SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  107
Télécharger pour lire hors ligne
Université Paris Ouest Nanterre La Défense
    Master 2 MOI classique 2010/2011




    Les blogueuses influentes :
     un outil de prescription ?



             Marie Trocmé




       UFR SEGMI : Département gestion
TABLE DES MATIERES

1. Introduction ............................................................................................................................ 1

2. Le cadre d’analyse .................................................................................................................. 3

        2.1 La blogosphère ............................................................................................................ 3
        2.2 Passage en revue des différentes typologies : de la communauté virtuelle à la
        blogosphère .................................................................................................................... 10
        2.3 Les bloggeurs influents: quels enjeux, quels risques ? ............................................. 19
        2.4 De l’influence à la prescription ................................................................................. 24

2. Hypothèses ........................................................................................................................... 29

4. Méthode ............................................................................................................................... 31

        4.1 La définition du type de recherche ........................................................................... 31
        4.2 Le plan d'échantillonnage et la méthode de recueil ................................................ 32
        4.3 La définition des variables ........................................................................................ 33
        4.4 Le traitement des données ....................................................................................... 35

5. Etude de cas ......................................................................................................................... 39

        5.1 Mango and Salt ......................................................................................................... 39
        5.2 Les filles pensent que................................................................................................ 48
        5.3 Melle Dubndidu ........................................................................................................ 53
        5.4 Ela Wood ................................................................................................................... 60
        5.5 Mon blog de fille ....................................................................................................... 65
        5.6 Pénélope Bagieu ....................................................................................................... 73

6. Discussions ........................................................................................................................... 76

Conclusion ................................................................................................................................ 83

Bibliographie ............................................................................................................................ 84

Liste des figures, graphiques et tableaux ................................................................................. 86

Annexe ...................................................................................................................................... 88
1. INTRODUCTION



En mars 2005, Claire ouvre le blog « Journal de ma peau ». Chaque jour, elle décrit son
utilisation des produits cosmétiques Vichy avec enthousiasme. Mais quelques jours plus
tard, les lecteurs et la blogosphère découvrent la supercherie : ce n’est pas une fille coquette
qui se cache derrière le clavier mais une armée de marketeurs de la marque Vichy. Sur
internet, les moqueries fusent et la marque est obligée de présenter ses excuses.

Maladroite, la marque Vichy avait pourtant compris le support qui ferait la communication
de demain : les blogs. Face à une méfiance voire un rejet grandissant des messages
publicitaires calibrés, les consommateurs ont trouvé dans les blogueurs des alliés de choix.
Grâce à leur indépendance, leur franc-parler et leur libre arbitre, les blogueurs sont une
source d’information bien plus fiable aux yeux de certains consommateurs que les marques
elles-mêmes. Ils peuvent en quelques clics lancer un produit ou bien signer sa mise à mort.

Les entreprises ne sont alors plus les seules maîtres de leur communication, il faut désormais
prendre en compte ce qui se dit sur internet et plus particulièrement sur la blogosphère.
Certains écrivent d’ailleurs avec une certaine dérision : il n’est donc plus nécessaire de
prouver que l’on est le meilleur, il suffit juste que les autres le disent et la confiance fait le
reste. Et voilà, tout l’enjeu : comment inciter les blogueurs à dire du bien d’un produit ou
d’une marque ?

Certaines plateformes se sont alors spécialisées dans la mise en relation des marques et des
blogueurs ; elles proposent aux blogueurs de tester des produits et de les prescrire. D’autres
entreprises se chargent elles-mêmes de contacter des blogueurs souvent avec une grande
maladresse. En effet, généralement ignorantes des codes sous-jacents de la blogosphère et
de la susceptibilité des blogueurs, les entreprises sont souvent désemparées face à un outil
qu’elles maitrisent mal.

Nous tenterons donc d’analyser quels sont les mécanismes qui sont à l’origine de l’acte de
prescription des blogueurs. Afin de mettre en valeur les facteurs déterminants de la
prescription, nous analyserons six cas de blogueuses influentes françaises qui sont chaque
jour sollicitées de manière plus ou moins pertinente par des entreprises ou des marques.

Nous avons décidé de nous concentrer sur la blogosphère féminine, non pas par
engagement, mais parce que les sujets abordés sur la blogosphère féminine sont les plus
rentables de la blogosphère. Outre des sujets, comme la mode ou le maquillage qui
s’adaptent naturellement à la prescription, les blogueuses semblent aussi plus ouvertes aux
propositions. Ayant cerné le réel potentiel commercial des blogueuses, les entreprises les
sollicitent bien plus que leurs homologues masculins.

Une analyse descriptive de ces six blogueuses nous permettra différencier plusieurs
attitudes face à l’acte de prescription et de fournir des recommandations aux entreprises qui
souhaiteraient approcher des blogueurs.

                                                                                                1
Pour ce faire, le cadre d’analyse nous permettra d’exposer les bases théoriques nécessaires
à l’analyse empirique. Après avoir identifié les tendances de la blogosphère et tenté d’en
imaginer les évolutions, nous passerons en revues différentes typologies. Ces typologies
nous permettrons de croiser diverses façons d’appréhender la blogosphère. Nous nous
concentrerons ensuite sur les différents risques et enjeux que recouvre la notion de
blogueur influent. Pour finir, après avoir expliqué brièvement la théorie de la prescription,
nous nous focaliserons sur la prescription en ligne.

En nous appuyant sur ce cadre théorique, nous dégagerons quatre propositions concernant
les enjeux qui nous semblent déterminants sur la blogosphère et sur le lien qui existe entre
les blogueuses et la prescription.

La partie méthode nous permettra d’expliciter la façon dont nous avons choisi les six
blogueuses qui nous serviront de cas pratique et de détailler les différents critères que nous
avons sélectionnés.

A travers le prisme de trois critères, nous analyserons tour à tour les six blogueuses choisies.
Le support de cette étude de cas sera principalement constitué de verbatim que nous aurons
récolté sur leurs blogs mais aussi des différentes traces qu’elles auront laissées sur internet.

La partie discussion nous donnera l’occasion d’effectuer une synthèse des résultats, à l’aide
d’un tableau récapitulatif et d’un mapping, et de dégager quatre profils de blogueuse.
L’analyse faite de ces six cas nous permettra aussi de répondre aux propositions exposées
dans la troisième partie. Enfin, nous proposerons 9 recommandations aux entreprises afin de
les aider dans leurs futures approches de blogueuses.

Nous conclurons dans la dernière partie, en reprenant les résultats essentiels de notre étude
après en avoir précisé le cheminement et tenterons de réfléchir sur les futures pistes
d’études à mener.




                                                                                              2
2. LE CADRE D’ANALYSE



2.1 LA BLOGOSPHERE




Depuis 2004, Technorati, un moteur de recherche spécialisé dans le domaine des blogs,
publie son rapport annuel sur l’état de la blogosphère dans le monde. Cette étude qui
s’appuie sur l’analyse de plus d’un million de blogs fait figure d’autorité dans le domaine

Afin de mieux cerner les différents blogueurs, Technorati les divise en 4 catégories :

- les « Hobbyist » : ces sont les internautes qui bloguent par plaisir et considère cette activité
comme un passe-temps

-Les « Part Timer » : ce sont des semi-professionnels, ils n’arrivent pas à vivre totalement de
leur activité mais génèrent tout de même un revenu.

- Les « Corporate » : ce ne plus des particuliers mais bien des employés d’une entreprise qui
tiennent un blog.

-Les « Self-Employed » : ce sont les auto-entrepreneurs, ces internautes vivent de leur blog
mais ne sont rattachés à aucune entreprise.

Ces quatre profils nous permettent de mettre en valeur deux grandes catégoies de
blogueurs sur la blogosphère : les blogueurs amateurs, les Hobbyist, et les blogueurs semi-
professionnels et professionnels, les Part Timer, Les Corporate et les Self-Employed.

Afin de compléter ces données à l’échelle mondiale par des données plus francophones,
nous nous appuierons aussi sur l’étude publiée par ConseilsMarketing.fr sur les blogueurs
francophones, réalisée auprès de 425 participants.



2.1.1. DEMOGRAPHIE DE LA BLOGOSPHERE




D’après le graphique ci-dessous, on constate que 2/3 des blogueurs sont des hommes et
ce, indépendamment de leur activité sur la blogosphère.




                                                                                                3
Graphique 1 : Le genre des blogueurs dans le monde en 2010 – Technorati (2010)

Cette sous-représentation dans la blogosphère des femmes pourrait être contrebalancée par
une influence plus importante. Mais, dans les faits, lorsque l’on observe les classements de
blogs tel Wikio les femmes sont sous représentées et sont jusqu’à trois fois moins visibles
que les hommes. Dans la catégorie politique, qui n’est pas un thème traditionnellement
sexué comme le scrapbooking ou la catégorie High Tech, la première femme est en dix-
neuvième place, et ce n'est pas une blogueuse anonyme, il s'agit de Corinne Lepage. Même
constatation lors des assises du Net qui se sont déroulées en mai 2011, seule une femme
sur une dizaine de bloggeurs avait été invitée par le secrétaire d’Etat.

Dans l’étude réalisée par ConseilsMarketing.fr, la majorité de la blogosphère francophone a
moins de 30 ans, avec 31% de moins de 25 ans et 27% qui ont entre 26 et 30 ans. L’étude de
Technorati nous donne plus de détails sur l’âge des blogueurs selon leur activité. Sans
surprise, les Hobbyist et les Part Timer ont entre 25 et 34 ans. D’un autre côté, les Self-
Employed ont en majorité en 35 et 44 ans.

On pourrait donc décrire cette relation entre l’âge du blogueur et sa professionnalisation :
plus l’âge des blogueurs est élevé, plus l’activité de blogging se professionnalise.




       Graphique 2 : L’âge des blogueurs dans le monde en 2010 – Technorati (2010)

Le lieu de résidence et le niveau d’éducation ont aussi leur importance. Selon l’étude publiée
par ConseilsMarketing.fr, 38% des blogueurs interrogés habitent Paris et sa banlieue et 14 %
habitent soit Lyon, Marseille, Lille ou Bordeaux. Au total plus de la moitié des blogueurs se
concentre dans 5 grandes villes de France.



                                                                                            4
De son côté, Technorati a établi que 88% des blogueurs avaient au moins leur baccalauréat
et que 60% faisaient des études supérieures.



2.1.2. L’ACTIVITE DE BLOGGING




Selon l’étude de ConseilsMarketing.fr, 60% des blogueurs francophones bloguent depuis au
moins deux ans. L’activité de blogging n’est donc pas un phénomène éphémère mais s’inscrit
bien dans la durée. Si l’on se concentre sur les différents profils, les Hobbyist, les Part Timer
et les Self Employed sont en majorité présents dans la blogosphère depuis 2 à 4 ans alors
que la majorité des Corporate tiennnent un blog depuis plus de 6 ans.




             Graphique 3 : La durée dans le monde en 2010 – Technorati (2010)

Cette présence sur la blogosphère n’aurait aucune pertinence si elle n’était pas mise en
parallèle avec la fréquence de post et les thèmes abordés.

La moitié des blogueurs francophone consacrent de 30 minutes à 1 heure par jour à bloguer.
Cette tendance se confirme avec tous les blogueurs non professionnels : leur pratique reste
modérée. Mais chez les blogueurs qui ont plus de 500 visiteurs par jour, 40% d’entre eux
consacrent plus de 2h par jour à bloguer.

L’étude de ConseilsMarketing.fr nous permet donc d’établir une seconde relation : plus un
blogueur a de visiteurs, plus le temps passé par jour pour bloguer est important.




                                                                                               5
Graphique 4 : le temps hebdomadaire passé à bloguer en 2010 – Technorati (2010)

Bloguer ne prend pas beaucoup de temps mais la régularité est importante pour fidéliser le
lecteur. Selon ConseilsMarketing.fr 70% des bloggeurs écrivent au moins 10 articles par mois
soit 2 articles par semaine.

Outre la fréquence des posts, les résultats de l’étude de Technorati concernant les thèmes
abordés montre que le champ est vaste et dense. Et le listing qui était proposé aux sondés
n’a pas suffit car 30% répondent que leur sujet principal n’était pas listé : il y a donc
énormément de niches. Le thème le plus abordés par les blogueurs pourrait être traduit par
« rêverie personnelle », 45% des blogs sont donc des blogs généralistes et plutôt personnels.




       Graphique 5 : Les sujets abordés par les blogueurs en 2010 – Technorati (2010)




                                                                                           6
2.1.3. LES BLOGS ET LES RESEAUX SOCIAUX : COMPLEMENTAIRE OU CONCURRENT ?




La question centrale qui articule la relation entre l’activité de blogging et les réseaux sociaux
est la suivante : les réseaux sociaux sont-ils complémentaires aux blogs ou au contraire, les
blogs sont-ils en concurrence avec réseaux sociaux ? On assiste à deux tendances qui vont
dans le sens contraire.

Dans l’étude menée par Conseilsmarketing, 15% des blogueurs déclarent moins poster à
cause de Facebook ou Twitter. L’instantanéité des réseaux sociaux, qui permet de poster
une vidéo, une photo ou de retweeter un article intéressant, rend les internautes plus
paresseux. Le succès du site www.minutebuzz.com en est la preuve : les articles ne sont
souvent pas plus longs que des posts sur Facebook et l’information se trouve sous forme de
photos ou vidéos. L’idée serait que les gens n’ont plus le temps de lire des blogs et leurs
analyses : il faut de l’information, courte et vite.

Face à cette tendance de l’information fastfood, 20 % déclarent poster davantage et 25%
lisent plus d’autres blogs grâce aux réseaux sociaux. L’utilisation des réseaux sociaux est
donc une source d’inspiration et permet aux blogueurs de tisser des liens dans la
blogosphère. La seule concurrence qu’exerce un outil comme Twitter sur les blogs concerne
les commentaires : 20% déclarent être plus enclin à tweeter un commentaire qu’àle laisser
sur le blog. Les réseaux sociaux sont ainsi utilisés comme des relayeurs et des tremplins pour
attirer une audience toujours plus large. Les widgets, Facebook et Twitter sont d’ailleurs tout
aussi incontournables que les flux RSS pour attirer du trafic. La preuve en est que dans
l’étude menée par Technorati, toutes catégories de blogueurs confondus, 66% déclarent
utiliser les réseaux sociaux en complément de leur blog et 77% les flux RSS.

Aujourd’hui, Google est même sérieusement concurrencé par les réseaux sociaux en ce qui
concerne le référencement des blogs. Comme le montre le graphique ci-dessous, 50% des
blogueurs considèrent que Google est un élément important pour attirer des visiteurs alors
65% font plus confiance à Facebook et 66% à Twitter.




                                                                                               7
Graphique 6 : Les outils qui apportent des visiteurs aux blogs en 2010 – Technorati (2010)
                                                                                             8
On voit donc que les moyens d’accéder à un blog sont nombreux et variés, et c’est cette
    abondante source d’information qui pourrait être à l’origine d’une transformation de la
    blogosphère et de ses acteurs.



2.1.4 QUELLE EVOLUTION POUR LA BLOGOSPHERE ?




    Dans un article intitulé “The Three C’s of Information Commerce: Consumption, Curation,
    Creation”, Brian Solis (2011) nous explique ce qui selon lui sera le futur du blogging.

    Ce que Solis appelle notre graphe social (l’ensemble de nos relations en ligne) est en train
    d’évoluer. Alors qu’auparavant il était constitué de communautés assez indifférenciées, ces
    relations sont en train de muter : on est aujourd’hui connecté à des gens qu’on ne connait
    pas obligatoirement mais avec qui on a des centres d’intérêts communs. Ce nouveau graphe
    est appelé le graphe d’intérêts. Les récentes évolutions de Facebook avec la possibilité de
    partager un contenu particulier avec une cible particulière en est un exemple.

    Cette évolution du graphe social va alors être la solution face à la surabondance
    d’informations sur internet. Cette constitution de groupe va permettre aux internautes de
    diffuser aux bonnes personnes le bon contenu et permettre à ce même contenu d’avoir une
    résonnance plus importante.

    « Aujourd’hui comme chacun peut émettre et diffuser comme une petite station de TV, vous
    parlez à une audience qui a son audience qui a son audience qui a son audience…. etc (…)
    C’est facile d’avoir un Retweet, beaucoup moins d’en avoir tout le temps, et pourtant c’est la
    seule manière de garder en vie des choses sur le web, où les contenus explosent et où tout
    le monde se bat pour votre attention ».

    De cette idée part alors le concept de « Curation ». Selon Solis, les internautes sont divisés
    en 3 types :

    -Les consommateurs qui consomment de l’information mais ne la font pas partager. Selon
    Forrester, cette catégorie représenterait 70% des utilisateurs de réseaux sociaux.

    -Les « curators » qui est le terme anglais qui désigne un conservateur de musée et dont le
    rôle, dans ce contexte, n’est pas si différent de son acceptation initiale : il découvre,
    organise, hiérarchise et partage des informations importantes et ce grâce à une utilisation
    pertinente de son graphe d’intérêt.

    -Les créateurs et l’élite qui produisent du contenu par l’intermédiaire principalement de
    blogs.




                                                                                                9
Figure 1 : Les 3 C de Brian Solis (2011)

Les années à venir seront donc marquées par l’arrivée de ce nouvel internaute et par le
développement de plateformes telles paper.li : un journal en ligne relayé par Facebook et
Twitter. Le consommateur statique pourrait donc se convertir en curator productif et
pourquoi pas ensuite en créateur.

Cet aperçu de la blogosphère nous permet donc de dresser un portait type du blogueur : un
homme, éduqué et citadin qui bloguerait de façon journalière et fréquente. Il serait
toutefois difficile de dégager un sujet majeur sur la blogosphère : les thèmes abordés sont
extrêmement hétéroclites. On peut, par contre, affirmer que les réseaux sociaux font partie
intégrante de leur stratégie de visibilité : plus ils multiplient leur présence sur les réseaux
sociaux et plus ils sont visibles dans une blogosphère toujours plus riche. C’est d’ailleurs
cette densité et cette abondance qui fait apparaître un nouvel acteur : le curator.



2.2 PASSAGE EN REVUE DES DIFFERENTES TYPOLOGIES : DE LA COMMUNAUTE
VIRTUELLE A LA BLOGOSPHERE




2.2.1 LES E-TRIBUS DE KOZINETS




A) DES COMMUNAUTES AUX COMMUNAUTES ONLINES

Avec l’arrivée de la post-modernité et d’internet, les communautés ont muté. Alors
qu’autrefois, on naissait dans un endroit et que l’on s’inscrivait dans les communautés de
celui-ci (famille, religion…) les internautes ont aujourd’hui la possibilité de s’affranchir des
contraintes d’espace et de se tourner vers d’autres communautés. La postmodernité est


                                                                                             10
d’ailleurs définie par certains auteurs (Maffesoli 1988 et Fearthstone, 1991) comme une
tentative de recomposition sociale.

Décrire et trouver un nom à ces nouvelles communautés « post-modernes » a été et est
encore aujourd’hui une source de difficulté.

Howard Rheingold (1993) a été le premier à utiliser le mot de « communautés virtuelles » dont
il en fait la définition suivante : « agrégations sociales qui émergent à travers le Net, où les
personnes portent assez longuement en public des discussions pour former des
enchaînements, des rapports personnels dans l'espace virtuel ».

 Cette définition reprend alors les 3 concepts fondamentaux qui identifient selon Krap et al.
(1977) une communauté :

-la continuité de l’interaction sociale

- les valeurs partagées

-un espace géographiquement non délimité

Mais pour Kozinets (1999) ce terme de virtuel est trompeur : il pourrait impliquer que les
communautés sont moins « réelles » que les communautés « physiques ». Il ajoute d’ailleurs
que« ces groupes sociaux ont une « réelle » existence de leurs participants, et ont ainsi des
conséquences sur plusieurs aspects du comportement, celui du consommateur inclus ». Ce qui
conduit Kozinets à utiliser le terme « communautés online ».

L’individu dépasse alors la notion d’individualité et s’inscrit ainsi dans un réseau constitué
d’une variété de liens l’attachant à une ou plusieurs communautés de référence. Mais sans
forcément se lier à vie à cette communauté, comme le précisent Charbit et Fernandez (2003)
« la communauté « post- moderne » est plus volatile, et plus éphémère, chacun des membres
gardant le libre choix de s’en extraire quand bon lui semble ».

L’e-tribalisation, comme la nomme aussi Kozinets, a alors des conséquences notoires sur le
comportement du consommateur. Le consommateur ne chercher plus                           dans la
consommation un moyen direct de donner un sens à sa vie, mais un moyen de se lier aux
autres dans le cadre d'une ou plusieurs communautés de référence. Ce sont ensuite ces
communautés online qui vont lui permettre de donner un sens à sa vie. Comme l’analyse Cova
(1995), la consommation n’est donc plus le lien social mais un outil au service du lien social.

Afin de réellement comprendre ce qu’implique une communauté online, Kozinets a
conceptualisé le développement d’un individu dans une communauté online.

Dans un premier temps, l’utilisateur « rode », parcourt les informations sur internet : il lit mais
n’écrit pas. Il se contente de sites institutionnels et officiels. Mais le plus il devient
expérimenté, le plus il se dirige vers des contre-pouvoirs : il fréquente les communautés
online, s’informe, questionne les utilisateurs en privé ou en public et devient un participant du
groupe de discussion. Cette relation entre les différents membres est toutefois soumise à des
                                                                                                11
règles, des normes langagières : dans les forums, par exemple, le langage SMS est proscrit, les
majuscules sont utilisées pour « crier », etc. Ces normes passent aussi par la prise en compte
de la structure hiérarchique et des statuts des différents utilisateurs. Ce qui au départ était
une simple recherche d’information se trouve transformée en communauté.




    Figure 2 : L’évolution d’un individu dans une communauté en ligne - Kozinets –(1999)



B) LES TYPES DE COMMUNAUTES VIRTUELLES

A partir de là, comme le montre le schéma ci-dessous, Kozinets identifie 4 types de membres
dans les communautés virtuelles selon 2 critères, la relation que l’individu entretient avec
l’activité de consommation et l’intensité de la relation entre les autres membres de la
communauté :




        Figure 3 : Types de membres dans les communautés online - Kozinets (1999)




                                                                                            12
- Les touristes (« the tourists ») : entretiennent très peu de liens sociaux avec les autres
membres de la communauté et ont un intérêt superficiel voire passif dans l’activité de
consommation.

- La mêlée (« the minglers »), ils ont le même intérêt dans l’activité de consommation que les
touristes mais sont très impliqués dans la communauté.

- Les dévots (« the devotees ») sont les opposés de la mêlée, ils ont un intérêt fort pour
l’activité de consommation mais n’ont que peu d’attache à la communauté.

- Les initiés (« thes insiders ») sont très actifs dans la communauté et ont une activité de
consommation très importante.




C) DES INTERACTIONS SPÉCIFIQUES

Les dévots et les touristes ne se mêlent pas à la communauté par plaisir mais parce qu’ils ont
un dessein, comme celui de s’informer sur un nouveau produit. Leur but n’est donc
absolument pas altruiste, ils utilisent les communautés mais n’y participent pas. Ils reçoivent
mais sans donner en échange: ils sont individualistes.

Au contraire, la mêlée et les initiés sont des êtres sociables : leur contact avec les autres n’a
pas de but précis, ils aiment échanger et confronter leur idée. Leur vision et leur action sont
désintéressées, ce sont ceux qui, par exemple, répondent systématiquement aux nouveaux
utilisateurs. Ils ont une vision orientée à long terme.

Kozinets distingue ensuite deux objectifs qui motivent les internautes à participer aux
communautés onlines : soit autotélique, c'est-à-dire qui n’a d’autre but que de distraire, soit
instrumentale, qui vise un but précis.

Les interactions sont alors classées en 4 types :

- Récréatives : les utilisateurs veulent satisfaire leur besoins primaires et à court terme. Ces
interactions ont souvent la forme de discussions courtes et instantanées : ce sont, par
exemple, les chats. La mêlée ainsi que les touristes utilisent souvent cette forme de
communication

- Transformationnelle : les utilisateurs veulent atteindre un objectif à long terme et sont très
impliqués. Ce sont, par exemple, des activistes qui demandent des packagings plus
écologiques et responsables. Ces actions sont souvent organisées par les initiés et sont
ensuite suivies par les dévots.



