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Queiros Sandrine
Stagiaire de janvier à mai 2012




                                   ACTION « QUESTIONS EDUCATIVES »




                Travail de synthèse :
 Valorisation de l’action « Questions Educatives » et
                de l’équipe passerelle
    L’avenir envisagé pour l’action « Questions
      Educatives » et pour l’équipe passerelle




Centre sociale « Graine de vie »
Avenue de Haute-Roche
69310 Pierre-Bénite


                                                                 1
Sommaire



Introduction ............................................................................................................................................. 3

Point méthodologique.............................................................................................................................. 4

Analyse des données ............................................................................................................................... 4

   I/ Regard sur l’action « Questions Educatives » ................................................................................. 4

       a)      Caractéristiques de l’action ..................................................................................................... 4

       b)      Les changements sur le territoire et dans les pratiques ........................................................... 7

   II/ regard sur l’équipe passerelle ....................................................................................................... 12

       a)      Qu’est ce que les femmes passerelles apportent à l’action ? ................................................. 12

       b)      Leur rôle, leur mission........................................................................................................... 15

   III/ Evolution et valorisation du travail des femmes de l’équipe passerelle ...................................... 19

       a)      Compétences développées ..................................................................................................... 19

       b)      Les femmes passerelles : leur avenir en tant que personnes.................................................. 21

   IV/ Evolution de l’action « questions Educatives » et diffusion de l’expérience de celle-ci sur le
   territoire ............................................................................................................................................. 22

       a)      Evolution de l’action sur le territoire..................................................................................... 22

       b)      Evolution de la mission des femmes passerelle..................................................................... 26

       c)      Elargissement de cette démarche pour d’autres projets, d’autres structures ......................... 31

Conclusion............................................................................................................................................. 33

Annexe 1 ............................................................................................................................................... 34

Annexe 2 ............................................................................................................................................... 35




                                                                                                                                                            2
Introduction

       Depuis 2008, une démarche globale de diagnostic sur la thématique des « questions
éducatives » a été engagé sur le territoire de Pierre-Bénite dans l’objectif de mieux
appréhender les besoins des populations, de mobiliser les habitants, de construire un
partenariat habitants/professionnels/élus en travaillant sur les représentations de chacun.
Le projet de l’action « Questions Educatives » s’articule sur trois axes :
     Une réflexion par le biais d’échanges entre professionnels et parents
     Des « groupes de mise en œuvre » des pistes de solutions imaginées lors de temps
       d’échanges
     Des temps de forum permettant la restitution des différents travaux et la réflexion sur
       la poursuite de l’action
Un travail d’enquête fut réalisé sur le territoire de Pierre-Bénite, auprès des habitants, pour
connaitre leurs difficultés et leurs besoins par rapport aux questions éducatives.

       En 2009/2010, les groupes de pairs se sont réunis, chacun de leur côté, pour travailler
autour des deux situations problèmes ressorties lors de l’enquête : mon enfant est exclu, et
mon enfant ne fait pas ses devoirs à la maison. Puis de février 2010 à mai 2010, des temps de
croisements entre professionnels et habitants ont eu lieu, et ont permis de produire 14
propositions.

    En 2010/2011, de ces 14 propositions, des actions ont été mises en place : le dispositif des
exclusions et l’accompagnement à la scolarité. En même temps, des thèmes ont été travaillés
par les professionnels et les habitants, comme l’affectif.

    En 2011/2012, le dispositif sur les exclusions est en place au collège, ainsi que les pauses
café parents et le bon coin des parents, au sein des écoles primaires. De plus, Les parents se
sont rencontrés pour travailler ensemble le problème de la sanction, qui est ressorti de ces
échanges. Mais en ce qui concerne les professionnels, il n’y a pas eu de rencontres entre pairs
cette année ; ce qui explique l’absence de temps de croisements entre les professionnels et les
parents.
    C’est dans ce contexte là que s’inscrit ce travail d’évaluation et de synthèse des différents
points de vue exprimés lors des entretiens.

    Dans une première partie, nous ferrons un point sur la méthodologie utilisée pour récolter
les données. Puis, en seconde partie, nous analyserons les données, ce qui est ressorti de ces
différents entretiens.




                                                                                               3
Point méthodologique

        Ce travail est un travail d’évaluation de l’action « Questions Educatives » et du travail
de l’équipe passerelle pour construire l’avenir. Pour cela, j’ai fait 25 entretiens individuels, 4
entretiens collectifs (un avec le comité de suivie, et trois avec l’équipe passerelle) ; ainsi que 6
questionnaires m’ont été remis remplis.
Parmi les personnes interrogées, il y a huit professionnels de l’Education Nationale, seize
professionnels socio-éducatifs, huit parents et les quatre femmes passerelles.
        La trame de l’entretien1 et du questionnaire2 comportait quatre thèmes :
1/ L’action « Questions Educatives » et ses spécificités
2/ Le rôle et les apports de l’équipe passerelle à l’action
3/ L’avenir et l’évolution des femmes passerelles
4/ L’avenir de l’action « Questions Educatives », sur le territoire de Pierre-Bénite


                                     Analyse des données


I/ Regard sur l’action « Questions Educatives »

      a) Caractéristiques de l’action

    L’action « Questions éducatives » est présente sur le territoire de Pierre-Bénite depuis
2009, et entre dans le projet du centre social. Différents acteurs, participant à cette action,
l’ont défini comme étant une démarche caractérisée par sa durée dans le temps. L’action peut
être aussi définie par ses différentes spécificités :

         L’action « Questions Educatives », c’est partir des habitants, de leurs paroles et aller
          vers les institutions.

    L’action est définie par les partenaires comme une action partant des habitants.
« je dirai que c’est plus une démarche qu’une action » , (entretien n°1).

        Il y a une prise en compte de la parole des habitants et les investir dans les
décisions qui sont prises sur le territoire par rapport aux questions éducatives.
« c’est une action qui vise à mettre en valeur la parole des habitants », entretien n°9;
« on invite les habitants à avoir une vraie place » , (entretien n°14)
 « c’est un mouvement ascendant. Affectivement et socialement parlant, on a une place
sociale de parents préoccupés de citoyen. » (entretien n°15)




1
    Annexe 1
2
    Annexe 2

                                                                                                  4
Sur le terrain, cette prise de parole est vue comme étant une volonté de prendre en
compte leur parole pour changer les choses, (« l’action Questions éducatives, c’est quand
même reconnaitre que les habitants peuvent être force de propositions », entretien n°14) ;
mais une question est soulevée : comment leur avis est-il pris en compte dans la prise de
décision?
« Les professionnels, l’académie, ceux qui s’occupent des jeunes : « est-ce que c’est vrai que
les gens voulaient faire des choses pour nous ? Dans notre problème, je suis seule. Ils nous
écoutent mais ils ne font rien, qu’est ce qu’on fait après ? Il n’y a pas de vraies solutions. On
touche pas les moyens. » , entretien parent
 C’est reconnaitre que leur avis peut compter, même si des fois, c’est souvent considéré un
peu comme un avis et après ça appartient au comité de suivi de décider, ou à d’autres
instances », (entretien n°14)

Comment l’équilibre entre les habitants et les professionnels peut -il être trouvé, lors de
la prise de décision ?


      Réfléchir ensemble/réflexion collective

    L’action repose sur une méthodologie qui lui est propre et qui se caractérise par des
temps de réflexion entre pairs. Les préoccupations individuelles deviennent des
préoccupations collectives. Les groupes de pairs, professionnels et habitants, réfléchissent
entre eux, avant de se rencontrer pour trouver un accord sur telle ou telle préoccupation mise
en évidence.
    En effet, les parents se rassemblent pour réfléchir autour des questions éducatives qui les
préoccupent.
« C’est pouvoir faire un travail collectif qui aboutit à quelque chose de concret. C’est une
participation citoyenne », (entretien n°23)
« permettre à des parents d’avoir une réflexion collective, réfléchir ensemble sur les
questions éducatives » , entretien n°3)
« je venais pour donner mes idées » « j’ai assisté à ces réunions, c’était super », (entretien
parents)
Ces temps de rencontres entre pairs, sont des moments de partage pour les parents. Ils
partagent leur expérience, leur vécu, se confient, apportent leurs conseils…
« c’est pas quelque chose de personnel, mais pour tout le monde (les enfants du quartier), on
souhaite la même chose. » ; « j’ai participé à quelques réunions, il y a des astuces, des petites
règles qui m’ont aidé par rapport à l’enfant » ; « on est toute ensemble pour trouver des
solutions. Rien que le fait d’échanger entre nous, c’est toujours un plus » ; « le groupe est
important pour se retrouver et discuter des problèmes à l’école », (entretiens parent)

        Il y a aussi des temps de rencontre entre professionnels. Ces moments leur permettent
de prendre du temps pour parler de ces questions autour de l’éducation, et aussi confronter
leur point de vue. Chaque professionnel apporte un avis différent en fonction de la place
qu’il occupe dans les institutions.
 (« C’était intéressant, parce que c’est un temps d’échanges, et parce que l’on peut voir les
fonctionnements de chacun, on se dit je suis animateur et les règles sont les mêmes pour tout
le monde mais non. Le fait d’être en lien ensemble, on comprend mieux le fonctionnement de
chaque structure, de voir un peu où on veut aller, mais on a les mêmes valeurs, que se soit


                                                                                               5
municipales, ou associatives, sauf que l’on n’a pas la même définition et la même pratique. »,
entretien n°13)


        Durant les deux premières années, de nombreuses rencontres entre pairs ont eu lieu.
Cette année, les temps de rencontre entre parents sont plus fréquents qu’entre
professionnels.
« on est sur une action qui est un peu bancale car on est que sur un volet d’habitants »,
(entretien n°9)
Pour certains professionnels, ces temps de rencontre n’entrent pas encore dans leur pratique
professionnelle. Comment peut-on faire entrer cette pratique dans leur manière de
travailler ?
« ça serait aux parents de s’impliquer, ce n’est pas aux profs d’aller dans les quartiers »
(entretien n°5)
        Ceci pose aussi la question suivante : comment peuvent-être présentés et travaillés
ces temps de rencontre entre professionnels pour qu’ils ressentent, eux-aussi, comme les
parents, ce besoin de travailler ensemble, de se réunir ?
« mais ce qui est embêtant par rapport au principe, c’est en gros comme si les parents eux
ont besoin de travailler avant entre eux, de poser les choses, et les professionnels eux n’ont
pas besoin », (entretien n°14)

      Croisements/paroles croisées

    L’action « Questions éducatives » est marquée par des temps de croisements entre les
groupes de pairs, des « ateliers mixtes, habitants/professionnels » (entretien n°2). Ces temps
de croisements sont possibles après des temps de préparation, entre pairs.
(« le point central de cette action, c’est le croisement, avec une certaine méthodologie. Des
croisements quand il y a eu des temps de préparation avant. », entretien n°14)

        Ces temps de croisements permettent aux professionnels de rencontrer les habitants
du quartier, de discuter avec eux. (« réussir à mettre ensemble autour d’une table des gens qui
ont dû mal à se parler habituellement, comme les enseignants et les parents. », entretien n°7)
D’après certains professionnels, ces temps permettent d’être plus proche des habitants, une
certaine proximité, confiance s’installe au fur et à mesure des échanges.
« moi, ça m’a permis de rentrer en contact avec des habitants. Ha vous êtes éducateurs, alors
cela m’a amené des accompagnements. Vue notre intervention, les gens ne viennent pas nous
voir spontanément, » (entretien n°15)

        Pour les parents, ceci leur permet de voir les professeurs en dehors de la sphère
scolaire, et de travailler ensemble sur les mêmes questions, dans l’objectif de trouver des
solutions communes.
« je ne travaille pas sur Pierre-Bénite, donc pour moi, c’est une occasion de rencontrer des
gens » ; « cela donne l’occasion d’écouter l’autre (les profs..) », (entretiens parent)

      Travailler en partenariat

   Cette action demande un travail du centre social avec différents partenaires.
Depuis le début de l’action, différents acteurs du territoire de Pierre-Bénite, ont travaillé sur
ce projet, pour faire avancer les choses, pour trouver des solutions autour des questions
                                                                                               6
éducatives. (« il y a que comme ça que l’on pourra travailler avec un maillage, que l’on
pourra aider un gamin. », entretien N° 4)
        Selon un acteur, « cette action est possible sur Pierre-Bénite, car il y a un vrai
partenariat de projets, un vrai partenariat de respect entre les différents opérateurs. » (entretien
n°9)
        De plus, ce travail en partenariat est marqué par une grande confiance entre les
acteurs, ainsi qu’une liberté de chacun dans leurs actions.
 (« Il ne faut pas brider les choses, car ça nous permet pas de vraiment traiter les vraies
questions et ça nous empêche de réfléchir à notre manière d’intervenir », entretien n°14)

        Le respect de l’autonomie de chacun est aussi une revendication des établissements
scolaires : « Travailler en partenariat je suis partant, mais je ne veux pas qu’il y ait
d’ingérence dans l’école. On n’a pas à dire ce que l’on a à faire. » (entretien N°4)

   « cette action est possible sur Pierre-Bénite, car il y a un vrai partenariat de projets, un vrai
   partenariat de respect entre les différents opérateurs. Il y a une confiance, cela ne va pas dire que
   l’on est tous sur la même longueur d’ondes, il y a des divergences. En tout cas il y a une confiance,
   et un respect de l’autonomie de chacun, du coup ça rend possible ce genre d’action. C’est possible
   aussi car la mairie et la DAE ont su prendre des risques là-dessus, ça participe à une politique municipale
   qui pousse beaucoup à la démocratie participative. Il y a une prise de risque, car si cela ne marche pas, ils
   se sont engagés, ils ont pris du temps. » (entretien n°9)




   b) Les changements sur le territoire et dans les pratiques

   Cette action a apporté aux professionnels et aux habitants de nouveaux regards, de
nouvelles représentations. C’est en travaillant ensemble qu’ils peuvent, selon les femmes
passerelles, « prendre les lunettes de l’autre ».

       Changement de regards, des représentations

La participation à cette action, a permis à des professionnels et des parents de voir l’autre
autrement, de changer de regards entre eux, et par rapport aux enfants.

Changement de regards des professionnels et des parents par rapport aux enfants :
        Les enfants et leur éducation sont au cœur de l’action. Ceci a permis de parler de
l’enfant, et de voir ces enfants de quartiers populaires autrement. En effet, certains
professionnels ont pu découvrir les préoccupations que pouvaient avoir les enfants dans leur
vie personnelle ; et les parents ont pu acquérir des connaissances par rapport au
développement de l’enfant, et à leur apprentissage scolaire.
« qu’on regarde les gamins de quartier populaire différemment : ils ont des talents ! »
(parents)
« l’action questions éducatives, c’est tout ce qui tourne autour de l’école, c’est comment
arriver à comprendre son enfant, comment pouvoir l’aider, comprendre ce que c’est qu’être
élève, savoir un peu les attentes de l’école. C’est tout ce qui tourne autour des
apprentissages, car pour les parents c’est la priorité, mais aussi pour eux, comprendre que si
un enfant n’apprend pas, c’est qu’il y a autre chose qu’il faut chercher et c’est là que l’on
                                                                                                                   7
trouve des pistes. C’est plus une connaissance globale de l’enfant qui apparait dans ce
dispositif. » (entretien n°11)


  « cela m’a aidé à voir les choses autrement. Finalement, mon fils n’est pas anormal, il est normal. »,
  entretien parent
  « par rapport à l’apport des socio-éducatifs là-dedans, ils sont un peu des médiateurs. Cela permet de donner
  une autre image du jeune, ou de l’enfant, dans un autre contexte. », entretien n°19



Changement de regards des professionnels par rapport aux parents :
        En participant aux temps de croisements entre professionnels et habitants, les
professionnels ont pu remettre en question leurs préjugés par rapport aux parents. Ils ont pu
apprendre à les connaitre davantage, connaitre leurs préoccupations, leurs attentes par
rapport à l’école.
« au niveau des institutions, cela a fait prendre conscience à certains, que les parents ne sont
pas démissionnaires » (entretien n°3)
« les professionnels nous ont bien écoutés, nous ont bien compris. » (entretien parent)
« cette action a été une période de soutien, une autre manière de faire, ça a pu donner un
autre regard, d’échanger dans ces lieux là, avec des parents, parce que l’on fait plutôt avec
des parents, institutionnellement, avec notamment des parents de la FCPE, mais on le faisait
pas avec des femmes du quartier. » (entretien n°6)
« Au niveau des professionnels, j’ai moins de visibilité car je suis moins sur le volet
professionnel. J’ai le sentiment quand même que ça a aussi atténué les représentations qu’il
pouvait y avoir, et la peur qui pouvait y avoir de la part de certains professionnels. »
(entretien n°9)
« cela leur a été utile aux parents, psychologiquement, de recevoir de la reconnaissance
comme éducateur de pleins droits » (entretien n°7)

Changement de regards des parents par rapport aux professionnels :
        Pour les parents, cela a permis de se rapprocher des enseignants, des
professionnels, et de mieux les comprendre.
« les parents avec cette démarche prennent conscience que les professionnels ne sont pas des
adversaires, mais que eux aussi ont envie que les enfants réussissent, et qu’ils ont un tas de
difficultés. » (entretien n°3)
« moi je vois le changement des mamans qui s’investissent plus, qui vont vers l’institution. »
(entretien n°12)
« Depuis qu’il y a cette action, et particulièrement depuis qu’il y a l’accompagnement des
exclusions, le fossé s’est réduit, les parents qui ont participé à l’action comprennent
beaucoup mieux la posture des professionnels » (entretien n°9)

     De plus, selon un professionnel, ces temps de croisement permettent de lutter contre
les représentations que pourraient avoir les parents par rapport aux professionnels, comme le
fait que « les parents se font un monde du collège, un monde des professeurs, bien souvent à
travers les yeux de leurs enfants, souvent les gamins qui posent problèmes, les parents ont
tendance à croire la parole de leur enfant, au lieu de venir nous voir, d’en discuter avec nous,
pour voir où se trouve la vérité, car bien souvent elles se trouvent au milieu, ce n’est pas que
la parole de l’enfant, ou que la parole de l’enseignant. ». Un parent ajoute, que « le fait de
                                                                                                                  8
connaitre leur point de vue, c’est intéressant car ce n’est pas le même que celui des parents. Et
puis, je ne connais pas leur méthode de travail et tout, donc c’est une manière de savoir cela ».
Donc les parents découvrent aussi les professionnels, leur profession, et leur manière de
travailler.


    « je pensais que quand ils sortaient de l’école, ils s’en foutaient de tout, alors que non. Chez eux
    après, ils réfléchissent à des solutions. Ils ont un cœur. On les voit autrement et eux aussi nous voient
    autrement. Avant je les voyais comme des robots sans cœur. », entretien parent



       création de liens (avec le collège et les écoles primaires)

    Durant les deux premières années, les temps de croisements ont amené une solution au
problème suivant : mon fils est exclu 5jours ou moins de 5jours, que faire ?
Les professionnels et les parents, avec l’accord des partenaires, des institutions, et notamment
du collège, ont élaboré un dispositif permettant aux enfants exclus d’être accueillis au centre
social. Ce dispositif a permis de créer du lien avec le collège.
« comme changement, intégration de cette action au centre social, ce qui changé le lien avec
le centre social sur ces questions là. Ceci a aussi permis de créer du lien entre le centre
social et le collège »,(entretien n°2)
« j’ai remarqué des changements par rapport aux liens que l’on peut avoir avec le collège,
parce qu’avant on n’avait pas de liens. Malgré que l’on intervient pas souvent, on a des liens,
on sait ce qui se passe au collège, on peut faire des échanges informels. »,( entretien n°13)


  « par rapport au collège, on était un peu chacun chez soi, avec peu de communication entre les structures
  sociales, notamment le centre social, et le collège, c’était même pas un regard de méfiance, mais même pas
  de regard du tout ; et depuis qu’on a mis en route cette action on a un vrai dialogue qui s’est noué,
  c’est vraiment bien, porteur pour l’avenir et pour les enfants qu’y sont scolarisés et parfois qui sont
  en difficulté avec l’institution scolaire mais soutenu dans le même sens par le centre social. On a par
  ailleurs du soutien scolaire au centre social, pour les petits et puis pour les collégiens, qui complète le
  dispositif même si ça fonctionnait déjà avant qu’on mette questions éducatives en route. » (entretien n°7)



       Ce dispositif des exclusions a aussi permis selon un professionnel, de commencer « à
connaitre les femmes passerelles dans les écoles, les enseignants savent qu’elles existent, les
socio-éducatifs travaillent avec elles, mais c’est encore un long travail. ». Ce dispositif a
donc permis aux femmes passerelles d’entrer dans le collège et ainsi de se faire mieux
connaitre par rapport aux professionnels du collège. Cette reconnaissance des femmes
passerelles et de leur travail doit tout de même continuer à être travaillé à l’avenir.

