2. 3. Les nouveaux défis des émergents
1. Les notions fondamentales
2. Le SMI depuis la crise de 2008
Les déséquilibres internationauxSéance 11
3. Les notions fondamentales
Le système financier et monétaire international
La balance des paiements : elle retrace l’ensemble des transactions de biens, de services et
de capitaux avec l’étranger et se décompose notamment entre balance courante et
balance des capitaux
La BPC enregistre la différence entre l’épargne domestique et l’investissement domestique
ainsi que la différence entre les exportations et les importations. Si elle est déficitaire, les
besoins de l’économie sont supérieurs à ses ressources => le pays investit plus qu’il
n’épargne et/ou importe plus qu’il n’exporte
Le système monétaire international est composé de l’ensemble des règles qui
contraignent et influencent les Etats en matière de régime de change, de politique monétaire
et de réglementations des flux de capitaux
Le système de Bretton-Woods rendait les taux de change ajustables par rapport au Dollar,
lequel était seul convertible en or à une parité fixe
Fin de la convertibilité Dollar - or en 1971, puis flottement généralisé des monnaies
(accord de la Jamaïque, 1976)
Echec de la coordination internationale : SME (1979), accords du Plaza et du Louvre
Défauts du système : les désajustements de changes conduisent à des distorsions économiques,
à une grande volatilité des capitaux et à l’accumulation de réserves de changes dans les pays
émergents (« Saving Glut », Bernanke, 2005)
4. Les notions fondamentales
La naissance des « Global Imbalances » (1/3)
L’ouverture des marchés financiers à partir des années 1990 a permis aux Etats de
financer leur consommation ou leur investissement grâce aux flux d’épargne étrangère
L’ouverture financière (somme des actifs domestiques détenus par les étrangers et des actifs
étrangers détenus par les résidents rapportée au PIB) a été *7 entre 1990 et 2010 dans les
pays avancés
Elle permet en théorie une meilleure allocation des ressources au niveau mondial,
l’épargne finançant les projets les plus rentables économiquement (Fama, 1970), et
déconnecte l’épargne et l’investissement domestiques (Blanchard, 2002 : corrélation de
0,14 en UE)
Indice de libéralisation financière (1973-2005)
Source : FMI, 2008
En théorie, les déséquilibres globaux
devraient se corriger spontanément
(Dooley, 2005) : l’innovation
technologique devrait stimuler les
exportations du Nord et la demande
intérieur croître au Sud (CEPII,
« Rééquilibrage du commerce extérieur
chinois », 2012)
5. Les notions fondamentales
La naissance des « Global Imbalances » (2/3)
Les déséquilibres persistants des BPC sont toutefois facteur d’instabilité financière
Ils traduisent des insuffisances de compétitivité ou une préférence pour l’exportation aux
dépens de la demande nationale (Bénassy-Quéré, 2012 : la BPC chinoise est symétrique
à celle des USA : 3 800 Md$ de réserves détenus par la Chine).
Paradoxe de Lucas (1990) entre 1990 et 2008,
les flux d’épargne ont été du Sud vers le Nord
alors que la faible quantité de K au Sud devrait
offrir des rendements plus élevés. Explication =
facteurs institutionnels et incertitudes des
rendements au Sud.
Précédents historiques : statut du Sterling et
système de l’étalon-or entre 1870 et 1914
(excédent extérieur de 9% pour l’UK => flux d’IDE
vers l’Empire)
6. Les notions fondamentales
La naissance des « Global Imbalances » (3/3)
Le « privilège exorbitant » du Dollar (Gordon) : un système monétaire unipolaire vs. une
économie réelle multipolaire
Le Dollar est une monnaie internationale véhiculaire : les titres émis en Dollar sont très
liquides, même si la BPC des USA est déficitaire (43% des transactions mondiales vs. 29%
pour l’Euro et 2,5% pour le Yuan)
Le SMI actuel a pour conséquence que les USA ne sont pas incités à réduire leurs
déséquilibres (Gourinchas, 2010)
Déséquilibres également régionaux, par ex au sein de la zone Euro
L’épargne des pays centraux a financé les déséquilibres croissants des pays de la
périphérie (déficits de compétitivité) du fait de la libre circulation des capitaux et de la
disparition des risques de change (v. séance 5)
Des politiques de dévaluation interne au Sud vs. de stimulation de la demande interne au
Nord nécessaires pour réduire ces déséquilibres
Le rôle des Global Imbalances dans la crise de 2008
Faiblesse des taux d’intérêt de la FED sous Greenspan et accroissement de la liquidité ont
accru la prise de risque (Rajan, 2005) et incité à l’innovation financière (Shin, 2009)
La formation de bulles sur le prix des actifs, notamment immobiliers aux USA, explique la
crise de 2008 (Obstfeld & Rogoff, 2009)
8. 1. Les notions fondamentales
3. Les nouveaux défis des émergents
2. Le SMI depuis la crise de 2008
Les déséquilibres internationauxSéance 11
9. Le SMI depuis la crise de 2008
Les « Global Imbalances » se sont-ils réduits depuis la crise ?
