Djihadisme-Le-MAroc-a-des-indicateurs-à-Molenbeek-SP-22-01-2016 (1)
- 1. La carte de Belgique des djihadistes partis en Syrie
FLANDRE
OCCIDENTALE
FLANDRE
ORIENTALE BRABANT
FLAMAND
ANVERS
LIMBOURG
17
(3,6%)
6
(1,2%)
1
(0,2%)
17
(3,5%)
Flandre: 195 (42%)
Wallonie : 54 (11,8%)
29
(6,25%)
41
(8,8%)
22
(4,7%)
18
(3,8%)
215
(46,2%)
97
(20,9%)
HAINAUT
BRABANT
WALLON
NAMUR
LUXEMBOURG
LIÈGE
BRUXELLESBRUXELLES
WALWALWALWALWALWALWAWAWAWAWAWAWAWWW
1
(0,2%)
Source : ministère de l’Intérieur, chiffres arrêtés au 29/10/2015
22
22 VENDREDI 22 JANVIER 2016
Les rues de Molenbeek-Saint-
Jean ont connu des allers et ve-
nues incessantes depuis les at-
tentats qui ont ravagé la capitale
française, le 13 novembre der-
nier. De nombreuses perquisi-
tions et arrestations ont rythmé
le quotidien des riverains et du
reste du monde. La chasse aux
terroristes était lancée et n'a pas
cessé depuis lors.
Nous vous l’expliquions dans
nos éditions du 21 janvier, le Ma-
roc n'a pas hésité à se rallier à la
lutte contre le terrorisme. Pour
Ali Amar, directeur du journal
d'investigation marocain « Le
Desk », il va même jusqu'à béné-
ficier d'un « nid d'espions dans
certains quartiers. Notamment à Le gouvernement marocain a des informateurs partout. © PhotoNews
LA FAILLITE DES SERVICES DE RENSEIGNEMENT EUROPÉENS
Le Maroc a des
indicateurs à
Molenbeek
L'indicateur humain, principal outil d'interpellation
L
’information a de quoi
surprendre et pourtant il
s'agit presque d'une
pratique culturelle au
Maroc. De nombreux indicateurs
sont placés un peu partout,
notamment à Molenbeek. C'est
du moins ce qu'affirme Ali Amar,
directeur du journal d'investiga-
tion marocain « Le Desk ».
on leur donne un peu de drogue et
d'argent pour les remercier. »
La grande force de ces indica-
teurs est de se fondre dans le
paysage et de récolter beaucoup
d'infos. Au Maroc, certains
d'entre deux sont dits « officiels »
et travaillent pour le pouvoir.
D'autres par contre le font pour
s'attirer les faveurs de la police
ou arriver à glaner l'un ou
l'autre billet. « Les voisins
s'espionnent, se dénoncent, c'est
une véritable pratique culturelle
ici », souligne Ali Amar.
MANQUE D'INTÉRÊT
Les Marocains ne sentent que
très peu concernés par la récente
arrestation de Jelel Attar, ce Bel-
go-Marocain, proche de Chakib
Akrouh, l'un des terroristes des
attaques de Paris. Selon Imad Sti-
tou, journaliste au « Desk », « ces
Belgo-Marocains sont un pur pro-
duit européen, la plupart d'eux
n'ont aucun lien direct avec le Ma-
roc et sont considérés comme des
étrangers ici », conclut-il. -
SÉBASTIEN PORCU
Sébastien
Porcu
NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL AU MAROC
Le Maroc dispose,
un peu partout,
de personnes
toujours prêtes
à faire rapport
aux autorités
Dans le cadre de l’instruction
menée par le parquet fédéral à
la suite des attentats de Paris,
deux perquisitions ont été me-
nées mercredi et jeudi à Mo-
lenbeek-Saint-Jean, rue Isidore
Teirlinck et chaussée de Gand.
Ni arme ni explosif n’ont été
découverts. Deux hommes,
Mustafa E., un ressortissant
marocain de 34 ans, et Zakaria
Jaffal, un Belge de 30 ans, ont
été privés de liberté en raison
de leurs liens présumés avec
différentes personnes citées
dans le dossier. Selon nos in-
formations, aucun des deux
hommes n’est fiché à l’Ocam,
l’organe de coordination pour
l’analyse de la menace.
Mustafa E. a été libéré jeudi en
fin d’après-midi. Quant à Za-
karia Jaffal, il devait compa-
raître ce vendredi devant le
juge d’instruction qui décide-
ra, ou non, de sa remise en li-
berté.
UN JOINT AVEC LES VOYOUS
Jaffal, 30 ans, est marié et père
de famille. Il ferait aussi partie
du cercle de connaissances
d’Abdelhamid Abaaoud, le cer-
veau des attentats de Paris. Ce-
ci dit, selon nos informations,
aucun lien direct n’a encore
été établi entre cet homme et
les auteurs des attentats.
«C’est un gars normal, toujours
bien habillé, il n’a pas la barbe.
Il n’affiche aucun signe de radi-
calisation mais on ne sait jamais
ce qu’il y a dans la tête des
gens», nous raconte ce voisin,
qui s’étonne encore de l’arres-
tation de Jaffal.
