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LA PRESSE NOUVELLE

Magazine
Progressiste
Juif

PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d'antisémitisme et de
racisme, ouvertes ou sournoises. PNM se prononce pour une paix juste au Moyen-Orient, sur la base du droit de l'Etat d'Israël à la sécurité, et sur la reconnaissance du droit à un Etat du peuple palestinien.

N° 242 - JANVIER 2007 - 25e A N NÉE

MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E.

L e N° 5 , 5 0 €

Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide

L’UJRE, et RPJ

L’OPAC prend la gestion
de notre “14”

qui interrompt la publication de sa Lettre d’information

vous invitent ensemble à leur

La négociation entre notre propriétaire (AREMCAR), la Ville de
Paris et l’OPAC a enfin abouti !!!

Assemblée des lecteurs

Notre dialogue pour assurer le maintien de l’UJRE et des
Amis de la CCE au “14”, ainsi que pour y créer un Espace de
mémoire dédié aux résistants juifs de la M.O.I. va enfin
pouvoir reprendre ...

qui se tiendra au “14”*
le samedi 3 fevrier à 15h.

Soyons vigilants : à suivre...

afin de débattre du contenu d’une PNM
répondant toujours mieux à
vos attentes d’une presse progressiste juive

25 ans déjà que la PNM,
succédant à la PNH,
défend une orientation
progressiste du monde juif !

Nous y soufflerons ensemble les 25 bougies de la
Presse Nouvelle Magazine
* 14 rue de Paradis - Escalier C - 1er étage (M° Gare de l’Est)

Mémoire

Proche-Orient

J.Dimet p.3
J.Dimet p.4

La mort de Saddam ne règle rien
Isrraël - Palestine : Les perspectives absentes

Sionisme ?

M. Muller p.6

Dieu, les Etats-Unis et Israël

R. Joseph p.7

Toujours la Constitution

D

Culture

recueilli 19% des voix - se retrouve avec 63% de
députés (paramètre comptable pour le calcul du temps
de parole), ou quand les candidats qui se sont prononcés pour le Oui au referendum disposent d'un temps
(tous moyens audiovisuels confondus) de près de 80%
alors que le Non était majoritaire … ?
Quand Claire Chazal déclare à propos de la bipolarisation de la campagne : “TF1 n'a aucune ligne politique. Les faits s'imposent : c'est quand même Ségolène
Royal qui est allée en Chine ! C'est quand même
Nicolas Sarkozy qui va être sacré candidat de l'UMP
dimanche”. Pour elle, Marie-Georges Buffet ne compte pas, quand elle est à Sandouville avec les Renault,
c'est un non-événement. Ce ne sont pas des faits.
Circulez, y a rien à voir !
Ce que le CSA appelle bipolarisation excessive n'est
en fait qu'un véritable rouleau compresseur étouffant
les propositions des autres candidats et par conséquent
le pluralisme, donnée consubstantielle de la démocratie.
Pendant ce temps, Le Pen qui n'a pas à se plaindre du
traitement médiatique qu'on lui réserve attend, en
embuscade, son heure en s'efforçant de rendre son discours présentable, en en gommant les aspects provocateurs sans rien en changer sur le fond.
La représentation excessive de seulement deux candi-

P. Saly p.4
H. Levart p.5
p.7

Elections : Vous avez dit libre choix ?

onner à chacune et chacun les éléments de
réflexion pour être pleinement citoyen afin
d'exercer son choix en pleine connaissance de
cause. Telle est l'ambition qui devrait animer les
medias et les moyens d'information privés, et a fortiori du service public. Or tout se passe comme si leur
puissance ne focalisait le débat que sur les personnes
de leur choix, plutôt que sur le contenu des politiques.
Par la grâce des sondages, ce serait comme le dit un
politologue “la démocratie d'opinion qui fait la loi”.
Pour sa part, Dominique Wolton, sociologue des
medias, directeur de recherche au CNRS, démontre
que “les medias au vu des sondages effectués dans un
contexte qui est très loin de la réalité ont décidé qu'il
n'y aurait que deux candidats, Nicolas Sarkozy et
Ségolène Royal”. Ils ont choisi de zoomer sur eux en
sous-dimensionnant l'information sur les autres.
Comme s'il n'y avait que légitime le centre droit et le
centre gauche. [le Parisien le 10 janvier]
le
Arlette Chabot directrice de l'information de France
2, en réponse aux griefs du CSA (dans le journal daté
du même jour) explique qu'après le 20 mars, date où
la liste des candidats sera officielle et le temps de parole identique pour chacun, ce sera la règle de l'égalité d'ici-là, ce serait la règle de l'équité.
Mais que veut dire équité, quand l'UMP qui n'a pas

L. Steinberg p.5
p.5
M. Weinstein p.8

Idées
La judéîté au péril de l’enfermement
à propos de votes communautaires

Europe

Roland Wlos

Hommage de la Nation aux Justes de France
Libération du camp d’Auschwitz
Un colloque utile et bienvenu

Editorial

dats, outre qu'elle conduise à une starisation du système, antinomique d’une réflexion sereine, vise à faire
évoluer la politique française vers le modèle américain (dont se réclame le petit Bush français - Sarkozy).
Cette évolution vers le bipartisme est inquiétante car
elle ne peut qu'affaiblir la démocratie. L'expérience
montre en effet que dans les pays soumis à ses règles,
aucune véritable alternative ne permet de s'affranchir
des tendances lourdes du libéralisme. Le seul choix
laissé aux électeurs, c'est éventuellement de corriger
quelques lignes à la marge.
Cependant, rien ne dit que les français se laisseront
dicter leur choix le 22 avril. Les élections précédentes
tendent même à prouver le contraire. En 1988, en
1995, en 2002, tous les pronostics ont été déjoués par
les électeurs. De même par la suite aux régionales,
puis au Referendum. D'autant que bien des inconnues
risquent de peser :
Comment vont se comporter celles et ceux qui s'étaient mobilisés contre le CPE, et tous les nouveaux
électeurs des banlieues, pour la plupart jeunes qui se
sont inscrits en masse sur les listes électorales ?
Vont-ils se satisfaire des joutes oratoires, des paillettes, des petites phrases assassines, ou bien exiger que
soient prises en considération leurs attentes et leur soif
de changement ? ■
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2

CARNET
GABRIEL que j'ai connu au patronage de
la CCE passage Charles Dallery, quand
nous étions en culottes courtes, était
profondément attaché à l'UJRE et à son
journal.
Récemment encore, il participait à une
délégation pour le maintien de l’UJRE
dans ses locaux 14 rue de Paradis.
Gabriel, fils d’un père déporté à
Auschwitz, qui n’en est pas revenu, et
d’une mère militante de l’UJRE, dont
elle partageait le combat humaniste et
solidaire, fit sien dès son plus jeune âge
l’idéal communiste d’émancipation
humaine.
Travailleur acharné, parallèlement à ses
études et ses travaux qui l’ont conduit au
très haut niveau de son art, il était de tous
les combats pour la justice, la liberté, et
contre tous les avilissements et les atteintes à la dignité humaine.
A cet égard, j’ai en mémoire l’action qu’il
déploya contre les berusfverboten, interdictions faites en Allemagne Fédérale aux
antifascistes et aux communistes d’exercer certaines professions, en particulier
dans l’enseignement.
Il prit également une part active à la
GABRIEL,
Tu viens de nous quitter; qui dira la tristesse de ceux qui ont été tes amis ? Je
suis sans voix aujourd'hui et parce que
l'UJRE était chère à ton coeur pour mille
raisons, je vais essayer de dire quelques
mots pour ceux et celles qui n'ont pas eu
la chance de t'avoir comme ami de longue date; je n'étais qu'un gamin quand tu
as fait irruption dans mon univers; qui
pouvait ne pas être frappé par ce front
lumineux, ce regard qui brûlait, et ce rire
sourd et sarcastique avec lequel tu prenais les vicissitudes de l'existence et par
quoi tu moquais l'adversité, les imbéciles, tout ce qui dans la société de l'époque apparaissait comme réactionnaire
et dépassé.
Tu étais un grand mathématicien déjà;
rien dans ton attitude n'a jamais eu le
regard hautain et méprisant qu'on rencontre parfois même hélas chez de très
grands; tu étais la modestie même.
Ma grand-mère, juive d'origine polonaise que la Guerre avait épargnée par une
sorte de miracle, était follement amoureuse de toi (c'est la seule expression qui
convienne et tu ne peux qu'en sourire);
c'est par elle que mes parents et moimême t'avons connu; vous aviez fait
connaissance dans cette maison de
légende qu'était la maison PARENT
dans les Pyrénées Orientales, près de
Mont-Louis et Font-Romeu. Qu'était
donc la maison PARENT sinon le lieu
où se croisaient tous ceux et celles qui
s'activaient pour changer le monde ? c'é-

Au nom du bureau de l'UJRE
et de l’équipe de rédaction de la
PNM, je tiens à exprimer nos sincères condoléances à la famille de
G ABRIEL M OKOBODZKI avec une
pensée particulièrement émue pour
notre amie N ICOLE , membre de
l’équipe de rédaction de la PNM.
Lucien Steinberg
Président de l'UJRE
campagne pour Massera pour la
reconstruction de l’Université de
Montevideo.
Gabriel, trop tôt enlevé à l’affection
des siens, nous laisse le souvenir d’un
homme de conviction, généreux et
fidèle dans l’action, jusqu’à son dernier souffle, à l’idéal et l’engagement
de sa jeunesse, pour la Justice, la
Liberté.
Je voudrais exprimer en mon nom personnel, et en celui de l’UJRE, mes
condoléances attristées à Nicole, et
assurer sa famille et tous ses proches,
dont nous partageons la peine, de
toute notre sympathie.
Roland Wlos
tait un endroit extraordinaire: Parent, le
père, était un anarchiste catalan; par lui,
ont transité des centaines de militants,
républicains espagnols et militants des
Brigades Internationales, par lui ont
trouvé le moyen d'échapper à une mort
hideuse et certaine des centaines de Juifs
de toute origine .
C'était là pour toi une sorte de refuge , ta
façon de "prendre l'air".
La grande affaire de ta vie, c'était la
recherche mathématique; qui dira la fine
écriture à la pointe d'un crayon sur un
bout de papier qui remplissait l'espace
vierge à vue d'oeil ?
Et malgré cette activité de chaque
instant, tu as continué de participer à
tous les combats émancipateurs.
Tu as été l'un des premiers signataires du
manifeste “Une autre voix Juive”; militant détaché depuis longtemps de toute
forme d'attachement religieux, jamais il
ne te serait venu à l'idée de taire tes racines; mais c'était à la condition exclusive
que ce soit utile à l'humanité.
De façon furtive, une fois, à Strasbourg,
tu as évoqué tes années d'enfance; ce
qu'avait signifié le fascisme hitlérien pour
les tiens; trop furtif et trop bref; il eût fallu
recueillir ces souvenirs; qui pouvait penser que tu serais fauché ainsi ?
Gabriel, tu le sais, je n'ai pas davantage
d'attache religieuse que toi, mais permets moi d'utiliser cette expression : tu
as été un Juste.
Salut, Moko !
Olivier GEBUHRER

Plongé depuis quelques jours dans un sommeil où il avait trouvé le repos,
MICHEL
nous a quittés ce matin Lundi 22 Janvier 2007 dans sa 60ème année
Il s'est éteint doucement, paisiblement, dans la chaleur de sa maison. Il avait pourtant tant de choses encore à partager avec ses fils, Fabien et Florent.
Michel a toute sa vie pensé ses actions en fonction de ses amis ou de ses collègues.
Dans cet esprit, les fleurs lors de la cérémonie d’adieu seront remplacées par des
dons en faveur de l'ONG Triangle Génération Humanitaire - 1, rue Montribloud 69009 Lyon - 04 72 20 50 10 - info@trianglegh.org - www.trianglegh.org
... Je vais certainement commettre involontairement des omissions ... Il connaissait
tellement de personnes... Merci de diffuser ce faire-part autour de vous.
Annie Speter

C o u r r i e r

d e s

Gilbert Gibard: Pas toujours d'accord
avec vos positions “angéliques”, notamment sur l'immigration, nous tenons à
signaler les remarquables analyses de R.
Joseph sur la situation en Serbie qui nous
intéressent beaucoup. Tâchez cependant
d'évoluer et de ne plus rester dogmatiques, 68 est loin !
La PNM tient à rester un journal ouvert
qui appele à la réflexion, au débat et à la
confrontation d’idées. Et c’est bien pour-

A vos agendas !
Au 14*, la poésie Yiddish sera
à l’honneur pour ce
ème
9 printemps des poètes

Samedi 10 mars 2007
1ère partie
Interlude
2ème partie

Poésie
Klezmer
Théâtre

* 14 rue de Paradis - Escalier C - 1er étage
(M° Gare de l’Est)

Informations publicitaires et
de soutien à la PNM

Contact journal mèl : ujre@wanadoo.fr
Tél 01 47 70 62 16 Fax 01 45 23 00 96

l e c t e u r s

quoi son équipe, tout en demeurant fidèle
à sa ligne éditoriale rappelée sous le titre
de la Une, organise une assemblée de
lecteurs le 3 février 2007 pour débattre
du contenu d’une PNM répondant toujours mieux à vos attentes ! En espérant
vous y rencontrer !
PNM

Erratum
Nos lecteurs n'auront pas manqué de rectifier d'eux-mêmes une erreur survenue
dans l'article du précédent n° de PNM
sur l'exposition coloniale de 1931*. Ce
ne sont pas les socialistes mais les surréalistes qui ont organisé la contre-exposition. Cela en partenariat avec le parti
communiste français sur un terrain
appartenant à la CGT unitaire, ancienne
place du Combat devenue place du
Colonel Fabien.
Suite à cette parution, un ami nous a
adressé la photocopie d'un Almanach de
l'époque informant de la vente ou de la
cession gratuite de terrains en Algérie.
Les acquéreurs devant être obligatoirement de nationalité française ou européenne. Voici un bel exemple des aspects
positifs de la colonisation.
HL
* PNM 241 décembre 2006 p. 5:
Néo - colonialisme ? L'as-tu vue la casquette du père Bugeaud ?

YIDDISH
(Ré-)Apprendre le yiddish, l'écrire, le parler, apprendre et
comprendre des chansons du
répertoire, les chanter...
L’un de nos amis serait prêt à nous
donner, le vendredi en fin de journée
ou le samedi, des cours de yiddish
dans nos locaux du 14 rue de Paradis,
mais voilà, combien de personnes
seraient intéressées ? et quel jour ?
Vous êtes candidat ? Contactez le
journal en précisant vos préférences :
Mèl : ujre@wanadoo.fr
Tel : 01 47 70 62 16
Fax : 01 45 23 00 96
LA PRESSE NOUVELLE

SOUSCRIPTION n°36
arrêtée au 15 janvier 2007
NOM

Montant

Magazine Progressiste Juif
édité par l’U.J.R.E.
Comité de rédaction :
Lucien Steinberg, Jacques Dimet,
Bernard Frédérick,
Nicole Mokobodzki,
Tauba-Raymonde Staroswiecki
Roland Wlos
N° paritaire 64825
(en cours de renouvellement)
C.C.P. Paris 5 701 33 R
Directeur de la Publication :
Lucien STEINBERG
Rédaction - Administration :
14, rue de Paradis
75010 PARIS
Tel. : 01 47 70 62 16
Fax: 01 45 23 00 96
Mèl : ujre@wanadoo.fr
Site : http://ujre.monsite.wanadoo.fr
(bulletin d’abonnement téléchargeable)
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P.N.M. JANVIER 2007

Irak

3

La mort de Saddam ne règle rien

E

xécutions et attentats se
multiplient en Irak. Les soldats américains comptent
plus de 3.000 morts.

