SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  179
CeP de Alcázar de San Juan (Ciudad Real)
Seminario
“Evaluación en Lenguas según el
Marco Común Europeo de Referencia”
28 feb-12 abr 2011
P. BLANCO y A.B. SÁEZ
Elaboración de una Unidad de Trabajo por Tareas
(2 sesiones)
Lengua Francesa
por Antonio P. GALÁN
Tarea posibilitadora
DECORACIÓN DEL AULA-MATERIA
Unidad 0
1º ESO hasta 2º Bachillerato
Principio:
•Inmersión en la lectura.
Fin
•Decorar con pósters de lecturas aconsejadas las paredes del Aula.
•Destacar, mediante citas, enseñanzas de pensadores franceses.
•Destacar, mediante imágenes, el reclamo hacia la lectura de libros.
Procedimiento de trabajo
1. Distribución de lecturas (en edición francesa).
Lectura en voz alta y reflexión libre en voz alta.
2. Distribución de un listado de obras. Búsqueda de las
portadas de los títulos.
3. Elaboración del póster con la portada elegida.
4. Junto a la imagen, una cita escrita, extraída de la
obra literaria.
5. Decoración del Aula-Materia con estos pósters.
6. A repetir en cursos siguientes, variando el tema.
DESTREZAS EN LOS OBJETIVOS
Escuchar
Lectura en voz alta
Proyección de vídeos de fragmentos literarios
Leer
Lectura en voz alta
Hablar
Reflexiones posteriores. En español en 1º y 2º de
ESO. En francés desde 3º de ESO.
Conversar
Respondiendo a preguntas del profesor. En francés
en todos los cursos.
Escribir
Traducción al español de los fragmentos elegidos.
Presentación en francés de la lectura recomendada
(≥70 palabras).
1º y 2º ESO
Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître renard, par l’odeur de l’alleché,
Lui tint à peu près ce langage:
« He ! Bonjour, monsieur du corbeau !
Que vous êtes joli !
Que vous me semblez beau.
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. »
À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie;
Et, pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le renard s’en saisit, et dit :
« Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard,
Qu’on ne l’y prendrait plus.
Certain renard gascon, d’autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des raisins, mûrs apparemment,
Et couverts d’une peau vermeille.
Le galant en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n’y pouvait atteindre :
« Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. »
Fit-il pas mieux que de se plaindre ?
La cigale ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’oût, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
La fourmi n’est pas prêteuse ;
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
─ Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
─ Vous chantiez ! J’en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant. »
ca.1200
Qui vauroit bons vers oïr
del deport du Vielantif
de deus biax enfans petis,
des grans paines qu’il soufri
et des proueces qu’il fist
pos s’amie o le cler vis ?
Et tu me redevroies dire
Quies hom tu es, et que tu quiers
- Je sui, fet il, uns chevaliers
Qui quier ce que trover ne puis ;
Assez ai quis, et rien ne truis.
1461
Pathelin :
Saincte Marie, Guillemette,
Pour quelque paine que je mette
A cabasser n’à ramasser
Nous ne pouvons rien amasser.
Or viz je que j’avocassoye.
Guillemette :
Par Nostre Dame, je y pensoye,
Dont on chante, en advocassaige ;
Mais on ne vous tient pas si saige
Des quattre pars comme on souloit.
1748
Du temps du roi Moabdar, il y avait à
Babylone un jeune homme nommé
Zadig, né avec un beau naturel fortifié
par l’éducation. Quoique riche et
jeune, il savait modérer ses passions ;
il n’affectait rien, il ne voulait point
toujours avoir raison, et savait
respecter la faiblesse des hommes. On
était étonné de voir qu’avec beaucoup
d’esprit il n’insultât jamais par des
railleries à ces propos si vagues, si
rompus, si tumultueux, à ces
médisances téméraires, à ces
décisions ignorantes, à ces
turlupinades grossières, à ce vain
bruit de paroles, qu’on appelait
« conversation » dans Babylone.
1975
La bille roule entre mes doigts au
fond de ma poche. C’est celle que je
préfère, je la garde toujours celle-
là. Le plus marrant c’est que c’est
la plus moche de toutes : rien à
voir avec les agates ou les grosses
plombées que j’admire dans la
devanture de la boutique du père
Ruben au coin de la rue
Ramey, c’est une bille en terre et le
vernis est parti par
morceaux, cela fait des aspérités
sur la surface, des dessins, on
dirait le planisphère de la classe
en réduction.
1844
« Le premier lundi du moi d’avril
1625, le bourg de Meung, où naquit
l’auteur du Roman de la
Rose, semblait être dans une
révolution aussi entière que si les
huguenots en fussent venus faire une
seconde Rochelle. Plusieurs
bourgeois, voyant s’enfuir les
femmes du côté de la Grande-
Rue, entendant les enfants crier sur
le seuil des portes, se hâtaient
d’endosser la cuirasse et, appuyant
leur contenance quelque peu
incertaine d’un mousquet ou d’une
pertuisane, se dirigeaient vers
l’hôtellerie du Franc
Meunier, devant laquelle
s’empressait, en grossissant de
minute en minute, un groupe
compact, bruyant et plein de
curiosité. »
1943
« Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une
fois, une magnifique image, dans un
livre sur la forêt vierge qui s’appelait
Histoires vécues. Ça représentait un
serpent boa qui avalait un fauve.
Voilà la copie du dessin. On disait
dans le livre : « Les serpents boas
avalent leur proie tout entière, sans
la mâcher. Ensuite ils ne peuvent
plus bouger et ils dorment pendant
les six mois de leur digestion. » J’ai
alors beaucoup réfléchi sur les
aventures de la jungle et, à mon
tour, j’ai réussi, avec un crayon de
couleur, à tracer mon premier
dessin. Mon dessin numéro 1. »
1884
« C'était une de ces jolies et
charmantes filles, nées, comme
par une erreur du destin, dans une
famille d'employés. Elle n'avait
pas de dot, pas d'espérances,
aucun moyen d'être connue,
comprise, aimée, épousée par un
homme riche et distingué ; et elle
se laissa marier avec un petit
commis du ministère de
l'Instruction publique. Elle fut
simple, ne pouvant être parée,
mais malheureuse comme une
déclassée ; car les femmes n'ont
point de caste ni de race, leur
beauté, leur grâce et leur charme
leur servant de naissance et de
famille. »
1894
« ― Je parie, dit madame Lepic, qu’Honorine
a encore oublié de fermer les poules.
C’est vrai. On peut s’en assurer par la fenêtre.
Là-bas, tout au fond de la grande cour, le
petit toit aux poules découpe, dans la nuit, le
carré noir de sa porte ouverte.
― Félix, si tu allais les fermer ? dit madame
Lepic à l’aîné de ses trois enfants.
― Je ne suis pas ici pour m’occuper des
poules, dit Félix, garçon pâle, indolent et
poltron.
― Et toi, Ernestine ?
― Oh ! moi, maman, j’aurais trop peur !
Grand frère Félix et sœur Ernestine lèvent à
peine la tête pour répondre. Ils lisent, très
intéressés, les coudes sur la table, presque
front contre front.
― Dieu, que je sui bête ! dit madame Lepic. Je
n’y pensais plus. Poil de Carotte, va fermer les
poules ! »
1959
« Doukipudonktan, se demanda
Gabriel excédé. Pas possible, ils
se nettoient jamais. Dans le
journal, on dit qu’il y a pas onze
pour cent des appartements à
Paris qui ont des salles de bains,
ça m’étonne pas, mais on peut se
laver sans. Tous ceux-là qui
m’entourent, ils doivent pas
faire de grands efforts. »
1848
« Le père Barbeau de la Cosse n’était
pas mal dans ses affaires, à preuve
qu’il était du conseil municipal de sa
commune. Il avait deux champs qui
lui donnaient la nourriture de sa
famille et du profit pardessus le
marché. Il cueillait dans ses prés du
foin à pleins charrois, et, sauf celui
qui était au bord du ruisseau, et qui
était un peu ennuyé par le
jonc, c’était du fourrage connu dans
l’endroit pour être de première
qualité. »
Fin XIIème siècle
« Or vous dirai d’une borgoise
Une aventure assez cortoise.
Née et norrie fu d’Orliens,
Et ses sires fu néz d’Amiens,
Riches mananz à desmesure.
De marchéandise et d’usure
Savoit toz les tors et les poins,
Et ce que il tenoit aus poins
Estoit bien fermement tenu. »
1985
« Il y avait d’abord ce visage allongé
par quelques rides verticales, telles
des cicatrices creusées par des
lointaines insomnies, un visage mal
rasé, travaillé par le temps. La vie ―
quelle vie ? une étrange apparence
faite d’oubli ― avait dû le malmener,
le contrarier ou même l’offusquer. »
1907
« L’étrange voyage ! Il avait si bien
commencé cependant ! Pour ma
part, je n’en fis jamais qui s’annonçât
sous de plus heureux auspices. La
Provence est un transatlantique
rapide, confortable, commandé par le
plus affable des hommes. La société la
plus choisie s’y trouvait réunie. Des
relations se formaient, des
divertissements s’organisaient. Nous
avions cette impression exquise d’être
séparés du monde, réduits à nous-
mêmes comme sur une île
inconnue, obligés, par conséquent, de
nous rapprocher les uns des autres. Et
nous nous rapprochions... »
1170-1250
« Quant Isengrins oï le roi
Qui de la pais prenoit conroi
Moult fu dolenz, ne set que faire,
Ne n’en set mais a quel chief traire. »
3º y 4º ESO
1833
« Il se trouve dans certaines villes de
province des maisons dont la vue inspire
une mélancolie égale à celle que
provoquent les cloîtres les plus sombres,
les landes les plus ternes ou les ruines les
plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois
dans ces maisons et le silence du cloître et
l’aridité des landes et les ossements des
ruines. La vie et le mouvement y sont si
tranquilles qu’un étranger les croirait
inhabitées, s’il ne rencontrait tout à coup
le regard pâle et froid d’une personne
immobile dont la figure à demi
monastique dépasse l’appui de la croisée,
au bruit d’un pas inconnu. »
1664
« Mme Pernelle :
Allons, Flipote, allons, que d’eux je me délivre.
Elmire :
Vous marchez d’un tel pas qu’on a peine à vous
suivre.
Mme Pernelle :
Laissez, ma bru, laissez, ne venez pas plus
loin : Ce sont toutes façons dont je n’ai pas
besoin.
Elmire : De ce que l’on vous doit envers vous
on s’acquitte. Mais, ma mère, d’où vient que
vous sortez si vite ? »
1784
Figaro : Dix-neuf pieds sur vingt-six.
Suzanne : Tiens, Figaro, voilà mon
petit chapeau : le trouves-tu mieux
ainsi ?
Figaro : Sans comparaison, ma
charmante. Ô ! Que ce joli bouquet
virginal, élevé sur la tête d’une belle
fille, est doux, le matin des noces, à
l’œil d’un époux !...
Suzanne : Que mesures-tu donc là,
mon fils ?
Figaro : Je regarde, ma petite
Suzanne, si ce beau lit que
Monseigneur nous donne, aura bonne
grâce ici.
1877
I
« Un cœur simple »
Pendant un demi-siècle, les
bourgeoises de Pont-l’Évêque
envièrent a Madame Aubain sa
servante Félicité. Pour cent francs par
an, elle faisait la cuisine et le ménage,
cousait, lavait, repassait, savait
brider un cheval, engraisser les
volailles, battre le beurre, et resta
fidèle à sa maîtresse, ― qui cependant
n’était pas une personne agréable.
1984
« C’est en cette fin de l’hiver 1429 ― le
25 février ― au château de Chinon
que leurs destins se sont croisés.
Gilles de Rais fait partie de ces
hobereaux bretons et vendéens qui
ont pris fait et cause pour le dauphin
Charles, bousculé par l’armée
anglaise. Au nom d’Henri VI, roi
d’Angleterre ― qui n’est encore qu’un
enfant ― son oncle Jean, duc de
Bedford, exerce la régence. Mais il
règne aussi à Paris, il occupe la
Normandie et assiège Orléans, porte
du sud de la France. »
1975
« La première chose que je peux
vous dire c’est qu’on habitait au
sixième à pied et que pour Madame
Rosa, avec tous ces kilos qu’elle
portait sur elle et seulement deux
jambes, c’était une vraie source de
vie quotidienne, avec tous les soucis
et les peines. »
1883
« Jeanne, ayant fini ses
malles, s’approcha de la
fenêtre, mais la pluie ne cessait
pas. L’averse, toute la
nuit, avait sonné contre les
carreaux et les toits. Le ciel bas
et chargé d’eau semblait
crevé, se vidant sur la terre, la
délayant en bouillie, la fondant
comme du sucre. Des rafales
passaient pleines d’une chaleur
lourde. Le ronflement des
ruisseaux débordés emplissait
les rues désertes où les
maisons, comme des
éponges, buvaient l’humidité
qui pénétrait au-dedans et
faisait suer les murs de la cave
au grenier. »
1870
Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les seigles et les blés tout humides encore,
Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
L’on sort sans autre but que de sortir ; on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
1925
« ― C’est le moment de croire que
j’entends des pas dans le corridor, se
dit Bernard. Il releva la tête et prêta
l’oreille. Mais non : son père et son
frère aîné étaient retenus au Palais ;
sa mère en visite ; sa sœur à un
concert ; et quant au puîné, le petit
Caloub, une pension le bouclait au
sortir du lycée chaque jour. Bernard
Profitendieu était resté à la maison
pour potasser son bachot ; il n’avait
plus devant lui que trois semaines.
La famille respectait sa solitude ; le
démon pas. »
1840
« Dans les premiers jours du mois
d’octobre 181., le colonel Sir Thomas
Nevil, Irlandais, officier distingué
de l’armée anglaise, descendit avec
sa fille à l’hôtel Beauvau, à
Marseille, au retour d’un voyage en
Italie. L’admiration continue des
voyageurs enthousiastes a produit
une réaction, et, pour se
singulariser, beaucoup de touristes
aujourd’hui prennent pour devise le
nil admirari d’Horace. C’est à cette
classe de voyageurs mécontents
qu’appartenait Miss Lydia, fille
unique du colonel. »
1986
« Moi, Hassan fils de Mohamed le
peseur, moi, Jean-Léon de
Médicis, circoncis de la main d’un
barbier et baptisé de la main d’un
pape, on me nomme aujourd’hui
l’Africain, mais d’Afrique ne
suis, ni d’Europe, ni d’Arabie. On
m’appelle aussi le Grenadin, le
Fassi, le Zayyati, mais je ne viens
d’aucun pays, d’aucune
cité, d’aucune tribu. Je suis fils de
la route, ma patrie est
caravane, et ma vie la plus
inattendue des traversées. »
1988
« Au fond de l’Atlantique, il y a un
livre. C’est son histoire que je vais
raconter. Peut-être en connaissez-
vous le dénouement, les journaux
l’ont rapporté à l’époque, certains
ouvrages l’ont consigné depuis :
lorsque le Titanic a sombré, dans
la nuit du 14 au 15 avril 1912, au
large de Terre-Neuve, la plus
prestigieuse des victimes était un
livre, exemplaire unique des
Robaïyat d’Omar Khayyam, sage
persan, poète, astronome. »
1977
« L’année scolaire se tire des pattes.
Trois jours et c’est juillet. C’est fini, on
ne fait plus que des belotes dans le
fond des salles, Mahmoud fume dans
son casier et Léonore compulse son
catalogue des Trois Suisses derrière
son écran de cahiers. Ses yeux mous
ne brillent que devant les photos
d’aspirateurs, elle est moche. Moi, ça
va, je passe en cinquième les doigts
dans le nez because je suis le meilleur,
le plus fort, le plus génial, le plus tout,
bref, le caïd. Bingo. »
1758
« Il y avait en Vestphalie, dans le
château de monsieur le baron de
Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon
à qui la nature avait donné les mœurs
les plus douces. Sa physionomie
annonçait son âme. Il avait le jugement
assez droit, avec l’esprit le plus simple ;
c’est, je crois, pour cette raison qu’on le
nommait Candide. Les anciens
domestiques de la maison supçonnaient
qu’il était fils de la sœur de monsieur le
baron, et d’un bon et honnête
gentilhomme du voisinage, que cette
demoiselle ne voulut jamais épouser
parce qu’il n’avait pu prouver que
soixante et onze quartiers, et que le
reste de son arbre généalogique avait
été perdu par l’injure du temps. »
1752
« Dans une de ces planètes qui
tournent autour de l’étoile nommée
Sirius, il y avait un jeune homme de
beaucoup d’esprit, que j’ai eu
l’honneur de connaître dans le
dernier voyage qu’il fit sur notre
petite fourmilière ; il s’appelait
