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1Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
Réduction du temps de travail
et accroissement de l’emploi public
maintenant !
Manifeste
pour surmonter
le chômage de masse
par les Professeurs
Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat
ÉTUDE allemande Sur
la situation ÉCONOMIQUE et sociale
 
2Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
Réduction du temps de travail
et accroissement de l’emploi public maintenant !
Manifeste
pour surmonter le chômage de masse
par les Professeurs Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat1
Le capitalisme, ou plutôt, la libre entreprise sera à long terme incapable
de piloter le chômage (qui se présente de plus en plus comme un mal
chronique, du fait du progrès technique) afin de maintenir un équilibre
sain entre la production et le pouvoir d’achat du peuple.
Albert Einstein
Le chômage de masse en Allemagne
Depuis le milieu des années 1970 le chômage de masse règne en Allemagne.
L’économie de marché et le système capitaliste ainsi que les politiques suivies depuis
n’ont pas été en situation de parvenir au plein-emploi. Les chiffres du chômage les plus
récents sont très clairs, malgré des astuces statistiques lors de leur présentation. Depuis la
réunification, de 1991 à 2010, se sont déclarées au chômage chaque année en moyenne
3,8 millions de personnes. Il faut ajouter à tous ces demandeurs d’emploi recensés toutes
les personnes qui ne se présentent plus aux agences pour l’emploi par manque de
perspectives ou qui ne sont pas prises en compte, car elles sont en cours de création
d’emploi, en cours d’insertion, en formation complémentaire, ou occupent des ”jobs à un
euro”. Le taux de chômage réel est donc en réalité bien plus élevé. Au chiffre officiel
de 3,2 millions de chômeurs en moyenne en 2010, il faudrait donc ajouter environ 1,7
millions de chômeurs cachés ou se trouvant dans une réserve silencieuse. Vient s’ajouter
aussi le travail à temps partiel subi par environ deux millions de personnes, ce qui
correspond grosso modo à un million d’emplois à temps plein. Tout compris, le déficit
d’emploi sur le marché du travail allemand a été en 2010 de l’ordre de 5,9 millions
d’emplois manquants. Une situation catastrophique pour le marché du travail. Si on ajoute
à cela les multiples revenus du travail précaire de l’automobile, les pseudo-auto
entrepreneurs au chiffre des entrepreneurs et des membres de leur famille qui les
épaulent, chiffre qui en 2010 était d’au moins 4,4 millions de personnes, la vue
d’ensemble s’assombrit encore. Depuis 2000, il y a même en Allemagne plus d’auto-
entrepreneurs que d’entrepreneurs ayant des salariés.
	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  
1
Dr Heinz-J. Bontrup membre expert sur la réforme de l'Union économique et monétaire européenne
et Mohssen Massarat ancien professeur de sciences politiques et d'économie à la Faculté des sciences
	
  
 
3Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
Le chômage pendant la crise - et après la crise
Devant ce tableau, les plus récentes annonces des politiciens en place, en vue du
développement du marché du travail et qui parlent d’un « miracle de l’emploi », ne
peuvent être comprise que comme du cynisme.
Il est en effet avéré qu’en 2009, au cours de la plus grave crise mondiale financière
et économique depuis 80 ans, le chômage de masse déjà présent avant la crise ne s’est
pas aggravé. Les causes de ce fait sont :
• Les réductions temporaires de la durée du temps de travail, comme la réduction des
heures supplémentaires et les comptes épargne-temps.
• Une augmentation massive du chômage partiel. Au plus haut, 1,5 millions de travailleurs
étaient concernés.
• Une augmentation complémentaire du travail à temps partiel, liée à une réduction
concomitante des emplois à temps plein.
Les entreprises ont accepté un recul de la productivité horaire en mettant en place
des « réserves de force de travail ». Cela a permis d’éviter une augmentation de 4,7% du
taux de chômage, qui aurait dû être induite par le recul du PNB. Ce sont principalement
les travailleurs qui ont payé le prix de cette stratégie de contournement de la crise, par un
revenu réduit, et l’Etat, par un endettement accru. Les employeurs n’ont pas seulement
économisé le coût des plans sociaux grâce au chômage partiel et par l’évitement des
licenciements, mais aussi les dépenses considérables liées aux réembauches qui auraient
été nécessaires après la crise.
Le comportement individuel pendant une période de chômage partiel ne peut
être mis sur un pied d’égalité avec la nécessaire réduction collective du temps de
travail. En outre, la pratique des comportements individuels s’appuie sur un modèle
favorable à ceux qui sont « dans le système ». Les travailleurs avaient accumulé avant la
crise, grâce aux heures supplémentaires, une épargne considérable sur les comptes
épargne-temps, dans laquelle ils ont pu puiser durant la crise. Cette flexibilité
ouvertement favorable au capital a au final pour résultat, que les chômeurs (hors du
système) ont toujours moins de chances de trouver un travail. Il est symptomatique, que
lors de la reprise conjoncturelle le temps de travail des travailleurs à plein temps est déjà
remonté au-dessus de 40 heures hebdomadaires et se rapprochent des niveaux d’avant la
crise. Un dixième des employés ont même déclaré en 2009 travailler régulièrement au-
delà de 48 heures hebdomadaires.
Les tenants du néo-libéralisme, parmi les politiciens, le monde des affaires et les
medias ne parlent pas seulement faussement d’un « miracle de l’emploi », ils vont jusqu’à
promettre le plein-emploi, qui ne serait plus très loin. La raison en serait l’évolution
démographique. Du fait de la baisse de la population, on serait à la veille d’un déficit de
main d’œuvre qualifiée. C’est pourquoi il faudrait renforcer l’importation de force de
travail étrangère et allonger la durée du travail. Sur ce point, une étude de l’Institut
Allemand pour la Recherche Economique (DIW) a établi à l’automne 2010, qu’il n’y a pas à
craindre en Allemagne de pénurie de main d’œuvre au moins à moyen terme, mais qu’au
contraire dans certaines branches il faut s’attendre à un engorgement de main d’œuvre. Il
faut s’en rappeler : Il n’y a pas de « marchés du travail ». Les marchés du travail sont
 
4Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
uniquement des marchés partiels spécifiques sur lesquels peuvent apparaître des
pénuries limitées dans le temps, et néanmoins l’économie de l’ensemble du pays se
caractérise par le chômage de masse. Un excès de demande de travail devrait faire
monter fortement le prix (les salaires) de la force de travail. Sur ce point, le DIW ne
constate aucun indice d’augmentation des salaires. En fin de compte, les pénuries
partielles de main d’œuvre sont surtout un indice de formation professionnelle initiale et
permanente délaissée dans le passé.
Charges et coûts du chômage
Le chômage représente pour l’individu « un acte de violence, une atteinte à
l’intégrité corporelle, mentale et spirituelle » (Oskar Negt). Le chômage est un mépris des
connaissances et des capacités que l’individu a accumulé au fil des années dans sa famille,
à l’école, par la formation ou dans une école spécialisée. Lorsque la période de chômage
s’allonge, le revenu menace de se réduire, et finalement peuvent même apparaître des
troubles de la personnalité et des maladies psychosomatiques. En même temps, le
chômage est un témoignage de l’incapacité d’un système et de la politique actuelle,
quand des millions de personnes et leur potentiel productif sont repoussés sur le bas-côté
de la société. Il s’agit là d’un scandale de premier ordre :
• que des gens soient contraints de se mettre sous la garde d’une bureaucratie du marché
du travail. Celle-ci n’est pas en mesure de faire face à un déficit de plusieurs millions
d’emplois et se cantonne de ce fait souvent à persécuter les chômeurs et à apaiser le public.
• que l’administration du chômage de masse et le contrôle des chômeurs utilisent des
ressources sociales en quantité appréciable, au-lieu qu’elles soient utilisées pour la
qualification et la formation professionnelle.
• que des millions de personnes, qui souhaitent travailler, soient contre leur volonté
soumises à la torture des mesures Hartz IV et se voient dégradées au rang de
récipiendaires d’aumônes étatiques et se voient dérobées leur dignité humaine.
Les méfaits du chômage ne touchent pas que l’individu, mais toute la société :
le chômage ne signifie pas seulement que l’utilité du travail est limitée mais qu’une
fraction d’une richesse sociale est gaspillée, puisque l’économie globale fonctionne
en-dessous de ses possibilités en présence de chômage. S’ajoute à cela le fait que le
chômage implique une charge énorme pour l’économie publique. Ceci résulte aussi bien
de surcoûts entraînés de manière immédiate par les prestations de remplacement des
revenus (indemnités I et II), qu’à plus long terme du fait de rentrées moindres, par la
réduction des impôts et le recul des contributions sociales. Selon les calculs de l’Institut
d’Etude des métiers et du marché du travail (IAB), le coût fiscal total du chômage a été en
moyenne de 83 Milliards d’euros par an entre 2001 et 2007. Viennent s’ajouter en outre
des coûts pour la société jusqu’à présents pas estimés, liés à la maladie, aux sans-abris, à
la criminalité, etc, conséquences du chômage et de la perte de revenu dans le secteur de
la consommation grand-public dans l’économie, du fait des faibles revenus des chômeurs.
 
5Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
Le chômage discipline les travailleurs et leurs syndicats
Sous les conditions du chômage de masse, ceux qui ont un travail vivent avec la
peur constante de glisser dans la perte de revenu. Cette peur domine le quotidien et la
vie familiale de beaucoup de travailleurs dont la vie dépend de leurs revenus. Un sixième
des personnes souffre en outre en Allemagne de la crainte de perdre son travail. La peur
paralyse les gens, réduit leur créativité et leurs performances, et les pousse à renoncer à
des droits acquis, dans le seul espoir de pouvoir ainsi sécuriser leur place de travail. Ce
développement a réduit de manière soutenue la capacité de négociation des
organisations syndicales par rapport aux organisations patronales. Ainsi s’est créé
graduellement le terreau pour toutes les concessions possibles sur les revenus, le temps
de travail et les prestations sociales. En parallèle, la politique actuelle soutient de manière
univoque l’intérêt des employeurs à rechercher le profit maximum. Ceci se traduit en
particulier par « l’agenda 2010 », qui établit une fracture durable de la société entre
(encore) travailleurs et en chômeurs, entre « zélés » et en « paresseux » — ces derniers « ne
souhaitant pas travailler » seraient coupables de leur destin en tant que chômeurs — et qui
poursuit le but néolibéral de mettre en place un large secteur de petits revenus. La chose
est manifeste : au lieu d’un équilibre des pouvoirs entre capital et travail et d’un partage
au minimum neutre des profits, il devrait bien plutôt se mettre en place un déséquilibre
qui se renforçant au profit du capital. Au lieu de mener les négociations salariales à
égalité, les employeurs et leurs organisations seraient en situation de prendre
insidieusement aux organisations syndicales leur pouvoir de négociation — le bien le plus
précieux qu’elles possèdent au sein du capitalisme — et même d’être en situation de leur
dicter les objectifs des négociations salariales. Les organisations syndicales ont été ainsi
réduites à la défensive et restreintes dans la possibilité d’agir en tant que force de
proposition sociale, et dans la possibilité de défendre efficacement les intérêts de ceux
qui dépendent du revenu de leur travail.
Le truisme de la théorie du marché, que le prix d’une marchandise plonge en cas
d’excès de l’offre (surproduction), vaut aussi pour le marché du travail : plus l’offre de
force de travail (les chômeurs) est importante, et plus réduite est la demande (les emplois
disponibles), plus le prix (salaire) de la marchandise force de travail est bas. Cela produit
même une réaction anormale d’offre de travail de la part de ceux qui dépendent de leur
travail : comme leur revenu se réduit ils élargissent forcés et contraints leur offre de travail
(recherche de travail complémentaire, se déclarent prêts à effectuer des heures
supplémentaires, etc) si bien que l’offre de travail augmente encore plus. La conséquence
en est une perte de revenu accrue. Dans ces conditions les organisations syndicales ne
sont guère en situation de faire valoir des augmentations de salaire réel en rapport
avec la productivité. Les conséquences de ce système de concentration des richesses du
bas vers le haut sont évidentes : baisse du pouvoir d’achat des masses d’une part et un
excès de capital de l’autre part. Les salaires ont baissé rien qu’entre 2000 et 2010 de 5,9%.
Sur la base des salaires de 2000, les pertes dans la répartition des profits se montent pour
les travailleurs entre 2000 et 2010 à un total de 789 milliards d’euros. Ceci conduisit d’une
part dans ce que l’on appelle l’économie réelle à une baisse de la demande et de l’emploi
et d’autre part du fait des excédents inutiles de capital à la spéculation financière et à de
sérieuses crises financières, comme la plus récente l’a démontré de la manière la plus claire.
 
6Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
La croissance n’est pas corrélée
avec le développement de la productivité
Les gouvernements fédéraux de ces derniers temps, qu’ils soient Verts-Rouges,
Noirs-Rouges ou Noirs-Jaunes ont cependant toujours promis plus d’emploi par la
croissance, et ne sont parvenus avec leur politique économique néolibérale dans tous les
cas qu’à une augmentation du travail précaire. Le chômage de masse n’a pas été éliminé.
Et il ne pouvait être éliminé, puisque les réserves de croissance ont baissé
continuellement et l’accroissement de la productivité a été toujours plus élevé que le taux
de croissance, comme le montre le graphique plus bas. En outre, tout le bon sens
économique et écologique contredit une politique de croissance pure, qui ne
reposerait que sur la croissance des exportations. Une telle politique est amorale, à
courte vue, génératrice de crises et condamnée à échouer sur le long terme. Souvenons-
nous : la politique d’expansion au détriment des autres, portée uniquement par le
nationalisme, a été une des causes principales de la première crise économique mondiale
de 1929, et de nos jours, les énormes déséquilibres dans les comptes des états individuels
jouent à nouveau un rôle important dans la crise économique mondiale actuelle.
Même dans les années 60, le taux de croissance encore élevé de la RFA ne suffisait
plus à empêcher un recul de la quantité de travail. Le taux d’accroissement de la
productivité était déjà plus élevé que le taux de croissance. Sans une réduction du temps
de travail moyen d’une semaine de 48 heures à une semaine de 40 heures, même la courte
phase de plein-emploi dans l’après-guerre n’aurait pas été possible. Il est de ce fait évident
qu’une économie en phase de plein-emploi réduit le temps de travail et augmente les
salaires, alors que dans les longues phases de chômage de masse le temps de travail
s’allonge et les revenus baissent. Cet état de fait s’explique par la force ou la faiblesse des
organisations syndicales. Quand la force de travail manque, les organisations syndicales
sont en position de force dans les négociations salariales et inversement.
« L’âge d’or de la croissance » et du « miracle économique » ne pouvaient être
maintenus dans la durée. Les fondations matérielles de la croissance étaient toujours plus
exploitées, la consommation a atteint un niveau de saturation relatif, tandis que la
croissance touchait de plus aux limites écologiques. Alors intervient l’effet destructeur du
développement de la productivité sur les emplois. Dans l’ancienne république fédérale,
même dans la phase de « miracle économique », et à l’époque de taux de croissance était
encore élevés à l’exception des années 1980, comme cela a déjà été dit, le volume de
travail a plongé. Depuis la réunification allemande les taux réels de croissance
moyenne annuelle du PIB ne sont plus que de l’ordre de 1,2% et le taux de
croissance de la productivité est de 1,5%. Quand le taux de croissance est plus faible
que le taux d’accroissement de la productivité, il faut moins de force de travail pour un
même temps de travail, et le volume de travail total dans l’économie baisse, ainsi que le
montre le graphique ci-après. La conséquence en est le chômage. Au cours des dix
premières années du 21e
siècle le PIB n’a crû que de 0,8%, pendant que la productivité
croissait de 1,1% et le volume de travail a de ce fait baissé de 0,3%.
 
7Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
Figure 1 : Taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB), de la productivité du travail
(PT) et du volume de travail (VT) depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui (en pourcent).
Source : Institut Fédéral de la statistique, calculs personnels.
Globalement, le volume de travail baisse en Allemagne régulièrement depuis
longtemps. Ceci est démontré aussi par les tendances les plus récentes : entre 1991 et
2010 le nombre des travailleurs (employés et auto-employeurs) a certes augmenté de 1,8
million, la quantité de travail a par contre chuté dans le même intervalle de temps de
2,360 milliard d’heures, passant de 59,789 à 57,429 milliard d’heures. La raison de cet
effet est le développement massif du travail à temps partiel, essentiellement féminin. Le
pourcentage de temps partiel (la part des travailleurs à temps partiel sur l’ensemble des
travailleurs) a atteint en 2010 son plus haut, à 34,8%. En même temps la semaine de travail
des travailleurs à temps plein comportait 38,24 heures, presqu’autant qu’en 1975, alors
que celle des travailleurs à temps partiel ne comptait que 14,70 heures hebdomadaires.
Ceci signifie que le temps moyen de travail de l’ensemble des 36,1 millions de travailleurs
(dont 23,5 millions à temps plein et 12,6 millions à temps partiel) s’est réduit à seulement
30,1 heures hebdomadaires. Globalement, une réduction massive du temps de travail a
déjà eu lieu, et cela, de deux manières : premièrement par une forte augmentation du
travail à temps partiel avec un temps de travail hebdomadaire moyen de 14,70 heures, et
deuxièmement, par une chute du temps de travail à zéro pour les 3,244 millions de
chômeurs recensés.
Un partage honnête du travail
par la réduction du temps de travail
Le but d’une politique honnête du temps de travail devrait consister à faire en sorte
que la force de travail socialement disponible et le volume de travail correspondant soient
 
8Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
répartis de façon que même les chômeurs aient une occupation, et qu’en même temps les
travailleurs à temps partiel puissent accroître leur temps de travail selon leurs besoins, afin
d’être en situation d’assurer leur existence matérielle par leur travail. Il est imaginable et
réalisable, comme nous l’établirons plus bas, de raccourcir à 30 heures le temps de
travail hebdomadaire de ceux qui travaillent actuellement à temps plein. Ceci peut se
traduire en une semaine de quatre jours, mais bien d’autres formes, rigides ou souples de
partage du temps de travail, sur la semaine, le mois ou l’année, peuvent être imaginées.
On peut prendre en compte ici les exigences individuelles, spécifiques à chaque secteur
d’activité ou à chaque entreprise. Ce qui est décisif pour parvenir à un partage honnête du
temps de travail économiquement disponible est de mettre en place une nouvelle référence
du temps de travail à temps plein, un temps de travail hebdomadaire de 30 heures. Le temps
de travail des travailleurs à temps plein doit donc être réduit, et simultanément le temps de
travail des travailleurs à temps partiel doit être accru, dans la mesure où ceux-ci le souhaitent.
La journée de huit heures et la semaine de cinq jours ont été des jalons historiques
des réductions passées du temps de travail. Depuis longtemps le point est atteint, auquel
une décision fondamentale doit être prise, de suivre la tendance historique et le bon sens
et de considérer le temps de travail de manière égalitaire ou bien de continuer à « vivre »
avec le chômage de masse. La réduction du temps de travail nous offre au contraire bien
des perspectives nouvelles. Elle permet une meilleure compatibilité de la vie
professionnelle et familiale et un meilleur partage des tâches domestiques. Elle offre plus
de temps pour l’amitié et pour l’amour, pour l’éducation des enfants, pour soigner
dignement les membres de la famille. Elle donne plus de possibilités pour la formation et
améliore les conditions de développement des aptitudes individuelles et artistiques, pour
le sport et la santé personnelle, pour la spiritualité et la participation aux activités
politiques, pour être en contact avec son voisinage et avoir des activités bénévoles. En
résumé : plus de temps en-dehors d’un emploi rémunéré ferait apparaître une nouvelle
productivité, dont l’ensemble de la société bénéficierait.
La question décisive est de savoir si une réduction du temps de travail suffira à elle
seule pour un partage honnête du volume global de travail encore disponible entre les
travailleurs, les chômeurs ainsi que les personnes sous-employées, étant donné les
possibilités réelles de croissance d’aujourd’hui et de demain ainsi que les gains de
productivité ?
La réduction du temps de travail peut-elle encore suffire ?
Le calcul suivant devrait permettre d’éclairer cette question et d’établir comment
une réduction du temps de travail devrait permettre une élimination du chômage de
masse de manière réaliste et dans un intervalle de temps prévisible, par exemple cinq ans :
nous supposons à cet effet initialement — avec un optimisme complet — un taux de
croissance réel dans le futur de 1,5% par an, et une hausse de la productivité quelque peu
supérieure, de 1,8% par an, comme cela a été par le passé, si bien que l’effet sur le
volume de travail (pour chaque travailleur, le temps de travail) est négatif. Ceci signifie
que le volume de travail baisse de 0,3%. Cette baisse est toutefois compensée par un effet
démographique négatif sur l’offre de travail dans l’ensemble de l’économie, si bien que le
volume de travail reste au final constant. Nous continuerons avec les chiffres du marché du
travail pour 2010 (Table 1).
 
9Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
Table 1: Situation du marché du travail en 2010. Source : Rapport court de l’IAB Juillet 2011.
Si le temps de travail était réduit de 5% par an pendant cinq ans pour les
travailleurs actuellement à temps plein, cela entraînerait pour une croissance nulle du
volume de travail (le taux de croissance réel et l’accroissement de la productivité se
neutralisent si l’on tient compte de l’effet démographique dans l’offre de travail) un besoin
supplémentaire de bien 6,6 millions de travailleurs. Il faut soustraire de cela toutefois du
fait de la réduction du temps de travail un gain de productivité induit de l’ordre de 30%, si
bien que l’effet réel sur l’emploi se réduit à un besoin de tout juste 4,7 million de
travailleurs (voir les calculs de la table 2). Les 23,5 millions de travailleurs actuels à temps
plein parviendraient en cinq ans à une semaine de 30 heures. Ceci correspondrait à 4,7
millions de travailleurs supplémentaires, ou bien à un volume de travail supplémentaire
de bien 6,6 milliards d’heures (voir table 2). Si on part de l’hypothèse que parmi les 12,5
millions de travailleurs à temps partiel, en gros deux millions souhaitent travailler à temps
plein, le temps moyen de travail devrait croître de 14,64 heures par semaine, soit de
638,45 heures par an2
. Ceci signifierait une déduction de 1.227 milliards d’heures (deux
millions de travailleurs à temps partiel multiplié par 638,45 heures) du volume total de
travail libéré d’environ 6,6 milliards d’heures. Afin de faire disparaître le chômage, il
resterait encore un volume de travail correspondant à 5.223 milliard d’heures. Ceci
représenterait avec une semaine hebdomadaire moyenne de travail de 29,34 heures un
potentiel de travailleurs de 4,1 millions. Le manque d’emploi représente toutefois
actuellement, comme décrit au début, 4,9 millions d’emplois, si bien que la réduction de
temps de travail évoquée ici de 5% par an jusqu’en 2015 ne suffirait même pas
complètement à fournir du travail à tous les chômeurs actuels.
	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  	
  
2	
  Ces nombres peuvent être déduits du calcul suivant : temps de travail hebdomadaire moyen
29,34-14,70=14,64 x en moyenne 43,61 semaines de travail annuelles = 638,45 heures.	
  
 
10Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
(*) L’effet calculé sur l’emploi se déduit de la formule suivante : Besoin supplémentaire en force de
travail = temps de travail libéré x nombre de travailleurs, divisé par le temps de travail par travailleur, après
réduction du temps de travail.
(**) La réduction du temps de travail calculée est réduite de 30% du fait de gains additionnels (induits)
de productivité.
Table 2 : effet sur l’emploi d’une réduction du temps de travail hebdomadaire de 5% par an.
Nouveaux emplois dans le secteur public
Les choses sont claires : les échecs du passé ont été si grands qu’il n’est pas
envisageable de venir à bout de la « vague » de chômage de masse par la réduction du
temps de travail seule, même sur une durée de cinq ans. Il manquerait toujours 800 000
emplois. Par le renoncement à une réduction du temps de travail couplée à la productivité
s’est mis en place au cours des presque trois dernières décennies, année après année, de
plus en plus de chômage. Les défis n’en sont que plus grands pour dépasser les échecs
du passé. Un repartage honnête du travail devrait bien entendu prendre en compte les
difficultés qui apparaissent lors de la réallocation des emplois. Les qualifications
souhaitées ne correspondront pas au départ aux qualifications disponibles. Afin de
s’adapter à l’évolution des besoins, il faudra parallèlement à la réduction du temps de
travail prendre des mesures en faveur de la qualification et de la formation permanente.
L’Etat devra y contribuer, en particulier aider les petites entreprises.
Dans la mesure où réduction et partage du travail ne suffiront pas à faire disparaître
le chômage de masse, il faut en outre compter sur une augmentation de l’emploi dans le
secteur public. Les entreprises privées, focalisées sur le profit, ne parviendront en
aucun cas, au vu du paysage décrit précédemment, ni même au vu de la réduction de
l’offre de travail entraînée par la démographie, à produire un besoin d’emploi
permettant une économie du plein-emploi. Seul l’Etat peut encore y parvenir. Ceci
permettrait en même temps une meilleure fourniture de biens et services publics dans les
 
11Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
domaines de l’éducation, de la santé et de la prise en charge des personnes âgées, de
l’environnement, des associations sportives, etc, et il serait ainsi possible d’intégrer des
chômeurs qui ont le plus grand mal à proposer leur force de travail aux entreprises
privées cherchant le profit, du fait de leurs restrictions en termes de qualifications, santé
ou âge.
Il manque de toute façon en Allemagne des centaines de milliers d’emplois
spécialisés dans le domaine de la santé, dans les jardins d’enfants, écoles primaires,
collèges, pour mettre en place la formation continue ainsi que pour l’intégration des
émigrés. Le manque de personnel dans les hôpitaux et les centres de santé ainsi que la
surcharge de travail du fait des heures supplémentaires ont atteint un niveau préoccupant.
La protection de l’environnement doit être renforcée dans l’intérêt des générations futures
et nécessite des investissements publics substantiels. De même, de nombreuses
personnes actuellement au chômage pourraient trouver une occupation utile au sein
d’associations ou de structures sportives. L’analyse coûts-bénéfices d’une telle extension
du l’emploi dans le secteur public devrait, comme dans le cas de la réduction du temps de
travail, être posée dans un contexte plus large de développement social. Au final une
société avec un niveau d’éducation élevé, avec un système de soins supérieur, une
protection préventive de l’environnement et une répartition juste des ressources ne fait
pas seulement des économies d’une portée substantielle en terme de coûts globaux, mais
elle remplit aussi des besoins matériels et socio-culturels.
Qui doit financer la réduction du temps de travail
et l’emploi public ?
La réduction du temps de travail, à laquelle nous appelons ici, n’a bien sûr des
perspectives de succès que si la grande majorité de ceux qui dépendent d’un salaire ou
d’un revenu sont convaincus de son intérêt et sont aussi prêts à se battre contre des
intérêts politiques et capitalistiques qui s’y opposent. C’est pourquoi la question du
partage est décisive. Il doit être clair que les travailleurs doivent échanger une
quantité négative de temps de travail contre une augmentation du temps de loisir.
Il ne s’agit pas d’un gain monétaire, mais un gain qualitatif, qu’ont appris à apprécier,
souvent après une phase de scepticisme initiale, ceux qui ont fait l’expérience d’une
réduction de temps de travail sécurisant l’emploi. Néanmoins à l’heure actuelle beaucoup
de ceux qui dépendent d’un travail salarié à temps-plein refusent toute réduction du
temps de travail, car ils craignent une baisse des revenus et une intensification du travail.
De fait, les salariés à temps-plein qui voient leur temps de travail réduit en proportion des
gains de productivité peuvent prétendre économiquement parlant au maintien complet
de leur salaire. Cette prétention se base sur un partage neutre des gains de productivité
entre les partenaires économiques (voir à ce sujet en détail l’annexe). Les revenus et les
gains croissent dans ce cas exactement à la même hauteur que le taux de productivité, ou
respectivement le taux de salaire et le taux de profit restent constants.
Lors d’une réduction du temps de travail de 5%, qui se trouve certes au-dessus du
taux futur d’accroissement de la productivité de 1,8% sur lequel nous nous sommes basés,
la question du partage acquiert lors de sa mise en place une force politique explosive. Sur
l’arrière plan déjà évoqué d’une gigantesque redistribution en faveur du taux de profit,
 
12Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
nous voyons enfin, comme cela sera expliqué plus bas, une masse de capitaux suffisante
pour assurer une réduction du temps de travail supérieure aux gains de productivité, à
partir des revenus de la propriété, des recettes, des intérêts, des loyers en tous genres.
Le revenu national s’est établi à cet égard en 2010 à 1898,55 Milliards d’euros. Il
faut en décompter 1257,93 milliards d’euros de rémunération des travailleurs. Ceci
représente un ratio brut des salaires de 66,3%. Les revenus des entreprises et de la
propriété représentaient 640,62 milliards d’euros, ce qui représente un ratio brut des
recettes de 33,7%. Si l’on soustrait des rémunérations les contributions sociales à la
charge des travailleurs, soit 238,76 milliards d’euros, on obtient le total des revenus et
salaires de 1019,17 milliards d’euros. 83% de ce total, soit 845,91 milliards d’euros, sont
représentés par les travailleurs à temps-plein. Par conséquent le revenu annuel brut
moyen représentait en 2010 à peine 36000 euros pour les travailleurs à temps-plein.
Revenu brut moyen = = 35 973 euros.
Si ceux qui dépendent d’un revenu du travail devaient absorber le taux de 5% par
an de réduction du temps de travail, supérieur de 1,8% aux gains annuels de productivité,
soit au total 15% (3,2% par an), la perte de revenu annuel s’établirait en moyenne à 5400
euros par an. Si l’on rajoute cette réduction de revenu des travailleurs à temps plein actuel
(soit 23.515.000) à l’ensemble de tous les nouveaux travailleurs à temps plein (c’est-à-dire
en incluant l’ensemble des anciens chômeurs, soit 4,1 millions, plus deux millions de
travailleurs à temps partiel, qui dans notre modèle travaillent à temps plein), soit un total
de 29.615.000 travailleurs, il s’agit d’une somme de 160 milliards d’euros
(=29.615.000x5400). Mais si le revenu des travailleurs à temps plein ne doit pas baisser
dans de telles proportions, ce qui signifierait une perte de revenu de portée significative
pour tous les niveaux de salaires, il faudra une redistribution correspondante de haut en
bas du taux de profit. Cela est-il macro économiquement même possible et politiquement
envisageable ? En effet, le bénéfice brut global de l’économie provenant des entreprises
et des revenus de la propriété (640,62 milliards d’euros) aurait dû sur la base de l’année
2010 être amputé de 160 milliards d’euros, pour aboutir à 480,62 milliards d’euros. La
part des bénéfices bruts aurait ainsi baissé de 33,7% à 25,3% (480,62 milliards d’euros /
1.898,55 milliards d’euros) et de manière symétrique, la part des salaires bruts serait
monté de 66,3% à 74,7%. La part des salaires bruts serait néanmoins restée pour
l’ensemble de l’économie juste sous la valeur de 1980, de 75,2%, c’est-à-dire au début de
la redistribution de bas en haut mise en œuvre depuis, inspirée par le néolibéralisme.
Une redistribution de haut en bas pour un maintien total des salaires, par
l’intermédiaire de la réduction du temps de travail, n’est pas à cet égard seulement
fondamentalement possible, elle est d’un point de vue de la politique sociale
nécessaire : premièrement, afin de mettre en place plus de justice sociale, et
deuxièmement afin d’assécher l’une des sources principales de la spéculation et des crises
financières, sur laquelle le camp du capital a pu compter au cours des trente dernières
années sur la base d’un ratio des salaires décroissant. Pourtant nous sommes au courant
que l’objectif du maintien des salaires, ne pourra être atteint au-delà les gains de
productivité réalisés que par d’importantes transformations sociales, concernant aussi
bien la répartition entre travail et capital que la sphère politique. Le partage des valeurs
845, 91 milliards
23515000	
  
