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Synthèse

COUR DES COMPTES

du Rapport public thématique
Juillet 2013

La politique de développement
des énergies renouvelables

C

g Avertissement

ette synthèse est destinée à faciliter la lecture et
l’utilisation du rapport de la Cour des comptes.
Seul le rapport engage la Cour des comptes.
Les réponses des administrations et des organismes
figurent à la suite du rapport.
Sommaire
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
1 Les énergies renouvelables progressent sans atteindre
les objectifs fixés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
2 Une conjonction de difficultés . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
3 Le besoin de choix de long terme soutenables . . . . .13

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21

3
Introduction
L

a politique énergétique française est en pleine transition. Historiquement dotée d’une
énergie moins carbonée et d’une électricité moins chère que la plupart des autres
grandes puissances industrielles, notamment en raison de son parc nucléaire, la France s’est
néanmoins fixé des objectifs plus ambitieux que la majorité des pays européens en matière de
production d’énergies renouvelables.

Cette mise en oeuvre intervient dans une période de profonds bouleversements et d’incertitudes sur les marchés de l’énergie, à la suite de la catastrophe de Fukushima et des réactions
qu’elle a suscitées, et du développement, notamment en Amérique du Nord, des hydrocarbures
non conventionnels.

Aux termes de la directive européenne de 2009, les énergies renouvelables sont produites
à partir de sources non fossiles renouvelables. Elles peuvent servir à la production d’électricité
et/ou de chaleur (biomasse, biogaz, pompes à chaleur aérothermiques et géothermiques, énergies solaire et géothermique) ou seulement à la production d’électricité (énergies éolienne, hydraulique, marémotrice/houlomotrice, solaire photovoltaïque, etc.). La Cour ayant déjà publié un
rapport public thématique sur les biocarburants, ces derniers ont été exclus du champ de l’étude.
Seules les énergies renouvelables servant à la production de chaleur et d’électricité sont donc
concernées ici. g

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

Cette politique est mise en œuvre par un grand nombre d’acteurs publics et privés. La direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), chargé du pilotage général, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), le Commissariat général au développement durable (CGDD) et la Commission de régulation de l’énergie (CRE), autorité de régulation du marché, en constituent le « noyau dur ». Le paysage des acteurs privés est beaucoup
plus fragmenté, particulièrement diversifié et pas toujours structuré. Les grands industriels et
producteurs, au premier rang desquels EDF et GDF-Suez, côtoient une multitude de
PME/TPE, voire, souvent, de simples particuliers.

5
Les énergies renouvelables
progressent sans atteindre
les objectifs fixés

Depuis trente ans, l’Union européenne s’est engagée en faveur du développement des énergies renouvelables
afin de réduire les impacts de sa
consommation énergétique sur l’environnement, d’accroître son indépendance énergétique mais aussi d’ouvrir de
nouvelles perspectives de croissance
économique et d’emploi. Avec l’adoption du paquet « énergie - climat » en
2009, les États se sont fixé des objectifs
plus élevés et plus contraignants encore.
La France s’est également engagée sur
cette voie mais avec de fortes particularités par rapport à ses voisins.

Les avantages du
mix énergétique
français

La production électrique française
est faiblement émettrice de CO2 en raison des productions nucléaire et hydraulique (86,8 % de la production électrique
nationale en 2011). Ainsi, la France ne
représente que 1,1 % des émissions de
gaz à effet de serre (GES), alors qu’elle
contribue pour 5,5 % au PIB mondial.
La France se situe également au
9ème rang des 28 États-membres de
l’Union européenne pour le prix de
l’électricité, et au premier rang par rap-

port à ses voisins (Espagne, Italie,
Allemagne, Belgique).

Les énergies
renouvelables sont
plus utilisées pour la
production de chaleur
que d’électricité

En 2011, les énergies renouvelables
produisent en France de la chaleur pour
59,4 %, et de l’électricité pour 40,6 %.
Longtemps moins encouragée au
niveau européen et français, la production de chaleur progresse depuis 2005 et
constitue le premier usage des ressources renouvelables, devant l’électricité. Elle est essentiellement le résultat
de l’exploitation de la biomasse, première source de chaleur renouvelable
(87,4 %).
La production électrique renouvelable augmente également depuis 2005
mais reste caractérisée par la place prépondérante de l’hydroélectricité, même
si l’énergie éolienne progresse régulièrement et si la production photovoltaïque
a connu une forte progression à partir
de 2009 sans toutefois atteindre un
niveau qui la rende significative dans le
mix énergétique renouvelable français.

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

1

Cour des comptes

7
Les énergies renouvelables
progressent sans atteindre les
objectifs fixés

Les objectifs sont
encore éloignés
malgré de véritables
progrès

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

La France s’est engagée auprès de la
Commission européenne à atteindre
23 % de sa consommation finale brute
d’énergie à partir de sources renouvelables à l’horizon 2020. Elle se situe ainsi,
derrière l’Irlande, le Danemark et le
Royaume-Uni, parmi les quatre Etats

8

des 28 qui auront les efforts les plus
importants à accomplir.
Ses objectifs ont d’ores et déjà
connu un début de réalisation, davantage marqué pour l’électricité que pour
la chaleur.
En 2011, la France se situait ainsi
dans la moyenne des États européens
pour la part des énergies renouvelables
dans la consommation finale brute
d’énergie et respecte globalement sa trajectoire, dans chacun des segments.

