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MANUEL
DE
RELIGION ET DE MORALE,
ou
LIVRE DE PRIÈRES UNIVERSEL
POUR LES CHRÉTIENS ÉCLAIRÉS
DE TOUTES LES COMMUNIONS.
PAR J .G. E. O'EGGER,
ANCIEN P ROFESSEURDE PHILOSOPHIE,
PREMIER-VICAIRE DEMISSIONNAIRE DE LA CATHEDRALE DE PARIS.
The L ordhath endued thee with reason to maintain
thy dominion..., O praise his goodness with songs of
thanksgiving , and meditate , in silence , on the
wonders of his love ; let thy heart overflow with
gratitude, and aknowledgment ; let the language of
thy lips speak praise and adoration ; let the actions
of thy life show thy love to his law.
Robert D odsley,Economy ofhuman life.
PARIS.
BAUDOUIN FRÈRES, ÉDITEURS,
BUE D EVAUGIBABD , 17.
M. D CCC.XXVII.
es ^
c
MANUEL
DE
RELIGION ET DE MORALE.
PARIS — I MPRIMERIEDE FAIN,
Rue R acine,n. 4i place de POdéon.
Plusieurs personnes seront très-
etonnées de voir traiter, dans un simple livre
de prières , les questions les plus profondes de.
la Religion et de la morale. La classe à laquelle
vous l'adressez , me dira-t-on , ne saurait vous,
comprendre. — Mais le siècle des lumières aussi-
bien que de l'incrédulité , dans lequel nous vi
vons , ne me justijiera-t-il pas suffisamment ? —
Quand on est en état de comprendre les ob
jections , n'est-on pas également en état de saisir
les réponses ? —, Et si à une première lecture
la jeunesse , si intelligente de nos jours , ne me
comprend pas , qui l'empêche d'étudier ce Ma
nuel à fond, et de demander à ses maîtres
l'explication des endroits difficiles ? •— // est
une vérité démontrée : c'est que la civilisation
a fait un pas ; il faut que la murale publique
en fasse un également. Accoutumons -nous à
ne point raisonner du siècle de Louis-le-Légis-
lateur comme des autres siècles !
Sans doute que si l'on me prouve que mon
ouvrage est susceptible de changemens utiles r
je serai prêt à les admettre. Mais , jusqu'à pré
sent , les personnes de piété et de goût qui l'ont
examiné .
n'ont
fait que m'encourager par leur flatteuse appro
bation. — Aussi, puisje me rendre le témoi
gnage d'une entière impartialité. Aucun parti
ne peut se plaindre : le vice et l'erreur ont été
les seuls objets de ma poursuite. Je n'avance pas
non plus de système nouveau. Le petit nombre
d'idées nouvelles que je manifeste ne sont , dans
le vrai , que des vérités évidentes , mais qui
n'avaient jamais été bien développées. N'est -il
pas évident , par exemple , que, par sa nature,
l'homme morau est placé partout entre les infinis ;
-que , pour être parfaitement libre , il doive y être
placé , et qu'ily a effectivement l'infini entre un
athée et un saint? — N'est-il pas évident que
des miracles tropfrappons détruisent la liberté
humaine ; que le philosophe qui en demandait
pour se convertir , demandait fort naïvement
une absurdité ; et qu'il n'y a aucun mérite à
croire à l'évidence , puisque nous ne sommes
pas libres de nous y refuser? — N'est-il pas
évident que , dans le système des pélasgiens et
de leurs confrères les philosophes les plus ré
vérés dans le monde , on explique toutes les
grandes vérités de la morale et de la Religion,
de manière à ce que l'incrédulité, na plus le mol
à dire? — N'est-il pas évident , enfin, que tout
parait clair dans la Religion et la morale , pour
celui qui cherche la vérité avec simplicité de
cœur, et qui sait se rendre digne de la connaître,
tandis que tout nest que ténèbres pour l'impie
qui ferme les yeux à la lumière ? — Voilà ce
pendant , en peu de mots , toutes les idées peu
communes que j'ai cru devoir développer , et
que je serai toujours prêt à défendre contre qui
conque serait assez téméraire ou assez insensé
pour oser les attaquer
O'EGGER.
VWVVWWVWWW'VWWWWWtX'WX'VVX'VVWWVWIW,WW^WWVWWWWVWVkW!W
AVERTISSEMENT
DE L'AUTEUR.
L'éclat que ma renonciation récente aux
fonctions ecclésiastiques a produit dans le
public, et la curiosité, ou, pour mieux dire,
l'intérêt qu'elle a excité, sembleraient me faire
un devoir de profiter de la publication de cet
ouvrage pour donner des explications détail
lées sur les motifs de ma conduite ; néan
moins , par des raisons particulières que cha
cun peut aisément deviner et apprécier , je
m'en tiendrai encore ici à quelques réflexions
générales.
Déjà , par Yesprit qu'on est à même de re
marquer dans cet ouvrage, il est facile de s'aper
cevoir que ma manière de voir , en fait de
religion , diffère essentiellement de celle du
clergé actuel. — Je me suis permis, en effet ,
^examiner assez librement certains points de
doctrine ; j'ai généralisé le christianisme ; j'ai
Vj AVERTISSEMENT DE L AUTEUR.
pris l emot même de catholique dans son vrai
sens , dans un sens tout-à-fait universel. A
legard de la charité, je l'ai mise , d'après l'É
vangile , tellement au-dessus de la foi , que
toute division haineuse dans la chrétienté pa
raît aussi absurde en elle-même , qu'elle est
dangereuse pour la paix des Etats. J'ai reconnu
des abus là où d'autres croient voir le bien ;
j'ai attribué la cause du dépérissement du
christianisme sur la terre, précisément à ceux
qui s'en disent les principaux propagateurs ,
les plus forts , et même les uniques soutiens ;
enfin , j'ai cherché partout à faire ressortir
l'accord parfait qui existe entre le vrai chris
tianisme et la, vraie philosophie.
Mais il y a plus. En examinant de prés les
modifications légères en apparence , mais im
portantes pour le fond , que j'ai fait subir k
certaines locutions théologiques , et ma ma
nière pai-ticulière d'exprimer certaines vérités,
on peut voir assez clairement ma pensée sur
tout ce qui regarde la religion et la discipline
ecclésiastique. Peut - être même des hommes
pénétrans découvriront-ils dans ce livre tout
je système du christianisme primitif et vrai-»
AVERTISSEMENT DE LALTEUR. V>j
ment universel qui doit conduire nécessaire
ment à la concorde fraternelle de toutes les
communions particulières : peut-être y aper
cevront-ils ce principe salutaire d'après lequel
une autorité toute spirituelle , toute morale , et
qui ne peut tirer sa force que de la supé
riorité des lumières et des vertus , ne pourrait
jamais exercer aucun empiétement sur une
autorité temporelle et coërcitive , et d'après le
quel aussi toute communion chrétienne, quelle
qu'elle soit , pourrait toujours partager les
bienfaits de toute espèce de gouvernement, et
jouir pleinement de tous ses droits , sans em
brasser pour cela , en particulier , aucune des
reformes introduites ou à introduire , pourvu
que celles-ci mettent toujours , avec l'Apôtre,
la charité au-dessus de la foi , et ne se rendent
pas elles-mêmes indignes de tous les droits so
ciaux par l'affreux principe de l'intolérance.
Dans l 'espoir que bientôt tous les chrétiens
éclairés de l'univers se familiariseront avec de
semblables idées , qui , une fois admises , ren
draientles gouvernemens, aussi-bien que la chré
tienté, plus tranquilles et plus prospères ; dans
l'espoir qu'un peu plus tard il me sera permis de
viij AVERTISSEMENT DE L AUTEUR.
parler t out-à-faitclairement, je prie les lecteurs
de se contenter encore , pour le moment , de
ces courtes réflexions , plus que suffisantes
d'ailleurs pour faire voir qu'en renonçant aux
fonctions ecclésiastiques que je remplissais,
depuis sept ans , sous les yeux mêmes de
M. l'archevêque de Paris , loin d'avoir été in
fluencé par aucun motif temporel , ni aucune
considération humaine , il m'a fallu , au con
traire, m'élever au-dessus •de ces motifs et de
ces considérations , pour ne suivre que l'im
pulsion de ma conscience.
O'EGGER,
Ancien P rofesseurde philosophie ,
Premier-Vicaire démissionnaire
de la cathédrale de Paris.
MANUEL
DE
RELIGION ET DE MORALE.
DE LA
RELIGION DE JÉSUS-CHRIST.
A CÉLESTIN.
C'est en votre faveur , mon cher Célestin , que
j'ai rédigé ce nouveau Manuel de religion et de
morale. Puisse le Seigneur vous faire goûter les
vérités salutaires qu'il renferme ! Puisse-t-il im
primer profondément dans votre cœur les senti-
mens que j'ai tâché d'exprimer , et qui sont si
naturels à l'homme sensible ! la plus douce paix,
le bonheur le plus durablfe , serait alors votre
partage.
Puisse de même le Dieu des chrétiens bénir gé-
néialement mes efforts, ramener tous les esprits
égarés , et réunir de nouveau tous les cœurs ,
comme ils l'ont été dans les beaux jours du chris
3 DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST.
tianisme , lorsque l'on pouvait dire avec vérité
que la multitude des croyans n'avait qu'un cœur
et qu'une âme ! La génération nouvelle qui se
présente serait alors plus heureuse que ne l'a été
celle qui s'efface.
Vous s avez , Célestin , qu'au milieu des égarc-
mens de l'athée , du matérialiste , de l'incrédule ,
de l'indifférent , du superstitieux et de l'impie ,
il doit rester nécessairement des principes inva
riables ,fondés sur l'éternelle vérité , et indépen-
dans des opinions des mortels ; qu'au milieu du
débordement des passions humaines, toutes plus
injustes les unes que les autres, il doit toujours
demeurer de vraies vertus ; que, malgré la licence
la plus effrénée , l'homme de bien ne laissera pas
de reconnaître des devoirs sacrés ; qu'enlin , en
dépit des efforts de l'impiété et de l'athéisme, il
y aura toujours un Dieu dans le ciel, une Reli
gion sur la terre, et une Conscience dans le cœur
humain ! Ecriez-vous donc ici avec moi : Sainte
Vérité , je vous adore ! car vous êtes Dieu ! Vertus
adorables , je vous reconnais et vous chéris ! On
a beau vous calomnier et vous méconnaître , un
jour nous trouverons vos divins originaux sur
les degrés du trône de l'Eternel ! Immortelle et
céleste voix , divine Conscience ! juge infaillible
du bien et du mal, qui rendez l'homme semblable
à Dieu .' c'est vous qui faites l'excellence de ma
nature et la moralité de mes actions ! Devoirs
DE L A RELIGION DE JÉSUS- CHRIST. 3
sacrés , imposés nécessairement à toute créature
libre , pour sa perfection et son bonheur ! je vous
révère et vous embrasse avec transport. Vous seuls
me rattachez à mon Créateur et à la société !
Religion de Jésus-Christ , religion de mes pères !
vous serez encore ma joie , ma consolation et mon
espoir ! Jusqu'aujourd'hui, la philosophie du siècle
n'a pu enfanter une religion plus sainte ni plus
capable de faire le bonheur des hommes.
Tels doivent être vos sentimens , Célestin , et
tels doivent être aussi les vôtres, chrétiens éclairés
du dix-neuvième siècle , si toutefois il vous reste
encore dans le cœur une seule étincelle de ce feu
sacré que Jésus-Christ a apporté du ciel ! Il s'agit
aujourd'hui de réunir vos efforts contre l'ennemi
commun ! Votre union seule pourra sauver doré
navant la religion de sa ruine , et la société de sa
dissolution ; cette union de sentimens et de vo
lontés , cette uniformité d'opinions et de croyances,
cette harmonie généra e qui fait la solidité des
institutions aussi-bien que Je charme de la vie !
Et quel lien pourra paraître plus fort pour resser
rer les noeuds qui doivent unir les hommes , que
celui de la religion? Religion signifie union, union
divine , union en Dieu ! Soyez donc unis , et ne
soyez qu'un, comme le Père et le Fils eux-mêmes
sont unis et ne sont qu'un , par le plus ineffable
des mystères du christianisme ! C'est le vœu de
Jésus , et sa prière au Père céleste.
4 DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST.
Vous ê tes créé pour le bonheur, Célestin ;
cherchez donc ce bonheur ; mais cherchez-le par
les voies que le Créateur a lui-même indiquées.
Il désire que vous soyez heureux , heureux même
dès cette vie , autant que la nature de votre être
le comporte. 11 veut même votre bonheur plus
fortement et plus efiicacement que vous , puisqu'il
vous défend de vous arrêter à une félicité vaine
et chimérique , et qu'il vous invite instamment
à conquérir le vrai bonheur pour lequel vous avez
été tiré du néant.
Mais c evrai bonheur ne se trouve pas sur cette
terre ; tous les sages l'ont dit , et Jésus vous le
déclare. Cherchez donc uniquement à vous en as
surer pour la vie à venir ; et contentez-vous , en
attendant, du petit nombre de vraies jouissances
que la terré offre à ses habitans , parce que vous
n'êtes pas en état maintenant de goûter une plus
grande félicité. Dans cette vie, nous ne pouvons
guère prétendre à autre chose qu'à Yespérance
d'un contentement parfait qui peut devenir plus
tard notre partage. Et cette douce espérance, le
seul bien réel d'ici-bas , ne peut être fondée que
sur la vertu , comme la vertu ne peut être fondée
que sur la religion -, laquelle a seule le droit de
promettre aux hommes en général une vie éternelle
pour récompense.
Connaissez donc votre religion , et étudiez Jé
sus , votre grand , votre divin modèle. Marchez
DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST. 5
sur s estraces ; imitez ses exemples. Si vous avez
le courage de le suivre dans sa carrière laborieuse
et pleine de vertus, vous le suivrez aussi dans son
éternel triomphe. Mais , en imitant Jésus-Christ ,
cherchez par vous-même à découvrir les véritables
traces que ce maître divin a imprimées sur cette
terre pendant sa vie mortelle , et ne vous laissez
point égarer par des esprits aveugles ou passion
nés. Dieu vous a donné, comme à tous les autres
hommes, la raison pour lumière , et la conscience
pour guide. Suivez ces deux compagnes célestes ;
elles vous conduiront infailliblement à la foi et à
une obéissance raisonnable, et vous feront recon
naître sans peine les pas de l'Homme-Dieu.
Quel s alut pour la société, si cette jeunesse
nombreuse et intéressante , qui fait aujourd'hui
son unique espoir , connaissait bien le véritable
esprit de la religion de Jésus-Christ ! si elle savait
apprécier toute la beauté, toute la pureté, la pro
fondeur comme l'admirable simplicité de sa doc
trine ! et surtout , si elle pratiquait à l'envi toutes
les vertus douces et sociales dont il nous a laissé
de si touchans exemples ! On pourrait espérer alors
de voir bientôt reparaître sur la terre la belle , la
noble union , la salutaire uniformité de pensées
et de sentimens , la céleste harmonie , la bien
veillance réciproque, la douceur, la franchise et
la confiance. La flamme des passions furieuses
s'éteindrait dans tous les cœurs. Plus de divergence
f) D£ LA RELIGION DU JliSIJ S - CHRIST.
d'opinions ; plus d'opposition d'intérêts ; plus de
haines, de divisions ni civiles ni religieuses: on
oublierait jusqu'aux noms de sectes et de factions!
Quel spectacle ! quel exemple pour l'univers ! Alors
s'accomplirait aussi par toute la terre cette con
solante prédiction de Jésus : « En ce temps-là , il
» n'y aura plus qu'une bergerie et qu'un pasteur.»
Oui , j 'espèretout de la nouvelle génération.
Malgré ce qu'on a pu dire contre les mœurs ac
tuelles, je l'ose assurer, la jeunesse chrétienne du
dix-neuvième siècle n'a encore, en quelque sorte,
qu'à suivre le penchant de son cœur pour être ver
tueuse , pieuse , généreuse et noble. Et si en gé
néral elle n'est pas ce qu'elle pourrait être , c'est
qu'il y a eu partout , et depuis bien des années ,
un vice malheureux et funeste dans l'enseignement
de la morale , vice sans lequel il était impossible
qu'il s'offrît parmi nous tant d'exemples d'impiété,
d'incrédulité, de haines , de cruautés, de persé
cutions , de désordres de tout genre , qui ont pres
que donné lieu de croire que des masses entières
de nations avaient dégénéré.
C'est à ceux à qui Dieu a accordé la puissance
et un haut empire sur la religion et la morale des
peuples, à voir s'ils n'ont pas quelque reproche h
se faire sous ce rapport , ou quelque grand moyen
à essayer pour remédier au mal. Le temps presse ,
le remède est urgent : Un peu plus tard il sera
peut-être impossible de relever la chrétienté de
DE L A RELIGION DE JÉSUS- CHRIST. 7
Ses ÉPOUVANTABLES RUINES , et ILS EN RÉPONDRONT
devant l 'Eternel.
Pour nous, Célestin, quoique nos moyens soient
bien faibles , contribuons de tout notre pouvoir
au grand œuvre de la régénération des peuples ,
depuis si long-temps égarés, et poussés en quelque
sorte malgré eux dans tous les abîmes. C'est là ce
qui m'a encouragé dans la pénible composition
de ce livre de prières d'un genre nouveau , que le
siècle m'a semblé exiger impérieusement. Les bases
elles-mêmes de toute religion et de toute morale
étant détruites ou ébranlées généralement , il faut
songer à consolider partout dans les cœurs un nou
veau fondement pour les asseoir. L'histoire sera
mon juge, et celui qui voit le fond des cœurs
sera mon rémunérateur. De votre côté , il faut
que vous deveniez absolument un disciple éclairé
de Jésus-Christ, un modèle parfait de toutes les
vertus chrétiennes. C'est là votre tâche. Si vous la
remplissez dignement, croyez-moi, vous trouverez
encore des imitateurs ! oui , de nombreux imita
teurs ! Le Seigneur s'est encore réservé un certain
nombre d'âmes fortes qui n'ont point fléchi le genou
devant Baal. Les bannières du déisme seront in
sensiblement abandonnées , comme insulïisantes
pour les masses ; et , pour les athées , ifs au
ront toujours honte de se déclarer ouvertement!
Les hommes d'un esprit mûr, d'un jugement so
lide, en voyant la conduite noble que vous aurez
,
8 DE LA RELIGION DE JÉSt S - CHRIST.
adoptée , et les exemples que vous donnerez
d'une piété éclairée et raisonnable , d'un chris
tianisme pur , se joindront à vous avec joie ; ils
entraîneront bientôt la masse des nations, et ra
mèneront des temps plus heureux. La raison aura
toujours un grand empire sur les âmes nobles et
sur les cœurs bien faits. L'univers serait trop à
plaindre si les temps ne devaient plus revenir où
Ton pourra encore prononcer sans rougir les noms ,
de Dieu , de Vertu , de Piété et de Religion.
Agréez donc ce livre , qui renferme la croyance
et les sentimens d'un adorateur selon le véritable
esprit de Jésus-Christ , comme un gage assuré du
désir ardent que j'ai de vous voir parfait et heu
reux dans le Seigneur. Je l'ai intitulé Manuel,
afin que vous vous souveniez qu'il doit toujours
être entre vos mains. Vous y puiserez , en effet ,
la force , le courage , les vertus , les lumières et
les consolations qui vous seront nécessaires aux
différentes époques, que dis-je ? tous les jours et
dans toutes les circonstances de votre vie. Vous
y trouverez les réflexions et les sentimens qui oc
cuperont toujours une âme sensible au moment
du réveil. Vous y verrez également dans quelles
dispositions un être doué de raison , et surtout un
chrétifin éclairé, doit terminer la journée, et s'a
bandonner au sommeil, lequel est une image , ou
plutôt un état voisin de la mort , état pendant
lequel souvent les plus étonnantes facultés propres
DE L A RELIGION DE JÉSUS - CHRIST. 9
à une vie future se développent. Tous les jours il
vous offrira la matière qui pourra servir à vos sé
rieuses réflexions. J'ai tâché de choisir pour cet
effet les sujets les plus attachans et les plus graves,
comme les plus utiles et les plus indispensables
de nos jours; dans ce siècle indéfinissable, où tout
le monde erre sans principes fixes , sans plan de
vie, sans but et malheureusement sans la moindre
inquiétude ; où une indifférence totale semble
avoir paralysé tous les cœurs ; comme si , en
effet, on était enfin parvenu à se convaincre qu'il
n'existe réellement ni principes , ni vertus , ni
devoirs , ni vie future , ni Créateur, ni espoir pour
l'homme.
Mon ami , j'y ai aussi joint les exercices indis
pensables de votre religion , tels que ceux de l'as
sistance au renouvellement du sacrifice solennel ,
le jour du Seigneur , où l'assemblée des chrétiens
célèbre le souvenir de la passion , de la mort et
de l'amour infini de Jésus ; où toute âme se rem
plit de grâces , et où tous les cœurs prennent une
nouvelle trempe par une édification mutuelle et
publique ; ceux de la confession , ou de l'aveu de
ses fautes , où le chrétien reconnaît ses torts et ses
erreurs , et où il prend la résolution, toujours plus
ferme, de marcher d'un pas toujours plus sûr dans
les sentiers de la perfection et du vrai bonheur;
ceux , enfin , de la communion où nous rece
vons le gage précieux de l'immortalité et d'une
IO DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHIIIST.
parfaite r éconciliationavec le souverain Seigneur,
aussi-bien qu'avec nos frères.
A Dieu ne plaise que vous imitiez en rien
l'aveuglement des prétendus sages du siècle, qui
croient s'élever au-dessus de leurs contemporains
par le mépris qu'ils affectent pour la religion, et
l'indécence avec laquelle ils tournent en dérision
les plus saintes institutions ! comme si la religion
n'était pas, par elle-même , un objet si grand et
si vénérable, que les abus eux-mêmes, que la
faiblesse humaine pourrait quelquefois y mêler,
devraient encore être traités avec égards au ju
gement d un esprit solide et droit , jusqu'au mo
ment du moins que les circonstances permet
traient de les supprimer ! Non, Célestin , vous
n'imiterez jamais une conduite aussi vile et aussi
odieuse. Vous reconnaissez avec moi ces grandes
vérités qui sont les fondemens éternels de l'édi
fice social : que la religion est la base de la mo
rale publique; qu'il serait plus avantageux pour
une nation d'avoir une religion imparfaite que
de n'en avoir aucune ; mais qu'il vaudrait encore
mieux n'en avoir aucune , que de laisser géné
ralement avilir celle qui est reconnue , parce
que son avilissement entraînerait infailliblement
la perte de tout principe et de toute morale.
Et vous en conclurez que vous devez donc res
pecter d'autant plus la religion chrétienne dans
laquelle vous avez eu le bonheur de naître , qu'elle
m: L A RELIGION DE JÉSCS - CHRIST. I I
est d 'ailleursla plus parfaite que la philosophie
puisse concevoir.
La r eligion est la première pierre qu'il faut poser,
lorsqu'on veut travailler à consolider les bases du
bonheur des peuples. Jamais, dans un état, la reli
gion n'a été mise en honneur, sans qu'elle ait fait
sentir aussitôt son influence salutaire pour la pro
spérité générale. Mais aussi ne l'a-t-on jamais
avilie impunément ! Quelle religion pourra-t-on
donner encore à l'univers , si on ne lui conserve
celle de Jésus - Christ ? Les sages du siècle , qui
détruisent toujours sans jamais rien édifier, n'ont
pas encore dit un mot de la religion qu'ils vou
draient voir substituer au christianisme. Et, si
par-là ils ont prétendu nous faire entendre qu'il
n'en faut avoir aucune, autant eût valu dire à
l'homme sage de renoncer à tout espoir et à la
vie ! Malheur ! oui malheur à l'homme sensible,
à l'homme juste , à l'homme sociable qui serait
condamné à vivre au milieu d'un peuple qui au
rait rompu la barrière de tous les principes reli
gieux ! il serait infailliblement la triste victime
de tous ses sentimens hbnnêtes.
O Dieu ! qu'ils sont coupables ceux qui ont été
la première cause du dépérissement du christia
nisme sur la terre ! Quelle responsabilité devant
le Créateur et Sauveur du genre humain ! Avec
quel soin les personnes d'un certain rang, et dont
l'exemple dirige des milliers de leurs semblables ,
12 DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST.
devraient éviter de donner au peuple même le plus
léger soupçon d'un manque de foi et. de religion !
Une personne qui a reçu de l'éducation peut abso
lument conserver quelques principes de justice et de
convenance, même sans avoir l'esprit de la religion
dans laquelle elle a été élevée ; mais ijb peuple ,
privé de sa religion, ne peut être qu'une bête
féroce déchaînée, qui ravage et?qui dévore! Il n'est
capable de sentir sa liberté et sa vie que dans le
déchaînement des passions les plus basses et les
plus furieuses.
Le peuple ne fait en effet aucune différence en
tre un usage religieux et un autre, ni entre un
point de doctrine et un autre : il les range tous
sur la même ligne ; et en voyant une personne
que son rang ou ses lumières ont placée au-dessus
de lui, négliger ou mépriser la plus indifférente
des pratiques , il croira l'imiter en tenant la con
duite la plus immorale, par où il voudra se dis
tinguer de la foule. Cette vérité est si importante,
que c'est une obligation stricte , pour les déposi
taires de l'autorité, d'abolir entièrement et sans
/ délai tout usage qui ne conviendrait plus au siècle.