Micromégas, nom qui convient fort à
tous les grands. Il avait huit lieues de
haut : j’entends, par huit lieues,
vingt-quatre mille pas géométriques
de cinq pieds chacun. »
1874
C’est l’extase langoureuse,
C’est la fatigue amoureuse,
C’est tous les frissons des bois
Parmi l’étreinte des brises,
C’est, vers les ramures grises,
La chœur des petites voix.
1801
« C’est une singulière destinée, mon
cher fils, que celle qui nous réunit. Je
vois en toi l’homme civilisé qui s’est
fait sauvage ; tu vois en moi l’homme
sauvage, que le grand Esprit (j’ignore
pour quel dessein) a voulu civiliser.
Entrés l’un et l’autre dans la carrière
de la vie par les deux bouts opposés,
tu es venu te reposer à ma place, et
j’ai été m’asseoir à la tienne : ainsi
nous avons dû avoir des objets une
vue totalement différente. Qui, de toi
ou de moi, a le plus gagné ou le plus
perdu à ce changement de position ?
C’est ce que savent les Génies, dont le
moins savant a plus de sagesse que
tous les hommes ensemble. »
1844
Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie,
Se traîne et se débat comme un aigle blessé,
Portant comme le mien, sur son aile asservie,
Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
S’il ne bat qu’en saignant par sa plaie immortelle,
S’il ne voit plus l’amour, son étoile fidèle,
Éclairer pour lui seul l’horizon effacé...
1826
« Connaissez-vous cette contrée
que l’on a surnommé le jardin de la
France, ce pays où l’on respire un
air si pur dans les plaines
verdoyantes arrosées par un grand
fleuve ? Si vous avez traversé, dans
les mois d’été, la belle Touraine,
vous aurez longtemps suivi la Loire
paisible avec enchantement, vous
aurez regretté de ne pouvoir
déterminer, entre les deux rives,
celle où vous choisiriez votre
demeure, pour y oublier les
hommes auprès d’un être aimé. »
1969
« Une vague déferla, courut sur la
grève humide et lécha les pieds de
Robinson qui gisait face contre
sable. À demi inconscient encore, il
se ramassa sur lui-même et rampa
de quelques mètres vers la plage.
Puis il se laissa rouler sur le dos.
Des mouettes noires et blanches
tournoyaient en gémissant dans le
ciel céruléen où une trame
blanchâtre qui s’effilochait vers le
levant était tout ce qui restait de la
tempête de la veille. Robinson fit un
effort pour s’asseoir et éprouva
aussitôt une douleur fulgurante à
l’épaule gauche. »
Incipit de…
Vendredi ou les limbes du Pacifique
1837
« Sur les confins de la Marche et du
Berry, dans le pays qu’on appelle la
Varenne, et qui n’est qu’une vaste lande
coupée de bois de chênes et de
châtaigniers, on trouve, au plus fourré et
au plus désert de la contrée, un petit
château en ruines, tapi dans un ravin, et
dont on ne découvre les tourelles
ébréchées qu’à environ cent pas de la
herse principale. Les arbres séculaires
qui l’entourent et les roches éparses qui
le dominent l’ensevelissent dans une
perpétuelle obscurité, et c’est tout au plus
si, en plein midi, on peut franchir le
sentier abandonné qui y mène, sans se
heurter contre les troncs noueux et les
décombres qui l’obstruent à chaque pas.
Ce sombre ravin et ce triste castel, c’est
la Roche-Mauprat. »
1931
« Les collines, sous
l’avion, creusaient déjà leur sillage
d’ombre dans l’or du soir. Les plaines
devenaient lumineuses mais d’une
inusable lumière : dans ce pays elles
n’en finissent pas de rendre leur or de
même qu’après l’hiver, elles n’en
finissent pas de rendre leur neige. Et
le pilote Fabien, qui ramenait de
l’extreme Sud, vers Buenos-Ayres, le
courrier de Patagonie, reconnaissait
l’approche du soir aux mêmes signes
que les eaux d’un port : à ce calme, à
ces rides légères qu’à peine
dessinaient de tranquilles nuages. Il
entrait dans une rade immense et
bienheureuse. »
1989
« C’est d’abord une phrase qui m’a
traversé la tête : « La mort est un
processus rectiligne. » Le genre de
déclaration à l’emporte-pièce qu’on
s’attend plutôt à trouver en
anglais : « Death is a straight on
process »... quelque chose comme
ça. J’étais en train de me demander
où j’avais lu ça quand le géant a fait
irruption dans mon bureau. La
porte n’avait pas encore claqué
derrière lui qu’il était déjà penché
sur moi : ― C’est
vous, Malaussène ? »
1933
« Xavier Frontenac jeta un
regard timide sur sa belle-sœur
qui tricotait, le buste droit, sans
s’appuyer au dossier de la chaise
basse qu’elle avait rapprochée du
feu ; et il comprit qu’elle était
irritée. Il chercha à se rappeler ce
qu’il avait dit, pendant le dîner :
et ses propos lui semblèrent
dénués de toute malice. Xavier
soupira, passa sur son crâne une
main fluette. »
1991
« L’invitation avait été lancée la
veille de Noël. Ils arrivèrent en
plein été. Sept mois de réflexion
méningiteuse menée à hue et à dia
dans toutes les directions
imaginables. Les hypothèses les
plus saugrenues furent soulevées,
débattues, repensées, puis couchées
noir sur blanc sous forme de lettres
recommandées avec avis de
réception. C’est ainsi que le facteur
chanta mes louanges à travers la
médina : je lui donnais souvent un
pourboire. »
1963
« Les Bastides Blanches, c’était une
paroisse de cent cinquante habitants,
perchée sur la proue de l’un des
derniers contreforts du massif de
l’Étoile, à deux lieues d’Aubagne...
Une route de terre y conduisait par
une montée si abrupte que de loin elle
paraissait verticale : mais du côté des
collines, il n’en sortait qu’un chemin
muletier, d’où partaient quelques
sentiers qui menaient au ciel. »
1963
« Dès qu’il reçut la grande
nouvelle, Attilio n’hésita pas une
seconde, et il vint d’Antibes pour
diriger en personne les premiers
travaux. Il arriva sur une étincelante
bicyclette à pétrole qui tirait des
coups de fusil en traînant une longue
écharpe de fumée bleue. »
1922
« La maison était grande, coiffée
d’un grenier haut. La pente raide
de la rue obligeait les écuries et les
remises, les poulaillers, la
buanderie, la laiterie, à se blottir
en contrebas tout autour d’une
cour fermée. »
1831
« Il y a aujourd’hui trois cent quarante-
huit ans six mois et dix-neuf jours que
les parisiens s’éveillèrent au bruit de
toutes les cloches sonnant à grande
volée dans la triple enceinte de la Cité,
de l’Université et de la Ville. Ce n’est
cependant pas un jour dont l’histoire ait
gardé souvenir que le 6 janvier 1482.
Rien de notable dans l’événement qui
mettait ainsi en branle, dès le matin, les
cloches et les bourgeois de Paris. Ce
n’était ni un assaut de picards ou de
bourguignons, ni une châsse menée en
procession, ni une révolte d’écoliers
dans la vigne de Laas, ni une entrée de
notredit très redouté seigneur monsieur
le roi, ni même une belle pendaison de
larrons et de larronnesses à la Justice
de Paris. »
1863
« C’était vers les dernières années
de la Restauration. La demie de
huit heures, comme on dit dans
l’Ouest, venait de sonner au
clocher, pointu comme une aiguille
et vitré comme une lanterne, de
l’aristocratique petite ville de
Valonges. »
1911
« J’ai presque peine à comprendre
aujourd’hui l’impatience qui
m’élançait alors vers la vie. À vingt-
cinq ans je n’en connaissais rien à
peu près, que par les livres ; et c’est
pourquoi sans doute je me croyais
romancier ; car j’ignorais encore
avec quelle malignité les événements
dérobent à nos yeux le côté par où ils
nous intéresseraient davantage, et
combien peu de prise ils offrent à qui
ne sait pas les forcer. »
1995
Il n’avait que son adresse. Rue
des Pistoles, dans le Vieux
Quartier. Cela faisait des
années qu’il n’était pas venu à
Marseille. Maintenant il
n’avait plus le choix.
1994
« C’était un soir de décembre à la
Bibliothèque nationale. Lasse d’avoir
fiché, noté, annoté, relevé, discuté,
dépouillé, médité tout le jour, les yeux usés
et la main lourde, je posai ma plume et
repoussai ma chaise. Alentour, des corps
cassés sur les bureaux, des crânes luisant
sous les lampes, et de longs murs de livre
fermés, muets, impénétrables. Une glu
liquide et glauque figeait la Grande Salle
dans un silence étale. Rien ne bougeait. Il
stagnait une odeur de poussière propre,
de celles que l’on remue tous les matins. »
1º y 2º de Bachillerato
1949
« Dans l’S, à une heure d’affluence.
Un type dans les vingt-six ans,
chapeau mou avec cordon
remplaçant le ruban, cou trop long
comme si on lui avait tiré dessus.
Les gens descendent. Le type en
question s’irrite contre un voisin. Il
lui reproche de le bousculer chaque
fois qu’il passe quelqu’un. Ton
pleurnichard qui se veut méchant.
Comme il voit une place libre, se
précipite dessus. »
1947
« Les curieux événements qui font
le sujet de cette chronique se sont
produits en 194., à Oran. De l’avis
général, ils n’y étaient pas à leur
place, sortant un peu de
l’ordinaire. À première vue, Oran
est, en effet, une ville ordinaire et
rien de plus qu’une préfecture
française de la côte algérienne. »
1721
« Nous n’avons séjourné qu’un jour à
Com. Lorsque nous eûmes fait nos
dévotions sur le tombeau de la vierge
qui a mis au monde douze
prophètes, nous nous remîmes en
chemin, et hier, vingt-cinquième jour
de notre départ d’Ispahan, nous
arrivâmes à Tauris. Rica et moi
sommes peut-être les premiers parmi
les Persans que l’envie de savoir ait fait
sortir de leur pays, et qui aient renoncé
aux douceurs d’une vie tranquille pour
aller chercher laborieusement la
sagesse. »
1885
« Dans la plaine rase, sous la
nuit sans étoiles, d’une obscurité
et d’une épaisseur d’encre, un
homme suivait seul la grande
route de Marchiennes à
Montsou, dix kilomètres de pavé
coupant tout droit, à travers les
champs de betteraves. »
1975
« J’ai longtemps hésité avant
d’entreprendre le récit de mon
voyage à W. Je m’y résous
aujourd’hui, poussé par une
nécessité impérieuse, persuadé que
les événements dont j’ai été le
témoin doivent être révélés et mis
en lumière. »
1992
« Le verbe lire ne supporte pas
l’impératif. Aversion qu’il partage
avec quelques autres : le verbe
« aimer »... le verbe « rêver »... On
peut toujours essayer, bien sûr.
Allez-y : « Aime-moi ! » « Rêve ! »
« Lis ! Mais lis donc, bon sang, je
t’ordonne de lire ! » ― Monte dans
ta chambre et lis ! Résultat ?
Néant. »
1997
« La première fois que je me vis
dans un miroir, je ris : je ne croyais
pas que c’était moi. À présent, quand
je regarde mon reflet, je ris : je sais
que c’est moi. Et tant de hideur a
quelque chose de drôle. Mon surnom
arriva très vite. Je devais avoir six
ans quand un gosse me cria, dans la
cour : « Quasimodo ! » Fous de joie,
les enfants reprirent en chœur :
« Quasimodo ! Quasimodo ! »
Pourtant, aucun d’entre eux n’avait
jamais entendu parler de Victor
Hugo. Mais le nom de Quasimodo
était si bien trouvé qu’il suffisait de
l’entendre pour comprendre. On ne
m’appela plus autrement. »
1873
Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un
festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les
vins coulaient.
Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. ― Et
je l’ai trouvée amère. ― Et je l’ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine,
c’est à vous que mon trésor a été confié !
Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit
toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour
l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant,
mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les
fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang. Le
malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans
la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai
joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de
l’idiot.
1953
Estragon : Rien à faire.
Vladimir : Je commence à le croire. J’ai
longtemps résisté à cette pensée, en me
disant, Vladimir, sois raisonnable, tu n’as
pas encore tout essayé. Et je reprenais le
combat. Alors, te revoilà, toi.
Estragon : Tu crois ?
Vladimir : Je suis content de te revoir. Je te
croyais parti pour toujours.
Estragon : Moi aussi.
1829
« Condamné a mort ! Voilà cinq
semaines que j’habite avec cette
pensée, toujours seul avec
elle, toujours glacé de sa
présence, toujours courbé sous
son poids ! »
1933
« 21 mars 1927. Minuit et demi. Tchen
tenterait-il de lever la moustiquaire ?
Frapperait-il au travers ? L’angoisse lui tordait
l’estomac ; il connaissait sa propre fermeté,
mais n’était capable en cet instant que d’y
songer avec hébétude, fasciné par ce tas de
mousseline blanche qui tombait de plafond sur
un corps moins visible qu’une ombre, et d’où
sortait seulement ce pied à demi incliné par le
sommeil, vivant quand même ― de la chair
d’homme. La seule lumière venait du building
voisin : un grand rectangle d’électricité pâle,
coupé par les barreaux de la fenêtre dont l’un
rayait le lit juste au-dessous du pied comme
pour en accentuer le volume et la vie. Quatre
ou cinq klaxons grincèrent à la fois.
Découvert ? Combattre, combattre des ennemis
qui se défendent, des ennemis éveillés ! »
1978
« Au départ, l’art du puzzle semble un art bref, un art
mince, tout entier contenu dans un maigre enseignement de
la Gestalttheorie : l’objet visé ― qu’il s’agisse d’un acte
perceptif, d’un apprentissage, d’un système physiologique
ou, dans le cas qui nous occupe, d’un puzzle de bois ― n’est
pas une somme d’éléments qu’il faudrait d’abord isoler et
analyser, mais un ensemble, c’est-à-dire une forme, une
structure : l’élément ne préexiste pas à l’ensemble, il n’est ni
plus immédiat ni plus ancien, ce ne sont pas les éléments qui
déterminent l’ensemble, mais l’ensemble qui détermine les
éléments : la connaissance du tout et de ses lois, de l’ensemble
et de sa structure, ne saurait être déduite de la connaissance
séparée des parties qui le composent : cela veut dire qu’on
peut regarder une pièce d’un puzzle pendant trois jours et
croire tout savoir de sa configuration et de sa couleur sans
avoir le moins du monde avancé : seule compte la possibilité
de relier cette pièce à d’autres pièces, et en ce sens il y a
quelque chose de commun entre l’art du puzzle et l’art du go ;
seules les pièces rassemblées prendront un caractère
lisible, prendront un sens : considérée isolément une pièce
d’un puzzle ne veut rien dire ; elle est seulement question
impossible, défi opaque ; mais à peine a-t-on réussi, au terme
de plusieurs minutes d’essais et d’erreurs, ou en une demi-
seconde prodigieusement inspirée, à la connecter à l’une de
ses voisines, que la pièce disparaît, cesse d’exister en tant que
pièce : l’intense difficulté qui a précédé ce rapprochement, et
que le mot puzzle ― énigme ― désigne si bien en anglais, non
seulement n’a plus de raison d’être, mais semble n’en avoir
jamais eu, tant elle est devenue évidence : les deux pièces
miraculeusement réunies n’en font plus qu’une, à son tour
source d’erreur, d’hésitation, de désarroi et d’attente. »
1857
La sottise, l’erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
1952
« Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais
jamais rien dit. Rien. C’est Arthur
Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un
étudiant, un carabin lui aussi, un
camarade. On se rencontre donc place
Clichy. C’était le déjeuner. Il veut me
parler. Je l’écoute. « Restons pas
dehors ! qu’il me dit. Rentrons ! » Je
rentre avec lui. Voilà. »
1761
« Il faut vous fuir, mademoiselle, je le
sens bien : j’aurais dû beaucoup
moins attendre ; ou plutôt il fallait ne
vous voir jamais. Mais que faire
aujourd’hui ? Comment m’y
prendre ? Vous m’avez promis de
l’amitié ; voyez mes perplexités, et
conseillez-moi. Vous savez que je ne
suis entré dans votre maison que sur
l’invitation de madame votre mère.
Sachant que j’avais cultivé quelques
talents agréables, elle a cru qu’ils ne
seraient pas inutiles, dans un lieu
dépourvu de maîtres, à l’éducation
d’une fille qu’elle adore. Fier, à mon