Graphique n° 1 : proportion d’énergies renouvelables par secteur en France et
objectifs à 2020

Source : Cour des comptes
Les énergies renouvelables
progressent sans atteindre les
objectifs fixés

Tableau n° 1 : proportion des énergies renouvelables en 2011

Part d’énergies renouvelables
par secteur

Réalisations 2011

Chaleur et refroidissement

18 %

16,5 %

Electricité

16 %

16,3 %

Transport

6,9 %

6,7 %

Total

13,5 %

13,1 %

Source : CGDD / SoeS

Pour autant, les efforts restant à
accomplir dans les secteurs de l’électricité et de la chaleur renouvelables entre
2011 et 2020 représentent respectivement six et sept fois ce qui a été réalisé
entre 2005 et 2011. Dans ce contexte,

les premiers retards enregistrés dès 2011
dans la production d’énergies de sources
renouvelables éloignent la perspective
d’atteindre les objectifs fixés pour 2020.

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

Cibles 2011

9
Une conjonction de
difficultés

Des coûts de
production
élevés

Les coûts de production des énergies renouvelables restent aujourd’hui
encore élevés par rapport au prix des
autres sources d’énergie. Ils sont, en
outre, très variables entre les filières
mais aussi au sein même d’une filière, en
raison de la grande diversité des paramètres entrant en jeu (niveau de risque,
caractéristiques techniques des installations, implantation géographique, etc.).
Certaines filières sont encore loin
des coûts de production actuels de
l’électricité nucléaire (49,5 €/MWh en

2011), notamment le solaire photovoltaïque et thermique, malgré une baisse
constante des prix des composants.
Pour la production d’électricité, et
selon les chiffres de l’ADEME, l’énergie hydraulique est la moins chère
(43 €/MWh - 188 €/MWh) tandis que la
filière éolienne terrestre apparaît dans
une position intermédiaire, avec des
coûts compris entre 62 €/MWh et
102 €/MWh.
Pour la production de chaleur, les
filières biomasse et géothermie présentent, dans certaines conditions, des
coûts de production peu élevés (respectivement 56 €/MWh - 223 €/MWh et
50 €/MWh -127 €/MWh).

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

2

Cour des comptes

11
Une conjonction de
difficultés

Tableau n° 2 : coûts actualisés de production par filière (fourchettes)

Filières

Solaire thermique

Solaire photovoltaïque

Solaire thermodynamique
Eolien en mer

Eolien terrestre
Méthanisation
Biomasse

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

Géothermie

12

Hydroélectricité

Source : Cour des comptes - données ADEME

Des dispositifs de
soutien complexes,
instables et à
l’efficacité variable

L’État met en œuvre des moyens de
soutien aux multiples formes, souvent
complexes et notamment :
- achat par EDF et les entreprises
locales de distribution (ELD) de la production à un prix garanti supérieur au
prix de marché. L’excédent de coût est
pris en charge par la contribution au service public de l’électricité (CSPE), autre-

Coûts de production en €/MWh
(actualisation 8 %)
195-689
114-547
94-194
87-116
62-102
61-241
56-223
50-127
43-188

ment dit par les consommateurs d’électricité ;
- aide fiscale à l’investissement, principalement par le crédit d’impôt développement durable et par la TVA à taux
réduit pour les travaux dans les logements de plus de deux ans ;
- subventions aux installations de
production thermique renouvelable biomasse et réseaux de chaleur, à l’exception des particuliers, par le biais du
fonds chaleur géré par l’ADEME ;
- co-financement de la recherche et
du développement.
Une conjonction de
difficultés

Des obstacles non
financiers
L’organisation des pouvoirs publics

L’État s’est insuffisamment organisé
pour assurer la mise en œuvre de la politique. Son expertise des filières industrielles, des emplois et des coûts de production est insuffisante. Il ne procède
pas aux évaluations de l’impact socioéconomique de ses décisions si bien que
les tarifs de rachat de l’électricité renouvelable ne sont pas toujours bien ajustés.
Ses capacités de contrôle sont notablement insuffisantes, alors que des cas de
fraudes sont d’ores et déjà avérés.

Le cadre juridique

L’État a insuffisamment adapté le
cadre juridique qui permettrait de mieux
associer les collectivités locales à la réalisation de ses objectifs. Les instruments
existants - les schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE) et
les plans climats énergie territoriaux
(PCET) - n’ont pas permis d’atteindre

les résultats escomptés. À cela s’ajoutent
la multiplicité et la complexité des textes.
À titre d’exemple, pour la filière
éolienne notamment et en dépit de simplifications récentes, il faut deux fois
plus de temps pour implanter un champ
d’éoliennes en France qu’en Allemagne.

Les problèmes techniques

Ils sont de plusieurs natures :
- nécessité à terme d’adapter le
réseau électrique, fondé actuellement
sur un petit nombre de centres de production, à des sources de production
beaucoup plus décentralisées ;
- gestion de l’intermittence des productions d’électricité éolienne ou solaire,
même si aujourd’hui ce point est surmonté ;
- absence de méthodes de stockage
peu coûteuses d’électricité.

