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Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz
Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com
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1.0 Mars 1994 Création
1.1 Déc. 2007 Dernière mise à jour
D’Ossétie et d’alentour n°9, Paris, 2001, par V.A. Kouznetsov traduit du russe par Iaroslav
Lebedynsky.
"D’après les informations disponibles, une maison située à Vladikavkaz faisait l’objet en décembre
1992 d’un nettoyage de la cave. Cette maison de briques à deux étages fut probablement
construite à la fin du XIXe siècle. Parmi les détritus ôtés de la cave fut découvert un fragment de
disque en terre cuite, couvert sur une f ace de signes inconnus. L’inventeur anonyme de l’objet le
porta au musée de la République d’Ossétie du Nord
Le disque de Vladikavkaz est fait d’argile pure de couleur marron clair, la marque d’une planche
est visible au revers. la forme discoïdale est attestée par la courbe du bord subsistant, qui permet
de restituer un diamètre de 10 cm. L’épaisseur au centre est de 1,1 cm, le disque s’amincit vers le
bord où il ne mesure plus que 0.5 cm d’épaisseur ; les cassures portent une patine claire et
donnent l’impression d’être anciennes. Le fragment subsistant mesure 5 cm du bord au centre,
5,2 cm le long du bord.
Sur l’endroit, dans l’argile, ont été tracés avant cuisson trois cercles concentriques qui divisent la
surface du disque en quatre champs annulaires. Les champs sont recoupés, par de petits traits
verticaux, en secteurs à l’intérieur desquels ont été tracés de trois à cinq signes. On peut supposer
qu’il s’agit de symboles hiéroglyphiques et que les secteurs correspondent à des mots ou des
groupes de mots. Il ne semble guère douteux que nous avons affaire à une écriture ancienne.
Au premier coup d’œil, il est évident que le plus proche élément de comparaison est offert par le
très célèbre "disque de Phaistos" en Crète. Ce dernier est également partagé en quatre champs
concentriques, recoupé par des trais verticaux en secteurs contenant des signes hiéroglyphiques.
Le disque de Phaistos a été trouvé en 1908 par Arthur Evans lors des fouilles d’un palais, en
compagnie de céramiques du Minoen moyen III et d’une tablette carrée avec une inscription en
Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz
Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com
Linéaire A, datées du XVIIe siècle av. J.-C. Le disque de Phaistos se distingue ainsi du fragment
décrit ici par un diamètre nettement plus important et par l’emploi de matrices pour imprimer les
signes. En outre, l’inscription y occupe les deux faces, alors que le disque de Vladikavkaz n’est
couvert de signes que d’un côté.
Le fragment de Vladikavkaz est si inattendu et surprenant qu’on peut manquer de s’interroger sur
son authenticité ; sa provenance locale est exclue. Ne peut-il s’agir d’un faux, du XIXe siècle par
exemple ? Cette question essentielle devra inéluctablement être examinée. Bien qu’il soit difficile
d’admettre le niveau nécessaire de connaissance de l’écriture créto-minoenne chez les faussaires,
une place subsiste pour le doute.
La similitude avec le disque de Phaistos ne fait aucun doute. Efi Polygiannaki compare les deux et
conclut qu’un même système d’écriture a été employé dans les deux inscriptions, avec cette
différence que celle du disque de Phaistos est "typographique", alors que celle de Vladikavkaz est
"manuscrite".De ce fait, les signes qui se répètent sont écrits avec de légères variantes.
Si le fragment trouvé à Vladikavkaz provient du Caucase septentrional ou de la côte Nord de la
mer Noire (ce que nous ignorons), il peut constituer une preuve réelle de liens directs entre le
monde pontique - notamment ses parties septentrionales et Nord-orientales - et la civilisation
créto-mycénienne. Mais une autre explication, au moins aussi vraisemblable, de sa présence dans
la cave d’une maison d’habitation de Vladikavkaz est possible : un collectionneur ou antiquaire
local a pu vivre là, et l’objet aurait pu lui parvenir par toutes sortes de voies complexes et
d’intermédiaires. Le fragment de disque, objet incompréhensible et inutile, aurait pu ensuite être
jeté parmi les détritus dans la cave, avant de commencer une nouvelle vie en 1992. Cette idée n’a
malheureusement pu être vérifiée."
OSTRACO "GRAMME" DE LA MER NOIRE
Anthropos n°13 : p 298 – 304, 1997, par Efi Polygiannaki traduit du Grec par Périclès Achimastos
Il est évident que cette tablette (voir photo page 299) appartient à un disque en argile, portant en
surface une écriture linéaire hiéroglyphique disposée en cercle ou en spirale. A savoir les signes
d’écriture suivaient des lignes tracées en cercles concentriques ou en spirale. En plus d’autres
lignes perpendiculaires partageaient les caractères en petits groupes.
Les caractéristiques générales ci-dessus de l’objet découvert renvoient immédiatement au disque
en argile bien connu, qui a été trouvé en 1908 dans le vieux palais de Phaistos et qui porte sur les
deux faces une écriture hiéroglyphique.
Alors une étude comparative détaillée de ces deux céramiques portant des inscriptions a mis en
évidence les points importants suivants : Entre les deux inscriptions existent des signes
graphiques semblables, ce qui prouve que le texte de la tablette et celui du disque de Phaistos sont
écrits avec le même système d’écriture, et d’autres signes différents dont on parlera plus loin.
Il est toutefois clair que les signes de la tablette sont tracés à la main, tandis que ceux du disque
de Phaistos sont, comme on le sait, imprimés à l’aide de caractères mobiles, un pour chacun des
signes graphiques. Il s’agit donc d’un manuscrit et d’un texte imprimé du même système
d’écriture. Il apparaît ainsi sur la tablette une écriture cursive aux formes irrégulières et aux
signes qui se répètent écrits différemment. Par contre les signes du disque de Phaistos
apparaissent standardisées et absolument identiques dans la répétition.
