plus aucune réticence vis à vis de banalisés.
l’open source. Les grandes DSI et les
Directions des Achats ont compris qu’elles La banalisation du matériel va donner
pouvaient y trouver à la fois des produits naissance à une immense industrie du
particulièrement solides et de vrais logiciel, dominée par Microsoft. Et
bénéfices économiques. On constate que donner naissance également à Dell, qui
de plus en plus d’appels d’offres comprendra le premier que le matériel est
mentionnent, et parfois exigent, des devenu une simple denrée industrielle.
solutions open source.
Vingt ans plus tard, l’open source apporte
Le second est l’apparition d’acteurs une rupture comparable, un changement
nouveaux, les éditeurs de solutions open de paradigme, la banalisation du logiciel,
source commerciales. A la manière des voire sa démonétisation. Système
compagnies aériennes low-cost, ces d’exploitation, serveurs, bases de
nouveaux entrants s’appuient sur un données, ces composants logiciels ont
business model différent pour apporter perdu l’essentiel de la valeur marchande
une dynamique nouvelle dans un paysage qu’ils portaient.
informatique souvent sclérosé. Base de
données, gestion de contenus, CRM, ERP, Et cette banalisation a donné naissance à
Décisionnel, … dans un nombre toujours une nouvelle industrie, dont les tenants
croissant de domaines, ces acteurs sont Google, Amazon, eBay, ou Facebook.
nouveaux révolutionnent le marché avec Les nouveaux géants du web, qui utilisent
un rapport service/prix inégalé. des centaines de milliers de serveurs, ont
besoin de logiciels démonétisés.
La rencontre des entreprises ouvertes à
l’open source, et de ces solutions toujours Certains ont dénoncé une destruction de
plus riches, est rendue possible par des valeur, lorsque les éditeurs traditionnels
prestataires informatiques spécialisés, qui perdent des parts de marché face à la
investissent dans la construction d’une concurrence de solutions open source, ou
forte expertise, et sont capables d’offrir un bien sont contraints de baisser leurs prix
support de qualité. de manière drastique. Mais c’est le
propre de tout progrès, quel que soit le
domaine, que d’apporter une telle
[3.3] Une analyse perturbation, une « destruction créative »,
économique 4
http://www.oreillynet.com/pub/a/oreilly/tim/arti
cles/paradigmshift_0504.html, Tim O’Reilly s’appuie
également sur une analyse antérieure de Ian
Il nous semble intéressant de citer ici une Murdock : http://ianmurdock.com/open-source-
analyse de Tim O’Reilly, l’éditeur de la and-the-commoditization-of-software/
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
selon l'expression consacrée. Au final, le
moindre coût des programmes apporte un
[4] HISTOIRE
gain de compétitivité pour toutes les ET GRANDES FIGURES
industries qui consomment du logiciel, et
donc un gain de niveau de vie pour
chacun.
[4.1] Les hackers
Aux États-Unis, des personnes en
apparence intelligentes comme Steve D’une certaine manière, l’open source est
Ballmer ont comparé l’open source au aussi ancien que l’informatique, il est
communisme, injure suprême ! important de le souligner.
D’une certaine manière, on pourrait dire : Lorsque, dans les années 60, les premiers
c’est tout le contraire, l’open source est un ordinateurs arrivent dans les universités,
pur produit du capitalisme. L’une des l’accès libre aux programmes est la
lois du capitalisme n’est-elle pas que dès norme. Lorsqu’un universitaire trouve
lors qu’un acteur tire un profit exagéré de une nouvelle molécule, il montre le
sa position sur le marché, il apparaît des procédé à ses collègues, lorsqu’il écrit un
acteurs concurrents pour ramener un programme intéressant, il le montre à ses
niveau de profit raisonnable ? Mais collègues. C’est la démarche normale du
depuis longtemps déjà cette loi progrès scientifique.
