1. Projet d’OHM « Littoral méditerranéen » - Note d’opportunité
Création d’un Observatoire Hommes‐Milieux (OHM)
« Littoral méditerranéen »
Note d’opportunité
Samuel ROBERT, ESPACE (UMR 7300)
Unités fondatrices
UMR 5119 ‐ ECOSYM, Direction Marc Trousselier
UMR 7300 ‐ ESPACE, Direction Christine Voiron
UMR 7263 ‐ IMBE, Direction Thierry Tatoni
UMR 6240 ‐ LISA, Direction Marie‐Antoinette Maupertuis
UMS 3460 ‐ STELLA MARE, Direction Antoine Aiello
Contexte de la proposition
A l’échelle de la planète, les littoraux comptent parmi les milieux présentant les plus grands
enjeux en matière de conservation de la biodiversité et de gestion des interactions hommes‐milieux.
Interfaces entre le domaine terrestre et le domaine marin, les zones côtières sont des lieux
d’échanges favorables à l’abondance et à la diversité biologique, comme l’atteste la liste des 34
points chauds mondiaux de biodiversité. Simultanément, les littoraux sont des espaces attractifs de
l’œkoumène ce qui se traduit par une concentration des activités et du peuplement humain
(littoralisation). Un chiffre, souvent cité mais rarement étayé, estime à environ 60% la proportion de
la population mondiale résidant à moins de 100 km des côtes ; selon une évaluation plus fiable, la
part de la population du globe habitant à moins de 15 km d’un rivage marin se situerait entre 15 et
20%. Cette pression anthropique permanente, complétée par les flux saisonniers liés au tourisme,
représente un facteur déterminant de l’évolution des milieux côtiers. Sa manifestation la plus
poussée est l’urbanisation et l’artificialisation des rivages, qui soulèvent un grand nombre de
questions pour la recherche scientifique, aussi bien sur un plan opérationnel que sur un plan plus
fondamental.
Identifié comme devant faire l’objet de recherches prioritaires au CNRS (prospective de l’INEE à
Rennes en mai 2009, par exemple), le littoral constitue assurément un chantier pertinent pour les
sciences de l’environnement, de même qu’un enjeu de connaissances pour l’ensemble des acteurs et
des décideurs des régions côtières. Plus particulièrement, l’urbanisation côtière et l’émergence de
systèmes socio‐écologiques littoraux extrêmement anthropisés doivent être au cœur de l’effort de
recherche. Sur des questions touchant à la conservation des espaces naturels, à la dynamique de la
biodiversité, à l’ingénierie écologique, aux maladies émergentes, aux risques naturels et
technologiques, aux conflits d’usages, à la gouvernance des territoires, etc. les littoraux urbanisés ou
en voie d’urbanisation interpellent les sciences de l’environnement, qu’elles émargent au domaine
des sciences de la vie et de la terre ou aux sciences humaines et sociales. Dans ce contexte, la
création d’un Observatoire Hommes‐Milieux apparaît particulièrement opportune. Ce dispositif, qui a
montré sa capacité à fédérer un large spectre de spécialistes issus de différents champs disciplinaires
autour de questions relatives aux interactions hommes‐milieux, se révèle adapté à l’étude de la
problématique littorale en milieu fortement anthropisé. Aussi, le présent projet propose la mise à
l’étude d’un OHM consacré à la façade maritime méditerranéenne de la France, aire géographique
remarquable en termes de richesses écologiques, d’urbanisation littorale et de pressions
anthropiques de toutes sortes, mais aussi d’efforts de protection.
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2. Projet d’OHM « Littoral méditerranéen » - Note d’opportunité
La problématique de l’urbanisation littorale méditerranéenne nécessite absolument des
recherches interdisciplinaires et un suivi sur le long terme au sein d’un dispositif de type OHM. Un
OHM se définit par un objet d’étude commun à toutes des disciplines, un fait structurant et un
événement fondateur qui introduit une rupture dans les équilibres et détermine le début d’un
bouleversement des systèmes. La façade maritime méditerranéenne de la France est l’objet d’étude.