 
13Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
ajoutées a toujours été un combat entre travail et capital dans les systèmes capitalistes. Il
s’agit aussi d’une vieille revendication syndicale dans le cadre de la politique salariale,
d’obtenir un partage différent en faveur des salaires. Ceci ne peut toutefois au vu des
expériences de l’histoire être obtenu que quand le chômage de masse est surmonté et
que le plein-emploi domine. De ce fait l’élimination de la vague de chômage de masse
devrait être la toute première priorité et être l’axe central et la plaque tournante de la
politique sociale et syndicale en faveur de la réduction du temps de travail.
Comment doit être financé l’emploi public des 800 000 travailleurs et travailleuses
supplémentaires ? Aujourd’hui même, on dépense déjà des milliards d’euros pour ceux
qui relèvent des mesures Hartz-IV et pour les chômeurs. De plus une élimination complète
du chômage de masse libérerait environ 80 milliards d’euros, que l’Etat doit dépenser
annuellement pour le chômage. Il serait nécessaire et il est demandé avec urgence,
pour que le financement soit mise en place, une politique fiscale de solidarité, qui
s’appuierait sur des hausses d’impôts pour les hauts revenus et les gros
propriétaires. L’accroissement des actifs financiers en Allemagne, et ainsi l’accroissement
de la richesse des ménages, qui de 1991 à 2009 a été de 186,1 % pour atteindre 3 139,7
milliards d’euros montre qu’il y a suffisamment de marge pour le partage dans une telle
société solidaire, alors que dans le même intervalle de temps, la pauvreté publique, sous
la forme de la dette publique, a augmenté de 182,6% pour atteindre 1692,2 milliards,
presque dans des proportions équivalentes, du fait d’une politique fiscale (d’un point de
vue de la solidarité) inadéquate.
Réduction du temps de travail et emploi public
sont une préoccupation globale pour la société
Les principaux destinataires des appels à la réduction du temps de travail sont,
dans le cadre de la liberté des prix ancrée dans le droit constitutionnel, les syndicats et les
associations de travailleurs. Les syndicats auraient dû, après la mise en place de la
semaine de cinq jours, demander des réductions de durée de travail supplémentaires en
correspondance avec l’accroissement de la productivité de manière à contrebalancer
l’accroissement du chômage et garder ainsi leur force de négociation. Ceci a toutefois
souvent échoué du fait des préférences des travailleurs pour un salaire plus élevé au lieu
d’un temps de travail réduit, et du fait qu’il manquait à se sujet la compréhension de ce que
cette préférence aboutirait au résultat opposé : moins d’argent et plus de durée de travail.
L’appel « Réduction du temps de travail et emploi public maintenant ! » ne
concerne pas seulement les syndicats, les travailleurs dans les entreprises ainsi que les
chômeurs et les associations de chômeurs. Il s’agit d’un projet global de société, que les
partis politiques, l’Etat, le gouvernement fédéral, les régions et les communes doivent
afficher haut et fort, ainsi que les églises et les compagnies d’assurance sociale. Il n’y aura
de réponse satisfaisante au défi du chômage de masse, que quand on parviendra à
présenter aux yeux de tous l’ensemble des implications de l’emploi public et de la
réduction du temps de travail. Au final, il s’agit des perspectives d’une vie meilleure,
d’une vie agréable, d’une vie dans la dignité pour tous ; il s’agit de vaincre le chômage de
masse et la peur brûlante de ceux qui ont encore du travail, de tomber dans la précarité.
Et il s’agit d’une refondation de la société pour un partage juste de la production des
richesses après des décennies d’une pratique de revenus décroissants et d’un partage au
 
14Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
détriment de ceux qui dépendent de leur travail. Il s’agit finalement aussi de détruire le
mal à la racine et de mettre fin à la domination sur les esprits du néolibéralisme, qui porte
la principale responsabilité de la crise financière et économique, parce qu’il a propagé
une concentration des richesses de bas en haut. Par la réduction du temps de travail et
par l’emploi public, il s’agit de la mise en place de relations sociales qui permettent
aux travailleurs, à ceux qui sont sous-employés et aux chômeurs, de passer d’une
position de faiblesse à une position de force. Plus encore : il s’agit de retrouver des
travailleurs conscients d’eux-mêmes et des syndicats comme force politique et sociale
significatives afin de proposer des réformes démocratiques pour l’avenir.
Ainsi sont dressées les dimensions des contours de la proposition du partage du
travail par l’emploi public et par la réduction du temps de travail. Pour ce projet global de
société tous doivent prendre leurs responsabilités. Son succès dépendra d’une
présentation exhaustive, d’un débat réussi tant dans les entreprises que dans l’ensemble
de la société, de la mobilisation de la connaissance scientifique, de la combativité
syndicale, des forces politiques et morales, mais aussi de la créativité entrepreneuriale et
de la responsabilisation pour ces devoirs. Ce projet nécessite une campagne politique
large. Ce manifeste devrait en donner l’élan.
Annexe
Nous montrons ici ce que signifie une réduction du temps de travail avec un maintien
complet des revenus. Ceci veut dire que : les augmentations de revenu ainsi que les
réductions de temps de travail et les accroissements de bénéfices sont payées par
l’accroissement de la productivité. Pour une explication plus claire, nous supposons par
exemple une production de 5000 pièces hebdomadaires dans une entreprise comportant
500 employés. Le temps de travail hebdomadaire moyen par travailleur est de 40 heures.
Cela correspond à un volume de travail hebdomadaire de 20 000 heures et une productivité
de 0,25 pièce par heure. (Dans le modèle, on ne prend en compte pour simplifier que le
facteur de production travail.) Pour un salaire nominal de 15 euros par heure, le total des
salaires est de 300 000 euros. Le coût par pièce est par conséquent de 60 euros.
• Production : 5000 pièces.
• Salariés : 500.
• Volume de travail : 20 000 heures (500 x 40h/salarié.
• Productivité du travail : 0,25 pièce/h (5000/20000) ou bien 4 heures/pièce (20000/5000)
• Salaire nominal : 15 euros/heure
• Salaires : 300 000 euros (20 000 h x 15 euros/h)
• Coût unitaire d’une pièce : 60 euros / pièce (300 000 euros/5 000 pièces)
• Prix de vente : 80 euros
• Chiffre d’affaires : 400 000 euros (5 000 pièces x 80 euros)
• Marge brute : 100 000 euros (400 000 euros/300 000 euros)
• Fraction des bénéfices : 25% (100 000 euros/400 000 euros) x 100.
• Fraction des salaires : 75% (300 000 euros/400 000 euros) x 100
 
15Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
Si l’ensemble de la production est vendue à un prix de 80 euros par pièce,
l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 400 000 euros. La marge brute est de 100 000
euros. Ceci donne une fraction des bénéfices de 25% et une fraction des salaires de 75%.
S’il intervient à partir de cette situation, un accroissement de la productivité, telle
qu’au lieu de 5000 pièces on en produit 5100 avec un nombre de 16 salariés inchangé de
500 et un volume de travail de 20.000 heures, la productivité s’est accrue de 0,25 pièce
par heure à 0,255 pièce par heure, ou bien 2%.
Que signifie ici réduction du temps de travail avec maintien des salaires ? Si on
suppose pour simplifier une stabilité des prix, l’accroissement de l’offre et l’accroissement
de la productivité sont égaux. Ceci n’est, d’un point de vue macro-économique, le cas que
si les heures travaillées dans l’ensemble de l’économie restent constantes, autrement dit si
le volume de travail reste constant. Le volume de travail peut néanmoins varier avec le
nombre des travailleurs et/ou du temps de travail par travailleur. Supposons une baisse du
temps de travail par travailleur, donc une réduction du temps de travail, d’une manière
générale dans la discussion cette réduction sera vue comme une alternative à une
augmentation salariale. Un accroissement de productivité peut en effet être utilisé de
deux manières : soit pour un même montant dépensé, on accroit le volume de
production, soit pour un même volume de production on diminue le montant dépensé.
Plus on utilise les gains de productivité pour la réduction du temps de travail, moins il y a
de marge pour des augmentations de salaire.
Il semble donc que les augmentations de salaire et les réductions de temps de
travail doivent se partager les gains de productivité. Il s’agit là d’un sophisme. Même dans
le cas d’une réduction du temps de travail, les salaires peuvent être augmentés dans la
même mesure que les gains de productivité, sans que naisse des augmentations de
salaire le moindre danger d’inflation. Il suffit de décider entre le salaire par heure de
travail et le salaire par salarié (produit du salaire horaire par la quantité de travail,
exprimée en nombre d’heures). L’exemple de calcul suivant met cela en évidence dans le
cadre de notre modèle. Comme plus haut, nous nous basons sur un gain de productivité
de 2%. Ce gain de productivité peut être partagé entre des augmentations de salaire
et/ou des réductions de temps de travail, d’une manière neutre par rapport au coût, au
prix et sans changement de répartition. Si la totalité de l’accroissement de productivité est
utilisé pour une augmentation de salaire, le salaire hebdomadaire d’un salarié peut
évoluer de manière neutre par rapport aux prix et sans changement de répartition de 600
euros par semaine à 612 euros par semaine.
• 40 heure hebdomadaires x 15 euros/heure = 600 euros/semaine.
• 2% de gains de productivité sur 15 euros/heure, soit 0,30 euros/heure = 15,30
euros/heure.
• 40 heures hebdomadaires x 15,30 euros/heure = 612 euros/semaine.
Les coûts salariaux croissent aussi de manière neutre par rapport à la répartition,
du même taux que le gain de productivité, pour atteindre 306 000 €.
• 500 salariés x 600 euros/semaine = 300 000 euros de salaires totaux.
• 500 salariés x 612 euros/semaine = 306 000 euros de salaires totaux.
 
16Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011
Si maintenant on souhaite utiliser le gain de productivité pour une réduction du
temps de travail en maintenant les salaires (au lieu de 40 heures hebdomadaires chaque
salarié ne devra plus travailler que 39,2 heures par semaine), le salaire nominal peut être
augmenté à hauteur des 2% de gain de productivité, soit à 15,30 euros par heure, et le
salaire hebdomadaire reste alors constant à 600 euros par semaine.
• 39,2 heures hebdomadaires x 15,30 euros/heure = 600 euros/semaine (en arrondissant).
Afin d’effectuer le même volume de travail qu’avant la réduction du temps de
travail (20.000 heures), l’effet de la réduction du temps de travail à 39,2 heures par
semaine avec maintien du salaire est de créer 10,2 postes de travail.
• Besoin supplémentaire=réduction de temps de travail x nombre de salariés/temps de
travail par salarié après réduction du temps de travail.
• Besoin supplémentaire en nombre de salariés = 0,8x 500/39,2 = 10,2 salariés.
Les salaires totaux sont toujours de 306.000 euros (510 salariés x 600
euros/semaine = 306.000 euros). Il ressort de cela qu’il n’y a pas de changement du coût
salarial par pièce, qui reste de 60 euros, si bien qu’il n’y a pas besoin d’augmenter les prix.
Les fractions de salaire et de bénéfice globales restent constantes. On obtiendrait le
même résultat si on utilisait par exemple une moitié des 2% de gain de productivité pour
une augmentation de salaire et l’autre moitié pour une réduction de temps de travail.
La réduction du temps de travail avec maintien du salaire est par conséquent,
en tenant compte de l’emploi de 10 salariés supplémentaires, neutre en termes de
coûts, de prix, et de répartition. De ce fait, il est faux d’énoncer que la réduction du
temps de travail avec maintien des salaires sur la base des gains de productivité entraîne
des coûts supplémentaires pour les entreprises. Non, les entrepreneurs ne souffrent pas
de ce fait d’inconvénients d’un point de vue économique. Ils tirent plutôt des avantages
des gains de productivité induits. La réduction du temps de travail avec maintien des
salaires signifie donc que les salariés ainsi que leurs syndicats doivent décider lors des
négociations salariales quelle fraction des gains de productivité ils souhaitent utiliser pour
des augmentations de salaire et/ou des réductions de temps de travail. De fait, une
utilisation de 100% des gains de productivité pour une réduction du temps de travail avec
maintien des salaires permet au salaire horaire de croître, mais pas au salaire total.
Toutefois les salariés conservent une compensation du taux d’inflation, si bien que le
pouvoir d’achat est conservé. Mais il n’augmente pas ! C’est pourquoi les salariés
travaillent aussi moins du fait de la réduction du temps de travail.

