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CSF
 SFD  Les dossiers
      thématiques

      Numéro 1




    L a lu t t e c o n tr e
        l ut       on
l a d se r t i fic at io n
    dé        ific i o
Un bien public mondial environnemental ?
                Des éléments de réponse...




               Comité Scientifique Français de la Désertification
Les dossiers thématiques
            du CSFD numéro 1                            Comité Scientifique Français de la Désertification

          Directeur de la publication                   La création, en 1997, du Comité Scientifique Français de la
                                                        Désertification, CSFD, répond à une double préoccupation des
              Marc Bied-Charreton                       ministères en charge de la Convention des Nations Unies sur la lutte
                   Président du CSFD                    contre la désertification. Il s’agit d’une part de la volonté de mobiliser
                  Professeur émérite de                 la communauté scientifique française compétente en matière de
                l’Université de Versailles
          Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)              désertification, de dégradation des terres et de développement des
           Chercheur au Centre d’économie               régions arides, semi-arides et sub-humides afin de produire des
         et d’éthique pour l’environnement et           connaissances et servir de guide et de conseil aux décideurs politiques
     le développement (C3ED-UMR IRD/UVSQ)               et aux acteurs de la lutte. D’autre part, il s’agit de renforcer
                                                        le positionnement de cette communauté dans le contexte
                       Auteurs                          international. Pour répondre à ces attentes, le CSFD se veut une force
                                                        d’analyse et d’évaluation, de prospective et de suivi, d’information et
          Mélanie Requier-Desjardins
                                                        de promotion. De plus, le CSFD participe également, dans le cadre
        Chercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ
             melanie_requier@yahoo.fr                   des délégations françaises, aux différentes réunions statutaires des
                   Patrick Caron                        organes de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre
      Chercheur au Département Territoires,             la désertification : Conférences des Parties, Comité de la science
environnement et acteurs du Centre de coopération       et de la technologie, Comité du suivi de la mise en œuvre de la
 internationale en recherche agronomique pour le
            développement (Cirad Tera)                  Convention. Il est également acteur des réunions au niveau
                  caron@cirad.fr                        européen et international.

           Avec la participation de                     Le CSFD est composé d'une vingtaine de membres et d'un Président,
                                                        nommés intuitu personae par le ministère délégué
           Marc Bied-Charreton,                         à la Recherche et issus des différents champs disciplinaires et
     Antoine Cornet, directeur de recherche             des principaux organismes et universités concernés. Le CSFD est géré
à l’Institut de recherche pour le développement (IRD)   et hébergé par l'Association Agropolis qui rassemble, à Montpellier et
     Éric Delaitre, chercheur à l'unité de service
                                                        dans le Languedoc-Roussillon, une très importante communauté
     Désertification de l'IRD et dans le programme
ROSELT/OSS (Réseau d’Observatoires de Surveillance      scientifique spécialisée dans l’agriculture, l’alimentation et
        Écologique à Long Terme/Observatoire            l’environnement des pays tropicaux et méditerranéens. Le Comité agit
                  du Sahara et du Sahel)                comme un organe indépendant et ses avis n'ont pas de pouvoir
                                                        décisionnel. Il n'a aucune personnalité juridique.
                       Édition                          Le financement de son fonctionnement est assuré par des subventions
                                                        du ministère des Affaires étrangères et du ministère de l’Écologie et du
          Isabelle Amsallem (Agropolis)                 Développement durable, la participation de ses membres
                                                        à ses activités est gracieuse et fait partie de l'apport du ministère
   Remerciements pour les illustrations                 délégué à la Recherche.

Danièle Cavanna (Photothèque INDIGO de l’IRD),          Pour en savoir plus :
      Anne Le Floch (John Libbey Eurotext),             www.csf-desertification.org
la coordination régionale de ROSELT à l’IRD,
   l’OSS ainsi que les auteurs des différentes
      photos présentées dans le dossier.




           Conception et réalisation
       Olivier Piau (Agropolis Productions),

     Impression : Les Petites Affiches (Montpellier)
       Dépôt légal : à parution • ISSN en cours            La rédaction, la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont entièrement
                                                           La rédaction, la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont entièrement
            Imprimé à 1 500 exemplaires                     à la charge du Comité, grâce à l'appui qu'il reçoit des ministères français.
                                                            à la charge du Comité, grâce à l'appui qu'il reçoit des ministères français.
                                                                Les dossiers thématiques du CSFD sont téléchargeables librement
                                                                Les dossiers thématiques du CSFD sont téléchargeables librement
         © CSFD/Agropolis janvier 2005                                            sur le site Internet du Comité.
                                                                                  sur le site Internet du Comité.
Avant-propos




                                                   L’
                        Marc Bied-Charreton                      humanité doit dorénavant faire face à un pro-
                              Président du CSFD                  blème d’envergure mondiale : la désertifica-
              Professeur émérite de l'Université                 tion, à la fois phénomène naturel et processus
         de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines                 lié aux activités humaines. Jamais la planète et
          Chercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ           les écosystèmes naturels n’ont été autant dégradés par notre
                                                   présence. Longtemps considérée comme un problème
                                                   local, la désertification fait désormais partie des questions
                                                   de dimension planétaire pour lesquelles nous sommes tous
                                                   concernés, scientifiques ou non, décideurs politiques ou
                                                   non, habitants du Sud comme du Nord. Il est dans ce
                                                   contexte urgent de mobiliser et de faire participer la société
                                                   civile, et dans un premier temps de lui fournir les éléments
                                                   nécessaires à une meilleure compréhension du phénomène
                                                   de désertification et de ses enjeux. Les connaissances scien-
                                                   tifiques doivent alors être à la portée de tout un chacun et
                                                   dans un langage compréhensible par le plus grand nombre.
                                                   C’est dans ce contexte que le Comité Scientifique Français
                                                   de la Désertification a décidé de lancer une nouvelle série
                                                   intitulée « Les dossiers thématiques du CSFD » qui veut four-
                                                   nir une information scientifique valide sur la désertification,
                                                   toutes ses implications et ses enjeux. Cette série s’adresse
                                                   aux décideurs politiques et à leurs conseillers du Nord
                                                   comme du Sud, mais également au grand public, aux jour-
                                                   nalistes scientifiques, du développement et de l'environne-
                                                   ment. Elle a aussi l'ambition de fournir aux enseignants, aux
                                                   formateurs ainsi qu'aux personnes en formation des com-
                                                   pléments sur différents domaines. Enfin, elle entend contri-
                                                   buer à la diffusion des connaissances auprès des acteurs de
                                                   la lutte contre la désertification, la dégradation des terres et
                                                   la lutte contre la pauvreté : responsables d'organisations
                                                   professionnelles, d'organisations non gouvernementales et
                                                   d’organisations de solidarité internationale.
                                                   Une douzaine de dossiers est consacrée à différents thèmes
                                                   aussi variés que la biodiversité, le changement climatique, le
                                                   pastoralisme, la télédétection, etc., afin de faire le point des
                                                   connaissances sur ces différents sujets. Il s’agit également
                                                   d’exposer des débats d'idées et de nouveaux concepts, y
                                                   compris sur des questions controversées, d’exposer des
                                                   méthodologies couramment utilisées et des résultats obte-
                                                   nus dans divers projets et enfin, de fournir des références
                                                   opérationnelles et intellectuelles, des adresses et des sites
                                                   Internet utiles.
                                                   Ces dossiers seront largement diffusés - notamment dans les
                                                   pays les plus touchés par la désertification - sous format
                                                   électronique à la demande et via notre site Internet, mais
                                                   également sous forme imprimée. Nous sommes à l'écoute
                                                   de vos réactions et de vos propositions. La rédaction,
                                                   la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont
                                                   entièrement à la charge du Comité, grâce à l'appui qu'il
                                                   reçoit des ministères français. Les avis exprimés dans les
                                                   dossiers reçoivent l'aval du Comité.


                                                                                                                1
Préface




                                                    L
                         Marc Bied-Charreton                 a Convention des Nations Unies sur la lutte
                               Président du CSFD             contre la désertification a fêté son dixième
               Professeur émérite de l'Université            anniversaire en 2004. Issue de l'Agenda 21
          de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines            adopté à Rio, elle a réussi à impliquer tous les
           Chercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ            pays touchés par ce processus ainsi que les pays du
                                                     Nord qui coopèrent à cette lutte.

                                                     Aujourd'hui, il paraît nécessaire de faire le point sur ce
                                                     processus de la désertification : quelle est son importance ?
                                                     Quelles en sont les conséquences ? Quelle est la
                                                     vulnérabilité des sociétés touchées ? L'aggravation de la
                                                     désertification entraîne-t-elle une augmentation de la
                                                     pauvreté et une fragilité des ressources naturelles
                                                     disponibles ?

                                                     Nous sommes aujourd'hui dans un nouveau contexte
                                                     international, où est apparue la notion de bien public
                                                     mondial. En effet, selon le Programme des Nations
                                                     Unies pour le développement (PNUD), les programmes
                                                     nationaux de lutte contre la pauvreté, les ressources
                                                     nationales en faune et en flore, les ressources en eau et
                                                     les quotas de réduction des pollutions atmosphériques
                                                     seraient des biens privés des États nationaux, exclusifs
                                                     et rivaux. L'élimination de la pauvreté extrême, l'accès à
                                                     l'éducation, aux soins de base et à l'atmosphère seraient
                                                     quant à eux classés comme des biens publics mondiaux
                                                     non-exclusifs mais rivaux, tandis que la durabilité envi-
                                                     ronnementale serait classée au titre des biens publics
                                                     mondiaux purs, non-rivaux et non-exclusifs.

                                                     Le premier dossier thématique du CSFD se propose
                                                     d'explorer ces pistes afin de donner une nouvelle
                                                     vigueur à la lutte contre la désertification, qui ne serait
                                                     plus seulement la collection de quelques actions
                                                     techniques menées au niveau local pour limiter
                                                     l'ensablement et l'érosion, mais qui prendrait une nou-
                                                     velle dimension, à la fois locale et globale, intégrant les
                                                     questions de développement et les questions
                                                     d'environnement.

                                                     Les auteurs de ce dossier sont Patrick Caron,
                                                     chercheur au Département Territoires, environnement
                                                     et acteurs du Centre de coopération internationale en
                                                     recherche agronomique pour le développement et
                                                     Mélanie Requier-Desjardins, docteur en économie et
                                                     chercheur au Centre d'économie et d'éthique pour
                                                     l'environnement et le développement de l'Université
                                                     de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.




2                                                   La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
Sommaire




4                                             18
De la notion de désertification               Désertification,
à celle de bien public mondial                environnement mondial
                                              et biens publics
6
Dégradation des terres et désertification :   24
des chiffres éloquents                        Comment la notion de bien public mondial
                                              peut-elle nourrir la réflexion
8                                             sur les services publics ?
La lutte contre la désertification :          La réflexion se poursuit…
des moyens d’action variés
pour une diversité de situations              26
                                              Acronymes et abréviations
12                                            utilisés dans le texte
Désertification
et sociétés rurales :                         27
des liens complexes                           Pour en savoir plus…




                                                                                         3
De la notion de désertification
à celle de bien public mondial




L
        e terme de désertification fait son apparition
        sur la scène internationale au moment des
        grandes sécheresses sahéliennes des années
        1970. Il est longtemps associé à une région
donnée et à une situation dramatique et exceptionnelle
de sécheresse : celle des éleveurs sahéliens transhu-
mants et des espaces pastoraux en bordure du Sahara.
On souligne alors tout à la fois le bouleversement des
sociétés autochtones et la dégradation de leur
environnement.

Par la suite, la désertification est souvent à tort assimilée
dans les médias à l'avancée du désert. En réalité, c'est
un processus complexe, aux multiples dimensions
- climatique, bio-physique et sociale - qui conduit à la
fois à une baisse de la fertilité du milieu naturel et à l'ex-
tension de la pauvreté. Par ailleurs, la désertification ne
se limite pas aux zones arides, mais affecte aussi les
espaces semi-arides et sub-humides du globe.

À partir des années 1970, de nombreux programmes de
développement sont mis en place pour limiter les effets
                                                                                                                                  Zones surpâturées.
de la désertification : en Afrique sahélienne, ce sont                                                                      Léopold Downs, Australie
principalement des projets localisés d'hydraulique                                                                             Bernard Moizo © IRD
pastorale et d'appui à la diffusion de techniques anti-
érosives afin de soutenir l'agriculture. La désertification       pourrait appeler un mal public mondial. Nous allons
est alors considérée par la communauté scientifique et            considérer que la désertification en est un et voir s'il
la coopération internationale comme un problème de                convient de la combattre au niveau mondial. En effet,
développement local, appelant des solutions locales.              déclarer un bien public mondial ne va pas de soi.
                                                                  Au-delà des controverses et débats liés à l'usage et aux
Depuis les années 1990, les réunions internationales sur          conceptions multiples de cette expression « bien public
l'avenir des ressources de la planète ont fait évoluer les        mondial », une telle reconnaissance suppose et conduit
termes de ce débat ; elles contribuent à faire de la déser-       à la mise en place de dispositifs institutionnels et finan-
tification une question de développement durable et               ciers permettant de le traiter comme tel. Ainsi, ce
d'environnement mondial. Ainsi, la lutte contre la                dossier, en s'appuyant sur des exemples et illustrations
désertification fait aujourd'hui appel à des mécanismes           portant sur les techniques de lutte contre la désertifica-
mondiaux de financement. Cette prise de conscience de             tion ou sur les aspects socio-économiques du phéno-
l'importance des questions environnementales et la                mène, propose d'éclairer ce débat et de produire des
volonté d'agir au niveau international ont conduit de             arguments et plaidoyers utiles. Il montre comment la
nombreuses institutions à s'intéresser à la notion de             désertification s'exprime, a des répercussions et se com-
bien public mondial (BPM). C'est le cas du Programme              bat non seulement au niveau local, mais également, et
des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui,               selon des processus interdépendants, aux échelles
depuis 1999, analyse le rôle de plusieurs biens                   nationale, internationale et mondiale. Le dossier
environnementaux dans le développement de la planè-               cherche à identifier les liens entre les processus com-
te et la durabilité des processus en jeu.                         plexes impliqués dans la désertification, qu'ils soient
                                                                  locaux, nationaux ou internationaux, et, ensuite, à ana-
La notion de bien public mondial explicitée dans ce               lyser les tenants et aboutissants d'une reconnaissance
dossier est celle qui est actuellement développée par les         de la lutte comme bien public mondial.
organisations internationales et par certains pays déve-                       La lutte contre la désertification
loppés, et utilisée dans les arènes des négociations                      peut-elle être rapprochée de cette notion
internationales. Elle tente de faire face à ce que l'on             de bien public mondial et si oui, de quelles façons ?


 4                                                               La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
Lexique
Désertification, aridité, sécheresse :                                      ou en trouvant d’autres activités qui soulagent la pression sur les
des différences significatives                                              terres. La désertification est indissociable de la question du
                                                                            développement durable des zones sèches. Comme en témoignent
L’aridité reflète un déficit pluviométrique permanent mais elle             les annexes de la Convention, cette notion s’applique sur tous les
est aussi liée à d’autres données climatiques spécifiques : insola-         continents, principalement aux aires sèches dans lesquelles aridité
tion forte, températures élevées, faible humidité de l’air et éva-          et sécheresse sont deux données climatiques courantes.
potranspiration poussée.
                                                                            Le développement durable :
La sécheresse résulte d’un déficit pluviométrique temporaire,
alors que le volume des précipitations peut s’avérer suffisant.             D’après Mme Brundtland, lors de la Conférence mondiale sur
En Afrique, les écosystèmes sahéliens et soudaniens sont les plus           l’Environnement et le Développement, 1987 : « Le développe-
affectés par les sécheresses. La sécheresse peut être considérée            ment durable est un développement qui répond aux besoins du
comme un catalyseur de la désertification car elle affecte la struc-        présent sans compromettre la capacité des générations futures à
ture du sol et provoque des changements dans la végétation.                 répondre à leurs propres besoins ».
Le passage contrasté d’épisodes de sécheresse et de pluies
diluviennes fragilise la structure du sol, accélère l’érosion et le         Premier principe de la Déclaration adoptée à Rio lors de la
processus de désertification. Il peut en résulter des crises, une           Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le
croissance de la misère ainsi que des famines.                              Développement, 1992 : « Les êtres humains sont au centre du
                                                                            développement durable ; ils ont le droit à une vie saine et fruc-
Les notions d’aridité et de sécheresse renvoient à des facteurs             tueuse en harmonie avec la nature ».
climatiques ponctuels ou réguliers alors que la désertification
traduit un processus anthropique et concerne en particulier les             L'environnement mondial est :
activités économiques de production et de consommation.
La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertifica-         • D'une part, l'ensemble des conditions physiques et bio- géo-
tion, adoptée à Paris en 1994 et ratifiée 10 ans plus tard par 190          chimiques dans lesquelles vivent les sociétés humaines (air, eaux
pays, est à la fois une Convention d’environnement et de dévelop-           douces, océans, terres, végétations, écosystèmes) ;
pement. Elle définit le processus de désertification aux échelles           • D'autre part, l'ensemble des conditions économiques et
régionales et locales comme « la dégradation des terres dans les            sociales dans lesquelles nous vivons. Cette notion est complé-
zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers         mentaire de celle d'environnement local, qui se définit de maniè-
facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités        re similaire mais au niveau du village, de la ville, de la région.
humaines ».
La désertification désigne donc le déclin irréversible ou la destruc-       Un bien public mondial (BPM) :
tion du potentiel biologique des terres et de leur capacité à suppor-
ter ou à nourrir les populations. Ce processus met en avant la              C’est un bien que tout le monde peut consommer. Sa consommation
nécessité d’accroître le niveau de vie des sociétés les plus vulnéra-       par une personne ne pénalise pas sa consommation par les autres
bles en pérennisant le support de leur activité, la fertilité des terres,   personnes. Un exemple de BPM est l'air que nous respirons.



