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1
Sortirdu
Cadre
2
The death of journalism is bad for society, but we’ll be better off with
less photojournalism. I won’t miss the self-important, self-congratulatory,
hypocritical part of photojournalism at all. The industry has been a fraud
for some time. We created an industry where photography is like big-
game hunting. We created an industry of contests that reinforce a hyper-
dramatic view of the world. Hyperbole is what makes the double spread
(sells) and is also the picture that wins the contest. We end up with car-
toons and concerned photographer myths (disclaimer: yes, there are
photographers doing meaningful work)
Of course I am worried about how I will make my living now, and I wor-
ry for my friends and colleagues too, but I don’t really care about the fu-
ture of photojournalism. The soul of it has been rotten for a while.
Chris Anderson - Magnum
“
3
sommaire
p .4 			 Introduction
PARTIE I
p .7 			 La Crise du Support
p .14 			 Photojournalisme
p .17 			 Articulation du Modele
PARTIE II
p .20 		 Introduction
p .21 			 Product & Process
p .23 		 Cross & Trans Media
p .25 		 Tous Editeurs
p .27 			 Monetisation
ANNEXES
p .32-54 	Sortir du Cadre 2009-2010
p .55 		 Schema
p .56			 Bio
N.B: Cliquez sur le Menu pour vous rendre à la page souhaitée
4
2010
Sera probablement l’année durant laquelle la presse
papier aura définitivement basculé, celle où le besoin
d’innovation aura été le plus grand et ou les débats
auront été les plus forts autour des questions liées au
modèleéconomiqueetlamenacedesonobsolescence.
Jamais la presse n’aura autant souffert, jamais les photojournalistes n’auront eu autant de
difficultésàfinancerleursprojetsetàtémoigner.Jamaislesgensd’imageneseserontbat-
tus sur autant de fronts, perdu autant d’énergie et de moyens à tenter de sauver leur peau.
Présent,aucœurdesinnovationstechnologiques,tirailleentretraditionalisme,corporatisme
etmodernisme.Lephotojournalisme,àpeineadolescent,rêvedeseréinventeretcherche
encore son chemin.
Être photographe, s’est écrire avec la lumière.
Être photojournaliste c’est capter la lumière de la vérité.
DepuisEnrichSalomon,lesensdenotreprofessionn’aguèrechangé.Leshéritiersduphoto-
journalismequenoussommes,influencesparlaforcedestémoignagesd’époquesdésormais
lointaines,continuentdeperpétuercetteartdevivreetd’êtrehumain.Témoignerdel’état
de notre monde.
5
Cetémoignagevisuelavaitencore,ilyapeu,saplacedanslespagesdesmagazinesoudes
quotidiens, sur les cimaises des galeries. Il appartient désormais au monde numérique.
Cette formidable opportunité de développer nos histoires au-delà du simple médium en
deux dimensions doit nous inciter à maitriser les nouveaux outils du net, à en chercher les
débouchés et les opportunités, à changer le paradigme de la presse et tenter de nouvelles
approches.
Cemouvementderechercheetd’innovation,initiéparcertainsdesplusenvuedansnotre
industrie,doitsetransformerenunélangénéralouchacund’entrenousdoitpouvoirjouer
sonrôleetcontribueractivement.Lemodèletraditionnelestsurlepointdemouriretavec
luidisparaitrontceuxd’entrenousquin’aurontpaseulecouragederéfléchiretd’agirpour
changerlestatusquodanslequellephotojournalismesecompletdepuistroplongtemps.
Cet effort de renouvellement ne doit pas être considéré comme un rejet du passé, de ses
valeurs ni de son héritage. Au contraire, ce doit être un acte militant de préservation d’un
métierquiaproduitparmilesplusgrandesetplusbellesimagesdenotrehistoireetcontinue
d’éclairer le monde, à sa manière, sur ses dérives et ses plus beaux moments.
G.H
juillet 2010
6
partie i
7
Lesjournauxpoussentleursdernierssouffles.Unmouvementd’extinctioninexorable
enFrance,enAngleterre,enEspagne,auxEtats-Unisquis’accélèreetprenddeplusen
plus d’ampleur. Partout.
Globalement,lacréationetladistributiondel’informationontétélargementaffectées
par laTV et la radio, phénomène amplifié par un changement des habitudes du lec-
toratetcebienavantl’apparitiond’internet.Depuisprèsde5ansetlamultiplication
croissantedessourcesvalidesetgratuitesd’informationsurlatoile(qu’ellesémanent
des journaux eux même, ou de nouvelles sources spécifiques àinternet) le déclin du
lectoratetledécouplageentrepublicitairesetjournauxonteuunretentissementsans
précédentsurlasanteéconomiquedelamajoritédesjournauxdel’OCDE.Apresdes
annéesmarquéesparunerentabilitéexcellenteetdesrevenusenhausse,laplupart
despublicationssesontretrouvéessoudainementfaceàunecompétitiondémultipliée
etunebaissederevenuspublicitaires–longuementanalyseparClayShirkyetJeffJar-
vis – jusque-là sans précédent.
Sil’onobserveleschiffres,cesontlesdeuxtiersdespaysdel’OCDEquivoientfondre
leuraudiencesignificativement.Spécialementchezlesjeunesdontonconstatequ’ils
accordentmoinsd’intérêtàlapresseécritequeles35ansetplus.EnFrancesesontprès
de 42% des lecteurs qui ont plus de 50ans (chiffres de 2008).
La croissance de l’ensemble du marché de la presse quotidienne a d’ailleurs ralenti à
partir de 2004 pour stagner en 2007 et partir à la baisse en 2008 et 2009 sur tous
les segments de la P.Q à la P.Q.R, touchant avec virulence les Quotidiens Nationaux
GénéralistesetlesLocaux.QuecesoitauxEtatsUnis,enFrance,enItalieenGrèceou
en Espagne.
A - la crise du Support
8
•	 En  France des facteurs structurels – manque de capitaux, couts exorbitants
de l’impression et de la distribution (du fait du quasi-monopole des NMPP et de la
faiblesseduportageprive),revenuspublicitairefaibles–ontplombeslesecteurdela
pressequotidiennedontlesventesontcommencéàdéclinerdèslesannées60.Une
baisse de consommation confirmée lorsqu’on considère la part de la presse dans le
budget annuel des foyers français qui est passe loin derrière la téléphonie mobile et
internetcesdernièresannées.Derécentesétudesmontrentenoutrequeledéclindes
ventes au numéro s’accélère entre 2006 et 2007, pour reculer de -2.3% en 2008 par
rapportàl’annéeprécédenteet-16%depuis2000.Lesplusdurementtouchéssontles
titresnationauxavecunebaissede4%desventes,etdesrevenustirésdespetitesan-
noncescomposesseulementàhauteurde6%(contre26%en1990).LeMonderécem-
mentreprisparletrioBergé-Pigasse-Nielaparticulièrementsouffertdecettebaisse
derevenusconstantsetdevientlepremierquotidienNationalderéférence àfriserle
dépôtdebilan.Ceschiffressontàmettreenbalanceaveclesrelativesbonnesperfor-
mancesdesquotidiensrégionauxetlocaux–quirésistentmieuxqueleurhomologues
Européens – et ne reculent que de 1.2% en 2008.
9
•	 Aux Etats Unis : Le lectorat est en déclin constant dans tous les secteurs de la
population.Leschiffressontéloquents,en1960,prèsde81%desAméricainslisaient
quotidiennementlapresse.En2008,ceuxquiavouaientencorelirelesnews (papier
etinternetconfondu)nereprésentaientque30%delapopulationaprèsunechutede
8% entre 2006 et 2008.
Pertedelectorat,maiségalementdésintérêtdeslecteurs puisqu’unAméricainpasse
moins de 165 heures/an (-20heures /an) à lire la presse, ce qui en comparaison des
heurespasséesàregarderlaTV(1022heures/an–environ2.8parjour)nereprésente
quasiment rien. Cote revenus, la pub qui constitue 80% des revenus des journaux à
recule de près de 28% et de près de 12% sur le web ces deux dernières années. Ce
sontplusde10milliardsdemanqueàgagnerpourleséditeursquisesontretrouvés
confrontesàl’unedesplusgravescrisesdeleurhistoireetaconduitdesquotidiens–
pourtantprimésetparticulièrementdynamiquescommeleRockyMountainNews–à
fermer leurs portes.
10
Les raisons de cette crise, Clay Shirky, professeur à la New York University, en fait
l’analyse.Selonlui,laprincipaleraisontientdel’émergenced’internet,nonpasentant
que concurrent direct de la presse, mais comme plateforme d’échange mondial. La
révolutionqu’aapportéleréseautientdanssacapacitéàconnecterlesindividusetà
faciliter la transmission d’information.
Ce qui était jadis la chasse gardée d’un groupe de privilégiés ne l’est désormais plus.
L’information appartient à tout le monde et la presse écrite n’a plus le monopole
de la diffusion de cette information. Les conditions qui avaient créé, soutenu et fi-
nancé l’essort de la presse au 19eme et 20eme siècle sont en train de se déliter, de la
même façon que l’ère industrielle cède sa place à l’ère post industrielle, les modèles
économiques précédent ne s’appliquent plus à l’environnement présent.
“…it was an accident. There was a set of forces that made that
possible. And they weren’t deep truths — the commercial success
of newspapers and their linking of that to accountability journalism
wasn’t a deep truth about reality.“
Lafacilitationdescommunications,lapossibilitédeciblerdespublicsplusrestreints
maiségalementplusréceptifsauxmessagespublicitairesdesannonceursontégale-
mentcontribueàladilutiondesrevenusliesàlapub.Lesannoncespayantessesont
égalementéchappéd’unsystèmeillogiquequireposaitsurleprésupposéqu’unindividu
cherchantunevoitured’occasionétaitégalementintéresséparlacrisedesmissilesà
Cuba, la dernière expo à la mode et les pages de mots croisés.
Best Buy was not willing to support the Baghdad bureau because
Best Buy cared about news from Baghdad. They just didn’t have
any other good choices. »
“
11
Lacombinaisondecesdeuxprincipauxfacteurs–pertemassivedesrevenustradition-
nelsetapparitiondenouveauxoutilsdepropagationdel’information–ontcontribué
àlapériclitationdesmodèleséconomiquescontemporains.Pourautant,denouveaux
modèlesnesontpasapparuspourremplacerceuxquel’onsaitdésormaisobsolètes.
Bien au contraire.
Commeunlapinprisdanslespharesd’unevoiture,figeparlapeur,leséditeursn’ont
passuanticiperlamutation.Endépitdesanalysesréaliséesdepuisprèsd’unedizaine
d’années,condamnantlapresseécriteàlamutationouàlamort,aucuneréactionn’a
étéplanifiée. Aujourd’huiceuxd’entreeuxquisedécidentenfinàprendreletournant
lefontavecretardetlenteur,incrédulesfaceàl’ampleurdubouleversementauquelils
sont confrontés.
Preuveenestl’initiativedeRuppertMurdochdecréerunmurpayantpourl’ensemble
desespublicationssurlenet-priseseulementen2009,pasencoremiseenplaceàce
jour-etlesannoncesduNYTetd’autresquotidiensd’importancedesuivrelemouve-
ment, plusieurs mois après Murdoch.
FaceàunmondedigitalrégitparlesconjecturesdeMoore,lemondedupapiertraine
àprendrelesdécisionsindispensablesàlatransitionnumériqueetperdchaquejour
l’opportunitédesauverunefractiondecequ’ilestaujourd’hui.Shirkydeclareclaire-
ment :
I think a bad thing is going to happen, right? And it’s amazing to
me how much, in a conversation conducted by adults, the possibil-
ity that maybe things are just going to get a lot worse for a while
does not seem to be something people are taking seriously. (…)
I don’t think there’s any way we can get out of that kind of thing.
So I think we are headed into a long trough of decline in account-
ability journalism, because the old models are breaking faster than
the new models can be put into place.
“ “There is so much media now
with the Internet and people, and
so easy and so cheap to start a
newspaper or start a magazine,
there’s just millions of voices and
people want to be heard.”
Ruppert Murdoch
12
L’apparition des tablettes avec le premier modèle du genre créé par Apple préfig-
uredelaprochainegénérationdesupports,alternativecrédibleaupapierd’iciaune
dizained’annéesetnécessitedelapartdeséditeursuneremiseenquestioncomplète
de leurs objectifs éditoriaux et économiques.
Car si le modèle parait séduisant – application contrôlée et tarifée, environnement
classiquedelecture–ilinnovepeu,nefaitguèrecasdestendancesactuellesdunet–
gratuiteetinteractivitécroissante–etmaintientl’ensembledusecteurdansl’illusion
d’un retour progressif à la normale prévenant du même coup la mise en place des
mécanismesdedéfenseessentiels,lamiseenplacedesstructuresderechercheetde
prospectiveindispensablespourcréerunenvironnementéconomiquementviableet
durable.
Hors,mêmes’ilestpeuprobablequ’Internetdemeurecomplètementgratuitetpour-
suive son évolution selon le même schéma qu’aujourd’hui, il est tout à fait crédible
d’imaginerunesituationhybrideoulegratuitetlepayantsecôtoierontdansunéco-
systèmeradicalementplusdynamiqueetcompétitifoul’informationneseraguèreplus
lapropriétédequiquecesoitmaisunproduitbrutquechacunraffineraplusoumoins
bien, plus ou moins gratuitement.
Des lors, il convient d’ores et déjà aux différents acteurs de trouver les canaux de
monétisationquiluipermettrontdesubsister.Carlesinternautescontinuerontdepré-
férer le contenu gratuit au payant surtout si ce dernier n’apporte rien de fondamen-
talementdiffèrentenregardducontenugratuit.Sanslecontenuadéquatpermettant
d’attirerunlectoratpeutplusrestreintmaisprêtàpayerpouruneinformationinédite,
une analyse exclusive, un contenu réserve.
13
Cette période de recherche et d’expérimentation risque de se prolonger d’autant
plusquelesmoyensintellectuelsetfinanciersdédiésàlarecherchedecesnouvelles
stratégies de financement sont faibles ou retardes par conservatisme, idéologie ou
aveuglement.
A ce titre, si le réveil de la presse papier se fait tardivement – mais après tout, mieux
vaut tard que jamais - on peut constater que le réveil du monde de la photographie
et en particulier du photojournalisme est loin d’être entame, si ce n’est par quelques
expérimentationsencorebientimidesicietlàpardesacteursdontl’énergieserabien
insuffisante pour entrainer le reste de la troupe.
L’agence VII a lancé en avril
dernier un magazine consacre
au travail de ses photographe et
espère développer un nouveau
business model autour de cette
nouvelle création.
14
Lephotojournalismefaitfaceàunecrisedontplusieursfacteurssontlacause.L’apparition
dudigitaletd’internetquifacilitentàlafoislaprisedevue,lestockage,l’archivage&la
distributiondesimagespouruncoutdeplusenplusréduit–entrainant,ducoup,une
augmentationdesvolumesproduitsetmécaniquementunebaissedesprixàl’unité–
laphotographieétantconsidéréeaujourd’huicommeunecommodité,unproduitde
consommation courante.
Comment en est-on arrivé à cette situation ?
Ilestintéressantdeconstaterquelemarchén’apastoujoursfonctionnedelamanière
dontnousleconnaissons,etquepourunegrandepart lasituationactuelledécoule
del’exportationd’unevisionessentiellementAméricainedumarchédel’imageetde
sesméthodesdecommercialisation.Historiquementdeuxpratiquesontcoexistédu-
rantlesquelquesdécenniesd’embelliequelesecteuraconnuausortirdelaseconde
guerre mondiale.
D’une part le marché Américain ne comptait que très peu d’agences – la principale
étantAP–etunelégiondephotographestaffertravaillantpourlecomptedepresti-
gieuxmagazines(Life&Look)ouquotidiens(NewYorkDailyNews)quifournissaient
leur publication en matériel.
D’autre part le marché Européen, qui, stimulé par la création de Magnum en 45, re-
posait sur un écosystème plus complexe d’agences (Magnum, Sipa, Sygma, Gamma
etc…)etbiensûrunlotdephotographesstaffer–maisenmoinsgrandnombre–tra-
vaillantpourdiversespublications(ParisMatch,Stern,leBerlinerIllustrierteZeitungou
le Daily Mirror).
Apartirdesannées70etjusqu’àlafindesannées80,lesagencesEuropéennesidéale-
mentplacées,dynamiquesetpuissantes,ontréussiàexporterleurmodèleéconomique
outreatlantiqueetimposeruneméthodedeventelargementfondesurlanégociation
au cas par cas, l’exclusivité, l’exceptionnalité de l’image (Rights Managed).
B - Photojournalisme
15
Mais avec l’arrivée d’internet et du digital, le monde de la photo, jusque là très arti-
sanal,s’estouvertdefaçonspectaculaireetlapositiondominantedesagencestradi-
tionnellesfrançaisesfutremiseenquestion.Cetartisanatnécessitaituntravaillarge-
ment manuel, base sur le relationnel. Peu évolutive, difficilement automatisable, la
vented’images’affranchissaitavecinternet d’unmurcontrelequellescommerciaux
butaientdepuisdesannées.Toutd’uncouplaventedevenaitautomatique,supprimait
l’interventiondetiers,permettaitl’instantanéitédeséchanges,uneimageproduitele
jour même pouvait être téléchargée a l’autre bout du monde sans aucun problème.
Les outils de statistiques de mesure de trafic permettaient de comparer puis de pré-
direlacroissancedumarché.L’ensembledecequidevenaituneindustrieavaitdésor-
maisunpotentieljusquelainatteignableetc’estàcemomentquelaphotographiea
commencé à intéresser des acteurs extérieurs – financiers & investisseurs – qui y ont
vuuneopportunitéd’investirdansunnouveausecteurapparemmentporteur.Carà
l’époque,lesagenceshistoriquesétaientencorelargementrentablesetl’âged’orfinis-
sant masquait encore pour un temps les réalités structurelles du business photo.
Deslors,avecl’apparitiondeCorbis,puisdeGetty,delamyriaded’agencedeMicros-
tocketdelaglobalisation dumarché,lesdeuxmodèlescommerciauxontcommencé
às’affronterdansunebatailletarifairequi–aujourd’huinouslesavons–futremporté
par les Goliaths de l’industrie au détriment des plus petits.
Aprespresquedeuxdécenniesd’existencecemodèlebasesurungigantismeincon-
trôlable et la recherche de profits maximisée, touche à ses propres limites. La presse
danssonensemblesubitlaplusgravecriseorganiquequ’elleaitconnuedepuisplus
d’unsiècleetdemietlesagencesphotos–quellequesoientleurtaille–subissentde
plein fouet cette crise.
16
Les études de Jarvis et Shirky montrent que la disparition des principales sources de
revenu de la presse papier (petites annonces et publicité) va forcer ces entités quasi
séculaires,devenuesaufildutempsdevéritablescolossesàdevéritablesprouesses
économiques pour espérer survivre au cataclysme structurel qui les secoue.
Pourautant,malgrécesefforts,lesdeuxprofesseursdelaNYUprédisentdesfinsdif-
ficilesmaisinévitablespourbonnombred’éditeursquinepourrontrétrécirlataillede
leurs entreprises pour les adapter au contexte digital.
Cette tendance de désagrégation – qui par ailleurs va s’accélérer dans la
prochaine décennie – ne risque pas d’épargner le monde de la photo et
ses géants qui seront confrontés aux mêmes problèmes que leurs clients
: disparition des revenus et augmentation des couts fixes. Une équation
impossible à résoudre sans couper dans les organigrammes, revenir à des
structures aux échelles plus mesurées, plus flexible et plus compétitive.
Etonnammentlaréaction decescolossessemblebienmesuréeauregard
delarapiditéaveclaquelleleursrevenusfondentetauxenjeuxquisontles
leurs. L’une des stratégies consiste notamment pour Getty à phagocyter
sesconcurrents,augmenterlapressionsurlestarifsetétoufferlespluspetitsacteurs
afin de récupérer des parts de marche et engranger de nouveaux revenus. C’est la
politique de la terre brulée.
Unefuiteenavantquisemblevainetantladésagrégationdel’écosystèmeestsévère.
L’autre solution – que les petites structures plus agiles tentent de mettre en place –
repose sur l’innovation et le changement du status quo. La remise en question des
valeurs et des concepts qui sous-tendent le marché de la photo, la redéfinition des
objectifsetdespratiques.Laréinventiond’unsystème.Personnenepeutexactement
prédire qui des deux va remporter la bataille qui nous occupe aujourd’hui, mais fort
à parier que les petits qui auront survécu, au final, s’en sortiront mieux que les gros.
A gauche: Clay Shirky, professor
in NYU’s graduate Interactive
Telecommunications Program
A droite: Jeff Jarvis, associate
professor and director of the in-
teractive journalism program and
the new business models for news
project at the City University of
New York’s Graduate School of
Journalism.
17
Avantd’aborderlesopportunitésnouvelledemonétisationquis’ouvrentauxdifférents
acteursdel’industriephoto,ilconvientderegarderconcrètementcomments’articule
lemarchéactuel.Lesphotographeetlesagencesontaujourd’huiessentiellementun
rôle de fournisseur de contenu en gros, cédant pour un prix déterminé a l’avance ou
négocié une licence d’exploitation a un éditeur ou un client qui publiera sur un sup-
port donne la photo dont les droits ont été cédés. Dans le cas des droits gérés (RM)
troiscritèresrégissentladéterminationd’unprix:lanaturedumediadedestination,
l’espace occupe dans le media et l’audience de ce media.
Si ces critères ont longtemps eu un sens, ils ne répondent désormais plus à la réalité
de la production. A l’ère analogique (pre 90), les publications étaient contraintes par
l’espace qu’offrait la pagination des magazines et des journaux – fini, limité par le
nombredepage-etl’audiencerestreinte–géographiqueetsociologique-qu’ilsat-
teignaient.Ceslimitationssesontévaporéesavecl’arrivéedunumériqueetInternet,
dontlescontraintestechniquesinfinimentplussoupleontcrééunesortedepuitssans
fond, dans lequel les limites d’espace et d’audience n’ont de plus de sens.
Parailleurs,lareprésentationdelaphotographiequiselimitaitàunformat2Dcarac-
téristiquedel’outilutilisépourcapturerl’image,s’ouvreaujourd’huimassivementau
format video (incluant le temps) et demain tres certainement a la 3D et la contextu-
alisation voire la virtualisation.
Orparadoxalement,nousappliquonsencoreàcenouvelenvironnementdigitaldes
méthodesdetarificationstraditionnelles,inadaptéespourunsupportqui–bienque
partageantencorepouruntemps,uncertainnombredecaractéristiquesorganiques
–neselimitentplusseulementàcelle-ci. Plusstupéfiantencore,lapresseetlesagents
continuentdenégligercequiaufond,constituelavaleurfondamentaled’unephotog-
raphie, notion subjective –mais bien réelle – de qualité.
C – Articulation du Modèle
18
Lavaleurajoutéeauneimageinduitepardestravauxdelonguehaleine,documentes
oubénéficiantd’unedémarcheintellectuelleoriginale,nedébouchepassurunevalori-
sationmonétairedestravaux.Toutlemondeestégaletvoiscesimagespubliéesaux
mêmetarifs,lesquelsdiminuentd’annéeenannéesouslapressiond’uneinflationde
contenus.
Autrecritèreignoréparlesystèmecontemporain,l’émergencedenouveauxformats
de diffusion – multimédia, vidéo - et de nouvelles stratégies de commercialisation -
CrossMédia,TransMédiaetc.–quiéchappeàtouteconventiontarifaire,etdonc,est
constamment dévalué par effet d’opportunité.
Quand l’outil qui sert à mesurer n’est plus adapté à la chose
que l’on mesure, toutes les dérives sont alors possibles et
c’est la crédibilité de l’ensemble qui est remis en question.
Il faut donc changer l’outil, et par là, la façon que nous avons de definir le terme de
« photojournalisme ».
19
partie ii
20
Laredéfinitionduphotojournalismeapporteunnombresignifiant
d’avancéesentermesdepratiqueetouvrelavoieàdenouvelles
opportunités de monétisation.
Le format – généré par un outil qui a, de façon perverse, définit
une pratique – devient un accessoire, et son rejet en périphérie
recentrelavaleurduphotojournalismesurlamaitrisedesproces-
susnarratifsetinformatifs,recréeuneéchelledevaleurnouvelle
dans laquelle la production de chacun est évaluée non en fonc-
tiond’undébouché,maisenfonctiondesesvaleursintrinsèques
etdanssonexpressionfinale(intégrité,honnête,responsabilité,
éthique, exactitude, qualité visuelle etc.).
On passe d’une appréciation du tangible à une apprécia-
tionde l’intangible qui suppose la mise en place d’une nouvelle
méthodologied’évaluationetdenouvellesstratégiesdediffusion.