Le fait structurant concerne les activités humaines très diverses et prégnantes, et tout
particulièrement la pression urbaine qui se développe depuis plusieurs décennies et reste très active
aujourd’hui. L’événement fondateur est le changement d’approche ‐ sinon de paradigme ‐ amorcé en
France au cours de la décennie 2000 concernant la gestion des espaces côtiers, à savoir la gestion
intégrée des zones côtières (GIZC).
Le Fait structurant : Urbanisation et pression anthropique côtières en Méditerranée
L’urbanisation est ici entendue comme le processus de création des espaces urbains et son
résultat. Sa transcription dans l’environnement se matérialise par une artificialisation des milieux et
par une augmentation des pressions anthropiques du fait d’une hausse des effectifs humains
(population permanente ou saisonnière). L’artificialisation correspond à une modification radicale du
milieu, dans ses formes visibles et ses composantes physiques, chimiques et biologiques. Sur le
continent, la vie animale et végétale est domestiquée ; le relief est modifié ; des constructions
essentiellement minérales, faites de matières qui n'existent pas à l'état naturel, apparaissent ; des
pollutions surviennent ; les cycles de l’eau et du carbone sont perturbés. L’urbanisation‐
artificialisation signifie une transformation des sols et de leur surface, ce qui implique par
conséquent un recul des superficies agricoles, forestières, naturelles et semi‐naturelles, et une
modification hydrologique des bassins versants. Elle se réalise aussi aux dépends des petits fonds
côtiers par remblais et empiètements sur le domaine marin. Elle traduit une emprise accrue de la
société sur l’espace, autant qu’une atteinte à la biodiversité et un bouleversement des paysages. Ses
effets, le plus souvent irréversibles, se vérifient à toutes les échelles. L’urbanisation‐pression
anthropique signifie quant à elle la présence de consommateurs, soit : une demande en ressources
de toutes sortes (eau, énergie, matières premières) ; une demande d’accès aux espaces naturels pour
des besoins récréatifs ; des rejets divers dans les eaux, les sols et l’air ; des comportements parfois
peu respectueux de l’environnement, pouvant aller jusqu’à des incendies volontaires ; etc. Elle donne
souvent lieu à des conflits d’usages très vifs. Dans ce contexte, le rôle de l’action de l’homme sur les
écosystèmes, leurs fonctionnements et leurs dynamiques est, stricto sensu, prépondérant.
Sur la côte méditerranéenne française, la problématique de l’urbanisation et de la pression
anthropique est particulièrement aiguë. Non seulement des zones côtières y sont déjà très
urbanisées (par exemple, la bande terrestre côtière 0‐1 km est artificialisée à plus de 50 % dans le Var
et les Alpes‐Maritimes), mais l’ensemble du littoral subit toujours des pressions nouvelles pour être
davantage aménagé, tout en étant une destination touristique de premier plan accueillant plusieurs
millions de touristes chaque année. Ce littoral présente donc un large éventail de formes
d’anthropisation des côtes, depuis les espaces naturels protégés dont les accès sont contrôlés,
jusqu’à la métropole industrialo‐portuaire dépassant le million d’habitants. Il offre aussi et surtout
une gamme étendue des pressions les plus élevées qui peuvent s’exercer sur les littoraux du fait de la
présence de très grandes agglomérations urbaines littorales et d’une très forte spécialisation des
territoires dans l’économie touristique et résidentielle. Ceci constitue un fait particulièrement
structurant depuis plus d’un demi‐siècle. Le phénomène d’urbanisation « massive » du littoral
méditerranéen, qui doit être envisagé à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, a en effet
contribué à façonner des milieux véritablement nouveaux. Trait de côte modifié et fixé, petits fonds
détruits par des empiètements sur le domaine marin, cours d’eau canalisés ou recouverts, bassins
versants côtiers urbanisés, zones humides asséchées, pinèdes mitées par l’urbanisation diffuse,
forêts littorales ravagées par les incendies répétés, parcelles agricoles abandonnées, décharges
sauvages, espèces végétales ornementales introduites pour créer « le mythe » méditerranéen, …
sont autant de facettes de cette empreinte dont les effets sur les écosystèmes originaux sont
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3. Projet d’OHM « Littoral méditerranéen » - Note d’opportunité
multiples et désormais préoccupants. Car le littoral méditerranéen de la France présente une grande
variété de milieux écologiques, en rapport avec la diversité des interfaces terre‐mer : lagunes et
cordon littoraux, zones humides et marais, côtes escarpées, petites plaines côtières, îles de diverses
tailles, reliefs karstiques se poursuivant sous l’eau (grottes sous marines), etc. Par ses
caractéristiques, il contribue pour une large part à la biodiversité du bassin méditerranéen,
constituant lui‐même un hotspot régional, avec de nombreuses espèces endémiques.