Les jours se suivent et continuent
de se ressembler en Irak. Lundi 15
janvier à l'aube, dans le plus grand
secret, deux anciens responsables
irakiens Barzan al-Tikriti et Awad
al-Bandar ont été pendus haut et
court. Cette fois, les autorités de
Bagdad avaient pris leurs précautions : assistance des plus réduites
(les avocats des suppliciés n'avaient pas été prévenus et n'avaient
donc pas de représentant sur
place), et les membres présents des
forces de l'ordre avaient dû signer
un texte les engageant à rester
dignes…
Ces deux mises à mort ont été
condamnées par l'Union européenne. Elles suivent de quinze jours
l'exécution de l'ancien dictateur
dans des conditions beaucoup plus
troubles.
La pendaison de Saddam Hussein,
au matin de l'Aïd el kebir, une des
plus importantes fêtes musulmanes, n'aura pas, en tout cas, contribué à un quelconque apaisement
de la situation sur le territoire de
l'ancienne Mésopotamie. De cinquante à cent Irakiens meurent
chaque jour dans des attentats ou
des assassinats ciblés. Les soldats
américains payent aussi de leur vie
leur présence dans ce pays. Début
janvier, le nombre de militaires US
tués au combat dépassait les 3000,
soit un chiffre supérieur à celui des
victimes des Twin Towers, le 11
septembre 2001. La fable des
armes de destruction massive est
désormais passée de mode et les
liens entre l'ancien régime baasiste
et les terroristes d'al-Qaida restent
encore à prouver.
Par contre, l'exécution de l'ancien
président irakien, et les conditions
de cette exécution, renforcent le
communautarisme et encouragent
à la future partition du pays. Les
haines entre communautés risquent
de devenir insurmontables. Le premier ministre Nouri al-Maliki, qui
est l'un des responsables du parti
Da'wa (chiite) ne fait pas dans la
dentelle*. C'est déjà lui qui avait
affirmé que Saddam Hussein serait
exécuté avant la fin de l'année
2006 alors que son procès en appel
n'avait pas encore eu lieu. C'est lui

aussi qui s'en est pris de façon
grossière à ceux qui, à l'extérieur
de l'Irak, avaient osé critiquer,
même modestement, le recours à la
peine capitale. Le premier ministre
se permet de donner des leçons
d’indépendance… lorsque plus de
150.000 soldats américains font la
guerre sur son propre territoire et
n'ont visiblement aucun complexe
à ne pas demander l'avis de ce gouvernement qu'ils ont contribué à
mettre en place.
L'exécution de Saddam en dit
long sur la réalité de ce pouvoir
irakien et de ses conceptions des
droits de l'homme et de la démocratie. Soyons clair : Saddam
Hussein, comme le rappelait
récemment le président de la Ligue
des droits de l'homme, Jean-Pierre
Dubois, était un criminel. Un dictateur et un despote de la pire espèce qui a envoyé à la mort et fait torturer des dizaines de milliers d'opposants, qui a enfoncé son peuple
dans la misère en déclenchant la
guerre contre l'Iran en 1979 alors
qu'il venait de prendre tout le pouvoir à Bagdad**.
Dans cette guerre, qui a duré huit
ans et qui a fait des millions de
morts des deux côtés de la frontière, le dictateur avait reçu sans barguigner le soutien des pays occidentaux : Etats-Unis et France en
tête, et aussi d'ailleurs, de l'Union
soviétique. Pour Washington, le
danger principal c'était Téhéran et
les risques d'exportation de la
révolution. La mainmise sur le
pétrole de la région était naturellement sous-jacent à ce soutien,
comme d'ailleurs l'aide à la nucléarisation de l'Irak par les Etats-Unis
et Paris. L'exécution de Saddam
referme d'ailleurs le dossier de ces
complicités là.
On ne pleurera évidement pas
Saddam Hussein, mais force est de
constater que durant son procès
tout comme face à la potence, il fut
d'une dignité absolue a contrario
des slogans qui furent lancés par
ses bourreaux et des insultes qu'il
dut subir en allant à la mort.
L'exécution du raïs ne fut pas un
acte de justice, elle fut une vengeance, et en ce sens, elle altère l’idée même de tribunal pour juger
les crimes des dictateurs de tous
poils.
Le président Bush qui, pour sa

J.Dimet

part, s'était vivement félicité de
l'exécution du raïs, a décidé d'envoyer de nouveaux renforts en Irak
pour “sécuriser” Bagdad. Cet énième plan fait l'unanimité contre lui,
y compris chez les officiers généraux américains. Les plans précédents ont montré leur inefficacité.
Ce qui compte avant tout, c'est
d’ouvrir le dialogue entre Irakiens,
et avec les pays frontaliers de l'Irak
(Arabie Saoudite, Iran, Syrie,
Jordanie, Turquie). Sauf que les
trois ans de domination américaine
se sont soldés par des dizaines de
milliers de morts, des combats
acharnés entre communautés et
une quasi-partition du pays.
Le risque reste élevé d'un élargissement du conflit à d'autres
pays de la zone. Des milliers
d'Arabes sunnites fuyant les escadrons de la mort chiites se réfugient au Kurdistan irakien (les
Kurdes sont majoritairement sunnites), risquant ainsi de déstabiliser
la région la plus stable d'Irak. De
l'autre côté de la frontière, les
Turcs ont menacé à plusieurs reprises d'intervenir au Kurdistan contre les camps du PKK (la guérilla
kurde de Turquie) et voient d'un
mauvais œil la volonté des Kurdes
d'Irak de faire de Kirkuk la capitale d'un Kurdistan intégré à un Irak
fédéral. Or Kirkuk, avec les déplacements de populations imposés
par Saddam Hussein, est désormais
majoritairement peuplée d'Arabes
sunnites et de Turcomans. Une
étincelle peut mettre le feu à la
région. Et quand la région est un
champ de pétrole… ■
* Le parti Da'wa est le plus ancien
parti chiite d'Irak, fondé dans les
années cinquante. Nouri al-Maliki
est le président adjoint du parti.
Condamné à mort sous Saddam dans
les années 80 il se réfugie en Iran
puis en Syrie où il dirige le groupe
action du parti (c'est-à-dire la lutte
armée menée en Irak par son organisation). Le parti Da'wa est alors
considéré comme une organisation
terroriste par les Etats-Unis.
** Saddam était devenu l'homme fort
du régime baasiste peu de temps
après la révolution de 1968. Il avait
accédé au rôle de numéro un en 1979,
peu après la rupture de l'alliance entre
les communistes et les baasistes et
l'amplification de la répression contre
les communistes et les Kurdes.

Femmes
en Irak
NASRINE
AL-BARWARI
A noter que l’Irak,
état multi-ethnique et
multi-confessionnel,
après avoir été le premier pays arabe
laïque, est aussi le Nasrine Al-Barwari
© AP
premier à compter
une femme ministre d'Etat, la
Kurde Nesrine Al-Barwari, chargée des Travaux publics du gouvernement provisoire irakien.

en Israël
L'affaire
Ta l i F a h i m a

T

ali Fahima, une
jeune israélienne, condamnée à trois
ans d'emprisonnement suite à une provocation policière
vient d’être remise en
liberté par les services pénitentiaires après avoir passé plusieurs
mois en prison.
On lui reprochait d'avoir fourni
des renseignements à un agent
ennemi, M. Zakaria Zubeidi,
ainsi que d'avoir manqué de
respect aux matons.
Tali Fahima affirme de son côté
s'être livrée à des actions humanitaires - et assure qu'elle continuera à le faire et qu'elle ne
regrette rien. "Je continuerai à
combattre contre l'occupation et
pour la paix".
L'accusation affirmait qu'elle
avait envisagé des actes terroristes contre des cibles israéliennes,
accusation susceptible de déboucher sur la peine capitale.
Accusation abandonnée durant
l'instruction.
De nombreuses protestations ont
sûrement abouti au changement
de position du Pouvoir.
LS
lu dans Jerusalem Post
www.jpost.com
3 janvier
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4

Idées

La judéité
au péril de l’enfermement

Proche-Orient

Israël-Palestine
Les perspectives absentes

P. Saly

S

ous le titre “Le monde
moderne et la question juive”*, Edgar
Morin vient de publier un
très suggestif essai qu'il
qualifie lui-même “non
[de] livre d'histoire mais
{de] réflexion historisée”. Le titre
peut surprendre : en quoi l'existence
juive est-elle plus un problème que
n'importe quelle autre existence
collective ? Mais la réponse à ladite
“question” est des plus claires et,
disons-le, tout à fait fondamentale :
l'apport juif à la construction du
monde moderne (intellectuelle,
conceptuelle, morale, politique)
passe par la profondeur et la variété
des contributions de ceux que l'auteur appelle les “judéo-gentils”.
Avant que Rome ne finisse de les
disperser, les juifs constituaient
dans
l'Orient
méditerranéen
antique, à la fois les fidèles d'une
religion et un “peuple” (certains
même emploient le mot “nation”,
plutôt anachronique au regard du
sens moderne du terme), organisé
autour d'une entité étatique.
La destruction de la Judée politique
et culturelle a dispersé les juifs au
milieu des peuples divers, polythéistes, en attendant de se rallier à
tel ou tel des grands monothéismes,
en particulier le christianisme et
l'islam. Les juifs comme peuple
étaient devenus les juifs comme
groupe religieux, minoritaire au
milieu des “gentils” (d'où le terme
clef de l'ouvrage), c'est-à-dire au
milieu des peuples non juifs. Du
choc des croyances est né un “antijudaïsme” religieux, matrice des
futurs antisémitismes, mais différent d'eux. Cette cohabitation a suscité de fructueuses concurrences et
convergences intellectuelles, particulièrement brillantes dans le cadre
extraordinairement pluraliste et
tolérant de l'Espagne arabe et
musulmane au moyen-âge.
Commencée dès le XIe siècle, la
persécution des juifs connut son
moment convulsif avec les grandes
expulsions et conversions forcées
des juifs d'Espagne au XVe siècle.
Marranes et conversos (faux et
vrais convertis) ont été d'éminents
passeurs de culture. Ainsi est née,
dans sa forme moderne, la catégorie
des judéo-gentils nourris à la fois de
culture juive et de pensée structurée
par les interrogations nées au sein
du christianisme et de la pensée
antique et autour d'eux. Puisant à
des sources chrétiennes comme juives, de grandes visions du monde et
de l'homme sont nées (Marx,
Freud, etc.), marquées du sceau

d'un universalisme en rupture, à la fois avec l'enfermement religieux juif et la captation de l'universalisme par
le christianisme, et inscrites
dans les avancées d'un rationalisme en opposition frontale avec le courant principal de la
pensée religieuse chrétienne ou
juive.
Passant du terrain des idées à celui
de la politique concrète, bien des
judéo-gentils se sont engagés, pour
le meilleur et parfois le pire, dans
les combats socialiste et communiste dont l'auteur souligne la dimension messianique, transférée et
transformée à partir du messianisme religieux juif, parfois proche
dans ses formes extérieures, mais
radicalement terrestre, et construit
sur l'analyse de la société présente,
et non sur une espérance trans-historique.
Cet engagement ne fut pas de demimesure : les judéo-gentils ont été
présents et souvent déterminants
dans toutes les aventures théoriques
et pratiques de ce “nouveau messianisme” : réformistes, anarchistes,
révolutionnaires, mencheviks ou
bolcheviks avant 1914, dirigeants
soviétiques, parfois même exécutants des pires répressions staliniennes, mais aussi opposants de la première heure et victimes désignées
du goulag, dirigeants communistes
ou socialistes dans des pays comme
la France, innombrables militants
de base et constructeurs de forces
politiques structurantes des gauches
européenne et mondiale, résistants
héroïques, participants majeurs à la
construction de la modernité politique, non pas en dehors des peuples au sein desquels ils vivaient,
mais en parfaite adéquation avec
les batailles progressistes menées
dans chaque pays. On regrette un
peu que l'auteur n'ait pas donné plus
de place aux contributions pratiques
des judéo-gentils à cette construction.
Il décrit ensuite l'émergence d'une
pensée “nationale” juive, le sionisme, nationalisme tournant le dos à
l'universalisme judéo-gentil, caractérisé comme une “conséquence
directe” de l'antisémitisme.
Les derniers passages de son essai
mettent en question “l'inflation du
mot antisémitisme” et l'instrumentalisation de la notion, au seul profit
de la légitimation de la politique
annexionniste et colonialiste
d'Israël.
Dénonçant une “éthique judéocentrique qui veut maintenir la
séparation avec les gentils”, il

J. Dimet

I

sraël ne se remet toujours pas de
l'intervention au Liban de l'été
dernier. Le gouvernement
Olmert-Peres-Peretz,
qui
a
accueilli un ministre d'extrêmedroite en la personne de Avigor
Liberman est au plus bas dans les
sondages, principalement d'ailleurs
le premier ministre et son ministre
de la défense. L'échec de la guerre
au Liban est patent. Elle n'a en rien
assuré la sécurité des populations
vivant au nord d'Israël, et le
Hezbollah est toujours un des pions
essentiels de la politique libanaise.
L'intervention a aussi montré les
faiblesses de l'armée de défense
d'Israël (Tsahal), son impréparation
et surtout les erreurs stratégiques
de ses dirigeants (l'utilisation massive de l'aviation et de l'artillerie a
été critiquée d'un point de vue militaire tactique). A cette crise postinvasion s'ajoute la mise en cause
de plusieurs membres du gouvernement, dont Olmert lui-même,
dans des affaires de justice.
Dans les territoires palestiniens où
les affrontements entre le Hamas et
le Fatah ont pris une tournure dramatique, la situation économique et
sociale continue de se dégrader.
Les deux principales organisations
palestiniennes tentent de se mettre
d'accord pour trouver une issue à
cette crise, d'autant plus que le précondamne à la fois “l'israélisme
clos”, “le judaïsme clos”, et les
actes de guerre, de conquête, d'oppression qui sont le quotidien de la
politique des dirigeants actuels
d'Israël.
Tournant ainsi le dos au nécessaire
universalisme de la pensée, à la
richesse des apports de la judéogentilité, dont l'auteur se réclame,
aux valeurs de justice ancrées dans
l'expérience juive plurimillénaire,
la politique israélienne risque d'être
“une nouvelle étape vers l'abîme”,
un abîme pour le peuple israélien
lui-même, pour la judaïté dans son
ensemble, voire pour l'humanité,
car “la question juive n'est pas que
juive”.
Quelques textes enfin précisent la
pensée de l'auteur sur le conflit
israélo-palestinien. Il y manque
(renvoyé à une publication ultérieure) l'article qui lui valut une
honteuse poursuite pour antisémitisme, et une incroyable condamnation dont il a été totalement lavé
par une décision de la Cour de
Cassation, pour la plus grande
confusion des plaignants. ■
* Le Monde moderne et la question juive,
Edgard Morin, Ed. Seuil, 2006, 12 €

sident de l'autorité palestinienne,
Mahmoud Abbas, a affirmé que, s'il
n'y avait pas d'accord, il faudrait
revenir devant les urnes pour un
double scrutin présidentiel et législatif*.
Le mouvement de la résistance
islamique (Hamas, selon son acronyme arabe) est organisé en deux
branches : une branche de l'intérieur, réputée plus pragmatique,
dont le premier ministre Ismaïl
Haniyeh est un des représentants,
et une branche plus idéologique (la
véritable direction du parti), le
bureau politique basé à Damas. Le
président du bureau politique (et de
fait le principal dirigeant du
Hamas) est Khaled Mechaal qui
vient de faire une déclaration intéressante concernant l'Etat hébreu.
Réaffirmant que son organisation
ne reconnaissait pas l'Etat d'Israël,
il a cependant précisé : “Il va rester
un Etat qui s'appelle Israël, c'est un
fait. Le problème, ce n'est pas
l'existence d'une entité qui s'appelle Israël. Le problème, c'est que
l'Etat palestinien n'existe pas.” Ce
type de formulation peut enclencher un processus de règlement
politique.
Du côté israélien, si le ministre de
la Défense a donné l'autorisation de
créer une nouvelle colonie en
Cisjordanie, son vice ministre, le
général (CR) Ephraïm Sneh**,
ancien commandant militaire du
Liban sud, puis chef de l'administration de Cisjordanie, a indiqué
qu'il fallait libérer Marwan
Barghouti. L'emblématique prisonnier palestinien, responsable du
Fatah en Cisjordanie, député palestinien, qui fut l'un des jeunes dirigeants de la première Intifada, plusieurs fois condamné à la prison à
vie et incarcéré en Israël, est extrêmement populaire. C'est lui qui est
à l'origine du fameux plan de paix
des prisonniers qui est considéré
comme l'étape obligée de la sortie
de crise en Palestine.
Parallèlement le gouvernement
américain, embourbé dans les
affaires irakiennes, a organisé une
visite de Condoleeza Rice au
Proche Orient. La secrétaire d'Etat
avoue elle-même qu'elle n'a pas de
plan et qu'elle vient “écouter”.
Il est plus que temps d'avancer vers
une solution politique. ■
* Voir PNM 241 (décembre 2006)
** Ephraïm Sneh
ailleurs, le fils de
commandant de la
fondateurs du parti
(Maki).

(travailliste) est, par
Moshé Sneh, ancien
Haganah et l'un des
communiste israélien
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P.N.M. JANVIER 2007

ER
JANVI

5

Libération du camp d’Auschwitz

27

Une bande dessinée circule sur Internet, son objectif : toucher six
millions d’internautes, nombre des victimes juives de la barbarie nazie ...
PNM s’en fait le relais, tout en précisant que ce nazisme alla bien audelà d’un “extrémisme politique qui n'aimait pas la religion juive”.
Le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou d'extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale est estimé à plus de 150.000
personnes, victimes de mesures de répression (80.000 politiques, résistants...) et de
persécution (75.000 français coupables d’être nés tsiganes, ou juifs, croyants ou non
croyants ...). Au total, disparurent plus de 100.000 déportés partis de France.
Les trois quarts des juifs résidant en France ont survécu à ce génocide nazi, la plupart grâce à l’humanité des Justes de France, qu’ils soient inscrits au
Mémorial Yad Vashem, ou “simples” anonymes, si justement honorés au
Panthéon par le Président de la République en ce 18 janvier [voir p.6],
date mémoire de l’évacuation du camp d’Auschwitz par les nazis craignant l’avance de l’Armée Rouge. Celle-ci libérera effectivement le camp le 27 janvier. Ces Justes sont venus en aide à ceux qui n'étaient pour eux “rien d'autre que des
hommes, des femmes et des enfants en danger”.