Ainsi , C élestin, persuadé qu'en méprisant la
religion , vous accuseriez par-là même d'incapacité
ou de pusillanimité le souverain qui la protège ou
la tolère ; que vous taxeriez de faiblesse d'esprit
tous ceux d'entre vos contemporains qui la recon
naissent ou la pratiquent; que vous censureriez vos
DE LA RELIGION DE JÉSUS - CIIRIST. I 3
ancêtres de plusieurs siècles, vous qui n'êtes que
d'hier ! persuadé enfin, qu'en tournant en dérision
un seul des usages religieux de votre nation , vous
porteriez un coup fatal à la morale publique, je
vous verrai toujours raisonnable à cet égard , tou
jours noble et grand dans votre conduite, tou
jours digne du Créateur et de vous-même. Vous
respecterez tout ce qui aura le moindre rapport
à la religion , vous serez plein d'égards envers ses
plus humbles ministres ; que dis-je ? vous traiterez
même avec ménagement, comme nous venons de
le remarquer , jusqu'aux légers abus que le temps
introduit nécessairement dans toute institution
faite pour des hommes, jusqu'à ce que le moment
favorable de les abolir soit arrivé.
C'est a insique vous trouverez dans ce Manuel
tous les grands principes sur lesquels reposent la
religion, la morale, la félicité, et par conséquent
les plus douces espérances du genre humain : prin
cipes sacrés , sans lesquels il n'y a et il ne peut y
avoir, dans la société, ni paix, ni ordre, ni justice,
ni vertu, ni bonheur, ni espoir pour l'homme.
Nourrissez donc votre esprit de ces vérités salu
taires , et remplissez tous les jours votre cœur de
ces sentimens célestes. Enrichissez, perfectionnez
incessamment votre âme. Ne cessez jamais un mo
ment de vous rapprocher de la ressemblance du
modèle divin qui est proposé à votre imitation dans
la personne sacrée de Jésus. Rendez-vous d'un iu
l4 DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST.
stant à l 'autreplus digne de votre éternel Créateur.
Marchez, en un mot, de vertu en vertu, de perfection
en perfection ; vous marcherez en même temps de
gloire en gloire, de bonheur en bonheur. Dieu lui-
même ne pourrait vous rendre plus heureux, si
vous ne deveniez plus parfait, parce que vous êtes
un Etre libre et intelligent. Mais , pendant toute
l'éternité, le Seigneur pourra ajouter à chaque in
stant un degré de plus à votre félicité, à mesure que
vous ferez vous-même quelques progrès dans la
perfection, le bonheurétant inséparable dela vertu,
aussi-bien que le malheur du vice. Quelle vocation
pour un être doué de raison! Quelle perspective
pour un esprit qui réfléchit I
Que l eDieu de toute-puissance et de toute bonté
soit avec vous ! qu'il vous fortifie, et vous encou
rage ; qu'il guide lui-même vos pas chanceîans
dans les nombreuses épreuves de cette vie ; qu'il
dirige lui-même votre course sur cette mer ora
geuse et pleine d'écueils , et vous mène au port du
salut! Que la sainte paix de Jésus-Christ règne à
jamais dans votre cœur, et que le calme parfait
dont il fait jouir ses vrais disciples, ne soit jamais
troublé un seul moment dans votre âme !
RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
AU MOMENT DU RÉVEIL.
D i e d de bonté , mon Créateur et mon père ! la
lumière d'un jour nouveau me réveille et me rap
pelle à mes occupations ordinaires : c'est une
nouvelle création, une vie nouvelle, un nouveau
bienfait de votre part ajouté à tant d'autres !
Conserver et créer n'est qu'un même acte de votre
volonté toute-puissante.
Le jour d'hier est anéanti pour moi; je suis
mort pour ce jour, comme pour toute la partie
de ma vie qui est déjà écoulée. Il ne m'en reste
en etFet qu'un simple souvenir ! souvenir doux et
consolant , si j'ai pratiqué la vertu et si j'ai fait le
Bien ; mais souvenir pénible et amer, si, en me
raidissant contre ma raison et ma conscience , j'ai
fait le mal et me suis livré' à mes passions in
justes. !
Seigneur, le nouveau jour qui luit, le seul qui
soit vraiment à ma disposition, je veux l'employer
tout entier à procurer votre pius grande gloire , en
travaillant au bonheur de mes semblables et à
ma propre perfection. Et votre g'oire, ô bonté
l6 HËFLEXIONS ET SENTIMES S
suprême ! se trouve-t-elle autre part que dans le
bien-être de vos créatures? Non, sans doute. Je
puis donc le dire avec vérité , si je suis fidèle à la
résolution que je viens de prendre , je ne ferai
autre chose aujourd'hui que travailler efficacement
à ma véritable félicité.
Je me sens tout renouvelé : mes membres , par
un sommeil doux et paisible, ont repris toute leur
vigueur. Je me sens armé d'un nouveau courage,
de nouvelles forces, et je suis prêt à entreprendre
toute espèce de travail. Serais-je assez à plaindre
pour méconnaître un seul instant que tous ces
dons ne sont qu'un présent non mérité de votre
infinie bonté ? Ah ! que rna première occupation
soit donc aussi de vous rendre mes devoirs ! Que
les prémices de mes pensées et de mes sentimens
vous soient donc aussi consacrées, ô Créateur tout-
puissant et tout bon ! A quel autre les offrirais-je
qu'à vous?
Quelle douce émotion de la plus profonde re
connaissance remplit mon cœur, lorsque je réfle
chis aux bienfaits que votre main paternelle a ré
pandus sur moi pendant cette nuit , et à ceux dont
elle est prête à me combler encore durant ce jour !
Si je revois la lumière, si je puis encore éprouver
ici-bas les effets de votre bonté aimable, n'est-ce
point par une pure grâce de votre douce provi
dence et de votre amour sans bornes? N'aurait-il
pas pu arriver que je m'endormisse hier pour ne
AU MOMENT DU RÉVEIL.
plus me réveiller? Le sort de plusieurs de mes
semblables , dont- le sommeil a été changé en une
mort soudaine, n'aurait-il pas pu me frapper éga
lement? Les ténèbres de la tombe couvriraient
maintenant mes paupières; ma bouche serait gla
cée , et mon oreille sourde à la voix de l'amitié !
Mon cœur aurait cessé de battre , et tous mes
membres seraient paralysés ! Pour moi, j'aurais
passé aux régions de l'immortalité I Et dans quel
état, ô mon Dieu ! Peut-être qu'à l'heure qu'il est,
je tremblerais devant votre tribunal de sainteté et
de justice !
Mais non, le Seigneur a voulu prolonger ma
vie. Le temps et les moyens me sont encore don
nés de reconnaître mes erreurs et les faiblesses de
mon cœur , et de réparer tous mes torts. Ces mal^
heureuses chutes d'hier même ne serviront qu'à
me faire sentir mon inexpérience et mon néant ,
et qu'à m'avertir de me tenir mieux sur mes gar
des aujourd'hui , afin de ne plus oublier Dieu ni
la vertu.
Je s uisdonc rendu à la société, et je revois une
épouse vertueuse , une mère tendre, un enfant
chéri , un bon père , un vertueux époux , un géné
reux bienfaiteur, des amis, des proches, des pa-
rens. Je revois aussi mes ennemis, les personnes
envers lesquelles j'ai eu des torts , peut-être encore
hier ! Je revois même les lieux où je me suis égaré,
et où j'ai eu le malheur de pécher ! Seigneur, je le
a
1-8 RÉFLEXIONS ET SENTIMEKS
reconnais ; si vous prolongez encore ma vie en ce
jour, c'est uniquement pour me fournir l'occasion
de mieux mériter à vos yeux ; pour m'amener à
mieux reconnaître vos bienfaits, et à travailler
plus eflicacement à mon bonheur, en corrigeant
toutes mes erreurs, en réparant toutes mes fautes;
enfin , pour me convaincre toujours davantage que
votre fidélité est toujours la même et votre bonté
toujours nouvelle. O mon Dieu ! pour tant de la
veurs, recevez le sacrifice d'un cœur reconnaissant,
et agréez la promesse sacrée que je fais ici en votre
présence, de fuir aujourd'hui avec tout le soin
possible les occasions qui pourraient devenir dan
gereuses à ma foi et à ma vertu , et de rechercher
avec une ardeur infatigable celles où je pourrai
amasser des trésors d'amour et de miséricorde
pour l'éternité ! Bénissez cette résolution , ce vœu
que je forme , de me conduire en ce jour avec une
prudence et une sagesse véritablement dignes d'un
chrétien.
Réflexions consolantes qui m'êtes sans doute
suggérées par l'Esprit de toute sainteté, soyez tou
jours présentes à mon âme ! Sentimens purs et
divins qui remplissez mon cœur , pénétrez-le tou
jours plus avant ! Oui, je puis, je dois me réjouir
d'une si belle et si riante matinée ;el!e me rappelle
ce grand moment, aussi solennel qu'imposant, de
la résurrection pour la vie à venir , quand je me
réveillerai d'entre les morts ! Plus d'une fois dans
AU MOMENT DU RÉVEIL. ig
ma v iede brillantes matinées ont réjoui mon âme
au moment du réveil ; mais combien ne sera-t-elle
pas plus brillante, cette matinée la dernière de
toutes , ce glorieux réveil pour un jour éternel,
sans nuages , sans changemens , et sans ombre de
vicissitude ! Les récompenses et la gloire du Tout-
Puissant réjouiront éternellement l'ami sincère et
toujours fidèle de la vertu !
Elevez-vous , ô mon âme ! élevez-vous au-dessus
de cette ombre que projette la terre , et que les
mortels appellent la nuit , et contemplez cette
lumière immense et sans fin que jamais nuit ne cou
vrit de ses voiles ! Quand vous aurez triomphé des
ténèbres de la mort , vous serez ainsi plongée dans
l'océan des clartés éternelles du Dieu de la vérité,
de la vie et de la félicité ! La lumière de tous les
soleils n'est qu'une faible image de la gloire du
Seigneur. O mon Créateur I ô source intarissable
de tout bien ! combien mon amour pour vous s'en
flamme au souvenir de vos infinies merveilles !
combien tous mes semblables me deviennent chers,
quand je me rappelle nos immortelles destinées !
Je me hâte donc , Seigneur, de reprendre les
diverses occupations de mon état. Je veux remplir
en ce jour tous mes devoirs avec exactitude et
selon ma conscience. Ma résolution à cet égard est
ferme et inébranlable. Je ne consentirai à aucun
désir , à aucune pensée indigne de vous , et je
n'exécuterai aucune entreprise qui pourrait m'at
20 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
tirer c esoir les reproches de ma conscience ou le»
vôtres. i
Rien ne vous est caché , ô mon Dieu ! vous con
naissez mon cœur, vous en démêlez tous les replis,
et aucun mortel ne saurait vous en imposer. Vous
connaissez mieux que moi le degré de ma sincérité.
Ma volonté est prononcée pour le bien, sans doute :
je veux même marcher d'un pas ferme sous l'œil
de votre éternelle Providence ; mais la chair, vous
le savez , est faible : accordez-moi donc le secours
de votre grâce divine , afin qu'avec la bonne vo
lonté qui m'anime dans ce moment, je trouve aussi
la force de demeurer fidèle à la foi et à la vertu.
Il m'est démontré que je ne pourrai trouver par
aucune autre voie la paix et le contentement du
cœur.
En suivantainsi les préceptes de la vraie sagesse,
que votre religion seule enseigne , je vous consa
crerai de même le reste de mes jours dont le
nombre sera peut-être plus petit que je ne pense,
etj'estimerai toujours plus le témoignage consolant
d'une conscience pure et sans tache , que tous les
trésors et le faux éclat du monde.
Éloignez de moi , ô mon Dieu ! toutes les ten
tations dangereuses et qui pourraient m'ébranler.
Si votre sagesse divine juge convenable d'éprouver
aujourd'hui ma vertu , ma fidélité et mon amour
par des assauts difficiles à surmonter, alors soyez
a ma droite , et soutenez mon courage chancelant
AU MOMENT DU RÉVEIL. 2 1
par c ettegrande pensée , que vous êtes vous-même
le témoin éternel et incorruptible de tous mes
sentimens, de toutes mes démarches et de tous mes
sacrifices. Faites qu'à la fin de ce jour mon cœur
puisse se remplir d'une secrète joie , en le considé
rant comme un de ces jours pleins que j'aurai mis
en réserve pour l'éternité.
Mon Créateur et mon Père ! bénissez d'avance
toutes les bonnes œuvres que j'espère accomplir
aujourd'hui par suite de ces résolutions. Faites que
je remplisse avec une véritable joie tous les devoirs
que mon état m'impose.Veillez aussi sur mes biens,
ma santé , mon honneur et ma réputation , et
étendez de même votre bras puissant et protecteur
sur tous ceux qui me sont chers, afin qu'ils ne
soient frappés d'aucun de ces malheurs qui rem
pliraient mon cœur d'amertume ; ou bien , s'il
plaisait au ciel de me visiter en ce jour par quelque
dure épreuve , apprenez-moi alors à me résigner
avec une entière confiance en votre bonté pater
nelle , et à mettre tout mon espoir en vous. Oui,
je crois que je pourrai supporter, avec une patience
et un courage vraiment dignes d'un chrétien, tous
les malheurs auxquels la vie de ce monde nous
expose, ainsi que toutes les traverses que les passions
injustes de mes semblables pourraient me susciter.
Dirigez mes pas , ô mon Dieu ! selon votre bon
plaisir , car vous seul savez ce qui pourra me con
duire plus heureusement à ma fin.
23 I ÏÉFLEX.ET SENT. AU MOMENT DU RÉVEIL.
J'élève a ussima prière vers vous, Père univer
sel , ainsi que Jésus-Christ me l'a enseigné , pour
vos autres enfans, mes frères et mes sœurs, et
généralement pour tous mes semblables. Remplis
sez toute la terre de vos bénédictions. Étendez vos
bienfaits sur tous les humains ; que tous aient à se
réjouir au souvenir de votre bonté toute-puissante,
et qu'en reconnaissant votre main paternelle ils
exaltent vos bienfaits infinis ! Que votre volonté
sainte soit l'unique règle de la conduite de toutes
les créatures raisonnables !
Ces pensées m'accompagneront aujourd'hui dans
toutes mes occupations. Soyez avec moi, Seigneur,
et je n'aurai à craindre aucun mal. Ah ! je le sais
assez , vous ne voulez ni ne pouvez abandonner un
faible enfant que vous avez créé , et qui vous a été
spécialement consacré par Jésus-Christ !
Amen.
RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
SUR DIVERS SUJETS
DE RELIGION ET DE MORALE.
».v wwwwwwwww
PREMIER SUJET-
l'homme.
Je m'occuperai aujourd'hui quelques instans de
moi-même : est-il un sujet qui me touche de plus
près ? Combien de personnes n'ont jamais réfléchi
sérieusement sur la merveille de leur existence !
Moi tout le premier , distrait dès l'enfance par les
objets terrestres qui nous entourent sans cesse et
absorbent notre attention , je n'ai jamais fait un
retour bien sérieux sur mon propre être. Après
avoir étudié la nature et les propriétés de mille
objets qui sont placés hors de moi , je suis obligé
d'avouer que je m'ignore encore moi-même.
En j etant un regard curieux sur la structure
admirable de mon corps, et en réfléchissant atten
tivement à ce qui se passe au dedans de moi , je
suis touché , pour la première fois , d'un profond
24 RÉFLEXIONS ET SENT1MENS
sentiment de surprise à la vue de la merveille de
mon existence. Où suis-je ? Qui suis-je? Quels sont
mes rapports avec la société , et mon rang dans
l'univers ?
Quant à mon corps, il est sans contredit l'ou
vrage le plus parfait qui se rencontre sur la terre.
Tout y est ménagé avec un art merveilleux ,
et qui effraie l'imagination. Il reçoit de tous côtés
les impressions des objets extérieurs sans en être
blessé. Il est pourvu de différentes espèces d'or
ganes , afin qu'il puisse éviter tout ce qui l'offense
ou le détruit. La délicatesse des diverses parties ,
quoiqu'elleail le à une finesse inconcevable, s'accorde
avec la force et la solidité. Le jeu de tous les ressorts
n'est pas moins aisé que ferme. A peine puis-jesentir
le mouvement de mon cœur, dont l'effort est si pro
digieux ; tandis que je sens les moindres mouve
mens du dehors, si peu qu'ils viennent à moi. Les
artères battent, le sang circule, les esprits coulent,
toutes les parties s'incorporent leur nourriture, sans
distraire mes pensées, sans troubler mon sommeil,
sans exciter tant soit peu mon sentiment : tant' il
existe de règle et de proportion , de délicatesse et
de douceur dans de si grands mouvemens !
Tant d'organes si bien arrangés et si propres
aux usages pour lesquels ils sont faits , la disposi
tion des valvules , les pulsations du cœur et des
artères, la délicatesse des parties du cerveau, et la
variété de ses mouvemens dont dépendent tous les
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 2$
autres , la distribution du sang et des esprits , les
effets divers de la respiration, qui sont d'un si grand
usage dans le corps.... tout cela est d'une économie,
et , s'il est permis d'user de ce mot , d'un méca
nisme si admirable , qu'on ne le peut voir sans
ravissement , ni assez admirer la sagesse qui en a
établi les règles.
Il n 'estguère de machine connue que je ne re
trouve dans mon corps. Pour sucer quelque liqueur,
les lèvres servent de tuyau , et la langue sert de
piston. Au poumon est attachée la trachée-artère,
comme une espèce de flûte douce , ou un instru
ment à vent, qui, s'ouvrant plus ou moins, modifie
l'air et diversifie les tons. La langue est comme un
archet qui , frappant à la fois les dents et le palais,
produit, de concert avec les lèvres , des sons d'une
prodigieuse variété. L'œil a ses humeurs et son cris
tallin ; les réfractions s'y ménagent avec plus d'art
que dans les verres les mieux taillés. Il a aussi sa
prunelle qui se dilate et se resserre ; tout se règle
sur l'axe de la vision et s'ajuste aux distances ,
comme les lunettes à longue vue. L'oreille a son
tambour où une peau aussi délicate que bien
tendue résonne au moindre bruit qui agite l'air;
elle a aussi dans un os fort dur des cavités prati
quées pour faire retentir la voix et multiplier le
son , comme il arrive dans les échos ou parmi les
rochers. Les vaisseaux ont leurs valvules tournées
en tous sens. Les os et les muscles ont leurs poulies
20" RÉFLEXIONS ET 8ENTIMENS
et l eurs leviers; les proportions qui font les équi
libres et la multiplication des forces mouvantes y
sont observées dans une justesse où rien ne manque,
où rien ne reste à désirer. Et au surplus , tous ces
rouages sont si simples, le jeu en est si aisé et
la structure si délicate , que tout autre machine
est grossière en comparaison.
A rechercher de plus près les appareils, on y voit
toutes sortes de tissus : rien n'est mieux filé , rien
n'est mieux passé, rien n'est serré plus exactement.
Nul ciseau , nul tour, nul pinceau ne peut appro
cher de la perfection avec laquelle la nature tourne
et arrondit ses sujets.
Tout c eque peut faire la séparation et le mé
lange des liqueurs, leur précipitation, leur diges
tion, leur fermentation et le reste, est pratiqué si
habilement dans mon corps, qu'auprès de ces opé
rations la chimie la plus fine n'est qu'une ignorance
très-grossière.
On v oitaussi à quel dessein chaque chose a été
faite : pourquoi le cœur , pourquoi le cerveau ,
pourquoi les esprits , pourquoi la bile , pourquoi
le sang, pourquoi les autres humeurs. Dirai -je
que mon sang n'est pas fait pour arroser mon
corps et le nourrir; que mon estomac et les eaux
qu'il jette par ses glandes ne sont p;is faits pour
préparer par la digestion la formation du sang;
que mes artères et mes veines ne sont pas faites
de la manière qu'il faut pour le contenir, pour le
i
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 27
porter partout , pour le faire circuler continuelle
ment, ou que le cœur n'est pas fait pour donner l'im
pulsion à cette circulation ? Dirai-je que la langue
ou les lèvres , avec leur prodigieuse mobilité , ne
sont pas faites pour former la voix en mille sortes
d'articulations, ou que la bouche n'a point été mise
à la place la plus convenable pour transmettre la
nourriture à l'estomac; que les dents n'y sont point
placées pour rompre cette nourriture et la rendre
capable d'entrer ; que les eaux qui coulent dessus
ne sont pas propres à la ramollir , et ne viennent
pas pour cela à point nommé ; ou que ce n'est pas
pour ménager les organes et la place, que la bouche
est pratiquée de manière que tout y sert également
pour la parole et la nourriture ? Dirai-je que ma
main , avec ses doigts si déliés et leurs ongles si
admirablement ménagés , n'est pas faite pour le
travail, ni placée de manière à pouvoir soigner tout
le corps ; que les pieds ne m'ont point été donnés
pour me transporter partout où je veux ; que l'œil
enfin n'est point fait pour voir, ni l'oreille pour
entendre ? Certes , je ne suis ni assez stupide ni
assez insensé pour outrager la raison d'une manière
aussi grossière et aussi révoltante.
Mais quel être plus admirable mille fois anime
ce corps? Qu'est-ce que cet esprit , quelle est cette
âme , ou ce moi, qui vient de faire toutes les ré
flexions précédentes , et de former ces divers rai-
sonnemens? O surprise! serait-ce encore ici une
28 RÉFLEXIONS ET SEJVTIMENS
opération secrète de ce même corps que j'examine;
un autre jeu de nerfs encore plus fins et d'humeurs
encore plus déliées? Mais quel rapport peut-il y
avoir entre la nourriture grossière que je prends , et
la pensée, le jugement, là raison, ce moi surtout
qui demeure toujours individuellement le même ,
quoique les parties matérielles changent sans cesse,
au point que dans peu d'années tout mon corps se
renouvelle ? Un composé de chair et d'os , qui
pense, qui raisonne, qui s'admire lui-même ! Non,
la matière organisée n'est point susceptible d'une
telle perfection! Ce qui constitue vraiment l'intelli
gence individuelle dans l'homme doit être tout
autre chose que ce que prétend l'anatomiste ou le
physiologiste grossier. Etsije trouve que l'existence
des êtres purement spirituels ne répugne point à
l'essence des choses ,' je serai convaincu que c'en
est un qui m'anime. Mais pourquoi l'existence d'un
être purement spirituel et étranger à la matière se
rait-elle impossible? L^sprit n'est-il pas plus conce
vable que le corps lui-même? Les philosophes ne
peuvent faire autant d'objections contre la création
des êtres immatériels que contre celle des corps.
Dire qu'un objet n'est point matériel, ce n'est pas
dire qu'il n'est rien : le moi intelligent est sans doute
un véritable être ; et si nous ne pouvons nous en
faire une idée , c'est uniquement parce qu'il en est
de l'âme comme d'un sixième sens, ou d'une hui
tième couleur primitive : nous n'avons jamais vu
SUR D IVERf?SUJETS DE RELIGION. 2g
d'objets semblables. Oui, cet être simple séparé de
la matière, cette âme qui me donne le sentiment et
la vie , ne peut être méconnue par un homme raison
nable. Et, quoique je ne puisse m'en former une
idée exacte , je dois encore avouer qu'elle m'est
plus intimement connue que ce corps lui-même
qui lui est uni ; car , après tout, mon âme, c'est ma
raison, c'est moi; tandis que le corps n'est qu'un in
strument dont je me sers , et qui m'est en quelque
sorte étranger. Le somnambulisme, dont les phé
nomènes sont si surprenans et si inexplicables pour
les matérialistes du jour, prouve jusqu'à l'évidence
que ce n'est point l'œil qui voit, ni l'oreille qui en
tend, ni en général le corpsqui sent; mais que toutes
ces fonctions sont le propre de l'âme, laquelle est un
être individuel, et qui peut exister sans les organes.
Maintenant donc, pourquoi suis-je sur cette
terre? Quelle main habile m'y a placé? Quelle est
la fin de mon être?Je connais bien l'usage de chaque
partie de mon corps ; mais mon être tout entier ,
quelle en sera la destination ? Quel est mon rang,
mon emploi dans la grande chaîne des êtres créés?
Suis-je fait uniquement pour cette terre, pour la so
ciété du genre humain, ou bien ai-je des relations avec
le Créateur et avec un monde plus parfait? 0 vous
tous, êtres qui m'environnez! beau firmament! ad
mirable nature! et vous, terre, parlez.... je vous
interroge ! Qu'exige de moi ce souverain Seigneur,
dont vous m'annoncez l'existence , la grandeur et
30 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
la majesté? Vous êtes muets! — Mais que votre
silence me parait éloquent !—Oui je suis un des rois
de ce globe! Être libre et intelligent, je dois aller
à ma fin par moi-même. J'interrogerai donc mes
semblables, je m'interrogerai moi-même : ma rai
son et mon cœur me parleront du Dieu qui m'a créé !
O mon Créateur, mon éternel bienfaiteur! Ah !
pourquoi , pourquoi êtes-vous un Dieu caché ?