élémentaire de la concurrence ne semblait
plus pouvoir jouer dans l’édition logicielle. Les années 60 et 70 sont sous le signe des
C’est finalement l’open source qui hackers, le plus souvent des étudiants
ramènera un niveau de profit raisonnable brillants, des meilleures universités
dans l’industrie du logiciel. Si 100 américaines, qui se jettent avec passion
millions de personnes sur terre ont besoin dans les premiers balbutiements de
d’une suite bureautique, alors il suffit l’informatique. Ils passent des nuits sur
qu’ils dépensent chacun 0,1 € par an pour leurs programmes, attendant de pouvoir
financer un effort de développement accéder quelques heures à un peu de
satisfaisant. D’une manière indirecte, temps-machine, qui est une denrée rare.
c’est ce juste prix qu’apporte l’open Ils partagent leurs astuces et leurs
source. programmes, au sein de différents clubs.
Pour autant, il existe aussi des domaines En 1962, Spacewar, un programme réalisé
où la banalisation n’est pas à l’ordre du au MIT, est parfois cité comme le premier
jour, et où au contraire c’est l’open source projet open source, en même temps que le
qui apporte une nouvelle dynamique de premier jeu vidéo. Créé par une petite
progrès dans des marchés sclérosés. Mais équipe, il s’enrichit ensuite pendant
toujours en réhabilitant la concurrence, et plusieurs années, grâce aux multiples
donc l’innovation, ainsi que le retour à un contributions rendues possibles par le
juste prix de marché. libre accès au code source.
D’une manière générale, avec l’open Le terme hacker de cette époque n’a pas la
source c’est l’expertise, c’est à dire la connotation sulfureuse d’aujourd’hui : un
connaissance qui prend toute sa valeur, hacker est alors un programmeur à la fois
au détriment de la simple propriété ou passionné et surdoué. Pas très éloignés
antériorité. La monétisation de la des nerds, « polards » en français, ce sont
connaissance est simplement eux qui posent les fondations de
proportionnelle à la rareté de l’expertise l’informatique moderne et beaucoup
au regard de la demande, selon des lois de créeront les entreprises leaders
marché ordinaires. d’aujourd’hui.
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
Les hackers ont une philosophie, la dernier des vrais hackers. Dès 1983, il
hacker ethic, qui prône le libre accès aux souhaite un système d’exploitation et des
ordinateurs et aux programmes, et d’une outils libres d’utilisation, en lançant le
manière plus large la gratuité de projet GNU, qui vise à créer le premier
l’information. Ils sont globalement système d’exploitation libre, inspiré de
méfiants de l’autorité – en phase avec les Unix. En 1990, le projet est bien avancé,
mouvements étudiants des années 60 – avec en particulier un excellent
mais surtout, ils sont convaincus qu’il y a compilateur C (GCC), un éditeur réputé
de la beauté, de l’art, dans un programme, (Emacs), et une grande panoplie
et que l’informatique peut amener un d’utilitaires. Mais le noyau (GNU Hurd)
monde meilleur. est à peine commencé lorsque Linus
Torvalds sort son noyau Linux.
C’est dans les années 70 que la pratique
de ne pas diffuser les codes source des En 1985, Stallman fonde la Free Software
programmes s’est répandue, et que le Foundation (FSF), qui est à la fois l’entité
business model de l’éditeur de logiciel en charge du projet GNU, un lieu de
propriétaire est apparu. réflexion et un vecteur de promotion et de
défense du logiciel libre. La FSF a créé la
On pourrait retenir comme date licence GNU GPL, et son évolution récente
marquante de la scission entre le logiciel en v3 (cf. « La licence GNU GPL », page
libre et le logiciel propriétaire la réunion 19).
du Homebrew Computer Club, en 1976.
Lors de cette réunion, Bill Gates et Paul Richard Stallman est une personnalité
Allen présentent un programme atypique, penseur et activiste, en même
interpréteur de langage Basic, qu’ils ont temps que hacker. Il continue de sillonner
écrit pour le Altair 100, un des premiers le monde aujourd’hui, pour faire la
ordinateurs à microprocesseur. Les promotion du logiciel libre, et ne permet
membres du club prennent la bande pas que l’on oublie les valeurs fondatrices
perforée représentant le programme, la du mouvement.
