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LE RËVE D’UN ENFANT
DANS UN MONDE EN MÉTAMORPHOSE.
Sur le fleuve Maroni, à la frontière
entre la Guyane Française et le Suriname,
la communauté amérindienne Wayana
est en plein bouleversement culturel,
social et identitaire. Dans le village de
Talhuwen, le petit Derreck découvre
un monde en métamorphose. Les
différentes générations cohabitent
sans trop se comprendre. L’enfant, lui,
continue à jouer, offrant une infinité de
portes sur l’avenir. Le calme apparent du
village est bousculé par les foisonnantes
découvertes de l’enfant. Il se perd entre
les rêves et la réalité. Ses proches, eux
aussi, sont pris dans ce voyage onirique
qui fait émerger leurs souvenirs, leurs
fantasmes et leurs mythes. « Anuktatop »
(métamorphose en langue Wayana)
ouvre un univers qui conjugue les temps,
mettant en relief les souvenirs des
anciens, détenteurs d’un riche passé et
les nouvelles perspectives de la jeunesse.
L’association « Chercheurs d’Autres » tisse des liens entre des cultures proches
ou lointaines. Les actions développées permettent une meilleure compréhension
mutuelle, elles favorisent l’équité et le vivre ensemble par une meilleure connaissance
de nos réalités respectives. Chercheurs d’Autres s’attache à mettre en lumière les
patrimoines qui dessinent les identités et les particularités des peuples. Cela au travers
de productions impliquant les habitants dans le processus de création et de médiation.
Je parle d’un monde invisible. Je parle de ce que
les hommes ont perdu par leur propre faute. Je
parle du monde des transformations, où toutes
les formes sont brumeuses.
Il y a longtemps nous vivions tous dans la forêt profonde.
C’était le temps des guerres. Nous avions peur du fleuve
car il y avait beaucoup de monstres aquatiques qui
souvent nous dévoraient et nous amenaient au plus
profond du fleuve. Nous restions donc toujours loin du
fleuve, dans la forêt profonde.
Cette nuit l’esprit est revenu.
Il fait du bruit, il grince, il ronronne
à mes oreilles comme une nuée
de criquets. Il me tourne autour,
il volette... Mais après il se calme
et il chuchote – il me parle de son
étrange voix. Il m’a parlé longtemps
cette nuit. Il m’a parlé du monde
invisible, celui où tout se transforme.
Les choses se mélangent là-bas, rien
ne reste fixe. Mais notre créateur
Kuyuli en a interdit l’entrée aux
hommes et il a figé toutes les
formes. Parfois, des esprits viennent
du monde des transformations. Ils
viennent nous aider... Moi il m’a
enveloppé de vert, il était pleine
de lucioles et il a étoilé ma nuit.
L’esprit est encore revenu, il était
éclatant et brillant - peut-être que je
rêvais. Ou alors c’était un cauchemar :
il est incontrôlable quand il
nous enveloppe de son halo
phosphorescent,salueurverteneme
quitte plus pendant des heures et je
le sens partout après. Quand même,
je ne l’ai pas invité, moi, à venir dans
mon hamac. Il joue, il veut agir sur le
présent, comme un esprit ressuscité.
Dans la pénombre de la nuit, il me fait
rencontrer les héros d’antan, ceux
qui vivaient aux coeur de la forêt.
Baie de
l'Oyapock
Centre
spatial
M
aroni
Mana
Abounamy
Tapanahoni
Lawa
LitaniMarouini
Tanpok
Cam
opi
Oyapock
Approuague
Comté
Sinamary
Saint-Laurent-
du-Maroni
Apatou
Îles du Salut
Kourou
Îles de Rémire
Macouria
Montsinéry
Matoury Rémire
Roura
Saint-Georges-
de-l'Oyapock
Camopi
Saül
Cottica
Maripasoula
Anapaike
Barrage de
Petit-Saut
Cayenne
SURINAME
BRÉSIL
BRÉSIL
SAINT-LAURENT
DU MARONI
CAYENNE
Océan Atlantique
Massif du
Mitaraka
Mont
Saint-Marcel
635 m
Montagne
Bellevue
de l'Inini
851 m
Mont Itoupé
830 m
Massif
Decou Decou
525 m
La collaboration avec la société de production « Les films du Sud » permet la
rencontre entre Nicolas Pradal, le réalisateur, et la famille Opoya dans la communauté
Wayana de Talhuwen. Cette première immersion fait éclore la première écriture du film.
