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La mer au Pays de Fouesnant - g2hl-my
1. Le port de Bénodet: compléments.
Nous avons publié, dans notre dernier numéro, (n° 16, octobre 2000, page 8 : « Le port
de Bénodet au début du siècle ») quelques souvenirs concernant le port de Bénodet et ses
abords, évoqués par Yvon Cosquer, (90ans révolus).
D'autres images lui sont venues en mémoire, qu'il a bien voulu nous confier :
« Quand j’étais enfant, il existait sur le port une entreprise de constructions navales qui
marchait fort, puisqu'elle occupait jusqu'à dix compagnons charpentiers de marine. Le patron,
Corentin L'Haridon, fabriquait des plates, des canots, mais aussi des bateaux de pêche jusqu'à
dix-douze mètres. Une rampe de mise à l'eau allait de l'atelier à la rivière. Le lancement de ces
misainiers donnait généralement lieu à une cérémonie avec baptême du bateau et diverses
réjouissances copieusement « arrosées ».
Corentin L 'Haridon habitait à ce moment, route de Quimper, une petite maison
contiguë au Restaurant de l'Océan, à toucher le domicile de mes parents. Plus tard, les affaires
étant devenues difficiles, il a dû se contenter d'un modeste atelier, rue de la Poste, où il
construisait des plates et de petites embarcations, aidé de son fils Tintin, une figure bien
pittoresque qui a souvent défrayé la chronique locale.
Le frère de Corentin, Jean L 'Haridon, installé à l'angle de la route de Quimper et de la
rue de la Poste, était mécanicien, spécialiste des moteurs marins dont tous les misainiers
commençaient à s’équiper. Il a fait construire par la suite un garage automobile en face de
l'Hôtel de l'Odet. Plutôt que de distinguer les deux frères par leurs prénoms, les gens les
désignaient le plus souvent sous les vocables de « L'Haridon en fer » et « L'Haridon en bois».
Pierre Monfort tenait une boulangerie - café dans le haut de la rue de Quimper. Il a par
la suite transféré son activité - et sa nombreuse famille - près du port. Un de ses fils, Jean, est
à l'origine d'une importante activité du port de Bénodet. Après avonaidé son père à la
boulangerie, s'être engagé dans l'armée, avoir créé une entreprise de transports de voyageurs
en association avec André Le Viol, il s'est lancé dans l'exploitation du sable de mer et du
maërl. Les débuts ont été difficiles, marqués aussi par des « fortunes de mer », telles
l'incendie d'un bateau neuf dans le port de Donges, le naufrage d'un autre près de la balise « la
Voleuse ». Les choses se sont améliorées surtout avec la forte demande en matériaux de
construction. Bientôt, l'armement Monfort a ajouté une autre corde à son arc avec le transport
de passagers par les « Vedettes de l'Odet ». Celles-ci, qui ne disposaient au début, pour
accueillir la clientèle, que d'une cabine sur le quai, ont maintenant leurs bureaux devant la
cale d'embarquement, à l'emplacement de « la maison Villard », qui fut, au début du siècle, un
hôtel-restaurant. Actuellement, ces deux activités, sable et passagers, sont partagées entre les
deux fils, Jean- Yves et Pierre.
Pour en revenir à la maison Villard, cette construction disposait d'une vaste terrasse au
premier étage, et je me souviens d'avoir vu les binious y jouer à l'occasion des bals du 14
juillet et du pardon, tandis que la foule des danseurs occupait la rue.
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2. Parmi les autres commerces qui
me reviennent en mémoire, je
citerai encore une agence de
locations saisonnières installée
au bas de la rue de l'église,
tenue par les époux Furic qui
portaient tous deux le costume
fouesnantais : la vocation
touristique de Bénodet n' est pas
nouvelle ! Ruede la Poste, une
pâtisserie fondée par Eugène
Quéau, lequel s'enorgueillissait
d'avoir été, au cours de ses pérégrinations, pâtissier de Sa
Majesté la Reine d'Angleterre,
s'ouvrait à l’endroit de l’actuel
« Puits d'amour ». A peu près en
face, Vincent Clorennec tenait
un magasin de cycles.
Et un peu plus haut dans la rue habitait un personnage pittoresque: Pierre Louédec,
que les garnements de mon âge appelaient « Per 2 ». Ancien quartier-maître de la marine, il
avait acquis une machine à tricoter avec laquelle il confectionnait des pulls, chaussettes, etc...
L'été, il exerçait les fonctions de maître-nageur à la plage, offrant ses services aux estivants et
d’ailleurs rétribué pour cela par la municipalité. Pam1i les commerces de l' époque,
mentionnons aussi, mais en dehors du port, le café de Penfoul ( actuel « Salon des Flots » ),
tenu par Alain Cosquéric qui était garde-champêtre ; on y trouvait des jeux de boules, de
quilles, et une vaste salle de danse pouvant accueillir aussi des repas de noces. »
Ajoutons aux souvenirs de notre ami Yvon que, de nos jours, le quartier du port a
beaucoup perdu de sa prééminence: il reste encore le centre administratif de la commune,
mais l'agglomération s'est étendue vers les plages et le Trez, où les anciennes exploitations
agricoles ont laissé la place aux lotissements et aux campings. Retour de balancier ? Nous
savons qu'en effet, à l'époque gallo-romaine, le site du Poulker était déjà l'objet d'une
occupation importante, comme en témoignent les vestiges du « balnéum » découverts vers
1870 et, plus récemmen, t une nécropole abritant de nombreuses sépultures à coffrets. ( Voir
le n° « Hors-Série Bénodet » ). Il est probable que le centre de l'agglomération se déplaça
encore vers l'est par la suite, vers le Letty : il reste de cette époque le souvenir de la chapelle
Saint-Gilles, et quelques toponymes comme « Creisanguer », le milieu du village...
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