tour, d’orner de quelques fleurs un si
beau naturel, j’osai me charger de ce
dangereux soin, sans en prévoir le
péril, ou du moins sans le redouter. »
1830
« La petite ville de Verrières peut
passer pour l’une des plus jolies de la
Franche-Comté. Ses maisons blanches
avec leurs toits pointus de tuiles
rouges s’étendent sur la pente d’une
colline, dont des touffes de vigoureux
châtaigniers marquent les moindres
sinuosités. Le Doubs coule à quelques
centaines de pieds au-dessous de ses
fortifications bâties jadis par les
Espagnols, et maintenant ruinées. »
1852
« Mon avis est qu’on ne peut créer
des personnages que lorsque l’on a
beaucoup étudié les hommes,
comme on ne peut parler une
langue qu’à la condition de l’avoir
sérieusement apprise. N’ayant pas
encore l’âge où l’on invente, je me
contente de raconter. J’engage
donc le lecteur à être convaincu de
la réalité de cette histoire dont
tous les personnages, à l’exception
de l’héroïne, vivent encore. »
2000
« Dans quelques heures, ils vont
venir me chercher. Déjà ils se
préparent. Les soldats nettoient
leurs armes. Des messagers
s’éparpillent dans les rues noires
pour convoquer le tribunal. Le
menuisier caresse la croix sur
laquelle je vais sans doute saigner
demain. Les bouches chuchotent,
tout Jérusalem sait déjà que je
vais être arrêté. »
1869
« Le 15 septembre 1840, vers six
heures du matin, la Ville-de-
Montereau, près de partir, fumait
à gros tourbillons devant le quai
Saint-Bernard. Des gens
arrivaient hors d’haleine ; des
barriques, des câbles, des
corbeilles de linge gênaient la
circulation ; les matelots ne
répondaient à personne ; on se
heurtait ; les colis montaient entre
les deux tambours, et le tapage
s’absorbait dans le bruissement de
la vapeur, qui, s’échappant par
des plaques de tôle, enveloppait
tout d’une nuée blanchâtre, tandis
que la cloche, à l’avant, tintait
sans discontinuer. »
1920
« Je vais encourir bien des
reproches. Mais qu’y puis-je ?
Est-ce ma faute si j’eus douze ans
quelques mois avant la
déclaration de la guerre ? Sans
doute, les troubles qui me vinrent
de cette période extraordinaire
furent d’une sorte qu’on n’éprouve
jamais à cet âge ; mais comme il
n’existe rien d’assez fort pour
nous vieillir malgré les
apparences, c’est en enfant que je
devais me conduire dans une
aventure où déjà un homme eût
éprouvé de l’embarras. »
1888
« Zut ! s’écria tout à coup le père
Roland, qui depuis un quart d’heure
demeurait immo-bile, les yeux fixés
sur l’eau, et soulevant par
moments, d’un mouvement très
léger, sa ligne descendue au fond de la
mer. Mme Roland, assoupie à l’arrière
du bateau, à côté de Mme Rosémilly
invitée à cette partie de pêche, se
réveilla, et tournant la tête vers son
mari : « Eh bien !... eh bien !...
Gérôme ! »
1580
« C’est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t’avertit,
dès l’entrée, que je ne m’y suis proposé aucune fin,
que domestique et privée. Je n’y ai eu nulle
considération de ton service, ni de ma gloire. Mes
forces ne sont pas capables d’un tel dessein. Je l’ai
voué à la commodité particulière de mes parents
et amis : à ce que m’ayant perdu (ce qu’ils ont à
faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns
traits de mes conditions et humeurs, et que par ce
moyen ils nourrissent, plus entière et plus vive, la
connaissance qu’ils ont eue de moi. Si c’eût été
pour rechercher la faveur du monde, je me fusse
mieux paré et me présenterais en une marche
étudiée. Je veux qu’on m’y voie en ma façon
simple, naturelle et ordinaire, sans contention et
artifice : car c’est moi que je peins. Mes défauts s’y
liront au vif, et ma forme naïve, autant que la
révérence publique me l’a permis. Que si j’eusse
été entre ces nations qu’on dit vivre encore sous la
douce liberté des premières lois de la nature, je
t’assure que je m’y fusse très volontiers peint tout
entier, et tout nu. Ainsi, lecteur, je suis moi-même
la matière de mon livre : ce n’est pas raison que tu
emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain.
Adieu donc ; de Montaigne, ce premier de mars
mil cinq cent quatre-vingts. »
1831
« Vers la fin du mois d’octobre
dernier, un jeune homme entra
dans le Palais-Royal au moment
où les maisons de jeu s’ouvraient,
conformément à la loi qui protège
une passion essentiellement
imposable. Sans trop hésiter, il
monta l’escalier du tripot désigné
sous le nom de numéro 36. »
1988
« Ma mère est morte le lundi 7
avril à la maison de retraite de
l’hôpital de Pontoise, où je l’avais
placée il y a deux ans. L’infirmier
a dit au téléphone : « Votre mère
s’est éteinte ce matin, après son
petit déjeuner. » Il était environ
dix heures. »
1677
Hippolyte:
Le dessein en est pris : je pars, cher
Théramène,
Et quitte le séjour de l’aimable Trézène.
Dans le doute mortel dont je suis agité,
Je commence à rougir de mon oisivité.
Depuis plus de six mois éloigné de mon père,
J’ignore le destin d’une tête si chère ;
J’ignore jusqu’aux lieux qui le peuvent
cacher. »
1951
« Mon cher Marc, je suis descendu
ce matin chez mon médecin
Hermogène, qui vient de rentrer à la
Villa après un assez long voyage en
Asie. L’examen devait se faire à
jeun : nous avions pris rendez-vous
pour les premières heures de la
matinée. Je me suis couché sur un lit
après m’être dépouillé de mon
manteau et de ma tunique. »
1994
« Marc :
Mon ami Serge a acheté un
tableau. C’est une toile d’environ
un mètre soixante sur un mètre
vingt, peinte en blanc. Le fond
est blanc et si on cligne des yeux,
on peut apercevoir de fins liserés
blancs transversaux. »
1666
Philinte :
Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ?
Alceste :
Laissez-moi, je vous prie.
Philinte :
Mais encor dites-moi quelle bizarrerie.
Alceste :
Laissez-moi là, vous dis-je,
et courez vous cacher.
Philinte :
Mais on entend les gens,
au moins, sans se fâcher.
Alceste :
Moi, je veux me fâcher,
et ne veux point entendre.
1866
La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
O nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !
1995
« L’enfant était cloué à la porte
comme un oiseau de malheur. Ses
yeux pleine lune étaient ceux d’une
chouette. Eux, ils étaient sept, et
montaient les escaliers de quatre en
quatre. Bien entendu, ils ignoraient
que cette fois-ci on leur avait cloué un
gosse sur la porte. Ils croyaient avoir
tout vu et couraient donc vers la
surprise. Deux paliers encore et un
petit Jésus de six ou sept ans leur
barraient le passage. Un bébé-dieu
cloué vif à une porte. Qui peut
imaginer une chose pareille ? »
1991
« À l’inverse du Nil, que l’on peut
descendre porté par le courant ou
remonter au gré des voiles, le Tigre est
un fleuve à sens unique. En
Mésopotamie, les vents s’écoulent,
comme les eaux, de la montagne vers la
mer, jamais vers l’intérieur des terres,
au point que les barques doivent
s’alourdir à l’aller d’ânes et de mulets
qui au retour les remorqueront vers
leur bourg d’attache, coques branlantes
et penaudes sur les chemins secs. »
1942
« Aujourd’hui, maman est
morte. Ou peut-être hier, je ne
sais pas. J’ai reçu un
télégramme de l’asile : « Mère
décédée. Enterrement demain.
Sentiments distinguées. » Cela
ne veut rien dire. C’était peut-
être hier. »
1989
Un désespéré entre dans une cabine
publique de téléphone, il a un revolver à la
main, il a du mal à faire un numéro de
téléphone, un numéro qui n’en finit plus
(quinze-vingt chiffres), ça sonne, on
décroche à l’autre bout.
Thérèse : Allô, allô.
Il parle en hoquetant, le revolver sur la
tempe.
L’homme : Allô... Détresse-Amitié ?
Thérèse : Allô... Allô... Je ne vous entends
pas.
L’homme : Je suis au bout du rouleau,
qu’est-ce que je dois faire ?
Thérèse : Je ne vous entends pas, appuyez
sur le bouton.
L’homme appuie sur la gâchette et tombe
mort.
Noir.
1968
« Ma montre est-elle arrêtée ? Non.
Mais les aiguilles n’ont pas l’air de
tourner. Ne pas les regarder.
Penser à autre chose, à n’importe
quoi : à cette journée derrière moi,
tranquille et quotidienne malgré
l’agitation de l’attente. »
1999
« Si vous voulez mon avis ― et si vous
ne le voulez pas, je vous le donne quand
même ― je ne crois pas vraiment qu’il y
ait des libellules à Paris, même au
début du mois de juillet. Je suis plutôt
du contraire. Pourtant, tôt ce matin-
là, il en est passé une devant mes
yeux, à travers le carré d’espace de la
fenêtre que j’avais laissé ouverte. Je
laisse toujours ma fenêtre
ouverte, gel, pluie, neige ou
catastrophe écologique, parce
que, n’est-ce pas, on ne sait jamais, Un
Jour Mon Prince Viendra et il pourrait
bien venir par la fenêtre. (Et puis, de
toute façon, j’ai souvent la sensation
d’étouffer, d’être oppressée.
Alors, j’ouvre). »
1827
« Le drame qu’on va lire n’a rien
qui le recommande à attention
ou à la bienveillance du public.
Il n’a point, pour attirer sur lui
l’intérêt des opinions
politiques, l’avantage du veto de
la censure administrative, ni
même, pour lui concilier tout
d’abord la sympathie littéraire
des hommes de goût, l’honneur
d’avoir été officiellement rejeté
par un comité de lecture
infaillible. »
1902
« Oui, tu le pensais bien : Michel nous
a parlé, mon cher frère. Le récit qu’il
nous fit, le voici. Tu l’avais demandé ;
je te l’avais promis ; mais à l’instant
de l’envoyer, j’hésite encore, et plus je
le relis et plus il me paraît affreux.
Ah ! que vas-tu penser de notre ami ?
D’ailleurs qu’en pensé-je moi-
même ?... Le réprouverons-nous
simplement, niant qu’on puisse
tourner à bien des facultés qui se
manifestent cruelles ? »
1835
« Tu te plains, mon cher ami, de la
rareté de mes lettres. ― Que veux-tu que
je t’écrive, sinon que je me porte bien et
que j’ai toujours la même affection pout
toi ? ― Ce sont choses que tu sais
parfaitement, et qui sont si naturelles à
l’âge que j’ai et avec les belles qualités
qu’on te voit, qu’il y a presque du
ridicule à faire parcourir cent lieues à
une misérable feuille de papier pour ne
rien dire de plus. ― J’ai beau chercher,
je n’ai rien qui vaille la peine d’être
rapporté ; ― ma vie est la plus unie du
monde, et rien n’en vient couper la
monotonie. Aujourd’hui amène demain
comme hier avait amené aujourd’hui ;
et, sans avoir la fatuité d’être prophète,
je puis prédire hardiment le matin ce
qui m’arrivera le soir. »
1844
« Le lundi, dix-huitième jour du mois
d’août 1572, il y avait grande fête au
Louvre. Les fenêtres de la vieille
demeure royale, ordinairement si
sombres, étaient ardemment
éclairées ; les places et les rues
attenantes, habituellement si
solitaires, dès que neuf heures
sonnaient à Saint-Germain-
l’Auxerrois, étaient, quoiqu’il fût
minuit, encombrées de populaire. »
1440
La retenue d’amours
I
Ou temps passé, quant Nature me fist
En ce monde venir, elle me mist
Premierement tout en la gouvernance
D’une Dame qu’on appelloit Enfance,
En lui faisant estroit commandement
De me nourrir et garder tendrement.
1973
« Voir un sexe fut la préoccupation de
notre enfance. Pas n’importe quel sexe.
Pas un sexe innocent et imberbe. Mais
celui d’une femme. Celui qui a vécu et
enduré, celui qui s’est fatigué. Celui qui
hante nos premiers rêves et nos
premières audaces. Le sexe qu’on
nomme dans une rue déserte et qu’on
dessine dans la paume de la main.
Celui par lequel on injurie. Celui qu’on
rêve de faire et de réinventer. Les rues
de notre quartier le connaissent bien.
Les murs l’ont apprivoisé et le ciel lui a
fait une place. Sur l’effigie de ce sexe
nous éjaculons des mots. »
1874
« Il y a terriblement d’années, je m’en
allais chasser le gibier d’eau dans les
marais de l’Ouest, ― et comme il n’y
avait pas alors de chemins de fer dans
le pays où il me fallait voyager, je
prenais la diligence de *** qui passait
à la patte-d’oie du château de Rueil et
qui, pout le moment, n’avait dans son
coupé qu’une seule personne. Cette
personne, très remarquable à tous
égards, et que je connaissais pour
l’avoir beaucoup rencontrée dans le
monde, était un homme que je vous
demanderai la permission d’appeler
le vicomte de Brassard. »
1944
« Voilà. Ces personnages vont vous
jouer l’histoire d’Antigone. Antigone,
c’est la petite maigre qui est assise là-
bas, et qui ne dit rien. Elle regarde
droit devant elle. Elle pense. Elle
pense qu’elle va être Antigone tout à
l’heure, qu’elle va surgir soudain de la
maigre jeune fille noiraude et
renfermée que personne ne prenait au
sérieux dans la famille et se dresser
seule en face du monde, seule en face
de Créon, son oncle, qui est le roi. »
1670
« Les psaumes chantés par toute la
terre. Qui rend témoignage de
Mahomet ? Lui-même. J.C. veut
que son témoignage ne soit rien. La
qualité de témoins fait qu’il faut
qu’il soient toujours, et partout, et
misérables. Il est seul. »
1760
« La réponse de M. le marquis de
Croismare, s’il m’en fait une, me
fournira les premières lignes de ce
récit. Avant que de lui écrire, j’ai
voulu le connaître. C’est un
homme du monde, il s’est illustré
au service ; il est âgé, il a été
marié ; il a une fille et deux fils
qu’il aime et dont il est chéri. Il a
de la naissance, des lumières, de
l’esprit, de la gaieté, du goût pour
les beaux-arts, et surtout de
l’originalité. »
1637
« Le bon sens est la chose du monde la mieux
partagée ; car chacun pense en être si bien
pourvu que ceux même qui sont les plus
difficiles à contenter en toute autre chose
n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils
en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que
tous se trompent : mais plutôt cela témoigne
que la puissance de bien juger et distinguer
le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce
qu'on nomme le bon sens ou la raison, est
naturellement égale en tous les hommes ; et
ainsi que la diversité de nos opinions ne
vient pas de ce que les uns sont plus
raisonnables que les autres, mais seulement
de ce que nous conduisons nos pensées par
diverses voies, et ne considérons pas les
mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir
l'esprit bon, mais le principal est de
l'appliquer bien. Les plus grandes âmes sont
capables des plus grands vices aussi bien
que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne
marchent que fort lentement peuvent
avancer beaucoup davantage, s'ils suivent
toujours le droit chemin, que ne font ceux qui
courent et qui s'en éloignent. »
1762
« L’homme est né libre, et partout il est dans
les fers. Tel se croit le maître des autres, qui
ne laisse pas d’être plus esclave qu’eux.
Comment ce changement s’est-il fait ? Je
l’ignore. Qu’est-ce qui peut le rendre
légitime ? Je crois pouvoir résoudre cette
question.
Si je ne considérais que la force, et l’effet qui
en dérive, je dirais : Tant qu’un peuple est
contraint d’obéir et qu’il obéit, il fait bien ;
sitôt qu’il peut secouer le joug et qu’il le
secoue, il fait encore mieux ; car, recouvrant
sa liberté par le même droit qui la lui ravie,
ou il est fondé à la reprendre, ou l’on ne
l’était point à la lui ôter. Mais l’ordre social
est un droit sacré, qui sert de base à tous les
autres. Cependant ce droit ne vient point de
la nature ; il est donc fondé sur des
conventions. Il s’agit de savoir quelles sont
ces conventions. Avant d’en venir là je dois
établir ce que je viens d’avancer. »
1884
« À en juger par les quelques portraits
conservés au château de Lourps, la
famille des Floressas des Esseintes avait
été, au temps jadis, composée
d’athlétiques soudards, de rébarbatifs
reîtres. Serrés, à l’étroit dans leurs vieux
cadres qu’ils barraient de leurs fortes
épaules, ils alarmaient avec leurs yeux
fixes, leurs moustaches en yatagans, leur
poitrine dont l’arc bombé remplissait
l’énorme coquille des cuirasses. »
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés
Decoración del aula de francés