Dans les deux dernières interactions, informationelle et relationelle, Kozinets reprend son
raisonnement de l’évolution d’un individu dans une communauté en ligne : l’individu
fréquente d’abord les communautés pour s’informer et satisfaire son intérêt personnel
                                                                                              13
(informationelle) et progressivement, à force d’échange, il se retrouve à être un membre à
part entière et s’implique dans la communauté (relationnelle). Le schéma ci-dessous résume
ce cheminement :




     Figure 4 : les modes d’interactions dans les communautés onlines – Kozinets (1999)



2.2.2 LES TROIS POLES DU CAPITAINE




Cette 2ème typologie a été développée par Laurent Gloaguen (2004), surnommé le Capitaine,
blogueur du très célèbre blog Embruns. Selon lui, la blogosphère se divise en 3 pôles :

Le premier est le Pôle Weblogue, qui est un recueil de lien. Ce pôle qui est le « pôle originel »
est aujourd’hui singulièrement dépeuplé. Il cite en exemple le Petit Canclaux 1, Manur2 et
Iokanaan3.

Le Pôle Diariste est représenté principalement par les journaux intimes. Cette catégorie est,
au contraire, sur-représentée sur la blogosphère et est composée d’internautes de tout âge,
sexe, conditions sociales, etc. La création de plateformes très intuitives et gratuites, comme
Skyrock, ont participé à l’expansion de cette forme de blogging.

Le Pôle Thématique est constitué de blogs spécialisés. Ce sont des blogs qui sont soit mono-
thématiques, soit multi-thématiques mais qui restent dans les thématiques sérieuses. Les
thèmes choisis sont très variés mais le blogueur se positionne en tant que spécialiste.




1
  http://la.cote.free.fr/canclaux/blog.html
2
 http://manur.org/
3
  http://iokanaan.net/
                                                                                              14
Le schéma ci-dessous est la représentation de la blogosphère selon Laurent Gloaguen : le
plus il y a de points rouges, le plus le pôle est saturé. Quant au point noir, c’est le barycentre
de la blogosphère.




                  Figure 5 : Typologie de la Blogosphère selon Laurent Gloaguen (2004)



2.2.3 LES DIFFERENTS CERCLES DE LA BLOGOSPHERE




Dans son livre « Créer, trouver et exploiter les blogs », l’universitaire Olivier Ertzscheid
(2008), dresse à son tour une typologie de la blogosphère. A partir de deux axes, l’abscisse
différenciant les blogs individuels et collectifs et l’ordonnée qualifiant le sujet du blog, il a
établi différents cercles de blogs.




                     Figure 6 : la blosphère selon Olivier Ertzscheid (2008)
                                                                                               15
Le premier cercle, concerne principalement les Metablog et inclus aussi à moindre mesure
les sites professionnels, les institutions et entreprises. Ce premier cercle concerne les blogs
qui « signalent » c'est-à-dire qui délivrent de l’information sans analyse. Les méta-blog par
exemple, sont constitué de liens : le blogueur ne donne pas son avis, il propose à ses lecteurs
des informations « pures».

 Le second, cercle qu’il qualifie « d’analyses », concerne des blogs principalement
thématiques et professionnels. Ce sont des blogs qui ont une dimension réfléchie, les
auteurs de ces blogs partagent leurs idées, leurs convictions et se basent sur des données
chiffrés ou du moins, fiables. Peuvent être cités, les blogs journalistiques, de recherche mais
aussi des associations. Dans ces blogs, les auteurs engagent leurs paroles d’officiels mais ne
s’engagent pas de façon personnelle.

Dans le troisième et dernier cercle, ce situent les blogs dits de « réflexions ». Ces blogs
concernent principalement les blogs où le sujet s’implique personnellement. Le blog devient
une façon de s’affirmer à travers sa vie personnelle, un hobby ou des opinions politiques. Ce
sont par exemple, les journaux intimes, les blogs politisés ou les blogs de loisirs.



2.2.4 BLOGOSPHERE : LA PRODUCTION DE SOI COMME TECHNIQUE RELATIONNELLE




Dominique Cardon et Hélène Delaunay-Teterel (2006) ont établi une typologie de la
blogosphère en se concentrant sur la dimension relationnelle que les blogueurs
entretiennent avec leurs lecteurs. La définition qu’ils font des blogs permet de mieux cerner
leur approche et leur vision de la blogosphère : les blogs sont, selon eux, « un outil de
communication permettant des modalités variées et originales de mises en contact. ». Afin
de réaliser cette typologie, ils se sont appuyés sur des critères qualitatifs, comme, par
exemple les commentaires,.

Ils ont alors mis en relation le rapport énoncé/énonciation, le mode de communication et la
forme du réseau et ce qui les a conduits à établir à établir 4 types de blogs :




                                                                                            16
Figure 7: Quatre modèles de blogs d’après Cardon et Delaunay-Teterel (2006)



A) LE BLOG INTIMISTE

Le premier type de blog identifié par Cardon et Delauney-Terel est de type journal intime.
Ces blogs « libèrent à la fois l’énonciation qui se charge de multiples traces de subjectivité et,
de façon conséquente, l’énoncé, qui peut prendre des libertés avec les conventions
langagières ordinaires.».

Ces blogs n’ont pas besoin de se confronter à d’autres points de vue, ils sont presque en
autarcie. Le message n’est pas adressé à quelqu’un en particulier et ils n’ont pas besoin de
commentaires pour survivre.

Toutefois le blogueur utilise des pseudonymes car le contenu du blog touche à l’intimité et
au personnel, il « partage des intériorités ». Le blogueur n’est donc plus dans une relation
sociale ordinaire mais il développé une « sociabilité extraterritoriale» : il ne veut plus la
reconnaissance de proches et ne souhaite surtout pas être démasqué par ceux –ci. Il cherche
à cloisonner sa vie réelle de cette vie virtuelle : le public du blog est donc restreint, comme
un Halo et s’organise en étoile avec au centre de l’attention le blogueur.

                                                                                               17
B) LE BLOG FAMILIER

Matthieu Paldacci (2006) distingue bien les blogs intimistes des blogs familiers. Alors que
nous venons de voir que les blogs intimistes s’inscrivaient dans une sphère extraterritoriale
les blogs familiers regroupent proches et inconnus. Ce second type de blog se concentre sur
la description de l’environnement et des activités quotidiennes du blogueur. S’il dévoile des
détails de sa vie privée, il n’est pas du tout dans l’introspection car ses énoncés sont soumis
à la contrainte d’un public de proches.

Cette exposition de l’intime varie en fonction de l’âge et du sexe des personnes, les
adolescents, par exemple, sont plus enclins à exposer leur vie privée car cela devient un
moyen de s’affirmer.

Le blog familier « s’inscrit alors dans la gamme des outils de communication interpersonnelle
comme un dispositif particulier d’échange avec les proches. » (Cardon et Delauney-Terel).
Les posts et commentaires deviennent alors de véritables conversations, ce qui conduit
Cardon et Delauney-Terel (2002) à parler de « conversation continue et ininterrompue ». Le
nombre de commentaires par post est parfois très élevé et le rythme rapide. Le public est
donc un clan : le blogueur ne veut pas créer de lien avec de nouveaux lecteurs, mais
entretenir et renforcer des liens préexistants.

C) LE BLOG COMMUNAUTAIRE

Le troisième type de blog se distingue nettement des deux précédents en deux points. Tout
d’abord, le blogueur n’interroge plus son intériorité mais s’affirme grâce à une compétence.
Ensuite, sa relation avec ses lecteurs est tout à fait différente : la relation est motivée par un
intérêt commun le lien « d’interconnaissance » n’est pas nécessaire. La relation que le
blogueur lie avec ses lecteurs est alors une relation de reconnaissance et de coproduction :
chacun donne son avis, conseille, juge. Les auteurs appellent cela une « intimité
instrumentale », la relation que le blogueur noue avec sa communauté de pairs a un dessein
qui peut être la professionnalisation, par exemple.

Ce n’est donc plus le blogueur qui est mis en avant mais bien l’intérêt commun. Le blog est
un espace communautaire où chacun dialogue et échange autour d’une même passion. Les
posts appellent donc des commentaires et les échanges s’organisent ans la durée et
réguliers, de là se créent des « affinités sélectives » (Cardon et Delauney-Terel).

« Dans cette configuration, le réseau relationnel des blogs prend une forme nettement
clustérisée, puisque les liens formés par le bloggeur ont progressivement tendance à se lier
entre eux par le partage d’une sorte d’intérêt mutuel. » précisent les auteurs.

D) LE BLOG CITOYEN

Le dernier modèle de blog est à distinguer du type blog communautaire car le blogueur se
définit désormais comme « citoyen » et non comme une partie d’un groupe sélectif et
affinitaire. Ce statut de « citoyen », implique que l’identité civile est assumée et que le
blogueur est totalement responsable de ses propos.

                                                                                               18
Les commentaires par post sont extrêmement nombreux, variés et denses C’est d’ailleurs
cette interactivité très forte qui crée un « écosystème des blogs citoyens ». Le blogueur et
son lecteur sont constamment en train d’échanger, c’est un « dialogue étendu ». Le contenu
du blog n’appartient alors plus à l’énonciateur mais à l’espace public : un post est la source
de débats, micro-sondages… Chacun s’informe auprès de l’autre et forme son avis grâce à
l’autre. Le blog citoyen devient alors une sorte d’Agora moderne.



2.3 LES BLOGGEURS IN FLUENTS: QUELS ENJEUX, QUEL S RISQUES ?




2.3.1 LE BLOGUEUR INFLUENT : UN LEADER D’OPINION ?




La définition d’un blogueur influent reste une notion bien vague et très controversé dans la
blogosphère.

Depuis leur introduction par Katz et Lazarfeld (1955), les concepts de leader d’opinion et
d’influenceurs restent flous.

L’analyse d’Eric Vernette (2007) nous permet de mieux identifier ce qu’est un leader
d’opinion et d’établir le lien qu’il existe entre leader d’opinion, leadership et influence.

Le « leader d’opinion » est généralement défini comme « une personne qui exerce une
influence sur son entourage et (ou) qui échange des informations orales sur les produits et
marques » 4

Eric Vernette ajoute à cette définition quelques précisions. Selon lui, le leader d’opinion
disposerait de 4 traits : un trait psychologique (forte personnalité), un traits physique
(beauté), un trait social (l’intelligence sociale) et l’expertise et l’impartialité qui permettrait
au leader d’opinion de crédibiliser les informations qu’il diffuse.

A partir de ces traits, il décrit un processus dynamique : le leadership. Il s’appuie alors sur
une double force : une force d’attraction et une force de conviction. Ces différentes forces
auront donc soit une influence visuelle, soit une influence verbale comme nous le montre le
schéma ci-dessous :




4
 (King et Summers, 1970 ; Ben Miled et Le Louarn, 1994 ; Mowen, 1995 ; Gilly et al. 1998 ; Flynn et
al., 1996 ; Goldsmith et de Witt, 2003).
                                                                                                 19
Figure 8 : Leader d’opinion, le leadership et l’influence d’après Vernette (2007)

Face à cette définition du leader d’opinion, la différenciation que font Engel et al. (1995)
entre le terme « leader d’opinion » et celui d’ « influenceur » est très intéressante. Alors que
le premier sous-entend, selon eux, un échange d’informations à sens unique, le second
semble être plus conversationnel. L’influenceur serait donc le leader d’opinion online.
L’influence n’est alors pas à sens unique, elle circule entre les différents acteurs. On pourrait
même dire que l’on est toujours influencé et influenceur : en bref, la blogosphère se nourrit
d’elle –même.

La relation entre influence est confiance est très bien expliquée par Le Capitaine qui écrivait:
« Si j’expose une idée stupide, quel que soit mon degré de visibilité, je ne convaincrai
personne avec. Pire encore, j’ai des commentateurs peu tendres et volontiers ironiques qui
démonteront vite fait mon argument. Si je faisais la publicité d’une machine à laver ou d’une
cafetière, je serais la risée de mes lecteurs et ce ne serait que bien mérité. »

Avec ce verbatim on voit bien que cette influence passe donc par la confiance que le lecteur
octroie au blog qu’il lit. Il est donc important d’identifier ce qui permet au lecteur de faire
entièrement confiance au blogueur et quels sont les limites de cette confiance.



2.3.2 LA CONFIANCE




Dans une étude publiée sur www.emarketer.com s’intéressant au degré de confiance porté
à une information selon sa provenance, le résultat est sans appel : les internautes ont
confiance en leur amis. 61% des internautes interrogés ont une confiance totale dans les
contenus que publient leurs amis que ce soit sur les blogs, Facebook ou bien Twitter. Comme
c’est lisible dans le tableau qui suit, on comprend facilement que dans la vie virtuelle
comme dans la vie réelle les internautes font confiance à leurs amis.




                                                                                              20
Figure 9 : Les sources d’informations qui sinpirent la confiance selon les utilisateurs de média
                                     sociaux en juin 2010

Dans la seconde partie de cette étude, les internautes ont hiérarchisé les facteurs qui
influençaient leur confiance. L’ouverture des commentaires qu’ils soient négatifs ou positifs
et donc la transparence de la relation entre le blogueur et ses lecteurs, est une donnée
fondamentale. Mais une liberté de parole totale n’est pas la seule source de confiance, il
faut que les commentaires et le contenu soient de qualité. Enfin, la réactivité des auteurs du
blog, qu’on pourrait assimiler à une mise à jour régulière mais aussi à la prise en compte de
commentaire, est le troisième facteur le plus important.




Figure 10 : Les facteurs qui inspirent la confiance selon les utilisateurs de médias sociaux en
                                            juin 2010
                                                                                             21
La capture d’écran ci-dessous permet de mettre des exemples concrets sur les résultats de
l’étude ci-dessus. Voici ce que le collectif webmarketing 5 conseille pour instaurer une
relation de confiance :




2.3.2 ETHIQUE




Cette influence des blogueurs fait apparaître un nouvel enjeu : le contenu. Ces blogs qui sont
des relayeurs d’informations constituent de nouveaux carrefours d'audience et deviennent
alors un réel « cinquième pouvoir ». La publication par l’institut d’étude Forrester d’un
rapport en 2009, annonçant que la communication sur les blogs devenait inévitable,
officialise ce qui était jusqu’alors connu de tous : l’activité de blogging devient pour les
marques et les entreprises un nouvel enjeu.

Les marques ont alors plusieurs possibilités pour être présentes sur les blogs :

- Cela peut passer par des relations publiques pures qui sont sous forme d’invitation à une
expérience de marque, de soirées, d’envoi et de test de produits ou services, de rencontres
avec une égérie ou une personne de la marque.

- La plupart commercialisent déjà des espaces publicitaires ou des liens sponsorisés, en
direct ou via des régies.

5
    http://collectif-webmarketing.com/comment-etablir-la-confiance-sur-votre-blog

                                                                                           22
- Les entreprises peuvent aussi rémunérer la diffusion de contenus: vidéos virales,
advergames, widgets.

- Enfin, la sponsorisation de billets. Le blogueur est souvent libre d’écrire ce qu’il veut sur
une marque, un produit ou un événement et reçoit en contre -partie une rémunération.

Ces pratiques sont aujourd’hui considérées comme normales et la plupart des blogueurs ont
recours à ces contreparties. Mais certains blogueurs influents vivent aujourd’hui totalement
de leur activité et ce grâce à la publicité. Loïc Le Meur (près de 25 000 abonnés) en est un
très bon exemple : il a confié la régie publicitaire de son blog au groupe Publicis pour 6
000 euros de recettes garanties par mois. Ces sommes astronomiques peuvent alors
provoquer, à juste raison, la polémique.

En effet, comment continuer à faire confiance aux écrits de quelqu’un qui se fait sponsoriser
ses articles ? Comment distinguer les posts sponsorisés des véritables critiques
indépendantes ? Quelle liberté de parole reste-t-il à celui qui gagne sa vie grâce aux
publicités ? Ces questions liées à la professionnalisation de l’activité de blogging sont au
cœur du débat.

C’est ainsi que la Federal Trade Commission, une agence indépendante du gouvernement
des États-Unis, qui contrôle les pratiques commerciales, a publié en 2009 un guide actualisé
des recommandations à l’attention des publicitaires, “Guides Concerning the Use of
Endorsements and Testimonials in Advertising“ 6 . Désormais, les blogueurs qui seront
rémunérés pour la publication d’un article devront clairement mentionner leur relation avec
l’annonceur. Cette règle s’applique également aux stars qui, par exemple, recommandent
des produits sur leur page Twitter ou Facebook. Si cette relation n’est pas clairement
mentionnée, les fraudeurs risquent une amende allant jusqu’à 11.000 $ d’amende. Bien que
cette règle ne soit applicable que sur le territoire américain, les européens se sont eux aussi
penchés sur la question.

En juin 2008, un rapport7 suggérant de « clarifier le statut des blogs » et d’« encourage*r+
leur labellisation en fonction des responsabilités professionnelles et financières et des
intérêts de leurs auteurs et éditeur » a été adopté par la commission Culture du parlement
européen.

Le rapport affirmait que « le statut indéterminé et non signalé des auteurs et diffuseurs de
blogs entraîne des incertitudes en matière d’impartialité, de fiabilité, de protection des
sources, d’application des codes d’éthique et de détermination des responsabilités en cas de
poursuites en justice. Il recommande que soit clarifié le statut juridique de différentes
catégories d’auteurs et de diffuseurs de blogs ainsi que la divulgation des intérêts et la
labellisation volontaire des blogs. »


6
    http://www.ftc.gov/os/2009/10/091005endorsementguidesfnnotice.pdf
7
    http://www.europarl.europa.eu//meetdocs/2004_2009/documents/pr/712/712320/712320fr.pdf

                                                                                            23
Face à ces différentes attaques, Buzzparadise, 1er réseau international de social media
advertising, a pris les devants. Tous les billets sponsorisés et publiés par les blogueurs
contiennent déjà un marqueur qui indique clairement qu’il s’agit d’un billet pour lequel le
blogueur a touché ou non une rémunération.

Kristine De Valck (2009) résume alors très bien, dans le schéma suivant, la complexité de la
situation dans laquelle se trouvent les blogueurs influents. Ils sont tiraillés entre trois
« forces » : la communauté, les avantages procurés par les produits, la contre-partie reçue et
leur crédibilité.




       Figure 11 : Balance des problèmes éthiques du blogueur selon De Valck (2009)



Ainsi, bien que tenu par la confiance que leur confère leur lecteurs, les blogueurs sont
devenus un réel enjeu pour les marques et entreprises. Face à une influence toujours plus
importante et à un public toujours plus nombreux, les blogueurs endossent aujourd’hui un
rôle encore plus déterminant, celui de prescripteur.



2.4 DE L’INFLUENCE A LA PRESCRIPTION




Si les blogueurs ont une influence sur leur lectorat, on peut considérer que cette influence
peut aussi être analysée en termes d’influence sur la décision d’achat. Le blogueur devient
donc un prescripteur à part entière. Dans ce qui va suivre, nous tenterons de définir le terme
de prescription, l’influence de la prescription sur les décisions d’achats et enfin, les différents
profils de blogueurs face à la prescription.




                                                                                                24
2.4.1 THEORIE GENERALE DE LA PRESCRIPTION




Stenger et Coutant dans « La prescription ordinaire de la consommation sur les réseaux
socionumériques : De la sociabilité en ligne à la consommation ? » (2009) définissent le
terme générique de prescription comme une « influence sur le comportement et le choix des
individus » en précisant qu’elle peut s’apparenter à une « recommandation, [un] ordre ou
[un] précepte. ».

Cette définition de la prescription dans un contexte général a ceci d’intéressant que l’action
reste hypothétique : ils précisent d’ailleurs très justement « Si le recours au prescripteur
implique une décision partagée, le choix n’appartient pas au prescripteur. ».

Dans le contexte d’échange de biens ou de services, le prescripteur est un intermédiaire
entre le consommateur et le vendeur : il apporte les savoirs manquants à l’un et permet à
l’autre d’effectuer la transaction. Le prescripteur se glisse donc entre les deux acteurs et
tente de réduire le décalage qu’il existe entre le consommateur et le vendeur.

Armand Hatchuel (2009) identifie alors trois formes de prescriptions :

- La prescription de fait est une prescription qui a recourt à des organismes pour certifier le
produit, ce sont souvent des sigles, par exemple, AB -agriculture biologique- ou bien en
réutilisant l’exemple de Hatchuel « le service de la Garantie » qui garantissait la véracité de
l’or ou de l’argent pour les objets d’orfèvreries »

- la prescription technique lors de laquelle le prescripteur devient un expert qui va apporter
une réelle explication technique sur le produit. La décision de l’acheteur dans ce cas là est
totalement incertaine et il délègue au prescripteur sa décision d’achat. C’est donc le manque
de savoir technique qui va inciter le consommateur à faire appel à un prescripteur.

- Lors de la prescription de jugement, le prescripteur définit « le bien à acquérir, mais aussi
son mode d’appréciation ». Cette différence est extrêmement importante : alors que dans
les deux formes de prescription précédentes, le consommateur sait ce qu’il recherche
comme jouissance dans le produit désiré, le prescripteur, dans ce cas là, donne au
consommateur une idée de la qualité du produit ; il modifie le modèle de connaissance du
consommateur.



   Forme de prescription          Type d’incertitude          Mutation de l’acte d’achat en
Prescription de fait             Simple ou « de fait »                       /

Prescription technique               notionnelle          processus de délégation et de contrôle
Prescription de jugement              de valeur                  délégation de jugement


       Tableau 1 : Trois formes fondamentales de prescription selon Hatchuel (2009)
                                                                                            25
L’Benghozi et Paris (2003) complète cette analyse en identifiant un marché de la
prescription. Pour eux, l’apparition d’un prescripteur ne résulte pas des imperfections du
marché ou d’une asymétrie informationnelle mais directement du type de bien qui est
prescrit, comme par exemple le livre.

Stenger (2004) synthétise ces différentes recherches en identifiant la prescription comme
une interaction entre des personnes qui ont un différentiel de savoir. La prescription
constitue alors une dynamique collective avec au centre de cette dynamique l’objet
marchant.



2.4.2 LA PRESCRIPTION EN LIGNE, LE CAS DE L’ACHAT DU VIN EN LIGNE




Stenger (2008) dans « Les processus de décision d’achat de vin par Internet : entre recherche
d’information et prescription en ligne » a analysé la prescription en ligne avec comme cas
particulier l’achat de vin en ligne. Pour réaliser cette étude, il a interrogé 21 participants à un
club de vin et utilisé 3 sites internet aux capacités de prescriptions variés. Chaque participant
était face à deux scénarii d’achat et devait choisir un vin en ligne.

A partir de cette étude, Stenger a réussi à définir différents processus d’achat en ligne selon
le rôle de la prescription et le niveau de compétences de l’acheteur.




     Figure 12 : Six types de processus de décision d’achat en ligne selon Stenger (2008)

Nous le voyons dans ce graphique, dans le premier cas, « satisficing et hasard », l’acheteur
n’a aucune compétence et le prescripteur n’a aucune influence sur sa décision d’achat. Le
seul facteur déterminant reste alors le prix.


                                                                                                26
Dans le cas de l’ « achat autonome », l’acheteur ne prend absolument pas en compte la
prescription et se réfère à ses propres connaissances.

Le « satisficing assisté » est une évolution du « satisficing hasard » car bien que l’acheteur
n’ait aucune connaissance, il s’en remet au prescripteur pour finaliser son choix.

Durant l’ « achat déterminé par la prescription », le consommateur a totalement confiance
dans les conseils du prescripteur et en est totalement dépendant.

Lors de l’ « achat savant maitrisé par l’acheteur », le consommateur a toutes les cartes en
main pour faire son choix : il a à la fois les compétences et est aussi à l’ écoute du
prescripteur. Cette double position lui permet de faire la part des choses entre ce qu’on lui
conseille et ce qu’il sait.

La « délégation du jugement et du choix » s’opère quand le prescripteur a plus de savoir et
de compétences que le consommateur : le prescripteur influencera donc en dernier lieu la
décision de l’acheteur.

On voit dans cette classification que la majorité des achats se font sous prescription mais les
profils sont extrêmement variés. Le prescripteur doit donc s’adapter au consommateur et à
son niveau de compétence. Stenger conclut alors qu’il faut multiplier les formes de
prescription pour favoriser l’achat en ligne.



2.4.3 LE BOUCHE A OREILLE




Les travaux de Stenger sous-entendant que la prescription devrait être presque
« personnalisée » au cas par cas, justifie l’utilisation de blogueurs comme prescripteurs. En
effet, les lecteurs fidèles d’un blog ont généralement tendance à être dans la partie
supérieure du graphique de Stenger : la prescription dans ce contexte a un impact modéré
voire fort. C’est pourquoi l’analyse de De Valck (2007) se révèle extrêmement intéressante
pour identifier ce qui se passe de l’autre côté de la barrière : Quels sont les différents profils
de blogueurs/prescripteurs ?

Elle a analysé ce qu’on appelle le bouche à oreille sur internet : une entreprise contacte des
blogueurs qui en échange de cadeaux, rémunérations directes ou indirectes doivent parler
d’une marque. Elle a analysé la réaction de 83 blogueurs suite à la réception d’un téléphone
portable gratuit. Les résultats chiffrés de ce programme sont résumés dans le tableau ci-
après.