21
Cequel’onqualifiedephotojournalismeestenfaituneexpressiondétournéedeson
sensétymologiquepremier.Onassimileainsilephotojournalismeaveclaphotogra-
phie, l’objet en deux dimensions couleur ou noir et blanc sur lequel une image a été
fixée,etpasavecleprocessusd’écriture(photosgraphos)quiconsisteàutiliserlalu-
mière pour former un message visuel et en l’occurrence créer une information.
Enélargissantlaperceptiondecequ’englobelephotojournalisme,onétendsonaire
naturelle d’exercice à la vidéo et aux futurs outils de capture visuelle.
De la sorte, on évite alors de s’enfermer dans un conservatisme suranné qui forge
l’ensembledel’écosystèmecrééautourdumedium.Enouvrantladefinitionduterme
«photojournalisme»,plusderaisondoncdesepriverd’intégrertouslessecteursde
lacréationvisuelsousunemêmeactivité,d’intégrerleursoutilsdanslefluxdeproduc-
tionetdecommercialisationenappliquantunestratégiecohérentedemonétisation
etd’ailleurs,plusaucuneraisonnonplusdeleslaisserdéconnectéslesunsdesautres.
Aufond,cequiresteladémarchefondamentale,lavaleurcentraledenotreprofession,
c’est le journalisme. En se débarrassant de la dictature du format pour les embrasser
tous et en recentrant notre attention sur la valeur intellectuelle de l’information on
abandonne une économie de produit pour aller vers une économie de process.
Cetteéconomieduprocessimpliquequenousinventionslesoutilsd’évaluationdela
valeur intellectuelle fournie à travers l’objet « reportage » et que nous les articulions
autour de nouveaux critères pour en déterminer une valeur monétaire. A savoir :
Crédibilité et autorité, Ethique et responsabilité, Engagement et Qualité.
A - Product & Process
22
•	 Crédibilité et autorité : La capacité du photojournaliste à forger une identité
professionnelle reposant sur la véracité et l’exactitude de l’information relayée. Son
aptitude dans le temps à fournir du matériel pertinent & original. L’autorité – la spé-
cialisation–decephotographedansledomainecouvert,l’expérienceengrangéeau
fil des années passées à couvrir tel ou tel sujet.
•	 Ethique et responsabilité : La capacité du photojournaliste à exercer son métier
dansuncadreéthiquerégitparlesdiversesconventionsprofessionnellesenvigueur
aujourd’hui et à respecter ces règles sans se compromettre.
•	 Engagement et qualité : La capacité du photojournaliste à s’investir dans des
histoires,àfaireavancerledébatdémocratiqueparlebiaisdesontravail.Samaitrise
techniqueluipermettantd’offriruncontenuricheetoriginalpourvud’unpointdevue
et clairement identifiable.
Cettemigrationduproductversleprocess,essentielle,déclencheàelleseuleunesérie
de réajustements importants notamment lorsqu’on considère la façon de commer-
cialiser nos productions.
23
HenryJenkinsprofesseurdeJournalismeetdeCommunicationalaUniversityofSouth-
ernCalifornia,undesplusenpointeentermesdeTransMediastorytellingexplique:
Nous vivons aujourd’hui à un moment ou chaque histoire, image,
marque relation se décline sur un maximum de plateformes media
différentes, et résulte d’une narration combinée entre les institu-
tions (privées ou publiques) d’une part (message du haut vers le
bas) et l’audience (message du bas vers le haut). La concentration
des medias accentue le besoin de voir émerger des solutions nar-
ratives qui exploitent la synergie entre ces deux mondes et aug-
mente les points de contact entre différentes niches de consomma-
teurs. Le résultat se traduit par le Trans Media.
Lefuturduphotojournalismenepeutêtreenvisagesansuncontenuenrichitintégré
danscettestratégiedediffusionmultiplateforme,calquéesurleshabitudesdecon-
sommation media de la Génération Y. C’est la thèse défendue par Stephen Mayes,
directeurdel’agenceVII,etpardenombreuxacteursissusdel’universtélévisueletdes
nouvellestechnologies.NicolettaLacobaccidirecteurdel’InteractiveTV/Eurovisiona
l’EuropeanBroadcastingUnionexpliquequelewebaujourd’huipermetl’émergence
decescontenusaugmentes,«multi»,interactifsetmobiles.LaconvergencedesMe-
dias et la baisse des couts de production rends aujourd’hui inévitable que le flux de
contenu soit disponible à travers une multitude de medias différents.
AlorsenquoiCrossMediaetTransMediasont-ilsdifférents?Lesdeuxstratégiesrepo-
sentsurdesdistributionsmultiplateformes.LesdeuxutilisentInternetcommeespace
d’engagement central.
B - Cross & Trans Media
“
24
Dans un environnement Cross Media, on assigne pour un même contenu des
destinations différentes reparties à travers différentes formes de distribution (livres,
internet, tv, radio, presse) pour attirer le maximum de lecteurs/spectateur possible.
C’estlecontenu360.Lecontenuquisedéclineenautantdeplateformesdisponiblesà
travers une simple mise en forme.
DansunenvironnementTransMedia,lecontenuestfragmenteetadaptespécifique-
ment enfonctiondessupportspours’adapteraulecteur/spectateur.C’estensomme
l’adaptationmoderneduconceptdegesamtkunstwerkqueRichardWagnerinventa
dans son essai « Art and Revolution » en 1827, et qui s’exprime à travers la synthèse
d’œuvresd’artdansunensemblecompréhensibleetcohérentembrassanttoutesles
expressions artistiques.
C’est le Total artwork. Un projet Transmedia développe donc le contenu à travers
multitudesdeplateformespourgénérerautantdepointsd’entréedifférentsdansun
schéma narratif global.
25
David Campbell, prof de cultural and political geography Durham Universi-
ty in the United Kingdom dans « photojournalism in the New Media Economy »
(Nieman Reports spring 2010) introduit son exposé par cette phrase:
Success will depend on ‘seeing oneself as a publisher of content
and a participant in a distributed story, the form of which helps
reshape the content of the story
Le concept n’est pas récent puisqu’il voit le jour il y a près de 5 ans, avec l’apparition
d’un nouveau genre d’agences Paparazzi sur la côte Ouest des Etats Unis - X17 et
SplashNewsentreautres-quiontcompristrèstôtdansleurdéveloppementl’intérêt
de créer des blogs « magazines ». Bien que le format soit encore très proche du blog
classique, on s’aperçoit que chacun d’entre eux fait une utilisation extensive de son
contenu exclusif et développe tout autour une stratégie TransMedia (photo, vidéo,
mobile, print).
Il est facile de percevoir les avantages qui en découlent de l’auto-publication. Outre
qu’ellepermetunplusgrandcontrôledesimagesetdeleurutilisation,elleinduitégale-
mentunrenforcementdelamarquedel’agence,lacaptationd’unlectoratnouveau,
l’émergencederevenussupplémentairesetn’interditabsolumentpasl’exploitation
parallèle du modèle traditionnel de vente.
Dans le secteur de l’Entertainment cependant, la photo se déploie rarement autour
d’unehistoireetillustreplusfréquemmentdesmomentsdevie,desévènementscequi
limite l’expression de ce type de publication.
C – Tous Editeurs
“
Dès 2006, l’agence X17 s’est doté
d’un blog “magazine” dont la
vocation affichée est de supprimer
le “Middle Man”
26
L’agence Magnum avec son “Magnum
in Motion” est une des pionnière en
matière de Multimédia / Magazine
concept, mais le modèle économique
reste encore flou
L’extensiondumodèleauphotojournalisme,enrevanche,extraitlaphotographiede
son rôle de simple illustration et lui permet de réintégrer un flux narratif plus com-
plexe à travers les différents medias en contrôlant la destination et la présentation
del’histoire.Elleabolitlesbarrièresdupapieretautoriseuneutilisationextensivedes
images, mais aussi de la vidéo du son et du texte pour apporter contexte et analyse.
Lamultiplicationdespointsd’entrée–quisupposeuneplusgrandesegmentationdu
récit–permetl’interactivitéetreconnectelegenredocumentaireavecuneaudience
plus jeune.
D’essaiphotographique,l’histoirevisuelledontlewebmagazinerestelepointnodal
ouconvergentliens,commentairesetréférences,setransformeenunnouvelobjetque
Fred Ritchin qualifie alors de « newVisual Journalism ». C’est en somme l’expérience
quetenteactuellementl’agenceVII,etdansunemoindremesureVu’etMagnumavec
son«MagnuminMotion»oulestravauxphotoetvidéossontmisenvaleuretplaces
dans un contexte Magazine.
27
Laquestionensuspensdemeureévidemmentcelledesdébouchésquirestentliéesà
unerevitalisationdelapresseonlineetoffline,audynamismedesannonceursetdonc
à la reprise d’activité de l’économie en général. Mais là encore les voies de monéti-
sation pour la photo, si elles ne sont guère évidentes, existent et méritent d’être ex-
plorées plus avant.
Lapublicitéconstitueencorepouruncertaintempslemoyendefinancementprédomi-
nantsurlenet.C’estdoncsurlesmodeléspublicitairesquenousdevonsnouspencher
etlesopportunitésnouvellesd’implémentationfacilitentparlatechnologiequenous
devons exploiter.
Larécenteapparitiond’outilsvirauxtelsqueEmbedarticle.compermetnotamment
dereconsidérerlarelationquel’internauteentretientavecl’image,enévitantlepiège
duCreativeCommon,toutenpréservantlalibertédereproductionetenassurantla
viabilitédelacréation.Lesystème,enl’occurrenceuncodeJavaScriptpermettantla
transmission d’un objet « embed », autorise le financement par Google Adsense ou
toute autre solution via l’affichage d’un pop-up sur l’image embarquée. Outre que
ce code permet la propagation virale d’une image sur n’importe quelle plateforme
net,sansqu’enréalitéaucuneimagenesoitphysiquementcopiée,elleattenueégale-
mentlesrisquesdevoletdereproductionillicite,enproposantuneformedelicence
àl’internaute.Rienn’interditd’imaginerl’apparitiond’outilsplusévolues,continuant
d’exploiterunmécanismesimilaire,maisauxoptionsétenduesnotammentsurleplan
du social networking et de la recommandation.
Le financement des magazines web d’agence, lui se rapproche des méthodes clas-
siquesdemonétisationàtraversnotammentleplacementdepublicitécibléeproche
du contenu et du lectorat. Mais pas seulement.
D - Monétisation
28
D’autres outils comme Kickstarter.com ou Ulule.com permettant la levée de fonds
privés(Crowdfunding)ouvrentdenouvellesvoiesd’expérimentationpourunmedia
réellementparticipatifoul’internautedeviendraitcoproducteurdecontenusetacteur
de l’information.
La souscription à des contenus premium, la coproduction inter-agence, le mécénat,
l’adossement à des structures à but non lucratif, le développement de services tiers
(formation, sous-traitance, expertise et consultation), les travaux corporate ou les
ventesdeproduitsparticipentauxfaisceauxderevenusquedesstructureslégèreset
réactives doivent mettre en place pour stabiliser leurs ressources et se développer.
Parailleurs,surleplandelasyndicationpureducontenu,etpourreprendrelesnotions
évoquéesplushautconsistantàpolariserl’ensembledel’effortcommercialautourdu
ProcesspourabandonnerleProduct,ils’agitdeconsidérerl’applicationd’untelsys-
tème à l’économie réelle.
Pour commencer, il est important de regarder si d’ores et déjà les mécanismes
d’évaluation de valeur existent dans d’autres secteurs que celui de la presse. Com-
mentevaluetonlavaleurintangibled’unbien.Plusieursstructuressimilairesdansleur
philosophie cohabitent dans des secteurs bien souvent opposes.
•	 Lemarchédel’Artfaitappelunsystèmede«cote»quis’estprogressivementimposé
pourévaluerlavaleurdesartistesprésentssurlemarché.Ces«cotes»,évaluéespar
unréseaud’expertsetd’observateurspermettentd’évaluerlavaleurdescréations
enfonctiondelaqualitédutravail,deladisponibilitésurlemarchéetdelademande.
29
•	 L’autregrandsystèmed’évaluationdelavaleurprendformedanslesecteurfinan-
cieroulesagencesdecotationdéfinissentlavaleurdesentreprisesenfonctionde
critèreséconomiquespursmaispasseulementpuisqu’interviennentégalementdes
analysesprospectivesdedéveloppement quipermettentàlafoisdedéterminerla
valeur immédiate et le potentiel d’une entreprise.
Imaginerunsystèmehybrided’agencedecotationphotoquiintègreraitensonsein,
les différents secteurs occupés par le marché de la photo, reposant sur un ensemble
d’expert mondial repartis par bureau disséminés partout dans le monde, aurait un
effet extrêmement positif sur l’ensemble du secteur.
Tout d’abord pour les photographes et les agences elles-mêmes. La pression quali-
tative exercée pousserait à abandonner la course au volume pour se réorienter sur
l’originalité et la pertinence des sujets.
Hormispouruncertainnombred’exclusivités–toujoursdirectementnégociéesparles
agencesoulesphotographes- lessujetsseraientévaluésendépitdusupportauquel
ilsseraientadressésetéchapperaientdéfinitivementauxcontraintesmentionnéesplus
haut. La revalorisation du contenu remettrait en avant ce qui fait – toujours – la dif-
férencesurleterrainàsavoirl’habiletéduphotographeàcombinermaitrisetechnique
et sagacité intellectuelle.
La mise en place de ces agences de notation spécifique au monde la photographie
ouvriraitlaporteàuneéconomienouvelle,unréservoird’emploisinduitsquiseraient
également bénéfiques.
30
Onpeutd’ailleurssansmalimaginerquecertainesstructuresliéesaumondedel’art
puissediversifierleursopérationsenintégrantcesystème,oudansunsenscontraire,
élargir le marché de l’art (ce qui est moins probable puisque ce marche repose sur
l’exception le luxe et la très haute valeur ajoutée) a ce nouveau marche de
« cotation » photo.
31
Sortir du Cadre 2009 - 2010
ANNEXES
32
Sortir du Cadre: N’ayez pas peur d’Internet
Sivouspensezqu’Internetetl’endroitquiressembleleplusal’antredu
diable. Si vous estimez que leWeb est un endroit dérégulé, où vos im-
agesunefoisdéposéesvontêtrevictimed’unpillagesansfoisniloi.Si
vousimaginezpouvoirvouspasserd’Internetetsesoutilspourdével-
oppervotrecarrièrephotographique,alorsrépondezàceci:Refuseriez
vous de passer gratuitement à la TV, tous les jours, pour parler de
votre boulot à la terre entière. A moins d’être inconscient, non!
Internet n’est pas la nouvelle contrainte avec laquelle“on doit faire
avec”. Ni instrument de torture, ni mine d’or, Internet est un outil dont
il faut savoir profiter pleinement.
Un site web, pourquoi?
Je suis frappé de voir qu’une majorité de collègues français ne dispo-
sent pas de site internet, alors qu’au contraire, la majorité de mes col-
lègues américains disposent au moins d’un site type“portfolio”. Qu’ils
soient staffers ou freelance, nos amis d’outre-atlantique sont infini-
ment plus actifs sur la toile que les photographes de l’hexagone. Ré-
seaux sociaux, sites, plates-formes photos, multimédia, tous les outils
sont bons pour développer et promouvoir leur vision, leur nom, leurs
projets,échangerleurspointsdevue,apprendreetenseigner,créeret
diffuser leurs idées.
Internet n’est pas vécu comme une menace mais comme une oppor-
tunité, que chacun peut saisir et tourner à sa sauce.
Alors un site Web pourquoi faire?
- Présenter son travail dans un endroit valorisé. Nombre photographe
regrettent souvent de voir leur travail diminué ou déprécié par une
mauvaise publication. Votre site portfolio est un lieu sanctuaire, où
vous pouvez déployer vos sujets photo sans contrainte.
- Développer votre présence. La photographie c’est avant tout le
partage d’un point de vue. En multipliant votre présence sur internet,
voustoucherezuneaudienceplusgrande.Quelquesoitvotreregard,
vous apporterez votre point de vue unique à un public plus large.
- Générer des revenus. Avec la bonne stratégie et un peu de travail il
estaujourd’huipossibledegénérerdesrevenusviainternet.J’entends
d’ici les critiques: on ne peut pas vivre en vendant des photos sur in-
ternet. Je répondrai: il n’y a pas de petits revenus, de revenus complé-
mentaires ou de sous revenus… il y a des revenus. Point.
Les usages.
La solution la plus progressive vient de Photoshelter. Depuis la“mort”
virtuelle de Digital Railroad, PS est la seule plate-forme à offrir une
solution“agency-like, portfolio-business ready”pour photographes.
L’offre starter est gratuite pour 150Mo d’hébergement non configu-
rable (je l’ai utilisée pendant plus d’un an pour présenter mon travail
via lightbox et slideshow flash).Viennent ensuite les offres au mois le
mois ou avec engagement sur un an, entièrement configurable.
AvoiraussiLivebooks.com,Smugsmug.com,Foliolink.comouIFP3pour
les solutions tout intégrées. Neonsky, un des leader dans le segment
portfolio et Netfolio sont aussi des solutions a envisager. Pour ma
part (on est jamais mieux servi que par soit même;-) j’ai également
développé mes outils via O2creation.
En tous cas, n’ayez pas peur de diffuser votre travail sur le net. Affi-
chezvosimagesengrand,clairementdansunécrinsignéàvotrenom.
Investissez les réseaux.
Prochaine étape: faites parler de vous! Vous avez créé le début d’une
dynamique, vous devez aller jusqu’au bout. Investissez les réseaux
sociaux. Facebook, LinkedIn, Viadeo, Twitter, Lightstalker et autres
Votre profil servira de connexion avec les pros déjà présents sur ces
réseaux. Mettez y les liens vers votre portfolio, votre blog (un autre
outil très utile pour créer du trafic sur votre site), votre agence ou
votre plate-forme de distribution, vers vos galeries. N’hésitez pas a
renouvelervotrestatutrégulièrement,plusieursfoisparsemaine.Par-
ticipez aux discussions et partagez vos idées. Pour ceux que l’anglais
effraie, tentezTwitter en premier. Vous n’avez qu’une phrase ou deux
a écrire (140 caractères), c’est facile et très addictif.
Le but de la manœuvre est de générer du buzz autour de vous et de
votre travail. Le meilleur moyen pour ne pas être dépassé par l’outil
est d’en rester strictement au professionnel“détendu”, ou“casual”.
Tentez de nouvelles approches.
Les apparitions de nouveaux outils online sont autant d’aubaines de
développementpourunphotographe.Multimedia,autoédition,galer-
ies d’art virtuelles (ou pas), concours s’offrent a tout ceux qui pren-
nent la peine de se pencher sur leur promotion.
Le Multimédia est LA stratégie de développement pour le photog-
raphe et pour les agences . Pour les premiers pas je vous conseille
multimediashooter.com, un blog très bien fait qui propose d’ailleurs
un starter kit pour photographe multimédia. Cote inspiration, vous
pouvez toujours visiter Mediastorm.org, the37thframe.com, the
rawfile.org ou le dernier dossier de the digitaljournalist.org. Outre
l’interactivitéetl’aspectdynamique,lemultimédiaenrichitl’expérience
photographique par l’apport du son, créant l’intimité entre sujet et
spectateur.J’aimed’ailleursbeaucoupceconceptdiffusésurFrance5
(je visionne les épisodes sur le net) “En Campagne”ou deux jeunes
reporters, Aurélie Sfez et Julien Cernobori sillonnent les routes de
France à la rencontre de ceux que l’on nomme“les ruraux”. Cette
série a beau être de la TV, les deux reporters prennent le son façon
radio… et donnent une dimension vraiment différente aux images.
L’inspiration est donc partout, suffit de la trouver et se donner la
peine.
L’autoéditionsedéveloppeégalement,mêmesileprixdeslivresreste
assez important – comptez 50$ le livre- c’est une bonne opportunité
pourcréerdesmaquettesdeprésentationadestinationdesvéritables
éditeurs.
33
Deux leaders se disputent le marché: blurb.com et (un peu plus cher) asukabook.com et récemment sous
une forme plus magazine Magcloud.com.
J’ai moi même tenté le coup avec blurb et j’avoue être plutôt satisfait du résultat (à voir ici).
Enfin en ce qui concerne la vente de tirage d’art, la formule encore frémissante se décline via les formules
online“grand public”comme wantedparis.com ou imagekind.com.
PhotoshelteroffreégalementuneformuledeventedetirageviaEZPrintquiprésentel’avantaged’obtenir
le tirage sous cadre.
Sortez du Cadre, explorez les nouvelles voies!
Le but de ce post n’est pas d’être exhaustif mais bien de vous montrer qu’il est possible de s’approprier in-
ternet et ses outils pour le plus grand bien de son activité. Bien entendu, le“risque”de voir ses images être
copiées sur la toile n’est évidement pas nul – bien que marginal – mais soyez prudent dans votre réaction.
Que vous vaudra une crispation exagérée sur la question des
droits d’auteurs? A vous de juger le rapport bénéfice/perte de la démarche, mais fort à parier que le
copieur aura agit de la sorte pour promouvoir votre travail, signaler une actualité vous concernant ou
toutsimplementindiquersoncoupdecœur.Décevoirunfanourisquerunemauvaisecritiquesurinternet,
c’est s’exposer à une contre publicité néfaste à sa renommée et au final à son travail. Ce qui plaît au pub-
lic a toutes les chances de plaire à un éditeur, un service photo ou un galeriste et comme tous, ils utilisent
désormais internet pour repérer les nouvelles valeurs montantes de la photo. Aujourd’hui et encore plus
demain,lesDaviddumondeanalogiquepeuventêtrelesGoliathdel’universnumérique,àvousderejoin-
dre le groupe des Goliath.
April 17, 2009
34
Sortir du cadre: stratégie multimédia
Je crois n'avoir jamais été tout à fait à la place où je devais être. Et
aujourd'hui je peux vous le dire, tant mieux. Quand, au lycée, mes
amis partaient en science économiques, j'allais suivre des cours de
cinéma, quand ils préparaient ardamment leur Bac S, je terminai mon
premier court métrage. A la fac de Droit, je préparai mes passages
sur l'antenne locale de RTL, et à l'ecole de journalisme, je prennais
des photos quand les autres planchaient sur leur articles. Jamais à la
bonne place. A tel point qu'au dernier jour de ma formation de jour-
naliste, un de mes professeur - Claude Ardid - m'avait lancé un franc
et definitif: "tu ne peux pas tout faire, il faut choisir".
Heureusement je n'ai pas écouté.
Si je vous raconte cette partie de mon parcours c'est qu'à un certain
point, il m'ait arrivé de douter de la pertinence de ces choix. Grace à
internet, les choses ont changé.
Elles ont d'ailleurs tellement changé qu'il est non seulement possible
aujourd'huideproduireducontenumultimédiadequalité;ilestdesor-
mais essentiel pour nous - photographes et agences - d'embrasser
ce qui va être la prochaine étape évolutive de notre profession, et de
définir dès aujourd'hui une véritable stratégie multimédia.
Aujourd'hui le monde du photojournalisme a entamé une profonde
mutation et lié son destin aux évolutions constantes des nouvelles
technologies et d'internet. Il est désormais clair que les nouvelles gé-
nérationsdephotographessedoiventdemaitriserdenouveauxoutils
- le reportage audio, la programmation, l'editing vidéo par exemple -
afind'enrichirleursproductionsetcréerunenouvellesortedeprodu-
itsdéstinés,nonplusàlapresseécritetraditionelle,maisauxnouvelles
plateformes qui deviendront demain, les standards de l'information.
Bande son du Photojournalisme
Cequialongtempsmanquéauphotojournalismeetquelavidéopos-
sédait dès son origine, c'est le son. Le son, la B.O, l'ambiance, cette
tracesonorequidépasseleregardpourallertoucherlesens.Enajout-
ant le son à l'image, on ajoute la profondeur, l'émotion, la rugosité
d'une voix, l'atmosphère d'une scène, le témoignage, le contexte.
Je vous invite à regarder ces documents avant d'aller plus loin afin de
vous immerger dans l'univers multimédia:
Driftless, Danny Wilcox Frazier & Mediastorm:
http://mediastorm.org/0025.htm
The Upstate Girls, the Rawfile:
http://www.therawfile.org/?p=77
The Interview Project, David Lynch:
http://interviewproject.davidlynch.com/www/#/all-episodes
The Girl in the Window:
http://www.tampabay.com/specials/2008/reports/danielle/
Ajouter la dimension sonore à un projet photographique n'est pas
chose facile. Cela requiert organisation, travail, compréhension et
concentrationafindefairecohabiterlesdeuxdeuxsupportsetutiliser
la spécificité de chacun d'eux pour d'améliorer la lisibilité du sujet,
l'immersion dans l'histoire, l'émergence de la trame narrative.