        Ceci a créé du lien entre les professionnels socio-éducatifs et les professionnels du
collège mais aussi entre les professeurs et les parents.
« j’ai trouver cela intéressant de rencontrer les familles, les femmes passerelles, tous les
professionnels de Pierre Bénite, par rapport au collège, où l’on manquait d’ouverture et de
liens avec l’extérieur .»,(entretien n°5)

                                                                                                                9
Ce lien avec le collège est tout de même fragile. Les professeurs et la direction du
collège exprime une volonté de continuer de travailler avec le centre social, et de continuer ce
dispositif. Comment peut-on renforcer ces liens avec le collège durant la prochaine année
scolaire? Il faut tout de même mettre en évidence que cette fragilité est aussi due à des
raisons internes au collège (manque de communication entre le personnel éducatif et la
direction ; tensions entre la direction du collège et les enseignants) .
« on n’est pas aidé car les principaux adjoints se succèdent ; l’an dernier, M.Chapon était
très investi, il s’est complètement impliqué, il en a vu l’utilité. Il s’est rendu disponible pour y
venir car il en voyait l’utilité. », (entretien n°5)
« aujourd’hui, on ne sait plus rien, c’est l’équipe de direction qui gère ça, nous l’équipe
enseignante et sociale, on suit notre ligne mais nous on ne sait pas les enjeux et tout, on suit
plus du tout» (entretien n°6)
De plus, le dispositif sur les exclusions restent encore quelque chose à retravailler avec le
collège, à préciser.
« c’est compliqué, nous on a eu plusieurs élèves qui ont été exclus ces derniers jours, et le
dispositif n’a pas été proposé, donc ce n’est pas encore gagné » (entretien n°6)


        Pour les écoles primaires, l’instauration des pauses café a permis d’entrer dans les
écoles, et de créer du lien avec les directeurs de ces deux écoles (l’école Eluard, et l’école du
centre).
        « avec les écoles primaires, il y a aussi un changement avec un dialogue plus soutenu
et sur la durée, le dialogue est plus nourri avec les enseignants et les directeurs d’école. Ils
nous connaissent mieux, ils nous identifient mieux » (entretien n°7)



    « l’idée des pauses café c’est une bonne entrée dans les écoles, cela se met petit à petit
    en place ; on a des parents qui viennent », « nous ce que les enseignants peuvent en
    penser, c’est que forcement c’est positif, car la difficulté de nos écoles c’est de faire
    rentrer des familles que l’on voit jamais, car elles ont peur de l’école, parce qu’on les
    appelle toujours quand ça ne va pas, parce qu’elles n’osent pas faire face à des
    professionnels faire part de leurs difficultés pour l’éducation de leurs enfants. Ce
    dispositif qui est un peu quelque chose de relais nous semble très judicieux. » (entretien
    n°11)



De plus, les enseignants expriment une volonté d’en savoir plus sur les pauses café parents.
Comment peut-on permettre aux enseignants des écoles primaires d’avoir plus de
connaissances par rapport à ce nouveau dispositif ? Comment peut-on les faire
participer ?
« La seule chose que l’on voit de Questions éducatives, je ne sais plus comment ça s’appelle,
café… café parents. Ça on sait que c’est issu de l’action Questions éducatives mais c’est un
peu frustrant dans le sens qu’ il y a des gens, des parents qui viennent de l’école, et on se sent
entre guillemets un peu exclu, car on n’a jamais été vraiment sollicité pour venir » (entretien
n°10)




                                                                                                 10
     réponses concrètes aux attentes

    L’action « questions éducatives » a apporté des réponses concrètes comme le dispositif
des exclusions, et l’accompagnement à la scolarité.
« deux propositions ont été choisies : accompagnement à la scolarité et l’exclusion. Ce qui a
amené à des choses concrètes » (entretien n°2)


       « il y a ce que l’on souhaite et ce qui s’est déjà réalisé, c’est qu’il y a des choses concrètes qui se
       mettent en place. Ce n’est pas que des gens qui se rencontrent, parlent parlent, et finalement c’est
       jamais vraiment du concret, alors que là il y a du concret. Par exemple, il y a le dispositif sur les
       exclusions. C’est le plus concret, parce que les autres thématiques qu’il y a eu l’année dernière, sur
       l’affectif et l’accompagnement scolaire, on peut pas dire que c’est très concret. C’est des changements
       dans les têtes, dans les esprits, il y a des choses qui avancent, mais ce ne sont pas les fiches qu’on a
       produites qui sont très concrètes. L’exclusion, c’est vraiment un super argument, c’est la meilleure
       preuve, ça montre vraiment ce que l’on cherche à faire. », entretien n°14




       Certains acteurs restent pourtant en attente de réponses concrètes à leur
préoccupation, et ont exprimé leur frustration par rapport à cela.

    « les deux premières années j’ai trouvé cela intéressant, la 3ème moins, peut –être parce qu’on était en
    boucle, ou je sentais moins la finalité de la chose. Au bout du compte, c’est presque frustrant car j’ai
    l’impression qu’on a donné beaucoup, peut-être qu’on en attendait trop. J’ai l’impression qu’on a
    passé pas mal de temps, d’investissement, et que finalement, il n’y a pas grand-chose. », « c’est pas très
    lisible pour l’ensemble du collège. Cela existe c’est une bonne chose, mais ça n’apporte pas autant que
    l’on aurait pu espérer. Je trouve que cela n’apporte pas assez de liens avec les parents » (entretien n°5)



       Pour certains, ce manque de réponses concrètes à leurs attentes, s’explique par la
tournure qu’ont pris les échanges, et les problématiques qui en sont ressorties. Cela s’est
tourné vers des problématiques du collège, ce qui expliquerait aussi leur manque
d’investissement et de mobilisation durant cette dernière année.
« C’est vrai que le thème de l’exclusion était plus tourné vers le collège donc nous on s’est
senti moins concerné donc on n’a eu moins envie de s’investir » (entretien n°10)
« au départ de l’action, c’était quelque chose de plus global et posé, et là si on regarde, cela
se centre beaucoup autour des parents, et du collège. Je pense que cela a coupé un peu le
sens de l’action », (entretien n°19)

Comment peut-on arriver à faire en sorte que tous les professionnels se sentent
concernés dans cette action? Comment peut-on répondre à leurs attentes ?

       Enfin, il y a la mise en évidence d’un manque de visibilité de l’action, de la part
des professionnels et des parents.
« je me pose toujours la question, combien de familles sont touchées ?, combien on arrive à
aider d’enfants ?, combien on en sort de la panade ? Nos actions sont-elles efficaces à long
terme ? », (entretien n°4)


                                                                                                                  11
« ces réunions elles sont bien, mais la fin c’est quoi ? Est- ce qu’il y a quelque chose qui se
réalise ? »,( entretien parent)
« je regrette aujourd’hui, mais c’est aussi de notre faute, le peu de visibilité que l’on ait de
leurs actions. » (entretien n°10)

     Comment rendre plus de visibilité à tout ce qui relève de cette action ?

    La démarche de l’action, le fait de travailler avec les parents, a permis aux professionnels
de se poser la question suivante : comment intervenir ensemble auprès des enfants ?
Dans certaines situations, une relation de proximité avec les parents et l’institution a
permis de mettre en place des actions concrètes de co-intervention, comme celle de la
consommation de produits illicites.

    « Mais ce dispositif a apporté beaucoup de choses, par exemple là, suite à des diagnostics qui ont été
    fait, suite à des choses que j’ai pu entendre, je mets de choses en place pendant les vacances. Par
    exemple ; là je sais il y a de la drogue, on n’en a discuter avec des professeurs, avec des parents, donc
    on s’est dit qu’il faut faire quelque chose, faut pas laisser passer. Donc on a pensé à qu’est- ce que vous
    pensez des produits illicites ? Les gamins ont répondu, ils savent comment ça marche, mais ils ne savent
    pas les conséquences que cela peut apporter. Ils ne savent pas qu’ils peuvent être dépendant. Donc
    pendant les vacances d’avril, on fait intervenir une association. », (entretien n°13)


En travaillant avec les parents, ils apportent des informations supplémentaires sur leurs
enfants. Ainsi, les professionnels et les parents peuvent être complémentaires sur les
questions éducatives.


II/ regard sur l’équipe passerelle


        Les femmes passerelles sont reconnues comme étant acteurs de l’action « Questions
Educatives ». Elles sont salariées du centre social, et participent à cette action.
(« elles font parties de l’équipe », entretien n°8)


   a) Qu’est ce que les femmes passerelles apportent à l’action ?

Les femmes passerelles partent de leurs vécus, « elles amènent leur propre vécu », leurs
expériences pour :

     Répondre à la solitude des parents : les parents ne sont alors plus seuls, ils peuvent
       se réunir, aller voir les femmes passerelles pour parler de leurs difficultés.
Selon des parents : « moi cela m’a fait du bien, c’est comme si j’allais chez mon psy »
                    « personnellement, je me rend compte que je ne suis pas la seule à avoir
des problèmes. Les réactions des autres des unes et des autres permettent de relativiser et
d’ajuster les réactions face aux enfants. Sans le groupe, je suis isolée. »
                    « il faut dire aux mamans qu’elles ne sont pas seules. On leur explique
dans notre propre langue. »

                                                                                                              12
Les professionnels ont conscience que ces groupes entre parents sont nécessaires, et que les
femmes passerelles permettent ces temps d’échanges entre parents
« on sent que les parents ont besoin d’échanger entre eux, les passerelles peuvent être ce
temps où les parents puissent échanger sur leur rapport à l’école, leurs craintes. », (entretien
n°6)


     Valoriser la parole des parents : leur parole n’est plus individuel mais collective.
Les parents peuvent alors voir que leur parole est pris en compte, et ainsi que leurs propos ont
de l’importance.
« au niveau des parents, elles sont un symbole, dans le fait qu’elle aient réussi collectivement,
avec un accompagnement, à produire une recherche collective sur la question du décrochage
scolaire et que cette recherche ait été validée par des institutions régionales ; ça montrent
aux autres parents, que les parents ne sont pas des imbéciles (les parents disent souvent soit
on est des cons, soit on nous prend pour des cons), les enfants ont aussi une fierté quand leur
maman est dans le journal, c’est une fierté pour tout le quartier. »,( entretien n°3)
« elles peuvent porter collectivement les paroles des parents », (entretien n°6)
« c’est important car elles représentent les parents, on ne peut pas aller tous (les parents) aux
réunions avec les profs, alors elles, elles y vont et nous représentent », (entretien parents)

     Expliquer, aider, poser les choses : elles permettent aux parents de déverser leurs
problèmes, d’exprimer les choses telles qu’elles les ressentent : « on vide notre sac », selon un
parent. Les parents se sentent compris et écoutés.
« Il faut permettre aux habitants, entre eux, de laver leurs linges sales en famille, de
construire leur propre réflexion collective », (entretien n°3)
« elles sont dans la masse, elles écoutent le malaise des gens, avec ce malaise, elles vont en
discuter. », (entretien n°13)
« elles apportent certaines réponses à nos questions », (entretien parent)
« elles ont su confronter leurs problèmes, elles aident donc maintenant les autres à les
affronter aussi », (entretien parent)
« on met des mots sur nos problèmes », (entretien parent)
« quand je suis venue avec mon problème, je me suis sentie comprise », (entretien parent)

    Préparer, travailler la rencontre avec les professionnels en faisant un travail
d’analyse des paroles des parents.

      Apporter un savoir, une expertise, une méthodologie : dans leur travail fait en
amont, elles ont réalisé une recherche, leur apportant des connaissances sur les questions
éducatives. Aujourd’hui, elles apportent à l’action leurs savoirs sur ces questions éducatives,
ainsi que leur méthode de travail (comme l’arbre des causes, l’arbre des conséquences, et
l’arbre des solutions).
« elles ont une bonne connaissance, elles ont beaucoup travaillé sur les questions
éducatives » (entretien n°11)
« ce qui m’a frappé, c’est ce côté cette expertise populaire sur une question particulière, qui
s’explique car il y a un long travail derrière. Expertes d’une question, reconnues comme
telles, par les pairs, mais aussi par des institutions. » (entretien n°9)
« elles ont une expertise sur le monde scolaire, elles ont beaucoup échangé avec les
professionnels, elles ont présenté leur travail », entretien n°6)
                                                                                              13
« c’est intéressant que les problèmes soient abordés de différentes manières pour trouver des
solutions ensemble, que l’on aurait peut-être pas trouvées si on restait chacun à réfléchir
dans son coin., (entretien parent)
« une habitude de travail, d’utiliser des méthodes qui permettent de travailler avec des
parents […] Cette méthodologie crédibilise le travail avec les professionnels (ça permet
d’entrer en contact de manière apaisée) » (entretien comité de suivi)

     Relier les choses (entre professionnels et parents), elles permettent de rétablir ce lien
entre les professionnels et les parents, en faisant découvrir à l’un et à l’autre, les difficultés de
chacun, leur vie quotidienne… C’est « amener le quartier dans des sphères où il y est jamais »
(entretien comité de suivi)
« elles réussissent à rétablir un dialogue, individuel et collectif, entre des parents d’élèves et
certains professeurs sur un mode assez simple, sur l’échange, »( entretien n°15)

    Permettre de désinstitutionnaliser les professionnels, c’est-à-dire de les faire sortir
des institutions et d’aller à la rencontre des parents

      Apporter la connaissance du quartier, sur ce qu’est le quartier : habitantes du
quartier et travaillant sur le quartier, « elles sont au cœur de la vie quotidienne du quartier »
(entretien n°8). Ainsi, elles apportent à l’action une meilleure connaissance des besoins du
quartier, des valeurs du quartier, de la vie quotidienne au sein d’un quartier…
« porte-parole, facilitant le décryptage de ce que peuvent vivre les gens issus du quartier
populaire, sur les problématiques des questions éducatives. », (entretien n°9)
« une connaissance des parents du quartier, une connaissance du quartier en tant qu’entité
(vécus, dynamiques, enjeux, risques, potentiels, dérives…) » (entretien comité de suivi)

     Atténuer le fossé entre les professionnels et les parents : elles permettent de faire
tomber les barrières entre les professionnels et les parents.
« Par le simple présence et de la manière dont elles vont réagir, elles font tomber les
représentations que les professionnels peuvent avoir, et cela peut déplacer le problème pour
être sur du concret. », « facilitant aussi pour des professionnels le fait de faire tomber les a
prioris que l’on a de toute façon, le fait d’être en contact avec elles, de les écouter, de voir
comment elles fonctionnent, très vite il y a des a prioris qui tombent », (entretien n°9)

     Porter une volonté pour que les choses avancent, pour que les parents et les
professionnels aillent toujours plus loin dans leur réflexion, pour trouver des solutions aux
difficultés rencontrées.
« elles portent plus profond que nous la volonté de faire avancer », « elles y croient encore
plus que nous », (entretien comité de suivi)
« j’ai toujours été impressionné par l’énergie qu’elles avaient mis au début et ce qu’elles
avaient pu faire sortir, » (entretien n°10)
« maintenant elles s’arrêtent plus là, elles veulent avancer, connaitre encore plus », (entretien
n°12)




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« elles sont du quartier, dans le quartier. Elles apportent une dynamique, une force, elles le
    communiquent à tout le monde, aux professionnels, et aux parents, c’est ce truc là qui donne envie
    d’avancer, c’est cette force là. Et à trop institutionnaliser, on risque de casser ça, alors qu’il y a que
    cette flamme là qu’elles ont qui peut soulever des montagnes. Ça peut disparaitre très vite. Une fois
    institutionnalisé, tu as des comptes à rendre, tu es dans des horaires, ça casse cette spontanéité. A
    chaque fois, faut demander des comptes à tout le monde, dès que tu fais quelque chose, tout le monde
    est en train de te regarder et de te surveiller. Comme il faut demander l’autorisation pour tout à tout le
   b) Leur rôle, leur mission tu n’es plus spontané, cela ne vient plus de l’intérieur de toi. Des fois
    monde, tu n’oses plus rien faire,
    cela te bloque carrément, par rapport aux contacts que tu peux avoir avec les habitants. En plus, elles
     sont pas censées aller à l’extérieur, alors que cela les ressource. » (entretien n°14)




   Les différentes personnes interrogées ont défini, caractérisé la mission des femmes
passerelles, entant qu’équipe, au sein de l’action « Questions Educatives ». Selon ces
personnes, elles ont :

     Un rôle de mobilisation :
Elles vont vers les gens, les sollicitent pour que les parents participent à des temps de
rencontre entre pairs et qu’ils portent « une parole collective », la porter devant les
professionnels.
« elles vont vers les gens, et disent « venez au réunion »,( entretien parent)
Ceci fait partie de leur mission mais selon certaines personnes, les professionnels
peuvent aussi mobiliser.
« tout ne repose pas que sur elles »,(entretien n°2)
« elles ont pas une place facile, car on a tendance à totalement s’appuyer sur elles, alors
qu’elles, elles sont démunies aussi. Donc c’est pas si simple, et tu peux pas non plus avoir de
trop gros attentes. Cela peut les mettre en difficulté.» ( entretien n°8)


     Elles créent du lien avec les parents :
Elles sont en relation avec les parents du quartier.
« elles sont vecteurs de liens dans le quartier avec d’autres parents », (entretien n°2)
« elles sont précieuses », (entretien n°7)

Habitant le quartier, les femmes passerelles ont des connaissances sur les familles, les
parents, les écoles, dans lesquelles elles-mêmes ont eu des enfants scolarisés.
« il y en a deux que l’on connaissait bien à l’école car c’était des mamans d’élèves de
l’école », (entretien n°10)
« Elles connaissent la plupart des gens », (entretien parent).
« c’est essentiel qu’elles soient dans le quartier et que des parents puissent se rencontrer, se
retrouver ensemble, pour échanger sur leurs préoccupations de leurs enfants », (entretien
n°6)

Cette proximité avec les habitants du quartier permet selon elles, de les « mettre en
confiance » et « de les déculpabiliser », en leur montrant qu’ils ne sont pas seuls. De plus, les
parents s’identifient à elles, car elles ont connu elles aussi, des difficultés avec leurs enfants.
Cette identification des parents font qu’elles sont légitimes à leurs yeux.
« il y a une identification », (entretien n°3)
« elles ont des enfants, cela les a aidé. Elles ont eu et donné des solutions. En tant que
maman, elles savent quoi dire et comment cela se passe », (entretien parent)
                                                                                                                 15
« elles se sentent touchées par nos problèmes » (entretien parent)
« elles ont eu des problèmes avec leurs enfants, donc elles connaissent les choses »,( entretien
parent)

    « c’est important qu’elles habitent et travaillent dans Pierre-Bénite. Elles connaissent beaucoup de
    gens. Et je les connais donc je sais qu’elles ont vécu plus que nous. Elles nous jugent pas. », entretien
    parent




     Elles permettent aux parents d’avoir du poids face aux institutions :
Elles permettent aux parents de se sentir soutenus, de leur donner plus de courage pour aller
vers les professeurs, d’entrer dans les institutions.
« elles rééquilibrent les choses, parce que sinon les parents sont tous seuls, ils font pas le
poids face à des professionnels. » (entretien n°14)
« quand les mamans se savent soutenus, guidés, elles peuvent oser aller au collège »
(entretien parents)
« cela permet de donner une place aux parents, et ça positionne dans une logique égalitaire
des gens qui face à des établissements publics du type Education Nationale, ce n’est pas
facile d’être à leur place. C’est le collectif qui permet cette audace. », (entretien n°15)


     liens avec les professionnels :
Elles ont développé une relation avec les professionnels. Elles participent à différentes
réunions, comme le conseil d’école. Ceci leur permet de mieux connaitre les professionnels,
leur mission, leur préoccupation…
« elles impliquent les professionnels à venir donner leur avis », (entretien parent)
« elles font le lien entre des professionnels qui sont de l’Education Nationale ou de services
sociaux. Chacun doit rester à sa place mais travailler ensemble. Elles ont une bonne
connaissance des missions que peuvent avoir chaque professionnel. », (entretien n°11)
        De plus, elles sont elles-mêmes reconnues comme étant des professionnels. Elles
ont comme une double casquette : elles sont mamans, ce qui leur permet de faire du lien
avec les parents et elles sont professionnelles, ce qui leur permet de faire du lien avec les
professionnels.
« elles ont plus de pouvoir que les parents, et peuvent plus appuyer par rapport aux
professionnels car elles ont de l’expérience et ce sont des professionnels » (entretien parent)

        Elles permettent aussi au centre social d’entrer en contact avec d’autres structures
de Pierre-Bénite ou à l’extérieur de Pierre-Bénite, comme la MJC, le collège,… et aussi
lors de leur intervention à l’extérieur comme CIO, IRDSU…
« elles vont vers les professionnels, du collège, des écoles. Elles rencontrent les élus. »,
(entretien n°12)
« elles créent du lien avec l’équipe municipale » (entretien n°22)


      Leur travail en amont et leur expertise leur permette d’avoir une certaine
       légitimité par rapport aux professionnels :
Avant d’être vacataires au centre social, les femmes passerelles ont travaillé sur les questions
éducatives. Par ce travail, elles ont acquis une notoriété, et une légitimité au regard des
                                                                                                                16
professionnels, qui prennent en considération leur travail fait en amont, et qui a permis de
faire naitre l’action « Questions Educatives ».
 « leur travail fait en amont (UPP..) leur a permis de gagner une légitimité » (entretien n°1)

     Rôle de médiation :
Elles sont dans une situation intermédiaire, et se trouve entre les habitants et entre les
professionnels. Elles sont neutres par rapport aux deux groupes de pairs. Elle permettent de
faire remonter les problématiques des parents, leurs préoccupations.
« c’est un rôle de médiation entre ce qu’elles auront échangé avec leurs pairs et comment
elles vont pouvoir nous aider à faire remonter, à les faire venir pour qu’ils rencontrent des
professionnels » (entretien n°1)
« elles sont ni avec le collège, ni avec les habitants, elles sont médiateurs avec vraiment un
rôle de neutralité » (entretien n°13)
« elles sont entre nous et les professionnels. Elles comprennent les professionnels et elles
nous comprennent nous. Elles sont au milieu, la passerelle entre nous », (entretien parent)


       Il y a aussi la notion de confidentialité. Elles doivent garder pour elles les
préoccupations individuelles et faire remonter aux institutions les préoccupations sous la
forme collective.
Cette notion est importante, car cela permet aux parents de venir se confier en toute sérénité,
en toute confiance. Certains parents ont encore cette appréhension de venir leur confier leurs
problèmes.