L’Evénement fondateur : Changement d’approche en matière de gestion du littoral : la GIZC
En dépit d’un cadre législatif et réglementaire très fourni, mis en place à partir du milieu des
années 1970 (1975 : création du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres ; 1976 : loi
sur les servitudes de passage des piétons sur le littoral ; 1986 : loi sur la protection et la mise en
valeur du littoral), le littoral français continue de subir de multiples pressions pour être urbanisé.
Cependant, depuis les années 2000, un changement d’approche se dessine et tend à amorcer une
nouvelle étape des interactions hommes‐milieux sur les rivages, en particulier en Méditerranée. A la
faveur d’une prise de conscience internationale grandissante des questions environnementales, les
littoraux font aujourd’hui l’objet d’un traitement nouveau en matière de gestion et de conservation,
conçu dans l’esprit du développement « durable ». Ils bénéficient de l’affirmation du concept de
gestion intégrée de la zone côtière (GIZC), apparu lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro en
1992 et intégré dans l’Agenda 21. Promu par l’Union européenne dès le milieu des années 1990, la
GIZC a par la suite fait l’objet d’une politique incitative de la DATAR en France au milieu des années
2000. Encouragées par l’Etat, des collectivités locales littorales ont ainsi été amenées à développer
des projets de territoires côtiers, incluant à la fois la bande terrestre et la bande marine, en
concertation avec tous les acteurs impliqués, en vue de tendre vers une gestion et une conservation
du littoral selon les principes d’un développement équilibré. Avec 17 projets présentés à l’appel à
projet de la DATAR en 2004, dont 9 labellisés, les collectivités locales de la façade méditerranéenne
ont clairement manifesté leur adhésion à cette approche. Désireuses de porter des politiques
publiques adaptées, favorables à la conservation de l’environnement côtier sans empêcher des
perspectives de développement économique et social, les collectivités territoriales
méditerranéennes apparaissent aujourd’hui de plus en plus motivées pour s’approprier la
problématique côtière et y apporter leurs propres solutions (création du Conseil Consultatif Régional
de la Mer en 2005, en région PACA par exemple). Cette tendance se trouve confortée par les
initiatives développées au niveau de l’Etat qui, déjà signataire de la Convention de Barcelone de 1976
(amendée en 1995) sur la protection du milieu marin et du littoral de la mer Méditerranée, a signé en
2008 un nouveau protocole ajouté à cette convention concernant la gestion intégrée de la zone
côtière. Premier traité international portant sur la GIZC, ce protocole dit « de Madrid » constitue un
événement majeur. Il engage la France, et en particulier ses territoires, à tendre vers une gestion
durable de son littoral méditerranéen, en accord avec les politiques des pays voisins et partenaires
en Méditerranée.