dupliquent et la diffusent. Bill Gates,
furieux, écrira une lettre devenue
fameuse, intitulée Lettre Ouverte aux [4.3] Linus Torvalds
Hobbyist5, dans laquelle il explique que le
travail des développeurs doit pouvoir être En 1991, Linus Torvalds, étudiant
justement rémunéré, et que s’il ne l’est finlandais âgé de 21 ans, travaille à
pas, c’est l’innovation qui sera étouffée. développer un noyau de système
Le raisonnement est juste, et pourtant d’exploitation. Il s’inspire en partie de
l’avenir montrera qu’il est également Minix, un noyau expérimental qui
possible de réaliser de grands accompagne le livre de Andrew
programmes en open source. Tanenbaum, ouvrage de référence depuis
1987 : « Operating Systems : design and
implementation ». En quelques mois de
[4.2] Richard M. travail, il sort la version 0.01. Fin 1991,
Linux passe sous licence GPL, ce qui
Stallman et la FSF contribue à lancer une forte dynamique de
développement communautaire, qui
On peut considérer Richard Matthew conduira à la version 1.0 de Linux en
Stallman comme le père fondateur du 1994.
logiciel libre en tant que courant de
pensée, et il est décrit parfois comme le Linus Torvalds est plus un architecte et
développeur qu’un penseur ou un militant
5
http://en.wikipedia.org/wiki/Open_Letter_to_Hobb de l’open source ; il est respecté par tous,
yists
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
mais prend rarement part aux débats officielle d’une licence open source, publiée
enflammés qui secouent les sur le site, et qui fait consensus.
communautés. Aujourd’hui encore, c’est
lui qui arbitre les orientations importantes Le site opensource.org publie également
du noyau Linux. un recensement des licences open source
agréées, une soixantaine de licences.
Soulignons que le système d’exploitation
est constitué du noyau et d’un grand
nombre de composants utilitaires sans
lesquels on ne saurait utiliser le noyau.
[4.5] Les grandes dates
Une majorité des composants entourant le de l’open source
noyau Linux étant issus du projet GNU,
Richard Stallman estime qu’il convient de 60-70 Les années hacker – voir
toujours appeler le système GNU/Linux,
plus haut
en reconnaissance des apports du projet
GNU.
1983 Année du “GNU Manifesto”
de Richard Stallman.
[4.4] Eric S. Raymond et 1984 Début du développement du
projet GNU, premier système
l’OSI d’exploitation libre ; le noyau
Hurd ne sera démarré qu’en
Eric S. Raymond est l’un des avocats 1990.
célèbres de l’open source, dans la fin des
années 90. Il a écrit différents ouvrages 1985 La Free Software Foundation
dont ‘La Cathédrale et le Bazar’, un des
textes fondateurs du mouvement6. Distribution de la couche
graphique X Window en open
Il défend principalement la supériorité du source par le MIT
modèle de développement, donc de la
qualité des applications, davantage que 1989 Création de la licence GNU
les questions morales et humanistes. GPL
Contrairement à Stallman, Raymond n’est 1991 Linus Torvalds diffuse la
pas lui-même un hacker de haut vol, il est première version de Linux
davantage un penseur de l’open source.
Il s’est opposé à Stallman dans différents 1993 Création de la distribution
articles, estimant que les positions Linux Debian
intégristes de ce dernier pouvaient
desservir le mouvement. FreeBSD 1.0
Eric Raymond est, avec Bruce Perens, l’un 1994 Première distribution RedHat
des fondateurs de l’Open Source Initiative
(OSI), qu’il crée en 1998, l’année où la 1995 Première version du serveur
mise en open source du navigateur Apache Httpd
Mozilla marquera une victoire symbolique
du mouvement. Encore aujourd’hui, 1997 « La Cathédrale et le Bazar »
l’OSI est un peu le gardien du temple de de Eric S. Raymond
l’open source au travers de son site
opensource.org, qui porte la définition 1998 Netscape livre Mozilla en
open source
6
http://catb.org/~esr/writings/cathedral-
bazaar/cathedral-bazaar/
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16. Page 16
Comprendre l'open source et les logiciels libres
Debian 2.0 milliard de dollars.
