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DISAIT «MERDE» 
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PAGES 2­3
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Martin Bureau/AFP
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LAUSANNE 
FAIT LA FÊTE 
PLUS TÔT 
QUE PRÉVU
PAGES 32­33
ILS NETTOIENT LE LÉMAN
EN FAMILLE PAGES 4­7
TRAQUE 
AU PLASTIQUE
VENDREDI 6 MAI 2016  ∙  N° 127  ∙  FR. 3.­ (TVA 2.5% incluse)  ∙  France voisine 2.75 € www.lematin.ch
Jean­Christophe Bott/Keystone
GRAND ANGLE4
VENDREDI 6 MAI 2016LE MATIN
TRAQUE AU PLAS TIQUE DU LÉMAN
PROPRETÉ Une association ramasse et 
compte les déchets sur les plages. Son but: 
faire réfléchir les pollueurs et les politiques.
D
e loin, la plage du port
de La Tour-de-Peilz
(VD) semble propre. Et
puis Roger Erismann se
baisse et ramasse. Des
mégots, du Sagex, des morceaux
de plastique non identifiés. Par
centaines. «Quand on s’approche,
on se rend compte que c’est dé-
gueulasse. Il y a plein de choses qui
n’ont rien à faire là», lâche cet
Américain de 48 ans qui a grandi
en Valais. Avec sa femme, Shan-
non, géologue de formation, il a
fondé l’association Plages Propres
en novembre dernier. «Ramasser
les déchets, c’est bien, mais ce qui
nous intéresse vraiment, c’est
d’avoir des données statistiques
pours’éloignerducôtéémotionnel
qui fait dire: «C’est sale!» reprend
Roger.
Tout en parlant, lui, sa femme et
leur fils Gabrial, venu leur donner
un coup de main, inspectent cha-
cun des graviers de la plage avec
attention. «Le but, c’est de tout
récupérer, même le plus petit bout
de plastique. Ensuite, on les trie et
on les compte sur cette bâche»,
explique Shannon en désignant le
carré vert qui se remplit peu à peu.
Les objets seront ensuite classifiés
selon 131 catégories. Etonnament,
leur taille n’a pas d’importance.
«Petit ou grand, c’est pareil. Cela
veut dire que quelqu’un a jeté ce
déchet», assure Roger.
Celui qui est statisticien de for-
mation est très à cheval sur la ma-
nièredontlesdéchetssontcatégo-
risés. «Pour que les données
soient exploitables, il faut qu’on
respecte un certain protocole»,
La famille Erismann
en action dans le port
de La Tour­de­Peilz.
GRAND ANGLE 5
VENDREDI 6 MAI 2016 LE MATIN
TRAQUE AU PLAS TIQUE DU LÉMANprécise-t-il. Si l’association re-
cherche des volontaires, il faut que
ces derniers fassent preuve d’une
certaine rigueur et soient prêts à se
former. En attendant, la petite
équipe agit avec ses moyens sur la
Riviera. «On
nettoie
une demi-douzaine de plages no-
tamment à Vevey et à Montreux,
environ une fois par semaine cha-
cune», souligne Roger.
«Savoir dans quoi 
on se baigne»
Fautedesoutien,luietsafemmese
débrouillent pour le moment
seuls. «Combien on a in-
vesti depuis le début?
Beaucoup trop. Le ma-
tériel, l’application,
le site, les T-shirts,
les déplacements,
on paie tout nous-
mêmes», sou-
rit-il. Mais leur motivation est des
plus évidentes. «C’est chez nous
ici, non? On veut savoir dans quoi
on se baigne», affirme-t-il. Shan-
non abonde: «Aujourd’hui, il est
devenu difficile pour nous d’aller
au bord du lac et de ne rien ramas-
ser. Mais, quand on a fini, on peut
étendre notre linge tranquille-
ment», appuie-t-elle.