                                                                                               27
% de blogueurs concernés
   Blogueurs qui ont écrit un post à propos du 84 %
   téléphone
   …et qui ont posté une photo à propos du téléphone 92%
   …et qui ont posté une vidéo                            41%




                               Effet « Bouche à oreille »
   Estimation du nombre d’internaute qui ont lu les posts sur le téléphone        150 000
   …et qui ont commenté ces posts                                                 700

           Tableau 2 : Synthèse des résultats de l’étude de Kristine De Valk (2007)

La plupart des blogueurs ont donc participé à cette action de prescription et l’auteure a
classifier ces blogueurs en fonction du niveau d’adhésion ou de rejet de ce nouveau rôle de
« quasi-marketeur ». Elle distingue 5 réactions :

- Les premiers sont des « marketeurs enthousiastes », ils acceptent leur rôle et le
remplissent avec application : ce sont de parfaits ambassadeurs. Elle cite en exemple une
blogueuse qui vend littéralement le produit avec ses caractéristiques techniques et donne la
preuve que cet objet est cool: une serveuse aurait dansé sur la musique de la sonnerie de
son portable lors d’un diner.

-Les « marketeurs réfléchis» sont ceux qui se donnent des excuses et tournent en dérision
leur rôle. Par exemple, un blogueur s’étonne d’avoir été choisi pour ce test en expliquant
que les marketeurs pensaient trouvé un leader d’opinion spécialiste de l’high-tech mais
qu’ils ont en fait choisi un blogueur médiocre ne sachant que faire d’un téléphone aussi
évolué.

-« Le leader d’opinion auto-proclamé » assume son rôle et ne fait pas part d’état d’âme. Une
blogueuse qui écrit à propos de son mariage confie que le post qui va suivre n’est pas
totalement sur son mariage puis vend le produit en décortiquant toutes ses caractéristiques
techniques en argumentant que c’est l’objet parfait pour préparer son mariage.

-« Les bons citoyens » sont ceux qui vont tenter de faire une description la plus objective
possible du produit. De Valk cite un blogueur qui affirme que son évaluation du produit sera
bien meilleure que les autres car il utilisera l’appareil durant 2 ans en signalant ses points
forts et ses points faibles.

-Enfin, « le profiteur » fait le minimum pour être sélectionné de nouveau la prochaine fois
mais ne s’implique pas outre mesure.

Pour De Valck, la prescription ou la non prescription d’un produit dépend de trois critères :
l’identité du blogueur, c'est-à-dire comment il se définit, sa relation avec ses lecteurs et la
catégorie de produits qu’on lui demande de prescrire.
                                                                                            28
2. HYPOTHESES



Cette première partie théorique, nous aura permis de dégager quatre questions auxquelles
nous tenterons de répondre à la suite à notre partie empirique :

1) Les réseaux sociaux concurrencent-ils les blogs ou les complètent-ils ?

Nous avons vu que la relation entre réseaux sociaux et blogs reste encore assez floue. Pour
certains, cette relation est concurrentielle et les réseaux sociaux provoqueront un jour ou
l’autre la cessation de l’activité de blogging. Pour d’autres, les réseaux sociaux sont des outils
au service des blogs qui permettraient une meilleure visibilité et une augmentation du
lectorat. Nous tenterons durant la partie empirique de trouver quelles relations les
blogueuses que nous avons choisies entretiennent avec les réseaux sociaux.



2) La portée de la prescription dépend-t-elle de l’intensité de la relation qu’entretient le
blogueur avec les autres membres de la communauté et de la forme de son réseau ?

Cardon et Delaunay-Teterel nous ont proposé, dans leur typologie, différentes forme de
réseaux dans la blogosphère. Ces réseaux dépendent, tout d’abord, de la forme relationnelle
que le blogueur entretient avec son lectorat. Mais ils dépendent aussi du public du blog et
de la façon dont il se comporte : est-ce un halo, un clan, une communauté ou un espace
public ? Ces deux critères influencent la forme du réseau qui est déterminante dans la
relation blogueur/lecteur. Nous essayerons donc de comprendre si le lien que le blogueur a
noué avec son lectorat a une influence sur la prescription.



3) La perception de la prescription peut-elle être influencée par le mode communication
employé par le blogueur ?

Nous avons identifié précédemment deux objectifs qui motivent les internautes à participer
aux communautés en ligne: un objectif autotélique et un objectif instrumental. Ces deux
objectifs diamétralement opposés auront une influence particulière sur la façon dont la
prescription sera perçue. Si un individu participe à une communauté en ligne pour se
distraire, il pourra percevoir l’acte de prescription d’une façon assez violente. Au contraire, si
l’internaute consulte cette communauté en ligne dans le but de s’informer et de découvrir
de nouveaux objets de consommation, l’exposition à la prescription est désirée et
volontaire.

Mais quel que soit l’objectif qui anime l’internaute lorsqu’il consulte une communauté en
ligne, le mode de communication peut influencer énormément la façon dont la prescription
sera perçue. En se référant aux quatre modèles que proposent Cardon et Delaunay-Teterel,

                                                                                               29
il s’agira de déterminer à travers notre étude quel mode de communication est le plus
empreint à favoriser la prescription.



4) L’implication du blogueur dans le processus de prescription doit-elle être forcément
accompagnée d’une transparence totale ?

Les travaux menés par Stenger nous ont montré que les blogueurs s’impliquent plus ou
moins dans la prescription d’un produit. Certains s’impliquent de façon presque viscérale
alors que d’autres prennent beaucoup de recul face à leur rôle de vendeur. Cette implication
dans le processus de prescription est essentielle : le blogueur devient le représentant de la
marque. Mais il semblerait que l’engagement du blogueur face à la prescription ne soit pas
le seul facteur important.

L’apparition de la prescription sur les blogs s’est très vite confrontée à des problèmes
d’éthique et de transparence. Le lien de confiance que le blogueur tisse avec son lecteur au
fil des posts est très fragile. Lorsque le lecteur commence à douter de l’objectivité et de la
sincérité du blogueur alors le lecteur n’est plus réceptif au discours du blogueur. Nous nous
interrogerons donc sur ce rapport qui lie éthique et implication du blogueur.




                                                                                           30
4. METHODE

4.1 LA DEFINITION DU TYPE D E RECHERCHE




Pour mener à bien cette recherche, nous avons choisi une recherche descriptive avec une
partie observatoire (netnographie) et l’utilisation de questionnaires envoyés par mail.

La netnographie est basée sur le principe que certaines données qualitatives existent dans la
« nature » et qu’il suffit de les exploiter. Cette matière qualitative se trouverait dans les
échanges entre les membres de communautés rassemblés autour d’objets de
consommation.

Ces objets de consommation peuvent être une catégorie de produits (les vinyles, le rap,
etc.), une marque (la série TV, Sony, etc.), voire une activité particulière (le scrapbooking, la
marche, etc) et c’est à partir de ces objets de consommation que l’individu va affirmer son
style de vie.

Ces échanges publiquement accessibles, et dans notre cas sous forme d’articles, de
commentaires sur les blogs ou Facebook ainsi que les tweets, seront donc la matière
principale de ce type de recherche. Il s’agira ainsi d’utiliser cette matière première et de lui
donner un sens.

En règle générale, le résultat d’une netnographie se présente sous la forme d’un texte écrit
qui interprète la communauté étudiée. Dans notre cas, en plus de cette interprétation, nous
établirons un mapping et pour plus de transparence le couplerons avec un tableau
récapitulatif. Il nous semble important de mettre en avant les avantages mais aussi les
limites de ce type de recherche ; Bernard (2004) les avaient résumés dans le tableau ci-
dessous :




           Tableau 3 : Avantages et limites de la Netnographie – Y. Bernard (2004)
                                                                                              31
En parallèle de cette netnographie qui nous place en tant qu’observateur et interprète de la
communauté, nous avons utilisé des questionnaires envoyés par mail à notre échantillon.
Ces questionnaires nous ont permis de récolter des données quantitatives (nombre de
visiteurs) mais aussi de voir comment la blogueuse envisageait son activité de blogging et
son rapport avec la blogosphère.



4.2 LE PLAN D'ECHANT ILLONNAGE ET LA METHODE DE RECUEIL




La question d’échantillonnage ne se pose pas dans notre travail car nous avons étudié des
cas pratiques. Notre recherche s’est concentrée sur la blogosphère française, influente et
féminine.

Afin de trouver nos 6 cas, nous nous sommes d’abord concentré sur le classement Wikio qui
nous a fourni une liste de blogueuses. A partir de cette liste, nous sommes allé sur les blogs
cités, nous les avons analysé et sélectionné. Nous avons effectué notre sélection à partir du
score Klout (au moins 50 ) mais aussi grâce à des critères plus subjectifs : la diversité ainsi
que la qualité du contenu. En parallèle de cette liste Wikio, nous avons utilisé le classement
Elle-Wikio, qui sélectionne 10 blogueuses dans des catégories différentes chaque année. A
partir de ces deux recherches, nous avons sélectionné 21 blogueuses que nous avons
contactées par email.

Un point important et déterminant dans la prise de contact est que nous avons d’abord
décidé d’envoyer des mails en vouvoyant les blogueuses : nous pensions que dans notre
démarche, une prise de distance était nécessaire. A la suite de ce premier envoi de mail,
nous n’avons reçu que 4 réponses positives. Malgré notre insistance aucune n’était prête à
une rencontre, effectuer une interview par téléphone, skype voire même sur un chat. Nous
avons donc envoyé les questionnaires à ces 4 blogueuses, trois ont répondu instantanément,
nous avons dû relancer la quatrième plusieurs fois, qui à cause de la sortie de son livre, était
très occupée.

Nous avons ensuite affiné la deuxième série d’envoi d’email. Nous avons tout d’abord remis
en cause la stratégie de prise de contact : nous avons décidé de tutoyer les blogueuses et
d’utiliser des traits d’humour pour justifier notre démarche. Pour sélectionner les
blogueuses, nous avons utilisé les réponses que les blogueuses, déjà interrogées, avaient
données à la question « As-tu des relations avec d’autres blogueuses ? Si oui, lesquelles ? ».
Nous avons donc obtenu une liste de 15 blogueuses et après en avoir sélectionné 8 nous les
avons contacté par email en obtenant 2 réponses positives. Elles nous ont ensuite
rapidement renvoyé leur questionnaire.

Pour la sixième blogueuse, nous l’avons contacté grâce à un ami qui la connaissait
personnellement. Il nous a mis en contact et elle a ensuite renvoyé le questionnaire rempli.


                                                                                             32
Ainsi sur un envoi de 30 d’emails, nous avons réussi à interviewer 6 blogueuses qui
semblent très bien représenter la blogosphère féminine française de part leur diversité
éditoriale, leur âge et leur profession :



 Prénom       Age            Profession           Lieu de résidence        Thème du blog
                                                                       Mode, littérature et vie
  Anne      30 ans           étudiante              Montpellier
                                                                            personnelle
 Hélène     38 ans            blogueuse                 Paris           Beauté et maquillage
                       Illustratrice/ graphiste
Penelope    29 ans                                      Paris             Vie quotidienne
                               freelance
   Léa      23 ans            étudiante                 Paris             Actualité mode
                                                                      Amour, relations homme-
  Lucie     35 ans        rédactrice web                Paris
                                                                             femmes…
 Victoria   22 ans           étudiante               Barcelone         Mode, création, cuisine

                         Tableau 4 : Profil des blogueuses étudiées



4.3 LA DEFINITION DE S VARIABLES




Afin d’analyser ces 6 cas, nous avons défini 3 critères : la mise en scène de l’identité, la
relation avec son environnement et leur potentiel de vendeur. Ces critères permettront de
répondre à 3 questions qui intéressent les marques qui approchent les blogueuses :
Comment les contacter ? Qui contacter ? Pour quoi les contacter ?

Les données ont été recueillies grâce aux traces que les blogueuses et leurs lecteurs laissent
sur internet et grâce aux réponses fournies par le questionnaire. Le tableau ci-dessous
synthétise ces trois critères en précisant le type de contenu étudié et les critères étudiés :




                                                                                             33
Type de contenu étudié           Outils de mesure                   Critère étudié

                              Bannière personnalisée
     Design du blog                Nom du blog
                                  Adresse du blog
                                                        Mise en scène de l'identité du blog et
                               Nom ou pseudonyme
                                                                  de la blogueuse
                                  Photo ou avatar
Identité de la blogueuse
                             Information sur l’identité
                                    du blogueur
                                      Twitter

                                    Facebook
Relation avec ses lecteurs
                                Commentaires des
                                   lecteurs
                                   Score Klout
                                      Twitter
                                                           Relation avec l'environnement
                                    Facebook
                                   Score Klout
                                     Blogroll
     Relation avec la          Commentaires des
      blogosphère             autres blogueuses sur
                                     son blog
                               Participation à des
                                 événements de
                                   blogueuses
                                Forme et type de
 Relation aux marques
                                   prescription
                                Type de contenu
                                                                Potentiel de vendeur
    Contenu du blog               Style d'écriture
                                    Qualité des
                                  images/vidéos


                        Tableau 5 : Synthèse des trois critères étudiés




                                                                                            34
4.4 LE TRAITEMENT DE S DONNEES




Afin de traiter les données, nous allons utiliser l’approche herméneutique. Cette approche
repose sur l’idée que face à une masse de données textuelles, le lecteur est confronté à un
ensemble d’éléments qui semblent incohérents et désordonnés.

A partir de cette masse d’information, il va falloir procéder en deux étapes pour la
« démêler » :

1) Lire l’ensemble des données afin d’en comprendre le sens général

2) Analyser les divergences mais aussi les convergences entre les éléments

A l’aide de verbatim, chaque point d’interprétation sera justifié et cette interprétation devra
donner une cohérence à l’ensemble des données.

Nous définirons donc les différentes codifications que nous utiliserons pour chaque critère
c’est-à-dire : la mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse, la relation avec
l’environnement et enfin, le potentiel de vendeur.



4.4.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE

Afin d’étudier la mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse, nous avons défini
deux sous-critères le design du blog et l’identité de la blogueuse. Le tableau ci-dessous
détaille les critères étudiés pour chaque sous-critère :


            Critère étudié                      Codification                 Sous-critère
Nom du blog                                Blog éponyme ou non
Adresse du blog                          Nom de domaine ou non
                                                                           Design du blog
Identité visuelle du blog               Bannière personnalisée ou
                                                   non
Nom ou pseudonyme                       Le blogueur apparait-il sous
                                       son vrai nom/prénom ou un
                                               pseudonyme
Identité visuelle de la blogueuse             Photo ou avatar                Identité de la
                                                                               blogueuse
Information sur l’identité du           La blogueuse a-t-elle publié
blogueur                                    une biographie, des
                                       informations sur elle ou non
             Tableau 6 : La mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse




                                                                                              35
4.4.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT




Afin d’étudier les relations avec l’environnement de nos 6 blogueuses, nous analyserons les
données présentes sur le blog : c’est-à-dire les posts mais aussi les commentaires qui suivent
ces posts. Ces données nous permettront de comprendre la façon dont la blogueuse
s’adresse à la blogosphère et à son lectorat et gère cette relation.

Nous nous intéresserons aussi à la présence des différentes blogueuses sur internet et le
public visé par chaque outil. Nous avons identifié 5 outils utilisés par les blogueuses :

- Twitter : Cet outil permet aux blogueuses d’échanger avec leur lectorat mais aussi la
blogosphère. Afin de mener notre analyse, nous prendrons en compte la natures des tweets
(concernent-ils seulement la promotion du blog ?) mais aussi la façon dont elles
communiquent avec leur environnement.

- Facebook : Cette plateforme est le deuxième outil le plus utilisé par les blogueuses pour
communiquer avec leur environnement. Nous analyserons donc la nature des publications,
le nombre de « j’aime » par publication ainsi que les commentaires des membres du groupe
et l’interaction entre la blogueuse et les membres. Nous prendrons en compte aussi le
nombre de membres au groupe Facebook.

- Youtube : Youtube permet aux blogueuses de rendre leur contenu attractif. Nous
analyserons donc la façon dont elles s’adressent à leur lectorat à travers leurs vidéos.

- Bloglovin et Hellocotton sont des sites qui permettent aux utilisateurs de suivre des blogs
et d’être informés sur les derniers articles postés. Bien que ces outils ne soient pas
incontournable, ils permettent de gagner en visibilité, utiliser bloglovin en plus d’autres
outils, c’est augmenter sa visibilité.

Nous utiliserons aussi l’outil Klout qui mesure l’influence digitale d’un compte Twitter ou
Facebook. Cet outil produit un score compris entre 0 et 100 basé sur 35 variables réparties
en 3 catégories :

1) Le True Reach, dont la traduction pourrait être « véritable portée ». Ce critère mesure la
taille de votre audience engagée. Elle se calcule à partir du nombre d’amis sur Facebook et
followers sur Twitter qui lisent les contenus, les partagent, les commentent ou les
« aiment ».

2) L’Amplification Score permet de mesurer l’écho donné aux publications, au travers du
nombre de retweets (RT), mentions, « j’aime » et commentaires.

3) Le Network Score indique l’influence de l’audience engagée.

En plus de ces 3 critères, Klout fournit également une matrice d’influence (Influence Matrix)
qui détermine le rôle que jouent les blogueuses sur Facebook et Twitter : créateur de
                                                                                           36
contenu, lecteur, redistributeur d’informations, etc… Enfin Klout permet de voir par qui les
blogueuses sont influencées et qui elles influencent.

L’utilisation de Klout nous permettra de recouper les observations netnographique avec des
données chiffrées.



4.4.3 POTENTIEL DE VENDEUR




Enfin, afin d’étudier le troisième critère, c’est-à-dire le potentiel de vendeur, nous avons
dégagé deux sous-critères : la relation aux marques et le contenu du blog. Ces deux sous-
critères nous semblent pertinents car la frilosité aux marques est tout aussi importante que
la façon dont la blogueuse prescrit les différents objets de consommation.

A) RELATION AUX MARQUES

Nous avons identifié plusieurs outils de promotions sur les différents blogs. Nous avons
différencié la monétisation assumée, c’est-à-dire que le lecteur est conscient que le blogueur
est payé pour cette promotion et la monétisation ambigüe, c’est-à-dire quand la relation
entre la marque et le blogueur n’est pas clairement explicitée.



               Forme                            Type                Type de monétisation
Bannières
                                              Publicité          Monétisation assumée
Liens sponsorisés
billets explicitement sponsorisés
Citation de marque dans un post :
texte, photo ou vidéo
                                        Placement de produit        Monétisation ambigüe
Lien vers le site d'une marque à
travers une photo ou du texte

              Tableau 7 : Potentiel de vendeur : Forme et type de promotions



B) CONTENU DU BLOG

Le contenu du blog va aussi être une donnée très importante. Le type de contenu nous
permettra de comprendre dans quel contexte est inscrite la prescription : un contenu
personnel ou promotionnel.



                                                                                           37
Le style d’écriture nous permettra de comprendre la façon dont la blogueuse développe son
« argumentaire de vente ».

                           Personnel            Les articles ne sont pas centrés sur des
                                                objets de consommation.
     Type de contenu       Promotionnel         Le sujet principal des articles concerne
                                                des objets de consommation.
                                                La blogueuse ne centre pas son récit sur
                                                l'objet de consommation, elle raconte
                           Romanesque           des anecdotes de la vie quotidienne. Ses
                                                posts sont construits comme des récits.
                                                La blogueuse fait une simple description
                                                des objets de consommations sans
                           Descriptif           donner son avis : elle reste très neutre
                                                La blogueuse fait non seulement une
     Style d'écriture                           description des objets de consommation
                           Analytique           mais donne aussi son avis.

                               Tableau 8 : Contenu du blog




                                                                                       38
5. ETUDE DE CAS



Durant cette partie, nous utiliserons pour justifier nos propos des verbatim. Ces verbatim
comprennent parfois des fautes orthographiques ou de frappes qui ne sont pas du fait de
l’auteure.



5.1 MANGO AND SALT

Le blog Mango and Salt a été crée en mai 2010 par Victoria. Ce blog est assez éclectique :
elle y aborde des thèmes comme la mode, la beauté et la cuisine. Il est visité par environ
800-1000 personnes par jour.



5.1.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE




A. DESIGN DU BLOG




Le nom du blog ne laisse pas transparaitre ni l’identité de la blogueuse ou de la personnne
qui tient le blog, ni le thème du blog. Le nom même du blog « Mango and salt » est assez
intéressant car il appelle 2 sentiments opposés : la mangue, la douceur, face au sel, qui en
trop grande quantité peut gâcher un plat. Ce nom de blog pourrait presque être une
marque, la blogueuse a d’ailleurs accompagné ce nom d’un logo, un cerf. Lorsque l’on arrive
sur le blog, la bannière avec le nom et le logo donne donc un aspect très professionnel au
blog. On pourrait ne pas savoir que c’est un blog car l’adresse du site se présente comme un
site banal www.mangoandsalt.com

Le blog est esthétiquement très travaillé : on pourrait même dire qu’il a une charte
graphique avec deux couleurs principales le rose et le bleu qui donne une apparence douce
au blog. La navigation sur ce blog grâce aux 5 onglets est intuitive et rend son utilisation très
simple.




                                                                                              39
Figure 13 : Capture d’écran de la home page du blog Mango and salt (02/10/11)



B. IDENTITE DE LA BLOGUEUSE

On peut découvrir qui se cache derrière ce blog grâce à l’onglet « C’est qui ? ». Dans cet
onglet, la blogueuse se présente en donnant son prénom, son âge et ce qu’elle étudie mais
elle publie aussi une photo d’elle. Elle dévoile donc une grande partie de son identité car
pour l’identifier totalement il ne nous manque que son nom.

Aussi elle se met en scène en donnant à son personnage un caractère très romantique et
très acidulé :

J’aime les fruits d’été, le ciel bleu, les bonbons, le bruit de la neige sous les
chaussures. Ouverte à tout et créative dans mes moments perdus, je ponctue mon quotidien
de lubies plus ou moins folles, d’envies, de rêves. Mango & Salt a été pensé comme un “mood
board” sur lequel j’épingle mes inspirations, mes créations, et tout ce que j’aime dans
plusieurs domaines. Comme un carnet de jolies choses, à lire tranquillement en buvant un
bon chocolat chaud.

Cette description à la « Amélie Poulain » donne un caractère attachant à cette blogueuse et
l’humanise un peu plus encore. Aussi, en affirmant que son blog est pensé comme un
« moodboard » elle s’inscrit directement dans un univers graphique en utilisant un mot
appartenant à la communication, le design ou la mode. Elle cultive donc à travers cette
description, l’esthétique visuelle qu’on avait pu remarquer au premier bord.

Cette blogueuse utilise aussi un outil très intéressant : « formspring ». Cet outil permet de
poser à la blogueuse n’importe quelle question courte et elle y répond. Les questions
concernent des sujets très variés : la vie privée, le quotidien, le maquillage qu’elle utilise,
etc…
                                                                                            40
Figure 14 : Capture d’écran du site http://www.formspring.me/melocotoncito (03/10/11)

Cet outil permet donc une relation très directe et à la fois très transparente avec la
blogueuse. D’ailleurs, elle ne semble pas censurer les questions gênantes ou autres comme
en témoigne la capture d’écran ci-dessous :




 Figure 14 : Capture d’écran du site http://www.formspring.me/melocotoncito (03/10/11)



5.1.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT




A. RELATION AVEC SES LECTEURS




a) Identification, admiration et encouragement

En étudiant les commentaires que les lecteurs laissent sur le blog de mango and salt, nous
avons identifié trois phénomènes qui s’entretiennent.

Le tout premier est un phénomène d’identification collective. Ce phénomène est très
intéressant car il est à la base de la construction d’une communauté. Dans les commentaires
ci-dessous les « commentatrices » cherchent clairement à se singulariser. On remarque ce
besoin de se différencier avec l’utilisation du mot « seule » : elles cherchent à affirmer leurs
différences par rapport à leur relation avec l’objet de consommation. Mais c’est cette
singularisation qui permet à ce lectorat de mieux appartenir à un groupe. Car si elles sont
différentes par rapport aux membres extérieurs à la communauté, elles restent très
semblables à la blogueuse : elles appartiennent à la même communauté et elles souhaitent

                                                                                             41
affirmer leur ressemblance par rapport à cet extérieur. C’est un peu la logique des mondes
adolescents : affirmation d’une différence d’avec le monde des adultes mais mondialement
tous uniformes dans les modes vestimentaires !

Whatkatydidnext : « Avant toute chose je dois te dire que JAI KIFFE ton “jsuis pas OuFEMENT
bronzée”, je vois que je suis pas la seule à parler n’importecomment haha love <3. »(1 juillet
2011)

Jessy : « J’ai adoré le “Hiiiiiiiiii” ! ça me rassure un peu de voir que je ne suis pas la seule accro
au make-up, j’ai une whislist longue comme le bras et je suis à deux doigts de craquer chez
MAC. » (1 juillet 2011)

Cette identification collective est aussi encouragée par un phénomène d’admiration plus ou
moins important. Bien sûr, pour Hervine, Victoria n’est pas son idole au sens propre mais son
admiration est tellement forte qu’elle assume une part de jalousie.