Contenu connexe

Tendances

La fontaine fables_livre2_grandville
La fontaine fables_livre2_grandvilleLa fontaine fables_livre2_grandville
La fontaine fables_livre2_grandvilleJean-Luc Garneau
 
De l'Afrique à l'Alaska - Chapitres 1 & 2
De l'Afrique à l'Alaska - Chapitres 1 & 2De l'Afrique à l'Alaska - Chapitres 1 & 2
De l'Afrique à l'Alaska - Chapitres 1 & 2InfosCollège
 
Borges - le livre de sable (1975)
Borges - le livre de sable (1975)Borges - le livre de sable (1975)
Borges - le livre de sable (1975)anattaembe
 
La chèvre de m. seguin benamor.belgacem
La chèvre de m. seguin benamor.belgacemLa chèvre de m. seguin benamor.belgacem
La chèvre de m. seguin benamor.belgacembenamor belgacem
 
Le rocher-de-tanios-amin-maalouf
Le rocher-de-tanios-amin-maaloufLe rocher-de-tanios-amin-maalouf
Le rocher-de-tanios-amin-maaloufMariem Bm Snoussi
 
Candide mag 1
Candide mag 1Candide mag 1
Candide mag 1lfiduras
 
De l'Alaska à l'Afrique - 3e partie
De l'Alaska à l'Afrique - 3e partieDe l'Alaska à l'Afrique - 3e partie
De l'Alaska à l'Afrique - 3e partieInfosCollège
 
Les gagnants du 1er Grand Prix littéraire du web
Les gagnants du 1er Grand Prix littéraire du webLes gagnants du 1er Grand Prix littéraire du web
Les gagnants du 1er Grand Prix littéraire du webRaphael Labbé
 
22 pages extraites du livre Plus que Vainqueur de Y.C.SAMBA DEBRASA
22 pages extraites du livre Plus que Vainqueur de Y.C.SAMBA DEBRASA22 pages extraites du livre Plus que Vainqueur de Y.C.SAMBA DEBRASA
22 pages extraites du livre Plus que Vainqueur de Y.C.SAMBA DEBRASACoach'R
 
Claire barroisparisienprivé
Claire barroisparisienprivéClaire barroisparisienprivé
Claire barroisparisienprivécbarrois
 
Michel Ghelderode, recherche
Michel Ghelderode, rechercheMichel Ghelderode, recherche
Michel Ghelderode, recherchefakiki
 
Nouveau traite cavalerie_newkastle[1]
Nouveau traite cavalerie_newkastle[1]Nouveau traite cavalerie_newkastle[1]
Nouveau traite cavalerie_newkastle[1]reflexionsequestres
 

Tendances (19)

La fontaine fables_livre2_grandville
La fontaine fables_livre2_grandvilleLa fontaine fables_livre2_grandville
La fontaine fables_livre2_grandville
 
De l'Afrique à l'Alaska - Chapitres 1 & 2
De l'Afrique à l'Alaska - Chapitres 1 & 2De l'Afrique à l'Alaska - Chapitres 1 & 2
De l'Afrique à l'Alaska - Chapitres 1 & 2
 
Borges - le livre de sable (1975)
Borges - le livre de sable (1975)Borges - le livre de sable (1975)
Borges - le livre de sable (1975)
 
La chèvre de m. seguin benamor.belgacem
La chèvre de m. seguin benamor.belgacemLa chèvre de m. seguin benamor.belgacem
La chèvre de m. seguin benamor.belgacem
 
Tournepage top100-2016-couv
Tournepage top100-2016-couvTournepage top100-2016-couv
Tournepage top100-2016-couv
 
Doamna bov
Doamna bovDoamna bov
Doamna bov
 
Maupassant la vie errante
Maupassant la vie erranteMaupassant la vie errante
Maupassant la vie errante
 
Don quichotte
Don quichotteDon quichotte
Don quichotte
 
Le rocher-de-tanios-amin-maalouf
Le rocher-de-tanios-amin-maaloufLe rocher-de-tanios-amin-maalouf
Le rocher-de-tanios-amin-maalouf
 
Candide mag 1
Candide mag 1Candide mag 1
Candide mag 1
 
Les mysteres de rennes2 3
Les mysteres de rennes2 3Les mysteres de rennes2 3
Les mysteres de rennes2 3
 
De l'Alaska à l'Afrique - 3e partie
De l'Alaska à l'Afrique - 3e partieDe l'Alaska à l'Afrique - 3e partie
De l'Alaska à l'Afrique - 3e partie
 
Les gagnants du 1er Grand Prix littéraire du web
Les gagnants du 1er Grand Prix littéraire du webLes gagnants du 1er Grand Prix littéraire du web
Les gagnants du 1er Grand Prix littéraire du web
 
22 pages extraites du livre Plus que Vainqueur de Y.C.SAMBA DEBRASA
22 pages extraites du livre Plus que Vainqueur de Y.C.SAMBA DEBRASA22 pages extraites du livre Plus que Vainqueur de Y.C.SAMBA DEBRASA
22 pages extraites du livre Plus que Vainqueur de Y.C.SAMBA DEBRASA
 
Claire barroisparisienprivé
Claire barroisparisienprivéClaire barroisparisienprivé
Claire barroisparisienprivé
 
Michel Ghelderode, recherche
Michel Ghelderode, rechercheMichel Ghelderode, recherche
Michel Ghelderode, recherche
 
Magazine asterix mai_06
Magazine asterix mai_06Magazine asterix mai_06
Magazine asterix mai_06
 
Tes sur la vague
Tes sur la vagueTes sur la vague
Tes sur la vague
 
Nouveau traite cavalerie_newkastle[1]
Nouveau traite cavalerie_newkastle[1]Nouveau traite cavalerie_newkastle[1]
Nouveau traite cavalerie_newkastle[1]
 

En vedette

Viaje a París - Dpto. Francés IES Isabel Perillán y Quirós (febrero 2013)
Viaje a París - Dpto. Francés IES Isabel Perillán y Quirós (febrero 2013)Viaje a París - Dpto. Francés IES Isabel Perillán y Quirós (febrero 2013)
Viaje a París - Dpto. Francés IES Isabel Perillán y Quirós (febrero 2013)Francesperillan
 
AÑORANZA
AÑORANZAAÑORANZA
AÑORANZAgoya56
 
Présentation m2 r
Présentation m2 rPrésentation m2 r
Présentation m2 rguestfb3aa36
 
De donde-eran-adan-y-eva
De donde-eran-adan-y-evaDe donde-eran-adan-y-eva
De donde-eran-adan-y-evafotelia
 
