Contenu connexe
Similaire à Pneumologie aspiration transtrachéale chez les bovins
Similaire à Pneumologie aspiration transtrachéale chez les bovins (20)
Plus de Guillaume Michigan
Plus de Guillaume Michigan (20)
Pneumologie aspiration transtrachéale chez les bovins
- 1. Pratiquer / EN IMAGES /
’aspiration transtra-
chéale (ATT) est une
technique extrême-
ment utile pour le
diagnostic des affec-
tions respiratoires profondes
des bovins. Elle permet l’iden-
tification et l’isolement de
bactéries ou de virus présents
dans l’appareil respiratoire
profond. Elle ne nécessite
aucune sédation et se révèle
peu traumatique.
Elle consiste à introduire un
cathéter dans la trachée, qui
permet d’injecter du sérum
physiologique, puis de récolter
du liquide qui est ensuite
analysé.
Cette technique, développée à
l’origine chez le cheval, est
aisément réalisable chez les
bovins. Les deux contraintes
liées à la réalisation de cet acte
sont la contention (animaux
d’un poids supérieur à 100 kg)
et le coût du matériel néces-
saire. Le prix unitaire d’un
cathéter est ainsi d’environ
6 e HT. Il convient également
de surmonter l’appréhension
de la ponction de la trachée.
! Choix des animaux
à prélever
Le candidat idéal à prélever
varie selon que des virus ou
des bactéries sont recherchés
en priorité.
Lors de recherche virale, les
animaux sont choisis de
préférence en début de phase
clinique, c’est-à-dire lorsqu’ils
présentent une hyperthermie et
un jetage séreux. Il est recom-
mandé dans ce cas d’associer à
l’aspiration un écouvillonage
nasopharyngé profond.
Si des agents bactériens sont
recherchés, les bovins prélevés
sont choisis parmi ceux qui
présentent les signes les plus
évocateurs d’une affection
bactérienne, en particulier un
jetage mucopurulent. Ils ne
doivent pas, si possible, avoir
reçu au préalable un traite-
ment antibiotique.
L’interprétation des résultats
est plus facile et plus perti-
nente si l’ATT est réalisée sur
un lot d’animaux soumis aux
mêmes facteurs de risques
L’aspiration transtrachéale est un acte facile qui nécessite un choix raisonné
des animaux à prélever. Le prix du cathéter peut être un facteur limitant.
Aspiration transtrachéale
chez les bovins
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES LORS D’AFFECTIONS RESPIRATOIRES
par Raphaël Guatteo, Nora Cesbron, Sébastien Assié et Alain Douart,
Unité de médecine des animaux d’élevage, École nationale vétérinaire de Nantes
L
Contention
Pour réaliser une aspiration transtrachéale
chez un bovin d’un poids inférieur à 100 kg,
le simple maintien de l’encolure tendue vers
le haut par un aide est généralement suffisant.
Pour des bovins d’un poids supérieur (taurillons par
exemple), une contention élaborée, qui doit laisser
accès à l’encolure de l’animal, est nécessaire. Un
cornadis ou un travail peuvent convenir, mais il existe
un risque d’étranglement en cas de chute. La sédation
n’est pas conseillée, car les bovins prélevés sont
généralement atteints d’affections respiratoires
profondes qui rendent délicate l’utilisation d’α2-
sympathomimétiques par exemple (xylazine). Une
anesthésie locale du point de ponction est en pratique
inutile si la contention est assurée.
3
Cliché:R.Guatteo
Choix de la zone de ponction
Afin de repérer la zone privilégiée, l’encolure
du bovin est maintenue dans l’axe de l’animal
et le mufle vers le haut, de façon à dégager
l’accès à la trachée. Aucune étude ne met en avant
une zone à privilégier, en termes de distance par
rapport au larynx par exemple. Il est conseillé de
réaliser la ponction du côté droit afin d’éviter de léser
l’œsophage.
4
Cliché:R.Guatteo
Cathéter et mandrin
L’aspiration est réalisée en mettant en place un cathéter stérile à usage unique, de 1,5 mm de diamètre
et de 75 cm de long (coût unitaire de 6 e HT).1
Clichés:R.Guatteo
Autre matériel
Une poche à perfusion
d’un litre de sérum
physiologique ou de
lactate de Ringer, deux aiguilles
stériles, une seringue de 50 ml et
des tubes secs stériles pour
prélèvement sanguin sont égale-
ment nécessaires. Le matériel de
préparation chirurgicale du site de
ponction n’est pas représenté.
2
Le Point Vétérinaire / N° 257 / Juillet 2005 /50
Cliché:R.Guatteo
PV257_P050_051_Guatteo 1/07/05 9:02 Page 50
© Le Point Vétérinaire - Reproduction interdite
- 2. (microbiens et environne-
mentaux). En pratique, il est
conseillé de prélever 10 à 20 %
des animaux au sein d’un lot
malade. Un mélange des
liquides récoltés est envisage-
able au laboratoire afin de
diminuer les coûts d’analyse.
! Complications
Peu de complications sont à
redouter.