Il faut signaler ici que ma longue recherche a prouvé que l’écriture du disque de Phaistos est un
Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz
Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com
système syllabique linéaire de hiéroglyphes (conformément d’ailleurs à l’opinion générale des
scientifiques) d’où provient surtout le Linéaire B. Et aussi que certains caractères du Cypriote ont
comme ancêtres directs les signes de ce système de hiéroglyphes.
A noter que le système du disque de Phaistos est un des systèmes hiéroglyphiques apparentés qui
se sont développés en Crète minoenne et qui ont évolué vers les linéaires A, B et le Cyprominoen
(ancien) d’où provient sans doute le syllabaire Cypriote (récent). Cette recherche a démontré en
particulier, non seulement que le texte du disque de Phaistos est un texte grec, mais aussi que
d’une manière générale derrière les hiéroglyphes crétois se cache la langue grecque, puisque la
valeur phonétique des signes dans leur forme évoluée en linéaire B est l’acronyme (première
syllabe) des mots grecs, qui expriment exactement ce que le pictogramme initial représente. Nous
notons ensuite qu’une écriture syllabique comporte 80-90 caractères syllabiques. (Au moins le
Linéaire B et le Cypriote qui exprimaient le grec comportaient autant, ainsi que le Linéaire A pour
lequel des indices sérieux existent qu’il exprimait aussi le grec). Ainsi les 44 signes syllabiques qui
ont été utilisés pour les besoins phonétiques du texte concret du disque de Phaistos sont environ
la moitié de l’ensemble de 80 - 90 que son système d’écriture syllabique disposait.
Cette nouvelle découverte, puisqu’elle a non seulement de signes communs avec l’écriture du
disque de Phaistos mais aussi de différents, nous donne la possibilité de compléter par quelques
autres les 44 symboles connus de ce système hiéroglyphique. (Une hache en bronze de
Arkalochori en Crète, qui porte une inscription du même système, nous donne six autres signes.
Espérons que d’autres découvertes analogues verront le jour, ce qui donnera la possibilité de
compléter tout le syllabaire de ce système). D’un autre coté l’existence sur la tablette de signes
non communs démontre que les deux textes comportent de mots différents, il s’agit par
conséquent d’un texte de contenu différent de celui du disque de Phaistos.
Il existe malgré tout un groupe de signes identiques entre deux lignes perpendiculaires,
constituant bien sûr un mot séparé, qui se présente aussi sur le disque de Phaistos. Cela signifie
sans aucun doute que les deux textes sont écrits dans la même langue. Cette langue est, comme je
le soutiens, le grec. Par conséquent le disque de Caucase portait aussi un texte grec.
Un fait très important pour les inscriptions minoennes est que certains des symboles de la tablette
sont compris parmi les 135 symboles hiéroglyphiques répertories par Evans en Crète et que
d’autres appartiennent au syllabaire des Linéaires A et B. En ce qui concerne l’origine de l’écriture
de la céramique de Caucase, tout conduit, sinon en Crète même, sûrement à la plus vaste région
égéenne, où ces écritures ont été créées et elles ont évolué connaissant une large diffusion.
Concernant enfin la datation de cette importante et inattendue découverte, mon opinion est
qu’elle ne doit pas être plus récente que 1700 avant JC, époque où se situent chronologiquement
le disque de Phaistos et la hache en bronze de Arkalochori, parce que, comme on le sait, les
hiéroglyphes crétois cessent d’être utilisés après le 17e siècle avant JC, même pour des textes
sacrés ou importants, comme il arrivait jusqu’à cette date, bien que les écritures linéaires soient
d’usage. Les systèmes hiéroglyphiques sont oubliés et les écritures linéaires, répandues sur les
deux rives de la Mer Egée, la Grèce continentale, les îles ioniennes et Chypre s’imposent, comme
beaucoup plus évoluées et faciles à utiliser. Néanmoins nous ne pouvons pas exclure que le disque
de Caucase, comme d’ailleurs celui de Phaistos, soit beaucoup plus ancien.
De toute manière la grande ressemblance des deux objets montre qu’il s’agit de créations de la
même époque, où au moins pas très éloignées dans le temps et aussi de créations liées par des
coutumes, de convictions religieuses et de langue communes.
Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz
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Fragment Disque de Phaistos
Voici le mot commun à la tablette et au disque de Phaistos. Il semble que, conformément aux
usages religieux de l’époque (le texte de la tablette doit être analogue à celui du disque de
Phaistos), le croyant donnait son identité en une langue rituelle stylisée. C’est à dire, qui était, où
était-il né, etc. parce que le mot commun ci-dessus (conformément à mon étude "Le disque de
Phaistos parle en grec", Efi Polygiannaki, Athènes 1996) est le mot e-phy-ke (phyô) = il est né.
Bibliographie :
 Efi Polygiannaki : Le disque de Phaistos parle en grec (Athènes 1996)
 J.Chadwick : Linéaire B et écritures apparentées (Athènes 1992)
 A Evans : Skripta Minoa.
Recherches
J’ai mené ma petite enquète pour en savoir plus sur ce fragment. L’association ossète en France
(que je remercie au passage) m’a mis en relation avec le professeur Kouznetsov qui a publié un
article sur l’objet. Dans la lettre qu’il m’a envoyé et que j’ai placé dans la base documentaire, il
m’explique que le fragment appartient à la propriété privée, qu’il l’a tenu dans la main, l’a vue de
ses propres yeux mais qu’il a "disparu" et qu’il ne dispose plus que d’une photo...
Ainsi nous n’avons pour étudier ce fragment qu’une photographie et nous savons que le disque a
été apporté au musée par un inventeur anonyme qui l’aurait découvert dans une cave de sa
maison de vladikavkaz parmi d’autres objets. C’est peu, vraiment peu,...
Beaucoup de personnes ont été sceptiques sur l’authenticité de ce fragment, de part les
circonstances de sa découvertes et de sa soudaine disparition,...