Elle : m’sieur, je dois te dire... il y a
un tatouage horriblement ennuyeux
sur ton bras. C’est juste un groupe
de nombres
Lui : euh, je devais avoir ton âge
quand je l’ai eu, et je l’ai gardé en
souvenir

Elle : oh... un souvenir de jours plus
heureux ?
Lui : non... d’un temps où le monde
était devenu fou

“Imagine-toi dans un pays où tes
compatriotes avaient suivi la voix
d’extrémistes politiques qui n'aimaient pas ta religion.
Imagine que l’on t’ait tout pris, que
ta famille entière ait été envoyée
dans un camp de concentration où
ils devaient travailler comme des
esclaves, puis y être systématiquement assassinés. Là, ils te prenaient
même ton nom pour le remplacer
par un nombre tatoué sur ton bras.
On appela cela L'HOLOCAUSTE, car
des millions de personnes y ont
péri, juste en raison de leur foi...”

Elle : ainsi tu l'as gardé pour te souvenir des dangers de l'extrémisme
politique ?
Lui : non, ma chérie, pour que tu
t’en souviennes.

©2006 Wiley

Quelques remarques à propos de votes
communautaires
H. Levart

H

Il convient alors d'émettre un avis
aro sur la pensée unique ! Haro
critique sur certaines initiatives et
sur la mondialisation ! Haro
propos émanant d'institutions “comsur le communautarisme !
munautaires” proLes partisans et
accompagnateurs Je ressens comme français l'injure qui pres à amplifier
les dérives comdu libéralisme ne m'est faite comme juif.
Lucien Vidal-Naquet munautaristes.
rechignent pas à
pourfendre
les C'est cet appel passionné à la justice Par exemple : la
maux dont souffre humaine, c'est ce sérieux de la cons- constitution
en
la société française. cience hébraïque, mêlé à la grâce, à la Région parisienne
Et dans ce torrent force, à la raison de la pensée grecque, lors de récentes
de démagogie, le qui s'est fondu dans le génie de la élections de listes
vote communau- France.
“Euro-Palestine“,
taire refait surface
Victor Hugo la déclaration du
en cette période Tout ce qui altère ou désagrège l'indé- Président
du
électorale. Il y pendance et l'unité d'une grande nation Conseil représenaurait donc un menace la forme de civilisation que tatif des associavote noir, un vote
cette nation a su exprimer et dont elle tions noires n'exjuif, un vote
cluant pas une cans'est faite la porteuse.
musulman,
un
Jean-Richard Bloch didature noire dans
vote protestant ou
la
course
à
Il y a d'autres façons d'être juif ; je les l'Elysée. Est-il raicatholique ?
Certes, il serait comprends et je les respecte : adhérer à sonnable d'instrustupide de nier la religion israélite et la pratiquer, faire mentaliser de la
certaines spécifi- partie d'une des communautés consti- sorte les discrimicités. En ce sens, tuées par une origine, une culture, une nations ? L'est-il
il est normal que destinée historiques communes. Elles ne tout autant de la
les
formations forment pas une communauté unique ni part de dignitaires
politiques pren- ne sont porteuses d'une culture unique. juifs dont le thème
nent des disposi- Mon attitude envers Israël est politique de la victimisation
tions en consé- et ne relève pas d'une soi-disant " cons- est entretenu de
quence.
Mais cience collective des juifs " souvent façon permanente ?
cataloguer nos invoquée…
Que peuvent rescompatriotes en
Francis Cohen sentir nos conciestompant
les
J'affirme donc, s'il le faut, face à la toyens de l'OPA
questions sociétales, c'est contri- mort, que je suis né juif ; que je n'ai sur les juifs de
buer à fragiliser jamais songé à m'en défendre ni trouvé notre pays de la
les bases mêmes aucun motif d'être tenté de le faire… part des dirigeants
Etranger à tout formalisme confession- d'Israël ? du soude notre nation.
Jean Ziegler cadre nel comme à toute solidarité prétendu- hait d'un grand
le problème au ment raciale, je me suis senti, durant ma rabbin français de
plus clair dans vie entière, avant tout et très simplement voir l'armée israél ' H u m a n i t é - français... nourri de son héritage spiri- lienne vaincre ses
Dimanche de fin tuel ... Je n'ai jamais éprouvé que ma ennemis ? d'une
2006 : “Le capita- qualité de juif mît à ses sentiments le mission de solidaà
Israël
lisme de la jungle moindre obstacle… Puis-je en toute sin- rité
incluant la visite
détruit
l'Etat cérité me rendre ce témoignage : je
national et sa meurs comme j'ai vécu, en bon d'une unité blindée
de retour du front,
capacité normati- Français.
ve. Il fragilise le
Marc Bloch et un “passage” à
statut social, l'i- J'aurais aimé, bien sûr, concilier mon la frontière avec le
dentité collective groupe d'origine, la nation et l'humani- Liban ?
des personnes. té. Je m'y essaye toujours.
Jean-François
L'angoisse légitiAlbert Memmi Kahn a bien raison
me face à la prédans sa “Lettre
carité du travail, celle de la perte du
aux juifs communautaires” d'évoquer
pouvoir de négociation fragilisent
un auto-enfermement, un carcan de
psychologiquement et socialement les
certitudes bétonnées. JFK émet le
travailleuses ainsi que les travœu que les juifs de France redevienvailleurs. Ceux qui n'ont pas une
nent l'aile marchante du combat
capacité analytique et une conscience
démocratique. Qu'ils y participent,
politique solide tombent alors victiserait déjà une bonne chose.
mes des mirages populistes et des poisons xénophobes. Le plus préoccuEnfin, une nouvelle réconfortante :
pant, c'est que ces personnes ne se
une présence juive parmi les sept
rendent pas compte que les dérives
intervenants religieux à un colloque
populistes, en paralysant les luttes
marseillais définissant les religions
populaires, ne servent que les oligarcomme un lien d'intégration sociale; à
chies capitalistes”.
condition qu'elles ne se confondent
C'est le bon sens même.
pas avec des ethnies. ■
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Sionisme ?

Dieu, les Etats-Unis et Israël

Mémoire
Mont-Valérien

Michel Muller

I

l peut paraître délicat
du Christ*.
d'évoquer les groupes
Dans un reportage diffusé le
de pressions états-uni7 mai 2002, la BBC expliens, favorables à la poliquait que depuis le 11 septique du gouvernement
tembre, le soutien à Israël
israélien relative aux Le révérend John Hagee dans l'opinion états-unienne
le 7 février 2006 au meePalestiniens et aux territoi- ting de préfiguration du s'était “massivement” déveres occupés lors de la guerCUFI
loppé notamment avec l'appare de juin 1967, tant appa- Christians United for Israel rition d'un puissant “nouveau
remment, une analyse criphénomène”, le sionisme chrétien,
tique est souvent et facilement frapune doctrine florissant parmi les
pée de l'anathème d'antisémitisme.
quelque 40 millions d'adeptes des
En réalité, aux Etats-Unis, par delà
Eglises de chrétiens conservateurs.
la solidarité traditionnelle (comme
Les “Christian Zionists” affirment
on peut la trouver dans nombre
que leur soutien à la politique
d'autres pays) de communautés juiexpansionniste israélienne est fonves avec l'Etat d'Israël, il existe de
dée sur le chapitre 13 de la Genèse
véritables formes d'identification
proclamant notamment : “Et l'Éteridéologique dans la population
nel dit à Abraham, après que Lot se
états-unienne en tant que telle.
fut séparé de lui : Lève tes yeux, et
Celle-ci prend racine dans l’identité
regarde, du lieu où tu es, vers le
de certains mythes fondateurs des
Nord, et vers le Midi, et vers
deux Etats et donne une force partil'Orient, et vers l'Occident car tout
culière à des convergences idéolole pays que tu vois, je te le donnerai,
giques entre des groupes chrétiens et à ta descendance, pour toules chrétiens sionistes, comme ils
jours”.
s'appellent eux mêmes - et certaines
Mais le terreau spécifiquement
organisations juives états-uniennes.
nord-américain sur lequel fleurit
C'est donc essentiellement ces deux
cette conception messianique
domaines que nous tentons d'éclaid'Israël, et la corrélation entre le
rer un tant soit peu dans cet article.
destin des deux peuples, se trouve
Les 18 et 19 juillet 2006, alors que
dans les mythes fondateurs des
les bombes israéliennes déferlaient
Etats-Unis.
Dans un article
sur le Liban, se tenait à Washington
récent**, Lawrance Davidson, prole premier congrès annuel d'une
fesseur à la West Chester University
nouvelle organisation, “Chrétiens
de Pennsylvanie explique qu'il exisunis pour Israël” (Christians United
te un parallèle entre ce qu'on appelFor Israel). Lors d'un dîner auquel
le le “destin manifeste” des Etatsparticipait l'ambassadeur d'Israël, le
Unis et celui d'Israël dans sa vision
dirigeant de cette organisation, le
biblique, concrète aussi bien que
révérend John Hagee, après avoir lu
métaphysique. Dans le même
des messages de félicitation de
temps, le rôle messianique et proséGeorge W. Bush et du premier
lytique des Etats-Unis (pour “le
ministre israélien, Ehud Olmert,
bien”, la “démocratie” et la “liberté
affirmait que le soutien à Israël était
de commerce”) est lui aussi de droit
“la politique extérieure de Dieu” et
- et, disent certains, de devoir que l'agression en cours contre le
divin.
Liban était “une bataille entre le
C'est ainsi que lors des récentes
bien et le mal”.
funérailles de Ronald Reagan, on ne
Dans le New York Times daté du 13
manqua pas de citer ses références à
novembre dernier, David D.
la “Cité rayonnante sur la colline”,
Kirkpatrick explique : “Nombre de
un concept développé par l'un des
conservateurs chrétiens disent
premiers colons de la Nouvelle
qu'ils croient que le soutien du préAngleterre, John Winthrop. Cet
sident (des Etats-Unis) répond à
équivalent de la “Nouvelle
une injonction biblique de protéger
Jérusalem” - la terre d'Amérique l'Etat juif, dont certains pensent
aurait été accordé par Dieu aux
qu'il jouera un rôle central lors de
puritains anglais fuyant l'oppresla seconde avenue du messie”.
sion de ce roi mécréant que fut
Charles Ier. Présidant au destin de la
Une analyse reprise par Walter
société d'investissement colonial,
Russel Mead (adjoint de Henry
“Massachusetts Bay Company”, ce
Kissinger au sein du Conseil des
“père pèlerin” accompagné de
relations étrangères) qui évoque une
quelques mille disciples, transforma
“vision apocalyptique de la fin du
la compagnie coloniale, dès son
monde et du dernier jugement”
arrivée en Amérique en 1630, en
selon laquelle “tout effort de l'hu“Commonwealth” (Etat) dirigé par
manité pour l'édification d'un
les actionnaires devenus des “freemonde de paix échouera” puisque
men” c'est-à-dire des électeurs***.
ceci ne pourra advenir qu'avec la
A la différence des conquêtes colo“paix de mille ans” après le retour

niales européennes, la “marche vers
l'Ouest” n'est pas, par voie de
conséquence, une acquisition du
territoire d'autrui par la guerre ou le
marchandage, mais tout simplement
le droit biblique de prendre possession de la “Nouvelle Jérusalem”,
celle de la fin des temps - on peut
même trouver sur Internet des sites
expliquant qu'elle se trouverait
quelque part dans le Middle West à l'instar du “droit au retour des
Juifs sur la Terre sainte”, Eretz
Israel, la Terre d'Israël. “Quand les
Américains partaient vers l'Ouest,
ils ne colonisaient pas, ils s'installaient tout simplement chez eux”,
écrit Russel Banks****. Il en va de
même, pour nombre d'Etats-uniens,
quant à l'implantation de colonies
juives dans les territoires palestiniens occupés.
En poursuivant sur cette voie, on
peut aussi tracer une forme d'équivalence avec la conception souvent
enseignée au cours des “écoles du
dimanche” évangélistes, selon
laquelle la Palestine biblique a été
“volée” aux chrétiens et, donc, aux
juifs, par les “musulmans” et celle
selon laquelle, comme le rappelle la
Déclaration d'Indépendance, les
Etats-uniens ont dû affronter les
“impitoyables Sauvages Indiens,
dont la bien connue règle de guerre
est la destruction sans discrimination de (personnes) de tous âges,
sexes et condition”.
Et ce n'est donc pas par hasard que
George W Bush a utilisé le terme de
“croisade” pour qualifier sa volonté
belliciste destinée à “venger” les
victimes des attentats du 11 septembre 2001.
Prendre la plus exacte possible
mesure de ces tendances effrayantes
de certains secteurs de l'opinion
publique des Etats-Unis nous
conduit, dans le même temps, à
constater que la majorité de la population aspire à une conception différente du monde - comme l'ont montré les récentes élections - à l'instar
des autres peuples qui rêvent avant
tout de paix, de justice et de solidarité. Un encouragement à une solidarité pacifiste. ■
* God's Country ? dans Foreing Affairs Septembre-Octobre 2006.
** Le sionisme chrétien, une représentation du Destin manifeste américain dans
Critical Middle Eastern Studies, été
2005.
*** The National Experience - A History
of the United States - Fifth Edition page 25 et suivantes.
**** Amérique, Notre Histoire - Actes Sud
/ Arte Editions, octobre 2006 - 16 €

La flamme de la Résistance
ne s’éteint jamais !
Salomon Calmanovic,
employé de commerce
né à Paris 12° le 19
mai 1915, résidait à
Pavillons sous Bois. Il
s’engagea dans la
Résistance et y obtint le grade de
lieutenant FFI. Arrêté, il fut fusillé au
Mont-Valérien le 22 janvier 1942.

Hommage de
la Nation aux
Justes de France

D

ans le cadre d'une cérémonie grandiose au Panthéon, Monsieur Jacques
Chirac, Président de la République, a
rendu l'hommage de la Nation aux Justes,
ces hommes et femmes qui ont sauvé des
Juifs traqués en France pendant la seconde guerre mondiale.
A ce jour, 1725 ont été recensés par Yad
Vashem, autorité israélienne qui décerne
cette distinction. C'est pourtant un fait,
que le Président de la République a souligné, que le nombre des sauveteurs était
bien plus élevé. Beaucoup sont décédés,
d'autres n'ont pu être recensés, d'autres
encore, beaucoup d'autres, ne se sont
jamais faits connaitre, estimant qu'ils n'avaient fait qu'obéir à leur conscience,
qu'ils n'avaient fait que leur devoir.
Une plaque commémorative a été placée
dans la crypte du Panthéon. Son texte :
Sous la chape de haine et de nuit tombée
sur la France dans les années de l’occupation, des lumières, par milliers, refusèrent de s’éteindre. Nommés “Justes
parmi les nations” ou restés anonymes,
des femmes et des hommes de toutes origines et de toutes conditions ont sauvé
des juifs des persécutions antisémites et
des camps d’extermination. Bravant les
risques encourus, ils ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de justice,
de tolérance et d’humanité.