FMI, « Are Global Imbalances at a Turning Point? » (2014)
Les déséquilibres les plus porteurs de risques pour la croissance mondiale ont été réduits de
moitié (déficit USA, excédents JAP et CHI) => les risques systémiques ont diminué
Les déséquilibres globaux ne vont pas retrouver leur niveau d’avant-crise car les USA et la
Chine ne retrouveront leurs niveaux de croissance du PIB et des dépenses privées et
publiques (Eichengreen, 2014)
Les ajustements des taux de change effectifs n’ont joué qu’un rôle limité dans cette
évolution, hormis pour le Yuan (6,80 CNY pour 1 USD en 2010 à 6,05 en 2014 : proche du
tarif 20% de Krugman)
Des déséquilibres, même circonscrits, demeurent toutefois une source d’instabilité
Certaines économies conservent toutefois un excédent important : ex. Allemagne +7% du
PIB (OFCE, « Faut-il sanctionner les excédents allemands ? », 2015) malgré l’instauration
d’un Mindestlohn à 8,50 €/h
Certains pays émergents sont devenus déficitaires et présentent des fragilités internes :
Brésil (fort taux de PO : 40% PIB vs. 44,5% en FR) ou Inde (très faibles dépenses de santé
ou éducation, resp. 1 et 3% PIB)
10. Le SMI depuis la crise de 2008
La coordination monétaire internationale a-t-elle échoué ?
La monnaie est un bien commun qui exige une gestion coordonnée (Aglietta, 1995)
Volonté du G7 d’instituer des zones cibles fondées sur la théorie du taux de change
d’équilibre fondamental (Williamson, 1983 : taux de change qui assure l’équilibre interne et
externe, càd qu’il n’accélère pas l’inflation et assure la soutenabilité de la balance courante à
long terme), mais échec au Plaza et au Louvre
Les banquiers centraux sont ajd très réticents à intervenir sur les marchés des changes par
l’achat ou la vente de devises (Dominguez & Frankel, 1993) : interventions pour stabiliser
les marchés et non inverser une tendance (notamment orales : Forward Guidance)
MAIS le SMI reste centré sur le Dollar et l’absence d’assurance multilatérale crédible en
cas de crise (Sudden Stop) favorise l’accumulation de réserves de change
Plusieurs scénarios pour améliorer la résilience du SMI (CAE, « Réformer le SMI », 2011)
Instituer le FMI comme prêteur en dernier ressort d’une monnaie internationale avec
parités fixes + doublement de ses fonds propres (450 Md$) pour ajuster les conditions
d’accès à la liquidité en temps de crise => pays asiatiques à convaincre (eux-mêmes peu
aidés pendant la crise de 1997)
Diversifier les actifs de réserve en développant les droits de tirage spéciaux (existent
depuis 1969, seulement 180 Md$ ajd ; intégration au 1er octobre 2016 du Yuan dans le
panier de devises qui détermine la valeur des DTS) et/ou des Eurobonds mais opposition
des USA (échec de la présidence française du G20 en 2011)
Revenir à l’étalon-or avec un panier de monnaies convertibles en or (limite physique et
ressource inégalement répartie)
11. Le SMI depuis la crise de 2008
Les régulations micro- et macroprudentielles du système financier
L’approche micro-prudentielle (normes de Bâle et Solvancy)
Liquidity Coverage Ratio à un mois pour résister à des crises de liquidité à court terme
Ratios de solvabilité (besoins en fonds propres) : Core Tier One (4,5%) + coussin de
conservation (2,5%) + coussin contra-cyclique (de 0 à 2,5%, à la discrétion des régulateurs
nationaux)
Amène les banques à internaliser le coût des prêts risqués (clause de bail-in) et accroît leur
aversion au risque
MAIS des règles pro-cycliques qui empêchent la reprise ? (-0,1% de PIB selon l’OCDE)