ThèSe Vivier F P91 319 Pages.0002
ThèSe Vivier F P91 319 Pages.0002ThèSe Vivier F P91 319 Pages.0002
ThèSe Vivier F P91 319 Pages.0002guest74a4d5
 
Fondation Fernet-Branca saint-Louis Bernard Frize – Günter Umberg
Fondation Fernet-Branca saint-Louis Bernard Frize – Günter UmbergFondation Fernet-Branca saint-Louis Bernard Frize – Günter Umberg
Fondation Fernet-Branca saint-Louis Bernard Frize – Günter UmbergBâle Région Mag
 
Presentation Sans Titre 1
Presentation Sans Titre 1Presentation Sans Titre 1
Presentation Sans Titre 1din
 
Mon amie ! (véronique)
Mon amie ! (véronique)Mon amie ! (véronique)
Mon amie ! (véronique)niknad0173
 
Trabajo ppt programa formativo
Trabajo ppt programa formativoTrabajo ppt programa formativo
Trabajo ppt programa formativoJwilfre Enalvi
 
Prev. Adicc.Sesion 1.
Prev. Adicc.Sesion 1.Prev. Adicc.Sesion 1.
Prev. Adicc.Sesion 1.drgeo
 
La DerniéRe Classe
La DerniéRe ClasseLa DerniéRe Classe
La DerniéRe ClasseJaquesL
 
Tenedo Performance Provisioning
Tenedo Performance ProvisioningTenedo Performance Provisioning
Tenedo Performance ProvisioningTENEDO
 

En vedette (20)

Viaje a París - Dpto. Francés IES Isabel Perillán y Quirós (febrero 2013)
Viaje a París - Dpto. Francés IES Isabel Perillán y Quirós (febrero 2013)Viaje a París - Dpto. Francés IES Isabel Perillán y Quirós (febrero 2013)
Viaje a París - Dpto. Francés IES Isabel Perillán y Quirós (febrero 2013)
 
AÑORANZA
AÑORANZAAÑORANZA
AÑORANZA
 
Présentation m2 r
Présentation m2 rPrésentation m2 r
Présentation m2 r
 
Ensemble pour vaincre la pauvreté
Ensemble pour vaincre la pauvretéEnsemble pour vaincre la pauvreté
Ensemble pour vaincre la pauvreté
 
Philippe moutot 15 03-2011 politique de change pour euro
Philippe moutot 15 03-2011 politique de change pour euroPhilippe moutot 15 03-2011 politique de change pour euro
Philippe moutot 15 03-2011 politique de change pour euro
 
el milenio
el milenioel milenio
el milenio
 
Presentacion mario sebas
Presentacion mario sebasPresentacion mario sebas
Presentacion mario sebas
 
Empleo 2.0
Empleo 2.0Empleo 2.0
Empleo 2.0
 
Glossaire général
Glossaire généralGlossaire général
Glossaire général
 
De donde-eran-adan-y-eva
De donde-eran-adan-y-evaDe donde-eran-adan-y-eva
De donde-eran-adan-y-eva
 
Actitud
ActitudActitud
Actitud
 
ThèSe Vivier F P91 319 Pages.0002
ThèSe Vivier F P91 319 Pages.0002ThèSe Vivier F P91 319 Pages.0002
ThèSe Vivier F P91 319 Pages.0002
 
Fondation Fernet-Branca saint-Louis Bernard Frize – Günter Umberg
Fondation Fernet-Branca saint-Louis Bernard Frize – Günter UmbergFondation Fernet-Branca saint-Louis Bernard Frize – Günter Umberg
Fondation Fernet-Branca saint-Louis Bernard Frize – Günter Umberg
 
Presentation Sans Titre 1
Presentation Sans Titre 1Presentation Sans Titre 1
Presentation Sans Titre 1
 
Mon amie ! (véronique)
Mon amie ! (véronique)Mon amie ! (véronique)
Mon amie ! (véronique)
 
Trabajo ppt programa formativo
Trabajo ppt programa formativoTrabajo ppt programa formativo
Trabajo ppt programa formativo
 
Prev. Adicc.Sesion 1.
Prev. Adicc.Sesion 1.Prev. Adicc.Sesion 1.
Prev. Adicc.Sesion 1.
 
La DerniéRe Classe
La DerniéRe ClasseLa DerniéRe Classe
La DerniéRe Classe
 
Tenedo Performance Provisioning
Tenedo Performance ProvisioningTenedo Performance Provisioning
Tenedo Performance Provisioning
 
Test2
Test2Test2
Test2
 

Similaire à Decoración del aula de francés

Les lettres-de-mon-moulin-la-mule-du-pape-frederic
Les lettres-de-mon-moulin-la-mule-du-pape-fredericLes lettres-de-mon-moulin-la-mule-du-pape-frederic
Les lettres-de-mon-moulin-la-mule-du-pape-fredericArfenia Sarkissian
 
La Maison Du Chat Qui Pelote
La Maison Du Chat Qui PeloteLa Maison Du Chat Qui Pelote
La Maison Du Chat Qui Pelotepprem
 
Voyage au centre de la terre
Voyage au centre de la terreVoyage au centre de la terre
Voyage au centre de la terreDarowski Gilbert
 
Olivier hoën décision de bouqiin
Olivier hoën décision de bouqiinOlivier hoën décision de bouqiin
Olivier hoën décision de bouqiinOlivier Hoen
 
Max-Le-Hidec-LES-SECRETS-DE-LA-SALETTE-1969
Max-Le-Hidec-LES-SECRETS-DE-LA-SALETTE-1969Max-Le-Hidec-LES-SECRETS-DE-LA-SALETTE-1969
Max-Le-Hidec-LES-SECRETS-DE-LA-SALETTE-1969Francis Batt
 
EXTRAIT du roman « Alma » de Cizia Zykë
EXTRAIT du roman « Alma » de Cizia ZykëEXTRAIT du roman « Alma » de Cizia Zykë
EXTRAIT du roman « Alma » de Cizia ZykëTaurnada
 
Chroniques de Fouesnant - wber
Chroniques de Fouesnant -   wberChroniques de Fouesnant -   wber
Chroniques de Fouesnant - wberFoenizella.com
 
Jean de la fontaine
Jean de la fontaineJean de la fontaine
Jean de la fontaineEPSILIM
 
Lettres De Mon Moulin _ Dodobuzz.weebly.com
Lettres De Mon Moulin _ Dodobuzz.weebly.comLettres De Mon Moulin _ Dodobuzz.weebly.com
Lettres De Mon Moulin _ Dodobuzz.weebly.comKarim Senoun
 
RB5e_La Fontaine_Fables de la fontaine pdf.pdf
RB5e_La Fontaine_Fables de la fontaine pdf.pdfRB5e_La Fontaine_Fables de la fontaine pdf.pdf
RB5e_La Fontaine_Fables de la fontaine pdf.pdfAbdellah Benzannou
 
Massana juin 2014
Massana juin 2014Massana juin 2014
Massana juin 2014masiaserra
 
Les lettres de mon moulin
Les  lettres de mon moulinLes  lettres de mon moulin
Les lettres de mon moulinEPSILIM
 
François Bourglan, La grandeur des humbles
François Bourglan, La grandeur des humblesFrançois Bourglan, La grandeur des humbles
François Bourglan, La grandeur des humblesbbourglan
 
Dictionnaire philosophie alchimique
Dictionnaire philosophie alchimiqueDictionnaire philosophie alchimique
Dictionnaire philosophie alchimiqueheroig
 
Lhomme Qui Plantait Des Arbres
Lhomme Qui Plantait Des ArbresLhomme Qui Plantait Des Arbres
Lhomme Qui Plantait Des ArbresPilar Sánchez
 
PresentacióN PoèMes
PresentacióN PoèMesPresentacióN PoèMes
PresentacióN PoèMesestelairene
 
Jacques Bonnafé Délire de la Langue
Jacques Bonnafé Délire de la LangueJacques Bonnafé Délire de la Langue
Jacques Bonnafé Délire de la LangueEditions La Dondaine
 

Similaire à Decoración del aula de francés (20)

Les lettres-de-mon-moulin-la-mule-du-pape-frederic
Les lettres-de-mon-moulin-la-mule-du-pape-fredericLes lettres-de-mon-moulin-la-mule-du-pape-frederic
Les lettres-de-mon-moulin-la-mule-du-pape-frederic
 
Nana
NanaNana
Nana
 
La Maison Du Chat Qui Pelote
La Maison Du Chat Qui PeloteLa Maison Du Chat Qui Pelote
La Maison Du Chat Qui Pelote
 
La littérature
La littératureLa littérature
La littérature
 
Voyage au centre de la terre
Voyage au centre de la terreVoyage au centre de la terre
Voyage au centre de la terre
 
Olivier hoën décision de bouqiin
Olivier hoën décision de bouqiinOlivier hoën décision de bouqiin
Olivier hoën décision de bouqiin
 
Max-Le-Hidec-LES-SECRETS-DE-LA-SALETTE-1969
Max-Le-Hidec-LES-SECRETS-DE-LA-SALETTE-1969Max-Le-Hidec-LES-SECRETS-DE-LA-SALETTE-1969
Max-Le-Hidec-LES-SECRETS-DE-LA-SALETTE-1969
 
Giono
GionoGiono
Giono
 
EXTRAIT du roman « Alma » de Cizia Zykë
EXTRAIT du roman « Alma » de Cizia ZykëEXTRAIT du roman « Alma » de Cizia Zykë
EXTRAIT du roman « Alma » de Cizia Zykë
 
Chroniques de Fouesnant - wber
Chroniques de Fouesnant -   wberChroniques de Fouesnant -   wber
Chroniques de Fouesnant - wber
 
Jean de la fontaine
Jean de la fontaineJean de la fontaine
Jean de la fontaine
 
Lettres De Mon Moulin _ Dodobuzz.weebly.com
Lettres De Mon Moulin _ Dodobuzz.weebly.comLettres De Mon Moulin _ Dodobuzz.weebly.com
Lettres De Mon Moulin _ Dodobuzz.weebly.com
 
RB5e_La Fontaine_Fables de la fontaine pdf.pdf
RB5e_La Fontaine_Fables de la fontaine pdf.pdfRB5e_La Fontaine_Fables de la fontaine pdf.pdf
RB5e_La Fontaine_Fables de la fontaine pdf.pdf
 
Massana juin 2014
Massana juin 2014Massana juin 2014
Massana juin 2014
 
Les lettres de mon moulin
Les  lettres de mon moulinLes  lettres de mon moulin
Les lettres de mon moulin
 
François Bourglan, La grandeur des humbles
François Bourglan, La grandeur des humblesFrançois Bourglan, La grandeur des humbles
François Bourglan, La grandeur des humbles
 
Dictionnaire philosophie alchimique
Dictionnaire philosophie alchimiqueDictionnaire philosophie alchimique
Dictionnaire philosophie alchimique
 
Lhomme Qui Plantait Des Arbres
Lhomme Qui Plantait Des ArbresLhomme Qui Plantait Des Arbres
Lhomme Qui Plantait Des Arbres
 
PresentacióN PoèMes
PresentacióN PoèMesPresentacióN PoèMes
PresentacióN PoèMes
 
Jacques Bonnafé Délire de la Langue
Jacques Bonnafé Délire de la LangueJacques Bonnafé Délire de la Langue
Jacques Bonnafé Délire de la Langue
 

Dernier

Bernard Réquichot.pptx Peintre français
Bernard Réquichot.pptx   Peintre françaisBernard Réquichot.pptx   Peintre français
Bernard Réquichot.pptx Peintre françaisTxaruka
 
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETCours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETMedBechir
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSKennel
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSKennel
 
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdfBibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdfBibdoc 37
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeXL Groupe
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsRajiAbdelghani
 
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdfBibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdfBibdoc 37
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSKennel
 
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdfPIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdfRiDaHAziz
 
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Gilles Le Page
 
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdfPIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdfRiDaHAziz
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSKennel
 
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Txaruka
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSKennel
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Alain Marois
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETMedBechir
 
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...Faga1939
 

Dernier (19)

Bernard Réquichot.pptx Peintre français
Bernard Réquichot.pptx   Peintre françaisBernard Réquichot.pptx   Peintre français
Bernard Réquichot.pptx Peintre français
 
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETCours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
 
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdfBibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
 
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdfBibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
 
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdfPIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
PIE-A2-P 5- Supports stagiaires.pptx.pdf
 
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
Presentation de la plateforme Moodle - avril 2024
 
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdfPIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
PIE-A2-P4-support stagiaires sept 22-validé.pdf
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
 
