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L'ÉVANGILE

          SOOIAL

                PAR


     C.       HUMANN
              AUTEUR

 DB LA NOUVBLLB-JÉRUSALBM:




              PARIS

LIBRAIRIE SWEDENBORGlENNE

      '12, rue Thouln, t2.

          -   ,~~
,
.L'ÉVANGILE

               SOCIAL

                  PAR


      C,        HUMANN
                AUTEUR
  DE LA NOUVELLE-JÉRUSALEM




                PARIS

LIBRAIRIE      SWEDENBORGIENNE


      12, rue Thouin, 12.

           -    I~~
.,.
TA.BLE DES MÂTInES

               Avant-Propos.
                1ntroduction.
CHAPI'l'RE 1. Le Règne de Dieu comme danale'
                    Ciel aussi sur la Terre •. de           1 à 12
           Il. La Pratique des enseignements
                    reiigieU'r...."."." .•.•.•.••..••      13- 20
          11l. La loi du progrès                       .   2i- 30
          IV. La "Parole-ré'l"élée                     . 31- 40
            v. L'âme vivante et îmmortellê ..••
 41- 50
           VI. La Trinité ... , .. , ..... , ••..•..
      51- 56
         Vil. La Liberté......•...••••••....
              58- 66
         VIII. L'Autorité            "               ~
    67- 72
           IX. Les demeures dan. 1eR Cieux. '"
            73- 82
            x. Le selltiment du beau                  . 83- 91
           XI. L·Homme..•... ,                        . 92- 98
          XII. Le grand monde                        .     99-107
         A:III. Le lans..age des nombres ......• 108-118-_
         XIV. Le langage des couleurs. , .....            119-126
         xv. La loi du mariage....•........
 i27-133
        XVI. Le Décalogue .. ~                       . 131-140
        XVII.	 Les fJces de Jéhovah et la T<ible
                  de Dieu                            . 141-144
     XVJll.	 L'Amour du prochain et la Table
                 de l'Homme.•........••.•..• 145-150
       XIX. La Prière•..••.•."                , ....• 151-157
        xx. L'Oraison Dominicale .•••••...• 158-167
        XXI. La statue de Nabuchodnetzar ..• 168-176
       xxu. De la Mort, du Jugement dernier
                 et de la Résurrection .•....•• 177-185
     XXlll. De l'Esprit-Saint •............ , 186-191
      XXIV. Les Préadamites ••....•••.•..•               192-203
        xxv. Le Jardin de la Sagesse..•••.• , 204-24J
TABLE DES MATlÈal':S

   XXVI. Le déclin d'un beau Jour.... .•. 215-224
  XXVIJ. La 'chute de l'homme et la Ré-
           demption. . . • • . . • . • • •• • . . . .• 225-23 2
 UVllI. Le Délug e....... .... .. ..... .• 2:i3-23
                                                              8
  XXIX. L'Arche de    Noé.. ........ ...... 239-24 5
   xxx. Le Signe de l'Alliance enlre Dieu
           et l'Hom me.... ......... .... 246-25 4
  XXXI. L'Ivresse de Noé.. ......... .... 255-26 0
 XUIl. La Tour de Babel ......... .. ..• 261-26
                                                             9
 XXXIl1. Les Hébreux et le Culte des Sa-
           crifices• •. '.' •.•.•.•• .••.•• " 270 - 278
XXXIV.  L'Eglise Chrétienne et le Royau-
           me du ~~igneur............. 279-'<:87
  xxxv. Î./Eglise chrétienne etles miracles 288-29 3
 UVI. La Bible écrite et la Bible de la
           nature ........ ........ ...... 294-~99
XXXVII. L'Eglise de l'Avenir                   ,       300-30 5
XXXVllI. La Question sociale        ......             360-31 0
AVANT-PROPOS.