Pierre Selvini, co-réalisateur, rejoint l’aventure. La création d’un film test de 40mn
avec les jeunes du village permet de mettre en action la présence des auteurs et
de prolonger l’écriture. Les relations avec le petit Derreck, fils de la famille Opoya,
s’approfondissent. La rencontre entre les réalisateurs et l’association « Chercheurs
d’Autres » permet de renforcer l’aspect participatif du projet. Une collaboration est née.
Les auteurs et l’association participent à un stage audiovisuel impliquant des jeunes
amérindiens du fleuve. La confiance avec les habitants du fleuve permet d’intégrer
des villageois dans l’écriture du film. La rencontre avec Renzo Duin, anthropologue
spécialisé dans la culture Wayana, offre une approche scientifique fondamentale au projet.
Une équipe de tournage constituée de techniciens et de jeunes villageois passe trois mois
de tournage sur le fleuve Maroni. Les images documentaires sont filmées en équipe réduite.
Les parties «fiction» sont tournées en un mois, avec 3 semaines de préparation en amont. Elles
impliquent une vaste équipe avec la mise en marche d’une dynamique sociale d’envergure :
plus de 130 personnes de Taluen, un échange inter générationnel du savoir, des jeunes
rémunérés impliqués dans l’équipe de tournage. Fin 2013, les auteurs et « Les films du
Sud » finissent le montage du documentaire de 52min « La Jeunesse du Fleuve ».
Les jeunes sont formés à la médiation culturelle par «Chercheurs d’Autres» et rémunérés
comme salariés. En parallèle, l’association lance la post-production de la nouvelle version du
projet intitulé « Anuktatop : la métamorphose ». Les auteurs se rendent sur place
afin d’échanger sur le montage en cours. La post-production se termine début 2016.
La version finale est diffusée en Guyane avec la médiation de Jonika Aliwawpoe.
Avec ce projet nous avions l’envie de créer un vrai
film, un moment de cinéma, profond, réfléchi, dans
les meilleures conditions possibles et en accord avec
toutes les personnes impliquées. Cependant, nous
n’imaginions pas qu’il prendrait une telle ampleur.
Pour être au plus près de la réalité et pour insuffler
une dynamique commune, nous avons entamé une
collaboration avec les gens du fleuve,en tissant
une relation sincère et humaine. Nous nous sommes
d’abord placés dans une position d’observateurs
attentifs, à l’écoute des différentes volontés
et contraintes qui surgissaient autour de nous.
Malgré toutes les difficultés rencontrées durant les
quatre années de repérage, de véritables relations
d’amitié se sont tissées. De ce relationnel ont émergé
des échanges autour de la construction du film. Cette
implication que nous avons renouvelée chaque année
nous a poussés à élaborer le film en plusieurs étapes.
Tout d’abord, dans une phase d’écriture qui a
duré trois ans, nous avons passé plusieurs mois au
sein de la famille Opoya, où nous avons pu vivre
de nombreux moments qui nous ont permis une
écriture au plus proche du réel. Certains villageois
se sont impliqués dans le projet d’eux-mêmes.
D’autres nous ont raconté des histoires. La doyenne
Malilu nous a conté un souvenir de sa jeunesse,
Sylvana nous a fait partager son histoire d’amour
impossible. Stéphane, lui, nous a confié son rêve le
plus fou : partir dans le ciel avec cette fusée qu’il
voit parfois au loin. Un autre habitant est venu
nous conter l’histoire mythologique de Kaïlawa.