SLR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 3i
SECOND SUJET
DIEU.
Ou e stcette source éternelle qui répand inces
samment la lumière, la vie et le bonheur sur tous
les globes et sur toutes les créatures? Où est cette
première action d'où dérive toute force, toute vertu ,
tout mouvement, par laquelle tout a reçu l'être, et
par laquelle tout se conserve ? Où est cette cause
première qui ne dépend que d'elle-même , et qui
est l'unique principe de tout ce que je vois , de tout
ce que je sens , de tout ce que j'entends ? Où est-elle ,
cette première, cette suprême raison , cette sagesse
immense , cette bonté infinie qui a laissé de si bril
lantes traces autour de moi dans l'empire de la
création? Tout ce qui m'environne ne porte-t-il
pas l'empreinte d'une puissance illimitée, d'une sa
gesse sans bornes et d'une bonté qui embrasse tout?
O vous ! de quel nom vous appellerai-je ? Créateur,
Dieu , Eternel , Etre des êtres , le ciel et la terre
m'annoncent votre existence ! Le bruit de la feuille
qui tombe me parle de vous , comme celui du fleuve
qui se précipite dans l'abîme. Chaque grain de
sable , chaque plante , chaque brin d'herbe , l'homme
et le vermisseau , tout ce qui a l'être bu la vie, me
32 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
raconte v os merveilles. Je vous vois dans la lumière
du soleil aussi bien que dans la faible lueur de l'in
secte de la nuit. Je vous entends dans le chant de
l'oiseau comme dans le rugissement du lion. Je
vous reconnais dans la voix d'un ami comme dans
le bruit du tonnerre ou le mugissement des vagues
de la mer. En un mot , je reconnais votre action
divine danschaque vertu quim'anime etm'échauffe ;
et il n'est point de force dans mon corps, point de
puissance dans mon âme, qui ne me dise en un
langage ineffable : Il y a un Dieu, un Créateur;
adore-le ! Seigneur , vous avez été, vous êtes et
vous serez ! !
Oui, ma raison et mon cœur se réunissent pour
m'assurer qu'il existe un Dieu. Que dis-je ? ce corps
lui-même, dans sa structure admirable, m'apprend
qu'il existe un auteur divin. Le jeune enfant plein
de candeur et de simplicité, et dont la raison com
mence à se développer, m'annonce ce Dieu dont la
bonté brille dans tous ses traits. ^Toutes les nations
reconnaissent l'Etre éternel , quoiqu'elles l'adorent
de diverses manières; et tous les jours des mil
lions de mes semblables lui adressent leurs vœux :
l'homme civilisé comme le sauvage , l'Européen
éclairé comme l'Américain simple et grossier , le
philosophe aussi bien que le laboureur; l'athée lui-
même , et le matérialiste , tendent vers lui leurs bras
et l'invoquent au moment du naufrage ! Qui pourra
donc vous méconnaître , ô mon Dieu! — Qui ? —
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 33
L'impie lui seul dira dans son cœur : Dieu n'est pas ;
et son cœur le démentira !
En e ffet,l'âme corrompue , la conscience agitée
par les remords sans espoir de repentir , l'esprit
aveugle , la passion injuste , un cœur flétri par le
crime , enfin l'homme au désespoir, pourront seuls
douter de l'existence d'un Dieu créateur et rému
nérateur! ii , ; • .t ii • ' -
Voici comment raisonne le philosophe vain, or
gueilleux et indigne de ce nom : Je ne comprends
pas un Dieu créateur, éternel, immense, infini,...
donc il n'existe pas; et voici le langage solide et
humble du vrai philosophe et de la raison : Je ne
comprends pas un Dieu créateur, éternel , immense,
infini y... donc jesuis un être borné, mais Dieu n'en
existe pas moins. De ce que je ne le comprends
pas , il ne s'ensuit pas que je doive l'anéantir: c'est
à moi de m'anéantir devant lui. Moins je le
comprends , plus je l'adore. Je. m'anéantis en sa
présence, et me réjouis de le voir si fort élevé au-
dessus de tout ce qui est créé , et. de nia faible
conception. Si je le comprenais , il ne serait plus
le Dieu de mon cœur : le Dieu de mon cœur est
un Dieu incompréhensible. <,,
Pour moi, Seigneur , que je suis heureux de vous
reconnaître ! que je suis heureux de pouvoir ainsi
élever mon âme et mon cœur jusqu'à vous, ô source
éternelle de toute perfection , de toute beanté et
de toute félicité ! Du haut de votre trône immuable ,
3
34 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
ô vous qui habitez une lumière inaccessible! jetez
un regard sur l'ouvrage de vos mains ! Du fond de
l'abîme j'ose élever un œil timide jusqu'à vous , et .
vous dire que je vous reconnais, que je vous aime ,
et que je me sens pénétré de reconnaissance en
vers mon Créateur. Périssent ceux qui vous mé
connaissent ! Qu'ils soient anéantis ces stupides qui
préfèrent le néant au Dieu éternel ! ou plutôt, Sei
gneur , dans votre pitié et votre miséricorde infinie ,
éclairez ces pauvres aveugles et les rappelez à vous ;
car, hors de vous , il n'est point de vrai bonheur.
Comme la vie humaine me semblerait sombre et
triste sans vous , ô mon Dieu ! comme elle me pa
raîtrait vide de plaisirs ! Si j'étais un simple jeu du
hasard , que pourrais-je espérer pour la suite ? A
qui pourrais-je confier le soin de ma destinée? Sur
qui pourrais-je me reposer de mon sort? ou plutôt,
que n'aurais-je point à redouter! Ce même hasard,
aveugle et sourd, qui m'aurait produit, ne pour
rait-il pas aussi me rendre éternellement malheu
reux sans que je pusse m'en plaindre ? Dieu de
mon cceur! si je n'étais persuadé que vous êtes mon
Créateur, et que vous serez éternellement mon pro
tecteur, je porterais envie à l'être irraisonnable qui
me suit, car son sorjt serait plus heureux que le
mien. La raison, le sentiment , ne seraient plus
alors pour moi qu'un martyre continuel et un
bourreau qui me rappelleraient incessamment mes
malheurs. Comment donc , ô Dieu de mon bon-
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 35
heur! c e penchant qui m'entraîne vers vous, ce
désir inquiet qui vous cherche et vous réclame ,
comment serait-il chimérique et sans ohjet? Ah ! ce
désir est entré si avant dans mon âme ! il a péné
tré si profondément dans mon cœur !
Esprit troublé et faible, rassurez-vous ! Dieu l'E
ternel est le Créateur de tous les mondes, aussi-bien
que du vôtre. Vous avez été produit par son souffle
immortel. Oui, je le crois d'une foi ferme et iné
branlable , et je me réjouis dans cette foi de toute
la plénitude de mon cœur.
Maintenant donc, je sens mieux le prix de mon
existence ; je ne me trouve plus abandonné, seul et
isolé au milieu de mes semblables qui sont tous
faibles comme moi. Je ne suis plus un jeu de l'a
veugle hasard , mais je suis votre ouvrage , l'ou
vrage de vos mains , le produit de votre sagesse et
de votre bonté; je suis, Seigneur, votre créature,
votre enfant. Vous ne me voulez que du bien , et
j'ai même appris à vous appeler du doux nom de
Père l
Maintenant la paix la plus profonde , la joie la
plus pure remplit mon âme. Je sais de qui je pro
viens et en qui je crois ; je sais de quoi je puis me
réjouir ou me consoler ; sur qui je puis me reposer
de mon sort. Je sais que c'est vous, ô mon Dieu !
qui êtes le créateur de tous les êtres , le père de
tous les hommes , et le mien , et que vous le serez
éternellement. Rien ne pourra donc m'arracher du
3.
36 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
cœur c ettedouce persuasion , cette foi bienfaisante ;
et je veux me laisser aller aujourd'hui tout entier
à ce doux sentiment et que je viens de vous , et que
je vous appartiens. La reconnaissance, l'amour et
une joie inefFable s'emparent de mon âme à cette
grande, à cette sublime pensée, et j'éprouve les
émotions les plus saintes et les plus sacrées.
Puisse, ô mon Dieu ! ce sentiment de reconnais
sance ne point vous déplaire dans le cœur d'une
faible et chétive créature ! Puisse -t- il vous être
agréable ! — Ah ! qûi m'apprendra à entrer dans vos
vues, Seigneur? qui m'enseignera votre volonté?
Daignez m'instruire vous - même ; vos désirs se
ront des ordres pour moi ! Vos commandemens
sont doux ; ils mènent à la perfection, parce que
la perfection mène à la félicité. Faites que j'ap
prenne à vous connaître toujours de plus en plus ,
et que je ne cherche mon bonheur qu'en vous par
l'accomplissement de votre éternelle volonté.
SUR DIVEKS SUJETS DE RELIGION.
Wt fWW^IVIVWWVWWVl'V*WVWWWWlWWWIWWWVwxwwwww
TROISIÈME SUJET.
PERFECTIONS DE DIEU.
Dieu e stl'éternelle et immuable perfection. Il est
le grand modèle proposé à l'imitation de l'homme
et de tous les esprits créés. Quel que soit le degré de
perfection auquel ceux-ci soient déjà parvenus , ou
la hauteur à laquelle ils pourront s'élever encore
pendant toute l'éternité , il restera toujours une
distance infinie entre la plus parfaite des créatures
et le Créateur! Cependant, quelle vocation pour,
l'homme et pour tous les êtres intelligens !
Quoiqu'en Dieu la perfection ne soit , à propre
ment parler, qu'Une, quoiqu'elle soit indivisible,
je la contemplerai néanmoins sous les divers rap
ports que la faiblesse de l'esprithumain y distingue.
Une s ainte frayeur s'empare de moi au mo
ment que je médite de pénétrer dans le sanctuaire
de la Divinité ! Je me reconnais indigne d'en pro
noncer même le nom ; comment serais-je en état de
dénombrer toutes les merveilles de ses ineffables et
incompréhensibles perfections! Qui êtes-vous donc,
Seigneur , et où est le trône de votre immense em
pire ? Il me semble ici entendre une voix secrète
au fond de mon âme qui me répond : Je suis celui
qui est ; les créatures ne sont pas ; leur existence
38 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
n'est que secondaire : pour moi , j'existe par moi-
même , et je suis l'être par excellence !
Grand Dieu ! ayez pitié de moi ; je me sens tout
opprimé de votre- gloire ! Laquelle , de vos éter
nelles perfections , fera le premier sujet de mes
réflexions et de mes extases ? Parlerai-je de votre
grandeur et de votre majesté suprême? Non; l'es
prit d'un mortel , tout étendu que vous l'ayez créé ,
ne les a jamais mesurées. Personne n'a jamais sondé
cet abîme sans fond! Mais je m'arrêterai d'abord à
cette perfection aimable dans laquelle vous semblez
vous-même vous complaire davantage , et que
vous regardez, pour ainsi dire, comme le plus bel
apanage de votre Divinité ; votre Bolté infinie. On
a dit que la bonté était une vertu royale : non ,
c'est une vertu divine; que dis-je? c'est la perfec
tion elle - même tout entière ; c'est Dieu ! Bonté ,
bonté suprême, c'est le nom que diverses nations
ont donné au Seigneur, selon leurs diverses langues.
Soyez donc aussi ma vertu favorite, ma vertu
chérie , la vertu de mon cœur, ô bonté , ô tendresse ,
ô miséricorde ! Tous les sentimens précieux et di
vins vous accompagnent ; l'amour , la charité , la
sensibilité , la douceur , la pitié , l'humanité , la
condescendance, l'affabilité, la prévenance et la lon
ganimité.
Vous ê teséternel , ô mon Dieu ! c'est-à-dire
que pour vous il n'y a point de temps , parce que
vous ne connaissez ni changemens ni vicissitudes.
SLR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 3g
Vous avez été, vous êtes, et vous serez. Quand ce
monde aura vieilli , vous le changerez comme on
change un vêtement : pour vous , vous serez encore
le même, car vous êtes revêtu de lumière ! Quand
tous ces globes étincelans auront disparu les uns
après les autres dans la voûte des cieux ; quand le
ciel et la terre ne seront plus , vos années ne se trou
veront pas encore diminuées , car vous êtes l'ancien
des jours ! Soyez donc loué, Seigneur , et soyez béni
ilans tous les siècles , et au delà des siècles. Pour
moi , je ne , suis que d'hier,; ma vie n'est qu'un
souffle ; je ne suis qu'un faible vermisseau, quoique
créé' à votre image et animé par votre toute-puis
sance. Lorsque vous avez tiré du néant toute la
création ; lorsque vous avez appelé tous les astres
-par leurs noms, et que vous avez dit à la terre
de paraître , alors vous m'avez appelé également à
l'existence, ahn que je pusse vous aimer et ressentir
tous vos bienfaits.
Dieu créateur : quel titre imposant! comme il
exprime bien la puissance , la grandeur , la majes
té ! Je remonte en esprit avant tous les sièclesjus
qu'à cet espace sans nom qui précéda la création ,
lorsqu'il n'y avait encore ni temps ni époques : là ,
je trouve mon Dieu, l'Eternel, existant en lui-
même et heureux de son propre bonheur ! Tout à
coup , il le désire , et la première étoile se montre ,
la terre paraît , la première aurore luit , le soleil
s'élance dans sa carrière et éclaire le grand abîme ;
40 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
les temps commencent, et les années se succèdent
*, pour former des siècles ! Le Créateur a arrondi
tous les globes entre ses doigts , et les a posés
sur leurs propres centres, pour se contre-balancer
dans l'immensité ! Il a fait la terre par sa vertu ; il
a préparé l'univers par sa sagesse ; il a étendu les
cieux par son intelligence , et il a fini par créer
l'homme, le roi de ces vastes domaines. Et cet
homme c'est moi! Etre intelligent et libre, le
Créateur demande de moi un culte volontaire , le
culte de la vertu , de la justice , de la vérité. O Dieu î
que je ne souille donc jamais en moi votre image
divine ; que je ne méconnaisse donc jamais la no
blesse de mon être ! Vous m'avez communiqué
comme une portion de votre essence , de votre rai
son , de votre liberté , de votre indépendance éter
nelle : que je sois malheureux et misérable à ja
mais, si j'abuse de tous ces dons , si vous avez enrichi
un ingrat, et si je ne mets pas ma gloire à vous
imiter en tout ! Vous m'avez fait moi-même l'arti
san de mon bonheur : quelle perfection pour une
créature ! Insensé ! et j'ai osé quelquefois m'en
prendre à mon noble et généreux bienfaiteur, des
malheurs qui me sont arrivés ! Mon Dieu l si je ne
vous ai pas bien connu jusqu'à ce jour; si je ne me
suis pas bien connu moi-même ; c'est que l'on ne
m'avait point encore fourni de pensées assez éle
vées sur la nature de votre être et du mien ; c'est
que ma raison n'était point encore assez cultivée
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 41
pour pouvoir me suggérer des idées plus justes.
Mais aujourdhui je reconnais que la liberté dontje *
jouis est entière et parfaite , et que vous ne pouvez
ni ne voulez la contraindre en aucune manière. Je
sais que vous n'avez en vue que le bonheur de toutes
vos créatures , et qu'aucune d'entre elles ne sera
malheureuse que par sa propre faute.
Dieu immense , Dieu tout-puissant : il est présent
en tous lieux , et partout son autorité est absolue :
rien ne saurait résister à sa volonté suprême ! Qui
mettra des bornes à sa puissance ? qui en mettra
à son immensité ? O hommes ! soyez saisis d'éton-
nement et adorez en silence ! car le Seigneur est
encore infiniment plus grand en lui-même qu'il
ne s'est montré dans ses œuvres ! Qui pourra l'em
pêcher de créer encore mille mondes plus riches et
plus beaux que celui que nous connaissons ? Ce
n'est qu'en tremblant que le philosophe doit lui as
signer les limites de l'impossible pour bornes de
sa puissance!
Si j eremonte au plus* haut des cieux , je vous y
trouve , ô mon Dieu ! Si je descends au plus pro
fond des abîmes, je vous y rencontre ! Si je prends
mon essor, et que je me transporte au delà des
mers , votre main m'y conduit ! Où irai - je
donc me cacher quand je méditerai le crime ? La
nuit pourra-t-elle couvrir mes démarches a vos
yeux? Non : les ténèbres sont pour vous aussi
éblouissantes que les rayons du soleil ! Je me con
4? RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
duirai donc toujours d'une manière qui puisse vous
être agréable et nie donner quelque assurance au
moment terrible où ma dépouille mortelle viendra
à se dissoudre , où le voile tombera , et où je vous
verrai tel que vous êtes , ô vous , aujourd'hui le Dieu
invisible , mais qui ne laissez pas d'être toujours à
mes côtés et de me suivre partout de l'œil de votre
providence !
Dieu e stla voie , la vérité et la vie : que je marche
donc dans cette voie ! c'est celle de la perfection et
dela vraie félicité! Que je m'approche donc de
plus en plus du Seigneur! je m'élèverai par-là de
vertu en vertu et de gloire en gloire. Ainsi que la
vérité , Dieu se trouve partout ; il est présent par
tout ; il est partout le même : dans tous les lieux
où il sera vrai de dire que la vertu est aimable,
Dieu s'y trouvera , car il est la vérité. Est-il un seul
objet dans la nature qui plaise autant à l'esprit hu
main que la vérité? est-il un seul objet qui lui donne
de plus grandes extases , et qui soit le but le plus
continuel de ses recherches et de ses poursuites?
— Faites donc , Seigneur , que je sois toujours
vrai , et que je nourrisse incessamment mon âme
de science et de vérité.
Dieu e staussi la vie , la source de toute vie ; il
n'y a point de vie sans lui : faites donc aussi , ô
mon Dieu ! que je ne vive que pour vous , et que
je vive éternellement en vous ! Ah ! n'anéantissez
jamais une âme qui vous connaît et qui vous al
SUR f c-IVERSSUJETS DE RELIGION. 4^
teint , parce que vous l'avez créée à votre image ;
une âme qui vous aime et s'élève jusqu'à vous !
Seigneur , vous êtes encore infiniment juste ,
quoique infiniment miséricordieux ; de même que
vous jouissez d'une parfaite liberté , quoique vous
soyez immuable. Vous êtes saint dans le suprême
degré ; et cependant vous permettez le mal dans
vos créatures libres. Vos perfections ne sont point
semblables aux perfections des hommes , et vos
pensées ne sont point leurs pensées. Vous êtes le
Dieu incompréhensible aux mortels !
Ecoutez donc cette prière , ô Dieu incompréhen
sible! Je sais que jamais je ne vous connaîtrai aussi
parfaitement que vous vous connaissez vous-même,
quand bien même mon âme se perfectionnerait éter
nellement : mais éternellement je pourrai décou
vrir en vous de nouvelles perfections , et des mer
veilles nouvelles dans vos ouvrages ! Faites donc
que je commence, dès à présent, à marcher sur la
route de la perfection, et à devenir saint comme
vous êtes saint! Vous n'avez pu séparer le bon
heur de la perfection ; mais vous pouvez me rendre
tous les jours plus heureux , à mesure que j'en
trerai mieux moi-même dans toutes les vues de
votre amour !
-
44 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
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QUATRIÈME SUJET.
DESTINÉE DE l'hOMME.
Il n 'y a pas le moindre doute que je puisse con
naître ma destinée, et découvrir les desseins conçus
par le Maître de la nature en me créant ; sans cela
je serais incontestablement le plus mal partagé de
tous les êtres qui m'entourent. Connaissant la des
tination de la plupart de ces êtres, et les condui
sant à leurs fins par des moyens propres, il n'y au
rait donc que l'homme , le plus noble de tous „
dont j'ignorerais l'emploi , et qui me paraîtrait
comme égaré , comme déplacé sur cette terre ! La
nature , si sage et si prévoyante partout ailleurs ,
n'aurait donc travaillé ici qu'en aveugle , et unique
ment pour le malheur des créatures intelligentes !
Non , il est impossible que le souverain Seigneur
de toutes choses m'ait laissé dans l'ignorance de ce
qui me touche de si près! Je puis connaître ma
destinée et les moyens d'y parvenir ! Doué de
raison et de liberté , je dois m'avancer moi-même
vers mon but , et ce but doit être digne de moi
aussi-bien que du Créateur.
C'est à l alumière de la raison dont l'Eternel m'a
orné, et à celle de la religion dont il m'a fait parti
cipant, que je veux examiner, en ce moment, la
SLB DIVERS SUJETS DE RELIGION. ' ^5
question intéressante de ma destinée , ou du Lut
que Dieu a pu avoir en me créant.
Je d ois poser d'abord un grand principe : cet
Etre si bon, si sage et si puissant, qui m'a placé
sur cette terre , n'a pu avoir d'autre intention que
celle de me rendre heureux. Comment imaginer
qu'il eût voulu faire servir sa toute -puissance à
produire des créatures malheureuses ?
Mais comme par ma nature je suis un être in
telligent et libre, Dieu a dû nécessaibement me
donner des lois , et j'ai dû nécessairement encore
devenir moi-même l'instrument de mon propre
bonheur. Qu'ai-je donc à faire pour parvenir à cette
vraie félicité qui est ma fin, si. ce n'est d'entrer
volontairement dans les desseins sublimes que le
ciel a sur moi , et de ne contrarier en rien ses vues
bienfaisantes en abusant lâchement de la liberté
entière qui m'a été donnée pour ma perfection ?
Éclairez , ô Soleil éternel de vérité ! éclairez en
ce moment ma raison , si j'ai eu le malheur de
l'obscurcir moi-même par mes passions , mes pré
jugés et mes crimes , ou si j'ai eu le malheur de
naître de parens ou d'ancêtres qui ont négligé la
science du salut depuis plusieurs générations , afin
que je puisse reconnaître mon véritable but , vos
désirs et mes vrais intérêts.
La destinée de l'homme sur la terre est noble
et grande ; ses relations sublimes avec la société et
avec le ciel le prouvent d'une manière incontes
46 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
table. Et quand même , par une supposition im
possible , je n'aurais aucun rapport avec un monde
plus parfait, le prix de mon être serait encore en
quelque sorte grand , et mon but noble et relevé.
Pourquoi aurais-je reçu ce corps , ce chef-d'œuvre
de puissance et de sagesse, qui est en même temps
si délicat dans toutes ses parties , et si solide et
durable dans sa force? qui est si sensible, et ce
pendant si endurci aux peines et aux travaux ?
Pourquoi cet esprit , avec ses vastes conceptions et
ses rares talens ; cette raison qui comprend tout;
cette imagination qui se rend tout présent ; cette
mémoire qui sait tout rappeler ; ce vol rapide de
la pensée qui traverse l'empire de la création ,
qui de cette terre s'élance au ciel et revient ap
profondir les abîmes de la mer ?Pourquoi ces désirs
insatiables qui ne reposent jamais, cette lutte con
tinuelle de forces opposées; ces passions sublimes
quand elles sont vertueuses , mais si terribles dans
leurs écarts ? Oui , ma destinée , à ne me considérer
que comme citoyen de cet univers , est déjà grande !
Placé par le Créateur sur ce vaste théâtre , je dois y
exercer mes forces et déployer mes vertus.Tout au
tour de moi se range l'immense création ; je suis en
état d'en admirer la beauté. Enflammé , extasié à la
vue de ses merveilles innombrables , je puis élever
mon admiration, mes sentimens de reconnaissance,
mon amour , mes adorations , jusqu'au pied du
trône de la Divinité ! Toutes les bénédictions du
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 4"]
ciel remplissent la terre ; la nature étale partout
ses richesses et son abondance; roi d'ici -bas , je
jouis seul de ces biens , seul je me rends la nature
tributaire. Le plaisir , la joie , les plus douces
consolations , se trouvent semés partout sur le
chemin de la vie : si je ne sais les apprécier ni les
distinguer des fausses jouissances ; si je ne sais me
les approprier au milieu d'une vie pleine d'inno
cence et de vertu , ce n'est qu'à moi-même que je
dois m'en prendre.
Je révère donc d'abord dans l'homme cet instru
ment de la Providence qui peut et doit servir au
bien général , et contribuer à faire fleurir partout
la vérité et la vertu. L'homme doit aider à dimi
nuer les souffrances de toute l'espèce humaine, et
à en augmenter la félicité par sa bienfaisante cha
rité , son amour et sa sollicitude , par son travail ,
son assiduité , sa douceur et sa patience. Il doit
assurer et consolider de tout son pouvoir le bien-
être de ses semblables , en se perfectionnant lui-
même , en formant son cœur, en ornant son esprit
et en ennoblissant tout son être ; en un mot ,
l'homme sur la terre doit chercher à établir autour
de lui le bonheur par la vertu , la justice et la
vérité , et s'assurer pour jamais cette paix de la
conscience et cette approbation intérieure qui re
lève si puissamment toutes les jouissances et adou
cit toutes les peines.