De la notion de désertification à celle de bien public mondial                                                                              5
Dégradation des terres et désertification :
des chiffres éloquents



Des continents différemment touchés
La plupart des continents sont affectés par les processus                       Les causes de la dégradation des sols dans les zones ari-
de désertification. Les régions arides* menacées par la                         des agissent selon des proportions différentes selon les
désertification occupent 40 pour cent des terres dispo-                         régions du monde : déboisement, surpâturage, surex-
nibles, soit 5,2 milliards sur 13 milliards d'hectares.                         ploitation des terres arables, bio-industries (ensemble
L'Afrique contient 37 pour cent des zones arides, l'Asie                        des secteurs de l'industrie qui utilisent les biotechnolo-
33 pour cent et enfin l'Australie 14 pour cent. Des zones                       gies). L'Afrique et l'Asie sont les continents les plus
arides de moindre envergure existent également en                               affectés par la dégradation des sols. Il faut toutefois
Amérique ainsi que sur les franges méridionales de                              noter que les appréciations et les évaluations des surfa-
l'Europe.                                                                       ces affectées par la désertification varient d'une source à
                                                                                une autre. En effet, ces données sont différentes en
Des causes diverses mais, toujours,                                             fonction des critères utilisés lors des évaluations. Ainsi,
                                                                                celles concernant les surfaces touchées par la désertifi-
des facteurs anthropiques à l'œuvre                                             cation dans les zones arides fluctuent de 19,5 pour cent
                                                                                (en se basant sur la seule dégradation des sols)
En 2000, environ 70 pour cent de ces terres arides                              à 69,5 pour cent (en prenant en compte la dégradation
étaient déjà soumis à la désertification, soit 3,6 milliards                    des sols mais aussi celle de la végétation).
d'hectares. Sur ces 3,6 milliards d'hectares, 93 pour cent
étaient occupés par des pâturages, 6 pour cent par des
cultures pluviales et 1 pour cent par des cultures
irriguées.

Une classification des espaces arides touchés par la
désertification existe selon les usages qui en sont faits
par les hommes. Plusieurs stades de désertification exis-                       * Par commodité d’usage dans ce dossier et conformément à ce qui est
tent : réversible, sévère et irréversible et 76 pour cent des                   communément admis, les « zones arides » incluent l’ensemble des zones
                                                                                concernées par la désertification, c’est-à-dire les espaces arides,
terres dégradées le seraient de façon réversible.                               semi-arides et sub-humides secs.




 Surfaces affectées en 2000 par la désertification dans les zones arides selon l'usage (millions d'hectares Mha)
 D'après Katyal et Vlek, 2000.

  Type                    Zones         Mha              Dont            Dont                Dont          Causes
  de terres            arides (Mha)    affectés       irréversible    sévèrement          réversible       principales


  Pâturages                 4 556       3 333                72            757               2 504         Dégradation de la végétation par surpâturage et
                                                                                                           par prélèvement de bois de chauffe


  Cultures pluviales             457      216                   4           29                 183         Instabilité, voire compaction des sols, liée à
                                                                                                           l'érosion et à la perte en matière organique


  Cultures irriguées             145        43                  2               -                41        Salinité des sols et mauvais drainage
                                                                                                           de l'eau


  Total                    5 158       3 592                78            786               2 728



 6                                                                          La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
Les causes principales de la dégradation
                                                                     des sols dans les zones arides,
                                                                     par région géographique en 1999.
                                                                     Source : site Internet de la FAO (Organisation
                                                                     des Nations Unies pour l'alimentation et
                                                                     l'agriculture), consulté le 19/11/2004
                                                                     www.fao.org/NOUVELLE/FACTFILE/IMG/FF9710-f.pdf




                                                                                             Transport du bois à usage
                                                                                        domestique récolté en brousse.
                                                                                           À l'aube, sur la digue du lac
                                                                                    du barrage de Sologo. Côte d’Ivoire.
                                                                                             Christian Lévêque © IRD


Dégradation des terres et désertification : des chiffres éloquents                                                         7
La lutte contre la désertification :
des moyens d'action variés
pour une diversité de situations



L
         es formes prises par la désertification, les causes
         et les processus qui y conduisent, diffèrent en
         fonction de la région, mais aussi des modes
         variés de l'exploitation par l'homme des terres
et de la végétation. La lutte contre la désertification
                                                                                                  Oasis d'El Guettar, Tunisie. Massif calcaire, situé en amont
(LCD) repose alors sur une grande diversité de tech-                                               de l'oasis, servant d'impluvium aux eaux météoriques et
niques, de moyens et d'actions, variété illustrée dans ce                                                alimentant les aquifères profonds. Sur le versant de
                                                                                                   piedmond, des aménagements anti-érosifs ont été mis en
chapitre par deux exemples.                                                                              place pour lutter contre le ruissellement de surface.
                                                                                                                                Jean-Pierre Montoroi © IRD

La lutte s'organise au niveau local :
                                                                       Les méthodes de LCD comprennent des techniques
un exemple africain de techniques d'aménagement                        correctives locales, d'amélioration de l'exploitation des
des sols en zone de culture pluviale                                   ressources naturelles et de leur productivité ou de
                                                                       l'ensemble des systèmes de culture et d'élevage. Elles
Trois constats importants :                                            incluent également la mise en place de mécanismes insti-
                                                                       tutionnels, tant au niveau local qu'au niveau national,
• Les problèmes de désertification sont différents dans le             propices au développement économique et social. Par
cas de la dégradation des parcours, des zones de culture               exemple, pour assurer la conservation des sols exploités
pluviale en zone sèche et des périmètres irrigués. Ils font            pour la culture pluviale, les projets de développement
alors appel à des techniques différentes d'entretien et de             proposent des techniques de LCD depuis une trentaine
régénération du milieu.                                                d'années : elles font appel à des techniques élaborées
• Pour avoir un réel impact, il importe que ces tech-                  localement ou au contraire exogènes. La jachère, le zaï,
niques de LCD s'intègrent et contribuent aux schémas                   les diguettes, les cordons pierreux, la végétalisation des
collectifs locaux d'organisation sociale, voire consti-                alignements de pierre, les boulis, les demi-lunes, les
tuent la base de nouveaux modes d'organisation.                        fosses de compostage, les tapis herbacés et les
• Par ailleurs, on estime souvent plus économique                      plantations d'arbres figurent parmi les techniques
d'investir dans la prévention des risques de désertification           principales d'entretien des sols cultivés en Afrique. Ces
que de remettre en état des sols déjà désertifiés : la LCD             techniques et leurs applications ont été testées et perfec-
concerne alors l'ensemble des zones arides susceptibles                tionnées de sorte que leurs résultats sur le milieu naturel
d'être affectées par ce phénomène.                                     sont assez bien connus des experts.




 Zoom
Temps et coûts nécessaires pour régénérer                              En prenant le taux de carbone pour indicateur, il faudra donc plus
les sols dégradés au Sénégal                                           de 25 années pour récupérer certaines potentialités de ce sol, soit
                                                                       plus d'une génération.
Un écosystème sahélien en bon état au Sénégal présente un stock        Une telle dégradation, dont l'échelle de traitement dépasse une
de carbone dans le sol et dans la biomasse d'environ 16 tonnes par     génération, est définie comme irréversible. Son coût peut être
hectare. Le carbone, l'azote et le potassium constituent la matière    évalué à partir du manque à gagner résultant de l'impossibilité
organique des sols. La dégradation de cet écosystème, son évolu-       d'exploiter économiquement un tel sol.
tion vers un sol de type cuirassé par exemple, peut avoir lieu en      La restauration, c'est-à-dire la remise en état productif de ce sol,
l'espace de quelques années et entraîne un déstockage important        pourra se faire par des techniques appropriées qui nécessitent des
de carbone, une perte supérieure à 10 tonnes par hectare (un sol       investissements particuliers : elle aura donc un coût économique
même dégradé conserve un stock résiduel de carbone).                   important. Au final, une évaluation du coût économique total de la
En moyenne, la séquestration du carbone dans les sols, après revé-     dégradation de ce sol correspond à la somme du manque à gagner
gétalisation (reconstitution de la couverture végétale) est de         (dégradation) et des investissements de récupération (restauration).
0,4 tonne par hectare et par an dans les sols tropicaux.                                                           D’après Bille, 1977 ; Cornet, 1998.




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Zoom
Techniques de régénération des sols au
Burkina Faso : comment faire et à quel coût ?

Le zaï : technique culturale du sol dégradé qui consiste à creuser un
trou de 15 à 20 cm de diamètre sur une profondeur de 15 à 20 cm
en période sèche afin de capter l’eau de pluie. Le zaï est adapté aux
seules zones sahéliennes d’Afrique (ni saharienne au nord, ni souda-
nienne au sud). Son coût est estimé à 5 FCFA* par trou soit 79 380
FCFA* par hectare.




                                                                                                                  Les trois systèmes de diguettes en pierres
                                                                                                                             FEER : système à trois pierres
                                                                                                       PDS : système de pierres dressées avec sous-solage
                                                                                                                       D’après Somé et al., 2000. Sécheresse. 11(4)

                                                                        Le zaï
                                   D’après Somé et al., 2000. Sécheresse. 11(4)   La combinaison de zaï et de cordon pierreux : sur un hectare
                                                                                  de sorgho dans deux villages du nord burkinabé (pluviométrie variant
Les diguettes en pierres : construites sur les sols en pente faible, elles        entre 400 et 500 mm par an), le rendement de 166 kg à l’hectare
permettent d’éviter le ruissellement et la perte de sol. Plusieurs techniques     observé sans aménagement, atteint grâce à cette combinaison 750 kg
existent. Les pierres alignées constituent le plus simple des systèmes de         à l’hectare, voire 1 050 kg.
cordon pierreux, celui qui requiert le moins de moellons, mais aussi celui
qui autorise le plus de ruissellement. Le système PDS (pierres dressées           Les digues filtrantes : il s’agit d’une technique de stoppage du ravi-
avec sous-solage) est le plus efficace : il évite un écoulement important         nement pour permettre l’exploitation agricole d’un bas-fond. La digue
de l’eau entre les moellons, la constitution de rigoles en aval et les dépôts     ralentit l’écoulement de l’eau et provoque la sédimentation des terres
de terre qui réduisent l’infiltration et créent des stagnations en amont du       charriées. L’intervention est nécessaire sur l’ensemble du bassin ver-
cordon. Les coûts de ces techniques, outre le traçage des courbes de              sant. La digue filtrante est complétée par des diguettes en pierre de
niveau, varient en fonction des moyens de transport et de l’organisation          chaque côté du lit du bas-fond. Construire ces diguettes revient à un
de la main d’œuvre. Si les moellons sont disponibles et abstraction faite         coût partiel de 240 000 FCFA*, abstraction faite de la valeur de la
du coût de l’assistance extérieure :                                              main d’œuvre fournie par les populations bénéficiaires. Ce coût
• Pour un travail en groupe, il faut entre 80 et 160 personnes salariées          comprend sept voyages de camion-benne, à 80 000 FCFA*
par jour pour réaliser un traitement en diguettes sur un hectare, ce qui          la location journalière du camion.
correspond à 248 FCFA* par mètre de cordon en supposant
300 mètres d’aménagement à l’hectare.                                             * 1 Euro = 655,96 FCFA (Franc de la Communauté Financière Africaine)
• Pour un travail réalisé au champ par le bénéficiaire, 10 FCFA* par
                                                                                                                           D’après Somé et al., 2000 ; Hien, 2004.
mètre de cordon suffisent.



Les utilisateurs connaissent bien les effets de ces tech-                         Pour être efficaces, les techniques de conservation des
niques et ils préfèrent appliquer simultanément un                                sols comme les diguettes, nécessitent bien souvent une
ensemble de technologies qui interagissent de façon                               action concertée, au-delà de la parcelle ou du groupe de
positive. Par exemple, au Burkina Faso, ils associent des                         parcelles, c'est-à-dire à l'échelle d'un espace utilisé et
cordons pierreux végétalisés avec Andropogon Gayanus                              mis en valeur par de multiples acteurs : le terroir, le
(graminée pérenne fourragère) et des zaï creusés dans                             finage, l'ensemble du versant sur lequel elles
l'espace entre deux alignements de pierres. Ils ajoutent                          s'appliquent, etc. L'existence ou la mise en place de
de la matière organique (compost) dans les trous                                  formes spécifiques d'organisation et d'action collective
du zaï.                                                                           est alors requise à ces échelles.


Des moyens d’actions variés pour une diversité de situations                                                                                                    9
À une échelle internationale, la recherche scientifique
au service de la lutte contre la désertification :
l’exemple du programme régional ROSELT
Le Réseau d’Observatoires de Surveillance Écologique à              Pour répondre à ces différents objectifs, la démarche
Long Terme (ROSELT) est un programme mis en œuvre                   générale engagée repose sur les points suivants :
par l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS, organisa-
tion internationale établie en Tunisie). Il est constitué           • utiliser et valoriser les acquis pour établir un diagnos-
par un ensemble d’observatoires fonctionnant en                     tic initial du territoire ;
réseau à l’échelon régional de la zone géographique de              • mettre en œuvre un système harmonisé de surveillan-
l’OSS, sur le continent africain, en couvrant trois sous-           ce environnementale sur les écosystèmes et les agro-
régions : l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest et                systèmes (kit minimum de données, guides méthodolo-
l’Afrique de l’Est. Au niveau régional, ROSELT repose sur           giques de collecte et de traitement des données) ;
l’engagement des pays africains à se doter en commun                • garantir la pérennité du dispositif de surveillance par le
d’un outil de surveillance transfrontalier au niveau de la          moindre coût, l’ancrage institutionnel dans les poli-
zone, en faisant converger les intérêts nationaux, sous-            tiques nationales, et le renforcement des capacités tech-
régionaux et régionaux.                                             niques et scientifiques des pays ;
                                                                    • rendre les connaissances acquises utilisables pour
Ce réseau a pour but d’organiser une surveillance scien-            les acteurs du développement en élaborant des outils de
tifique de l’environnement afin d’une part de caractéri-            traitement et de circulation de l’information
ser les causes et les effets de la dégradation des terres et,       (modélisation avec un Système d’Information sur
d’autre part, de mieux comprendre les mécanismes qui                l’Environnement Local [SIEL], site Internet, outil de
conduisent à la désertification. Il vise en plus à fournir          gestion des métadonnées [MdWeb]).
des données fiables sur la dégradation des terres en
zones arides et des indicateurs biophysiques et socio-
économiques pertinents de la désertification.




 Zoom
ROSELT en quelques dates clés

La première phase de ce programme a été marquée par la tenue        En 1998, la phase opérationnelle pilote a débuté, afin de tester de
de l’atelier de Rabat au Maroc en avril 1994, puis par l’élabora-   façon harmonisée des protocoles de collecte, de traitement et de
tion d’un document fondateur sur la « conception, organisation et   diffusion des données. L’année 2000 a constitué un tournant
mise en œuvre de Roselt » (août 1995). Durant cette phase de        progressif en passant d’une première phase consacrée essentielle-
lancement, 25 observatoires ou grappes d’observatoires ont été      ment au développement conceptuel et organisationnel, à une phase
labellisés, et 14 observatoires pilotes ont été sélectionnés pour   plus opérationnelle orientée vers une meilleure structuration et
l’instruction des requêtes financières.                             consolidation des acquis du réseau.