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Manifeste rtt allemagne

  • 1.   1Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 Réduction du temps de travail et accroissement de l’emploi public maintenant ! Manifeste pour surmonter le chômage de masse par les Professeurs Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat ÉTUDE allemande Sur la situation ÉCONOMIQUE et sociale
  • 2.   2Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 Réduction du temps de travail et accroissement de l’emploi public maintenant ! Manifeste pour surmonter le chômage de masse par les Professeurs Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat1 Le capitalisme, ou plutôt, la libre entreprise sera à long terme incapable de piloter le chômage (qui se présente de plus en plus comme un mal chronique, du fait du progrès technique) afin de maintenir un équilibre sain entre la production et le pouvoir d’achat du peuple. Albert Einstein Le chômage de masse en Allemagne Depuis le milieu des années 1970 le chômage de masse règne en Allemagne. L’économie de marché et le système capitaliste ainsi que les politiques suivies depuis n’ont pas été en situation de parvenir au plein-emploi. Les chiffres du chômage les plus récents sont très clairs, malgré des astuces statistiques lors de leur présentation. Depuis la réunification, de 1991 à 2010, se sont déclarées au chômage chaque année en moyenne 3,8 millions de personnes. Il faut ajouter à tous ces demandeurs d’emploi recensés toutes les personnes qui ne se présentent plus aux agences pour l’emploi par manque de perspectives ou qui ne sont pas prises en compte, car elles sont en cours de création d’emploi, en cours d’insertion, en formation complémentaire, ou occupent des ”jobs à un euro”. Le taux de chômage réel est donc en réalité bien plus élevé. Au chiffre officiel de 3,2 millions de chômeurs en moyenne en 2010, il faudrait donc ajouter environ 1,7 millions de chômeurs cachés ou se trouvant dans une réserve silencieuse. Vient s’ajouter aussi le travail à temps partiel subi par environ deux millions de personnes, ce qui correspond grosso modo à un million d’emplois à temps plein. Tout compris, le déficit d’emploi sur le marché du travail allemand a été en 2010 de l’ordre de 5,9 millions d’emplois manquants. Une situation catastrophique pour le marché du travail. Si on ajoute à cela les multiples revenus du travail précaire de l’automobile, les pseudo-auto entrepreneurs au chiffre des entrepreneurs et des membres de leur famille qui les épaulent, chiffre qui en 2010 était d’au moins 4,4 millions de personnes, la vue d’ensemble s’assombrit encore. Depuis 2000, il y a même en Allemagne plus d’auto- entrepreneurs que d’entrepreneurs ayant des salariés.                                                                                                                 1 Dr Heinz-J. Bontrup membre expert sur la réforme de l'Union économique et monétaire européenne et Mohssen Massarat ancien professeur de sciences politiques et d'économie à la Faculté des sciences  
  • 3.   3Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 Le chômage pendant la crise - et après la crise Devant ce tableau, les plus récentes annonces des politiciens en place, en vue du développement du marché du travail et qui parlent d’un « miracle de l’emploi », ne peuvent être comprise que comme du cynisme. Il est en effet avéré qu’en 2009, au cours de la plus grave crise mondiale financière et économique depuis 80 ans, le chômage de masse déjà présent avant la crise ne s’est pas aggravé. Les causes de ce fait sont : • Les réductions temporaires de la durée du temps de travail, comme la réduction des heures supplémentaires et les comptes épargne-temps. • Une augmentation massive du chômage partiel. Au plus haut, 1,5 millions de travailleurs étaient concernés. • Une augmentation complémentaire du travail à temps partiel, liée à une réduction concomitante des emplois à temps plein. Les entreprises ont accepté un recul de la productivité horaire en mettant en place des « réserves de force de travail ». Cela a permis d’éviter une augmentation de 4,7% du taux de chômage, qui aurait dû être induite par le recul du PNB. Ce sont principalement les travailleurs qui ont payé le prix de cette stratégie de contournement de la crise, par un revenu réduit, et l’Etat, par un endettement accru. Les employeurs n’ont pas seulement économisé le coût des plans sociaux grâce au chômage partiel et par l’évitement des licenciements, mais aussi les dépenses considérables liées aux réembauches qui auraient été nécessaires après la crise. Le comportement individuel pendant une période de chômage partiel ne peut être mis sur un pied d’égalité avec la nécessaire réduction collective du temps de travail. En outre, la pratique des comportements individuels s’appuie sur un modèle favorable à ceux qui sont « dans le système ». Les travailleurs avaient accumulé avant la crise, grâce aux heures supplémentaires, une épargne considérable sur les comptes épargne-temps, dans laquelle ils ont pu puiser durant la crise. Cette flexibilité ouvertement favorable au capital a au final pour résultat, que les chômeurs (hors du système) ont toujours moins de chances de trouver un travail. Il est symptomatique, que lors de la reprise conjoncturelle le temps de travail des travailleurs à plein temps est déjà remonté au-dessus de 40 heures hebdomadaires et se rapprochent des niveaux d’avant la crise. Un dixième des employés ont même déclaré en 2009 travailler régulièrement au- delà de 48 heures hebdomadaires. Les tenants du néo-libéralisme, parmi les politiciens, le monde des affaires et les medias ne parlent pas seulement faussement d’un « miracle de l’emploi », ils vont jusqu’à promettre le plein-emploi, qui ne serait plus très loin. La raison en serait l’évolution démographique. Du fait de la baisse de la population, on serait à la veille d’un déficit de main d’œuvre qualifiée. C’est pourquoi il faudrait renforcer l’importation de force de travail étrangère et allonger la durée du travail. Sur ce point, une étude de l’Institut Allemand pour la Recherche Economique (DIW) a établi à l’automne 2010, qu’il n’y a pas à craindre en Allemagne de pénurie de main d’œuvre au moins à moyen terme, mais qu’au contraire dans certaines branches il faut s’attendre à un engorgement de main d’œuvre. Il faut s’en rappeler : Il n’y a pas de « marchés du travail ». Les marchés du travail sont
  • 4.   4Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 uniquement des marchés partiels spécifiques sur lesquels peuvent apparaître des pénuries limitées dans le temps, et néanmoins l’économie de l’ensemble du pays se caractérise par le chômage de masse. Un excès de demande de travail devrait faire monter fortement le prix (les salaires) de la force de travail. Sur ce point, le DIW ne constate aucun indice d’augmentation des salaires. En fin de compte, les pénuries partielles de main d’œuvre sont surtout un indice de formation professionnelle initiale et permanente délaissée dans le passé. Charges et coûts du chômage Le chômage représente pour l’individu « un acte de violence, une atteinte à l’intégrité corporelle, mentale et spirituelle » (Oskar Negt). Le chômage est un mépris des connaissances et des capacités que l’individu a accumulé au fil des années dans sa famille, à l’école, par la formation ou dans une école spécialisée. Lorsque la période de chômage s’allonge, le revenu menace de se réduire, et finalement peuvent même apparaître des troubles de la personnalité et des maladies psychosomatiques. En même temps, le chômage est un témoignage de l’incapacité d’un système et de la politique actuelle, quand des millions de personnes et leur potentiel productif sont repoussés sur le bas-côté de la société. Il s’agit là d’un scandale de premier ordre : • que des gens soient contraints de se mettre sous la garde d’une bureaucratie du marché du travail. Celle-ci n’est pas en mesure de faire face à un déficit de plusieurs millions d’emplois et se cantonne de ce fait souvent à persécuter les chômeurs et à apaiser le public. • que l’administration du chômage de masse et le contrôle des chômeurs utilisent des ressources sociales en quantité appréciable, au-lieu qu’elles soient utilisées pour la qualification et la formation professionnelle. • que des millions de personnes, qui souhaitent travailler, soient contre leur volonté soumises à la torture des mesures Hartz IV et se voient dégradées au rang de récipiendaires d’aumônes étatiques et se voient dérobées leur dignité humaine. Les méfaits du chômage ne touchent pas que l’individu, mais toute la société : le chômage ne signifie pas seulement que l’utilité du travail est limitée mais qu’une fraction d’une richesse sociale est gaspillée, puisque l’économie globale fonctionne en-dessous de ses possibilités en présence de chômage. S’ajoute à cela le fait que le chômage implique une charge énorme pour l’économie publique. Ceci résulte aussi bien de surcoûts entraînés de manière immédiate par les prestations de remplacement des revenus (indemnités I et II), qu’à plus long terme du fait de rentrées moindres, par la réduction des impôts et le recul des contributions sociales. Selon les calculs de l’Institut d’Etude des métiers et du marché du travail (IAB), le coût fiscal total du chômage a été en moyenne de 83 Milliards d’euros par an entre 2001 et 2007. Viennent s’ajouter en outre des coûts pour la société jusqu’à présents pas estimés, liés à la maladie, aux sans-abris, à la criminalité, etc, conséquences du chômage et de la perte de revenu dans le secteur de la consommation grand-public dans l’économie, du fait des faibles revenus des chômeurs.
  • 5.   5Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 Le chômage discipline les travailleurs et leurs syndicats Sous les conditions du chômage de masse, ceux qui ont un travail vivent avec la peur constante de glisser dans la perte de revenu. Cette peur domine le quotidien et la vie familiale de beaucoup de travailleurs dont la vie dépend de leurs revenus. Un sixième des personnes souffre en outre en Allemagne de la crainte de perdre son travail. La peur paralyse les gens, réduit leur créativité et leurs performances, et les pousse à renoncer à des droits acquis, dans le seul espoir de pouvoir ainsi sécuriser leur place de travail. Ce développement a réduit de manière soutenue la capacité de négociation des organisations syndicales par rapport aux organisations patronales. Ainsi s’est créé graduellement le terreau pour toutes les concessions possibles sur les revenus, le temps de travail et les prestations sociales. En parallèle, la politique actuelle soutient de manière univoque l’intérêt des employeurs à rechercher le profit maximum. Ceci se traduit en particulier par « l’agenda 2010 », qui établit une fracture durable de la société entre (encore) travailleurs et en chômeurs, entre « zélés » et en « paresseux » — ces derniers « ne souhaitant pas travailler » seraient coupables de leur destin en tant que chômeurs — et qui poursuit le but néolibéral de mettre en place un large secteur de petits revenus. La chose est manifeste : au lieu d’un équilibre des pouvoirs entre capital et travail et d’un partage au minimum neutre des profits, il devrait bien plutôt se mettre en place un déséquilibre qui se renforçant au profit du capital. Au lieu de mener les négociations salariales à égalité, les employeurs et leurs organisations seraient en situation de prendre insidieusement aux organisations syndicales leur pouvoir de négociation — le bien le plus précieux qu’elles possèdent au sein du capitalisme — et même d’être en situation de leur dicter les objectifs des négociations salariales. Les organisations syndicales ont été ainsi réduites à la défensive et restreintes dans la possibilité d’agir en tant que force de proposition sociale, et dans la possibilité de défendre efficacement les intérêts de ceux qui dépendent du revenu de leur travail. Le truisme de la théorie du marché, que le prix d’une marchandise plonge en cas d’excès de l’offre (surproduction), vaut aussi pour le marché du travail : plus l’offre de force de travail (les chômeurs) est importante, et plus réduite est la demande (les emplois disponibles), plus le prix (salaire) de la marchandise force de travail est bas. Cela produit même une réaction anormale d’offre de travail de la part de ceux qui dépendent de leur travail : comme leur revenu se réduit ils élargissent forcés et contraints leur offre de travail (recherche de travail complémentaire, se déclarent prêts à effectuer des heures supplémentaires, etc) si bien que l’offre de travail augmente encore plus. La conséquence en est une perte de revenu accrue. Dans ces conditions les organisations syndicales ne sont guère en situation de faire valoir des augmentations de salaire réel en rapport avec la productivité. Les conséquences de ce système de concentration des richesses du bas vers le haut sont évidentes : baisse du pouvoir d’achat des masses d’une part et un excès de capital de l’autre part. Les salaires ont baissé rien qu’entre 2000 et 2010 de 5,9%. Sur la base des salaires de 2000, les pertes dans la répartition des profits se montent pour les travailleurs entre 2000 et 2010 à un total de 789 milliards d’euros. Ceci conduisit d’une part dans ce que l’on appelle l’économie réelle à une baisse de la demande et de l’emploi et d’autre part du fait des excédents inutiles de capital à la spéculation financière et à de sérieuses crises financières, comme la plus récente l’a démontré de la manière la plus claire.