Dans l'assistance, on remarquait
quelques-uns de ces Justes. Certains
pleuraient. Dans le public qui emplissait
le Panthéon, l'émotion était intense. Elle
était à son comble, lorsque Monsieur
Jacques Chirac, précédé de Madame
Simone Veil, présidente de la Fondation
pour la mémoire de la Shoah, sont descendus dans la crypte pour s'incliner
devant la plaque commémorative.
Une création artistique d'Agnès Varda,
suivie d’une œuvre musicale de Francis
Poulenc interprétée par l'ensemble vocal
Accentus, ont marqué la cérémonie.
PNM tient à rendre hommage aux très
nombreux media - presse écrite, radios,
télévisions - qui se sont fait l'écho de
cette manifestation, en publiant de nombreux témoignages - de Justes comme de
certains de ceux qui leur doivent la vie.
Lucien Steinberg
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7

C U L T U R E

Toujours la Constitution
Europe

A

vec la présidence de l'Union
européenne depuis le 1er janvier, l'Allemagne a décidé de
relancer le projet de constitution mortné. La tâche n'est pas aisée. La
Commission, elle, poursuit le démantèlement des services publics. Et chacune d'elles fournit des sujets d' actualité qui devraient figurer dans les
débats électoraux, puisque qu’ils
conditionnent notre vie nationale.
La chancelière allemande bénéficie de
l'appui des seize pays qui ont dit
“oui”, seize sur vingt-sept après l'admission de la Bulgarie et de la
Roumanie. Par contre, Danemark,
Grande-Bretagne, Irlande, Pologne,
Portugal, République tchèque, Suède
n'ont manifesté aucun empressement.
Il y a discussion. Angela Merkel tient
fermement au projet “en bloc”, rejetant par exemple l'idée de Nicolas
Sarkozy de pratiquer un petit bricolage que pourrait voter le Parlement.
Les ayatollahs de l'ultralibéralisme
parlent de crise institutionnelle, d'impasse, mais ne savent que faire.
Pendant cette présidence qui s'achève
en juillet, il y aura des élections en
France, aux Pays-Bas et la GrandeBretagne aura peut-être un nouveau
premier ministre. Il convient donc
d'attendre l'installation des nouvelles
autorités. La Commission de
Bruxelles entend, elle, pousser les
négociations en décrétant qu'il ne peut
être question d' admettre de nouveaux
Etats en l'absence de réformes. Mais
la Croatie n'est pas attendue avant
2009, et la Turquie ... ensuite.
Les jusqu'auboutistes de l'intégration
reconnaissent aussi une méfiance des
populations de plus en plus ample à
l'égard de leurs objectifs, des réticences plus prononcées au niveau des
Etats. Un climat plus facilement
exploitable par l'ultra-conservatisme
et l'extrémisme de droite que par les
forces de progrès, comme le souligne
l'analyse de Jean-Yves Camus (PNM
239 d’octobre 2006). Tout un symbole : l'extrémisme de droite a pu constituer son groupe au Parlement européen avec l'arrivée de députés bulgares et roumains, un groupe que préside Bruno Gollnisch, le lieutenant de
Le Pen.
Imperturbables, les eurocrates de
Bruxelles multiplient les sacrifices à
leur divinité, la “concurrence libre et
non faussée”. Parmi leurs nombreux
objectifs français, relevons notamment, en vrac, le texte gouvernemental tentant de protéger de l'étranger les
entreprises à caractère stratégique, la
retraite de la Poste, le P.M.U., la
Française des Jeux. Mais le grand
sujet d'actualité demeure le démantèlement des services publics en général
et de l'énergie en particulier
La préoccupation des Etats, après la
querelle Russie-Biélorussie, tient à
l'approvisionnement énergétique de
l'Europe, toujours dépendante de

Robert Joseph
Moscou pour une grande part. En
marge, la Commission annonce qu'elle va recommander l'éclatement du
secteur de l'électricité qui a fait la
preuve de son efficacité, en en séparant la production du transport.
Il devrait y avoir là une nouvelle grande vague de protestation. Depuis
longtemps, les forces vives du pays
s'opposent à la privatisation et au
démantèlement des grands services
publics, qu’il s'agisse de l'énergie ou
du transport. Les développements
autour de l'opération Gaz de FranceSuez en soulignent la capacité. Le
gouvernement qui privatise ardemment dit qu'il s'opposera au démantèlement d'E.D.F. - affaire à suivre alors que des voix allemandes
appuient Bruxelles.
En cette année du cinquantième anniversaire du Traité de Rome, la déjà si
peu démocratique Union européenne
où les non élus, commissaires à
Bruxelles, financiers à Francfort,
imposent leurs décisions aux élus des
nations, les intégristes de la concurrence voudraient en finir avec le vieux
principe institué à l'époque “Un pays,
Une voix”. Ils aimeraient, comme le
disait Nicolas Sarkozy en septembre
dernier, “faire sauter le verrou de l'unanimité”, élargir le plus possible le
champ de la dite “majorité qualifiée”
afin de museler les récalcitrants. Mais
encore faudra-t-il en faire admettre le
principe.
La Commission a été échaudée avec
la “directive Bolkestein” sur les services. Elaborée en catimini en janvier
2004, elle a explosé au printemps
2005 soulevant une vigoureuse protestation, notamment en France. Le
débat public a été ouvert. Le
Parlement européen en a adopté une
version légèrement édulcorée en
février 2006 et finalement, en octobre,
le Conseil européen et la Commission
réintroduisaient des dispositions écartées par le Parlement.
Deux questions : sous le régime de la
“majorité qualifiée”, dans les négociations entre les “25”, combien aurait
pesé la voix de la France, tout de
même assez isolée sur le sujet ?
Pourquoi au nom de la concurrence
bafouer les élus des peuples ?
L'expérience ne peut être oubliée. Et
les candidats à la présidence de la
République doivent s'exprimer clairement - seule Marie-Georges Buffet l'a
fait, et défend ces objectifs - sur ces
aspects déterminants à inscrire dans
les prochaines réformes : la préservation des services publics hors de la
sphère de la concurrence, et la démocratisation du fonctionnement de
l'Union européeenne, en donnant aux
élus des nations du Parlement européen et non à un groupe de technocrates, l'initiative législative et le pouvoir
de décision qu'ils n'ont pas. ■
15/01/2007

L'UJRE, association loi
1901, éditrice du mensuel
d'information La Presse
Nouvelle Magazine, a l’honneur et le
plaisir d’annoncer l’édition prochaine, sous la mention :
ED. DE L'UJRE - PRESSE NOUVELLE
de la seconde édition du manuscrit
sauvegardé :

“ECRIS, PAPA, ÉCRIS”
d’Elie Rozencwajg
traduit du yiddish par Batia Baum
Cette édition revue et complétée,
ouvrira, nous le souhaitons, la porte à
une collection de témoignages de
l'histoire de nos proches, traduits du
yiddish.
L’équipe de la PNM
Le Bureau de l’UJRE
Prévente
assurée par
SOUSCRIPTION

Plus de détails
dans la PNM de
Février 2007

DONA DONA
voyage musical
en français
dans l'imaginaire
yiddish
Donné à Paris* les 3 et 4 février, ce
spectacle est d'ores et déjà programmé
également au Festival d'Avignon Off
en juillet 2007, au Théâtre des
Lucioles.
Longue vie à lui donc, sachant que
vous êtes les meilleurs ambassadeurs
du spectacle ! Venez nombreux, revenez, parlez-en à vos voisins du dessus,
du dessous, en bref passez le message
“sans modération” à vos amis et
connaissances !!!
Il n'y a pas de réservation auprès de la
salle. Venez donc un peu à l'avance,
vous choisirez ainsi la place que vous
préférez.
A très bientôt, amicalement,
Claude Liberman
Dans ce spectacle inédit, le public français
peut enfin découvrir une part de l'extraordinaire patrimoine culturel yiddish Qu’on
se le dise !
* Espace Jean Dame - Places à 15€ et 12
€ 17 rue Léopold Bellan - Paris 2eme M° Sentier - Tél : 01 47 97 80 22 - les :
Samedi 3 février à 20h30
et Dimanche 4 février à 16h

MAISON DE LA CULTURE YIDDISH : Quand la Vistule parlait yiddish
Du 27 janvier au 10 avril
Exposition créée par la Maison de
la culture yiddish et dédiée à l'histoire de la communauté juive de
Varsovie, qui fut l'une des plus
vigoureuses, et productives de
Pologne et d'Europe.
Entrée libre aux horaires de la Maison
01 47 00 14 00

LES JUSTES
Ce documentaire de 55 mn. co-écrit
par Frédéric Martin et
Nicolas Ribowski, réalisateur, lui-même rescapé
de la déportation, retrace
à travers de nombreux
témoignages l'histoire de
ces Françaises et Français qui ont
sauvé la vie de juifs durant la
Seconde Guerre mondiale.
Paris Cap le télédiffusera le jeudi 18
janvier 2007 à 22h00 ainsi que toute
la semaine du 15 au 19 janvier et
pendant les 5 mois qui suivent.
A noter qu’à Paris, la mairie du Vème
arrondissement vendra les souvenirs édités spécialement par
l’APFI (Association
philatélique FranceIsraël) à l’occasion de
la sortie du timbre Les Justes de
France. Une partie de la recette sera
reversée au Comité Français pour
Yad Vashem.

Samedi 27 janvier à 15 h
LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE
VARSOVIE JUSQU'EN 1939
Introduction d’Alexandre Messer

LES JUIFS ET L’INDÉPENDANCE
DE LA POLOGNE EN 1918
NAISSANCE DE L’ANTISÉMITISME
MODERNE DE LA 2° RÉPUBLIQUE
Conférence de Jean-Yves Potel
Projection du documentaire
réalisé par Yitzhak et Saul Goskind

A DAY IN WARSAW
(Pologne / 1938 / 10 min / NB /
yiddish sous-titré anglais)
P. A. F. : 5 €. Membres : 3 €.

M.A.H.J
Hôtel de Saint-Aignan 71, rue du Temple
75003 Paris Tél : 01 53 01 86 60

Lundi 5 février 2007 à 20 h

Lili Brik / Elsa Triolet

Lili
Brick

Lecture par Dominique Reymond
et Maria de Medeiros,
talentueuses comédiennes, de la correspondance entre Elsa Triolet et sa
soeur, Lili Brik, (nées Kagan), qui incarneront ces deux soeurs d’exception.
Cette conversation intime d’un demi-siècle entre deux femmes à la destinée
brillante et dramatique, aimées et célébrées chacune par un grand poète est en
même temps une conversation passionnée entre la France et la Russie, et une
chronique au jour le jour de la vie culturelle de ces deux pays, de l'œuvre de
Maïakovski et de celle d’Aragon.

Elsa
Triolet
PNM 242bon

25/01/07

18:20

Page 8

P.N.M. JANVIER 2007

8

Un colloque utile et bienvenu
Max Weinstein

L

e 15 décembre dernier, un colloque s'est tenu toute la journée, de 9 heures à 18 heures,
dans l'auditorium de l'Hôtel de Ville
de Paris, grâce à l'hospitalité offerte
par la ville de Paris, son maire, monsieur Bertrand Delanoë et madame
Odette Christienne, adjointe chargée
de la Mémoire et des Anciens
Combattants.
Les juifs ont résisté en France 19401945 - c'est le titre donné à cette rencontre par l'AACCE, (Association des
Amis de la Commission Centrale de
l'Enfance). Elle était placée sous la
présidence d'honneur d'Adam Rayski,
avec la participation de l'U.J.R.E.
(Union des Juifs pour la Résistance et
l'Entraide), du Groupe de Travail des
Anciens Résistants de l'U.J.J., (Union
de la Jeunesse Juive et ses Groupes de
Combat), de la toute nouvelle association M.R.J.-M.O.I. (Mémoire des
Résistants juifs de la M.O.I.) et du
musée de la Résistance Nationale de
Champigny, représenté par sa
Présidente, madame Lucienne Nayet.
Elle a débuté par une allocution de
bienvenue du président de l'AACEE,
Joseph Kastersztein, avant que soit
donnée la parole à monsieur David
Douvette, historien, qui dressa, par un
exposé particulièrement documenté
le panorama de la Résistance et de
l'implication des juifs durant la guerre. Il souligna particulièrement les
engagements volontaires de masse
dans l'armée française au début de la
guerre, marquant l'attachement de la
population juive d'immigration
récente, pour sa patrie d'adoption
qu'était la France.
Il importe pour les lecteurs de PNM
de rappeler, sous des formes parfois
personnelles des itinéraires de résistants juifs. Certains de mouvance
communautaire voire religieuse ou
sioniste,
comme
beaucoup
d'Eclaireurs Israélites de France, de
gauche comme Hachomer Hatzair,
militaire comme l'Armée Juive,
l'Organisation Juive de Combat,
voire de sensibilité MOI à divers
degrés: UJRE, UJJ, Union des
Femmes Juives, MNCR.
C'était l'ambition des responsables de
la rencontre - les Amis de la CCE
Ce fut une réussite. Comment traduire l'émotion qui s'empara de l'assistance lors de certains moments forts ?
Pendant l'intervention de Claudie
Bassi-Lederman
par
exemple
(publiée dans la PNM de décembre)
lorsqu'elle évoqua la grande figure de

Charles Lederman, son père, grand
résistant, animateur de l'O.S.E.
(Œuvre de Secours à l'Enfance) président durant de nombreuses années de
l'U.J.R.E., sénateur communiste. Ce
fut également le cas avec l'exposé
clair, simple et plein d'humanité de
Paulette Sarcey qui retraça son itinéraire de résistante, déportée à
Auschwitz d'où elle revint diminuée.
Aussi ce que Roger Trugnan, lui
aussi résistant de la première heure,
également déporté, vint dire en
conclusion des témoignages de la
journée, avec un récit poignant.
Cette journée restera dans les annales
pour ce qui est de l'arrivée au grand
jour de ce que fut la résistance des
organisations juives de l'immigration
récente à l'époque. Il était temps, plus
de soixante ans après la fin de la guerre, alors que certains s'évertuent à
l'occulter, à faire silence sur ce qu'elle
fut, laissant accroire que les juifs s'étaient tous laissés conduire à l'abattoir.
Les interventions qui se sont succédées au long de cette journée, qu'elles
émanent d'historiens, d'invités ou de
témoins, s'inscrivent à contre-courant
de ce silence assourdissant autour de
ce que fut leur engagement.
Les organisateurs avaient décidé de
donner la parole aux témoins, lors de
trois tables rondes, après que les historiens ou spécialistes se soient exprimés. Ce fut une bonne chose car elle
permit l'expression libre, sans contradiction, de ce qu'avaient préparé ceux
qui allaient faire part de leur itinéraire personnel.
Dans un premier temps, Lucien
Steinberg, président de l'U.J.R.E.,
parla non sans émailler son propos
d'une pointe d'humour, des groupes
autres que ceux de la M.O.I. qui
avaient participé à la Résistance, avec
comme intervenant-témoin maître
Théo Klein, Président du Musée d'Art
et d'Histoire du Judaïsme, qui entretint l'assistance de l'action des
Eclaireurs Israélites de France (E.I.F.)
et de la Sixième. Cela ne manqua pas
de retenir l'attention de l'assistance.
C'est à Adam Rayski, historien,
ancien responsable national de la section juive de la M.O.I., retenu pour
des raisons de santé, que revenait, par
la voix de son fils Benoit, de traiter de
la question de la branche juive de la
M.O.I. en en présentant la stratégie et
l'organisation générale.
Joseph Minc, également retenu pour
raisons de santé, avait fait parvenir un
texte traitant de l'action de l'U.J.R.E.

concernant le sauvetage des enfants
ainsi que la création par cette organisation de la Commission Centrale de
l'Enfance après guerre, dont il fut l'initiateur et le fondateur. Son texte fut
lu par Christiane Galili, de la direction de l'AACCE.
En conclusion de cette première partie, Daniel Darès, directeur du théâtre Antoine, fit une lecture pleine d'émotion du texte d'Aragon: “Groupe
Manouchian” ou l'Affiche Rouge.
Après la pause, la première table
ronde se mit en place sous la présidence de madame Nayet, présidente
de l'Association des amis du musée de
la Résistance Nationale de
Champigny. Le thème en était :
“L'engagement des femmes et des
jeunes : les actions pour le sauvetage
des enfants.” Y prirent part Claude
Collin, sociologue, Katy Hazan, historienne et David Douvette. En tant
que témoins, on entendit Claudie
Bassi évoquer son père Charles
Lederman, Madeleine Dimet alias
Josée, ancienne résistante de l'U.J.J.
zone sud, Tolek Skrobek, ami de longue date de Sophie Schwartz, Yvonne
dans la clandestinité, dont il parla
avec une grande humanité et
Salomon Korolitski, alias Yvan,
ancien résistant de l'U.J.J. zone sud
qui fit part de son parcours de l'époque.
La PNM se propose de publier dans
les numéros à venir les interventions
des témoins, tranches de vie de ces
jeunes juifs engagés dans la résistance au sein de leurs organisations :
l'U.J.J. zone sud et l'U.J.J. à Paris.
Les Amis de la CCE ont décidé d'éditer les “minutes intégrales” du colloque. La PNM ne manquera pas d'en
informer ses lecteurs.
Ce fut alors la pause repas.
La séance reprit à 14 heures avec la
seconde table ronde placée sous la
présidence de Sacha Kleinberg,
membre de la direction de l'AACCE.
Le thème en était : “Le travail de propagande et les actions directes des
résistants de la M.O.I.”
Après les interventions de Claude
Collin et de Denis Peschanski, directeur de recherche au CNRS, quatre
témoins furent entendus : Robert
Endewelt qui parla avec beaucoup de
sensibilité de l'action de l'U.J.J. dans
la région parisienne où il agit durant
toute la guerre, Pierre Gluckstein
(alias Marc), ancien résistant de
l'U.J.J. zone sud qui fut à partir du
début de 1944 responsable des grou-

pes de jeunes de la M.O.I. de toutes
nationalités qui s'étaient créés, évoqua en termes simples son itinéraire
de jeune juif parisien.
Il y eut ensuite Maurice Lubczanski
(alias Gérard Moréno) Il anima une
imprimerie clandestine à Bron dans la
banlieue lyonnaise et retraça avec
verve et humour son parcours de
jeune résistant de la première heure à
Paris dès l'automne de 1940, et sa
descente vers Lyon où il devint un des
responsables de l'U.J.J. Paulette
Sarcey intervint ensuite avec beaucoup de sensibilité el de pudeur; elle
retraça son passé résistant à Paris
avant d'être arrêtée, emprisonnée et
déportée.
A la fin de cette table ronde, la parole
fut donnée à Bernard Frédérick,
Président de la toute nouvelle association : M.R.J.-M.O.I. Il présenta le
projet à partir duquel a été initiée
cette nouvelle organisation dont le
but est de promouvoir publiquement le rôle des résistants juifs de
la M.O.I., dans un espace de
mémoire situé au 14 de la rue de
Paradis. Cet espace serait destiné à
recevoir, en collaboration avec le
musée de la Résistance Nationale de
Champigny, un certain nombre d’éléments mis à la disposition du grand
public, des enfants des écoles et
lycées, etc. afin de porter à la connaissance du plus grand nombre ce que
fut la contribution des juifs de la
M.O.I. dans les combats et luttes pour
la libération de la France.
Il y eut deux conclusions à cette
journée mémorable :
L'intervention tellement humaine et
douloureuse de Roger Trugnan évoquant le calvaire des déportés, lui qui
fut un résistant de la première heure à
Paris avec Paulette Sarcey, Maurice
Lubczanski et d'autres, avant d'être
arrêté et envoyé en camp de concentration nazi.
La présentation et projection du film
de Jorge Amat et Denis Peschanski :
“La traque de l'Affiche Rouge”. Un
film qui fera date par les recherches
qui ont présidé à sa réalisation, sa
qualité et l'apport qu'il représente
pour la connaissance de ces évènements tragiques et glorieux tout à la
fois.
Ce fut autour du verre de l'amitié
offert par la municipalité de Paris en
présence de madame Odette
Christienne que se termina cette journée exemplaire. ■

