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I – Introduction
1. Du 03 au 08 mars 2014 s’est tenue à l’Hôtel des Conférences Ouind Yidé de Ouagadougou
au Burkina Faso, la première édition de l’Université Paysanne du ROPPA. Au total, plus de
soixante dix (70) participants issus des treize (13) plateformes nationales membres du
ROPPA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau,
Liberia, Mali, Niger, Sénégal, Sierra Léone et Togo), d’organisations partenaires (AFDI),
d’institutions d’intégration régionales de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA, CEDEAO et CILSS) et
du Ministère de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire du Burkina Faso (MASA), ont
participé à cette Université Paysanne.
Durant six jours, les participants ont échangé leurs connaissances et expériences d’une part
entre eux et d’autre par t avec des personnes ressources autour de plusieurs thématiques
concernant les exploitations familiales et le devenir de l’agriculture ouest-africaine.
II – Objectif de l’Université Paysanne :
2. L’objectif principal de l’Université Paysanne est de créer un cadre de référence pour la
formation des OP en utilisant des outils pédagogiques appropriés pour des besoins exprimés
dans les domaines prioritaires d’intervention du ROPPA. Ainsi, elle préconise trois niveaux
de formations (niveau 1, 2 et 3) qui toucheront trois principales catégories de formations
identifiées dans le plan quinquennal 2012 – 2016 du ROPPA (fourniture de services
économiques, gouvernance et gestion économique plaidoyer et lobbying.
III – Cérémonie d’ouverture
3. La cérémonie d’ouverture a été marquée par six (6) interventions :
• Le mot de bienvenue du Président de la Confédération Paysanne du Faso (CPF) :
Après une brève présentation du Burkina Faso, Monsieur Bassika DAO, Président de la
CPF a souhaité une cordiale bienvenue à tous les participants à l’Université Paysanne au
nom de tous les burkinabés. Terminant sont intervention, il a demandé tous de se sentir
libre et en sécurité ;
• L’intervention du Président d’Agriculteurs Français et Développement International
(AFDI) : Après s’être réjouit de son invitation par le ROPPA à participer cette première
édition de l’Université Paysanne, Monsieur Gérard RENOUARD a félicité les
organisateurs d’avoir choisi « la formation » pour faire progresser le mouvement
paysan ouest-africain. Enfin, il a exhorté tous les participants notamment les jeunes, les
femmes, et les collaborateurs des OP (techniciens) à profiter de l’occasion pour
comprendre et apprendre les uns des autres ;
• L’intervention du Président du Réseau des Organisations Paysannes et de
Producteurs Agricoles (ROPPA) : Dans son allocution, Monsieur Djibo BAGNA,
Président du ROPPA a (i) adressé ses sincères remerciements à tous les participants
pour leur présence à cette Université Paysanne, (ii) justifié la place et le rôle déterminant
des exploitations familiales et de l’agriculture d’une manière générale dans l’économie de
la région, (iii) présenté un état des lieux des facteurs qui limitent le développement de
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cette agriculture, (iv) soutenu que la qualité de la formation à destination du monde rural
a été souvent inadaptée aux besoins des acteurs ruraux à l’exception de celles
proposées par quelques instituts tels que le CESAO, l’INADES, l’IPD/AOS, et l’IRDED,
(v) présenté l’Université Paysanne comme l’une des meilleures alternatives aux
insuffisances des centres de formation pour rehausser le niveau général de formation du
monde rural, (vi) enfin remercié l’UEMOA, le FIDA, l’UE et l’AFDI pour leur soutien
multiforme à la tenue de cette édition de l’Université Paysanne du ROPPA ;
• L’intervention du Secrétaire Exécutif du Comité Inter-état de Lutte contre la
Sécheresse dans le Sahel (CILSS) : Pour Monsieur Djimé ADOUM, Secrétaire Exécutif
du CILSS, l’Université Paysanne devra permettre de renforcer les capacités du ROPPA
et des plateformes nationale dans leur rôle de veille permanente, de sensibilisation et de
plaidoyer auprès des gouvernants ainsi que l’encadrement de leurs membres dans le
combat contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et la pauvreté en Afrique de
l’Ouest. Terminant son allocution, il a précisé que le CILSS ne ménagera aucun effort
pour mettre à la disposition des OP à travers le ROPPA, son expertise quarantenaire
hautement scientifique et technique dans l’accomplissement de leur acquise ;
• L’intervention du Commissaire de l’Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA) en charge de l’agriculture : Dans son intervention, le Commissaire