  • 6.   6Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 La croissance n’est pas corrélée avec le développement de la productivité Les gouvernements fédéraux de ces derniers temps, qu’ils soient Verts-Rouges, Noirs-Rouges ou Noirs-Jaunes ont cependant toujours promis plus d’emploi par la croissance, et ne sont parvenus avec leur politique économique néolibérale dans tous les cas qu’à une augmentation du travail précaire. Le chômage de masse n’a pas été éliminé. Et il ne pouvait être éliminé, puisque les réserves de croissance ont baissé continuellement et l’accroissement de la productivité a été toujours plus élevé que le taux de croissance, comme le montre le graphique plus bas. En outre, tout le bon sens économique et écologique contredit une politique de croissance pure, qui ne reposerait que sur la croissance des exportations. Une telle politique est amorale, à courte vue, génératrice de crises et condamnée à échouer sur le long terme. Souvenons- nous : la politique d’expansion au détriment des autres, portée uniquement par le nationalisme, a été une des causes principales de la première crise économique mondiale de 1929, et de nos jours, les énormes déséquilibres dans les comptes des états individuels jouent à nouveau un rôle important dans la crise économique mondiale actuelle. Même dans les années 60, le taux de croissance encore élevé de la RFA ne suffisait plus à empêcher un recul de la quantité de travail. Le taux d’accroissement de la productivité était déjà plus élevé que le taux de croissance. Sans une réduction du temps de travail moyen d’une semaine de 48 heures à une semaine de 40 heures, même la courte phase de plein-emploi dans l’après-guerre n’aurait pas été possible. Il est de ce fait évident qu’une économie en phase de plein-emploi réduit le temps de travail et augmente les salaires, alors que dans les longues phases de chômage de masse le temps de travail s’allonge et les revenus baissent. Cet état de fait s’explique par la force ou la faiblesse des organisations syndicales. Quand la force de travail manque, les organisations syndicales sont en position de force dans les négociations salariales et inversement. « L’âge d’or de la croissance » et du « miracle économique » ne pouvaient être maintenus dans la durée. Les fondations matérielles de la croissance étaient toujours plus exploitées, la consommation a atteint un niveau de saturation relatif, tandis que la croissance touchait de plus aux limites écologiques. Alors intervient l’effet destructeur du développement de la productivité sur les emplois. Dans l’ancienne république fédérale, même dans la phase de « miracle économique », et à l’époque de taux de croissance était encore élevés à l’exception des années 1980, comme cela a déjà été dit, le volume de travail a plongé. Depuis la réunification allemande les taux réels de croissance moyenne annuelle du PIB ne sont plus que de l’ordre de 1,2% et le taux de croissance de la productivité est de 1,5%. Quand le taux de croissance est plus faible que le taux d’accroissement de la productivité, il faut moins de force de travail pour un même temps de travail, et le volume de travail total dans l’économie baisse, ainsi que le montre le graphique ci-après. La conséquence en est le chômage. Au cours des dix premières années du 21e siècle le PIB n’a crû que de 0,8%, pendant que la productivité croissait de 1,1% et le volume de travail a de ce fait baissé de 0,3%.
  • 7.   7Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 Figure 1 : Taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB), de la productivité du travail (PT) et du volume de travail (VT) depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui (en pourcent). Source : Institut Fédéral de la statistique, calculs personnels. Globalement, le volume de travail baisse en Allemagne régulièrement depuis longtemps. Ceci est démontré aussi par les tendances les plus récentes : entre 1991 et 2010 le nombre des travailleurs (employés et auto-employeurs) a certes augmenté de 1,8 million, la quantité de travail a par contre chuté dans le même intervalle de temps de 2,360 milliard d’heures, passant de 59,789 à 57,429 milliard d’heures. La raison de cet effet est le développement massif du travail à temps partiel, essentiellement féminin. Le pourcentage de temps partiel (la part des travailleurs à temps partiel sur l’ensemble des travailleurs) a atteint en 2010 son plus haut, à 34,8%. En même temps la semaine de travail des travailleurs à temps plein comportait 38,24 heures, presqu’autant qu’en 1975, alors que celle des travailleurs à temps partiel ne comptait que 14,70 heures hebdomadaires. Ceci signifie que le temps moyen de travail de l’ensemble des 36,1 millions de travailleurs (dont 23,5 millions à temps plein et 12,6 millions à temps partiel) s’est réduit à seulement 30,1 heures hebdomadaires. Globalement, une réduction massive du temps de travail a déjà eu lieu, et cela, de deux manières : premièrement par une forte augmentation du travail à temps partiel avec un temps de travail hebdomadaire moyen de 14,70 heures, et deuxièmement, par une chute du temps de travail à zéro pour les 3,244 millions de chômeurs recensés. Un partage honnête du travail par la réduction du temps de travail Le but d’une politique honnête du temps de travail devrait consister à faire en sorte que la force de travail socialement disponible et le volume de travail correspondant soient
  • 8.   8Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 répartis de façon que même les chômeurs aient une occupation, et qu’en même temps les travailleurs à temps partiel puissent accroître leur temps de travail selon leurs besoins, afin d’être en situation d’assurer leur existence matérielle par leur travail. Il est imaginable et réalisable, comme nous l’établirons plus bas, de raccourcir à 30 heures le temps de travail hebdomadaire de ceux qui travaillent actuellement à temps plein. Ceci peut se traduire en une semaine de quatre jours, mais bien d’autres formes, rigides ou souples de partage du temps de travail, sur la semaine, le mois ou l’année, peuvent être imaginées. On peut prendre en compte ici les exigences individuelles, spécifiques à chaque secteur d’activité ou à chaque entreprise. Ce qui est décisif pour parvenir à un partage honnête du temps de travail économiquement disponible est de mettre en place une nouvelle référence du temps de travail à temps plein, un temps de travail hebdomadaire de 30 heures. Le temps de travail des travailleurs à temps plein doit donc être réduit, et simultanément le temps de travail des travailleurs à temps partiel doit être accru, dans la mesure où ceux-ci le souhaitent. La journée de huit heures et la semaine de cinq jours ont été des jalons historiques des réductions passées du temps de travail. Depuis longtemps le point est atteint, auquel une décision fondamentale doit être prise, de suivre la tendance historique et le bon sens et de considérer le temps de travail de manière égalitaire ou bien de continuer à « vivre » avec le chômage de masse. La réduction du temps de travail nous offre au contraire bien des perspectives nouvelles. Elle permet une meilleure compatibilité de la vie professionnelle et familiale et un meilleur partage des tâches domestiques. Elle offre plus de temps pour l’amitié et pour l’amour, pour l’éducation des enfants, pour soigner dignement les membres de la famille. Elle donne plus de possibilités pour la formation et améliore les conditions de développement des aptitudes individuelles et artistiques, pour le sport et la santé personnelle, pour la spiritualité et la participation aux activités politiques, pour être en contact avec son voisinage et avoir des activités bénévoles. En résumé : plus de temps en-dehors d’un emploi rémunéré ferait apparaître une nouvelle productivité, dont l’ensemble de la société bénéficierait. La question décisive est de savoir si une réduction du temps de travail suffira à elle seule pour un partage honnête du volume global de travail encore disponible entre les travailleurs, les chômeurs ainsi que les personnes sous-employées, étant donné les possibilités réelles de croissance d’aujourd’hui et de demain ainsi que les gains de productivité ? La réduction du temps de travail peut-elle encore suffire ? Le calcul suivant devrait permettre d’éclairer cette question et d’établir comment une réduction du temps de travail devrait permettre une élimination du chômage de masse de manière réaliste et dans un intervalle de temps prévisible, par exemple cinq ans : nous supposons à cet effet initialement — avec un optimisme complet — un taux de croissance réel dans le futur de 1,5% par an, et une hausse de la productivité quelque peu supérieure, de 1,8% par an, comme cela a été par le passé, si bien que l’effet sur le volume de travail (pour chaque travailleur, le temps de travail) est négatif. Ceci signifie que le volume de travail baisse de 0,3%. Cette baisse est toutefois compensée par un effet démographique négatif sur l’offre de travail dans l’ensemble de l’économie, si bien que le volume de travail reste au final constant. Nous continuerons avec les chiffres du marché du travail pour 2010 (Table 1).