      Localisation des observatoires
                 de ROSELT en 2001
                     ©ROSELT/OSS
  Source : Site Internet de ROSELT/OSS,
                   consulté le 19/11/2004
                      www.roselt-oss.org


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Dans la vallée alluviale du bassin versant du lac collinaire
                                                                           d'El Gouazine, Tunisie, zone de pastoralisme et d'agriculture
                                                                          pluviale. Aménagement en banquettes anti-érosives (tabias).
                                                                                            Garrigue et habitat dispersé sur les versants.
                                                                                                           Jean-Pierre Montoroi © IRD




Un ensemble d’actions adaptées à des situations
variées et à des échelles spatiales multiples
Les formes prises par la désertification ainsi que les
causes et processus qui y conduisent varient d’une
région à l’autre. L’origine de la désertification sur les
fronts pionniers de la région soudanienne en Afrique est
par exemple différente de celle concernant les espaces
sahéliens au sud du Sahara. Dans le premier cas, la            L’interdépendance des champs et moyens d’action
désertification est liée à la déforestation et à la mise en    - depuis la mise en pratique locale de techniques culturales
place de cultures sur brûlis plus qu’au manque d’eau.          par des individus ou groupes d’individus jusqu’à la
Dans le second cas, elle a pour origine l’action conjoin-      production de connaissances concernant les phénomènes
te du climat et du surpâturage qui favorise l’érosion des      en jeu au niveau régional -, ainsi que celle des acteurs
sols. Ces différences sont aussi liées à des modes             impliqués (agriculteurs, éleveurs, décideurs, institutions
d’exploitation distincts des terres et du couvert végétal.     de recherche, etc.) amènent à appréhender la désertifi-
                                                               cation et la lutte contre la désertification à différentes
De ce fait, la lutte contre la désertification – tout comme    échelles spatiales. Seule une telle démarche
la désertification d’ailleurs - se caractérise par la multi-   permet de saisir les évolutions en cours et de concevoir
plicité des champs scientifiques et thématiques concer-        un ensemble d’actions adaptées au problème à résoudre.
nés : gestion des ressources naturelles et préservation de     À la multiplicité d’échelles spatiales correspond une diver-
l’environnement, développement du secteur agricole et          sité de formes organisationnelles et institutionnelles
pastoral, sécurisation de l’accès aux ressources et aux        qu’il convient de repérer, d’évaluer, de susciter et
revenus, lutte contre la pauvreté, etc.                        d’encourager.


Des moyens d’actions variés pour une diversité de situations                                                                                 11
Désertification et
sociétés rurales :
des liens complexes



L
          a désertification a essentiellement été traitée
          à l’origine comme un problème biophysique.
          Aujourd’hui, elle est abordée comme un
          problème complexe impliquant de nombreux
facteurs anthropiques. Ces derniers sont liés aux usa-
ges locaux des ressources naturelles par les
agriculteurs et éleveurs ainsi qu’aux techniques mises
en œuvre à cet effet. Ces facteurs incluent également
les processus généraux d’évolution des sociétés et
leurs relations à la nature qui conditionnent les modes
d’appropriation des ressources, tels que, par exemple,
les migrations et les évolutions des institutions de
régulation foncière. Sont enfin directement concernées
les relations que le processus de désertification lui-                                                                        Une famille déplacée
                                                                                                                  par la sécheresse, Garissa, Kenya.
même est susceptible d’entretenir avec celui de                                                           Marc-Antoine Pérouse de Monclos © IRD
transformation d’une société : migration et développe-
ment, pauvreté et développement, etc. La prise en
compte de ces interactions amène à reconsidérer la              À l’inverse, l’afflux en un lieu de nouveaux immigrants est
LCD, ses principes, ses moyens d’action et les niveaux          souvent dénoncé comme un facteur de dégradation des
institutionnels d’intervention à promouvoir ou privi-           terres et de désertification. Dans les villes, on observe
légier. Pour illustrer concrètement ces liens                   parfois une aggravation de la désertification des zones
complexes, les aspects concernant les questions des             péri-urbaines en raison d’une pression accrue sur les
migrations internationales et de la pauvreté, ainsi que         terres. C’est également le cas dans les zones rurales
les questions foncières, sont développés ci-après à             densément peuplées ou sur les fronts pionniers.
titre d’exemples.                                               L’impact est d’autant plus fort quand les modes et
                                                                institutions de régulation foncière sont mis à mal par les
                                                                dynamiques liées à la migration. Mais les conséquences
Les migrations étendent les frontières
                                                                les plus dramatiques concernent alors la précarité
de la désertification…                                          physique et sociale des populations, surtout lorsqu’elles
                                                                ont peu anticipé leur migration. La précarité physique
La désertification a des conséquences immédiates sou-           tient à l’insalubrité des conditions de logement et plus
vent décrites par le cercle vicieux « Appauvrissement           généralement de vie, en particulier au manque d’accès à
des terres - Production agricole insuffisante pour nourrir      une eau potable. La précarité sociale souligne les
l’ensemble des villageois - Tensions sociales croissantes ».    difficultés d’insertion des populations dans un tissu
Les migrations qui en résultent peuvent être saisonnières       social nouveau : cela requiert du temps et des investis-
ou définitives. Certaines migrations saisonnières               sements d’autant plus élevés que le capital social des
traduisent l’adaptation temporaire de familles au               migrants ne participant pas à des diasporas est faible.
manque de ressources. Elles apparaissent comme une
réponse       transitoire     aux      impacts       socio-     En outre, dans les régions périphériques de celles direc-
économiques de la désertification. Des membres de la            tement affectées par la désertification, les migrations
famille partent louer leur force de travail dans des zones      entraînent une concentration rapide de population dans
plus prospères ou en ville, ce qui permet de pallier la         des zones jusque-là peu exploitées. Les conditions
baisse de revenus liée à la désertification. Lorsque la         d’utilisation des terres sont généralement définies par
situation empire dans le lieu de départ, ou si elle             des pratiques ancrées dans l’histoire. Dans ces lieux de
s’avère meilleure dans le lieu d’accueil, ces                   regroupements hétérogènes, il n’y pas de règle unique et
migrations saisonnières peuvent être le prélude de              traditionnelle pouvant servir de référence pour la gestion
migrations définitives vers les villes ou sur les fronts        des terres, des forêts et des pâturages. De plus, les
pionniers. Enfin et en conséquence, la désertification          migrants connaissent mal le nouveau milieu exploité.
alimente une partie des flux migratoires, lesquels              Les risques de dégradation de ces espaces apparaissent
peuvent engendrer ou alimenter des conflits nationaux           dans ces conditions plus élevés que ceux des régions tra-
et internationaux.                                              ditionnellement soumises à la désertification.


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Zoom
À propos du capital social :
différentes conceptions

Parmi les fondateurs de la notion de capital social se trouvent
Coleman, Bourdieu et Putnam.
Dans un entretien accordé au magazine Sciences Humaines,
                                                                                … Et augmentent la vulnérabilité
Putnam précise ce qu’il entend par capital social. « Le capital                 et le risque de pauvreté des migrants
social est constitué par les normes et les réseaux qui facilitent la
confiance, la coopération et l’action collective. » Il précise dans             Migration et désertification entretiennent des liens
cette entrevue sa conception en s’opposant simultanément à                      complexes, que ce soit en un lieu spécifique, dans les
Coleman et à Bourdieu. En opposition à Coleman, il nuance les                   zones avoisinantes ou à grande, voire très grande
effets que l’on peut attendre du capital social. « Pendant une                  distance.
dizaine d’années, lors de mes recherches en Italie, j’ai utilisé la
notion de capital social de James Coleman. Mais je m’en suis                    L’histoire a montré que les populations des zones arides
écarté, car pour Coleman, les réseaux et les normes ne peuvent                  savent réguler des chocs conjoncturels environnemen-
avoir que des effets positifs. Pourtant certains réseaux comme le               taux ou sociaux par les pratiques migratoires et par
Klu Klux Klan ou le parti nazi ont eu des effets désastreux. Depuis             l’épargne, sous forme de bétail par exemple. En effet, les
10 ans, je me suis donc écarté de cette définition. » Il s’oppose               migrations aident à la création et à l’entretien de tissus
aussi à Bourdieu chez lequel il perçoit paradoxalement une                      sociaux dans l’espace. Elles peuvent être entendues
conception individualiste du capital social. « Pierre Bourdieu s’est            comme des stratégies de minimisation des risques. Les
aussi intéressé au capital social, mais davantage pour les béné-                familles dispersées dans des espaces différenciés,
fices que les individus peuvent en tirer pour eux-mêmes. Ainsi, si              notamment en termes de pluviométrie, de sol et de
vous cherchez du travail vous utilisez vos réseaux. Pour moi, le                végétation, se protègent ainsi des risques de sécheresse
capital social peut avoir des conséquences externes, c’est-à-dire               et de famine. Des fréquences migratoires élevées, par
qu’il profite aussi aux personnes qui n’en sont pas dotées. »                   exemple les migrations en « sauts de puces », peuvent
Ces deux oppositions marquent bien la diversité des approches                   aussi indiquer l’appauvrissement ou la saturation d’un
que l’on peut avoir. Le concept de capital social, s’il peut s’avé-             milieu et son incapacité à accueillir durablement des
rer être très pertinent, reste néanmoins assez mouvant.                         populations migrantes ou à subvenir aux besoins des
                                             D’après Ballet et Guillon, 2003.   résidents.


Désertification et sociétés rurales : des liens complexes                                                                             13
L’absence d’ancrage dans un espace donné a des réper-
cussions sociales importantes : elle accroît la vulnérabi-
lité des migrants. Elle se traduit de surcroît par un
manque d’intérêt de la part des familles « passagères »
pour la gestion des ressources renouvelables. En effet, la
transmission de croyances et de savoirs locaux sur l’en-
vironnement contribue à la cohésion sociale. De même,
l’affaiblissement d’un ensemble de croyances et d’orga-
nisation sociale peut déboucher sur un amoindrisse-
ment du capital social et culturel et sur une accentua-
tion de la pauvreté. La connaissance et les savoirs sur le
milieu peuvent se perdre, engendrer une césure entre
les sociétés et leur environnement, tandis qu’une com-
pétition accrue sur les terres peut favoriser la désagréga-
tion des tissus sociaux liés à l’exploitation des ressour-
ces. Les tensions qui résultent d’une privation des droits
(notamment des droits d’accès aux ressources, eau et
terres en particulier) pour les populations, c’est-à-dire
d’une croissance de la pauvreté, peuvent aussi porter
préjudice à la paix sociale.

Différents types de pauvreté existent : la pauvreté
d’accès ou pauvreté immédiate se différencie de la
pauvreté de potentialités qui indique la vulnérabilité à
venir. Les liens entre la désertification et ces différentes
formes de pauvreté sont à chaque fois spécifiques.                                                                      Enfants à la collecte d'eau avec leurs calebasses dans
                                                                                                                            l'un des nombreux puits creusés dans le lit d'une
                                                                                                                           rivière asséchée, région de Dierma, Burkina Faso.
                                                                                                                                                         Marc Bournof © IRD


Les formes de la pauvreté et du bien-être
D’après Dubois et al., 2001.

 Dimensions du bien-être             Forme de pauvreté : pauvreté d’accessibilité                       Forme de pauvreté : pauvreté de potentialités


 Économique                          • Manque d’accès à l’emploi et manque de revenu                    • Absence de capital physique : habitats, terrains, biens
                                     • Impossibilité d’acheter les produits nécessaires                 • Absence de capital financier
                                       à l’activité de production et au quotidien (consommation)
                                     • Pas d’accès au crédit


 Environnementale                    • Pas d’accès aux ressources naturelles                            • Absence de capital naturel disponible :
                                     • Pas d’accès à l’eau                                                terres de culture, bétail
                                     • Pas d’accès aux semences                                         • Rareté des eaux de pluie et de l’eau de surface


 Sociale                             • Pas d’accès à la santé, à l’éducation et au logement             • Marginalisation, absence de tissu social
                                     • Exclusion sociale                                                • Absence de cohésion sociale
                                     • Rupture des liens sociaux, notamment entre les classes d’âge
                                     • Problème de genre



 Culturelle                          • Pauvreté identitaire liée au déracinement                        • Insuffisance du capital culturel
                                     • Pas d’accès au capital culturel                                  • Illettrisme
                                                                                                        • Absence de fond culturel commun


 Politique                           • Manque de conditions de dialogues                                • Absence de pouvoirs, de moyens d’expression
                                       et de processus démocratique                                       et d’information
                                     • Pas de participation aux décisions


 Éthique                             • Pas de normes                                                    • Insuffisance de normes partagées
                                     • Corruption                                                       • Absence de valeurs partagées
                                     • Pas de valeurs communes



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Des pratiques foncières en pleine mutation

Dans les régions arides et semi-arides, le peuplement et
les modes d’activités rurales se sont généralement cons-
truits en référence à l’aléa climatique. Les populations ont
développé des techniques de préservation de leur milieu,
techniques dont la faisabilité est souvent elle-même
conditionnée par les statuts fonciers :

En milieu agricole : parmi les techniques les plus connues,
figurent la rotation des cultures et la mise en jachère.
Ces techniques dites traditionnelles sont dorénavant
compromises par les changements socio-économiques des
trente dernières années : accroissement de la population,
                                                                     Une prise en compte indispensable des questions
nouvelles techniques de production et cultures de rente,             foncières dans les politiques de lutte contre la désertification
accroissement des surfaces cultivées, ouverture au marché
et poids des politiques agricoles, qui ont modifié les priori-       De nombreux travaux ont étudié les évolutions des
tés et les contraintes des producteurs.                              systèmes d’allocation des terres au cours des trente
                                                                     dernières années. Ces études ont généralement montré que
En milieu pastoral : la transhumance saisonnière des                 les systèmes ancestraux et flexibles de droits d’usage et de
troupeaux est un moyen de réguler la charge des                      mise en valeur de la terre étaient battus en brèche par l’effet
pâturages et d’éviter leur dégradation. C’est une                    des migrations, de la raréfaction des ressources, de
pratique en régression parmi les éleveurs. En effet :                l’extension des terrains agricoles ou du placage de
                                                                     nouveaux cadres institutionnels inadaptés. Des
• Les sécheresses des années 1970 et 1980 ont entraîné               arrangements informels se sont développés, surtout dans
en Afrique de l’Ouest, de l’Est, sub-saharienne et du                les régions d’accueil, de manière à entretenir l’avantage
Nord, un transfert du cheptel des mains des éleveurs                 foncier des familles autochtones installées depuis plusieurs
transhumants à celles des agriculteurs devenus agro-                 générations. Ces arrangements ou contrats de type fermage
éleveurs ; ainsi, les éleveurs nomades sont souvent                  (ou métayage) apparaissent diversifiés. En revanche, les
devenus les bergers des troupeaux des propriétaires                  exploitants qui y souscrivent ont souvent peu de garantie
sédentaires.                                                         sur la durabilité de leur installation.
• L’extension des surfaces cultivées gêne le passage des
animaux transhumants.                                                Dans ces conditions, une politique de lutte contre
• L’enrichissement de certains éleveurs et l'accumulation            la désertification doit dès sa conception intégrer
parfois excessive de certains grands troupeaux pèsent sur            l’adaptation des cadres et institutions de régulation
la ressource pastorale et peuvent être une cause de                  foncière et également impliquer les propriétaires et ayants
dégradation.                                                         droit multiples des terres. Toute mesure peut en effet se
                                                                     traduire par un impact sur le niveau de revenu des
Ces modifications ont entraîné la perte d’une partie du              agriculteurs ou sur les possibilités de renouvellement de
savoir pastoral à propos du milieu naturel.                          leur contrat de mise en valeur des terres.




 Zoom
Foncier et désertification

Les rapports fonciers expriment les modes de régulation construits   désertification. L'intérêt d'établir le lien entre l'état du milieu et le
par les hommes pour organiser les espaces et les exploiter, gérer    régime foncier, consiste à dépasser le cadre technique de la ges-
les ressources et façonner les paysages. Ils se traduisent par des   tion de la dégradation des terres et d'analyse de la désertification
pratiques et des représentations et s'appliquent à différentes       pour prendre en compte le fait que les décisions et les comporte-
échelles d'intervention, se caractérisant par une dynamique spa-     ments participant à la gestion se situent à l'origine même de la
tiale et temporelle. Le foncier traduit un jeu d'acteurs au sein     dégradation. La représentation sociale que les acteurs se forgent
duquel les relations entre sociétés et nature constituent un enjeu   de l'espace dans lequel ils évoluent conditionne leur sentiment
primordial. L'organisation foncière peut conditionner l'avenir       d'implication dans le devenir de leur environnement. Le statut et
environnemental en se révélant un facteur favorisant la dégrada-     le type de valeur qu'ils accordent aux ressources environnemen-
tion ou au contraire devenir un moyen de lutte contre la             tales ont des conséquences sur le mode d'utilisation qui en est fait.

                                                                                                                         D’après Barrière, 2003.



Désertification et sociétés rurales : des liens complexes                                                                                  15
L’action en faveur du foncier dans les zones arides
participe à la lutte contre la désertification. En effet, la
sécurisation de l’accès aux ressources est un élément-
clé de la pérennisation et de la durabilité des systèmes
de production agricole et d’élevage.