de l’UEMOA a, (i) soutenu que mise en place de l’Université Paysanne permettra aux
producteurs d’acquérir des connaissances, des méthodes et des outils pour contribuer à
l’amélioration de la production et de la productivité des filières agricoles, (ii) saluer
l’engagement et l’intérêt que le ROPPA porte aux actions de l’UEMOA et en particulier la
Politique Agricole de l’Union, (iii) soutenu que le renforcement des capacités des
organisations de producteurs sera d’un apport certain à la qualité des futurs travaux du
Comité Consultatif régional des Filières Agricoles dont le ROPPA est membre , (iv) enfin
félicité le ROPPA pour cette initiative de l’Université Paysanne et réaffirmé la disponibilité
de l’UEMOA à accompagner le ROPPA pour la relance de la productivité et la
compétitivité des filières agricoles dans les Etats membres ;
• Le discours d’ouverture du Ministre de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire
du Burkina Faso : Ouvrant, les travaux le Ministre Burkinabé de l’Agriculture et de la
Sécurité Alimentaire a (i) remercier le ROPPA pour le choix porté sur le Pays des
Hommes Intègres pour abriter la première édition de l’Université Paysanne, (ii) précisé
que pour accomplir l’ambition de rendre l’Afrique nourricière, la question de la formation
et du renforcement de capacités demeure une exigence et qu’en conséquence parler de
formation et de renforcement de capacité, revient à placer l’Homme au centre des
processus de changement, (iii) souhaité que l’Université Paysanne apporte une réponse
alternative à l’atomicité des centres de formations en direction du monde rural et
l’inadaptation et l’inefficacité des programmes de formation aux besoins de l’agriculture,
(iv) enfin souhaité plein succès aux travaux au nom de peuple du Burkina Faso.
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IV - Déroulement des travaux
4. Le format de réalisation de l’Université Paysanne a consisté (i) en une formation simultanée
de trois cohortes de stages sur la Gestion axée sur les résultats (GAR), (ii) le plaidoyer et
(iii) les processus d’élaboration des politiques agricoles et des carrefours pour discuter des
questions communes aux trois ateliers.
III.1 – Les conférences inaugurales
5. Deux (2) conférences inaugurales ont planté le décor en situant les participants sur la vision,
les objectifs, la méthodologie et les résultats attendus à l’issue de l’Université Paysanne :
La première conférence a été réalisée par le Président d’honneur du ROPPA.
Monsieur Mamadou Cissokoh a d’abord fait un rappel historique et caractéristique sur
l’agriculture depuis la colonisation jusqu’à nos jours. Ensuite, il a soutenu que pour
transcender les difficultés et les défis majeurs qui caractérisent notre agriculture et à
l’insérer effectivement dans l’économie mondiale, le ROPPA estime que la formation
des paysannes et paysans constitue un levier efficace et incontournable. Enfin, il a
précisé que la dynamique de l’Université Paysanne que le ROPPA vient d’initier
devra offrir une formation continue et complémentaire pour (i) renforcer les capacités
stratégiques des responsables dans l’analyse de la situation de l’agriculture,
l’influence des politiques de développement et à faire des propositions de stratégie
d’actions, (ii) renforcer le mouvement paysan ouest-africain par la formation de
jeunes et de femmes leaders et (iii) faciliter la transmission de la culture associative
et organisationnelle, les bonnes traditions du mouvement paysan aux nouvelles
générations de responsables ainsi que les valeurs, les principes, l’histoire et l’identité
du mouvement paysan ouest-africain.
La deuxième conférence a été animée par le Président de l’AFDI France, Monsieur
Gérard RENOURD. Ce dernier a appuyé l’intervention du premier conférencier par un
témoignage sur la contribution de la formation dans l’amélioration de ses pratiques
paysannes et dans son efficacité en tant que responsables d’organisations
professionnelles agricoles en France. Enfin, il a exhorté le ROPPA à investir
utilement dans la formation (i) des jeunes car il faut mieux préparer la relève sur les
exploitations agricoles et dans les fonctions de responsabilité dans les organisations
collectives de production et syndicales et (ii) des femmes paysannes afin qu’elles ne
restent pas confiner dans des fonctions de ménagères, de productrices, de
transformatrices, etc, mais qu’elles occupent des responsabilités au sein de la
profession pour défendre leurs intérêts.