Intéressée, une dame s’appro-
che et les félicite. «Les gens qui
laissent tous leurs emballages par
terre n’ont aucun respect», re-
grette-t-elle. Quand elle s’éloi-
gne, Roger attrape un morceau de
Sagex sur le sol: «Elle met la faute
sur ceux qui viennent au bord du
lac, mais en réalité la plupart des
déchetsnesontpasjetésici.LeSa-
gex, c’est un quart de ce qu’on
trouve», détaille-t-il. Il se penche
de nouveau et récupère deux petits
bâtonnets bleus. «Vous savez ce
que c’est? Des cotons-tiges. Vous
croyez vraiment que les gens vien-
nent à la plage se curer les
oreilles?» lance-t-il. Comme
beaucoup d’autres déchets, ces
cotons-tiges ont été jetés dans les
WC.
570 déchetsont été ramassés en moins d’une heure 
par les trois membres de l’association 
Plages Propres sur la petite plage du port 
de La Tour­de­Peilz (VD). Parmi eux, il y avait 
86 cotons­tiges.
COMBAT POUR DES PLAGES PROPRES
SUITE EN PAGES 6-7
GRAND ANGLE6
VENDREDI 6 MAI 2016LE MATIN
Enfin, après une bonne heure de
travail, le ramassage se termine.
La famille s’agenouille près de son
butin. Gabrial dégaine son smart-
phone et lance l’appli-
cation spécialement
développée pour le
projet. Ensemble, ils
décomptent le nombre
de déchets. 570 au to-
tal.
Jérôme Christen,
conseiller municipal
chargé de l’espace pu-
blic, à Vevey, salue
l’action de Plages Pro-
pres: «Toutes ces ini-
tiatives sont utiles et
doivent être soute-
nues. Heureusement
qu’elles existent»,
souligne-t-il. Il admet
aisément que ramasser
de si petits déchets est
impossible pour ses
équipes.«Noseffectifs
sont extrêmement res-
treints. Plus c’est gros, plus c’est
facile à repérer et à récupérer.
Mais ce qui est si petit, c’est juste
inimaginable pour nous», recon-
naît le conseiller municipal.
Asesyeux,lesactionsmontrant
ce qu’on trouve dans le lac ou sur
ses rives sont très importantes.
«Dès le moment où cela devient
visible, les gens en parlent autour
d’eux et prennent conscience.
Avec un peu de chance, on va pou-
voir faire rougir le responsable»,
espère-t-il. Selon lui, sur ce sujet,
la sensibilisation doit être marte-
lée sans relâche. «Mais, à un mo-
mentdonné,ilfautaussidessanc-
tions. C’est pour cela que les em-
ployés de notre voirie
sont assermentés pour
pouvoir mettre des
amendes», détaille-
t-il tout en précisant
que ce n’est pas leur
rôle premier.
«L’enjeu 
est de taille»
De son côté, Audrey
Klein, secrétaire géné-
rale de la Commission
internationale pour la
protection des eaux du
Léman (CIPEL), rap-
pelle que plusieurs as-
sociations autour du
lac sont déjà actives à
ce sujet depuis de
nombreuses années:
«Heureusement
qu’elles sont présen-
tes, nous avons besoin de leur tra-
vail sur le terrain», salue-t-elle. A
ses yeux, les campagnes de ra-
massage des déchets démontrent
à quel point il est nécessaire de
continuer la sensibilisation.
«Avec plus d’un million d’habi-
tants autour du lac, l’enjeu est de
taille. Il faut continuer à convain-
cre la population d’avoir des com-
portements respectueux de l’en-
vironnement», souligne-t-elle.
Pourtant, la secrétaire générale de
la CIPEL assure que l’état du Lé-
man s’améliore depuis plusieurs
années. «Aujourd’hui, l’attention
porte sur de nouveaux polluants,
comme les pesticides et les médi-
caments qui ne se voient pas à
l’œil nu mais qui sont surveillés de
près par la CIPEL», détaille
Audrey Klein.