   « Je pense que si les parents pensent qu’elles sont du côté des institutions, c’est qu’elles connaissent pas la
   charte des femmes passerelles. Nous les femmes passerelles, nous sommes avec vous, voilà notre droit,
   notre devoir. Donc là ils verront qu’ils sont ni avec le collège, ni avec les habitants, mais sont
   médiateurs, avec vraiment un rôle de neutralité. C’est vrai qu’elles font parti des habitants, et il y aussi à
   travailler avec la confidentialité. » (entretien n°13)




Comment peut-on rassurer les parents sur cette question de confidentialité ?
« on les connait mais voilà. On leur dit bonjour c’est tout. L’éducation des enfants ça reste en
famille, on ne peut pas en parler. On ne peut pas tout dire, le profond on ne peut pas en
parler, même les enfants, ils aimeraient pas. Ils me disent : « maman, c’est personnel !. On a
été convoqué, on ne peut pas ébruité, c’est personnel», (entretien parent)


     Rôle de relais
Pour les institutions, elles permettent de relayer les paroles des parents et ainsi leur
permettre de mieux les connaitre, de mieux cerner leurs préoccupations.
Elles permettent aussi de créer du lien entre les professionnels et les habitants.
« pour moi elles sont une courroie de transmission entre l’institution et les familles »,
(entretien n°4)
« nous faire remonter les questions, les angoisses des parents d’aujourd’hui, c’est vrai qu’on
les connait pas ou très peu, » (entretien n°10)

                                                                                                                17
« c’est grâce à elles qui ont le lien entre les parents et les professionnels. Sans elles, la
dynamique des groupes n’existeraient pas »
        De plus, un professionnel ajoute que ce rôle de relais qu’ont les femmes passerelles,
cela permet de « désacraliser l’école », c’est-à-dire de donner une autre image de l’école,
plus proche des parents, plus accessible, et ainsi atténuer les appréhensions et les craintes des
parents par rapport à l’institution scolaire.


 Réflexion : Quand les acteurs parlent d’équipe passerelles, parlent-ils des 4 femmes passerelles,
 ou des femmes passerelles accompagnées ?
 Elles sont une équipe, les différents acteurs ont conscience que ce travail des femmes passerelles
 est fait en équipe, mais peu de personnes abordent la question de l’accompagnement de cette
 équipe.


        Aujourd’hui, alors que de nombreuses personnes interrogées posent la question de
l’accompagnement individuel, ceci ne fait pas parti de leur mission actuelle. C’est une
question qui reste à travailler.
        « pour moi, c’est qu’elles m’accompagnent jusqu’au collège et tout qui serait bien.
Ça serait bien quand on a un gros problème. Mais est-ce que c’est leur travail ? je ne sais
pas. Une ou deux passerelles qui accompagnent devant ou dans le collège. », (entretien
parent)



       Le mot passerelle : à quoi fait- il référence selon les différentes personnes
interrogées?


                Entre le fossé creusé                              passage
                entre les parents et les
                                                                                    Passer à la réalité
                professionnels
                                                                                    des choses

 Une relève
                                                                                   Lien avec d’autres
 de l’équipe
                                                                                   actions (santé, sport…)
 passerelle à                       Signification du
 d’autres
 personnes                           mot passerelle
 après nous                                                                                   Lien entre
                                                                                              école et famille

    Faire le pont                          Tout faire passer       C’est partir d’un
    entre parents et                                               côté et arriver à un
    professionnels                                                 autre côté
    pour pouvoir
    réguler les
    problèmes qui
    existent

                                                                                                 18
Une question a aussi été soulevée : et si les femmes passerelles arrêtent leur
mission ?
         Ceci amène l’idée que l’action serait dépendante de cette équipe et voir même de ces
femmes. En effet, pour certains, si elles arrêtent, « personne ne pourrait faire ça » (entretien
n°20) ; « je ne pense pas que d’autres seraient capables de faire tout ce qu’elles ont fait »
(entretien n°24). Ce sentiment exprimé qu’elles sont irremplaçables, est expliqué par le fait
« qu’elles ont le beurre quelqu’un qui commence avec eux, il n’a pas d’expérience » (entretien
n°17). ; « elles sont formées en quelque sorte, une formation du tonnerre » (entretien n°14)

Pour d’autres, il faut qu’elles passent le relais.
« l’action, si elles doivent arrêter, faudrait qu’elles passent le relais. Il faut qu’elles passent
la main, parce que quand un dispositif est porté depuis trop longtemps, on ne sait plus si c’est
la personne qui prend le pas sur le dispositif. Ce sont les compétences qui doivent rester et
que les capacités partent avec les personnes, et donc qu’il y ait un transfert de compétences
avec les nouveaux » (entretien n°19)
Un professionnel ajoute que l’objectif à long terme c’est que l’on n’ait plus besoin de ces
femmes, car « les parents auront ce reflexe d’échanges entre eux, avec les référents d’école,
avec les enseignants ». C’est comme si les parents auront intégré totalement cette manière de
travailler ensemble et avec les professionnels ; et que cela se fera de façon autonome.
Enfin , certains parents envisagent la suite sans les femmes passerelles, mais les prochaines
personnes devront avoir certaines qualités comme l’écoute, « être à l’aise dans sa façon de
parler et ne pas avoir peur de foncer » (entretien n°21)



III/ Evolution et valorisation du travail des femmes de l’équipe passerelle


   a) Compétences développées

L’équipe passerelle est constitué de 4 femmes, ayant chacune développé des compétences, à
partir de leur travail effectué.

       Oser dire : elles ont gagné en confiance en elles, en assurance. Elles osent aller vers
        les
enseignants, vers les professionnels. Tout ceci leur a permis d’avoir une autre image d’elles.
(« elles ont développé une fierté d’elles », entretien n°3)

    « aujourd’hui elles prennent vraiment toute leur place quand on a des réunions de travail. Au
    début, les réunions auxquelles elles pouvaient assister avec des professionnels, la plupart du temps,
    c’était Jocelyne qui parlait au nom des femmes passerelles ; aujourd’hui, Jocelyne n’est pas toujours là,
    mais même quand elle est là, elles s’expriment, elles prennent la parole, elles prennent l’initiative
    de dire des choses. Ceci fait partie aussi de la reconnaissance qu’elles ressentent, elles se sentent
    reconnues donc légitimes pour parler. » , (entretien n°9)

    « elles n’ont plus cette honte d’aller vers les professionnels, de prendre un rendez -vous, d’aller voir
    ce qui se passe avec leur enfant, parce qu’avant elles osaient pas, parce qu’elles ne parlaient pas très
    bien de français, parce qu’elles avaient honte. Il y a un gros travail avec les professionnels, elles osent
    plus. », (entretien n°12)

                                                                                                                  19
   Techniques d’animation : au fur et à mesure des années, elles ont appris des
       techniques
d’animation. Ainsi, elles sont dans la capacité d’animer des temps de travail, par exemple, les
pauses café dans les écoles. Aujourd’hui, elles ne sont pas autonomes et sont encadrées par
des professionnels. Comment peut-on leur permettre de mettre en pratique cette
compétence là ?(« elles ont développé des techniques d’animations »,entretien n°9)
Cependant, l’accompagnement et la présence d’un professionnel durant les pauses café
semble être une volonté de plusieurs acteurs. En effet, les enjeux autour de cette action sont
importants, ainsi la présence d’un professionnel permet de rassurer certains acteurs. De plus,
les femmes passerelles seraient-elles aujourd’hui, capables d’animer et en même temps
prendre en note les paroles des habitants ?


     Expression orale : elles ont dû présenter leur travail de nombreuses fois, devant un
public de professionnels et/ou de parents. Ceci leur a permis d’être plus à l’aise dans leur
présentation orale de leur travail. De plus, elles utilisent de plus en plus de vocabulaire
spécifique, précis.
« elles ont un sacré talent dans la manière dont elles présentent leur travail à chaque fois.
C’est très vivant à chaque fois, et très efficace car on arrive à avoir des financements à
chaque fois, ce qui est bien pour le centre social. », (entretien n°9)
« elles ont acquis des compétences dans l’art de présenter ce qu’elles font à l’oral et à l’écrit,
visuellement. Elles ont développé des compétences d’intervenir à l’oral, d’interpeller. »,
(entretien n°7)
« elles acquièrent beaucoup de vocabulaire, et de mots spécifiques. », (entretien n°3)


     Mobiliser les gens : elles ont cette facilité à prendre contact avec le public, mais un
professionnel met en évidence le fait qu’elles ne sont pas là que pour cela.


    « Pour les professionnels et financeurs, pour eux, ce sont elles qui sont le mieux placé pour faire
    mobiliser. Je comprend que l’on puisse penser ça, car elles peuvent avoir des conversations
    informelles, avoir des occasions pour pouvoir en parler. Mais après mobiliser avec des tracts, je pense
    quand même que les gens ils en ont ras-le-bol de les voir. On leur demande beaucoup d’aller tracter,
    qu’est ce qu’ils attendent vraiment d’aller ? est ce que c’est ça d’aller tracter, mobiliser à chaque sortie
    d’école ? C’est vrai qu’à certains endroits elles pourront faire des liens que nous on pourra jamais faire,
    c’est ça l’intérêt. Mais après aller tracter tout le temps, je trouve que c’est épuisant. Et comment elles sont
    vues après ? c’est un peu racoleur. Donc je ne sais pas en fait, mais je ne pensais pas ça au début ; c’est le
    fait de le vivre avec elles, de passer du temps avec elles . Maintenant je suis plus trop sûre que cela
    soit leur rôle, ou peut être ponctuellement. » (entretien n°14)




     Connaissances du quartier : elles connaissaient le quartier en tant qu’habitantes. Avec
ce travail, elles ont une autre image du quartier.
« elles en étaient donc il y a une connaissance de vie, aujourd’hui elles le travaillent, elles ont
un autre regard » (entretien n°3)




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 Prise de recul (par rapport à leur vie personnelle et par rapport aux institutions)
Par rapport à leurs difficultés, cela leur a permis de prendre de la distance, de travailler sur
leurs émotions, d’affronter leurs difficultés autrement, et de se remettre en question sur
la manière dont elles se comportent avec leur enfant.
« un travail de prise de distance, aussi dans leur pratique de parents, par exemple, elles se
sont rendu compte qu’en voulant trop protéger l’enfant, on lui rendait pas service, c’est toute
une intelligence collective», (entretien n°3)
« ça m’a permis d’avoir plus d’assurance, affronter nos soucis, et mes problèmes. »,
« j’ai appris à savoir qui je suis et où je vais, »( entretien femmes passerelles)

     Analyser : elles ont appris à analyser les paroles des parents pour ensuite faire
avancer les choses. (« analyser les paroles, identifier les causes, les conséquences »,
« analyser pour avancer », femmes passerelles)

     Ecouter l’autre : elles ont appris à écouter l’autre, parents et professionnels, en
essayant de se mettre à leur place.
« donner et s’enrichir : on apprend à partir de ce que les autres disent, font avec leurs
parents, » (entretien femmes passerelles)

     Travailler en équipe et avec les professionnels : elles sont une équipe de quatre
femmes, cela leur a demandé d’apprendre à travailler ensemble avec les qualités et les
défauts de chacune.
« on s’est corrigé…on s’est amélioré pour travailler en groupe, s’adapter, s’accepter. On a
appris la vie du groupe. On se complète : une se met plus en avant, l’autre est plus à l’écoute.
On s’adapte »,( entretien femmes passerelles)
    De plus, elles ont appris à travailler avec les professionnels. Ceci leur a permis de
« travailler côte-à-côte, d’égal à égal ». Le travail avec les professionnels, est alors un travail
dans le respect de chacun, un travail en partenariat.


   b) Les femmes passerelles : leur avenir en tant que personnes

    En partant de leur compétences acquises, certains professionnels ont envisagé un avenir
professionnel possible pour elles, en tant que personnes.
Le principale domaine évoqué est celui du social. Celui-ci demande des compétences
d’écoute, de contact avec le public, comme travailleur social.

  « Elles pourraient rebondir sur d’autres projets de démocratie participative comme il y a sur d’autres
  territoires ; ou dans des structures qui accueillent beaucoup de parents, comme en crèche, à l’accueil,
  qui est le premier endroit où les parents vont aller parler, donc un rôle d’écoute. Donc dans des
  métiers demandant un rôle d’écoute, de contact avec les gens. Elles sont en capacité d’aller plus
  loin, d’analyser les besoins des parents, et de les orienter en fonction de leur besoin. Rôle
  d’accompagnement. » (entretien n°1)

  (« elles pourraient faire comme ceux qui viennent, les travailleurs sociaux, qui viennent chez les
  familles. Je trouve qu’elles peuvent créer du lien, entrer dans la confiance, comme médiateur social.
  Un travail avec les familles, en sachant ce que chaque institution ce qu’elle fait. Par exemple,
  l’assistante sociale a dû mal à entrer en contact avec cette famille, ba elles y vont, elles discutent et
  essayent de recréer ce lien. Après c’est peut être de l’intrusion dans les familles, et d’un côté plus de   21
  l’individuel que du collectif, mais d’un côté c’est d’abord de la revalorisation de soi pour après entrer
  dans du collectif. C’est de l’individuel et du collectif en même temps.», entretien n°13)
Certains évoquent des métiers, où elles seraient en relation avec les enfants, dans le domaine
éducatif.
« cela dépend de quelle femme. Elles ont en capacité de travailler dans des métiers proches
de tout ce qui est éducatif, ATSEM… », (entretien n°2)

       Mais on peut se poser la question : « y a-t-il un métier qui existe sur ces
compétences là ? » (entretien n°6). Un acteur pense qu’elles risquent « de perdre » ces
compétences, car « on ne part pas des compétences pour créer un poste, mais il y a des fiches
métiers ». (entretien n°3)
Quels postes peut-on proposer aux femmes passerelles qui regroupent toutes les
compétences qu’elles ont acquis ?

De plus selon un professionnel, il ne faut pas imaginer les femmes passerelles dans un travail
individuel mais collectif, demandant un travail en équipe.
« quand je vois en quoi on les imagine, on les voit que dans des choses individuelles, alors
que ce qui fait leur force c’est le collectif. C’est comme si on niait toutes leurs compétences »
(entretien n°14)



IV/    Evolution de l’action « questions Educatives » et diffusion de
l’expérience de celle-ci sur le territoire


   a) Evolution de l’action sur le territoire

Les différents acteurs souhaitent que l’action « Questions Educatives » continue sur le
territoire de Pierre-Bénite. Pour cela, il y a des pistes qui ont été proposées pour l’avenir de
l’action :

     Redévelopper le travail avec les professionnels : différentes propositions sont faites
pour permettre de relancer la mobilisation des professionnels et ainsi le travail avec eux :
* « créer différents lieux de rencontre avec les parents » (entretien n°6), c’est-à-dire des
temps, qui pourraient reposer sur le même principe que les pauses café parents, mais là il y a
les parents et les professionnels.
* « il faut absolument que l’on arrive à des moments, une fois par trimestre, que l’on lance
sur un thème donné, arriver à réfléchir » (entretien n°11). Il s’agirait pour les
professionnels, de se fixer une date par trimestre pour se réunir sur un thème précis.
* « dans les heures que l’on a, il y a des conseils de cycle, elles peuvent aussi nous faire
remonter des sujets, des questionnements, que l’on peut traiter en conseil de cycle, ou en
conseil des maitres. », entretien n°10. Ici l’idée serait que les femmes passerelles
proposeraient des problématiques, des questions qu’elles ont pu rencontrer lors de discussions
avec les parents, et qui seraient travaillées entre professionnels, lors du conseil de cycle ou du
conseil des maitres.




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 Revoir les 14 propositions et travailler sur certaines : après le travail d’enquête qui
avait été réalisé, 14 propositions avaient été co-construites. Certains acteurs proposent de voir
quelles sont les propositions qui n’ont pas été travaillées, et de voir si l’on peut mettre des
actions en place par rapport à ces propositions.

  « il y a un réservoir de 14 propositions, il faudrait qu’on les revisite pour voir ce qui pourrait être
  mis en place. Aujourd’hui, soit on arrive à relancer, à restructurer un peu plus une participation
  professionnelle, et du coup ça repartira, ça redonnera du sens à l’action, à la démarche comme je l’ai
  connue au début, avec les croisements, et on en ressort une problématique forte et on met en place des
  dispositifs. Soit on n’y arrive pas, dans ce cas là, il faut revoir les 14 propositions et les actions que l’on
  peut mettre en place, et on met en « stand by » la partie réflexion entre pairs. J’ai un peu peur que tout le
  monde s’essouffle, parce que l’on n’a pas beaucoup de mobilisation sur la partie réflexion. », entretien n°9




       Créer plus de liens avec les jeunes : pour l’avenir de l’action, certains acteurs
        proposent de solliciter plus les jeunes, de travailler plus avec eux, comme cela était
        le cas avant, avec Jocelyne.


    « avant, des femmes du quartier, on travaillait beaucoup avec Jocelyne, on discutait beaucoup avec
   les jeunes, ils nous respectaient, ils nous connaissaient. Et eux aussi, ils nous ont fait passer beaucoup
   de messages qu’ils ne peuvent pas faire passer à leur parents. C’est touchant d’entendre cela entre
   parents et enfants, mais nous on était pas leurs parents. Avant on travaillait beaucoup avec les jeunes. Les
   parents s’il n’y a pas de soutien pour les jeunes, les parents ne sont pas aidés aussi.», entretien n°12




      Faire des actions plus concrètes, pour que cela soit plus visible par les habitants et
les professionnels. Certains parents ont dû mal à voir la finalité des réunions, c’est-à-dire à
quoi mène ces temps de rencontre entre pairs. De plus, il y l’idée qu’il ne faut pas que cela
dépende que d’un seul partenaire, (pour cette année ce fut le collège) mais de plusieurs,
pour que le public concerné soit plus diversifié.
 « trouver des solutions en réalité pour notre problème. On parle ensemble, on trouve des
solutions mais il faut qu’on commence à pratiquer. Ca fait 2ans qu’ils parlent, parlent, c’est
bon, ils ont bien parlé. Je souhaite un minimum de solutions dans la pratique. Ça donnerait
envie de travailler, d’avoir confiance en eux. » (entretien parent)
« on parle des enfants et tout. Au collège, il y a plus de problèmes. Comment agir avec les
parents ? Ces réunions elles sont bien, mais la fin c’est quoi ? Est-ce qu’il y a quelque chose
qui se réalise ? » (entretien parent)


   « l’action existe, il y a toujours des choses qui se passent sur le territoire, mais les gens y trouvent
   moins d’intérêt. Au début, cela a fonctionné parce qu’il y avait des échanges entre professionnels
   et habitants. Mais là cela s’essouffle un peu parce que les gens aimeraient que le changement soit
   plus rapide ; les effets ne sont pas perçus. Ceci joue dans la motivation des acteurs. Là où il y
   avait beaucoup d’attentes, les effets ne sont pas perçus, donc il y a des démotivations. Au forum,
   il y a de moins en moins de gens qui viennent. Faudrait peut être que l’on reviennent à des choses
   plus basiques. Les gens viennent chercher cette boite à outils, pour se rassurer, pour se sentir
   moins seul. Je pense que cela reviendra quand on remobilisera tout le monde. Je pense aussi le fait
   que l’on se soit fixé que sur un seul partenaire, une seule structure, le collège, cela a pu démotivé            23
   ceux qui ne sentent pas concernés. » (entretien n°19)
 Faire en sorte que cette action ne soit plus « quelque chose que l’on vit à part » :
certains professionnels expliquent que la démarche de cette action n’est pas intégrée à
d’autres actions présentes sur le territoire. Ainsi, les professionnels, participant à cette
action, ne mettent pas en pratique cette démarche dans leurs pratiques professionnels au sein
de leur structure.
« La démarche aujourd’hui, a été construite en parallèle avec les activités de démarche
régulière, que ce soit des activités associatives que des activités municipales (il y a des
conseils de parents d’élèves, et parallèlement, il y a une démarche « Questions Educatives »)
Construction en parallèle car on voulait un changement de posture, et de pas être dedans
pour ne pas être happé par le fonctionnement du truc qui tourne depuis 20 ans. », (entretien
n°1)
« les pratiques de chacun, quand ils vont organiser un conseil de disciple ou les réunions à la
DAE… il faut se poser de questions, pas avoir l’action Questions Educatives et le reste. Moi
je ne peux pas dire si cela a changé parce que je suis là que depuis un an, mais moi ce qui me
frappe c’est que c’est quand même séparé, il y a Questions éducatives, on fait des choses d’un
côté et puis il y a tout le reste. C’est pas comme ça qu’il faut faire, je suis peut être un peu
trop idéaliste. », (entretien n°14)

     Ouverture de l’action sur tout le territoire de Pierre-Bénite : il y a une volonté de la
part des parents et des professionnels que l’action « Questions Educatives », et des projets qui
en découlent, soit pour tous les quartiers de Pierre-Bénite. Certains évoquent avec regret,
que cette action concerne surtout les habitants du quartier des Hautes-Roches. Il y a par la
même occasion, une volonté de mixité sociale.
« j’aimerais bien que cela continue et que cela soit ouvert sur tous les quartiers de Pierre-
Bénite, car c’est surtout les parents du quartier des Hautes-Roches qui viennent aux
réunions » (entretien parent)
« il faut que cela s’ouvre à toutes les écoles du quartier. Maintenant, c’est une action qui
tourne bien, mais mon soucis à moi, c’est que l’on doit créer du lien si on veut réussir la
mixité sociale, et le vivre-ensemble. L’action « Questions Educatives », elle doit nous amener
sur le terrain du vivre ensemble, du respect de l’autre, de la tolérance. » (entretien n°22)
« Il faut qu’elles (les femmes passerelles) soient en capacité de construire et d’entendre
d’autres parents que ceux de classes populaires, de part leur professionnalisation »,
(entretien n°1)

    Continuer les groupes de travail : les professionnels et les parents ont exprimé leur
volonté que ces groupes de travail, d’échanges entre pairs continuent.
Selon un professionnel, « les groupes de travail sont importants et intéressants, même au sein
d’un même corps de métier, car c’est une manière de croiser les regards, et on se rendait
compte que l’on n’avait pas la même vision des gamins, et que l’on n’avait pas les mêmes
problématiques » (entretien n°19)
Selon un parent, « ce serait bien que cela continue […], plus il y aura de parents, plus il y
aura de questions et plus elles trouveront des solutions à comment résoudre les problèmes
avec les parents et les professionnels ». Un autre parent ajoute, « qu’il faudrait plus de
réunions dans le mois. ».