A la suite des deux communications, les participants ont eu un échange avec les
deux conférenciers. Les sujets de questionnement ont porté sur l’insertion des jeunes
surtout diplômés dans l’agriculture, l’accès des producteurs aux investissements
productifs agricoles, la sécurisation foncière en milieu rurale et l’augmentation des
surfaces culturales, les processus politiques et la nécessité d’accroitre les efforts de
plaidoyer, l’influence du commerce international.
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III.2 – Les échanges directs entre les participants
6. Le ROPPA a organisé une séance d’échange direct entre les participants toutes catégories
confondues avec pour objectif de faciliter l’appropriation et la réappropriation de la vision,
des objectifs et des grands chantiers sur lesquels travaillent le ROPPA notamment par les
jeunes et les femmes. Parmi, les multiples sujets abordés, il y a la question du
renouvellement de génération qui doit être minutieusement préparée dans les plateformes, le
renforcement du rôle et de l’ancrage des collèges de jeunes et de femmes dans les
plateformes nationales et au niveau régional, etc.
III.3 – Les ateliers de formations thématiques
7. Les participants ont été divisés en trois (3) cohorte selon les trois thématiques qui ont
fonctionné simultanément. Il s’agit des collèges régionaux de femmes et de jeunes
regroupés ensemble, des membres du Conseil d’Administration, et des techniciens en
appuis au réseau. Chacun de ces ateliers a été accompagné par des formateurs ou
personnes ressources sur les thématiques retenues à leur intention.
8. L’atelier de formation des collèges de femmes et de jeunes :
Les participants à cet atelier ont été formés sur quatre (4) thèmes, telle que préciser ci-
dessus :
- l’introduction aux valeurs et objectifs du ROPPA, animée par le Dr Daouda DIAGNE,
Consultant indépendant ;
- la technique de plaidoyer et de lobbying, animée par Mme Mariamé TOURE/Ouattara,
formatrice pour l’organisation Women in Law and Development in Africa/Femmes Droit et
Développement en Afrique (WILDAF/FeDDAF), Section du Burkina faso ;
- l’introduction au processus d’élaboration des politiques agricoles / PDDAA, animée par le
Dr Daouda DIAGNE ;
- le processus d’élaboration des politiques agricoles régionales nationales et sectorielles
(ECOWAP/PRIA/PNIA), co-animée par le Dr Daouda DIAGNE et Mme Jesse VAN
SETERS de l’EPCDM ;
9. L’atelier des appuis techniques sur la GAR :
Les techniciens du réseau ROPPA issus des plateformes nationales et du niveau régional
ont été formés sur un thème à savoir :
- (i) la « Gestion Axée sur les Résultats (GAR) et la mise en conformité des outils de pilotage
(cadres logiques, cadres de mesures de rendement pour le ROPPA». Cette session a été
co-animée par MM David SOHINTO et Marius S. AÏNA, tous de Cabinet d’étude COSINUS
Conseil du Bénin. Le déroulement du thème s’est articulé autour de six (6) séquence dont :
- (ii) le contexte actuel de la GAR, la démarche et les principes de gestion axée sur les
résultats ;
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- (iii) les concepts clés, les outils de la GAR et la notion de la chaine logique de résultat et du
cadre logique ;
- (iv) le système de suivi et évaluation des résultats et caractéristiques du système de suivi –
évaluation du ROPPA,
- (v) les activités administratives de la GAR ;
- (vi) la formulation des indicateurs et du cadre de mesure des résultats ;
- (v) la production de l’information sur la performance : le rapport de performance.
10. L’Atelier des membres du Conseil d’Administration sur le plaidoyer :
Avec l’appui du personnel du Secrétariat Exécutif du ROPPA et/ou de personnes
ressources, les membres du CA du ROPPA ont travaillé sur plusieurs thématiques
différentes en lien avec les activités, les enjeux de l’agriculture de la région et les relations
entre l’Afrique de l’Ouest et le reste du monde. Parmi les sujets abordés on peut citer :
- les grandes tendances de l’évolution mondiale, régionale et africaine, animé par
Monsieur Kalilou SYLLA, Secrétaire Exécutif du ROPPA ;
- les grands débats de l’heure, animés par Monsieur Ousséini OUEDRAOGO, Chargé de
Programme Principal Politiques Agricoles et du Commerce, au Secrétariat Exécutif du
ROPPA ;
- les politiques agricoles régionales et nationales, animés par Monsieur Ousséini
OUEDRAOGO, Chargé de Programme Principal des Politiques Agricoles et du
Commerce, au Secrétariat Exécutif du ROPPA ;
- le foncier et la mise en œuvre du cadre et Lignes Directrices de l’Union Africaine (UA) sur
le foncier et Compatible avec le Guide Volontariste de la FAO pour la Gestion
responsable de ma terre et des forêts, animé par Monsieur André TIORO, Chargé de
Programme Principal Renforcement de Capacités et Foncier au Secrétariat Exécutif du
ROPPA ;
- l’échange avec Monsieur Michel sur la Souveraineté Alimentaire ;
- l’état actuel des négociations sur les Accords de Partenariats Economiques (APE), animé
par le Dr Chikh Tidiane DIEYE du Centre Africain pour le Commerce, l'Intégration et le
Développement (CACID) ;
- l’examen d’un document de position sur les APE ;
- l’examen d’un document de position sur le Tarif Extérieur Commun (TEC)
- Agriculture intelligente face aux Changements Climatiques, animé par Monsieur
ZOUGMORE Robert, Coordonnateur de Climat Change agricultural, Food and Security
(CCAFS) ;
- l’examen d’un document de position sur le foncier et le genre ;
- l’examen d’un document de position sur les semences et l’agriculture familiale.