Je les rejoins finalement après une observation plus attentive de cette photo, car un détail me
dérange beaucoup,... Le couple (signe 02 ; signe 12) est souvent représenté sur le disque de
phaistos et il apparait deux fois en superposition sur la face A. Comme l’explique Yves Duhoux, la
Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz
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superposition du couple en A4 / A5 est due à une correction, le scribe a du les disposer de cette
façon par manque de place. En A29, le scribe a suivi le diviseur et non la spirale comme dans le
reste du disque après evaluation de la place qu’il lui restait et parce que la trop grande hauteur du
groupe le permettait.
Le fragment de Vladikavkaz lui est aéré, le gain de place n’a pas été le souci premier de l’auteur.
On remarque que l’objet reprend souvent très fidèlement les combinaisons de pictogrammes de la
face A du disque de phaistos. Ce qui me frappe c’est la presence de superpositions alors que
l’espace n’est pas un souci, il y en 3 en tout. J’ai beaucoup de mal à m’expliquer cette
configuration autrement que par la volonté de l’auteur du fragment de restituer ce qu’il a vu en
A29.
Affaire à suivre,...
Reconstitution des signes du fragment de Vladikavkaz
Face A du disque de Phaistos
Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz
Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com
9 Décembre 2007
Romain Vaissermann, professeur de grec en CPGE m’a envoyé de nouveaux éléments via le
forum :
Il s’agit d’un article (traduit en français, un grand merci) paru sur ossetia.ru, le voici :
« On a dérobé à Vladikavkaz un disque semblable au disque de Phaistos »
La Pravda des Komsomols
22 septembre 2006 http://www.ossetia.ru/events/festsky-disk
À Saint-Pétersbourg continue l’enquête sur une fameuse affaire criminelle : le vol de 221 objets
d’art perpétré au musée de l’Ermitage. Dans notre numéro du 10 août 2006, nous évoquions les
nombreux cas récents de pillage, par des archéologues « sauvages », de tombeaux anciens sur le
territoire de l’Ossétie du Nord. Pour poursuivre ce thème, nous vous parlerons aujourd’hui d’une
découverte avortée de dimension internationale, mise à mal par des trafiquants avides d’objets
archéologiques ayant établi à Vladikavkaz leur quartier d’affaires.
La trouvaille du siècle venait de la maison Boulgakov
En 1908, l’archéologue anglais Artur Evans travaillait en Crète, raconte Vladimir Kouznetsov,
docteur en histoire, professeur, Chevalier des sciences d’Ossétie du Nord et de Russie,
collaborateur en chef de l’Institut des recherches humaines et sociales d’Ossétie du Nord (le
SOIGSI). Il mettait au jour un grand palais de la civilisation minoenne (fin du IIIe et début du IIe
millénaire avant J.-C.) quand, lors des fouilles apparut un disque d’un diamètre de 16 centimètres
recouvert sur ses deux faces d’une écriture mystérieuse, de signes cunéiformes incompréhensibles.
Le disque de Phaïstos (DP) fit sensation dans le landerneau scientifique ; il était manifeste que
personne ne soupçonnait l’existence d’une écriture si ancienne. En Mésopotamie, on connaissait
un système de signes encore antérieur, mais que bien plus à l’ouest, au centre de la Méditerranée,
apparaisse une civilisation possédant l’écriture, c’était une découverte étonnante. Le DP entra
dans tous les manuels d’archéologie et d’histoire, aussitôt connu, et il resta unique jusqu’en 1998.
J’arrivais à Vladikavkaz venant de Minéralniyé Vody. Mon maître et collègue Vitaliy Tménov, lui
aussi docteur en histoire, me montre ici au SOIGSI un tesson de céramique. En une argile grise
étaient gravés certains signes disposés en rond. Je demande : d’où cela vient-il ? Le fragment avait
été apporté par un employé du Musée d’histoire, d’architecture et de littérature (le SOGOMIAL),
Elbrouz Tcherdjiev. Il avait porté le morceau pour expertise en demandant ce que c’était. Je dis à
Tménov : « Le disque ressemble à celui de Phaïstos, il faut s’en occuper. » Vitaliy s’étonne :
« Comment donc un tesson a-t-il pu venir de Crète jusqu’à Vladikavkaz ? » Et il me raconta alors
l’histoire de l’invention du disque de Vladikavkaz (DV).
Tcherdjiev dit que c’est un garçon qui avait pris le tesson au milieu de détritus, dans la vieille
maison de Michel Athanasiévitch Boulgakov, avant de l’apporter au musée. Je commençais à
étudier le DV, en le photographiant, en envoyant un courrier en Grèce à mon ami Aris Poulianos
(nous avions préparé ensemble notre thèse à Moscou). Au bout de six mois je reçus un paquet
consistant. C’était la revue Anthropos (L’Homme), regroupant divers articles scientifiques parmi
lesquels se trouvait publiée une contribution d’Efi Polygiannaki, spécialiste des écritures créto-
mycéniennes : son titre était « Fragment d’une lettre venue de Mer Noire ». Efi y écrivait : « La
découverte faite dans le Caucase est indubitablement authentique. L’inscription, même si elle
n’appartient pas à la Crète, se rattache bien au bassin de la mer Égée, où cette “écriture a connu
un développement naturel et une large expansion. La datation qu’on peut en faire nous ramène
aux XVIIIe ou XVIIe siècles avant J.-C. Le fragment de céramique décrit, trouvé dans le Caucase
d’après le témoignage de V. Kouznetsov, est identique de par ses principales caractéristiques au
fameux disque d’argile de Phaïstos en Crète. Il importe beaucoup de remarquer que dans les
Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz
Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com
inscriptions des deux disques a été utilisée le même système hiéroglyphique. Les deux lettres ont
un contenu différent mais leur langue est indubitablement la même. L’âge du fragment de
céramique peut être calculé d’après les méthodes archéométriques. »
La mystérieuse disparition du DV
– J’ai pris sur moi d’envoyer l’article suivant sur le DV à Paris, continue Vladimir Alexandrovitch
Kouznetsov, où le publia la revue de la diaspora ossète D’Ossétie et d’alentour. J’ai correspondu
avec le chercheur français Philippe Plagnol. Le document relatif au disque semblable au DP a
aussi paru dans la revue de Rostov Archéologie du Don. Les coups de fil pleuvaient du Canada, de
France, de diverses villes de Russie. Le monde scientifique s’intéressait à notre DV. Il devint
manifeste que les archéologues prenaient conscience de l’importance de l’événement : un seul DP
était connu jusqu’alors, et l’on venait de trouver un disque semblable ! Mais les chercheurs ne
savaient pas encore qu’en 2001 le DV avait disparu sans laisser de traces. Quand j’eus besoin de
revoir notre fragment de disque, je revins au Musée. Tménov avait dit à Tcherdjiev que ce
morceau d’argile valait plus que de l’or, que c’était l’objet le plus précieux exposé par le
SOGOMIAL. Le collaborateur du Musée était introuvable, de même que l’objet lui-même ! Voilà
ce que j’écrivis à Plagnol en octobre 2002 : « Je suis resté longtemps sans donner de nouvelles,
parce que je tentais de trouver le morceau qui vous intéresse, porteur d’une écriture
hiéroglyphique et découvert à Vladikavkaz. À mon grand regret, notre fragment n’est pas entré
dans les collections du Musée et a été acquis par des particuliers, après quoi ses traces se perdent.