      Refaire des temps de croisement : les professionnels et les parents n’ont pas eu de
temps de croisement cette année. Les parents et les professionnels ont exprimé leur intérêt
porté sur ces temps de rencontre et d’échange.
« il faut une démarche qui continue avec des croisements » (entretien n°2)
                                                                                             24
« cela serait bien qu’il y ait plus de professionnels, les rencontrer plus pour voir ce qu’ils
pensent », (entretien parent)
« déjà juste que l’on puisse parler, que l’on puisse dire ce que l’on pense aux professionnels,
c’est du concret. Rien que le fait de se rencontrer et comprendre l’autre c’est déjà
beaucoup » (entretien parent)
Certains parents proposent de faire une réunion avec les professionnels durant laquelle les
enfants seraient conviés. Comment la présence des enfants au sein de ces réunions est-elle
envisageable ? Est-ce la place des enfants ?
« j’aurais voulu qu’il y ait les professionnels, les parents et pourquoi pas les enfants, pour
faire un débat ensemble. Quand je rentre, il me demande cela l’intéresse. Ce serait bien qu’il
puisse dire ce qu’il pense, au moins une fois, une réunion tous ensemble » (entretien parent)
« elles peuvent continuer à faire ces réunions, on peut peut-être amener nos enfants, pour
connaitre les profs et tout » (entretien parent)


     Travailler sur l’image du collège et sur la problématique collège public/collège privé
L’image du collège de Pierre-Bénite est un sujet qui est présent lors d’entretiens avec les
parents, et les professionnels du collège.
En effet, un professionnel fait le constat que : « les personnes qui habitent dans les petites
maisons, ne viennent pas du tout chez nous, soit ils ont eu des dérogations pour les collèges
d’Oullins, ou dans les collèges privés. Les parents pensent qu’au collège public on travaille
pas bien, on fait de mauvaises fréquentations. » (entretien n°4)
Les parents s’orientent alors vers les collèges privés. Un parent avoue ce choix en
indiquant : « moi mes filles je ne vais les mettre au collège de Pierre-Bénite parce que j’ai des
mauvais échos ». Pour lutter contre cela, il faut selon cette personne que « le collège ait une
meilleure réputation et de meilleurs résultats ».
Comment redonner aux parents une meilleure représentation du collège ?
J’ai pu constaté qu’au sein de ce collège de nombreuses filières existent (sport étude, classe
bilingue…). Comment mettre en avant ces dispositifs proposés, pour donner au collège
une autre image ?

     Certains acteurs parlent de « personnification de l’action », ce qui amène la question
suivante : l’action « Questions Educatives », peut-elle continuer si les femmes passerelles
arrêtent leur mission ?
Pour certains, « ce sont des personnalités qui ont permis à cette action de naitre, de continuer
sur le territoire. Si elles arrêtent cela changera l’orientation de l’action. » (entretien n°1)
Ainsi, elles apparaissent comme étant indispensables à l’action, telle qu’elle est
aujourd’hui car, « si on n’a plus les femmes passerelles sur l’action « Questions Educatives »,
ça va manquer, là on n’aura plus de liens avec le collège. », (entretien n°13).
Pour d’autres, elles doivent passer le relais à d’autres personnes. (« il y a un moment où il
faut aussi qu’elles retrouvent une motivation ou qu’elles trouvent d’autres relais », entretien
n°10)
(« faut qu’elles soient aussi relais vers d’autres mamans, et partir ensuite vers les
compétences qu’elles ont acquises vers d’autres projets professionnels pour elles, et peut-être
passer le relais à d’autres mamans ou d’autres papas, dans ce rôle qui est semi-
professionnel. », entretien n°7)




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Remarque par rapport à la mobilisation : l’action aujourd’hui, rencontre une difficulté de
mobilisation des parents et des professionnels.
Selon un acteur, « si on arrive à remobiliser les professionnels, derrière les parents
suivront », c’est comme si il y a un lien de cause à effet, entre la mobilisation des
professionnels et la mobilisation des parents.
Les temps de rencontre entre professionnels n’ont pas eu lieu cette année. Seuls les parents se
sont réunis. Les professionnels réclament ces temps de rencontre.
« les enseignants ont toujours été partie prenante, donc les enseignantes participeraient à des
animations si c’était fait d’une façon ponctuelle sur l’école, » (entretien n°11)
« cette année, j’ai vu personne […], il n’y a pas eu d’échanges entre le groupe, on n’a pas été
sollicité », (entretien n°6)

Cette difficulté rencontrée amène aux questions suivantes :
* Comment faire participer les habitants ?
* Comment faire participer les professionnels ?
* Comment réinvestir les parents et les professionnels dans une dynamique collective
pour permettre ensuite de faire des temps de croisements ?

Certains professionnels mettent en évidence le « trop » de sollicitations.
« Il y a aussi beaucoup de sollicitations. Ils sont sur sollicités, quelqu’un qui veut vraiment
faire tout, répondre à toutes les sollicitations. Si tu as plusieurs enfants, si tu les inscris à
plusieurs choses, tu as pleins de réunions, en début , enfin, pendant, comment tu fais ? Ce
n’est pas possible donc c’est vraiment compliqué. », (entretien n°14)
Chaque institution, chaque structure sollicite les parents à venir à des temps de rencontre.
Ceci pourrait expliquer que par manque de temps, les parents ne peuvent pas répondre à
toutes les sollicitations, mais cela n’est pas exprimé du côté des parents.
Comment faire pour qu’il y ait une certaine cohérence dans les différentes
sollicitations ?


   b) Evolution de la mission des femmes passerelle

Les différentes personnes interrogées ont évoqué l’évolution de la mission de l’équipe
passerelle. Pour certains, il ne faut surtout pas oublier qu’ « il faut que cela corresponde à un
vrai besoin » (entretien n°22), un besoin qu’ont les gens du quartier. Pour l’évolution de leur
mission, il faut donc partir des attentes des habitants, de leurs besoins. On garde ainsi la
spécificité de la démarche : partir des habitants.

     leurs conditions de travail : il y a une volonté qui est mise en évidence, celle que les
femmes passerelles participent à plus de réunions, à plus de projets…
« si j’ai un souhait c’est qu’elles élargissent leur temps de rencontre avec d’autres parents,
arriver à mieux se faire connaitre, communiquer pour que les parents trouvent des lieux où
échanger avec d’autres, être rassuré, reprendre confiance en eux, décrypter, faire le chemin
qu’elles ont fait elles en tant que mamans. », (entretien n°6)
Ceci amène le problème de leur emploi du temps. En effet, elles ont un contrat de travail
avec un nombre d’heures insuffisant pour leur permettre de participer à toutes ces
propositions qui ont été faites. (« je me demandais qu’il y a une limite aussi à ça, ces dames
du centre social, ne sont pas là toute la journée, elles n’ont pas un salaire énorme, on ne va
pas leur demander sans arrêt de venir, de se déplacer », entretien n°4)
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Est- ce possible d’augmenter leur nombre d’heures travaillées pour qu’elles puissent
s’investir plus dans leur mission et répondre aux différentes sollicitations des différentes
institutions ?


   « elles ont des horaires que personne n’accepterait. On dit qu’il faut qu’elles se professionnalisent et
   tout, mais faut vraiment être engagé, être militant pour accepter. Quand elles viennent à nos réunions,
   c’est toujours pour deux heures, c’est le vendredi matin tôt, le vendredi soir, les autres soirs de la
   semaine, alors qu’elles ont des enfants. Pour les professionnels, c’est même pas la peine de proposer une
   réunion le vendredi. Pour les habitants, ca nous dérange pas de demander, alors que pour nous-mêmes, à
   part le centre social car on a d’autres pratiques. Elles ont pas beaucoup d’heures, on nous dit tout le
   temps, faudrait faire si avec les femmes passerelles, même si c’est une évolution positive, mais elles
   sont là quand, faudrait qu’elles fassent tout, les attentes des professionnels sont complètement
   déconnectées. A la fois, faudrait qu’elles soient partout, mais faudrait pas leur donner de vraies
   conditions de travail. » (entretien n°14)




        Ce problème de manque de temps amène la question de leur statut. En effet, elles ont
un statut précaire, qui pour certains professionnels n’est pas assez précis, assez clair.
« ce qui n’est pas très clair, c’est au niveau de leur statut. Finalement, elles sont femmes
passerelles, mais elles ne sont pas salariées, on ne sait pas très bien ce qui l’en est, elles sont
bénévoles, salariées ? Elles y gagneraient que cela soit clarifié. » (entretien n°8)


Quel serait pour elles, le statut le plus adapté ? Certains professionnels parlent d’adulte
relais.
 « moi ce que je voyais, où on en est, c’est qu’elle reste en équipe et qu’il y ait des contrats
adultes relais, car cela leur garantit un accompagnement, et au niveau financier, c’est plus
intéressant » (entretien n°3)
D’autres professionnels proposent d’augmenter leur temps de travail en réduisant leur
nombre au sein du groupe. Cela signifie que deux ou trois d’entre elles se
professionnalisent, acquièrent plus de temps de travail et ainsi un emploi moins précaire.
« Est-ce que à terme il faut garder autant de personnes, elles sont 4 aujourd’hui, sur un petit
temps de travail, ou est-ce qu’il faudrait mieux que ce soit 2 femmes, mais sur un plus grand
temps de travail » (entretien n°1)


    « dans l’augmentation du temps de travail, au niveau du centre social, ça serait intéressant car je
    pourrais injecter des paroles d’habitants dans différentes actions, par rapport à
    l’accompagnement à la scolarité, au centre de loisirs. Après faut voir avec elles, comment elles
    peuvent vivre ça, faut pas qu’elles le vivent comme si on les utilisait. A la mairie aussi qu’ils essayent
    de développer une politique participative, elles pourraient apporter de la plus-value. Il est important que
    l’on ne réfléchisse pas que sur le court terme. Le dispositif adulte relais est intéressant car on part
    sur des longues périodes de contrat aidé, mais ceci dit il y a quand même un volet important de
    professionnalisation. Donc comment on travaille ce volet là de professionnalisation sur ce type de
    poste ? Comment on reconduit ces missions sur le territoire à un moment ? C’est tout cela qu’on
    doit travailler. Il faut réfléchir à cela avant de créer les postes. Réfléchir à comment on fait après, et
    de si elles restent sur le territoire, ou si elles vont ailleurs.» (entretien n°9)




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 question de l’accompagnement individuel : les professionnels et les habitants parlent
de l’accompagnement individuel. C’est un sujet qui est très présent dans les attentes de
chacun, mais les professionnels et les parents s’interrogent : « est-ce qu’elles doivent
accompagner des situations individuelles ? » (entretien n°1), « mais est-ce leur travail ? »
(entretien parent).
Peu de parents interrogés ont exprimé cette volonté d’être accompagnés. Pour d’autres, il
s’agit surtout d’un accompagnement physique, pour avoir le sentiment d’être soutenu, guidé.
« pour moi, c’est qu’elles m’accompagnent jusqu’au collège et tout qui serait bien. Une ou
deux passerelles qui accompagnent devant ou dans le collège. » (entretien parent)

        De plus, il est important pour certains, que l’accompagnement individuel soit
complémentaire des espaces collectifs. Il faut « allier les deux ». L’individuel doit être là
pour alimenter le collectif, et ne pas faire « de l’individuel pour de l’individuel ».
«Individuel et collectif, ça doit s’alimenter l’un l’autre. […] Faut partir du collectif, et à
partir du collectif, faut entendre le personnel pour que ça alimente le collectif » (entretien
n°3)
Comment faire pour que l’accompagnement individuel et le collectif soient
complémentaires ?
Enfin, une autre question est mise en avant : jusqu’où doivent-elles aller dans
l’accompagnement des personnes ?


    « La question c’est qu’est ce qu’on fait et jusqu’ où on va ? Je pense que le fait de soutenir des
    parents quand ils sont en difficulté c’est important. Soit c’est soutenir en allant avec, mais après c’est
    pas évident, par exemple dans un conseil de discipline, faut prendre beaucoup de recul et c’est pas
    évident car elles ont beaucoup de capacité à prendre du recul quand on traite des choses
    collectivement, et là ça serait des choses individuelles, alors sortir des points très précis individuel je
    pense que c’est très compliqué. Mais faut que les parents soient soutenus, peut être comme disait
    Jocelyne, en amont on prépare tout cela ensemble. Je ne connais pas assez mais je pense que ce qui
    est important c’est que les parents se sentent soutenus, épaulés, peut être en mettant des
    conditions. Mais je pense que les parents en ont besoin, c’est tellement difficile, je trouve que ce n’est
    pas juste les situations dans lesquelles on les met. Ils sont pointés du doigt, c’est eux de toute façon les
    mauvais, même si il y a plein de professionnels qui sont bienveillants, mais des fois, comme elles le
    disent, ils se retrouvent comme devant un tribunal, il faut être armé pour tenir sa place et ne pas se
    sentir mal à l’aise. Les femmes passerelles, c’est ça aussi sortir de ce rôle là où on met les parents,
    elles ont réussi à acquérir une place. Et par rapport à ces parents, il faut que l’on arrive à la même
    chose, à changer ce rapport entre les institutions et les parents, ce n’est pas en les écrasant que l’on
    peut les aider à jouer leur rôle, cela fait l’effet inverse. Après comment jouer ce rôle ? Que l’on
    permette aux parents de pouvoir lever la tête et de jouer leur rôle de parents. » (entretien n°14)




       Certains professionnels exposent les risques et les dangers si l’équipe passerelle
répond à cette demande de l’accompagnement individuel. Il est important de mettre en place
des conditions.
Selon un professionnel, « elles peuvent le faire à condition d’être accompagnées pour le faire,
et en équipe. Cela peut aller jusqu’à l’accompagnement physique du parent pour qu’il ne se
sente pas seul, puis après revenir dessus avec les parents sur ce qui a été dit. Cet
accompagnement physique du parent doit se préparer avant et après en équipe, sur la posture
                                                                                                                   28
qu’elles doivent avoir (témoin…) » (entretien n°3) Donc l’accompagnement individuel
serait possible mais cela demande un travail en amont en équipe, avec une méthodologie
précise. De plus, « il faut avoir une réponse réactive », c’est-à-dire « il faut à la fois pas
donner la réponse et en même temps donner une piste de réponse dans les meilleurs temps
possibles (dans la semaine) ».
Selon un autre professionnel, l’accompagnement individuel « c’est dangereux pour elles » car
« cela aura trop d’incidences dans le domaine privé »(entretien n°9)


     « dans ma réflexion aujourd’hui, c’est de me dire, qu’il faut se montrer prudent là-dessus. En tout
     cas, il me semble que c’est dangereux, elles habitent dans le quartier, elles ont un rapport de
     voisinage avec certains. J’ai dû mal à imaginer comment les parents peuvent amener des choses très
     personnelles et ce qu’elles vont en faire après, comment après c’est vécu, comment cela ne peut pas
     changer les rapports privés, dans le privé, que les femmes passerelles peuvent avoir »

     « ce qui me gène aussi c’est l’attente que vont avoir les personnes par rapport à l’équipe passerelle,
     elles vont avoir une attente forte, ce n’est pas non plus des wonder woman, elles vont forcément
     avoir des échecs. On peut aussi imaginer des parents qui auront leur propre idée sur un problème qui
     en démordront pas, comment cela va être géré. C’est quand même pas simple, on est sur quelque
     chose de très différent. » (entretien n°9)



Il y a une proposition qui est faite par rapport à cette question de l’accompagnement
individuel : « peut être faut-il traiter cette question dans des groupes de pairs et entre
professionnels, comme on a fait pour les exclusions ? » (entretien n°9)


     intégrer les femmes passerelles à d’autres projets du centre social c’est-à-dire faire
participer les femmes passerelles à d’autres projets du centre social et ainsi sur d’autres
thèmes que l’éducation (travailler avec le centre de loisirs, le pôle petite enfance,…)
« au niveau de la petite enfance, il y a des choses à faire » (entretien n°8)
« je pense qu’il faut élargir, en montrant que l’éducation de leurs enfants passent par plein de
choses, par le sommeil, par l’alimentation, par des problèmes comme des enfants qui bougent
beaucoup, un thème sur lequel elles travaillent en ce moment, mais aussi sur l’autorité car ce
n’est pas parce qu’on est dans la difficulté sociale qu’on n’a pas d’autorité. Donc je pense
qu’il faut trouver des thèmes qui fédèrent, qui appellent à ce qu’est le rôle de parents »
(entretien n°11)

      faire connaitre les femmes passerelles, et leur travail, en les faisant participer à
d’autres projet, au centre social mais aussi dans d’autre structures (mairie, école, collège,
MJC...)
« A la mairie aussi qui essaye de développer une politique participative , elles pourraient
apporter de la plus-value » (entretien n°9)
« il faut qu’elles se fassent connaitre mais je pense qu’il faut proposer une forme d’animation
sur un sujet particulier, sur des thèmes plus précis, qui toucheraient plus de personnes,
(entretien n°11)
        Ce travail de se faire connaitre par un plus grand nombre de personnes a déjà
commencé cette année, avec leur participation par exemple, au conseil d’école et à la
journée portes ouvertes au sein des écoles primaires.

                                                                                                              29
« Les enseignants ils commencent à prendre conscience que la structure existe, car ils
savaient juste qu’elles viennent une fois par mois et cela ça s’arrêtait là. Maintenant elles
viennent au conseil d’école, elles ont exposé leur projet. Une fois que les enseignants se sont
approprié ça, ils les ont vues physiquement ; cela ira mieux, ils sont plus étonnés de les voir
une fois par mois dans l’école… C’est pas évident de trouver des projets où les associer c’est
pas évident. » (entretien n°16)
         De plus, certains groupes de professionnels souhaitent qu’il y ait des temps de
rencontre entre eux et les femmes passerelles pour partager leur travail, pour en savoir plus
sur l’avancée de leur travail et pour se soutenir entre eux. Ceci est notamment le cas pour les
personnes au relais santé.
« avant on avait ce lien, on les voyait les femmes passerelles, elles venaient une fois par mois,
pour nous dire ce qu’elles faisaient. On savait ce qu’elles faisaient et elles, ce que nous on
faisait. » (entretien n°12)
         Enfin, un professionnel propose que les femmes passerelles partagent leurs
expériences, leurs savoirs avec d’autres groupes à l’extérieur de Pierre-Bénite.
« là aujourd’hui, elles travaillent sur le territoire de Pierre Bénite, et je me demandais qu’est-
ce que cela donnerait si elles tentaient l’expérience ailleurs. Par exemple, des centres
sociaux, il y en a 70 dans le Rhône, il y en a qui voudrait développer des dynamiques autour
de questions éducatives ou autres, pourquoi elles partiraient pas en mission là-bas quelques
mois, et qu’elles structurent les choses sur le quartier, qu’il y ait une sorte de transfert de
compétences, qu’elles soient au cœur des choses dans le quartier » (entretien n°9)

     Inscrire les femmes passerelles dans des projets d’établissement pour rendre leur
intervention, leur présence plus systématique, régulière.
« on a lancé un projet d’école pour 3 ans, et il y a vraiment une ligne où l’on marque que l’on
a besoin d’impliquer les parents dans l’école. La perche des femmes passerelles c’est
intéressant. C’est une perche à ne pas lâcher, et aller plus loin » (entretien n°16)
« on les a invitées à un conseil d’école avec les parents d’élus ; c’est vrai que les parents
d’élus ne connaissent pas forcément, donc ils se sont dit pourquoi pas, on s’implique aussi.
C’est par ce genre de réunion un peu informel où il y a des parents, des enseignants ; on peut
les intégrer dans la vie de l’école » (entretien n°11)


Il y a la question de l’institutionnalisation du travail de l’équipe passerelle.