L’approche macro-prudentielle
Minsky (1977) : les crises financières apportent une correction inévitable aux déséquilibres
accumulés en haut de cycle financier et justifient la régulation macro-prudentielle
3 outils de régulation : identification des risques, supervision (ex. revue du bilan des 130
banques contrôlées par la BCE), instruments correctifs et préventifs
Ex. Dodd-Frank Act (2010) : limite les activités spéculatives à hauteur de 3% des fonds
propres des banques commerciales (Volcker Rule)
Ex. Union bancaire et Mécanisme de résolution unique (v. séance 5)
Ex. Taxe sur les transactions financières (CEPII, 2013 : sans effet : ni réduction de
l’instabilité, ni volatilité accrue)
12. 1. Les notions fondamentales
3. Les nouveaux défis des émergents
2. Le SMI depuis la crise de 2008
Les déséquilibres internationauxSéance 11
13. Les nouveaux défis des émergents
Les émergents menacent-ils la stabilité économique mondiale ?
Une intégration croissante dans le commerce international
Les pays émergents représentent 40% des exportations mondiales de biens en 2010
vs. 15% en 1990 ; parallèlement, la part des pays avancés a reculé de 60% à 45%
Intégration également financière par le biais des IDE, les prises de participation et les
achats d’obligations souveraines
Effets globalement positifs sur l’économie mondiale : augmentation du PIB/tête chez
les émergents (indice 330 en 2005 vs. base 100 en 1970) et baisse des prix à la
consommation dans les pays avancés (Kamin, 2006 : -1 à -2 PP par an entre 1996 et
2005 => MAIS elle profite surtout aux ménages aisés qui ont une plus grande
propension marginale à consommer des biens manufacturiers vs. logement ou alimentaire)
Mais des déséquilibres qui menacent la stabilité économique mondiale
Des modèles de croissance toujours essentiellement tournés vers l’exportation (épargne
brute = 50% du PIB en Chine et 30% en Inde vs. 18% aux USA)
Des marchés financiers locaux peu profonds, peu liquides et faiblement résilients
(Obstfeld & Rogoff, 2009) : ex. encours des crédits octroyés par le secteur financier =
76% du PIB en Inde vs. 100% en France
Des compétitivités dégradées dans certaines économies devenues déficitaires
(malédiction des ressources au Brésil : 45% des exportations sont des produits primaires,
1,1% PIB en R&D) et des bulles du prix des actifs (immobilier en Chine)
15. Les nouveaux défis des émergents
Les pays émergents pourront-ils relever leurs nouveaux défis ?
La réorientation de leurs modèles de croissance
Vers des modèles de croissance davantage axés sur le développement de la demande
intérieure ? (ex. hausse des CSU en Chine = ajd 67% des CSU aux USA)
Vers des modèles de croissance plus inclusifs ? (ex. taux d’illétrisme de 55% en Inde ;
performances PISA des élèves d’Amérique latine en moyenne inférieures de 2 années
d’études par rapport à l’OCDE => pertes de K humain). Des indices de GINI toujours très
élevés (ex Chine et Brésil à 0,5 ; Afrique du Sud à 0,65)
Vers des systèmes de protection sociale pour réduire l’épargne de précaution ? (ex.
Taïwan réduction du taux d’épargne de 20% à 12% du RDB des ménages avec
l’instauration en 2009 d’une assurance publique médicale obligatoire)
La poursuite de la réduction des déséquilibres extérieurs
Poursuite de l’ajustement du Yuan et réduction de l’excédent courant chinois
Une meilleure régulation des mouvements de capitaux vers les pays émergents (ex. taxe
sur l’entrée de capitaux de court terme au Brésil en 2009)
16. FIN DE LA SÉANCE
Les déséquilibres internationauxSéance 11