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La Presse Nouvelle Magazine 242 janvier 2007

  • 1. PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 1 LA PRESSE NOUVELLE Magazine Progressiste Juif PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d'antisémitisme et de racisme, ouvertes ou sournoises. PNM se prononce pour une paix juste au Moyen-Orient, sur la base du droit de l'Etat d'Israël à la sécurité, et sur la reconnaissance du droit à un Etat du peuple palestinien. N° 242 - JANVIER 2007 - 25e A N NÉE MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E. L e N° 5 , 5 0 € Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide L’UJRE, et RPJ L’OPAC prend la gestion de notre “14” qui interrompt la publication de sa Lettre d’information vous invitent ensemble à leur La négociation entre notre propriétaire (AREMCAR), la Ville de Paris et l’OPAC a enfin abouti !!! Assemblée des lecteurs Notre dialogue pour assurer le maintien de l’UJRE et des Amis de la CCE au “14”, ainsi que pour y créer un Espace de mémoire dédié aux résistants juifs de la M.O.I. va enfin pouvoir reprendre ... qui se tiendra au “14”* le samedi 3 fevrier à 15h. Soyons vigilants : à suivre... afin de débattre du contenu d’une PNM répondant toujours mieux à vos attentes d’une presse progressiste juive 25 ans déjà que la PNM, succédant à la PNH, défend une orientation progressiste du monde juif ! Nous y soufflerons ensemble les 25 bougies de la Presse Nouvelle Magazine * 14 rue de Paradis - Escalier C - 1er étage (M° Gare de l’Est) Mémoire Proche-Orient J.Dimet p.3 J.Dimet p.4 La mort de Saddam ne règle rien Isrraël - Palestine : Les perspectives absentes Sionisme ? M. Muller p.6 Dieu, les Etats-Unis et Israël R. Joseph p.7 Toujours la Constitution D Culture recueilli 19% des voix - se retrouve avec 63% de députés (paramètre comptable pour le calcul du temps de parole), ou quand les candidats qui se sont prononcés pour le Oui au referendum disposent d'un temps (tous moyens audiovisuels confondus) de près de 80% alors que le Non était majoritaire … ? Quand Claire Chazal déclare à propos de la bipolarisation de la campagne : “TF1 n'a aucune ligne politique. Les faits s'imposent : c'est quand même Ségolène Royal qui est allée en Chine ! C'est quand même Nicolas Sarkozy qui va être sacré candidat de l'UMP dimanche”. Pour elle, Marie-Georges Buffet ne compte pas, quand elle est à Sandouville avec les Renault, c'est un non-événement. Ce ne sont pas des faits. Circulez, y a rien à voir ! Ce que le CSA appelle bipolarisation excessive n'est en fait qu'un véritable rouleau compresseur étouffant les propositions des autres candidats et par conséquent le pluralisme, donnée consubstantielle de la démocratie. Pendant ce temps, Le Pen qui n'a pas à se plaindre du traitement médiatique qu'on lui réserve attend, en embuscade, son heure en s'efforçant de rendre son discours présentable, en en gommant les aspects provocateurs sans rien en changer sur le fond. La représentation excessive de seulement deux candi- P. Saly p.4 H. Levart p.5 p.7 Elections : Vous avez dit libre choix ? onner à chacune et chacun les éléments de réflexion pour être pleinement citoyen afin d'exercer son choix en pleine connaissance de cause. Telle est l'ambition qui devrait animer les medias et les moyens d'information privés, et a fortiori du service public. Or tout se passe comme si leur puissance ne focalisait le débat que sur les personnes de leur choix, plutôt que sur le contenu des politiques. Par la grâce des sondages, ce serait comme le dit un politologue “la démocratie d'opinion qui fait la loi”. Pour sa part, Dominique Wolton, sociologue des medias, directeur de recherche au CNRS, démontre que “les medias au vu des sondages effectués dans un contexte qui est très loin de la réalité ont décidé qu'il n'y aurait que deux candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal”. Ils ont choisi de zoomer sur eux en sous-dimensionnant l'information sur les autres. Comme s'il n'y avait que légitime le centre droit et le centre gauche. [le Parisien le 10 janvier] le Arlette Chabot directrice de l'information de France 2, en réponse aux griefs du CSA (dans le journal daté du même jour) explique qu'après le 20 mars, date où la liste des candidats sera officielle et le temps de parole identique pour chacun, ce sera la règle de l'égalité d'ici-là, ce serait la règle de l'équité. Mais que veut dire équité, quand l'UMP qui n'a pas L. Steinberg p.5 p.5 M. Weinstein p.8 Idées La judéîté au péril de l’enfermement à propos de votes communautaires Europe Roland Wlos Hommage de la Nation aux Justes de France Libération du camp d’Auschwitz Un colloque utile et bienvenu Editorial dats, outre qu'elle conduise à une starisation du système, antinomique d’une réflexion sereine, vise à faire évoluer la politique française vers le modèle américain (dont se réclame le petit Bush français - Sarkozy). Cette évolution vers le bipartisme est inquiétante car elle ne peut qu'affaiblir la démocratie. L'expérience montre en effet que dans les pays soumis à ses règles, aucune véritable alternative ne permet de s'affranchir des tendances lourdes du libéralisme. Le seul choix laissé aux électeurs, c'est éventuellement de corriger quelques lignes à la marge. Cependant, rien ne dit que les français se laisseront dicter leur choix le 22 avril. Les élections précédentes tendent même à prouver le contraire. En 1988, en 1995, en 2002, tous les pronostics ont été déjoués par les électeurs. De même par la suite aux régionales, puis au Referendum. D'autant que bien des inconnues risquent de peser : Comment vont se comporter celles et ceux qui s'étaient mobilisés contre le CPE, et tous les nouveaux électeurs des banlieues, pour la plupart jeunes qui se sont inscrits en masse sur les listes électorales ? Vont-ils se satisfaire des joutes oratoires, des paillettes, des petites phrases assassines, ou bien exiger que soient prises en considération leurs attentes et leur soif de changement ? ■
  • 2. PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 2 P.N.M. JANVIER 2007 2 CARNET GABRIEL que j'ai connu au patronage de la CCE passage Charles Dallery, quand nous étions en culottes courtes, était profondément attaché à l'UJRE et à son journal. Récemment encore, il participait à une délégation pour le maintien de l’UJRE dans ses locaux 14 rue de Paradis. Gabriel, fils d’un père déporté à Auschwitz, qui n’en est pas revenu, et d’une mère militante de l’UJRE, dont elle partageait le combat humaniste et solidaire, fit sien dès son plus jeune âge l’idéal communiste d’émancipation humaine. Travailleur acharné, parallèlement à ses études et ses travaux qui l’ont conduit au très haut niveau de son art, il était de tous les combats pour la justice, la liberté, et contre tous les avilissements et les atteintes à la dignité humaine. A cet égard, j’ai en mémoire l’action qu’il déploya contre les berusfverboten, interdictions faites en Allemagne Fédérale aux antifascistes et aux communistes d’exercer certaines professions, en particulier dans l’enseignement. Il prit également une part active à la GABRIEL, Tu viens de nous quitter; qui dira la tristesse de ceux qui ont été tes amis ? Je suis sans voix aujourd'hui et parce que l'UJRE était chère à ton coeur pour mille raisons, je vais essayer de dire quelques mots pour ceux et celles qui n'ont pas eu la chance de t'avoir comme ami de longue date; je n'étais qu'un gamin quand tu as fait irruption dans mon univers; qui pouvait ne pas être frappé par ce front lumineux, ce regard qui brûlait, et ce rire sourd et sarcastique avec lequel tu prenais les vicissitudes de l'existence et par quoi tu moquais l'adversité, les imbéciles, tout ce qui dans la société de l'époque apparaissait comme réactionnaire et dépassé. Tu étais un grand mathématicien déjà; rien dans ton attitude n'a jamais eu le regard hautain et méprisant qu'on rencontre parfois même hélas chez de très grands; tu étais la modestie même. Ma grand-mère, juive d'origine polonaise que la Guerre avait épargnée par une sorte de miracle, était follement amoureuse de toi (c'est la seule expression qui convienne et tu ne peux qu'en sourire); c'est par elle que mes parents et moimême t'avons connu; vous aviez fait connaissance dans cette maison de légende qu'était la maison PARENT dans les Pyrénées Orientales, près de Mont-Louis et Font-Romeu. Qu'était donc la maison PARENT sinon le lieu où se croisaient tous ceux et celles qui s'activaient pour changer le monde ? c'é- Au nom du bureau de l'UJRE et de l’équipe de rédaction de la PNM, je tiens à exprimer nos sincères condoléances à la famille de G ABRIEL M OKOBODZKI avec une pensée particulièrement émue pour notre amie N ICOLE , membre de l’équipe de rédaction de la PNM. Lucien Steinberg Président de l'UJRE campagne pour Massera pour la reconstruction de l’Université de Montevideo. Gabriel, trop tôt enlevé à l’affection des siens, nous laisse le souvenir d’un homme de conviction, généreux et fidèle dans l’action, jusqu’à son dernier souffle, à l’idéal et l’engagement de sa jeunesse, pour la Justice, la Liberté. Je voudrais exprimer en mon nom personnel, et en celui de l’UJRE, mes condoléances attristées à Nicole, et assurer sa famille et tous ses proches, dont nous partageons la peine, de toute notre sympathie. Roland Wlos tait un endroit extraordinaire: Parent, le père, était un anarchiste catalan; par lui, ont transité des centaines de militants, républicains espagnols et militants des Brigades Internationales, par lui ont trouvé le moyen d'échapper à une mort hideuse et certaine des centaines de Juifs de toute origine . C'était là pour toi une sorte de refuge , ta façon de "prendre l'air". La grande affaire de ta vie, c'était la recherche mathématique; qui dira la fine écriture à la pointe d'un crayon sur un bout de papier qui remplissait l'espace vierge à vue d'oeil ? Et malgré cette activité de chaque instant, tu as continué de participer à tous les combats émancipateurs. Tu as été l'un des premiers signataires du manifeste “Une autre voix Juive”; militant détaché depuis longtemps de toute forme d'attachement religieux, jamais il ne te serait venu à l'idée de taire tes racines; mais c'était à la condition exclusive que ce soit utile à l'humanité. De façon furtive, une fois, à Strasbourg, tu as évoqué tes années d'enfance; ce qu'avait signifié le fascisme hitlérien pour les tiens; trop furtif et trop bref; il eût fallu recueillir ces souvenirs; qui pouvait penser que tu serais fauché ainsi ? Gabriel, tu le sais, je n'ai pas davantage d'attache religieuse que toi, mais permets moi d'utiliser cette expression : tu as été un Juste. Salut, Moko ! Olivier GEBUHRER Plongé depuis quelques jours dans un sommeil où il avait trouvé le repos, MICHEL nous a quittés ce matin Lundi 22 Janvier 2007 dans sa 60ème année Il s'est éteint doucement, paisiblement, dans la chaleur de sa maison. Il avait pourtant tant de choses encore à partager avec ses fils, Fabien et Florent. Michel a toute sa vie pensé ses actions en fonction de ses amis ou de ses collègues. Dans cet esprit, les fleurs lors de la cérémonie d’adieu seront remplacées par des dons en faveur de l'ONG Triangle Génération Humanitaire - 1, rue Montribloud 69009 Lyon - 04 72 20 50 10 - info@trianglegh.org - www.trianglegh.org ... Je vais certainement commettre involontairement des omissions ... Il connaissait tellement de personnes... Merci de diffuser ce faire-part autour de vous. Annie Speter C o u r r i e r d e s Gilbert Gibard: Pas toujours d'accord avec vos positions “angéliques”, notamment sur l'immigration, nous tenons à signaler les remarquables analyses de R. Joseph sur la situation en Serbie qui nous intéressent beaucoup. Tâchez cependant d'évoluer et de ne plus rester dogmatiques, 68 est loin ! La PNM tient à rester un journal ouvert qui appele à la réflexion, au débat et à la confrontation d’idées. Et c’est bien pour- A vos agendas ! Au 14*, la poésie Yiddish sera à l’honneur pour ce ème 9 printemps des poètes Samedi 10 mars 2007 1ère partie Interlude 2ème partie Poésie Klezmer Théâtre * 14 rue de Paradis - Escalier C - 1er étage (M° Gare de l’Est) Informations publicitaires et de soutien à la PNM Contact journal mèl : ujre@wanadoo.fr Tél 01 47 70 62 16 Fax 01 45 23 00 96 l e c t e u r s quoi son équipe, tout en demeurant fidèle à sa ligne éditoriale rappelée sous le titre de la Une, organise une assemblée de lecteurs le 3 février 2007 pour débattre du contenu d’une PNM répondant toujours mieux à vos attentes ! En espérant vous y rencontrer ! PNM Erratum Nos lecteurs n'auront pas manqué de rectifier d'eux-mêmes une erreur survenue dans l'article du précédent n° de PNM sur l'exposition coloniale de 1931*. Ce ne sont pas les socialistes mais les surréalistes qui ont organisé la contre-exposition. Cela en partenariat avec le parti communiste français sur un terrain appartenant à la CGT unitaire, ancienne place du Combat devenue place du Colonel Fabien. Suite à cette parution, un ami nous a adressé la photocopie d'un Almanach de l'époque informant de la vente ou de la cession gratuite de terrains en Algérie. Les acquéreurs devant être obligatoirement de nationalité française ou européenne. Voici un bel exemple des aspects positifs de la colonisation. HL * PNM 241 décembre 2006 p. 5: Néo - colonialisme ? L'as-tu vue la casquette du père Bugeaud ? YIDDISH (Ré-)Apprendre le yiddish, l'écrire, le parler, apprendre et comprendre des chansons du répertoire, les chanter... L’un de nos amis serait prêt à nous donner, le vendredi en fin de journée ou le samedi, des cours de yiddish dans nos locaux du 14 rue de Paradis, mais voilà, combien de personnes seraient intéressées ? et quel jour ? Vous êtes candidat ? Contactez le journal en précisant vos préférences : Mèl : ujre@wanadoo.fr Tel : 01 47 70 62 16 Fax : 01 45 23 00 96 LA PRESSE NOUVELLE SOUSCRIPTION n°36 arrêtée au 15 janvier 2007 NOM Montant Magazine Progressiste Juif édité par l’U.J.R.E. Comité de rédaction : Lucien Steinberg, Jacques Dimet, Bernard Frédérick, Nicole Mokobodzki, Tauba-Raymonde Staroswiecki Roland Wlos N° paritaire 64825 (en cours de renouvellement) C.C.P. Paris 5 701 33 R Directeur de la Publication : Lucien STEINBERG Rédaction - Administration : 14, rue de Paradis 75010 PARIS Tel. : 01 47 70 62 16 Fax: 01 45 23 00 96 Mèl : ujre@wanadoo.fr Site : http://ujre.monsite.wanadoo.fr (bulletin d’abonnement téléchargeable) Tarif d’abonnement : France et Union européenne: 6 mois 28 euros 1 an 55 euros Etranger, hors U.E : 70 euros (*) sauf mention explicite (adhésion, abonnement ou don), les règlements reçus sont imputés en priorité en renouvellement d’abonnement, puis en don. NB : L’Etat vous rembourse 66% de vos adhésions et dons sous forme de crédit d’impôt. IMPRIMERIE DE CHABROL PARIS BULLETIN D'ABONNEMENT Je souhaite m'abonner à votre journal "pas comme les autres", magazine progressiste juif. Je vous adresse ci-joint mes nom, adresse postale, date de naissance, mèl et téléphone
