Diaporama présenté par Dominique Goguey et Jean-Paul Guillaumet au séminaire RurLand "Datation des réseaux parcellaires laténiens et gallo-romains" coordonné par F. Favory (7 juin 2016).
3. Rappel des Sondages de limites parcellaires
SONDAGE STRUCTURE ET LIEUDIT
DU SITE
ELEMENT DE
DATATION
APPORT SUR LA
STRUCTURE
JACKY BENARD 1997 EPAULEMENT
(ROCHOTTES,
MONTMOYEN)
AUCUN 2 ETATS D’UNE
MUREE INTERNE
SOUS L’EPAULEMENT
VISIBLE
YVES PAUTRAT 2000 EPAULEMENT
(COMBE BADOUILLET,
VILLIERS LE DUC)
CARBONE 14 : ENTRE
785 ET 850
1 MUREE AVEC DEUX
PAREMENTS ET
BLOCAGE INTERNE
JEAN-PIERRE GARCIA
2011
MUREE SUR
EPAULEMENT (BRULIS
DU PUISET)
1 FRAGMENT
CERAMIQUE GR
MUREE AVEC
COLLUVIONNEMENT
J.CURIE 2011 EPAULEMENT REBORD
DE VERSANT (BRULIS DU
PUISET, ROCHEFORT)
AUCUN POSSIBILITE D’UNE
HAIE
1998 DEBLAI TROU
DE RENARD DANS
MUREE SUR
EPAULEMENT
EPAULEMENT REBORD
DE VERSANT (BRULIS
DU PUISET,
ROCHEFORT)
1 FRAGMENT FIN DE
DE L’AGE DU BRONZE
.
Le plateau karstique du Châtillonnais est entaillé dans sa partie est et sud par des rivières (la Digeanne, la Groème, le Brevon et la Seine) et de nombreuses vallées et combes. Cette partie digitée du plateau, est caractérisée par des contraintes fortes de déclivité et de lapiaz, qui font l’objet d’études statistiques (’Elise Fovet). L’image Lidar, traitée par la MSH de Dijon, donne maintenant une vision exhaustive de toute cette zone que nous connaissions par des relevés GPS ( D. Goguey, J. Bénard 2001, et D. Goguey, Y. Pautrat, 2010). Le survol Lidar réalise ce que G. Chouquer appelle une « compilation archéologique » (CAG 21, 1, p. 192), et donne l’état final des structures, ce qui rend encore plus complexe la datation.
L’approche mise en œuvre combine diverses modalités de prospection. Dans un premier temps, l’image Lidar est étudiée à travers plusieurs indices, et après des vérifications au sol, les structures sont vectorisées en même temps que sont posées les premières hypothèses sur les structures en élévation, en particulier les enclos susceptibles d’entourer des emplacements d’habitat.
Dans un deuxième temps, un programme de prospections métalliques autorisées confirme ou non ces hypothèses. Quand les habitats sont en matériaux périssables, comme sur l’ensemble du plateau digité, tout est parcellaire, y compris les fermes en enclos. L‘acception du terme « parcellaire » sera prise au sens large : tous les linéaires organisant des espaces, agropastoraux, funéraires et résidentiels.
Les sondages concernant les limites parcellaires ont permis de mieux comprendre les structures et ont révélé l’existence d’une véritable construction, ils montrent en même temps la difficulté de recueillir des éléments de datations.
Les forêts communales ou privées qui ont préservé les structures en élévation étudiées sont assez proches des communes actuelles, il est important de discriminer les parcellaires modernes. La comparaison de l’emprise forestière actuelle et de celle du XIXe siècle montre un bloc principal dont l’emprise n’a pas varié et au nord-ouest des structures hors emprise forestière, proches du village actuel.
Les présomptions données par les emprises forestières sur les structures situées au nord-ouest doivent être accompagnées par le retour au détail : le profil Lidar et la vision au sol montrent que les structures hors emprise sur la carte d’État Major sont des murs à section pyramidale, avec fossés. Ces murs modernes sont différents des murées constituées de blocs bruts, irréguliers, visibles sur la coupe faite par J.-P. Garcia.
Parmi les structures datées, les tumulus occupent une place importante. Nous les avons classés en trois catégories : avérés par des fouilles anciennes, très probables selon les critères de B. Chaume qui va les examiner avec J. Streer, et possibles. Les sondages menés par Y. Pautrat sur une série de sept petits tertres, dont un seul funéraire, nous conduisent à la prudence sur les petits tertres relevés au GPS en fonction de la présence d’une dalle dressée. Ces derniers n’ont pas été pris en compte.