         Nous sommes à Pépoque de l'ouverture de
      l'Exposition universelle de Chicago dans l'an­
      née 1.893. Le Congrès universel des Représen­
      hints de toutes les religions doit s'y réunir
     durant le mois de septembre. Ce Congrès a
     été qualifié dans les journaux anglais et amé­
     ricains de Parlement des religions; il l'a été
     aussi et à plus juste titre, de premier Concile
     réellement œcuménique.
:1      Mais ce Congrès ne peut produire des ré~
'1
1   sultats assez utiles pour mériter ce dernier
1
     titre, qu'à ta condition de proclamer au monde,
     les principes communs à· toutes les religions
     sous une forme assez frappante pour les popu­
     lariser, et pour mettre l'opinion publique en
     demeure de poser les premières assises de
     PEglise de l'Avenir.
        Il faudrait que ces premières assises de l'E­
     glise, soient présentées par le Congrès des
     religions comme susceptibles d'établir la
     fraternité daus les sociétés humaines. Cette
     proclamation de n()s principes religieux uni­
     versels se présenterait comme une manifes­
     tation solennelle de la possibilité de la vic­
     toire de l'humanité sur l'esprit sectaire des
     Eglises du passé; peut·être, serait·elle capable
Il                AVANT-PROPOS

de renverser les obstades qui s'opposent, dans
le monde des nations, à la solution de toutes
les questions sociales.
   Celte vICtoire d~ l'humanité sur l'antago­
nisme des classes, ne peut être attendue que
par ceux qui pensent qu'il existe def:! traits
d'union sérieux dans les tendances de l'es­
prit nouveau, tendances qui auront pQur oL­
jet de motiver une fédération de toutes les
Eglises dans le sens d'un adoucissement d~s
mœurs publiques et internationales. Mais
comme il est généralement reconnu depuis le
dix-huitième siècle que tous les hommes peu­
vent obtenir le salut de leurs âmes, dans quel­
que religion qu'ils soient nés, on peut en con­
clure qu'il existe des principes communs à
 toutes les Eglises. Leur proclamation contri­
buerait donc à rallier les hommes dans l'ac­
 complissement d'une union humanitaire com­
 mune, malgré leurs différences de cultes.
 Alors les Eglises rivaliseraient PQur mettre en
avant ces principes com~uns, tandis qu'eiles
laisseraient à l'arrière-plan tout ce qui ne
 peut être considéré comme susceptible d'uue
 application universelle.
   A cette occasion, il nous a paru utile de pu­
 blier sous le titre d'Evangile social, un livre
 qui présentera l'ensemble des principes reli­
 gieux que nous croyons les mieux adaptables
 au progrès des idées modernes dans leurs
 tendances humanitaires.
   Les tendances humanitaires nous paraissent
 seules susceptibles d'inspirer le corps du droit
 divin de l'Eglise de l'avenir et par suite, p~r
AVANT-PROPOS                 III

   voie de conséquence, le corps du droit positif
   humain de la civilisation de l'avenir.
      Nous ne pouvons pas ici rechercher et déga­
   ger un par un, ·chaque principè commun à
   toutes les religions; d'ailleurs c'est à chaque
   Eglise qu'il appartient dE'! juger pour elle·
   môme. Dès lors, en effet, qu'il est reconnu que
   le criterium de chaque Eglise est d'aspirer
   à r6alisHr dans tous les rapports sociaux,
   les applicalions de l'amour de Dieu et de
   l'ameur du prochain, en d'autres termes, les
   applications de la justice et de la fraternité,
   toute fausse doctrine:se trouvera en con tradic­
   tion avec ce principe fondamental et univer­
   sel; elle se corrigera donc d'elle·même dans
   les applications sinon dans ses conséquences
   logiques.
      Nous nous sommes efforcé de présenter dans
 ..Jlotre Evangile social, un enchaînement
   logique et en même temps biblique de ce prin­
   cipe fondamental et universel de toutes les
   religions. De plus, nous avons voulu montrer
   les applications de ce principe religieux uni­
   versel dans une étude également biblique
   d'une petite philosophie de l'histoire; nous 1
   avons, par conséquent, voulu encorê montrer,
   quelle a été l'évolution de l'idée religieuse
   dans le passé et quelle elle doit être dans
   l'avenir.
      C'est aux diflérentes communions qui se
   partagent le monde religieux, à proclamer ce
   qu'elles peuvent accepter et ce qu'elles en
    tendent rejeter de l'ensemble de ces doc­
    trines qui sont comme les prin_cipes èo,l'!.S­
(1 titutifs de l'Eglise de l'Avenir.
IV                 ATANT-PROPOS