IBM choisit le serveur Http Google lance Android, un OS
Apache pour son offre web open source pour
smartphones
Les « Halloween Documents »
notes internes de Microsoft 2009 Oracle rachète SUN pour 7
sont mis sur la place milliards de dollars
publique (cf « Erreur : source
de la référence non trouvée », Nokia ouvre sa plateforme
page Erreur : source de la Symbian en open source
référence non trouvée)
2010 Les entreprises françaises du
1998 Première version de Typo3 logiciel libre, organisées en
associations régionales, se
1999 Introduction en bourse de réunissent au sein du
Redhat Conseil National du Logiciel
Libre.
2000 SUN ouvre la suite Open
Office en open source.
Première version de eZ
Publish [5] COPYRIGHT ET LICENCES
Smile déploie Cofax, CMS
open source pour le CEA et [5.1] Principes
Egide.
élémentaires
2001 Introduction en bourse de
Mandriva Les programmes open source ne sont pas
des programmes « sans licences » comme
2003 SCO, avec l’aide de on l'entend parfois. C’est au contraire
Microsoft, attaque IBM et leur licence qui les fait open source. Ils
quelques autres, invoquant ne sont pas non plus dans le domaine
des droits sur Linux. public, c’est à dire n’appartenant à
personne en particulier, ou du moins
2005 Création de Alfresco, éditeur exempts de droits patrimoniaux.
open source d’une solution
de GED Lorsqu’un développeur écrit un
programme, il en détient les droits
2006 Redhat acquiert JBoss, pour d’auteur, le copyright. Dans certains cas,
350 millions de dollars. ce peut être l’entreprise qui l’emploie qui
en détient les droits. Et ce copyright peut
SUN annonce le passage de être vendu, comme bien immatériel, d’une
Java sous GPL entreprise à une autre.
2007 L’Assemblé Nationale Le détenteur du copyright est libre de
Française adopte Linux pour définir l’utilisation qui peut être faite de
les postes de travail des son programme :
députés.
2008 SUN rachète MySql pour 1
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
Il peut le garder pour lui, en droit d’utiliser le programme que sous
interdire l’utilisation à qui que ce telles et telles conditions. S’il refuse ces
soit. conditions, il n’a pas le droit d’utiliser le
programme.
Il peut vendre ses droits à un tiers,
personne physique ou morale.
Mentions élémentaires des
Il peut utiliser son droit d’auteur
pour préciser les conditions qu’il licences
pose à l’utilisation de son
Toutes les licences open source ont en
programme. Il écrit ces conditions
commun quelques clauses de bon sens :
dans les termes de la licence
d’utilisation. L’identification claire du propriétaire
du copyright, y compris au travers
A noter qu’en droit français, il n’est pas
des copies ou travaux dérivés.
aisé d’abandonner ses droits et de mettre
son programme dans le domaine public de L’obligation de conserver la notice de
manière irréversible. licence en l’état, sur le programme et
les travaux dérivés. C’est bien sûr
Il faut bien expliquer aussi que ce n’est une nécessité technique : inutile de
pas la diffusion des sources qui fait qu’un définir des termes de licence s’ils
programme est open source, c’est le droit, sont évacués dès la première copie.
inscrit dans la licence, de les utiliser, de
les modifier et de les redistribuer La protection de l’auteur vis à vis des
librement. utilisateurs de son programme, ses
éventuels défauts et les
Il est donc important de bien assimiler la conséquences de ces défauts : « ce
logique suivante : à la base de l’open programme est fourni ‘en l’état’ (« as
source il y a la licence, et la licence is »)… ». C’est bien le moins qui
n’existe qu’à partir du droit d’auteur. puisse être exigé : l’auteur vous
laisse utiliser librement son travail,
Ainsi tous les logiciels open source ont un vous n’allez pas quand même lui
propriétaire, ils ne sont pas « à personne », réclamer des dommages et intérêts.
ni même « à tout le monde ». Dans
A noter que dans certains pays, la
certains cas, ce propriétaire peut être une
distribution payante d’un programme
fondation à but non lucratif, ou bien ce
entraîne des droits inaliénables. D’une
peut être une entreprise commerciale
manière générale, la licence ne peut être
ordinaire. Il peut s'agir aussi de
contraire au droit national. C’est
plusieurs coauteurs, en particulier à la
pourquoi elle dit “Si vous ne pouvez pas
suite de contributions successives.