Problématiques
Les axes de recherche de l’OHM concerneront différents thèmes permettant d’appréhender le
processus d’urbanisation du littoral, envisagé dans une approche systémique, aux différentes
échelles spatiales et temporelles pertinentes. L’objectif sera la compréhension de l’artificialisation
des interfaces entre les domaines marin et terrestre, depuis leur aménagement structurel jusqu’à la
nature des processus qui s’y développent et aux dynamiques qui caractérisent l’anthropisation.
Seront concernées les sciences de l’univers, les sciences écologiques et les sciences humaines et
sociales, en vue de permettre l’étude simultanée de l’urbanisation et de ses conséquences, dans son
processus même de création d’espaces urbanisés, et des initiatives de gestions intégrées du littoral,
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4. Projet d’OHM « Littoral méditerranéen » - Note d’opportunité
dans leur capacité à maîtriser l’urbanisation et les pressions anthropiques sur les milieux côtiers sans
compromettre le développement économique et social.
La programmation scientifique de l’OHM s’attachera notamment à privilégier les travaux
étudiant :
les dynamiques de l’urbanisation, dans leur capacité à créer des milieux et des paysages
originaux, résultant de perturbations ou de transformations des écosystèmes côtiers
antérieurs au développement urbain, et les phénomènes d’adaptation et de résilience
développés par les écosystèmes ;
les dynamiques socio‐économiques, notamment les facteurs entraînant et organisant la
pression urbaine et anthropiques sur les milieux ;
les dynamiques politiques et culturelles, en particulier les conflits d’usages et les capacités à
construire une gouvernance innovante pour une gestion durable du littoral
Les principales thématiques de recherche identifiées à ce stade sont :
- usage des ressources (eau, sol, biodiversité)
- biodiversité (marine, terrestre), qualité des milieux, durabilité des écosystèmes
- suivi des changements climatiques et leurs impacts
- usages et occupation des sols et de la mer (landuse, « sea use ») et leurs évolutions
- paysages naturels et humains
- fréquentation et impacts sur les sites (marins, terrestres)
- émergence des pathogènes humains, animaux et végétaux
- écologie de la santé
- suivi des politiques publiques, gouvernances locales, jeu des acteurs
- perception des changements
Ainsi, outre la dimension écologique, la biodiversité et les questions de remédiation / restauration
écologique, la durabilité économique et sociale des littoraux urbanisés ou en cours d’urbanisation
seront au cœur des activités de l’OHM, qui s’attacheront à intégrer la perspective temporelle comme
fondement de la recherche (observation et modélisation à la fois rétrospectives et prospectives). La
finalisation du cadrage problématique du dispositif sera assurée par le Comité de pilotage
scientifique (cf. ci‐après) au cours de l’année 2012.
Périmètres d’observation
Pour étudier les interactions hommes‐milieux relatives à l’urbanisation côtière méditerranéenne,
et analyser les dispositions mises en œuvre pour la juguler et l’orienter, le projet d’OHM prévoit de
suivre la situation de trois sites complémentaires. Ces aires d’études permettront l’examen de
situations contrastées de même que des approches croisées. Les travaux se développeront aussi bien
sur des questions qui se posent sur les trois sites, que sur des sujets propres à chacun d’eux.
Littoral de l’aire métropolitaine marseillaise
La façade maritime de la principale agglomération littorale méditerranéenne française constitue
un site exemplaire et complexe. De l’embouchure du Rhône au massif des Calanques, il s’agit d’une
interface côtière métropolitaine rassemblant une grande diversité de formes d’anthropisation et de
milieux. Avec la présence d’une agglomération urbaine dépassant le million d’habitants, ce site
d’étude présente l’intérêt de juxtaposer voire imbriquer des tissus urbains anciens et denses, une
urbanisation résidentielle et touristique diffuse très développée, des installations portuaires
majeures, une industrialisation lourde, des friches industrielles, quelques arpents d’activités
agricoles, des sites protégés par le Conservatoire du littoral et le projet de création du parc national
des Calanques, une rade ponctuées d’îles et d’ilots, etc. Soumis aux pressions exercées par le
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5. Projet d’OHM « Littoral méditerranéen » - Note d’opportunité
fonctionnement même de l’espace métropolitain et de son port, ce littoral est aussi le site d’une
intense fréquentation touristique sur ses plages et ses espaces naturels terrestres et marins à la
biodiversité remarquable. Il se distingue aussi par des projets urbanistiques de tout premier plan
visant à relancer une ville en crise par la création d’espaces urbains nouveaux, intégrant les principes
de trames vertes et bleues, ré‐ouvrant la ville sur la mer, tout en intégrant la nécessaire négociation
de son rapport avec les espaces naturels de grande qualité qui l’entourent.