Mais cet effort, à mon sens, est récompensé par une plus large audi-
enceetdesretombéesfinancièresellesaussimultipliées.Ledocument,
encapsulé dans sa forme vidéo, trouve tout un réseau de diffusion
semi-gratuit et payant très étendu drainant audience et générant
des revenus publicitaires ou de syndication. Je pense aux sites
d'hébergementdecontenuvidéocommeVimeo.com,blip.tv,Youtube.
com ou Dailymotion.fr pour le semi-gratuit financé par la pub valo-
risée, et à l'ensemble des sites d'information où une syndication est
possible, pour le payant. La téléphonie portable est elle aussi visée à
traversYoutube notamment, mais d'autres tuyaux sont à envisager et
unedistributionvialesfournisseursdecontenupourtéléphoniemobile
peuvent être des débouchés solides.
Le mariage du son et du regard.
Photojournalistes, vous êtes destinés à raconter des histoires qui ap-
porteronsl'éclairageetl'informationnécessaireaupublicpourqu'ilse
forgeuneopinionsurlesévènementsquil'entoure,décryptelessitua-
tions, approfondisse un sujet.
Dans la production multimédia:
La photographie donne l'élément visuel de l'histoire. Elle incarne les
personnages, les places dans un contexte géographique, focalise
l'attentiondulecteurparsacompositionsurlesdétailsimportantsdu
sujet. Elle apporte un sens relatif à la culture et l'éducation du lecteur,
elle possède différents degrés de lecture.
La légende renseigne factuellement, grâce aux 5 questions fon-
damentales (qui, quoi, ou, quand, comment), et donne au lecteur
l'information "invisible" à l'image, comme par exemple le nom d'une
personne, son age, son rôle dans l'histoire, son pays d'origine. Elle
donne quelque chose de nouveau à l'image et pousse le lecteur à
s'interroger de nouveau sur ce qu'il a vu dans l'image.
Le son, vient en complément naturel de ces informations et enrichit
l'expérience.
Le son fait parler les protagonistes, il donne une voix aux gens, donne
du sentiment, de l'émotion, du témoignage ou de l'ambiance.
L'interviewpermetauphotographedemieuxcomprendresonsujetet
peux mener à de nouvelles images, de nouvelles situations et enrichir
son sujet.
35
L'information contenue dans cette interview, complète l'enquête ou
le reportage, même si le son n'est pas utilisé dans le produit final, le
texte pourra être utilisé comme base rédactionnelle.
Enfin, dans le récit linéaire - sur lequel sont basés les productions
multimédias - le son fournit le fil rouge de l'histoire et permet de relier
les séquences entre elles. Le son crée le sens de lecture, introduit le
témoignage dans l'image (fondu sonore à l'entrée).
De l'invisible à l'interlocuteur.
La capture du son impose au photographe d'apprendre un au-
tre rythme de travail, un autre tempo et passer de l'invisible à
l'interlocuteur.
Le temps photographique s'apparente à un jeu de caméléon, le pho-
tographe cherchant à disparaitre dans les rideaux ou sous le tapis
pourcapturer-sanslemodifiernil'influencer-lemomentdécisifcher
à Cartier-Bresson. C'est un temps de recherche et de composition ou
le dialogue est faible voire absent et ou l'individu s'efface, ou la rela-
tion se réduit au minimum.
La prise de son au contraire suggère une tout autre attitude. Pour
enrichirvotrehistoire,vousallezdevoirvousasseoir,prendreletemps
dediscuteraveclapersonnequevousvenezdephotographier,passer
de l'invisible à l'interlocuteur. C'est la personne que vous avez pho-
tographiée qui va raconter avec sa voix, sa propre histoire, et à vous
de poser les questions, d'être engageant, réactif, de créer le lien, cette
alchimie qui construit la confiance et mène à la confidence.
Enregistrer ces interviews, capturer ces sons amène à une meilleure
compréhensiondusujet,c'estlapartdejournalistequireprendledes-
sus sur la part du "plasticien-créateur". Réaliser une bonne interview
c'est obtenir plus d'informations qui serviront à rédiger des légendes
pluscomplètes,dessynopsisplusriches,etfournirunproduitpluscom-
pétitif.
En réalisant de bonnes interviews, vous apportez également de la vie
dans vos images, une profondeur jamais atteinte dans vos histoires,
une atmosphère qui ne peux se traduire par le texte.
Apprenez à interviewer.
Voici quelques petits trucs que j'ai tiré de mes expériences radiopho-
niques.
Imaginez que vous faites un portrait, un portrait sonore.
Pour qu'un portrait soit bon il faut que le trait du dessinateur soit sur.
En radio, il faut que la voix soit bonne, bien enregistrée, et donc que
l'interview soit réalisée dans un endroit calme, le plus calme possible.
A l'intérieur, pensez à regarder votre environnement avant de cher-
cher ou poser votre micro. Cherchez les matières chaudes,tirez les
rideaux,placez vous sur un tapis,profitez des canapés, collez vous
contrelesboiseries,esbibliothèques...cesélémentsoffrentuneabsorp-
tion sonore importante, étouffent les bruits parasites et assurent une
meilleure qualité d'enregistrement. A l'extérieur, éloignez vous des
routes,desgroupesdepersonnes,préférezvousréfugierdansunevoi-
ture (vitre fermées) pour y conduire votre entretient au calme. Fuyez
leshallsettouteslesarchitecturesvoutées,tropminérales,quivéhicu-
lent les sons facilement. Ecoutez votre environnement, attention aux
postesTV, aux frigos bruyants, aux voisins en plein travaux. La qualité
du son doit être irréprochable car c'est sur la bande son de votre pro-
duction que le second sens le plus sollicité par vos lecteur (l'ouie) sera
complètement focalisé.
Ne placez pas votre micro trop loin de la bouche de votre interlocu-
teurpouréviterlesbruitsd'ambianceparasites,pastropprèsnonplus
pour ne pas enregistrer les "pchi" ou les "pfff".
Apprenez à différencier le son d'ambiance et l'interview proprement
dite.Sivousdésirezrajouterdel'atmosphère,enregistrezséparément
les deux pour les monter ensemble à la fin, vous aurez plus de con-
trôle sur les deux environnements et moins de pollution sonore.
Lorsdevotreinterview,nerépondezpasàvotreinterlocuteur,hochez
latête,souriez,lapersonnecomprendraquevousêtesàl'écoutemais
votre bande son restera vierge des "uhmuhm" génants au montage.
Préparezvosquestions,maisnesoyezpascolléàelles,sachezécouter
l'interview, anticipez les réponses. Attention aux questions fermées,
vouséviterez:"depuiscombiendetempsêtesvousconducteurroutier
(réponse: deux ans)" mais préférerez: "dites moi depuis combien de
temps et pourquoi êtes vous devenus routier (réponse: je suis routier
depuis deux ans parce que je me sentais libre au volant de mon ca-
mion)".
Prenez le temps de cette interview, laissez vous guider par les répons-
es que vous obtenez, utilisez pleinement le temps dont vous dispo-
sez. Laissez les blancs s'installer, la plupart des gens sont mal à l'aise
dans ces espaces de vide et ont tendance à remplir naturellement les
blancs en complétant leurs propos, en argumentant ou en reprenant
leur réponse sous un angle différent. C'est une phase importante de
l'interview puisque que c'est là que vous pouvez obtenir le petit plus
qui fait la différence. Passez trop vite à la question suivante, et cet
espace de liberté s'évanouira, emportant avec lui des informations
précieuses pour la suite de votre projet.
Enfin, terminez toujours en demandant "s'il y a quelque chose à ra-
jouter". La plupart des gens se tiennent aux questions posées et se
freinent dans leur envie de développer des points ou de répondre à
des questions que vous n'auriez pas posé. En offrant cette opportu-
nité,vouspermettezàvotreinterlocuteurdecompléterlibrementson
interview, de donner son point de vue, de rebondir sur une question
ou donner un anecdote pas encore dévoilée.
Finaliser sa production pour atteindre une au-
dience plus large.
36
Une production multimédia comporte plusieurs éléments imbriqués
les uns avec les autres exploitables ensemble, ou séparément et
s'alimentant les uns les autres. Après la recherche du sujet, le photo-
journaliste doit regrouper l'ensemble des informations qui étayeront
son sujet. Une fois la phase préparatoire réalisée, le photojournaliste
va récolter cette information sous 3 ou 4 formes différentes: des infor-
mations écrites (pour les légendes), de l'audio (pour interview, légen-
des et texte), des photos et/ou des vidéos. Le tout est édité et monté
encapsulé dans un format vidéo standard prêt à diffuser.
Lemodèleéconomiquedelaproductionmultimédiaprofitesdecette
diversité des sources d'informations et du format de diffusion pour
multiplier les chances de placement auprès des nouveaux et anciens
médias.Ainsi,s'ilestindispensablepourunphotographedeconserver
le modèle "classique" de placement de ses images auprès des médias
print, il pourra diversifier vers le web et les autres médias sa produc-
tion en choisissant de déstructurer son produit fini et d'adapter son
offre en fonction du media prêt à l'acheter ( au choix text/photo,
text/video, audio/photo/text, ou text/audio par ex).
On pourra décliner les supports medias comme suit:
•	 les Blogs, et autres sites spécialisé ou généraliste qui fleurissent et
son ouvert à ce genre de production.
•	 le podcast video ou audio, relayé par les portables type iphone,
blackberry, Kindle ou la future probable nouvelle tablette Apple.
•	 le DVD, auto-édité ou édité par un tiers
•	 latéléphoniemobileetlestreamingvideovialesprovidersdecon-
tenu type Orange ou Vodafone
•	 le film ou les expositions
Cherchez l'inspiration, éduquez votre regard.
Commetoutnouveaudébouché,laproductionmultimédiademande
formation et analyse. Recherchez, écoutez et lisez ce qu'il se fait par-
tout. Malheureusement, le concept ne fait que de timides apparitions
en France sous des appellations parfois assez énigmatiques (Pom).
Préférezlessitesanglo-saxons,largementmieuxdocumentésetinfini-
ment plus dynamiques.
Je vous conseille les sites suivant parmi tant d'autres, ainsi que bulb.
En Grande Bretagne:
Duckrabbit, production,
http://duckrabbit.info
Bombay Flying Club, production,
http://www.bombayfc.com/
Aux Etats Unis:
Mediastorm, production, http://mediastorm.org
the Multimedia Shooter, ressources, http://www.multimediashooter.
com/wp/
InnovativeInteractivity,ressources,http://www.innovativeinteractivity.
com/
France:
Digital Story telling, ressources, http://www.digital-storytelling.org
Update: A étudier, les productions multimedia réalisé par les photo-
journalistes du Eddie Adams Workshop edition 2009. Soyez curieux,
visitez les archives. It's Not Over Yet, Man (Tie Dye Team, 2009) from
Eddie Adams Workshop on Vimeo.
October 14, 2009
37
Sortir du cadre: Photojournalisme Open (re)sources
Financer le photojournalisme. Un défit, une question majeure au cen-
tredespréoccupationsdetouslesprofessionnels.Produireenspécula-
tion, partir à ses frais, tenter le coup de poker en espérant accrocher
un magazine, voilà la stratégie de nombre d'entre nous. Une relation
systématique, un lien pathologique, la presse, grande malade, con-
tamine ses pairs et assèche l'offre et l'originalité. Car au fond, le pho-
tojournaliste est un sous traitant. Ses relations professionnelles, il les
construits avec les rédactions, les NGO ou les clients corporate. Une
relation B2B comme on dit, business to business.
Et ce ne sont pas les dernières évolutions que connaissent notre mé-
tier qui apportent une solution à ce modèle. L'apparition du webdoc
et son développement - que je supporte avec force - ne résout pas le
problèmedufinancement.Enréalité,ill'accentuetantl'investissement
pour un webdoc solide semble important (Samuel Bolendorf évoque
un coût de 50.000 à 80.000 euros - à 8'08 sur vidéo France 24).
Viennent s'implémenter deux facteurs aggravants. La dévalorisation
de l'information et sa désaffection - dans sa forme actuelle - de la
part du public. La culture web a détrôné la culture pub, ce qui ce ven-
dait avant est aujourd'hui exigé gratuitement . La photographie - et le
journalisme-prenddepleinfouetcetteculturedu"free"etdégringole
dansl'échelledesvaleurs.Pluspersonnen'imaginelecoûtd'unreport-
age en Guinée pour suivre Moussa Dadis Camara, ou à Dong-Feng, la
villedesmoinesShaolin.D'ailleurs,onimaginepasnonplusqu'ilpuisse
y avoir un coût de production pour un sujet à Calais sur le démantèle-
ment de la "Jungle". Un mal qui atteint même la profession où il n'est
pas rare de voir pratiqué des tarifs de piges couvrant parfois à peine
le 5ème de l'investissement nécessaire pour effectuer un reportage!
Le photojournalisme respire avec une moitiée de poumon et
s'asphyxie lentement.
Du B2B au B2C, la solution du crowdfunding.
Ouh là! Sacré titre, à y regarder de près, l'intitulé est presque incom-
préhensible, désolé, je n'ai pourtant pas trouvé mieux pour exprimer
clairementl'idéequejevoussoumets.B2B,businesstobusiness,lepho-
tographedépendd'unerelationexclusiveavecuncommanditairequi
a le pouvoir de dire oui (mais plutôt non, en ce moment).
B2C, business to consumer, le photographe retourne vers le lecteur,
sur le web, et fait de lui son principal actionnaire.
EnreprenantànotrecompteladevisedusitePropublica.org"Journal-
isminpublicinterest"etenyajoutantunetouched'interactivitésociale
on débouche sur un nouveau modèle . J'ai fait la découverte de cette
idéeenlisantleNiemanJournalismLabetsonpapiersurlesiteSpot.us.
Le modèle: faire appel aux lecteurs pour financer les sujets. David
Cohn à l'initiative du projet, s'est inspiré des médias sociaux genre
twitteretfacebook,saupoudréd'unoudeuxconceptsàlaSethGodin
pour créer un site participatif où le public finance les propositions de
reportagesdejournalistesàSanFrancisco.Lemodèlesemblerencon-
trer un certain succès puisque cet ex deWired étend le concept à Los
Angeles.
Mettre le lecteur au coeur du système, c'est rétablir un équilibre dans
la perception du public. En finançant, il prend conscience du coût de
l'information, apprend à évaluer le prix d'un sujet, valorise à nouveau
le travail du photojournaliste. En supportant une histoire, il recrée le
lien-perdudepuislongtemps-aveclephotographe(etlejournaliste,
pour peu qu'il adhère au modèle). C'est la confiance qui gagne, la ré
appropriation de l'outil dans l'intérêt de tous - industrie et lecteurs.
Coté photojournaliste, c'est aussi l'assurance de réaliser un sujet qui
a déjà trouvé un public (puisqu'il finance, c'est qu'il adhère), de se
détacher de la dictature éditoriale de rédactions trop frileuses, ou
tout du moins de retrouver un poids face aux publications, justifié par
un soutien public, et de détourner l'éternel poncif du "ça n'intéresse
personne". Enfin, c'est assurer une seconde vie aux photos à travers
tirages et produits dérivés. A terme, il n'est pas interdit d'imaginer
l'évolution de la plate-forme, où le lecteur pourra, en plus d'une con-
tribution financière, apporter une contribution éditoriale, des idées,
des ressources pour aider le photographe à réaliser un sujet "sur
mesure" pour un public "sur mesure".
Photojournalisme Open (re)Source.
Le photojournalisme a déjà connu ses révolutions. La création de
l'agence Magnum en 1947 par Robert Capa, Henri Cartier-Bresson,
George Rodger et David Seymour vise à redonner le contrôle des
images et de la structure aux photographes (qui auparavant étaient
des salariés anonymes de journaux). Les fondateurs de Gamma re-
prennent à leur compte l'idée Magnum. Leur but : ne plus être salarié,
tout partager à égalité, les frais et les recettes des reportages qu'eux-
mêmes décideraient de réaliser (Cf LaVie.fr).
Comment aujourd'hui reprendre le rêve où il s'est arrêté?
En intégrant le public et les nouvelles technologies dans l'équation,
pour qu'ils soutiennent un photojournalisme vif et indépendant.
C'est ici qu'intervient deux nouveaux acteurs:
Interfacesbienvivantesentrephotojournalismeetpublicavided'infos,
les festivals à travers le monde ont un rôle majeur à jouer dans ce
nouveau modèle. Le prix Bayeux,Visa pour l'image ou les Rencontres
d'Arles, entre autres, drainent à eux un public sensible et passionné
parlaphotographie,curieuxdedécouvrirlesreportagesoulesréflex-
ionsdesphotographesetphotojournalistesfrançaisetétrangers.Près
de 200.000 spectateurs pour Visa, et 150 expositions. Près de 72.000
visiteurs pour les Rencontres d'Arles, +20% d'augmentation par rap-
38
port à 2008 qui avait déjà reçu près de 60.000 visiteurs, et 66 expo-
sitions. Sans oublier Bayeux et le succès de ses expositions et de ses
rencontres, comme le raconte Alain Mingam. Le public est au rendez
vous, il cherche l'info et demande à voir. A cela s'ajoute l'audience
gagnée chaque année grâce à une couverture médiatique de plus en
plus abondante par la presse française et étrangère.
Véritablefourmilièred'innovationsentousgenres,Internetestégale-
ment le repère (au bon sens du terme) de développeurs de génie
entièrement dédiés à leur art. Wikipédia Mozilla ou Wordpress par
exemple, projets collaboratifs, sont tous nés de ce foisonnement de
créativité numérique et sont tous supportés par une communauté
bénévole extrêmement active et imaginative.
Si les premiers promeuvent par le biais de leurs manifestations le site
développéparlesseconds,onaboutitàuneplate-formenovatriceen-
tièrementdédiéeauphotojournalisme,àsapromotionetsonfinance-
mentverslaquellelegrandpublicpeutsetournerpourprolongerson
expérience des festivals.
Pas de "puissance publique" salvatrice, pas d'entreprise mécène,
c'est bien le public, le lectorat, les gens réellement concerné qui
s'investissent et deviennent actionnaires. On dépasse le journalisme
citoyen pour entrer dans l'ère du journalisme pour les citoyens.
Reste la question de la gestion de ce type de plate-forme. Une associ-
ationréunissantlesprincipauxacteursduprojets(festivalsetgroupe-
ments de photographes) ainsi qu' un ou des représentants de la com-
munautéinternautes/lecteurs/contributeurs,pourraitgéreràmoindre
frais et aisément ce type d'initiative.
DansuneinterviewdonnéàEvene.frenseptembredernier,JeanFran-
çois Leroy - directeur du FestivalVisa - nous avoue: "jamais quelqu'un
n'est venu me voir pour me proposer de financer un journal. Parce
que le vrai problème, c'est tout simplement l'argent." Peut être que
lephotojournalismen'apasbesoind'unénièmemagazinemaisd'une
solution plus durable fondée sur un modèle radicalement différent.
Peut être que la proposition d'avenir ne passe pas par un seul homme
maisparunecommunauté,etpeutêtreest-iltempsdedemanderaux
gensdevenirparticiperavecnousàlaconstructiondequelquechose
de différent, de plus grand, pour cette fois, apporter une réponse
concrèteauquestionnementsdupublicetauxattentesdesphotojour-
nalistes.
Évidement, je n'ai pas la prétention de présenter LA solution qui ré-
gleradéfinitivementleproblèmedufinancementduphotojournalisme,
maisjesuisfermementconvaincuquecemodèleestuneréelleoppor-
tunité pour nous tous.
Il règle nombre de problèmes récurrents dont la profession souffre,
il ne crée pas de problématique majeure, et est facilement réalisable,
pour peu que chacun y montre volonté et détermination. Aussi je
lanceunappelàvoustous,peutêtrepourrionscommenceràéchang-
er des idées ici. Peut être connaissez-vous des développeurs, des web
designers prêts à se lancer dans ce projet. Peut être avec vous en-
vie de compléter, critiquer ou amender cette proposition. Peut être
même, que vous - à la tête des festivals - trouvez cette idée intéres-
sante et désirez la mettre en œuvre. Cessons de subir, reprenons les
rennes et sauvons, vraiment, le photojournalisme.
UPDATE: Une petite mise à jour de ce post (remarqué par Medi-
apart entre autre, j'en suis ravi) pour vous donner quelques liens en
référence à mon propos. Des sites qui pourraient inspirer cette plate-
forme de financement du photojournalisme. A voir donc:
The Point, make something happen, http://www.thepoint.com
Slice the Pie, Help yourself to a piece of music industry,
http://www.slicethepie.com/
Zopa, the market place, http://uk.zopa.com/ZopaWeb/
Le système de "The point" est de loin le plus semblable et le plus
aboutit pour s'adapter dans l'esprit au monde du photojournalisme,
mais bien d'autres idées de Slice the Pie, ou de Zopa peuvent être ap-
pliquée.
Et vous, avez-vous de bons tuyaux à donner?
October 16, 2009
39
Sortir du cadre: Photojournalisme, la nouvelle musique
Aprés avoir présenté une nouvelle voie pour financer le photojour-
nalisme dans "Sortir du cadre: Photojournalisme Open(re)sourc-
es", je vous propose de continuer à chercher quel sera le futur du
photojournalisme.
Aucoursdemesdiscussionsavecquelquescollèguesphotojournalistes
je me suis aperçu qu'un trait commun nous unissait tous. Nous som-
mes tous des passagers du Titanic atteints du syndrome de Stock-
holm.
Nous connaissons tous l'histoire selon laquelle - sur le pont duTitanic
- un orchestre continua de jouer jusqu'aux ultimes moments du nau-
frage, réfugié dans une sorte de déni de réalité, espérant secrètement
un redressement de la situation pourtant scellée.
Les premières classes refusèrent dans les premiers temps de consi-
dérer le naufrage, abusées par la taille et la réputation du navire, alors
mêmequelesclassesdespontsinférieurssenoyaientsanspouvoirac-
céder aux issues de secours. Cela vous rappelle quelque chose? Cer-
tainement. A ceci près que - dans notre cas - les classes des ponts in-
férieurs, au lieu de chercher les issues de secours, se réjouissent d'être
embarqués dans ce beau navire et regardent, en grommelant, l'eau
monter doucement. Le syndrome de Stockholm décrit pour la pre-
mière fois en 1978 par le psychiatre américain F. Ochberg, désigne "la
propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers
à développer une empathie, voire une sympathie, ou une contagion
émotionnelle avec ces derniers." On appreciera.
Derrièrelasymbolique,c'estleschémacompletdenotreorganisation
économique qui est à revoir si l'on souhaite sauver le photojournal-
isme.Jeneparlepasdel'initiativedesphotojournalistes,decetteforce
personnellequinouspousseàpartirphotographierlesévènementsde
cemonde,cetteénergiebienvivantequinousprojettedansl'actualité.
Non. Je parle bien de la capacité du photojournalisme à trouver les
modèles économiques qui permettront de concrétiser et soutenir fi-
nancièrement cette mission d'information qui est la nôtre.
Cette révolution de mentalité, nécessaire pour créer les conditions
d'unphotojournalisme"durable" passecertainementparlarecherche
qualitative-commelesouligneJackZiblukdel'UniversitédeJournal-
ismedel'Arkansas-l'adoptiondesnouvellestechnologiescommepart
intégrante du journalisme, et l'émancipation de l'industrie et de ses
Titanics.
Fuyons le navire, construisons nos radeaux de
sauvetage.
Il est assez étonnant de constater que lorsqu'on demande aux étudi-
ants journalistes, quel est selon eux le média dans lequel ils souhait-
ent voir leur travail publié, la majorité évoque le New York Times,
Paris Match, Stern, Le Monde etc...Tous désignent ces médias parfois
séculaires, dont la crise actuelle mets en lumière à la fois la précarité
et l'obsolescence du modèle. Professeur à la NYU, Clay Shirky anal-
yse pour le Shorenstein Center on the Press, Politics and Public Policy
ce qui peut être considéré comme la fin des médias traditionnels, ces
grands vaisseaux aux cohortes de salariés toutes dévolues à la cause
du journalisme (à lire et voir sur le site Niemanlab.org). Selon Shirky,
unebascules'estopéréecesdernièresannéesdanslafaçonqu'ontles
populationsdeconsommerl'information.Cechangementsurvienten
partie grâce à l'émergence des réseaux sociaux (twitter et facebook
notamment)etaudécouplagedeladynamiquepresse/publicité.Une
bascule qui remet en question le mode de fonctionnement vertical
et le quasi monopole des groupes de presse et replace au centre du
système le consommateur, qui devient par ailleurs auteur et diffuseur
d'information. C'est l'avènement des micro structures et la décompo-
sition des conglomérats. Signe des temps, les géants d'hier lourds et
rigides ne semblent plus avoir de place dans notre futur, et pourtant,
rassuré par leur présence et leur force nous nous attachons à vouloir
les garder en vie.