distribuer le programme en satisfaisant à
Le détenteur des droits est libre de fixer la fois vos obligations liées à licence et
les conditions de licence, il est libre d’en d’autres obligations applicables, alors vous
changer même, et il est libre d’y faire des ne pouvez pas distribuer le programme du
aménagements ou exceptions, ou de tout ».
diffuser à certains selon une licence, à
d’autres selon une autre licence. C’est à dire que soit l’on peut respecter les
lois nationales et la licence à la fois, soit
Celui qui reçoit le programme, en on est dans l’interdiction de distribuer le
revanche, n’est pas libre. Il est lié par les programme sous ladite licence.
termes de la licence. Certes il n’a pas
signé de contrat, mais la licence lui a été
bien énoncée, et elle stipule qu’il n’a le
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
Définition d’un logiciel libre 2. Code source : la licence doit
permettre la distribution sous
Comme évoqué plus haut, le logiciel libre forme de code source, et si le code
se définit par le respect de quatre libertés source n’accompagne pas le
fondamentales : programme il doit être disponible de
manière facile et pratiquement
exécuter le programme, gratuite.
étudier le programme et l’adapter 3. Travaux dérivés : la licence doit
selon son besoin (ce qui implique permettre des modifications et des
bien sûr l’accès au code source), travaux dérivés, et doit permettre
que ces travaux soient distribués
redistribuer le programme pour aider sous les mêmes termes de licence.
son prochain,
Revenons sur ce point 3 : la licence doit
et enfin améliorer le programme et
au minimum permettre de redistribuer les
distribuer ces améliorations au
travaux dérivés sous la même licence.
public (ce qui de même implique le
Elle ne doit pas nécessairement l’obliger.
libre l’accès aux sources).
On verra que cette nuance est à la base de
Comme on l’a évoqué déjà, la finalité la distinction entre la famille BSD et la
première est la liberté, l’accès au source famille GNU.
n’est qu’un pré requis pour respecter cette
liberté. Parmi les autres articles de cette
définition figurent différentes clauses de
non-discrimination : la licence ne doit pas
Définition d’une licence open exclure tel groupe d’utilisateurs, ni tel
source domaine d’application, ni tel
environnement technique. Par exemple,
L’OSI, Open Source Initiative, a édicté une l’auteur du programme ne peut pas, en
définition précise de ce que signifie open pacifiste militant, préciser que son
source, une définition qui est aujourd’hui programme ne doit pas être utilisé pour
reconnue de manière à peu près guider des missiles. Du moins s’il ajoute
universelle. cette clause la licence ne sera plus open
source.
Avoir une définition officielle précise est
très important, une licence ne doit pas Licences GNU et BSD
pouvoir être plus ou moins open source :
elle l’est ou ne l’est pas, les choses doivent Il y a deux grandes familles de licences
être claires. open source : la famille BSD et la famille
GNU GPL. On parle parfois de licences
Et le site de l’OSI, opensource.org, indique copyleft pour les secondes et de licences
aussi quelles sont les principales licences
non copyleft pour les premières.
qui se conforment à cette définition. On
« Copyleft » est bien sûr un jeu de mot en
y retrouve bien entendu les licences bien
référence au « copyright », jeu de mot
connues, à commencer par la GPL, que
nous détaillons plus loin. traduit parfois par « gauche d’auteur », vs.
« droit d’auteur ». Mais pour autant le
La définition comporte dix points, dont les copyleft n’est pas un abandon de droit.
trois premiers sont les principaux :
Pour qu’il n’y ait pas de confusion,
1. Libre redistribution : la licence ne précisons que si la FSF et le mouvement
doit pas interdire à qui que ce soit du logiciel libre préfère les licences
de vendre ou donner le programme. copyleft, à commencer par la GPL, il n’y a
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
pas correspondance entre logiciel libre et
copyleft : les licences BSD sont aussi du
[5.3] La licence GNU GPL
logiciel libre.