   « on est arrivé avec cette action à une vraie reconnaissance des professionnels de terrain, de la plus-
   value des femmes passerelles. Le problème c’est que c’est pas encore relayé au-dessus. Pour moi, ce
   qui manque concrètement, c’est une convention avec l’Education Nationale, dans laquelle on
   valorise cette action sur le territoire, on reconnait la place du centre social, de la mairie, chacun avec du
   temps de travail… Aujourd’hui on n’a pas tout ça, donc forcément c’est fragile. Il y en a certains qui
   essayent de pousser cela, mais on voit bien que cela n’avance pas. » (entretien n°9)

   « moi mon attente c’est de l’institutionnaliser ces cafés parents. Faudrait une communication plus
   forte, et un institutionnalisation, pour que les gens sachent qu’il y a ce vendredi là où ils peuvent se
   retrouver » (entretien n°16)




                                                                                                                   30
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  • 1. Queiros Sandrine Stagiaire de janvier à mai 2012 ACTION « QUESTIONS EDUCATIVES » Travail de synthèse : Valorisation de l’action « Questions Educatives » et de l’équipe passerelle L’avenir envisagé pour l’action « Questions Educatives » et pour l’équipe passerelle Centre sociale « Graine de vie » Avenue de Haute-Roche 69310 Pierre-Bénite 1
  • 2. Sommaire Introduction ............................................................................................................................................. 3 Point méthodologique.............................................................................................................................. 4 Analyse des données ............................................................................................................................... 4 I/ Regard sur l’action « Questions Educatives » ................................................................................. 4 a) Caractéristiques de l’action ..................................................................................................... 4 b) Les changements sur le territoire et dans les pratiques ........................................................... 7 II/ regard sur l’équipe passerelle ....................................................................................................... 12 a) Qu’est ce que les femmes passerelles apportent à l’action ? ................................................. 12 b) Leur rôle, leur mission........................................................................................................... 15 III/ Evolution et valorisation du travail des femmes de l’équipe passerelle ...................................... 19 a) Compétences développées ..................................................................................................... 19 b) Les femmes passerelles : leur avenir en tant que personnes.................................................. 21 IV/ Evolution de l’action « questions Educatives » et diffusion de l’expérience de celle-ci sur le territoire ............................................................................................................................................. 22 a) Evolution de l’action sur le territoire..................................................................................... 22 b) Evolution de la mission des femmes passerelle..................................................................... 26 c) Elargissement de cette démarche pour d’autres projets, d’autres structures ......................... 31 Conclusion............................................................................................................................................. 33 Annexe 1 ............................................................................................................................................... 34 Annexe 2 ............................................................................................................................................... 35 2
  • 3. Introduction Depuis 2008, une démarche globale de diagnostic sur la thématique des « questions éducatives » a été engagé sur le territoire de Pierre-Bénite dans l’objectif de mieux appréhender les besoins des populations, de mobiliser les habitants, de construire un partenariat habitants/professionnels/élus en travaillant sur les représentations de chacun. Le projet de l’action « Questions Educatives » s’articule sur trois axes :  Une réflexion par le biais d’échanges entre professionnels et parents  Des « groupes de mise en œuvre » des pistes de solutions imaginées lors de temps d’échanges  Des temps de forum permettant la restitution des différents travaux et la réflexion sur la poursuite de l’action Un travail d’enquête fut réalisé sur le territoire de Pierre-Bénite, auprès des habitants, pour connaitre leurs difficultés et leurs besoins par rapport aux questions éducatives. En 2009/2010, les groupes de pairs se sont réunis, chacun de leur côté, pour travailler autour des deux situations problèmes ressorties lors de l’enquête : mon enfant est exclu, et mon enfant ne fait pas ses devoirs à la maison. Puis de février 2010 à mai 2010, des temps de croisements entre professionnels et habitants ont eu lieu, et ont permis de produire 14 propositions. En 2010/2011, de ces 14 propositions, des actions ont été mises en place : le dispositif des exclusions et l’accompagnement à la scolarité. En même temps, des thèmes ont été travaillés par les professionnels et les habitants, comme l’affectif. En 2011/2012, le dispositif sur les exclusions est en place au collège, ainsi que les pauses café parents et le bon coin des parents, au sein des écoles primaires. De plus, Les parents se sont rencontrés pour travailler ensemble le problème de la sanction, qui est ressorti de ces échanges. Mais en ce qui concerne les professionnels, il n’y a pas eu de rencontres entre pairs cette année ; ce qui explique l’absence de temps de croisements entre les professionnels et les parents. C’est dans ce contexte là que s’inscrit ce travail d’évaluation et de synthèse des différents points de vue exprimés lors des entretiens. Dans une première partie, nous ferrons un point sur la méthodologie utilisée pour récolter les données. Puis, en seconde partie, nous analyserons les données, ce qui est ressorti de ces différents entretiens. 3
  • 4. Point méthodologique Ce travail est un travail d’évaluation de l’action « Questions Educatives » et du travail de l’équipe passerelle pour construire l’avenir. Pour cela, j’ai fait 25 entretiens individuels, 4 entretiens collectifs (un avec le comité de suivie, et trois avec l’équipe passerelle) ; ainsi que 6 questionnaires m’ont été remis remplis. Parmi les personnes interrogées, il y a huit professionnels de l’Education Nationale, seize professionnels socio-éducatifs, huit parents et les quatre femmes passerelles. La trame de l’entretien1 et du questionnaire2 comportait quatre thèmes : 1/ L’action « Questions Educatives » et ses spécificités 2/ Le rôle et les apports de l’équipe passerelle à l’action 3/ L’avenir et l’évolution des femmes passerelles 4/ L’avenir de l’action « Questions Educatives », sur le territoire de Pierre-Bénite Analyse des données I/ Regard sur l’action « Questions Educatives » a) Caractéristiques de l’action L’action « Questions éducatives » est présente sur le territoire de Pierre-Bénite depuis 2009, et entre dans le projet du centre social. Différents acteurs, participant à cette action, l’ont défini comme étant une démarche caractérisée par sa durée dans le temps. L’action peut être aussi définie par ses différentes spécificités :  L’action « Questions Educatives », c’est partir des habitants, de leurs paroles et aller vers les institutions. L’action est définie par les partenaires comme une action partant des habitants. « je dirai que c’est plus une démarche qu’une action » , (entretien n°1). Il y a une prise en compte de la parole des habitants et les investir dans les décisions qui sont prises sur le territoire par rapport aux questions éducatives. « c’est une action qui vise à mettre en valeur la parole des habitants », entretien n°9; « on invite les habitants à avoir une vraie place » , (entretien n°14) « c’est un mouvement ascendant. Affectivement et socialement parlant, on a une place sociale de parents préoccupés de citoyen. » (entretien n°15) 1 Annexe 1 2 Annexe 2 4
  • 5. Sur le terrain, cette prise de parole est vue comme étant une volonté de prendre en compte leur parole pour changer les choses, (« l’action Questions éducatives, c’est quand même reconnaitre que les habitants peuvent être force de propositions », entretien n°14) ; mais une question est soulevée : comment leur avis est-il pris en compte dans la prise de décision? « Les professionnels, l’académie, ceux qui s’occupent des jeunes : « est-ce que c’est vrai que les gens voulaient faire des choses pour nous ? Dans notre problème, je suis seule. Ils nous écoutent mais ils ne font rien, qu’est ce qu’on fait après ? Il n’y a pas de vraies solutions. On touche pas les moyens. » , entretien parent C’est reconnaitre que leur avis peut compter, même si des fois, c’est souvent considéré un peu comme un avis et après ça appartient au comité de suivi de décider, ou à d’autres instances », (entretien n°14) Comment l’équilibre entre les habitants et les professionnels peut -il être trouvé, lors de la prise de décision ?  Réfléchir ensemble/réflexion collective L’action repose sur une méthodologie qui lui est propre et qui se caractérise par des temps de réflexion entre pairs. Les préoccupations individuelles deviennent des préoccupations collectives. Les groupes de pairs, professionnels et habitants, réfléchissent entre eux, avant de se rencontrer pour trouver un accord sur telle ou telle préoccupation mise en évidence. En effet, les parents se rassemblent pour réfléchir autour des questions éducatives qui les préoccupent. « C’est pouvoir faire un travail collectif qui aboutit à quelque chose de concret. C’est une participation citoyenne », (entretien n°23) « permettre à des parents d’avoir une réflexion collective, réfléchir ensemble sur les questions éducatives » , entretien n°3) « je venais pour donner mes idées » « j’ai assisté à ces réunions, c’était super », (entretien parents) Ces temps de rencontres entre pairs, sont des moments de partage pour les parents. Ils partagent leur expérience, leur vécu, se confient, apportent leurs conseils… « c’est pas quelque chose de personnel, mais pour tout le monde (les enfants du quartier), on souhaite la même chose. » ; « j’ai participé à quelques réunions, il y a des astuces, des petites règles qui m’ont aidé par rapport à l’enfant » ; « on est toute ensemble pour trouver des solutions. Rien que le fait d’échanger entre nous, c’est toujours un plus » ; « le groupe est important pour se retrouver et discuter des problèmes à l’école », (entretiens parent) Il y a aussi des temps de rencontre entre professionnels. Ces moments leur permettent de prendre du temps pour parler de ces questions autour de l’éducation, et aussi confronter leur point de vue. Chaque professionnel apporte un avis différent en fonction de la place qu’il occupe dans les institutions. (« C’était intéressant, parce que c’est un temps d’échanges, et parce que l’on peut voir les fonctionnements de chacun, on se dit je suis animateur et les règles sont les mêmes pour tout le monde mais non. Le fait d’être en lien ensemble, on comprend mieux le fonctionnement de chaque structure, de voir un peu où on veut aller, mais on a les mêmes valeurs, que se soit 5
  • 6. municipales, ou associatives, sauf que l’on n’a pas la même définition et la même pratique. », entretien n°13) Durant les deux premières années, de nombreuses rencontres entre pairs ont eu lieu. Cette année, les temps de rencontre entre parents sont plus fréquents qu’entre professionnels. « on est sur une action qui est un peu bancale car on est que sur un volet d’habitants », (entretien n°9) Pour certains professionnels, ces temps de rencontre n’entrent pas encore dans leur pratique professionnelle. Comment peut-on faire entrer cette pratique dans leur manière de travailler ? « ça serait aux parents de s’impliquer, ce n’est pas aux profs d’aller dans les quartiers » (entretien n°5) Ceci pose aussi la question suivante : comment peuvent-être présentés et travaillés ces temps de rencontre entre professionnels pour qu’ils ressentent, eux-aussi, comme les parents, ce besoin de travailler ensemble, de se réunir ? « mais ce qui est embêtant par rapport au principe, c’est en gros comme si les parents eux ont besoin de travailler avant entre eux, de poser les choses, et les professionnels eux n’ont pas besoin », (entretien n°14)  Croisements/paroles croisées L’action « Questions éducatives » est marquée par des temps de croisements entre les groupes de pairs, des « ateliers mixtes, habitants/professionnels » (entretien n°2). Ces temps de croisements sont possibles après des temps de préparation, entre pairs. (« le point central de cette action, c’est le croisement, avec une certaine méthodologie. Des croisements quand il y a eu des temps de préparation avant. », entretien n°14) Ces temps de croisements permettent aux professionnels de rencontrer les habitants du quartier, de discuter avec eux. (« réussir à mettre ensemble autour d’une table des gens qui ont dû mal à se parler habituellement, comme les enseignants et les parents. », entretien n°7) D’après certains professionnels, ces temps permettent d’être plus proche des habitants, une certaine proximité, confiance s’installe au fur et à mesure des échanges. « moi, ça m’a permis de rentrer en contact avec des habitants. Ha vous êtes éducateurs, alors cela m’a amené des accompagnements. Vue notre intervention, les gens ne viennent pas nous voir spontanément, » (entretien n°15) Pour les parents, ceci leur permet de voir les professeurs en dehors de la sphère scolaire, et de travailler ensemble sur les mêmes questions, dans l’objectif de trouver des solutions communes. « je ne travaille pas sur Pierre-Bénite, donc pour moi, c’est une occasion de rencontrer des gens » ; « cela donne l’occasion d’écouter l’autre (les profs..) », (entretiens parent)  Travailler en partenariat Cette action demande un travail du centre social avec différents partenaires. Depuis le début de l’action, différents acteurs du territoire de Pierre-Bénite, ont travaillé sur ce projet, pour faire avancer les choses, pour trouver des solutions autour des questions 6
  • 7. éducatives. (« il y a que comme ça que l’on pourra travailler avec un maillage, que l’on pourra aider un gamin. », entretien N° 4) Selon un acteur, « cette action est possible sur Pierre-Bénite, car il y a un vrai partenariat de projets, un vrai partenariat de respect entre les différents opérateurs. » (entretien n°9) De plus, ce travail en partenariat est marqué par une grande confiance entre les acteurs, ainsi qu’une liberté de chacun dans leurs actions. (« Il ne faut pas brider les choses, car ça nous permet pas de vraiment traiter les vraies questions et ça nous empêche de réfléchir à notre manière d’intervenir », entretien n°14) Le respect de l’autonomie de chacun est aussi une revendication des établissements scolaires : « Travailler en partenariat je suis partant, mais je ne veux pas qu’il y ait d’ingérence dans l’école. On n’a pas à dire ce que l’on a à faire. » (entretien N°4) « cette action est possible sur Pierre-Bénite, car il y a un vrai partenariat de projets, un vrai partenariat de respect entre les différents opérateurs. Il y a une confiance, cela ne va pas dire que l’on est tous sur la même longueur d’ondes, il y a des divergences. En tout cas il y a une confiance, et un respect de l’autonomie de chacun, du coup ça rend possible ce genre d’action. C’est possible aussi car la mairie et la DAE ont su prendre des risques là-dessus, ça participe à une politique municipale qui pousse beaucoup à la démocratie participative. Il y a une prise de risque, car si cela ne marche pas, ils se sont engagés, ils ont pris du temps. » (entretien n°9) b) Les changements sur le territoire et dans les pratiques Cette action a apporté aux professionnels et aux habitants de nouveaux regards, de nouvelles représentations. C’est en travaillant ensemble qu’ils peuvent, selon les femmes passerelles, « prendre les lunettes de l’autre ».  Changement de regards, des représentations La participation à cette action, a permis à des professionnels et des parents de voir l’autre autrement, de changer de regards entre eux, et par rapport aux enfants. Changement de regards des professionnels et des parents par rapport aux enfants : Les enfants et leur éducation sont au cœur de l’action. Ceci a permis de parler de l’enfant, et de voir ces enfants de quartiers populaires autrement. En effet, certains professionnels ont pu découvrir les préoccupations que pouvaient avoir les enfants dans leur vie personnelle ; et les parents ont pu acquérir des connaissances par rapport au développement de l’enfant, et à leur apprentissage scolaire. « qu’on regarde les gamins de quartier populaire différemment : ils ont des talents ! » (parents) « l’action questions éducatives, c’est tout ce qui tourne autour de l’école, c’est comment arriver à comprendre son enfant, comment pouvoir l’aider, comprendre ce que c’est qu’être élève, savoir un peu les attentes de l’école. C’est tout ce qui tourne autour des apprentissages, car pour les parents c’est la priorité, mais aussi pour eux, comprendre que si un enfant n’apprend pas, c’est qu’il y a autre chose qu’il faut chercher et c’est là que l’on 7
  • 8. trouve des pistes. C’est plus une connaissance globale de l’enfant qui apparait dans ce dispositif. » (entretien n°11) « cela m’a aidé à voir les choses autrement. Finalement, mon fils n’est pas anormal, il est normal. », entretien parent « par rapport à l’apport des socio-éducatifs là-dedans, ils sont un peu des médiateurs. Cela permet de donner une autre image du jeune, ou de l’enfant, dans un autre contexte. », entretien n°19 Changement de regards des professionnels par rapport aux parents : En participant aux temps de croisements entre professionnels et habitants, les professionnels ont pu remettre en question leurs préjugés par rapport aux parents. Ils ont pu apprendre à les connaitre davantage, connaitre leurs préoccupations, leurs attentes par rapport à l’école. « au niveau des institutions, cela a fait prendre conscience à certains, que les parents ne sont pas démissionnaires » (entretien n°3) « les professionnels nous ont bien écoutés, nous ont bien compris. » (entretien parent) « cette action a été une période de soutien, une autre manière de faire, ça a pu donner un autre regard, d’échanger dans ces lieux là, avec des parents, parce que l’on fait plutôt avec des parents, institutionnellement, avec notamment des parents de la FCPE, mais on le faisait pas avec des femmes du quartier. » (entretien n°6) « Au niveau des professionnels, j’ai moins de visibilité car je suis moins sur le volet professionnel. J’ai le sentiment quand même que ça a aussi atténué les représentations qu’il pouvait y avoir, et la peur qui pouvait y avoir de la part de certains professionnels. » (entretien n°9) « cela leur a été utile aux parents, psychologiquement, de recevoir de la reconnaissance comme éducateur de pleins droits » (entretien n°7) Changement de regards des parents par rapport aux professionnels : Pour les parents, cela a permis de se rapprocher des enseignants, des professionnels, et de mieux les comprendre. « les parents avec cette démarche prennent conscience que les professionnels ne sont pas des adversaires, mais que eux aussi ont envie que les enfants réussissent, et qu’ils ont un tas de difficultés. » (entretien n°3) « moi je vois le changement des mamans qui s’investissent plus, qui vont vers l’institution. » (entretien n°12) « Depuis qu’il y a cette action, et particulièrement depuis qu’il y a l’accompagnement des exclusions, le fossé s’est réduit, les parents qui ont participé à l’action comprennent beaucoup mieux la posture des professionnels » (entretien n°9) De plus, selon un professionnel, ces temps de croisement permettent de lutter contre les représentations que pourraient avoir les parents par rapport aux professionnels, comme le fait que « les parents se font un monde du collège, un monde des professeurs, bien souvent à travers les yeux de leurs enfants, souvent les gamins qui posent problèmes, les parents ont tendance à croire la parole de leur enfant, au lieu de venir nous voir, d’en discuter avec nous, pour voir où se trouve la vérité, car bien souvent elles se trouvent au milieu, ce n’est pas que la parole de l’enfant, ou que la parole de l’enseignant. ». Un parent ajoute, que « le fait de 8
  • 9. connaitre leur point de vue, c’est intéressant car ce n’est pas le même que celui des parents. Et puis, je ne connais pas leur méthode de travail et tout, donc c’est une manière de savoir cela ». Donc les parents découvrent aussi les professionnels, leur profession, et leur manière de travailler. « je pensais que quand ils sortaient de l’école, ils s’en foutaient de tout, alors que non. Chez eux après, ils réfléchissent à des solutions. Ils ont un cœur. On les voit autrement et eux aussi nous voient autrement. Avant je les voyais comme des robots sans cœur. », entretien parent  création de liens (avec le collège et les écoles primaires) Durant les deux premières années, les temps de croisements ont amené une solution au problème suivant : mon fils est exclu 5jours ou moins de 5jours, que faire ? Les professionnels et les parents, avec l’accord des partenaires, des institutions, et notamment du collège, ont élaboré un dispositif permettant aux enfants exclus d’être accueillis au centre social. Ce dispositif a permis de créer du lien avec le collège. « comme changement, intégration de cette action au centre social, ce qui changé le lien avec le centre social sur ces questions là. Ceci a aussi permis de créer du lien entre le centre social et le collège »,(entretien n°2) « j’ai remarqué des changements par rapport aux liens que l’on peut avoir avec le collège, parce qu’avant on n’avait pas de liens. Malgré que l’on intervient pas souvent, on a des liens, on sait ce qui se passe au collège, on peut faire des échanges informels. »,( entretien n°13) « par rapport au collège, on était un peu chacun chez soi, avec peu de communication entre les structures sociales, notamment le centre social, et le collège, c’était même pas un regard de méfiance, mais même pas de regard du tout ; et depuis qu’on a mis en route cette action on a un vrai dialogue qui s’est noué, c’est vraiment bien, porteur pour l’avenir et pour les enfants qu’y sont scolarisés et parfois qui sont en difficulté avec l’institution scolaire mais soutenu dans le même sens par le centre social. On a par ailleurs du soutien scolaire au centre social, pour les petits et puis pour les collégiens, qui complète le dispositif même si ça fonctionnait déjà avant qu’on mette questions éducatives en route. » (entretien n°7) Ce dispositif des exclusions a aussi permis selon un professionnel, de commencer « à connaitre les femmes passerelles dans les écoles, les enseignants savent qu’elles existent, les socio-éducatifs travaillent avec elles, mais c’est encore un long travail. ». Ce dispositif a donc permis aux femmes passerelles d’entrer dans le collège et ainsi de se faire mieux connaitre par rapport aux professionnels du collège. Cette reconnaissance des femmes passerelles et de leur travail doit tout de même continuer à être travaillé à l’avenir. Ceci a créé du lien entre les professionnels socio-éducatifs et les professionnels du collège mais aussi entre les professeurs et les parents. « j’ai trouver cela intéressant de rencontrer les familles, les femmes passerelles, tous les professionnels de Pierre Bénite, par rapport au collège, où l’on manquait d’ouverture et de liens avec l’extérieur .»,(entretien n°5) 9