Dans les mois à venir, Roger
Erismann espère pouvoir mettre à
à la portée de tous un outil pour
vérifier soi-même la qualité de
l’eau du Léman. En attendant, il se
concentre sur les déchets: «Ils
n’ont rien à faire là. Je ne suis pas
d’accord avec cet arrangement
que certains font sur ce qui est to-
lérable», peste-t-il. A ses yeux,
chacun est responsable. «Nos
données doivent permettre de
mettre la pression sur les pol-
lueursetdesedemandersilesme-
sures prises pour lutter contre la
pollution sont suffisamment effi-
caces», martèle-t-il, tout en re-
pliant la bâche désormais débar-
rassée de ses déchets. Il lance un
dernier regard sur la plage. Et se
baissepourramasserun571emor-
ceau de plastique.
● TEXTES: FABIEN FEISSLI
fabien.feissli@lematin.ch
● PHOTOS: JEAN­GUY PYTHON
Toutes les informations sur les projets 
de l’association: www.plagespropres.ch
86%des déchets ramassés 
par l’équipe 
de Plages Propres 
sont du plastique.
3138 
mégots
ont été retrouvés lors 
des 48 ramassages 
effectués depuis le mois 
de novembre 2015.
24%Le Sagex est le déchet 
le plus présent dans 
le Léman. Il représente 
un quart des ramassages
des bénévoles.
gIl faut se 
demander si
les mesures prises 
pour lutter contre 
la pollution sont 
suffisamment 
efficaces»
Roger Erismann, 
cofondateur de Plages Propres
RAMASSER  Il faut avoir l’œil pour 
dénicher les mégots et autres petits 
bouts de plastique qui se cachent 
entre les galets.
TRIER  Les objets 
retrouvés sont classifiés 
selon leur catégorie.
Au total, il en existe 131.
100 tonnes repêchées
NETTOYAGE  Les  21  et  22  mai,
«Net’Léman» fêtera sa 8e édition.
Depuis  2005,  cette  opération  de
ramassage qui réunit un millier de
bénévoles  à  chaque  fois,  a  récu­
péré  plus  de  100 tonnes  de  dé­
chets dans le Léman. «Douze sites
seront passés au peigne fin cette
année. En plus du nettoyage, nous
proposons  différentes  actions  de
sensibilisation», explique Suzanne
Mader­Feigenwinter,  secrétaire
générale de l’association organisa­
trice de l’événement. Objectif: en­
courager le public à réduire sa pro­
duction de déchets. «Nous propo­
sons des solutions à la portée de
tous, telles que privilégier le «non
jetable»,  savoir  réparer  ou  recy­
cler.» ●
SUITE DES PAGES 4-5
GRAND ANGLE 7
VENDREDI 6 MAI 2016 LE MATIN
«Ce qu’on trouve sur les plages, 
c’est ce qu’il y a au fond du lac»
L’EXPERT
NATHALIE CHÈVRE Ecotoxicologue et spécialiste de la qualité de l’eau à l’Université de Lausanne
● Que pensez­vous du projet 
lancé par Plages Propres? 
C’est une manière intéressante 
d’alerter les gens sur cette 
problématique qui prend de plus 
en plus d’importance. Pour nous 
les chercheurs, c’est aussi un bon 
indicateur pour voir si les modèles 
prédictifs que nous développons 
sont corroborés. Cela permet 
également d’analyser si les 
différentes campagnes de 
sensibilisation ont un impact réel 
sur le public ou pas.
● D’où vient toute cette 
pollution sur les plages? 
Il y a plusieurs sources. Cela vient 
notamment des eaux usées des 
habitations. Quand il pleut, le 
surplus qui ne peut pas être géré 
par les stations d’épuration est 
déversé directement dans le lac. 
Les cotons­tiges, par exemple, 
sont un très bon indicateur de ce 
débordement.