Souvent un tumulus se trouve dans une parcelle, ce qui n’est pas significatif d’un lien chronologique. Le tumulus de Glauberg et son allée nous donne la piste d’un parcellaire particulier contemporain du tumulus : on retrouve cette convergence d’une allée vers un tumulus dans la Forêt de Chamesson ; à Vanvey une allée en entonnoir aboutit à un tumulus de la nécropole des Roues (Hallstatt final, LT A), et une allée se rétrécissant, ponctuée de petits tertres, converge vers une nécropole très probable .
La murée d’une parcelle de versant contourne le tumulus de Champerrin, ce qui permet d’établir qu’elle est postérieure à l’édification de celui-ci.
L’élément principal reste les établissements ruraux qui « maillent » le secteur étudié.
Les établissements identifiés sont intégrés structurellement au parcellaire. Sur 50 cas étudiés de ce point de vue, 46 sont liés par 2 murées ou plus au parcellaire, soit que les murées aboutissent à l’enclos avec des passages, sans trace de chevauchement, ni d’écrasement (Grands Bouchots), soit que les murées de l’enclos se prolongent au-delà en limites parcellaires (Bois des Mas).
- les indices hallstatiens sont perçus dans seulement 3 E.R. malgré la présence hallstatiennne matérialisée par les tumulus : 2 biais de la recherche sont possibles : les fragments métalliques sont très difficiles à détecter (R. Labeaune, INRAP), ou les établissements de cette période sont situés dans les vallons, hors forêts actuelles.
- La complémentarité est totale entre la parure étudiée (Guillaumet, 2001, 2010 et à paraître) et les monnaies (Popovitch, 2001, 2010 et à paraître) : Les fibules de fer constituent l’indicateur principal pour la période laténienne, leur nombre décroît à la période gallo-romaine et les monnaies prennent le relais. ,
- On voit une densification de La Tène A à la période gallo-romaine, et un arrêt brutal après le 2ème siècle, sauf dans le Duesmois. Cet arrêt est confirmé par le « profil » des enclos cultuels souvent plus longtemps en activité.
Les établissements ont tous une phase gallo-romaine, à une exception près. Les datations proviennent des établissements en matériaux périssables pour la partie digitée. Sur le plateau compact, les indices de datation sont les habitats avec construction en dur et ramassage de surface (Fiches Paris).
Les E.R. étudiés donnent des indices d’occupation de périodes laténiennes et gallo-romaine, comme le montrent ces exemples.
La pérennisation d’une partie de ces établissements, avec ou sans hiatus, caractérise ces établissements.
Le site de Bois là-haut-ouest constitue un exemple de continuité de LT C au 4ème siècle.
D’autres établissements donnent des indices d’une continuité avec des hiatus : à Fourches Martin aucun indicateur des périodes LT B et LT C n’a été perçu. Par ailleurs, les deux sites sont en pleine cohérence chronologique l’un par rapport à l’autre.
L’association des indices de datation fonctionne par secteurs, certains, comme le secteur Trouy–Chanoi sud, montrent un échelonnement sur toute La Tène, dans d’autres secteurs les indices se concentrent sur LT D et sur le 1er siècle.
Si on prend en compte la forme globale, la fermeture, le tracé, l’association des structures entre elles, la présence ou non d’E.R., on peut distinguer des types parcellaires, que nous allons tenter de mettre en relation avec les éléments de datation.
Le parcellaire autour du Camp fortifié de Chateaubeau est constitué par des linéaires discontinus, à tracé curviligne, des petits tertres, et l’absence d’établissement décelé. Les seuls indices de dation recueillis sont, comme à Moscroy, des éclats de silex.
Les parcellaires de Petits Bois et de Fourches Martin, très irréguliers de formes et de superficie, à tracé mixte, sont associés à des indices de datation échelonnés sur toute La Tène.
Dans certains secteurs le parcellaire est para-régulier, sans que les E.R. comportent des constructions en dur comme sur le plateau compact.
Cette mise en relation par visualisation pourrait être complétée par des analyses spatiales
Conclusion:
Parmi les moyens utilisés – emprises forestières à différentes époques, superposition de cadastres, discrimination des structures par profil Lidar et vue au sol, connexions avec des structures datées (tumulus, établissements ruraux) – aucun n’apporte de certitude sur la datation des parcellaires, mais leur convergence plaide en faveur d’une mise en place progressive sur le plateau « digité » qui s’inscrit dans la différence par rapport au parcellaire orienté et métré du plateau « massif ».
Des étapes de cette mise en valeur sont proposées à titre d’hypothèse : d’abord les enceintes des camps avec murées curvilignes surlignant les rebords de plateau et murées de division de pentes, ensuite des enclos d’habitat s’inscrivent dans un parcellaire irrégulier à tracé mixte, enfin, dans certains secteurs seulement, de nouveaux enclos en forme de trapèze avec une tendance à la densification et à la régularisation de parcelles.