Je me suis adressé à plusieurs reprises au SOGOMIAL mais son directeur Héléna Gaboïéva
affirme que le tesson n’a jamais été exposé par le Musée. J’ai même eu de la chance de le tenir
dans mes mains, de le décrire et de le photographier. Il aurait autrement disparu pour la science.
Le propriétaire du disque ne connaissait pas sa valeur scientifique et maintenant qu’il la connaît,
le DV est à coup sûr devenu pour lui un objet de profit, vendu depuis longtemps en quelque vente
aux enchères, en Europe ou en Amérique. » J’exigeai que l’on mène une enquête administrative
sur la disparition du DV. Le formulaire la motivant resta sur la table du directeur du Musée,
Héléna Gaboïéva, qui n’essaya pas même d’y répondre. Auparavant, elle éludait du moins la
question : « Le disque n’a pas été inventorié. » Je compris qu’il était inutile d’importuner les
employés du Musée. Cette même année 2002, se produisit un rebondissement non sans intérêt.
Je marchais dans un couloir du SOIGSI quand je rencontrai un certain Nazim Guidjrati (sous-
directeur de l’Institut d’histoire et d’archéologie de l’Université d’État d’Ossétie du Nord) qui me
dit : « Vladimir Alexandrovitch, vous faites tout un esclandre au sujet de ce malheureux morceau
de disque. Pourquoi tout ce bruit ? Le fait est que c’est moi qui l’ai modelé (Guidjrati vivait alors à
Bakou). Je me suis retrouvé face à la mer Caspienne et m’est venue cette idée fantaisiste. »
Comment cela ? Guidjrati aurait donc dû connaître l’alphabet créto-mycénien, que personne sur
terre ne comprend. Mettons qu’il ait vu le DP et qu’il ait transposé les signes sur son disque, en les
copiant. Polygiannaki écrit néanmoins que le DV possède des signes qui n’apparaissent pas sur le
DP. J’ai de plus tenu le DV dans les mains, et il m’a donné une impression d’antiquité : les bords
patinés ne se rencontrent que dans une céramique qui est longtemps restée enterrée. Pourquoi
alors Nazim aurait-il menti ? Peut-être quelqu’un lui a-t-il ordonné : « Va parler à Kouznetsov,
qu’il se taise enfin. » Personne n’a recherché le DV après sa disparition. Pourquoi donc ? J’ai
compris qu’à Vladikavkaz existe une mafia exerçant dans le domaine archéologique et fournissant
un marché international. Notre morceau vendu à Londres dans une vente aux enchères d’objets
antiques pouvait tout à fait atteindre un million de dollars ! En Amérique se trouvent aussi de
riches musées. Tant d’argent pour un bout d’argile ! Apparemment, il avait servi à construire une
villa. Je ne peux pas le prouver, mais mes déductions n’ont-elles pas été confirmées quand
Tménov eut peu après un accident de voiture, où mourut le dernier témoin honnête de cette
histoire ? Bien que des articles et des photographies du DV aient été publiés en Grèce, en France
et en Russie, tout s’arrêta net.
Mystique pas morte
Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz
Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com
On a depuis longtemps remarqué que les productions humaines les plus précieuses et anciennes
ont un attrait mystérieux et n’apportent à leurs propriétaires que des avanies. Le comte Orlov
acheta à Amsterdam lors d’un vente un collier de diamants pour 400 000 roubles-or, somme
alors fantastique. Le favori offrit la parure hors de prix à l’impératrice Catherine II et tomba
aussitôt en disgrâce, étant même expulsé de Saint-Pétersbourg. Tous ceux qui ont eu entre les
mains le DV semblable à celui de Phaïstos en ont payé cher le prix. Elbrouz Tcherdjiev, qui avait
présenté l’innocent tesson pour expertise, disparut sans laisser de traces. Il est vraisemblable que
l’homme-clef de toute cette histoire énigmatique est enterré quelque part depuis longtemps.
Vitaliy Tménov, ce chercheur dont le bureau conserva longtemps le fragment unique, est mort
incarcéré dans son automobile. Vladimir Kouznetsov enfin, avec qui le correspondant de La
Pravda des Komsomols s’était entretenu le 11 septembre 2006, a eu quelques jours après sa
consultation une attaque et depuis lors la main droite de l’archéologue pend inerte… Malgré la
disparition clairement criminelle du DV et sa perte manifeste pour la science, son histoire me
semble fort instructive. Elle illustre en quelque sorte une loi qu’il nous est utile d’observer : il vaut
mieux ne pas avoir affaire à un trésor légendaire mais le contempler à travers la vitrine d’un
musée – et prière de ne pas toucher !