    Les femmes, en même temps que les
 hommes, devant être convoquées au Congrès
 universel des religions,il y a lieu d'espérer que
 cela produira de bons rësultts. En effet, ll'.ls
 Eglises du passé ont eu le tort, selon nous, de
 ne pas appeler les femmes à coopérer à l'œuvre
  missionnaire commune : la fraternité existe
  en théorie ou en principe dans nos aspirations
  sociales et politiques modernes, beaucoup plus
  que dans nos mœurs et dans nos institutions.
    L'œuvre de la femme est toute de cœur; elle
  doit s'inspirer de l'amour divin, de même quo
 l'homme doit s'inspirer de la sagesse divine:
  tous deux, l'hômme et la femme, coopèrent
 ainsi à l'établissemtJnt de la justice et de la
 fraternité dans les mœurs et dans les institu­
 tions.
    Lorsque l'union sera réellement établie sur
 le fondement de la charité et de la solidarité
sociales, les ditl'érentes communions pourront
sans inconvénient accuser des ditl'érences de
doctrines et de cultes, mais elles n'en seront
pas moins unies et liées par l'unité du but qui
est de régénérer les âmes et les mœurs par des
moyens aussi variés que les individualités
elle-mêmes. Par le choc et le frottement de
toutes ces différences, les angles trop aigus
s'useront d~ux-mêmes et t1ntront par coïnci­
der exactement; les ressemblances prendront
alors un développement de plus en plus ac­
centué par les applications des principes de
justice et de fraternité dans le monde des
affaires et dans les rapports sociaux.
   Notre travail n'a pas d'autre objet que de
montrer àquel point l'enseignement de la Bible
AVANT-PROPOS                  V

peut apparaître comme la source originaire de
toutes les autres littératures sacrées; de mon­
trer à quel point aussi, cet enseignement de la
sagesse divine, peut trouver ses applica­
tions dans toutes les bl'anches des sciences
sociales, et ainsi devenir susceptible de rallier
Jes hommes dans un même sentiment clejus­
tice et de fraternité, bien que cet ensei~nement
sacré ne soit pas encore compris ni goüté par
le plus grand nombre et qu'il ne soit pas
même reconnu généralement, comme renfer­
mant une telle etl'icacité.
   Puisse le Congrès de toutes les religions
aboutir à un résultat utile et réussir à hâter la
victoire de l'1IUmanité sur l'esprit sectaire des
Eglises du passé. Puisse-t-il inaugurer offi­
ciellement la nouvelle ère de l'Eglise de
l'Avenir.
INTRODUCTIO~




                          Sommaire

1.	 L'Evangile l;ocial. - 11 Le socialisme. - III Le spiritisme.
   - IV. L'Eglise de l'Avenir. - V. Emmanuel Swedenborg.
    - VI. De l'autol'ité en matière religieuee.-VIl, Le lit de
  Procuste.




                               l


  Depuis dix· huit siècles, l'3s différentes Egli­
ses chrétiennes ont proclamé que la Bible était
un livre divin; mais en faisan t cela, elles n'on t
rempli que la moitié de leur lâche; elles n'ont
pas su pénétrer suftiisamment l'esprit de ses
textes à travers le voile de leur leUre, et elles
n'ont pas réussi jusqu'à présent à la popula­
riser comme un livre humain autant que divin,
ou comme un Evangile social·
   L'insuffisance de nos Eglises actuelles pour
l'achèvement de leur mission daus le monùe,
ticnt aux abus du pouvoir sacerdotal; celui­
ci s'cst mon'ré sectaire et intolérant, parce
qu'il a beaucoup plus songé à llominer sur les
VIIi                INTRODUCTION