III.4 – Les espaces d’échanges carrefour entre les 3 cohortes
11. Le ROPPA a profité du cadre de l’Université paysanne pour réaliser d’autres activités entrant
dans le cadre de ses programmations. Il s’agit de :
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- La présentation de l’état des lieux de l’Observatoire des exploitations familiales :
Celle a présentation a été faite par Monsieur Mahamadou OUEDRAOGO, Chargé de
Programme Principal Communication et Gestion des Connaissances au Secrétariat
Exécutif du ROPPA, Monsieur SAWIDI Maurice, Secrétaire Permanent de la CPF,
Monsieur Soumana KANTA, Coordonnateur Technique de la CNOP Mali, et Marius DIA,
Coordonnateur de la cellule Technique du CNCR Sénégal.
De ces présentations, il en ressort que l’Observatoire des Exploitations a démarré mais
quelques aspects doivent être améliorés dont la collaboration avec les services étatiques
(dispositif d’encadrement, services de statistiques), la mobilisation des OP nationales,
etc.
- le lancement officiel de l’Année Internationale de l’Agriculture Familiale, introduit
par Mme CISSE Marie-Louise, Chargé de Programme Principale Plaidoyer et Genre au
Secrétariat Exécutif du ROPPA. Le ROPPA a lancé officiellement l’Année Internationale
de l’Agriculture familiale en présence du Commissaire de l’UEMOA en charge de la
Sécurité Alimentaire, l’Agriculture, les Mines et l’Environnement et du Représentant du
Ministre de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire du Burkina ;
- la signature d’une convention partenariale entre l’AFDI et le ROPPA : A travers cette
convention les deux organisations s’engagent à mettre en place et respecter un certain
nombre de principes de collaboration dont les échanges réguliers entre leurs directeurs,
la réciprocité, la transparence dans la gestion de la relation partenariale ;
- la conférence de presse sur les Accords de Partenariats Economiques (APE) entre
l’Union Européenne et la CEDEAO et le Tarif Extérieur Commun (TEC) : Les
intervenants étaient Monsieur Djibo BAGNA, Président du Conseil d’Administration du
ROPPA, Monsieur Mamadou CISSOKO Président d’Honneur du ROPPA, Monsieur
Bassiaka DAO, Président de la CPF et le Dr Cheikh Tidiane DIEYE du Centre Africain
pour le Commerce, l'Intégration et le Développement (CACID). Au cours de cette
conférence, le ROPPA a signifié explicitement son « opposition ferme » à toute signature
des APE avec l’UE par les Chefs d’Etats et de Gouvernements de pays membres de la
CEDEAO.
IV - Recommandations de l’Université Paysanne 2014
12. Les échanges effectués lors des travaux de l’Université ont conduit à la formulation de
certaines recommandations. Ainsi, le ROPPA doit :
- commanditer une évaluation à mi-parcours du plan d’actions stratégiques en vue
d’apprécier les résultats obtenus et de mieux reprogrammer les activités restantes ;
- mettre en place un comité de réflexion stratégique sur les différentes thématiques
majeures qui concernent les exploitations familiales et les grandes tendances actuelles
du monde ;
- renforcer ses alliances stratégiques avec les autres Organisations partenaires ;
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- mettre en place une Task force pour s’approprier le contenu de l’avant projet des
directives de la CEDEAO sur le foncier ;
- vulgariser la position du ROPPA sur les APE dans le mouvement paysan.
Fait à Ouagadougou, le 07 mars 2014
Les participants