● Justement, on a été étonné 
du nombre de cotons­tiges… 
Oui, on retrouve aussi des bas 
nylons, des lingettes 
démaquillantes, des tampons 
hygiéniques, des couches… Tout ce 
que les gens jettent dans leurs 
WC, en fait. Et, vous savez, il y a 
encore beaucoup de gens qui le 
font.
● Comment lutter là­contre? 
La répression est difficile parce 
que cela se passe dans l’intimité 
des particuliers. Les stations 
d’épuration vont être améliorées, 
mais cela coûte cher et cela ne 
suffira jamais à gérer tout le débit 
d’eau en cas de fortes pluies. Le 
seul moyen d’action, c’est la 
sensibilisation du public et aussi 
des industriels.
● Des industriels? 
Oui. Par exemple, il y a quelque 
chose de très à la mode en ce 
moment, ce sont les billes en 
plastique dans les cosmétiques. 
Notamment pour faire des 
peelings. Ces minuscules bouts de 
plastique sont ensuite entraînés 
par l’eau jusqu’au lac. Il devrait y 
avoir une réflexion sur le sujet 
avant la mise en vente du produit. 
La difficulté, c’est qu’il nous faut 
parfois plusieurs années avant de 
réussir à identifier la source d’une 
pollution.
● Et du côté du public? 
Il y a déjà eu pas mal de 
sensibilisation sur la 
problématique. La vraie question, 
c’est pourquoi les gens ne 
prennent pas en compte cette 
sensibilisation. Je pense qu’il y a 
une difficulté pour certains à faire 
le lien entre ce qu’on jette dans 
nos WC ou dans la rue et le 
Léman. Les gens ont tendance à 
penser que cela disparaît.
● Qu’est­ce qu’il est important 
de rappeler? 
Cela va sembler évident, mais ne 
jetez rien au lac de manière 
directe. Ne jetez rien non plus 
dans vos toilettes. Ni par terre ou 
dans les grilles d’égouts. Si on 
prend l’exemple des mégots, la 
pluie les entraîne ensuite jusqu’au 
Léman. Il y a une connexion 
directe entre nos villes et le lac.
● Parmi les solutions, vous ne 
parlez pas du nettoyage? 
La solution, ce n’est pas d’aller 
nettoyer. La solution, c’est que la 
pollution n’arrive plus. Si l’on 
nettoie uniquement, cela 
déresponsabilise les gens. Sans 
compter que c’est un travail 
considérable pour les communes, 
qui ont des contraintes de 
moyens. Au final, le problème est 
pour le lac en général. Ce qu’on 
retrouve sur les plages, c’est ce 
qu’il y a au fond. ●
Yvain Genevay
COMPTER  Sur son 
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Article in "Le Matin"

  • 2. GRAND ANGLE4 VENDREDI 6 MAI 2016LE MATIN TRAQUE AU PLAS TIQUE DU LÉMAN PROPRETÉ Une association ramasse et  compte les déchets sur les plages. Son but:  faire réfléchir les pollueurs et les politiques. D e loin, la plage du port de La Tour-de-Peilz (VD) semble propre. Et puis Roger Erismann se baisse et ramasse. Des mégots, du Sagex, des morceaux de plastique non identifiés. Par centaines. «Quand on s’approche, on se rend compte que c’est dé- gueulasse. Il y a plein de choses qui n’ont rien à faire là», lâche cet Américain de 48 ans qui a grandi en Valais. Avec sa femme, Shan- non, géologue de formation, il a fondé l’association Plages Propres en novembre dernier. «Ramasser les déchets, c’est bien, mais ce qui nous intéresse vraiment, c’est d’avoir des données statistiques pours’éloignerducôtéémotionnel qui fait dire: «C’est sale!» reprend Roger. Tout en parlant, lui, sa femme et leur fils Gabrial, venu leur donner un coup de main, inspectent cha- cun des graviers de la plage avec attention. «Le but, c’est de tout récupérer, même le plus petit bout de plastique. Ensuite, on les trie et on les compte sur cette