    consciences par ses dogmes qui, cependant.
    s'écartent trop souvent de l'cnseignem.cnt de
    la Bible, qu'à resserrer les liens fraternels qui
    doivent unir Jes hommes entre eux.
       Les Eglises ge sont mises en dehor~ de l'hu­
    manité en prêchant 'la charité sous la seule
    forme de l'aumône du riche à l'égard du
    pauvre, au lieu de la présenter sous la formo
     d'une affection réelle et fraternelle pour le
1 semblable, que tous, riches comme pauvres,
  doivent éprouver les uns pour les autres. C'est
    cette affection qui doi t nous porter à remplir
     toutes nos fonctions avec un esprit de justico
     et d'amour qui constitue la vraie charité.
       De cette méprise vient. que la mendicité est
     devenue un métier don t on fait parade à la
     porte des églises, et elle s'est pour ainsi dire
     élevée à la hauteur d'une institution ou d'un
     mal nécessaire. De là aussi est née la rivalité
     des classes, les riches n'étant plus considérés
     autrement que comme des oppresseurs par les
., pauvres et les pauvres comme des importuns
'' erdes fainéants par les riches. De là enfin, est
 , né l'antigonisme du capital et du travail.


                          II


   Il en est résulté que les principaux chefs des
 écoles socialistes se sont éloignés de toute
1doctrine religieuse, parce qu'ils ont vu que la
 plupart des chrétiens étaient satisfaits de l'état
 actuel de la société. La religion, voilà donc
INrRODUCTI0N               IX
 l'écueil devant lequel se heurtent même ceux
  qui professent dans leur écrits, que le socia- 
  Hsme exige pour devenir pratique, une éthi- 1
  que bien supérieure à celle qui distingue nos
  mœurs actuelles.
     Ces derniers prétendent pouvoir créer une
  morale, indépendante de tout lien religieux;
  ils nient que les liens fraternels des hommes
  doivent dériver, par voie de conséquence, de
  leurs liens religieux. Ils admettent que tous
  les hommes sont frères, mais ils méconnais­
  sent que cette fraternité dérive de ce fait,
 .qu'il sont enfants d'un même Dieu.
     On peut donc accuser le socialisme anti­
  religieux, d'être l'expression d'une humanité
  vieillie, et qui menace de tomber en décrépi­
 tude, parce qu'il s'abandonne trop à l'amour
 du côté externe des choses, à l'exclusion des
 vérités intérieures qui f(}nt l'âme et la vie des
 vérités purement externes.
    Nous pensons que le socialisme ne pourra
 réussir, qu"à la condition de renaître à la vie
 de l'âme, en se rattachant à l'amour des vérités
intérieures,-sans pour cela exclure son zè1eet
ses progrès dans la connaissance des vérités
externes et scientifiques.
    Le socialisme vise à substituer au règne de
la bourgeoisie le règne du quatrième Etat celui
de prolétariat. Mais la paix sociale ne pourra
s'obtenir que par le règne d'un Etat, qui admet­
tra dans son sein et sur le pied de l'égalité,
les quatre états ou les quatre classes qui cons­
tituent le corps social tout entier, sans exclu­
sion aucune: ce sera la victoire de l'humanit6
x                . INTRODUCTION

sur l'esprit étroit d'exclusivisme, la victoire dé
la démocratie libérale sur la démagogie.
   Cette victoire de l'humanité ne pout se
réaliser qu'en évitant de tomber daIis le travers
de chacun des quatre Etats, que l'histoiro nous
montre tous comme ayant été tour à tour des­
potiques, fanatiques et sectaires, tontes les
fois qu'il$ ont eu en main la puissance politique.
   La victoire de l'humanité sur les' tendancos
exclusives, suppose donc l'existence d'ua ciIi~
quième Etat social, qui n'opprimera ni Je
clergé, ni la noblesse, ni la bourgeoisie, ni le
prolétariat; en effet, lorsque ces classes se
trouveront relevées de leur déchéance mo­
 rale, par le progrès des mœl1rs publiques,
 elles vivront toutes ensemble, sur le pied
 d'une é6'alité fraternelle, en considération
 des services qu'elles sont aptes à se ~endre
 mutuellement.
   C'est dans l'établissement de cette harmonie
 sociale, que doit consister le progrès de notre
 civilisation moderne, et par suite la mission
 ùe l'enseignement des préceptes de l'Evan­
 gi le social.


