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Acteurs publics politique de formation professionnelle 19042013
1. Les dysfonctionnements de la politique de formation professionnelle, qui mobilise près de de 32
milliards d’euros et repose sur une gestion territoriale complexe sont maintenant bien connus : des
organismes de formation nombreux et dont la qualité des enseignements est souvent questionnée,
des financements dispersés, des dispositifs publics redondants, des organismes de collecte
cloisonnés, une information et une orientation insuffisante et inadaptée, …1
Pourtant, les enjeux de la réforme que le Président de la République appelle de ses vœux vont bien
au-delà de la question de l’amélioration des processus ou d’une plus grande efficacité de gestion.
C’est en premier lieu un enjeu d’emploi quand on compte plus de 3 millions de chômeurs, avec un
taux de chômage des jeunes en constante progression. Or, aujourd’hui, 160 000 jeunes sans
formation « décrochent » chaque année du système scolaire. Les demandeurs d’emploi ont eux deux
fois moins de chance qu’un salarié d’accéder à une formation, et quand ils y parviennent, c’est pour
50% d’entre eux dans un délai supérieur à 6 mois.
C’est aussi un enjeu de compétitivité. Il est essentiel de mieux préparer les jeunes et les salariés des
TPE/PME (particulièrement créatrices d’emplois) aux métiers d’avenir et aux adaptations permanentes
qu’exige la compétition internationale, d’assurer une meilleure adéquation entre les besoins des
entreprises et les compétences des demandeurs d’emplois.
Et l’objectif est aujourd’hui loin d’être atteint : moins d’un salarié de TPE/PME sur quinze bénéficie
d’une formation alors qu’ils sont plus d’un sur deux dans les grandes entreprises et parmi les cadres.
Pourtant, 460.000 offres d’emplois n’ont pas été pourvues en 2012 !
C’est enfin un enjeu social. Former et se former c’est ouvrir une perspective, c’est envisager un nouvel
avenir professionnel, c’est croire en la capacité des individus à progresser et à s’adapter. Cet horizon
doit rester un droit et une réalité pour chacun, mais peut-être davantage encore pour les plus fragiles,
pour ceux qui sont aujourd’hui les plus exposés.
Comment y répondre ?
Au-delà de la question du financement liée aux enjeux de réduction des charges des entreprises, il
s’agit surtout d’assurer la pleine efficacité des formations et de les concentrer, comme le note ce
sondage, vers ceux qui en ont le plus besoin : les jeunes, les demandeurs d’emploi et les salariés les
plus exposés. A cet égard, l’annonce de François Hollande d’un projet de loi fin 2013 recentré sur ces
publics est une occasion à ne pas manquer. Cette réorientation devra passer nécessairement par un
rééquilibrage des financements (seulement 13% des dépenses de formation professionnelle
bénéficient aux demandeurs d’emploi), mais aussi par une plus grande accessibilité (financement de
tout ou partie des frais d’hébergement et de restauration, réduction des délais), par la promotion de
l’innovation pédagogique, et par une plus grande adéquation de l’offre de formation aux besoins (plus
de formations en alternance ou en apprentissage pour les jeunes, des formations plus longues et plus
qualifiantes pour les demandeurs d’emplois).
Le « choc de compétitivité » devra aussi avoir lieu sur le terrain des compétences. Il s’agira dans ce
domaine de mener « courageusement » - et rapidement- une évaluation de l’efficacité de l’offre de
formation existante, de s’assurer qu’elles répondent aux besoins actuels et à venir des entreprises et
préparent l’avenir.
A cet égard, la création d’un service public régional de la formation professionnelle envisagé par la
prochaine étape de décentralisation peut être une étape importante pour conduire une réflexion
collective décloisonnée à l’échelle des territoires et des bassins d’emplois sur les besoins de
formation.
La formation professionnelle apparaît souvent comme un objet opaque, comme un système doté
d’une économie propre, sans lien réel avec les problématiques économiques du pays. Il est urgent et
crucial de réussir ce changement, pour que la formation professionnelle retrouve sa raison d’être et
constitue enfin un outil performant au service de l’emploi et de la compétitivité.
1
Source : Rapport Larcher, 2012 : la formation professionnelle, clé pour l’emploi et la compétitivité