En ce qui concerne la phase de tournage, la
partie documentaire a été tournée dans l’intimité
de la famille, avec une équipe réduite. Les fictions
qui s’entremêlent au documentaire ont, elles, été
longuement préparées. Un échange essentiel entre la
jeuneetl’anciennegénérationapermisdereconstituer
les scènes d’antan fidèlement. Un petit village des
années 1960 a été construit par des détenteurs du
savoir-faire traditionnel, avec l’aide de jeunes. Ce
lieu est d’ailleurs devenu aujourd’hui un petit village
où vit la famille d’un des protagonistes. Pour la
reconstitution du conte mythologique, l’imagination
des jeunes a apporté une véritable fraicheur,
permettant à une histoire ancienne d’être revitalisée.
Enfin, en 2014, nous avons rapporté le montage
au village afin de pouvoir entendre les ressentis des
habitants. Certaines remarques étaient essentielles
au bon fonctionnement du récit. Après ces cinq
années de création, nous regardons avec fierté
les difficultés et les richesses de ce travail commun.
PAR LES RÉALISATEURS :
NICOLAS PRADAL PIERRE SELVINI
Georges Balandier (2003)
La société n’existe pas comme un donné, comme déjà-là, elle est quelque
chose vers quoi l’on tend. C’est une sorte d’horizon qui s’éloigne dès
qu’on croit s’en rapprocher... C’est le lieu d’un travail continuel de mise
en forme, de mise en significations, de mise en institutions... Dans toute
société, l’ordre et le désordre se conjuguent, l’inachèvement est de sa
nature... Il est le moteur du mouvement historique.
Malilu
OPOYA
Stéphane
TOINEÏKE
Sylvana
OPOYA
Derreck
OPOYA
Malilu est l’arrière grand-mère de Derreck, et la fille du créateur du village.
Son mari, mort en 2010, avait participé au film « Dirty Paradise » qui traitait des
dégâts de l’orpaillage et de la pollution du fleuve par le mercure. Elle n’a jamais
connu l’école durant sa jeunesse, elle parle uniquement la langue Wayana. Malgré
ces barrières elle soutient le projet depuis le tout début, disant que le film restera
comme une mémoire ici sur le fleuve. Durant les repérages, Malilu nous a raconté
ses souvenirs. Le récit qui nous a le plus marqué a été son arrivée sur les berges
françaises pendant son enfance. C’est ce souvenir qui remontera à la surface du film.
Elle est la jeune tante de Derreck. Tout au long de l’année scolaire, elle vit dans une
famille d’accueil à Kourou. Pendant les vacances, elle revient dans sa famille au village.
Durant le tournage, nous lui avons demandé d’écrire sa voix intérieure, qui rendrait
compte de ses pensées personnelles. Elle y parle de la difficulté de partir du village
et de persister dans les études, de la peur de revenir après un échec et ce vide face
à l’existence que l’on peut ressentir quand l’on est adolescent. Elle nous mène aussi
dans son histoire d’amour impossible qu’elle a vécue avec un jeune Bushinengué.
Derreck est le fil conducteur du film. Durant le tournage il avait six ans, il rentrait
en CP à l’école du village. Il est le fils de Kindy Opoya et de Jocelyn Jubitana (indien
Kali’na, nation amérindienne des côtes littorales). Il est le fruit d’un mélange entre
ethnies amérindiennes. Il parle le Wayana, le taki-taki (langue du fleuve) et le français.
Le matin il va à l’école du village, puis la journée, il va et vient entre les maisons
de ses nombreux cousins, de ses oncles et tantes et de ses grands-parents. La nuit,
ses rêves le plongent dans l’obscurité de la forêt où il croisera les guerriers d’antan.
Ce jeune homme avait 21 ans durant le tournage. Il a fait des études dans le
bâtiment qu’il n’a pu prolonger. Il est revenu au village, dans sa famille. Il veut à
présent fonder sa famille et construire sa maison de ses propres mains. Mais il y a
en lui de nombreux rêves qui bouillonnent. Il est intrigué par le passé de son peuple,
son père étant un des détenteurs de nombreux savoirs. Il s’est lié d’amitié avec un
ethnologue qui lui a transmis la passion pour l’archéologie. Son rêve est de devenir
astronaute. C’est par ce désir que Stéphane va nous mener sur la base spatiale de
Kourou. Dans ces vastes décors, le jeune homme va faire face à son identité double.