La licence GNU GPL
[5.2] La famille BSD La licence GNU GPL est utilisée par 70%
des programmes open source. Mais ce
La licence BSD (Berkeley Software pourcentage en nombre n’est pas le plus
Distribution) autorise n’importe quelle important puisque certains logiciels
utilisation du programme, de son code phares de l’open source sont sous
source et de travaux dérivés. Le code d’autres licences.
sous licence BSD peut en particulier être
utilisé intégré à des logiciels sous licence La licence GNU GPL, « GNU General
non open source. On sait que Microsoft a Public Licence », se caractérise
repris du code TCP-IP sous licence BSD principalement par son article 2, qui
dans Windows, et que MacOSX est basé énonce le droit de modifier le programme
sur FreeBSD. et de redistribuer ces modifications, qui
constituent des œuvres dérivées, à la
La seule contrainte spécifique est condition que ce soit sous la même licence
l’interdiction de chercher à tirer avantage GPL.
de la dénomination de l’auteur, ici
l’Université de Berkeley. C’est ce que certains appellent le
caractère viral de la licence : elle se
C’est donc la licence la plus libérale, qui communique aux travaux dérivés. Mais il
entraîne le moins de contraintes : les est plus correct de parler de réciprocité,
programmes sous licence BSD sont ou de donnant-donnant.
quasiment dans le domaine public. C’est
aussi peut-être la plus ancienne, Bien sûr, toute la question est alors de
puisqu’elle remonte à 1980. Il n’est pas savoir qu’est-ce exactement qu’une œuvre
interdit de modifier le texte de la licence, dérivée et qu’entend-on par distribuer ? Il
de sorte que l’on rencontre une multitude existe une vaste littérature sur le sujet, et
de versions dérivées, à quelques mots pourtant les zones d’ombre subsistent.
près. C’est un handicap pour la clarté et Certains estiment même qu’il n’est pas
la lisibilité de la licence. mauvais de laisser quelques doutes.
Dans la famille BSD, on trouve aussi la Voyons déjà ce qui est clair.
licence MIT, et la licence Apache. Cette
dernière est d’une grande importance
puisque utilisée déjà par la cinquantaine Que signifie « Œuvre dérivée » ?
de projets de la fondation Apache. On
peut citer également les licences Mozilla À coup sûr, si vous prenez un morceau de
(MPL) et SUN (CDDL). Les différences code source du programme A, que vous
entre ces différentes licences sont de modifiez des lignes ou ajoutez des lignes
l’ordre du détail. pour obtenir un programme B, c’est une
œuvre dérivée.
De manière certaine également, si vous
appelez des fonctions du programme A
depuis un programme B, en liant les deux
programmes (« link »), alors ici aussi, le
programme B est une œuvre dérivée.
Cette liaison entre les programmes peut
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
être statique ou bien dynamique, c’est à A l’inverse, utiliser et déployer un
dire résolue à l’exécution seulement. Il programme au sein d’une même
existe un débat quant à savoir si une organisation, n’est pas distribuer. Ce qui
liaison dynamique donne une œuvre signifie qu’une entreprise peut construire
dérivée. une œuvre dérivée, et l’utiliser en interne
sur autant de postes ou serveurs qu’elle
Dans les environnements techniques juge utile, sans être tenue de diffuser les
modernes, il existe en fait une diversité de sources de l’œuvre. C’est un point
moyens d’invoquer les services d’un essentiel dans la sphère économique.
programme autrement qu’en appelant une
fonction. L’appel des services d’un Une autre question importante est celle de
programme A au moyen de protocoles la relation client-fournisseur dans les
d’échange réseau standards n’implique métiers de l’informatique. Lorsqu’un
pas que le programme B soit une œuvre prestataire tel que Smile construit une
dérivée. Si c’était le cas, alors un application utilisant des composants sous
navigateur adressant une requête à un licence GPL, et livre cette application à
site dont les programmes sont sous GPL, son client, le prestataire doit livrer
se trouverait lui-même obligé d’être GPL. l’ensemble des sources, y compris ajoutés.