bâche», explique Shannon en désignant le carré vert qui se remplit peu à peu. Les objets seront ensuite classifiés selon 131 catégories. Etonnament, leur taille n’a pas d’importance. «Petit ou grand, c’est pareil. Cela veut dire que quelqu’un a jeté ce déchet», assure Roger. Celui qui est statisticien de for- mation est très à cheval sur la ma- nièredontlesdéchetssontcatégo- risés. «Pour que les données soient exploitables, il faut qu’on respecte un certain protocole», La famille Erismann en action dans le port de La Tour­de­Peilz. GRAND ANGLE 5 VENDREDI 6 MAI 2016 LE MATIN TRAQUE AU PLAS TIQUE DU LÉMANprécise-t-il. Si l’association re- cherche des volontaires, il faut que ces derniers fassent preuve d’une certaine rigueur et soient prêts à se former. En attendant, la petite équipe agit avec ses moyens sur la Riviera. «On nettoie une demi-douzaine de plages no- tamment à Vevey et à Montreux, environ une fois par semaine cha- cune», souligne Roger. «Savoir dans quoi  on se baigne» Fautedesoutien,luietsafemmese débrouillent pour le moment seuls. «Combien on a in- vesti depuis le début? Beaucoup trop. Le ma- tériel, l’application, le site, les T-shirts, les déplacements, on paie tout nous- mêmes», sou- rit-il. Mais leur motivation est des plus évidentes. «C’est chez nous ici, non? On veut savoir dans quoi on se baigne», affirme-t-il. Shan- non abonde: «Aujourd’hui, il est devenu difficile pour nous d’aller au bord du lac et de ne rien ramas- ser. Mais, quand on a fini, on peut étendre notre linge tranquille- ment», appuie-t-elle. Intéressée, une dame s’appro- che et les félicite. «Les gens qui laissent tous leurs emballages par terre n’ont aucun respect», re- grette-t-elle. Quand elle s’éloi- gne, Roger attrape un morceau de Sagex sur le sol: «Elle met la faute sur ceux qui viennent au bord du lac, mais en réalité la plupart des déchetsnesontpasjetésici.LeSa- gex, c’est un quart de ce qu’on trouve», détaille-t-il. Il se penche de nouveau et récupère deux petits bâtonnets bleus. «Vous savez ce que c’est? Des cotons-tiges. Vous croyez vraiment que les gens vien- nent à la plage se curer les oreilles?» lance-t-il. Comme beaucoup d’autres déchets, ces cotons-tiges ont été jetés dans les WC. 570 déchetsont été ramassés en moins d’une heure  par les trois membres de l’association  Plages Propres sur la petite plage du port  de La Tour­de­Peilz (VD). Parmi eux, il y avait  86 cotons­tiges. COMBAT POUR DES PLAGES PROPRES SUITE EN PAGES 6-7
  • 3. GRAND ANGLE6 VENDREDI 6 MAI 2016LE MATIN Enfin, après une bonne heure de travail, le ramassage se termine. La famille s’agenouille près de son butin. Gabrial dégaine son smart- phone et lance l’appli- cation spécialement développée pour le projet. Ensemble, ils décomptent le nombre de déchets. 570 au to- tal. Jérôme Christen, conseiller municipal chargé de l’espace pu- blic, à Vevey, salue l’action de Plages Pro- pres: «Toutes ces ini- tiatives sont utiles et doivent être soute- nues. Heureusement qu’elles existent», souligne-t-il. Il admet aisément que ramasser de si petits déchets est impossible pour ses équipes.