Des limites physiques et des conflits d’usage

Enfin le développement durable des
énergies renouvelables se heurte à des
limites physiques (potentiel hydraulique,
régime des vents, par exemple) mais
aussi à des conflits d’usage pour
certaines sources : création de nouvelles
centrales hydroélectriques ou respect de
la biodiversité par exemple, ou encore
concurrence pour l’emploi des ressources forestières.

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

Tous ont connu, selon des modalités
différentes, des difficultés dans leur
application, dues notamment à une trop
grande instabilité et parfois à un manque
de cohérence du cadre juridique.

13
Le besoin de choix de long
terme soutenables

La réalisation des objectifs fixés
pour 2020 et au-delà devrait avoir un
coût élevé pour la collectivité. La soutenabilité de la politique sur le long terme
suppose donc de rentabiliser la production d’énergies renouvelables par le jeu
du marché afin de réduire le soutien
public. Cela passe d’abord par une valorisation du coût du carbone au juste
prix.
Il conviendrait également de cibler
les moyens sur les filières et sur les dispositifs de soutien les plus efficaces.

Le soutien aux
énergies renouvelables
a un coût élevé

Les dépenses supportées par la collectivité pour le développement des
filières d’énergies renouvelables dans la
production d’électricité et de chaleur se
sont élevées au total à 14,3 Md€ entre
2005 et 2011.
La contribution au service public de
l’électricité (CSPE), le crédit d’impôt

développement durable (CIDD) et la
TVA à taux réduit pour les travaux
d’amélioration des logements anciens
sont les trois mesures les plus coûteuses
pour la collectivité.
Elles connaissent une augmentation
significative depuis 2005, essentiellement en raison de la hausse de la CSPE
relative aux énergies renouvelables, mais
cette progression apparait encore limitée
au regard de celle qui pourrait être enregistrée en 2013. Pour cette seule année,
en effet, la CSPE devrait, selon la
Commission de régulation de l’énergie
(CRE), s’élever à 3 Md€, dont 2,1 Md€
pour la filière solaire photovoltaïque.
Entre 2012 et 2020 (9 ans), sans
bouleversement de la politique menée
jusqu’à présent, le volume global de la
CSPE liée aux énergies renouvelables
pourrait atteindre environ 40,5 Md€,
directement supportés par les consommateurs d’électricité, particuliers ou professionnels, contre 3,3 Md€ au total
entre 2005 et 2011 (7ans).

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

3

Cour des comptes

15
Le besoin de choix de long terme
soutenables

Tableau n° 3 : coût total de la politique de soutien aux énergies renouvelables
pour la période 2005 à 2011

En Md€

2005

2007

2011

CSPE

89

323

1464

CIDD

339

1092

659

257

257

257

-

-

231

43

80

200

728

1752

2811

TVA taux réduit
pour les travaux
d’amélioration des
logements anciens*

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

Fonds chaleur

16

Recherche et développement**
Total

Source : Cour des comptes
*Estimation de la valeur moyenne annuelle sur un total de 1800 M€.
** Hors recherches sur le stockage et programmes transversaux.

Les retombées
économiques restent
insuffisantes

Les retombées socio-économiques
des mesures engagées ne sont pas
encore à la hauteur du coût constaté.
Les filières industrielles françaises,
insuffisamment structurées, n’ont pas
encore acquis de position significative
sur le marché mondial. Ainsi, la filière

solaire photovoltaïque, déjà largement
affaiblie par la concurrence chinoise, a
été, en outre, déstabilisée par les à-coups
de la politique de soutien. La filière
éolienne en mer est très largement
dépendante des perspectives du marché
en mer du Nord, pour l’instant incertaines.
En dépit d’estimations fragiles sur le
plan méthodologique (les emplois
induits ne sont pas inclus, par exemple),
le nombre brut d’emplois directs est
passé globalement de 58 460 en 2006 à
83 260 en 2012, après un pic en 2010 à
98 580. La filière solaire photovoltaïque
a connu la baisse la plus significative,
conséquence de la baisse du soutien de
la politique à partir de 2010. Ces estimations restent cependant très en retrait
des ambitions exprimées dans le plan
d’action national de la France en faveur
des énergies renouvelables de 2009 qui
évoquait la création de « plusieurs centaines de milliers d’emplois ».
En outre, certains impacts de la politique n’ont pas été anticipés, notamment
la désorganisation du marché de l’énergie. La montée en puissance des énergies
renouvelables, bénéficiant d’une garantie d’achat quel que soit l’équilibre de
l’offre et de la demande sur le marché,
accentue la volatilité des prix et diminue
la rentabilité des centrales thermiques à
gaz, pourtant nécessaires à la gestion des
pointes de consommation.