La Pravda des Komsomols
Ce dernier article ne peut que laisser très sceptique quant à l’authenticité du disque,...

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Le Disque de Phaistos - Disque Vladikavkaz

  • 1. Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com Version Date Commentaires 1.0 Mars 1994 Création 1.1 Déc. 2007 Dernière mise à jour D’Ossétie et d’alentour n°9, Paris, 2001, par V.A. Kouznetsov traduit du russe par Iaroslav Lebedynsky. "D’après les informations disponibles, une maison située à Vladikavkaz faisait l’objet en décembre 1992 d’un nettoyage de la cave. Cette maison de briques à deux étages fut probablement construite à la fin du XIXe siècle. Parmi les détritus ôtés de la cave fut découvert un fragment de disque en terre cuite, couvert sur une f ace de signes inconnus. L’inventeur anonyme de l’objet le porta au musée de la République d’Ossétie du Nord Le disque de Vladikavkaz est fait d’argile pure de couleur marron clair, la marque d’une planche est visible au revers. la forme discoïdale est attestée par la courbe du bord subsistant, qui permet de restituer un diamètre de 10 cm. L’épaisseur au centre est de 1,1 cm, le disque s’amincit vers le bord où il ne mesure plus que 0.5 cm d’épaisseur ; les cassures portent une patine claire et donnent l’impression d’être anciennes. Le fragment subsistant mesure 5 cm du bord au centre, 5,2 cm le long du bord. Sur l’endroit, dans l’argile, ont été tracés avant cuisson trois cercles concentriques qui divisent la surface du disque en quatre champs annulaires. Les champs sont recoupés, par de petits traits verticaux, en secteurs à l’intérieur desquels ont été tracés de trois à cinq signes. On peut supposer qu’il s’agit de symboles hiéroglyphiques et que les secteurs correspondent à des mots ou des groupes de mots. Il ne semble guère douteux que nous avons affaire à une écriture ancienne. Au premier coup d’œil, il est évident que le plus proche élément de comparaison est offert par le très célèbre "disque de Phaistos" en Crète. Ce dernier est également partagé en quatre champs concentriques, recoupé par des trais verticaux en secteurs contenant des signes hiéroglyphiques. Le disque de Phaistos a été trouvé en 1908 par Arthur Evans lors des fouilles d’un palais, en compagnie de céramiques du Minoen moyen III et d’une tablette carrée avec une inscription en
  • 2. Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com Linéaire A, datées du XVIIe siècle av. J.-C. Le disque de Phaistos se distingue ainsi du fragment décrit ici par un diamètre nettement plus important et par l’emploi de matrices pour imprimer les signes. En outre, l’inscription y occupe les deux faces, alors que le disque de Vladikavkaz n’est couvert de signes que d’un côté. Le fragment de Vladikavkaz est si inattendu et surprenant qu’on peut manquer de s’interroger sur son authenticité ; sa provenance locale est exclue. Ne peut-il s’agir d’un faux, du XIXe siècle par exemple ? Cette question essentielle devra inéluctablement être examinée. Bien qu’il soit difficile d’admettre le niveau nécessaire de connaissance de l’écriture créto-minoenne chez les faussaires, une place subsiste pour le doute. La similitude avec le disque de Phaistos ne fait aucun doute. Efi Polygiannaki compare les deux et conclut qu’un même système d’écriture a été employé dans les deux inscriptions, avec cette différence que celle du disque de Phaistos est "typographique", alors que celle de Vladikavkaz est "manuscrite".De ce fait, les signes qui se répètent sont écrits avec de légères variantes. Si le fragment trouvé à Vladikavkaz provient du Caucase septentrional ou de la côte Nord de la mer Noire (ce que nous ignorons), il peut constituer une preuve réelle de liens directs entre le monde pontique - notamment ses parties septentrionales et Nord-orientales - et la civilisation créto-mycénienne. Mais une autre explication, au moins aussi vraisemblable, de sa présence dans la cave d’une maison d’habitation de Vladikavkaz est possible : un collectionneur ou antiquaire local a pu vivre là, et l’objet aurait pu lui parvenir par toutes sortes de voies complexes et d’intermédiaires. Le fragment de disque, objet incompréhensible et inutile, aurait pu ensuite être jeté parmi les détritus dans la cave, avant de commencer une nouvelle vie en 1992. Cette idée n’a malheureusement pu être vérifiée." OSTRACO "GRAMME" DE LA MER NOIRE Anthropos n°13 : p 298 – 304, 1997, par Efi Polygiannaki traduit du Grec par Périclès Achimastos Il est évident que cette tablette (voir photo page 299) appartient à un disque en argile, portant en surface une écriture linéaire hiéroglyphique disposée en cercle ou en spirale. A savoir les signes d’écriture suivaient des lignes tracées en cercles concentriques ou en spirale. En plus d’autres lignes perpendiculaires partageaient les caractères en petits groupes. Les caractéristiques générales ci-dessus de l’objet découvert renvoient immédiatement au disque en argile bien connu, qui a été trouvé en 1908 dans le vieux palais de Phaistos et qui porte sur les deux faces une écriture hiéroglyphique. Alors une étude comparative détaillée de ces deux céramiques portant des inscriptions a mis en évidence les points importants suivants : Entre les deux inscriptions existent des signes graphiques semblables, ce qui prouve que le texte de la tablette et celui du disque de Phaistos sont écrits avec le même système d’écriture, et d’autres signes différents dont on parlera plus loin. Il est toutefois clair que les signes de la tablette sont tracés à la main, tandis que ceux du disque de Phaistos sont, comme on le sait, imprimés à l’aide de caractères mobiles, un pour chacun des signes graphiques. Il s’agit donc d’un manuscrit et d’un texte imprimé du même système d’écriture. Il apparaît ainsi sur la tablette une écriture cursive aux formes irrégulières et aux signes qui se répètent écrits différemment. Par contre les signes du disque de Phaistos apparaissent standardisées et absolument identiques dans la répétition. Il faut signaler ici que ma longue recherche a prouvé que l’écriture du disque de Phaistos est un