Photojournalistes, nous nous indignons de la mort (relative) de Gam-
ma, de la disparition de Grazia Neri, des licenciements successifs chez
Corbis et Getty. La vérité, c'est que prostré dans la nostalgie d'une
époque disparue avec l'arrivée d'Internet, nous cultivons avec joie
notresyndromedeStockholm. Alorsmêmequelesagencesfaillissent
à vendre nos images à un prix correct, que les journaux et magazines
diminuent leurs achats comme nos parutions et augmentent la pres-
sion pour avoir toujours plus à des tarifs de plus en plus faibles, nous
restons attachés à ces noms mythiques, hypnotisés par leur grandeur
passée, victimes consentantes de leur dérives managériales. Il est
temps aujourd'hui de sortir de la paralysie et de nous construire un
avenir.
L'avenir du photojournalisme ne passera pas par un patch maladroit
posésuruneentreprisecrééepourdesbesoinsduXXèmesiècle,mais
par la création de structures adaptées au marché du XXIème siècle.
Une solution du coté des violons.
La crise que nous traversons aujourd'hui n'est pas la crise du photo-
journalisme, c'est la crise des journaux. Dans cette recherche de vent
frais, ce n'est pas la sauvegarde des parutions qui est importante,
mais celle des rédactions. Pas celle des agences, mais des photogra-
phes. Si David Carr dans son article "A Newsroom Subsidized? Minds
Reel" (New York Times October 18, 2009) donne quelques voies à
explorer et notamment, prône une intervention des pouvoirs publics
dans le financement de l'information ou si Umair Haque dans "the
New(new) Media economy" (Harvard Business Publishing, October
14, 2009) défend que c'est la qualité qui financera le journalisme de
demain, il est clair qu'un nouveau modèle passe par une ouverture
40
des structures aux lecteurs et à une mise en avant d'un contenu
d'exception.Mieux,enobservantlesindustriesvoisines-égalementen
crise - nous pourrions d'ores et déjà adapter des solutions innovantes
à des problèmes similaires.
Ainsi, nous serions bien inspirés de nous pencher sur les tentatives
de l'industrie du disque pour dégager nos propres solutions. Déjà
l'agenceVII annonce en septembre dernier avoir engagé un nouveau
directeur en charge des projets et des partenariats, Ian Ginsberg,
issu de l'industrie du disque (BJP, September 30, 2009) et fort d'une
expérience de près de 10 ans dans ce secteur profondément en crise.
L'idée pour les membres de l'agence est d'user de l'expérience de
Ginsberg - témoin de l'effondrement de l'industrie musicale - pour
adapter les solutions imaginées dans un autre secteur à celui du
photojournalisme. J'évoquais dans mon avant dernier post la néces-
sité pour les photojournalistes de s'ouvrir au lecteurs et de créer une
structure de financement par contribution individuelle.L'exemple de
"My Major Company", constitue une nouveauté dans le paysage de la
production musicale. Le label permet à tout à chacun de contribuer
à la production d'un artiste, et à tout artiste de se faire produire. La
distribution physique et digitale revenant quant à elle à Warner Mu-
sic.Lemêmeconceptsedéclineoutremancheavec"Slicethepie.com"
qui permet aux artistes de lever des fonds auprès d'investisseurs et
de fans. On saisi vite l'intérêt d'un tel concept, échapper aux majors
étouffantes tout en élargissant une base de fidèles supporters.
Évoluer ou mourir.
C'est autour d'une plateforme hybride que se dessine le futur du
financement et de la distribution du photojournalisme ou de la pho-
tographiedocumentaire.Laproblématiqueàlaquellenousfaisonsface
aujourd'hui s'articule à la fois autour du découplage photographe/
publication et du défaut de prise directe avec notre audience. Les uns
ne financent plus que marginalement la production de photo report-
ages - le relais de ce financement jadis endossé par la presse étant
repris par les ONG - les autres n'accèdent plus aux reportages mal-
gré tout produits, faute de parutions. La concurrence du flux con-
tinu d'images (via Associated Press, Reuters l'Agence France Presse)
produit par un staff suréquipé et hyper concurrentiel, et la déflation
des prix de ventes des images fournies par les agences "magazine"
achèvent de creuser l'écart entre nous.
Alors quel modèle? Les agences photo "people" montrent la voie. Ce
que Splashnews.com et X17 ont compris avant bien d'autres c'est la
façondontInternetfonctionneetenparticulierlebénéficedecréerun
contenu riche adossé à une plateforme de distribution. Ces agences
financent, entre autre, leur activité par les revenus publicitaires gé-
nérés par le trafic de visiteurs qui viennent sur ces sites pour obtenir
de l'information spécialisée "people".
Les sites spot.us et thepoint.com amènent l'aspect contributif des
lecteursdansunmodèlequipeineàrejoindresonlectorat.Unmodèle
qui - étonnement - se plait à travailler pour la gloire ou pour le lector-
atmaisrefusedepuislongtempsàintégrerlelecteurdansleprocessus
d'élaboration de l'information.
La maison du photographe, demain, sera une coopérative à la sig-
nature forte, ancrée sur le net, ouverte aux lecteurs et financée en
partie par eux, donc connectée aux réseau sociaux, profondément
multimédia, libérée des contraintes des agences historiques.
La maison du photographe sera une ruche technologique ou les his-
toiresdumondeanalogiqueconvergerontpourexisterdanslemonde
numérique.
La maison du photographe, l'agence, le collectif, la coopérative,
n'existe pas encore. Quelles sont vos idées pour créer cette maison?
October 30, 2009
41
Sortir du cadre: What would Google do?
Après avoir présenté de nouveaux modèles sur lequel construire le
photojournalisme de demain dans “Sortir du cadre: Photojournal-
isme, la nouvelle musique", je vous propose de continuer à chercher
quel sera le futur du photojournalisme.
DepassageenFrancej'aieul'occasiondediscuteravecquelquesamis
photographes de ce que l'avenir nous réservait. Sans surprise, tous
m'ont décrit un futur sombre dans lequel nombre d'entre eux sem-
blaientnepastrouverleurplace.Evidement,lorsqu'onconsidèrel'état
de la presse écrite en cette fin d'année 2009, il est évident qu'on ne
peutqueseposerlaquestiondelapérénitédenotrebelleprofession.
Une question qui en sous entends une autre: que faisons nous pour
éviter le pire? Quelle innovation structurelle apportons nous à notre
"industrie" pour la renouveler, quelle expérimentation géniale, quel
concept, quelle idée pourrait renverser la situation - ou tout du moins
- l'améliorer.
Professeur à la New York University, Jeff Jarvis - qui étudie les nou-
veaux modèles économiques liés à la presse de demain - pose la
question que nous devrions tous désormais nous poser: What would
Google do?
Que ferai Sergueï Brin et Larry Page s'ils devaient inventer le business
model du photojournalisme d'aujourd'hui?
Je ne vous donnerai pas ma réponse aujourd'hui, dans ce post, il fau-
dra attendre un peu pour cela, tant la tache est compliqué dès lors
qu'il s'agit de repenser un modèle, sinon de s'en éloigner pour dével-
opper une structure radicalement différente de ce que nous connais-
sons.
Mais la question mérite de vous être posée.Vous autres amis photog-
raphes/photojournalistes,vousavezsurementunavisouuneintuition
sur ce qui pourrait être fait. Vous devez certainement, entre vous, au-
tour d'un café refaire le monde du photojournalisme et vous dire que
ceci ou cela ne fonctionne pas et qu'il faudrait changer cette façon de
faire.
Vous devez certainement porter en vous ce que Brin et Page avaient
en eux lorsqu'ils ont envisagé de se lancer sur le marché des moteurs
de recherche.
Si vous ne vous vous posez pas la question, qu'attendez vous pour le
faire?
Que ferai Google à notre place?
Le modèle Google n'est pas LE modèle à reproduire. C'est
l'energie Google qu'il faut s'attacher à reproduire. Cette recherche
d'innovation, ce modèle de pensée qui - qu'on aime on qu'on aime
pas - a fait de Google la référence mondiale qu'elle est aujourd'hui.
La révolution d'une profession, le bouleversement d'une industrie ne
se limite pas à la simple évolution technologique. Ce ne sont pas les
webdocs qui nous sauverons seuls du marasme économique dans
lequel nous nous trouvons - d'autant moins si l'on continue de croire
qu'il faut débourser 50.000 euros pour réaliser une bonne production
multimédia.Lasolution-maisc'estprobablementlàquerésideégale-
ment la principale difficulté - passe par un changement de mentalité,
une vision nouvelle, la recherche créatrice et la catalyse des idées.
Rendons nous ce service, demain au réveil, demandons nous ce que
Google ferai à notre place.
November 16, 2009
42
Sortir du Cadre: What would Google do? (part 2)
Après avoir repris la question de Jeff Jarvis "What would Google
do?", je vous propose de continuer à chercher quel sera le futur du
photojournalisme.
L'idée de mon dernier post "Sortir du Cadre" était de soulever
l'épineuse question de l'innovation dont faisait preuve les acteurs
de notre industrie, et en premier lieu, nous, les photojournalistes.
Cette question de l'innovation - centrale à mes yeux pour espérer
s'émanciperducouplepresse/photographieetdesaléaséconomiques
qui le secoue - masquait en réalité une question peut être encore plus
importante: sommes nous prêts à changer?
L'adoption de telle ou telle technologie n'est pas en cause ici, et le
fait d'utiliserTwitter ou Facebook ou tout autre plateforme sociale ne
présage pas d'une bascule des mentalités, en revanche, ce change-
ment que j'évoque, tutoie d'avantage le modèle mythique sur lequel
nous avons construit notre imaginaire professionnel et se confronte
directement à l'ampleur du bouleversement.
J'aipumesurerd'ailleursàquelpointilestdifficiledefairecomprendre
que derrière la question "WWGD" ce n'est pas Google en tant que tel
quiestcitécommemodèleabsolu,maisl'espritdanslequellesfonda-
teurs Serguey Brin et Larry Page se sont inscrit à l'origine et duquel ils
ne sont jamais vraiment départi. Un esprit d'innovation, à contre cou-
rant des modèles et des pensées établies. Certes, Google aujourd'hui
estlamultinationalequel'onconnaitavecsesvolontéshégémoniques
de contrôle absolu sur l'univers du web, mais contrairement à Micro-
soft ou Coca Cola, Google s'est développée de façon quasi exponen-
tielle et à achevé son enfance avec une taille de géant en un temps
record. Ce que les autres ont mis 30 ans ou plus à construire, Google
n'en a mis que 11. On pourrait croire que le colosse soit aux pieds
d'argile,maiscontrairementàFacebookouTwitter,lasantédumoteur
de recherche est incomparablement supérieure et pour le coup, tout
à fait tangible. Un tel succès, si arrogant soit il pour certain, ne peut
traduire qu'une seule chose: aucun compétiteur n'a été en mesure de
fournir une solution aussi innovante que celle de Google.
C'est cette constante mise en avant de l'innovation qui a permis aux
jumelles du web de conserver cette avance.
Bon. A nous maintenant.
Durantladernièrequinzained'année...quelleaétélavéritablerévolu-
tion dans notre profession: le passage de l'argentique au numérique?
Le numérique a presque tout changé, mais n'a presque jamais été
un atout au développement de notre industrie, quand elle ne l'a pas
complètementplombée.Sinon...quoid'autre?Onacontinuéd'opérer
comme on opérait en 1950 sans ce soucier de l'environnement dans
lequel nous nous trouvions.
Alors oui, lorsqu'une industrie secouée par la crise depuis plus de 20
ans, subit - sans même parvenir à la comprendre tout à fait - la seule
et unique révolution de son histoire (trés) récente, ce n'est pas une
crised'identitémaisbienunecrisedecréativitéàlaquellenousfaisons
face.
Une question de choix
C'est bien une question de choix. Que faire alors? Blâmer Google,
le numérique et les pierres pour ce qu'on a pas su anticiper tout en
s'endormant doucement, vidés par une hémorragie fatale ? La belle
époque est finie, et notre imaginaire s'y accroche. Mieux, notre imagi-
nairecollectifdephotographecontinued'entretenirlemytheencélé-
brant les derniers reporters globe trotters, cassés, fauchés, mais telle-
ment libres.
Quoipenserdanscetuniversdetransformation?Faut-iltoutdétruire?
Tout casser, revenir à l'ancien temps ? Faut il revenir à l'époque du Be-
linoudutélégraphepourcontenternotreappétitdestabilitéetnotre
soif de pérennité? Eric Scherer nous pose la question:
Confrontés à la fin des incroyables années des baby-boomers, la ten-
tation est grande pour les patrons de presse, qui se croyaient immor-
tels, de jurer que le « balancier finira bien par revenir », d’ériger des
murs, de « faire rentrer le génie dans la bouteille », de reprendre la
main.
La volonté de « Restauration » d’un ordre ancien, alimenté par un
mouvement classique de « Contre-Réforme », fait son apparition. «
Ca tiendra bien jusqu’à ma retraite », « courbons le dos et attendons
le web3 », « informer, c’est un boulot de journalistes », « il n’y a pas de
révolution numérique », « qui se souvient des radios libres ? », « a-t-on
bien fait d’aller sur le web ? », entend-on aujourd’hui du haut en bas
de la hiérarchie d’un média traditionnel.
Nous ne pouvons plus glisser sous le tapis ce qui devient de plus en
plusévidentauxyeuxdetous.Lephotojournalismeestcondamnéàse
réformer ou à mourir.
Alors que faire? Probablement embrasser la convergence des médias
et faire des technologies émergentes nos meilleures armes. Cher-
cher l'hybridation des moyens de diffusions et des revenus, favoriser
l'entrepreneuriat,lerapprochemententretechniciensinformatiqueset
techniciensdel'informationpourcréerl'info-technique.Intégreràtous
les niveaux (photographes et agences) la part de net activité sociale -
croissante dans l'économie des liens - s'ouvrir aux autres, sortir de la
bulle B2B pour retourner vers le public, le lectorat, cette fraction de la
population drainée chaque été par les festivals de photojournalisme,
créer un lien entre eux et nous.
C'est un choix qui s'ouvre à nous et dont les implications ne sont pas
immédiatementévidentes,maisquioffrirontàcesecteurunevéritable
opportunitédeserégénéreretdecontinueràfairecequ'ilsaitfairede
mieux, raconter le monde en image.
43
Les pistes
2009 aura certainement été la pire des années pour la presse et pour
lemondeduphotojournalisme,uneannéedecrisequiavuunechute
de 25% des revenus publicitaires aux Etats Unis, et qui contrairement
à1929ouaupremierchocpétrolierde70,amorceuntournantdécisif
dans l'équilibre économique des médias qui ne retrouvera jamais son
étatinitial.Danscecontextel'émergencedenouvellestendancesn'est
pas un phénomène à ignorer d'autant plus qu'elles se confirmeront
très certainement dans le temps (sauf si 2012 s'avère être réellement
la fin du monde).
Ilnefallaitpasrésisteràlatransformationdenotremondeanalogique
en un monde numérique ni réfuter son impact sur nos économies et
en particulier dans notre secteur d'activité - c'est pourtant ce que
nous avons fait - il ne faudra pas ignorer les questions de l'innovation
et de la révolution si nous voulons nous en sortir. Plusieurs évolutions
sont soulignées par un certain nombre d'observateurs, ici aux Etats
Unis, et si toutes provoquent les même réaction de panique dans les
rangs de la presse Américaine, quelques unes d'entre elles sont ob-
servées, disséquées et analysées dans l'espoir d'y trouver la solution
miracle. Las, pas de solution seulement une révolution.
Clay Shirky dans son Here Comes Everybody: The Power of Organiz-
ing Without Organizations nous explique qu'aujourd'hui le pouvoir
revient aux masses, qu'Internet leur a donné les outils pour se passer
des structures d'encadrement tout en leur permettant d'agir plus ef-
ficacement. C'est la défiance du public à l'égard des institutions histo-
riques. Où nous plaçons nous en tant que photojournalistes, en tant
qu'agences? N'y a t'il pas là, matière à travailler, à chercher, à décou-
vrirdenouvellesfaçond'opérerenincluantd'avantagecettecommu-
nauté d'internautes citoyens dans nos structures ou notre workflow?
Jeff Howe dans Crowdsourcing: Why the Power of the Crowd Is Driv-
ingtheFutureofBusinesssuggèrequelestachesquiétaitjadisdévol-
uesàunecertainecatégoriedeprofessionnelsdésormaistrouventune
communautépluslargepourêtreaccomplies,c'estl'èredelacollabo-
ration de masse, de flickr, demotix et citizenside. Notre rôle de pho-
tojournaliste ne se réduit pas à faire de belles images d'actualité - les
amateurs passionnés le feront trés bien - mais peut être devons ren-
forcer notre capacité de tri, de vérification, de certification, de hiérar-
chisation,demiseenperspective,etdeprésentationdel’informationà
travers la photographie. Une tache qui d'après Eric Scherer dans "Que
reste t-il aux journalistes" demeure l'apanage des journalistes et "Un
atout encore « incopiable »."
Chris Anderson dansThe LongTail:Why the Future of Business Is Sell-
ing Less of More pense que les produits qui n’ont qu’un faible volume
de vente, peuvent collectivement représenter une part de marché
égale ou supérieure à celle des best-sellers, si les canaux de distribu-
tion peuvent proposer assez de choix, et créer la liaison permettant
de les découvrir (src wikipedia). Sur quels réseaux pouvont nous nous
appuyer collectivement pour faire découvrir le travail de tout à cha-
cun. PixPalace en est une forme, mais dans sa forme actuelle, elle ne
représente aucun avenir puisque radicalement coupée du reste du
monde numérique par un mur.
Enfin, comment comprendre qu'une industrie qui a si étroitement lié
saviabilitééconomiqueàuntypedesupport(lepapier)nesoitpasen
mesured'embrasserpleinementl'idéequ'ilestdésormaistempsdelier
sonaveniretsondéveloppementausupportdigitaletàsesnouvelles
opportunités? Le développement massif des ebooks genre "Kindle"
d'Amazon ou "Mac tablet" d'Apple nous pousse à réagir et à chercher
la meilleure façon d'exploiter ces supports pour nous adresser - enfin
-directementàuneaudiencequinenousrejettepas,maisquisimple-
ment ne nous connais pas.
Comment ignorer l'invention de Pranav Mistry - the SixthSense - qui
préfigure ce que sera le papier de demain, comment passer à coté
d'unereflexionquinousmènera-nousphotojournalistes-àdéployer
notre offre, notre talent et nos images sur ces plateformes. Comment
ignorer itunes et ne pas tenter de s'en inspirer et en réalité pourquoi
chercher à blâmer ce qui peut d'ores et déjà devenir une fantastique
porte de sortie à la crise que nous vivons. La peur peut être.
Je reste réaliste face aux challenges qui sont les nôtres, et rejette en
bloctoutangélismenaïfquiconsisteraiàcroirequ'aucund'entrenous
nesouffriradurantcettepériode.Beaucoupd'entrenousn'auronspas
la possibilité d'être sauvé des eaux, mais je continue de croire qu'une
démarche positive, tournée vers l'innovation et le changement vaut
mieux que de rester là à écouter l'orchestre jouer tandis que notre
navire coule inexorablement.
November 18, 2009
44
Sortir du Cadre: 2010 et la nouvelle décennie
Après avoir repris la question de Jeff Jarvis "What would Google
do? (part 2)", je vous propose de continuer à chercher quel sera le
futur du photojournalisme, mais cette fois, en 2010!
Fin d'année et heure des bilans. On s'embrasse en se promettant de
corriger nos erreurs, de reprendre a zéro ce que l''on pense avoir
rate.Lesmeilleursintentionssontaurendezvousdeminuitetdispara-
issent au petit matin dans une tasse de café noir.
La saison est donc a l'heure du bilan, AdamWestbrook reprend les 10
tendancesprincipalesselonluide2010,RossDawsonexpliqueensub-
stance quelles sont les stratégies a adopter pour créer le futur écosys-
tème médiatique, David Carr enfin explique dans son "After aYear of
Ruin, Some Hope" pour le NewYorkTimes que l'espoir se trouve dans
le marche de niche, l'hyperlocal et surtout l'innovation en soulignant
notammentledynamismedesétudiantsdel'EcoledeJournalismede
CUNY et leur travaux innovants, d'ailleurs récompensés dans le cadre
des cours de Journalisme Entreprenarial dispenses par Jeff Jarvis.
Et le photojournalisme?
Notre univers déjà bien tourmente se prépare a deux chocs successifs
pour l'année a venir, un bien et un mal, leYing et le yang de la photo.
Le premier - en termes de gravité - et probablement le plus dév-
astateur tient dans la stratégie de Getty Images qui proposera
désormais des tarifs imbattables aux éditeurs en échange d'un ap-
provisionnement exclusif chez le géant de la photo. L'analyse de Paul
Melcher, dans "The year of the Predator" vaut le détour mais pour
faire simple Getty a décidé de rentrer dans un magasin de porcelaine
avec un char d'assaut: objectif anéantir toute concurrence et agréger
la plus grande part de marché. Aidé par une conjoncture défavor-
able et un besoin féroce pour les magazines et journaux de faire des
économies sur tous les postes, cette stratégie va heurter à la fois les
petites agences comme les acteurs majeurs de l'industrie tels AP, AFP
& Reuters - et plus directement Corbis. Même si ces derniers sau-
ront mieux résister a l'agression- contrairement a leurs homologues
plus modestes - il n'en demeure pas moins que Getty cherche dans
l'ensemble a tenir sa position de leader par tous les moyens, même
les plus irresponsables. Pourtant force est de constater que Getty
reste de loin le seul acteur du marche capable de dicter sa volonté a
l'ensemble de la troupe et en cela, la firme de Seattle nous donne une
véritableleçon.Elleprofitedel'absencedeloianti-dumpingetsepro-
tège derrière la loi antitrust pour éviter de faire face à un front com-
muninfranchissable.Lesautresn'ontqu’àsouffrirensilenceetserésig-
nent à passer l'année la plus terrible de leur existence. Apres Gamma,
Grazia Neri, L'Oeil Public se déclare en cessation de paiement. Les
autressuivrontbientôt,mortellementfrappésparcetteconjonctionde
facteurs dévastateurs.
Pourtant l'espoir est la. Le second choc de l'année va être dans la
prolifération des "tablettes" numériques type Kindle d'Amazon, "iS-
late" d'Apple ou "Manhattan Project" de Time.inc . Une explosion des
terminaux qui se traduira par une migration massive des titres vers
ces nouvelles plateformes. Un transfert qui restera sans doute assez
classique dans la forme - le design des nouveaux "sites/magazines/
journaux"devantdansunpremiertempsaccompagnerlelecteurvers
la transition sans le heurter - mais qui implique que nous soyons en
mesuredenouspositionnersurcemarchéquivacertainementbénéfi-
cier d'un appel d'air du a la multiplication des supports et des sites.
Reste à savoir ce que nous pourrons offrir, comment et a quel prix et
si nous pourrons nous organiser?
Il nous faut désormais envisager le net comme une révolution d'hier,
un produit d'aujourd'hui et un mode de vie pour demain.
Multimédia ou photographie "traditionnelle", nous sommes déjà en
mesuredetouchercepublic,maisnousdevonsenrestaurerlesbases.
Rectifier le tir en termes de pratiques tarifaires et cesser de considérer
internet comme un sous-univers ou la règlementation en matière de
droitsintellectuelsetlestarifsderémunérationsontagéométrievari-
able , élaborer de nouveaux outils de mesure d'audience, utiliser des
outilsinnovantscommelesQRcodepour"protéger"etrenseignernos
images, unifier nos pratiques en matière de formatage d'information
et d'utilisation des champs IPTC, prendre notre autonomie, cesser de
supporter des structures vouées a disparaitre, créer de nouvelles en-
tités,éduquermassivementlegrandpublicetlesprofessionnels,sortir
de l'isolement, innover enfin!
Keyword for 2010: Innovation
Sans perdre de vue que le marché Européen n'est pas de la même
nature que le marché US, il n'en reste pas moins que l'innovation en
matière d'information et de news organisation va devenir le maitre
mot pour tous ceux qui voudront survivre à l'extinction de masse qui
se prépare. Les futurs entrepreneurs devront s'affranchir des modèles
et des tendances d'aujourd'hui, sortir de la spirale distributeur/ache-
teur, appréhender la photographie de presse non comme un produit
avendrepourunedestinationunique,maiscommeunvecteur,unca-
talyseur,unrévélateurdel'informationetappliquerdenouvellesrègles
de tarifications sur ces bases.
Mais attention aux pièges tentants. Si je reste un hardant défenseur
du multimédia, je suis de plus en plus farouchement opposé a cet
état d'esprit qui consiste à penser que nous y avons trouve la voie
du salut. Contrairement à Samuel Bollendorf, ce n'est pas le rap-
port cout de production/prix d'achat que je remets en cause. Je dirai
même que je trouve irresponsable de clamer - comme il le fait - a
qui veut l'entendre qu'une production multimédia coute 50.000 eu-
ros a produire et ne se vend quasiment pas, ce faisant, il décourage a
mon avis ceux tentes par l'aventure - et c'est bien plus grave de mon
45
pointdevueetsoustendl'idéebourgeoised'uneélitecapabled'atteindreunnirvanainterditaucommun
des mortel (merci la SCAM et le CNC de jouer les St Pierre) . Ce que je conteste c'est la nouveauté du
modèle économique. La réalité, c'est que nous venons chasser sur les terres de laTV sur un terrain de très
grandeconvergencemédiatique,pourtirernotreépingledujeuetsurvivreaucataclysme.VincentLaforet,
Robert Caplin et d'autres réalisent d'honorables productions, mais qui peinent a atteindre les standards
dequalitéTVetquipourl'instant(aumoinspourlesproductionspubliques)n'apportentrienentermede
narration. Chasser sur d'autres terres, même si c'est satisfaisant pour un temps, n'est pas une innovation.