Hervine : « Oh putain!!! Tu es mon idole!! Non seulement parce que tu as une guitare, que tu
sais en jouer et qu’en plus elle est méga canon! T’imagine pas à quelle point je suis contente
pour toi, mais un peu jalouse aussi. J’aurais tellement, mais tellement aimé apprendre en
jouer et faire ma rockeuse de pacotille. » (19 aout 2011)

D’autres sont plus modérés, et se contentent de flatter les longues jambes, son bon goût ou
son choix pour les objets de consommation. Mais à chaque article, près de 70% des
commentaires sont des marques d’admiration : ce qui signifie bien que la blogueuse a noué
une relation de type « bonne copine » avec ses lectrices. Elles se flattent mais aussi
s’encouragent.

Lors de la publication d’une vidéo, une lectrice souligne les progrès de la blogueuse en
l’encourageant. D’autres l’incitent à poster, plus de vidéos, d’articles, ce qui créer une réelle
dynamique entre ces trois phénomènes qui sont l’identification, l’admiration et
l’encouragement.

Katy : « Et j'ai adoré ta ptite video tu commences à te lâcher et cest vraiment sympa ! (7
juillet 2011) »



b) Un relation personnelle avec le lectorat

La blogueuse a réussi clairement à nouer une relation très personnelle avec son lectorat.
Victoria affirme d’ailleurs dans l’entretien :

« Je fais attention aussi à traiter personnellement chaque lecteur, chaque abonné, etc…, ce
qui me paraît très normal puisque le blog vit grâce à leurs visites. Je leur réponds et je suis
proche d’eux, ce qui crée des échanges qui jouent sans doute en faveur de la fidélisation. De
manière générale, je dois dire que je recherche davantage cette fidélisation et cette
ambiance « personnelle » plutôt qu’un nombre élevé de lecteurs. »
                                                                                                   42
Victoria répond très régulièrement aux commentaires que ses lectrices lui laissent pour
chaque article, depuis ces 3 derniers mois, nous avons compté que Victoria répond à au
moins un quart des commentaires.

Cette relation très proche avec les lectrices provoque aussi la confidence. En effet, certaines
lectrices de dévoilent littéralement sur le blog : racontent leur vie privée, familiale à la suite
d’un article, par exemple, sur l’achat d’une nouvelle guitare.

Hermine : « Non, je n’ai pas eu cette chance, j’ai eu le droit aux cours de solfège et de piano
(j’ai eu un piano mais je n’aimais pas ça). J’ai aussi du supporter les cours de danse classique
pendant 5 ans -__- Ça peut te paraître super mais moi je détestais car ce n’est pas des
activités que j’avais choisies (j’ai aussi fait du cheval aussi, pas aimé non plus). Bref, que des
activités de bourgeoise coincée alors que j’aurais aimé tout autre chose (pauvre petite
fille!) » (19 aout 2011)

Victoria a donc su créé une réelle relation de confiance avec son lectorat grâce aux
commentaires qu’elle utilise comme un outil conversationnel.



c) Des lecteurs participatifs et contributifs

Victoria ne répond pas seulement aux commentaires de son lectorat mais elle le prend
vraiment en compte. Dans un article, elle écrivait :

« J’ai fait ma sélection chez ASOS [lien], avec uniquement des prix raisonnables (je crois que
rien ne dépasse les 60 euros) puisque c’est ce qui vous avait plu chez ma nouvelle little black
dress: du style, et un prix riquiqui. »( 1er septembre 2011)

Suite donc aux commentaires élogieux sur sa dernière robe « chic et pas chère », elle publie
un article sur 3 tendances de la rentrée en restant dans des prix abordables comme son
lectorat le souhaite.

Mais ses lectrices proposent aussi à Victoria des thèmes d’articles et ce blog, se mute
vraiment en espace participatif mais aussi contributif :

Christelle : « Au fait Victoria, parlant de peau trop belle, tu voudrais pas nous faire un p’tit
post avec les produits que tu utilise ? gommage, crème et tt le toutim quoi ???! xo xo » (06
juillet 2011)

Réponse de Victoria : « C’est une bonne idée! Je vais préparer ça :) » (7 juillet 2011)

Aussi, dans ses articles, elle parle parfois de produits qu’elle n’a pas réussi à trouver ou qui
ne la satisfont pas. A la suite de ces remarques, ses lecteurs lui recommandent souvent des
alternatives et lorsque ces alternatives lui conviennent, elle leur rend hommage comme ci-
dessous :


                                                                                               43
Dans un article : « une jolie paire de boucles d’oreilles longues H&M sur lesquelles je lorgnais
depuis quelques semaines, trouvées à 1 euro, et le eyeliner Sephora que vous m’avez
recommandé, et que j’ai eu à 3 euros. J’en suis hyper contente! » (2 juillet 2011)

On voit donc que Victoria a su fidéliser ses lectrices grâce à une forte relation de confiance
mais aussi qu’elle n’a pas hésité à prendre en compte les remarques de ses lectrices et à les
appliquer. Toutefois, cette relation contrairement à celle qui la lie avec la blogosphère reste
dans le domaine virtuel.



B. RELATION AVEC LA BLOGOSPHERE

a) Relation mutuelle d’influence

Victoria a une relation très intense avec la blogosphère et ceci se remarque lorsque l’on
consulte on blogroll qui apparait sur la homepage. Ce blogroll est particulièrement
important puisqu’il compte dans les catégories (nous reprendrons les intitulés exacts):
Beauté, 8 blogs, Création & Jolies Choses, 28 blogs, Girly & adorable, 5 blogs ; Gourmandises,
15 blogs ; Mode, 39blogs.

Cette relation avec la blogosphère se retrouve sur le blog en reconnaissant les apports des
blogueuses sur ses trouvailles ou ses articles :

 « Mon intérêt pour les cosmétiques asiatiques vient de la lecture d’un blog étonnant et
ludique, Les Beautés Testent [lien], qui m’a montré à quel point les Japonaises ou les
Coréennes sont soucieuses de la qualité et de la luminosité de leur teint, et de quelle manière
elles obtiennent la jolie peau qu’on leur connait bien. » (8 aout 2011)

Victoria reconnait d’ailleurs l’importance de cette émulation entre les blogueuses :

« En revanche les relations amicales avec les autres blogueuses sont importantes pour se
soutenir, s’inspirer, et pouvoir discuter de choses pour lesquelles on se comprend
particulièrement bien. »

Il est aussi important dans la blogosphère comme l’avait montré Kozinets (1999) d’intégrer
les codes mais aussi la hiérarchie. Ainsi, lorsque Victoria publie un article sur des madeleines
faites maison et qu’une blogueuse spécialisée dans la pâtisserie commente l’article, Victoria
répond :

Victoria : « Oooh venant de toi, je suis très flattée par ce compliment! Merci beaucoup ^__^ »
(23 aout 2011)

Cette reconnaissance de ses pairs et la prise en compte de la hiérarchie sur la blogosphère
est une composante très importante pour se construire un réseau.



                                                                                             44
Ainsi, en s’appuyant sur l’outil Klout, on remarque que Victoria a un réseau très important
avec un True Reach de 636. Ce chiffre signifie qu’elle influence 636 personnes, qui ont
tendance à répondre à sa création de contenu mais aussi à la partager. Cette donnée est à
coupler avec le Network impact, qui explicite l’influence de son réseau. Avec un score de 62,
en plus d’avoir un réseau important, Victoria a un réseau influent.

Cette relation mutuelle d’influence se confirme avec les chiffres suivants : sur les 10
personnes qu’elle influence le plus, 6 sont des blogueurs et sur les 10 personnes par qui elle
est le plus influencée, 7 sont des blogueurs.

Dans l’entretien, elle confirme d’ailleurs ce constat :

« Le milieu des blogueuses est très particulier sur ce point : tout le monde se lit entre soi, se
parle entre soi, etc… Rares sont les blogueuses qui n’entrent en relation avec personne de ce
monde. »



b) Des relations directes et extra-internet

Victoria, lors de l’entretien, explicite la façon dont elle rentre en contact avec la
blogosphère :

« Je suis en relation avec énormément de blogueuses par les réseaux sociaux et par mail, je
parle avec beaucoup d’entre elles de manière presque quotidienne (…). J’ai aussi eu
l’occasion de rencontrer, voir et revoir beaucoup de blogueuses mode, création, etc… et j’ai
encore plein de rencontres prévues dans les mois à venir. »

Cette relation directe semble être la raison d’un réseau solide et dense. Victoria a participé à
des événements créés pour les blogueuses comme les soirées Etsy ou les soirées Paulette.
Ces soirées lui ont donc permis de transformer des relations virtuelles en relations réelles.



c) Les réseaux sociaux et l’environnement

Dans le cas de Victoria chaque réseau social est associé à un type d’environnement.

Elle entretient des relations personnelles via Twitter avec ses lecteurs en utilisant un nombre
important de @ sur Twitter. Mais selon elle, c’est surtout Facebook et Hellocoton qui lui
apportent le plus de traffic.

« Concrètement, chaque mois, Twitter m’apporte autour de 15% de mon trafic. Mais
d’autres réseaux sont encore plus importants, comme Facebook et Hellocoton qui
m’apportent chacun autour de 30% de mon trafic. »



                                                                                              45
Au contraire, Twitter semble être l’outil qu’utilise la blogosphère pour faire connaissance et
ensuite amorcer une rencontre « dans la réalité ». D’ailleurs, sur 453 personnes qu’elle suit
sur Twitter 137 sont des blogueurs ce qui représente 30%.

« De manière générale, nous sommes rentrées en contact sur Twitter. Pour certaines, à force
de conversations virtuelles, nous avons aussi pu nous voir « en réalité » lors de rencontres
personnelles ou d’évènements organisés pour les blogueurs (soirées Etsy, Paulette
Magazine…). »

Le blog Mango and Salt a donc un réseau de lecteurs et de blogueurs très important. Ceux-ci
l’encouragent mais aussi participent activement au blog. La matrice d’influence de Klout qui
la situe comme une Broadcaster résume bien cette idée. Elle crée du contenu et elle le
partage avec une audience très large qui évalue et influence le contenu.



5.1.3 POTENTIEL DE VENDEUR




Sur ce blog, il y a différentes formes d’outils de promotion. Tout d’abord, à gauche, en
dessous du blog roll, il y a un espace nommé « une page de pub ». Cet espace, qui compte 2
bannières, est assez réduit et n’est pas visible du premier coup d’œil. Il faut « scroller » pour
voir cet espace. Cette monétisation assumée n’a donc pas une grande place sur le blog de
Victoria mais semblent lui apporter des revenus réguliers :

« *elles+ me permettent de gagner un pourcentage lorsqu’elles mènent à une vente pour la
marque en question. Ce sont des revenus très faibles (de l’ordre de 5 à 15 euros par mois)
mais assez réguliers. »

Dans un article récent, elle a organisé un concours sponsorisé pour faire gagner à son
lectorat un bandeau. Elle ne semble d’ailleurs pas très à l’aise avec ses monétisation
assumée, qu’elle justifie par des raisons financières :

« Bien que je n’aie jamais été très à l’aise avec l’idée de « vendre » de la publicité sur mon
blog puisque cela me semble une atteinte à ma ligne éditoriale, j’ai accepté ces propositions
précises parmi bien d’autres pour des raisons financières principalement. Je suis étudiante,
j’ai un budget limité et ces opérations m’ont aidée à renflouer un peu mon compte en
banque. »

Et semble ne pas vouloir recommencer ce genre d’opération :

« Cependant, j’ai décidé à présent de limiter très fortement voire de refuser désormais toute
opération de ce genre. Je préfère me concentrer sur un contenu personnel de qualité, et si je
veux gâter mon lectorat, je le ferai à mon compte. »



                                                                                              46
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes
Marie Trocmé -   blogueuses influentes

Contenu connexe

Tendances

Les influenceurs digitaux : évolution vers ce concept et intégration dans une...
Les influenceurs digitaux : évolution vers ce concept et intégration dans une...Les influenceurs digitaux : évolution vers ce concept et intégration dans une...
Les influenceurs digitaux : évolution vers ce concept et intégration dans une...Kevin Ouakel
 
Memoire ISCOM : En quoi les marques s’adaptent-elles sur le digital face à l...
Memoire ISCOM :  En quoi les marques s’adaptent-elles sur le digital face à l...Memoire ISCOM :  En quoi les marques s’adaptent-elles sur le digital face à l...
Memoire ISCOM : En quoi les marques s’adaptent-elles sur le digital face à l...Le Moan Florent
 
Mémoire Master 2 - Community management les entreprises ont-elles besoin Les ...
Mémoire Master 2 - Community management les entreprises ont-elles besoin Les ...Mémoire Master 2 - Community management les entreprises ont-elles besoin Les ...
Mémoire Master 2 - Community management les entreprises ont-elles besoin Les ...Estelle Flaud
 
La Mode à l'heure du Digital - Cyril Couvreur
La Mode à l'heure du Digital - Cyril CouvreurLa Mode à l'heure du Digital - Cyril Couvreur
La Mode à l'heure du Digital - Cyril CouvreurIntervalles // HAVAS EVENT
 
Etude sur l'adoption du Community Management par les TPE et PME en France
Etude sur l'adoption du Community Management par les TPE et PME en FranceEtude sur l'adoption du Community Management par les TPE et PME en France
Etude sur l'adoption du Community Management par les TPE et PME en FranceAlexi Tauzin
 
Vitalis Elodie - Mémoire: « Track id, anyone ? Entre quete commune, communio...
Vitalis Elodie - Mémoire: « Track id, anyone ?  Entre quete commune, communio...Vitalis Elodie - Mémoire: « Track id, anyone ?  Entre quete commune, communio...
Vitalis Elodie - Mémoire: « Track id, anyone ? Entre quete commune, communio...Elodie Vitalis
 
Memoire web 3.0 Marion Pelouzet
Memoire web 3.0 Marion PelouzetMemoire web 3.0 Marion Pelouzet
Memoire web 3.0 Marion PelouzetPelouzet
 
[Memoire 2016] Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leur e-réputat...
[Memoire 2016] Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leur e-réputat...[Memoire 2016] Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leur e-réputat...
[Memoire 2016] Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leur e-réputat...Erika DESANGLE
 
Communication RSE : Quel sera le rôle des outils de communication web 2.0 ?
Communication RSE : Quel sera le rôle des outils de communication web 2.0 ?Communication RSE : Quel sera le rôle des outils de communication web 2.0 ?
Communication RSE : Quel sera le rôle des outils de communication web 2.0 ?Youmatter
 
L'é-réputation par Solange DERREY - Mémoire de Master 1
L'é-réputation par Solange DERREY - Mémoire de Master 1 L'é-réputation par Solange DERREY - Mémoire de Master 1
L'é-réputation par Solange DERREY - Mémoire de Master 1 Solange Derrey
 
Les media sociaux, la marque et le consommateur
Les media sociaux, la marque et le consommateurLes media sociaux, la marque et le consommateur
Les media sociaux, la marque et le consommateurPascal Ollivier
 
Mémoire Image de marque et réseaux sociaux
Mémoire Image de marque et réseaux sociauxMémoire Image de marque et réseaux sociaux
Mémoire Image de marque et réseaux sociauxEstelle Linossier
 
La marque : principal levier de la communication des établissements d'enseign...
La marque : principal levier de la communication des établissements d'enseign...La marque : principal levier de la communication des établissements d'enseign...
La marque : principal levier de la communication des établissements d'enseign...Institut Français de Bucarest
 
L’influence des internautes sur les marques à travers les médias sociaux 2009
L’influence des internautes sur les marques à travers les médias sociaux 2009L’influence des internautes sur les marques à travers les médias sociaux 2009
L’influence des internautes sur les marques à travers les médias sociaux 2009Sarah Connor
 
Mémoire Master 2 Celsa Irène Durand-Mille
Mémoire Master 2 Celsa Irène Durand-MilleMémoire Master 2 Celsa Irène Durand-Mille
Mémoire Master 2 Celsa Irène Durand-MilleIrène Durand-Mille
 
MARKETING DE BASE POUR LES CLUBS DE SPORT
MARKETING DE BASE POUR LES CLUBS DE SPORTMARKETING DE BASE POUR LES CLUBS DE SPORT
MARKETING DE BASE POUR LES CLUBS DE SPORTVolleyball Science
 
identité de marque et Image de marque: Audit d'image
identité de marque et Image de marque: Audit d'imageidentité de marque et Image de marque: Audit d'image
identité de marque et Image de marque: Audit d'imageYassine Hafid
 
Mémoire sur la gestion de crise de l'e-réputation des entreprises @ULB
Mémoire sur la gestion de crise de l'e-réputation des entreprises @ULBMémoire sur la gestion de crise de l'e-réputation des entreprises @ULB
Mémoire sur la gestion de crise de l'e-réputation des entreprises @ULBNicolas Vanderbiest
 
Le Community Manager, acteur majeur des festivals de musique de demain ?
Le Community Manager, acteur majeur des festivals de musique de demain ?Le Community Manager, acteur majeur des festivals de musique de demain ?
Le Community Manager, acteur majeur des festivals de musique de demain ?PabloBuisson
 

Tendances (20)

Les influenceurs digitaux : évolution vers ce concept et intégration dans une...
Les influenceurs digitaux : évolution vers ce concept et intégration dans une...Les influenceurs digitaux : évolution vers ce concept et intégration dans une...
Les influenceurs digitaux : évolution vers ce concept et intégration dans une...
 
Memoire ISCOM : En quoi les marques s’adaptent-elles sur le digital face à l...
Memoire ISCOM :  En quoi les marques s’adaptent-elles sur le digital face à l...Memoire ISCOM :  En quoi les marques s’adaptent-elles sur le digital face à l...
Memoire ISCOM : En quoi les marques s’adaptent-elles sur le digital face à l...
 
Mémoire Master 2 - Community management les entreprises ont-elles besoin Les ...
Mémoire Master 2 - Community management les entreprises ont-elles besoin Les ...Mémoire Master 2 - Community management les entreprises ont-elles besoin Les ...
Mémoire Master 2 - Community management les entreprises ont-elles besoin Les ...
 
La Mode à l'heure du Digital - Cyril Couvreur
La Mode à l'heure du Digital - Cyril CouvreurLa Mode à l'heure du Digital - Cyril Couvreur
La Mode à l'heure du Digital - Cyril Couvreur
 
Etude sur l'adoption du Community Management par les TPE et PME en France
Etude sur l'adoption du Community Management par les TPE et PME en FranceEtude sur l'adoption du Community Management par les TPE et PME en France
Etude sur l'adoption du Community Management par les TPE et PME en France
 
Vitalis Elodie - Mémoire: « Track id, anyone ? Entre quete commune, communio...
Vitalis Elodie - Mémoire: « Track id, anyone ?  Entre quete commune, communio...Vitalis Elodie - Mémoire: « Track id, anyone ?  Entre quete commune, communio...
Vitalis Elodie - Mémoire: « Track id, anyone ? Entre quete commune, communio...
 
Memoire web 3.0 Marion Pelouzet
Memoire web 3.0 Marion PelouzetMemoire web 3.0 Marion Pelouzet
Memoire web 3.0 Marion Pelouzet
 
[Memoire 2016] Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leur e-réputat...
[Memoire 2016] Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leur e-réputat...[Memoire 2016] Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leur e-réputat...
[Memoire 2016] Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leur e-réputat...
 
Communication RSE : Quel sera le rôle des outils de communication web 2.0 ?
Communication RSE : Quel sera le rôle des outils de communication web 2.0 ?Communication RSE : Quel sera le rôle des outils de communication web 2.0 ?
Communication RSE : Quel sera le rôle des outils de communication web 2.0 ?
 
L'é-réputation par Solange DERREY - Mémoire de Master 1
L'é-réputation par Solange DERREY - Mémoire de Master 1 L'é-réputation par Solange DERREY - Mémoire de Master 1
L'é-réputation par Solange DERREY - Mémoire de Master 1
 
Les media sociaux, la marque et le consommateur
Les media sociaux, la marque et le consommateurLes media sociaux, la marque et le consommateur
Les media sociaux, la marque et le consommateur
 
Mémoire Image de marque et réseaux sociaux
Mémoire Image de marque et réseaux sociauxMémoire Image de marque et réseaux sociaux
Mémoire Image de marque et réseaux sociaux
 
La marque : principal levier de la communication des établissements d'enseign...
La marque : principal levier de la communication des établissements d'enseign...La marque : principal levier de la communication des établissements d'enseign...
La marque : principal levier de la communication des établissements d'enseign...
 
L’influence des internautes sur les marques à travers les médias sociaux 2009
L’influence des internautes sur les marques à travers les médias sociaux 2009L’influence des internautes sur les marques à travers les médias sociaux 2009
L’influence des internautes sur les marques à travers les médias sociaux 2009
 
Mémoire Master 2 Celsa Irène Durand-Mille
Mémoire Master 2 Celsa Irène Durand-MilleMémoire Master 2 Celsa Irène Durand-Mille
Mémoire Master 2 Celsa Irène Durand-Mille
 
MARKETING DE BASE POUR LES CLUBS DE SPORT
MARKETING DE BASE POUR LES CLUBS DE SPORTMARKETING DE BASE POUR LES CLUBS DE SPORT
MARKETING DE BASE POUR LES CLUBS DE SPORT
 
identité de marque et Image de marque: Audit d'image
identité de marque et Image de marque: Audit d'imageidentité de marque et Image de marque: Audit d'image
identité de marque et Image de marque: Audit d'image
 
Mémoire sur la gestion de crise de l'e-réputation des entreprises @ULB
Mémoire sur la gestion de crise de l'e-réputation des entreprises @ULBMémoire sur la gestion de crise de l'e-réputation des entreprises @ULB
Mémoire sur la gestion de crise de l'e-réputation des entreprises @ULB
 
Le Community Manager, acteur majeur des festivals de musique de demain ?
Le Community Manager, acteur majeur des festivals de musique de demain ?Le Community Manager, acteur majeur des festivals de musique de demain ?
Le Community Manager, acteur majeur des festivals de musique de demain ?
 
Relation client & marketing mobile
Relation client & marketing mobileRelation client & marketing mobile
Relation client & marketing mobile
 

En vedette

Master moi 2010 ewa komar simplicité comme forme de résistance à la consommation
Master moi 2010 ewa komar simplicité comme forme de résistance à la consommationMaster moi 2010 ewa komar simplicité comme forme de résistance à la consommation
Master moi 2010 ewa komar simplicité comme forme de résistance à la consommationMaster MOI
 
Mémoire Master Moi 2011 Armelle Nguyen programme de fidélité
Mémoire Master Moi 2011 Armelle Nguyen programme de fidélitéMémoire Master Moi 2011 Armelle Nguyen programme de fidélité
Mémoire Master Moi 2011 Armelle Nguyen programme de fidélitéMaster MOI
 
Memoire Master MOI 2010 Emilia Korba
Memoire Master MOI 2010 Emilia KorbaMemoire Master MOI 2010 Emilia Korba
Memoire Master MOI 2010 Emilia KorbaMaster MOI
 
Rapport: Le Marketing Sensoriel
Rapport: Le Marketing SensorielRapport: Le Marketing Sensoriel
Rapport: Le Marketing SensorielMouna Mejjati
 
Thèse professionnelle - Le marketing sensoriel peut-il être considéré comme u...
Thèse professionnelle - Le marketing sensoriel peut-il être considéré comme u...Thèse professionnelle - Le marketing sensoriel peut-il être considéré comme u...
Thèse professionnelle - Le marketing sensoriel peut-il être considéré comme u...robinlajou66
 
MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDE - LA COMMUNICATION DES CONCEPT-STORES
MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDE - LA COMMUNICATION DES CONCEPT-STORES MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDE - LA COMMUNICATION DES CONCEPT-STORES
MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDE - LA COMMUNICATION DES CONCEPT-STORES Gypsy Ferrari
 

En vedette (6)

Master moi 2010 ewa komar simplicité comme forme de résistance à la consommation
Master moi 2010 ewa komar simplicité comme forme de résistance à la consommationMaster moi 2010 ewa komar simplicité comme forme de résistance à la consommation
Master moi 2010 ewa komar simplicité comme forme de résistance à la consommation
 
Mémoire Master Moi 2011 Armelle Nguyen programme de fidélité
Mémoire Master Moi 2011 Armelle Nguyen programme de fidélitéMémoire Master Moi 2011 Armelle Nguyen programme de fidélité
Mémoire Master Moi 2011 Armelle Nguyen programme de fidélité
 
Memoire Master MOI 2010 Emilia Korba
Memoire Master MOI 2010 Emilia KorbaMemoire Master MOI 2010 Emilia Korba
Memoire Master MOI 2010 Emilia Korba
 
Rapport: Le Marketing Sensoriel
Rapport: Le Marketing SensorielRapport: Le Marketing Sensoriel
Rapport: Le Marketing Sensoriel
 
Thèse professionnelle - Le marketing sensoriel peut-il être considéré comme u...
Thèse professionnelle - Le marketing sensoriel peut-il être considéré comme u...Thèse professionnelle - Le marketing sensoriel peut-il être considéré comme u...
Thèse professionnelle - Le marketing sensoriel peut-il être considéré comme u...
 
MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDE - LA COMMUNICATION DES CONCEPT-STORES
MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDE - LA COMMUNICATION DES CONCEPT-STORES MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDE - LA COMMUNICATION DES CONCEPT-STORES
MÉMOIRE DE FIN D'ÉTUDE - LA COMMUNICATION DES CONCEPT-STORES
 

Similaire à Marie Trocmé - blogueuses influentes

Rigueur-discipline.pdf
Rigueur-discipline.pdfRigueur-discipline.pdf
Rigueur-discipline.pdfSantosCarolina
 
Mémoire de recherche - Community management et stratégie média social en B2B
Mémoire de recherche - Community management et stratégie média social en B2BMémoire de recherche - Community management et stratégie média social en B2B
Mémoire de recherche - Community management et stratégie média social en B2BNicolas Durand
 
Bloguer pour son entreprise
Bloguer pour son entrepriseBloguer pour son entreprise
Bloguer pour son entrepriseYoussef Rahoui
 
Social CRM : l'impact des réseaux sociaux dans la stratégie relation client d...
Social CRM : l'impact des réseaux sociaux dans la stratégie relation client d...Social CRM : l'impact des réseaux sociaux dans la stratégie relation client d...
Social CRM : l'impact des réseaux sociaux dans la stratégie relation client d...Julie MONNOT
 
Premiers Pas Vers Le Digital – Facebook Twitter Instagram Linkedin – Toutes l...
Premiers Pas Vers Le Digital – Facebook Twitter Instagram Linkedin – Toutes l...Premiers Pas Vers Le Digital – Facebook Twitter Instagram Linkedin – Toutes l...
Premiers Pas Vers Le Digital – Facebook Twitter Instagram Linkedin – Toutes l...SamangouaFranckAllis
 
Facebook et-les-marques-de-haute-horlogerie
Facebook et-les-marques-de-haute-horlogerieFacebook et-les-marques-de-haute-horlogerie
Facebook et-les-marques-de-haute-horlogerieRaphael LY
 
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_05
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_05Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_05
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_05David Koulibali
 
Mémoire : Les bonnes pratiques de développement des sites Internet à partir d...
Mémoire : Les bonnes pratiques de développement des sites Internet à partir d...Mémoire : Les bonnes pratiques de développement des sites Internet à partir d...
Mémoire : Les bonnes pratiques de développement des sites Internet à partir d...Raphael Jeremiasz
 
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...Céline Berthou
 
Interview entrepreneurs - deviendra Grand - v3 du 1 octobre 2013
Interview entrepreneurs - deviendra Grand - v3 du 1 octobre 2013Interview entrepreneurs - deviendra Grand - v3 du 1 octobre 2013
Interview entrepreneurs - deviendra Grand - v3 du 1 octobre 2013Grégory
 
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_04
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_04Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_04
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_04requiem2
 
légitimité oraganisationnelle
légitimité oraganisationnellelégitimité oraganisationnelle
légitimité oraganisationnelleSaidi44
 
Comment bien utiliser Linkedin
Comment bien utiliser LinkedinComment bien utiliser Linkedin
Comment bien utiliser LinkedinMarketingZ
 
Méthodes d’analyse en intelligence économique
Méthodes d’analyse en intelligence économiqueMéthodes d’analyse en intelligence économique
Méthodes d’analyse en intelligence économiqueINNOVATION COPILOTS
 
Le meilleur des blogs de developpement personnel
Le meilleur des blogs de developpement personnelLe meilleur des blogs de developpement personnel
Le meilleur des blogs de developpement personnelMohamed MOURAS
 
Petit guide du management lean à l’usage des équipes agiles
Petit guide du management lean à l’usage des équipes agilesPetit guide du management lean à l’usage des équipes agiles
Petit guide du management lean à l’usage des équipes agilespolenumerique33
 
Livre blanc-le-retour-sur-investissement-des-medias-sociaux
Livre blanc-le-retour-sur-investissement-des-medias-sociauxLivre blanc-le-retour-sur-investissement-des-medias-sociaux
Livre blanc-le-retour-sur-investissement-des-medias-sociauxHChappert
 
Dossier Stratégie, leadership et management
Dossier Stratégie, leadership et managementDossier Stratégie, leadership et management
Dossier Stratégie, leadership et managementPierre Simonnin
 
L'évaluation des indiv
L'évaluation des indivL'évaluation des indiv
L'évaluation des indivemsara
 

Similaire à Marie Trocmé - blogueuses influentes (20)

Rigueur-discipline.pdf
Rigueur-discipline.pdfRigueur-discipline.pdf
Rigueur-discipline.pdf
 
Mémoire de recherche - Community management et stratégie média social en B2B
Mémoire de recherche - Community management et stratégie média social en B2BMémoire de recherche - Community management et stratégie média social en B2B
Mémoire de recherche - Community management et stratégie média social en B2B
 
Bloguer pour son entreprise
Bloguer pour son entrepriseBloguer pour son entreprise
Bloguer pour son entreprise
 
Social CRM : l'impact des réseaux sociaux dans la stratégie relation client d...
Social CRM : l'impact des réseaux sociaux dans la stratégie relation client d...Social CRM : l'impact des réseaux sociaux dans la stratégie relation client d...
Social CRM : l'impact des réseaux sociaux dans la stratégie relation client d...
 
Premiers Pas Vers Le Digital – Facebook Twitter Instagram Linkedin – Toutes l...
Premiers Pas Vers Le Digital – Facebook Twitter Instagram Linkedin – Toutes l...Premiers Pas Vers Le Digital – Facebook Twitter Instagram Linkedin – Toutes l...
Premiers Pas Vers Le Digital – Facebook Twitter Instagram Linkedin – Toutes l...
 
Facebook et-les-marques-de-haute-horlogerie
Facebook et-les-marques-de-haute-horlogerieFacebook et-les-marques-de-haute-horlogerie
Facebook et-les-marques-de-haute-horlogerie
 
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_05
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_05Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_05
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_05
 
Mémoire : Les bonnes pratiques de développement des sites Internet à partir d...
Mémoire : Les bonnes pratiques de développement des sites Internet à partir d...Mémoire : Les bonnes pratiques de développement des sites Internet à partir d...
Mémoire : Les bonnes pratiques de développement des sites Internet à partir d...
 
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
La créativité - Le coaching d’équipe pour dynamiser la créativité d’une entre...
 
Interview entrepreneurs - deviendra Grand - v3 du 1 octobre 2013
Interview entrepreneurs - deviendra Grand - v3 du 1 octobre 2013Interview entrepreneurs - deviendra Grand - v3 du 1 octobre 2013
Interview entrepreneurs - deviendra Grand - v3 du 1 octobre 2013
 
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_04
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_04Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_04
Petit guide de_lean_management_a_l_usage_des_equipes_agiles-v1_04
 
légitimité oraganisationnelle
légitimité oraganisationnellelégitimité oraganisationnelle
légitimité oraganisationnelle
 
Comment bien utiliser Linkedin
Comment bien utiliser LinkedinComment bien utiliser Linkedin
Comment bien utiliser Linkedin
 
Lemarchand nadège
Lemarchand nadègeLemarchand nadège
Lemarchand nadège
 
Méthodes d’analyse en intelligence économique
Méthodes d’analyse en intelligence économiqueMéthodes d’analyse en intelligence économique
Méthodes d’analyse en intelligence économique
 
Le meilleur des blogs de developpement personnel
Le meilleur des blogs de developpement personnelLe meilleur des blogs de developpement personnel
Le meilleur des blogs de developpement personnel
 
Petit guide du management lean à l’usage des équipes agiles
Petit guide du management lean à l’usage des équipes agilesPetit guide du management lean à l’usage des équipes agiles
Petit guide du management lean à l’usage des équipes agiles
 
Livre blanc-le-retour-sur-investissement-des-medias-sociaux
Livre blanc-le-retour-sur-investissement-des-medias-sociauxLivre blanc-le-retour-sur-investissement-des-medias-sociaux
Livre blanc-le-retour-sur-investissement-des-medias-sociaux
 
Dossier Stratégie, leadership et management
Dossier Stratégie, leadership et managementDossier Stratégie, leadership et management
Dossier Stratégie, leadership et management
 
L'évaluation des indiv
L'évaluation des indivL'évaluation des indiv
L'évaluation des indiv
 

Plus de Master MOI

Taxe Apprentissage Master Marketing Opérationnel International Paris Ouest
Taxe Apprentissage Master Marketing Opérationnel International Paris OuestTaxe Apprentissage Master Marketing Opérationnel International Paris Ouest
Taxe Apprentissage Master Marketing Opérationnel International Paris OuestMaster MOI
 
Dossier de candidature moi initiale 2013 2014
Dossier de candidature moi initiale 2013 2014Dossier de candidature moi initiale 2013 2014
Dossier de candidature moi initiale 2013 2014Master MOI
 
Dossier de candidature moi apprentissage 2013 2014
Dossier de candidature moi apprentissage 2013 2014Dossier de candidature moi apprentissage 2013 2014
Dossier de candidature moi apprentissage 2013 2014Master MOI
 
Laura deleau mémoire moi experience
Laura deleau  mémoire moi experienceLaura deleau  mémoire moi experience
Laura deleau mémoire moi experienceMaster MOI
 
Lucie rodrigues-goncalves- Marketing-mobile et géolocalisationn
Lucie rodrigues-goncalves- Marketing-mobile et géolocalisationnLucie rodrigues-goncalves- Marketing-mobile et géolocalisationn
Lucie rodrigues-goncalves- Marketing-mobile et géolocalisationnMaster MOI
 
Afcdp master marketing MOI 10oct2012
Afcdp master marketing MOI 10oct2012Afcdp master marketing MOI 10oct2012
Afcdp master marketing MOI 10oct2012Master MOI
 
Social media & the us banking industry upo
Social media & the us banking industry   upoSocial media & the us banking industry   upo
Social media & the us banking industry upoMaster MOI
 
Muji boutillier-condolo-marketer en 2011 esa
Muji boutillier-condolo-marketer en 2011 esaMuji boutillier-condolo-marketer en 2011 esa
Muji boutillier-condolo-marketer en 2011 esaMaster MOI
 
Formulaire taxe master MOI
Formulaire taxe master MOIFormulaire taxe master MOI
Formulaire taxe master MOIMaster MOI
 
Présentation master moi
Présentation master moi Présentation master moi
Présentation master moi Master MOI
 
Vf dossier de candidature moi 2012 2013
Vf dossier de candidature moi 2012 2013Vf dossier de candidature moi 2012 2013
Vf dossier de candidature moi 2012 2013Master MOI
 
Presentatie mo idec2011vs30
Presentatie mo idec2011vs30Presentatie mo idec2011vs30
Presentatie mo idec2011vs30Master MOI
 
Participant handbook-chap-1234
Participant handbook-chap-1234Participant handbook-chap-1234
Participant handbook-chap-1234Master MOI
 
Motivations de partage
Motivations de partageMotivations de partage
Motivations de partageMaster MOI
 
Markstrat web participant-handbook-chap 1 a 3
Markstrat web participant-handbook-chap 1 a 3Markstrat web participant-handbook-chap 1 a 3
Markstrat web participant-handbook-chap 1 a 3Master MOI
 
Conf adetem universite paris ouest
Conf adetem universite paris ouestConf adetem universite paris ouest
Conf adetem universite paris ouestMaster MOI
 
Management de la distribution 2011 1
Management de la distribution 2011 1Management de la distribution 2011 1
Management de la distribution 2011 1Master MOI
 
Marketing and innovation
Marketing and innovationMarketing and innovation
Marketing and innovationMaster MOI
 
Master moi 2010 nihan fisek marketing viral
Master moi 2010 nihan fisek marketing viralMaster moi 2010 nihan fisek marketing viral
Master moi 2010 nihan fisek marketing viralMaster MOI
 
Mémoire Master MOI 2010 Storytelling Anne-Claire Heurgon
Mémoire Master MOI  2010 Storytelling Anne-Claire HeurgonMémoire Master MOI  2010 Storytelling Anne-Claire Heurgon
Mémoire Master MOI 2010 Storytelling Anne-Claire HeurgonMaster MOI
 

Plus de Master MOI (20)

Taxe Apprentissage Master Marketing Opérationnel International Paris Ouest
Taxe Apprentissage Master Marketing Opérationnel International Paris OuestTaxe Apprentissage Master Marketing Opérationnel International Paris Ouest
Taxe Apprentissage Master Marketing Opérationnel International Paris Ouest
 
Dossier de candidature moi initiale 2013 2014
Dossier de candidature moi initiale 2013 2014Dossier de candidature moi initiale 2013 2014
Dossier de candidature moi initiale 2013 2014
 
Dossier de candidature moi apprentissage 2013 2014
Dossier de candidature moi apprentissage 2013 2014Dossier de candidature moi apprentissage 2013 2014
Dossier de candidature moi apprentissage 2013 2014
 
Laura deleau mémoire moi experience
Laura deleau  mémoire moi experienceLaura deleau  mémoire moi experience
Laura deleau mémoire moi experience
 
Lucie rodrigues-goncalves- Marketing-mobile et géolocalisationn
Lucie rodrigues-goncalves- Marketing-mobile et géolocalisationnLucie rodrigues-goncalves- Marketing-mobile et géolocalisationn
Lucie rodrigues-goncalves- Marketing-mobile et géolocalisationn
 
Afcdp master marketing MOI 10oct2012
Afcdp master marketing MOI 10oct2012Afcdp master marketing MOI 10oct2012
Afcdp master marketing MOI 10oct2012
 
Social media & the us banking industry upo
Social media & the us banking industry   upoSocial media & the us banking industry   upo
Social media & the us banking industry upo
 
Muji boutillier-condolo-marketer en 2011 esa
Muji boutillier-condolo-marketer en 2011 esaMuji boutillier-condolo-marketer en 2011 esa
Muji boutillier-condolo-marketer en 2011 esa
 
Formulaire taxe master MOI
Formulaire taxe master MOIFormulaire taxe master MOI
Formulaire taxe master MOI
 
Présentation master moi
Présentation master moi Présentation master moi
Présentation master moi
 
Vf dossier de candidature moi 2012 2013
Vf dossier de candidature moi 2012 2013Vf dossier de candidature moi 2012 2013
Vf dossier de candidature moi 2012 2013
 
Presentatie mo idec2011vs30
Presentatie mo idec2011vs30Presentatie mo idec2011vs30
Presentatie mo idec2011vs30
 
Participant handbook-chap-1234
Participant handbook-chap-1234Participant handbook-chap-1234
Participant handbook-chap-1234
 
Motivations de partage
Motivations de partageMotivations de partage
Motivations de partage
 
Markstrat web participant-handbook-chap 1 a 3
Markstrat web participant-handbook-chap 1 a 3Markstrat web participant-handbook-chap 1 a 3
Markstrat web participant-handbook-chap 1 a 3
 
Conf adetem universite paris ouest
Conf adetem universite paris ouestConf adetem universite paris ouest
Conf adetem universite paris ouest
 
Management de la distribution 2011 1
Management de la distribution 2011 1Management de la distribution 2011 1
Management de la distribution 2011 1
 
Marketing and innovation
Marketing and innovationMarketing and innovation
Marketing and innovation
 
Master moi 2010 nihan fisek marketing viral
Master moi 2010 nihan fisek marketing viralMaster moi 2010 nihan fisek marketing viral
Master moi 2010 nihan fisek marketing viral
 
Mémoire Master MOI 2010 Storytelling Anne-Claire Heurgon
Mémoire Master MOI  2010 Storytelling Anne-Claire HeurgonMémoire Master MOI  2010 Storytelling Anne-Claire Heurgon
Mémoire Master MOI 2010 Storytelling Anne-Claire Heurgon
 