  • 3. Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com système syllabique linéaire de hiéroglyphes (conformément d’ailleurs à l’opinion générale des scientifiques) d’où provient surtout le Linéaire B. Et aussi que certains caractères du Cypriote ont comme ancêtres directs les signes de ce système de hiéroglyphes. A noter que le système du disque de Phaistos est un des systèmes hiéroglyphiques apparentés qui se sont développés en Crète minoenne et qui ont évolué vers les linéaires A, B et le Cyprominoen (ancien) d’où provient sans doute le syllabaire Cypriote (récent). Cette recherche a démontré en particulier, non seulement que le texte du disque de Phaistos est un texte grec, mais aussi que d’une manière générale derrière les hiéroglyphes crétois se cache la langue grecque, puisque la valeur phonétique des signes dans leur forme évoluée en linéaire B est l’acronyme (première syllabe) des mots grecs, qui expriment exactement ce que le pictogramme initial représente. Nous notons ensuite qu’une écriture syllabique comporte 80-90 caractères syllabiques. (Au moins le Linéaire B et le Cypriote qui exprimaient le grec comportaient autant, ainsi que le Linéaire A pour lequel des indices sérieux existent qu’il exprimait aussi le grec). Ainsi les 44 signes syllabiques qui ont été utilisés pour les besoins phonétiques du texte concret du disque de Phaistos sont environ la moitié de l’ensemble de 80 - 90 que son système d’écriture syllabique disposait. Cette nouvelle découverte, puisqu’elle a non seulement de signes communs avec l’écriture du disque de Phaistos mais aussi de différents, nous donne la possibilité de compléter par quelques autres les 44 symboles connus de ce système hiéroglyphique. (Une hache en bronze de Arkalochori en Crète, qui porte une inscription du même système, nous donne six autres signes. Espérons que d’autres découvertes analogues verront le jour, ce qui donnera la possibilité de compléter tout le syllabaire de ce système). D’un autre coté l’existence sur la tablette de signes non communs démontre que les deux textes comportent de mots différents, il s’agit par conséquent d’un texte de contenu différent de celui du disque de Phaistos. Il existe malgré tout un groupe de signes identiques entre deux lignes perpendiculaires, constituant bien sûr un mot séparé, qui se présente aussi sur le disque de Phaistos. Cela signifie sans aucun doute que les deux textes sont écrits dans la même langue. Cette langue est, comme je le soutiens, le grec. Par conséquent le disque de Caucase portait aussi un texte grec. Un fait très important pour les inscriptions minoennes est que certains des symboles de la tablette sont compris parmi les 135 symboles hiéroglyphiques répertories par Evans en Crète et que d’autres appartiennent au syllabaire des Linéaires A et B. En ce qui concerne l’origine de l’écriture de la céramique de Caucase, tout conduit, sinon en Crète même, sûrement à la plus vaste région égéenne, où ces écritures ont été créées et elles ont évolué connaissant une large diffusion. Concernant enfin la datation de cette importante et inattendue découverte, mon opinion est qu’elle ne doit pas être plus récente que 1700 avant JC, époque où se situent chronologiquement le disque de Phaistos et la hache en bronze de Arkalochori, parce que, comme on le sait, les hiéroglyphes crétois cessent d’être utilisés après le 17e siècle avant JC, même pour des textes sacrés ou importants, comme il arrivait jusqu’à cette date, bien que les écritures linéaires soient d’usage. Les systèmes hiéroglyphiques sont oubliés et les écritures linéaires, répandues sur les deux rives de la Mer Egée, la Grèce continentale, les îles ioniennes et Chypre s’imposent, comme beaucoup plus évoluées et faciles à utiliser. Néanmoins nous ne pouvons pas exclure que le disque de Caucase, comme d’ailleurs celui de Phaistos, soit beaucoup plus ancien. De toute manière la grande ressemblance des deux objets montre qu’il s’agit de créations de la même époque, où au moins pas très éloignées dans le temps et aussi de créations liées par des coutumes, de convictions religieuses et de langue communes.
  • 4. Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com Fragment Disque de Phaistos Voici le mot commun à la tablette et au disque de Phaistos. Il semble que, conformément aux usages religieux de l’époque (le texte de la tablette doit être analogue à celui du disque de Phaistos), le croyant donnait son identité en une langue rituelle stylisée. C’est à dire, qui était, où était-il né, etc. parce que le mot commun ci-dessus (conformément à mon étude "Le disque de Phaistos parle en grec", Efi Polygiannaki, Athènes 1996) est le mot e-phy-ke (phyô) = il est né. Bibliographie :  Efi Polygiannaki : Le disque de Phaistos parle en grec (Athènes 1996)  J.Chadwick : Linéaire B et écritures apparentées (Athènes 1992)  A Evans : Skripta Minoa. Recherches J’ai mené ma petite enquète pour en savoir plus sur ce fragment. L’association ossète en France (que je remercie au passage) m’a mis en relation avec le professeur Kouznetsov qui a publié un article sur l’objet. Dans la lettre qu’il m’a envoyé et que j’ai placé dans la base documentaire, il m’explique que le fragment appartient à la propriété privée, qu’il l’a tenu dans la main, l’a vue de ses propres yeux mais qu’il a "disparu" et qu’il ne dispose plus que d’une photo... Ainsi nous n’avons pour étudier ce fragment qu’une photographie et nous savons que le disque a été apporté au musée par un inventeur anonyme qui l’aurait découvert dans une cave de sa maison de vladikavkaz parmi d’autres objets. C’est peu, vraiment peu,... Beaucoup de personnes ont été sceptiques sur l’authenticité de ce fragment, de part les circonstances de sa découvertes et de sa soudaine disparition,... Je les rejoins finalement après une observation plus attentive de cette photo, car un détail me dérange beaucoup,... Le couple (signe 02 ; signe 12) est souvent représenté sur le disque de phaistos et il apparait deux fois en superposition sur la face A. Comme l’explique Yves Duhoux, la