                        lU


  Le spiritiûme a été adopté par quelques so­
cialistes et par la plupart de ceux qui, par
suite du milieu sceptique dans lequol ils vi·
vaient, étaient resté3 étrangers à la Blble et à
ses enseignements. en ce qui concerne parti·
Il"TRODUOnON                  XI

cutièrement la croyance à l'immortalité de
l'âme et à la continuation de notre existence
dans le monde spirituel.
    Il n'est pas douteux pour celui qui a ap­
profondi l'esprit de la Bible, ou même pour
eelui qui a seulement vécu dans un milieu re­
ligie_llx, sans avoir poussé très loin l'étude de
la Pal'ob révélée, que l'homme est en con­
soeiation avec de bons et de mauvais esprits.
Il est eR rapports constants avec les soci~tés
~géliques et les ~ociétés -internalës, --de-ma·
 niere à pouvoir rester libre, durant sa vie ter­
 restre, de s'attacher soit aux unes soit aux au­
 tres.
     Les semblables attirent leurs semblables,
 particulièrement dans ce monde du sentiment,
 qui. est celui des sympathies ou des antipa­
 thies et qui constitue aussi le monde spirituel.
 Ce n'est certes pas par la vue de notre corps
 physique que nous correspondons avec ce
 monde spirituel, mais c'est par la vue inté­
  rieure de nos pensées et la chaleur de nos
  affections. Selon le cours que nous donnons à
  nos pensées et à nos afl'ections particulières,
  nous caractérisons les diff"érences d'humeur
  de chacnn de nous. Mais ce monde du senti­
  ment et de la pensée, est le monde de l'infini;
  il est en dehors des espaces et des temps, par­
  ce qu'il est en dehors et au-dessus de la nature
  à laquelle seule, les espaces et les temps sont
  inhérents. C'est ce qui ülÏt aussi qu'on l'ap­
  pelle le monde surnaturel.
      Croire au surnaturel, c'est se sentir vivre
  de la vie de l'esprit. Tous vivent de la vie de
   t'esprit, bien qu'ils n'aient pas eu durant la vie
:IU                 INTRODUCTION

  terrestre t leur vue spirituelle ouverle t et ainsi
  la faculté de voir ce qui se passe dans le
  monde spirituel. Cela est ari'ivé cependant aux
  prophètes tels que Daniel, Ezéchiel, Zacharie t
  Jean t etc. dont il est dit dans la Bible t qu'ils
  ont été « en esprit» ou en vision.
    Le spiritisme prétend obtenir pour ses
  adeptes des communications édifiantes avec
  le monde des esprits sans même avoir l'aide
  4e cette ouverture de la vue spirituelle.
  De tels hommes qui sont le plus souvent
  dénués de toute connaissance des vérités ré.
  vélées t n'ont d'autre ressource pour satis­
  faire aux besoins spirituels de leurs âmes,
  qu'un retour à l'amour du merveilleux, des
  miracles et des pratiques magiques du moyen
  âge. Ils ont donc protité du spiritisme t parce
 que celui·ci leur a inspiré certaines terreurs, ou
  quelquefois certaines réflexions salutaires,
  qui leur ont fait acquérir la foi à l'existence du
 monde spirituel et par suite la crainte de
 Dieu..
    La crainte de Dieu est le premier pas vers
 la sagesse. Pour faire ce premier pas t le spiri­
 tisme a ainsi pu remplir l'office de la religion
juive, dont c'était le principe dominant. Mais
làs'arrête son utilité t car il est facile de mon­
trer que le spiritisme ne peut nous aider à
nous élever plus haut, et que même très souvent
il devient nuisible.
   Le second pas vers la sagesse est de trans­
former dans le cœur des hommes, cette
crainte de Dieu en un sentiment d'amour de
Dieu. On sait que la supériorité de la religion
chrétienne sur l'Eglise juive, consiste surtou
INTRODUCTION                 :xin
 en cette transformation opérée par elle, dans
l'esprit des hommes, de l'idée d'un Dieu ter­
rible et vengeur, en un Dieu d'amour et de
miséricorde.
   Le troisième pas vers la sagesse, sera l'œu­
vre de l'Eglise de l'avenir; celle-ci doit changer
la face du monde, en transportant de la sphère
allstraite dos idées doctrinales, dans la sphère
pratique des idées sociales, les principes de
l'union fraternelle des hommes. Mais pour y
arriver, cette religion universelle du bien qui
remue déjà les cœurs de notre monde moderne,
doit s'éclairer de connaissances n0 11velles sur
Dieu et sur l'homme.
   Ce n'est pas dans le spiritisme qu'on trouvera
ces connaissances nouvelles adaptables aux
idées modernes, car le spiritisme s'abandonne
aux pratiques magiques du moyen-âge, au
lieu de rechercher la sagflsse où elle se trouve,
c'est-à-dire, dans les enseignements de la
Parole révélée de Dieu. Ses principaux doc­
teurs, acceptent à la lettre, la doctrine de
la métempsycose, ou des réincarnations suc­
cessives ; ne serait-il pas plus intelligent,
de chercher à expliquer cette doctrine re­
nouvelée de Pythagore et de la religion des
Hindous 1 Elle a un sens significatif qui est
caché sous le voile du langage symbolique
 familier aux anciens. L'idée ùe métamorphose
qui enveloppe la doctrine de la métempsycose
n'a pu prendre naissance que dans la doctrine
de la repon tance. Celle-ci suppose. en eU'et,
une conversion,et suivant le sens exact du mot
grec, META li: 01 A employé dans le texte des évan­
                                              40
XIV                INTRonUCTION