Des paramètres
insuffisamment pris en
compte jusqu’à
présent

Les effets de la politique en faveur
du développement des énergies renouvelables ne sauraient être mesurés à la
seule échéance de 2020. En effet, dès
2005, la France, à l’instar de l’Union
européenne, a considéré son engagement à plus long terme avec, notamment, la division par quatre de ses émis-

sions de gaz à effet de serre à l’horizon
2050.
En outre, l’ambition de réduire la
part du nucléaire dans le mix énergétique
à l’horizon 2025, annoncée par le
Président de la République à l’issue de la
conférence environnementale de septembre 2012, engage nécessairement la
France sur plusieurs décennies. La politique énergétique doit donc rester soutenable dans cette perspective.
À cette fin, les émission de CO2 doivent pouvoir être valorisées à leur juste
valeur, soit par des mécanismes de marché, soit par la fiscalité, ce qui n’est pas
le cas aujourd’hui. En raison de l’absence d’un marché efficace du carbone,
la valorisation du CO2 n’entre pas en
compte dans les calculs des coûts de
production des différentes sources
d’énergie. Ainsi, le carbone est
aujourd’hui évalué, dans le système
communautaire d’échange de quotas
d’émission (SCEQE) de l’Union européenne, mis en place depuis 2005, aux
alentours de 5 € la tonne. Or ce prix ne
permet pas de rentabiliser économiquement la production d’énergies renouvelables.
Pour éviter les effets déstabilisants
de la production d’électricité renouvelable sur le marché (prix déconnectés des
coûts, bouleversement de l’ordre d’appel
des centrales, chute de la rentabilité des
capacités de pointe, situation de prix
négatifs), la France doit chercher à articuler ses dispositifs de soutien avec les
fluctuations des prix de marché de
l’énergie. Deux instruments, les certifi-

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

Le besoin de choix de long terme
soutenables

17
Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

Le besoin de choix de long terme
soutenables

18

cats verts et les primes additionnelles au
prix du marché, déjà utilisés ailleurs en
Europe, pourraient être envisagés à
condition de faire une évaluation précise
de tous leurs impacts.
L’essor des énergies renouvelables
passe aussi par l’adaptation des modes
de consommation afin d’inciter les
consommateurs à plus de sobriété énergétique. Un nouveau modèle de
consommation doit s’esquisser. La voie
de l’autoconsommation pourrait être
envisagée pour les installations individuelles mais, faute de dispositifs de
stockage performants, elle devrait s’accompagner de systèmes d’effacement
volontaire de la consommation en
période de pointe et d’arrêt ou de limitation de production en période de faible
consommation.
Enfin, compte tenu du coût de leur
adaptation, estimé par ERDF et RTE à
5,5 Md€ à l’horizon 2020, la réflexion
sur l’évolution des réseaux doit être
menée en parallèle au développement
des énergies renouvelables.

Des arbitrages sont
indispensables

En premier lieu, si elle veut pouvoir
jouer un rôle dans la maîtrise industrielle
et commerciale des énergies renouvelables futures, la France ne doit pas sacrifier la recherche, notamment sur les dispositifs de stockage ou les réseaux, aux
économies budgétaires.
En second lieu, afin de préserver les
atouts énergétiques français tout en sou-

tenant le développement des énergies
renouvelables, des arbitrages s’imposent
tant entre les mesures de soutien qu’entre les filières.
La France devrait également adapter
son soutien aux filières en tenant
compte de leur contribution à la production énergétique.
Les dispositifs pourraient également
être adaptés pour assurer leur efficience.
Ainsi, les tarifs d’achat seraient réservés
aux filières matures comme l’éolien terrestre, tandis que les appels d’offres
seraient utilisés pour les filières en retard
dans la réalisation de leurs objectifs de
capacité. La mise en place d’une obligation d’achat aurait pour contrepartie la
révision régulière des tarifs pour tenir
compte de l’évolution des marchés propres à chaque filière. Même si son soutien aux filières géothermie, biogaz et
solaire thermique doit être réévalué, les
capacités du fonds chaleur ne doivent
pas être limitées par les arbitrages budgétaires. Les dispositifs fiscaux doivent
être accompagnés d’évaluations et de
dispositifs de contrôle.
D’autres dispositifs de soutien, dont
l’efficience n’est pas vérifiée, pourraient
être écartés. Le chevauchement des dispositifs de soutien (tarif d’achat et appel
d’offres), pour une même catégorie
d’installations, est à proscrire. Les appels
d’offres lancés pour de grands projets
de cogénération chaleur/électricité à
partir de la biomasse, dont un tiers seulement est finalement mis en service et
qui déséquilibrent les ressources locales
déjà sous tension, doivent être arrêtés.
Le besoin de choix de long terme
soutenables

Source : Cour des comptes

La question du recours au crédit
d’impôt
développement
durable
(CIDD) pour soutenir, auprès des particuliers, l’achat de matériels qui relèvent
de leur confort ou de leur engagement
pour les énergies renouvelables, doit être
posée.

La France doit enfin arbitrer entre le
développement des énergies renouvelables et la protection des paysages ou des
cours d’eau.

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

Graphique n° 2 : part des énergies renouvelables dans la dépense publique et la
production d’énergie

19
– mettre en place un dispositif

centralisé du suivi statistique permettant de donner toute la visibilité
requise pour éclairer les décisions,
notamment en matière de connaissance des coûts de production par
filière, des emplois et des marchés ;
– simplifier le régime juridique
applicable à la production d’énergies
renouvelables (géothermie, éolien terrestre) ;
– mettre en œuvre une planification et une cartographie des énergies
renouvelables en tenant compte des
contraintes de raccordement aux
réseaux électriques ;
– réserver les appels d’offres aux
filières les plus en retard dans la réalisation de leurs objectifs de capacité et
aux installations qui ne bénéficient pas

d’un tarif d’achat fixé par arrêté, afin
d’éviter les effets d’aubaine ;
– organiser un dispositif de
contrôle efficace des installations
bénéficiant d’un soutien public,
notamment dans les filières solaires et
biomasse.
– réserver les moyens de soutien
aux installations les plus efficientes
compte tenu de leur coût, de leur part
dans la production énergétique et de
leur contenu en emplois ;
– redéployer les crédits au sein du
fonds chaleur en faveur des filières les
plus efficientes ;
– revoir le principe du financement par le seul consommateur d’électricité des charges de soutien aux énergies renouvelables électriques, compensées par la CSPE (recommandation
déjà formulée par la Cour en 2011).

Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com
ptes

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  • 1. Synthèse COUR DES COMPTES du Rapport public thématique Juillet 2013 La politique de développement des énergies renouvelables C g Avertissement ette synthèse est destinée à faciliter la lecture et l’utilisation du rapport de la Cour des comptes. Seul le rapport engage la Cour des comptes. Les réponses des administrations et des organismes figurent à la suite du rapport.
  • 2.
  • 3. Sommaire Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 1 Les énergies renouvelables progressent sans atteindre les objectifs fixés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 2 Une conjonction de difficultés . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 3 Le besoin de choix de long terme soutenables . . . . .13 Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 3
  • 4.
  • 5. Introduction L a politique énergétique française est en pleine transition. Historiquement dotée d’une énergie moins carbonée et d’une électricité moins chère que la plupart des autres grandes puissances industrielles, notamment en raison de son parc nucléaire, la France s’est néanmoins fixé des objectifs plus ambitieux que la majorité des pays européens en matière de production d’énergies renouvelables. Cette mise en oeuvre intervient dans une période de profonds bouleversements et d’incertitudes sur les marchés de l’énergie, à la suite de la catastrophe de Fukushima et des réactions qu’elle a suscitées, et du développement, notamment en Amérique du Nord, des hydrocarbures non conventionnels. Aux termes de la directive européenne de 2009, les énergies renouvelables sont produites à partir de sources non fossiles renouvelables. Elles peuvent servir à la production d’électricité et/ou de chaleur (biomasse, biogaz, pompes à chaleur aérothermiques et géothermiques, énergies solaire et géothermique) ou seulement à la production d’électricité (énergies éolienne, hydraulique, marémotrice/houlomotrice, solaire photovoltaïque, etc.). La Cour ayant déjà publié un rapport public thématique sur les biocarburants, ces derniers ont été exclus du champ de l’étude. Seules les énergies renouvelables servant à la production de chaleur et d’électricité sont donc concernées ici. g Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Cette politique est mise en œuvre par un grand nombre d’acteurs publics et privés. La direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), chargé du pilotage général, l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), le Commissariat général au développement durable (CGDD) et la Commission de régulation de l’énergie (CRE), autorité de régulation du marché, en constituent le « noyau dur ». Le paysage des acteurs privés est beaucoup plus fragmenté, particulièrement diversifié et pas toujours structuré. Les grands industriels et producteurs, au premier rang desquels EDF et GDF-Suez, côtoient une multitude de PME/TPE, voire, souvent, de simples particuliers. 5
  • 6.
  • 7. Les énergies renouvelables progressent sans atteindre les objectifs fixés Depuis trente ans, l’Union européenne s’est engagée en faveur du développement des énergies renouvelables afin de réduire les impacts de sa consommation énergétique sur l’environnement, d’accroître son indépendance énergétique mais aussi d’ouvrir de nouvelles perspectives de croissance économique et d’emploi. Avec l’adoption du paquet « énergie - climat » en 2009, les États se sont fixé des objectifs plus élevés et plus contraignants encore. La France s’est également engagée sur cette voie mais avec de fortes particularités par rapport à ses voisins. Les avantages du mix énergétique français La production électrique française est faiblement émettrice de CO2 en raison des productions nucléaire et hydraulique (86,8 % de la production électrique nationale en 2011). Ainsi, la France ne représente que 1,1 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), alors qu’elle contribue pour 5,5 % au PIB mondial. La France se situe également au 9ème rang des 28 États-membres de l’Union européenne pour le prix de l’électricité, et au premier rang par rap- port à ses voisins (Espagne, Italie, Allemagne, Belgique). Les énergies renouvelables sont plus utilisées pour la production de chaleur que d’électricité En 2011, les énergies renouvelables produisent en France de la chaleur pour 59,4 %, et de l’électricité pour 40,6 %. Longtemps moins encouragée au niveau européen et français, la production de chaleur progresse depuis 2005 et constitue le premier usage des ressources renouvelables, devant l’électricité. Elle est essentiellement le résultat de l’exploitation de la biomasse, première source de chaleur renouvelable (87,4 %). La production électrique renouvelable augmente également depuis 2005 mais reste caractérisée par la place prépondérante de l’hydroélectricité, même si l’énergie éolienne progresse régulièrement et si la production photovoltaïque a connu une forte progression à partir de 2009 sans toutefois atteindre un niveau qui la rende significative dans le mix énergétique renouvelable français. Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes 1 Cour des comptes 7
  • 8. Les énergies renouvelables progressent sans atteindre les objectifs fixés Les objectifs sont encore éloignés malgré de véritables progrès Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes La France s’est engagée auprès de la Commission européenne à atteindre 23 % de sa consommation finale brute d’énergie à partir de sources renouvelables à l’horizon 2020. Elle se situe ainsi, derrière l’Irlande, le Danemark et le Royaume-Uni, parmi les quatre Etats 8 des 28 qui auront les efforts les plus importants à accomplir. Ses objectifs ont d’ores et déjà connu un début de réalisation, davantage marqué pour l’électricité que pour la chaleur. En 2011, la France se situait ainsi dans la moyenne des États européens pour la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie et respecte globalement sa trajectoire, dans chacun des segments. Graphique n° 1 : proportion d’énergies renouvelables par secteur en France et objectifs à 2020 Source : Cour des comptes