Un riverain de la chaussée de
Gand, qui connaît Jaffal, ex-
plique qu’il «prenait un verre
avec toute la clique de voyous.
Ils se fumaient un petit joint et
ils discutaient». Qui sont les
«voyous» dont il parle ? Mys-
tère !
Parmi les auteurs des attentats
de Paris et les suspects de l’en-
quête, nombreux sont ceux
qui ont vécu à un moment ou
un autre à Molenbeek comme
Abaaoud, Salah Abdeslam ou
encore Ahmed Dahmani.
Ce dernier, arrêté en Turquie
en novembre 2015 pour son
implication dans les attentats,
devrait être prochainement ex-
tradé vers la Belgique pour y
être entendu par la Justice. -
T.C
Perquisitions à Molenbeek :
Mustafa libéré, Jaffal entendu
Chaussée de Gand. © DLL
Très contrastée la carte de Bel-
gique des djihadistes : si 45 %
proviennent de Bruxelles (215
personnes), il n’y a qu’un com-
battantpartiduBrabantwallon
et un autre de la province de
Luxembourg.
À la fin octobre, le ministère de
l’Intérieur avait donc établi la
répartition géographique que
vous voyez sur la carte ci-
contre.« Ilestfrappantdevoirà
quel point, dans un premier
temps, grosso modo d’avril
2012 à juillet 2013, ce sont sur-
tout Vilvorde, Schaerbeek,
Bruxelles/Laeken,Molenbeeket
Anvers qui ont été tou-
chées », détaille le ministre
de l’Intérieur, Jan Jambon
(N-VA). « 71 %
des départs de
cette période
concernent ces
villes et com-
munes. »
LIÈGE ET VERVIERS
Dans un deuxième temps,
entre août 2013 et juillet 2014,
quisecaractériseparunebaisse
relativedesdéparts,toujoursse-
lon le ministre, le phénomène
s’est dispersé vers d’autres pro-
vinces. « Tant la dispersion que
lahaussedunombrededéparts
depuis Bruxelles se pour-
suivent dans un troisième
temps (août 2014-novembre
2015) », ajoute-t-il. « Au cours
de cette période, Gand et Liège
sont plus souvent touchées. »
impact : il n’a PAS prôné le dji-
hadisme, mais son discours sur
l’identité résistante ou revan-
charde a pu avoir une in-
fluence. »
D’après l’analyse de l’Intérieur,
les liens familiaux ont joué un
rôle. « On a connaissance de cas
de personnes avec des liens fa-
miliaux qui combattent en Sy-
rie », précise encore le ministre.
« Certains tentent parfois
d’exercer une influence sur la
famille restée en Bel-
gique (...) Les liens fa-
miliaux les plus fré-
quents sont ceux qui
unissent des frères, un
frère et une sœur ou
des sœurs entre
elles. » -
DIDIER SWYSEN
Il y a assez peu de djihadistes wallons
La carte de Belgique des combattants partis en Syrie
Au total, 93 localités du pays
ont été marquées par l’un ou
l’autredépart.SiBruxellesestla
région la plus concernée (dans
l’ordre décroissant, selon nos
infos, Molenbeek, Bruxelles (y
compris Laeken), Schaerbeek et
Anderlecht), le phénomène
touche quatre fois plus la
Flandre que la Wallonie (où
Liège et Verviers « trinquent » le
plus). Les Wallons seraient-ils
moins perméables au discours
djihadiste ? « C’est surtout l’im-
pact de Sharia4Belgium qui a
fait la différence au nord », ex-
plique Felice Dassetto, profes-
seur émérite de l’UCL, fin
connaisseur de ces questions.
« Une explication par la diffé-
rence d’intégration dans les
deux régions ne tient pas la
route. Je pense aussi que le
mouvement identitaire lancé
par Abou Jahjah a pu avoir un
Source : ministère de l’Intérieur, chiffres arrêtés au 29/10/2015
Molenbeek ». Une source nous
explique que « ce n'est pas spéci-
fique à Molenbeek » mais que le
Maroc dispose, dans chaque pays
où il existe une forte concentra-
tion de ses ressortissants, de
« personnes proches des autorités
marocaines. Ces gens vont leur
faire remonter les informations de
leur plein gré ». Une pratique dé-
crite comme « courante pour la
première génération, mais moins
répandue chez les jeunes ».
« UNE PRATIQUE CULTURELLE »
Et c'est justement ce qui fait
toute la différence entre le Ma-
roc et les pays occidentaux. Un
informateur nous décrypte la
« faillite des services de renseigne-
ment européens basés principale-
ment sur l'écoute téléphonique et
la surveillance en ligne ».
Pour lui, « il ne faut pas négliger
le renseignement humain, le prin-
cipal outil d'interpellation ». Se-
lon notre source, les mouchards
sont une pratique courante et
sont « rémunérés » par les ser-
vices marocains. « S'ils nous
donnent une bonne information,
on va les aider financièrement ou
on va rendre un service à leur fa-
mille restée au Maroc par
exemple. On voit le même prin-
cipe se développer avec les toxico-
manes, qui sont de très bons infor-
mateurs dans les milieux des stu-
péfiants. Lors d'une grosse prise,