Mais l avie de ce monde n'est pas la seule ni la
48 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
dernière destinée des humains. Nous portons en
quelque sorte le sceau de l'immortalité empreint
sur notre front et dans tout notre être. Dieu peut
en effet nous perfectionner , et nous perfectionner
encore; il peut nous rendre heureux, et augmenter
sans cesse notre bonneur, moyennant notre propre
coopération , et pendant une éternité I Telle ne
serait-elle donc pas la grande et noble destinée des
mortels? Ah! si l'homme sentait toujours hien sa
grandeur , s'il était toujours bien pénétré de la
noblesse de son être, enrichi et privilégié au-dessus
de toutes les autres créatures qui l'environnent;
s'il pensait incessamment au haut degré de perfec
tion qu'il pourrait déjà posséder, et à celui auquel
il pourra encore atteindre par ses vertus pendant
les années éternelles, sans doute il aurait honte
de se dégrader jusqu'à la bassesse du vice ! sans
doute il saurait se mettre au-dessus de toutes les
faiblesses de son cœur, et secouer cette insouciance
qui l'arrête sur le chemin de la perfection, et
l'éloigne de sa destinée !
Tous l esêtres sont destinés à servir l'homme ,
roi de la terre , et aucun d'entre eux ne se
porte hors de la sphère de cet univers. Toutes les
chaînes des êtres subalternes viennent aboutir
à l'homme, lequel forme ce grand anneau par où
notre monde tient à un autre système. Seul je
m'élance hors de la sphère étroite de ce monde !
seul je me sens destiné à quelque chose qui jn'est
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 49
point t errestre, mais céleste ! De même que les
divers règnes de la nature se confondent ici-bas ,
et se tiennent comme par la main , de même notre
monde animé passe imperceptiblement au monde
des pures intelligences. Qui oserait prétendre que
la grande chaîne de la création se trouve terminée
à l'homme? Quel philosophe a jamais eu la té
mérité de dire : Voilà la dernière borne des œuvres
du Créateur? — Et si le sort d'un seul individu ne
vous frappe point assez , quoique le vrai philosophe
doive raisonner ici d'un seul homme comme de
tous les hommes ; étendez un peu vos idées , con
sidérez toutes les générations à la fois ! Serez-vous
assez insensé pour vous persuader que la masse
entière du genre humain n'a été créée uniquement
par le Tout-Puissant que pour vivre et pour mou
rir? Ne voyez-vous pas que ce serait un jeu, et
un jeu indigne de l'Eternel , que de ne créer que
pour un temps limité des êtres sensibles et in-
telligens ?
L'incrédule dira dans son langage toujours
vague : Qu'en savons-nous? cèt univers , tel que
nous l'habitons, est peut-être nécessaire dans le
grand Tout, quoique l'homme périsse. Inconsé
quence et contradiction ! Sans doute que tous les
mondes, divers* ne forment qu'un ensemble , dont
le nôtre ne fait qu'une très-petite partie ; mais les
véritables liens par lesquels nous tenons au grand
Tout , quels sont-ils ? quels sont nos rapports avec
4
JO BÉFLEXIOXS ET SENTIMENS
les mondes plus parfaits? Apparemment qu'il y
a d'autres liaisons qui réunissent les parties d'un si
grand ensemble , que celle de l'attraction newto-
nienne ! De bonne foi , la religion, la vie future,
l'immortalité, voilà les seuls vrais fondemens des
relations que nous puissions avoir avec un autre
monde , et par où nous puissions tenir à ce grand
Tout qui vous extasie.
Au r este, ne croyons pas non plus que quelques
chétives planètes éloignées les unes des autres
soient seules habitées. Elles ne sont que les pépi
nières du monde spirituel et invisible. La nature
n'est point morte et solitaire ; non, les espaces sont
peuplés , et des milliers d'êtres spirituels nous
entourent et nous dirigent souvent sans que nous
nous en doutions !
La raison me dit donc en général , eu égard à
la bonté et à la puissance du Créateur, que je suis
destiné à la félicité. Mais si je demande des détails
sur le bonheur pour lequel je suis créé , ou sur la
manière dont j'ai à me conduire pour y parvenir,
ma raison s'obscurcit, elle devient incertaine, elle
se tait ; probablement parce que les hommes ont
négligé depuis bien des siècles leurs destinées im
mortelles, et qu'ils se sont enfoncés peu à peu dans
les ténèbres du vice, et ont ainsi insensiblement
perdu les traditions primitives et les lumières
divines communiquées nécessairement aux pre
miers hommes. Une vaine philosophie ne peut
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 5l
plus que nous dire : Sois honnête homme , et
assurément celui qui t'a créé ne t'abandonnera
pas. Encore , nos prétendus sages se contredisent-
ils en un point si important. Souvent ils réfutent
eux-mêmes dans une page ce qu'ils viennent de
prouver dans l'autre. Je. ne puis donc écouter
ici exclusivement ni Rousseau , ni Voltaire , ni
Helvétius , ni Diderot , ni Bajle , ni Mirabeau ,
ni aucun des philosophes anciens ou modernes ,
tous plus ou moins passionnés, tous plus ou moins
attachés à leurs propres systèmes. Mais je dois
écouter la sainte voix de ma conscience , de ma
raison, et surtout celle de ma religion. J'invoquerai
le Créateur, et il saura éclairer mon esprit et for
tifier mon jugement. J'écouterai la voix de l'uni
vers. Je m'égarerai plus difficilement avec la foule
des peuples , que je ne ferais , en ce point , avec
un philosophe isolé , fût-il le premier génie de son
siècle , ni avec une secte particulière , se crût-elle
la seule éclairée.
Et quand on ferait encore mille fois plus d'ob
jections que l'on n'en a fait contre l'existence de
Dieu , contre l'immortalité de l'âme ou contre le
christianisme; quand mon propre cœur me dirait:
Il n'y a point de Dieu , je me prosternerais encore
tous les jours avec les nations entières qui l'adorent.
La voix respectable du genre humain repousse et
confond tout blasphémateur isolé , et anéantit son
blasphème.
i.
5l RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
Je s eraidonc intimement persuadé que ma des
tinée s'étend au delà du tombeau , et que la plus
noble partie de mon être , susceptible d'une féli
cité éternelle , survivra à la dissolution de ce corps
terrestre. Cette vie n'est qu'un germe, qu'un bou
ton qui s'ouvre ; la fleur paraîtra plus tard , et le
fruit la suivra de près.
O mon Dieu ! que ces considérations sont ca
pables de remplir mon âme d'une sainte joie, d'un
saint enthousiasme !
Maintenant aussi , l'univers entier se présente à
moi sous un autre jour. Cette courte vie n'est plus
qu'un lieu d'épreuve , d'exercice et de préparation
pour l'éternité. Oui, c'est sur cette terre que je
dois faire mes préparatifs pour la vie à ve*nir ;
comme cet homme prévoyant qùi , quittant son
lieu natal , se dispose à s'embarquer pour les ré
gions encore inconnues d'un nouveau.monde. Main
tenant je me sens infiniment élevé au-dessus de
cette terre et de l'orbite étroit du firmament , car
mon âme mûrit pour l'éternité. Remplie d'espoir,
de confiance et d'un secret pressentiment de la vie
future, mon âme s'élance avec résolution à travers
la vallée sombre de cette première vie , jusqu'aux
portes éternelles.
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 53
WWW« MVWVWVWMMUMIWMWVVWVWVM1YVVW1WlHWWWVlWVVMWWV
CINQUIÈME SUJET.
l'athéisme.
Pouk m'attacher au Seigneur de plus en plus,
pour consolider en moi cette foi si consolante d'un
<)lre créateur et conservateur ; pour me porter enfin
jusqu'à me complaire et me réjouir dans cette foi ,
je considérerai aujourd'hui les inconséquences et
les malheurs de l'athée.
Quelle félicité peut-il donc goûter ici-bas, ce
malheureux déserteur de la source même de la
vie ? Quel sera l'espoir de celui qui méconnaît
le Dieu de qui provient tout bien véritable et tout
don parfait ? de celui qui a renoncé à l'éternelle
perfection et à la beauté incréée : de cet infor
tuné en un mot qui est sans Dieu? Quelle grande
pensée pourra transporter et ravir son âme ? Quel
noble sentiment pourra venir échauffer son cœur?
Les merveilles de la nature ni la majesté infinie du
grand Etre ne l'ont jamais exalté ; il s'est isolé
dans la création , et il a choisi le néant pour sa re
traite.
Mais q uelle raison l'homme pourrait-il avoir de
nier l'existence d'un être infiniment puissant , infi
niment sage et bon , dont l'essence est la perfec
$4. RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
tion : ê treadorable , que tout lui annonce et dont
le ciel et la terre, l'homme et l'animal, chaque
feuille et chaque grain de sable lui prouvent l'exis
tence ?
L'unique raison qu'on ait alléguée jusqu'aujomv
d'hui contre des preuves aussi nombreuses que les
rayons du soleil , et qui démontrent l'existence de
Dieu , c'est qu'on ne saurait le comprendre. Mais ,
ô hommes faibles et vains , vous , ' malheureux
mortels , qui ne vous comprenez pas vous-mêmes ,
dites- moi, comprenez -vous mieux une matière
éternelle qu'un Dieu éternel ? expliquez - vous
plus facilement l'existence d'un être imparfait que
celle de l'être parfait ? concevez -vous mieux
une création sans créateur, que vous ne concevez
un être dont la volonté infiniment efficace ait
produit tout ce que nous voyons dans l'univers?
Ne faut-il pas qu'après avoir dépouillé l'Être des
êtres de ces qualités qui vous paraissent si in
compréhensibles, vous les accordiez ensuite , par
la plus insigne des folies, à la vile matière et k
l'atome ?
Avouez donc que vous avez toutes les raisons
de reconnaître un Dieu créateur et conserva
teur , et que vous n'en avez aucune de nier son
existence. Et si , à défaut de raisons , vous étiez
assez méprisables pour mettre en avant l'impu
nité du crime , et l'intérêt que vous croiriez avoir
de nier l'existence d'un être éternel et souverain
SUR DIVERS StîJETS DE RELIGION. 55
Maître; s ans doute qu'alors vous seriez indignes
d'une réfutation.
Mais , ô ciel ! pourquoi faut -il que j'avoue
ici' moi-même , que des hommes faibles ont
souvent prêché plus efficacement l'athéisme , en
prêtant à Dieu leurs idées ridicules , cruelles et
absurdes, que n'ont jamais fait les incrédules les
plus déterminés ? _ "
Seigneur! faites-moi connaître en ce moment,
d'une manière bien vive et bien lumineuse, tout
ce qu'il y a de désolant dans le système horrible
de celui qui a dit dans son cœur, Dieu n'est pas :
faites -moi bien sentir quel malheur c'est pour
l'impie lui-même que de vous méconnaître. Hélas !
c'est un Dieu infiniment bon, un père infiniment
tendre qu'il méconnaît.
Il n'y a point de Dieu ; donc il n'y a rien à
craindre ni à espérer après cette vie ; je puis satis
faire tous mes désirs déréglés et toutes mes pas
sions injustes ; il n'y a ni justice, ni lois , ni vertu ,
ni devoirs qui me retiennent : je sacrifierai tout à
ce que je croirai pouvoir contribuer à mon bon
heur sur la terre ; je suis mon dieu à moi-même !
Frémissez, ô mon âme, à ce raisonnement qui se
trouve dans le cœur de tout athée ; quoique sou
vent il n'ose pas l'avouer aux autres hommes ni à
lui-même ! Oui, Voilà le système honteux , la sa
gesse affreuse de l'athée. Quand je veux examiner
de près et approfondir ce mystère d'iniquité , il
56 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
me semble que j'entre dans un désert , vaste sé
jour de ténèbres , de désordres et d'horreurs : lois,
justice, vérité, vertu , gloire , bonté , amitié , bon
heur , espoir , tout disparaît à mes yeux ; je ne
trouve plus de réalité , plus de consistance dans
les choses humaines ; rien ne saurait plus avoir de
charme pour mon cœur ; les hommes me parais
sent des fantômes ; un ami , un protecteur , n'est
plus qu'une imag? mensongère ; le juste et le cri
minel se confondent dans ma pensée , ainsi que la
vérité et l'erreur ; toute la nature et la vie humaine
ne sont plus qu'une cruelle illusion ; enfin , je me
trouble et m'échappe à moi-même !
Il n'y a point de Dieu ! Malheur à moi ! Je suis
donc orphelin dans ce monde injuste où l'homme
ne cherche d'ordinaire son bonheur qu'aux dépens
du bonheur de ses semblables ! Jl est donc vrai ,
que je n'ai point de père dans les cieux ; point
de protecteur; point de témoin de mes souffrances ,
point de rémunérateur de mes vertus ! Homme
juste ! vous avez beau donner à l'univers le spec
tacle de l'innocence la plus pure , vous avez beau
ne pas cesser un moment , pendant la plus longue
vie , d'accomplir tous vos devoirs , de pratiquer les
vertus les plus difficiles, et de faire les sacrifices
les plus pénibles ; la mort , l'affreuse mort , vous
mettra de niveau avec le débauché, l'usurier, le
meurtrier , l'empoisonneur et le parricide !
Il n'y a point de Dieu ! vous qui essuyez les re
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 5j
vers dé l'aveugle fortune , il ne vous reste aucune
consolation , aucun espoir ! Vertu , innocence ,
larmes , prières , tout est inutile ! Ce n'est point
à un Dieu infiniment bon que vous avez affaire,
c'est un hasard cruel et inexorable qui vous amène
tous vos malheurs; un hasard aveugle, qui vous
rendra peut-être encore plus misérables après cette
vie , que vous ne l'aurez été dans celle-ci : personne
ne pouvant vous répondre qu'il ne vous précipitera
pas sans que vous puissiez vous plaindre, dans des
souffrances plus horribles mille fois que ne ferait
Dieu lui-même dans ses justes châtimens.
Il n'ya point de Dieu ! Malheureux de toute con
dition , c'est donc en vain que vous élevez les yeux
au ciel , et que vous fatiguez les airs de vos gémisse-
mens ! Mères désolées, qui voyez vos enfans souffrir
de la misère et de la faim : vous-mêmes , infortu
nés petits innocens , qui n'auriez jamais dû naître ;
c'est en vain que vous levez vos mains défaillantes
vers l'asile suprême : le ciel est sourd , il est d'ai
rain ; il est plus dur encore et plus inflexible que
le cœur de ce mauvais riche , à la porte duquel vous
tendez la main ! Vous , qui êtes le jouet de la per
fidie de vos frères.; vous, qui souffrez jusqu'à la
mort la persécution des grands, sans oser vous
plaindre ; vous , que la justice humaine condamne
au dernier supplice, sur l'accusation de témoins
calomniateurs, et dont le nom même demeurera
létri dans l'histoire ou dans l'opinion de vos sem
58 RÉFLEXIONS ET SENTIMENT
blables ; jamais votre innocence ne sera reconnue ,
jamais vous ne serez vengés ; il ne vous sera jamais
rendu aucune justice; jamais la tache imprimée à
votre nom ne sera effacée !!!
Il n'y a point de Dieu ! O mon âme ! vous ne sau
riez supporter plus long-temps une idée aussi acca
blante. Rassurez-vous donc, et consolez-vous: avant
la naissance de tous les athées , avant l'aurore et
l'étoile du matin , votre Dieu régnait dans le ciel ;
et il y régnera dans tous les siècles des siècles.
Oui, Seigneur, vous existez : tout me le prouve:
vous êtes mon Créateur et mon espoir. C'est vous
qui,par un acte de votre volonté toute-puissante,
avez produit les élémens inconcevables de la ma
tière dont l'union a formé tous les mondes. C'est
votre volonté qui a établi les règles invariables
d'après lesquelles tout s'est combiné avec cet ordre
que nous admirons dans l'univers.
La nature n'est donc plus une illusion; la vie
humaine n'est donc plus un songe cruel ; les hommes
ne sont donc plus de vains fantômes. Mes amis,
mes bienfaiteurs , tous ceux qui me sont chers ,
existent donc réellement en Dieu et par Dieu ; et le
Seigneur peut me les conserver éternellement. Moi-
même,je suis l'œuvre du Créateur, qui me fera sur
vivre à la mort et à la dissolution de mon corps.
Le hasard aveugle n'aura donc jamais aucune in
fluence sur le sort de l'univers et sur le mien. La
yertu a donc aussi son prix et sa beauté, et le via•
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 5()
sa laideur et son châtiment; les lois sociales sont
sanctionnées et reprennent leur vigueur ; tous les
devoirs humains deviennent stricts et réels; il n'est
plus permis de se souiller de tous les crimes et de
chercher l'impunité dans un lâche et affreux suicide :
il existe un Dieu! ! ! -,
Ainsi , l afoi en Dieu , semblable à un nouveau
soleil , ranime tout dans la nature; elle donne à
tous les êtres comme une nouvelle vie : elle opère
une nouvelle création au milieu du néant de l'a
théisme. Quel autre que le Sei^ieur suprême pour
rait faire entrer ainsi la joie, la confiance, l'espoir et
le bonheur dans le cœur des faibles mortels ? Oui, je
le vois, et je le sens; je ne puis vivre sans vous, ô
mon Dieu! vous êtes le Dieu de mon cœur; et il n'y a
point de félicité hors d» vous. Si vous n'existiez pas,
si je ne savais que vous êtes certainement mon Créa
teur, mon protecteur, le témoin de mes combats
et de mes victoires , et le rémunérateur de la vertu :
je maudirais le jour de ma naissance ; je maudirais
toute raison et toute sensibilité ; et je tiendrais le
néant et l'éternel oubli préférables à la vie de ce
monde.
O mon Dieu ! préservez toujours mon esprit de
l'orgueil et de la vanité ; conservez toujours mon
cœur pur; et l'affreux athéisme n'aura jamais aucun
charme pour moi, et je ne douterai jamais un seul
instant de votre existence. J'ose même, Seigneur,
nie laisser aller ici à la pensée consolante, que le
60 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
nombre des vrais athées est infiniment moins grand
qu'on ne le suppose communément ; et qu'il n'y
en a peut-être pas plus sur la terre qu'il n'y a d'in
sensés ordinaires.
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 6l
SIXIÈME SUJET.
• LA PROVIDENCE.
Le c ielet la terre, tout ce qui est en moi et hors
de moi m'annonce un Dieu dont l'aimable Provi
dence pourvoit à tout, dirige et conduit tout vers
la perfection et le bonheur. Y a-t-il dans la nature
entière un seul objet qui puisse être caché aux yeux
de l'Éternel ? Le Roi des rois peut-il ignorer ce qui
se passe dans son royaume? Ne connaît-il pas tous
les besoins, tous les désirs, toutes les pensées,
les vices et les vertus de ses créatures? Tous les êtres
ne sont-ils pas en sa puissance? Ge Dieu infiniment
bon pourrait-il , d'un autre côté , négliger l'œuvre de
ses mains , ou mépriser cet être intéressant qu'il a
créé raisonnable et libre, et sur le front duquel il a
fait éclater un rayon de sa gloire? Pourrait-il être
insensible à son amour ou à sa haine ; voir d'un œil
indifférent son bonheur et son malheur , ses vices
et ses vertus , ou l'abandonner entièrement au
hasard ?
Tout c elaest aussi évidemment impossible, que
le serait un monde ou une création , sans un Dieu
créateur.
Là où le bien-être général dépend des soins et de
6a RÉFLEXIONS ET SKNTIMENS
la prévoyance de l'homme , là sans doute Lien des
points doivent être négligés, ou même entièrement
oubliés. Nous manquons tantôt de sagesse et d'in
telligence, tantôt de puissance ou de bonne vo
lonté ; notre vue faible ne peut apercevoir qu'un
petit nombre de rapports , et n'embrasser qu'un
cercle très-étroit ; mais l'œil du Seigneur, l'œil de
la Providence, placé au plus haut des cieux, voit
tput à la fois et embrasse tout d'un seul regard! La
puissance indéfinie du Créateur règle et ordonne
tout avec sagesse , sa bonté et son amour s'étendent
à tout. Il n'y a absolument que ces êtres privilégiés
à qui il a laissé une pleine et entière liberté , qui
puissent contrarier quelquefois cette Providence ,
ou plutôt lui donner une autre direction.
Non , r ien de tout ce qui n'a pas été trop insi
gnifiant pour l'action créatrice, ne peut être in
digne des soins du Seigneur. Il .voit et connaît la
plus chétive de ses créatures, et la dirige aussi bien
que l'être le plus intéressant de ses vastes domaines.
La Providence de Dieu , sa sollicitude paternelle
pour tous les êtres qu'il a produits , et son amour
pour ceux qu'il a doués de sensibilité , ne peuvent
donc pas être plus méconnus que sa puissance et
sa sagesse. Et si nous croyons voir quelquefois des
contradictions acet égard dans les divers événemens
fie la vie humaine , ou si nous découvrons des dés
ordres réels , nous devons être intimement con
vaincus que tout cela ne vient que des agens libres
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 63
qui DM troublé l'ordre de la Providence. Ce qui est
réellement mal ne peut en aucun cas provenir de
Dieu. Dieu n§ demande que la perfection et le
bonheur de ses créatures ; et quand celles-ci s'é
garent , il sait tirer le bien du mal même , en ré
tablissant l'ordre dans une vie future , à laquelle la
vie présente ne sert que de préparation. Le vice
comme le malheur, ne peuvent jamais être que
conditionnels , et la vertu leur sert de contre
poids.
O mon Dieu ! je vous adore donc en ce moment
comme le Roi des rois $ comme le souverain Maître
et le Modérateur éternel de tous les mondes. Je
vous reconnais pour un Père plein de tendresse et
de soin envers toutes ses créatures , et, en particu
lier , pour mon Père. Nous sommes tous vos en-
fans; nous vivons, nous respirons , nous agissons
en vous. Vous montrez à chacun d'entre nous sa
place dans votre royaume; vous comptez nos jours
et le nombre des battemens de nos cœurs. Vous
connaissez tous nos besoins , et vous savez y
pourvoir avec une sagesse et une bonté vraiment
paternelles. Nos plus secrètes pensées vous sont
connues ; nos plus légers soupirs se font en
tendre au ciel; vous jugez, vous pesez toutes nos
œuvres : car vous les connaissez toutes ; celles qui
s'exécutent dans les ténèbres comme celles qui
s'accomplissent à la face des cieux. Tout a été
fait par vous ; par vous , tout se conserve ; et à
64 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
vous s eul est due la gloire, pendant les siècles
éternels.
La Providence de Dieu n'ayanfcrien excepté ,
rien n'ayant pu échapper à cet Etre qui a la pléni
tude de toute science , qui embrasse le passé et le
présent, et qui pénètre même dans l'avenir, je
suis donc aussi moi-même l'objet de ses soins et de
sa sollicitude, quelque inférieur que soit le degré que
j'occupe dans la création. Rien ne m'arrivera sans
que le Seigneur en ait connaissance : les cheveux de
ma tête sont tous comptés , et aucun n'en sera dé
rangé qu'il ne le sache. Il conduit les destinées de
tous les mondes et de leurs habitans divers , et il
aide même les êtres libres dans leurs propres desti
nées. 0 Dieu ! que votre puissance est donc grande
et votre bonté infinie ! Tout ce que vous approu
vez ou ordonnez est bon et sage : tout ce que
vous faites est bien fait ; soit que vous condamniez
où que vous absolviez ; soit que vous punissiez ou
que vous récompensiez. Pourvu que je sois moi-
même vertueux et prudent, et que je n'abuse point
de ma liberté pour contrarier les vues bienfaisantes
de votre providence; pourvu que je veuille moi-
même efficacement mon bonhenr ; vous saurez me
rendre heureux : heureux au delà de mes mérites.
Vous saurez même me dédommager amplement
de toutes mes souffrances , dans ce lieu où vous ré
servez à chacun une riche compensation de tous
les sacrifices qu'il aura pu faire.
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 65
Quel bonheur pour moi, ô mon Créateur! de
me trouver ainsi placé sous votre surveillance im
médiate, sous la tutelle d'un père infiniment bon,
infiniment sage et infiniment puissant ! Que je
m'estime heureux de ne m'être pas tout-à-fait aban
donné à moi-même au milieu de mes faiblesses et de
mes passions déréglées ; et que mes volontés, mes
souhaits et mes désirs, qui sont souvent ceux d'un
enfant, ne fassent pas toujours loi! Quelle tran
quillité , quel calme , quelle confiance je puis con
server jusque dans les plus terribles révolutions ,
jusqu'au milieu des plus affreuses destructions et
des ravages les plus effrayans ! Si , de mon côté ,
je fais tous nies efforts pour être vertueux et juste,
avec quelle consolation je puis envisager toutes
mes futures destinées ! toujours votre main pater
nelle me conduira !
Seigneur , je crois pouvoir me rendre le témoi
gnage que mon cœur est sincèrement attaché à la
vertu ; que ma volonté est prononcée pour le bien,
pour la vérité et la justice : je m'abandonne donc
à votre douce providence avec une confiance vrai
ment filiale, persuadé que v^us vous chargez du
soin de ma félicité éternelle. Je serai toujours bien
éloigné de comparer les prétentions d'une raison
obscure et incertaine à vos sages et éternels dé
crets. Vous seul savez d'une manière certaine par
quelles voies j'arriverai plus sûrement à mon but.