  • 5. Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com superposition du couple en A4 / A5 est due à une correction, le scribe a du les disposer de cette façon par manque de place. En A29, le scribe a suivi le diviseur et non la spirale comme dans le reste du disque après evaluation de la place qu’il lui restait et parce que la trop grande hauteur du groupe le permettait. Le fragment de Vladikavkaz lui est aéré, le gain de place n’a pas été le souci premier de l’auteur. On remarque que l’objet reprend souvent très fidèlement les combinaisons de pictogrammes de la face A du disque de phaistos. Ce qui me frappe c’est la presence de superpositions alors que l’espace n’est pas un souci, il y en 3 en tout. J’ai beaucoup de mal à m’expliquer cette configuration autrement que par la volonté de l’auteur du fragment de restituer ce qu’il a vu en A29. Affaire à suivre,... Reconstitution des signes du fragment de Vladikavkaz Face A du disque de Phaistos
  • 6. Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com 9 Décembre 2007 Romain Vaissermann, professeur de grec en CPGE m’a envoyé de nouveaux éléments via le forum : Il s’agit d’un article (traduit en français, un grand merci) paru sur ossetia.ru, le voici : « On a dérobé à Vladikavkaz un disque semblable au disque de Phaistos » La Pravda des Komsomols 22 septembre 2006 http://www.ossetia.ru/events/festsky-disk À Saint-Pétersbourg continue l’enquête sur une fameuse affaire criminelle : le vol de 221 objets d’art perpétré au musée de l’Ermitage. Dans notre numéro du 10 août 2006, nous évoquions les nombreux cas récents de pillage, par des archéologues « sauvages », de tombeaux anciens sur le territoire de l’Ossétie du Nord. Pour poursuivre ce thème, nous vous parlerons aujourd’hui d’une découverte avortée de dimension internationale, mise à mal par des trafiquants avides d’objets archéologiques ayant établi à Vladikavkaz leur quartier d’affaires. La trouvaille du siècle venait de la maison Boulgakov En 1908, l’archéologue anglais Artur Evans travaillait en Crète, raconte Vladimir Kouznetsov, docteur en histoire, professeur, Chevalier des sciences d’Ossétie du Nord et de Russie, collaborateur en chef de l’Institut des recherches humaines et sociales d’Ossétie du Nord (le SOIGSI). Il mettait au jour un grand palais de la civilisation minoenne (fin du IIIe et début du IIe millénaire avant J.-C.) quand, lors des fouilles apparut un disque d’un diamètre de 16 centimètres recouvert sur ses deux faces d’une écriture mystérieuse, de signes cunéiformes incompréhensibles. Le disque de Phaïstos (DP) fit sensation dans le landerneau scientifique ; il était manifeste que personne ne soupçonnait l’existence d’une écriture si ancienne. En Mésopotamie, on connaissait un système de signes encore antérieur, mais que bien plus à l’ouest, au centre de la Méditerranée, apparaisse une civilisation possédant l’écriture, c’était une découverte étonnante. Le DP entra dans tous les manuels d’archéologie et d’histoire, aussitôt connu, et il resta unique jusqu’en 1998. J’arrivais à Vladikavkaz venant de Minéralniyé Vody. Mon maître et collègue Vitaliy Tménov, lui aussi docteur en histoire, me montre ici au SOIGSI un tesson de céramique. En une argile grise étaient gravés certains signes disposés en rond. Je demande : d’où cela vient-il ? Le fragment avait été apporté par un employé du Musée d’histoire, d’architecture et de littérature (le SOGOMIAL), Elbrouz Tcherdjiev. Il avait porté le morceau pour expertise en demandant ce que c’était. Je dis à Tménov : « Le disque ressemble à celui de Phaïstos, il faut s’en occuper. » Vitaliy s’étonne : « Comment donc un tesson a-t-il pu venir de Crète jusqu’à Vladikavkaz ? » Et il me raconta alors l’histoire de l’invention du disque de Vladikavkaz (DV). Tcherdjiev dit que c’est un garçon qui avait pris le tesson au milieu de détritus, dans la vieille maison de Michel Athanasiévitch Boulgakov, avant de l’apporter au musée. Je commençais à étudier le DV, en le photographiant, en envoyant un courrier en Grèce à mon ami Aris Poulianos (nous avions préparé ensemble notre thèse à Moscou). Au bout de six mois je reçus un paquet consistant. C’était la revue Anthropos (L’Homme), regroupant divers articles scientifiques parmi lesquels se trouvait publiée une contribution d’Efi Polygiannaki, spécialiste des écritures créto- mycéniennes : son titre était « Fragment d’une lettre venue de Mer Noire ». Efi y écrivait : « La découverte faite dans le Caucase est indubitablement authentique. L’inscription, même si elle n’appartient pas à la Crète, se rattache bien au bassin de la mer Égée, où cette “écriture a connu un développement naturel et une large expansion. La datation qu’on peut en faire nous ramène aux XVIIIe ou XVIIe siècles avant J.-C. Le fragment de céramique décrit, trouvé dans le Caucase d’après le témoignage de V. Kouznetsov, est identique de par ses principales caractéristiques au fameux disque d’argile de Phaïstos en Crète. Il importe beaucoup de remarquer que dans les