La décentralisation de la gestion des ressources naturelles,
promue au niveau international, est progressivement
mise en place dans les pays du Sahel affectés par la
désertification. Cette politique qui donne priorité à la
gouvernance locale des ressources naturelles, devrait
permettre la régulation foncière de l'usage des terres,
notamment au travers de l'adoption de conventions
locales d'environnement.


La désertification : une dimension mondiale ?

Dans un monde en profonde mutation, les comportements
des agriculteurs et des éleveurs se sont également modifiés.
En plus des variations du climat, de l’effet sur le milieu ou                                         Hutte temporaire de migrant faite d'écorce de baobab
des données des marchés locaux, il faut également                                                          ou "Renala" (Adansonia grandidieri), construite
                                                                                                                   à proximité des essarts ou des pâturages,
s’adapter aux changements intervenant dans les politiques                                                      région de Morondava, Menabe, Madagascar.
économiques nationales et aux pressions liées à l’évolution                                                                           Bernard Moizo © IRD
des marchés mondiaux des matières premières. Seuls ceux
qui ont une compréhension large de ces phénomènes et de
leurs articulations peuvent anticiper, concevoir de
nouvelles stratégies de production et tenir compte des                Les frontières de la désertification ne se limitent pas aux
considérations liées à l’environnement.                               zones arides. En effet, les migrations vers les régions
                                                                      périphériques favorisent l’extension de la désertifica-
En outre, si l’on considère l’ouverture des marchés et                tion jusque dans des zones humides ou aux littoraux
l’impact des décisions économiques sur les pratiques                  lointains. Les migrations à longue distance génèrent
agricoles dans de nombreux pays en développement (choix               tensions et conflits. L’accroissement de la pauvreté et
de production, mise en valeur du foncier, techniques                  des inégalités en milieu rural dans les régions arides
culturales, etc.), et notamment dans les zones arides, la             mais aussi les implications nationales et internationales
désertification peut être envisagée comme l’une des                   de cette évolution font de la désertification un problème
conséquences plausibles de la mondialisation. Des décisions           mondial : les zones soumises à la désertification
commerciales par exemple, mais aussi militaires, prises à             regroupent les populations les plus déshéritées de la
l’échelle régionale et mondiale, peuvent avoir des                    planète ; celles-ci se trouvent régulièrement en situation
répercussions locales en termes de désertification : dans ce          d’insécurité alimentaire. Paradoxalement, ces régions
dernier cas et devant trop d’insécurité, la désertification           ont généralement constitué des foyers historiques de
peut se traduire par un abandon des terres de la part des             rayonnement culturel et économique et sont souvent
agriculteurs et des éleveurs ainsi que par l’exode et le refuge.      riches du point de vue de la biodiversité.




 Zoom
Les populations les plus touchées
par la désertification sont parmi
celles les plus déshéritées de la planète

Parmi les 50 pays dont le produit national brut (PNB) par habi-       la République centrafricaine, le Kirghizistan, la République unie
tant est inférieur à 500 dollars américains, 26 sont très directe-    de Tanzanie, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Niger, le
ment affectés par la désertification. Par ordre décroissant de PNB    Tadjikistan, l’Afghanistan, l’Érythrée, le Malawi, la Somalie et
par habitant, ce sont le Sénégal, le Zimbabwe, l’Inde, le             l’Éthiopie, soit une population concernée d’environ un milliard et
Pakistan, les Comores, la Mauritanie, le Yémen, l’Ouzbékistan,        750 millions d’habitants.
le Kenya, la Gambie, le Soudan, l’Ouganda, la Zambie,                                                            D’après la Banque Mondiale, 2000.




 16                                                                  La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
Préparation du terrain pour le semi
                                                            du sorgho de décrue, Donaye, Sénégal.
                                                                         Jean-Luc Maeght © IRD



Désertification et sociétés rurales : des liens complexes                                           17
Désertification,
environnement mondial
et biens publics



L
           a désertification est-elle un fléau mondial
           justifiant une action concertée aux niveaux
           international et mondial ? La LCD peut-elle être
           considérée comme un bien public, un bien qui
est avantageux parce que sa production profite à toute la
collectivité ainsi qu'aux générations futures ? La justifica-
tion repose alors sur l'hypothèse suivante : l'inversion des
processus de dégradation des terres et la réduction de la
pauvreté permettraient l'amélioration des conditions de
vie, la stabilisation des populations dans les régions
affectées par la désertification ainsi que la paix sociale.
S'agit-il d'un bien public de nature environnementale ?
À quelle échelle : locale, nationale, internationale ou
mondiale ? Quels sont les dispositifs institutionnels
permettant la mise en place de façon équitable du bien
public appelé lutte contre la désertification ?
                                                                                       Femmes bella puisant de l'eau dans la mare de Ganadawri.
                                                                                                 De l'autre côté de la mare un troupeau de chèvres
La désertification : une question secondaire                                             attend son tour pour s'abreuver, Oudalan, région d'Oursi.
                                                                                                                        Ganadawri, Burkina Faso.
au niveau international ?                                                                                                   François Sodter © IRD


La désertification est un thème de plus en plus abordé           fication, changement climatique et biodiversité sont
lors des débats internationaux concernant l'environne-           donc l'objet d'une attention particulière, réaffirmée
ment mondial depuis la Conférence de Rio en 1992 et la           lors des réunions des conventions internationales sur
reconnaissance explicite d'une nécessaire action inter-          l'environnement. Les enjeux sont conséquents. Jusqu'à
nationale dans le domaine de l'environnement. La rati-           fin 2003, les questions liées à la désertification ne
fication par la suite de conventions internationales             faisaient l'objet d'un traitement et d'une mobilisation
d'environnement et la création d'institutions interna-           adéquats de moyens à l'échelle mondiale que de façon
tionales spécialisées dans la gestion de l'environne-            indirecte. Depuis la dernière Conférence des Parties à la
ment, en particulier le Fonds pour l'environnement               Convention des Nations Unies sur la lutte contre la
mondial (FEM ou GEF en anglais : Global Environment              désertification en août 2003 à la Havane, le FEM a
Facility) et en France, le FFEM (Fonds français pour             ouvert un guichet financier pour la lutte contre la
l'environnement mondial), offrent un cadre de travail            dégradation des terres, qui inclut tous les processus de
approprié pour traiter ces questions.                            désertification.

Le changement climatique, la biodiversité et les eaux            En France, la création du CSFD (Comité Scientifique
internationales, sont reconnus comme des thèmes de               Français de la Désertification) en 1997 permet de
l'environnement mondial. La désertification et la con-           mobiliser la recherche et l'expertise dans le cadre
servation des forêts ont tout d'abord été prises en              d'actions de lutte contre la désertification : organe
compte dans la mesure où elles interagissent avec les            consultatif, le Comité est ainsi une interface entre la
trois champs précédents. Les interactions entre déserti-         recherche et l'action.




 Zoom
Les conventions internationales
d'environnement
Les trois grandes Conventions des Nations Unies sur              • La Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, en
l'Environnement adoptées à Rio ou après Rio sont :               anglais UNCBD, United Nations Convention on Biological Diversity
• La Convention Cadre des Nations Unies sur le changement cli-   • La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la déserti-
matique, en anglais UNFCCC, United Nations Framework             fication, en anglais UNCCD, United Nations Convention to
Convention on Climate Change                                     Combat Desertification.
sauvegarde d’espèces et de paysages. Les recherches en
                                                             cours sur la diversité des modes de domestication du
                                                             milieu et leurs impacts sont à cet égard fondamentales.

                                                             La valorisation économique de l’environnement :
                                                             une solution pour sa conservation ?

                                                             La conservation passe pour certains responsables par
                                                             la valorisation économique de ressources disponibles
                                                             ou créées. S’il s’agit là certes d’une piste intéressante, il
                                                             semble que la conservation et la valorisation de l’envi-
                                                             ronnement et de ses composantes ne permettent dans
                                                             de nombreux cas ni d’assurer une rémunération satis-
                                                             faisante au regard des efforts consentis ou requis pour
                                                             aménager l’espace, ni de garantir une répartition équi-
                                                             table des gains engendrés par sa mise en valeur.
                                                             Supposer et défendre une valorisation de l’environne-
                                                             ment et sa régulation par le biais du marché condui-
                                                             sent ainsi à questionner les relations entre ces deux
                                                             objectifs potentiellement divergents et contradictoires
                                                             que sont la conservation de l’environnement par la
                                                             LCD et la lutte contre la pauvreté. À l’échelle locale par
                                                             exemple, la valorisation économique d’une espèce en
                                                             voie de disparition peut devenir un facteur d’inégalité
                                                             sociale, lorsque, sous l’effet de la marchandisation, ces
                                                             biens collectifs sont appropriés de façon privative et
                                                             concurrentielle.




Désertification, biodiversité et changement climatique :        Zoom
des interactions complexes et mal connues                    Désertification, biodiversité et
                                                             accès à la terre au Niger
Les interactions entre désertification, biodiversité et
changement climatique restent pour une grande part à         Dans la région du centre du Niger, les niveaux supérieurs de la bio-
explorer et à évaluer. À l’échelle planétaire, elles sont    diversité, les paysages et les écosystèmes se sont érodés depuis les
formulées par la communauté scientifique comme des           grandes sécheresses des années 70. Cependant, au niveau
tendances ou bien souvent des hypothèses. Les scienti-       spécifique, il n’y a pas, de façon générale, de réelle disparition
fiques s’accordent à dire que la désertification accentue    d’espèces, mais une raréfaction et un déplacement vers le sud avec
la perte de biodiversité et les risques liés au change-      l’évolution de la pluviométrie. En réaction à ces évolutions, les
ment climatique. Comment évaluer ces interactions ?          populations mettent ces espèces en défens ou en culture dans des
Quelles échelles d’évaluation privilégier ?                  milieux favorables comme les bas-fonds, par sélection et par
                                                             conservation de rejets d’arbres spontanés. Les paysans créent aussi
Les interactions entre désertification et changement         des parcs arborés dans leurs champs, ou en bosquets et en haies. Ils
climatique sont mal connues : certes, la succession          introduisent également de nouvelles espèces. L’appropriation des
d’épisodes de sécheresses et de pluies entraîne une          végétaux coïncide de plus en plus avec celle du sol. Le changement
érosion des sols et un déstockage consécutif du              des conditions écologiques et sociales d’exercice de l’agriculture
carbone, et accroît donc la teneur en carbone de             contribue à faire évoluer les droits et les comportements des paysans
l’atmosphère. On estime ainsi que la LCD, en particulier     vis-à-vis des ressources : la valeur monétaire de la terre s’affirme ainsi
les techniques anti-érosives et de protection des sols,      que la marchandisation des droits de propriété (transfert marchand
minimise les risques liés au changement climatique.          de la terre). Il y a une croissance des inégalités dans l’accès à la terre
Par ailleurs, la contribution de la désertification au       ainsi qu’un accroissement des disparités économiques en milieu rural.
                                                             Selon les acteurs, certaines pratiques sont minières et d’autres intègrent
changement climatique via les gaz à effet de serre est
                                                             la conservation, une attitude qui dépend de leur statut, de leurs
vraisemblablement minime par comparaison avec les
                                                             richesses économiques et relationnelles ainsi que de leurs contraintes
industries polluantes.
                                                             matérielles et sociales. L’érosion de la biodiversité spontanée s’accom-
                                                             pagne d’une croissance de la biodiversité cultivée : en fait, l’érosion de
En ce qui concerne la biodiversité, la lutte contre la
                                                             la biodiversité commune s’accompagne d’une croissance de la
désertification passe en premier lieu par l’aménagement
                                                             biodiversité privée.
d’espaces garantissant la résilience des écosystèmes et la                                            D’après Luxereau et Roussel, 1998.



Désertification, environnement mondial et biens publics                                                                            19
Éleveur peul et son troupeau, en déplacement
                                                                                                                 au pont de Farcha à Nj'amena, Tchad.
                                                                                                                                Christian Lévêque © IRD


Une mise en œuvre délicate                                          mondialisation. Les BPM y sont définis comme des biens
des trois conventions environnementales                             dont le produit dépasse les frontières entre individus,
                                                                    régions et pays et de façon trans-générationnelle. Les
Les relations entre les actions liées à la mise en œuvre des        auteurs proposent quatre catégories de biens publics mon-
différentes conventions environnementales sont ainsi com-           diaux : la paix et la sécurité, l’environnement, la santé, la
plexes, parfois synergiques, parfois antagonistes. Elles peu-       connaissance et l’information. En France, le ministère des
vent de plus se révéler synergiques à une échelle donnée,           Affaires étrangères (MAE) et l’Agence Française de
antagonistes à une autre échelle, globalement porteuses ou          Développement (AFD) ont également développé cette
non de justice sociale.                                             notion, notamment sous l’égide du Haut Conseil de la
                                                                    coopération internationale (HCCI).
L’application simultanée au niveau local des différentes
conventions pose en outre avec acuité la question de l’arti-        Par définition, les biens publics présentent pour les
culation entre les nombreuses organisations et institutions         économistes deux caractéristiques :
qui en assurent l’ancrage et de la manière dont elles inter-        • Ce sont des biens pour lesquels il est impossible d’exclure
agissent avec les organisations collectives pré-existantes.         des usagers.
L’efficacité et la durabilité des actions sont liées à leur por-    • La consommation de ces biens par les uns ne réduit pas
tage par des organisations locales et à leur capacité à instau-     celle des autres.
rer des cercles vertueux au regard de la pauvreté. Mais
qu’elles concernent le changement climatique, la biodiver-          Les biens publics existent sous des formes plus ou moins
sité, la protection des sols et des ressources hydriques,           pures, plus ou moins mixtes. Ils peuvent être fournis par le
la désertification ou encore des interventions encouragées          secteur privé ou par l’État.
et appuyées par des bailleurs de fonds telles que la lutte
contre la pauvreté, ce sont en effet autant de transforma-          Deux autres critères permettent de définir les biens publics
tions sociales qui s’opèrent et qui interfèrent.                    ainsi que leur modalité d’approvisionnement : la taille du
                                                                    groupe usager et la divisibilité du bien. Ils amènent à rai-
Biens publics mondiaux et lutte contre la désertification           sonner, imaginer et décider du type de financement à
                                                                    encourager et mettre en œuvre pour créer, gérer et
Un concept nécessaire dans un contexte de mondialisation            préserver le bien. Si le groupe usager est de grande taille et la
                                                                    divisibilité du bien est réduite, l’État peut par exemple déci-
En 1999, le PNUD propose la notion de bien public mon-              der de financer le bien public correspondant. Si le groupe est
dial (BPM) afin de prendre en compte les évolutions liées à         de petite taille, l’allocation du bien peut être prise en charge
la mondialisation. Il publie un premier ouvrage intitulé            par des associations. Les parcs naturels ou les forêts doma-
« Les biens publics mondiaux : la coopération internationa-         niales sont des biens publics environnementaux gérés par
le au XXI ème siècle » (1999) dans lequel les auteurs proposent     l’État lorsqu’il en est le propriétaire. La bio-
de s’appuyer sur la notion de bien public pour concevoir            diversité, certaines forêts ou sites exceptionnels, peuvent
une nouvelle forme de coopération internationale à la fois          également appartenir à des acteurs privés qui contribuent
plus juste, plus efficace et adaptée aux effets de la               ainsi à la production de biens publics environnementaux.


 20                                                                La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
Production, gestion et répartition
des biens publics mondiaux

Il existe en fait deux conceptions des BPM :                               nationaux et internationaux, devrait participer à
                                                                           l’approvisionnement des pays et des régions en BPM.
• Dans la première, les BPM sont des biens pour la pro-
duction desquels le marché est défaillant. Ces biens                       Poursuivant ses recherches, le PNUD vient de publier un
doivent alors être fournis en dehors des mécanismes                        second ouvrage intitulé « Providing global public goods »
marchands, par des institutions internationales voire                      (2003). Ses auteurs apportent de nombreux complé-
supranationales.                                                           ments : ils repensent la définition des biens publics dans
• Dans la seconde approche, la production des BPM se                       le contexte mondial et proposent des définitions plus
réfère à une économie politique mondiale. Elle dépasse                     précises des BPM ainsi que des modalités plus concrètes
la conception en termes de défaillance des marchés                         de production et de répartition :
pour promouvoir l’idée d’une démocratie internationale
participative, en charge de la production et de la gestion                 • Les programmes nationaux de lutte contre la pauvre-
des biens publics mondiaux à l’aide d’une fiscalité                        té, les ressources nationales en faune et en flore, c’est-à-
transnationale adaptée.                                                    dire la biodiversité, les ressources en eau et les quotas de
                                                                           réduction des pollutions atmosphériques, sont des
Le caractère mondial doit donc être perçu comme une                        biens privés (des États) nationaux exclusifs et rivaux.
construction sociale. La reconnaissance de biens
publics est alors un processus politique qui reconnaît et                  • L’élimination de la pauvreté extrême, l’accès à l’éduca-
s’appuie sur le développement d’institutions adaptées                      tion et aux soins de base, ainsi que l’atmosphère, sont
visant à organiser la coopération internationale.                          classés comme des BPM non-exclusifs mais rivaux, et
La fourniture de ces biens doit être organisée, régulée et                 sont donc des biens communs.
contrôlée à l’échelle internationale afin d’en garantir
une répartition équitable ; les conditions de finance-                     • Enfin, au titre des biens publics mondiaux purs
ment, de production et de répartition sont alors défi-                     (non rivaux et non-exclusifs) se trouve la durabilité
nies. L’ensemble des acteurs, publics/privés, locaux,                      environnementale.