Vos pensées ne sont point celles des hommes :
66 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS
vos vues ne sont point les vues des humains ,
et vos jugemens diflèrent des nôtres de tout l'éloi-
gnement du ciel. C'est pourquoi , dans les grandes
alarmes , je dirai a mon cœur inquiet : C'est le
Seigneur qui te conduit , ce Dieu de bonté et de
sagesse qui t'a créé pour le bonheur. Tes maux ne
viennent que de toi-même, ou des créatures libres
qui t'environnent; supporte-les avec patience, et
attends avec calme la vie d'une riche compensa
tion. Pourquoi te troubler, pourquoi trembler, si
ta volonté pour le bien n'a jamais varié ; ou si ,
après un égarement passager, tu es revenu sincère
ment au Seigneur ? Continue toujours à chercher
le royaume de Dieu, la vérité, la justice, et laisse
tous les autres soins à la Providence. Plus tu auras
pratiqué de vertus, plus tu seras heureux. Dieu
lui-même ne pourrait donner le bonheur suprême
à celui qui n'en aurait point pratiqué , car le bon
heur suprême consiste exclusivement dans le sou
venir de la vertu.
Aujourd'hui, sans doute, je marche encore dans
les ténèbres, parce que je ne connais qu'en énigme
et ne vois que par la foi ; mais le jour viendra
qu'une lumière éternelle m'environnera, et que la
gloire du Dieu de vérité illuminera mon âme ! Alors
je verrai les rapports divers de mes destinées : je
verrai comment Dieu m'aura fourni les occasions
de me sanctifier, lorsque ma volonté était sincère ;
j'admirerai comment le Seigneur , dans sa bonté ,
SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 6j
m'aura rappelé de mes égaremens, et comment ma
vertu se sera perfectionnée dans l'infirmité ; je verrai
aussi comment les destinées des mondes divers ,
celles des nations et celles de tous les êtres intelli-
gens tiennent ensemble; etje m'écrierai en adorant
profondément la sagesse éternelle : Tout ce que le
Seigneur a fait est bien fait; qu'il soit loué , exalté
et béni dans tous les siècles!
5.
Abbé Guillaume OEGGER Manuel de Religion et de Morale 1827
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Abbé Guillaume OEGGER Manuel de Religion et de Morale 1827

  • 1. MANUEL DE RELIGION ET DE MORALE, ou LIVRE DE PRIÈRES UNIVERSEL POUR LES CHRÉTIENS ÉCLAIRÉS DE TOUTES LES COMMUNIONS. PAR J .G. E. O'EGGER, ANCIEN P ROFESSEURDE PHILOSOPHIE, PREMIER-VICAIRE DEMISSIONNAIRE DE LA CATHEDRALE DE PARIS. The L ordhath endued thee with reason to maintain thy dominion..., O praise his goodness with songs of thanksgiving , and meditate , in silence , on the wonders of his love ; let thy heart overflow with gratitude, and aknowledgment ; let the language of thy lips speak praise and adoration ; let the actions of thy life show thy love to his law. Robert D odsley,Economy ofhuman life. PARIS. BAUDOUIN FRÈRES, ÉDITEURS, BUE D EVAUGIBABD , 17. M. D CCC.XXVII.
  • 3.
  • 5. PARIS — I MPRIMERIEDE FAIN, Rue R acine,n. 4i place de POdéon.
  • 6. Plusieurs personnes seront très- etonnées de voir traiter, dans un simple livre de prières , les questions les plus profondes de. la Religion et de la morale. La classe à laquelle vous l'adressez , me dira-t-on , ne saurait vous, comprendre. — Mais le siècle des lumières aussi- bien que de l'incrédulité , dans lequel nous vi vons , ne me justijiera-t-il pas suffisamment ? — Quand on est en état de comprendre les ob jections , n'est-on pas également en état de saisir les réponses ? —, Et si à une première lecture la jeunesse , si intelligente de nos jours , ne me comprend pas , qui l'empêche d'étudier ce Ma nuel à fond, et de demander à ses maîtres l'explication des endroits difficiles ? •— // est une vérité démontrée : c'est que la civilisation
  • 7. a fait un pas ; il faut que la murale publique en fasse un également. Accoutumons -nous à ne point raisonner du siècle de Louis-le-Légis- lateur comme des autres siècles ! Sans doute que si l'on me prouve que mon ouvrage est susceptible de changemens utiles r je serai prêt à les admettre. Mais , jusqu'à pré sent , les personnes de piété et de goût qui l'ont examiné . n'ont fait que m'encourager par leur flatteuse appro bation. — Aussi, puisje me rendre le témoi gnage d'une entière impartialité. Aucun parti ne peut se plaindre : le vice et l'erreur ont été les seuls objets de ma poursuite. Je n'avance pas non plus de système nouveau. Le petit nombre d'idées nouvelles que je manifeste ne sont , dans le vrai , que des vérités évidentes , mais qui n'avaient jamais été bien développées. N'est -il pas évident , par exemple , que, par sa nature, l'homme morau est placé partout entre les infinis ;
  • 8. -que , pour être parfaitement libre , il doive y être placé , et qu'ily a effectivement l'infini entre un athée et un saint? — N'est-il pas évident que des miracles tropfrappons détruisent la liberté humaine ; que le philosophe qui en demandait pour se convertir , demandait fort naïvement une absurdité ; et qu'il n'y a aucun mérite à croire à l'évidence , puisque nous ne sommes pas libres de nous y refuser? — N'est-il pas évident que , dans le système des pélasgiens et de leurs confrères les philosophes les plus ré vérés dans le monde , on explique toutes les grandes vérités de la morale et de la Religion, de manière à ce que l'incrédulité, na plus le mol à dire? — N'est-il pas évident , enfin, que tout parait clair dans la Religion et la morale , pour celui qui cherche la vérité avec simplicité de cœur, et qui sait se rendre digne de la connaître, tandis que tout nest que ténèbres pour l'impie qui ferme les yeux à la lumière ? — Voilà ce pendant , en peu de mots , toutes les idées peu communes que j'ai cru devoir développer , et
  • 9. que je serai toujours prêt à défendre contre qui conque serait assez téméraire ou assez insensé pour oser les attaquer O'EGGER.
  • 10. VWVVWWVWWW'VWWWWWtX'WX'VVX'VVWWVWIW,WW^WWVWWWWVWVkW!W AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR. L'éclat que ma renonciation récente aux fonctions ecclésiastiques a produit dans le public, et la curiosité, ou, pour mieux dire, l'intérêt qu'elle a excité, sembleraient me faire un devoir de profiter de la publication de cet ouvrage pour donner des explications détail lées sur les motifs de ma conduite ; néan moins , par des raisons particulières que cha cun peut aisément deviner et apprécier , je m'en tiendrai encore ici à quelques réflexions générales. Déjà , par Yesprit qu'on est à même de re marquer dans cet ouvrage, il est facile de s'aper cevoir que ma manière de voir , en fait de religion , diffère essentiellement de celle du clergé actuel. — Je me suis permis, en effet , ^examiner assez librement certains points de doctrine ; j'ai généralisé le christianisme ; j'ai
  • 11. Vj AVERTISSEMENT DE L AUTEUR. pris l emot même de catholique dans son vrai sens , dans un sens tout-à-fait universel. A legard de la charité, je l'ai mise , d'après l'É vangile , tellement au-dessus de la foi , que toute division haineuse dans la chrétienté pa raît aussi absurde en elle-même , qu'elle est dangereuse pour la paix des Etats. J'ai reconnu des abus là où d'autres croient voir le bien ; j'ai attribué la cause du dépérissement du christianisme sur la terre, précisément à ceux qui s'en disent les principaux propagateurs , les plus forts , et même les uniques soutiens ; enfin , j'ai cherché partout à faire ressortir l'accord parfait qui existe entre le vrai chris tianisme et la, vraie philosophie. Mais il y a plus. En examinant de prés les modifications légères en apparence , mais im portantes pour le fond , que j'ai fait subir k certaines locutions théologiques , et ma ma nière pai-ticulière d'exprimer certaines vérités, on peut voir assez clairement ma pensée sur tout ce qui regarde la religion et la discipline ecclésiastique. Peut - être même des hommes pénétrans découvriront-ils dans ce livre tout je système du christianisme primitif et vrai-»
  • 12. AVERTISSEMENT DE LALTEUR. V>j ment universel qui doit conduire nécessaire ment à la concorde fraternelle de toutes les communions particulières : peut-être y aper cevront-ils ce principe salutaire d'après lequel une autorité toute spirituelle , toute morale , et qui ne peut tirer sa force que de la supé riorité des lumières et des vertus , ne pourrait jamais exercer aucun empiétement sur une autorité temporelle et coërcitive , et d'après le quel aussi toute communion chrétienne, quelle qu'elle soit , pourrait toujours partager les bienfaits de toute espèce de gouvernement, et jouir pleinement de tous ses droits , sans em brasser pour cela , en particulier , aucune des reformes introduites ou à introduire , pourvu que celles-ci mettent toujours , avec l'Apôtre, la charité au-dessus de la foi , et ne se rendent pas elles-mêmes indignes de tous les droits so ciaux par l'affreux principe de l'intolérance. Dans l 'espoir que bientôt tous les chrétiens éclairés de l'univers se familiariseront avec de semblables idées , qui , une fois admises , ren draientles gouvernemens, aussi-bien que la chré tienté, plus tranquilles et plus prospères ; dans l'espoir qu'un peu plus tard il me sera permis de
  • 13. viij AVERTISSEMENT DE L AUTEUR. parler t out-à-faitclairement, je prie les lecteurs de se contenter encore , pour le moment , de ces courtes réflexions , plus que suffisantes d'ailleurs pour faire voir qu'en renonçant aux fonctions ecclésiastiques que je remplissais, depuis sept ans , sous les yeux mêmes de M. l'archevêque de Paris , loin d'avoir été in fluencé par aucun motif temporel , ni aucune considération humaine , il m'a fallu , au con traire, m'élever au-dessus •de ces motifs et de ces considérations , pour ne suivre que l'im pulsion de ma conscience. O'EGGER, Ancien P rofesseurde philosophie , Premier-Vicaire démissionnaire de la cathédrale de Paris.
  • 14. MANUEL DE RELIGION ET DE MORALE. DE LA RELIGION DE JÉSUS-CHRIST. A CÉLESTIN. C'est en votre faveur , mon cher Célestin , que j'ai rédigé ce nouveau Manuel de religion et de morale. Puisse le Seigneur vous faire goûter les vérités salutaires qu'il renferme ! Puisse-t-il im primer profondément dans votre cœur les senti- mens que j'ai tâché d'exprimer , et qui sont si naturels à l'homme sensible ! la plus douce paix, le bonheur le plus durablfe , serait alors votre partage. Puisse de même le Dieu des chrétiens bénir gé- néialement mes efforts, ramener tous les esprits égarés , et réunir de nouveau tous les cœurs , comme ils l'ont été dans les beaux jours du chris
  • 15. 3 DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST. tianisme , lorsque l'on pouvait dire avec vérité que la multitude des croyans n'avait qu'un cœur et qu'une âme ! La génération nouvelle qui se présente serait alors plus heureuse que ne l'a été celle qui s'efface. Vous s avez , Célestin , qu'au milieu des égarc- mens de l'athée , du matérialiste , de l'incrédule , de l'indifférent , du superstitieux et de l'impie , il doit rester nécessairement des principes inva riables ,fondés sur l'éternelle vérité , et indépen- dans des opinions des mortels ; qu'au milieu du débordement des passions humaines, toutes plus injustes les unes que les autres, il doit toujours demeurer de vraies vertus ; que, malgré la licence la plus effrénée , l'homme de bien ne laissera pas de reconnaître des devoirs sacrés ; qu'enlin , en dépit des efforts de l'impiété et de l'athéisme, il y aura toujours un Dieu dans le ciel, une Reli gion sur la terre, et une Conscience dans le cœur humain ! Ecriez-vous donc ici avec moi : Sainte Vérité , je vous adore ! car vous êtes Dieu ! Vertus adorables , je vous reconnais et vous chéris ! On a beau vous calomnier et vous méconnaître , un jour nous trouverons vos divins originaux sur les degrés du trône de l'Eternel ! Immortelle et céleste voix , divine Conscience ! juge infaillible du bien et du mal, qui rendez l'homme semblable à Dieu .' c'est vous qui faites l'excellence de ma nature et la moralité de mes actions ! Devoirs
  • 16. DE L A RELIGION DE JÉSUS- CHRIST. 3 sacrés , imposés nécessairement à toute créature libre , pour sa perfection et son bonheur ! je vous révère et vous embrasse avec transport. Vous seuls me rattachez à mon Créateur et à la société ! Religion de Jésus-Christ , religion de mes pères ! vous serez encore ma joie , ma consolation et mon espoir ! Jusqu'aujourd'hui, la philosophie du siècle n'a pu enfanter une religion plus sainte ni plus capable de faire le bonheur des hommes. Tels doivent être vos sentimens , Célestin , et tels doivent être aussi les vôtres, chrétiens éclairés du dix-neuvième siècle , si toutefois il vous reste encore dans le cœur une seule étincelle de ce feu sacré que Jésus-Christ a apporté du ciel ! Il s'agit aujourd'hui de réunir vos efforts contre l'ennemi commun ! Votre union seule pourra sauver doré navant la religion de sa ruine , et la société de sa dissolution ; cette union de sentimens et de vo lontés , cette uniformité d'opinions et de croyances, cette harmonie généra e qui fait la solidité des institutions aussi-bien que Je charme de la vie ! Et quel lien pourra paraître plus fort pour resser rer les noeuds qui doivent unir les hommes , que celui de la religion? Religion signifie union, union divine , union en Dieu ! Soyez donc unis , et ne soyez qu'un, comme le Père et le Fils eux-mêmes sont unis et ne sont qu'un , par le plus ineffable des mystères du christianisme ! C'est le vœu de Jésus , et sa prière au Père céleste.
  • 17. 4 DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST. Vous ê tes créé pour le bonheur, Célestin ; cherchez donc ce bonheur ; mais cherchez-le par les voies que le Créateur a lui-même indiquées. Il désire que vous soyez heureux , heureux même dès cette vie , autant que la nature de votre être le comporte. 11 veut même votre bonheur plus fortement et plus efiicacement que vous , puisqu'il vous défend de vous arrêter à une félicité vaine et chimérique , et qu'il vous invite instamment à conquérir le vrai bonheur pour lequel vous avez été tiré du néant. Mais c evrai bonheur ne se trouve pas sur cette terre ; tous les sages l'ont dit , et Jésus vous le déclare. Cherchez donc uniquement à vous en as surer pour la vie à venir ; et contentez-vous , en attendant, du petit nombre de vraies jouissances que la terré offre à ses habitans , parce que vous n'êtes pas en état maintenant de goûter une plus grande félicité. Dans cette vie, nous ne pouvons guère prétendre à autre chose qu'à Yespérance d'un contentement parfait qui peut devenir plus tard notre partage. Et cette douce espérance, le seul bien réel d'ici-bas , ne peut être fondée que sur la vertu , comme la vertu ne peut être fondée que sur la religion -, laquelle a seule le droit de promettre aux hommes en général une vie éternelle pour récompense. Connaissez donc votre religion , et étudiez Jé sus , votre grand , votre divin modèle. Marchez
  • 18. DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST. 5 sur s estraces ; imitez ses exemples. Si vous avez le courage de le suivre dans sa carrière laborieuse et pleine de vertus, vous le suivrez aussi dans son éternel triomphe. Mais , en imitant Jésus-Christ , cherchez par vous-même à découvrir les véritables traces que ce maître divin a imprimées sur cette terre pendant sa vie mortelle , et ne vous laissez point égarer par des esprits aveugles ou passion nés. Dieu vous a donné, comme à tous les autres hommes, la raison pour lumière , et la conscience pour guide. Suivez ces deux compagnes célestes ; elles vous conduiront infailliblement à la foi et à une obéissance raisonnable, et vous feront recon naître sans peine les pas de l'Homme-Dieu. Quel s alut pour la société, si cette jeunesse nombreuse et intéressante , qui fait aujourd'hui son unique espoir , connaissait bien le véritable esprit de la religion de Jésus-Christ ! si elle savait apprécier toute la beauté, toute la pureté, la pro fondeur comme l'admirable simplicité de sa doc trine ! et surtout , si elle pratiquait à l'envi toutes les vertus douces et sociales dont il nous a laissé de si touchans exemples ! On pourrait espérer alors de voir bientôt reparaître sur la terre la belle , la noble union , la salutaire uniformité de pensées et de sentimens , la céleste harmonie , la bien veillance réciproque, la douceur, la franchise et la confiance. La flamme des passions furieuses s'éteindrait dans tous les cœurs. Plus de divergence
  • 19. f) D£ LA RELIGION DU JliSIJ S - CHRIST. d'opinions ; plus d'opposition d'intérêts ; plus de haines, de divisions ni civiles ni religieuses: on oublierait jusqu'aux noms de sectes et de factions! Quel spectacle ! quel exemple pour l'univers ! Alors s'accomplirait aussi par toute la terre cette con solante prédiction de Jésus : « En ce temps-là , il » n'y aura plus qu'une bergerie et qu'un pasteur.» Oui , j 'espèretout de la nouvelle génération. Malgré ce qu'on a pu dire contre les mœurs ac tuelles, je l'ose assurer, la jeunesse chrétienne du dix-neuvième siècle n'a encore, en quelque sorte, qu'à suivre le penchant de son cœur pour être ver tueuse , pieuse , généreuse et noble. Et si en gé néral elle n'est pas ce qu'elle pourrait être , c'est qu'il y a eu partout , et depuis bien des années , un vice malheureux et funeste dans l'enseignement de la morale , vice sans lequel il était impossible qu'il s'offrît parmi nous tant d'exemples d'impiété, d'incrédulité, de haines , de cruautés, de persé cutions , de désordres de tout genre , qui ont pres que donné lieu de croire que des masses entières de nations avaient dégénéré. C'est à ceux à qui Dieu a accordé la puissance et un haut empire sur la religion et la morale des peuples, à voir s'ils n'ont pas quelque reproche h se faire sous ce rapport , ou quelque grand moyen à essayer pour remédier au mal. Le temps presse , le remède est urgent : Un peu plus tard il sera peut-être impossible de relever la chrétienté de
  • 20. DE L A RELIGION DE JÉSUS- CHRIST. 7 Ses ÉPOUVANTABLES RUINES , et ILS EN RÉPONDRONT devant l 'Eternel. Pour nous, Célestin, quoique nos moyens soient bien faibles , contribuons de tout notre pouvoir au grand œuvre de la régénération des peuples , depuis si long-temps égarés, et poussés en quelque sorte malgré eux dans tous les abîmes. C'est là ce qui m'a encouragé dans la pénible composition de ce livre de prières d'un genre nouveau , que le siècle m'a semblé exiger impérieusement. Les bases elles-mêmes de toute religion et de toute morale étant détruites ou ébranlées généralement , il faut songer à consolider partout dans les cœurs un nou veau fondement pour les asseoir. L'histoire sera mon juge, et celui qui voit le fond des cœurs sera mon rémunérateur. De votre côté , il faut que vous deveniez absolument un disciple éclairé de Jésus-Christ, un modèle parfait de toutes les vertus chrétiennes. C'est là votre tâche. Si vous la remplissez dignement, croyez-moi, vous trouverez encore des imitateurs ! oui , de nombreux imita teurs ! Le Seigneur s'est encore réservé un certain nombre d'âmes fortes qui n'ont point fléchi le genou devant Baal. Les bannières du déisme seront in sensiblement abandonnées , comme insulïisantes pour les masses ; et , pour les athées , ifs au ront toujours honte de se déclarer ouvertement! Les hommes d'un esprit mûr, d'un jugement so lide, en voyant la conduite noble que vous aurez ,
  • 21. 8 DE LA RELIGION DE JÉSt S - CHRIST. adoptée , et les exemples que vous donnerez d'une piété éclairée et raisonnable , d'un chris tianisme pur , se joindront à vous avec joie ; ils entraîneront bientôt la masse des nations, et ra mèneront des temps plus heureux. La raison aura toujours un grand empire sur les âmes nobles et sur les cœurs bien faits. L'univers serait trop à plaindre si les temps ne devaient plus revenir où Ton pourra encore prononcer sans rougir les noms , de Dieu , de Vertu , de Piété et de Religion. Agréez donc ce livre , qui renferme la croyance et les sentimens d'un adorateur selon le véritable esprit de Jésus-Christ , comme un gage assuré du désir ardent que j'ai de vous voir parfait et heu reux dans le Seigneur. Je l'ai intitulé Manuel, afin que vous vous souveniez qu'il doit toujours être entre vos mains. Vous y puiserez , en effet , la force , le courage , les vertus , les lumières et les consolations qui vous seront nécessaires aux différentes époques, que dis-je ? tous les jours et dans toutes les circonstances de votre vie. Vous y trouverez les réflexions et les sentimens qui oc cuperont toujours une âme sensible au moment du réveil. Vous y verrez également dans quelles dispositions un être doué de raison , et surtout un chrétifin éclairé, doit terminer la journée, et s'a bandonner au sommeil, lequel est une image , ou plutôt un état voisin de la mort , état pendant lequel souvent les plus étonnantes facultés propres
  • 22. DE L A RELIGION DE JÉSUS - CHRIST. 9 à une vie future se développent. Tous les jours il vous offrira la matière qui pourra servir à vos sé rieuses réflexions. J'ai tâché de choisir pour cet effet les sujets les plus attachans et les plus graves, comme les plus utiles et les plus indispensables de nos jours; dans ce siècle indéfinissable, où tout le monde erre sans principes fixes , sans plan de vie, sans but et malheureusement sans la moindre inquiétude ; où une indifférence totale semble avoir paralysé tous les cœurs ; comme si , en effet, on était enfin parvenu à se convaincre qu'il n'existe réellement ni principes , ni vertus , ni devoirs , ni vie future , ni Créateur, ni espoir pour l'homme. Mon ami , j'y ai aussi joint les exercices indis pensables de votre religion , tels que ceux de l'as sistance au renouvellement du sacrifice solennel , le jour du Seigneur , où l'assemblée des chrétiens célèbre le souvenir de la passion , de la mort et de l'amour infini de Jésus ; où toute âme se rem plit de grâces , et où tous les cœurs prennent une nouvelle trempe par une édification mutuelle et publique ; ceux de la confession , ou de l'aveu de ses fautes , où le chrétien reconnaît ses torts et ses erreurs , et où il prend la résolution, toujours plus ferme, de marcher d'un pas toujours plus sûr dans les sentiers de la perfection et du vrai bonheur; ceux , enfin , de la communion où nous rece vons le gage précieux de l'immortalité et d'une
  • 23. IO DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHIIIST. parfaite r éconciliationavec le souverain Seigneur, aussi-bien qu'avec nos frères. A Dieu ne plaise que vous imitiez en rien l'aveuglement des prétendus sages du siècle, qui croient s'élever au-dessus de leurs contemporains par le mépris qu'ils affectent pour la religion, et l'indécence avec laquelle ils tournent en dérision les plus saintes institutions ! comme si la religion n'était pas, par elle-même , un objet si grand et si vénérable, que les abus eux-mêmes, que la faiblesse humaine pourrait quelquefois y mêler, devraient encore être traités avec égards au ju gement d un esprit solide et droit , jusqu'au mo ment du moins que les circonstances permet traient de les supprimer ! Non, Célestin , vous n'imiterez jamais une conduite aussi vile et aussi odieuse. Vous reconnaissez avec moi ces grandes vérités qui sont les fondemens éternels de l'édi fice social : que la religion est la base de la mo rale publique; qu'il serait plus avantageux pour une nation d'avoir une religion imparfaite que de n'en avoir aucune ; mais qu'il vaudrait encore mieux n'en avoir aucune , que de laisser géné ralement avilir celle qui est reconnue , parce que son avilissement entraînerait infailliblement la perte de tout principe et de toute morale. Et vous en conclurez que vous devez donc res pecter d'autant plus la religion chrétienne dans laquelle vous avez eu le bonheur de naître , qu'elle
  • 24. m: L A RELIGION DE JÉSCS - CHRIST. I I est d 'ailleursla plus parfaite que la philosophie puisse concevoir. La r eligion est la première pierre qu'il faut poser, lorsqu'on veut travailler à consolider les bases du bonheur des peuples. Jamais, dans un état, la reli gion n'a été mise en honneur, sans qu'elle ait fait sentir aussitôt son influence salutaire pour la pro spérité générale. Mais aussi ne l'a-t-on jamais avilie impunément ! Quelle religion pourra-t-on donner encore à l'univers , si on ne lui conserve celle de Jésus - Christ ? Les sages du siècle , qui détruisent toujours sans jamais rien édifier, n'ont pas encore dit un mot de la religion qu'ils vou draient voir substituer au christianisme. Et, si par-là ils ont prétendu nous faire entendre qu'il n'en faut avoir aucune, autant eût valu dire à l'homme sage de renoncer à tout espoir et à la vie ! Malheur ! oui malheur à l'homme sensible, à l'homme juste , à l'homme sociable qui serait condamné à vivre au milieu d'un peuple qui au rait rompu la barrière de tous les principes reli gieux ! il serait infailliblement la triste victime de tous ses sentimens hbnnêtes. O Dieu ! qu'ils sont coupables ceux qui ont été la première cause du dépérissement du christia nisme sur la terre ! Quelle responsabilité devant le Créateur et Sauveur du genre humain ! Avec quel soin les personnes d'un certain rang, et dont l'exemple dirige des milliers de leurs semblables ,
  • 25. 12 DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST. devraient éviter de donner au peuple même le plus léger soupçon d'un manque de foi et. de religion ! Une personne qui a reçu de l'éducation peut abso lument conserver quelques principes de justice et de convenance, même sans avoir l'esprit de la religion dans laquelle elle a été élevée ; mais ijb peuple , privé de sa religion, ne peut être qu'une bête féroce déchaînée, qui ravage et?qui dévore! Il n'est capable de sentir sa liberté et sa vie que dans le déchaînement des passions les plus basses et les plus furieuses. Le peuple ne fait en effet aucune différence en tre un usage religieux et un autre, ni entre un point de doctrine et un autre : il les range tous sur la même ligne ; et en voyant une personne que son rang ou ses lumières ont placée au-dessus de lui, négliger ou mépriser la plus indifférente des pratiques , il croira l'imiter en tenant la con duite la plus immorale, par où il voudra se dis tinguer de la foule. Cette vérité est si importante, que c'est une obligation stricte , pour les déposi taires de l'autorité, d'abolir entièrement et sans / délai tout usage qui ne conviendrait plus au siècle. Ainsi , C élestin, persuadé qu'en méprisant la religion , vous accuseriez par-là même d'incapacité ou de pusillanimité le souverain qui la protège ou la tolère ; que vous taxeriez de faiblesse d'esprit tous ceux d'entre vos contemporains qui la recon naissent ou la pratiquent; que vous censureriez vos
  • 26. DE LA RELIGION DE JÉSUS - CIIRIST. I 3 ancêtres de plusieurs siècles, vous qui n'êtes que d'hier ! persuadé enfin, qu'en tournant en dérision un seul des usages religieux de votre nation , vous porteriez un coup fatal à la morale publique, je vous verrai toujours raisonnable à cet égard , tou jours noble et grand dans votre conduite, tou jours digne du Créateur et de vous-même. Vous respecterez tout ce qui aura le moindre rapport à la religion , vous serez plein d'égards envers ses plus humbles ministres ; que dis-je ? vous traiterez même avec ménagement, comme nous venons de le remarquer , jusqu'aux légers abus que le temps introduit nécessairement dans toute institution faite pour des hommes, jusqu'à ce que le moment favorable de les abolir soit arrivé. C'est a insique vous trouverez dans ce Manuel tous les grands principes sur lesquels reposent la religion, la morale, la félicité, et par conséquent les plus douces espérances du genre humain : prin cipes sacrés , sans lesquels il n'y a et il ne peut y avoir, dans la société, ni paix, ni ordre, ni justice, ni vertu, ni bonheur, ni espoir pour l'homme. Nourrissez donc votre esprit de ces vérités salu taires , et remplissez tous les jours votre cœur de ces sentimens célestes. Enrichissez, perfectionnez incessamment votre âme. Ne cessez jamais un mo ment de vous rapprocher de la ressemblance du modèle divin qui est proposé à votre imitation dans la personne sacrée de Jésus. Rendez-vous d'un iu
  • 27. l4 DE LA RELIGION DE JÉSUS - CHRIST. stant à l 'autreplus digne de votre éternel Créateur. Marchez, en un mot, de vertu en vertu, de perfection en perfection ; vous marcherez en même temps de gloire en gloire, de bonheur en bonheur. Dieu lui- même ne pourrait vous rendre plus heureux, si vous ne deveniez plus parfait, parce que vous êtes un Etre libre et intelligent. Mais , pendant toute l'éternité, le Seigneur pourra ajouter à chaque in stant un degré de plus à votre félicité, à mesure que vous ferez vous-même quelques progrès dans la perfection, le bonheurétant inséparable dela vertu, aussi-bien que le malheur du vice. Quelle vocation pour un être doué de raison! Quelle perspective pour un esprit qui réfléchit I Que l eDieu de toute-puissance et de toute bonté soit avec vous ! qu'il vous fortifie, et vous encou rage ; qu'il guide lui-même vos pas chanceîans dans les nombreuses épreuves de cette vie ; qu'il dirige lui-même votre course sur cette mer ora geuse et pleine d'écueils , et vous mène au port du salut! Que la sainte paix de Jésus-Christ règne à jamais dans votre cœur, et que le calme parfait dont il fait jouir ses vrais disciples, ne soit jamais troublé un seul moment dans votre âme !