  • 9.   9Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 Table 1: Situation du marché du travail en 2010. Source : Rapport court de l’IAB Juillet 2011. Si le temps de travail était réduit de 5% par an pendant cinq ans pour les travailleurs actuellement à temps plein, cela entraînerait pour une croissance nulle du volume de travail (le taux de croissance réel et l’accroissement de la productivité se neutralisent si l’on tient compte de l’effet démographique dans l’offre de travail) un besoin supplémentaire de bien 6,6 millions de travailleurs. Il faut soustraire de cela toutefois du fait de la réduction du temps de travail un gain de productivité induit de l’ordre de 30%, si bien que l’effet réel sur l’emploi se réduit à un besoin de tout juste 4,7 million de travailleurs (voir les calculs de la table 2). Les 23,5 millions de travailleurs actuels à temps plein parviendraient en cinq ans à une semaine de 30 heures. Ceci correspondrait à 4,7 millions de travailleurs supplémentaires, ou bien à un volume de travail supplémentaire de bien 6,6 milliards d’heures (voir table 2). Si on part de l’hypothèse que parmi les 12,5 millions de travailleurs à temps partiel, en gros deux millions souhaitent travailler à temps plein, le temps moyen de travail devrait croître de 14,64 heures par semaine, soit de 638,45 heures par an2 . Ceci signifierait une déduction de 1.227 milliards d’heures (deux millions de travailleurs à temps partiel multiplié par 638,45 heures) du volume total de travail libéré d’environ 6,6 milliards d’heures. Afin de faire disparaître le chômage, il resterait encore un volume de travail correspondant à 5.223 milliard d’heures. Ceci représenterait avec une semaine hebdomadaire moyenne de travail de 29,34 heures un potentiel de travailleurs de 4,1 millions. Le manque d’emploi représente toutefois actuellement, comme décrit au début, 4,9 millions d’emplois, si bien que la réduction de temps de travail évoquée ici de 5% par an jusqu’en 2015 ne suffirait même pas complètement à fournir du travail à tous les chômeurs actuels.                                                                                                                 2  Ces nombres peuvent être déduits du calcul suivant : temps de travail hebdomadaire moyen 29,34-14,70=14,64 x en moyenne 43,61 semaines de travail annuelles = 638,45 heures.  
  • 10.   10Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 (*) L’effet calculé sur l’emploi se déduit de la formule suivante : Besoin supplémentaire en force de travail = temps de travail libéré x nombre de travailleurs, divisé par le temps de travail par travailleur, après réduction du temps de travail. (**) La réduction du temps de travail calculée est réduite de 30% du fait de gains additionnels (induits) de productivité. Table 2 : effet sur l’emploi d’une réduction du temps de travail hebdomadaire de 5% par an. Nouveaux emplois dans le secteur public Les choses sont claires : les échecs du passé ont été si grands qu’il n’est pas envisageable de venir à bout de la « vague » de chômage de masse par la réduction du temps de travail seule, même sur une durée de cinq ans. Il manquerait toujours 800 000 emplois. Par le renoncement à une réduction du temps de travail couplée à la productivité s’est mis en place au cours des presque trois dernières décennies, année après année, de plus en plus de chômage. Les défis n’en sont que plus grands pour dépasser les échecs du passé. Un repartage honnête du travail devrait bien entendu prendre en compte les difficultés qui apparaissent lors de la réallocation des emplois. Les qualifications souhaitées ne correspondront pas au départ aux qualifications disponibles. Afin de s’adapter à l’évolution des besoins, il faudra parallèlement à la réduction du temps de travail prendre des mesures en faveur de la qualification et de la formation permanente. L’Etat devra y contribuer, en particulier aider les petites entreprises. Dans la mesure où réduction et partage du travail ne suffiront pas à faire disparaître le chômage de masse, il faut en outre compter sur une augmentation de l’emploi dans le secteur public. Les entreprises privées, focalisées sur le profit, ne parviendront en aucun cas, au vu du paysage décrit précédemment, ni même au vu de la réduction de l’offre de travail entraînée par la démographie, à produire un besoin d’emploi permettant une économie du plein-emploi. Seul l’Etat peut encore y parvenir. Ceci permettrait en même temps une meilleure fourniture de biens et services publics dans les
  • 11.   11Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 domaines de l’éducation, de la santé et de la prise en charge des personnes âgées, de l’environnement, des associations sportives, etc, et il serait ainsi possible d’intégrer des chômeurs qui ont le plus grand mal à proposer leur force de travail aux entreprises privées cherchant le profit, du fait de leurs restrictions en termes de qualifications, santé ou âge. Il manque de toute façon en Allemagne des centaines de milliers d’emplois spécialisés dans le domaine de la santé, dans les jardins d’enfants, écoles primaires, collèges, pour mettre en place la formation continue ainsi que pour l’intégration des émigrés. Le manque de personnel dans les hôpitaux et les centres de santé ainsi que la surcharge de travail du fait des heures supplémentaires ont atteint un niveau préoccupant. La protection de l’environnement doit être renforcée dans l’intérêt des générations futures et nécessite des investissements publics substantiels. De même, de nombreuses personnes actuellement au chômage pourraient trouver une occupation utile au sein d’associations ou de structures sportives. L’analyse coûts-bénéfices d’une telle extension du l’emploi dans le secteur public devrait, comme dans le cas de la réduction du temps de travail, être posée dans un contexte plus large de développement social. Au final une société avec un niveau d’éducation élevé, avec un système de soins supérieur, une protection préventive de l’environnement et une répartition juste des ressources ne fait pas seulement des économies d’une portée substantielle en terme de coûts globaux, mais elle remplit aussi des besoins matériels et socio-culturels. Qui doit financer la réduction du temps de travail et l’emploi public ? La réduction du temps de travail, à laquelle nous appelons ici, n’a bien sûr des perspectives de succès que si la grande majorité de ceux qui dépendent d’un salaire ou d’un revenu sont convaincus de son intérêt et sont aussi prêts à se battre contre des intérêts politiques et capitalistiques qui s’y opposent. C’est pourquoi la question du partage est décisive. Il doit être clair que les travailleurs doivent échanger une quantité négative de temps de travail contre une augmentation du temps de loisir. Il ne s’agit pas d’un gain monétaire, mais un gain qualitatif, qu’ont appris à apprécier, souvent après une phase de scepticisme initiale, ceux qui ont fait l’expérience d’une réduction de temps de travail sécurisant l’emploi. Néanmoins à l’heure actuelle beaucoup de ceux qui dépendent d’un travail salarié à temps-plein refusent toute réduction du temps de travail, car ils craignent une baisse des revenus et une intensification du travail. De fait, les salariés à temps-plein qui voient leur temps de travail réduit en proportion des gains de productivité peuvent prétendre économiquement parlant au maintien complet de leur salaire. Cette prétention se base sur un partage neutre des gains de productivité entre les partenaires économiques (voir à ce sujet en détail l’annexe). Les revenus et les gains croissent dans ce cas exactement à la même hauteur que le taux de productivité, ou respectivement le taux de salaire et le taux de profit restent constants. Lors d’une réduction du temps de travail de 5%, qui se trouve certes au-dessus du taux futur d’accroissement de la productivité de 1,8% sur lequel nous nous sommes basés, la question du partage acquiert lors de sa mise en place une force politique explosive. Sur l’arrière plan déjà évoqué d’une gigantesque redistribution en faveur du taux de profit,
  • 12.   12Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 nous voyons enfin, comme cela sera expliqué plus bas, une masse de capitaux suffisante pour assurer une réduction du temps de travail supérieure aux gains de productivité, à partir des revenus de la propriété, des recettes, des intérêts, des loyers en tous genres. Le revenu national s’est établi à cet égard en 2010 à 1898,55 Milliards d’euros. Il faut en décompter 1257,93 milliards d’euros de rémunération des travailleurs. Ceci représente un ratio brut des salaires de 66,3%. Les revenus des entreprises et de la propriété représentaient 640,62 milliards d’euros, ce qui représente un ratio brut des recettes de 33,7%. Si l’on soustrait des rémunérations les contributions sociales à la charge des travailleurs, soit 238,76 milliards d’euros, on obtient le total des revenus et salaires de 1019,17 milliards d’euros. 83% de ce total, soit 845,91 milliards d’euros, sont représentés par les travailleurs à temps-plein. Par conséquent le revenu annuel brut moyen représentait en 2010 à peine 36000 euros pour les travailleurs à temps-plein. Revenu brut moyen = = 35 973 euros. Si ceux qui dépendent d’un revenu du travail devaient absorber le taux de 5% par an de réduction du temps de travail, supérieur de 1,8% aux gains annuels de productivité, soit au total 15% (3,2% par an), la perte de revenu annuel s’établirait en moyenne à 5400 euros par an. Si l’on rajoute cette réduction de revenu des travailleurs à temps plein actuel (soit 23.515.000) à l’ensemble de tous les nouveaux travailleurs à temps plein (c’est-à-dire en incluant l’ensemble des anciens chômeurs, soit 4,1 millions, plus deux millions de travailleurs à temps partiel, qui dans notre modèle travaillent à temps plein), soit un total de 29.615.000 travailleurs, il s’agit d’une somme de 160 milliards d’euros (=29.615.000x5400). Mais si le revenu des travailleurs à temps plein ne doit pas baisser dans de telles proportions, ce qui signifierait une perte de revenu de portée significative pour tous les niveaux de salaires, il faudra une redistribution correspondante de haut en bas du taux de profit. Cela est-il macro économiquement même possible et politiquement envisageable ? En effet, le bénéfice brut global de l’économie provenant des entreprises et des revenus de la propriété (640,62 milliards d’euros) aurait dû sur la base de l’année 2010 être amputé de 160 milliards d’euros, pour aboutir à 480,62 milliards d’euros. La part des bénéfices bruts aurait ainsi baissé de 33,7% à 25,3% (480,62 milliards d’euros / 1.898,55 milliards d’euros) et de manière symétrique, la part des salaires bruts serait monté de 66,3% à 74,7%. La part des salaires bruts serait néanmoins restée pour l’ensemble de l’économie juste sous la valeur de 1980, de 75,2%, c’est-à-dire au début de la redistribution de bas en haut mise en œuvre depuis, inspirée par le néolibéralisme. Une redistribution de haut en bas pour un maintien total des salaires, par l’intermédiaire de la réduction du temps de travail, n’est pas à cet égard seulement fondamentalement possible, elle est d’un point de vue de la politique sociale nécessaire : premièrement, afin de mettre en place plus de justice sociale, et deuxièmement afin d’assécher l’une des sources principales de la spéculation et des crises financières, sur laquelle le camp du capital a pu compter au cours des trente dernières années sur la base d’un ratio des salaires décroissant. Pourtant nous sommes au courant que l’objectif du maintien des salaires, ne pourra être atteint au-delà les gains de productivité réalisés que par d’importantes transformations sociales, concernant aussi bien la répartition entre travail et capital que la sphère politique. Le partage des valeurs 845, 91 milliards 23515000  