Je ne prétends pas être détenteur de la solution, et ce ne sont pas ces commentaires qui changeront des
pratiques antédiluviennes destinées à disparaitre. En revanche, je vous invite à réfléchir a ce que pourrait
êtrela/lessolutions.Jevousinviteàreconquérircettepositiontropsouventlaisséevacantedenovateur,de
pionnier, d'avant-gardiste et en particulier, je m'adresse a cette génération 80's qui ne se rappelle pas ou
peudesTriXetdubarytémaisconnaittrèsbieninternetetsonuniversderepenserlephotojournalismeen
partant d'une page blanche.
Si je devais avoir un vœu à exprimer sur ce blog pour cette année, ce serait bien celui ci. De voir fleurir -
comme le dit Clay Shirky - un millier de fleurs et voir remplacé les fruits gâtés et trop vieux.
Bonne Année a tous et meilleurs voeux!
December 26, 2009
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Sortir du Cadre - Fr - par Gerald Holubowicz - Bulb

  • 2. 2 The death of journalism is bad for society, but we’ll be better off with less photojournalism. I won’t miss the self-important, self-congratulatory, hypocritical part of photojournalism at all. The industry has been a fraud for some time. We created an industry where photography is like big- game hunting. We created an industry of contests that reinforce a hyper- dramatic view of the world. Hyperbole is what makes the double spread (sells) and is also the picture that wins the contest. We end up with car- toons and concerned photographer myths (disclaimer: yes, there are photographers doing meaningful work) Of course I am worried about how I will make my living now, and I wor- ry for my friends and colleagues too, but I don’t really care about the fu- ture of photojournalism. The soul of it has been rotten for a while. Chris Anderson - Magnum “
  • 3. 3 sommaire p .4 Introduction PARTIE I p .7 La Crise du Support p .14 Photojournalisme p .17 Articulation du Modele PARTIE II p .20 Introduction p .21 Product & Process p .23 Cross & Trans Media p .25 Tous Editeurs p .27 Monetisation ANNEXES p .32-54 Sortir du Cadre 2009-2010 p .55 Schema p .56 Bio N.B: Cliquez sur le Menu pour vous rendre à la page souhaitée
  • 4. 4 2010 Sera probablement l’année durant laquelle la presse papier aura définitivement basculé, celle où le besoin d’innovation aura été le plus grand et ou les débats auront été les plus forts autour des questions liées au modèleéconomiqueetlamenacedesonobsolescence. Jamais la presse n’aura autant souffert, jamais les photojournalistes n’auront eu autant de difficultésàfinancerleursprojetsetàtémoigner.Jamaislesgensd’imageneseserontbat- tus sur autant de fronts, perdu autant d’énergie et de moyens à tenter de sauver leur peau. Présent,aucœurdesinnovationstechnologiques,tirailleentretraditionalisme,corporatisme etmodernisme.Lephotojournalisme,àpeineadolescent,rêvedeseréinventeretcherche encore son chemin. Être photographe, s’est écrire avec la lumière. Être photojournaliste c’est capter la lumière de la vérité. DepuisEnrichSalomon,lesensdenotreprofessionn’aguèrechangé.Leshéritiersduphoto- journalismequenoussommes,influencesparlaforcedestémoignagesd’époquesdésormais lointaines,continuentdeperpétuercetteartdevivreetd’êtrehumain.Témoignerdel’état de notre monde.
  • 5. 5 Cetémoignagevisuelavaitencore,ilyapeu,saplacedanslespagesdesmagazinesoudes quotidiens, sur les cimaises des galeries. Il appartient désormais au monde numérique. Cette formidable opportunité de développer nos histoires au-delà du simple médium en deux dimensions doit nous inciter à maitriser les nouveaux outils du net, à en chercher les débouchés et les opportunités, à changer le paradigme de la presse et tenter de nouvelles approches. Cemouvementderechercheetd’innovation,initiéparcertainsdesplusenvuedansnotre industrie,doitsetransformerenunélangénéralouchacund’entrenousdoitpouvoirjouer sonrôleetcontribueractivement.Lemodèletraditionnelestsurlepointdemouriretavec luidisparaitrontceuxd’entrenousquin’aurontpaseulecouragederéfléchiretd’agirpour changerlestatusquodanslequellephotojournalismesecompletdepuistroplongtemps. Cet effort de renouvellement ne doit pas être considéré comme un rejet du passé, de ses valeurs ni de son héritage. Au contraire, ce doit être un acte militant de préservation d’un métierquiaproduitparmilesplusgrandesetplusbellesimagesdenotrehistoireetcontinue d’éclairer le monde, à sa manière, sur ses dérives et ses plus beaux moments. G.H juillet 2010
  • 7. 7 Lesjournauxpoussentleursdernierssouffles.Unmouvementd’extinctioninexorable enFrance,enAngleterre,enEspagne,auxEtats-Unisquis’accélèreetprenddeplusen plus d’ampleur. Partout. Globalement,lacréationetladistributiondel’informationontétélargementaffectées par laTV et la radio, phénomène amplifié par un changement des habitudes du lec- toratetcebienavantl’apparitiond’internet.Depuisprèsde5ansetlamultiplication croissantedessourcesvalidesetgratuitesd’informationsurlatoile(qu’ellesémanent des journaux eux même, ou de nouvelles sources spécifiques àinternet) le déclin du lectoratetledécouplageentrepublicitairesetjournauxonteuunretentissementsans précédentsurlasanteéconomiquedelamajoritédesjournauxdel’OCDE.Apresdes annéesmarquéesparunerentabilitéexcellenteetdesrevenusenhausse,laplupart despublicationssesontretrouvéessoudainementfaceàunecompétitiondémultipliée etunebaissederevenuspublicitaires–longuementanalyseparClayShirkyetJeffJar- vis – jusque-là sans précédent. Sil’onobserveleschiffres,cesontlesdeuxtiersdespaysdel’OCDEquivoientfondre leuraudiencesignificativement.Spécialementchezlesjeunesdontonconstatequ’ils accordentmoinsd’intérêtàlapresseécritequeles35ansetplus.EnFrancesesontprès de 42% des lecteurs qui ont plus de 50ans (chiffres de 2008). La croissance de l’ensemble du marché de la presse quotidienne a d’ailleurs ralenti à partir de 2004 pour stagner en 2007 et partir à la baisse en 2008 et 2009 sur tous les segments de la P.Q à la P.Q.R, touchant avec virulence les Quotidiens Nationaux GénéralistesetlesLocaux.QuecesoitauxEtatsUnis,enFrance,enItalieenGrèceou en Espagne. A - la crise du Support
  • 8. 8 • En France des facteurs structurels – manque de capitaux, couts exorbitants de l’impression et de la distribution (du fait du quasi-monopole des NMPP et de la faiblesseduportageprive),revenuspublicitairefaibles–ontplombeslesecteurdela pressequotidiennedontlesventesontcommencéàdéclinerdèslesannées60.Une baisse de consommation confirmée lorsqu’on considère la part de la presse dans le budget annuel des foyers français qui est passe loin derrière la téléphonie mobile et internetcesdernièresannées.Derécentesétudesmontrentenoutrequeledéclindes ventes au numéro s’accélère entre 2006 et 2007, pour reculer de -2.3% en 2008 par rapportàl’annéeprécédenteet-16%depuis2000.Lesplusdurementtouchéssontles titresnationauxavecunebaissede4%desventes,etdesrevenustirésdespetitesan- noncescomposesseulementàhauteurde6%(contre26%en1990).LeMonderécem- mentreprisparletrioBergé-Pigasse-Nielaparticulièrementsouffertdecettebaisse derevenusconstantsetdevientlepremierquotidienNationalderéférence àfriserle dépôtdebilan.Ceschiffressontàmettreenbalanceaveclesrelativesbonnesperfor- mancesdesquotidiensrégionauxetlocaux–quirésistentmieuxqueleurhomologues Européens – et ne reculent que de 1.2% en 2008.
  • 9. 9 • Aux Etats Unis : Le lectorat est en déclin constant dans tous les secteurs de la population.Leschiffressontéloquents,en1960,prèsde81%desAméricainslisaient quotidiennementlapresse.En2008,ceuxquiavouaientencorelirelesnews (papier etinternetconfondu)nereprésentaientque30%delapopulationaprèsunechutede 8% entre 2006 et 2008. Pertedelectorat,maiségalementdésintérêtdeslecteurs puisqu’unAméricainpasse moins de 165 heures/an (-20heures /an) à lire la presse, ce qui en comparaison des heurespasséesàregarderlaTV(1022heures/an–environ2.8parjour)nereprésente quasiment rien. Cote revenus, la pub qui constitue 80% des revenus des journaux à recule de près de 28% et de près de 12% sur le web ces deux dernières années. Ce sontplusde10milliardsdemanqueàgagnerpourleséditeursquisesontretrouvés confrontesàl’unedesplusgravescrisesdeleurhistoireetaconduitdesquotidiens– pourtantprimésetparticulièrementdynamiquescommeleRockyMountainNews–à fermer leurs portes.
  • 10. 10 Les raisons de cette crise, Clay Shirky, professeur à la New York University, en fait l’analyse.Selonlui,laprincipaleraisontientdel’émergenced’internet,nonpasentant que concurrent direct de la presse, mais comme plateforme d’échange mondial. La révolutionqu’aapportéleréseautientdanssacapacitéàconnecterlesindividusetà faciliter la transmission d’information. Ce qui était jadis la chasse gardée d’un groupe de privilégiés ne l’est désormais plus. L’information appartient à tout le monde et la presse écrite n’a plus le monopole de la diffusion de cette information. Les conditions qui avaient créé, soutenu et fi- nancé l’essort de la presse au 19eme et 20eme siècle sont en train de se déliter, de la même façon que l’ère industrielle cède sa place à l’ère post industrielle, les modèles économiques précédent ne s’appliquent plus à l’environnement présent. “…it was an accident. There was a set of forces that made that possible. And they weren’t deep truths — the commercial success of newspapers and their linking of that to accountability journalism wasn’t a deep truth about reality.“ Lafacilitationdescommunications,lapossibilitédeciblerdespublicsplusrestreints maiségalementplusréceptifsauxmessagespublicitairesdesannonceursontégale- mentcontribueàladilutiondesrevenusliesàlapub.Lesannoncespayantessesont égalementéchappéd’unsystèmeillogiquequireposaitsurleprésupposéqu’unindividu cherchantunevoitured’occasionétaitégalementintéresséparlacrisedesmissilesà Cuba, la dernière expo à la mode et les pages de mots croisés. Best Buy was not willing to support the Baghdad bureau because Best Buy cared about news from Baghdad. They just didn’t have any other good choices. » “
  • 11. 11 Lacombinaisondecesdeuxprincipauxfacteurs–pertemassivedesrevenustradition- nelsetapparitiondenouveauxoutilsdepropagationdel’information–ontcontribué àlapériclitationdesmodèleséconomiquescontemporains.Pourautant,denouveaux modèlesnesontpasapparuspourremplacerceuxquel’onsaitdésormaisobsolètes. Bien au contraire. Commeunlapinprisdanslespharesd’unevoiture,figeparlapeur,leséditeursn’ont passuanticiperlamutation.Endépitdesanalysesréaliséesdepuisprèsd’unedizaine d’années,condamnantlapresseécriteàlamutationouàlamort,aucuneréactionn’a étéplanifiée. Aujourd’huiceuxd’entreeuxquisedécidentenfinàprendreletournant lefontavecretardetlenteur,incrédulesfaceàl’ampleurdubouleversementauquelils sont confrontés. Preuveenestl’initiativedeRuppertMurdochdecréerunmurpayantpourl’ensemble desespublicationssurlenet-priseseulementen2009,pasencoremiseenplaceàce jour-etlesannoncesduNYTetd’autresquotidiensd’importancedesuivrelemouve- ment, plusieurs mois après Murdoch. FaceàunmondedigitalrégitparlesconjecturesdeMoore,lemondedupapiertraine àprendrelesdécisionsindispensablesàlatransitionnumériqueetperdchaquejour l’opportunitédesauverunefractiondecequ’ilestaujourd’hui.Shirkydeclareclaire- ment : I think a bad thing is going to happen, right? And it’s amazing to me how much, in a conversation conducted by adults, the possibil- ity that maybe things are just going to get a lot worse for a while does not seem to be something people are taking seriously. (…) I don’t think there’s any way we can get out of that kind of thing. So I think we are headed into a long trough of decline in account- ability journalism, because the old models are breaking faster than the new models can be put into place. “ “There is so much media now with the Internet and people, and so easy and so cheap to start a newspaper or start a magazine, there’s just millions of voices and people want to be heard.” Ruppert Murdoch
  • 12. 12 L’apparition des tablettes avec le premier modèle du genre créé par Apple préfig- uredelaprochainegénérationdesupports,alternativecrédibleaupapierd’iciaune dizained’annéesetnécessitedelapartdeséditeursuneremiseenquestioncomplète de leurs objectifs éditoriaux et économiques. Car si le modèle parait séduisant – application contrôlée et tarifée, environnement classiquedelecture–ilinnovepeu,nefaitguèrecasdestendancesactuellesdunet– gratuiteetinteractivitécroissante–etmaintientl’ensembledusecteurdansl’illusion d’un retour progressif à la normale prévenant du même coup la mise en place des mécanismesdedéfenseessentiels,lamiseenplacedesstructuresderechercheetde prospectiveindispensablespourcréerunenvironnementéconomiquementviableet durable. Hors,mêmes’ilestpeuprobablequ’Internetdemeurecomplètementgratuitetpour- suive son évolution selon le même schéma qu’aujourd’hui, il est tout à fait crédible d’imaginerunesituationhybrideoulegratuitetlepayantsecôtoierontdansunéco- systèmeradicalementplusdynamiqueetcompétitifoul’informationneseraguèreplus lapropriétédequiquecesoitmaisunproduitbrutquechacunraffineraplusoumoins bien, plus ou moins gratuitement. Des lors, il convient d’ores et déjà aux différents acteurs de trouver les canaux de monétisationquiluipermettrontdesubsister.Carlesinternautescontinuerontdepré- férer le contenu gratuit au payant surtout si ce dernier n’apporte rien de fondamen- talementdiffèrentenregardducontenugratuit.Sanslecontenuadéquatpermettant d’attirerunlectoratpeutplusrestreintmaisprêtàpayerpouruneinformationinédite, une analyse exclusive, un contenu réserve.
  • 13. 13 Cette période de recherche et d’expérimentation risque de se prolonger d’autant plusquelesmoyensintellectuelsetfinanciersdédiésàlarecherchedecesnouvelles stratégies de financement sont faibles ou retardes par conservatisme, idéologie ou aveuglement. A ce titre, si le réveil de la presse papier se fait tardivement – mais après tout, mieux vaut tard que jamais - on peut constater que le réveil du monde de la photographie et en particulier du photojournalisme est loin d’être entame, si ce n’est par quelques expérimentationsencorebientimidesicietlàpardesacteursdontl’énergieserabien insuffisante pour entrainer le reste de la troupe. L’agence VII a lancé en avril dernier un magazine consacre au travail de ses photographe et espère développer un nouveau business model autour de cette nouvelle création.
  • 14. 14 Lephotojournalismefaitfaceàunecrisedontplusieursfacteurssontlacause.L’apparition dudigitaletd’internetquifacilitentàlafoislaprisedevue,lestockage,l’archivage&la distributiondesimagespouruncoutdeplusenplusréduit–entrainant,ducoup,une augmentationdesvolumesproduitsetmécaniquementunebaissedesprixàl’unité– laphotographieétantconsidéréeaujourd’huicommeunecommodité,unproduitde consommation courante. Comment en est-on arrivé à cette situation ? Ilestintéressantdeconstaterquelemarchén’apastoujoursfonctionnedelamanière dontnousleconnaissons,etquepourunegrandepart lasituationactuelledécoule del’exportationd’unevisionessentiellementAméricainedumarchédel’imageetde sesméthodesdecommercialisation.Historiquementdeuxpratiquesontcoexistédu- rantlesquelquesdécenniesd’embelliequelesecteuraconnuausortirdelaseconde guerre mondiale. D’une part le marché Américain ne comptait que très peu d’agences – la principale étantAP–etunelégiondephotographestaffertravaillantpourlecomptedepresti- gieuxmagazines(Life&Look)ouquotidiens(NewYorkDailyNews)quifournissaient leur publication en matériel. D’autre part le marché Européen, qui, stimulé par la création de Magnum en 45, re- posait sur un écosystème plus complexe d’agences (Magnum, Sipa, Sygma, Gamma etc…)etbiensûrunlotdephotographesstaffer–maisenmoinsgrandnombre–tra- vaillantpourdiversespublications(ParisMatch,Stern,leBerlinerIllustrierteZeitungou le Daily Mirror). Apartirdesannées70etjusqu’àlafindesannées80,lesagencesEuropéennesidéale- mentplacées,dynamiquesetpuissantes,ontréussiàexporterleurmodèleéconomique outreatlantiqueetimposeruneméthodedeventelargementfondesurlanégociation au cas par cas, l’exclusivité, l’exceptionnalité de l’image (Rights Managed). B - Photojournalisme
  • 15. 15 Mais avec l’arrivée d’internet et du digital, le monde de la photo, jusque là très arti- sanal,s’estouvertdefaçonspectaculaireetlapositiondominantedesagencestradi- tionnellesfrançaisesfutremiseenquestion.Cetartisanatnécessitaituntravaillarge- ment manuel, base sur le relationnel. Peu évolutive, difficilement automatisable, la vented’images’affranchissaitavecinternet d’unmurcontrelequellescommerciaux butaientdepuisdesannées.Toutd’uncouplaventedevenaitautomatique,supprimait l’interventiondetiers,permettaitl’instantanéitédeséchanges,uneimageproduitele jour même pouvait être téléchargée a l’autre bout du monde sans aucun problème. Les outils de statistiques de mesure de trafic permettaient de comparer puis de pré- direlacroissancedumarché.L’ensembledecequidevenaituneindustrieavaitdésor- maisunpotentieljusquelainatteignableetc’estàcemomentquelaphotographiea commencé à intéresser des acteurs extérieurs – financiers & investisseurs – qui y ont vuuneopportunitéd’investirdansunnouveausecteurapparemmentporteur.Carà l’époque,lesagenceshistoriquesétaientencorelargementrentablesetl’âged’orfinis- sant masquait encore pour un temps les réalités structurelles du business photo. Deslors,avecl’apparitiondeCorbis,puisdeGetty,delamyriaded’agencedeMicros- tocketdelaglobalisation dumarché,lesdeuxmodèlescommerciauxontcommencé às’affronterdansunebatailletarifairequi–aujourd’huinouslesavons–futremporté par les Goliaths de l’industrie au détriment des plus petits. Aprespresquedeuxdécenniesd’existencecemodèlebasesurungigantismeincon- trôlable et la recherche de profits maximisée, touche à ses propres limites. La presse danssonensemblesubitlaplusgravecriseorganiquequ’elleaitconnuedepuisplus d’unsiècleetdemietlesagencesphotos–quellequesoientleurtaille–subissentde plein fouet cette crise.
  • 16. 16 Les études de Jarvis et Shirky montrent que la disparition des principales sources de revenu de la presse papier (petites annonces et publicité) va forcer ces entités quasi séculaires,devenuesaufildutempsdevéritablescolossesàdevéritablesprouesses économiques pour espérer survivre au cataclysme structurel qui les secoue. Pourautant,malgrécesefforts,lesdeuxprofesseursdelaNYUprédisentdesfinsdif- ficilesmaisinévitablespourbonnombred’éditeursquinepourrontrétrécirlataillede leurs entreprises pour les adapter au contexte digital. Cette tendance de désagrégation – qui par ailleurs va s’accélérer dans la prochaine décennie – ne risque pas d’épargner le monde de la photo et ses géants qui seront confrontés aux mêmes problèmes que leurs clients : disparition des revenus et augmentation des couts fixes. Une équation impossible à résoudre sans couper dans les organigrammes, revenir à des structures aux échelles plus mesurées, plus flexible et plus compétitive. Etonnammentlaréaction decescolossessemblebienmesuréeauregard delarapiditéaveclaquelleleursrevenusfondentetauxenjeuxquisontles leurs. L’une des stratégies consiste notamment pour Getty à phagocyter sesconcurrents,augmenterlapressionsurlestarifsetétoufferlespluspetitsacteurs afin de récupérer des parts de marche et engranger de nouveaux revenus. C’est la politique de la terre brulée. Unefuiteenavantquisemblevainetantladésagrégationdel’écosystèmeestsévère. L’autre solution – que les petites structures plus agiles tentent de mettre en place – repose sur l’innovation et le changement du status quo. La remise en question des valeurs et des concepts qui sous-tendent le marché de la photo, la redéfinition des objectifsetdespratiques.Laréinventiond’unsystème.Personnenepeutexactement prédire qui des deux va remporter la bataille qui nous occupe aujourd’hui, mais fort à parier que les petits qui auront survécu, au final, s’en sortiront mieux que les gros. A gauche: Clay Shirky, professor in NYU’s graduate Interactive Telecommunications Program A droite: Jeff Jarvis, associate professor and director of the in- teractive journalism program and the new business models for news project at the City University of New York’s Graduate School of Journalism.
  • 17. 17 Avantd’aborderlesopportunitésnouvelledemonétisationquis’ouvrentauxdifférents acteursdel’industriephoto,ilconvientderegarderconcrètementcomments’articule lemarchéactuel.Lesphotographeetlesagencesontaujourd’huiessentiellementun rôle de fournisseur de contenu en gros, cédant pour un prix déterminé a l’avance ou négocié une licence d’exploitation a un éditeur ou un client qui publiera sur un sup- port donne la photo dont les droits ont été cédés. Dans le cas des droits gérés (RM) troiscritèresrégissentladéterminationd’unprix:lanaturedumediadedestination, l’espace occupe dans le media et l’audience de ce media. Si ces critères ont longtemps eu un sens, ils ne répondent désormais plus à la réalité de la production. A l’ère analogique (pre 90), les publications étaient contraintes par l’espace qu’offrait la pagination des magazines et des journaux – fini, limité par le nombredepage-etl’audiencerestreinte–géographiqueetsociologique-qu’ilsat- teignaient.Ceslimitationssesontévaporéesavecl’arrivéedunumériqueetInternet, dontlescontraintestechniquesinfinimentplussoupleontcrééunesortedepuitssans fond, dans lequel les limites d’espace et d’audience n’ont de plus de sens. Parailleurs,lareprésentationdelaphotographiequiselimitaitàunformat2Dcarac- téristiquedel’outilutilisépourcapturerl’image,s’ouvreaujourd’huimassivementau format video (incluant le temps) et demain tres certainement a la 3D et la contextu- alisation voire la virtualisation. Orparadoxalement,nousappliquonsencoreàcenouvelenvironnementdigitaldes méthodesdetarificationstraditionnelles,inadaptéespourunsupportqui–bienque partageantencorepouruntemps,uncertainnombredecaractéristiquesorganiques –neselimitentplusseulementàcelle-ci. Plusstupéfiantencore,lapresseetlesagents continuentdenégligercequiaufond,constituelavaleurfondamentaled’unephotog- raphie, notion subjective –mais bien réelle – de qualité. C – Articulation du Modèle
  • 18. 18 Lavaleurajoutéeauneimageinduitepardestravauxdelonguehaleine,documentes oubénéficiantd’unedémarcheintellectuelleoriginale,nedébouchepassurunevalori- sationmonétairedestravaux.Toutlemondeestégaletvoiscesimagespubliéesaux mêmetarifs,lesquelsdiminuentd’annéeenannéesouslapressiond’uneinflationde contenus. Autrecritèreignoréparlesystèmecontemporain,l’émergencedenouveauxformats de diffusion – multimédia, vidéo - et de nouvelles stratégies de commercialisation - CrossMédia,TransMédiaetc.–quiéchappeàtouteconventiontarifaire,etdonc,est constamment dévalué par effet d’opportunité. Quand l’outil qui sert à mesurer n’est plus adapté à la chose que l’on mesure, toutes les dérives sont alors possibles et c’est la crédibilité de l’ensemble qui est remis en question. Il faut donc changer l’outil, et par là, la façon que nous avons de definir le terme de « photojournalisme ».