  • 3. PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 3 P.N.M. JANVIER 2007 Irak 3 La mort de Saddam ne règle rien E xécutions et attentats se multiplient en Irak. Les soldats américains comptent plus de 3.000 morts. Les jours se suivent et continuent de se ressembler en Irak. Lundi 15 janvier à l'aube, dans le plus grand secret, deux anciens responsables irakiens Barzan al-Tikriti et Awad al-Bandar ont été pendus haut et court. Cette fois, les autorités de Bagdad avaient pris leurs précautions : assistance des plus réduites (les avocats des suppliciés n'avaient pas été prévenus et n'avaient donc pas de représentant sur place), et les membres présents des forces de l'ordre avaient dû signer un texte les engageant à rester dignes… Ces deux mises à mort ont été condamnées par l'Union européenne. Elles suivent de quinze jours l'exécution de l'ancien dictateur dans des conditions beaucoup plus troubles. La pendaison de Saddam Hussein, au matin de l'Aïd el kebir, une des plus importantes fêtes musulmanes, n'aura pas, en tout cas, contribué à un quelconque apaisement de la situation sur le territoire de l'ancienne Mésopotamie. De cinquante à cent Irakiens meurent chaque jour dans des attentats ou des assassinats ciblés. Les soldats américains payent aussi de leur vie leur présence dans ce pays. Début janvier, le nombre de militaires US tués au combat dépassait les 3000, soit un chiffre supérieur à celui des victimes des Twin Towers, le 11 septembre 2001. La fable des armes de destruction massive est désormais passée de mode et les liens entre l'ancien régime baasiste et les terroristes d'al-Qaida restent encore à prouver. Par contre, l'exécution de l'ancien président irakien, et les conditions de cette exécution, renforcent le communautarisme et encouragent à la future partition du pays. Les haines entre communautés risquent de devenir insurmontables. Le premier ministre Nouri al-Maliki, qui est l'un des responsables du parti Da'wa (chiite) ne fait pas dans la dentelle*. C'est déjà lui qui avait affirmé que Saddam Hussein serait exécuté avant la fin de l'année 2006 alors que son procès en appel n'avait pas encore eu lieu. C'est lui aussi qui s'en est pris de façon grossière à ceux qui, à l'extérieur de l'Irak, avaient osé critiquer, même modestement, le recours à la peine capitale. Le premier ministre se permet de donner des leçons d’indépendance… lorsque plus de 150.000 soldats américains font la guerre sur son propre territoire et n'ont visiblement aucun complexe à ne pas demander l'avis de ce gouvernement qu'ils ont contribué à mettre en place. L'exécution de Saddam en dit long sur la réalité de ce pouvoir irakien et de ses conceptions des droits de l'homme et de la démocratie. Soyons clair : Saddam Hussein, comme le rappelait récemment le président de la Ligue des droits de l'homme, Jean-Pierre Dubois, était un criminel. Un dictateur et un despote de la pire espèce qui a envoyé à la mort et fait torturer des dizaines de milliers d'opposants, qui a enfoncé son peuple dans la misère en déclenchant la guerre contre l'Iran en 1979 alors qu'il venait de prendre tout le pouvoir à Bagdad**. Dans cette guerre, qui a duré huit ans et qui a fait des millions de morts des deux côtés de la frontière, le dictateur avait reçu sans barguigner le soutien des pays occidentaux : Etats-Unis et France en tête, et aussi d'ailleurs, de l'Union soviétique. Pour Washington, le danger principal c'était Téhéran et les risques d'exportation de la révolution. La mainmise sur le pétrole de la région était naturellement sous-jacent à ce soutien, comme d'ailleurs l'aide à la nucléarisation de l'Irak par les Etats-Unis et Paris. L'exécution de Saddam referme d'ailleurs le dossier de ces complicités là. On ne pleurera évidement pas Saddam Hussein, mais force est de constater que durant son procès tout comme face à la potence, il fut d'une dignité absolue a contrario des slogans qui furent lancés par ses bourreaux et des insultes qu'il dut subir en allant à la mort. L'exécution du raïs ne fut pas un acte de justice, elle fut une vengeance, et en ce sens, elle altère l’idée même de tribunal pour juger les crimes des dictateurs de tous poils. Le président Bush qui, pour sa J.Dimet part, s'était vivement félicité de l'exécution du raïs, a décidé d'envoyer de nouveaux renforts en Irak pour “sécuriser” Bagdad. Cet énième plan fait l'unanimité contre lui, y compris chez les officiers généraux américains. Les plans précédents ont montré leur inefficacité. Ce qui compte avant tout, c'est d’ouvrir le dialogue entre Irakiens, et avec les pays frontaliers de l'Irak (Arabie Saoudite, Iran, Syrie, Jordanie, Turquie). Sauf que les trois ans de domination américaine se sont soldés par des dizaines de milliers de morts, des combats acharnés entre communautés et une quasi-partition du pays. Le risque reste élevé d'un élargissement du conflit à d'autres pays de la zone. Des milliers d'Arabes sunnites fuyant les escadrons de la mort chiites se réfugient au Kurdistan irakien (les Kurdes sont majoritairement sunnites), risquant ainsi de déstabiliser la région la plus stable d'Irak. De l'autre côté de la frontière, les Turcs ont menacé à plusieurs reprises d'intervenir au Kurdistan contre les camps du PKK (la guérilla kurde de Turquie) et voient d'un mauvais œil la volonté des Kurdes d'Irak de faire de Kirkuk la capitale d'un Kurdistan intégré à un Irak fédéral. Or Kirkuk, avec les déplacements de populations imposés par Saddam Hussein, est désormais majoritairement peuplée d'Arabes sunnites et de Turcomans. Une étincelle peut mettre le feu à la région. Et quand la région est un champ de pétrole… ■ * Le parti Da'wa est le plus ancien parti chiite d'Irak, fondé dans les années cinquante. Nouri al-Maliki est le président adjoint du parti. Condamné à mort sous Saddam dans les années 80 il se réfugie en Iran puis en Syrie où il dirige le groupe action du parti (c'est-à-dire la lutte armée menée en Irak par son organisation). Le parti Da'wa est alors considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis. ** Saddam était devenu l'homme fort du régime baasiste peu de temps après la révolution de 1968. Il avait accédé au rôle de numéro un en 1979, peu après la rupture de l'alliance entre les communistes et les baasistes et l'amplification de la répression contre les communistes et les Kurdes. Femmes en Irak NASRINE AL-BARWARI A noter que l’Irak, état multi-ethnique et multi-confessionnel, après avoir été le premier pays arabe laïque, est aussi le Nasrine Al-Barwari © AP premier à compter une femme ministre d'Etat, la Kurde Nesrine Al-Barwari, chargée des Travaux publics du gouvernement provisoire irakien. en Israël L'affaire Ta l i F a h i m a T ali Fahima, une jeune israélienne, condamnée à trois ans d'emprisonnement suite à une provocation policière vient d’être remise en liberté par les services pénitentiaires après avoir passé plusieurs mois en prison. On lui reprochait d'avoir fourni des renseignements à un agent ennemi, M. Zakaria Zubeidi, ainsi que d'avoir manqué de respect aux matons. Tali Fahima affirme de son côté s'être livrée à des actions humanitaires - et assure qu'elle continuera à le faire et qu'elle ne regrette rien. "Je continuerai à combattre contre l'occupation et pour la paix". L'accusation affirmait qu'elle avait envisagé des actes terroristes contre des cibles israéliennes, accusation susceptible de déboucher sur la peine capitale. Accusation abandonnée durant l'instruction. De nombreuses protestations ont sûrement abouti au changement de position du Pouvoir. LS lu dans Jerusalem Post www.jpost.com 3 janvier
  • 4. PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 4 P.N.M. JANVIER 2007 4 Idées La judéité au péril de l’enfermement Proche-Orient Israël-Palestine Les perspectives absentes P. Saly S ous le titre “Le monde moderne et la question juive”*, Edgar Morin vient de publier un très suggestif essai qu'il qualifie lui-même “non [de] livre d'histoire mais {de] réflexion historisée”. Le titre peut surprendre : en quoi l'existence juive est-elle plus un problème que n'importe quelle autre existence collective ? Mais la réponse à ladite “question” est des plus claires et, disons-le, tout à fait fondamentale : l'apport juif à la construction du monde moderne (intellectuelle, conceptuelle, morale, politique) passe par la profondeur et la variété des contributions de ceux que l'auteur appelle les “judéo-gentils”. Avant que Rome ne finisse de les disperser, les juifs constituaient dans l'Orient méditerranéen antique, à la fois les fidèles d'une religion et un “peuple” (certains même emploient le mot “nation”, plutôt anachronique au regard du sens moderne du terme), organisé autour d'une entité étatique. La destruction de la Judée politique et culturelle a dispersé les juifs au milieu des peuples divers, polythéistes, en attendant de se rallier à tel ou tel des grands monothéismes, en particulier le christianisme et l'islam. Les juifs comme peuple étaient devenus les juifs comme groupe religieux, minoritaire au milieu des “gentils” (d'où le terme clef de l'ouvrage), c'est-à-dire au milieu des peuples non juifs. Du choc des croyances est né un “antijudaïsme” religieux, matrice des futurs antisémitismes, mais différent d'eux. Cette cohabitation a suscité de fructueuses concurrences et convergences intellectuelles, particulièrement brillantes dans le cadre extraordinairement pluraliste et tolérant de l'Espagne arabe et musulmane au moyen-âge. Commencée dès le XIe siècle, la persécution des juifs connut son moment convulsif avec les grandes expulsions et conversions forcées des juifs d'Espagne au XVe siècle. Marranes et conversos (faux et vrais convertis) ont été d'éminents passeurs de culture. Ainsi est née, dans sa forme moderne, la catégorie des judéo-gentils nourris à la fois de culture juive et de pensée structurée par les interrogations nées au sein du christianisme et de la pensée antique et autour d'eux. Puisant à des sources chrétiennes comme juives, de grandes visions du monde et de l'homme sont nées (Marx, Freud, etc.), marquées du sceau d'un universalisme en rupture, à la fois avec l'enfermement religieux juif et la captation de l'universalisme par le christianisme, et inscrites dans les avancées d'un rationalisme en opposition frontale avec le courant principal de la pensée religieuse chrétienne ou juive. Passant du terrain des idées à celui de la politique concrète, bien des judéo-gentils se sont engagés, pour le meilleur et parfois le pire, dans les combats socialiste et communiste dont l'auteur souligne la dimension messianique, transférée et transformée à partir du messianisme religieux juif, parfois proche dans ses formes extérieures, mais radicalement terrestre, et construit sur l'analyse de la société présente, et non sur une espérance trans-historique. Cet engagement ne fut pas de demimesure : les judéo-gentils ont été présents et souvent déterminants dans toutes les aventures théoriques et pratiques de ce “nouveau messianisme” : réformistes, anarchistes, révolutionnaires, mencheviks ou bolcheviks avant 1914, dirigeants soviétiques, parfois même exécutants des pires répressions staliniennes, mais aussi opposants de la première heure et victimes désignées du goulag, dirigeants communistes ou socialistes dans des pays comme la France, innombrables militants de base et constructeurs de forces politiques structurantes des gauches européenne et mondiale, résistants héroïques, participants majeurs à la construction de la modernité politique, non pas en dehors des peuples au sein desquels ils vivaient, mais en parfaite adéquation avec les batailles progressistes menées dans chaque pays. On regrette un peu que l'auteur n'ait pas donné plus de place aux contributions pratiques des judéo-gentils à cette construction. Il décrit ensuite l'émergence d'une pensée “nationale” juive, le sionisme, nationalisme tournant le dos à l'universalisme judéo-gentil, caractérisé comme une “conséquence directe” de l'antisémitisme. Les derniers passages de son essai mettent en question “l'inflation du mot antisémitisme” et l'instrumentalisation de la notion, au seul profit de la légitimation de la politique annexionniste et colonialiste d'Israël. Dénonçant une “éthique judéocentrique qui veut maintenir la séparation avec les gentils”, il J. Dimet I sraël ne se remet toujours pas de l'intervention au Liban de l'été dernier. Le gouvernement Olmert-Peres-Peretz, qui a accueilli un ministre d'extrêmedroite en la personne de Avigor Liberman est au plus bas dans les sondages, principalement d'ailleurs le premier ministre et son ministre de la défense. L'échec de la guerre au Liban est patent. Elle n'a en rien assuré la sécurité des populations vivant au nord d'Israël, et le Hezbollah est toujours un des pions essentiels de la politique libanaise. L'intervention a aussi montré les faiblesses de l'armée de défense d'Israël (Tsahal), son impréparation et surtout les erreurs stratégiques de ses dirigeants (l'utilisation massive de l'aviation et de l'artillerie a été critiquée d'un point de vue militaire tactique). A cette crise postinvasion s'ajoute la mise en cause de plusieurs membres du gouvernement, dont Olmert lui-même, dans des affaires de justice. Dans les territoires palestiniens où les affrontements entre le Hamas et le Fatah ont pris une tournure dramatique, la situation économique et sociale continue de se dégrader. Les deux principales organisations palestiniennes tentent de se mettre d'accord pour trouver une issue à cette crise, d'autant plus que le précondamne à la fois “l'israélisme clos”, “le judaïsme clos”, et les actes de guerre, de conquête, d'oppression qui sont le quotidien de la politique des dirigeants actuels d'Israël. Tournant ainsi le dos au nécessaire universalisme de la pensée, à la richesse des apports de la judéogentilité, dont l'auteur se réclame, aux valeurs de justice ancrées dans l'expérience juive plurimillénaire, la politique israélienne risque d'être “une nouvelle étape vers l'abîme”, un abîme pour le peuple israélien lui-même, pour la judaïté dans son ensemble, voire pour l'humanité, car “la question juive n'est pas que juive”. Quelques textes enfin précisent la pensée de l'auteur sur le conflit israélo-palestinien. Il y manque (renvoyé à une publication ultérieure) l'article qui lui valut une honteuse poursuite pour antisémitisme, et une incroyable condamnation dont il a été totalement lavé par une décision de la Cour de Cassation, pour la plus grande confusion des plaignants. ■ * Le Monde moderne et la question juive, Edgard Morin, Ed. Seuil, 2006, 12 € sident de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a affirmé que, s'il n'y avait pas d'accord, il faudrait revenir devant les urnes pour un double scrutin présidentiel et législatif*. Le mouvement de la résistance islamique (Hamas, selon son acronyme arabe) est organisé en deux branches : une branche de l'intérieur, réputée plus pragmatique, dont le premier ministre Ismaïl Haniyeh est un des représentants, et une branche plus idéologique (la véritable direction du parti), le bureau politique basé à Damas. Le président du bureau politique (et de fait le principal dirigeant du Hamas) est Khaled Mechaal qui vient de faire une déclaration intéressante concernant l'Etat hébreu. Réaffirmant que son organisation ne reconnaissait pas l'Etat d'Israël, il a cependant précisé : “Il va rester un Etat qui s'appelle Israël, c'est un fait. Le problème, ce n'est pas l'existence d'une entité qui s'appelle Israël. Le problème, c'est que l'Etat palestinien n'existe pas.” Ce type de formulation peut enclencher un processus de règlement politique. Du côté israélien, si le ministre de la Défense a donné l'autorisation de créer une nouvelle colonie en Cisjordanie, son vice ministre, le général (CR) Ephraïm Sneh**, ancien commandant militaire du Liban sud, puis chef de l'administration de Cisjordanie, a indiqué qu'il fallait libérer Marwan Barghouti. L'emblématique prisonnier palestinien, responsable du Fatah en Cisjordanie, député palestinien, qui fut l'un des jeunes dirigeants de la première Intifada, plusieurs fois condamné à la prison à vie et incarcéré en Israël, est extrêmement populaire. C'est lui qui est à l'origine du fameux plan de paix des prisonniers qui est considéré comme l'étape obligée de la sortie de crise en Palestine. Parallèlement le gouvernement américain, embourbé dans les affaires irakiennes, a organisé une visite de Condoleeza Rice au Proche Orient. La secrétaire d'Etat avoue elle-même qu'elle n'a pas de plan et qu'elle vient “écouter”. Il est plus que temps d'avancer vers une solution politique. ■ * Voir PNM 241 (décembre 2006) ** Ephraïm Sneh ailleurs, le fils de commandant de la fondateurs du parti (Maki). (travailliste) est, par Moshé Sneh, ancien Haganah et l'un des communiste israélien