«Noseffectifs sont extrêmement res- treints. Plus c’est gros, plus c’est facile à repérer et à récupérer. Mais ce qui est si petit, c’est juste inimaginable pour nous», recon- naît le conseiller municipal. Asesyeux,lesactionsmontrant ce qu’on trouve dans le lac ou sur ses rives sont très importantes. «Dès le moment où cela devient visible, les gens en parlent autour d’eux et prennent conscience. Avec un peu de chance, on va pou- voir faire rougir le responsable», espère-t-il. Selon lui, sur ce sujet, la sensibilisation doit être marte- lée sans relâche. «Mais, à un mo- mentdonné,ilfautaussidessanc- tions. C’est pour cela que les em- ployés de notre voirie sont assermentés pour pouvoir mettre des amendes», détaille- t-il tout en précisant que ce n’est pas leur rôle premier. «L’enjeu  est de taille» De son côté, Audrey Klein, secrétaire géné- rale de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL), rap- pelle que plusieurs as- sociations autour du lac sont déjà actives à ce sujet depuis de nombreuses années: «Heureusement qu’elles sont présen- tes, nous avons besoin de leur tra- vail sur le terrain», salue-t-elle. A ses yeux, les campagnes de ra- massage des déchets démontrent à quel point il est nécessaire de continuer la sensibilisation. «Avec plus d’un million d’habi- tants autour du lac, l’enjeu est de taille. Il faut continuer à convain- cre la population d’avoir des com- portements respectueux de l’en- vironnement», souligne-t-elle. Pourtant, la secrétaire générale de la CIPEL assure que l’état du Lé- man s’améliore depuis plusieurs années. «Aujourd’hui, l’attention porte sur de nouveaux polluants, comme les pesticides et les médi- caments qui ne se voient pas à l’œil nu mais qui sont surveillés de près par la CIPEL», détaille Audrey Klein. Dans les mois à venir, Roger Erismann espère pouvoir mettre à à la portée de tous un outil pour vérifier soi-même la qualité de l’eau du Léman. En attendant, il se concentre sur les déchets: «Ils n’ont rien à faire là. Je ne suis pas d’accord avec cet arrangement que certains font sur ce qui est to- lérable», peste-t-il. A ses yeux, chacun est responsable. «Nos données doivent permettre de mettre la pression sur les pol- lueursetdesedemandersilesme- sures prises pour lutter contre la pollution sont suffisamment effi- caces», martèle-t-il, tout en re- pliant la bâche désormais débar- rassée de ses déchets. Il lance un dernier regard sur la plage. Et se baissepourramasserun571emor- ceau de plastique. ● TEXTES: FABIEN FEISSLI fabien.feissli@lematin.ch ● PHOTOS: JEAN­GUY PYTHON Toutes les informations sur les projets  de l’association: www.plagespropres.ch 86%des déchets ramassés  par l’équipe  de Plages Propres  sont du plastique. 3138  mégots ont été retrouvés lors  des 48 ramassages  effectués depuis le mois  de novembre 2015. 24%Le Sagex est le déchet  le plus présent dans  le Léman. Il représente  un quart des ramassages des bénévoles. gIl faut se  demander si les mesures prises  pour lutter contre  la pollution sont  suffisamment  efficaces» Roger Erismann,  cofondateur de Plages Propres RAMASSER  Il faut avoir l’œil pour  dénicher les mégots et autres petits  bouts de plastique qui se cachent  entre les galets. TRIER  Les objets  retrouvés sont classifiés  selon leur catégorie. Au total, il en existe 131. 100 tonnes repêchées NETTOYAGE  Les  21  et  22  mai, «Net’Léman» fêtera sa 8e édition. Depuis  2005,  cette  opération  de ramassage qui réunit un millier de bénévoles  à  chaque  fois,  a  récu­ péré  plus  de  100 tonnes  de  dé­ chets dans le Léman. «Douze sites seront passés au peigne fin cette année. En plus du nettoyage, nous proposons  différentes  actions  de sensibilisation», explique Suzanne Mader­Feigenwinter,  secrétaire générale de l’association organisa­ trice de l’événement. Objectif: en­ courager le public à réduire sa pro­ duction de déchets. «Nous propo­ sons des solutions à la portée de tous, telles que privilégier le «non jetable»,  savoir  réparer  ou  recy­ cler.» ● SUITE DES PAGES 4-5 GRAND ANGLE 7 VENDREDI 6 MAI 2016 LE MATIN «Ce qu’on trouve sur les plages,  c’est ce qu’il y a au fond du lac» L’EXPERT NATHALIE CHÈVRE Ecotoxicologue et spécialiste de la qualité de l’eau à l’Université de Lausanne ● Que pensez­vous du projet  lancé par Plages Propres?  