  • 13.   13Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 ajoutées a toujours été un combat entre travail et capital dans les systèmes capitalistes. Il s’agit aussi d’une vieille revendication syndicale dans le cadre de la politique salariale, d’obtenir un partage différent en faveur des salaires. Ceci ne peut toutefois au vu des expériences de l’histoire être obtenu que quand le chômage de masse est surmonté et que le plein-emploi domine. De ce fait l’élimination de la vague de chômage de masse devrait être la toute première priorité et être l’axe central et la plaque tournante de la politique sociale et syndicale en faveur de la réduction du temps de travail. Comment doit être financé l’emploi public des 800 000 travailleurs et travailleuses supplémentaires ? Aujourd’hui même, on dépense déjà des milliards d’euros pour ceux qui relèvent des mesures Hartz-IV et pour les chômeurs. De plus une élimination complète du chômage de masse libérerait environ 80 milliards d’euros, que l’Etat doit dépenser annuellement pour le chômage. Il serait nécessaire et il est demandé avec urgence, pour que le financement soit mise en place, une politique fiscale de solidarité, qui s’appuierait sur des hausses d’impôts pour les hauts revenus et les gros propriétaires. L’accroissement des actifs financiers en Allemagne, et ainsi l’accroissement de la richesse des ménages, qui de 1991 à 2009 a été de 186,1 % pour atteindre 3 139,7 milliards d’euros montre qu’il y a suffisamment de marge pour le partage dans une telle société solidaire, alors que dans le même intervalle de temps, la pauvreté publique, sous la forme de la dette publique, a augmenté de 182,6% pour atteindre 1692,2 milliards, presque dans des proportions équivalentes, du fait d’une politique fiscale (d’un point de vue de la solidarité) inadéquate. Réduction du temps de travail et emploi public sont une préoccupation globale pour la société Les principaux destinataires des appels à la réduction du temps de travail sont, dans le cadre de la liberté des prix ancrée dans le droit constitutionnel, les syndicats et les associations de travailleurs. Les syndicats auraient dû, après la mise en place de la semaine de cinq jours, demander des réductions de durée de travail supplémentaires en correspondance avec l’accroissement de la productivité de manière à contrebalancer l’accroissement du chômage et garder ainsi leur force de négociation. Ceci a toutefois souvent échoué du fait des préférences des travailleurs pour un salaire plus élevé au lieu d’un temps de travail réduit, et du fait qu’il manquait à se sujet la compréhension de ce que cette préférence aboutirait au résultat opposé : moins d’argent et plus de durée de travail. L’appel « Réduction du temps de travail et emploi public maintenant ! » ne concerne pas seulement les syndicats, les travailleurs dans les entreprises ainsi que les chômeurs et les associations de chômeurs. Il s’agit d’un projet global de société, que les partis politiques, l’Etat, le gouvernement fédéral, les régions et les communes doivent afficher haut et fort, ainsi que les églises et les compagnies d’assurance sociale. Il n’y aura de réponse satisfaisante au défi du chômage de masse, que quand on parviendra à présenter aux yeux de tous l’ensemble des implications de l’emploi public et de la réduction du temps de travail. Au final, il s’agit des perspectives d’une vie meilleure, d’une vie agréable, d’une vie dans la dignité pour tous ; il s’agit de vaincre le chômage de masse et la peur brûlante de ceux qui ont encore du travail, de tomber dans la précarité. Et il s’agit d’une refondation de la société pour un partage juste de la production des richesses après des décennies d’une pratique de revenus décroissants et d’un partage au
  • 14.   14Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 détriment de ceux qui dépendent de leur travail. Il s’agit finalement aussi de détruire le mal à la racine et de mettre fin à la domination sur les esprits du néolibéralisme, qui porte la principale responsabilité de la crise financière et économique, parce qu’il a propagé une concentration des richesses de bas en haut. Par la réduction du temps de travail et par l’emploi public, il s’agit de la mise en place de relations sociales qui permettent aux travailleurs, à ceux qui sont sous-employés et aux chômeurs, de passer d’une position de faiblesse à une position de force. Plus encore : il s’agit de retrouver des travailleurs conscients d’eux-mêmes et des syndicats comme force politique et sociale significatives afin de proposer des réformes démocratiques pour l’avenir. Ainsi sont dressées les dimensions des contours de la proposition du partage du travail par l’emploi public et par la réduction du temps de travail. Pour ce projet global de société tous doivent prendre leurs responsabilités. Son succès dépendra d’une présentation exhaustive, d’un débat réussi tant dans les entreprises que dans l’ensemble de la société, de la mobilisation de la connaissance scientifique, de la combativité syndicale, des forces politiques et morales, mais aussi de la créativité entrepreneuriale et de la responsabilisation pour ces devoirs. Ce projet nécessite une campagne politique large. Ce manifeste devrait en donner l’élan. Annexe Nous montrons ici ce que signifie une réduction du temps de travail avec un maintien complet des revenus. Ceci veut dire que : les augmentations de revenu ainsi que les réductions de temps de travail et les accroissements de bénéfices sont payées par l’accroissement de la productivité. Pour une explication plus claire, nous supposons par exemple une production de 5000 pièces hebdomadaires dans une entreprise comportant 500 employés. Le temps de travail hebdomadaire moyen par travailleur est de 40 heures. Cela correspond à un volume de travail hebdomadaire de 20 000 heures et une productivité de 0,25 pièce par heure. (Dans le modèle, on ne prend en compte pour simplifier que le facteur de production travail.) Pour un salaire nominal de 15 euros par heure, le total des salaires est de 300 000 euros. Le coût par pièce est par conséquent de 60 euros. • Production : 5000 pièces. • Salariés : 500. • Volume de travail : 20 000 heures (500 x 40h/salarié. • Productivité du travail : 0,25 pièce/h (5000/20000) ou bien 4 heures/pièce (20000/5000) • Salaire nominal : 15 euros/heure • Salaires : 300 000 euros (20 000 h x 15 euros/h) • Coût unitaire d’une pièce : 60 euros / pièce (300 000 euros/5 000 pièces) • Prix de vente : 80 euros • Chiffre d’affaires : 400 000 euros (5 000 pièces x 80 euros) • Marge brute : 100 000 euros (400 000 euros/300 000 euros) • Fraction des bénéfices : 25% (100 000 euros/400 000 euros) x 100. • Fraction des salaires : 75% (300 000 euros/400 000 euros) x 100
  • 15.   15Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 Si l’ensemble de la production est vendue à un prix de 80 euros par pièce, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 400 000 euros. La marge brute est de 100 000 euros. Ceci donne une fraction des bénéfices de 25% et une fraction des salaires de 75%. S’il intervient à partir de cette situation, un accroissement de la productivité, telle qu’au lieu de 5000 pièces on en produit 5100 avec un nombre de 16 salariés inchangé de 500 et un volume de travail de 20.000 heures, la productivité s’est accrue de 0,25 pièce par heure à 0,255 pièce par heure, ou bien 2%. Que signifie ici réduction du temps de travail avec maintien des salaires ? Si on suppose pour simplifier une stabilité des prix, l’accroissement de l’offre et l’accroissement de la productivité sont égaux. Ceci n’est, d’un point de vue macro-économique, le cas que si les heures travaillées dans l’ensemble de l’économie restent constantes, autrement dit si le volume de travail reste constant. Le volume de travail peut néanmoins varier avec le nombre des travailleurs et/ou du temps de travail par travailleur. Supposons une baisse du temps de travail par travailleur, donc une réduction du temps de travail, d’une manière générale dans la discussion cette réduction sera vue comme une alternative à une augmentation salariale. Un accroissement de productivité peut en effet être utilisé de deux manières : soit pour un même montant dépensé, on accroit le volume de production, soit pour un même volume de production on diminue le montant dépensé. Plus on utilise les gains de productivité pour la réduction du temps de travail, moins il y a de marge pour des augmentations de salaire. Il semble donc que les augmentations de salaire et les réductions de temps de travail doivent se partager les gains de productivité. Il s’agit là d’un sophisme. Même dans le cas d’une réduction du temps de travail, les salaires peuvent être augmentés dans la même mesure que les gains de productivité, sans que naisse des augmentations de salaire le moindre danger d’inflation. Il suffit de décider entre le salaire par heure de travail et le salaire par salarié (produit du salaire horaire par la quantité de travail, exprimée en nombre d’heures). L’exemple de calcul suivant met cela en évidence dans le cadre de notre modèle. Comme plus haut, nous nous basons sur un gain de productivité de 2%. Ce gain de productivité peut être partagé entre des augmentations de salaire et/ou des réductions de temps de travail, d’une manière neutre par rapport au coût, au prix et sans changement de répartition. Si la totalité de l’accroissement de productivité est utilisé pour une augmentation de salaire, le salaire hebdomadaire d’un salarié peut évoluer de manière neutre par rapport aux prix et sans changement de répartition de 600 euros par semaine à 612 euros par semaine. • 40 heure hebdomadaires x 15 euros/heure = 600 euros/semaine. • 2% de gains de productivité sur 15 euros/heure, soit 0,30 euros/heure = 15,30 euros/heure. • 40 heures hebdomadaires x 15,30 euros/heure = 612 euros/semaine. Les coûts salariaux croissent aussi de manière neutre par rapport à la répartition, du même taux que le gain de productivité, pour atteindre 306 000 €. • 500 salariés x 600 euros/semaine = 300 000 euros de salaires totaux. • 500 salariés x 612 euros/semaine = 306 000 euros de salaires totaux.
  • 16.   16Manifeste pour surmonter le chômage de masse Dr Heinz-J. Bontrup et Mohssen Massarat 2011 Si maintenant on souhaite utiliser le gain de productivité pour une réduction du temps de travail en maintenant les salaires (au lieu de 40 heures hebdomadaires chaque salarié ne devra plus travailler que 39,2 heures par semaine), le salaire nominal peut être augmenté à hauteur des 2% de gain de productivité, soit à 15,30 euros par heure, et le salaire hebdomadaire reste alors constant à 600 euros par semaine. • 39,2 heures hebdomadaires x 15,30 euros/heure = 600 euros/semaine (en arrondissant). Afin d’effectuer le même volume de travail qu’avant la réduction du temps de travail (20.000 heures), l’effet de la réduction du temps de travail à 39,2 heures par semaine avec maintien du salaire est de créer 10,2 postes de travail. • Besoin supplémentaire=réduction de temps de travail x nombre de salariés/temps de travail par salarié après réduction du temps de travail. • Besoin supplémentaire en nombre de salariés = 0,8x 500/39,2 = 10,2 salariés. Les salaires totaux sont toujours de 306.000 euros (510 salariés x 600 euros/semaine = 306.000 euros). Il ressort de cela qu’il n’y a pas de changement du coût salarial par pièce, qui reste de 60 euros, si bien qu’il n’y a pas besoin d’augmenter les prix. Les fractions de salaire et de bénéfice globales restent constantes. On obtiendrait le même résultat si on utilisait par exemple une moitié des 2% de gain de productivité pour une augmentation de salaire et l’autre moitié pour une réduction de temps de travail. La réduction du temps de travail avec maintien du salaire est par conséquent, en tenant compte de l’emploi de 10 salariés supplémentaires, neutre en termes de coûts, de prix, et de répartition. De ce fait, il est faux d’énoncer que la réduction du temps de travail avec maintien des salaires sur la base des gains de productivité entraîne des coûts supplémentaires pour les entreprises. Non, les entrepreneurs ne souffrent pas de ce fait d’inconvénients d’un point de vue économique. Ils tirent plutôt des avantages des gains de productivité induits. La réduction du temps de travail avec maintien des salaires signifie donc que les salariés ainsi que leurs syndicats doivent décider lors des négociations salariales quelle fraction des gains de productivité ils souhaitent utiliser pour des augmentations de salaire et/ou des réductions de temps de travail. De fait, une utilisation de 100% des gains de productivité pour une réduction du temps de travail avec maintien des salaires permet au salaire horaire de croître, mais pas au salaire total. Toutefois les salariés conservent une compensation du taux d’inflation, si bien que le pouvoir d’achat est conservé. Mais il n’augmente pas ! C’est pourquoi les salariés travaillent aussi moins du fait de la réduction du temps de travail.