ANUKTATOP la métamorphose
Documentaire de création (documentaire/fiction)
Langue : Français et Wayana sous-titré Français/
Anglais
Année de production : 2015
Format : HD
Durée : 110 min
Fiche Artistique
Derreck Opoya
Malilu Opoya
Sylvana Opoya
Stéphane Toineïke
Eda Alupki
Fiche Technique
Titre : Anuktatop, la métamorphose
Réalisateurs : Nicolas Pradal et Pierre Selvini
Caméra : Tarek Sami
Son : Pierre Selvini et Lucie Dèche
Chargé de production : David Crochet
Stagiaires : Jonika Aliwawpoe, Roberto
Toineike, Booman Taluen, Marcel Aloike, Rani
Palimino, Sakowe Asaukili
Montage : Fabien Daguerre, Nicolas Pradal et
Pierre Selvini
Musique et Sound Design : Pierre Selvini
Montage son et Mixage : César Mamoudy
Effets Spéciaux : Matthieu Terrien
Étalonnage: Saul Mêmeteau
Production : Chercheurs d’Autres
Financeurs
L’Union-Européenne (PEJA)
Le Ministère des Outre-Mer et le Ministère de
la Culture et de la Communication (FEAC)
Le Parc Amazonien de Guyane
Le Conseil Général de Guyane
le Conseil Régional de Guyane
La Mairie de Maripasoula
Soutiens
Les films du sud
Air Caraïbes
Tic-Tac production
par Renzo Duin *
Le film Anuktatop: la Métamorphose,
réalisé par Nicolas Pradal et Pierre
Selvini, montre les dynamiques entre
l’histoire Wayana et la situation actuelle
sur le Haut Maroni, frontière entre
la Guyane française et le Suriname.
Ces cinéastes ne dépeignent pas les
amérindiens de la Guyane comme des
« nobles sauvages » ou « les derniers
survivants des savoirs traditionnels »,
comme le font habituellement les
documentaires sur l’Amazonie. Les
Wayana se trouvent entre deux mondes,
c’est-à-dire, un monde amérindien
et une mondialisation envahissante.
Anuktatop est un mot Wayana
dérivé du verbe tanuktai qui
signifie « devenir » ou plutôt
« s’éloigner sous une autre forme ».
Pour les Wayana, cette métamorphose
consiste en la familiarisation avec
une coutume (tehepamnëphe) et
l’acquisition d’un vêtement (epam).
En s’appropriant des habitudes
différentes, un individu change son
apparence mais pas son âme. La scène
dans laquelle un des protagonistes du
film arrive au Centre Spatial Guyanais
en costume amérindien d’antan, avec
des cheveux longs avant d’entrer dans
le bureau, vêtu d’un costume complet-
veston avec une coupe de cheveux
à l’Européenne, est une formidable
illustration artistique de ce qui est
connu dans la littérature comme
le « perspectivisme amazonien ».
Ce projet de film a permis à la jeune
génération Wayana de s’engager
activement, en renouant avec leur
passé autochtone. Afin de reconstituer
les scènes historiques, un village
Wayana du milieu du XXème siècle a
dû être construit. Cela a donné lieu à
des réflexions et des échanges animés
autour de la mémoire et des sources
historiques. Les scènes plus anciennes,
notamment celles de la période de
Kailawa – le héros fondateur du peuple
Wayana – ne pouvaient pas se fonder
sur des sources historiques. La mémoire
collective était elle-même imprécise
quant à certains détails nécessaires
aux reconstitutions des scènes d’antan.
Ces discussions entre les différentes
générations ont aidé à perpétuer le
savoir et le savoir-faire Wayana. Une
démarche d’autant plus importante
que cet héritage n’a que peu de place
dans le système scolaire Français.
Anuktatop » fait suite à mes études
anthropologiques, historiques et
archéologiques menées chez et avec les
Wayana du Haut Maroni, entre autres les
habitants du village Talhuwen, là-même
où le film a été tourné. Cette rencontre
entre l’art cinématographique et
les sciences humaines va d’ailleurs
permettre la création d’un nouveau
projet de film qui se développera autour
du processus complexe et dynamique
du patrimoine immatériel Wayana.