Parmi les spécificités du site, doivent être soulignées :
- l’existence du parc marin de la Côte Bleue
- la création du 1er Parc national en contexte urbain et littoral (Parc National des Calanques)
- la mise en place récente du plus grand récif artificiel des côtes de France (Prado)
- le développement de la mariculture
- le contexte de grande ville industrialo‐portuaire
- la requalification (urbanistique, touristique, économique, culturelle) d‘une grande partie de
la ville en rapport avec son littoral (Euroméditerranée, plus importante opération de
rénovation urbaine en Europe)
- la présence de sites contaminés (plomb, arsenic, cadmium, zinc) à terre et en mer
- les inconnues concernant la santé publique
- l’existence d’espèces et espaces remarquables
- la biodiversité intra‐urbaine
- une saisonnalité touristique relativement faible
Littoral du Golfe d’Aigues‐Mortes
Le Golfe d’Aigues‐Mortes (GAM), qui s’étend sur la marge occidentale du delta du Rhône, est une
zone de transition terre‐mer caractérisée par des formations littorales qui prennent souvent la forme
de lidos de sables fins séparant les eaux marines des eaux lagunaires. Doté d’un riche patrimoine
historique et naturel, ce littoral est depuis longtemps considéré comme un véritable gisement
d’opportunités halieutiques et touristiques. A partir des années 1960, d’ambitieuses entités
balnéaires et plaisancières (La Grande Motte et Port Camargue) sont apparues dans le cadre d’une
dynamique touristique qui s’est répercutée sur les cités littorales préexistantes de Grau du Roi,
Carnon‐Mauguio, et Palavas. La prospérité de ces stations balnéaires, imaginées par des architectes
d’avant‐garde en réponse à une demande sociétale avide de détente et d’évasion, repose
étroitement sur la jouissance de l’eau en tant qu’élément visuel et support d’activités récréatives. Le
GAM est ainsi devenu une zone touristique de premier plan : une des premières concentrations
territoriales de ports de plaisance en Europe, 240 000 lits touristiques, 110 millions de nuitées
annuelles, plus d’une centaine de structures intervenant dans les pratiques nautiques, plages et
plans d’eau très fréquentés et supports d’une grande diversité d’activités et d’événements sportifs et
festifs (régates, courses de voile, wake board, wake skate, windsurf‐kitesurf‐surf, aviron de mer,
kayak, pêche de loisir, traditionnelles joutes, etc.). Par ailleurs, cette zone se caractérise aussi par la
présence de villes moyennes situées non pas sur le littoral mais en retrait, avec Montpellier et Nîmes
en tête de la hiérarchie. Ces villes, dont la population est en progression ininterrompue depuis
plusieurs décennies, impriment leur dynamique sur les bassins versants de tradition essentiellement
viticole qui forment l’arrière‐pays. Ces derniers connaissent à la fois une déstructuration due à la
crise viticole et une restructuration des villages consécutive à l’arrivée massive de nouveaux
habitants : néo ruraux ayant une activité dans les villes, retraités ou vacanciers. Cette pression
urbaine (l’Hérault qui comptait moins de 500 000 habitants en 1954 devrait dépasser 1,350 million
en 2030) soumet le littoral et les lagunes à de nouvelles contraintes qui ne sont plus celles du
développement initial des années 60.