  • 10. Ce lien avec le collège est tout de même fragile. Les professeurs et la direction du collège exprime une volonté de continuer de travailler avec le centre social, et de continuer ce dispositif. Comment peut-on renforcer ces liens avec le collège durant la prochaine année scolaire? Il faut tout de même mettre en évidence que cette fragilité est aussi due à des raisons internes au collège (manque de communication entre le personnel éducatif et la direction ; tensions entre la direction du collège et les enseignants) . « on n’est pas aidé car les principaux adjoints se succèdent ; l’an dernier, M.Chapon était très investi, il s’est complètement impliqué, il en a vu l’utilité. Il s’est rendu disponible pour y venir car il en voyait l’utilité. », (entretien n°5) « aujourd’hui, on ne sait plus rien, c’est l’équipe de direction qui gère ça, nous l’équipe enseignante et sociale, on suit notre ligne mais nous on ne sait pas les enjeux et tout, on suit plus du tout» (entretien n°6) De plus, le dispositif sur les exclusions restent encore quelque chose à retravailler avec le collège, à préciser. « c’est compliqué, nous on a eu plusieurs élèves qui ont été exclus ces derniers jours, et le dispositif n’a pas été proposé, donc ce n’est pas encore gagné » (entretien n°6) Pour les écoles primaires, l’instauration des pauses café a permis d’entrer dans les écoles, et de créer du lien avec les directeurs de ces deux écoles (l’école Eluard, et l’école du centre). « avec les écoles primaires, il y a aussi un changement avec un dialogue plus soutenu et sur la durée, le dialogue est plus nourri avec les enseignants et les directeurs d’école. Ils nous connaissent mieux, ils nous identifient mieux » (entretien n°7) « l’idée des pauses café c’est une bonne entrée dans les écoles, cela se met petit à petit en place ; on a des parents qui viennent », « nous ce que les enseignants peuvent en penser, c’est que forcement c’est positif, car la difficulté de nos écoles c’est de faire rentrer des familles que l’on voit jamais, car elles ont peur de l’école, parce qu’on les appelle toujours quand ça ne va pas, parce qu’elles n’osent pas faire face à des professionnels faire part de leurs difficultés pour l’éducation de leurs enfants. Ce dispositif qui est un peu quelque chose de relais nous semble très judicieux. » (entretien n°11) De plus, les enseignants expriment une volonté d’en savoir plus sur les pauses café parents. Comment peut-on permettre aux enseignants des écoles primaires d’avoir plus de connaissances par rapport à ce nouveau dispositif ? Comment peut-on les faire participer ? « La seule chose que l’on voit de Questions éducatives, je ne sais plus comment ça s’appelle, café… café parents. Ça on sait que c’est issu de l’action Questions éducatives mais c’est un peu frustrant dans le sens qu’ il y a des gens, des parents qui viennent de l’école, et on se sent entre guillemets un peu exclu, car on n’a jamais été vraiment sollicité pour venir » (entretien n°10) 10
  • 11. réponses concrètes aux attentes L’action « questions éducatives » a apporté des réponses concrètes comme le dispositif des exclusions, et l’accompagnement à la scolarité. « deux propositions ont été choisies : accompagnement à la scolarité et l’exclusion. Ce qui a amené à des choses concrètes » (entretien n°2) « il y a ce que l’on souhaite et ce qui s’est déjà réalisé, c’est qu’il y a des choses concrètes qui se mettent en place. Ce n’est pas que des gens qui se rencontrent, parlent parlent, et finalement c’est jamais vraiment du concret, alors que là il y a du concret. Par exemple, il y a le dispositif sur les exclusions. C’est le plus concret, parce que les autres thématiques qu’il y a eu l’année dernière, sur l’affectif et l’accompagnement scolaire, on peut pas dire que c’est très concret. C’est des changements dans les têtes, dans les esprits, il y a des choses qui avancent, mais ce ne sont pas les fiches qu’on a produites qui sont très concrètes. L’exclusion, c’est vraiment un super argument, c’est la meilleure preuve, ça montre vraiment ce que l’on cherche à faire. », entretien n°14 Certains acteurs restent pourtant en attente de réponses concrètes à leur préoccupation, et ont exprimé leur frustration par rapport à cela. « les deux premières années j’ai trouvé cela intéressant, la 3ème moins, peut –être parce qu’on était en boucle, ou je sentais moins la finalité de la chose. Au bout du compte, c’est presque frustrant car j’ai l’impression qu’on a donné beaucoup, peut-être qu’on en attendait trop. J’ai l’impression qu’on a passé pas mal de temps, d’investissement, et que finalement, il n’y a pas grand-chose. », « c’est pas très lisible pour l’ensemble du collège. Cela existe c’est une bonne chose, mais ça n’apporte pas autant que l’on aurait pu espérer. Je trouve que cela n’apporte pas assez de liens avec les parents » (entretien n°5) Pour certains, ce manque de réponses concrètes à leurs attentes, s’explique par la tournure qu’ont pris les échanges, et les problématiques qui en sont ressorties. Cela s’est tourné vers des problématiques du collège, ce qui expliquerait aussi leur manque d’investissement et de mobilisation durant cette dernière année. « C’est vrai que le thème de l’exclusion était plus tourné vers le collège donc nous on s’est senti moins concerné donc on n’a eu moins envie de s’investir » (entretien n°10) « au départ de l’action, c’était quelque chose de plus global et posé, et là si on regarde, cela se centre beaucoup autour des parents, et du collège. Je pense que cela a coupé un peu le sens de l’action », (entretien n°19) Comment peut-on arriver à faire en sorte que tous les professionnels se sentent concernés dans cette action? Comment peut-on répondre à leurs attentes ? Enfin, il y a la mise en évidence d’un manque de visibilité de l’action, de la part des professionnels et des parents. « je me pose toujours la question, combien de familles sont touchées ?, combien on arrive à aider d’enfants ?, combien on en sort de la panade ? Nos actions sont-elles efficaces à long terme ? », (entretien n°4) 11
  • 12. « ces réunions elles sont bien, mais la fin c’est quoi ? Est- ce qu’il y a quelque chose qui se réalise ? »,( entretien parent) « je regrette aujourd’hui, mais c’est aussi de notre faute, le peu de visibilité que l’on ait de leurs actions. » (entretien n°10) Comment rendre plus de visibilité à tout ce qui relève de cette action ? La démarche de l’action, le fait de travailler avec les parents, a permis aux professionnels de se poser la question suivante : comment intervenir ensemble auprès des enfants ? Dans certaines situations, une relation de proximité avec les parents et l’institution a permis de mettre en place des actions concrètes de co-intervention, comme celle de la consommation de produits illicites. « Mais ce dispositif a apporté beaucoup de choses, par exemple là, suite à des diagnostics qui ont été fait, suite à des choses que j’ai pu entendre, je mets de choses en place pendant les vacances. Par exemple ; là je sais il y a de la drogue, on n’en a discuter avec des professeurs, avec des parents, donc on s’est dit qu’il faut faire quelque chose, faut pas laisser passer. Donc on a pensé à qu’est- ce que vous pensez des produits illicites ? Les gamins ont répondu, ils savent comment ça marche, mais ils ne savent pas les conséquences que cela peut apporter. Ils ne savent pas qu’ils peuvent être dépendant. Donc pendant les vacances d’avril, on fait intervenir une association. », (entretien n°13) En travaillant avec les parents, ils apportent des informations supplémentaires sur leurs enfants. Ainsi, les professionnels et les parents peuvent être complémentaires sur les questions éducatives. II/ regard sur l’équipe passerelle Les femmes passerelles sont reconnues comme étant acteurs de l’action « Questions Educatives ». Elles sont salariées du centre social, et participent à cette action. (« elles font parties de l’équipe », entretien n°8) a) Qu’est ce que les femmes passerelles apportent à l’action ? Les femmes passerelles partent de leurs vécus, « elles amènent leur propre vécu », leurs expériences pour :  Répondre à la solitude des parents : les parents ne sont alors plus seuls, ils peuvent se réunir, aller voir les femmes passerelles pour parler de leurs difficultés. Selon des parents : « moi cela m’a fait du bien, c’est comme si j’allais chez mon psy » « personnellement, je me rend compte que je ne suis pas la seule à avoir des problèmes. Les réactions des autres des unes et des autres permettent de relativiser et d’ajuster les réactions face aux enfants. Sans le groupe, je suis isolée. » « il faut dire aux mamans qu’elles ne sont pas seules. On leur explique dans notre propre langue. » 12
  • 13. Les professionnels ont conscience que ces groupes entre parents sont nécessaires, et que les femmes passerelles permettent ces temps d’échanges entre parents « on sent que les parents ont besoin d’échanger entre eux, les passerelles peuvent être ce temps où les parents puissent échanger sur leur rapport à l’école, leurs craintes. », (entretien n°6)  Valoriser la parole des parents : leur parole n’est plus individuel mais collective. Les parents peuvent alors voir que leur parole est pris en compte, et ainsi que leurs propos ont de l’importance. « au niveau des parents, elles sont un symbole, dans le fait qu’elle aient réussi collectivement, avec un accompagnement, à produire une recherche collective sur la question du décrochage scolaire et que cette recherche ait été validée par des institutions régionales ; ça montrent aux autres parents, que les parents ne sont pas des imbéciles (les parents disent souvent soit on est des cons, soit on nous prend pour des cons), les enfants ont aussi une fierté quand leur maman est dans le journal, c’est une fierté pour tout le quartier. »,( entretien n°3) « elles peuvent porter collectivement les paroles des parents », (entretien n°6) « c’est important car elles représentent les parents, on ne peut pas aller tous (les parents) aux réunions avec les profs, alors elles, elles y vont et nous représentent », (entretien parents)  Expliquer, aider, poser les choses : elles permettent aux parents de déverser leurs problèmes, d’exprimer les choses telles qu’elles les ressentent : « on vide notre sac », selon un parent. Les parents se sentent compris et écoutés. « Il faut permettre aux habitants, entre eux, de laver leurs linges sales en famille, de construire leur propre réflexion collective », (entretien n°3) « elles sont dans la masse, elles écoutent le malaise des gens, avec ce malaise, elles vont en discuter. », (entretien n°13) « elles apportent certaines réponses à nos questions », (entretien parent) « elles ont su confronter leurs problèmes, elles aident donc maintenant les autres à les affronter aussi », (entretien parent) « on met des mots sur nos problèmes », (entretien parent) « quand je suis venue avec mon problème, je me suis sentie comprise », (entretien parent)  Préparer, travailler la rencontre avec les professionnels en faisant un travail d’analyse des paroles des parents.  Apporter un savoir, une expertise, une méthodologie : dans leur travail fait en amont, elles ont réalisé une recherche, leur apportant des connaissances sur les questions éducatives. Aujourd’hui, elles apportent à l’action leurs savoirs sur ces questions éducatives, ainsi que leur méthode de travail (comme l’arbre des causes, l’arbre des conséquences, et l’arbre des solutions). « elles ont une bonne connaissance, elles ont beaucoup travaillé sur les questions éducatives » (entretien n°11) « ce qui m’a frappé, c’est ce côté cette expertise populaire sur une question particulière, qui s’explique car il y a un long travail derrière. Expertes d’une question, reconnues comme telles, par les pairs, mais aussi par des institutions. » (entretien n°9) « elles ont une expertise sur le monde scolaire, elles ont beaucoup échangé avec les professionnels, elles ont présenté leur travail », entretien n°6) 13
  • 14. « c’est intéressant que les problèmes soient abordés de différentes manières pour trouver des solutions ensemble, que l’on aurait peut-être pas trouvées si on restait chacun à réfléchir dans son coin., (entretien parent) « une habitude de travail, d’utiliser des méthodes qui permettent de travailler avec des parents […] Cette méthodologie crédibilise le travail avec les professionnels (ça permet d’entrer en contact de manière apaisée) » (entretien comité de suivi)  Relier les choses (entre professionnels et parents), elles permettent de rétablir ce lien entre les professionnels et les parents, en faisant découvrir à l’un et à l’autre, les difficultés de chacun, leur vie quotidienne… C’est « amener le quartier dans des sphères où il y est jamais » (entretien comité de suivi) « elles réussissent à rétablir un dialogue, individuel et collectif, entre des parents d’élèves et certains professeurs sur un mode assez simple, sur l’échange, »( entretien n°15)  Permettre de désinstitutionnaliser les professionnels, c’est-à-dire de les faire sortir des institutions et d’aller à la rencontre des parents  Apporter la connaissance du quartier, sur ce qu’est le quartier : habitantes du quartier et travaillant sur le quartier, « elles sont au cœur de la vie quotidienne du quartier » (entretien n°8). Ainsi, elles apportent à l’action une meilleure connaissance des besoins du quartier, des valeurs du quartier, de la vie quotidienne au sein d’un quartier… « porte-parole, facilitant le décryptage de ce que peuvent vivre les gens issus du quartier populaire, sur les problématiques des questions éducatives. », (entretien n°9) « une connaissance des parents du quartier, une connaissance du quartier en tant qu’entité (vécus, dynamiques, enjeux, risques, potentiels, dérives…) » (entretien comité de suivi)  Atténuer le fossé entre les professionnels et les parents : elles permettent de faire tomber les barrières entre les professionnels et les parents. « Par le simple présence et de la manière dont elles vont réagir, elles font tomber les représentations que les professionnels peuvent avoir, et cela peut déplacer le problème pour être sur du concret. », « facilitant aussi pour des professionnels le fait de faire tomber les a prioris que l’on a de toute façon, le fait d’être en contact avec elles, de les écouter, de voir comment elles fonctionnent, très vite il y a des a prioris qui tombent », (entretien n°9)  Porter une volonté pour que les choses avancent, pour que les parents et les professionnels aillent toujours plus loin dans leur réflexion, pour trouver des solutions aux difficultés rencontrées. « elles portent plus profond que nous la volonté de faire avancer », « elles y croient encore plus que nous », (entretien comité de suivi) « j’ai toujours été impressionné par l’énergie qu’elles avaient mis au début et ce qu’elles avaient pu faire sortir, » (entretien n°10) « maintenant elles s’arrêtent plus là, elles veulent avancer, connaitre encore plus », (entretien n°12) 14
  • 15. « elles sont du quartier, dans le quartier. Elles apportent une dynamique, une force, elles le communiquent à tout le monde, aux professionnels, et aux parents, c’est ce truc là qui donne envie d’avancer, c’est cette force là. Et à trop institutionnaliser, on risque de casser ça, alors qu’il y a que cette flamme là qu’elles ont qui peut soulever des montagnes. Ça peut disparaitre très vite. Une fois institutionnalisé, tu as des comptes à rendre, tu es dans des horaires, ça casse cette spontanéité. A chaque fois, faut demander des comptes à tout le monde, dès que tu fais quelque chose, tout le monde est en train de te regarder et de te surveiller. Comme il faut demander l’autorisation pour tout à tout le b) Leur rôle, leur mission tu n’es plus spontané, cela ne vient plus de l’intérieur de toi. Des fois monde, tu n’oses plus rien faire, cela te bloque carrément, par rapport aux contacts que tu peux avoir avec les habitants. En plus, elles sont pas censées aller à l’extérieur, alors que cela les ressource. » (entretien n°14) Les différentes personnes interrogées ont défini, caractérisé la mission des femmes passerelles, entant qu’équipe, au sein de l’action « Questions Educatives ». Selon ces personnes, elles ont :  Un rôle de mobilisation : Elles vont vers les gens, les sollicitent pour que les parents participent à des temps de rencontre entre pairs et qu’ils portent « une parole collective », la porter devant les professionnels. « elles vont vers les gens, et disent « venez au réunion »,( entretien parent) Ceci fait partie de leur mission mais selon certaines personnes, les professionnels peuvent aussi mobiliser. « tout ne repose pas que sur elles »,(entretien n°2) « elles ont pas une place facile, car on a tendance à totalement s’appuyer sur elles, alors qu’elles, elles sont démunies aussi. Donc c’est pas si simple, et tu peux pas non plus avoir de trop gros attentes. Cela peut les mettre en difficulté.» ( entretien n°8)  Elles créent du lien avec les parents : Elles sont en relation avec les parents du quartier. « elles sont vecteurs de liens dans le quartier avec d’autres parents », (entretien n°2) « elles sont précieuses », (entretien n°7) Habitant le quartier, les femmes passerelles ont des connaissances sur les familles, les parents, les écoles, dans lesquelles elles-mêmes ont eu des enfants scolarisés. « il y en a deux que l’on connaissait bien à l’école car c’était des mamans d’élèves de l’école », (entretien n°10) « Elles connaissent la plupart des gens », (entretien parent). « c’est essentiel qu’elles soient dans le quartier et que des parents puissent se rencontrer, se retrouver ensemble, pour échanger sur leurs préoccupations de leurs enfants », (entretien n°6) Cette proximité avec les habitants du quartier permet selon elles, de les « mettre en confiance » et « de les déculpabiliser », en leur montrant qu’ils ne sont pas seuls. De plus, les parents s’identifient à elles, car elles ont connu elles aussi, des difficultés avec leurs enfants. Cette identification des parents font qu’elles sont légitimes à leurs yeux. « il y a une identification », (entretien n°3) « elles ont des enfants, cela les a aidé. Elles ont eu et donné des solutions. En tant que maman, elles savent quoi dire et comment cela se passe », (entretien parent) 15
  • 16. « elles se sentent touchées par nos problèmes » (entretien parent) « elles ont eu des problèmes avec leurs enfants, donc elles connaissent les choses »,( entretien parent) « c’est important qu’elles habitent et travaillent dans Pierre-Bénite. Elles connaissent beaucoup de gens. Et je les connais donc je sais qu’elles ont vécu plus que nous. Elles nous jugent pas. », entretien parent  Elles permettent aux parents d’avoir du poids face aux institutions : Elles permettent aux parents de se sentir soutenus, de leur donner plus de courage pour aller vers les professeurs, d’entrer dans les institutions. « elles rééquilibrent les choses, parce que sinon les parents sont tous seuls, ils font pas le poids face à des professionnels. » (entretien n°14) « quand les mamans se savent soutenus, guidés, elles peuvent oser aller au collège » (entretien parents) « cela permet de donner une place aux parents, et ça positionne dans une logique égalitaire des gens qui face à des établissements publics du type Education Nationale, ce n’est pas facile d’être à leur place. C’est le collectif qui permet cette audace. », (entretien n°15)  liens avec les professionnels : Elles ont développé une relation avec les professionnels. Elles participent à différentes réunions, comme le conseil d’école. Ceci leur permet de mieux connaitre les professionnels, leur mission, leur préoccupation… « elles impliquent les professionnels à venir donner leur avis », (entretien parent) « elles font le lien entre des professionnels qui sont de l’Education Nationale ou de services sociaux. Chacun doit rester à sa place mais travailler ensemble. Elles ont une bonne connaissance des missions que peuvent avoir chaque professionnel. », (entretien n°11) De plus, elles sont elles-mêmes reconnues comme étant des professionnels. Elles ont comme une double casquette : elles sont mamans, ce qui leur permet de faire du lien avec les parents et elles sont professionnelles, ce qui leur permet de faire du lien avec les professionnels. « elles ont plus de pouvoir que les parents, et peuvent plus appuyer par rapport aux professionnels car elles ont de l’expérience et ce sont des professionnels » (entretien parent) Elles permettent aussi au centre social d’entrer en contact avec d’autres structures de Pierre-Bénite ou à l’extérieur de Pierre-Bénite, comme la MJC, le collège,… et aussi lors de leur intervention à l’extérieur comme CIO, IRDSU… « elles vont vers les professionnels, du collège, des écoles. Elles rencontrent les élus. », (entretien n°12) « elles créent du lien avec l’équipe municipale » (entretien n°22)  Leur travail en amont et leur expertise leur permette d’avoir une certaine légitimité par rapport aux professionnels : Avant d’être vacataires au centre social, les femmes passerelles ont travaillé sur les questions éducatives. Par ce travail, elles ont acquis une notoriété, et une légitimité au regard des 16