 Zoom
Biens privés et biens publics ou collectifs :                              article fondateur d’un débat scientifique sur les ressources
le point de vue des économistes                                            communes. En effet, d’autres scientifiques, comme ceux qui se
                                                                           reconnaissent dans l’International Association for the Study of
                           Exclusion                  Non-exclusion        Common Property (IASCP), montrent que des systèmes de
Rivalité à la consommation Bien privé                 Bien commun, mixte   normes et de règles élaborés localement sont en mesure de
                                                                           réguler les prélèvements sur les ressources communes et
Non-rivalité               Bien de club et à péage,   Bien public pur      d’assurer leur renouvellement.
                           mixte                                           Contrairement aux biens communs, les biens de club
                                                                           s’appuient sur la notion d’exclusion, et il n’existe pas de rivalité à
Peu de biens publics sont réellement purs (justice, police).               la consommation de ces biens. L’accès au club a généralement
La plupart sont en fait des biens mixtes et cumulent les                   lieu sur la base d’un droit d’entrée à payer mais il peut y avoir
caractéristiques de biens privés et de biens publics.                      d’autres discriminations à l’entrée. Un terrain boisé mis en gestion
                                                                           associative est un bien de club si hormis les membres de l’asso-
Les ressources communes ou biens communs sont des                          ciation, personne ne peut en récolter les ressources dérivées
biens dont on ne peut exclure les usagers, souvent en raison de            (cueillette, bois de feu, …).
leurs caractéristiques physiques : ce sont par exemple des espa-           Les biens à péage sont en principe ouverts à tous, mais à
ces ouverts. Ces ressources sont caractérisées par une rivalité            partir d’une certaine quantité simultanée d’usagers, ils font l’objet
dans la consommation : chaque unité de ressource prélevée est              d’une rivalité à la consommation appelée effet d’encombrement.
rendue indisponible pour les autres usagers de la ressource.               C’est le cas par exemple de l’éducation publique. Cette rivalité
Les espaces de brousse en Afrique sont des biens communs                   entre les usagers conduit à la dégradation du bien public fourni
locaux : il s’y déroule différentes activités, saisonnières ou régu-       aux populations. Jouer sur les conditions d’accès permet de main-
lières, agriculture, élevage, cueillette, collecte de bois de feu, etc.    tenir un usage collectif sans en diminuer la qualité et engendre de
Les nappes d’eau souterraines et transfrontalières sont des biens          fait une exclusion parmi les usagers. Dans le cas de l’éducation,
communs régionaux et concernent simultanément plusieurs pays.              le niveau de diplôme requis est par exemple un élément qui
Un usage excessif de ces biens conduit à leur disparition, ce que          favorise l’exclusion d’une partie des usagers potentiels.
décrit l’article de Hardin sur la « Tragédie des Communs » (1977),                                                    D’après Jarret et Mahieu, 1998.



Désertification, environnement mondial et biens publics                                                                                         21
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La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ? Des éléments de réponse... Les dossiers thématiques du CSFD. Numéro 1.