* Research Associate, University of Oxford, School of
Anthropology and Museum Ethnography. WEBPAGE :
www.anthro.ox.ac.uk // ACADEMIA.EDU : oxford.academia.
edu/RenzoDuin
CONTACTS
Réalisateurs
Nicolas Pradal : nicolaspradal@live.fr
Pierre Selvini : pierre.selvini@gmail.com
Coordinateur
David Crochet : david.crochet@chercheursdautres.com

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Anuktatop dp 2016_bq

  • 1.
  • 2. LE RËVE D’UN ENFANT DANS UN MONDE EN MÉTAMORPHOSE. Sur le fleuve Maroni, à la frontière entre la Guyane Française et le Suriname, la communauté amérindienne Wayana est en plein bouleversement culturel, social et identitaire. Dans le village de Talhuwen, le petit Derreck découvre un monde en métamorphose. Les différentes générations cohabitent sans trop se comprendre. L’enfant, lui, continue à jouer, offrant une infinité de portes sur l’avenir. Le calme apparent du village est bousculé par les foisonnantes découvertes de l’enfant. Il se perd entre les rêves et la réalité. Ses proches, eux aussi, sont pris dans ce voyage onirique qui fait émerger leurs souvenirs, leurs fantasmes et leurs mythes. « Anuktatop » (métamorphose en langue Wayana) ouvre un univers qui conjugue les temps, mettant en relief les souvenirs des anciens, détenteurs d’un riche passé et les nouvelles perspectives de la jeunesse. L’association « Chercheurs d’Autres » tisse des liens entre des cultures proches ou lointaines. Les actions développées permettent une meilleure compréhension mutuelle, elles favorisent l’équité et le vivre ensemble par une meilleure connaissance de nos réalités respectives. Chercheurs d’Autres s’attache à mettre en lumière les patrimoines qui dessinent les identités et les particularités des peuples. Cela au travers de productions impliquant les habitants dans le processus de création et de médiation. Je parle d’un monde invisible. Je parle de ce que les hommes ont perdu par leur propre faute. Je parle du monde des transformations, où toutes les formes sont brumeuses.
  • 3. Il y a longtemps nous vivions tous dans la forêt profonde. C’était le temps des guerres. Nous avions peur du fleuve car il y avait beaucoup de monstres aquatiques qui souvent nous dévoraient et nous amenaient au plus profond du fleuve. Nous restions donc toujours loin du fleuve, dans la forêt profonde. Cette nuit l’esprit est revenu. Il fait du bruit, il grince, il ronronne à mes oreilles comme une nuée de criquets. Il me tourne autour, il volette... Mais après il se calme et il chuchote – il me parle de son étrange voix. Il m’a parlé longtemps cette nuit. Il m’a parlé du monde invisible, celui où tout se transforme. Les choses se mélangent là-bas, rien ne reste fixe. Mais notre créateur Kuyuli en a interdit l’entrée aux hommes et il a figé toutes les formes. Parfois, des esprits viennent du monde des transformations. Ils viennent nous aider... Moi il m’a enveloppé de vert, il était pleine de lucioles et il a étoilé ma nuit. L’esprit est encore revenu, il était éclatant et brillant - peut-être que je rêvais. Ou alors c’était un cauchemar : il est incontrôlable quand il nous enveloppe de son halo phosphorescent,salueurverteneme quitte plus pendant des heures et je le sens partout après. Quand même, je ne l’ai pas invité, moi, à venir dans mon hamac. Il joue, il veut agir sur le présent, comme un esprit ressuscité. Dans la pénombre de la nuit, il me fait rencontrer les héros d’antan, ceux qui vivaient aux coeur de la forêt.