  • 17. professionnels, qui prennent en considération leur travail fait en amont, et qui a permis de faire naitre l’action « Questions Educatives ». « leur travail fait en amont (UPP..) leur a permis de gagner une légitimité » (entretien n°1)  Rôle de médiation : Elles sont dans une situation intermédiaire, et se trouve entre les habitants et entre les professionnels. Elles sont neutres par rapport aux deux groupes de pairs. Elle permettent de faire remonter les problématiques des parents, leurs préoccupations. « c’est un rôle de médiation entre ce qu’elles auront échangé avec leurs pairs et comment elles vont pouvoir nous aider à faire remonter, à les faire venir pour qu’ils rencontrent des professionnels » (entretien n°1) « elles sont ni avec le collège, ni avec les habitants, elles sont médiateurs avec vraiment un rôle de neutralité » (entretien n°13) « elles sont entre nous et les professionnels. Elles comprennent les professionnels et elles nous comprennent nous. Elles sont au milieu, la passerelle entre nous », (entretien parent) Il y a aussi la notion de confidentialité. Elles doivent garder pour elles les préoccupations individuelles et faire remonter aux institutions les préoccupations sous la forme collective. Cette notion est importante, car cela permet aux parents de venir se confier en toute sérénité, en toute confiance. Certains parents ont encore cette appréhension de venir leur confier leurs problèmes. « Je pense que si les parents pensent qu’elles sont du côté des institutions, c’est qu’elles connaissent pas la charte des femmes passerelles. Nous les femmes passerelles, nous sommes avec vous, voilà notre droit, notre devoir. Donc là ils verront qu’ils sont ni avec le collège, ni avec les habitants, mais sont médiateurs, avec vraiment un rôle de neutralité. C’est vrai qu’elles font parti des habitants, et il y aussi à travailler avec la confidentialité. » (entretien n°13) Comment peut-on rassurer les parents sur cette question de confidentialité ? « on les connait mais voilà. On leur dit bonjour c’est tout. L’éducation des enfants ça reste en famille, on ne peut pas en parler. On ne peut pas tout dire, le profond on ne peut pas en parler, même les enfants, ils aimeraient pas. Ils me disent : « maman, c’est personnel !. On a été convoqué, on ne peut pas ébruité, c’est personnel», (entretien parent)  Rôle de relais Pour les institutions, elles permettent de relayer les paroles des parents et ainsi leur permettre de mieux les connaitre, de mieux cerner leurs préoccupations. Elles permettent aussi de créer du lien entre les professionnels et les habitants. « pour moi elles sont une courroie de transmission entre l’institution et les familles », (entretien n°4) « nous faire remonter les questions, les angoisses des parents d’aujourd’hui, c’est vrai qu’on les connait pas ou très peu, » (entretien n°10) 17
  • 18. « c’est grâce à elles qui ont le lien entre les parents et les professionnels. Sans elles, la dynamique des groupes n’existeraient pas » De plus, un professionnel ajoute que ce rôle de relais qu’ont les femmes passerelles, cela permet de « désacraliser l’école », c’est-à-dire de donner une autre image de l’école, plus proche des parents, plus accessible, et ainsi atténuer les appréhensions et les craintes des parents par rapport à l’institution scolaire. Réflexion : Quand les acteurs parlent d’équipe passerelles, parlent-ils des 4 femmes passerelles, ou des femmes passerelles accompagnées ? Elles sont une équipe, les différents acteurs ont conscience que ce travail des femmes passerelles est fait en équipe, mais peu de personnes abordent la question de l’accompagnement de cette équipe. Aujourd’hui, alors que de nombreuses personnes interrogées posent la question de l’accompagnement individuel, ceci ne fait pas parti de leur mission actuelle. C’est une question qui reste à travailler. « pour moi, c’est qu’elles m’accompagnent jusqu’au collège et tout qui serait bien. Ça serait bien quand on a un gros problème. Mais est-ce que c’est leur travail ? je ne sais pas. Une ou deux passerelles qui accompagnent devant ou dans le collège. », (entretien parent) Le mot passerelle : à quoi fait- il référence selon les différentes personnes interrogées? Entre le fossé creusé passage entre les parents et les Passer à la réalité professionnels des choses Une relève Lien avec d’autres de l’équipe actions (santé, sport…) passerelle à Signification du d’autres personnes mot passerelle après nous Lien entre école et famille Faire le pont Tout faire passer C’est partir d’un entre parents et côté et arriver à un professionnels autre côté pour pouvoir réguler les problèmes qui existent 18
  • 19. Une question a aussi été soulevée : et si les femmes passerelles arrêtent leur mission ? Ceci amène l’idée que l’action serait dépendante de cette équipe et voir même de ces femmes. En effet, pour certains, si elles arrêtent, « personne ne pourrait faire ça » (entretien n°20) ; « je ne pense pas que d’autres seraient capables de faire tout ce qu’elles ont fait » (entretien n°24). Ce sentiment exprimé qu’elles sont irremplaçables, est expliqué par le fait « qu’elles ont le beurre quelqu’un qui commence avec eux, il n’a pas d’expérience » (entretien n°17). ; « elles sont formées en quelque sorte, une formation du tonnerre » (entretien n°14) Pour d’autres, il faut qu’elles passent le relais. « l’action, si elles doivent arrêter, faudrait qu’elles passent le relais. Il faut qu’elles passent la main, parce que quand un dispositif est porté depuis trop longtemps, on ne sait plus si c’est la personne qui prend le pas sur le dispositif. Ce sont les compétences qui doivent rester et que les capacités partent avec les personnes, et donc qu’il y ait un transfert de compétences avec les nouveaux » (entretien n°19) Un professionnel ajoute que l’objectif à long terme c’est que l’on n’ait plus besoin de ces femmes, car « les parents auront ce reflexe d’échanges entre eux, avec les référents d’école, avec les enseignants ». C’est comme si les parents auront intégré totalement cette manière de travailler ensemble et avec les professionnels ; et que cela se fera de façon autonome. Enfin , certains parents envisagent la suite sans les femmes passerelles, mais les prochaines personnes devront avoir certaines qualités comme l’écoute, « être à l’aise dans sa façon de parler et ne pas avoir peur de foncer » (entretien n°21) III/ Evolution et valorisation du travail des femmes de l’équipe passerelle a) Compétences développées L’équipe passerelle est constitué de 4 femmes, ayant chacune développé des compétences, à partir de leur travail effectué.  Oser dire : elles ont gagné en confiance en elles, en assurance. Elles osent aller vers les enseignants, vers les professionnels. Tout ceci leur a permis d’avoir une autre image d’elles. (« elles ont développé une fierté d’elles », entretien n°3) « aujourd’hui elles prennent vraiment toute leur place quand on a des réunions de travail. Au début, les réunions auxquelles elles pouvaient assister avec des professionnels, la plupart du temps, c’était Jocelyne qui parlait au nom des femmes passerelles ; aujourd’hui, Jocelyne n’est pas toujours là, mais même quand elle est là, elles s’expriment, elles prennent la parole, elles prennent l’initiative de dire des choses. Ceci fait partie aussi de la reconnaissance qu’elles ressentent, elles se sentent reconnues donc légitimes pour parler. » , (entretien n°9) « elles n’ont plus cette honte d’aller vers les professionnels, de prendre un rendez -vous, d’aller voir ce qui se passe avec leur enfant, parce qu’avant elles osaient pas, parce qu’elles ne parlaient pas très bien de français, parce qu’elles avaient honte. Il y a un gros travail avec les professionnels, elles osent plus. », (entretien n°12) 19
  • 20. Techniques d’animation : au fur et à mesure des années, elles ont appris des techniques d’animation. Ainsi, elles sont dans la capacité d’animer des temps de travail, par exemple, les pauses café dans les écoles. Aujourd’hui, elles ne sont pas autonomes et sont encadrées par des professionnels. Comment peut-on leur permettre de mettre en pratique cette compétence là ?(« elles ont développé des techniques d’animations »,entretien n°9) Cependant, l’accompagnement et la présence d’un professionnel durant les pauses café semble être une volonté de plusieurs acteurs. En effet, les enjeux autour de cette action sont importants, ainsi la présence d’un professionnel permet de rassurer certains acteurs. De plus, les femmes passerelles seraient-elles aujourd’hui, capables d’animer et en même temps prendre en note les paroles des habitants ?  Expression orale : elles ont dû présenter leur travail de nombreuses fois, devant un public de professionnels et/ou de parents. Ceci leur a permis d’être plus à l’aise dans leur présentation orale de leur travail. De plus, elles utilisent de plus en plus de vocabulaire spécifique, précis. « elles ont un sacré talent dans la manière dont elles présentent leur travail à chaque fois. C’est très vivant à chaque fois, et très efficace car on arrive à avoir des financements à chaque fois, ce qui est bien pour le centre social. », (entretien n°9) « elles ont acquis des compétences dans l’art de présenter ce qu’elles font à l’oral et à l’écrit, visuellement. Elles ont développé des compétences d’intervenir à l’oral, d’interpeller. », (entretien n°7) « elles acquièrent beaucoup de vocabulaire, et de mots spécifiques. », (entretien n°3)  Mobiliser les gens : elles ont cette facilité à prendre contact avec le public, mais un professionnel met en évidence le fait qu’elles ne sont pas là que pour cela. « Pour les professionnels et financeurs, pour eux, ce sont elles qui sont le mieux placé pour faire mobiliser. Je comprend que l’on puisse penser ça, car elles peuvent avoir des conversations informelles, avoir des occasions pour pouvoir en parler. Mais après mobiliser avec des tracts, je pense quand même que les gens ils en ont ras-le-bol de les voir. On leur demande beaucoup d’aller tracter, qu’est ce qu’ils attendent vraiment d’aller ? est ce que c’est ça d’aller tracter, mobiliser à chaque sortie d’école ? C’est vrai qu’à certains endroits elles pourront faire des liens que nous on pourra jamais faire, c’est ça l’intérêt. Mais après aller tracter tout le temps, je trouve que c’est épuisant. Et comment elles sont vues après ? c’est un peu racoleur. Donc je ne sais pas en fait, mais je ne pensais pas ça au début ; c’est le fait de le vivre avec elles, de passer du temps avec elles . Maintenant je suis plus trop sûre que cela soit leur rôle, ou peut être ponctuellement. » (entretien n°14)  Connaissances du quartier : elles connaissaient le quartier en tant qu’habitantes. Avec ce travail, elles ont une autre image du quartier. « elles en étaient donc il y a une connaissance de vie, aujourd’hui elles le travaillent, elles ont un autre regard » (entretien n°3) 20
  • 21.  Prise de recul (par rapport à leur vie personnelle et par rapport aux institutions) Par rapport à leurs difficultés, cela leur a permis de prendre de la distance, de travailler sur leurs émotions, d’affronter leurs difficultés autrement, et de se remettre en question sur la manière dont elles se comportent avec leur enfant. « un travail de prise de distance, aussi dans leur pratique de parents, par exemple, elles se sont rendu compte qu’en voulant trop protéger l’enfant, on lui rendait pas service, c’est toute une intelligence collective», (entretien n°3) « ça m’a permis d’avoir plus d’assurance, affronter nos soucis, et mes problèmes. », « j’ai appris à savoir qui je suis et où je vais, »( entretien femmes passerelles)  Analyser : elles ont appris à analyser les paroles des parents pour ensuite faire avancer les choses. (« analyser les paroles, identifier les causes, les conséquences », « analyser pour avancer », femmes passerelles)  Ecouter l’autre : elles ont appris à écouter l’autre, parents et professionnels, en essayant de se mettre à leur place. « donner et s’enrichir : on apprend à partir de ce que les autres disent, font avec leurs parents, » (entretien femmes passerelles)  Travailler en équipe et avec les professionnels : elles sont une équipe de quatre femmes, cela leur a demandé d’apprendre à travailler ensemble avec les qualités et les défauts de chacune. « on s’est corrigé…on s’est amélioré pour travailler en groupe, s’adapter, s’accepter. On a appris la vie du groupe. On se complète : une se met plus en avant, l’autre est plus à l’écoute. On s’adapte »,( entretien femmes passerelles) De plus, elles ont appris à travailler avec les professionnels. Ceci leur a permis de « travailler côte-à-côte, d’égal à égal ». Le travail avec les professionnels, est alors un travail dans le respect de chacun, un travail en partenariat. b) Les femmes passerelles : leur avenir en tant que personnes En partant de leur compétences acquises, certains professionnels ont envisagé un avenir professionnel possible pour elles, en tant que personnes. Le principale domaine évoqué est celui du social. Celui-ci demande des compétences d’écoute, de contact avec le public, comme travailleur social. « Elles pourraient rebondir sur d’autres projets de démocratie participative comme il y a sur d’autres territoires ; ou dans des structures qui accueillent beaucoup de parents, comme en crèche, à l’accueil, qui est le premier endroit où les parents vont aller parler, donc un rôle d’écoute. Donc dans des métiers demandant un rôle d’écoute, de contact avec les gens. Elles sont en capacité d’aller plus loin, d’analyser les besoins des parents, et de les orienter en fonction de leur besoin. Rôle d’accompagnement. » (entretien n°1) (« elles pourraient faire comme ceux qui viennent, les travailleurs sociaux, qui viennent chez les familles. Je trouve qu’elles peuvent créer du lien, entrer dans la confiance, comme médiateur social. Un travail avec les familles, en sachant ce que chaque institution ce qu’elle fait. Par exemple, l’assistante sociale a dû mal à entrer en contact avec cette famille, ba elles y vont, elles discutent et essayent de recréer ce lien. Après c’est peut être de l’intrusion dans les familles, et d’un côté plus de 21 l’individuel que du collectif, mais d’un côté c’est d’abord de la revalorisation de soi pour après entrer dans du collectif. C’est de l’individuel et du collectif en même temps.», entretien n°13)
  • 22. Certains évoquent des métiers, où elles seraient en relation avec les enfants, dans le domaine éducatif. « cela dépend de quelle femme. Elles ont en capacité de travailler dans des métiers proches de tout ce qui est éducatif, ATSEM… », (entretien n°2) Mais on peut se poser la question : « y a-t-il un métier qui existe sur ces compétences là ? » (entretien n°6). Un acteur pense qu’elles risquent « de perdre » ces compétences, car « on ne part pas des compétences pour créer un poste, mais il y a des fiches métiers ». (entretien n°3) Quels postes peut-on proposer aux femmes passerelles qui regroupent toutes les compétences qu’elles ont acquis ? De plus selon un professionnel, il ne faut pas imaginer les femmes passerelles dans un travail individuel mais collectif, demandant un travail en équipe. « quand je vois en quoi on les imagine, on les voit que dans des choses individuelles, alors que ce qui fait leur force c’est le collectif. C’est comme si on niait toutes leurs compétences » (entretien n°14) IV/ Evolution de l’action « questions Educatives » et diffusion de l’expérience de celle-ci sur le territoire a) Evolution de l’action sur le territoire Les différents acteurs souhaitent que l’action « Questions Educatives » continue sur le territoire de Pierre-Bénite. Pour cela, il y a des pistes qui ont été proposées pour l’avenir de l’action :  Redévelopper le travail avec les professionnels : différentes propositions sont faites pour permettre de relancer la mobilisation des professionnels et ainsi le travail avec eux : * « créer différents lieux de rencontre avec les parents » (entretien n°6), c’est-à-dire des temps, qui pourraient reposer sur le même principe que les pauses café parents, mais là il y a les parents et les professionnels. * « il faut absolument que l’on arrive à des moments, une fois par trimestre, que l’on lance sur un thème donné, arriver à réfléchir » (entretien n°11). Il s’agirait pour les professionnels, de se fixer une date par trimestre pour se réunir sur un thème précis. * « dans les heures que l’on a, il y a des conseils de cycle, elles peuvent aussi nous faire remonter des sujets, des questionnements, que l’on peut traiter en conseil de cycle, ou en conseil des maitres. », entretien n°10. Ici l’idée serait que les femmes passerelles proposeraient des problématiques, des questions qu’elles ont pu rencontrer lors de discussions avec les parents, et qui seraient travaillées entre professionnels, lors du conseil de cycle ou du conseil des maitres. 22
  • 23.  Revoir les 14 propositions et travailler sur certaines : après le travail d’enquête qui avait été réalisé, 14 propositions avaient été co-construites. Certains acteurs proposent de voir quelles sont les propositions qui n’ont pas été travaillées, et de voir si l’on peut mettre des actions en place par rapport à ces propositions. « il y a un réservoir de 14 propositions, il faudrait qu’on les revisite pour voir ce qui pourrait être mis en place. Aujourd’hui, soit on arrive à relancer, à restructurer un peu plus une participation professionnelle, et du coup ça repartira, ça redonnera du sens à l’action, à la démarche comme je l’ai connue au début, avec les croisements, et on en ressort une problématique forte et on met en place des dispositifs. Soit on n’y arrive pas, dans ce cas là, il faut revoir les 14 propositions et les actions que l’on peut mettre en place, et on met en « stand by » la partie réflexion entre pairs. J’ai un peu peur que tout le monde s’essouffle, parce que l’on n’a pas beaucoup de mobilisation sur la partie réflexion. », entretien n°9  Créer plus de liens avec les jeunes : pour l’avenir de l’action, certains acteurs proposent de solliciter plus les jeunes, de travailler plus avec eux, comme cela était le cas avant, avec Jocelyne. « avant, des femmes du quartier, on travaillait beaucoup avec Jocelyne, on discutait beaucoup avec les jeunes, ils nous respectaient, ils nous connaissaient. Et eux aussi, ils nous ont fait passer beaucoup de messages qu’ils ne peuvent pas faire passer à leur parents. C’est touchant d’entendre cela entre parents et enfants, mais nous on était pas leurs parents. Avant on travaillait beaucoup avec les jeunes. Les parents s’il n’y a pas de soutien pour les jeunes, les parents ne sont pas aidés aussi.», entretien n°12  Faire des actions plus concrètes, pour que cela soit plus visible par les habitants et les professionnels. Certains parents ont dû mal à voir la finalité des réunions, c’est-à-dire à quoi mène ces temps de rencontre entre pairs. De plus, il y l’idée qu’il ne faut pas que cela dépende que d’un seul partenaire, (pour cette année ce fut le collège) mais de plusieurs, pour que le public concerné soit plus diversifié. « trouver des solutions en réalité pour notre problème. On parle ensemble, on trouve des solutions mais il faut qu’on commence à pratiquer. Ca fait 2ans qu’ils parlent, parlent, c’est bon, ils ont bien parlé. Je souhaite un minimum de solutions dans la pratique. Ça donnerait envie de travailler, d’avoir confiance en eux. » (entretien parent) « on parle des enfants et tout. Au collège, il y a plus de problèmes. Comment agir avec les parents ? Ces réunions elles sont bien, mais la fin c’est quoi ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui se réalise ? » (entretien parent) « l’action existe, il y a toujours des choses qui se passent sur le territoire, mais les gens y trouvent moins d’intérêt. Au début, cela a fonctionné parce qu’il y avait des échanges entre professionnels et habitants. Mais là cela s’essouffle un peu parce que les gens aimeraient que le changement soit plus rapide ; les effets ne sont pas perçus. Ceci joue dans la motivation des acteurs. Là où il y avait beaucoup d’attentes, les effets ne sont pas perçus, donc il y a des démotivations. Au forum, il y a de moins en moins de gens qui viennent. Faudrait peut être que l’on reviennent à des choses plus basiques. Les gens viennent chercher cette boite à outils, pour se rassurer, pour se sentir moins seul. Je pense que cela reviendra quand on remobilisera tout le monde. Je pense aussi le fait que l’on se soit fixé que sur un seul partenaire, une seule structure, le collège, cela a pu démotivé 23 ceux qui ne sentent pas concernés. » (entretien n°19)