  • 5. PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 5 P.N.M. JANVIER 2007 ER JANVI 5 Libération du camp d’Auschwitz 27 Une bande dessinée circule sur Internet, son objectif : toucher six millions d’internautes, nombre des victimes juives de la barbarie nazie ... PNM s’en fait le relais, tout en précisant que ce nazisme alla bien audelà d’un “extrémisme politique qui n'aimait pas la religion juive”. Le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou d'extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale est estimé à plus de 150.000 personnes, victimes de mesures de répression (80.000 politiques, résistants...) et de persécution (75.000 français coupables d’être nés tsiganes, ou juifs, croyants ou non croyants ...). Au total, disparurent plus de 100.000 déportés partis de France. Les trois quarts des juifs résidant en France ont survécu à ce génocide nazi, la plupart grâce à l’humanité des Justes de France, qu’ils soient inscrits au Mémorial Yad Vashem, ou “simples” anonymes, si justement honorés au Panthéon par le Président de la République en ce 18 janvier [voir p.6], date mémoire de l’évacuation du camp d’Auschwitz par les nazis craignant l’avance de l’Armée Rouge. Celle-ci libérera effectivement le camp le 27 janvier. Ces Justes sont venus en aide à ceux qui n'étaient pour eux “rien d'autre que des hommes, des femmes et des enfants en danger”. Elle : m’sieur, je dois te dire... il y a un tatouage horriblement ennuyeux sur ton bras. C’est juste un groupe de nombres Lui : euh, je devais avoir ton âge quand je l’ai eu, et je l’ai gardé en souvenir Elle : oh... un souvenir de jours plus heureux ? Lui : non... d’un temps où le monde était devenu fou “Imagine-toi dans un pays où tes compatriotes avaient suivi la voix d’extrémistes politiques qui n'aimaient pas ta religion. Imagine que l’on t’ait tout pris, que ta famille entière ait été envoyée dans un camp de concentration où ils devaient travailler comme des esclaves, puis y être systématiquement assassinés. Là, ils te prenaient même ton nom pour le remplacer par un nombre tatoué sur ton bras. On appela cela L'HOLOCAUSTE, car des millions de personnes y ont péri, juste en raison de leur foi...” Elle : ainsi tu l'as gardé pour te souvenir des dangers de l'extrémisme politique ? Lui : non, ma chérie, pour que tu t’en souviennes. ©2006 Wiley Quelques remarques à propos de votes communautaires H. Levart H Il convient alors d'émettre un avis aro sur la pensée unique ! Haro critique sur certaines initiatives et sur la mondialisation ! Haro propos émanant d'institutions “comsur le communautarisme ! munautaires” proLes partisans et accompagnateurs Je ressens comme français l'injure qui pres à amplifier les dérives comdu libéralisme ne m'est faite comme juif. Lucien Vidal-Naquet munautaristes. rechignent pas à pourfendre les C'est cet appel passionné à la justice Par exemple : la maux dont souffre humaine, c'est ce sérieux de la cons- constitution en la société française. cience hébraïque, mêlé à la grâce, à la Région parisienne Et dans ce torrent force, à la raison de la pensée grecque, lors de récentes de démagogie, le qui s'est fondu dans le génie de la élections de listes vote communau- France. “Euro-Palestine“, taire refait surface Victor Hugo la déclaration du en cette période Tout ce qui altère ou désagrège l'indé- Président du électorale. Il y pendance et l'unité d'une grande nation Conseil représenaurait donc un menace la forme de civilisation que tatif des associavote noir, un vote cette nation a su exprimer et dont elle tions noires n'exjuif, un vote cluant pas une cans'est faite la porteuse. musulman, un Jean-Richard Bloch didature noire dans vote protestant ou la course à Il y a d'autres façons d'être juif ; je les l'Elysée. Est-il raicatholique ? Certes, il serait comprends et je les respecte : adhérer à sonnable d'instrustupide de nier la religion israélite et la pratiquer, faire mentaliser de la certaines spécifi- partie d'une des communautés consti- sorte les discrimicités. En ce sens, tuées par une origine, une culture, une nations ? L'est-il il est normal que destinée historiques communes. Elles ne tout autant de la les formations forment pas une communauté unique ni part de dignitaires politiques pren- ne sont porteuses d'une culture unique. juifs dont le thème nent des disposi- Mon attitude envers Israël est politique de la victimisation tions en consé- et ne relève pas d'une soi-disant " cons- est entretenu de quence. Mais cience collective des juifs " souvent façon permanente ? cataloguer nos invoquée… Que peuvent rescompatriotes en Francis Cohen sentir nos conciestompant les J'affirme donc, s'il le faut, face à la toyens de l'OPA questions sociétales, c'est contri- mort, que je suis né juif ; que je n'ai sur les juifs de buer à fragiliser jamais songé à m'en défendre ni trouvé notre pays de la les bases mêmes aucun motif d'être tenté de le faire… part des dirigeants Etranger à tout formalisme confession- d'Israël ? du soude notre nation. Jean Ziegler cadre nel comme à toute solidarité prétendu- hait d'un grand le problème au ment raciale, je me suis senti, durant ma rabbin français de plus clair dans vie entière, avant tout et très simplement voir l'armée israél ' H u m a n i t é - français... nourri de son héritage spiri- lienne vaincre ses Dimanche de fin tuel ... Je n'ai jamais éprouvé que ma ennemis ? d'une 2006 : “Le capita- qualité de juif mît à ses sentiments le mission de solidaà Israël lisme de la jungle moindre obstacle… Puis-je en toute sin- rité incluant la visite détruit l'Etat cérité me rendre ce témoignage : je national et sa meurs comme j'ai vécu, en bon d'une unité blindée de retour du front, capacité normati- Français. ve. Il fragilise le Marc Bloch et un “passage” à statut social, l'i- J'aurais aimé, bien sûr, concilier mon la frontière avec le dentité collective groupe d'origine, la nation et l'humani- Liban ? des personnes. té. Je m'y essaye toujours. Jean-François L'angoisse légitiAlbert Memmi Kahn a bien raison me face à la prédans sa “Lettre carité du travail, celle de la perte du aux juifs communautaires” d'évoquer pouvoir de négociation fragilisent un auto-enfermement, un carcan de psychologiquement et socialement les certitudes bétonnées. JFK émet le travailleuses ainsi que les travœu que les juifs de France redevienvailleurs. Ceux qui n'ont pas une nent l'aile marchante du combat capacité analytique et une conscience démocratique. Qu'ils y participent, politique solide tombent alors victiserait déjà une bonne chose. mes des mirages populistes et des poisons xénophobes. Le plus préoccuEnfin, une nouvelle réconfortante : pant, c'est que ces personnes ne se une présence juive parmi les sept rendent pas compte que les dérives intervenants religieux à un colloque populistes, en paralysant les luttes marseillais définissant les religions populaires, ne servent que les oligarcomme un lien d'intégration sociale; à chies capitalistes”. condition qu'elles ne se confondent C'est le bon sens même. pas avec des ethnies. ■
  • 6. PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 6 P.N.M. JANVIER 2007 6 Sionisme ? Dieu, les Etats-Unis et Israël Mémoire Mont-Valérien Michel Muller I l peut paraître délicat du Christ*. d'évoquer les groupes Dans un reportage diffusé le de pressions états-uni7 mai 2002, la BBC expliens, favorables à la poliquait que depuis le 11 septique du gouvernement tembre, le soutien à Israël israélien relative aux Le révérend John Hagee dans l'opinion états-unienne le 7 février 2006 au meePalestiniens et aux territoi- ting de préfiguration du s'était “massivement” déveres occupés lors de la guerCUFI loppé notamment avec l'appare de juin 1967, tant appa- Christians United for Israel rition d'un puissant “nouveau remment, une analyse criphénomène”, le sionisme chrétien, tique est souvent et facilement frapune doctrine florissant parmi les pée de l'anathème d'antisémitisme. quelque 40 millions d'adeptes des En réalité, aux Etats-Unis, par delà Eglises de chrétiens conservateurs. la solidarité traditionnelle (comme Les “Christian Zionists” affirment on peut la trouver dans nombre que leur soutien à la politique d'autres pays) de communautés juiexpansionniste israélienne est fonves avec l'Etat d'Israël, il existe de dée sur le chapitre 13 de la Genèse véritables formes d'identification proclamant notamment : “Et l'Éteridéologique dans la population nel dit à Abraham, après que Lot se états-unienne en tant que telle. fut séparé de lui : Lève tes yeux, et Celle-ci prend racine dans l’identité regarde, du lieu où tu es, vers le de certains mythes fondateurs des Nord, et vers le Midi, et vers deux Etats et donne une force partil'Orient, et vers l'Occident car tout culière à des convergences idéolole pays que tu vois, je te le donnerai, giques entre des groupes chrétiens et à ta descendance, pour toules chrétiens sionistes, comme ils jours”. s'appellent eux mêmes - et certaines Mais le terreau spécifiquement organisations juives états-uniennes. nord-américain sur lequel fleurit C'est donc essentiellement ces deux cette conception messianique domaines que nous tentons d'éclaid'Israël, et la corrélation entre le rer un tant soit peu dans cet article. destin des deux peuples, se trouve Les 18 et 19 juillet 2006, alors que dans les mythes fondateurs des les bombes israéliennes déferlaient Etats-Unis. Dans un article sur le Liban, se tenait à Washington récent**, Lawrance Davidson, prole premier congrès annuel d'une fesseur à la West Chester University nouvelle organisation, “Chrétiens de Pennsylvanie explique qu'il exisunis pour Israël” (Christians United te un parallèle entre ce qu'on appelFor Israel). Lors d'un dîner auquel le le “destin manifeste” des Etatsparticipait l'ambassadeur d'Israël, le Unis et celui d'Israël dans sa vision dirigeant de cette organisation, le biblique, concrète aussi bien que révérend John Hagee, après avoir lu métaphysique. Dans le même des messages de félicitation de temps, le rôle messianique et proséGeorge W. Bush et du premier lytique des Etats-Unis (pour “le ministre israélien, Ehud Olmert, bien”, la “démocratie” et la “liberté affirmait que le soutien à Israël était de commerce”) est lui aussi de droit “la politique extérieure de Dieu” et - et, disent certains, de devoir que l'agression en cours contre le divin. Liban était “une bataille entre le C'est ainsi que lors des récentes bien et le mal”. funérailles de Ronald Reagan, on ne Dans le New York Times daté du 13 manqua pas de citer ses références à novembre dernier, David D. la “Cité rayonnante sur la colline”, Kirkpatrick explique : “Nombre de un concept développé par l'un des conservateurs chrétiens disent premiers colons de la Nouvelle qu'ils croient que le soutien du préAngleterre, John Winthrop. Cet sident (des Etats-Unis) répond à équivalent de la “Nouvelle une injonction biblique de protéger Jérusalem” - la terre d'Amérique l'Etat juif, dont certains pensent aurait été accordé par Dieu aux qu'il jouera un rôle central lors de puritains anglais fuyant l'oppresla seconde avenue du messie”. sion de ce roi mécréant que fut Charles Ier. Présidant au destin de la Une analyse reprise par Walter société d'investissement colonial, Russel Mead (adjoint de Henry “Massachusetts Bay Company”, ce Kissinger au sein du Conseil des “père pèlerin” accompagné de relations étrangères) qui évoque une quelques mille disciples, transforma “vision apocalyptique de la fin du la compagnie coloniale, dès son monde et du dernier jugement” arrivée en Amérique en 1630, en selon laquelle “tout effort de l'hu“Commonwealth” (Etat) dirigé par manité pour l'édification d'un les actionnaires devenus des “freemonde de paix échouera” puisque men” c'est-à-dire des électeurs***. ceci ne pourra advenir qu'avec la A la différence des conquêtes colo“paix de mille ans” après le retour niales européennes, la “marche vers l'Ouest” n'est pas, par voie de conséquence, une acquisition du territoire d'autrui par la guerre ou le marchandage, mais tout simplement le droit biblique de prendre possession de la “Nouvelle Jérusalem”, celle de la fin des temps - on peut même trouver sur Internet des sites expliquant qu'elle se trouverait quelque part dans le Middle West à l'instar du “droit au retour des Juifs sur la Terre sainte”, Eretz Israel, la Terre d'Israël. “Quand les Américains partaient vers l'Ouest, ils ne colonisaient pas, ils s'installaient tout simplement chez eux”, écrit Russel Banks****. Il en va de même, pour nombre d'Etats-uniens, quant à l'implantation de colonies juives dans les territoires palestiniens occupés. En poursuivant sur cette voie, on peut aussi tracer une forme d'équivalence avec la conception souvent enseignée au cours des “écoles du dimanche” évangélistes, selon laquelle la Palestine biblique a été “volée” aux chrétiens et, donc, aux juifs, par les “musulmans” et celle selon laquelle, comme le rappelle la Déclaration d'Indépendance, les Etats-uniens ont dû affronter les “impitoyables Sauvages Indiens, dont la bien connue règle de guerre est la destruction sans discrimination de (personnes) de tous âges, sexes et condition”. Et ce n'est donc pas par hasard que George W Bush a utilisé le terme de “croisade” pour qualifier sa volonté belliciste destinée à “venger” les victimes des attentats du 11 septembre 2001. Prendre la plus exacte possible mesure de ces tendances effrayantes de certains secteurs de l'opinion publique des Etats-Unis nous conduit, dans le même temps, à constater que la majorité de la population aspire à une conception différente du monde - comme l'ont montré les récentes élections - à l'instar des autres peuples qui rêvent avant tout de paix, de justice et de solidarité. Un encouragement à une solidarité pacifiste. ■ * God's Country ? dans Foreing Affairs Septembre-Octobre 2006. ** Le sionisme chrétien, une représentation du Destin manifeste américain dans Critical Middle Eastern Studies, été 2005. *** The National Experience - A History of the United States - Fifth Edition page 25 et suivantes. **** Amérique, Notre Histoire - Actes Sud / Arte Editions, octobre 2006 - 16 € La flamme de la Résistance ne s’éteint jamais ! Salomon Calmanovic, employé de commerce né à Paris 12° le 19 mai 1915, résidait à Pavillons sous Bois. Il s’engagea dans la Résistance et y obtint le grade de lieutenant FFI. Arrêté, il fut fusillé au Mont-Valérien le 22 janvier 1942. Hommage de la Nation aux Justes de France D ans le cadre d'une cérémonie grandiose au Panthéon, Monsieur Jacques Chirac, Président de la République, a rendu l'hommage de la Nation aux Justes, ces hommes et femmes qui ont sauvé des Juifs traqués en France pendant la seconde guerre mondiale. A ce jour, 1725 ont été recensés par Yad Vashem, autorité israélienne qui décerne cette distinction. C'est pourtant un fait, que le Président de la République a souligné, que le nombre des sauveteurs était bien plus élevé. Beaucoup sont décédés, d'autres n'ont pu être recensés, d'autres encore, beaucoup d'autres, ne se sont jamais faits connaitre, estimant qu'ils n'avaient fait qu'obéir à leur conscience, qu'ils n'avaient fait que leur devoir. Une plaque commémorative a été placée dans la crypte du Panthéon. Son texte : Sous la chape de haine et de nuit tombée sur la France dans les années de l’occupation, des lumières, par milliers, refusèrent de s’éteindre. Nommés “Justes parmi les nations” ou restés anonymes, des femmes et des hommes de toutes origines et de toutes conditions ont sauvé des juifs des persécutions antisémites et des camps d’extermination. Bravant les risques encourus, ils ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d’humanité. Dans l'assistance, on remarquait quelques-uns de ces Justes. Certains pleuraient. Dans le public qui emplissait le Panthéon, l'émotion était intense. Elle était à son comble, lorsque Monsieur Jacques Chirac, précédé de Madame Simone Veil, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, sont descendus dans la crypte pour s'incliner devant la plaque commémorative. Une création artistique d'Agnès Varda, suivie d’une œuvre musicale de Francis Poulenc interprétée par l'ensemble vocal Accentus, ont marqué la cérémonie. PNM tient à rendre hommage aux très nombreux media - presse écrite, radios, télévisions - qui se sont fait l'écho de cette manifestation, en publiant de nombreux témoignages - de Justes comme de certains de ceux qui leur doivent la vie. Lucien Steinberg