  • 9. Les énergies renouvelables progressent sans atteindre les objectifs fixés Tableau n° 1 : proportion des énergies renouvelables en 2011 Part d’énergies renouvelables par secteur Réalisations 2011 Chaleur et refroidissement 18 % 16,5 % Electricité 16 % 16,3 % Transport 6,9 % 6,7 % Total 13,5 % 13,1 % Source : CGDD / SoeS Pour autant, les efforts restant à accomplir dans les secteurs de l’électricité et de la chaleur renouvelables entre 2011 et 2020 représentent respectivement six et sept fois ce qui a été réalisé entre 2005 et 2011. Dans ce contexte, les premiers retards enregistrés dès 2011 dans la production d’énergies de sources renouvelables éloignent la perspective d’atteindre les objectifs fixés pour 2020. Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Cibles 2011 9
  • 10.
  • 11. Une conjonction de difficultés Des coûts de production élevés Les coûts de production des énergies renouvelables restent aujourd’hui encore élevés par rapport au prix des autres sources d’énergie. Ils sont, en outre, très variables entre les filières mais aussi au sein même d’une filière, en raison de la grande diversité des paramètres entrant en jeu (niveau de risque, caractéristiques techniques des installations, implantation géographique, etc.). Certaines filières sont encore loin des coûts de production actuels de l’électricité nucléaire (49,5 €/MWh en 2011), notamment le solaire photovoltaïque et thermique, malgré une baisse constante des prix des composants. Pour la production d’électricité, et selon les chiffres de l’ADEME, l’énergie hydraulique est la moins chère (43 €/MWh - 188 €/MWh) tandis que la filière éolienne terrestre apparaît dans une position intermédiaire, avec des coûts compris entre 62 €/MWh et 102 €/MWh. Pour la production de chaleur, les filières biomasse et géothermie présentent, dans certaines conditions, des coûts de production peu élevés (respectivement 56 €/MWh - 223 €/MWh et 50 €/MWh -127 €/MWh). Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes 2 Cour des comptes 11
  • 12. Une conjonction de difficultés Tableau n° 2 : coûts actualisés de production par filière (fourchettes) Filières Solaire thermique Solaire photovoltaïque Solaire thermodynamique Eolien en mer Eolien terrestre Méthanisation Biomasse Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Géothermie 12 Hydroélectricité Source : Cour des comptes - données ADEME Des dispositifs de soutien complexes, instables et à l’efficacité variable L’État met en œuvre des moyens de soutien aux multiples formes, souvent complexes et notamment : - achat par EDF et les entreprises locales de distribution (ELD) de la production à un prix garanti supérieur au prix de marché. L’excédent de coût est pris en charge par la contribution au service public de l’électricité (CSPE), autre- Coûts de production en €/MWh (actualisation 8 %) 195-689 114-547 94-194 87-116 62-102 61-241 56-223 50-127 43-188 ment dit par les consommateurs d’électricité ; - aide fiscale à l’investissement, principalement par le crédit d’impôt développement durable et par la TVA à taux réduit pour les travaux dans les logements de plus de deux ans ; - subventions aux installations de production thermique renouvelable biomasse et réseaux de chaleur, à l’exception des particuliers, par le biais du fonds chaleur géré par l’ADEME ; - co-financement de la recherche et du développement.
  • 13. Une conjonction de difficultés Des obstacles non financiers L’organisation des pouvoirs publics L’État s’est insuffisamment organisé pour assurer la mise en œuvre de la politique. Son expertise des filières industrielles, des emplois et des coûts de production est insuffisante. Il ne procède pas aux évaluations de l’impact socioéconomique de ses décisions si bien que les tarifs de rachat de l’électricité renouvelable ne sont pas toujours bien ajustés. Ses capacités de contrôle sont notablement insuffisantes, alors que des cas de fraudes sont d’ores et déjà avérés. Le cadre juridique L’État a insuffisamment adapté le cadre juridique qui permettrait de mieux associer les collectivités locales à la réalisation de ses objectifs. Les instruments existants - les schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE) et les plans climats énergie territoriaux (PCET) - n’ont pas permis d’atteindre les résultats escomptés. À cela s’ajoutent la multiplicité et la complexité des textes. À titre d’exemple, pour la filière éolienne notamment et en dépit de simplifications récentes, il faut deux fois plus de temps pour implanter un champ d’éoliennes en France qu’en Allemagne. Les problèmes techniques Ils sont de plusieurs natures : - nécessité à terme d’adapter le réseau électrique, fondé actuellement sur un petit nombre de centres de production, à des sources de production beaucoup plus décentralisées ; - gestion de l’intermittence des productions d’électricité éolienne ou solaire, même si aujourd’hui ce point est surmonté ; - absence de méthodes de stockage peu coûteuses d’électricité. Des limites physiques et des conflits d’usage Enfin le développement durable des énergies renouvelables se heurte à des limites physiques (potentiel hydraulique, régime des vents, par exemple) mais aussi à des conflits d’usage pour certaines sources : création de nouvelles centrales hydroélectriques ou respect de la biodiversité par exemple, ou encore concurrence pour l’emploi des ressources forestières. Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Tous ont connu, selon des modalités différentes, des difficultés dans leur application, dues notamment à une trop grande instabilité et parfois à un manque de cohérence du cadre juridique. 13