  • 24.  Faire en sorte que cette action ne soit plus « quelque chose que l’on vit à part » : certains professionnels expliquent que la démarche de cette action n’est pas intégrée à d’autres actions présentes sur le territoire. Ainsi, les professionnels, participant à cette action, ne mettent pas en pratique cette démarche dans leurs pratiques professionnels au sein de leur structure. « La démarche aujourd’hui, a été construite en parallèle avec les activités de démarche régulière, que ce soit des activités associatives que des activités municipales (il y a des conseils de parents d’élèves, et parallèlement, il y a une démarche « Questions Educatives ») Construction en parallèle car on voulait un changement de posture, et de pas être dedans pour ne pas être happé par le fonctionnement du truc qui tourne depuis 20 ans. », (entretien n°1) « les pratiques de chacun, quand ils vont organiser un conseil de disciple ou les réunions à la DAE… il faut se poser de questions, pas avoir l’action Questions Educatives et le reste. Moi je ne peux pas dire si cela a changé parce que je suis là que depuis un an, mais moi ce qui me frappe c’est que c’est quand même séparé, il y a Questions éducatives, on fait des choses d’un côté et puis il y a tout le reste. C’est pas comme ça qu’il faut faire, je suis peut être un peu trop idéaliste. », (entretien n°14)  Ouverture de l’action sur tout le territoire de Pierre-Bénite : il y a une volonté de la part des parents et des professionnels que l’action « Questions Educatives », et des projets qui en découlent, soit pour tous les quartiers de Pierre-Bénite. Certains évoquent avec regret, que cette action concerne surtout les habitants du quartier des Hautes-Roches. Il y a par la même occasion, une volonté de mixité sociale. « j’aimerais bien que cela continue et que cela soit ouvert sur tous les quartiers de Pierre- Bénite, car c’est surtout les parents du quartier des Hautes-Roches qui viennent aux réunions » (entretien parent) « il faut que cela s’ouvre à toutes les écoles du quartier. Maintenant, c’est une action qui tourne bien, mais mon soucis à moi, c’est que l’on doit créer du lien si on veut réussir la mixité sociale, et le vivre-ensemble. L’action « Questions Educatives », elle doit nous amener sur le terrain du vivre ensemble, du respect de l’autre, de la tolérance. » (entretien n°22) « Il faut qu’elles (les femmes passerelles) soient en capacité de construire et d’entendre d’autres parents que ceux de classes populaires, de part leur professionnalisation », (entretien n°1)  Continuer les groupes de travail : les professionnels et les parents ont exprimé leur volonté que ces groupes de travail, d’échanges entre pairs continuent. Selon un professionnel, « les groupes de travail sont importants et intéressants, même au sein d’un même corps de métier, car c’est une manière de croiser les regards, et on se rendait compte que l’on n’avait pas la même vision des gamins, et que l’on n’avait pas les mêmes problématiques » (entretien n°19) Selon un parent, « ce serait bien que cela continue […], plus il y aura de parents, plus il y aura de questions et plus elles trouveront des solutions à comment résoudre les problèmes avec les parents et les professionnels ». Un autre parent ajoute, « qu’il faudrait plus de réunions dans le mois. ».  Refaire des temps de croisement : les professionnels et les parents n’ont pas eu de temps de croisement cette année. Les parents et les professionnels ont exprimé leur intérêt porté sur ces temps de rencontre et d’échange. « il faut une démarche qui continue avec des croisements » (entretien n°2) 24
  • 25. « cela serait bien qu’il y ait plus de professionnels, les rencontrer plus pour voir ce qu’ils pensent », (entretien parent) « déjà juste que l’on puisse parler, que l’on puisse dire ce que l’on pense aux professionnels, c’est du concret. Rien que le fait de se rencontrer et comprendre l’autre c’est déjà beaucoup » (entretien parent) Certains parents proposent de faire une réunion avec les professionnels durant laquelle les enfants seraient conviés. Comment la présence des enfants au sein de ces réunions est-elle envisageable ? Est-ce la place des enfants ? « j’aurais voulu qu’il y ait les professionnels, les parents et pourquoi pas les enfants, pour faire un débat ensemble. Quand je rentre, il me demande cela l’intéresse. Ce serait bien qu’il puisse dire ce qu’il pense, au moins une fois, une réunion tous ensemble » (entretien parent) « elles peuvent continuer à faire ces réunions, on peut peut-être amener nos enfants, pour connaitre les profs et tout » (entretien parent)  Travailler sur l’image du collège et sur la problématique collège public/collège privé L’image du collège de Pierre-Bénite est un sujet qui est présent lors d’entretiens avec les parents, et les professionnels du collège. En effet, un professionnel fait le constat que : « les personnes qui habitent dans les petites maisons, ne viennent pas du tout chez nous, soit ils ont eu des dérogations pour les collèges d’Oullins, ou dans les collèges privés. Les parents pensent qu’au collège public on travaille pas bien, on fait de mauvaises fréquentations. » (entretien n°4) Les parents s’orientent alors vers les collèges privés. Un parent avoue ce choix en indiquant : « moi mes filles je ne vais les mettre au collège de Pierre-Bénite parce que j’ai des mauvais échos ». Pour lutter contre cela, il faut selon cette personne que « le collège ait une meilleure réputation et de meilleurs résultats ». Comment redonner aux parents une meilleure représentation du collège ? J’ai pu constaté qu’au sein de ce collège de nombreuses filières existent (sport étude, classe bilingue…). Comment mettre en avant ces dispositifs proposés, pour donner au collège une autre image ?  Certains acteurs parlent de « personnification de l’action », ce qui amène la question suivante : l’action « Questions Educatives », peut-elle continuer si les femmes passerelles arrêtent leur mission ? Pour certains, « ce sont des personnalités qui ont permis à cette action de naitre, de continuer sur le territoire. Si elles arrêtent cela changera l’orientation de l’action. » (entretien n°1) Ainsi, elles apparaissent comme étant indispensables à l’action, telle qu’elle est aujourd’hui car, « si on n’a plus les femmes passerelles sur l’action « Questions Educatives », ça va manquer, là on n’aura plus de liens avec le collège. », (entretien n°13). Pour d’autres, elles doivent passer le relais à d’autres personnes. (« il y a un moment où il faut aussi qu’elles retrouvent une motivation ou qu’elles trouvent d’autres relais », entretien n°10) (« faut qu’elles soient aussi relais vers d’autres mamans, et partir ensuite vers les compétences qu’elles ont acquises vers d’autres projets professionnels pour elles, et peut-être passer le relais à d’autres mamans ou d’autres papas, dans ce rôle qui est semi- professionnel. », entretien n°7) 25
  • 26. Remarque par rapport à la mobilisation : l’action aujourd’hui, rencontre une difficulté de mobilisation des parents et des professionnels. Selon un acteur, « si on arrive à remobiliser les professionnels, derrière les parents suivront », c’est comme si il y a un lien de cause à effet, entre la mobilisation des professionnels et la mobilisation des parents. Les temps de rencontre entre professionnels n’ont pas eu lieu cette année. Seuls les parents se sont réunis. Les professionnels réclament ces temps de rencontre. « les enseignants ont toujours été partie prenante, donc les enseignantes participeraient à des animations si c’était fait d’une façon ponctuelle sur l’école, » (entretien n°11) « cette année, j’ai vu personne […], il n’y a pas eu d’échanges entre le groupe, on n’a pas été sollicité », (entretien n°6) Cette difficulté rencontrée amène aux questions suivantes : * Comment faire participer les habitants ? * Comment faire participer les professionnels ? * Comment réinvestir les parents et les professionnels dans une dynamique collective pour permettre ensuite de faire des temps de croisements ? Certains professionnels mettent en évidence le « trop » de sollicitations. « Il y a aussi beaucoup de sollicitations. Ils sont sur sollicités, quelqu’un qui veut vraiment faire tout, répondre à toutes les sollicitations. Si tu as plusieurs enfants, si tu les inscris à plusieurs choses, tu as pleins de réunions, en début , enfin, pendant, comment tu fais ? Ce n’est pas possible donc c’est vraiment compliqué. », (entretien n°14) Chaque institution, chaque structure sollicite les parents à venir à des temps de rencontre. Ceci pourrait expliquer que par manque de temps, les parents ne peuvent pas répondre à toutes les sollicitations, mais cela n’est pas exprimé du côté des parents. Comment faire pour qu’il y ait une certaine cohérence dans les différentes sollicitations ? b) Evolution de la mission des femmes passerelle Les différentes personnes interrogées ont évoqué l’évolution de la mission de l’équipe passerelle. Pour certains, il ne faut surtout pas oublier qu’ « il faut que cela corresponde à un vrai besoin » (entretien n°22), un besoin qu’ont les gens du quartier. Pour l’évolution de leur mission, il faut donc partir des attentes des habitants, de leurs besoins. On garde ainsi la spécificité de la démarche : partir des habitants.  leurs conditions de travail : il y a une volonté qui est mise en évidence, celle que les femmes passerelles participent à plus de réunions, à plus de projets… « si j’ai un souhait c’est qu’elles élargissent leur temps de rencontre avec d’autres parents, arriver à mieux se faire connaitre, communiquer pour que les parents trouvent des lieux où échanger avec d’autres, être rassuré, reprendre confiance en eux, décrypter, faire le chemin qu’elles ont fait elles en tant que mamans. », (entretien n°6) Ceci amène le problème de leur emploi du temps. En effet, elles ont un contrat de travail avec un nombre d’heures insuffisant pour leur permettre de participer à toutes ces propositions qui ont été faites. (« je me demandais qu’il y a une limite aussi à ça, ces dames du centre social, ne sont pas là toute la journée, elles n’ont pas un salaire énorme, on ne va pas leur demander sans arrêt de venir, de se déplacer », entretien n°4) 26
  • 27. Est- ce possible d’augmenter leur nombre d’heures travaillées pour qu’elles puissent s’investir plus dans leur mission et répondre aux différentes sollicitations des différentes institutions ? « elles ont des horaires que personne n’accepterait. On dit qu’il faut qu’elles se professionnalisent et tout, mais faut vraiment être engagé, être militant pour accepter. Quand elles viennent à nos réunions, c’est toujours pour deux heures, c’est le vendredi matin tôt, le vendredi soir, les autres soirs de la semaine, alors qu’elles ont des enfants. Pour les professionnels, c’est même pas la peine de proposer une réunion le vendredi. Pour les habitants, ca nous dérange pas de demander, alors que pour nous-mêmes, à part le centre social car on a d’autres pratiques. Elles ont pas beaucoup d’heures, on nous dit tout le temps, faudrait faire si avec les femmes passerelles, même si c’est une évolution positive, mais elles sont là quand, faudrait qu’elles fassent tout, les attentes des professionnels sont complètement déconnectées. A la fois, faudrait qu’elles soient partout, mais faudrait pas leur donner de vraies conditions de travail. » (entretien n°14) Ce problème de manque de temps amène la question de leur statut. En effet, elles ont un statut précaire, qui pour certains professionnels n’est pas assez précis, assez clair. « ce qui n’est pas très clair, c’est au niveau de leur statut. Finalement, elles sont femmes passerelles, mais elles ne sont pas salariées, on ne sait pas très bien ce qui l’en est, elles sont bénévoles, salariées ? Elles y gagneraient que cela soit clarifié. » (entretien n°8) Quel serait pour elles, le statut le plus adapté ? Certains professionnels parlent d’adulte relais. « moi ce que je voyais, où on en est, c’est qu’elle reste en équipe et qu’il y ait des contrats adultes relais, car cela leur garantit un accompagnement, et au niveau financier, c’est plus intéressant » (entretien n°3) D’autres professionnels proposent d’augmenter leur temps de travail en réduisant leur nombre au sein du groupe. Cela signifie que deux ou trois d’entre elles se professionnalisent, acquièrent plus de temps de travail et ainsi un emploi moins précaire. « Est-ce que à terme il faut garder autant de personnes, elles sont 4 aujourd’hui, sur un petit temps de travail, ou est-ce qu’il faudrait mieux que ce soit 2 femmes, mais sur un plus grand temps de travail » (entretien n°1) « dans l’augmentation du temps de travail, au niveau du centre social, ça serait intéressant car je pourrais injecter des paroles d’habitants dans différentes actions, par rapport à l’accompagnement à la scolarité, au centre de loisirs. Après faut voir avec elles, comment elles peuvent vivre ça, faut pas qu’elles le vivent comme si on les utilisait. A la mairie aussi qu’ils essayent de développer une politique participative, elles pourraient apporter de la plus-value. Il est important que l’on ne réfléchisse pas que sur le court terme. Le dispositif adulte relais est intéressant car on part sur des longues périodes de contrat aidé, mais ceci dit il y a quand même un volet important de professionnalisation. Donc comment on travaille ce volet là de professionnalisation sur ce type de poste ? Comment on reconduit ces missions sur le territoire à un moment ? C’est tout cela qu’on doit travailler. Il faut réfléchir à cela avant de créer les postes. Réfléchir à comment on fait après, et de si elles restent sur le territoire, ou si elles vont ailleurs.» (entretien n°9) 27
  • 28.  question de l’accompagnement individuel : les professionnels et les habitants parlent de l’accompagnement individuel. C’est un sujet qui est très présent dans les attentes de chacun, mais les professionnels et les parents s’interrogent : « est-ce qu’elles doivent accompagner des situations individuelles ? » (entretien n°1), « mais est-ce leur travail ? » (entretien parent). Peu de parents interrogés ont exprimé cette volonté d’être accompagnés. Pour d’autres, il s’agit surtout d’un accompagnement physique, pour avoir le sentiment d’être soutenu, guidé. « pour moi, c’est qu’elles m’accompagnent jusqu’au collège et tout qui serait bien. Une ou deux passerelles qui accompagnent devant ou dans le collège. » (entretien parent) De plus, il est important pour certains, que l’accompagnement individuel soit complémentaire des espaces collectifs. Il faut « allier les deux ». L’individuel doit être là pour alimenter le collectif, et ne pas faire « de l’individuel pour de l’individuel ». «Individuel et collectif, ça doit s’alimenter l’un l’autre. […] Faut partir du collectif, et à partir du collectif, faut entendre le personnel pour que ça alimente le collectif » (entretien n°3) Comment faire pour que l’accompagnement individuel et le collectif soient complémentaires ? Enfin, une autre question est mise en avant : jusqu’où doivent-elles aller dans l’accompagnement des personnes ? « La question c’est qu’est ce qu’on fait et jusqu’ où on va ? Je pense que le fait de soutenir des parents quand ils sont en difficulté c’est important. Soit c’est soutenir en allant avec, mais après c’est pas évident, par exemple dans un conseil de discipline, faut prendre beaucoup de recul et c’est pas évident car elles ont beaucoup de capacité à prendre du recul quand on traite des choses collectivement, et là ça serait des choses individuelles, alors sortir des points très précis individuel je pense que c’est très compliqué. Mais faut que les parents soient soutenus, peut être comme disait Jocelyne, en amont on prépare tout cela ensemble. Je ne connais pas assez mais je pense que ce qui est important c’est que les parents se sentent soutenus, épaulés, peut être en mettant des conditions. Mais je pense que les parents en ont besoin, c’est tellement difficile, je trouve que ce n’est pas juste les situations dans lesquelles on les met. Ils sont pointés du doigt, c’est eux de toute façon les mauvais, même si il y a plein de professionnels qui sont bienveillants, mais des fois, comme elles le disent, ils se retrouvent comme devant un tribunal, il faut être armé pour tenir sa place et ne pas se sentir mal à l’aise. Les femmes passerelles, c’est ça aussi sortir de ce rôle là où on met les parents, elles ont réussi à acquérir une place. Et par rapport à ces parents, il faut que l’on arrive à la même chose, à changer ce rapport entre les institutions et les parents, ce n’est pas en les écrasant que l’on peut les aider à jouer leur rôle, cela fait l’effet inverse. Après comment jouer ce rôle ? Que l’on permette aux parents de pouvoir lever la tête et de jouer leur rôle de parents. » (entretien n°14) Certains professionnels exposent les risques et les dangers si l’équipe passerelle répond à cette demande de l’accompagnement individuel. Il est important de mettre en place des conditions. Selon un professionnel, « elles peuvent le faire à condition d’être accompagnées pour le faire, et en équipe. Cela peut aller jusqu’à l’accompagnement physique du parent pour qu’il ne se sente pas seul, puis après revenir dessus avec les parents sur ce qui a été dit. Cet accompagnement physique du parent doit se préparer avant et après en équipe, sur la posture 28
  • 29. qu’elles doivent avoir (témoin…) » (entretien n°3) Donc l’accompagnement individuel serait possible mais cela demande un travail en amont en équipe, avec une méthodologie précise. De plus, « il faut avoir une réponse réactive », c’est-à-dire « il faut à la fois pas donner la réponse et en même temps donner une piste de réponse dans les meilleurs temps possibles (dans la semaine) ». Selon un autre professionnel, l’accompagnement individuel « c’est dangereux pour elles » car « cela aura trop d’incidences dans le domaine privé »(entretien n°9) « dans ma réflexion aujourd’hui, c’est de me dire, qu’il faut se montrer prudent là-dessus. En tout cas, il me semble que c’est dangereux, elles habitent dans le quartier, elles ont un rapport de voisinage avec certains. J’ai dû mal à imaginer comment les parents peuvent amener des choses très personnelles et ce qu’elles vont en faire après, comment après c’est vécu, comment cela ne peut pas changer les rapports privés, dans le privé, que les femmes passerelles peuvent avoir » « ce qui me gène aussi c’est l’attente que vont avoir les personnes par rapport à l’équipe passerelle, elles vont avoir une attente forte, ce n’est pas non plus des wonder woman, elles vont forcément avoir des échecs. On peut aussi imaginer des parents qui auront leur propre idée sur un problème qui en démordront pas, comment cela va être géré. C’est quand même pas simple, on est sur quelque chose de très différent. » (entretien n°9) Il y a une proposition qui est faite par rapport à cette question de l’accompagnement individuel : « peut être faut-il traiter cette question dans des groupes de pairs et entre professionnels, comme on a fait pour les exclusions ? » (entretien n°9)  intégrer les femmes passerelles à d’autres projets du centre social c’est-à-dire faire participer les femmes passerelles à d’autres projets du centre social et ainsi sur d’autres thèmes que l’éducation (travailler avec le centre de loisirs, le pôle petite enfance,…) « au niveau de la petite enfance, il y a des choses à faire » (entretien n°8) « je pense qu’il faut élargir, en montrant que l’éducation de leurs enfants passent par plein de choses, par le sommeil, par l’alimentation, par des problèmes comme des enfants qui bougent beaucoup, un thème sur lequel elles travaillent en ce moment, mais aussi sur l’autorité car ce n’est pas parce qu’on est dans la difficulté sociale qu’on n’a pas d’autorité. Donc je pense qu’il faut trouver des thèmes qui fédèrent, qui appellent à ce qu’est le rôle de parents » (entretien n°11)  faire connaitre les femmes passerelles, et leur travail, en les faisant participer à d’autres projet, au centre social mais aussi dans d’autre structures (mairie, école, collège, MJC...) « A la mairie aussi qui essaye de développer une politique participative , elles pourraient apporter de la plus-value » (entretien n°9) « il faut qu’elles se fassent connaitre mais je pense qu’il faut proposer une forme d’animation sur un sujet particulier, sur des thèmes plus précis, qui toucheraient plus de personnes, (entretien n°11) Ce travail de se faire connaitre par un plus grand nombre de personnes a déjà commencé cette année, avec leur participation par exemple, au conseil d’école et à la journée portes ouvertes au sein des écoles primaires. 29
  • 30. « Les enseignants ils commencent à prendre conscience que la structure existe, car ils savaient juste qu’elles viennent une fois par mois et cela ça s’arrêtait là. Maintenant elles viennent au conseil d’école, elles ont exposé leur projet. Une fois que les enseignants se sont approprié ça, ils les ont vues physiquement ; cela ira mieux, ils sont plus étonnés de les voir une fois par mois dans l’école… C’est pas évident de trouver des projets où les associer c’est pas évident. » (entretien n°16) De plus, certains groupes de professionnels souhaitent qu’il y ait des temps de rencontre entre eux et les femmes passerelles pour partager leur travail, pour en savoir plus sur l’avancée de leur travail et pour se soutenir entre eux. Ceci est notamment le cas pour les personnes au relais santé. « avant on avait ce lien, on les voyait les femmes passerelles, elles venaient une fois par mois, pour nous dire ce qu’elles faisaient. On savait ce qu’elles faisaient et elles, ce que nous on faisait. » (entretien n°12) Enfin, un professionnel propose que les femmes passerelles partagent leurs expériences, leurs savoirs avec d’autres groupes à l’extérieur de Pierre-Bénite. « là aujourd’hui, elles travaillent sur le territoire de Pierre Bénite, et je me demandais qu’est- ce que cela donnerait si elles tentaient l’expérience ailleurs. Par exemple, des centres sociaux, il y en a 70 dans le Rhône, il y en a qui voudrait développer des dynamiques autour de questions éducatives ou autres, pourquoi elles partiraient pas en mission là-bas quelques mois, et qu’elles structurent les choses sur le quartier, qu’il y ait une sorte de transfert de compétences, qu’elles soient au cœur des choses dans le quartier » (entretien n°9)  Inscrire les femmes passerelles dans des projets d’établissement pour rendre leur intervention, leur présence plus systématique, régulière. « on a lancé un projet d’école pour 3 ans, et il y a vraiment une ligne où l’on marque que l’on a besoin d’impliquer les parents dans l’école. La perche des femmes passerelles c’est intéressant. C’est une perche à ne pas lâcher, et aller plus loin » (entretien n°16) « on les a invitées à un conseil d’école avec les parents d’élus ; c’est vrai que les parents d’élus ne connaissent pas forcément, donc ils se sont dit pourquoi pas, on s’implique aussi. C’est par ce genre de réunion un peu informel où il y a des parents, des enseignants ; on peut les intégrer dans la vie de l’école » (entretien n°11) Il y a la question de l’institutionnalisation du travail de l’équipe passerelle. « on est arrivé avec cette action à une vraie reconnaissance des professionnels de terrain, de la plus- value des femmes passerelles. Le problème c’est que c’est pas encore relayé au-dessus. Pour moi, ce qui manque concrètement, c’est une convention avec l’Education Nationale, dans laquelle on valorise cette action sur le territoire, on reconnait la place du centre social, de la mairie, chacun avec du temps de travail… Aujourd’hui on n’a pas tout ça, donc forcément c’est fragile. Il y en a certains qui essayent de pousser cela, mais on voit bien que cela n’avance pas. » (entretien n°9) « moi mon attente c’est de l’institutionnaliser ces cafés parents. Faudrait une communication plus forte, et un institutionnalisation, pour que les gens sachent qu’il y a ce vendredi là où ils peuvent se retrouver » (entretien n°16) 30