C’est une manière intéressante  d’alerter les gens sur cette  problématique qui prend de plus  en plus d’importance. Pour nous  les chercheurs, c’est aussi un bon  indicateur pour voir si les modèles  prédictifs que nous développons  sont corroborés. Cela permet  également d’analyser si les  différentes campagnes de  sensibilisation ont un impact réel  sur le public ou pas. ● D’où vient toute cette  pollution sur les plages?  Il y a plusieurs sources. Cela vient  notamment des eaux usées des  habitations. Quand il pleut, le  surplus qui ne peut pas être géré  par les stations d’épuration est  déversé directement dans le lac.  Les cotons­tiges, par exemple,  sont un très bon indicateur de ce  débordement. ● Justement, on a été étonné  du nombre de cotons­tiges…  Oui, on retrouve aussi des bas  nylons, des lingettes  démaquillantes, des tampons  hygiéniques, des couches… Tout ce  que les gens jettent dans leurs  WC, en fait. Et, vous savez, il y a  encore beaucoup de gens qui le  font. ● Comment lutter là­contre?  La répression est difficile parce  que cela se passe dans l’intimité  des particuliers. Les stations  d’épuration vont être améliorées,  mais cela coûte cher et cela ne  suffira jamais à gérer tout le débit  d’eau en cas de fortes pluies. Le  seul moyen d’action, c’est la  sensibilisation du public et aussi  des industriels. ● Des industriels?  Oui. Par exemple, il y a quelque  chose de très à la mode en ce  moment, ce sont les billes en  plastique dans les cosmétiques.  Notamment pour faire des  peelings. Ces minuscules bouts de  plastique sont ensuite entraînés  par l’eau jusqu’au lac. Il devrait y  avoir une réflexion sur le sujet  avant la mise en vente du produit.  La difficulté, c’est qu’il nous faut  parfois plusieurs années avant de  réussir à identifier la source d’une  pollution. ● Et du côté du public?  Il y a déjà eu pas mal de  sensibilisation sur la  problématique. La vraie question,  c’est pourquoi les gens ne  prennent pas en compte cette  sensibilisation. Je pense qu’il y a  une difficulté pour certains à faire  le lien entre ce qu’on jette dans  nos WC ou dans la rue et le  Léman. Les gens ont tendance à  penser que cela disparaît. ● Qu’est­ce qu’il est important  de rappeler?  Cela va sembler évident, mais ne  jetez rien au lac de manière  directe. Ne jetez rien non plus  dans vos toilettes. Ni par terre ou  dans les grilles d’égouts. Si on  prend l’exemple des mégots, la  pluie les entraîne ensuite jusqu’au  Léman. Il y a une connexion  directe entre nos villes et le lac. ● Parmi les solutions, vous ne  parlez pas du nettoyage?  La solution, ce n’est pas d’aller  nettoyer. La solution, c’est que la  pollution n’arrive plus. Si l’on  nettoie uniquement, cela  déresponsabilise les gens. Sans  compter que c’est un travail  considérable pour les communes,  qui ont des contraintes de  moyens. Au final, le problème est  pour le lac en général. Ce qu’on  retrouve sur les plages, c’est ce  qu’il y a au fond. ● Yvain Genevay COMPTER  Sur son  smartphone, Gabrial  introduit les quantités  de déchets retrouvés. 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