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
 
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
 
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
 

Decoración del aula de francés

  • 1. CeP de Alcázar de San Juan (Ciudad Real) Seminario “Evaluación en Lenguas según el Marco Común Europeo de Referencia” 28 feb-12 abr 2011 P. BLANCO y A.B. SÁEZ
  • 2. Elaboración de una Unidad de Trabajo por Tareas (2 sesiones) Lengua Francesa por Antonio P. GALÁN
  • 3. Tarea posibilitadora DECORACIÓN DEL AULA-MATERIA Unidad 0 1º ESO hasta 2º Bachillerato
  • 4. Principio: •Inmersión en la lectura. Fin •Decorar con pósters de lecturas aconsejadas las paredes del Aula. •Destacar, mediante citas, enseñanzas de pensadores franceses. •Destacar, mediante imágenes, el reclamo hacia la lectura de libros.
  • 5. Procedimiento de trabajo 1. Distribución de lecturas (en edición francesa). Lectura en voz alta y reflexión libre en voz alta. 2. Distribución de un listado de obras. Búsqueda de las portadas de los títulos. 3. Elaboración del póster con la portada elegida. 4. Junto a la imagen, una cita escrita, extraída de la obra literaria. 5. Decoración del Aula-Materia con estos pósters. 6. A repetir en cursos siguientes, variando el tema.
  • 6. DESTREZAS EN LOS OBJETIVOS Escuchar Lectura en voz alta Proyección de vídeos de fragmentos literarios Leer Lectura en voz alta Hablar Reflexiones posteriores. En español en 1º y 2º de ESO. En francés desde 3º de ESO. Conversar Respondiendo a preguntas del profesor. En francés en todos los cursos. Escribir Traducción al español de los fragmentos elegidos. Presentación en francés de la lectura recomendada (≥70 palabras).
  • 7. 1º y 2º ESO
  • 8. Maître corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître renard, par l’odeur de l’alleché, Lui tint à peu près ce langage: « He ! Bonjour, monsieur du corbeau ! Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau. Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. » À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie; Et, pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le renard s’en saisit, et dit : « Mon bon monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. » Le corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, Qu’on ne l’y prendrait plus.
  • 9. Certain renard gascon, d’autres disent normand, Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille Des raisins, mûrs apparemment, Et couverts d’une peau vermeille. Le galant en eût fait volontiers un repas ; Mais comme il n’y pouvait atteindre : « Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. » Fit-il pas mieux que de se plaindre ?
  • 10. La cigale ayant chanté Tout l’été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue : Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu’à la saison nouvelle. « Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l’oût, foi d’animal, Intérêt et principal. » La fourmi n’est pas prêteuse ; C’est là son moindre défaut. « Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. ─ Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. ─ Vous chantiez ! J’en suis fort aise. Eh bien ! dansez maintenant. »
  • 11. ca.1200 Qui vauroit bons vers oïr del deport du Vielantif de deus biax enfans petis, des grans paines qu’il soufri et des proueces qu’il fist pos s’amie o le cler vis ?
  • 12. Et tu me redevroies dire Quies hom tu es, et que tu quiers - Je sui, fet il, uns chevaliers Qui quier ce que trover ne puis ; Assez ai quis, et rien ne truis.
  • 13. 1461 Pathelin : Saincte Marie, Guillemette, Pour quelque paine que je mette A cabasser n’à ramasser Nous ne pouvons rien amasser. Or viz je que j’avocassoye. Guillemette : Par Nostre Dame, je y pensoye, Dont on chante, en advocassaige ; Mais on ne vous tient pas si saige Des quattre pars comme on souloit.
  • 14. 1748 Du temps du roi Moabdar, il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig, né avec un beau naturel fortifié par l’éducation. Quoique riche et jeune, il savait modérer ses passions ; il n’affectait rien, il ne voulait point toujours avoir raison, et savait respecter la faiblesse des hommes. On était étonné de voir qu’avec beaucoup d’esprit il n’insultât jamais par des railleries à ces propos si vagues, si rompus, si tumultueux, à ces médisances téméraires, à ces décisions ignorantes, à ces turlupinades grossières, à ce vain bruit de paroles, qu’on appelait « conversation » dans Babylone.
  • 15. 1975 La bille roule entre mes doigts au fond de ma poche. C’est celle que je préfère, je la garde toujours celle- là. Le plus marrant c’est que c’est la plus moche de toutes : rien à voir avec les agates ou les grosses plombées que j’admire dans la devanture de la boutique du père Ruben au coin de la rue Ramey, c’est une bille en terre et le vernis est parti par morceaux, cela fait des aspérités sur la surface, des dessins, on dirait le planisphère de la classe en réduction.
  • 16.
  • 17.
  • 18.
  • 19.
  • 20.
  • 21.
  • 22. 1844 « Le premier lundi du moi d’avril 1625, le bourg de Meung, où naquit l’auteur du Roman de la Rose, semblait être dans une révolution aussi entière que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s’enfuir les femmes du côté de la Grande- Rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hâtaient d’endosser la cuirasse et, appuyant leur contenance quelque peu incertaine d’un mousquet ou d’une pertuisane, se dirigeaient vers l’hôtellerie du Franc Meunier, devant laquelle s’empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compact, bruyant et plein de curiosité. »
  • 23. 1943 « Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la forêt vierge qui s’appelait Histoires vécues. Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve. Voilà la copie du dessin. On disait dans le livre : « Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion. » J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle et, à mon tour, j’ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin numéro 1. »
  • 24.
  • 25. 1884 « C'était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d'employés. Elle n'avait pas de dot, pas d'espérances, aucun moyen d'être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué ; et elle se laissa marier avec un petit commis du ministère de l'Instruction publique. Elle fut simple, ne pouvant être parée, mais malheureuse comme une déclassée ; car les femmes n'ont point de caste ni de race, leur beauté, leur grâce et leur charme leur servant de naissance et de famille. »
  • 26.
  • 27.
  • 28.
  • 29.
  • 30.
  • 31.
  • 32.
  • 33.
  • 34.
  • 35. 1894 « ― Je parie, dit madame Lepic, qu’Honorine a encore oublié de fermer les poules. C’est vrai. On peut s’en assurer par la fenêtre. Là-bas, tout au fond de la grande cour, le petit toit aux poules découpe, dans la nuit, le carré noir de sa porte ouverte. ― Félix, si tu allais les fermer ? dit madame Lepic à l’aîné de ses trois enfants. ― Je ne suis pas ici pour m’occuper des poules, dit Félix, garçon pâle, indolent et poltron. ― Et toi, Ernestine ? ― Oh ! moi, maman, j’aurais trop peur ! Grand frère Félix et sœur Ernestine lèvent à peine la tête pour répondre. Ils lisent, très intéressés, les coudes sur la table, presque front contre front. ― Dieu, que je sui bête ! dit madame Lepic. Je n’y pensais plus. Poil de Carotte, va fermer les poules ! »
  • 36.
  • 37. 1959 « Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on dit qu’il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bains, ça m’étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui m’entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. »
  • 38.
  • 39. 1848 « Le père Barbeau de la Cosse n’était pas mal dans ses affaires, à preuve qu’il était du conseil municipal de sa commune. Il avait deux champs qui lui donnaient la nourriture de sa famille et du profit pardessus le marché. Il cueillait dans ses prés du foin à pleins charrois, et, sauf celui qui était au bord du ruisseau, et qui était un peu ennuyé par le jonc, c’était du fourrage connu dans l’endroit pour être de première qualité. »
  • 40. Fin XIIème siècle « Or vous dirai d’une borgoise Une aventure assez cortoise. Née et norrie fu d’Orliens, Et ses sires fu néz d’Amiens, Riches mananz à desmesure. De marchéandise et d’usure Savoit toz les tors et les poins, Et ce que il tenoit aus poins Estoit bien fermement tenu. »
  • 41. 1985 « Il y avait d’abord ce visage allongé par quelques rides verticales, telles des cicatrices creusées par des lointaines insomnies, un visage mal rasé, travaillé par le temps. La vie ― quelle vie ? une étrange apparence faite d’oubli ― avait dû le malmener, le contrarier ou même l’offusquer. »
  • 42. 1907 « L’étrange voyage ! Il avait si bien commencé cependant ! Pour ma part, je n’en fis jamais qui s’annonçât sous de plus heureux auspices. La Provence est un transatlantique rapide, confortable, commandé par le plus affable des hommes. La société la plus choisie s’y trouvait réunie. Des relations se formaient, des divertissements s’organisaient. Nous avions cette impression exquise d’être séparés du monde, réduits à nous- mêmes comme sur une île inconnue, obligés, par conséquent, de nous rapprocher les uns des autres. Et nous nous rapprochions... »
  • 43. 1170-1250 « Quant Isengrins oï le roi Qui de la pais prenoit conroi Moult fu dolenz, ne set que faire, Ne n’en set mais a quel chief traire. »
  • 44.
  • 45.
  • 46.
  • 47. 3º y 4º ESO
  • 48.
  • 49. 1833 « Il se trouve dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons et le silence du cloître et l’aridité des landes et les ossements des ruines. La vie et le mouvement y sont si tranquilles qu’un étranger les croirait inhabitées, s’il ne rencontrait tout à coup le regard pâle et froid d’une personne immobile dont la figure à demi monastique dépasse l’appui de la croisée, au bruit d’un pas inconnu. »
  • 50.
  • 51.
  • 52.
  • 53.
  • 54. 1664 « Mme Pernelle : Allons, Flipote, allons, que d’eux je me délivre. Elmire : Vous marchez d’un tel pas qu’on a peine à vous suivre. Mme Pernelle : Laissez, ma bru, laissez, ne venez pas plus loin : Ce sont toutes façons dont je n’ai pas besoin. Elmire : De ce que l’on vous doit envers vous on s’acquitte. Mais, ma mère, d’où vient que vous sortez si vite ? »
  • 55.
  • 56.
  • 57.
  • 58. 1784 Figaro : Dix-neuf pieds sur vingt-six. Suzanne : Tiens, Figaro, voilà mon petit chapeau : le trouves-tu mieux ainsi ? Figaro : Sans comparaison, ma charmante. Ô ! Que ce joli bouquet virginal, élevé sur la tête d’une belle fille, est doux, le matin des noces, à l’œil d’un époux !... Suzanne : Que mesures-tu donc là, mon fils ? Figaro : Je regarde, ma petite Suzanne, si ce beau lit que Monseigneur nous donne, aura bonne grâce ici.
  • 59. 1877 I « Un cœur simple » Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l’Évêque envièrent a Madame Aubain sa servante Félicité. Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse, ― qui cependant n’était pas une personne agréable.
  • 60.
  • 61. 1984 « C’est en cette fin de l’hiver 1429 ― le 25 février ― au château de Chinon que leurs destins se sont croisés. Gilles de Rais fait partie de ces hobereaux bretons et vendéens qui ont pris fait et cause pour le dauphin Charles, bousculé par l’armée anglaise. Au nom d’Henri VI, roi d’Angleterre ― qui n’est encore qu’un enfant ― son oncle Jean, duc de Bedford, exerce la régence. Mais il règne aussi à Paris, il occupe la Normandie et assiège Orléans, porte du sud de la France. »
  • 62. 1975 « La première chose que je peux vous dire c’est qu’on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu’elle portait sur elle et seulement deux jambes, c’était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. »
  • 63.
  • 64.
  • 65.
  • 66. 1883 « Jeanne, ayant fini ses malles, s’approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas. L’averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d’eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d’une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l’humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier. »
  • 67. 1870 Le soleil du matin doucement chauffe et dore Les seigles et les blés tout humides encore, Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit. L’on sort sans autre but que de sortir ; on suit, Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes, Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
  • 68. 1925 « ― C’est le moment de croire que j’entends des pas dans le corridor, se dit Bernard. Il releva la tête et prêta l’oreille. Mais non : son père et son frère aîné étaient retenus au Palais ; sa mère en visite ; sa sœur à un concert ; et quant au puîné, le petit Caloub, une pension le bouclait au sortir du lycée chaque jour. Bernard Profitendieu était resté à la maison pour potasser son bachot ; il n’avait plus devant lui que trois semaines. La famille respectait sa solitude ; le démon pas. »
  • 69. 1840 « Dans les premiers jours du mois d’octobre 181., le colonel Sir Thomas Nevil, Irlandais, officier distingué de l’armée anglaise, descendit avec sa fille à l’hôtel Beauvau, à Marseille, au retour d’un voyage en Italie. L’admiration continue des voyageurs enthousiastes a produit une réaction, et, pour se singulariser, beaucoup de touristes aujourd’hui prennent pour devise le nil admirari d’Horace. C’est à cette classe de voyageurs mécontents qu’appartenait Miss Lydia, fille unique du colonel. »
  • 70.
  • 71. 1986 « Moi, Hassan fils de Mohamed le peseur, moi, Jean-Léon de Médicis, circoncis de la main d’un barbier et baptisé de la main d’un pape, on me nomme aujourd’hui l’Africain, mais d’Afrique ne suis, ni d’Europe, ni d’Arabie. On m’appelle aussi le Grenadin, le Fassi, le Zayyati, mais je ne viens d’aucun pays, d’aucune cité, d’aucune tribu. Je suis fils de la route, ma patrie est caravane, et ma vie la plus inattendue des traversées. »
  • 72. 1988 « Au fond de l’Atlantique, il y a un livre. C’est son histoire que je vais raconter. Peut-être en connaissez- vous le dénouement, les journaux l’ont rapporté à l’époque, certains ouvrages l’ont consigné depuis : lorsque le Titanic a sombré, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, au large de Terre-Neuve, la plus prestigieuse des victimes était un livre, exemplaire unique des Robaïyat d’Omar Khayyam, sage persan, poète, astronome. »
  • 73. 1977 « L’année scolaire se tire des pattes. Trois jours et c’est juillet. C’est fini, on ne fait plus que des belotes dans le fond des salles, Mahmoud fume dans son casier et Léonore compulse son catalogue des Trois Suisses derrière son écran de cahiers. Ses yeux mous ne brillent que devant les photos d’aspirateurs, elle est moche. Moi, ça va, je passe en cinquième les doigts dans le nez because je suis le meilleur, le plus fort, le plus génial, le plus tout, bref, le caïd. Bingo. »
  • 74.
  • 75.
  • 76.