  • 28. RÉFLEXIONS ET SENTIMENS AU MOMENT DU RÉVEIL. D i e d de bonté , mon Créateur et mon père ! la lumière d'un jour nouveau me réveille et me rap pelle à mes occupations ordinaires : c'est une nouvelle création, une vie nouvelle, un nouveau bienfait de votre part ajouté à tant d'autres ! Conserver et créer n'est qu'un même acte de votre volonté toute-puissante. Le jour d'hier est anéanti pour moi; je suis mort pour ce jour, comme pour toute la partie de ma vie qui est déjà écoulée. Il ne m'en reste en etFet qu'un simple souvenir ! souvenir doux et consolant , si j'ai pratiqué la vertu et si j'ai fait le Bien ; mais souvenir pénible et amer, si, en me raidissant contre ma raison et ma conscience , j'ai fait le mal et me suis livré' à mes passions in justes. ! Seigneur, le nouveau jour qui luit, le seul qui soit vraiment à ma disposition, je veux l'employer tout entier à procurer votre pius grande gloire , en travaillant au bonheur de mes semblables et à ma propre perfection. Et votre g'oire, ô bonté
  • 29. l6 HËFLEXIONS ET SENTIMES S suprême ! se trouve-t-elle autre part que dans le bien-être de vos créatures? Non, sans doute. Je puis donc le dire avec vérité , si je suis fidèle à la résolution que je viens de prendre , je ne ferai autre chose aujourd'hui que travailler efficacement à ma véritable félicité. Je me sens tout renouvelé : mes membres , par un sommeil doux et paisible, ont repris toute leur vigueur. Je me sens armé d'un nouveau courage, de nouvelles forces, et je suis prêt à entreprendre toute espèce de travail. Serais-je assez à plaindre pour méconnaître un seul instant que tous ces dons ne sont qu'un présent non mérité de votre infinie bonté ? Ah ! que rna première occupation soit donc aussi de vous rendre mes devoirs ! Que les prémices de mes pensées et de mes sentimens vous soient donc aussi consacrées, ô Créateur tout- puissant et tout bon ! A quel autre les offrirais-je qu'à vous? Quelle douce émotion de la plus profonde re connaissance remplit mon cœur, lorsque je réfle chis aux bienfaits que votre main paternelle a ré pandus sur moi pendant cette nuit , et à ceux dont elle est prête à me combler encore durant ce jour ! Si je revois la lumière, si je puis encore éprouver ici-bas les effets de votre bonté aimable, n'est-ce point par une pure grâce de votre douce provi dence et de votre amour sans bornes? N'aurait-il pas pu arriver que je m'endormisse hier pour ne
  • 30. AU MOMENT DU RÉVEIL. plus me réveiller? Le sort de plusieurs de mes semblables , dont- le sommeil a été changé en une mort soudaine, n'aurait-il pas pu me frapper éga lement? Les ténèbres de la tombe couvriraient maintenant mes paupières; ma bouche serait gla cée , et mon oreille sourde à la voix de l'amitié ! Mon cœur aurait cessé de battre , et tous mes membres seraient paralysés ! Pour moi, j'aurais passé aux régions de l'immortalité I Et dans quel état, ô mon Dieu ! Peut-être qu'à l'heure qu'il est, je tremblerais devant votre tribunal de sainteté et de justice ! Mais non, le Seigneur a voulu prolonger ma vie. Le temps et les moyens me sont encore don nés de reconnaître mes erreurs et les faiblesses de mon cœur , et de réparer tous mes torts. Ces mal^ heureuses chutes d'hier même ne serviront qu'à me faire sentir mon inexpérience et mon néant , et qu'à m'avertir de me tenir mieux sur mes gar des aujourd'hui , afin de ne plus oublier Dieu ni la vertu. Je s uisdonc rendu à la société, et je revois une épouse vertueuse , une mère tendre, un enfant chéri , un bon père , un vertueux époux , un géné reux bienfaiteur, des amis, des proches, des pa- rens. Je revois aussi mes ennemis, les personnes envers lesquelles j'ai eu des torts , peut-être encore hier ! Je revois même les lieux où je me suis égaré, et où j'ai eu le malheur de pécher ! Seigneur, je le a
  • 31. 1-8 RÉFLEXIONS ET SENTIMEKS reconnais ; si vous prolongez encore ma vie en ce jour, c'est uniquement pour me fournir l'occasion de mieux mériter à vos yeux ; pour m'amener à mieux reconnaître vos bienfaits, et à travailler plus eflicacement à mon bonheur, en corrigeant toutes mes erreurs, en réparant toutes mes fautes; enfin , pour me convaincre toujours davantage que votre fidélité est toujours la même et votre bonté toujours nouvelle. O mon Dieu ! pour tant de la veurs, recevez le sacrifice d'un cœur reconnaissant, et agréez la promesse sacrée que je fais ici en votre présence, de fuir aujourd'hui avec tout le soin possible les occasions qui pourraient devenir dan gereuses à ma foi et à ma vertu , et de rechercher avec une ardeur infatigable celles où je pourrai amasser des trésors d'amour et de miséricorde pour l'éternité ! Bénissez cette résolution , ce vœu que je forme , de me conduire en ce jour avec une prudence et une sagesse véritablement dignes d'un chrétien. Réflexions consolantes qui m'êtes sans doute suggérées par l'Esprit de toute sainteté, soyez tou jours présentes à mon âme ! Sentimens purs et divins qui remplissez mon cœur , pénétrez-le tou jours plus avant ! Oui, je puis, je dois me réjouir d'une si belle et si riante matinée ;el!e me rappelle ce grand moment, aussi solennel qu'imposant, de la résurrection pour la vie à venir , quand je me réveillerai d'entre les morts ! Plus d'une fois dans
  • 32. AU MOMENT DU RÉVEIL. ig ma v iede brillantes matinées ont réjoui mon âme au moment du réveil ; mais combien ne sera-t-elle pas plus brillante, cette matinée la dernière de toutes , ce glorieux réveil pour un jour éternel, sans nuages , sans changemens , et sans ombre de vicissitude ! Les récompenses et la gloire du Tout- Puissant réjouiront éternellement l'ami sincère et toujours fidèle de la vertu ! Elevez-vous , ô mon âme ! élevez-vous au-dessus de cette ombre que projette la terre , et que les mortels appellent la nuit , et contemplez cette lumière immense et sans fin que jamais nuit ne cou vrit de ses voiles ! Quand vous aurez triomphé des ténèbres de la mort , vous serez ainsi plongée dans l'océan des clartés éternelles du Dieu de la vérité, de la vie et de la félicité ! La lumière de tous les soleils n'est qu'une faible image de la gloire du Seigneur. O mon Créateur I ô source intarissable de tout bien ! combien mon amour pour vous s'en flamme au souvenir de vos infinies merveilles ! combien tous mes semblables me deviennent chers, quand je me rappelle nos immortelles destinées ! Je me hâte donc , Seigneur, de reprendre les diverses occupations de mon état. Je veux remplir en ce jour tous mes devoirs avec exactitude et selon ma conscience. Ma résolution à cet égard est ferme et inébranlable. Je ne consentirai à aucun désir , à aucune pensée indigne de vous , et je n'exécuterai aucune entreprise qui pourrait m'at
  • 33. 20 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS tirer c esoir les reproches de ma conscience ou le» vôtres. i Rien ne vous est caché , ô mon Dieu ! vous con naissez mon cœur, vous en démêlez tous les replis, et aucun mortel ne saurait vous en imposer. Vous connaissez mieux que moi le degré de ma sincérité. Ma volonté est prononcée pour le bien, sans doute : je veux même marcher d'un pas ferme sous l'œil de votre éternelle Providence ; mais la chair, vous le savez , est faible : accordez-moi donc le secours de votre grâce divine , afin qu'avec la bonne vo lonté qui m'anime dans ce moment, je trouve aussi la force de demeurer fidèle à la foi et à la vertu. Il m'est démontré que je ne pourrai trouver par aucune autre voie la paix et le contentement du cœur. En suivantainsi les préceptes de la vraie sagesse, que votre religion seule enseigne , je vous consa crerai de même le reste de mes jours dont le nombre sera peut-être plus petit que je ne pense, etj'estimerai toujours plus le témoignage consolant d'une conscience pure et sans tache , que tous les trésors et le faux éclat du monde. Éloignez de moi , ô mon Dieu ! toutes les ten tations dangereuses et qui pourraient m'ébranler. Si votre sagesse divine juge convenable d'éprouver aujourd'hui ma vertu , ma fidélité et mon amour par des assauts difficiles à surmonter, alors soyez a ma droite , et soutenez mon courage chancelant
  • 34. AU MOMENT DU RÉVEIL. 2 1 par c ettegrande pensée , que vous êtes vous-même le témoin éternel et incorruptible de tous mes sentimens, de toutes mes démarches et de tous mes sacrifices. Faites qu'à la fin de ce jour mon cœur puisse se remplir d'une secrète joie , en le considé rant comme un de ces jours pleins que j'aurai mis en réserve pour l'éternité. Mon Créateur et mon Père ! bénissez d'avance toutes les bonnes œuvres que j'espère accomplir aujourd'hui par suite de ces résolutions. Faites que je remplisse avec une véritable joie tous les devoirs que mon état m'impose.Veillez aussi sur mes biens, ma santé , mon honneur et ma réputation , et étendez de même votre bras puissant et protecteur sur tous ceux qui me sont chers, afin qu'ils ne soient frappés d'aucun de ces malheurs qui rem pliraient mon cœur d'amertume ; ou bien , s'il plaisait au ciel de me visiter en ce jour par quelque dure épreuve , apprenez-moi alors à me résigner avec une entière confiance en votre bonté pater nelle , et à mettre tout mon espoir en vous. Oui, je crois que je pourrai supporter, avec une patience et un courage vraiment dignes d'un chrétien, tous les malheurs auxquels la vie de ce monde nous expose, ainsi que toutes les traverses que les passions injustes de mes semblables pourraient me susciter. Dirigez mes pas , ô mon Dieu ! selon votre bon plaisir , car vous seul savez ce qui pourra me con duire plus heureusement à ma fin.
  • 35. 23 I ÏÉFLEX.ET SENT. AU MOMENT DU RÉVEIL. J'élève a ussima prière vers vous, Père univer sel , ainsi que Jésus-Christ me l'a enseigné , pour vos autres enfans, mes frères et mes sœurs, et généralement pour tous mes semblables. Remplis sez toute la terre de vos bénédictions. Étendez vos bienfaits sur tous les humains ; que tous aient à se réjouir au souvenir de votre bonté toute-puissante, et qu'en reconnaissant votre main paternelle ils exaltent vos bienfaits infinis ! Que votre volonté sainte soit l'unique règle de la conduite de toutes les créatures raisonnables ! Ces pensées m'accompagneront aujourd'hui dans toutes mes occupations. Soyez avec moi, Seigneur, et je n'aurai à craindre aucun mal. Ah ! je le sais assez , vous ne voulez ni ne pouvez abandonner un faible enfant que vous avez créé , et qui vous a été spécialement consacré par Jésus-Christ ! Amen.
  • 36. RÉFLEXIONS ET SENTIMENS SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION ET DE MORALE. ».v wwwwwwwww PREMIER SUJET- l'homme. Je m'occuperai aujourd'hui quelques instans de moi-même : est-il un sujet qui me touche de plus près ? Combien de personnes n'ont jamais réfléchi sérieusement sur la merveille de leur existence ! Moi tout le premier , distrait dès l'enfance par les objets terrestres qui nous entourent sans cesse et absorbent notre attention , je n'ai jamais fait un retour bien sérieux sur mon propre être. Après avoir étudié la nature et les propriétés de mille objets qui sont placés hors de moi , je suis obligé d'avouer que je m'ignore encore moi-même. En j etant un regard curieux sur la structure admirable de mon corps, et en réfléchissant atten tivement à ce qui se passe au dedans de moi , je suis touché , pour la première fois , d'un profond
  • 37. 24 RÉFLEXIONS ET SENT1MENS sentiment de surprise à la vue de la merveille de mon existence. Où suis-je ? Qui suis-je? Quels sont mes rapports avec la société , et mon rang dans l'univers ? Quant à mon corps, il est sans contredit l'ou vrage le plus parfait qui se rencontre sur la terre. Tout y est ménagé avec un art merveilleux , et qui effraie l'imagination. Il reçoit de tous côtés les impressions des objets extérieurs sans en être blessé. Il est pourvu de différentes espèces d'or ganes , afin qu'il puisse éviter tout ce qui l'offense ou le détruit. La délicatesse des diverses parties , quoiqu'elleail le à une finesse inconcevable, s'accorde avec la force et la solidité. Le jeu de tous les ressorts n'est pas moins aisé que ferme. A peine puis-jesentir le mouvement de mon cœur, dont l'effort est si pro digieux ; tandis que je sens les moindres mouve mens du dehors, si peu qu'ils viennent à moi. Les artères battent, le sang circule, les esprits coulent, toutes les parties s'incorporent leur nourriture, sans distraire mes pensées, sans troubler mon sommeil, sans exciter tant soit peu mon sentiment : tant' il existe de règle et de proportion , de délicatesse et de douceur dans de si grands mouvemens ! Tant d'organes si bien arrangés et si propres aux usages pour lesquels ils sont faits , la disposi tion des valvules , les pulsations du cœur et des artères, la délicatesse des parties du cerveau, et la variété de ses mouvemens dont dépendent tous les
  • 38. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 2$ autres , la distribution du sang et des esprits , les effets divers de la respiration, qui sont d'un si grand usage dans le corps.... tout cela est d'une économie, et , s'il est permis d'user de ce mot , d'un méca nisme si admirable , qu'on ne le peut voir sans ravissement , ni assez admirer la sagesse qui en a établi les règles. Il n 'estguère de machine connue que je ne re trouve dans mon corps. Pour sucer quelque liqueur, les lèvres servent de tuyau , et la langue sert de piston. Au poumon est attachée la trachée-artère, comme une espèce de flûte douce , ou un instru ment à vent, qui, s'ouvrant plus ou moins, modifie l'air et diversifie les tons. La langue est comme un archet qui , frappant à la fois les dents et le palais, produit, de concert avec les lèvres , des sons d'une prodigieuse variété. L'œil a ses humeurs et son cris tallin ; les réfractions s'y ménagent avec plus d'art que dans les verres les mieux taillés. Il a aussi sa prunelle qui se dilate et se resserre ; tout se règle sur l'axe de la vision et s'ajuste aux distances , comme les lunettes à longue vue. L'oreille a son tambour où une peau aussi délicate que bien tendue résonne au moindre bruit qui agite l'air; elle a aussi dans un os fort dur des cavités prati quées pour faire retentir la voix et multiplier le son , comme il arrive dans les échos ou parmi les rochers. Les vaisseaux ont leurs valvules tournées en tous sens. Les os et les muscles ont leurs poulies
  • 39. 20" RÉFLEXIONS ET 8ENTIMENS et l eurs leviers; les proportions qui font les équi libres et la multiplication des forces mouvantes y sont observées dans une justesse où rien ne manque, où rien ne reste à désirer. Et au surplus , tous ces rouages sont si simples, le jeu en est si aisé et la structure si délicate , que tout autre machine est grossière en comparaison. A rechercher de plus près les appareils, on y voit toutes sortes de tissus : rien n'est mieux filé , rien n'est mieux passé, rien n'est serré plus exactement. Nul ciseau , nul tour, nul pinceau ne peut appro cher de la perfection avec laquelle la nature tourne et arrondit ses sujets. Tout c eque peut faire la séparation et le mé lange des liqueurs, leur précipitation, leur diges tion, leur fermentation et le reste, est pratiqué si habilement dans mon corps, qu'auprès de ces opé rations la chimie la plus fine n'est qu'une ignorance très-grossière. On v oitaussi à quel dessein chaque chose a été faite : pourquoi le cœur , pourquoi le cerveau , pourquoi les esprits , pourquoi la bile , pourquoi le sang, pourquoi les autres humeurs. Dirai -je que mon sang n'est pas fait pour arroser mon corps et le nourrir; que mon estomac et les eaux qu'il jette par ses glandes ne sont p;is faits pour préparer par la digestion la formation du sang; que mes artères et mes veines ne sont pas faites de la manière qu'il faut pour le contenir, pour le i
  • 40. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 27 porter partout , pour le faire circuler continuelle ment, ou que le cœur n'est pas fait pour donner l'im pulsion à cette circulation ? Dirai-je que la langue ou les lèvres , avec leur prodigieuse mobilité , ne sont pas faites pour former la voix en mille sortes d'articulations, ou que la bouche n'a point été mise à la place la plus convenable pour transmettre la nourriture à l'estomac; que les dents n'y sont point placées pour rompre cette nourriture et la rendre capable d'entrer ; que les eaux qui coulent dessus ne sont pas propres à la ramollir , et ne viennent pas pour cela à point nommé ; ou que ce n'est pas pour ménager les organes et la place, que la bouche est pratiquée de manière que tout y sert également pour la parole et la nourriture ? Dirai-je que ma main , avec ses doigts si déliés et leurs ongles si admirablement ménagés , n'est pas faite pour le travail, ni placée de manière à pouvoir soigner tout le corps ; que les pieds ne m'ont point été donnés pour me transporter partout où je veux ; que l'œil enfin n'est point fait pour voir, ni l'oreille pour entendre ? Certes , je ne suis ni assez stupide ni assez insensé pour outrager la raison d'une manière aussi grossière et aussi révoltante. Mais quel être plus admirable mille fois anime ce corps? Qu'est-ce que cet esprit , quelle est cette âme , ou ce moi, qui vient de faire toutes les ré flexions précédentes , et de former ces divers rai- sonnemens? O surprise! serait-ce encore ici une
  • 41. 28 RÉFLEXIONS ET SEJVTIMENS opération secrète de ce même corps que j'examine; un autre jeu de nerfs encore plus fins et d'humeurs encore plus déliées? Mais quel rapport peut-il y avoir entre la nourriture grossière que je prends , et la pensée, le jugement, là raison, ce moi surtout qui demeure toujours individuellement le même , quoique les parties matérielles changent sans cesse, au point que dans peu d'années tout mon corps se renouvelle ? Un composé de chair et d'os , qui pense, qui raisonne, qui s'admire lui-même ! Non, la matière organisée n'est point susceptible d'une telle perfection! Ce qui constitue vraiment l'intelli gence individuelle dans l'homme doit être tout autre chose que ce que prétend l'anatomiste ou le physiologiste grossier. Etsije trouve que l'existence des êtres purement spirituels ne répugne point à l'essence des choses ,' je serai convaincu que c'en est un qui m'anime. Mais pourquoi l'existence d'un être purement spirituel et étranger à la matière se rait-elle impossible? L^sprit n'est-il pas plus conce vable que le corps lui-même? Les philosophes ne peuvent faire autant d'objections contre la création des êtres immatériels que contre celle des corps. Dire qu'un objet n'est point matériel, ce n'est pas dire qu'il n'est rien : le moi intelligent est sans doute un véritable être ; et si nous ne pouvons nous en faire une idée , c'est uniquement parce qu'il en est de l'âme comme d'un sixième sens, ou d'une hui tième couleur primitive : nous n'avons jamais vu
  • 42. SUR D IVERf?SUJETS DE RELIGION. 2g d'objets semblables. Oui, cet être simple séparé de la matière, cette âme qui me donne le sentiment et la vie , ne peut être méconnue par un homme raison nable. Et, quoique je ne puisse m'en former une idée exacte , je dois encore avouer qu'elle m'est plus intimement connue que ce corps lui-même qui lui est uni ; car , après tout, mon âme, c'est ma raison, c'est moi; tandis que le corps n'est qu'un in strument dont je me sers , et qui m'est en quelque sorte étranger. Le somnambulisme, dont les phé nomènes sont si surprenans et si inexplicables pour les matérialistes du jour, prouve jusqu'à l'évidence que ce n'est point l'œil qui voit, ni l'oreille qui en tend, ni en général le corpsqui sent; mais que toutes ces fonctions sont le propre de l'âme, laquelle est un être individuel, et qui peut exister sans les organes. Maintenant donc, pourquoi suis-je sur cette terre? Quelle main habile m'y a placé? Quelle est la fin de mon être?Je connais bien l'usage de chaque partie de mon corps ; mais mon être tout entier , quelle en sera la destination ? Quel est mon rang, mon emploi dans la grande chaîne des êtres créés? Suis-je fait uniquement pour cette terre, pour la so ciété du genre humain, ou bien ai-je des relations avec le Créateur et avec un monde plus parfait? 0 vous tous, êtres qui m'environnez! beau firmament! ad mirable nature! et vous, terre, parlez.... je vous interroge ! Qu'exige de moi ce souverain Seigneur, dont vous m'annoncez l'existence , la grandeur et
  • 43. 30 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS la majesté? Vous êtes muets! — Mais que votre silence me parait éloquent !—Oui je suis un des rois de ce globe! Être libre et intelligent, je dois aller à ma fin par moi-même. J'interrogerai donc mes semblables, je m'interrogerai moi-même : ma rai son et mon cœur me parleront du Dieu qui m'a créé ! O mon Créateur, mon éternel bienfaiteur! Ah ! pourquoi , pourquoi êtes-vous un Dieu caché ?