Marie Trocmé - blogueuses influentes

  • 1. Université Paris Ouest Nanterre La Défense Master 2 MOI classique 2010/2011 Les blogueuses influentes : un outil de prescription ? Marie Trocmé UFR SEGMI : Département gestion
  • 2. TABLE DES MATIERES 1. Introduction ............................................................................................................................ 1 2. Le cadre d’analyse .................................................................................................................. 3 2.1 La blogosphère ............................................................................................................ 3 2.2 Passage en revue des différentes typologies : de la communauté virtuelle à la blogosphère .................................................................................................................... 10 2.3 Les bloggeurs influents: quels enjeux, quels risques ? ............................................. 19 2.4 De l’influence à la prescription ................................................................................. 24 2. Hypothèses ........................................................................................................................... 29 4. Méthode ............................................................................................................................... 31 4.1 La définition du type de recherche ........................................................................... 31 4.2 Le plan d'échantillonnage et la méthode de recueil ................................................ 32 4.3 La définition des variables ........................................................................................ 33 4.4 Le traitement des données ....................................................................................... 35 5. Etude de cas ......................................................................................................................... 39 5.1 Mango and Salt ......................................................................................................... 39 5.2 Les filles pensent que................................................................................................ 48 5.3 Melle Dubndidu ........................................................................................................ 53 5.4 Ela Wood ................................................................................................................... 60 5.5 Mon blog de fille ....................................................................................................... 65 5.6 Pénélope Bagieu ....................................................................................................... 73 6. Discussions ........................................................................................................................... 76 Conclusion ................................................................................................................................ 83 Bibliographie ............................................................................................................................ 84 Liste des figures, graphiques et tableaux ................................................................................. 86 Annexe ...................................................................................................................................... 88
  • 3. 1. INTRODUCTION En mars 2005, Claire ouvre le blog « Journal de ma peau ». Chaque jour, elle décrit son utilisation des produits cosmétiques Vichy avec enthousiasme. Mais quelques jours plus tard, les lecteurs et la blogosphère découvrent la supercherie : ce n’est pas une fille coquette qui se cache derrière le clavier mais une armée de marketeurs de la marque Vichy. Sur internet, les moqueries fusent et la marque est obligée de présenter ses excuses. Maladroite, la marque Vichy avait pourtant compris le support qui ferait la communication de demain : les blogs. Face à une méfiance voire un rejet grandissant des messages publicitaires calibrés, les consommateurs ont trouvé dans les blogueurs des alliés de choix. Grâce à leur indépendance, leur franc-parler et leur libre arbitre, les blogueurs sont une source d’information bien plus fiable aux yeux de certains consommateurs que les marques elles-mêmes. Ils peuvent en quelques clics lancer un produit ou bien signer sa mise à mort. Les entreprises ne sont alors plus les seules maîtres de leur communication, il faut désormais prendre en compte ce qui se dit sur internet et plus particulièrement sur la blogosphère. Certains écrivent d’ailleurs avec une certaine dérision : il n’est donc plus nécessaire de prouver que l’on est le meilleur, il suffit juste que les autres le disent et la confiance fait le reste. Et voilà, tout l’enjeu : comment inciter les blogueurs à dire du bien d’un produit ou d’une marque ? Certaines plateformes se sont alors spécialisées dans la mise en relation des marques et des blogueurs ; elles proposent aux blogueurs de tester des produits et de les prescrire. D’autres entreprises se chargent elles-mêmes de contacter des blogueurs souvent avec une grande maladresse. En effet, généralement ignorantes des codes sous-jacents de la blogosphère et de la susceptibilité des blogueurs, les entreprises sont souvent désemparées face à un outil qu’elles maitrisent mal. Nous tenterons donc d’analyser quels sont les mécanismes qui sont à l’origine de l’acte de prescription des blogueurs. Afin de mettre en valeur les facteurs déterminants de la prescription, nous analyserons six cas de blogueuses influentes françaises qui sont chaque jour sollicitées de manière plus ou moins pertinente par des entreprises ou des marques. Nous avons décidé de nous concentrer sur la blogosphère féminine, non pas par engagement, mais parce que les sujets abordés sur la blogosphère féminine sont les plus rentables de la blogosphère. Outre des sujets, comme la mode ou le maquillage qui s’adaptent naturellement à la prescription, les blogueuses semblent aussi plus ouvertes aux propositions. Ayant cerné le réel potentiel commercial des blogueuses, les entreprises les sollicitent bien plus que leurs homologues masculins. Une analyse descriptive de ces six blogueuses nous permettra différencier plusieurs attitudes face à l’acte de prescription et de fournir des recommandations aux entreprises qui souhaiteraient approcher des blogueurs. 1
  • 4. Pour ce faire, le cadre d’analyse nous permettra d’exposer les bases théoriques nécessaires à l’analyse empirique. Après avoir identifié les tendances de la blogosphère et tenté d’en imaginer les évolutions, nous passerons en revues différentes typologies. Ces typologies nous permettrons de croiser diverses façons d’appréhender la blogosphère. Nous nous concentrerons ensuite sur les différents risques et enjeux que recouvre la notion de blogueur influent. Pour finir, après avoir expliqué brièvement la théorie de la prescription, nous nous focaliserons sur la prescription en ligne. En nous appuyant sur ce cadre théorique, nous dégagerons quatre propositions concernant les enjeux qui nous semblent déterminants sur la blogosphère et sur le lien qui existe entre les blogueuses et la prescription. La partie méthode nous permettra d’expliciter la façon dont nous avons choisi les six blogueuses qui nous serviront de cas pratique et de détailler les différents critères que nous avons sélectionnés. A travers le prisme de trois critères, nous analyserons tour à tour les six blogueuses choisies. Le support de cette étude de cas sera principalement constitué de verbatim que nous aurons récolté sur leurs blogs mais aussi des différentes traces qu’elles auront laissées sur internet. La partie discussion nous donnera l’occasion d’effectuer une synthèse des résultats, à l’aide d’un tableau récapitulatif et d’un mapping, et de dégager quatre profils de blogueuse. L’analyse faite de ces six cas nous permettra aussi de répondre aux propositions exposées dans la troisième partie. Enfin, nous proposerons 9 recommandations aux entreprises afin de les aider dans leurs futures approches de blogueuses. Nous conclurons dans la dernière partie, en reprenant les résultats essentiels de notre étude après en avoir précisé le cheminement et tenterons de réfléchir sur les futures pistes d’études à mener. 2
  • 5. 2. LE CADRE D’ANALYSE 2.1 LA BLOGOSPHERE Depuis 2004, Technorati, un moteur de recherche spécialisé dans le domaine des blogs, publie son rapport annuel sur l’état de la blogosphère dans le monde. Cette étude qui s’appuie sur l’analyse de plus d’un million de blogs fait figure d’autorité dans le domaine Afin de mieux cerner les différents blogueurs, Technorati les divise en 4 catégories : - les « Hobbyist » : ces sont les internautes qui bloguent par plaisir et considère cette activité comme un passe-temps -Les « Part Timer » : ce sont des semi-professionnels, ils n’arrivent pas à vivre totalement de leur activité mais génèrent tout de même un revenu. - Les « Corporate » : ce ne plus des particuliers mais bien des employés d’une entreprise qui tiennent un blog. -Les « Self-Employed » : ce sont les auto-entrepreneurs, ces internautes vivent de leur blog mais ne sont rattachés à aucune entreprise. Ces quatre profils nous permettent de mettre en valeur deux grandes catégoies de blogueurs sur la blogosphère : les blogueurs amateurs, les Hobbyist, et les blogueurs semi- professionnels et professionnels, les Part Timer, Les Corporate et les Self-Employed. Afin de compléter ces données à l’échelle mondiale par des données plus francophones, nous nous appuierons aussi sur l’étude publiée par ConseilsMarketing.fr sur les blogueurs francophones, réalisée auprès de 425 participants. 2.1.1. DEMOGRAPHIE DE LA BLOGOSPHERE D’après le graphique ci-dessous, on constate que 2/3 des blogueurs sont des hommes et ce, indépendamment de leur activité sur la blogosphère. 3
  • 6. Graphique 1 : Le genre des blogueurs dans le monde en 2010 – Technorati (2010) Cette sous-représentation dans la blogosphère des femmes pourrait être contrebalancée par une influence plus importante. Mais, dans les faits, lorsque l’on observe les classements de blogs tel Wikio les femmes sont sous représentées et sont jusqu’à trois fois moins visibles que les hommes. Dans la catégorie politique, qui n’est pas un thème traditionnellement sexué comme le scrapbooking ou la catégorie High Tech, la première femme est en dix- neuvième place, et ce n'est pas une blogueuse anonyme, il s'agit de Corinne Lepage. Même constatation lors des assises du Net qui se sont déroulées en mai 2011, seule une femme sur une dizaine de bloggeurs avait été invitée par le secrétaire d’Etat. Dans l’étude réalisée par ConseilsMarketing.fr, la majorité de la blogosphère francophone a moins de 30 ans, avec 31% de moins de 25 ans et 27% qui ont entre 26 et 30 ans. L’étude de Technorati nous donne plus de détails sur l’âge des blogueurs selon leur activité. Sans surprise, les Hobbyist et les Part Timer ont entre 25 et 34 ans. D’un autre côté, les Self- Employed ont en majorité en 35 et 44 ans. On pourrait donc décrire cette relation entre l’âge du blogueur et sa professionnalisation : plus l’âge des blogueurs est élevé, plus l’activité de blogging se professionnalise. Graphique 2 : L’âge des blogueurs dans le monde en 2010 – Technorati (2010) Le lieu de résidence et le niveau d’éducation ont aussi leur importance. Selon l’étude publiée par ConseilsMarketing.fr, 38% des blogueurs interrogés habitent Paris et sa banlieue et 14 % habitent soit Lyon, Marseille, Lille ou Bordeaux. Au total plus de la moitié des blogueurs se concentre dans 5 grandes villes de France. 4
  • 7. De son côté, Technorati a établi que 88% des blogueurs avaient au moins leur baccalauréat et que 60% faisaient des études supérieures. 2.1.2. L’ACTIVITE DE BLOGGING Selon l’étude de ConseilsMarketing.fr, 60% des blogueurs francophones bloguent depuis au moins deux ans. L’activité de blogging n’est donc pas un phénomène éphémère mais s’inscrit bien dans la durée. Si l’on se concentre sur les différents profils, les Hobbyist, les Part Timer et les Self Employed sont en majorité présents dans la blogosphère depuis 2 à 4 ans alors que la majorité des Corporate tiennnent un blog depuis plus de 6 ans. Graphique 3 : La durée dans le monde en 2010 – Technorati (2010) Cette présence sur la blogosphère n’aurait aucune pertinence si elle n’était pas mise en parallèle avec la fréquence de post et les thèmes abordés. La moitié des blogueurs francophone consacrent de 30 minutes à 1 heure par jour à bloguer. Cette tendance se confirme avec tous les blogueurs non professionnels : leur pratique reste modérée. Mais chez les blogueurs qui ont plus de 500 visiteurs par jour, 40% d’entre eux consacrent plus de 2h par jour à bloguer. L’étude de ConseilsMarketing.fr nous permet donc d’établir une seconde relation : plus un blogueur a de visiteurs, plus le temps passé par jour pour bloguer est important. 5
  • 8. Graphique 4 : le temps hebdomadaire passé à bloguer en 2010 – Technorati (2010) Bloguer ne prend pas beaucoup de temps mais la régularité est importante pour fidéliser le lecteur. Selon ConseilsMarketing.fr 70% des bloggeurs écrivent au moins 10 articles par mois soit 2 articles par semaine. Outre la fréquence des posts, les résultats de l’étude de Technorati concernant les thèmes abordés montre que le champ est vaste et dense. Et le listing qui était proposé aux sondés n’a pas suffit car 30% répondent que leur sujet principal n’était pas listé : il y a donc énormément de niches. Le thème le plus abordés par les blogueurs pourrait être traduit par « rêverie personnelle », 45% des blogs sont donc des blogs généralistes et plutôt personnels. Graphique 5 : Les sujets abordés par les blogueurs en 2010 – Technorati (2010) 6
  • 9. 2.1.3. LES BLOGS ET LES RESEAUX SOCIAUX : COMPLEMENTAIRE OU CONCURRENT ? La question centrale qui articule la relation entre l’activité de blogging et les réseaux sociaux est la suivante : les réseaux sociaux sont-ils complémentaires aux blogs ou au contraire, les blogs sont-ils en concurrence avec réseaux sociaux ? On assiste à deux tendances qui vont dans le sens contraire. Dans l’étude menée par Conseilsmarketing, 15% des blogueurs déclarent moins poster à cause de Facebook ou Twitter. L’instantanéité des réseaux sociaux, qui permet de poster une vidéo, une photo ou de retweeter un article intéressant, rend les internautes plus paresseux. Le succès du site www.minutebuzz.com en est la preuve : les articles ne sont souvent pas plus longs que des posts sur Facebook et l’information se trouve sous forme de photos ou vidéos. L’idée serait que les gens n’ont plus le temps de lire des blogs et leurs analyses : il faut de l’information, courte et vite. Face à cette tendance de l’information fastfood, 20 % déclarent poster davantage et 25% lisent plus d’autres blogs grâce aux réseaux sociaux. L’utilisation des réseaux sociaux est donc une source d’inspiration et permet aux blogueurs de tisser des liens dans la blogosphère. La seule concurrence qu’exerce un outil comme Twitter sur les blogs concerne les commentaires : 20% déclarent être plus enclin à tweeter un commentaire qu’àle laisser sur le blog. Les réseaux sociaux sont ainsi utilisés comme des relayeurs et des tremplins pour attirer une audience toujours plus large. Les widgets, Facebook et Twitter sont d’ailleurs tout aussi incontournables que les flux RSS pour attirer du trafic. La preuve en est que dans l’étude menée par Technorati, toutes catégories de blogueurs confondus, 66% déclarent utiliser les réseaux sociaux en complément de leur blog et 77% les flux RSS. Aujourd’hui, Google est même sérieusement concurrencé par les réseaux sociaux en ce qui concerne le référencement des blogs. Comme le montre le graphique ci-dessous, 50% des blogueurs considèrent que Google est un élément important pour attirer des visiteurs alors 65% font plus confiance à Facebook et 66% à Twitter. 7
  • 10. Graphique 6 : Les outils qui apportent des visiteurs aux blogs en 2010 – Technorati (2010) 8
  • 11. On voit donc que les moyens d’accéder à un blog sont nombreux et variés, et c’est cette abondante source d’information qui pourrait être à l’origine d’une transformation de la blogosphère et de ses acteurs. 2.1.4 QUELLE EVOLUTION POUR LA BLOGOSPHERE ? Dans un article intitulé “The Three C’s of Information Commerce: Consumption, Curation, Creation”, Brian Solis (2011) nous explique ce qui selon lui sera le futur du blogging. Ce que Solis appelle notre graphe social (l’ensemble de nos relations en ligne) est en train d’évoluer. Alors qu’auparavant il était constitué de communautés assez indifférenciées, ces relations sont en train de muter : on est aujourd’hui connecté à des gens qu’on ne connait pas obligatoirement mais avec qui on a des centres d’intérêts communs. Ce nouveau graphe est appelé le graphe d’intérêts. Les récentes évolutions de Facebook avec la possibilité de partager un contenu particulier avec une cible particulière en est un exemple. Cette évolution du graphe social va alors être la solution face à la surabondance d’informations sur internet. Cette constitution de groupe va permettre aux internautes de diffuser aux bonnes personnes le bon contenu et permettre à ce même contenu d’avoir une résonnance plus importante. « Aujourd’hui comme chacun peut émettre et diffuser comme une petite station de TV, vous parlez à une audience qui a son audience qui a son audience qui a son audience…. etc (…) C’est facile d’avoir un Retweet, beaucoup moins d’en avoir tout le temps, et pourtant c’est la seule manière de garder en vie des choses sur le web, où les contenus explosent et où tout le monde se bat pour votre attention ». De cette idée part alors le concept de « Curation ». Selon Solis, les internautes sont divisés en 3 types : -Les consommateurs qui consomment de l’information mais ne la font pas partager. Selon Forrester, cette catégorie représenterait 70% des utilisateurs de réseaux sociaux. -Les « curators » qui est le terme anglais qui désigne un conservateur de musée et dont le rôle, dans ce contexte, n’est pas si différent de son acceptation initiale : il découvre, organise, hiérarchise et partage des informations importantes et ce grâce à une utilisation pertinente de son graphe d’intérêt. -Les créateurs et l’élite qui produisent du contenu par l’intermédiaire principalement de blogs. 9
  • 12. Figure 1 : Les 3 C de Brian Solis (2011) Les années à venir seront donc marquées par l’arrivée de ce nouvel internaute et par le développement de plateformes telles paper.li : un journal en ligne relayé par Facebook et Twitter. Le consommateur statique pourrait donc se convertir en curator productif et pourquoi pas ensuite en créateur. Cet aperçu de la blogosphère nous permet donc de dresser un portait type du blogueur : un homme, éduqué et citadin qui bloguerait de façon journalière et fréquente. Il serait toutefois difficile de dégager un sujet majeur sur la blogosphère : les thèmes abordés sont extrêmement hétéroclites. On peut, par contre, affirmer que les réseaux sociaux font partie intégrante de leur stratégie de visibilité : plus ils multiplient leur présence sur les réseaux sociaux et plus ils sont visibles dans une blogosphère toujours plus riche. C’est d’ailleurs cette densité et cette abondance qui fait apparaître un nouvel acteur : le curator. 2.2 PASSAGE EN REVUE DES DIFFERENTES TYPOLOGIES : DE LA COMMUNAUTE VIRTUELLE A LA BLOGOSPHERE 2.2.1 LES E-TRIBUS DE KOZINETS A) DES COMMUNAUTES AUX COMMUNAUTES ONLINES Avec l’arrivée de la post-modernité et d’internet, les communautés ont muté. Alors qu’autrefois, on naissait dans un endroit et que l’on s’inscrivait dans les communautés de celui-ci (famille, religion…) les internautes ont aujourd’hui la possibilité de s’affranchir des contraintes d’espace et de se tourner vers d’autres communautés. La postmodernité est 10
  • 13. d’ailleurs définie par certains auteurs (Maffesoli 1988 et Fearthstone, 1991) comme une tentative de recomposition sociale. Décrire et trouver un nom à ces nouvelles communautés « post-modernes » a été et est encore aujourd’hui une source de difficulté. Howard Rheingold (1993) a été le premier à utiliser le mot de « communautés virtuelles » dont il en fait la définition suivante : « agrégations sociales qui émergent à travers le Net, où les personnes portent assez longuement en public des discussions pour former des enchaînements, des rapports personnels dans l'espace virtuel ». Cette définition reprend alors les 3 concepts fondamentaux qui identifient selon Krap et al. (1977) une communauté : -la continuité de l’interaction sociale - les valeurs partagées -un espace géographiquement non délimité Mais pour Kozinets (1999) ce terme de virtuel est trompeur : il pourrait impliquer que les communautés sont moins « réelles » que les communautés « physiques ». Il ajoute d’ailleurs que« ces groupes sociaux ont une « réelle » existence de leurs participants, et ont ainsi des conséquences sur plusieurs aspects du comportement, celui du consommateur inclus ». Ce qui conduit Kozinets à utiliser le terme « communautés online ». L’individu dépasse alors la notion d’individualité et s’inscrit ainsi dans un réseau constitué d’une variété de liens l’attachant à une ou plusieurs communautés de référence. Mais sans forcément se lier à vie à cette communauté, comme le précisent Charbit et Fernandez (2003) « la communauté « post- moderne » est plus volatile, et plus éphémère, chacun des membres gardant le libre choix de s’en extraire quand bon lui semble ». L’e-tribalisation, comme la nomme aussi Kozinets, a alors des conséquences notoires sur le comportement du consommateur. Le consommateur ne chercher plus dans la consommation un moyen direct de donner un sens à sa vie, mais un moyen de se lier aux autres dans le cadre d'une ou plusieurs communautés de référence. Ce sont ensuite ces communautés online qui vont lui permettre de donner un sens à sa vie. Comme l’analyse Cova (1995), la consommation n’est donc plus le lien social mais un outil au service du lien social. Afin de réellement comprendre ce qu’implique une communauté online, Kozinets a conceptualisé le développement d’un individu dans une communauté online. Dans un premier temps, l’utilisateur « rode », parcourt les informations sur internet : il lit mais n’écrit pas. Il se contente de sites institutionnels et officiels. Mais le plus il devient expérimenté, le plus il se dirige vers des contre-pouvoirs : il fréquente les communautés online, s’informe, questionne les utilisateurs en privé ou en public et devient un participant du groupe de discussion. Cette relation entre les différents membres est toutefois soumise à des 11
  • 14. règles, des normes langagières : dans les forums, par exemple, le langage SMS est proscrit, les majuscules sont utilisées pour « crier », etc. Ces normes passent aussi par la prise en compte de la structure hiérarchique et des statuts des différents utilisateurs. Ce qui au départ était une simple recherche d’information se trouve transformée en communauté. Figure 2 : L’évolution d’un individu dans une communauté en ligne - Kozinets –(1999) B) LES TYPES DE COMMUNAUTES VIRTUELLES A partir de là, comme le montre le schéma ci-dessous, Kozinets identifie 4 types de membres dans les communautés virtuelles selon 2 critères, la relation que l’individu entretient avec l’activité de consommation et l’intensité de la relation entre les autres membres de la communauté : Figure 3 : Types de membres dans les communautés online - Kozinets (1999) 12
  • 15. - Les touristes (« the tourists ») : entretiennent très peu de liens sociaux avec les autres membres de la communauté et ont un intérêt superficiel voire passif dans l’activité de consommation. - La mêlée (« the minglers »), ils ont le même intérêt dans l’activité de consommation que les touristes mais sont très impliqués dans la communauté. - Les dévots (« the devotees ») sont les opposés de la mêlée, ils ont un intérêt fort pour l’activité de consommation mais n’ont que peu d’attache à la communauté. - Les initiés (« thes insiders ») sont très actifs dans la communauté et ont une activité de consommation très importante. C) DES INTERACTIONS SPÉCIFIQUES Les dévots et les touristes ne se mêlent pas à la communauté par plaisir mais parce qu’ils ont un dessein, comme celui de s’informer sur un nouveau produit. Leur but n’est donc absolument pas altruiste, ils utilisent les communautés mais n’y participent pas. Ils reçoivent mais sans donner en échange: ils sont individualistes. Au contraire, la mêlée et les initiés sont des êtres sociables : leur contact avec les autres n’a pas de but précis, ils aiment échanger et confronter leur idée. Leur vision et leur action sont désintéressées, ce sont ceux qui, par exemple, répondent systématiquement aux nouveaux utilisateurs. Ils ont une vision orientée à long terme. Kozinets distingue ensuite deux objectifs qui motivent les internautes à participer aux communautés onlines : soit autotélique, c'est-à-dire qui n’a d’autre but que de distraire, soit instrumentale, qui vise un but précis. Les interactions sont alors classées en 4 types : - Récréatives : les utilisateurs veulent satisfaire leur besoins primaires et à court terme. Ces interactions ont souvent la forme de discussions courtes et instantanées : ce sont, par exemple, les chats. La mêlée ainsi que les touristes utilisent souvent cette forme de communication - Transformationnelle : les utilisateurs veulent atteindre un objectif à long terme et sont très impliqués. Ce sont, par exemple, des activistes qui demandent des packagings plus écologiques et responsables. Ces actions sont souvent organisées par les initiés et sont ensuite suivies par les dévots. Dans les deux dernières interactions, informationelle et relationelle, Kozinets reprend son raisonnement de l’évolution d’un individu dans une communauté en ligne : l’individu fréquente d’abord les communautés pour s’informer et satisfaire son intérêt personnel 13
  • 16. (informationelle) et progressivement, à force d’échange, il se retrouve à être un membre à part entière et s’implique dans la communauté (relationnelle). Le schéma ci-dessous résume ce cheminement : Figure 4 : les modes d’interactions dans les communautés onlines – Kozinets (1999) 2.2.2 LES TROIS POLES DU CAPITAINE Cette 2ème typologie a été développée par Laurent Gloaguen (2004), surnommé le Capitaine, blogueur du très célèbre blog Embruns. Selon lui, la blogosphère se divise en 3 pôles : Le premier est le Pôle Weblogue, qui est un recueil de lien. Ce pôle qui est le « pôle originel » est aujourd’hui singulièrement dépeuplé. Il cite en exemple le Petit Canclaux 1, Manur2 et Iokanaan3. Le Pôle Diariste est représenté principalement par les journaux intimes. Cette catégorie est, au contraire, sur-représentée sur la blogosphère et est composée d’internautes de tout âge, sexe, conditions sociales, etc. La création de plateformes très intuitives et gratuites, comme Skyrock, ont participé à l’expansion de cette forme de blogging. Le Pôle Thématique est constitué de blogs spécialisés. Ce sont des blogs qui sont soit mono- thématiques, soit multi-thématiques mais qui restent dans les thématiques sérieuses. Les thèmes choisis sont très variés mais le blogueur se positionne en tant que spécialiste. 1 http://la.cote.free.fr/canclaux/blog.html 2 http://manur.org/ 3 http://iokanaan.net/ 14
  • 17. Le schéma ci-dessous est la représentation de la blogosphère selon Laurent Gloaguen : le plus il y a de points rouges, le plus le pôle est saturé. Quant au point noir, c’est le barycentre de la blogosphère. Figure 5 : Typologie de la Blogosphère selon Laurent Gloaguen (2004) 2.2.3 LES DIFFERENTS CERCLES DE LA BLOGOSPHERE Dans son livre « Créer, trouver et exploiter les blogs », l’universitaire Olivier Ertzscheid (2008), dresse à son tour une typologie de la blogosphère. A partir de deux axes, l’abscisse différenciant les blogs individuels et collectifs et l’ordonnée qualifiant le sujet du blog, il a établi différents cercles de blogs. Figure 6 : la blosphère selon Olivier Ertzscheid (2008) 15