  • 1. CSF SFD Les dossiers thématiques Numéro 1 L a lu t t e c o n tr e l ut on l a d se r t i fic at io n dé ific i o Un bien public mondial environnemental ? Des éléments de réponse... Comité Scientifique Français de la Désertification
  • 2. Les dossiers thématiques du CSFD numéro 1 Comité Scientifique Français de la Désertification Directeur de la publication La création, en 1997, du Comité Scientifique Français de la Désertification, CSFD, répond à une double préoccupation des Marc Bied-Charreton ministères en charge de la Convention des Nations Unies sur la lutte Président du CSFD contre la désertification. Il s’agit d’une part de la volonté de mobiliser Professeur émérite de la communauté scientifique française compétente en matière de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) désertification, de dégradation des terres et de développement des Chercheur au Centre d’économie régions arides, semi-arides et sub-humides afin de produire des et d’éthique pour l’environnement et connaissances et servir de guide et de conseil aux décideurs politiques le développement (C3ED-UMR IRD/UVSQ) et aux acteurs de la lutte. D’autre part, il s’agit de renforcer le positionnement de cette communauté dans le contexte Auteurs international. Pour répondre à ces attentes, le CSFD se veut une force d’analyse et d’évaluation, de prospective et de suivi, d’information et Mélanie Requier-Desjardins de promotion. De plus, le CSFD participe également, dans le cadre Chercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ melanie_requier@yahoo.fr des délégations françaises, aux différentes réunions statutaires des Patrick Caron organes de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre Chercheur au Département Territoires, la désertification : Conférences des Parties, Comité de la science environnement et acteurs du Centre de coopération et de la technologie, Comité du suivi de la mise en œuvre de la internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad Tera) Convention. Il est également acteur des réunions au niveau caron@cirad.fr européen et international. Avec la participation de Le CSFD est composé d'une vingtaine de membres et d'un Président, nommés intuitu personae par le ministère délégué Marc Bied-Charreton, à la Recherche et issus des différents champs disciplinaires et Antoine Cornet, directeur de recherche des principaux organismes et universités concernés. Le CSFD est géré à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et hébergé par l'Association Agropolis qui rassemble, à Montpellier et Éric Delaitre, chercheur à l'unité de service dans le Languedoc-Roussillon, une très importante communauté Désertification de l'IRD et dans le programme ROSELT/OSS (Réseau d’Observatoires de Surveillance scientifique spécialisée dans l’agriculture, l’alimentation et Écologique à Long Terme/Observatoire l’environnement des pays tropicaux et méditerranéens. Le Comité agit du Sahara et du Sahel) comme un organe indépendant et ses avis n'ont pas de pouvoir décisionnel. Il n'a aucune personnalité juridique. Édition Le financement de son fonctionnement est assuré par des subventions du ministère des Affaires étrangères et du ministère de l’Écologie et du Isabelle Amsallem (Agropolis) Développement durable, la participation de ses membres à ses activités est gracieuse et fait partie de l'apport du ministère Remerciements pour les illustrations délégué à la Recherche. Danièle Cavanna (Photothèque INDIGO de l’IRD), Pour en savoir plus : Anne Le Floch (John Libbey Eurotext), www.csf-desertification.org la coordination régionale de ROSELT à l’IRD, l’OSS ainsi que les auteurs des différentes photos présentées dans le dossier. Conception et réalisation Olivier Piau (Agropolis Productions), Impression : Les Petites Affiches (Montpellier) Dépôt légal : à parution • ISSN en cours La rédaction, la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont entièrement La rédaction, la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont entièrement Imprimé à 1 500 exemplaires à la charge du Comité, grâce à l'appui qu'il reçoit des ministères français. à la charge du Comité, grâce à l'appui qu'il reçoit des ministères français. Les dossiers thématiques du CSFD sont téléchargeables librement Les dossiers thématiques du CSFD sont téléchargeables librement © CSFD/Agropolis janvier 2005 sur le site Internet du Comité. sur le site Internet du Comité.
  • 3. Avant-propos L’ Marc Bied-Charreton humanité doit dorénavant faire face à un pro- Président du CSFD blème d’envergure mondiale : la désertifica- Professeur émérite de l'Université tion, à la fois phénomène naturel et processus de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines lié aux activités humaines. Jamais la planète et Chercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ les écosystèmes naturels n’ont été autant dégradés par notre présence. Longtemps considérée comme un problème local, la désertification fait désormais partie des questions de dimension planétaire pour lesquelles nous sommes tous concernés, scientifiques ou non, décideurs politiques ou non, habitants du Sud comme du Nord. Il est dans ce contexte urgent de mobiliser et de faire participer la société civile, et dans un premier temps de lui fournir les éléments nécessaires à une meilleure compréhension du phénomène de désertification et de ses enjeux. Les connaissances scien- tifiques doivent alors être à la portée de tout un chacun et dans un langage compréhensible par le plus grand nombre. C’est dans ce contexte que le Comité Scientifique Français de la Désertification a décidé de lancer une nouvelle série intitulée « Les dossiers thématiques du CSFD » qui veut four- nir une information scientifique valide sur la désertification, toutes ses implications et ses enjeux. Cette série s’adresse aux décideurs politiques et à leurs conseillers du Nord comme du Sud, mais également au grand public, aux jour- nalistes scientifiques, du développement et de l'environne- ment. Elle a aussi l'ambition de fournir aux enseignants, aux formateurs ainsi qu'aux personnes en formation des com- pléments sur différents domaines. Enfin, elle entend contri- buer à la diffusion des connaissances auprès des acteurs de la lutte contre la désertification, la dégradation des terres et la lutte contre la pauvreté : responsables d'organisations professionnelles, d'organisations non gouvernementales et d’organisations de solidarité internationale. Une douzaine de dossiers est consacrée à différents thèmes aussi variés que la biodiversité, le changement climatique, le pastoralisme, la télédétection, etc., afin de faire le point des connaissances sur ces différents sujets. Il s’agit également d’exposer des débats d'idées et de nouveaux concepts, y compris sur des questions controversées, d’exposer des méthodologies couramment utilisées et des résultats obte- nus dans divers projets et enfin, de fournir des références opérationnelles et intellectuelles, des adresses et des sites Internet utiles. Ces dossiers seront largement diffusés - notamment dans les pays les plus touchés par la désertification - sous format électronique à la demande et via notre site Internet, mais également sous forme imprimée. Nous sommes à l'écoute de vos réactions et de vos propositions. La rédaction, la fabrication et la diffusion de ces dossiers sont entièrement à la charge du Comité, grâce à l'appui qu'il reçoit des ministères français. Les avis exprimés dans les dossiers reçoivent l'aval du Comité. 1
  • 4. Préface L Marc Bied-Charreton a Convention des Nations Unies sur la lutte Président du CSFD contre la désertification a fêté son dixième Professeur émérite de l'Université anniversaire en 2004. Issue de l'Agenda 21 de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines adopté à Rio, elle a réussi à impliquer tous les Chercheur au C3ED-UMR IRD/UVSQ pays touchés par ce processus ainsi que les pays du Nord qui coopèrent à cette lutte. Aujourd'hui, il paraît nécessaire de faire le point sur ce processus de la désertification : quelle est son importance ? Quelles en sont les conséquences ? Quelle est la vulnérabilité des sociétés touchées ? L'aggravation de la désertification entraîne-t-elle une augmentation de la pauvreté et une fragilité des ressources naturelles disponibles ? Nous sommes aujourd'hui dans un nouveau contexte international, où est apparue la notion de bien public mondial. En effet, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les programmes nationaux de lutte contre la pauvreté, les ressources nationales en faune et en flore, les ressources en eau et les quotas de réduction des pollutions atmosphériques seraient des biens privés des États nationaux, exclusifs et rivaux. L'élimination de la pauvreté extrême, l'accès à l'éducation, aux soins de base et à l'atmosphère seraient quant à eux classés comme des biens publics mondiaux non-exclusifs mais rivaux, tandis que la durabilité envi- ronnementale serait classée au titre des biens publics mondiaux purs, non-rivaux et non-exclusifs. Le premier dossier thématique du CSFD se propose d'explorer ces pistes afin de donner une nouvelle vigueur à la lutte contre la désertification, qui ne serait plus seulement la collection de quelques actions techniques menées au niveau local pour limiter l'ensablement et l'érosion, mais qui prendrait une nou- velle dimension, à la fois locale et globale, intégrant les questions de développement et les questions d'environnement. Les auteurs de ce dossier sont Patrick Caron, chercheur au Département Territoires, environnement et acteurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement et Mélanie Requier-Desjardins, docteur en économie et chercheur au Centre d'économie et d'éthique pour l'environnement et le développement de l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. 2 La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
  • 5. Sommaire 4 18 De la notion de désertification Désertification, à celle de bien public mondial environnement mondial et biens publics 6 Dégradation des terres et désertification : 24 des chiffres éloquents Comment la notion de bien public mondial peut-elle nourrir la réflexion 8 sur les services publics ? La lutte contre la désertification : La réflexion se poursuit… des moyens d’action variés pour une diversité de situations 26 Acronymes et abréviations 12 utilisés dans le texte Désertification et sociétés rurales : 27 des liens complexes Pour en savoir plus… 3
  • 6. De la notion de désertification à celle de bien public mondial L e terme de désertification fait son apparition sur la scène internationale au moment des grandes sécheresses sahéliennes des années 1970. Il est longtemps associé à une région donnée et à une situation dramatique et exceptionnelle de sécheresse : celle des éleveurs sahéliens transhu- mants et des espaces pastoraux en bordure du Sahara. On souligne alors tout à la fois le bouleversement des sociétés autochtones et la dégradation de leur environnement. Par la suite, la désertification est souvent à tort assimilée dans les médias à l'avancée du désert. En réalité, c'est un processus complexe, aux multiples dimensions - climatique, bio-physique et sociale - qui conduit à la fois à une baisse de la fertilité du milieu naturel et à l'ex- tension de la pauvreté. Par ailleurs, la désertification ne se limite pas aux zones arides, mais affecte aussi les espaces semi-arides et sub-humides du globe. À partir des années 1970, de nombreux programmes de développement sont mis en place pour limiter les effets Zones surpâturées. de la désertification : en Afrique sahélienne, ce sont Léopold Downs, Australie principalement des projets localisés d'hydraulique Bernard Moizo © IRD pastorale et d'appui à la diffusion de techniques anti- érosives afin de soutenir l'agriculture. La désertification pourrait appeler un mal public mondial. Nous allons est alors considérée par la communauté scientifique et considérer que la désertification en est un et voir s'il la coopération internationale comme un problème de convient de la combattre au niveau mondial. En effet, développement local, appelant des solutions locales. déclarer un bien public mondial ne va pas de soi. Au-delà des controverses et débats liés à l'usage et aux Depuis les années 1990, les réunions internationales sur conceptions multiples de cette expression « bien public l'avenir des ressources de la planète ont fait évoluer les mondial », une telle reconnaissance suppose et conduit termes de ce débat ; elles contribuent à faire de la déser- à la mise en place de dispositifs institutionnels et finan- tification une question de développement durable et ciers permettant de le traiter comme tel. Ainsi, ce d'environnement mondial. Ainsi, la lutte contre la dossier, en s'appuyant sur des exemples et illustrations désertification fait aujourd'hui appel à des mécanismes portant sur les techniques de lutte contre la désertifica- mondiaux de financement. Cette prise de conscience de tion ou sur les aspects socio-économiques du phéno- l'importance des questions environnementales et la mène, propose d'éclairer ce débat et de produire des volonté d'agir au niveau international ont conduit de arguments et plaidoyers utiles. Il montre comment la nombreuses institutions à s'intéresser à la notion de désertification s'exprime, a des répercussions et se com- bien public mondial (BPM). C'est le cas du Programme bat non seulement au niveau local, mais également, et des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui, selon des processus interdépendants, aux échelles depuis 1999, analyse le rôle de plusieurs biens nationale, internationale et mondiale. Le dossier environnementaux dans le développement de la planè- cherche à identifier les liens entre les processus com- te et la durabilité des processus en jeu. plexes impliqués dans la désertification, qu'ils soient locaux, nationaux ou internationaux, et, ensuite, à ana- La notion de bien public mondial explicitée dans ce lyser les tenants et aboutissants d'une reconnaissance dossier est celle qui est actuellement développée par les de la lutte comme bien public mondial. organisations internationales et par certains pays déve- La lutte contre la désertification loppés, et utilisée dans les arènes des négociations peut-elle être rapprochée de cette notion internationales. Elle tente de faire face à ce que l'on de bien public mondial et si oui, de quelles façons ? 4 La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
  • 7. Lexique Désertification, aridité, sécheresse : ou en trouvant d’autres activités qui soulagent la pression sur les des différences significatives terres. La désertification est indissociable de la question du développement durable des zones sèches. Comme en témoignent L’aridité reflète un déficit pluviométrique permanent mais elle les annexes de la Convention, cette notion s’applique sur tous les est aussi liée à d’autres données climatiques spécifiques : insola- continents, principalement aux aires sèches dans lesquelles aridité tion forte, températures élevées, faible humidité de l’air et éva- et sécheresse sont deux données climatiques courantes. potranspiration poussée. Le développement durable : La sécheresse résulte d’un déficit pluviométrique temporaire, alors que le volume des précipitations peut s’avérer suffisant. D’après Mme Brundtland, lors de la Conférence mondiale sur En Afrique, les écosystèmes sahéliens et soudaniens sont les plus l’Environnement et le Développement, 1987 : « Le développe- affectés par les sécheresses. La sécheresse peut être considérée ment durable est un développement qui répond aux besoins du comme un catalyseur de la désertification car elle affecte la struc- présent sans compromettre la capacité des générations futures à ture du sol et provoque des changements dans la végétation. répondre à leurs propres besoins ». Le passage contrasté d’épisodes de sécheresse et de pluies diluviennes fragilise la structure du sol, accélère l’érosion et le Premier principe de la Déclaration adoptée à Rio lors de la processus de désertification. Il peut en résulter des crises, une Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le croissance de la misère ainsi que des famines. Développement, 1992 : « Les êtres humains sont au centre du développement durable ; ils ont le droit à une vie saine et fruc- Les notions d’aridité et de sécheresse renvoient à des facteurs tueuse en harmonie avec la nature ». climatiques ponctuels ou réguliers alors que la désertification traduit un processus anthropique et concerne en particulier les L'environnement mondial est : activités économiques de production et de consommation. La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertifica- • D'une part, l'ensemble des conditions physiques et bio- géo- tion, adoptée à Paris en 1994 et ratifiée 10 ans plus tard par 190 chimiques dans lesquelles vivent les sociétés humaines (air, eaux pays, est à la fois une Convention d’environnement et de dévelop- douces, océans, terres, végétations, écosystèmes) ; pement. Elle définit le processus de désertification aux échelles • D'autre part, l'ensemble des conditions économiques et régionales et locales comme « la dégradation des terres dans les sociales dans lesquelles nous vivons. Cette notion est complé- zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers mentaire de celle d'environnement local, qui se définit de maniè- facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités re similaire mais au niveau du village, de la ville, de la région. humaines ». La désertification désigne donc le déclin irréversible ou la destruc- Un bien public mondial (BPM) : tion du potentiel biologique des terres et de leur capacité à suppor- ter ou à nourrir les populations. Ce processus met en avant la C’est un bien que tout le monde peut consommer. Sa consommation nécessité d’accroître le niveau de vie des sociétés les plus vulnéra- par une personne ne pénalise pas sa consommation par les autres bles en pérennisant le support de leur activité, la fertilité des terres, personnes. Un exemple de BPM est l'air que nous respirons. De la notion de désertification à celle de bien public mondial 5
  • 8. Dégradation des terres et désertification : des chiffres éloquents Des continents différemment touchés La plupart des continents sont affectés par les processus Les causes de la dégradation des sols dans les zones ari- de désertification. Les régions arides* menacées par la des agissent selon des proportions différentes selon les désertification occupent 40 pour cent des terres dispo- régions du monde : déboisement, surpâturage, surex- nibles, soit 5,2 milliards sur 13 milliards d'hectares. ploitation des terres arables, bio-industries (ensemble L'Afrique contient 37 pour cent des zones arides, l'Asie des secteurs de l'industrie qui utilisent les biotechnolo- 33 pour cent et enfin l'Australie 14 pour cent. Des zones gies). L'Afrique et l'Asie sont les continents les plus arides de moindre envergure existent également en affectés par la dégradation des sols. Il faut toutefois Amérique ainsi que sur les franges méridionales de noter que les appréciations et les évaluations des surfa- l'Europe. ces affectées par la désertification varient d'une source à une autre. En effet, ces données sont différentes en Des causes diverses mais, toujours, fonction des critères utilisés lors des évaluations. Ainsi, celles concernant les surfaces touchées par la désertifi- des facteurs anthropiques à l'œuvre cation dans les zones arides fluctuent de 19,5 pour cent (en se basant sur la seule dégradation des sols) En 2000, environ 70 pour cent de ces terres arides à 69,5 pour cent (en prenant en compte la dégradation étaient déjà soumis à la désertification, soit 3,6 milliards des sols mais aussi celle de la végétation). d'hectares. Sur ces 3,6 milliards d'hectares, 93 pour cent étaient occupés par des pâturages, 6 pour cent par des cultures pluviales et 1 pour cent par des cultures irriguées. Une classification des espaces arides touchés par la désertification existe selon les usages qui en sont faits par les hommes. Plusieurs stades de désertification exis- * Par commodité d’usage dans ce dossier et conformément à ce qui est tent : réversible, sévère et irréversible et 76 pour cent des communément admis, les « zones arides » incluent l’ensemble des zones concernées par la désertification, c’est-à-dire les espaces arides, terres dégradées le seraient de façon réversible. semi-arides et sub-humides secs. Surfaces affectées en 2000 par la désertification dans les zones arides selon l'usage (millions d'hectares Mha) D'après Katyal et Vlek, 2000. Type Zones Mha Dont Dont Dont Causes de terres arides (Mha) affectés irréversible sévèrement réversible principales Pâturages 4 556 3 333 72 757 2 504 Dégradation de la végétation par surpâturage et par prélèvement de bois de chauffe Cultures pluviales 457 216 4 29 183 Instabilité, voire compaction des sols, liée à l'érosion et à la perte en matière organique Cultures irriguées 145 43 2 - 41 Salinité des sols et mauvais drainage de l'eau Total 5 158 3 592 78 786 2 728 6 La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
  • 9. Les causes principales de la dégradation des sols dans les zones arides, par région géographique en 1999. Source : site Internet de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), consulté le 19/11/2004 www.fao.org/NOUVELLE/FACTFILE/IMG/FF9710-f.pdf Transport du bois à usage domestique récolté en brousse. À l'aube, sur la digue du lac du barrage de Sologo. Côte d’Ivoire. Christian Lévêque © IRD Dégradation des terres et désertification : des chiffres éloquents 7