  • 14.
  • 15. Le besoin de choix de long terme soutenables La réalisation des objectifs fixés pour 2020 et au-delà devrait avoir un coût élevé pour la collectivité. La soutenabilité de la politique sur le long terme suppose donc de rentabiliser la production d’énergies renouvelables par le jeu du marché afin de réduire le soutien public. Cela passe d’abord par une valorisation du coût du carbone au juste prix. Il conviendrait également de cibler les moyens sur les filières et sur les dispositifs de soutien les plus efficaces. Le soutien aux énergies renouvelables a un coût élevé Les dépenses supportées par la collectivité pour le développement des filières d’énergies renouvelables dans la production d’électricité et de chaleur se sont élevées au total à 14,3 Md€ entre 2005 et 2011. La contribution au service public de l’électricité (CSPE), le crédit d’impôt développement durable (CIDD) et la TVA à taux réduit pour les travaux d’amélioration des logements anciens sont les trois mesures les plus coûteuses pour la collectivité. Elles connaissent une augmentation significative depuis 2005, essentiellement en raison de la hausse de la CSPE relative aux énergies renouvelables, mais cette progression apparait encore limitée au regard de celle qui pourrait être enregistrée en 2013. Pour cette seule année, en effet, la CSPE devrait, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), s’élever à 3 Md€, dont 2,1 Md€ pour la filière solaire photovoltaïque. Entre 2012 et 2020 (9 ans), sans bouleversement de la politique menée jusqu’à présent, le volume global de la CSPE liée aux énergies renouvelables pourrait atteindre environ 40,5 Md€, directement supportés par les consommateurs d’électricité, particuliers ou professionnels, contre 3,3 Md€ au total entre 2005 et 2011 (7ans). Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes 3 Cour des comptes 15
  • 16. Le besoin de choix de long terme soutenables Tableau n° 3 : coût total de la politique de soutien aux énergies renouvelables pour la période 2005 à 2011 En Md€ 2005 2007 2011 CSPE 89 323 1464 CIDD 339 1092 659 257 257 257 - - 231 43 80 200 728 1752 2811 TVA taux réduit pour les travaux d’amélioration des logements anciens* Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Fonds chaleur 16 Recherche et développement** Total Source : Cour des comptes *Estimation de la valeur moyenne annuelle sur un total de 1800 M€. ** Hors recherches sur le stockage et programmes transversaux. Les retombées économiques restent insuffisantes Les retombées socio-économiques des mesures engagées ne sont pas encore à la hauteur du coût constaté. Les filières industrielles françaises, insuffisamment structurées, n’ont pas encore acquis de position significative sur le marché mondial. Ainsi, la filière solaire photovoltaïque, déjà largement affaiblie par la concurrence chinoise, a été, en outre, déstabilisée par les à-coups de la politique de soutien. La filière éolienne en mer est très largement dépendante des perspectives du marché en mer du Nord, pour l’instant incertaines. En dépit d’estimations fragiles sur le plan méthodologique (les emplois induits ne sont pas inclus, par exemple), le nombre brut d’emplois directs est
  • 17. passé globalement de 58 460 en 2006 à 83 260 en 2012, après un pic en 2010 à 98 580. La filière solaire photovoltaïque a connu la baisse la plus significative, conséquence de la baisse du soutien de la politique à partir de 2010. Ces estimations restent cependant très en retrait des ambitions exprimées dans le plan d’action national de la France en faveur des énergies renouvelables de 2009 qui évoquait la création de « plusieurs centaines de milliers d’emplois ». En outre, certains impacts de la politique n’ont pas été anticipés, notamment la désorganisation du marché de l’énergie. La montée en puissance des énergies renouvelables, bénéficiant d’une garantie d’achat quel que soit l’équilibre de l’offre et de la demande sur le marché, accentue la volatilité des prix et diminue la rentabilité des centrales thermiques à gaz, pourtant nécessaires à la gestion des pointes de consommation. Des paramètres insuffisamment pris en compte jusqu’à présent Les effets de la politique en faveur du développement des énergies renouvelables ne sauraient être mesurés à la seule échéance de 2020. En effet, dès 2005, la France, à l’instar de l’Union européenne, a considéré son engagement à plus long terme avec, notamment, la division par quatre de ses émis- sions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. En outre, l’ambition de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique à l’horizon 2025, annoncée par le Président de la République à l’issue de la conférence environnementale de septembre 2012, engage nécessairement la France sur plusieurs décennies. La politique énergétique doit donc rester soutenable dans cette perspective. À cette fin, les émission de CO2 doivent pouvoir être valorisées à leur juste valeur, soit par des mécanismes de marché, soit par la fiscalité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. En raison de l’absence d’un marché efficace du carbone, la valorisation du CO2 n’entre pas en compte dans les calculs des coûts de production des différentes sources d’énergie. Ainsi, le carbone est aujourd’hui évalué, dans le système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE) de l’Union européenne, mis en place depuis 2005, aux alentours de 5 € la tonne. Or ce prix ne permet pas de rentabiliser économiquement la production d’énergies renouvelables. Pour éviter les effets déstabilisants de la production d’électricité renouvelable sur le marché (prix déconnectés des coûts, bouleversement de l’ordre d’appel des centrales, chute de la rentabilité des capacités de pointe, situation de prix négatifs), la France doit chercher à articuler ses dispositifs de soutien avec les fluctuations des prix de marché de l’énergie. Deux instruments, les certifi- Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Le besoin de choix de long terme soutenables 17