Les spécificités de ce littoral sont notamment :
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6. Projet d’OHM « Littoral méditerranéen » - Note d’opportunité
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ses caractéristiques géomorphologiques et écologiques (lagunes et cordons littoraux) et sa
position péri‐urbaine par rapport aux principales agglomérations urbaines régionales (Nîmes
et Montpellier) situées plus à l’intérieur des terres
le passage d’un littoral touristique à un littoral « métropolisé »
les jeux parfois contradictoires des gouvernances locales
la fragilisation géomorphologique de la côte, érosion du cordon littoral et très importants
efforts de fixation du trait de côte par aménagements et apports de matériaux sur les plages
une saisonnalité touristique importante, structurant l’économie locale
des interactions fortes avec le fonctionnement hydrologiques des bassins versants, soumis à
une urbanisation en pleine expansion dans l’arrière pays et une diminution des activités
viticoles, avec des effets indirects sur le littoral
Littoraux corses : Balagne et périphérie sud de Bastia
A la différence des deux sites continentaux, le littoral corse présente une urbanisation beaucoup
moins marquée, faisant l’intérêt de son insertion dans le dispositif. Avec une proportion d’espaces
artificialisés nettement inférieurs, il se caractérise néanmoins par des pressions considérables liées
au véritable « retournement du territoire » qui caractérise l’île depuis la fin des années 1950.
L’ouverture au tourisme de masse a créé une situation inédite qui a contribué à une littoralisation
marquée du territoire, en particulier en Balagne, concomitante au développement de la fonction
résidentielle et de la périurbanisation, comme cela est le cas autour de Bastia. Pourtant, sur des pans
entiers de la côte, l’environnement littoral demeure exceptionnellement conservé, si bien que la
pression anthropique – très fortement marquée par le phénomène de la saisonnalité touristique ‐
pose la question de la vulnérabilité et de la durabilité d’un tel développement sur les écosystèmes
terrestres et marins. Jusqu’à présent relativement préservés, ces derniers abritent un patrimoine
écologique remarquable et une grande diversité paysagère, alors que le devenir du territoire littoral
corse est indiscutablement une question majeure du développement économique et social de l’île.
Les caractéristiques particulières de ce littoral sont :
- la littoralisation : l’activité économique de la Corse est concentrée sur le littoral
- la très forte saisonnalité touristique
- le sous‐dimensionnement et le dysfonctionnement des infrastructures : forte saisonnalité de
la pression anthropique (pollution ‐ épuration, déchets – et pressions diverses sur les milieux)
- le jeu complexe des acteurs locaux et la difficulté de conduite des politiques publiques
- le mythe méditerranéen et les représentations idéalisées de la Corse
- les conflits d’usages : pêcheurs/plaisanciers, agriculture/urbanisation, développement
touristique/résidence, partisans du développement de l‘île/ partisans de sa préservation.
S’appuyant sur ces trois aires d’étude, l’Observatoire Hommes‐Milieux « Littoral Méditerranéen » est
donc conçu comme un OHM unique mais multilocalisé, qui développe des thématiques de recherche
partagées en totalité ou en partie par tous les sites. Cette structure permet clairement l’extension
des thématiques de recherche et des aires d’études pour peu qu’elles soient en cohérence et
participent à l’analyse de ces socio‐écosystèmes très fortement anthropisés qui sont l’objet de
l’étude.
Gouvernance et organisation
Cette particularité de multilocalisation appelle un mode d’organisation qui permette un bon
fonctionnement de l’ensemble du dispositif et un traitement cohérent et pertinent des objectifs
scientifiques de l’Observatoire. La gouvernance et le fonctionnement de l’OHM se répartiront entre
trois instances, dont les activités pourront s’organiser comme suit.
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7. Projet d’OHM « Littoral méditerranéen » - Note d’opportunité
Conseil de direction
Son but est d’animer et d’assurer la gestion technique et administrative de l’Observatoire. Il est
chargé de veiller au bon développement des grandes orientations scientifiques décidées par le
Comité de pilotage scientifique. Il définit le plan d’action, en assure le suivi et exerce une veille.