Des hématomes et de légers
emphysèmes peuvent apparaî-
tre sur la zone de ponction.
Si le prélèvement semble trop
contaminé par du sang, il est
préférable de recommencer
l’opération en ponctionnant
plus ventralement.
D’autres examens complé-
mentaires sont décrits dans le
cadre des maladies respira-
toires bovines. Un lavage
broncho-alvéolaire peut ainsi
être informatif, mais nécessite
une anesthésie générale selon
notre expérience. La procé-
dure est alors lourde. Chez un
animal vigile, le risque que le
prélèvement soit contaminé
est plus élevé. Une biopsie
pulmonaire est également
réalisable chez les bovins
atteints d’affections respira-
toires mais le coût du matériel
(Biopsy Punch®
) et de l’analyse
histologique consécutive sont
des facteurs limitants. ■
Repérage
Il est préférable de se désinfecter les mains
avant de pratiquer un tel acte et le port de
gants est recommandé.
La zone de ponction est rasée (ou tondue), puis
désinfectée à l’aide de dérivés iodés.
Si le praticien est droitier, il saisit la trachée entre les
doigts de sa main gauche et identifie un espace entre
deux anneaux trachéaux à l’aide des doigts de la main
droite. La traversée de la peau pouvant endommager
le cathéter et notamment couder la tubulure, certains
auteurs conseillent de réaliser préalablement une légère
incision cutanée au niveau de la zone de ponction.
5
Coulissement
Le cathéter est enfoncé progressivement
(toujours placé dans sa gaine stérile) dans le
trocart en place. La progression du cathéter
ne soulève en principe aucune difficulté. En cours de
réalisation, le cathéter peut toutefois venir se coller à
la paroi de la trachée et empêcher la progression.
Faire pivoter légèrement le trocart suffit le plus souvent
à rétablir la progression. L’arrivée du cathéter au
carrefour trachéobronchique (après un parcours de
40 à 50 cm) est le plus souvent accompagnée d’une
toux réflexe : le praticien peut se servir de ce repère
pour stopper la progression du cathéter.
7
Injection
Il convient alors d’injecter rapidement 50 ml
de sérum physiologique (tiédi de préférence)
et de réaspirer aussitôt. Il convient de ne pas
aspirer trop fort pour éviter que le piston de la seringue
ne se désolidarise du dispositif d’aspiration (le
prélèvement s’écoule alors par terre). La seringue et
le cathéter peuvent être placés en zone déclive afin
de faciliter la récolte du liquide.
8
Cliché:R.Guatteo
Aspiration
La quantité de liquide recueilli est de 4 à
5 ml, mais 1 à 2 ml suffisent généralement,
sachant que le liquide récolté contient
environ 1 ml du sérum physiologique injecté. Il arrive
de ne rien récolter. La procédure peut être renouvelée
au moins une fois, en réinjectant 50 ml.
9
Conditionnement
Le liquide est transféré dans un tube sec
stérile à l’aide d’une aiguille à usage unique.
Le tube est identifié. Idéalement, il est
conseillé d’envoyer le prélèvement dans la journée
au laboratoire d’analyses sous couvert du froid positif
(+ 4 °C). Les titres en pasteurelles restent stables durant
quarante-huit heures et ceux en mycoplasmes pendant
quatre-vingt-seize heures.
10
Cliché:R.Guatteo
Bibliographie
1 - Douart A, Lemarchand F, Assié S.
L’aspiration transtrachéale chez les
bovins. Bull. GTV. 2001;12:13-16.
2 - Espinasse J, Alzieu JP,
Papageorgiou C et coll. Use of
transtracheal aspiration to identify
pathogens in pneumonic calves.
Vet. Record. 1991;129(15):339.
3 - Pringle JK. Ancillary testing for
the ruminant respiratory system.
Vet. Clin. North. Am. Food. Anim.
Pract. 1992;8:243-256.
4 - Radostits O, Gay CC, Blood DC
et coll. Veterinary Medicine. 9th
ed.
WB Saunders ed., New-York.
2000:1877p.
5 - Viso M, Espinasse J, Laval A.
L’aspiration transtrachéale chez les
bovins : technique et traitement
des échantillons prélevés au
laboratoire. Rec. Méd. Vét.
1983;159:1059-1064.
Retrouvez notre site
www.planete-vet.com
Rubrique formation
Insertion
Le trocart est introduit de manière franche
et perpendiculairement à la trachée.
L’ouverture du trocart est orientée
ventralement par rapport au bovin pour faciliter au
maximum le coulissement du cathéter. Une fois la
trachée traversée, il convient de rabattre le mandrin
parallèlement à la peau.
6
Cliché:R.Guatteo
51/ N° 257 / Juillet 2005 / Le Point Vétérinaire
Remerciements à
Jean-Paul Guédas.
Cliché:R.GuatteoCliché:R.GuatteoCliché:R.Guatteo
PV257_P050_051_Guatteo 1/07/05 9:02 Page 51
© Le Point Vétérinaire - Reproduction interdite