  • 77. 1758 « Il y avait en Vestphalie, dans le château de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison supçonnaient qu’il était fils de la sœur de monsieur le baron, et d’un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du temps. »
  • 78. 1752 « Dans une de ces planètes qui tournent autour de l’étoile nommée Sirius, il y avait un jeune homme de beaucoup d’esprit, que j’ai eu l’honneur de connaître dans le dernier voyage qu’il fit sur notre petite fourmilière ; il s’appelait Micromégas, nom qui convient fort à tous les grands. Il avait huit lieues de haut : j’entends, par huit lieues, vingt-quatre mille pas géométriques de cinq pieds chacun. »
  • 79. 1874 C’est l’extase langoureuse, C’est la fatigue amoureuse, C’est tous les frissons des bois Parmi l’étreinte des brises, C’est, vers les ramures grises, La chœur des petites voix.
  • 80. 1801 « C’est une singulière destinée, mon cher fils, que celle qui nous réunit. Je vois en toi l’homme civilisé qui s’est fait sauvage ; tu vois en moi l’homme sauvage, que le grand Esprit (j’ignore pour quel dessein) a voulu civiliser. Entrés l’un et l’autre dans la carrière de la vie par les deux bouts opposés, tu es venu te reposer à ma place, et j’ai été m’asseoir à la tienne : ainsi nous avons dû avoir des objets une vue totalement différente. Qui, de toi ou de moi, a le plus gagné ou le plus perdu à ce changement de position ? C’est ce que savent les Génies, dont le moins savant a plus de sagesse que tous les hommes ensemble. »
  • 81. 1844 Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie, Se traîne et se débat comme un aigle blessé, Portant comme le mien, sur son aile asservie, Tout un monde fatal, écrasant et glacé ; S’il ne bat qu’en saignant par sa plaie immortelle, S’il ne voit plus l’amour, son étoile fidèle, Éclairer pour lui seul l’horizon effacé...
  • 82. 1826 « Connaissez-vous cette contrée que l’on a surnommé le jardin de la France, ce pays où l’on respire un air si pur dans les plaines verdoyantes arrosées par un grand fleuve ? Si vous avez traversé, dans les mois d’été, la belle Touraine, vous aurez longtemps suivi la Loire paisible avec enchantement, vous aurez regretté de ne pouvoir déterminer, entre les deux rives, celle où vous choisiriez votre demeure, pour y oublier les hommes auprès d’un être aimé. »
  • 83. 1969 « Une vague déferla, courut sur la grève humide et lécha les pieds de Robinson qui gisait face contre sable. À demi inconscient encore, il se ramassa sur lui-même et rampa de quelques mètres vers la plage. Puis il se laissa rouler sur le dos. Des mouettes noires et blanches tournoyaient en gémissant dans le ciel céruléen où une trame blanchâtre qui s’effilochait vers le levant était tout ce qui restait de la tempête de la veille. Robinson fit un effort pour s’asseoir et éprouva aussitôt une douleur fulgurante à l’épaule gauche. » Incipit de… Vendredi ou les limbes du Pacifique
  • 84. 1837 « Sur les confins de la Marche et du Berry, dans le pays qu’on appelle la Varenne, et qui n’est qu’une vaste lande coupée de bois de chênes et de châtaigniers, on trouve, au plus fourré et au plus désert de la contrée, un petit château en ruines, tapi dans un ravin, et dont on ne découvre les tourelles ébréchées qu’à environ cent pas de la herse principale. Les arbres séculaires qui l’entourent et les roches éparses qui le dominent l’ensevelissent dans une perpétuelle obscurité, et c’est tout au plus si, en plein midi, on peut franchir le sentier abandonné qui y mène, sans se heurter contre les troncs noueux et les décombres qui l’obstruent à chaque pas. Ce sombre ravin et ce triste castel, c’est la Roche-Mauprat. »
  • 85. 1931 « Les collines, sous l’avion, creusaient déjà leur sillage d’ombre dans l’or du soir. Les plaines devenaient lumineuses mais d’une inusable lumière : dans ce pays elles n’en finissent pas de rendre leur or de même qu’après l’hiver, elles n’en finissent pas de rendre leur neige. Et le pilote Fabien, qui ramenait de l’extreme Sud, vers Buenos-Ayres, le courrier de Patagonie, reconnaissait l’approche du soir aux mêmes signes que les eaux d’un port : à ce calme, à ces rides légères qu’à peine dessinaient de tranquilles nuages. Il entrait dans une rade immense et bienheureuse. »
  • 86. 1989 « C’est d’abord une phrase qui m’a traversé la tête : « La mort est un processus rectiligne. » Le genre de déclaration à l’emporte-pièce qu’on s’attend plutôt à trouver en anglais : « Death is a straight on process »... quelque chose comme ça. J’étais en train de me demander où j’avais lu ça quand le géant a fait irruption dans mon bureau. La porte n’avait pas encore claqué derrière lui qu’il était déjà penché sur moi : ― C’est vous, Malaussène ? »
  • 87. 1933 « Xavier Frontenac jeta un regard timide sur sa belle-sœur qui tricotait, le buste droit, sans s’appuyer au dossier de la chaise basse qu’elle avait rapprochée du feu ; et il comprit qu’elle était irritée. Il chercha à se rappeler ce qu’il avait dit, pendant le dîner : et ses propos lui semblèrent dénués de toute malice. Xavier soupira, passa sur son crâne une main fluette. »
  • 88. 1991 « L’invitation avait été lancée la veille de Noël. Ils arrivèrent en plein été. Sept mois de réflexion méningiteuse menée à hue et à dia dans toutes les directions imaginables. Les hypothèses les plus saugrenues furent soulevées, débattues, repensées, puis couchées noir sur blanc sous forme de lettres recommandées avec avis de réception. C’est ainsi que le facteur chanta mes louanges à travers la médina : je lui donnais souvent un pourboire. »
  • 89. 1963 « Les Bastides Blanches, c’était une paroisse de cent cinquante habitants, perchée sur la proue de l’un des derniers contreforts du massif de l’Étoile, à deux lieues d’Aubagne... Une route de terre y conduisait par une montée si abrupte que de loin elle paraissait verticale : mais du côté des collines, il n’en sortait qu’un chemin muletier, d’où partaient quelques sentiers qui menaient au ciel. »
  • 90. 1963 « Dès qu’il reçut la grande nouvelle, Attilio n’hésita pas une seconde, et il vint d’Antibes pour diriger en personne les premiers travaux. Il arriva sur une étincelante bicyclette à pétrole qui tirait des coups de fusil en traînant une longue écharpe de fumée bleue. »
  • 91. 1922 « La maison était grande, coiffée d’un grenier haut. La pente raide de la rue obligeait les écuries et les remises, les poulaillers, la buanderie, la laiterie, à se blottir en contrebas tout autour d’une cour fermée. »
  • 92. 1831 « Il y a aujourd’hui trois cent quarante- huit ans six mois et dix-neuf jours que les parisiens s’éveillèrent au bruit de toutes les cloches sonnant à grande volée dans la triple enceinte de la Cité, de l’Université et de la Ville. Ce n’est cependant pas un jour dont l’histoire ait gardé souvenir que le 6 janvier 1482. Rien de notable dans l’événement qui mettait ainsi en branle, dès le matin, les cloches et les bourgeois de Paris. Ce n’était ni un assaut de picards ou de bourguignons, ni une châsse menée en procession, ni une révolte d’écoliers dans la vigne de Laas, ni une entrée de notredit très redouté seigneur monsieur le roi, ni même une belle pendaison de larrons et de larronnesses à la Justice de Paris. »
  • 93. 1863 « C’était vers les dernières années de la Restauration. La demie de huit heures, comme on dit dans l’Ouest, venait de sonner au clocher, pointu comme une aiguille et vitré comme une lanterne, de l’aristocratique petite ville de Valonges. »
  • 94. 1911 « J’ai presque peine à comprendre aujourd’hui l’impatience qui m’élançait alors vers la vie. À vingt- cinq ans je n’en connaissais rien à peu près, que par les livres ; et c’est pourquoi sans doute je me croyais romancier ; car j’ignorais encore avec quelle malignité les événements dérobent à nos yeux le côté par où ils nous intéresseraient davantage, et combien peu de prise ils offrent à qui ne sait pas les forcer. »
  • 95. 1995 Il n’avait que son adresse. Rue des Pistoles, dans le Vieux Quartier. Cela faisait des années qu’il n’était pas venu à Marseille. Maintenant il n’avait plus le choix.
  • 96. 1994 « C’était un soir de décembre à la Bibliothèque nationale. Lasse d’avoir fiché, noté, annoté, relevé, discuté, dépouillé, médité tout le jour, les yeux usés et la main lourde, je posai ma plume et repoussai ma chaise. Alentour, des corps cassés sur les bureaux, des crânes luisant sous les lampes, et de longs murs de livre fermés, muets, impénétrables. Une glu liquide et glauque figeait la Grande Salle dans un silence étale. Rien ne bougeait. Il stagnait une odeur de poussière propre, de celles que l’on remue tous les matins. »
  • 97. 1º y 2º de Bachillerato
  • 98. 1949 « Dans l’S, à une heure d’affluence. Un type dans les vingt-six ans, chapeau mou avec cordon remplaçant le ruban, cou trop long comme si on lui avait tiré dessus. Les gens descendent. Le type en question s’irrite contre un voisin. Il lui reproche de le bousculer chaque fois qu’il passe quelqu’un. Ton pleurnichard qui se veut méchant. Comme il voit une place libre, se précipite dessus. »
  • 99.
  • 100. 1947 « Les curieux événements qui font le sujet de cette chronique se sont produits en 194., à Oran. De l’avis général, ils n’y étaient pas à leur place, sortant un peu de l’ordinaire. À première vue, Oran est, en effet, une ville ordinaire et rien de plus qu’une préfecture française de la côte algérienne. »
  • 101.
  • 102.
  • 103.
  • 104. 1721 « Nous n’avons séjourné qu’un jour à Com. Lorsque nous eûmes fait nos dévotions sur le tombeau de la vierge qui a mis au monde douze prophètes, nous nous remîmes en chemin, et hier, vingt-cinquième jour de notre départ d’Ispahan, nous arrivâmes à Tauris. Rica et moi sommes peut-être les premiers parmi les Persans que l’envie de savoir ait fait sortir de leur pays, et qui aient renoncé aux douceurs d’une vie tranquille pour aller chercher laborieusement la sagesse. »
  • 105.
  • 106. 1885 « Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. »
  • 107. 1975 « J’ai longtemps hésité avant d’entreprendre le récit de mon voyage à W. Je m’y résous aujourd’hui, poussé par une nécessité impérieuse, persuadé que les événements dont j’ai été le témoin doivent être révélés et mis en lumière. »
  • 108.
  • 109.
  • 110.
  • 111. 1992 « Le verbe lire ne supporte pas l’impératif. Aversion qu’il partage avec quelques autres : le verbe « aimer »... le verbe « rêver »... On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : « Aime-moi ! » « Rêve ! » « Lis ! Mais lis donc, bon sang, je t’ordonne de lire ! » ― Monte dans ta chambre et lis ! Résultat ? Néant. »
  • 112.
  • 113. 1997 « La première fois que je me vis dans un miroir, je ris : je ne croyais pas que c’était moi. À présent, quand je regarde mon reflet, je ris : je sais que c’est moi. Et tant de hideur a quelque chose de drôle. Mon surnom arriva très vite. Je devais avoir six ans quand un gosse me cria, dans la cour : « Quasimodo ! » Fous de joie, les enfants reprirent en chœur : « Quasimodo ! Quasimodo ! » Pourtant, aucun d’entre eux n’avait jamais entendu parler de Victor Hugo. Mais le nom de Quasimodo était si bien trouvé qu’il suffisait de l’entendre pour comprendre. On ne m’appela plus autrement. »
  • 114. 1873 Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. ― Et je l’ai trouvée amère. ― Et je l’ai injuriée. Je me suis armé contre la justice. Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié ! Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce. J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie. Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.
  • 115. 1953 Estragon : Rien à faire. Vladimir : Je commence à le croire. J’ai longtemps résisté à cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable, tu n’as pas encore tout essayé. Et je reprenais le combat. Alors, te revoilà, toi. Estragon : Tu crois ? Vladimir : Je suis content de te revoir. Je te croyais parti pour toujours. Estragon : Moi aussi.
  • 116. 1829 « Condamné a mort ! Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids ! »
  • 117.
  • 118. 1933 « 21 mars 1927. Minuit et demi. Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L’angoisse lui tordait l’estomac ; il connaissait sa propre fermeté, mais n’était capable en cet instant que d’y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait de plafond sur un corps moins visible qu’une ombre, et d’où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même ― de la chair d’homme. La seule lumière venait du building voisin : un grand rectangle d’électricité pâle, coupé par les barreaux de la fenêtre dont l’un rayait le lit juste au-dessous du pied comme pour en accentuer le volume et la vie. Quatre ou cinq klaxons grincèrent à la fois. Découvert ? Combattre, combattre des ennemis qui se défendent, des ennemis éveillés ! »
  • 119. 1978 « Au départ, l’art du puzzle semble un art bref, un art mince, tout entier contenu dans un maigre enseignement de la Gestalttheorie : l’objet visé ― qu’il s’agisse d’un acte perceptif, d’un apprentissage, d’un système physiologique ou, dans le cas qui nous occupe, d’un puzzle de bois ― n’est pas une somme d’éléments qu’il faudrait d’abord isoler et analyser, mais un ensemble, c’est-à-dire une forme, une structure : l’élément ne préexiste pas à l’ensemble, il n’est ni plus immédiat ni plus ancien, ce ne sont pas les éléments qui déterminent l’ensemble, mais l’ensemble qui détermine les éléments : la connaissance du tout et de ses lois, de l’ensemble et de sa structure, ne saurait être déduite de la connaissance séparée des parties qui le composent : cela veut dire qu’on peut regarder une pièce d’un puzzle pendant trois jours et croire tout savoir de sa configuration et de sa couleur sans avoir le moins du monde avancé : seule compte la possibilité de relier cette pièce à d’autres pièces, et en ce sens il y a quelque chose de commun entre l’art du puzzle et l’art du go ; seules les pièces rassemblées prendront un caractère lisible, prendront un sens : considérée isolément une pièce d’un puzzle ne veut rien dire ; elle est seulement question impossible, défi opaque ; mais à peine a-t-on réussi, au terme de plusieurs minutes d’essais et d’erreurs, ou en une demi- seconde prodigieusement inspirée, à la connecter à l’une de ses voisines, que la pièce disparaît, cesse d’exister en tant que pièce : l’intense difficulté qui a précédé ce rapprochement, et que le mot puzzle ― énigme ― désigne si bien en anglais, non seulement n’a plus de raison d’être, mais semble n’en avoir jamais eu, tant elle est devenue évidence : les deux pièces miraculeusement réunies n’en font plus qu’une, à son tour source d’erreur, d’hésitation, de désarroi et d’attente. »
  • 120. 1857 La sottise, l’erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
  • 121. 1952 « Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C’était le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. « Restons pas dehors ! qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. »