  • 18. Le premier cercle, concerne principalement les Metablog et inclus aussi à moindre mesure les sites professionnels, les institutions et entreprises. Ce premier cercle concerne les blogs qui « signalent » c'est-à-dire qui délivrent de l’information sans analyse. Les méta-blog par exemple, sont constitué de liens : le blogueur ne donne pas son avis, il propose à ses lecteurs des informations « pures». Le second, cercle qu’il qualifie « d’analyses », concerne des blogs principalement thématiques et professionnels. Ce sont des blogs qui ont une dimension réfléchie, les auteurs de ces blogs partagent leurs idées, leurs convictions et se basent sur des données chiffrés ou du moins, fiables. Peuvent être cités, les blogs journalistiques, de recherche mais aussi des associations. Dans ces blogs, les auteurs engagent leurs paroles d’officiels mais ne s’engagent pas de façon personnelle. Dans le troisième et dernier cercle, ce situent les blogs dits de « réflexions ». Ces blogs concernent principalement les blogs où le sujet s’implique personnellement. Le blog devient une façon de s’affirmer à travers sa vie personnelle, un hobby ou des opinions politiques. Ce sont par exemple, les journaux intimes, les blogs politisés ou les blogs de loisirs. 2.2.4 BLOGOSPHERE : LA PRODUCTION DE SOI COMME TECHNIQUE RELATIONNELLE Dominique Cardon et Hélène Delaunay-Teterel (2006) ont établi une typologie de la blogosphère en se concentrant sur la dimension relationnelle que les blogueurs entretiennent avec leurs lecteurs. La définition qu’ils font des blogs permet de mieux cerner leur approche et leur vision de la blogosphère : les blogs sont, selon eux, « un outil de communication permettant des modalités variées et originales de mises en contact. ». Afin de réaliser cette typologie, ils se sont appuyés sur des critères qualitatifs, comme, par exemple les commentaires,. Ils ont alors mis en relation le rapport énoncé/énonciation, le mode de communication et la forme du réseau et ce qui les a conduits à établir à établir 4 types de blogs : 16
  • 19. Figure 7: Quatre modèles de blogs d’après Cardon et Delaunay-Teterel (2006) A) LE BLOG INTIMISTE Le premier type de blog identifié par Cardon et Delauney-Terel est de type journal intime. Ces blogs « libèrent à la fois l’énonciation qui se charge de multiples traces de subjectivité et, de façon conséquente, l’énoncé, qui peut prendre des libertés avec les conventions langagières ordinaires.». Ces blogs n’ont pas besoin de se confronter à d’autres points de vue, ils sont presque en autarcie. Le message n’est pas adressé à quelqu’un en particulier et ils n’ont pas besoin de commentaires pour survivre. Toutefois le blogueur utilise des pseudonymes car le contenu du blog touche à l’intimité et au personnel, il « partage des intériorités ». Le blogueur n’est donc plus dans une relation sociale ordinaire mais il développé une « sociabilité extraterritoriale» : il ne veut plus la reconnaissance de proches et ne souhaite surtout pas être démasqué par ceux –ci. Il cherche à cloisonner sa vie réelle de cette vie virtuelle : le public du blog est donc restreint, comme un Halo et s’organise en étoile avec au centre de l’attention le blogueur. 17
  • 20. B) LE BLOG FAMILIER Matthieu Paldacci (2006) distingue bien les blogs intimistes des blogs familiers. Alors que nous venons de voir que les blogs intimistes s’inscrivaient dans une sphère extraterritoriale les blogs familiers regroupent proches et inconnus. Ce second type de blog se concentre sur la description de l’environnement et des activités quotidiennes du blogueur. S’il dévoile des détails de sa vie privée, il n’est pas du tout dans l’introspection car ses énoncés sont soumis à la contrainte d’un public de proches. Cette exposition de l’intime varie en fonction de l’âge et du sexe des personnes, les adolescents, par exemple, sont plus enclins à exposer leur vie privée car cela devient un moyen de s’affirmer. Le blog familier « s’inscrit alors dans la gamme des outils de communication interpersonnelle comme un dispositif particulier d’échange avec les proches. » (Cardon et Delauney-Terel). Les posts et commentaires deviennent alors de véritables conversations, ce qui conduit Cardon et Delauney-Terel (2002) à parler de « conversation continue et ininterrompue ». Le nombre de commentaires par post est parfois très élevé et le rythme rapide. Le public est donc un clan : le blogueur ne veut pas créer de lien avec de nouveaux lecteurs, mais entretenir et renforcer des liens préexistants. C) LE BLOG COMMUNAUTAIRE Le troisième type de blog se distingue nettement des deux précédents en deux points. Tout d’abord, le blogueur n’interroge plus son intériorité mais s’affirme grâce à une compétence. Ensuite, sa relation avec ses lecteurs est tout à fait différente : la relation est motivée par un intérêt commun le lien « d’interconnaissance » n’est pas nécessaire. La relation que le blogueur lie avec ses lecteurs est alors une relation de reconnaissance et de coproduction : chacun donne son avis, conseille, juge. Les auteurs appellent cela une « intimité instrumentale », la relation que le blogueur noue avec sa communauté de pairs a un dessein qui peut être la professionnalisation, par exemple. Ce n’est donc plus le blogueur qui est mis en avant mais bien l’intérêt commun. Le blog est un espace communautaire où chacun dialogue et échange autour d’une même passion. Les posts appellent donc des commentaires et les échanges s’organisent ans la durée et réguliers, de là se créent des « affinités sélectives » (Cardon et Delauney-Terel). « Dans cette configuration, le réseau relationnel des blogs prend une forme nettement clustérisée, puisque les liens formés par le bloggeur ont progressivement tendance à se lier entre eux par le partage d’une sorte d’intérêt mutuel. » précisent les auteurs. D) LE BLOG CITOYEN Le dernier modèle de blog est à distinguer du type blog communautaire car le blogueur se définit désormais comme « citoyen » et non comme une partie d’un groupe sélectif et affinitaire. Ce statut de « citoyen », implique que l’identité civile est assumée et que le blogueur est totalement responsable de ses propos. 18
  • 21. Les commentaires par post sont extrêmement nombreux, variés et denses C’est d’ailleurs cette interactivité très forte qui crée un « écosystème des blogs citoyens ». Le blogueur et son lecteur sont constamment en train d’échanger, c’est un « dialogue étendu ». Le contenu du blog n’appartient alors plus à l’énonciateur mais à l’espace public : un post est la source de débats, micro-sondages… Chacun s’informe auprès de l’autre et forme son avis grâce à l’autre. Le blog citoyen devient alors une sorte d’Agora moderne. 2.3 LES BLOGGEURS IN FLUENTS: QUELS ENJEUX, QUEL S RISQUES ? 2.3.1 LE BLOGUEUR INFLUENT : UN LEADER D’OPINION ? La définition d’un blogueur influent reste une notion bien vague et très controversé dans la blogosphère. Depuis leur introduction par Katz et Lazarfeld (1955), les concepts de leader d’opinion et d’influenceurs restent flous. L’analyse d’Eric Vernette (2007) nous permet de mieux identifier ce qu’est un leader d’opinion et d’établir le lien qu’il existe entre leader d’opinion, leadership et influence. Le « leader d’opinion » est généralement défini comme « une personne qui exerce une influence sur son entourage et (ou) qui échange des informations orales sur les produits et marques » 4 Eric Vernette ajoute à cette définition quelques précisions. Selon lui, le leader d’opinion disposerait de 4 traits : un trait psychologique (forte personnalité), un traits physique (beauté), un trait social (l’intelligence sociale) et l’expertise et l’impartialité qui permettrait au leader d’opinion de crédibiliser les informations qu’il diffuse. A partir de ces traits, il décrit un processus dynamique : le leadership. Il s’appuie alors sur une double force : une force d’attraction et une force de conviction. Ces différentes forces auront donc soit une influence visuelle, soit une influence verbale comme nous le montre le schéma ci-dessous : 4 (King et Summers, 1970 ; Ben Miled et Le Louarn, 1994 ; Mowen, 1995 ; Gilly et al. 1998 ; Flynn et al., 1996 ; Goldsmith et de Witt, 2003). 19
  • 22. Figure 8 : Leader d’opinion, le leadership et l’influence d’après Vernette (2007) Face à cette définition du leader d’opinion, la différenciation que font Engel et al. (1995) entre le terme « leader d’opinion » et celui d’ « influenceur » est très intéressante. Alors que le premier sous-entend, selon eux, un échange d’informations à sens unique, le second semble être plus conversationnel. L’influenceur serait donc le leader d’opinion online. L’influence n’est alors pas à sens unique, elle circule entre les différents acteurs. On pourrait même dire que l’on est toujours influencé et influenceur : en bref, la blogosphère se nourrit d’elle –même. La relation entre influence est confiance est très bien expliquée par Le Capitaine qui écrivait: « Si j’expose une idée stupide, quel que soit mon degré de visibilité, je ne convaincrai personne avec. Pire encore, j’ai des commentateurs peu tendres et volontiers ironiques qui démonteront vite fait mon argument. Si je faisais la publicité d’une machine à laver ou d’une cafetière, je serais la risée de mes lecteurs et ce ne serait que bien mérité. » Avec ce verbatim on voit bien que cette influence passe donc par la confiance que le lecteur octroie au blog qu’il lit. Il est donc important d’identifier ce qui permet au lecteur de faire entièrement confiance au blogueur et quels sont les limites de cette confiance. 2.3.2 LA CONFIANCE Dans une étude publiée sur www.emarketer.com s’intéressant au degré de confiance porté à une information selon sa provenance, le résultat est sans appel : les internautes ont confiance en leur amis. 61% des internautes interrogés ont une confiance totale dans les contenus que publient leurs amis que ce soit sur les blogs, Facebook ou bien Twitter. Comme c’est lisible dans le tableau qui suit, on comprend facilement que dans la vie virtuelle comme dans la vie réelle les internautes font confiance à leurs amis. 20
  • 23. Figure 9 : Les sources d’informations qui sinpirent la confiance selon les utilisateurs de média sociaux en juin 2010 Dans la seconde partie de cette étude, les internautes ont hiérarchisé les facteurs qui influençaient leur confiance. L’ouverture des commentaires qu’ils soient négatifs ou positifs et donc la transparence de la relation entre le blogueur et ses lecteurs, est une donnée fondamentale. Mais une liberté de parole totale n’est pas la seule source de confiance, il faut que les commentaires et le contenu soient de qualité. Enfin, la réactivité des auteurs du blog, qu’on pourrait assimiler à une mise à jour régulière mais aussi à la prise en compte de commentaire, est le troisième facteur le plus important. Figure 10 : Les facteurs qui inspirent la confiance selon les utilisateurs de médias sociaux en juin 2010 21
  • 24. La capture d’écran ci-dessous permet de mettre des exemples concrets sur les résultats de l’étude ci-dessus. Voici ce que le collectif webmarketing 5 conseille pour instaurer une relation de confiance : 2.3.2 ETHIQUE Cette influence des blogueurs fait apparaître un nouvel enjeu : le contenu. Ces blogs qui sont des relayeurs d’informations constituent de nouveaux carrefours d'audience et deviennent alors un réel « cinquième pouvoir ». La publication par l’institut d’étude Forrester d’un rapport en 2009, annonçant que la communication sur les blogs devenait inévitable, officialise ce qui était jusqu’alors connu de tous : l’activité de blogging devient pour les marques et les entreprises un nouvel enjeu. Les marques ont alors plusieurs possibilités pour être présentes sur les blogs : - Cela peut passer par des relations publiques pures qui sont sous forme d’invitation à une expérience de marque, de soirées, d’envoi et de test de produits ou services, de rencontres avec une égérie ou une personne de la marque. - La plupart commercialisent déjà des espaces publicitaires ou des liens sponsorisés, en direct ou via des régies. 5 http://collectif-webmarketing.com/comment-etablir-la-confiance-sur-votre-blog 22
  • 25. - Les entreprises peuvent aussi rémunérer la diffusion de contenus: vidéos virales, advergames, widgets. - Enfin, la sponsorisation de billets. Le blogueur est souvent libre d’écrire ce qu’il veut sur une marque, un produit ou un événement et reçoit en contre -partie une rémunération. Ces pratiques sont aujourd’hui considérées comme normales et la plupart des blogueurs ont recours à ces contreparties. Mais certains blogueurs influents vivent aujourd’hui totalement de leur activité et ce grâce à la publicité. Loïc Le Meur (près de 25 000 abonnés) en est un très bon exemple : il a confié la régie publicitaire de son blog au groupe Publicis pour 6 000 euros de recettes garanties par mois. Ces sommes astronomiques peuvent alors provoquer, à juste raison, la polémique. En effet, comment continuer à faire confiance aux écrits de quelqu’un qui se fait sponsoriser ses articles ? Comment distinguer les posts sponsorisés des véritables critiques indépendantes ? Quelle liberté de parole reste-t-il à celui qui gagne sa vie grâce aux publicités ? Ces questions liées à la professionnalisation de l’activité de blogging sont au cœur du débat. C’est ainsi que la Federal Trade Commission, une agence indépendante du gouvernement des États-Unis, qui contrôle les pratiques commerciales, a publié en 2009 un guide actualisé des recommandations à l’attention des publicitaires, “Guides Concerning the Use of Endorsements and Testimonials in Advertising“ 6 . Désormais, les blogueurs qui seront rémunérés pour la publication d’un article devront clairement mentionner leur relation avec l’annonceur. Cette règle s’applique également aux stars qui, par exemple, recommandent des produits sur leur page Twitter ou Facebook. Si cette relation n’est pas clairement mentionnée, les fraudeurs risquent une amende allant jusqu’à 11.000 $ d’amende. Bien que cette règle ne soit applicable que sur le territoire américain, les européens se sont eux aussi penchés sur la question. En juin 2008, un rapport7 suggérant de « clarifier le statut des blogs » et d’« encourage*r+ leur labellisation en fonction des responsabilités professionnelles et financières et des intérêts de leurs auteurs et éditeur » a été adopté par la commission Culture du parlement européen. Le rapport affirmait que « le statut indéterminé et non signalé des auteurs et diffuseurs de blogs entraîne des incertitudes en matière d’impartialité, de fiabilité, de protection des sources, d’application des codes d’éthique et de détermination des responsabilités en cas de poursuites en justice. Il recommande que soit clarifié le statut juridique de différentes catégories d’auteurs et de diffuseurs de blogs ainsi que la divulgation des intérêts et la labellisation volontaire des blogs. » 6 http://www.ftc.gov/os/2009/10/091005endorsementguidesfnnotice.pdf 7 http://www.europarl.europa.eu//meetdocs/2004_2009/documents/pr/712/712320/712320fr.pdf 23
  • 26. Face à ces différentes attaques, Buzzparadise, 1er réseau international de social media advertising, a pris les devants. Tous les billets sponsorisés et publiés par les blogueurs contiennent déjà un marqueur qui indique clairement qu’il s’agit d’un billet pour lequel le blogueur a touché ou non une rémunération. Kristine De Valck (2009) résume alors très bien, dans le schéma suivant, la complexité de la situation dans laquelle se trouvent les blogueurs influents. Ils sont tiraillés entre trois « forces » : la communauté, les avantages procurés par les produits, la contre-partie reçue et leur crédibilité. Figure 11 : Balance des problèmes éthiques du blogueur selon De Valck (2009) Ainsi, bien que tenu par la confiance que leur confère leur lecteurs, les blogueurs sont devenus un réel enjeu pour les marques et entreprises. Face à une influence toujours plus importante et à un public toujours plus nombreux, les blogueurs endossent aujourd’hui un rôle encore plus déterminant, celui de prescripteur. 2.4 DE L’INFLUENCE A LA PRESCRIPTION Si les blogueurs ont une influence sur leur lectorat, on peut considérer que cette influence peut aussi être analysée en termes d’influence sur la décision d’achat. Le blogueur devient donc un prescripteur à part entière. Dans ce qui va suivre, nous tenterons de définir le terme de prescription, l’influence de la prescription sur les décisions d’achats et enfin, les différents profils de blogueurs face à la prescription. 24
  • 27. 2.4.1 THEORIE GENERALE DE LA PRESCRIPTION Stenger et Coutant dans « La prescription ordinaire de la consommation sur les réseaux socionumériques : De la sociabilité en ligne à la consommation ? » (2009) définissent le terme générique de prescription comme une « influence sur le comportement et le choix des individus » en précisant qu’elle peut s’apparenter à une « recommandation, [un] ordre ou [un] précepte. ». Cette définition de la prescription dans un contexte général a ceci d’intéressant que l’action reste hypothétique : ils précisent d’ailleurs très justement « Si le recours au prescripteur implique une décision partagée, le choix n’appartient pas au prescripteur. ». Dans le contexte d’échange de biens ou de services, le prescripteur est un intermédiaire entre le consommateur et le vendeur : il apporte les savoirs manquants à l’un et permet à l’autre d’effectuer la transaction. Le prescripteur se glisse donc entre les deux acteurs et tente de réduire le décalage qu’il existe entre le consommateur et le vendeur. Armand Hatchuel (2009) identifie alors trois formes de prescriptions : - La prescription de fait est une prescription qui a recourt à des organismes pour certifier le produit, ce sont souvent des sigles, par exemple, AB -agriculture biologique- ou bien en réutilisant l’exemple de Hatchuel « le service de la Garantie » qui garantissait la véracité de l’or ou de l’argent pour les objets d’orfèvreries » - la prescription technique lors de laquelle le prescripteur devient un expert qui va apporter une réelle explication technique sur le produit. La décision de l’acheteur dans ce cas là est totalement incertaine et il délègue au prescripteur sa décision d’achat. C’est donc le manque de savoir technique qui va inciter le consommateur à faire appel à un prescripteur. - Lors de la prescription de jugement, le prescripteur définit « le bien à acquérir, mais aussi son mode d’appréciation ». Cette différence est extrêmement importante : alors que dans les deux formes de prescription précédentes, le consommateur sait ce qu’il recherche comme jouissance dans le produit désiré, le prescripteur, dans ce cas là, donne au consommateur une idée de la qualité du produit ; il modifie le modèle de connaissance du consommateur. Forme de prescription Type d’incertitude Mutation de l’acte d’achat en Prescription de fait Simple ou « de fait » / Prescription technique notionnelle processus de délégation et de contrôle Prescription de jugement de valeur délégation de jugement Tableau 1 : Trois formes fondamentales de prescription selon Hatchuel (2009) 25
  • 28. L’Benghozi et Paris (2003) complète cette analyse en identifiant un marché de la prescription. Pour eux, l’apparition d’un prescripteur ne résulte pas des imperfections du marché ou d’une asymétrie informationnelle mais directement du type de bien qui est prescrit, comme par exemple le livre. Stenger (2004) synthétise ces différentes recherches en identifiant la prescription comme une interaction entre des personnes qui ont un différentiel de savoir. La prescription constitue alors une dynamique collective avec au centre de cette dynamique l’objet marchant. 2.4.2 LA PRESCRIPTION EN LIGNE, LE CAS DE L’ACHAT DU VIN EN LIGNE Stenger (2008) dans « Les processus de décision d’achat de vin par Internet : entre recherche d’information et prescription en ligne » a analysé la prescription en ligne avec comme cas particulier l’achat de vin en ligne. Pour réaliser cette étude, il a interrogé 21 participants à un club de vin et utilisé 3 sites internet aux capacités de prescriptions variés. Chaque participant était face à deux scénarii d’achat et devait choisir un vin en ligne. A partir de cette étude, Stenger a réussi à définir différents processus d’achat en ligne selon le rôle de la prescription et le niveau de compétences de l’acheteur. Figure 12 : Six types de processus de décision d’achat en ligne selon Stenger (2008) Nous le voyons dans ce graphique, dans le premier cas, « satisficing et hasard », l’acheteur n’a aucune compétence et le prescripteur n’a aucune influence sur sa décision d’achat. Le seul facteur déterminant reste alors le prix. 26
  • 29. Dans le cas de l’ « achat autonome », l’acheteur ne prend absolument pas en compte la prescription et se réfère à ses propres connaissances. Le « satisficing assisté » est une évolution du « satisficing hasard » car bien que l’acheteur n’ait aucune connaissance, il s’en remet au prescripteur pour finaliser son choix. Durant l’ « achat déterminé par la prescription », le consommateur a totalement confiance dans les conseils du prescripteur et en est totalement dépendant. Lors de l’ « achat savant maitrisé par l’acheteur », le consommateur a toutes les cartes en main pour faire son choix : il a à la fois les compétences et est aussi à l’ écoute du prescripteur. Cette double position lui permet de faire la part des choses entre ce qu’on lui conseille et ce qu’il sait. La « délégation du jugement et du choix » s’opère quand le prescripteur a plus de savoir et de compétences que le consommateur : le prescripteur influencera donc en dernier lieu la décision de l’acheteur. On voit dans cette classification que la majorité des achats se font sous prescription mais les profils sont extrêmement variés. Le prescripteur doit donc s’adapter au consommateur et à son niveau de compétence. Stenger conclut alors qu’il faut multiplier les formes de prescription pour favoriser l’achat en ligne. 2.4.3 LE BOUCHE A OREILLE Les travaux de Stenger sous-entendant que la prescription devrait être presque « personnalisée » au cas par cas, justifie l’utilisation de blogueurs comme prescripteurs. En effet, les lecteurs fidèles d’un blog ont généralement tendance à être dans la partie supérieure du graphique de Stenger : la prescription dans ce contexte a un impact modéré voire fort. C’est pourquoi l’analyse de De Valck (2007) se révèle extrêmement intéressante pour identifier ce qui se passe de l’autre côté de la barrière : Quels sont les différents profils de blogueurs/prescripteurs ? Elle a analysé ce qu’on appelle le bouche à oreille sur internet : une entreprise contacte des blogueurs qui en échange de cadeaux, rémunérations directes ou indirectes doivent parler d’une marque. Elle a analysé la réaction de 83 blogueurs suite à la réception d’un téléphone portable gratuit. Les résultats chiffrés de ce programme sont résumés dans le tableau ci- après. 27
  • 30. % de blogueurs concernés Blogueurs qui ont écrit un post à propos du 84 % téléphone …et qui ont posté une photo à propos du téléphone 92% …et qui ont posté une vidéo 41% Effet « Bouche à oreille » Estimation du nombre d’internaute qui ont lu les posts sur le téléphone 150 000 …et qui ont commenté ces posts 700 Tableau 2 : Synthèse des résultats de l’étude de Kristine De Valk (2007) La plupart des blogueurs ont donc participé à cette action de prescription et l’auteure a classifier ces blogueurs en fonction du niveau d’adhésion ou de rejet de ce nouveau rôle de « quasi-marketeur ». Elle distingue 5 réactions : - Les premiers sont des « marketeurs enthousiastes », ils acceptent leur rôle et le remplissent avec application : ce sont de parfaits ambassadeurs. Elle cite en exemple une blogueuse qui vend littéralement le produit avec ses caractéristiques techniques et donne la preuve que cet objet est cool: une serveuse aurait dansé sur la musique de la sonnerie de son portable lors d’un diner. -Les « marketeurs réfléchis» sont ceux qui se donnent des excuses et tournent en dérision leur rôle. Par exemple, un blogueur s’étonne d’avoir été choisi pour ce test en expliquant que les marketeurs pensaient trouvé un leader d’opinion spécialiste de l’high-tech mais qu’ils ont en fait choisi un blogueur médiocre ne sachant que faire d’un téléphone aussi évolué. -« Le leader d’opinion auto-proclamé » assume son rôle et ne fait pas part d’état d’âme. Une blogueuse qui écrit à propos de son mariage confie que le post qui va suivre n’est pas totalement sur son mariage puis vend le produit en décortiquant toutes ses caractéristiques techniques en argumentant que c’est l’objet parfait pour préparer son mariage. -« Les bons citoyens » sont ceux qui vont tenter de faire une description la plus objective possible du produit. De Valk cite un blogueur qui affirme que son évaluation du produit sera bien meilleure que les autres car il utilisera l’appareil durant 2 ans en signalant ses points forts et ses points faibles. -Enfin, « le profiteur » fait le minimum pour être sélectionné de nouveau la prochaine fois mais ne s’implique pas outre mesure. Pour De Valck, la prescription ou la non prescription d’un produit dépend de trois critères : l’identité du blogueur, c'est-à-dire comment il se définit, sa relation avec ses lecteurs et la catégorie de produits qu’on lui demande de prescrire. 28
  • 31. 2. HYPOTHESES Cette première partie théorique, nous aura permis de dégager quatre questions auxquelles nous tenterons de répondre à la suite à notre partie empirique : 1) Les réseaux sociaux concurrencent-ils les blogs ou les complètent-ils ? Nous avons vu que la relation entre réseaux sociaux et blogs reste encore assez floue. Pour certains, cette relation est concurrentielle et les réseaux sociaux provoqueront un jour ou l’autre la cessation de l’activité de blogging. Pour d’autres, les réseaux sociaux sont des outils au service des blogs qui permettraient une meilleure visibilité et une augmentation du lectorat. Nous tenterons durant la partie empirique de trouver quelles relations les blogueuses que nous avons choisies entretiennent avec les réseaux sociaux. 2) La portée de la prescription dépend-t-elle de l’intensité de la relation qu’entretient le blogueur avec les autres membres de la communauté et de la forme de son réseau ? Cardon et Delaunay-Teterel nous ont proposé, dans leur typologie, différentes forme de réseaux dans la blogosphère. Ces réseaux dépendent, tout d’abord, de la forme relationnelle que le blogueur entretient avec son lectorat. Mais ils dépendent aussi du public du blog et de la façon dont il se comporte : est-ce un halo, un clan, une communauté ou un espace public ? Ces deux critères influencent la forme du réseau qui est déterminante dans la relation blogueur/lecteur. Nous essayerons donc de comprendre si le lien que le blogueur a noué avec son lectorat a une influence sur la prescription. 3) La perception de la prescription peut-elle être influencée par le mode communication employé par le blogueur ? Nous avons identifié précédemment deux objectifs qui motivent les internautes à participer aux communautés en ligne: un objectif autotélique et un objectif instrumental. Ces deux objectifs diamétralement opposés auront une influence particulière sur la façon dont la prescription sera perçue. Si un individu participe à une communauté en ligne pour se distraire, il pourra percevoir l’acte de prescription d’une façon assez violente. Au contraire, si l’internaute consulte cette communauté en ligne dans le but de s’informer et de découvrir de nouveaux objets de consommation, l’exposition à la prescription est désirée et volontaire. Mais quel que soit l’objectif qui anime l’internaute lorsqu’il consulte une communauté en ligne, le mode de communication peut influencer énormément la façon dont la prescription sera perçue. En se référant aux quatre modèles que proposent Cardon et Delaunay-Teterel, 29
  • 32. il s’agira de déterminer à travers notre étude quel mode de communication est le plus empreint à favoriser la prescription. 4) L’implication du blogueur dans le processus de prescription doit-elle être forcément accompagnée d’une transparence totale ? Les travaux menés par Stenger nous ont montré que les blogueurs s’impliquent plus ou moins dans la prescription d’un produit. Certains s’impliquent de façon presque viscérale alors que d’autres prennent beaucoup de recul face à leur rôle de vendeur. Cette implication dans le processus de prescription est essentielle : le blogueur devient le représentant de la marque. Mais il semblerait que l’engagement du blogueur face à la prescription ne soit pas le seul facteur important. L’apparition de la prescription sur les blogs s’est très vite confrontée à des problèmes d’éthique et de transparence. Le lien de confiance que le blogueur tisse avec son lecteur au fil des posts est très fragile. Lorsque le lecteur commence à douter de l’objectivité et de la sincérité du blogueur alors le lecteur n’est plus réceptif au discours du blogueur. Nous nous interrogerons donc sur ce rapport qui lie éthique et implication du blogueur. 30