  • 18. Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Le besoin de choix de long terme soutenables 18 cats verts et les primes additionnelles au prix du marché, déjà utilisés ailleurs en Europe, pourraient être envisagés à condition de faire une évaluation précise de tous leurs impacts. L’essor des énergies renouvelables passe aussi par l’adaptation des modes de consommation afin d’inciter les consommateurs à plus de sobriété énergétique. Un nouveau modèle de consommation doit s’esquisser. La voie de l’autoconsommation pourrait être envisagée pour les installations individuelles mais, faute de dispositifs de stockage performants, elle devrait s’accompagner de systèmes d’effacement volontaire de la consommation en période de pointe et d’arrêt ou de limitation de production en période de faible consommation. Enfin, compte tenu du coût de leur adaptation, estimé par ERDF et RTE à 5,5 Md€ à l’horizon 2020, la réflexion sur l’évolution des réseaux doit être menée en parallèle au développement des énergies renouvelables. Des arbitrages sont indispensables En premier lieu, si elle veut pouvoir jouer un rôle dans la maîtrise industrielle et commerciale des énergies renouvelables futures, la France ne doit pas sacrifier la recherche, notamment sur les dispositifs de stockage ou les réseaux, aux économies budgétaires. En second lieu, afin de préserver les atouts énergétiques français tout en sou- tenant le développement des énergies renouvelables, des arbitrages s’imposent tant entre les mesures de soutien qu’entre les filières. La France devrait également adapter son soutien aux filières en tenant compte de leur contribution à la production énergétique. Les dispositifs pourraient également être adaptés pour assurer leur efficience. Ainsi, les tarifs d’achat seraient réservés aux filières matures comme l’éolien terrestre, tandis que les appels d’offres seraient utilisés pour les filières en retard dans la réalisation de leurs objectifs de capacité. La mise en place d’une obligation d’achat aurait pour contrepartie la révision régulière des tarifs pour tenir compte de l’évolution des marchés propres à chaque filière. Même si son soutien aux filières géothermie, biogaz et solaire thermique doit être réévalué, les capacités du fonds chaleur ne doivent pas être limitées par les arbitrages budgétaires. Les dispositifs fiscaux doivent être accompagnés d’évaluations et de dispositifs de contrôle. D’autres dispositifs de soutien, dont l’efficience n’est pas vérifiée, pourraient être écartés. Le chevauchement des dispositifs de soutien (tarif d’achat et appel d’offres), pour une même catégorie d’installations, est à proscrire. Les appels d’offres lancés pour de grands projets de cogénération chaleur/électricité à partir de la biomasse, dont un tiers seulement est finalement mis en service et qui déséquilibrent les ressources locales déjà sous tension, doivent être arrêtés.
  • 19. Le besoin de choix de long terme soutenables Source : Cour des comptes La question du recours au crédit d’impôt développement durable (CIDD) pour soutenir, auprès des particuliers, l’achat de matériels qui relèvent de leur confort ou de leur engagement pour les énergies renouvelables, doit être posée. La France doit enfin arbitrer entre le développement des énergies renouvelables et la protection des paysages ou des cours d’eau. Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Graphique n° 2 : part des énergies renouvelables dans la dépense publique et la production d’énergie 19
  • 20.
  • 21. – mettre en place un dispositif centralisé du suivi statistique permettant de donner toute la visibilité requise pour éclairer les décisions, notamment en matière de connaissance des coûts de production par filière, des emplois et des marchés ; – simplifier le régime juridique applicable à la production d’énergies renouvelables (géothermie, éolien terrestre) ; – mettre en œuvre une planification et une cartographie des énergies renouvelables en tenant compte des contraintes de raccordement aux réseaux électriques ; – réserver les appels d’offres aux filières les plus en retard dans la réalisation de leurs objectifs de capacité et aux installations qui ne bénéficient pas d’un tarif d’achat fixé par arrêté, afin d’éviter les effets d’aubaine ; – organiser un dispositif de contrôle efficace des installations bénéficiant d’un soutien public, notamment dans les filières solaires et biomasse. – réserver les moyens de soutien aux installations les plus efficientes compte tenu de leur coût, de leur part dans la production énergétique et de leur contenu en emplois ; – redéployer les crédits au sein du fonds chaleur en faveur des filières les plus efficientes ; – revoir le principe du financement par le seul consommateur d’électricité des charges de soutien aux énergies renouvelables électriques, compensées par la CSPE (recommandation déjà formulée par la Cour en 2011). Synthèse du Rapport public thématique de la Cour des com ptes Recommandations 21