  • 122. 1761 « Il faut vous fuir, mademoiselle, je le sens bien : j’aurais dû beaucoup moins attendre ; ou plutôt il fallait ne vous voir jamais. Mais que faire aujourd’hui ? Comment m’y prendre ? Vous m’avez promis de l’amitié ; voyez mes perplexités, et conseillez-moi. Vous savez que je ne suis entré dans votre maison que sur l’invitation de madame votre mère. Sachant que j’avais cultivé quelques talents agréables, elle a cru qu’ils ne seraient pas inutiles, dans un lieu dépourvu de maîtres, à l’éducation d’une fille qu’elle adore. Fier, à mon tour, d’orner de quelques fleurs un si beau naturel, j’osai me charger de ce dangereux soin, sans en prévoir le péril, ou du moins sans le redouter. »
  • 123. 1830 « La petite ville de Verrières peut passer pour l’une des plus jolies de la Franche-Comté. Ses maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges s’étendent sur la pente d’une colline, dont des touffes de vigoureux châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelques centaines de pieds au-dessous de ses fortifications bâties jadis par les Espagnols, et maintenant ruinées. »
  • 124. 1852 « Mon avis est qu’on ne peut créer des personnages que lorsque l’on a beaucoup étudié les hommes, comme on ne peut parler une langue qu’à la condition de l’avoir sérieusement apprise. N’ayant pas encore l’âge où l’on invente, je me contente de raconter. J’engage donc le lecteur à être convaincu de la réalité de cette histoire dont tous les personnages, à l’exception de l’héroïne, vivent encore. »
  • 125. 2000 « Dans quelques heures, ils vont venir me chercher. Déjà ils se préparent. Les soldats nettoient leurs armes. Des messagers s’éparpillent dans les rues noires pour convoquer le tribunal. Le menuisier caresse la croix sur laquelle je vais sans doute saigner demain. Les bouches chuchotent, tout Jérusalem sait déjà que je vais être arrêté. »
  • 126.
  • 127. 1869 « Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de- Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard. Des gens arrivaient hors d’haleine ; des barriques, des câbles, des corbeilles de linge gênaient la circulation ; les matelots ne répondaient à personne ; on se heurtait ; les colis montaient entre les deux tambours, et le tapage s’absorbait dans le bruissement de la vapeur, qui, s’échappant par des plaques de tôle, enveloppait tout d’une nuée blanchâtre, tandis que la cloche, à l’avant, tintait sans discontinuer. »
  • 128. 1920 « Je vais encourir bien des reproches. Mais qu’y puis-je ? Est-ce ma faute si j’eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre ? Sans doute, les troubles qui me vinrent de cette période extraordinaire furent d’une sorte qu’on n’éprouve jamais à cet âge ; mais comme il n’existe rien d’assez fort pour nous vieillir malgré les apparences, c’est en enfant que je devais me conduire dans une aventure où déjà un homme eût éprouvé de l’embarras. »
  • 129.
  • 130. 1888 « Zut ! s’écria tout à coup le père Roland, qui depuis un quart d’heure demeurait immo-bile, les yeux fixés sur l’eau, et soulevant par moments, d’un mouvement très léger, sa ligne descendue au fond de la mer. Mme Roland, assoupie à l’arrière du bateau, à côté de Mme Rosémilly invitée à cette partie de pêche, se réveilla, et tournant la tête vers son mari : « Eh bien !... eh bien !... Gérôme ! »
  • 131.
  • 132. 1580 « C’est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t’avertit, dès l’entrée, que je ne m’y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n’y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein. Je l’ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que m’ayant perdu (ce qu’ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent, plus entière et plus vive, la connaissance qu’ils ont eue de moi. Si c’eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une marche étudiée. Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c’est moi que je peins. Mes défauts s’y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l’a permis. Que si j’eusse été entre ces nations qu’on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de la nature, je t’assure que je m’y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre : ce n’est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain. Adieu donc ; de Montaigne, ce premier de mars mil cinq cent quatre-vingts. »
  • 133.
  • 134. 1831 « Vers la fin du mois d’octobre dernier, un jeune homme entra dans le Palais-Royal au moment où les maisons de jeu s’ouvraient, conformément à la loi qui protège une passion essentiellement imposable. Sans trop hésiter, il monta l’escalier du tripot désigné sous le nom de numéro 36. »
  • 135.
  • 136. 1988 « Ma mère est morte le lundi 7 avril à la maison de retraite de l’hôpital de Pontoise, où je l’avais placée il y a deux ans. L’infirmier a dit au téléphone : « Votre mère s’est éteinte ce matin, après son petit déjeuner. » Il était environ dix heures. »
  • 137.
  • 138. 1677 Hippolyte: Le dessein en est pris : je pars, cher Théramène, Et quitte le séjour de l’aimable Trézène. Dans le doute mortel dont je suis agité, Je commence à rougir de mon oisivité. Depuis plus de six mois éloigné de mon père, J’ignore le destin d’une tête si chère ; J’ignore jusqu’aux lieux qui le peuvent cacher. »
  • 139. 1951 « Mon cher Marc, je suis descendu ce matin chez mon médecin Hermogène, qui vient de rentrer à la Villa après un assez long voyage en Asie. L’examen devait se faire à jeun : nous avions pris rendez-vous pour les premières heures de la matinée. Je me suis couché sur un lit après m’être dépouillé de mon manteau et de ma tunique. »
  • 140. 1994 « Marc : Mon ami Serge a acheté un tableau. C’est une toile d’environ un mètre soixante sur un mètre vingt, peinte en blanc. Le fond est blanc et si on cligne des yeux, on peut apercevoir de fins liserés blancs transversaux. »
  • 141. 1666 Philinte : Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ? Alceste : Laissez-moi, je vous prie. Philinte : Mais encor dites-moi quelle bizarrerie. Alceste : Laissez-moi là, vous dis-je, et courez vous cacher. Philinte : Mais on entend les gens, au moins, sans se fâcher. Alceste : Moi, je veux me fâcher, et ne veux point entendre.
  • 142. 1866 La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres D’être parmi l’écume inconnue et les cieux ! Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe O nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe Sur le vide papier que la blancheur défend Et ni la jeune femme allaitant son enfant. Je partirai ! Steamer balançant ta mâture, Lève l’ancre pour une exotique nature !
  • 143. 1995 « L’enfant était cloué à la porte comme un oiseau de malheur. Ses yeux pleine lune étaient ceux d’une chouette. Eux, ils étaient sept, et montaient les escaliers de quatre en quatre. Bien entendu, ils ignoraient que cette fois-ci on leur avait cloué un gosse sur la porte. Ils croyaient avoir tout vu et couraient donc vers la surprise. Deux paliers encore et un petit Jésus de six ou sept ans leur barraient le passage. Un bébé-dieu cloué vif à une porte. Qui peut imaginer une chose pareille ? »
  • 144. 1991 « À l’inverse du Nil, que l’on peut descendre porté par le courant ou remonter au gré des voiles, le Tigre est un fleuve à sens unique. En Mésopotamie, les vents s’écoulent, comme les eaux, de la montagne vers la mer, jamais vers l’intérieur des terres, au point que les barques doivent s’alourdir à l’aller d’ânes et de mulets qui au retour les remorqueront vers leur bourg d’attache, coques branlantes et penaudes sur les chemins secs. »
  • 145. 1942 « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distinguées. » Cela ne veut rien dire. C’était peut- être hier. »
  • 146. 1989 Un désespéré entre dans une cabine publique de téléphone, il a un revolver à la main, il a du mal à faire un numéro de téléphone, un numéro qui n’en finit plus (quinze-vingt chiffres), ça sonne, on décroche à l’autre bout. Thérèse : Allô, allô. Il parle en hoquetant, le revolver sur la tempe. L’homme : Allô... Détresse-Amitié ? Thérèse : Allô... Allô... Je ne vous entends pas. L’homme : Je suis au bout du rouleau, qu’est-ce que je dois faire ? Thérèse : Je ne vous entends pas, appuyez sur le bouton. L’homme appuie sur la gâchette et tombe mort. Noir.
  • 147. 1968 « Ma montre est-elle arrêtée ? Non. Mais les aiguilles n’ont pas l’air de tourner. Ne pas les regarder. Penser à autre chose, à n’importe quoi : à cette journée derrière moi, tranquille et quotidienne malgré l’agitation de l’attente. »
  • 148. 1999 « Si vous voulez mon avis ― et si vous ne le voulez pas, je vous le donne quand même ― je ne crois pas vraiment qu’il y ait des libellules à Paris, même au début du mois de juillet. Je suis plutôt du contraire. Pourtant, tôt ce matin- là, il en est passé une devant mes yeux, à travers le carré d’espace de la fenêtre que j’avais laissé ouverte. Je laisse toujours ma fenêtre ouverte, gel, pluie, neige ou catastrophe écologique, parce que, n’est-ce pas, on ne sait jamais, Un Jour Mon Prince Viendra et il pourrait bien venir par la fenêtre. (Et puis, de toute façon, j’ai souvent la sensation d’étouffer, d’être oppressée. Alors, j’ouvre). »
  • 149. 1827 « Le drame qu’on va lire n’a rien qui le recommande à attention ou à la bienveillance du public. Il n’a point, pour attirer sur lui l’intérêt des opinions politiques, l’avantage du veto de la censure administrative, ni même, pour lui concilier tout d’abord la sympathie littéraire des hommes de goût, l’honneur d’avoir été officiellement rejeté par un comité de lecture infaillible. »
  • 150. 1902 « Oui, tu le pensais bien : Michel nous a parlé, mon cher frère. Le récit qu’il nous fit, le voici. Tu l’avais demandé ; je te l’avais promis ; mais à l’instant de l’envoyer, j’hésite encore, et plus je le relis et plus il me paraît affreux. Ah ! que vas-tu penser de notre ami ? D’ailleurs qu’en pensé-je moi- même ?... Le réprouverons-nous simplement, niant qu’on puisse tourner à bien des facultés qui se manifestent cruelles ? »
  • 151. 1835 « Tu te plains, mon cher ami, de la rareté de mes lettres. ― Que veux-tu que je t’écrive, sinon que je me porte bien et que j’ai toujours la même affection pout toi ? ― Ce sont choses que tu sais parfaitement, et qui sont si naturelles à l’âge que j’ai et avec les belles qualités qu’on te voit, qu’il y a presque du ridicule à faire parcourir cent lieues à une misérable feuille de papier pour ne rien dire de plus. ― J’ai beau chercher, je n’ai rien qui vaille la peine d’être rapporté ; ― ma vie est la plus unie du monde, et rien n’en vient couper la monotonie. Aujourd’hui amène demain comme hier avait amené aujourd’hui ; et, sans avoir la fatuité d’être prophète, je puis prédire hardiment le matin ce qui m’arrivera le soir. »
  • 152. 1844 « Le lundi, dix-huitième jour du mois d’août 1572, il y avait grande fête au Louvre. Les fenêtres de la vieille demeure royale, ordinairement si sombres, étaient ardemment éclairées ; les places et les rues attenantes, habituellement si solitaires, dès que neuf heures sonnaient à Saint-Germain- l’Auxerrois, étaient, quoiqu’il fût minuit, encombrées de populaire. »
  • 153. 1440 La retenue d’amours I Ou temps passé, quant Nature me fist En ce monde venir, elle me mist Premierement tout en la gouvernance D’une Dame qu’on appelloit Enfance, En lui faisant estroit commandement De me nourrir et garder tendrement.
  • 154. 1973 « Voir un sexe fut la préoccupation de notre enfance. Pas n’importe quel sexe. Pas un sexe innocent et imberbe. Mais celui d’une femme. Celui qui a vécu et enduré, celui qui s’est fatigué. Celui qui hante nos premiers rêves et nos premières audaces. Le sexe qu’on nomme dans une rue déserte et qu’on dessine dans la paume de la main. Celui par lequel on injurie. Celui qu’on rêve de faire et de réinventer. Les rues de notre quartier le connaissent bien. Les murs l’ont apprivoisé et le ciel lui a fait une place. Sur l’effigie de ce sexe nous éjaculons des mots. »
  • 155. 1874 « Il y a terriblement d’années, je m’en allais chasser le gibier d’eau dans les marais de l’Ouest, ― et comme il n’y avait pas alors de chemins de fer dans le pays où il me fallait voyager, je prenais la diligence de *** qui passait à la patte-d’oie du château de Rueil et qui, pout le moment, n’avait dans son coupé qu’une seule personne. Cette personne, très remarquable à tous égards, et que je connaissais pour l’avoir beaucoup rencontrée dans le monde, était un homme que je vous demanderai la permission d’appeler le vicomte de Brassard. »
  • 156. 1944 « Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là- bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. »
  • 157.
  • 158.
  • 159. 1670 « Les psaumes chantés par toute la terre. Qui rend témoignage de Mahomet ? Lui-même. J.C. veut que son témoignage ne soit rien. La qualité de témoins fait qu’il faut qu’il soient toujours, et partout, et misérables. Il est seul. »
  • 160.
  • 161. 1760 « La réponse de M. le marquis de Croismare, s’il m’en fait une, me fournira les premières lignes de ce récit. Avant que de lui écrire, j’ai voulu le connaître. C’est un homme du monde, il s’est illustré au service ; il est âgé, il a été marié ; il a une fille et deux fils qu’il aime et dont il est chéri. Il a de la naissance, des lumières, de l’esprit, de la gaieté, du goût pour les beaux-arts, et surtout de l’originalité. »
  • 162.
  • 163. 1637 « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent : mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent. »
  • 164. 1762 « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. Tel se croit le maître des autres, qui ne laisse pas d’être plus esclave qu’eux. Comment ce changement s’est-il fait ? Je l’ignore. Qu’est-ce qui peut le rendre légitime ? Je crois pouvoir résoudre cette question. Si je ne considérais que la force, et l’effet qui en dérive, je dirais : Tant qu’un peuple est contraint d’obéir et qu’il obéit, il fait bien ; sitôt qu’il peut secouer le joug et qu’il le secoue, il fait encore mieux ; car, recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou l’on ne l’était point à la lui ôter. Mais l’ordre social est un droit sacré, qui sert de base à tous les autres. Cependant ce droit ne vient point de la nature ; il est donc fondé sur des conventions. Il s’agit de savoir quelles sont ces conventions. Avant d’en venir là je dois établir ce que je viens d’avancer. »
  • 165.
  • 166.
  • 167. 1884 « À en juger par les quelques portraits conservés au château de Lourps, la famille des Floressas des Esseintes avait été, au temps jadis, composée d’athlétiques soudards, de rébarbatifs reîtres. Serrés, à l’étroit dans leurs vieux cadres qu’ils barraient de leurs fortes épaules, ils alarmaient avec leurs yeux fixes, leurs moustaches en yatagans, leur poitrine dont l’arc bombé remplissait l’énorme coquille des cuirasses. »