  • 20. 20 Laredéfinitionduphotojournalismeapporteunnombresignifiant d’avancéesentermesdepratiqueetouvrelavoieàdenouvelles opportunités de monétisation. Le format – généré par un outil qui a, de façon perverse, définit une pratique – devient un accessoire, et son rejet en périphérie recentrelavaleurduphotojournalismesurlamaitrisedesproces- susnarratifsetinformatifs,recréeuneéchelledevaleurnouvelle dans laquelle la production de chacun est évaluée non en fonc- tiond’undébouché,maisenfonctiondesesvaleursintrinsèques etdanssonexpressionfinale(intégrité,honnête,responsabilité, éthique, exactitude, qualité visuelle etc.). On passe d’une appréciation du tangible à une apprécia- tionde l’intangible qui suppose la mise en place d’une nouvelle méthodologied’évaluationetdenouvellesstratégiesdediffusion.
  • 21. 21 Cequel’onqualifiedephotojournalismeestenfaituneexpressiondétournéedeson sensétymologiquepremier.Onassimileainsilephotojournalismeaveclaphotogra- phie, l’objet en deux dimensions couleur ou noir et blanc sur lequel une image a été fixée,etpasavecleprocessusd’écriture(photosgraphos)quiconsisteàutiliserlalu- mière pour former un message visuel et en l’occurrence créer une information. Enélargissantlaperceptiondecequ’englobelephotojournalisme,onétendsonaire naturelle d’exercice à la vidéo et aux futurs outils de capture visuelle. De la sorte, on évite alors de s’enfermer dans un conservatisme suranné qui forge l’ensembledel’écosystèmecrééautourdumedium.Enouvrantladefinitionduterme «photojournalisme»,plusderaisondoncdesepriverd’intégrertouslessecteursde lacréationvisuelsousunemêmeactivité,d’intégrerleursoutilsdanslefluxdeproduc- tionetdecommercialisationenappliquantunestratégiecohérentedemonétisation etd’ailleurs,plusaucuneraisonnonplusdeleslaisserdéconnectéslesunsdesautres. Aufond,cequiresteladémarchefondamentale,lavaleurcentraledenotreprofession, c’est le journalisme. En se débarrassant de la dictature du format pour les embrasser tous et en recentrant notre attention sur la valeur intellectuelle de l’information on abandonne une économie de produit pour aller vers une économie de process. Cetteéconomieduprocessimpliquequenousinventionslesoutilsd’évaluationdela valeur intellectuelle fournie à travers l’objet « reportage » et que nous les articulions autour de nouveaux critères pour en déterminer une valeur monétaire. A savoir : Crédibilité et autorité, Ethique et responsabilité, Engagement et Qualité. A - Product & Process
  • 22. 22 • Crédibilité et autorité : La capacité du photojournaliste à forger une identité professionnelle reposant sur la véracité et l’exactitude de l’information relayée. Son aptitude dans le temps à fournir du matériel pertinent & original. L’autorité – la spé- cialisation–decephotographedansledomainecouvert,l’expérienceengrangéeau fil des années passées à couvrir tel ou tel sujet. • Ethique et responsabilité : La capacité du photojournaliste à exercer son métier dansuncadreéthiquerégitparlesdiversesconventionsprofessionnellesenvigueur aujourd’hui et à respecter ces règles sans se compromettre. • Engagement et qualité : La capacité du photojournaliste à s’investir dans des histoires,àfaireavancerledébatdémocratiqueparlebiaisdesontravail.Samaitrise techniqueluipermettantd’offriruncontenuricheetoriginalpourvud’unpointdevue et clairement identifiable. Cettemigrationduproductversleprocess,essentielle,déclencheàelleseuleunesérie de réajustements importants notamment lorsqu’on considère la façon de commer- cialiser nos productions.
  • 23. 23 HenryJenkinsprofesseurdeJournalismeetdeCommunicationalaUniversityofSouth- ernCalifornia,undesplusenpointeentermesdeTransMediastorytellingexplique: Nous vivons aujourd’hui à un moment ou chaque histoire, image, marque relation se décline sur un maximum de plateformes media différentes, et résulte d’une narration combinée entre les institu- tions (privées ou publiques) d’une part (message du haut vers le bas) et l’audience (message du bas vers le haut). La concentration des medias accentue le besoin de voir émerger des solutions nar- ratives qui exploitent la synergie entre ces deux mondes et aug- mente les points de contact entre différentes niches de consomma- teurs. Le résultat se traduit par le Trans Media. Lefuturduphotojournalismenepeutêtreenvisagesansuncontenuenrichitintégré danscettestratégiedediffusionmultiplateforme,calquéesurleshabitudesdecon- sommation media de la Génération Y. C’est la thèse défendue par Stephen Mayes, directeurdel’agenceVII,etpardenombreuxacteursissusdel’universtélévisueletdes nouvellestechnologies.NicolettaLacobaccidirecteurdel’InteractiveTV/Eurovisiona l’EuropeanBroadcastingUnionexpliquequelewebaujourd’huipermetl’émergence decescontenusaugmentes,«multi»,interactifsetmobiles.LaconvergencedesMe- dias et la baisse des couts de production rends aujourd’hui inévitable que le flux de contenu soit disponible à travers une multitude de medias différents. AlorsenquoiCrossMediaetTransMediasont-ilsdifférents?Lesdeuxstratégiesrepo- sentsurdesdistributionsmultiplateformes.LesdeuxutilisentInternetcommeespace d’engagement central. B - Cross & Trans Media “
  • 24. 24 Dans un environnement Cross Media, on assigne pour un même contenu des destinations différentes reparties à travers différentes formes de distribution (livres, internet, tv, radio, presse) pour attirer le maximum de lecteurs/spectateur possible. C’estlecontenu360.Lecontenuquisedéclineenautantdeplateformesdisponiblesà travers une simple mise en forme. DansunenvironnementTransMedia,lecontenuestfragmenteetadaptespécifique- ment enfonctiondessupportspours’adapteraulecteur/spectateur.C’estensomme l’adaptationmoderneduconceptdegesamtkunstwerkqueRichardWagnerinventa dans son essai « Art and Revolution » en 1827, et qui s’exprime à travers la synthèse d’œuvresd’artdansunensemblecompréhensibleetcohérentembrassanttoutesles expressions artistiques. C’est le Total artwork. Un projet Transmedia développe donc le contenu à travers multitudesdeplateformespourgénérerautantdepointsd’entréedifférentsdansun schéma narratif global.
  • 25. 25 David Campbell, prof de cultural and political geography Durham Universi- ty in the United Kingdom dans « photojournalism in the New Media Economy » (Nieman Reports spring 2010) introduit son exposé par cette phrase: Success will depend on ‘seeing oneself as a publisher of content and a participant in a distributed story, the form of which helps reshape the content of the story Le concept n’est pas récent puisqu’il voit le jour il y a près de 5 ans, avec l’apparition d’un nouveau genre d’agences Paparazzi sur la côte Ouest des Etats Unis - X17 et SplashNewsentreautres-quiontcompristrèstôtdansleurdéveloppementl’intérêt de créer des blogs « magazines ». Bien que le format soit encore très proche du blog classique, on s’aperçoit que chacun d’entre eux fait une utilisation extensive de son contenu exclusif et développe tout autour une stratégie TransMedia (photo, vidéo, mobile, print). Il est facile de percevoir les avantages qui en découlent de l’auto-publication. Outre qu’ellepermetunplusgrandcontrôledesimagesetdeleurutilisation,elleinduitégale- mentunrenforcementdelamarquedel’agence,lacaptationd’unlectoratnouveau, l’émergencederevenussupplémentairesetn’interditabsolumentpasl’exploitation parallèle du modèle traditionnel de vente. Dans le secteur de l’Entertainment cependant, la photo se déploie rarement autour d’unehistoireetillustreplusfréquemmentdesmomentsdevie,desévènementscequi limite l’expression de ce type de publication. C – Tous Editeurs “ Dès 2006, l’agence X17 s’est doté d’un blog “magazine” dont la vocation affichée est de supprimer le “Middle Man”
  • 26. 26 L’agence Magnum avec son “Magnum in Motion” est une des pionnière en matière de Multimédia / Magazine concept, mais le modèle économique reste encore flou L’extensiondumodèleauphotojournalisme,enrevanche,extraitlaphotographiede son rôle de simple illustration et lui permet de réintégrer un flux narratif plus com- plexe à travers les différents medias en contrôlant la destination et la présentation del’histoire.Elleabolitlesbarrièresdupapieretautoriseuneutilisationextensivedes images, mais aussi de la vidéo du son et du texte pour apporter contexte et analyse. Lamultiplicationdespointsd’entrée–quisupposeuneplusgrandesegmentationdu récit–permetl’interactivitéetreconnectelegenredocumentaireavecuneaudience plus jeune. D’essaiphotographique,l’histoirevisuelledontlewebmagazinerestelepointnodal ouconvergentliens,commentairesetréférences,setransformeenunnouvelobjetque Fred Ritchin qualifie alors de « newVisual Journalism ». C’est en somme l’expérience quetenteactuellementl’agenceVII,etdansunemoindremesureVu’etMagnumavec son«MagnuminMotion»oulestravauxphotoetvidéossontmisenvaleuretplaces dans un contexte Magazine.
  • 27. 27 Laquestionensuspensdemeureévidemmentcelledesdébouchésquirestentliéesà unerevitalisationdelapresseonlineetoffline,audynamismedesannonceursetdonc à la reprise d’activité de l’économie en général. Mais là encore les voies de monéti- sation pour la photo, si elles ne sont guère évidentes, existent et méritent d’être ex- plorées plus avant. Lapublicitéconstitueencorepouruncertaintempslemoyendefinancementprédomi- nantsurlenet.C’estdoncsurlesmodeléspublicitairesquenousdevonsnouspencher etlesopportunitésnouvellesd’implémentationfacilitentparlatechnologiequenous devons exploiter. Larécenteapparitiond’outilsvirauxtelsqueEmbedarticle.compermetnotamment dereconsidérerlarelationquel’internauteentretientavecl’image,enévitantlepiège duCreativeCommon,toutenpréservantlalibertédereproductionetenassurantla viabilitédelacréation.Lesystème,enl’occurrenceuncodeJavaScriptpermettantla transmission d’un objet « embed », autorise le financement par Google Adsense ou toute autre solution via l’affichage d’un pop-up sur l’image embarquée. Outre que ce code permet la propagation virale d’une image sur n’importe quelle plateforme net,sansqu’enréalitéaucuneimagenesoitphysiquementcopiée,elleattenueégale- mentlesrisquesdevoletdereproductionillicite,enproposantuneformedelicence àl’internaute.Rienn’interditd’imaginerl’apparitiond’outilsplusévolues,continuant d’exploiterunmécanismesimilaire,maisauxoptionsétenduesnotammentsurleplan du social networking et de la recommandation. Le financement des magazines web d’agence, lui se rapproche des méthodes clas- siquesdemonétisationàtraversnotammentleplacementdepublicitécibléeproche du contenu et du lectorat. Mais pas seulement. D - Monétisation
  • 28. 28 D’autres outils comme Kickstarter.com ou Ulule.com permettant la levée de fonds privés(Crowdfunding)ouvrentdenouvellesvoiesd’expérimentationpourunmedia réellementparticipatifoul’internautedeviendraitcoproducteurdecontenusetacteur de l’information. La souscription à des contenus premium, la coproduction inter-agence, le mécénat, l’adossement à des structures à but non lucratif, le développement de services tiers (formation, sous-traitance, expertise et consultation), les travaux corporate ou les ventesdeproduitsparticipentauxfaisceauxderevenusquedesstructureslégèreset réactives doivent mettre en place pour stabiliser leurs ressources et se développer. Parailleurs,surleplandelasyndicationpureducontenu,etpourreprendrelesnotions évoquéesplushautconsistantàpolariserl’ensembledel’effortcommercialautourdu ProcesspourabandonnerleProduct,ils’agitdeconsidérerl’applicationd’untelsys- tème à l’économie réelle. Pour commencer, il est important de regarder si d’ores et déjà les mécanismes d’évaluation de valeur existent dans d’autres secteurs que celui de la presse. Com- mentevaluetonlavaleurintangibled’unbien.Plusieursstructuressimilairesdansleur philosophie cohabitent dans des secteurs bien souvent opposes. • Lemarchédel’Artfaitappelunsystèmede«cote»quis’estprogressivementimposé pourévaluerlavaleurdesartistesprésentssurlemarché.Ces«cotes»,évaluéespar unréseaud’expertsetd’observateurspermettentd’évaluerlavaleurdescréations enfonctiondelaqualitédutravail,deladisponibilitésurlemarchéetdelademande.
  • 29. 29 • L’autregrandsystèmed’évaluationdelavaleurprendformedanslesecteurfinan- cieroulesagencesdecotationdéfinissentlavaleurdesentreprisesenfonctionde critèreséconomiquespursmaispasseulementpuisqu’interviennentégalementdes analysesprospectivesdedéveloppement quipermettentàlafoisdedéterminerla valeur immédiate et le potentiel d’une entreprise. Imaginerunsystèmehybrided’agencedecotationphotoquiintègreraitensonsein, les différents secteurs occupés par le marché de la photo, reposant sur un ensemble d’expert mondial repartis par bureau disséminés partout dans le monde, aurait un effet extrêmement positif sur l’ensemble du secteur. Tout d’abord pour les photographes et les agences elles-mêmes. La pression quali- tative exercée pousserait à abandonner la course au volume pour se réorienter sur l’originalité et la pertinence des sujets. Hormispouruncertainnombred’exclusivités–toujoursdirectementnégociéesparles agencesoulesphotographes- lessujetsseraientévaluésendépitdusupportauquel ilsseraientadressésetéchapperaientdéfinitivementauxcontraintesmentionnéesplus haut. La revalorisation du contenu remettrait en avant ce qui fait – toujours – la dif- férencesurleterrainàsavoirl’habiletéduphotographeàcombinermaitrisetechnique et sagacité intellectuelle. La mise en place de ces agences de notation spécifique au monde la photographie ouvriraitlaporteàuneéconomienouvelle,unréservoird’emploisinduitsquiseraient également bénéfiques.
  • 30. 30 Onpeutd’ailleurssansmalimaginerquecertainesstructuresliéesaumondedel’art puissediversifierleursopérationsenintégrantcesystème,oudansunsenscontraire, élargir le marché de l’art (ce qui est moins probable puisque ce marche repose sur l’exception le luxe et la très haute valeur ajoutée) a ce nouveau marche de « cotation » photo.
  • 31. 31 Sortir du Cadre 2009 - 2010 ANNEXES
  • 32. 32 Sortir du Cadre: N’ayez pas peur d’Internet Sivouspensezqu’Internetetl’endroitquiressembleleplusal’antredu diable. Si vous estimez que leWeb est un endroit dérégulé, où vos im- agesunefoisdéposéesvontêtrevictimed’unpillagesansfoisniloi.Si vousimaginezpouvoirvouspasserd’Internetetsesoutilspourdével- oppervotrecarrièrephotographique,alorsrépondezàceci:Refuseriez vous de passer gratuitement à la TV, tous les jours, pour parler de votre boulot à la terre entière. A moins d’être inconscient, non! Internet n’est pas la nouvelle contrainte avec laquelle“on doit faire avec”. Ni instrument de torture, ni mine d’or, Internet est un outil dont il faut savoir profiter pleinement. Un site web, pourquoi? Je suis frappé de voir qu’une majorité de collègues français ne dispo- sent pas de site internet, alors qu’au contraire, la majorité de mes col- lègues américains disposent au moins d’un site type“portfolio”. Qu’ils soient staffers ou freelance, nos amis d’outre-atlantique sont infini- ment plus actifs sur la toile que les photographes de l’hexagone. Ré- seaux sociaux, sites, plates-formes photos, multimédia, tous les outils sont bons pour développer et promouvoir leur vision, leur nom, leurs projets,échangerleurspointsdevue,apprendreetenseigner,créeret diffuser leurs idées. Internet n’est pas vécu comme une menace mais comme une oppor- tunité, que chacun peut saisir et tourner à sa sauce. Alors un site Web pourquoi faire? - Présenter son travail dans un endroit valorisé. Nombre photographe regrettent souvent de voir leur travail diminué ou déprécié par une mauvaise publication. Votre site portfolio est un lieu sanctuaire, où vous pouvez déployer vos sujets photo sans contrainte. - Développer votre présence. La photographie c’est avant tout le partage d’un point de vue. En multipliant votre présence sur internet, voustoucherezuneaudienceplusgrande.Quelquesoitvotreregard, vous apporterez votre point de vue unique à un public plus large. - Générer des revenus. Avec la bonne stratégie et un peu de travail il estaujourd’huipossibledegénérerdesrevenusviainternet.J’entends d’ici les critiques: on ne peut pas vivre en vendant des photos sur in- ternet. Je répondrai: il n’y a pas de petits revenus, de revenus complé- mentaires ou de sous revenus… il y a des revenus. Point. Les usages. La solution la plus progressive vient de Photoshelter. Depuis la“mort” virtuelle de Digital Railroad, PS est la seule plate-forme à offrir une solution“agency-like, portfolio-business ready”pour photographes. L’offre starter est gratuite pour 150Mo d’hébergement non configu- rable (je l’ai utilisée pendant plus d’un an pour présenter mon travail via lightbox et slideshow flash).Viennent ensuite les offres au mois le mois ou avec engagement sur un an, entièrement configurable. AvoiraussiLivebooks.com,Smugsmug.com,Foliolink.comouIFP3pour les solutions tout intégrées. Neonsky, un des leader dans le segment portfolio et Netfolio sont aussi des solutions a envisager. Pour ma part (on est jamais mieux servi que par soit même;-) j’ai également développé mes outils via O2creation. En tous cas, n’ayez pas peur de diffuser votre travail sur le net. Affi- chezvosimagesengrand,clairementdansunécrinsignéàvotrenom. Investissez les réseaux. Prochaine étape: faites parler de vous! Vous avez créé le début d’une dynamique, vous devez aller jusqu’au bout. Investissez les réseaux sociaux. Facebook, LinkedIn, Viadeo, Twitter, Lightstalker et autres Votre profil servira de connexion avec les pros déjà présents sur ces réseaux. Mettez y les liens vers votre portfolio, votre blog (un autre outil très utile pour créer du trafic sur votre site), votre agence ou votre plate-forme de distribution, vers vos galeries. N’hésitez pas a renouvelervotrestatutrégulièrement,plusieursfoisparsemaine.Par- ticipez aux discussions et partagez vos idées. Pour ceux que l’anglais effraie, tentezTwitter en premier. Vous n’avez qu’une phrase ou deux a écrire (140 caractères), c’est facile et très addictif. Le but de la manœuvre est de générer du buzz autour de vous et de votre travail. Le meilleur moyen pour ne pas être dépassé par l’outil est d’en rester strictement au professionnel“détendu”, ou“casual”. Tentez de nouvelles approches. Les apparitions de nouveaux outils online sont autant d’aubaines de développementpourunphotographe.Multimedia,autoédition,galer- ies d’art virtuelles (ou pas), concours s’offrent a tout ceux qui pren- nent la peine de se pencher sur leur promotion. Le Multimédia est LA stratégie de développement pour le photog- raphe et pour les agences . Pour les premiers pas je vous conseille multimediashooter.com, un blog très bien fait qui propose d’ailleurs un starter kit pour photographe multimédia. Cote inspiration, vous pouvez toujours visiter Mediastorm.org, the37thframe.com, the rawfile.org ou le dernier dossier de the digitaljournalist.org. Outre l’interactivitéetl’aspectdynamique,lemultimédiaenrichitl’expérience photographique par l’apport du son, créant l’intimité entre sujet et spectateur.J’aimed’ailleursbeaucoupceconceptdiffusésurFrance5 (je visionne les épisodes sur le net) “En Campagne”ou deux jeunes reporters, Aurélie Sfez et Julien Cernobori sillonnent les routes de France à la rencontre de ceux que l’on nomme“les ruraux”. Cette série a beau être de la TV, les deux reporters prennent le son façon radio… et donnent une dimension vraiment différente aux images. L’inspiration est donc partout, suffit de la trouver et se donner la peine. L’autoéditionsedéveloppeégalement,mêmesileprixdeslivresreste assez important – comptez 50$ le livre- c’est une bonne opportunité pourcréerdesmaquettesdeprésentationadestinationdesvéritables éditeurs.
  • 33. 33 Deux leaders se disputent le marché: blurb.com et (un peu plus cher) asukabook.com et récemment sous une forme plus magazine Magcloud.com. J’ai moi même tenté le coup avec blurb et j’avoue être plutôt satisfait du résultat (à voir ici). Enfin en ce qui concerne la vente de tirage d’art, la formule encore frémissante se décline via les formules online“grand public”comme wantedparis.com ou imagekind.com. PhotoshelteroffreégalementuneformuledeventedetirageviaEZPrintquiprésentel’avantaged’obtenir le tirage sous cadre. Sortez du Cadre, explorez les nouvelles voies! Le but de ce post n’est pas d’être exhaustif mais bien de vous montrer qu’il est possible de s’approprier in- ternet et ses outils pour le plus grand bien de son activité. Bien entendu, le“risque”de voir ses images être copiées sur la toile n’est évidement pas nul – bien que marginal – mais soyez prudent dans votre réaction. Que vous vaudra une crispation exagérée sur la question des droits d’auteurs? A vous de juger le rapport bénéfice/perte de la démarche, mais fort à parier que le copieur aura agit de la sorte pour promouvoir votre travail, signaler une actualité vous concernant ou toutsimplementindiquersoncoupdecœur.Décevoirunfanourisquerunemauvaisecritiquesurinternet, c’est s’exposer à une contre publicité néfaste à sa renommée et au final à son travail. Ce qui plaît au pub- lic a toutes les chances de plaire à un éditeur, un service photo ou un galeriste et comme tous, ils utilisent désormais internet pour repérer les nouvelles valeurs montantes de la photo. Aujourd’hui et encore plus demain,lesDaviddumondeanalogiquepeuventêtrelesGoliathdel’universnumérique,àvousderejoin- dre le groupe des Goliath. April 17, 2009
  • 34. 34 Sortir du cadre: stratégie multimédia Je crois n'avoir jamais été tout à fait à la place où je devais être. Et aujourd'hui je peux vous le dire, tant mieux. Quand, au lycée, mes amis partaient en science économiques, j'allais suivre des cours de cinéma, quand ils préparaient ardamment leur Bac S, je terminai mon premier court métrage. A la fac de Droit, je préparai mes passages sur l'antenne locale de RTL, et à l'ecole de journalisme, je prennais des photos quand les autres planchaient sur leur articles. Jamais à la bonne place. A tel point qu'au dernier jour de ma formation de jour- naliste, un de mes professeur - Claude Ardid - m'avait lancé un franc et definitif: "tu ne peux pas tout faire, il faut choisir". Heureusement je n'ai pas écouté. Si je vous raconte cette partie de mon parcours c'est qu'à un certain point, il m'ait arrivé de douter de la pertinence de ces choix. Grace à internet, les choses ont changé. Elles ont d'ailleurs tellement changé qu'il est non seulement possible aujourd'huideproduireducontenumultimédiadequalité;ilestdesor- mais essentiel pour nous - photographes et agences - d'embrasser ce qui va être la prochaine étape évolutive de notre profession, et de définir dès aujourd'hui une véritable stratégie multimédia. Aujourd'hui le monde du photojournalisme a entamé une profonde mutation et lié son destin aux évolutions constantes des nouvelles technologies et d'internet. Il est désormais clair que les nouvelles gé- nérationsdephotographessedoiventdemaitriserdenouveauxoutils - le reportage audio, la programmation, l'editing vidéo par exemple - afind'enrichirleursproductionsetcréerunenouvellesortedeprodu- itsdéstinés,nonplusàlapresseécritetraditionelle,maisauxnouvelles plateformes qui deviendront demain, les standards de l'information. Bande son du Photojournalisme Cequialongtempsmanquéauphotojournalismeetquelavidéopos- sédait dès son origine, c'est le son. Le son, la B.O, l'ambiance, cette tracesonorequidépasseleregardpourallertoucherlesens.Enajout- ant le son à l'image, on ajoute la profondeur, l'émotion, la rugosité d'une voix, l'atmosphère d'une scène, le témoignage, le contexte. Je vous invite à regarder ces documents avant d'aller plus loin afin de vous immerger dans l'univers multimédia: Driftless, Danny Wilcox Frazier & Mediastorm: http://mediastorm.org/0025.htm The Upstate Girls, the Rawfile: http://www.therawfile.org/?p=77 The Interview Project, David Lynch: http://interviewproject.davidlynch.com/www/#/all-episodes The Girl in the Window: http://www.tampabay.com/specials/2008/reports/danielle/ Ajouter la dimension sonore à un projet photographique n'est pas chose facile. Cela requiert organisation, travail, compréhension et concentrationafindefairecohabiterlesdeuxdeuxsupportsetutiliser la spécificité de chacun d'eux pour d'améliorer la lisibilité du sujet, l'immersion dans l'histoire, l'émergence de la trame narrative. Mais cet effort, à mon sens, est récompensé par une plus large audi- enceetdesretombéesfinancièresellesaussimultipliées.Ledocument, encapsulé dans sa forme vidéo, trouve tout un réseau de diffusion semi-gratuit et payant très étendu drainant audience et générant des revenus publicitaires ou de syndication. Je pense aux sites d'hébergementdecontenuvidéocommeVimeo.com,blip.tv,Youtube. com ou Dailymotion.fr pour le semi-gratuit financé par la pub valo- risée, et à l'ensemble des sites d'information où une syndication est possible, pour le payant. La téléphonie portable est elle aussi visée à traversYoutube notamment, mais d'autres tuyaux sont à envisager et unedistributionvialesfournisseursdecontenupourtéléphoniemobile peuvent être des débouchés solides. Le mariage du son et du regard. Photojournalistes, vous êtes destinés à raconter des histoires qui ap- porteronsl'éclairageetl'informationnécessaireaupublicpourqu'ilse forgeuneopinionsurlesévènementsquil'entoure,décryptelessitua- tions, approfondisse un sujet. Dans la production multimédia: La photographie donne l'élément visuel de l'histoire. Elle incarne les personnages, les places dans un contexte géographique, focalise l'attentiondulecteurparsacompositionsurlesdétailsimportantsdu sujet. Elle apporte un sens relatif à la culture et l'éducation du lecteur, elle possède différents degrés de lecture. La légende renseigne factuellement, grâce aux 5 questions fon- damentales (qui, quoi, ou, quand, comment), et donne au lecteur l'information "invisible" à l'image, comme par exemple le nom d'une personne, son age, son rôle dans l'histoire, son pays d'origine. Elle donne quelque chose de nouveau à l'image et pousse le lecteur à s'interroger de nouveau sur ce qu'il a vu dans l'image. Le son, vient en complément naturel de ces informations et enrichit l'expérience. Le son fait parler les protagonistes, il donne une voix aux gens, donne du sentiment, de l'émotion, du témoignage ou de l'ambiance. L'interviewpermetauphotographedemieuxcomprendresonsujetet peux mener à de nouvelles images, de nouvelles situations et enrichir son sujet.