  • 10. La lutte contre la désertification : des moyens d'action variés pour une diversité de situations L es formes prises par la désertification, les causes et les processus qui y conduisent, diffèrent en fonction de la région, mais aussi des modes variés de l'exploitation par l'homme des terres et de la végétation. La lutte contre la désertification Oasis d'El Guettar, Tunisie. Massif calcaire, situé en amont (LCD) repose alors sur une grande diversité de tech- de l'oasis, servant d'impluvium aux eaux météoriques et niques, de moyens et d'actions, variété illustrée dans ce alimentant les aquifères profonds. Sur le versant de piedmond, des aménagements anti-érosifs ont été mis en chapitre par deux exemples. place pour lutter contre le ruissellement de surface. Jean-Pierre Montoroi © IRD La lutte s'organise au niveau local : Les méthodes de LCD comprennent des techniques un exemple africain de techniques d'aménagement correctives locales, d'amélioration de l'exploitation des des sols en zone de culture pluviale ressources naturelles et de leur productivité ou de l'ensemble des systèmes de culture et d'élevage. Elles Trois constats importants : incluent également la mise en place de mécanismes insti- tutionnels, tant au niveau local qu'au niveau national, • Les problèmes de désertification sont différents dans le propices au développement économique et social. Par cas de la dégradation des parcours, des zones de culture exemple, pour assurer la conservation des sols exploités pluviale en zone sèche et des périmètres irrigués. Ils font pour la culture pluviale, les projets de développement alors appel à des techniques différentes d'entretien et de proposent des techniques de LCD depuis une trentaine régénération du milieu. d'années : elles font appel à des techniques élaborées • Pour avoir un réel impact, il importe que ces tech- localement ou au contraire exogènes. La jachère, le zaï, niques de LCD s'intègrent et contribuent aux schémas les diguettes, les cordons pierreux, la végétalisation des collectifs locaux d'organisation sociale, voire consti- alignements de pierre, les boulis, les demi-lunes, les tuent la base de nouveaux modes d'organisation. fosses de compostage, les tapis herbacés et les • Par ailleurs, on estime souvent plus économique plantations d'arbres figurent parmi les techniques d'investir dans la prévention des risques de désertification principales d'entretien des sols cultivés en Afrique. Ces que de remettre en état des sols déjà désertifiés : la LCD techniques et leurs applications ont été testées et perfec- concerne alors l'ensemble des zones arides susceptibles tionnées de sorte que leurs résultats sur le milieu naturel d'être affectées par ce phénomène. sont assez bien connus des experts. Zoom Temps et coûts nécessaires pour régénérer En prenant le taux de carbone pour indicateur, il faudra donc plus les sols dégradés au Sénégal de 25 années pour récupérer certaines potentialités de ce sol, soit plus d'une génération. Un écosystème sahélien en bon état au Sénégal présente un stock Une telle dégradation, dont l'échelle de traitement dépasse une de carbone dans le sol et dans la biomasse d'environ 16 tonnes par génération, est définie comme irréversible. Son coût peut être hectare. Le carbone, l'azote et le potassium constituent la matière évalué à partir du manque à gagner résultant de l'impossibilité organique des sols. La dégradation de cet écosystème, son évolu- d'exploiter économiquement un tel sol. tion vers un sol de type cuirassé par exemple, peut avoir lieu en La restauration, c'est-à-dire la remise en état productif de ce sol, l'espace de quelques années et entraîne un déstockage important pourra se faire par des techniques appropriées qui nécessitent des de carbone, une perte supérieure à 10 tonnes par hectare (un sol investissements particuliers : elle aura donc un coût économique même dégradé conserve un stock résiduel de carbone). important. Au final, une évaluation du coût économique total de la En moyenne, la séquestration du carbone dans les sols, après revé- dégradation de ce sol correspond à la somme du manque à gagner gétalisation (reconstitution de la couverture végétale) est de (dégradation) et des investissements de récupération (restauration). 0,4 tonne par hectare et par an dans les sols tropicaux. D’après Bille, 1977 ; Cornet, 1998. 8 La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
  • 11. Zoom Techniques de régénération des sols au Burkina Faso : comment faire et à quel coût ? Le zaï : technique culturale du sol dégradé qui consiste à creuser un trou de 15 à 20 cm de diamètre sur une profondeur de 15 à 20 cm en période sèche afin de capter l’eau de pluie. Le zaï est adapté aux seules zones sahéliennes d’Afrique (ni saharienne au nord, ni souda- nienne au sud). Son coût est estimé à 5 FCFA* par trou soit 79 380 FCFA* par hectare. Les trois systèmes de diguettes en pierres FEER : système à trois pierres PDS : système de pierres dressées avec sous-solage D’après Somé et al., 2000. Sécheresse. 11(4) Le zaï D’après Somé et al., 2000. Sécheresse. 11(4) La combinaison de zaï et de cordon pierreux : sur un hectare de sorgho dans deux villages du nord burkinabé (pluviométrie variant Les diguettes en pierres : construites sur les sols en pente faible, elles entre 400 et 500 mm par an), le rendement de 166 kg à l’hectare permettent d’éviter le ruissellement et la perte de sol. Plusieurs techniques observé sans aménagement, atteint grâce à cette combinaison 750 kg existent. Les pierres alignées constituent le plus simple des systèmes de à l’hectare, voire 1 050 kg. cordon pierreux, celui qui requiert le moins de moellons, mais aussi celui qui autorise le plus de ruissellement. Le système PDS (pierres dressées Les digues filtrantes : il s’agit d’une technique de stoppage du ravi- avec sous-solage) est le plus efficace : il évite un écoulement important nement pour permettre l’exploitation agricole d’un bas-fond. La digue de l’eau entre les moellons, la constitution de rigoles en aval et les dépôts ralentit l’écoulement de l’eau et provoque la sédimentation des terres de terre qui réduisent l’infiltration et créent des stagnations en amont du charriées. L’intervention est nécessaire sur l’ensemble du bassin ver- cordon. Les coûts de ces techniques, outre le traçage des courbes de sant. La digue filtrante est complétée par des diguettes en pierre de niveau, varient en fonction des moyens de transport et de l’organisation chaque côté du lit du bas-fond. Construire ces diguettes revient à un de la main d’œuvre. Si les moellons sont disponibles et abstraction faite coût partiel de 240 000 FCFA*, abstraction faite de la valeur de la du coût de l’assistance extérieure : main d’œuvre fournie par les populations bénéficiaires. Ce coût • Pour un travail en groupe, il faut entre 80 et 160 personnes salariées comprend sept voyages de camion-benne, à 80 000 FCFA* par jour pour réaliser un traitement en diguettes sur un hectare, ce qui la location journalière du camion. correspond à 248 FCFA* par mètre de cordon en supposant 300 mètres d’aménagement à l’hectare. * 1 Euro = 655,96 FCFA (Franc de la Communauté Financière Africaine) • Pour un travail réalisé au champ par le bénéficiaire, 10 FCFA* par D’après Somé et al., 2000 ; Hien, 2004. mètre de cordon suffisent. Les utilisateurs connaissent bien les effets de ces tech- Pour être efficaces, les techniques de conservation des niques et ils préfèrent appliquer simultanément un sols comme les diguettes, nécessitent bien souvent une ensemble de technologies qui interagissent de façon action concertée, au-delà de la parcelle ou du groupe de positive. Par exemple, au Burkina Faso, ils associent des parcelles, c'est-à-dire à l'échelle d'un espace utilisé et cordons pierreux végétalisés avec Andropogon Gayanus mis en valeur par de multiples acteurs : le terroir, le (graminée pérenne fourragère) et des zaï creusés dans finage, l'ensemble du versant sur lequel elles l'espace entre deux alignements de pierres. Ils ajoutent s'appliquent, etc. L'existence ou la mise en place de de la matière organique (compost) dans les trous formes spécifiques d'organisation et d'action collective du zaï. est alors requise à ces échelles. Des moyens d’actions variés pour une diversité de situations 9
  • 12. À une échelle internationale, la recherche scientifique au service de la lutte contre la désertification : l’exemple du programme régional ROSELT Le Réseau d’Observatoires de Surveillance Écologique à Pour répondre à ces différents objectifs, la démarche Long Terme (ROSELT) est un programme mis en œuvre générale engagée repose sur les points suivants : par l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS, organisa- tion internationale établie en Tunisie). Il est constitué • utiliser et valoriser les acquis pour établir un diagnos- par un ensemble d’observatoires fonctionnant en tic initial du territoire ; réseau à l’échelon régional de la zone géographique de • mettre en œuvre un système harmonisé de surveillan- l’OSS, sur le continent africain, en couvrant trois sous- ce environnementale sur les écosystèmes et les agro- régions : l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest et systèmes (kit minimum de données, guides méthodolo- l’Afrique de l’Est. Au niveau régional, ROSELT repose sur giques de collecte et de traitement des données) ; l’engagement des pays africains à se doter en commun • garantir la pérennité du dispositif de surveillance par le d’un outil de surveillance transfrontalier au niveau de la moindre coût, l’ancrage institutionnel dans les poli- zone, en faisant converger les intérêts nationaux, sous- tiques nationales, et le renforcement des capacités tech- régionaux et régionaux. niques et scientifiques des pays ; • rendre les connaissances acquises utilisables pour Ce réseau a pour but d’organiser une surveillance scien- les acteurs du développement en élaborant des outils de tifique de l’environnement afin d’une part de caractéri- traitement et de circulation de l’information ser les causes et les effets de la dégradation des terres et, (modélisation avec un Système d’Information sur d’autre part, de mieux comprendre les mécanismes qui l’Environnement Local [SIEL], site Internet, outil de conduisent à la désertification. Il vise en plus à fournir gestion des métadonnées [MdWeb]). des données fiables sur la dégradation des terres en zones arides et des indicateurs biophysiques et socio- économiques pertinents de la désertification. Zoom ROSELT en quelques dates clés La première phase de ce programme a été marquée par la tenue En 1998, la phase opérationnelle pilote a débuté, afin de tester de de l’atelier de Rabat au Maroc en avril 1994, puis par l’élabora- façon harmonisée des protocoles de collecte, de traitement et de tion d’un document fondateur sur la « conception, organisation et diffusion des données. L’année 2000 a constitué un tournant mise en œuvre de Roselt » (août 1995). Durant cette phase de progressif en passant d’une première phase consacrée essentielle- lancement, 25 observatoires ou grappes d’observatoires ont été ment au développement conceptuel et organisationnel, à une phase labellisés, et 14 observatoires pilotes ont été sélectionnés pour plus opérationnelle orientée vers une meilleure structuration et l’instruction des requêtes financières. consolidation des acquis du réseau. Localisation des observatoires de ROSELT en 2001 ©ROSELT/OSS Source : Site Internet de ROSELT/OSS, consulté le 19/11/2004 www.roselt-oss.org 10
  • 13. Dans la vallée alluviale du bassin versant du lac collinaire d'El Gouazine, Tunisie, zone de pastoralisme et d'agriculture pluviale. Aménagement en banquettes anti-érosives (tabias). Garrigue et habitat dispersé sur les versants. Jean-Pierre Montoroi © IRD Un ensemble d’actions adaptées à des situations variées et à des échelles spatiales multiples Les formes prises par la désertification ainsi que les causes et processus qui y conduisent varient d’une région à l’autre. L’origine de la désertification sur les fronts pionniers de la région soudanienne en Afrique est par exemple différente de celle concernant les espaces sahéliens au sud du Sahara. Dans le premier cas, la L’interdépendance des champs et moyens d’action désertification est liée à la déforestation et à la mise en - depuis la mise en pratique locale de techniques culturales place de cultures sur brûlis plus qu’au manque d’eau. par des individus ou groupes d’individus jusqu’à la Dans le second cas, elle a pour origine l’action conjoin- production de connaissances concernant les phénomènes te du climat et du surpâturage qui favorise l’érosion des en jeu au niveau régional -, ainsi que celle des acteurs sols. Ces différences sont aussi liées à des modes impliqués (agriculteurs, éleveurs, décideurs, institutions d’exploitation distincts des terres et du couvert végétal. de recherche, etc.) amènent à appréhender la désertifi- cation et la lutte contre la désertification à différentes De ce fait, la lutte contre la désertification – tout comme échelles spatiales. Seule une telle démarche la désertification d’ailleurs - se caractérise par la multi- permet de saisir les évolutions en cours et de concevoir plicité des champs scientifiques et thématiques concer- un ensemble d’actions adaptées au problème à résoudre. nés : gestion des ressources naturelles et préservation de À la multiplicité d’échelles spatiales correspond une diver- l’environnement, développement du secteur agricole et sité de formes organisationnelles et institutionnelles pastoral, sécurisation de l’accès aux ressources et aux qu’il convient de repérer, d’évaluer, de susciter et revenus, lutte contre la pauvreté, etc. d’encourager. Des moyens d’actions variés pour une diversité de situations 11
  • 14. Désertification et sociétés rurales : des liens complexes L a désertification a essentiellement été traitée à l’origine comme un problème biophysique. Aujourd’hui, elle est abordée comme un problème complexe impliquant de nombreux facteurs anthropiques. Ces derniers sont liés aux usa- ges locaux des ressources naturelles par les agriculteurs et éleveurs ainsi qu’aux techniques mises en œuvre à cet effet. Ces facteurs incluent également les processus généraux d’évolution des sociétés et leurs relations à la nature qui conditionnent les modes d’appropriation des ressources, tels que, par exemple, les migrations et les évolutions des institutions de régulation foncière. Sont enfin directement concernées les relations que le processus de désertification lui- Une famille déplacée par la sécheresse, Garissa, Kenya. même est susceptible d’entretenir avec celui de Marc-Antoine Pérouse de Monclos © IRD transformation d’une société : migration et développe- ment, pauvreté et développement, etc. La prise en compte de ces interactions amène à reconsidérer la À l’inverse, l’afflux en un lieu de nouveaux immigrants est LCD, ses principes, ses moyens d’action et les niveaux souvent dénoncé comme un facteur de dégradation des institutionnels d’intervention à promouvoir ou privi- terres et de désertification. Dans les villes, on observe légier. Pour illustrer concrètement ces liens parfois une aggravation de la désertification des zones complexes, les aspects concernant les questions des péri-urbaines en raison d’une pression accrue sur les migrations internationales et de la pauvreté, ainsi que terres. C’est également le cas dans les zones rurales les questions foncières, sont développés ci-après à densément peuplées ou sur les fronts pionniers. titre d’exemples. L’impact est d’autant plus fort quand les modes et institutions de régulation foncière sont mis à mal par les dynamiques liées à la migration. Mais les conséquences Les migrations étendent les frontières les plus dramatiques concernent alors la précarité de la désertification… physique et sociale des populations, surtout lorsqu’elles ont peu anticipé leur migration. La précarité physique La désertification a des conséquences immédiates sou- tient à l’insalubrité des conditions de logement et plus vent décrites par le cercle vicieux « Appauvrissement généralement de vie, en particulier au manque d’accès à des terres - Production agricole insuffisante pour nourrir une eau potable. La précarité sociale souligne les l’ensemble des villageois - Tensions sociales croissantes ». difficultés d’insertion des populations dans un tissu Les migrations qui en résultent peuvent être saisonnières social nouveau : cela requiert du temps et des investis- ou définitives. Certaines migrations saisonnières sements d’autant plus élevés que le capital social des traduisent l’adaptation temporaire de familles au migrants ne participant pas à des diasporas est faible. manque de ressources. Elles apparaissent comme une réponse transitoire aux impacts socio- En outre, dans les régions périphériques de celles direc- économiques de la désertification. Des membres de la tement affectées par la désertification, les migrations famille partent louer leur force de travail dans des zones entraînent une concentration rapide de population dans plus prospères ou en ville, ce qui permet de pallier la des zones jusque-là peu exploitées. Les conditions baisse de revenus liée à la désertification. Lorsque la d’utilisation des terres sont généralement définies par situation empire dans le lieu de départ, ou si elle des pratiques ancrées dans l’histoire. Dans ces lieux de s’avère meilleure dans le lieu d’accueil, ces regroupements hétérogènes, il n’y pas de règle unique et migrations saisonnières peuvent être le prélude de traditionnelle pouvant servir de référence pour la gestion migrations définitives vers les villes ou sur les fronts des terres, des forêts et des pâturages. De plus, les pionniers. Enfin et en conséquence, la désertification migrants connaissent mal le nouveau milieu exploité. alimente une partie des flux migratoires, lesquels Les risques de dégradation de ces espaces apparaissent peuvent engendrer ou alimenter des conflits nationaux dans ces conditions plus élevés que ceux des régions tra- et internationaux. ditionnellement soumises à la désertification. 12 La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
  • 15. Zoom À propos du capital social : différentes conceptions Parmi les fondateurs de la notion de capital social se trouvent Coleman, Bourdieu et Putnam. Dans un entretien accordé au magazine Sciences Humaines, … Et augmentent la vulnérabilité Putnam précise ce qu’il entend par capital social. « Le capital et le risque de pauvreté des migrants social est constitué par les normes et les réseaux qui facilitent la confiance, la coopération et l’action collective. » Il précise dans Migration et désertification entretiennent des liens cette entrevue sa conception en s’opposant simultanément à complexes, que ce soit en un lieu spécifique, dans les Coleman et à Bourdieu. En opposition à Coleman, il nuance les zones avoisinantes ou à grande, voire très grande effets que l’on peut attendre du capital social. « Pendant une distance. dizaine d’années, lors de mes recherches en Italie, j’ai utilisé la notion de capital social de James Coleman. Mais je m’en suis L’histoire a montré que les populations des zones arides écarté, car pour Coleman, les réseaux et les normes ne peuvent savent réguler des chocs conjoncturels environnemen- avoir que des effets positifs. Pourtant certains réseaux comme le taux ou sociaux par les pratiques migratoires et par Klu Klux Klan ou le parti nazi ont eu des effets désastreux. Depuis l’épargne, sous forme de bétail par exemple. En effet, les 10 ans, je me suis donc écarté de cette définition. » Il s’oppose migrations aident à la création et à l’entretien de tissus aussi à Bourdieu chez lequel il perçoit paradoxalement une sociaux dans l’espace. Elles peuvent être entendues conception individualiste du capital social. « Pierre Bourdieu s’est comme des stratégies de minimisation des risques. Les aussi intéressé au capital social, mais davantage pour les béné- familles dispersées dans des espaces différenciés, fices que les individus peuvent en tirer pour eux-mêmes. Ainsi, si notamment en termes de pluviométrie, de sol et de vous cherchez du travail vous utilisez vos réseaux. Pour moi, le végétation, se protègent ainsi des risques de sécheresse capital social peut avoir des conséquences externes, c’est-à-dire et de famine. Des fréquences migratoires élevées, par qu’il profite aussi aux personnes qui n’en sont pas dotées. » exemple les migrations en « sauts de puces », peuvent Ces deux oppositions marquent bien la diversité des approches aussi indiquer l’appauvrissement ou la saturation d’un que l’on peut avoir. Le concept de capital social, s’il peut s’avé- milieu et son incapacité à accueillir durablement des rer être très pertinent, reste néanmoins assez mouvant. populations migrantes ou à subvenir aux besoins des D’après Ballet et Guillon, 2003. résidents. Désertification et sociétés rurales : des liens complexes 13
  • 16. L’absence d’ancrage dans un espace donné a des réper- cussions sociales importantes : elle accroît la vulnérabi- lité des migrants. Elle se traduit de surcroît par un manque d’intérêt de la part des familles « passagères » pour la gestion des ressources renouvelables. En effet, la transmission de croyances et de savoirs locaux sur l’en- vironnement contribue à la cohésion sociale. De même, l’affaiblissement d’un ensemble de croyances et d’orga- nisation sociale peut déboucher sur un amoindrisse- ment du capital social et culturel et sur une accentua- tion de la pauvreté. La connaissance et les savoirs sur le milieu peuvent se perdre, engendrer une césure entre les sociétés et leur environnement, tandis qu’une com- pétition accrue sur les terres peut favoriser la désagréga- tion des tissus sociaux liés à l’exploitation des ressour- ces. Les tensions qui résultent d’une privation des droits (notamment des droits d’accès aux ressources, eau et terres en particulier) pour les populations, c’est-à-dire d’une croissance de la pauvreté, peuvent aussi porter préjudice à la paix sociale. Différents types de pauvreté existent : la pauvreté d’accès ou pauvreté immédiate se différencie de la pauvreté de potentialités qui indique la vulnérabilité à venir. Les liens entre la désertification et ces différentes formes de pauvreté sont à chaque fois spécifiques. Enfants à la collecte d'eau avec leurs calebasses dans l'un des nombreux puits creusés dans le lit d'une rivière asséchée, région de Dierma, Burkina Faso. Marc Bournof © IRD Les formes de la pauvreté et du bien-être D’après Dubois et al., 2001. Dimensions du bien-être Forme de pauvreté : pauvreté d’accessibilité Forme de pauvreté : pauvreté de potentialités Économique • Manque d’accès à l’emploi et manque de revenu • Absence de capital physique : habitats, terrains, biens • Impossibilité d’acheter les produits nécessaires • Absence de capital financier à l’activité de production et au quotidien (consommation) • Pas d’accès au crédit Environnementale • Pas d’accès aux ressources naturelles • Absence de capital naturel disponible : • Pas d’accès à l’eau terres de culture, bétail • Pas d’accès aux semences • Rareté des eaux de pluie et de l’eau de surface Sociale • Pas d’accès à la santé, à l’éducation et au logement • Marginalisation, absence de tissu social • Exclusion sociale • Absence de cohésion sociale • Rupture des liens sociaux, notamment entre les classes d’âge • Problème de genre Culturelle • Pauvreté identitaire liée au déracinement • Insuffisance du capital culturel • Pas d’accès au capital culturel • Illettrisme • Absence de fond culturel commun Politique • Manque de conditions de dialogues • Absence de pouvoirs, de moyens d’expression et de processus démocratique et d’information • Pas de participation aux décisions Éthique • Pas de normes • Insuffisance de normes partagées • Corruption • Absence de valeurs partagées • Pas de valeurs communes 14 La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