  • 7. PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 7 P.N.M. JANVIER 2007 7 C U L T U R E Toujours la Constitution Europe A vec la présidence de l'Union européenne depuis le 1er janvier, l'Allemagne a décidé de relancer le projet de constitution mortné. La tâche n'est pas aisée. La Commission, elle, poursuit le démantèlement des services publics. Et chacune d'elles fournit des sujets d' actualité qui devraient figurer dans les débats électoraux, puisque qu’ils conditionnent notre vie nationale. La chancelière allemande bénéficie de l'appui des seize pays qui ont dit “oui”, seize sur vingt-sept après l'admission de la Bulgarie et de la Roumanie. Par contre, Danemark, Grande-Bretagne, Irlande, Pologne, Portugal, République tchèque, Suède n'ont manifesté aucun empressement. Il y a discussion. Angela Merkel tient fermement au projet “en bloc”, rejetant par exemple l'idée de Nicolas Sarkozy de pratiquer un petit bricolage que pourrait voter le Parlement. Les ayatollahs de l'ultralibéralisme parlent de crise institutionnelle, d'impasse, mais ne savent que faire. Pendant cette présidence qui s'achève en juillet, il y aura des élections en France, aux Pays-Bas et la GrandeBretagne aura peut-être un nouveau premier ministre. Il convient donc d'attendre l'installation des nouvelles autorités. La Commission de Bruxelles entend, elle, pousser les négociations en décrétant qu'il ne peut être question d' admettre de nouveaux Etats en l'absence de réformes. Mais la Croatie n'est pas attendue avant 2009, et la Turquie ... ensuite. Les jusqu'auboutistes de l'intégration reconnaissent aussi une méfiance des populations de plus en plus ample à l'égard de leurs objectifs, des réticences plus prononcées au niveau des Etats. Un climat plus facilement exploitable par l'ultra-conservatisme et l'extrémisme de droite que par les forces de progrès, comme le souligne l'analyse de Jean-Yves Camus (PNM 239 d’octobre 2006). Tout un symbole : l'extrémisme de droite a pu constituer son groupe au Parlement européen avec l'arrivée de députés bulgares et roumains, un groupe que préside Bruno Gollnisch, le lieutenant de Le Pen. Imperturbables, les eurocrates de Bruxelles multiplient les sacrifices à leur divinité, la “concurrence libre et non faussée”. Parmi leurs nombreux objectifs français, relevons notamment, en vrac, le texte gouvernemental tentant de protéger de l'étranger les entreprises à caractère stratégique, la retraite de la Poste, le P.M.U., la Française des Jeux. Mais le grand sujet d'actualité demeure le démantèlement des services publics en général et de l'énergie en particulier La préoccupation des Etats, après la querelle Russie-Biélorussie, tient à l'approvisionnement énergétique de l'Europe, toujours dépendante de Robert Joseph Moscou pour une grande part. En marge, la Commission annonce qu'elle va recommander l'éclatement du secteur de l'électricité qui a fait la preuve de son efficacité, en en séparant la production du transport. Il devrait y avoir là une nouvelle grande vague de protestation. Depuis longtemps, les forces vives du pays s'opposent à la privatisation et au démantèlement des grands services publics, qu’il s'agisse de l'énergie ou du transport. Les développements autour de l'opération Gaz de FranceSuez en soulignent la capacité. Le gouvernement qui privatise ardemment dit qu'il s'opposera au démantèlement d'E.D.F. - affaire à suivre alors que des voix allemandes appuient Bruxelles. En cette année du cinquantième anniversaire du Traité de Rome, la déjà si peu démocratique Union européenne où les non élus, commissaires à Bruxelles, financiers à Francfort, imposent leurs décisions aux élus des nations, les intégristes de la concurrence voudraient en finir avec le vieux principe institué à l'époque “Un pays, Une voix”. Ils aimeraient, comme le disait Nicolas Sarkozy en septembre dernier, “faire sauter le verrou de l'unanimité”, élargir le plus possible le champ de la dite “majorité qualifiée” afin de museler les récalcitrants. Mais encore faudra-t-il en faire admettre le principe. La Commission a été échaudée avec la “directive Bolkestein” sur les services. Elaborée en catimini en janvier 2004, elle a explosé au printemps 2005 soulevant une vigoureuse protestation, notamment en France. Le débat public a été ouvert. Le Parlement européen en a adopté une version légèrement édulcorée en février 2006 et finalement, en octobre, le Conseil européen et la Commission réintroduisaient des dispositions écartées par le Parlement. Deux questions : sous le régime de la “majorité qualifiée”, dans les négociations entre les “25”, combien aurait pesé la voix de la France, tout de même assez isolée sur le sujet ? Pourquoi au nom de la concurrence bafouer les élus des peuples ? L'expérience ne peut être oubliée. Et les candidats à la présidence de la République doivent s'exprimer clairement - seule Marie-Georges Buffet l'a fait, et défend ces objectifs - sur ces aspects déterminants à inscrire dans les prochaines réformes : la préservation des services publics hors de la sphère de la concurrence, et la démocratisation du fonctionnement de l'Union européeenne, en donnant aux élus des nations du Parlement européen et non à un groupe de technocrates, l'initiative législative et le pouvoir de décision qu'ils n'ont pas. ■ 15/01/2007 L'UJRE, association loi 1901, éditrice du mensuel d'information La Presse Nouvelle Magazine, a l’honneur et le plaisir d’annoncer l’édition prochaine, sous la mention : ED. DE L'UJRE - PRESSE NOUVELLE de la seconde édition du manuscrit sauvegardé : “ECRIS, PAPA, ÉCRIS” d’Elie Rozencwajg traduit du yiddish par Batia Baum Cette édition revue et complétée, ouvrira, nous le souhaitons, la porte à une collection de témoignages de l'histoire de nos proches, traduits du yiddish. L’équipe de la PNM Le Bureau de l’UJRE Prévente assurée par SOUSCRIPTION Plus de détails dans la PNM de Février 2007 DONA DONA voyage musical en français dans l'imaginaire yiddish Donné à Paris* les 3 et 4 février, ce spectacle est d'ores et déjà programmé également au Festival d'Avignon Off en juillet 2007, au Théâtre des Lucioles. Longue vie à lui donc, sachant que vous êtes les meilleurs ambassadeurs du spectacle ! Venez nombreux, revenez, parlez-en à vos voisins du dessus, du dessous, en bref passez le message “sans modération” à vos amis et connaissances !!! Il n'y a pas de réservation auprès de la salle. Venez donc un peu à l'avance, vous choisirez ainsi la place que vous préférez. A très bientôt, amicalement, Claude Liberman Dans ce spectacle inédit, le public français peut enfin découvrir une part de l'extraordinaire patrimoine culturel yiddish Qu’on se le dise ! * Espace Jean Dame - Places à 15€ et 12 € 17 rue Léopold Bellan - Paris 2eme M° Sentier - Tél : 01 47 97 80 22 - les : Samedi 3 février à 20h30 et Dimanche 4 février à 16h MAISON DE LA CULTURE YIDDISH : Quand la Vistule parlait yiddish Du 27 janvier au 10 avril Exposition créée par la Maison de la culture yiddish et dédiée à l'histoire de la communauté juive de Varsovie, qui fut l'une des plus vigoureuses, et productives de Pologne et d'Europe. Entrée libre aux horaires de la Maison 01 47 00 14 00 LES JUSTES Ce documentaire de 55 mn. co-écrit par Frédéric Martin et Nicolas Ribowski, réalisateur, lui-même rescapé de la déportation, retrace à travers de nombreux témoignages l'histoire de ces Françaises et Français qui ont sauvé la vie de juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Paris Cap le télédiffusera le jeudi 18 janvier 2007 à 22h00 ainsi que toute la semaine du 15 au 19 janvier et pendant les 5 mois qui suivent. A noter qu’à Paris, la mairie du Vème arrondissement vendra les souvenirs édités spécialement par l’APFI (Association philatélique FranceIsraël) à l’occasion de la sortie du timbre Les Justes de France. Une partie de la recette sera reversée au Comité Français pour Yad Vashem. Samedi 27 janvier à 15 h LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE VARSOVIE JUSQU'EN 1939 Introduction d’Alexandre Messer LES JUIFS ET L’INDÉPENDANCE DE LA POLOGNE EN 1918 NAISSANCE DE L’ANTISÉMITISME MODERNE DE LA 2° RÉPUBLIQUE Conférence de Jean-Yves Potel Projection du documentaire réalisé par Yitzhak et Saul Goskind A DAY IN WARSAW (Pologne / 1938 / 10 min / NB / yiddish sous-titré anglais) P. A. F. : 5 €. Membres : 3 €. M.A.H.J Hôtel de Saint-Aignan 71, rue du Temple 75003 Paris Tél : 01 53 01 86 60 Lundi 5 février 2007 à 20 h Lili Brik / Elsa Triolet Lili Brick Lecture par Dominique Reymond et Maria de Medeiros, talentueuses comédiennes, de la correspondance entre Elsa Triolet et sa soeur, Lili Brik, (nées Kagan), qui incarneront ces deux soeurs d’exception. Cette conversation intime d’un demi-siècle entre deux femmes à la destinée brillante et dramatique, aimées et célébrées chacune par un grand poète est en même temps une conversation passionnée entre la France et la Russie, et une chronique au jour le jour de la vie culturelle de ces deux pays, de l'œuvre de Maïakovski et de celle d’Aragon. Elsa Triolet
  • 8. PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 8 P.N.M. JANVIER 2007 8 Un colloque utile et bienvenu Max Weinstein L e 15 décembre dernier, un colloque s'est tenu toute la journée, de 9 heures à 18 heures, dans l'auditorium de l'Hôtel de Ville de Paris, grâce à l'hospitalité offerte par la ville de Paris, son maire, monsieur Bertrand Delanoë et madame Odette Christienne, adjointe chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants. Les juifs ont résisté en France 19401945 - c'est le titre donné à cette rencontre par l'AACCE, (Association des Amis de la Commission Centrale de l'Enfance). Elle était placée sous la présidence d'honneur d'Adam Rayski, avec la participation de l'U.J.R.E. (Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide), du Groupe de Travail des Anciens Résistants de l'U.J.J., (Union de la Jeunesse Juive et ses Groupes de Combat), de la toute nouvelle association M.R.J.-M.O.I. (Mémoire des Résistants juifs de la M.O.I.) et du musée de la Résistance Nationale de Champigny, représenté par sa Présidente, madame Lucienne Nayet. Elle a débuté par une allocution de bienvenue du président de l'AACEE, Joseph Kastersztein, avant que soit donnée la parole à monsieur David Douvette, historien, qui dressa, par un exposé particulièrement documenté le panorama de la Résistance et de l'implication des juifs durant la guerre. Il souligna particulièrement les engagements volontaires de masse dans l'armée française au début de la guerre, marquant l'attachement de la population juive d'immigration récente, pour sa patrie d'adoption qu'était la France. Il importe pour les lecteurs de PNM de rappeler, sous des formes parfois personnelles des itinéraires de résistants juifs. Certains de mouvance communautaire voire religieuse ou sioniste, comme beaucoup d'Eclaireurs Israélites de France, de gauche comme Hachomer Hatzair, militaire comme l'Armée Juive, l'Organisation Juive de Combat, voire de sensibilité MOI à divers degrés: UJRE, UJJ, Union des Femmes Juives, MNCR. C'était l'ambition des responsables de la rencontre - les Amis de la CCE Ce fut une réussite. Comment traduire l'émotion qui s'empara de l'assistance lors de certains moments forts ? Pendant l'intervention de Claudie Bassi-Lederman par exemple (publiée dans la PNM de décembre) lorsqu'elle évoqua la grande figure de Charles Lederman, son père, grand résistant, animateur de l'O.S.E. (Œuvre de Secours à l'Enfance) président durant de nombreuses années de l'U.J.R.E., sénateur communiste. Ce fut également le cas avec l'exposé clair, simple et plein d'humanité de Paulette Sarcey qui retraça son itinéraire de résistante, déportée à Auschwitz d'où elle revint diminuée. Aussi ce que Roger Trugnan, lui aussi résistant de la première heure, également déporté, vint dire en conclusion des témoignages de la journée, avec un récit poignant. Cette journée restera dans les annales pour ce qui est de l'arrivée au grand jour de ce que fut la résistance des organisations juives de l'immigration récente à l'époque. Il était temps, plus de soixante ans après la fin de la guerre, alors que certains s'évertuent à l'occulter, à faire silence sur ce qu'elle fut, laissant accroire que les juifs s'étaient tous laissés conduire à l'abattoir. Les interventions qui se sont succédées au long de cette journée, qu'elles émanent d'historiens, d'invités ou de témoins, s'inscrivent à contre-courant de ce silence assourdissant autour de ce que fut leur engagement. Les organisateurs avaient décidé de donner la parole aux témoins, lors de trois tables rondes, après que les historiens ou spécialistes se soient exprimés. Ce fut une bonne chose car elle permit l'expression libre, sans contradiction, de ce qu'avaient préparé ceux qui allaient faire part de leur itinéraire personnel. Dans un premier temps, Lucien Steinberg, président de l'U.J.R.E., parla non sans émailler son propos d'une pointe d'humour, des groupes autres que ceux de la M.O.I. qui avaient participé à la Résistance, avec comme intervenant-témoin maître Théo Klein, Président du Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, qui entretint l'assistance de l'action des Eclaireurs Israélites de France (E.I.F.) et de la Sixième. Cela ne manqua pas de retenir l'attention de l'assistance. C'est à Adam Rayski, historien, ancien responsable national de la section juive de la M.O.I., retenu pour des raisons de santé, que revenait, par la voix de son fils Benoit, de traiter de la question de la branche juive de la M.O.I. en en présentant la stratégie et l'organisation générale. Joseph Minc, également retenu pour raisons de santé, avait fait parvenir un texte traitant de l'action de l'U.J.R.E. concernant le sauvetage des enfants ainsi que la création par cette organisation de la Commission Centrale de l'Enfance après guerre, dont il fut l'initiateur et le fondateur. Son texte fut lu par Christiane Galili, de la direction de l'AACCE. En conclusion de cette première partie, Daniel Darès, directeur du théâtre Antoine, fit une lecture pleine d'émotion du texte d'Aragon: “Groupe Manouchian” ou l'Affiche Rouge. Après la pause, la première table ronde se mit en place sous la présidence de madame Nayet, présidente de l'Association des amis du musée de la Résistance Nationale de Champigny. Le thème en était : “L'engagement des femmes et des jeunes : les actions pour le sauvetage des enfants.” Y prirent part Claude Collin, sociologue, Katy Hazan, historienne et David Douvette. En tant que témoins, on entendit Claudie Bassi évoquer son père Charles Lederman, Madeleine Dimet alias Josée, ancienne résistante de l'U.J.J. zone sud, Tolek Skrobek, ami de longue date de Sophie Schwartz, Yvonne dans la clandestinité, dont il parla avec une grande humanité et Salomon Korolitski, alias Yvan, ancien résistant de l'U.J.J. zone sud qui fit part de son parcours de l'époque. La PNM se propose de publier dans les numéros à venir les interventions des témoins, tranches de vie de ces jeunes juifs engagés dans la résistance au sein de leurs organisations : l'U.J.J. zone sud et l'U.J.J. à Paris. Les Amis de la CCE ont décidé d'éditer les “minutes intégrales” du colloque. La PNM ne manquera pas d'en informer ses lecteurs. Ce fut alors la pause repas. La séance reprit à 14 heures avec la seconde table ronde placée sous la présidence de Sacha Kleinberg, membre de la direction de l'AACCE. Le thème en était : “Le travail de propagande et les actions directes des résistants de la M.O.I.” Après les interventions de Claude Collin et de Denis Peschanski, directeur de recherche au CNRS, quatre témoins furent entendus : Robert Endewelt qui parla avec beaucoup de sensibilité de l'action de l'U.J.J. dans la région parisienne où il agit durant toute la guerre, Pierre Gluckstein (alias Marc), ancien résistant de l'U.J.J. zone sud qui fut à partir du début de 1944 responsable des grou- pes de jeunes de la M.O.I. de toutes nationalités qui s'étaient créés, évoqua en termes simples son itinéraire de jeune juif parisien. Il y eut ensuite Maurice Lubczanski (alias Gérard Moréno) Il anima une imprimerie clandestine à Bron dans la banlieue lyonnaise et retraça avec verve et humour son parcours de jeune résistant de la première heure à Paris dès l'automne de 1940, et sa descente vers Lyon où il devint un des responsables de l'U.J.J. Paulette Sarcey intervint ensuite avec beaucoup de sensibilité el de pudeur; elle retraça son passé résistant à Paris avant d'être arrêtée, emprisonnée et déportée. A la fin de cette table ronde, la parole fut donnée à Bernard Frédérick, Président de la toute nouvelle association : M.R.J.-M.O.I. Il présenta le projet à partir duquel a été initiée cette nouvelle organisation dont le but est de promouvoir publiquement le rôle des résistants juifs de la M.O.I., dans un espace de mémoire situé au 14 de la rue de Paradis. Cet espace serait destiné à recevoir, en collaboration avec le musée de la Résistance Nationale de Champigny, un certain nombre d’éléments mis à la disposition du grand public, des enfants des écoles et lycées, etc. afin de porter à la connaissance du plus grand nombre ce que fut la contribution des juifs de la M.O.I. dans les combats et luttes pour la libération de la France. Il y eut deux conclusions à cette journée mémorable : L'intervention tellement humaine et douloureuse de Roger Trugnan évoquant le calvaire des déportés, lui qui fut un résistant de la première heure à Paris avec Paulette Sarcey, Maurice Lubczanski et d'autres, avant d'être arrêté et envoyé en camp de concentration nazi. La présentation et projection du film de Jorge Amat et Denis Peschanski : “La traque de l'Affiche Rouge”. Un film qui fera date par les recherches qui ont présidé à sa réalisation, sa qualité et l'apport qu'il représente pour la connaissance de ces évènements tragiques et glorieux tout à la fois. Ce fut autour du verre de l'amitié offert par la municipalité de Paris en présence de madame Odette Christienne que se termina cette journée exemplaire. ■