  • 35. 35 L'information contenue dans cette interview, complète l'enquête ou le reportage, même si le son n'est pas utilisé dans le produit final, le texte pourra être utilisé comme base rédactionnelle. Enfin, dans le récit linéaire - sur lequel sont basés les productions multimédias - le son fournit le fil rouge de l'histoire et permet de relier les séquences entre elles. Le son crée le sens de lecture, introduit le témoignage dans l'image (fondu sonore à l'entrée). De l'invisible à l'interlocuteur. La capture du son impose au photographe d'apprendre un au- tre rythme de travail, un autre tempo et passer de l'invisible à l'interlocuteur. Le temps photographique s'apparente à un jeu de caméléon, le pho- tographe cherchant à disparaitre dans les rideaux ou sous le tapis pourcapturer-sanslemodifiernil'influencer-lemomentdécisifcher à Cartier-Bresson. C'est un temps de recherche et de composition ou le dialogue est faible voire absent et ou l'individu s'efface, ou la rela- tion se réduit au minimum. La prise de son au contraire suggère une tout autre attitude. Pour enrichirvotrehistoire,vousallezdevoirvousasseoir,prendreletemps dediscuteraveclapersonnequevousvenezdephotographier,passer de l'invisible à l'interlocuteur. C'est la personne que vous avez pho- tographiée qui va raconter avec sa voix, sa propre histoire, et à vous de poser les questions, d'être engageant, réactif, de créer le lien, cette alchimie qui construit la confiance et mène à la confidence. Enregistrer ces interviews, capturer ces sons amène à une meilleure compréhensiondusujet,c'estlapartdejournalistequireprendledes- sus sur la part du "plasticien-créateur". Réaliser une bonne interview c'est obtenir plus d'informations qui serviront à rédiger des légendes pluscomplètes,dessynopsisplusriches,etfournirunproduitpluscom- pétitif. En réalisant de bonnes interviews, vous apportez également de la vie dans vos images, une profondeur jamais atteinte dans vos histoires, une atmosphère qui ne peux se traduire par le texte. Apprenez à interviewer. Voici quelques petits trucs que j'ai tiré de mes expériences radiopho- niques. Imaginez que vous faites un portrait, un portrait sonore. Pour qu'un portrait soit bon il faut que le trait du dessinateur soit sur. En radio, il faut que la voix soit bonne, bien enregistrée, et donc que l'interview soit réalisée dans un endroit calme, le plus calme possible. A l'intérieur, pensez à regarder votre environnement avant de cher- cher ou poser votre micro. Cherchez les matières chaudes,tirez les rideaux,placez vous sur un tapis,profitez des canapés, collez vous contrelesboiseries,esbibliothèques...cesélémentsoffrentuneabsorp- tion sonore importante, étouffent les bruits parasites et assurent une meilleure qualité d'enregistrement. A l'extérieur, éloignez vous des routes,desgroupesdepersonnes,préférezvousréfugierdansunevoi- ture (vitre fermées) pour y conduire votre entretient au calme. Fuyez leshallsettouteslesarchitecturesvoutées,tropminérales,quivéhicu- lent les sons facilement. Ecoutez votre environnement, attention aux postesTV, aux frigos bruyants, aux voisins en plein travaux. La qualité du son doit être irréprochable car c'est sur la bande son de votre pro- duction que le second sens le plus sollicité par vos lecteur (l'ouie) sera complètement focalisé. Ne placez pas votre micro trop loin de la bouche de votre interlocu- teurpouréviterlesbruitsd'ambianceparasites,pastropprèsnonplus pour ne pas enregistrer les "pchi" ou les "pfff". Apprenez à différencier le son d'ambiance et l'interview proprement dite.Sivousdésirezrajouterdel'atmosphère,enregistrezséparément les deux pour les monter ensemble à la fin, vous aurez plus de con- trôle sur les deux environnements et moins de pollution sonore. Lorsdevotreinterview,nerépondezpasàvotreinterlocuteur,hochez latête,souriez,lapersonnecomprendraquevousêtesàl'écoutemais votre bande son restera vierge des "uhmuhm" génants au montage. Préparezvosquestions,maisnesoyezpascolléàelles,sachezécouter l'interview, anticipez les réponses. Attention aux questions fermées, vouséviterez:"depuiscombiendetempsêtesvousconducteurroutier (réponse: deux ans)" mais préférerez: "dites moi depuis combien de temps et pourquoi êtes vous devenus routier (réponse: je suis routier depuis deux ans parce que je me sentais libre au volant de mon ca- mion)". Prenez le temps de cette interview, laissez vous guider par les répons- es que vous obtenez, utilisez pleinement le temps dont vous dispo- sez. Laissez les blancs s'installer, la plupart des gens sont mal à l'aise dans ces espaces de vide et ont tendance à remplir naturellement les blancs en complétant leurs propos, en argumentant ou en reprenant leur réponse sous un angle différent. C'est une phase importante de l'interview puisque que c'est là que vous pouvez obtenir le petit plus qui fait la différence. Passez trop vite à la question suivante, et cet espace de liberté s'évanouira, emportant avec lui des informations précieuses pour la suite de votre projet. Enfin, terminez toujours en demandant "s'il y a quelque chose à ra- jouter". La plupart des gens se tiennent aux questions posées et se freinent dans leur envie de développer des points ou de répondre à des questions que vous n'auriez pas posé. En offrant cette opportu- nité,vouspermettezàvotreinterlocuteurdecompléterlibrementson interview, de donner son point de vue, de rebondir sur une question ou donner un anecdote pas encore dévoilée. Finaliser sa production pour atteindre une au- dience plus large.
  • 36. 36 Une production multimédia comporte plusieurs éléments imbriqués les uns avec les autres exploitables ensemble, ou séparément et s'alimentant les uns les autres. Après la recherche du sujet, le photo- journaliste doit regrouper l'ensemble des informations qui étayeront son sujet. Une fois la phase préparatoire réalisée, le photojournaliste va récolter cette information sous 3 ou 4 formes différentes: des infor- mations écrites (pour les légendes), de l'audio (pour interview, légen- des et texte), des photos et/ou des vidéos. Le tout est édité et monté encapsulé dans un format vidéo standard prêt à diffuser. Lemodèleéconomiquedelaproductionmultimédiaprofitesdecette diversité des sources d'informations et du format de diffusion pour multiplier les chances de placement auprès des nouveaux et anciens médias.Ainsi,s'ilestindispensablepourunphotographedeconserver le modèle "classique" de placement de ses images auprès des médias print, il pourra diversifier vers le web et les autres médias sa produc- tion en choisissant de déstructurer son produit fini et d'adapter son offre en fonction du media prêt à l'acheter ( au choix text/photo, text/video, audio/photo/text, ou text/audio par ex). On pourra décliner les supports medias comme suit: • les Blogs, et autres sites spécialisé ou généraliste qui fleurissent et son ouvert à ce genre de production. • le podcast video ou audio, relayé par les portables type iphone, blackberry, Kindle ou la future probable nouvelle tablette Apple. • le DVD, auto-édité ou édité par un tiers • latéléphoniemobileetlestreamingvideovialesprovidersdecon- tenu type Orange ou Vodafone • le film ou les expositions Cherchez l'inspiration, éduquez votre regard. Commetoutnouveaudébouché,laproductionmultimédiademande formation et analyse. Recherchez, écoutez et lisez ce qu'il se fait par- tout. Malheureusement, le concept ne fait que de timides apparitions en France sous des appellations parfois assez énigmatiques (Pom). Préférezlessitesanglo-saxons,largementmieuxdocumentésetinfini- ment plus dynamiques. Je vous conseille les sites suivant parmi tant d'autres, ainsi que bulb. En Grande Bretagne: Duckrabbit, production, http://duckrabbit.info Bombay Flying Club, production, http://www.bombayfc.com/ Aux Etats Unis: Mediastorm, production, http://mediastorm.org the Multimedia Shooter, ressources, http://www.multimediashooter. com/wp/ InnovativeInteractivity,ressources,http://www.innovativeinteractivity. com/ France: Digital Story telling, ressources, http://www.digital-storytelling.org Update: A étudier, les productions multimedia réalisé par les photo- journalistes du Eddie Adams Workshop edition 2009. Soyez curieux, visitez les archives. It's Not Over Yet, Man (Tie Dye Team, 2009) from Eddie Adams Workshop on Vimeo. October 14, 2009
  • 37. 37 Sortir du cadre: Photojournalisme Open (re)sources Financer le photojournalisme. Un défit, une question majeure au cen- tredespréoccupationsdetouslesprofessionnels.Produireenspécula- tion, partir à ses frais, tenter le coup de poker en espérant accrocher un magazine, voilà la stratégie de nombre d'entre nous. Une relation systématique, un lien pathologique, la presse, grande malade, con- tamine ses pairs et assèche l'offre et l'originalité. Car au fond, le pho- tojournaliste est un sous traitant. Ses relations professionnelles, il les construits avec les rédactions, les NGO ou les clients corporate. Une relation B2B comme on dit, business to business. Et ce ne sont pas les dernières évolutions que connaissent notre mé- tier qui apportent une solution à ce modèle. L'apparition du webdoc et son développement - que je supporte avec force - ne résout pas le problèmedufinancement.Enréalité,ill'accentuetantl'investissement pour un webdoc solide semble important (Samuel Bolendorf évoque un coût de 50.000 à 80.000 euros - à 8'08 sur vidéo France 24). Viennent s'implémenter deux facteurs aggravants. La dévalorisation de l'information et sa désaffection - dans sa forme actuelle - de la part du public. La culture web a détrôné la culture pub, ce qui ce ven- dait avant est aujourd'hui exigé gratuitement . La photographie - et le journalisme-prenddepleinfouetcetteculturedu"free"etdégringole dansl'échelledesvaleurs.Pluspersonnen'imaginelecoûtd'unreport- age en Guinée pour suivre Moussa Dadis Camara, ou à Dong-Feng, la villedesmoinesShaolin.D'ailleurs,onimaginepasnonplusqu'ilpuisse y avoir un coût de production pour un sujet à Calais sur le démantèle- ment de la "Jungle". Un mal qui atteint même la profession où il n'est pas rare de voir pratiqué des tarifs de piges couvrant parfois à peine le 5ème de l'investissement nécessaire pour effectuer un reportage! Le photojournalisme respire avec une moitiée de poumon et s'asphyxie lentement. Du B2B au B2C, la solution du crowdfunding. Ouh là! Sacré titre, à y regarder de près, l'intitulé est presque incom- préhensible, désolé, je n'ai pourtant pas trouvé mieux pour exprimer clairementl'idéequejevoussoumets.B2B,businesstobusiness,lepho- tographedépendd'unerelationexclusiveavecuncommanditairequi a le pouvoir de dire oui (mais plutôt non, en ce moment). B2C, business to consumer, le photographe retourne vers le lecteur, sur le web, et fait de lui son principal actionnaire. EnreprenantànotrecompteladevisedusitePropublica.org"Journal- isminpublicinterest"etenyajoutantunetouched'interactivitésociale on débouche sur un nouveau modèle . J'ai fait la découverte de cette idéeenlisantleNiemanJournalismLabetsonpapiersurlesiteSpot.us. Le modèle: faire appel aux lecteurs pour financer les sujets. David Cohn à l'initiative du projet, s'est inspiré des médias sociaux genre twitteretfacebook,saupoudréd'unoudeuxconceptsàlaSethGodin pour créer un site participatif où le public finance les propositions de reportagesdejournalistesàSanFrancisco.Lemodèlesemblerencon- trer un certain succès puisque cet ex deWired étend le concept à Los Angeles. Mettre le lecteur au coeur du système, c'est rétablir un équilibre dans la perception du public. En finançant, il prend conscience du coût de l'information, apprend à évaluer le prix d'un sujet, valorise à nouveau le travail du photojournaliste. En supportant une histoire, il recrée le lien-perdudepuislongtemps-aveclephotographe(etlejournaliste, pour peu qu'il adhère au modèle). C'est la confiance qui gagne, la ré appropriation de l'outil dans l'intérêt de tous - industrie et lecteurs. Coté photojournaliste, c'est aussi l'assurance de réaliser un sujet qui a déjà trouvé un public (puisqu'il finance, c'est qu'il adhère), de se détacher de la dictature éditoriale de rédactions trop frileuses, ou tout du moins de retrouver un poids face aux publications, justifié par un soutien public, et de détourner l'éternel poncif du "ça n'intéresse personne". Enfin, c'est assurer une seconde vie aux photos à travers tirages et produits dérivés. A terme, il n'est pas interdit d'imaginer l'évolution de la plate-forme, où le lecteur pourra, en plus d'une con- tribution financière, apporter une contribution éditoriale, des idées, des ressources pour aider le photographe à réaliser un sujet "sur mesure" pour un public "sur mesure". Photojournalisme Open (re)Source. Le photojournalisme a déjà connu ses révolutions. La création de l'agence Magnum en 1947 par Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, George Rodger et David Seymour vise à redonner le contrôle des images et de la structure aux photographes (qui auparavant étaient des salariés anonymes de journaux). Les fondateurs de Gamma re- prennent à leur compte l'idée Magnum. Leur but : ne plus être salarié, tout partager à égalité, les frais et les recettes des reportages qu'eux- mêmes décideraient de réaliser (Cf LaVie.fr). Comment aujourd'hui reprendre le rêve où il s'est arrêté? En intégrant le public et les nouvelles technologies dans l'équation, pour qu'ils soutiennent un photojournalisme vif et indépendant. C'est ici qu'intervient deux nouveaux acteurs: Interfacesbienvivantesentrephotojournalismeetpublicavided'infos, les festivals à travers le monde ont un rôle majeur à jouer dans ce nouveau modèle. Le prix Bayeux,Visa pour l'image ou les Rencontres d'Arles, entre autres, drainent à eux un public sensible et passionné parlaphotographie,curieuxdedécouvrirlesreportagesoulesréflex- ionsdesphotographesetphotojournalistesfrançaisetétrangers.Près de 200.000 spectateurs pour Visa, et 150 expositions. Près de 72.000 visiteurs pour les Rencontres d'Arles, +20% d'augmentation par rap-
  • 38. 38 port à 2008 qui avait déjà reçu près de 60.000 visiteurs, et 66 expo- sitions. Sans oublier Bayeux et le succès de ses expositions et de ses rencontres, comme le raconte Alain Mingam. Le public est au rendez vous, il cherche l'info et demande à voir. A cela s'ajoute l'audience gagnée chaque année grâce à une couverture médiatique de plus en plus abondante par la presse française et étrangère. Véritablefourmilièred'innovationsentousgenres,Internetestégale- ment le repère (au bon sens du terme) de développeurs de génie entièrement dédiés à leur art. Wikipédia Mozilla ou Wordpress par exemple, projets collaboratifs, sont tous nés de ce foisonnement de créativité numérique et sont tous supportés par une communauté bénévole extrêmement active et imaginative. Si les premiers promeuvent par le biais de leurs manifestations le site développéparlesseconds,onaboutitàuneplate-formenovatriceen- tièrementdédiéeauphotojournalisme,àsapromotionetsonfinance- mentverslaquellelegrandpublicpeutsetournerpourprolongerson expérience des festivals. Pas de "puissance publique" salvatrice, pas d'entreprise mécène, c'est bien le public, le lectorat, les gens réellement concerné qui s'investissent et deviennent actionnaires. On dépasse le journalisme citoyen pour entrer dans l'ère du journalisme pour les citoyens. Reste la question de la gestion de ce type de plate-forme. Une associ- ationréunissantlesprincipauxacteursduprojets(festivalsetgroupe- ments de photographes) ainsi qu' un ou des représentants de la com- munautéinternautes/lecteurs/contributeurs,pourraitgéreràmoindre frais et aisément ce type d'initiative. DansuneinterviewdonnéàEvene.frenseptembredernier,JeanFran- çois Leroy - directeur du FestivalVisa - nous avoue: "jamais quelqu'un n'est venu me voir pour me proposer de financer un journal. Parce que le vrai problème, c'est tout simplement l'argent." Peut être que lephotojournalismen'apasbesoind'unénièmemagazinemaisd'une solution plus durable fondée sur un modèle radicalement différent. Peut être que la proposition d'avenir ne passe pas par un seul homme maisparunecommunauté,etpeutêtreest-iltempsdedemanderaux gensdevenirparticiperavecnousàlaconstructiondequelquechose de différent, de plus grand, pour cette fois, apporter une réponse concrèteauquestionnementsdupublicetauxattentesdesphotojour- nalistes. Évidement, je n'ai pas la prétention de présenter LA solution qui ré- gleradéfinitivementleproblèmedufinancementduphotojournalisme, maisjesuisfermementconvaincuquecemodèleestuneréelleoppor- tunité pour nous tous. Il règle nombre de problèmes récurrents dont la profession souffre, il ne crée pas de problématique majeure, et est facilement réalisable, pour peu que chacun y montre volonté et détermination. Aussi je lanceunappelàvoustous,peutêtrepourrionscommenceràéchang- er des idées ici. Peut être connaissez-vous des développeurs, des web designers prêts à se lancer dans ce projet. Peut être avec vous en- vie de compléter, critiquer ou amender cette proposition. Peut être même, que vous - à la tête des festivals - trouvez cette idée intéres- sante et désirez la mettre en œuvre. Cessons de subir, reprenons les rennes et sauvons, vraiment, le photojournalisme. UPDATE: Une petite mise à jour de ce post (remarqué par Medi- apart entre autre, j'en suis ravi) pour vous donner quelques liens en référence à mon propos. Des sites qui pourraient inspirer cette plate- forme de financement du photojournalisme. A voir donc: The Point, make something happen, http://www.thepoint.com Slice the Pie, Help yourself to a piece of music industry, http://www.slicethepie.com/ Zopa, the market place, http://uk.zopa.com/ZopaWeb/ Le système de "The point" est de loin le plus semblable et le plus aboutit pour s'adapter dans l'esprit au monde du photojournalisme, mais bien d'autres idées de Slice the Pie, ou de Zopa peuvent être ap- pliquée. Et vous, avez-vous de bons tuyaux à donner? October 16, 2009
  • 39. 39 Sortir du cadre: Photojournalisme, la nouvelle musique Aprés avoir présenté une nouvelle voie pour financer le photojour- nalisme dans "Sortir du cadre: Photojournalisme Open(re)sourc- es", je vous propose de continuer à chercher quel sera le futur du photojournalisme. Aucoursdemesdiscussionsavecquelquescollèguesphotojournalistes je me suis aperçu qu'un trait commun nous unissait tous. Nous som- mes tous des passagers du Titanic atteints du syndrome de Stock- holm. Nous connaissons tous l'histoire selon laquelle - sur le pont duTitanic - un orchestre continua de jouer jusqu'aux ultimes moments du nau- frage, réfugié dans une sorte de déni de réalité, espérant secrètement un redressement de la situation pourtant scellée. Les premières classes refusèrent dans les premiers temps de consi- dérer le naufrage, abusées par la taille et la réputation du navire, alors mêmequelesclassesdespontsinférieurssenoyaientsanspouvoirac- céder aux issues de secours. Cela vous rappelle quelque chose? Cer- tainement. A ceci près que - dans notre cas - les classes des ponts in- férieurs, au lieu de chercher les issues de secours, se réjouissent d'être embarqués dans ce beau navire et regardent, en grommelant, l'eau monter doucement. Le syndrome de Stockholm décrit pour la pre- mière fois en 1978 par le psychiatre américain F. Ochberg, désigne "la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à développer une empathie, voire une sympathie, ou une contagion émotionnelle avec ces derniers." On appreciera. Derrièrelasymbolique,c'estleschémacompletdenotreorganisation économique qui est à revoir si l'on souhaite sauver le photojournal- isme.Jeneparlepasdel'initiativedesphotojournalistes,decetteforce personnellequinouspousseàpartirphotographierlesévènementsde cemonde,cetteénergiebienvivantequinousprojettedansl'actualité. Non. Je parle bien de la capacité du photojournalisme à trouver les modèles économiques qui permettront de concrétiser et soutenir fi- nancièrement cette mission d'information qui est la nôtre. Cette révolution de mentalité, nécessaire pour créer les conditions d'unphotojournalisme"durable" passecertainementparlarecherche qualitative-commelesouligneJackZiblukdel'UniversitédeJournal- ismedel'Arkansas-l'adoptiondesnouvellestechnologiescommepart intégrante du journalisme, et l'émancipation de l'industrie et de ses Titanics. Fuyons le navire, construisons nos radeaux de sauvetage. Il est assez étonnant de constater que lorsqu'on demande aux étudi- ants journalistes, quel est selon eux le média dans lequel ils souhait- ent voir leur travail publié, la majorité évoque le New York Times, Paris Match, Stern, Le Monde etc...Tous désignent ces médias parfois séculaires, dont la crise actuelle mets en lumière à la fois la précarité et l'obsolescence du modèle. Professeur à la NYU, Clay Shirky anal- yse pour le Shorenstein Center on the Press, Politics and Public Policy ce qui peut être considéré comme la fin des médias traditionnels, ces grands vaisseaux aux cohortes de salariés toutes dévolues à la cause du journalisme (à lire et voir sur le site Niemanlab.org). Selon Shirky, unebascules'estopéréecesdernièresannéesdanslafaçonqu'ontles populationsdeconsommerl'information.Cechangementsurvienten partie grâce à l'émergence des réseaux sociaux (twitter et facebook notamment)etaudécouplagedeladynamiquepresse/publicité.Une bascule qui remet en question le mode de fonctionnement vertical et le quasi monopole des groupes de presse et replace au centre du système le consommateur, qui devient par ailleurs auteur et diffuseur d'information. C'est l'avènement des micro structures et la décompo- sition des conglomérats. Signe des temps, les géants d'hier lourds et rigides ne semblent plus avoir de place dans notre futur, et pourtant, rassuré par leur présence et leur force nous nous attachons à vouloir les garder en vie. Photojournalistes, nous nous indignons de la mort (relative) de Gam- ma, de la disparition de Grazia Neri, des licenciements successifs chez Corbis et Getty. La vérité, c'est que prostré dans la nostalgie d'une époque disparue avec l'arrivée d'Internet, nous cultivons avec joie notresyndromedeStockholm. Alorsmêmequelesagencesfaillissent à vendre nos images à un prix correct, que les journaux et magazines diminuent leurs achats comme nos parutions et augmentent la pres- sion pour avoir toujours plus à des tarifs de plus en plus faibles, nous restons attachés à ces noms mythiques, hypnotisés par leur grandeur passée, victimes consentantes de leur dérives managériales. Il est temps aujourd'hui de sortir de la paralysie et de nous construire un avenir. L'avenir du photojournalisme ne passera pas par un patch maladroit posésuruneentreprisecrééepourdesbesoinsduXXèmesiècle,mais par la création de structures adaptées au marché du XXIème siècle. Une solution du coté des violons. La crise que nous traversons aujourd'hui n'est pas la crise du photo- journalisme, c'est la crise des journaux. Dans cette recherche de vent frais, ce n'est pas la sauvegarde des parutions qui est importante, mais celle des rédactions. Pas celle des agences, mais des photogra- phes. Si David Carr dans son article "A Newsroom Subsidized? Minds Reel" (New York Times October 18, 2009) donne quelques voies à explorer et notamment, prône une intervention des pouvoirs publics dans le financement de l'information ou si Umair Haque dans "the New(new) Media economy" (Harvard Business Publishing, October 14, 2009) défend que c'est la qualité qui financera le journalisme de demain, il est clair qu'un nouveau modèle passe par une ouverture
