Synthèse article Frédéric Lordon "Les taches aveugles de l'autre euro possible"
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Face au désastre de la monnaie unique, il est temps que la gauche française
s’empare du projet de sortie de l’euro
Proposer un parlement de la zone euro pour résoudre la
crise de la monnaie unique est inefficace
A
Une Europe démocratique signifie pouvoir débattre des
politiques publiques, notamment monétaires, ce que
l’Allemagne refuse
B
Cela ne peut se faire avant très longtemps : ceux qui peuvent
attendre sont ceux qui ont les moyens, qui ne souffrent pas de la
situation présente
Le Traité européen interdit ce débat notamment pour les questions
économiques et monétaires
Créer un parlement ne signifie rien s’il n’y a pas de peuple
européen, or il n’y a pas de sentiment d’appartenance commun,
notamment en Allemagne, et cela ne risque pas de changer avant
longtemps
Si on proposait que le parlement de l’euro puisse débattre du statut
de la banque centrale, les règles de déficit et de dette, le régime de
la circulation des capitaux, alors l’Allemagne refuserait ou quitterait
l’euro (« Gerxit ») car cela touche à son identité profonde
L’expérience grecque permet de montrer que la sortie de l’euro est un projet de gauche et qu’il n’y a qu’une alternative : se
soumettre à l’orthodoxie monétaire ou sortir
Une crise humanitaire ne vaut rien face à l’orthodoxie monétaire :
si toute politique progressiste est rendue impossible par l’euro, il
faut en tirer les conséquences et en sortir
L’expérience grecque montre bien que la sortie de l’euro n’est pas
un projet d’extrême droite, puisque c’est l’extrême gauche qui la
porte et que l’extrême droite monte avec la présence des
eurolibéraux
C
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Tsipras montre que changer l’euro de l’intérieur est impossible et il
devra faire face tôt ou tard à l’alternative de se soumettre ou de
sortir
Si le FN arrive au pouvoir, il ne sortira pas de l’euro, car les
détenteurs de capitaux pactiseraient avec lui, comme cela a déjà
été fait dans l’Histoire