  • 17. Des pratiques foncières en pleine mutation Dans les régions arides et semi-arides, le peuplement et les modes d’activités rurales se sont généralement cons- truits en référence à l’aléa climatique. Les populations ont développé des techniques de préservation de leur milieu, techniques dont la faisabilité est souvent elle-même conditionnée par les statuts fonciers : En milieu agricole : parmi les techniques les plus connues, figurent la rotation des cultures et la mise en jachère. Ces techniques dites traditionnelles sont dorénavant compromises par les changements socio-économiques des trente dernières années : accroissement de la population, Une prise en compte indispensable des questions nouvelles techniques de production et cultures de rente, foncières dans les politiques de lutte contre la désertification accroissement des surfaces cultivées, ouverture au marché et poids des politiques agricoles, qui ont modifié les priori- De nombreux travaux ont étudié les évolutions des tés et les contraintes des producteurs. systèmes d’allocation des terres au cours des trente dernières années. Ces études ont généralement montré que En milieu pastoral : la transhumance saisonnière des les systèmes ancestraux et flexibles de droits d’usage et de troupeaux est un moyen de réguler la charge des mise en valeur de la terre étaient battus en brèche par l’effet pâturages et d’éviter leur dégradation. C’est une des migrations, de la raréfaction des ressources, de pratique en régression parmi les éleveurs. En effet : l’extension des terrains agricoles ou du placage de nouveaux cadres institutionnels inadaptés. Des • Les sécheresses des années 1970 et 1980 ont entraîné arrangements informels se sont développés, surtout dans en Afrique de l’Ouest, de l’Est, sub-saharienne et du les régions d’accueil, de manière à entretenir l’avantage Nord, un transfert du cheptel des mains des éleveurs foncier des familles autochtones installées depuis plusieurs transhumants à celles des agriculteurs devenus agro- générations. Ces arrangements ou contrats de type fermage éleveurs ; ainsi, les éleveurs nomades sont souvent (ou métayage) apparaissent diversifiés. En revanche, les devenus les bergers des troupeaux des propriétaires exploitants qui y souscrivent ont souvent peu de garantie sédentaires. sur la durabilité de leur installation. • L’extension des surfaces cultivées gêne le passage des animaux transhumants. Dans ces conditions, une politique de lutte contre • L’enrichissement de certains éleveurs et l'accumulation la désertification doit dès sa conception intégrer parfois excessive de certains grands troupeaux pèsent sur l’adaptation des cadres et institutions de régulation la ressource pastorale et peuvent être une cause de foncière et également impliquer les propriétaires et ayants dégradation. droit multiples des terres. Toute mesure peut en effet se traduire par un impact sur le niveau de revenu des Ces modifications ont entraîné la perte d’une partie du agriculteurs ou sur les possibilités de renouvellement de savoir pastoral à propos du milieu naturel. leur contrat de mise en valeur des terres. Zoom Foncier et désertification Les rapports fonciers expriment les modes de régulation construits désertification. L'intérêt d'établir le lien entre l'état du milieu et le par les hommes pour organiser les espaces et les exploiter, gérer régime foncier, consiste à dépasser le cadre technique de la ges- les ressources et façonner les paysages. Ils se traduisent par des tion de la dégradation des terres et d'analyse de la désertification pratiques et des représentations et s'appliquent à différentes pour prendre en compte le fait que les décisions et les comporte- échelles d'intervention, se caractérisant par une dynamique spa- ments participant à la gestion se situent à l'origine même de la tiale et temporelle. Le foncier traduit un jeu d'acteurs au sein dégradation. La représentation sociale que les acteurs se forgent duquel les relations entre sociétés et nature constituent un enjeu de l'espace dans lequel ils évoluent conditionne leur sentiment primordial. L'organisation foncière peut conditionner l'avenir d'implication dans le devenir de leur environnement. Le statut et environnemental en se révélant un facteur favorisant la dégrada- le type de valeur qu'ils accordent aux ressources environnemen- tion ou au contraire devenir un moyen de lutte contre la tales ont des conséquences sur le mode d'utilisation qui en est fait. D’après Barrière, 2003. Désertification et sociétés rurales : des liens complexes 15
  • 18. L’action en faveur du foncier dans les zones arides participe à la lutte contre la désertification. En effet, la sécurisation de l’accès aux ressources est un élément- clé de la pérennisation et de la durabilité des systèmes de production agricole et d’élevage. La décentralisation de la gestion des ressources naturelles, promue au niveau international, est progressivement mise en place dans les pays du Sahel affectés par la désertification. Cette politique qui donne priorité à la gouvernance locale des ressources naturelles, devrait permettre la régulation foncière de l'usage des terres, notamment au travers de l'adoption de conventions locales d'environnement. La désertification : une dimension mondiale ? Dans un monde en profonde mutation, les comportements des agriculteurs et des éleveurs se sont également modifiés. En plus des variations du climat, de l’effet sur le milieu ou Hutte temporaire de migrant faite d'écorce de baobab des données des marchés locaux, il faut également ou "Renala" (Adansonia grandidieri), construite à proximité des essarts ou des pâturages, s’adapter aux changements intervenant dans les politiques région de Morondava, Menabe, Madagascar. économiques nationales et aux pressions liées à l’évolution Bernard Moizo © IRD des marchés mondiaux des matières premières. Seuls ceux qui ont une compréhension large de ces phénomènes et de leurs articulations peuvent anticiper, concevoir de nouvelles stratégies de production et tenir compte des Les frontières de la désertification ne se limitent pas aux considérations liées à l’environnement. zones arides. En effet, les migrations vers les régions périphériques favorisent l’extension de la désertifica- En outre, si l’on considère l’ouverture des marchés et tion jusque dans des zones humides ou aux littoraux l’impact des décisions économiques sur les pratiques lointains. Les migrations à longue distance génèrent agricoles dans de nombreux pays en développement (choix tensions et conflits. L’accroissement de la pauvreté et de production, mise en valeur du foncier, techniques des inégalités en milieu rural dans les régions arides culturales, etc.), et notamment dans les zones arides, la mais aussi les implications nationales et internationales désertification peut être envisagée comme l’une des de cette évolution font de la désertification un problème conséquences plausibles de la mondialisation. Des décisions mondial : les zones soumises à la désertification commerciales par exemple, mais aussi militaires, prises à regroupent les populations les plus déshéritées de la l’échelle régionale et mondiale, peuvent avoir des planète ; celles-ci se trouvent régulièrement en situation répercussions locales en termes de désertification : dans ce d’insécurité alimentaire. Paradoxalement, ces régions dernier cas et devant trop d’insécurité, la désertification ont généralement constitué des foyers historiques de peut se traduire par un abandon des terres de la part des rayonnement culturel et économique et sont souvent agriculteurs et des éleveurs ainsi que par l’exode et le refuge. riches du point de vue de la biodiversité. Zoom Les populations les plus touchées par la désertification sont parmi celles les plus déshéritées de la planète Parmi les 50 pays dont le produit national brut (PNB) par habi- la République centrafricaine, le Kirghizistan, la République unie tant est inférieur à 500 dollars américains, 26 sont très directe- de Tanzanie, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, le Niger, le ment affectés par la désertification. Par ordre décroissant de PNB Tadjikistan, l’Afghanistan, l’Érythrée, le Malawi, la Somalie et par habitant, ce sont le Sénégal, le Zimbabwe, l’Inde, le l’Éthiopie, soit une population concernée d’environ un milliard et Pakistan, les Comores, la Mauritanie, le Yémen, l’Ouzbékistan, 750 millions d’habitants. le Kenya, la Gambie, le Soudan, l’Ouganda, la Zambie, D’après la Banque Mondiale, 2000. 16 La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
  • 19. Préparation du terrain pour le semi du sorgho de décrue, Donaye, Sénégal. Jean-Luc Maeght © IRD Désertification et sociétés rurales : des liens complexes 17
  • 20. Désertification, environnement mondial et biens publics L a désertification est-elle un fléau mondial justifiant une action concertée aux niveaux international et mondial ? La LCD peut-elle être considérée comme un bien public, un bien qui est avantageux parce que sa production profite à toute la collectivité ainsi qu'aux générations futures ? La justifica- tion repose alors sur l'hypothèse suivante : l'inversion des processus de dégradation des terres et la réduction de la pauvreté permettraient l'amélioration des conditions de vie, la stabilisation des populations dans les régions affectées par la désertification ainsi que la paix sociale. S'agit-il d'un bien public de nature environnementale ? À quelle échelle : locale, nationale, internationale ou mondiale ? Quels sont les dispositifs institutionnels permettant la mise en place de façon équitable du bien public appelé lutte contre la désertification ? Femmes bella puisant de l'eau dans la mare de Ganadawri. De l'autre côté de la mare un troupeau de chèvres La désertification : une question secondaire attend son tour pour s'abreuver, Oudalan, région d'Oursi. Ganadawri, Burkina Faso. au niveau international ? François Sodter © IRD La désertification est un thème de plus en plus abordé fication, changement climatique et biodiversité sont lors des débats internationaux concernant l'environne- donc l'objet d'une attention particulière, réaffirmée ment mondial depuis la Conférence de Rio en 1992 et la lors des réunions des conventions internationales sur reconnaissance explicite d'une nécessaire action inter- l'environnement. Les enjeux sont conséquents. Jusqu'à nationale dans le domaine de l'environnement. La rati- fin 2003, les questions liées à la désertification ne fication par la suite de conventions internationales faisaient l'objet d'un traitement et d'une mobilisation d'environnement et la création d'institutions interna- adéquats de moyens à l'échelle mondiale que de façon tionales spécialisées dans la gestion de l'environne- indirecte. Depuis la dernière Conférence des Parties à la ment, en particulier le Fonds pour l'environnement Convention des Nations Unies sur la lutte contre la mondial (FEM ou GEF en anglais : Global Environment désertification en août 2003 à la Havane, le FEM a Facility) et en France, le FFEM (Fonds français pour ouvert un guichet financier pour la lutte contre la l'environnement mondial), offrent un cadre de travail dégradation des terres, qui inclut tous les processus de approprié pour traiter ces questions. désertification. Le changement climatique, la biodiversité et les eaux En France, la création du CSFD (Comité Scientifique internationales, sont reconnus comme des thèmes de Français de la Désertification) en 1997 permet de l'environnement mondial. La désertification et la con- mobiliser la recherche et l'expertise dans le cadre servation des forêts ont tout d'abord été prises en d'actions de lutte contre la désertification : organe compte dans la mesure où elles interagissent avec les consultatif, le Comité est ainsi une interface entre la trois champs précédents. Les interactions entre déserti- recherche et l'action. Zoom Les conventions internationales d'environnement Les trois grandes Conventions des Nations Unies sur • La Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, en l'Environnement adoptées à Rio ou après Rio sont : anglais UNCBD, United Nations Convention on Biological Diversity • La Convention Cadre des Nations Unies sur le changement cli- • La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la déserti- matique, en anglais UNFCCC, United Nations Framework fication, en anglais UNCCD, United Nations Convention to Convention on Climate Change Combat Desertification.
  • 21. sauvegarde d’espèces et de paysages. Les recherches en cours sur la diversité des modes de domestication du milieu et leurs impacts sont à cet égard fondamentales. La valorisation économique de l’environnement : une solution pour sa conservation ? La conservation passe pour certains responsables par la valorisation économique de ressources disponibles ou créées. S’il s’agit là certes d’une piste intéressante, il semble que la conservation et la valorisation de l’envi- ronnement et de ses composantes ne permettent dans de nombreux cas ni d’assurer une rémunération satis- faisante au regard des efforts consentis ou requis pour aménager l’espace, ni de garantir une répartition équi- table des gains engendrés par sa mise en valeur. Supposer et défendre une valorisation de l’environne- ment et sa régulation par le biais du marché condui- sent ainsi à questionner les relations entre ces deux objectifs potentiellement divergents et contradictoires que sont la conservation de l’environnement par la LCD et la lutte contre la pauvreté. À l’échelle locale par exemple, la valorisation économique d’une espèce en voie de disparition peut devenir un facteur d’inégalité sociale, lorsque, sous l’effet de la marchandisation, ces biens collectifs sont appropriés de façon privative et concurrentielle. Désertification, biodiversité et changement climatique : Zoom des interactions complexes et mal connues Désertification, biodiversité et accès à la terre au Niger Les interactions entre désertification, biodiversité et changement climatique restent pour une grande part à Dans la région du centre du Niger, les niveaux supérieurs de la bio- explorer et à évaluer. À l’échelle planétaire, elles sont diversité, les paysages et les écosystèmes se sont érodés depuis les formulées par la communauté scientifique comme des grandes sécheresses des années 70. Cependant, au niveau tendances ou bien souvent des hypothèses. Les scienti- spécifique, il n’y a pas, de façon générale, de réelle disparition fiques s’accordent à dire que la désertification accentue d’espèces, mais une raréfaction et un déplacement vers le sud avec la perte de biodiversité et les risques liés au change- l’évolution de la pluviométrie. En réaction à ces évolutions, les ment climatique. Comment évaluer ces interactions ? populations mettent ces espèces en défens ou en culture dans des Quelles échelles d’évaluation privilégier ? milieux favorables comme les bas-fonds, par sélection et par conservation de rejets d’arbres spontanés. Les paysans créent aussi Les interactions entre désertification et changement des parcs arborés dans leurs champs, ou en bosquets et en haies. Ils climatique sont mal connues : certes, la succession introduisent également de nouvelles espèces. L’appropriation des d’épisodes de sécheresses et de pluies entraîne une végétaux coïncide de plus en plus avec celle du sol. Le changement érosion des sols et un déstockage consécutif du des conditions écologiques et sociales d’exercice de l’agriculture carbone, et accroît donc la teneur en carbone de contribue à faire évoluer les droits et les comportements des paysans l’atmosphère. On estime ainsi que la LCD, en particulier vis-à-vis des ressources : la valeur monétaire de la terre s’affirme ainsi les techniques anti-érosives et de protection des sols, que la marchandisation des droits de propriété (transfert marchand minimise les risques liés au changement climatique. de la terre). Il y a une croissance des inégalités dans l’accès à la terre Par ailleurs, la contribution de la désertification au ainsi qu’un accroissement des disparités économiques en milieu rural. Selon les acteurs, certaines pratiques sont minières et d’autres intègrent changement climatique via les gaz à effet de serre est la conservation, une attitude qui dépend de leur statut, de leurs vraisemblablement minime par comparaison avec les richesses économiques et relationnelles ainsi que de leurs contraintes industries polluantes. matérielles et sociales. L’érosion de la biodiversité spontanée s’accom- pagne d’une croissance de la biodiversité cultivée : en fait, l’érosion de En ce qui concerne la biodiversité, la lutte contre la la biodiversité commune s’accompagne d’une croissance de la désertification passe en premier lieu par l’aménagement biodiversité privée. d’espaces garantissant la résilience des écosystèmes et la D’après Luxereau et Roussel, 1998. Désertification, environnement mondial et biens publics 19
  • 22. Éleveur peul et son troupeau, en déplacement au pont de Farcha à Nj'amena, Tchad. Christian Lévêque © IRD Une mise en œuvre délicate mondialisation. Les BPM y sont définis comme des biens des trois conventions environnementales dont le produit dépasse les frontières entre individus, régions et pays et de façon trans-générationnelle. Les Les relations entre les actions liées à la mise en œuvre des auteurs proposent quatre catégories de biens publics mon- différentes conventions environnementales sont ainsi com- diaux : la paix et la sécurité, l’environnement, la santé, la plexes, parfois synergiques, parfois antagonistes. Elles peu- connaissance et l’information. En France, le ministère des vent de plus se révéler synergiques à une échelle donnée, Affaires étrangères (MAE) et l’Agence Française de antagonistes à une autre échelle, globalement porteuses ou Développement (AFD) ont également développé cette non de justice sociale. notion, notamment sous l’égide du Haut Conseil de la coopération internationale (HCCI). L’application simultanée au niveau local des différentes conventions pose en outre avec acuité la question de l’arti- Par définition, les biens publics présentent pour les culation entre les nombreuses organisations et institutions économistes deux caractéristiques : qui en assurent l’ancrage et de la manière dont elles inter- • Ce sont des biens pour lesquels il est impossible d’exclure agissent avec les organisations collectives pré-existantes. des usagers. L’efficacité et la durabilité des actions sont liées à leur por- • La consommation de ces biens par les uns ne réduit pas tage par des organisations locales et à leur capacité à instau- celle des autres. rer des cercles vertueux au regard de la pauvreté. Mais qu’elles concernent le changement climatique, la biodiver- Les biens publics existent sous des formes plus ou moins sité, la protection des sols et des ressources hydriques, pures, plus ou moins mixtes. Ils peuvent être fournis par le la désertification ou encore des interventions encouragées secteur privé ou par l’État. et appuyées par des bailleurs de fonds telles que la lutte contre la pauvreté, ce sont en effet autant de transforma- Deux autres critères permettent de définir les biens publics tions sociales qui s’opèrent et qui interfèrent. ainsi que leur modalité d’approvisionnement : la taille du groupe usager et la divisibilité du bien. Ils amènent à rai- Biens publics mondiaux et lutte contre la désertification sonner, imaginer et décider du type de financement à encourager et mettre en œuvre pour créer, gérer et Un concept nécessaire dans un contexte de mondialisation préserver le bien. Si le groupe usager est de grande taille et la divisibilité du bien est réduite, l’État peut par exemple déci- En 1999, le PNUD propose la notion de bien public mon- der de financer le bien public correspondant. Si le groupe est dial (BPM) afin de prendre en compte les évolutions liées à de petite taille, l’allocation du bien peut être prise en charge la mondialisation. Il publie un premier ouvrage intitulé par des associations. Les parcs naturels ou les forêts doma- « Les biens publics mondiaux : la coopération internationa- niales sont des biens publics environnementaux gérés par le au XXI ème siècle » (1999) dans lequel les auteurs proposent l’État lorsqu’il en est le propriétaire. La bio- de s’appuyer sur la notion de bien public pour concevoir diversité, certaines forêts ou sites exceptionnels, peuvent une nouvelle forme de coopération internationale à la fois également appartenir à des acteurs privés qui contribuent plus juste, plus efficace et adaptée aux effets de la ainsi à la production de biens publics environnementaux. 20 La lutte contre la désertification : un bien public mondial environnemental ?
  • 23. Production, gestion et répartition des biens publics mondiaux Il existe en fait deux conceptions des BPM : nationaux et internationaux, devrait participer à l’approvisionnement des pays et des régions en BPM. • Dans la première, les BPM sont des biens pour la pro- duction desquels le marché est défaillant. Ces biens Poursuivant ses recherches, le PNUD vient de publier un doivent alors être fournis en dehors des mécanismes second ouvrage intitulé « Providing global public goods » marchands, par des institutions internationales voire (2003). Ses auteurs apportent de nombreux complé- supranationales. ments : ils repensent la définition des biens publics dans • Dans la seconde approche, la production des BPM se le contexte mondial et proposent des définitions plus réfère à une économie politique mondiale. Elle dépasse précises des BPM ainsi que des modalités plus concrètes la conception en termes de défaillance des marchés de production et de répartition : pour promouvoir l’idée d’une démocratie internationale participative, en charge de la production et de la gestion • Les programmes nationaux de lutte contre la pauvre- des biens publics mondiaux à l’aide d’une fiscalité té, les ressources nationales en faune et en flore, c’est-à- transnationale adaptée. dire la biodiversité, les ressources en eau et les quotas de réduction des pollutions atmosphériques, sont des Le caractère mondial doit donc être perçu comme une biens privés (des États) nationaux exclusifs et rivaux. construction sociale. La reconnaissance de biens publics est alors un processus politique qui reconnaît et • L’élimination de la pauvreté extrême, l’accès à l’éduca- s’appuie sur le développement d’institutions adaptées tion et aux soins de base, ainsi que l’atmosphère, sont visant à organiser la coopération internationale. classés comme des BPM non-exclusifs mais rivaux, et La fourniture de ces biens doit être organisée, régulée et sont donc des biens communs. contrôlée à l’échelle internationale afin d’en garantir une répartition équitable ; les conditions de finance- • Enfin, au titre des biens publics mondiaux purs ment, de production et de répartition sont alors défi- (non rivaux et non-exclusifs) se trouve la durabilité nies. L’ensemble des acteurs, publics/privés, locaux, environnementale. Zoom Biens privés et biens publics ou collectifs : article fondateur d’un débat scientifique sur les ressources le point de vue des économistes communes. En effet, d’autres scientifiques, comme ceux qui se reconnaissent dans l’International Association for the Study of Exclusion Non-exclusion Common Property (IASCP), montrent que des systèmes de Rivalité à la consommation Bien privé Bien commun, mixte normes et de règles élaborés localement sont en mesure de réguler les prélèvements sur les ressources communes et Non-rivalité Bien de club et à péage, Bien public pur d’assurer leur renouvellement. mixte Contrairement aux biens communs, les biens de club s’appuient sur la notion d’exclusion, et il n’existe pas de rivalité à Peu de biens publics sont réellement purs (justice, police). la consommation de ces biens. L’accès au club a généralement La plupart sont en fait des biens mixtes et cumulent les lieu sur la base d’un droit d’entrée à payer mais il peut y avoir caractéristiques de biens privés et de biens publics. d’autres discriminations à l’entrée. Un terrain boisé mis en gestion associative est un bien de club si hormis les membres de l’asso- Les ressources communes ou biens communs sont des ciation, personne ne peut en récolter les ressources dérivées biens dont on ne peut exclure les usagers, souvent en raison de (cueillette, bois de feu, …). leurs caractéristiques physiques : ce sont par exemple des espa- Les biens à péage sont en principe ouverts à tous, mais à ces ouverts. Ces ressources sont caractérisées par une rivalité partir d’une certaine quantité simultanée d’usagers, ils font l’objet dans la consommation : chaque unité de ressource prélevée est d’une rivalité à la consommation appelée effet d’encombrement. rendue indisponible pour les autres usagers de la ressource. C’est le cas par exemple de l’éducation publique. Cette rivalité Les espaces de brousse en Afrique sont des biens communs entre les usagers conduit à la dégradation du bien public fourni locaux : il s’y déroule différentes activités, saisonnières ou régu- aux populations. Jouer sur les conditions d’accès permet de main- lières, agriculture, élevage, cueillette, collecte de bois de feu, etc. tenir un usage collectif sans en diminuer la qualité et engendre de Les nappes d’eau souterraines et transfrontalières sont des biens fait une exclusion parmi les usagers. Dans le cas de l’éducation, communs régionaux et concernent simultanément plusieurs pays. le niveau de diplôme requis est par exemple un élément qui Un usage excessif de ces biens conduit à leur disparition, ce que favorise l’exclusion d’une partie des usagers potentiels. décrit l’article de Hardin sur la « Tragédie des Communs » (1977), D’après Jarret et Mahieu, 1998. Désertification, environnement mondial et biens publics 21