  • 7. Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com inscriptions des deux disques a été utilisée le même système hiéroglyphique. Les deux lettres ont un contenu différent mais leur langue est indubitablement la même. L’âge du fragment de céramique peut être calculé d’après les méthodes archéométriques. » La mystérieuse disparition du DV – J’ai pris sur moi d’envoyer l’article suivant sur le DV à Paris, continue Vladimir Alexandrovitch Kouznetsov, où le publia la revue de la diaspora ossète D’Ossétie et d’alentour. J’ai correspondu avec le chercheur français Philippe Plagnol. Le document relatif au disque semblable au DP a aussi paru dans la revue de Rostov Archéologie du Don. Les coups de fil pleuvaient du Canada, de France, de diverses villes de Russie. Le monde scientifique s’intéressait à notre DV. Il devint manifeste que les archéologues prenaient conscience de l’importance de l’événement : un seul DP était connu jusqu’alors, et l’on venait de trouver un disque semblable ! Mais les chercheurs ne savaient pas encore qu’en 2001 le DV avait disparu sans laisser de traces. Quand j’eus besoin de revoir notre fragment de disque, je revins au Musée. Tménov avait dit à Tcherdjiev que ce morceau d’argile valait plus que de l’or, que c’était l’objet le plus précieux exposé par le SOGOMIAL. Le collaborateur du Musée était introuvable, de même que l’objet lui-même ! Voilà ce que j’écrivis à Plagnol en octobre 2002 : « Je suis resté longtemps sans donner de nouvelles, parce que je tentais de trouver le morceau qui vous intéresse, porteur d’une écriture hiéroglyphique et découvert à Vladikavkaz. À mon grand regret, notre fragment n’est pas entré dans les collections du Musée et a été acquis par des particuliers, après quoi ses traces se perdent. Je me suis adressé à plusieurs reprises au SOGOMIAL mais son directeur Héléna Gaboïéva affirme que le tesson n’a jamais été exposé par le Musée. J’ai même eu de la chance de le tenir dans mes mains, de le décrire et de le photographier. Il aurait autrement disparu pour la science. Le propriétaire du disque ne connaissait pas sa valeur scientifique et maintenant qu’il la connaît, le DV est à coup sûr devenu pour lui un objet de profit, vendu depuis longtemps en quelque vente aux enchères, en Europe ou en Amérique. » J’exigeai que l’on mène une enquête administrative sur la disparition du DV. Le formulaire la motivant resta sur la table du directeur du Musée, Héléna Gaboïéva, qui n’essaya pas même d’y répondre. Auparavant, elle éludait du moins la question : « Le disque n’a pas été inventorié. » Je compris qu’il était inutile d’importuner les employés du Musée. Cette même année 2002, se produisit un rebondissement non sans intérêt. Je marchais dans un couloir du SOIGSI quand je rencontrai un certain Nazim Guidjrati (sous- directeur de l’Institut d’histoire et d’archéologie de l’Université d’État d’Ossétie du Nord) qui me dit : « Vladimir Alexandrovitch, vous faites tout un esclandre au sujet de ce malheureux morceau de disque. Pourquoi tout ce bruit ? Le fait est que c’est moi qui l’ai modelé (Guidjrati vivait alors à Bakou). Je me suis retrouvé face à la mer Caspienne et m’est venue cette idée fantaisiste. » Comment cela ? Guidjrati aurait donc dû connaître l’alphabet créto-mycénien, que personne sur terre ne comprend. Mettons qu’il ait vu le DP et qu’il ait transposé les signes sur son disque, en les copiant. Polygiannaki écrit néanmoins que le DV possède des signes qui n’apparaissent pas sur le DP. J’ai de plus tenu le DV dans les mains, et il m’a donné une impression d’antiquité : les bords patinés ne se rencontrent que dans une céramique qui est longtemps restée enterrée. Pourquoi alors Nazim aurait-il menti ? Peut-être quelqu’un lui a-t-il ordonné : « Va parler à Kouznetsov, qu’il se taise enfin. » Personne n’a recherché le DV après sa disparition. Pourquoi donc ? J’ai compris qu’à Vladikavkaz existe une mafia exerçant dans le domaine archéologique et fournissant un marché international. Notre morceau vendu à Londres dans une vente aux enchères d’objets antiques pouvait tout à fait atteindre un million de dollars ! En Amérique se trouvent aussi de riches musées. Tant d’argent pour un bout d’argile ! Apparemment, il avait servi à construire une villa. Je ne peux pas le prouver, mais mes déductions n’ont-elles pas été confirmées quand Tménov eut peu après un accident de voiture, où mourut le dernier témoin honnête de cette histoire ? Bien que des articles et des photographies du DV aient été publiés en Grèce, en France et en Russie, tout s’arrêta net. Mystique pas morte
  • 8. Le disque de Phaistos – Philippe Plagnol – Le disque de Vladikavkaz Philippe Plagnol - disque.de.phaistos@gmail.com On a depuis longtemps remarqué que les productions humaines les plus précieuses et anciennes ont un attrait mystérieux et n’apportent à leurs propriétaires que des avanies. Le comte Orlov acheta à Amsterdam lors d’un vente un collier de diamants pour 400 000 roubles-or, somme alors fantastique. Le favori offrit la parure hors de prix à l’impératrice Catherine II et tomba aussitôt en disgrâce, étant même expulsé de Saint-Pétersbourg. Tous ceux qui ont eu entre les mains le DV semblable à celui de Phaïstos en ont payé cher le prix. Elbrouz Tcherdjiev, qui avait présenté l’innocent tesson pour expertise, disparut sans laisser de traces. Il est vraisemblable que l’homme-clef de toute cette histoire énigmatique est enterré quelque part depuis longtemps. Vitaliy Tménov, ce chercheur dont le bureau conserva longtemps le fragment unique, est mort incarcéré dans son automobile. Vladimir Kouznetsov enfin, avec qui le correspondant de La Pravda des Komsomols s’était entretenu le 11 septembre 2006, a eu quelques jours après sa consultation une attaque et depuis lors la main droite de l’archéologue pend inerte… Malgré la disparition clairement criminelle du DV et sa perte manifeste pour la science, son histoire me semble fort instructive. Elle illustre en quelque sorte une loi qu’il nous est utile d’observer : il vaut mieux ne pas avoir affaire à un trésor légendaire mais le contempler à travers la vitrine d’un musée – et prière de ne pas toucher ! La Pravda des Komsomols Ce dernier article ne peut que laisser très sceptique quant à l’authenticité du disque,...