  • 40. 40 des structures aux lecteurs et à une mise en avant d'un contenu d'exception.Mieux,enobservantlesindustriesvoisines-égalementen crise - nous pourrions d'ores et déjà adapter des solutions innovantes à des problèmes similaires. Ainsi, nous serions bien inspirés de nous pencher sur les tentatives de l'industrie du disque pour dégager nos propres solutions. Déjà l'agenceVII annonce en septembre dernier avoir engagé un nouveau directeur en charge des projets et des partenariats, Ian Ginsberg, issu de l'industrie du disque (BJP, September 30, 2009) et fort d'une expérience de près de 10 ans dans ce secteur profondément en crise. L'idée pour les membres de l'agence est d'user de l'expérience de Ginsberg - témoin de l'effondrement de l'industrie musicale - pour adapter les solutions imaginées dans un autre secteur à celui du photojournalisme. J'évoquais dans mon avant dernier post la néces- sité pour les photojournalistes de s'ouvrir au lecteurs et de créer une structure de financement par contribution individuelle.L'exemple de "My Major Company", constitue une nouveauté dans le paysage de la production musicale. Le label permet à tout à chacun de contribuer à la production d'un artiste, et à tout artiste de se faire produire. La distribution physique et digitale revenant quant à elle à Warner Mu- sic.Lemêmeconceptsedéclineoutremancheavec"Slicethepie.com" qui permet aux artistes de lever des fonds auprès d'investisseurs et de fans. On saisi vite l'intérêt d'un tel concept, échapper aux majors étouffantes tout en élargissant une base de fidèles supporters. Évoluer ou mourir. C'est autour d'une plateforme hybride que se dessine le futur du financement et de la distribution du photojournalisme ou de la pho- tographiedocumentaire.Laproblématiqueàlaquellenousfaisonsface aujourd'hui s'articule à la fois autour du découplage photographe/ publication et du défaut de prise directe avec notre audience. Les uns ne financent plus que marginalement la production de photo report- ages - le relais de ce financement jadis endossé par la presse étant repris par les ONG - les autres n'accèdent plus aux reportages mal- gré tout produits, faute de parutions. La concurrence du flux con- tinu d'images (via Associated Press, Reuters l'Agence France Presse) produit par un staff suréquipé et hyper concurrentiel, et la déflation des prix de ventes des images fournies par les agences "magazine" achèvent de creuser l'écart entre nous. Alors quel modèle? Les agences photo "people" montrent la voie. Ce que Splashnews.com et X17 ont compris avant bien d'autres c'est la façondontInternetfonctionneetenparticulierlebénéficedecréerun contenu riche adossé à une plateforme de distribution. Ces agences financent, entre autre, leur activité par les revenus publicitaires gé- nérés par le trafic de visiteurs qui viennent sur ces sites pour obtenir de l'information spécialisée "people". Les sites spot.us et thepoint.com amènent l'aspect contributif des lecteursdansunmodèlequipeineàrejoindresonlectorat.Unmodèle qui - étonnement - se plait à travailler pour la gloire ou pour le lector- atmaisrefusedepuislongtempsàintégrerlelecteurdansleprocessus d'élaboration de l'information. La maison du photographe, demain, sera une coopérative à la sig- nature forte, ancrée sur le net, ouverte aux lecteurs et financée en partie par eux, donc connectée aux réseau sociaux, profondément multimédia, libérée des contraintes des agences historiques. La maison du photographe sera une ruche technologique ou les his- toiresdumondeanalogiqueconvergerontpourexisterdanslemonde numérique. La maison du photographe, l'agence, le collectif, la coopérative, n'existe pas encore. Quelles sont vos idées pour créer cette maison? October 30, 2009
  • 41. 41 Sortir du cadre: What would Google do? Après avoir présenté de nouveaux modèles sur lequel construire le photojournalisme de demain dans “Sortir du cadre: Photojournal- isme, la nouvelle musique", je vous propose de continuer à chercher quel sera le futur du photojournalisme. DepassageenFrancej'aieul'occasiondediscuteravecquelquesamis photographes de ce que l'avenir nous réservait. Sans surprise, tous m'ont décrit un futur sombre dans lequel nombre d'entre eux sem- blaientnepastrouverleurplace.Evidement,lorsqu'onconsidèrel'état de la presse écrite en cette fin d'année 2009, il est évident qu'on ne peutqueseposerlaquestiondelapérénitédenotrebelleprofession. Une question qui en sous entends une autre: que faisons nous pour éviter le pire? Quelle innovation structurelle apportons nous à notre "industrie" pour la renouveler, quelle expérimentation géniale, quel concept, quelle idée pourrait renverser la situation - ou tout du moins - l'améliorer. Professeur à la New York University, Jeff Jarvis - qui étudie les nou- veaux modèles économiques liés à la presse de demain - pose la question que nous devrions tous désormais nous poser: What would Google do? Que ferai Sergueï Brin et Larry Page s'ils devaient inventer le business model du photojournalisme d'aujourd'hui? Je ne vous donnerai pas ma réponse aujourd'hui, dans ce post, il fau- dra attendre un peu pour cela, tant la tache est compliqué dès lors qu'il s'agit de repenser un modèle, sinon de s'en éloigner pour dével- opper une structure radicalement différente de ce que nous connais- sons. Mais la question mérite de vous être posée.Vous autres amis photog- raphes/photojournalistes,vousavezsurementunavisouuneintuition sur ce qui pourrait être fait. Vous devez certainement, entre vous, au- tour d'un café refaire le monde du photojournalisme et vous dire que ceci ou cela ne fonctionne pas et qu'il faudrait changer cette façon de faire. Vous devez certainement porter en vous ce que Brin et Page avaient en eux lorsqu'ils ont envisagé de se lancer sur le marché des moteurs de recherche. Si vous ne vous vous posez pas la question, qu'attendez vous pour le faire? Que ferai Google à notre place? Le modèle Google n'est pas LE modèle à reproduire. C'est l'energie Google qu'il faut s'attacher à reproduire. Cette recherche d'innovation, ce modèle de pensée qui - qu'on aime on qu'on aime pas - a fait de Google la référence mondiale qu'elle est aujourd'hui. La révolution d'une profession, le bouleversement d'une industrie ne se limite pas à la simple évolution technologique. Ce ne sont pas les webdocs qui nous sauverons seuls du marasme économique dans lequel nous nous trouvons - d'autant moins si l'on continue de croire qu'il faut débourser 50.000 euros pour réaliser une bonne production multimédia.Lasolution-maisc'estprobablementlàquerésideégale- ment la principale difficulté - passe par un changement de mentalité, une vision nouvelle, la recherche créatrice et la catalyse des idées. Rendons nous ce service, demain au réveil, demandons nous ce que Google ferai à notre place. November 16, 2009
  • 42. 42 Sortir du Cadre: What would Google do? (part 2) Après avoir repris la question de Jeff Jarvis "What would Google do?", je vous propose de continuer à chercher quel sera le futur du photojournalisme. L'idée de mon dernier post "Sortir du Cadre" était de soulever l'épineuse question de l'innovation dont faisait preuve les acteurs de notre industrie, et en premier lieu, nous, les photojournalistes. Cette question de l'innovation - centrale à mes yeux pour espérer s'émanciperducouplepresse/photographieetdesaléaséconomiques qui le secoue - masquait en réalité une question peut être encore plus importante: sommes nous prêts à changer? L'adoption de telle ou telle technologie n'est pas en cause ici, et le fait d'utiliserTwitter ou Facebook ou tout autre plateforme sociale ne présage pas d'une bascule des mentalités, en revanche, ce change- ment que j'évoque, tutoie d'avantage le modèle mythique sur lequel nous avons construit notre imaginaire professionnel et se confronte directement à l'ampleur du bouleversement. J'aipumesurerd'ailleursàquelpointilestdifficiledefairecomprendre que derrière la question "WWGD" ce n'est pas Google en tant que tel quiestcitécommemodèleabsolu,maisl'espritdanslequellesfonda- teurs Serguey Brin et Larry Page se sont inscrit à l'origine et duquel ils ne sont jamais vraiment départi. Un esprit d'innovation, à contre cou- rant des modèles et des pensées établies. Certes, Google aujourd'hui estlamultinationalequel'onconnaitavecsesvolontéshégémoniques de contrôle absolu sur l'univers du web, mais contrairement à Micro- soft ou Coca Cola, Google s'est développée de façon quasi exponen- tielle et à achevé son enfance avec une taille de géant en un temps record. Ce que les autres ont mis 30 ans ou plus à construire, Google n'en a mis que 11. On pourrait croire que le colosse soit aux pieds d'argile,maiscontrairementàFacebookouTwitter,lasantédumoteur de recherche est incomparablement supérieure et pour le coup, tout à fait tangible. Un tel succès, si arrogant soit il pour certain, ne peut traduire qu'une seule chose: aucun compétiteur n'a été en mesure de fournir une solution aussi innovante que celle de Google. C'est cette constante mise en avant de l'innovation qui a permis aux jumelles du web de conserver cette avance. Bon. A nous maintenant. Durantladernièrequinzained'année...quelleaétélavéritablerévolu- tion dans notre profession: le passage de l'argentique au numérique? Le numérique a presque tout changé, mais n'a presque jamais été un atout au développement de notre industrie, quand elle ne l'a pas complètementplombée.Sinon...quoid'autre?Onacontinuéd'opérer comme on opérait en 1950 sans ce soucier de l'environnement dans lequel nous nous trouvions. Alors oui, lorsqu'une industrie secouée par la crise depuis plus de 20 ans, subit - sans même parvenir à la comprendre tout à fait - la seule et unique révolution de son histoire (trés) récente, ce n'est pas une crised'identitémaisbienunecrisedecréativitéàlaquellenousfaisons face. Une question de choix C'est bien une question de choix. Que faire alors? Blâmer Google, le numérique et les pierres pour ce qu'on a pas su anticiper tout en s'endormant doucement, vidés par une hémorragie fatale ? La belle époque est finie, et notre imaginaire s'y accroche. Mieux, notre imagi- nairecollectifdephotographecontinued'entretenirlemytheencélé- brant les derniers reporters globe trotters, cassés, fauchés, mais telle- ment libres. Quoipenserdanscetuniversdetransformation?Faut-iltoutdétruire? Tout casser, revenir à l'ancien temps ? Faut il revenir à l'époque du Be- linoudutélégraphepourcontenternotreappétitdestabilitéetnotre soif de pérennité? Eric Scherer nous pose la question: Confrontés à la fin des incroyables années des baby-boomers, la ten- tation est grande pour les patrons de presse, qui se croyaient immor- tels, de jurer que le « balancier finira bien par revenir », d’ériger des murs, de « faire rentrer le génie dans la bouteille », de reprendre la main. La volonté de « Restauration » d’un ordre ancien, alimenté par un mouvement classique de « Contre-Réforme », fait son apparition. « Ca tiendra bien jusqu’à ma retraite », « courbons le dos et attendons le web3 », « informer, c’est un boulot de journalistes », « il n’y a pas de révolution numérique », « qui se souvient des radios libres ? », « a-t-on bien fait d’aller sur le web ? », entend-on aujourd’hui du haut en bas de la hiérarchie d’un média traditionnel. Nous ne pouvons plus glisser sous le tapis ce qui devient de plus en plusévidentauxyeuxdetous.Lephotojournalismeestcondamnéàse réformer ou à mourir. Alors que faire? Probablement embrasser la convergence des médias et faire des technologies émergentes nos meilleures armes. Cher- cher l'hybridation des moyens de diffusions et des revenus, favoriser l'entrepreneuriat,lerapprochemententretechniciensinformatiqueset techniciensdel'informationpourcréerl'info-technique.Intégreràtous les niveaux (photographes et agences) la part de net activité sociale - croissante dans l'économie des liens - s'ouvrir aux autres, sortir de la bulle B2B pour retourner vers le public, le lectorat, cette fraction de la population drainée chaque été par les festivals de photojournalisme, créer un lien entre eux et nous. C'est un choix qui s'ouvre à nous et dont les implications ne sont pas immédiatementévidentes,maisquioffrirontàcesecteurunevéritable opportunitédeserégénéreretdecontinueràfairecequ'ilsaitfairede mieux, raconter le monde en image.
  • 43. 43 Les pistes 2009 aura certainement été la pire des années pour la presse et pour lemondeduphotojournalisme,uneannéedecrisequiavuunechute de 25% des revenus publicitaires aux Etats Unis, et qui contrairement à1929ouaupremierchocpétrolierde70,amorceuntournantdécisif dans l'équilibre économique des médias qui ne retrouvera jamais son étatinitial.Danscecontextel'émergencedenouvellestendancesn'est pas un phénomène à ignorer d'autant plus qu'elles se confirmeront très certainement dans le temps (sauf si 2012 s'avère être réellement la fin du monde). Ilnefallaitpasrésisteràlatransformationdenotremondeanalogique en un monde numérique ni réfuter son impact sur nos économies et en particulier dans notre secteur d'activité - c'est pourtant ce que nous avons fait - il ne faudra pas ignorer les questions de l'innovation et de la révolution si nous voulons nous en sortir. Plusieurs évolutions sont soulignées par un certain nombre d'observateurs, ici aux Etats Unis, et si toutes provoquent les même réaction de panique dans les rangs de la presse Américaine, quelques unes d'entre elles sont ob- servées, disséquées et analysées dans l'espoir d'y trouver la solution miracle. Las, pas de solution seulement une révolution. Clay Shirky dans son Here Comes Everybody: The Power of Organiz- ing Without Organizations nous explique qu'aujourd'hui le pouvoir revient aux masses, qu'Internet leur a donné les outils pour se passer des structures d'encadrement tout en leur permettant d'agir plus ef- ficacement. C'est la défiance du public à l'égard des institutions histo- riques. Où nous plaçons nous en tant que photojournalistes, en tant qu'agences? N'y a t'il pas là, matière à travailler, à chercher, à décou- vrirdenouvellesfaçond'opérerenincluantd'avantagecettecommu- nauté d'internautes citoyens dans nos structures ou notre workflow? Jeff Howe dans Crowdsourcing: Why the Power of the Crowd Is Driv- ingtheFutureofBusinesssuggèrequelestachesquiétaitjadisdévol- uesàunecertainecatégoriedeprofessionnelsdésormaistrouventune communautépluslargepourêtreaccomplies,c'estl'èredelacollabo- ration de masse, de flickr, demotix et citizenside. Notre rôle de pho- tojournaliste ne se réduit pas à faire de belles images d'actualité - les amateurs passionnés le feront trés bien - mais peut être devons ren- forcer notre capacité de tri, de vérification, de certification, de hiérar- chisation,demiseenperspective,etdeprésentationdel’informationà travers la photographie. Une tache qui d'après Eric Scherer dans "Que reste t-il aux journalistes" demeure l'apanage des journalistes et "Un atout encore « incopiable »." Chris Anderson dansThe LongTail:Why the Future of Business Is Sell- ing Less of More pense que les produits qui n’ont qu’un faible volume de vente, peuvent collectivement représenter une part de marché égale ou supérieure à celle des best-sellers, si les canaux de distribu- tion peuvent proposer assez de choix, et créer la liaison permettant de les découvrir (src wikipedia). Sur quels réseaux pouvont nous nous appuyer collectivement pour faire découvrir le travail de tout à cha- cun. PixPalace en est une forme, mais dans sa forme actuelle, elle ne représente aucun avenir puisque radicalement coupée du reste du monde numérique par un mur. Enfin, comment comprendre qu'une industrie qui a si étroitement lié saviabilitééconomiqueàuntypedesupport(lepapier)nesoitpasen mesured'embrasserpleinementl'idéequ'ilestdésormaistempsdelier sonaveniretsondéveloppementausupportdigitaletàsesnouvelles opportunités? Le développement massif des ebooks genre "Kindle" d'Amazon ou "Mac tablet" d'Apple nous pousse à réagir et à chercher la meilleure façon d'exploiter ces supports pour nous adresser - enfin -directementàuneaudiencequinenousrejettepas,maisquisimple- ment ne nous connais pas. Comment ignorer l'invention de Pranav Mistry - the SixthSense - qui préfigure ce que sera le papier de demain, comment passer à coté d'unereflexionquinousmènera-nousphotojournalistes-àdéployer notre offre, notre talent et nos images sur ces plateformes. Comment ignorer itunes et ne pas tenter de s'en inspirer et en réalité pourquoi chercher à blâmer ce qui peut d'ores et déjà devenir une fantastique porte de sortie à la crise que nous vivons. La peur peut être. Je reste réaliste face aux challenges qui sont les nôtres, et rejette en bloctoutangélismenaïfquiconsisteraiàcroirequ'aucund'entrenous nesouffriradurantcettepériode.Beaucoupd'entrenousn'auronspas la possibilité d'être sauvé des eaux, mais je continue de croire qu'une démarche positive, tournée vers l'innovation et le changement vaut mieux que de rester là à écouter l'orchestre jouer tandis que notre navire coule inexorablement. November 18, 2009
  • 44. 44 Sortir du Cadre: 2010 et la nouvelle décennie Après avoir repris la question de Jeff Jarvis "What would Google do? (part 2)", je vous propose de continuer à chercher quel sera le futur du photojournalisme, mais cette fois, en 2010! Fin d'année et heure des bilans. On s'embrasse en se promettant de corriger nos erreurs, de reprendre a zéro ce que l''on pense avoir rate.Lesmeilleursintentionssontaurendezvousdeminuitetdispara- issent au petit matin dans une tasse de café noir. La saison est donc a l'heure du bilan, AdamWestbrook reprend les 10 tendancesprincipalesselonluide2010,RossDawsonexpliqueensub- stance quelles sont les stratégies a adopter pour créer le futur écosys- tème médiatique, David Carr enfin explique dans son "After aYear of Ruin, Some Hope" pour le NewYorkTimes que l'espoir se trouve dans le marche de niche, l'hyperlocal et surtout l'innovation en soulignant notammentledynamismedesétudiantsdel'EcoledeJournalismede CUNY et leur travaux innovants, d'ailleurs récompensés dans le cadre des cours de Journalisme Entreprenarial dispenses par Jeff Jarvis. Et le photojournalisme? Notre univers déjà bien tourmente se prépare a deux chocs successifs pour l'année a venir, un bien et un mal, leYing et le yang de la photo. Le premier - en termes de gravité - et probablement le plus dév- astateur tient dans la stratégie de Getty Images qui proposera désormais des tarifs imbattables aux éditeurs en échange d'un ap- provisionnement exclusif chez le géant de la photo. L'analyse de Paul Melcher, dans "The year of the Predator" vaut le détour mais pour faire simple Getty a décidé de rentrer dans un magasin de porcelaine avec un char d'assaut: objectif anéantir toute concurrence et agréger la plus grande part de marché. Aidé par une conjoncture défavor- able et un besoin féroce pour les magazines et journaux de faire des économies sur tous les postes, cette stratégie va heurter à la fois les petites agences comme les acteurs majeurs de l'industrie tels AP, AFP & Reuters - et plus directement Corbis. Même si ces derniers sau- ront mieux résister a l'agression- contrairement a leurs homologues plus modestes - il n'en demeure pas moins que Getty cherche dans l'ensemble a tenir sa position de leader par tous les moyens, même les plus irresponsables. Pourtant force est de constater que Getty reste de loin le seul acteur du marche capable de dicter sa volonté a l'ensemble de la troupe et en cela, la firme de Seattle nous donne une véritableleçon.Elleprofitedel'absencedeloianti-dumpingetsepro- tège derrière la loi antitrust pour éviter de faire face à un front com- muninfranchissable.Lesautresn'ontqu’àsouffrirensilenceetserésig- nent à passer l'année la plus terrible de leur existence. Apres Gamma, Grazia Neri, L'Oeil Public se déclare en cessation de paiement. Les autressuivrontbientôt,mortellementfrappésparcetteconjonctionde facteurs dévastateurs. Pourtant l'espoir est la. Le second choc de l'année va être dans la prolifération des "tablettes" numériques type Kindle d'Amazon, "iS- late" d'Apple ou "Manhattan Project" de Time.inc . Une explosion des terminaux qui se traduira par une migration massive des titres vers ces nouvelles plateformes. Un transfert qui restera sans doute assez classique dans la forme - le design des nouveaux "sites/magazines/ journaux"devantdansunpremiertempsaccompagnerlelecteurvers la transition sans le heurter - mais qui implique que nous soyons en mesuredenouspositionnersurcemarchéquivacertainementbénéfi- cier d'un appel d'air du a la multiplication des supports et des sites. Reste à savoir ce que nous pourrons offrir, comment et a quel prix et si nous pourrons nous organiser? Il nous faut désormais envisager le net comme une révolution d'hier, un produit d'aujourd'hui et un mode de vie pour demain. Multimédia ou photographie "traditionnelle", nous sommes déjà en mesuredetouchercepublic,maisnousdevonsenrestaurerlesbases. Rectifier le tir en termes de pratiques tarifaires et cesser de considérer internet comme un sous-univers ou la règlementation en matière de droitsintellectuelsetlestarifsderémunérationsontagéométrievari- able , élaborer de nouveaux outils de mesure d'audience, utiliser des outilsinnovantscommelesQRcodepour"protéger"etrenseignernos images, unifier nos pratiques en matière de formatage d'information et d'utilisation des champs IPTC, prendre notre autonomie, cesser de supporter des structures vouées a disparaitre, créer de nouvelles en- tités,éduquermassivementlegrandpublicetlesprofessionnels,sortir de l'isolement, innover enfin! Keyword for 2010: Innovation Sans perdre de vue que le marché Européen n'est pas de la même nature que le marché US, il n'en reste pas moins que l'innovation en matière d'information et de news organisation va devenir le maitre mot pour tous ceux qui voudront survivre à l'extinction de masse qui se prépare. Les futurs entrepreneurs devront s'affranchir des modèles et des tendances d'aujourd'hui, sortir de la spirale distributeur/ache- teur, appréhender la photographie de presse non comme un produit avendrepourunedestinationunique,maiscommeunvecteur,unca- talyseur,unrévélateurdel'informationetappliquerdenouvellesrègles de tarifications sur ces bases. Mais attention aux pièges tentants. Si je reste un hardant défenseur du multimédia, je suis de plus en plus farouchement opposé a cet état d'esprit qui consiste à penser que nous y avons trouve la voie du salut. Contrairement à Samuel Bollendorf, ce n'est pas le rap- port cout de production/prix d'achat que je remets en cause. Je dirai même que je trouve irresponsable de clamer - comme il le fait - a qui veut l'entendre qu'une production multimédia coute 50.000 eu- ros a produire et ne se vend quasiment pas, ce faisant, il décourage a mon avis ceux tentes par l'aventure - et c'est bien plus grave de mon
  • 45. 45 pointdevueetsoustendl'idéebourgeoised'uneélitecapabled'atteindreunnirvanainterditaucommun des mortel (merci la SCAM et le CNC de jouer les St Pierre) . Ce que je conteste c'est la nouveauté du modèle économique. La réalité, c'est que nous venons chasser sur les terres de laTV sur un terrain de très grandeconvergencemédiatique,pourtirernotreépingledujeuetsurvivreaucataclysme.VincentLaforet, Robert Caplin et d'autres réalisent d'honorables productions, mais qui peinent a atteindre les standards dequalitéTVetquipourl'instant(aumoinspourlesproductionspubliques)n'apportentrienentermede narration. Chasser sur d'autres terres, même si c'est satisfaisant pour un temps, n'est pas une innovation. Je ne prétends pas être détenteur de la solution, et ce ne sont pas ces commentaires qui changeront des pratiques antédiluviennes destinées à disparaitre. En revanche, je vous invite à réfléchir a ce que pourrait êtrela/lessolutions.Jevousinviteàreconquérircettepositiontropsouventlaisséevacantedenovateur,de pionnier, d'avant-gardiste et en particulier, je m'adresse a cette génération 80's qui ne se rappelle pas ou peudesTriXetdubarytémaisconnaittrèsbieninternetetsonuniversderepenserlephotojournalismeen partant d'une page blanche. Si je devais avoir un vœu à exprimer sur ce blog pour cette année, ce serait bien celui ci. De voir fleurir - comme le dit Clay Shirky - un millier de fleurs et voir remplacé les fruits gâtés et trop vieux. Bonne Année a tous et meilleurs voeux! December 26, 2009