  • 4. Baie de l'Oyapock Centre spatial M aroni Mana Abounamy Tapanahoni Lawa LitaniMarouini Tanpok Cam opi Oyapock Approuague Comté Sinamary Saint-Laurent- du-Maroni Apatou Îles du Salut Kourou Îles de Rémire Macouria Montsinéry Matoury Rémire Roura Saint-Georges- de-l'Oyapock Camopi Saül Cottica Maripasoula Anapaike Barrage de Petit-Saut Cayenne SURINAME BRÉSIL BRÉSIL SAINT-LAURENT DU MARONI CAYENNE Océan Atlantique Massif du Mitaraka Mont Saint-Marcel 635 m Montagne Bellevue de l'Inini 851 m Mont Itoupé 830 m Massif Decou Decou 525 m La collaboration avec la société de production « Les films du Sud » permet la rencontre entre Nicolas Pradal, le réalisateur, et la famille Opoya dans la communauté Wayana de Talhuwen. Cette première immersion fait éclore la première écriture du film. Pierre Selvini, co-réalisateur, rejoint l’aventure. La création d’un film test de 40mn avec les jeunes du village permet de mettre en action la présence des auteurs et de prolonger l’écriture. Les relations avec le petit Derreck, fils de la famille Opoya, s’approfondissent. La rencontre entre les réalisateurs et l’association « Chercheurs d’Autres » permet de renforcer l’aspect participatif du projet. Une collaboration est née. Les auteurs et l’association participent à un stage audiovisuel impliquant des jeunes amérindiens du fleuve. La confiance avec les habitants du fleuve permet d’intégrer des villageois dans l’écriture du film. La rencontre avec Renzo Duin, anthropologue spécialisé dans la culture Wayana, offre une approche scientifique fondamentale au projet. Une équipe de tournage constituée de techniciens et de jeunes villageois passe trois mois de tournage sur le fleuve Maroni. Les images documentaires sont filmées en équipe réduite. Les parties «fiction» sont tournées en un mois, avec 3 semaines de préparation en amont. Elles impliquent une vaste équipe avec la mise en marche d’une dynamique sociale d’envergure : plus de 130 personnes de Taluen, un échange inter générationnel du savoir, des jeunes rémunérés impliqués dans l’équipe de tournage. Fin 2013, les auteurs et « Les films du Sud » finissent le montage du documentaire de 52min « La Jeunesse du Fleuve ». Les jeunes sont formés à la médiation culturelle par «Chercheurs d’Autres» et rémunérés comme salariés. En parallèle, l’association lance la post-production de la nouvelle version du projet intitulé « Anuktatop : la métamorphose ». Les auteurs se rendent sur place afin d’échanger sur le montage en cours. La post-production se termine début 2016. La version finale est diffusée en Guyane avec la médiation de Jonika Aliwawpoe. Avec ce projet nous avions l’envie de créer un vrai film, un moment de cinéma, profond, réfléchi, dans les meilleures conditions possibles et en accord avec toutes les personnes impliquées. Cependant, nous n’imaginions pas qu’il prendrait une telle ampleur. Pour être au plus près de la réalité et pour insuffler une dynamique commune, nous avons entamé une collaboration avec les gens du fleuve,en tissant une relation sincère et humaine. Nous nous sommes d’abord placés dans une position d’observateurs attentifs, à l’écoute des différentes volontés et contraintes qui surgissaient autour de nous. Malgré toutes les difficultés rencontrées durant les quatre années de repérage, de véritables relations d’amitié se sont tissées. De ce relationnel ont émergé des échanges autour de la construction du film. Cette implication que nous avons renouvelée chaque année nous a poussés à élaborer le film en plusieurs étapes. Tout d’abord, dans une phase d’écriture qui a duré trois ans, nous avons passé plusieurs mois au sein de la famille Opoya, où nous avons pu vivre de nombreux moments qui nous ont permis une écriture au plus proche du réel. Certains villageois se sont impliqués dans le projet d’eux-mêmes. D’autres nous ont raconté des histoires. La doyenne Malilu nous a conté un souvenir de sa jeunesse, Sylvana nous a fait partager son histoire d’amour impossible. Stéphane, lui, nous a confié son rêve le plus fou : partir dans le ciel avec cette fusée qu’il voit parfois au loin. Un autre habitant est venu nous conter l’histoire mythologique de Kaïlawa. En ce qui concerne la phase de tournage, la partie documentaire a été tournée dans l’intimité de la famille, avec une équipe réduite. Les fictions qui s’entremêlent au documentaire ont, elles, été longuement préparées. Un échange essentiel entre la jeuneetl’anciennegénérationapermisdereconstituer les scènes d’antan fidèlement. Un petit village des années 1960 a été construit par des détenteurs du savoir-faire traditionnel, avec l’aide de jeunes. Ce lieu est d’ailleurs devenu aujourd’hui un petit village où vit la famille d’un des protagonistes. Pour la reconstitution du conte mythologique, l’imagination des jeunes a apporté une véritable fraicheur, permettant à une histoire ancienne d’être revitalisée. Enfin, en 2014, nous avons rapporté le montage au village afin de pouvoir entendre les ressentis des habitants. Certaines remarques étaient essentielles au bon fonctionnement du récit. Après ces cinq années de création, nous regardons avec fierté les difficultés et les richesses de ce travail commun. PAR LES RÉALISATEURS : NICOLAS PRADAL PIERRE SELVINI Georges Balandier (2003) La société n’existe pas comme un donné, comme déjà-là, elle est quelque chose vers quoi l’on tend. C’est une sorte d’horizon qui s’éloigne dès qu’on croit s’en rapprocher... C’est le lieu d’un travail continuel de mise en forme, de mise en significations, de mise en institutions... Dans toute société, l’ordre et le désordre se conjuguent, l’inachèvement est de sa nature... Il est le moteur du mouvement historique.