La composition du conseil de direction assurera une bonne représentativité des champs disciplinaires
et des unités investies dans le fonctionnement et l’animation de l’OHM. Il s’agira notamment de
réunir à parité des représentants des sciences écologiques et des sciences humaines et sociales.
Comité de pilotage scientifique
Il est composé de représentants de différentes disciplines concernées par les objectifs
scientifiques de l’OHM (choisis notamment au sein des laboratoires partenaires), auxquels s’ajoutent
de droit les membres du Comité de direction et Directeurs des Institut du CNRS tutelles de l’OHM.
Les DIPEE de Montpellier et Aix‐Marseille y seront aussi représentés. Ce Comité définit la
programmation scientifique de l’Observatoire. Il oriente la rédaction de l’appel à projets de
recherche annuel et détermine les financements attribués aux projets, après sélection. Il se réunit
plusieurs fois dans l’année.
Conseil d’orientation stratégique
Ce conseil accueille les institutions impliquées dans l’OHM. Il permet également l’enregistrement
de la demande sociétale et formule des avis consultatifs. Par commodité, il se subdivise dans les faits
en trois conseils, afin de coller au plus près aux réalités locales de chacune des aires d’étude
retenues. Il est composé d’un panel d’acteurs scientifiques, institutionnels, etc. représentatifs des
partenaires et se réunit au‐moins une fois par an. Sa composition peut être modifiée en fonction de
l’évolution du partenariat.
Unités de recherches
Les laboratoires susceptibles de contribuer à l’effort de recherche au sein de l’OHM « Littoral
méditerranéen » (liste non exhaustive) émargent à plusieurs sites universitaires du sud de la France
(Marseille, Montpellier, Nice, Corte, Perpignan, Avignon), mais aussi au‐delà (Grenoble, Dijon, Liège),
ce qui souligne l’audience possible de cet Observatoire. Ils concernent plusieurs champs disciplinaires
(biologie, droit, écologie, économie, histoire, géographie, géosciences, sociologie, sciences
politiques).
Nom
Code unité
Tutelles
CEFREM
UMR 5110
CNRS, Université de Perpignan
CEJU
EA 2187
Aix‐Marseille Université
CEREGE
UMR 7330
CNRS, Aix‐Marseille Université, IRD, Collège
de France
UMR 6201
CNRS – Aix‐Marseille Université, Université
Droit public comparé,
de Pau, Université de Toulon
Droit international et
Droit européen
CEPAM
UMR 7264
CNRS, Université de Nice
ECOSYM
UMR 5119
CNRS, Université Montpellier 1, Université
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8. Projet d’OHM « Littoral méditerranéen » - Note d’opportunité
ESPACE
UMR 7300
Géosciences Montpellier UMR 5243
HydroSciences
UMR 5569
Montpellier
IMBE
UMR 7263
Laboratoire
d’océanologie
LAMETA
LEGI
LISA
LPED
LSEET
Sciences Pour
l’Environnement
Stella Mare
TELEMME
THEMA
UMR 5519
UMR 6240
UMR 151
UMR 6017
UMR 6134
UMR 5474
UMS 3460
UMR 7303
UMR 6049
Montpellier 2, IRD, Ifremer
CNRS, Aix‐Marseille Université, Université
d’Avignon, Université de Nice
CNRS, Université Montpellier 2
CNRS, Université Montpellier 1, Université
Montpellier 2, IRD
CNRS, Aix‐Marseille Université, IRD, INRA
Avignon
Université de Liège
CNRS, Université Montpellier 1, SupAgro,
INRA
CNRS, Université de Grenoble
CNRS, Université de Corse
IRD, Aix‐Marseille Université
CNRS, Université de Toulon
CNRS, Université de Corse
CNRS, Université de Corse
CNRS, Aix‐Marseille Université
CNRS, Université Franche Comté, Université
de Bourgogne
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