  • 44. SLR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 3i SECOND SUJET DIEU. Ou e stcette source éternelle qui répand inces samment la lumière, la vie et le bonheur sur tous les globes et sur toutes les créatures? Où est cette première action d'où dérive toute force, toute vertu , tout mouvement, par laquelle tout a reçu l'être, et par laquelle tout se conserve ? Où est cette cause première qui ne dépend que d'elle-même , et qui est l'unique principe de tout ce que je vois , de tout ce que je sens , de tout ce que j'entends ? Où est-elle , cette première, cette suprême raison , cette sagesse immense , cette bonté infinie qui a laissé de si bril lantes traces autour de moi dans l'empire de la création? Tout ce qui m'environne ne porte-t-il pas l'empreinte d'une puissance illimitée, d'une sa gesse sans bornes et d'une bonté qui embrasse tout? O vous ! de quel nom vous appellerai-je ? Créateur, Dieu , Eternel , Etre des êtres , le ciel et la terre m'annoncent votre existence ! Le bruit de la feuille qui tombe me parle de vous , comme celui du fleuve qui se précipite dans l'abîme. Chaque grain de sable , chaque plante , chaque brin d'herbe , l'homme et le vermisseau , tout ce qui a l'être bu la vie, me
  • 45. 32 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS raconte v os merveilles. Je vous vois dans la lumière du soleil aussi bien que dans la faible lueur de l'in secte de la nuit. Je vous entends dans le chant de l'oiseau comme dans le rugissement du lion. Je vous reconnais dans la voix d'un ami comme dans le bruit du tonnerre ou le mugissement des vagues de la mer. En un mot , je reconnais votre action divine danschaque vertu quim'anime etm'échauffe ; et il n'est point de force dans mon corps, point de puissance dans mon âme, qui ne me dise en un langage ineffable : Il y a un Dieu, un Créateur; adore-le ! Seigneur , vous avez été, vous êtes et vous serez ! ! Oui, ma raison et mon cœur se réunissent pour m'assurer qu'il existe un Dieu. Que dis-je ? ce corps lui-même, dans sa structure admirable, m'apprend qu'il existe un auteur divin. Le jeune enfant plein de candeur et de simplicité, et dont la raison com mence à se développer, m'annonce ce Dieu dont la bonté brille dans tous ses traits. ^Toutes les nations reconnaissent l'Etre éternel , quoiqu'elles l'adorent de diverses manières; et tous les jours des mil lions de mes semblables lui adressent leurs vœux : l'homme civilisé comme le sauvage , l'Européen éclairé comme l'Américain simple et grossier , le philosophe aussi bien que le laboureur; l'athée lui- même , et le matérialiste , tendent vers lui leurs bras et l'invoquent au moment du naufrage ! Qui pourra donc vous méconnaître , ô mon Dieu! — Qui ? —
  • 46. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 33 L'impie lui seul dira dans son cœur : Dieu n'est pas ; et son cœur le démentira ! En e ffet,l'âme corrompue , la conscience agitée par les remords sans espoir de repentir , l'esprit aveugle , la passion injuste , un cœur flétri par le crime , enfin l'homme au désespoir, pourront seuls douter de l'existence d'un Dieu créateur et rému nérateur! ii , ; • .t ii • ' - Voici comment raisonne le philosophe vain, or gueilleux et indigne de ce nom : Je ne comprends pas un Dieu créateur, éternel, immense, infini,... donc il n'existe pas; et voici le langage solide et humble du vrai philosophe et de la raison : Je ne comprends pas un Dieu créateur, éternel , immense, infini y... donc jesuis un être borné, mais Dieu n'en existe pas moins. De ce que je ne le comprends pas , il ne s'ensuit pas que je doive l'anéantir: c'est à moi de m'anéantir devant lui. Moins je le comprends , plus je l'adore. Je. m'anéantis en sa présence, et me réjouis de le voir si fort élevé au- dessus de tout ce qui est créé , et. de nia faible conception. Si je le comprenais , il ne serait plus le Dieu de mon cœur : le Dieu de mon cœur est un Dieu incompréhensible. <,, Pour moi, Seigneur , que je suis heureux de vous reconnaître ! que je suis heureux de pouvoir ainsi élever mon âme et mon cœur jusqu'à vous, ô source éternelle de toute perfection , de toute beanté et de toute félicité ! Du haut de votre trône immuable , 3
  • 47. 34 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS ô vous qui habitez une lumière inaccessible! jetez un regard sur l'ouvrage de vos mains ! Du fond de l'abîme j'ose élever un œil timide jusqu'à vous , et . vous dire que je vous reconnais, que je vous aime , et que je me sens pénétré de reconnaissance en vers mon Créateur. Périssent ceux qui vous mé connaissent ! Qu'ils soient anéantis ces stupides qui préfèrent le néant au Dieu éternel ! ou plutôt, Sei gneur , dans votre pitié et votre miséricorde infinie , éclairez ces pauvres aveugles et les rappelez à vous ; car, hors de vous , il n'est point de vrai bonheur. Comme la vie humaine me semblerait sombre et triste sans vous , ô mon Dieu ! comme elle me pa raîtrait vide de plaisirs ! Si j'étais un simple jeu du hasard , que pourrais-je espérer pour la suite ? A qui pourrais-je confier le soin de ma destinée? Sur qui pourrais-je me reposer de mon sort? ou plutôt, que n'aurais-je point à redouter! Ce même hasard, aveugle et sourd, qui m'aurait produit, ne pour rait-il pas aussi me rendre éternellement malheu reux sans que je pusse m'en plaindre ? Dieu de mon cceur! si je n'étais persuadé que vous êtes mon Créateur, et que vous serez éternellement mon pro tecteur, je porterais envie à l'être irraisonnable qui me suit, car son sorjt serait plus heureux que le mien. La raison, le sentiment , ne seraient plus alors pour moi qu'un martyre continuel et un bourreau qui me rappelleraient incessamment mes malheurs. Comment donc , ô Dieu de mon bon-
  • 48. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 35 heur! c e penchant qui m'entraîne vers vous, ce désir inquiet qui vous cherche et vous réclame , comment serait-il chimérique et sans ohjet? Ah ! ce désir est entré si avant dans mon âme ! il a péné tré si profondément dans mon cœur ! Esprit troublé et faible, rassurez-vous ! Dieu l'E ternel est le Créateur de tous les mondes, aussi-bien que du vôtre. Vous avez été produit par son souffle immortel. Oui, je le crois d'une foi ferme et iné branlable , et je me réjouis dans cette foi de toute la plénitude de mon cœur. Maintenant donc, je sens mieux le prix de mon existence ; je ne me trouve plus abandonné, seul et isolé au milieu de mes semblables qui sont tous faibles comme moi. Je ne suis plus un jeu de l'a veugle hasard , mais je suis votre ouvrage , l'ou vrage de vos mains , le produit de votre sagesse et de votre bonté; je suis, Seigneur, votre créature, votre enfant. Vous ne me voulez que du bien , et j'ai même appris à vous appeler du doux nom de Père l Maintenant la paix la plus profonde , la joie la plus pure remplit mon âme. Je sais de qui je pro viens et en qui je crois ; je sais de quoi je puis me réjouir ou me consoler ; sur qui je puis me reposer de mon sort. Je sais que c'est vous, ô mon Dieu ! qui êtes le créateur de tous les êtres , le père de tous les hommes , et le mien , et que vous le serez éternellement. Rien ne pourra donc m'arracher du 3.
  • 49. 36 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS cœur c ettedouce persuasion , cette foi bienfaisante ; et je veux me laisser aller aujourd'hui tout entier à ce doux sentiment et que je viens de vous , et que je vous appartiens. La reconnaissance, l'amour et une joie inefFable s'emparent de mon âme à cette grande, à cette sublime pensée, et j'éprouve les émotions les plus saintes et les plus sacrées. Puisse, ô mon Dieu ! ce sentiment de reconnais sance ne point vous déplaire dans le cœur d'une faible et chétive créature ! Puisse -t- il vous être agréable ! — Ah ! qûi m'apprendra à entrer dans vos vues, Seigneur? qui m'enseignera votre volonté? Daignez m'instruire vous - même ; vos désirs se ront des ordres pour moi ! Vos commandemens sont doux ; ils mènent à la perfection, parce que la perfection mène à la félicité. Faites que j'ap prenne à vous connaître toujours de plus en plus , et que je ne cherche mon bonheur qu'en vous par l'accomplissement de votre éternelle volonté.
  • 50. SUR DIVEKS SUJETS DE RELIGION. Wt fWW^IVIVWWVWWVl'V*WVWWWWlWWWIWWWVwxwwwww TROISIÈME SUJET. PERFECTIONS DE DIEU. Dieu e stl'éternelle et immuable perfection. Il est le grand modèle proposé à l'imitation de l'homme et de tous les esprits créés. Quel que soit le degré de perfection auquel ceux-ci soient déjà parvenus , ou la hauteur à laquelle ils pourront s'élever encore pendant toute l'éternité , il restera toujours une distance infinie entre la plus parfaite des créatures et le Créateur! Cependant, quelle vocation pour, l'homme et pour tous les êtres intelligens ! Quoiqu'en Dieu la perfection ne soit , à propre ment parler, qu'Une, quoiqu'elle soit indivisible, je la contemplerai néanmoins sous les divers rap ports que la faiblesse de l'esprithumain y distingue. Une s ainte frayeur s'empare de moi au mo ment que je médite de pénétrer dans le sanctuaire de la Divinité ! Je me reconnais indigne d'en pro noncer même le nom ; comment serais-je en état de dénombrer toutes les merveilles de ses ineffables et incompréhensibles perfections! Qui êtes-vous donc, Seigneur , et où est le trône de votre immense em pire ? Il me semble ici entendre une voix secrète au fond de mon âme qui me répond : Je suis celui qui est ; les créatures ne sont pas ; leur existence
  • 51. 38 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS n'est que secondaire : pour moi , j'existe par moi- même , et je suis l'être par excellence ! Grand Dieu ! ayez pitié de moi ; je me sens tout opprimé de votre- gloire ! Laquelle , de vos éter nelles perfections , fera le premier sujet de mes réflexions et de mes extases ? Parlerai-je de votre grandeur et de votre majesté suprême? Non; l'es prit d'un mortel , tout étendu que vous l'ayez créé , ne les a jamais mesurées. Personne n'a jamais sondé cet abîme sans fond! Mais je m'arrêterai d'abord à cette perfection aimable dans laquelle vous semblez vous-même vous complaire davantage , et que vous regardez, pour ainsi dire, comme le plus bel apanage de votre Divinité ; votre Bolté infinie. On a dit que la bonté était une vertu royale : non , c'est une vertu divine; que dis-je? c'est la perfec tion elle - même tout entière ; c'est Dieu ! Bonté , bonté suprême, c'est le nom que diverses nations ont donné au Seigneur, selon leurs diverses langues. Soyez donc aussi ma vertu favorite, ma vertu chérie , la vertu de mon cœur, ô bonté , ô tendresse , ô miséricorde ! Tous les sentimens précieux et di vins vous accompagnent ; l'amour , la charité , la sensibilité , la douceur , la pitié , l'humanité , la condescendance, l'affabilité, la prévenance et la lon ganimité. Vous ê teséternel , ô mon Dieu ! c'est-à-dire que pour vous il n'y a point de temps , parce que vous ne connaissez ni changemens ni vicissitudes.
  • 52. SLR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 3g Vous avez été, vous êtes, et vous serez. Quand ce monde aura vieilli , vous le changerez comme on change un vêtement : pour vous , vous serez encore le même, car vous êtes revêtu de lumière ! Quand tous ces globes étincelans auront disparu les uns après les autres dans la voûte des cieux ; quand le ciel et la terre ne seront plus , vos années ne se trou veront pas encore diminuées , car vous êtes l'ancien des jours ! Soyez donc loué, Seigneur , et soyez béni ilans tous les siècles , et au delà des siècles. Pour moi , je ne , suis que d'hier,; ma vie n'est qu'un souffle ; je ne suis qu'un faible vermisseau, quoique créé' à votre image et animé par votre toute-puis sance. Lorsque vous avez tiré du néant toute la création ; lorsque vous avez appelé tous les astres -par leurs noms, et que vous avez dit à la terre de paraître , alors vous m'avez appelé également à l'existence, ahn que je pusse vous aimer et ressentir tous vos bienfaits. Dieu créateur : quel titre imposant! comme il exprime bien la puissance , la grandeur , la majes té ! Je remonte en esprit avant tous les sièclesjus qu'à cet espace sans nom qui précéda la création , lorsqu'il n'y avait encore ni temps ni époques : là , je trouve mon Dieu, l'Eternel, existant en lui- même et heureux de son propre bonheur ! Tout à coup , il le désire , et la première étoile se montre , la terre paraît , la première aurore luit , le soleil s'élance dans sa carrière et éclaire le grand abîme ;
  • 53. 40 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS les temps commencent, et les années se succèdent *, pour former des siècles ! Le Créateur a arrondi tous les globes entre ses doigts , et les a posés sur leurs propres centres, pour se contre-balancer dans l'immensité ! Il a fait la terre par sa vertu ; il a préparé l'univers par sa sagesse ; il a étendu les cieux par son intelligence , et il a fini par créer l'homme, le roi de ces vastes domaines. Et cet homme c'est moi! Etre intelligent et libre, le Créateur demande de moi un culte volontaire , le culte de la vertu , de la justice , de la vérité. O Dieu î que je ne souille donc jamais en moi votre image divine ; que je ne méconnaisse donc jamais la no blesse de mon être ! Vous m'avez communiqué comme une portion de votre essence , de votre rai son , de votre liberté , de votre indépendance éter nelle : que je sois malheureux et misérable à ja mais, si j'abuse de tous ces dons , si vous avez enrichi un ingrat, et si je ne mets pas ma gloire à vous imiter en tout ! Vous m'avez fait moi-même l'arti san de mon bonheur : quelle perfection pour une créature ! Insensé ! et j'ai osé quelquefois m'en prendre à mon noble et généreux bienfaiteur, des malheurs qui me sont arrivés ! Mon Dieu l si je ne vous ai pas bien connu jusqu'à ce jour; si je ne me suis pas bien connu moi-même ; c'est que l'on ne m'avait point encore fourni de pensées assez éle vées sur la nature de votre être et du mien ; c'est que ma raison n'était point encore assez cultivée
  • 54. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 41 pour pouvoir me suggérer des idées plus justes. Mais aujourdhui je reconnais que la liberté dontje * jouis est entière et parfaite , et que vous ne pouvez ni ne voulez la contraindre en aucune manière. Je sais que vous n'avez en vue que le bonheur de toutes vos créatures , et qu'aucune d'entre elles ne sera malheureuse que par sa propre faute. Dieu immense , Dieu tout-puissant : il est présent en tous lieux , et partout son autorité est absolue : rien ne saurait résister à sa volonté suprême ! Qui mettra des bornes à sa puissance ? qui en mettra à son immensité ? O hommes ! soyez saisis d'éton- nement et adorez en silence ! car le Seigneur est encore infiniment plus grand en lui-même qu'il ne s'est montré dans ses œuvres ! Qui pourra l'em pêcher de créer encore mille mondes plus riches et plus beaux que celui que nous connaissons ? Ce n'est qu'en tremblant que le philosophe doit lui as signer les limites de l'impossible pour bornes de sa puissance! Si j eremonte au plus* haut des cieux , je vous y trouve , ô mon Dieu ! Si je descends au plus pro fond des abîmes, je vous y rencontre ! Si je prends mon essor, et que je me transporte au delà des mers , votre main m'y conduit ! Où irai - je donc me cacher quand je méditerai le crime ? La nuit pourra-t-elle couvrir mes démarches a vos yeux? Non : les ténèbres sont pour vous aussi éblouissantes que les rayons du soleil ! Je me con
  • 55. 4? RÉFLEXIONS ET SENTIMENS duirai donc toujours d'une manière qui puisse vous être agréable et nie donner quelque assurance au moment terrible où ma dépouille mortelle viendra à se dissoudre , où le voile tombera , et où je vous verrai tel que vous êtes , ô vous , aujourd'hui le Dieu invisible , mais qui ne laissez pas d'être toujours à mes côtés et de me suivre partout de l'œil de votre providence ! Dieu e stla voie , la vérité et la vie : que je marche donc dans cette voie ! c'est celle de la perfection et dela vraie félicité! Que je m'approche donc de plus en plus du Seigneur! je m'élèverai par-là de vertu en vertu et de gloire en gloire. Ainsi que la vérité , Dieu se trouve partout ; il est présent par tout ; il est partout le même : dans tous les lieux où il sera vrai de dire que la vertu est aimable, Dieu s'y trouvera , car il est la vérité. Est-il un seul objet dans la nature qui plaise autant à l'esprit hu main que la vérité? est-il un seul objet qui lui donne de plus grandes extases , et qui soit le but le plus continuel de ses recherches et de ses poursuites? — Faites donc , Seigneur , que je sois toujours vrai , et que je nourrisse incessamment mon âme de science et de vérité. Dieu e staussi la vie , la source de toute vie ; il n'y a point de vie sans lui : faites donc aussi , ô mon Dieu ! que je ne vive que pour vous , et que je vive éternellement en vous ! Ah ! n'anéantissez jamais une âme qui vous connaît et qui vous al
  • 56. SUR f c-IVERSSUJETS DE RELIGION. 4^ teint , parce que vous l'avez créée à votre image ; une âme qui vous aime et s'élève jusqu'à vous ! Seigneur , vous êtes encore infiniment juste , quoique infiniment miséricordieux ; de même que vous jouissez d'une parfaite liberté , quoique vous soyez immuable. Vous êtes saint dans le suprême degré ; et cependant vous permettez le mal dans vos créatures libres. Vos perfections ne sont point semblables aux perfections des hommes , et vos pensées ne sont point leurs pensées. Vous êtes le Dieu incompréhensible aux mortels ! Ecoutez donc cette prière , ô Dieu incompréhen sible! Je sais que jamais je ne vous connaîtrai aussi parfaitement que vous vous connaissez vous-même, quand bien même mon âme se perfectionnerait éter nellement : mais éternellement je pourrai décou vrir en vous de nouvelles perfections , et des mer veilles nouvelles dans vos ouvrages ! Faites donc que je commence, dès à présent, à marcher sur la route de la perfection, et à devenir saint comme vous êtes saint! Vous n'avez pu séparer le bon heur de la perfection ; mais vous pouvez me rendre tous les jours plus heureux , à mesure que j'en trerai mieux moi-même dans toutes les vues de votre amour ! -
  • 57. 44 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS WVWWV%WVWWVWVWWWWWWVWVWW'WVWWVWwwWWVWWVWVWU QUATRIÈME SUJET. DESTINÉE DE l'hOMME. Il n 'y a pas le moindre doute que je puisse con naître ma destinée, et découvrir les desseins conçus par le Maître de la nature en me créant ; sans cela je serais incontestablement le plus mal partagé de tous les êtres qui m'entourent. Connaissant la des tination de la plupart de ces êtres, et les condui sant à leurs fins par des moyens propres, il n'y au rait donc que l'homme , le plus noble de tous „ dont j'ignorerais l'emploi , et qui me paraîtrait comme égaré , comme déplacé sur cette terre ! La nature , si sage et si prévoyante partout ailleurs , n'aurait donc travaillé ici qu'en aveugle , et unique ment pour le malheur des créatures intelligentes ! Non , il est impossible que le souverain Seigneur de toutes choses m'ait laissé dans l'ignorance de ce qui me touche de si près! Je puis connaître ma destinée et les moyens d'y parvenir ! Doué de raison et de liberté , je dois m'avancer moi-même vers mon but , et ce but doit être digne de moi aussi-bien que du Créateur. C'est à l alumière de la raison dont l'Eternel m'a orné, et à celle de la religion dont il m'a fait parti cipant, que je veux examiner, en ce moment, la
  • 58. SLB DIVERS SUJETS DE RELIGION. ' ^5 question intéressante de ma destinée , ou du Lut que Dieu a pu avoir en me créant. Je d ois poser d'abord un grand principe : cet Etre si bon, si sage et si puissant, qui m'a placé sur cette terre , n'a pu avoir d'autre intention que celle de me rendre heureux. Comment imaginer qu'il eût voulu faire servir sa toute -puissance à produire des créatures malheureuses ? Mais comme par ma nature je suis un être in telligent et libre, Dieu a dû nécessaibement me donner des lois , et j'ai dû nécessairement encore devenir moi-même l'instrument de mon propre bonheur. Qu'ai-je donc à faire pour parvenir à cette vraie félicité qui est ma fin, si. ce n'est d'entrer volontairement dans les desseins sublimes que le ciel a sur moi , et de ne contrarier en rien ses vues bienfaisantes en abusant lâchement de la liberté entière qui m'a été donnée pour ma perfection ? Éclairez , ô Soleil éternel de vérité ! éclairez en ce moment ma raison , si j'ai eu le malheur de l'obscurcir moi-même par mes passions , mes pré jugés et mes crimes , ou si j'ai eu le malheur de naître de parens ou d'ancêtres qui ont négligé la science du salut depuis plusieurs générations , afin que je puisse reconnaître mon véritable but , vos désirs et mes vrais intérêts. La destinée de l'homme sur la terre est noble et grande ; ses relations sublimes avec la société et avec le ciel le prouvent d'une manière incontes
  • 59. 46 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS table. Et quand même , par une supposition im possible , je n'aurais aucun rapport avec un monde plus parfait, le prix de mon être serait encore en quelque sorte grand , et mon but noble et relevé. Pourquoi aurais-je reçu ce corps , ce chef-d'œuvre de puissance et de sagesse, qui est en même temps si délicat dans toutes ses parties , et si solide et durable dans sa force? qui est si sensible, et ce pendant si endurci aux peines et aux travaux ? Pourquoi cet esprit , avec ses vastes conceptions et ses rares talens ; cette raison qui comprend tout; cette imagination qui se rend tout présent ; cette mémoire qui sait tout rappeler ; ce vol rapide de la pensée qui traverse l'empire de la création , qui de cette terre s'élance au ciel et revient ap profondir les abîmes de la mer ?Pourquoi ces désirs insatiables qui ne reposent jamais, cette lutte con tinuelle de forces opposées; ces passions sublimes quand elles sont vertueuses , mais si terribles dans leurs écarts ? Oui , ma destinée , à ne me considérer que comme citoyen de cet univers , est déjà grande ! Placé par le Créateur sur ce vaste théâtre , je dois y exercer mes forces et déployer mes vertus.Tout au tour de moi se range l'immense création ; je suis en état d'en admirer la beauté. Enflammé , extasié à la vue de ses merveilles innombrables , je puis élever mon admiration, mes sentimens de reconnaissance, mon amour , mes adorations , jusqu'au pied du trône de la Divinité ! Toutes les bénédictions du
  • 60. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 4"] ciel remplissent la terre ; la nature étale partout ses richesses et son abondance; roi d'ici -bas , je jouis seul de ces biens , seul je me rends la nature tributaire. Le plaisir , la joie , les plus douces consolations , se trouvent semés partout sur le chemin de la vie : si je ne sais les apprécier ni les distinguer des fausses jouissances ; si je ne sais me les approprier au milieu d'une vie pleine d'inno cence et de vertu , ce n'est qu'à moi-même que je dois m'en prendre. Je révère donc d'abord dans l'homme cet instru ment de la Providence qui peut et doit servir au bien général , et contribuer à faire fleurir partout la vérité et la vertu. L'homme doit aider à dimi nuer les souffrances de toute l'espèce humaine, et à en augmenter la félicité par sa bienfaisante cha rité , son amour et sa sollicitude , par son travail , son assiduité , sa douceur et sa patience. Il doit assurer et consolider de tout son pouvoir le bien- être de ses semblables , en se perfectionnant lui- même , en formant son cœur, en ornant son esprit et en ennoblissant tout son être ; en un mot , l'homme sur la terre doit chercher à établir autour de lui le bonheur par la vertu , la justice et la vérité , et s'assurer pour jamais cette paix de la conscience et cette approbation intérieure qui re lève si puissamment toutes les jouissances et adou cit toutes les peines. Mais l avie de ce monde n'est pas la seule ni la
  • 61. 48 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS dernière destinée des humains. Nous portons en quelque sorte le sceau de l'immortalité empreint sur notre front et dans tout notre être. Dieu peut en effet nous perfectionner , et nous perfectionner encore; il peut nous rendre heureux, et augmenter sans cesse notre bonneur, moyennant notre propre coopération , et pendant une éternité I Telle ne serait-elle donc pas la grande et noble destinée des mortels? Ah! si l'homme sentait toujours hien sa grandeur , s'il était toujours bien pénétré de la noblesse de son être, enrichi et privilégié au-dessus de toutes les autres créatures qui l'environnent; s'il pensait incessamment au haut degré de perfec tion qu'il pourrait déjà posséder, et à celui auquel il pourra encore atteindre par ses vertus pendant les années éternelles, sans doute il aurait honte de se dégrader jusqu'à la bassesse du vice ! sans doute il saurait se mettre au-dessus de toutes les faiblesses de son cœur, et secouer cette insouciance qui l'arrête sur le chemin de la perfection, et l'éloigne de sa destinée ! Tous l esêtres sont destinés à servir l'homme , roi de la terre , et aucun d'entre eux ne se porte hors de la sphère de cet univers. Toutes les chaînes des êtres subalternes viennent aboutir à l'homme, lequel forme ce grand anneau par où notre monde tient à un autre système. Seul je m'élance hors de la sphère étroite de ce monde ! seul je me sens destiné à quelque chose qui jn'est
  • 62. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 49 point t errestre, mais céleste ! De même que les divers règnes de la nature se confondent ici-bas , et se tiennent comme par la main , de même notre monde animé passe imperceptiblement au monde des pures intelligences. Qui oserait prétendre que la grande chaîne de la création se trouve terminée à l'homme? Quel philosophe a jamais eu la té mérité de dire : Voilà la dernière borne des œuvres du Créateur? — Et si le sort d'un seul individu ne vous frappe point assez , quoique le vrai philosophe doive raisonner ici d'un seul homme comme de tous les hommes ; étendez un peu vos idées , con sidérez toutes les générations à la fois ! Serez-vous assez insensé pour vous persuader que la masse entière du genre humain n'a été créée uniquement par le Tout-Puissant que pour vivre et pour mou rir? Ne voyez-vous pas que ce serait un jeu, et un jeu indigne de l'Eternel , que de ne créer que pour un temps limité des êtres sensibles et in- telligens ? L'incrédule dira dans son langage toujours vague : Qu'en savons-nous? cèt univers , tel que nous l'habitons, est peut-être nécessaire dans le grand Tout, quoique l'homme périsse. Inconsé quence et contradiction ! Sans doute que tous les mondes, divers* ne forment qu'un ensemble , dont le nôtre ne fait qu'une très-petite partie ; mais les véritables liens par lesquels nous tenons au grand Tout , quels sont-ils ? quels sont nos rapports avec 4
  • 63. JO BÉFLEXIOXS ET SENTIMENS les mondes plus parfaits? Apparemment qu'il y a d'autres liaisons qui réunissent les parties d'un si grand ensemble , que celle de l'attraction newto- nienne ! De bonne foi , la religion, la vie future, l'immortalité, voilà les seuls vrais fondemens des relations que nous puissions avoir avec un autre monde , et par où nous puissions tenir à ce grand Tout qui vous extasie. Au r este, ne croyons pas non plus que quelques chétives planètes éloignées les unes des autres soient seules habitées. Elles ne sont que les pépi nières du monde spirituel et invisible. La nature n'est point morte et solitaire ; non, les espaces sont peuplés , et des milliers d'êtres spirituels nous entourent et nous dirigent souvent sans que nous nous en doutions ! La raison me dit donc en général , eu égard à la bonté et à la puissance du Créateur, que je suis destiné à la félicité. Mais si je demande des détails sur le bonheur pour lequel je suis créé , ou sur la manière dont j'ai à me conduire pour y parvenir, ma raison s'obscurcit, elle devient incertaine, elle se tait ; probablement parce que les hommes ont négligé depuis bien des siècles leurs destinées im mortelles, et qu'ils se sont enfoncés peu à peu dans les ténèbres du vice, et ont ainsi insensiblement perdu les traditions primitives et les lumières divines communiquées nécessairement aux pre miers hommes. Une vaine philosophie ne peut
  • 64. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 5l plus que nous dire : Sois honnête homme , et assurément celui qui t'a créé ne t'abandonnera pas. Encore , nos prétendus sages se contredisent- ils en un point si important. Souvent ils réfutent eux-mêmes dans une page ce qu'ils viennent de prouver dans l'autre. Je. ne puis donc écouter ici exclusivement ni Rousseau , ni Voltaire , ni Helvétius , ni Diderot , ni Bajle , ni Mirabeau , ni aucun des philosophes anciens ou modernes , tous plus ou moins passionnés, tous plus ou moins attachés à leurs propres systèmes. Mais je dois écouter la sainte voix de ma conscience , de ma raison, et surtout celle de ma religion. J'invoquerai le Créateur, et il saura éclairer mon esprit et for tifier mon jugement. J'écouterai la voix de l'uni vers. Je m'égarerai plus difficilement avec la foule des peuples , que je ne ferais , en ce point , avec un philosophe isolé , fût-il le premier génie de son siècle , ni avec une secte particulière , se crût-elle la seule éclairée. Et quand on ferait encore mille fois plus d'ob jections que l'on n'en a fait contre l'existence de Dieu , contre l'immortalité de l'âme ou contre le christianisme; quand mon propre cœur me dirait: Il n'y a point de Dieu , je me prosternerais encore tous les jours avec les nations entières qui l'adorent. La voix respectable du genre humain repousse et confond tout blasphémateur isolé , et anéantit son blasphème. i.