  • 5. Malilu OPOYA Stéphane TOINEÏKE Sylvana OPOYA Derreck OPOYA Malilu est l’arrière grand-mère de Derreck, et la fille du créateur du village. Son mari, mort en 2010, avait participé au film « Dirty Paradise » qui traitait des dégâts de l’orpaillage et de la pollution du fleuve par le mercure. Elle n’a jamais connu l’école durant sa jeunesse, elle parle uniquement la langue Wayana. Malgré ces barrières elle soutient le projet depuis le tout début, disant que le film restera comme une mémoire ici sur le fleuve. Durant les repérages, Malilu nous a raconté ses souvenirs. Le récit qui nous a le plus marqué a été son arrivée sur les berges françaises pendant son enfance. C’est ce souvenir qui remontera à la surface du film. Elle est la jeune tante de Derreck. Tout au long de l’année scolaire, elle vit dans une famille d’accueil à Kourou. Pendant les vacances, elle revient dans sa famille au village. Durant le tournage, nous lui avons demandé d’écrire sa voix intérieure, qui rendrait compte de ses pensées personnelles. Elle y parle de la difficulté de partir du village et de persister dans les études, de la peur de revenir après un échec et ce vide face à l’existence que l’on peut ressentir quand l’on est adolescent. Elle nous mène aussi dans son histoire d’amour impossible qu’elle a vécue avec un jeune Bushinengué. Derreck est le fil conducteur du film. Durant le tournage il avait six ans, il rentrait en CP à l’école du village. Il est le fils de Kindy Opoya et de Jocelyn Jubitana (indien Kali’na, nation amérindienne des côtes littorales). Il est le fruit d’un mélange entre ethnies amérindiennes. Il parle le Wayana, le taki-taki (langue du fleuve) et le français. Le matin il va à l’école du village, puis la journée, il va et vient entre les maisons de ses nombreux cousins, de ses oncles et tantes et de ses grands-parents. La nuit, ses rêves le plongent dans l’obscurité de la forêt où il croisera les guerriers d’antan. Ce jeune homme avait 21 ans durant le tournage. Il a fait des études dans le bâtiment qu’il n’a pu prolonger. Il est revenu au village, dans sa famille. Il veut à présent fonder sa famille et construire sa maison de ses propres mains. Mais il y a en lui de nombreux rêves qui bouillonnent. Il est intrigué par le passé de son peuple, son père étant un des détenteurs de nombreux savoirs. Il s’est lié d’amitié avec un ethnologue qui lui a transmis la passion pour l’archéologie. Son rêve est de devenir astronaute. C’est par ce désir que Stéphane va nous mener sur la base spatiale de Kourou. Dans ces vastes décors, le jeune homme va faire face à son identité double.