Cette obligation de distribution des
En fait, il est souvent admis qu’un sources ne concerne QUE les personnes
programme B est considéré œuvre dérivée qui reçoivent le programme, ici donc le
du programme A, si B ne peut pas client. Il n’est pas requis de les mettre sur
fonctionner de manière utile sans A, ceci la place publique.
indépendamment des modalités
techniques de la liaison. Par ailleurs, le client peut soit garder pour
lui le programme (c’est-à-dire au sein de
Qu’en est-il d’un programme qui utilise son organisation), soit le distribuer, mais
par exemple une base de données MySql, alors obligatoirement sous licence GPL.
sous licence GPL ? Si ce programme
n’utilise pas, pour appeler la base, de Notons aussi que utiliser ou proposer
librairies sous licence GPL, alors il l’œuvre dérivée sous forme de service en
n’invoque les services de MySql que au ligne (software as a service), même
moyen de protocoles standards, ce qui commercial, n’est pas distribuer. C’est ce
n’implique pas qu’il soit GPL lui-même. que fait Google par exemple. Sur ce
Mais si le programme ne peut fonctionner point, voir plus loin la licence AGPL.
autrement qu’avec une base MySql, alors
on pourra considérer qu’il est œuvre
dérivée malgré tout. A noter que la FAQ L’esprit de la GPL
de MySql sur le sujet des licences a été
critiquée pour laisser entendre que toute Au delà des mots, l’esprit de la licence
forme d’utilisation commerciale devait être GPL est que, en tant qu’auteur ou
sous licence commerciale, ce qui est propriétaire d’un programme, je vous
erroné. donne le droit de l’utiliser et d’utiliser ses
sources à condition que vous en fassiez
autant. En somme, c’est donnant-
Que signifie « Distribuer » ? donnant.
Ici encore, certaines choses sont claires. La licence GPL a pour effet de diviser le
À coup sûr, si vous commercialisez votre monde en deux « camps » : le GPL et le
programme en tant que progiciel, cela reste du monde. Si vous êtes du coté
s’appelle distribuer. GPL, alors tout le patrimoine open source
sous GPL vous est accessible sans
restriction. Si vous êtes dans l’autre
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Comprendre l'open source et les logiciels libres
camp, c’est à dire que vous ne voulez pas La figure suivante7 est issue du site
distribuer votre code en donnant aux gnu.org. Les flèches indiquent la
autres la même liberté qui vous était compatibilité des licences.
donnée, alors vous ne pouvez pas en
profiter.
C’est ce qu’on pourrait appeler du
donnant-donnant, que les critiques de
cette licences appellent son aspect viral.
Compatibilité des licences
La question de compatibilité des licences
est primordiale. Si un programme A est
sous licence LA et un programme B est
sous licence LB, alors est-il possible de
construire un programme C utilisant à la
fois A et B ? Le programme C héritera
des exigences de LA et de celles de LB, et
s’il y a des contradictions entre ces
exigences, s’il est impossible de respecter Notons qu’une licence LA qui serait de type
les unes et les autres, alors il faudra copyleft, et pratiquement identique à la
renoncer à utiliser A et B.
GPL, mais porterait un autre nom, ne
Etant donné la domination de la licence serait pas compatible GPL, puisque l’œuvre
GPL dans l’open source, la question dérivée ne pourrait pas être à la fois GPL
principale est la compatibilité avec la et LA. C’est le cas par exemple de la
licence GPL. Un programme open source, licence « réciproque » introduite
qui aurait une licence incompatible avec récemment par Microsoft, la MsRL.
la GPL, aurait une utilisation plus réduite.
LGPL
Parmi les licences compatibles on peut
citer les licences BSD, MIT, ou la licence
La licence LGPL est très proche de la GPL,
Apache (compatible GPL-v3). Parmi les
mais autorise à appeler des fonctions du
non-compatibles, citons les licences SUN
programme à partir d’un autre
CDDL, Eclipse, Mozilla.
programme, sans exigence vis à vis de ces
programmes, qui peuvent ne pas être sous
licence open source eux-mêmes. Cette
licence est donc particulièrement
appropriée pour des librairies de fonctions
destinées à être appelées par différents
programmes, sans poser de conditions
trop fortes sur ces programmes.
LGPL signifiait initialement Library GPL,
mais l’appellation a été changée en Lesser
GPL (Moindre GPL), car Richard Stallman
souhaitait minimiser la correspondance
« librairie = LGPL » et permettre
d’envisager aussi bien des librairies sous
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