  • 65. 5l RÉFLEXIONS ET SENTIMENS Je s eraidonc intimement persuadé que ma des tinée s'étend au delà du tombeau , et que la plus noble partie de mon être , susceptible d'une féli cité éternelle , survivra à la dissolution de ce corps terrestre. Cette vie n'est qu'un germe, qu'un bou ton qui s'ouvre ; la fleur paraîtra plus tard , et le fruit la suivra de près. O mon Dieu ! que ces considérations sont ca pables de remplir mon âme d'une sainte joie, d'un saint enthousiasme ! Maintenant aussi , l'univers entier se présente à moi sous un autre jour. Cette courte vie n'est plus qu'un lieu d'épreuve , d'exercice et de préparation pour l'éternité. Oui, c'est sur cette terre que je dois faire mes préparatifs pour la vie à ve*nir ; comme cet homme prévoyant qùi , quittant son lieu natal , se dispose à s'embarquer pour les ré gions encore inconnues d'un nouveau.monde. Main tenant je me sens infiniment élevé au-dessus de cette terre et de l'orbite étroit du firmament , car mon âme mûrit pour l'éternité. Remplie d'espoir, de confiance et d'un secret pressentiment de la vie future, mon âme s'élance avec résolution à travers la vallée sombre de cette première vie , jusqu'aux portes éternelles.
  • 66. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 53 WWW« MVWVWVWMMUMIWMWVVWVWVM1YVVW1WlHWWWVlWVVMWWV CINQUIÈME SUJET. l'athéisme. Pouk m'attacher au Seigneur de plus en plus, pour consolider en moi cette foi si consolante d'un <)lre créateur et conservateur ; pour me porter enfin jusqu'à me complaire et me réjouir dans cette foi , je considérerai aujourd'hui les inconséquences et les malheurs de l'athée. Quelle félicité peut-il donc goûter ici-bas, ce malheureux déserteur de la source même de la vie ? Quel sera l'espoir de celui qui méconnaît le Dieu de qui provient tout bien véritable et tout don parfait ? de celui qui a renoncé à l'éternelle perfection et à la beauté incréée : de cet infor tuné en un mot qui est sans Dieu? Quelle grande pensée pourra transporter et ravir son âme ? Quel noble sentiment pourra venir échauffer son cœur? Les merveilles de la nature ni la majesté infinie du grand Etre ne l'ont jamais exalté ; il s'est isolé dans la création , et il a choisi le néant pour sa re traite. Mais q uelle raison l'homme pourrait-il avoir de nier l'existence d'un être infiniment puissant , infi niment sage et bon , dont l'essence est la perfec
  • 67. $4. RÉFLEXIONS ET SENTIMENS tion : ê treadorable , que tout lui annonce et dont le ciel et la terre, l'homme et l'animal, chaque feuille et chaque grain de sable lui prouvent l'exis tence ? L'unique raison qu'on ait alléguée jusqu'aujomv d'hui contre des preuves aussi nombreuses que les rayons du soleil , et qui démontrent l'existence de Dieu , c'est qu'on ne saurait le comprendre. Mais , ô hommes faibles et vains , vous , ' malheureux mortels , qui ne vous comprenez pas vous-mêmes , dites- moi, comprenez -vous mieux une matière éternelle qu'un Dieu éternel ? expliquez - vous plus facilement l'existence d'un être imparfait que celle de l'être parfait ? concevez -vous mieux une création sans créateur, que vous ne concevez un être dont la volonté infiniment efficace ait produit tout ce que nous voyons dans l'univers? Ne faut-il pas qu'après avoir dépouillé l'Être des êtres de ces qualités qui vous paraissent si in compréhensibles, vous les accordiez ensuite , par la plus insigne des folies, à la vile matière et k l'atome ? Avouez donc que vous avez toutes les raisons de reconnaître un Dieu créateur et conserva teur , et que vous n'en avez aucune de nier son existence. Et si , à défaut de raisons , vous étiez assez méprisables pour mettre en avant l'impu nité du crime , et l'intérêt que vous croiriez avoir de nier l'existence d'un être éternel et souverain
  • 68. SUR DIVERS StîJETS DE RELIGION. 55 Maître; s ans doute qu'alors vous seriez indignes d'une réfutation. Mais , ô ciel ! pourquoi faut -il que j'avoue ici' moi-même , que des hommes faibles ont souvent prêché plus efficacement l'athéisme , en prêtant à Dieu leurs idées ridicules , cruelles et absurdes, que n'ont jamais fait les incrédules les plus déterminés ? _ " Seigneur! faites-moi connaître en ce moment, d'une manière bien vive et bien lumineuse, tout ce qu'il y a de désolant dans le système horrible de celui qui a dit dans son cœur, Dieu n'est pas : faites -moi bien sentir quel malheur c'est pour l'impie lui-même que de vous méconnaître. Hélas ! c'est un Dieu infiniment bon, un père infiniment tendre qu'il méconnaît. Il n'y a point de Dieu ; donc il n'y a rien à craindre ni à espérer après cette vie ; je puis satis faire tous mes désirs déréglés et toutes mes pas sions injustes ; il n'y a ni justice, ni lois , ni vertu , ni devoirs qui me retiennent : je sacrifierai tout à ce que je croirai pouvoir contribuer à mon bon heur sur la terre ; je suis mon dieu à moi-même ! Frémissez, ô mon âme, à ce raisonnement qui se trouve dans le cœur de tout athée ; quoique sou vent il n'ose pas l'avouer aux autres hommes ni à lui-même ! Oui, Voilà le système honteux , la sa gesse affreuse de l'athée. Quand je veux examiner de près et approfondir ce mystère d'iniquité , il
  • 69. 56 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS me semble que j'entre dans un désert , vaste sé jour de ténèbres , de désordres et d'horreurs : lois, justice, vérité, vertu , gloire , bonté , amitié , bon heur , espoir , tout disparaît à mes yeux ; je ne trouve plus de réalité , plus de consistance dans les choses humaines ; rien ne saurait plus avoir de charme pour mon cœur ; les hommes me parais sent des fantômes ; un ami , un protecteur , n'est plus qu'une imag? mensongère ; le juste et le cri minel se confondent dans ma pensée , ainsi que la vérité et l'erreur ; toute la nature et la vie humaine ne sont plus qu'une cruelle illusion ; enfin , je me trouble et m'échappe à moi-même ! Il n'y a point de Dieu ! Malheur à moi ! Je suis donc orphelin dans ce monde injuste où l'homme ne cherche d'ordinaire son bonheur qu'aux dépens du bonheur de ses semblables ! Jl est donc vrai , que je n'ai point de père dans les cieux ; point de protecteur; point de témoin de mes souffrances , point de rémunérateur de mes vertus ! Homme juste ! vous avez beau donner à l'univers le spec tacle de l'innocence la plus pure , vous avez beau ne pas cesser un moment , pendant la plus longue vie , d'accomplir tous vos devoirs , de pratiquer les vertus les plus difficiles, et de faire les sacrifices les plus pénibles ; la mort , l'affreuse mort , vous mettra de niveau avec le débauché, l'usurier, le meurtrier , l'empoisonneur et le parricide ! Il n'y a point de Dieu ! vous qui essuyez les re
  • 70. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 5j vers dé l'aveugle fortune , il ne vous reste aucune consolation , aucun espoir ! Vertu , innocence , larmes , prières , tout est inutile ! Ce n'est point à un Dieu infiniment bon que vous avez affaire, c'est un hasard cruel et inexorable qui vous amène tous vos malheurs; un hasard aveugle, qui vous rendra peut-être encore plus misérables après cette vie , que vous ne l'aurez été dans celle-ci : personne ne pouvant vous répondre qu'il ne vous précipitera pas sans que vous puissiez vous plaindre, dans des souffrances plus horribles mille fois que ne ferait Dieu lui-même dans ses justes châtimens. Il n'ya point de Dieu ! Malheureux de toute con dition , c'est donc en vain que vous élevez les yeux au ciel , et que vous fatiguez les airs de vos gémisse- mens ! Mères désolées, qui voyez vos enfans souffrir de la misère et de la faim : vous-mêmes , infortu nés petits innocens , qui n'auriez jamais dû naître ; c'est en vain que vous levez vos mains défaillantes vers l'asile suprême : le ciel est sourd , il est d'ai rain ; il est plus dur encore et plus inflexible que le cœur de ce mauvais riche , à la porte duquel vous tendez la main ! Vous , qui êtes le jouet de la per fidie de vos frères.; vous, qui souffrez jusqu'à la mort la persécution des grands, sans oser vous plaindre ; vous , que la justice humaine condamne au dernier supplice, sur l'accusation de témoins calomniateurs, et dont le nom même demeurera létri dans l'histoire ou dans l'opinion de vos sem
  • 71. 58 RÉFLEXIONS ET SENTIMENT blables ; jamais votre innocence ne sera reconnue , jamais vous ne serez vengés ; il ne vous sera jamais rendu aucune justice; jamais la tache imprimée à votre nom ne sera effacée !!! Il n'y a point de Dieu ! O mon âme ! vous ne sau riez supporter plus long-temps une idée aussi acca blante. Rassurez-vous donc, et consolez-vous: avant la naissance de tous les athées , avant l'aurore et l'étoile du matin , votre Dieu régnait dans le ciel ; et il y régnera dans tous les siècles des siècles. Oui, Seigneur, vous existez : tout me le prouve: vous êtes mon Créateur et mon espoir. C'est vous qui,par un acte de votre volonté toute-puissante, avez produit les élémens inconcevables de la ma tière dont l'union a formé tous les mondes. C'est votre volonté qui a établi les règles invariables d'après lesquelles tout s'est combiné avec cet ordre que nous admirons dans l'univers. La nature n'est donc plus une illusion; la vie humaine n'est donc plus un songe cruel ; les hommes ne sont donc plus de vains fantômes. Mes amis, mes bienfaiteurs , tous ceux qui me sont chers , existent donc réellement en Dieu et par Dieu ; et le Seigneur peut me les conserver éternellement. Moi- même,je suis l'œuvre du Créateur, qui me fera sur vivre à la mort et à la dissolution de mon corps. Le hasard aveugle n'aura donc jamais aucune in fluence sur le sort de l'univers et sur le mien. La yertu a donc aussi son prix et sa beauté, et le via•
  • 72. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 5() sa laideur et son châtiment; les lois sociales sont sanctionnées et reprennent leur vigueur ; tous les devoirs humains deviennent stricts et réels; il n'est plus permis de se souiller de tous les crimes et de chercher l'impunité dans un lâche et affreux suicide : il existe un Dieu! ! ! -, Ainsi , l afoi en Dieu , semblable à un nouveau soleil , ranime tout dans la nature; elle donne à tous les êtres comme une nouvelle vie : elle opère une nouvelle création au milieu du néant de l'a théisme. Quel autre que le Sei^ieur suprême pour rait faire entrer ainsi la joie, la confiance, l'espoir et le bonheur dans le cœur des faibles mortels ? Oui, je le vois, et je le sens; je ne puis vivre sans vous, ô mon Dieu! vous êtes le Dieu de mon cœur; et il n'y a point de félicité hors d» vous. Si vous n'existiez pas, si je ne savais que vous êtes certainement mon Créa teur, mon protecteur, le témoin de mes combats et de mes victoires , et le rémunérateur de la vertu : je maudirais le jour de ma naissance ; je maudirais toute raison et toute sensibilité ; et je tiendrais le néant et l'éternel oubli préférables à la vie de ce monde. O mon Dieu ! préservez toujours mon esprit de l'orgueil et de la vanité ; conservez toujours mon cœur pur; et l'affreux athéisme n'aura jamais aucun charme pour moi, et je ne douterai jamais un seul instant de votre existence. J'ose même, Seigneur, nie laisser aller ici à la pensée consolante, que le
  • 73. 60 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS nombre des vrais athées est infiniment moins grand qu'on ne le suppose communément ; et qu'il n'y en a peut-être pas plus sur la terre qu'il n'y a d'in sensés ordinaires.
  • 74. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 6l SIXIÈME SUJET. • LA PROVIDENCE. Le c ielet la terre, tout ce qui est en moi et hors de moi m'annonce un Dieu dont l'aimable Provi dence pourvoit à tout, dirige et conduit tout vers la perfection et le bonheur. Y a-t-il dans la nature entière un seul objet qui puisse être caché aux yeux de l'Éternel ? Le Roi des rois peut-il ignorer ce qui se passe dans son royaume? Ne connaît-il pas tous les besoins, tous les désirs, toutes les pensées, les vices et les vertus de ses créatures? Tous les êtres ne sont-ils pas en sa puissance? Ge Dieu infiniment bon pourrait-il , d'un autre côté , négliger l'œuvre de ses mains , ou mépriser cet être intéressant qu'il a créé raisonnable et libre, et sur le front duquel il a fait éclater un rayon de sa gloire? Pourrait-il être insensible à son amour ou à sa haine ; voir d'un œil indifférent son bonheur et son malheur , ses vices et ses vertus , ou l'abandonner entièrement au hasard ? Tout c elaest aussi évidemment impossible, que le serait un monde ou une création , sans un Dieu créateur. Là où le bien-être général dépend des soins et de
  • 75. 6a RÉFLEXIONS ET SKNTIMENS la prévoyance de l'homme , là sans doute Lien des points doivent être négligés, ou même entièrement oubliés. Nous manquons tantôt de sagesse et d'in telligence, tantôt de puissance ou de bonne vo lonté ; notre vue faible ne peut apercevoir qu'un petit nombre de rapports , et n'embrasser qu'un cercle très-étroit ; mais l'œil du Seigneur, l'œil de la Providence, placé au plus haut des cieux, voit tput à la fois et embrasse tout d'un seul regard! La puissance indéfinie du Créateur règle et ordonne tout avec sagesse , sa bonté et son amour s'étendent à tout. Il n'y a absolument que ces êtres privilégiés à qui il a laissé une pleine et entière liberté , qui puissent contrarier quelquefois cette Providence , ou plutôt lui donner une autre direction. Non , r ien de tout ce qui n'a pas été trop insi gnifiant pour l'action créatrice, ne peut être in digne des soins du Seigneur. Il .voit et connaît la plus chétive de ses créatures, et la dirige aussi bien que l'être le plus intéressant de ses vastes domaines. La Providence de Dieu , sa sollicitude paternelle pour tous les êtres qu'il a produits , et son amour pour ceux qu'il a doués de sensibilité , ne peuvent donc pas être plus méconnus que sa puissance et sa sagesse. Et si nous croyons voir quelquefois des contradictions acet égard dans les divers événemens fie la vie humaine , ou si nous découvrons des dés ordres réels , nous devons être intimement con vaincus que tout cela ne vient que des agens libres
  • 76. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 63 qui DM troublé l'ordre de la Providence. Ce qui est réellement mal ne peut en aucun cas provenir de Dieu. Dieu n§ demande que la perfection et le bonheur de ses créatures ; et quand celles-ci s'é garent , il sait tirer le bien du mal même , en ré tablissant l'ordre dans une vie future , à laquelle la vie présente ne sert que de préparation. Le vice comme le malheur, ne peuvent jamais être que conditionnels , et la vertu leur sert de contre poids. O mon Dieu ! je vous adore donc en ce moment comme le Roi des rois $ comme le souverain Maître et le Modérateur éternel de tous les mondes. Je vous reconnais pour un Père plein de tendresse et de soin envers toutes ses créatures , et, en particu lier , pour mon Père. Nous sommes tous vos en- fans; nous vivons, nous respirons , nous agissons en vous. Vous montrez à chacun d'entre nous sa place dans votre royaume; vous comptez nos jours et le nombre des battemens de nos cœurs. Vous connaissez tous nos besoins , et vous savez y pourvoir avec une sagesse et une bonté vraiment paternelles. Nos plus secrètes pensées vous sont connues ; nos plus légers soupirs se font en tendre au ciel; vous jugez, vous pesez toutes nos œuvres : car vous les connaissez toutes ; celles qui s'exécutent dans les ténèbres comme celles qui s'accomplissent à la face des cieux. Tout a été fait par vous ; par vous , tout se conserve ; et à
  • 77. 64 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS vous s eul est due la gloire, pendant les siècles éternels. La Providence de Dieu n'ayanfcrien excepté , rien n'ayant pu échapper à cet Etre qui a la pléni tude de toute science , qui embrasse le passé et le présent, et qui pénètre même dans l'avenir, je suis donc aussi moi-même l'objet de ses soins et de sa sollicitude, quelque inférieur que soit le degré que j'occupe dans la création. Rien ne m'arrivera sans que le Seigneur en ait connaissance : les cheveux de ma tête sont tous comptés , et aucun n'en sera dé rangé qu'il ne le sache. Il conduit les destinées de tous les mondes et de leurs habitans divers , et il aide même les êtres libres dans leurs propres desti nées. 0 Dieu ! que votre puissance est donc grande et votre bonté infinie ! Tout ce que vous approu vez ou ordonnez est bon et sage : tout ce que vous faites est bien fait ; soit que vous condamniez où que vous absolviez ; soit que vous punissiez ou que vous récompensiez. Pourvu que je sois moi- même vertueux et prudent, et que je n'abuse point de ma liberté pour contrarier les vues bienfaisantes de votre providence; pourvu que je veuille moi- même efficacement mon bonhenr ; vous saurez me rendre heureux : heureux au delà de mes mérites. Vous saurez même me dédommager amplement de toutes mes souffrances , dans ce lieu où vous ré servez à chacun une riche compensation de tous les sacrifices qu'il aura pu faire.
  • 78. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 65 Quel bonheur pour moi, ô mon Créateur! de me trouver ainsi placé sous votre surveillance im médiate, sous la tutelle d'un père infiniment bon, infiniment sage et infiniment puissant ! Que je m'estime heureux de ne m'être pas tout-à-fait aban donné à moi-même au milieu de mes faiblesses et de mes passions déréglées ; et que mes volontés, mes souhaits et mes désirs, qui sont souvent ceux d'un enfant, ne fassent pas toujours loi! Quelle tran quillité , quel calme , quelle confiance je puis con server jusque dans les plus terribles révolutions , jusqu'au milieu des plus affreuses destructions et des ravages les plus effrayans ! Si , de mon côté , je fais tous nies efforts pour être vertueux et juste, avec quelle consolation je puis envisager toutes mes futures destinées ! toujours votre main pater nelle me conduira ! Seigneur , je crois pouvoir me rendre le témoi gnage que mon cœur est sincèrement attaché à la vertu ; que ma volonté est prononcée pour le bien, pour la vérité et la justice : je m'abandonne donc à votre douce providence avec une confiance vrai ment filiale, persuadé que v^us vous chargez du soin de ma félicité éternelle. Je serai toujours bien éloigné de comparer les prétentions d'une raison obscure et incertaine à vos sages et éternels dé crets. Vous seul savez d'une manière certaine par quelles voies j'arriverai plus sûrement à mon but. Vos pensées ne sont point celles des hommes :
  • 79. 66 RÉFLEXIONS ET SENTIMENS vos vues ne sont point les vues des humains , et vos jugemens diflèrent des nôtres de tout l'éloi- gnement du ciel. C'est pourquoi , dans les grandes alarmes , je dirai a mon cœur inquiet : C'est le Seigneur qui te conduit , ce Dieu de bonté et de sagesse qui t'a créé pour le bonheur. Tes maux ne viennent que de toi-même, ou des créatures libres qui t'environnent; supporte-les avec patience, et attends avec calme la vie d'une riche compensa tion. Pourquoi te troubler, pourquoi trembler, si ta volonté pour le bien n'a jamais varié ; ou si , après un égarement passager, tu es revenu sincère ment au Seigneur ? Continue toujours à chercher le royaume de Dieu, la vérité, la justice, et laisse tous les autres soins à la Providence. Plus tu auras pratiqué de vertus, plus tu seras heureux. Dieu lui-même ne pourrait donner le bonheur suprême à celui qui n'en aurait point pratiqué , car le bon heur suprême consiste exclusivement dans le sou venir de la vertu. Aujourd'hui, sans doute, je marche encore dans les ténèbres, parce que je ne connais qu'en énigme et ne vois que par la foi ; mais le jour viendra qu'une lumière éternelle m'environnera, et que la gloire du Dieu de vérité illuminera mon âme ! Alors je verrai les rapports divers de mes destinées : je verrai comment Dieu m'aura fourni les occasions de me sanctifier, lorsque ma volonté était sincère ; j'admirerai comment le Seigneur , dans sa bonté ,
  • 80. SUR DIVERS SUJETS DE RELIGION. 6j m'aura rappelé de mes égaremens, et comment ma vertu se sera perfectionnée dans l'infirmité ; je verrai aussi comment les destinées des mondes divers , celles des nations et celles de tous les êtres intelli- gens tiennent ensemble; etje m'écrierai en adorant profondément la sagesse éternelle : Tout ce que le Seigneur a fait est bien fait; qu'il soit loué , exalté et béni dans tous les siècles! 5.