  • 6. ANUKTATOP la métamorphose Documentaire de création (documentaire/fiction) Langue : Français et Wayana sous-titré Français/ Anglais Année de production : 2015 Format : HD Durée : 110 min Fiche Artistique Derreck Opoya Malilu Opoya Sylvana Opoya Stéphane Toineïke Eda Alupki Fiche Technique Titre : Anuktatop, la métamorphose Réalisateurs : Nicolas Pradal et Pierre Selvini Caméra : Tarek Sami Son : Pierre Selvini et Lucie Dèche Chargé de production : David Crochet Stagiaires : Jonika Aliwawpoe, Roberto Toineike, Booman Taluen, Marcel Aloike, Rani Palimino, Sakowe Asaukili Montage : Fabien Daguerre, Nicolas Pradal et Pierre Selvini Musique et Sound Design : Pierre Selvini Montage son et Mixage : César Mamoudy Effets Spéciaux : Matthieu Terrien Étalonnage: Saul Mêmeteau Production : Chercheurs d’Autres Financeurs L’Union-Européenne (PEJA) Le Ministère des Outre-Mer et le Ministère de la Culture et de la Communication (FEAC) Le Parc Amazonien de Guyane Le Conseil Général de Guyane le Conseil Régional de Guyane La Mairie de Maripasoula Soutiens Les films du sud Air Caraïbes Tic-Tac production par Renzo Duin * Le film Anuktatop: la Métamorphose, réalisé par Nicolas Pradal et Pierre Selvini, montre les dynamiques entre l’histoire Wayana et la situation actuelle sur le Haut Maroni, frontière entre la Guyane française et le Suriname. Ces cinéastes ne dépeignent pas les amérindiens de la Guyane comme des « nobles sauvages » ou « les derniers survivants des savoirs traditionnels », comme le font habituellement les documentaires sur l’Amazonie. Les Wayana se trouvent entre deux mondes, c’est-à-dire, un monde amérindien et une mondialisation envahissante. Anuktatop est un mot Wayana dérivé du verbe tanuktai qui signifie « devenir » ou plutôt « s’éloigner sous une autre forme ». Pour les Wayana, cette métamorphose consiste en la familiarisation avec une coutume (tehepamnëphe) et l’acquisition d’un vêtement (epam). En s’appropriant des habitudes différentes, un individu change son apparence mais pas son âme. La scène dans laquelle un des protagonistes du film arrive au Centre Spatial Guyanais en costume amérindien d’antan, avec des cheveux longs avant d’entrer dans le bureau, vêtu d’un costume complet- veston avec une coupe de cheveux à l’Européenne, est une formidable illustration artistique de ce qui est connu dans la littérature comme le « perspectivisme amazonien ». Ce projet de film a permis à la jeune génération Wayana de s’engager activement, en renouant avec leur passé autochtone. Afin de reconstituer les scènes historiques, un village Wayana du milieu du XXème siècle a dû être construit. Cela a donné lieu à des réflexions et des échanges animés autour de la mémoire et des sources historiques. Les scènes plus anciennes, notamment celles de la période de Kailawa – le héros fondateur du peuple Wayana – ne pouvaient pas se fonder sur des sources historiques. La mémoire collective était elle-même imprécise quant à certains détails nécessaires aux reconstitutions des scènes d’antan. Ces discussions entre les différentes générations ont aidé à perpétuer le savoir et le savoir-faire Wayana. Une démarche d’autant plus importante que cet héritage n’a que peu de place dans le système scolaire Français. Anuktatop » fait suite à mes études anthropologiques, historiques et archéologiques menées chez et avec les Wayana du Haut Maroni, entre autres les habitants du village Talhuwen, là-même où le film a été tourné. Cette rencontre entre l’art cinématographique et les sciences humaines va d’ailleurs permettre la création d’un nouveau projet de film qui se développera autour du processus complexe et dynamique du patrimoine immatériel Wayana. * Research Associate, University of Oxford, School of Anthropology and Museum Ethnography. WEBPAGE : www.anthro.ox.ac.uk // ACADEMIA.EDU : oxford.academia. edu/RenzoDuin
  • 7. CONTACTS Réalisateurs Nicolas Pradal : nicolaspradal@live.fr Pierre Selvini : pierre.selvini@gmail.com Coordinateur David Crochet : david.crochet@chercheursdautres.com