  • 33. 4. METHODE 4.1 LA DEFINITION DU TYPE D E RECHERCHE Pour mener à bien cette recherche, nous avons choisi une recherche descriptive avec une partie observatoire (netnographie) et l’utilisation de questionnaires envoyés par mail. La netnographie est basée sur le principe que certaines données qualitatives existent dans la « nature » et qu’il suffit de les exploiter. Cette matière qualitative se trouverait dans les échanges entre les membres de communautés rassemblés autour d’objets de consommation. Ces objets de consommation peuvent être une catégorie de produits (les vinyles, le rap, etc.), une marque (la série TV, Sony, etc.), voire une activité particulière (le scrapbooking, la marche, etc) et c’est à partir de ces objets de consommation que l’individu va affirmer son style de vie. Ces échanges publiquement accessibles, et dans notre cas sous forme d’articles, de commentaires sur les blogs ou Facebook ainsi que les tweets, seront donc la matière principale de ce type de recherche. Il s’agira ainsi d’utiliser cette matière première et de lui donner un sens. En règle générale, le résultat d’une netnographie se présente sous la forme d’un texte écrit qui interprète la communauté étudiée. Dans notre cas, en plus de cette interprétation, nous établirons un mapping et pour plus de transparence le couplerons avec un tableau récapitulatif. Il nous semble important de mettre en avant les avantages mais aussi les limites de ce type de recherche ; Bernard (2004) les avaient résumés dans le tableau ci- dessous : Tableau 3 : Avantages et limites de la Netnographie – Y. Bernard (2004) 31
  • 34. En parallèle de cette netnographie qui nous place en tant qu’observateur et interprète de la communauté, nous avons utilisé des questionnaires envoyés par mail à notre échantillon. Ces questionnaires nous ont permis de récolter des données quantitatives (nombre de visiteurs) mais aussi de voir comment la blogueuse envisageait son activité de blogging et son rapport avec la blogosphère. 4.2 LE PLAN D'ECHANT ILLONNAGE ET LA METHODE DE RECUEIL La question d’échantillonnage ne se pose pas dans notre travail car nous avons étudié des cas pratiques. Notre recherche s’est concentrée sur la blogosphère française, influente et féminine. Afin de trouver nos 6 cas, nous nous sommes d’abord concentré sur le classement Wikio qui nous a fourni une liste de blogueuses. A partir de cette liste, nous sommes allé sur les blogs cités, nous les avons analysé et sélectionné. Nous avons effectué notre sélection à partir du score Klout (au moins 50 ) mais aussi grâce à des critères plus subjectifs : la diversité ainsi que la qualité du contenu. En parallèle de cette liste Wikio, nous avons utilisé le classement Elle-Wikio, qui sélectionne 10 blogueuses dans des catégories différentes chaque année. A partir de ces deux recherches, nous avons sélectionné 21 blogueuses que nous avons contactées par email. Un point important et déterminant dans la prise de contact est que nous avons d’abord décidé d’envoyer des mails en vouvoyant les blogueuses : nous pensions que dans notre démarche, une prise de distance était nécessaire. A la suite de ce premier envoi de mail, nous n’avons reçu que 4 réponses positives. Malgré notre insistance aucune n’était prête à une rencontre, effectuer une interview par téléphone, skype voire même sur un chat. Nous avons donc envoyé les questionnaires à ces 4 blogueuses, trois ont répondu instantanément, nous avons dû relancer la quatrième plusieurs fois, qui à cause de la sortie de son livre, était très occupée. Nous avons ensuite affiné la deuxième série d’envoi d’email. Nous avons tout d’abord remis en cause la stratégie de prise de contact : nous avons décidé de tutoyer les blogueuses et d’utiliser des traits d’humour pour justifier notre démarche. Pour sélectionner les blogueuses, nous avons utilisé les réponses que les blogueuses, déjà interrogées, avaient données à la question « As-tu des relations avec d’autres blogueuses ? Si oui, lesquelles ? ». Nous avons donc obtenu une liste de 15 blogueuses et après en avoir sélectionné 8 nous les avons contacté par email en obtenant 2 réponses positives. Elles nous ont ensuite rapidement renvoyé leur questionnaire. Pour la sixième blogueuse, nous l’avons contacté grâce à un ami qui la connaissait personnellement. Il nous a mis en contact et elle a ensuite renvoyé le questionnaire rempli. 32
  • 35. Ainsi sur un envoi de 30 d’emails, nous avons réussi à interviewer 6 blogueuses qui semblent très bien représenter la blogosphère féminine française de part leur diversité éditoriale, leur âge et leur profession : Prénom Age Profession Lieu de résidence Thème du blog Mode, littérature et vie Anne 30 ans étudiante Montpellier personnelle Hélène 38 ans blogueuse Paris Beauté et maquillage Illustratrice/ graphiste Penelope 29 ans Paris Vie quotidienne freelance Léa 23 ans étudiante Paris Actualité mode Amour, relations homme- Lucie 35 ans rédactrice web Paris femmes… Victoria 22 ans étudiante Barcelone Mode, création, cuisine Tableau 4 : Profil des blogueuses étudiées 4.3 LA DEFINITION DE S VARIABLES Afin d’analyser ces 6 cas, nous avons défini 3 critères : la mise en scène de l’identité, la relation avec son environnement et leur potentiel de vendeur. Ces critères permettront de répondre à 3 questions qui intéressent les marques qui approchent les blogueuses : Comment les contacter ? Qui contacter ? Pour quoi les contacter ? Les données ont été recueillies grâce aux traces que les blogueuses et leurs lecteurs laissent sur internet et grâce aux réponses fournies par le questionnaire. Le tableau ci-dessous synthétise ces trois critères en précisant le type de contenu étudié et les critères étudiés : 33
  • 36. Type de contenu étudié Outils de mesure Critère étudié Bannière personnalisée Design du blog Nom du blog Adresse du blog Mise en scène de l'identité du blog et Nom ou pseudonyme de la blogueuse Photo ou avatar Identité de la blogueuse Information sur l’identité du blogueur Twitter Facebook Relation avec ses lecteurs Commentaires des lecteurs Score Klout Twitter Relation avec l'environnement Facebook Score Klout Blogroll Relation avec la Commentaires des blogosphère autres blogueuses sur son blog Participation à des événements de blogueuses Forme et type de Relation aux marques prescription Type de contenu Potentiel de vendeur Contenu du blog Style d'écriture Qualité des images/vidéos Tableau 5 : Synthèse des trois critères étudiés 34
  • 37. 4.4 LE TRAITEMENT DE S DONNEES Afin de traiter les données, nous allons utiliser l’approche herméneutique. Cette approche repose sur l’idée que face à une masse de données textuelles, le lecteur est confronté à un ensemble d’éléments qui semblent incohérents et désordonnés. A partir de cette masse d’information, il va falloir procéder en deux étapes pour la « démêler » : 1) Lire l’ensemble des données afin d’en comprendre le sens général 2) Analyser les divergences mais aussi les convergences entre les éléments A l’aide de verbatim, chaque point d’interprétation sera justifié et cette interprétation devra donner une cohérence à l’ensemble des données. Nous définirons donc les différentes codifications que nous utiliserons pour chaque critère c’est-à-dire : la mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse, la relation avec l’environnement et enfin, le potentiel de vendeur. 4.4.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE Afin d’étudier la mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse, nous avons défini deux sous-critères le design du blog et l’identité de la blogueuse. Le tableau ci-dessous détaille les critères étudiés pour chaque sous-critère : Critère étudié Codification Sous-critère Nom du blog Blog éponyme ou non Adresse du blog Nom de domaine ou non Design du blog Identité visuelle du blog Bannière personnalisée ou non Nom ou pseudonyme Le blogueur apparait-il sous son vrai nom/prénom ou un pseudonyme Identité visuelle de la blogueuse Photo ou avatar Identité de la blogueuse Information sur l’identité du La blogueuse a-t-elle publié blogueur une biographie, des informations sur elle ou non Tableau 6 : La mise en scène de l’identité du blog et de la blogueuse 35
  • 38. 4.4.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT Afin d’étudier les relations avec l’environnement de nos 6 blogueuses, nous analyserons les données présentes sur le blog : c’est-à-dire les posts mais aussi les commentaires qui suivent ces posts. Ces données nous permettront de comprendre la façon dont la blogueuse s’adresse à la blogosphère et à son lectorat et gère cette relation. Nous nous intéresserons aussi à la présence des différentes blogueuses sur internet et le public visé par chaque outil. Nous avons identifié 5 outils utilisés par les blogueuses : - Twitter : Cet outil permet aux blogueuses d’échanger avec leur lectorat mais aussi la blogosphère. Afin de mener notre analyse, nous prendrons en compte la natures des tweets (concernent-ils seulement la promotion du blog ?) mais aussi la façon dont elles communiquent avec leur environnement. - Facebook : Cette plateforme est le deuxième outil le plus utilisé par les blogueuses pour communiquer avec leur environnement. Nous analyserons donc la nature des publications, le nombre de « j’aime » par publication ainsi que les commentaires des membres du groupe et l’interaction entre la blogueuse et les membres. Nous prendrons en compte aussi le nombre de membres au groupe Facebook. - Youtube : Youtube permet aux blogueuses de rendre leur contenu attractif. Nous analyserons donc la façon dont elles s’adressent à leur lectorat à travers leurs vidéos. - Bloglovin et Hellocotton sont des sites qui permettent aux utilisateurs de suivre des blogs et d’être informés sur les derniers articles postés. Bien que ces outils ne soient pas incontournable, ils permettent de gagner en visibilité, utiliser bloglovin en plus d’autres outils, c’est augmenter sa visibilité. Nous utiliserons aussi l’outil Klout qui mesure l’influence digitale d’un compte Twitter ou Facebook. Cet outil produit un score compris entre 0 et 100 basé sur 35 variables réparties en 3 catégories : 1) Le True Reach, dont la traduction pourrait être « véritable portée ». Ce critère mesure la taille de votre audience engagée. Elle se calcule à partir du nombre d’amis sur Facebook et followers sur Twitter qui lisent les contenus, les partagent, les commentent ou les « aiment ». 2) L’Amplification Score permet de mesurer l’écho donné aux publications, au travers du nombre de retweets (RT), mentions, « j’aime » et commentaires. 3) Le Network Score indique l’influence de l’audience engagée. En plus de ces 3 critères, Klout fournit également une matrice d’influence (Influence Matrix) qui détermine le rôle que jouent les blogueuses sur Facebook et Twitter : créateur de 36
  • 39. contenu, lecteur, redistributeur d’informations, etc… Enfin Klout permet de voir par qui les blogueuses sont influencées et qui elles influencent. L’utilisation de Klout nous permettra de recouper les observations netnographique avec des données chiffrées. 4.4.3 POTENTIEL DE VENDEUR Enfin, afin d’étudier le troisième critère, c’est-à-dire le potentiel de vendeur, nous avons dégagé deux sous-critères : la relation aux marques et le contenu du blog. Ces deux sous- critères nous semblent pertinents car la frilosité aux marques est tout aussi importante que la façon dont la blogueuse prescrit les différents objets de consommation. A) RELATION AUX MARQUES Nous avons identifié plusieurs outils de promotions sur les différents blogs. Nous avons différencié la monétisation assumée, c’est-à-dire que le lecteur est conscient que le blogueur est payé pour cette promotion et la monétisation ambigüe, c’est-à-dire quand la relation entre la marque et le blogueur n’est pas clairement explicitée. Forme Type Type de monétisation Bannières Publicité Monétisation assumée Liens sponsorisés billets explicitement sponsorisés Citation de marque dans un post : texte, photo ou vidéo Placement de produit Monétisation ambigüe Lien vers le site d'une marque à travers une photo ou du texte Tableau 7 : Potentiel de vendeur : Forme et type de promotions B) CONTENU DU BLOG Le contenu du blog va aussi être une donnée très importante. Le type de contenu nous permettra de comprendre dans quel contexte est inscrite la prescription : un contenu personnel ou promotionnel. 37
  • 40. Le style d’écriture nous permettra de comprendre la façon dont la blogueuse développe son « argumentaire de vente ». Personnel Les articles ne sont pas centrés sur des objets de consommation. Type de contenu Promotionnel Le sujet principal des articles concerne des objets de consommation. La blogueuse ne centre pas son récit sur l'objet de consommation, elle raconte Romanesque des anecdotes de la vie quotidienne. Ses posts sont construits comme des récits. La blogueuse fait une simple description des objets de consommations sans Descriptif donner son avis : elle reste très neutre La blogueuse fait non seulement une Style d'écriture description des objets de consommation Analytique mais donne aussi son avis. Tableau 8 : Contenu du blog 38
  • 41. 5. ETUDE DE CAS Durant cette partie, nous utiliserons pour justifier nos propos des verbatim. Ces verbatim comprennent parfois des fautes orthographiques ou de frappes qui ne sont pas du fait de l’auteure. 5.1 MANGO AND SALT Le blog Mango and Salt a été crée en mai 2010 par Victoria. Ce blog est assez éclectique : elle y aborde des thèmes comme la mode, la beauté et la cuisine. Il est visité par environ 800-1000 personnes par jour. 5.1.1 MISE EN SCENE DE L'IDENTITE DU BLOG ET DE LA BLOGUEUSE A. DESIGN DU BLOG Le nom du blog ne laisse pas transparaitre ni l’identité de la blogueuse ou de la personnne qui tient le blog, ni le thème du blog. Le nom même du blog « Mango and salt » est assez intéressant car il appelle 2 sentiments opposés : la mangue, la douceur, face au sel, qui en trop grande quantité peut gâcher un plat. Ce nom de blog pourrait presque être une marque, la blogueuse a d’ailleurs accompagné ce nom d’un logo, un cerf. Lorsque l’on arrive sur le blog, la bannière avec le nom et le logo donne donc un aspect très professionnel au blog. On pourrait ne pas savoir que c’est un blog car l’adresse du site se présente comme un site banal www.mangoandsalt.com Le blog est esthétiquement très travaillé : on pourrait même dire qu’il a une charte graphique avec deux couleurs principales le rose et le bleu qui donne une apparence douce au blog. La navigation sur ce blog grâce aux 5 onglets est intuitive et rend son utilisation très simple. 39
  • 42. Figure 13 : Capture d’écran de la home page du blog Mango and salt (02/10/11) B. IDENTITE DE LA BLOGUEUSE On peut découvrir qui se cache derrière ce blog grâce à l’onglet « C’est qui ? ». Dans cet onglet, la blogueuse se présente en donnant son prénom, son âge et ce qu’elle étudie mais elle publie aussi une photo d’elle. Elle dévoile donc une grande partie de son identité car pour l’identifier totalement il ne nous manque que son nom. Aussi elle se met en scène en donnant à son personnage un caractère très romantique et très acidulé : J’aime les fruits d’été, le ciel bleu, les bonbons, le bruit de la neige sous les chaussures. Ouverte à tout et créative dans mes moments perdus, je ponctue mon quotidien de lubies plus ou moins folles, d’envies, de rêves. Mango & Salt a été pensé comme un “mood board” sur lequel j’épingle mes inspirations, mes créations, et tout ce que j’aime dans plusieurs domaines. Comme un carnet de jolies choses, à lire tranquillement en buvant un bon chocolat chaud. Cette description à la « Amélie Poulain » donne un caractère attachant à cette blogueuse et l’humanise un peu plus encore. Aussi, en affirmant que son blog est pensé comme un « moodboard » elle s’inscrit directement dans un univers graphique en utilisant un mot appartenant à la communication, le design ou la mode. Elle cultive donc à travers cette description, l’esthétique visuelle qu’on avait pu remarquer au premier bord. Cette blogueuse utilise aussi un outil très intéressant : « formspring ». Cet outil permet de poser à la blogueuse n’importe quelle question courte et elle y répond. Les questions concernent des sujets très variés : la vie privée, le quotidien, le maquillage qu’elle utilise, etc… 40
  • 43. Figure 14 : Capture d’écran du site http://www.formspring.me/melocotoncito (03/10/11) Cet outil permet donc une relation très directe et à la fois très transparente avec la blogueuse. D’ailleurs, elle ne semble pas censurer les questions gênantes ou autres comme en témoigne la capture d’écran ci-dessous : Figure 14 : Capture d’écran du site http://www.formspring.me/melocotoncito (03/10/11) 5.1.2 RELATION AVEC L'ENVIRONNEMENT A. RELATION AVEC SES LECTEURS a) Identification, admiration et encouragement En étudiant les commentaires que les lecteurs laissent sur le blog de mango and salt, nous avons identifié trois phénomènes qui s’entretiennent. Le tout premier est un phénomène d’identification collective. Ce phénomène est très intéressant car il est à la base de la construction d’une communauté. Dans les commentaires ci-dessous les « commentatrices » cherchent clairement à se singulariser. On remarque ce besoin de se différencier avec l’utilisation du mot « seule » : elles cherchent à affirmer leurs différences par rapport à leur relation avec l’objet de consommation. Mais c’est cette singularisation qui permet à ce lectorat de mieux appartenir à un groupe. Car si elles sont différentes par rapport aux membres extérieurs à la communauté, elles restent très semblables à la blogueuse : elles appartiennent à la même communauté et elles souhaitent 41
  • 44. affirmer leur ressemblance par rapport à cet extérieur. C’est un peu la logique des mondes adolescents : affirmation d’une différence d’avec le monde des adultes mais mondialement tous uniformes dans les modes vestimentaires ! Whatkatydidnext : « Avant toute chose je dois te dire que JAI KIFFE ton “jsuis pas OuFEMENT bronzée”, je vois que je suis pas la seule à parler n’importecomment haha love <3. »(1 juillet 2011) Jessy : « J’ai adoré le “Hiiiiiiiiii” ! ça me rassure un peu de voir que je ne suis pas la seule accro au make-up, j’ai une whislist longue comme le bras et je suis à deux doigts de craquer chez MAC. » (1 juillet 2011) Cette identification collective est aussi encouragée par un phénomène d’admiration plus ou moins important. Bien sûr, pour Hervine, Victoria n’est pas son idole au sens propre mais son admiration est tellement forte qu’elle assume une part de jalousie. Hervine : « Oh putain!!! Tu es mon idole!! Non seulement parce que tu as une guitare, que tu sais en jouer et qu’en plus elle est méga canon! T’imagine pas à quelle point je suis contente pour toi, mais un peu jalouse aussi. J’aurais tellement, mais tellement aimé apprendre en jouer et faire ma rockeuse de pacotille. » (19 aout 2011) D’autres sont plus modérés, et se contentent de flatter les longues jambes, son bon goût ou son choix pour les objets de consommation. Mais à chaque article, près de 70% des commentaires sont des marques d’admiration : ce qui signifie bien que la blogueuse a noué une relation de type « bonne copine » avec ses lectrices. Elles se flattent mais aussi s’encouragent. Lors de la publication d’une vidéo, une lectrice souligne les progrès de la blogueuse en l’encourageant. D’autres l’incitent à poster, plus de vidéos, d’articles, ce qui créer une réelle dynamique entre ces trois phénomènes qui sont l’identification, l’admiration et l’encouragement. Katy : « Et j'ai adoré ta ptite video tu commences à te lâcher et cest vraiment sympa ! (7 juillet 2011) » b) Un relation personnelle avec le lectorat La blogueuse a réussi clairement à nouer une relation très personnelle avec son lectorat. Victoria affirme d’ailleurs dans l’entretien : « Je fais attention aussi à traiter personnellement chaque lecteur, chaque abonné, etc…, ce qui me paraît très normal puisque le blog vit grâce à leurs visites. Je leur réponds et je suis proche d’eux, ce qui crée des échanges qui jouent sans doute en faveur de la fidélisation. De manière générale, je dois dire que je recherche davantage cette fidélisation et cette ambiance « personnelle » plutôt qu’un nombre élevé de lecteurs. » 42
  • 45. Victoria répond très régulièrement aux commentaires que ses lectrices lui laissent pour chaque article, depuis ces 3 derniers mois, nous avons compté que Victoria répond à au moins un quart des commentaires. Cette relation très proche avec les lectrices provoque aussi la confidence. En effet, certaines lectrices de dévoilent littéralement sur le blog : racontent leur vie privée, familiale à la suite d’un article, par exemple, sur l’achat d’une nouvelle guitare. Hermine : « Non, je n’ai pas eu cette chance, j’ai eu le droit aux cours de solfège et de piano (j’ai eu un piano mais je n’aimais pas ça). J’ai aussi du supporter les cours de danse classique pendant 5 ans -__- Ça peut te paraître super mais moi je détestais car ce n’est pas des activités que j’avais choisies (j’ai aussi fait du cheval aussi, pas aimé non plus). Bref, que des activités de bourgeoise coincée alors que j’aurais aimé tout autre chose (pauvre petite fille!) » (19 aout 2011) Victoria a donc su créé une réelle relation de confiance avec son lectorat grâce aux commentaires qu’elle utilise comme un outil conversationnel. c) Des lecteurs participatifs et contributifs Victoria ne répond pas seulement aux commentaires de son lectorat mais elle le prend vraiment en compte. Dans un article, elle écrivait : « J’ai fait ma sélection chez ASOS [lien], avec uniquement des prix raisonnables (je crois que rien ne dépasse les 60 euros) puisque c’est ce qui vous avait plu chez ma nouvelle little black dress: du style, et un prix riquiqui. »( 1er septembre 2011) Suite donc aux commentaires élogieux sur sa dernière robe « chic et pas chère », elle publie un article sur 3 tendances de la rentrée en restant dans des prix abordables comme son lectorat le souhaite. Mais ses lectrices proposent aussi à Victoria des thèmes d’articles et ce blog, se mute vraiment en espace participatif mais aussi contributif : Christelle : « Au fait Victoria, parlant de peau trop belle, tu voudrais pas nous faire un p’tit post avec les produits que tu utilise ? gommage, crème et tt le toutim quoi ???! xo xo » (06 juillet 2011) Réponse de Victoria : « C’est une bonne idée! Je vais préparer ça :) » (7 juillet 2011) Aussi, dans ses articles, elle parle parfois de produits qu’elle n’a pas réussi à trouver ou qui ne la satisfont pas. A la suite de ces remarques, ses lecteurs lui recommandent souvent des alternatives et lorsque ces alternatives lui conviennent, elle leur rend hommage comme ci- dessous : 43
  • 46. Dans un article : « une jolie paire de boucles d’oreilles longues H&M sur lesquelles je lorgnais depuis quelques semaines, trouvées à 1 euro, et le eyeliner Sephora que vous m’avez recommandé, et que j’ai eu à 3 euros. J’en suis hyper contente! » (2 juillet 2011) On voit donc que Victoria a su fidéliser ses lectrices grâce à une forte relation de confiance mais aussi qu’elle n’a pas hésité à prendre en compte les remarques de ses lectrices et à les appliquer. Toutefois, cette relation contrairement à celle qui la lie avec la blogosphère reste dans le domaine virtuel. B. RELATION AVEC LA BLOGOSPHERE a) Relation mutuelle d’influence Victoria a une relation très intense avec la blogosphère et ceci se remarque lorsque l’on consulte on blogroll qui apparait sur la homepage. Ce blogroll est particulièrement important puisqu’il compte dans les catégories (nous reprendrons les intitulés exacts): Beauté, 8 blogs, Création & Jolies Choses, 28 blogs, Girly & adorable, 5 blogs ; Gourmandises, 15 blogs ; Mode, 39blogs. Cette relation avec la blogosphère se retrouve sur le blog en reconnaissant les apports des blogueuses sur ses trouvailles ou ses articles : « Mon intérêt pour les cosmétiques asiatiques vient de la lecture d’un blog étonnant et ludique, Les Beautés Testent [lien], qui m’a montré à quel point les Japonaises ou les Coréennes sont soucieuses de la qualité et de la luminosité de leur teint, et de quelle manière elles obtiennent la jolie peau qu’on leur connait bien. » (8 aout 2011) Victoria reconnait d’ailleurs l’importance de cette émulation entre les blogueuses : « En revanche les relations amicales avec les autres blogueuses sont importantes pour se soutenir, s’inspirer, et pouvoir discuter de choses pour lesquelles on se comprend particulièrement bien. » Il est aussi important dans la blogosphère comme l’avait montré Kozinets (1999) d’intégrer les codes mais aussi la hiérarchie. Ainsi, lorsque Victoria publie un article sur des madeleines faites maison et qu’une blogueuse spécialisée dans la pâtisserie commente l’article, Victoria répond : Victoria : « Oooh venant de toi, je suis très flattée par ce compliment! Merci beaucoup ^__^ » (23 aout 2011) Cette reconnaissance de ses pairs et la prise en compte de la hiérarchie sur la blogosphère est une composante très importante pour se construire un réseau. 44
  • 47. Ainsi, en s’appuyant sur l’outil Klout, on remarque que Victoria a un réseau très important avec un True Reach de 636. Ce chiffre signifie qu’elle influence 636 personnes, qui ont tendance à répondre à sa création de contenu mais aussi à la partager. Cette donnée est à coupler avec le Network impact, qui explicite l’influence de son réseau. Avec un score de 62, en plus d’avoir un réseau important, Victoria a un réseau influent. Cette relation mutuelle d’influence se confirme avec les chiffres suivants : sur les 10 personnes qu’elle influence le plus, 6 sont des blogueurs et sur les 10 personnes par qui elle est le plus influencée, 7 sont des blogueurs. Dans l’entretien, elle confirme d’ailleurs ce constat : « Le milieu des blogueuses est très particulier sur ce point : tout le monde se lit entre soi, se parle entre soi, etc… Rares sont les blogueuses qui n’entrent en relation avec personne de ce monde. » b) Des relations directes et extra-internet Victoria, lors de l’entretien, explicite la façon dont elle rentre en contact avec la blogosphère : « Je suis en relation avec énormément de blogueuses par les réseaux sociaux et par mail, je parle avec beaucoup d’entre elles de manière presque quotidienne (…). J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer, voir et revoir beaucoup de blogueuses mode, création, etc… et j’ai encore plein de rencontres prévues dans les mois à venir. » Cette relation directe semble être la raison d’un réseau solide et dense. Victoria a participé à des événements créés pour les blogueuses comme les soirées Etsy ou les soirées Paulette. Ces soirées lui ont donc permis de transformer des relations virtuelles en relations réelles. c) Les réseaux sociaux et l’environnement Dans le cas de Victoria chaque réseau social est associé à un type d’environnement. Elle entretient des relations personnelles via Twitter avec ses lecteurs en utilisant un nombre important de @ sur Twitter. Mais selon elle, c’est surtout Facebook et Hellocoton qui lui apportent le plus de traffic. « Concrètement, chaque mois, Twitter m’apporte autour de 15% de mon trafic. Mais d’autres réseaux sont encore plus importants, comme Facebook et Hellocoton qui m’apportent chacun autour de 30% de mon trafic. » 45
  • 48. Au contraire, Twitter semble être l’outil qu’utilise la blogosphère pour faire connaissance et ensuite amorcer une rencontre « dans la réalité ». D’ailleurs, sur 453 personnes qu’elle suit sur Twitter 137 sont des blogueurs ce qui représente 30%. « De manière générale, nous sommes rentrées en contact sur Twitter. Pour certaines, à force de conversations virtuelles, nous avons aussi pu nous voir « en réalité » lors de rencontres personnelles ou d’évènements organisés pour les blogueurs (soirées Etsy, Paulette Magazine…). » Le blog Mango and Salt a donc un réseau de lecteurs et de blogueurs très important. Ceux-ci l’encouragent mais aussi participent activement au blog. La matrice d’influence de Klout qui la situe comme une Broadcaster résume bien cette idée. Elle crée du contenu et elle le partage avec une audience très large qui évalue et influence le contenu. 5.1.3 POTENTIEL DE VENDEUR Sur ce blog, il y a différentes formes d’outils de promotion. Tout d’abord, à gauche, en dessous du blog roll, il y a un espace nommé « une page de pub ». Cet espace, qui compte 2 bannières, est assez réduit et n’est pas visible du premier coup d’œil. Il faut « scroller » pour voir cet espace. Cette monétisation assumée n’a donc pas une grande place sur le blog de Victoria mais semblent lui apporter des revenus réguliers : « *elles+ me permettent de gagner un pourcentage lorsqu’elles mènent à une vente pour la marque en question. Ce sont des revenus très faibles (de l’ordre de 5 à 15 euros par mois) mais assez réguliers. » Dans un article récent, elle a organisé un concours sponsorisé pour faire gagner à son lectorat un bandeau. Elle ne semble d’ailleurs pas très à l’aise avec ses monétisation assumée, qu’elle justifie par des raisons financières : « Bien que je n’aie jamais été très à l’aise avec l’idée de « vendre » de la publicité sur mon blog puisque cela me semble une atteinte à ma ligne éditoriale, j’ai accepté ces propositions précises parmi bien d’autres pour des raisons financières principalement. Je suis étudiante, j’ai un budget limité et ces opérations m’ont aidée à renflouer un peu mon compte en banque. » Et semble ne pas vouloir recommencer ce genre d’opération : « Cependant, j’ai décidé à présent de limiter très fortement voire de refuser désormais toute opération de ce genre. Je préfère me concentrer sur un contenu personnel de qualité, et si je veux gâter mon lectorat, je le ferai à mon compte. » 46