    gUes, une véritable métamorphose de l'esprit,
    un retour à la lumière de la vérite. La repen­
    tance a pour objet de transformer les différen­
    tes phases de la régénération del'âme humaine,
    en autan t d'atI'ections nouvelles et successives,
    qui ont été représentées symboliquement
    dans les religions antiques par différentes
   sortes d'animaux; les instincts di1:téreuts. do
    ceux-ci, snivant leur espèces, sont le dévelop­
   pement de ces affections particulières dans les·
   quelles ils uaissent. Comme il y a de bons et
   de mauvais instincts, il y a aussi de-bons et
   de mauvais animaux; ces derniers symboli­
   saient pour les anciens les mauvaises affections
   qui s'emparent du cœur de l'homme méchant,
   et qui peuvent le conduire d'abîme en abîme
  jusqu'à la folie.
      Les phases diverses de l'existence ùe l'âme.
  humaine dans un corps terrestre, - se trou­
  vant représentées par autant de transforma­
  tions successives, soit vers des éJ.évations
  dans le bien, soit vers des abaissements dans
  le mal, - figurent aussi des voyages spirituels
  de l'âme humaine, et constituent, conformé·
  ment à la croyance des anciens peuples à la
  métempsycose, de véritables métamorphoses
  ou transformations de nous·mêmes,
     Lors de la décadence de la sagesse antique
 on vénérait encore les traditions de cette
 ancienne symbolique, mais on ne les enten­
 dait plus que dans leur sens littéral; de là
 toutes les fables des anciennes mythologies.
·Platon reconnaissait cependant, que la doc­
trine de Pythagore était plutôt un mythe
 qU'une opinion philosophique.
INTRODUCTION                xv
    Dans la sagesse antique. ces voyages spIn
 tuels de la transmigration des âmes, avaient
 leur itinéraire tout tracé. comme on en trouve
 aes preuves dans le déchiffrement des textes
 hiéroglyphiques. Ii y avai t dondà un véri table
 programme d'éducation pour la jeunesse, d'une
 profondeur bien autrement grande que celui
 de notre éducation moderne.
   En réalité, il n'y a pas d'autre métempsy­
cose, que celle qui consiste dans la méta­
morphost' de nous-mêmes. Nous transfor­
mons successivement nos croyances, à mesure
que nous nous élevons dans l'amour du bien
et du vrai, par la repentance de nos péchés
contre Dieu et contre le prochain. Or, cfltte
métamorphose de nous-mômes, regarrle l'âme
et non le corps; pour celui·ci il y a seulement
la métamorphose de la matière qui passe fata­
lement et indéfiniment par un circulus de
formes nouvelles; celles-ci servent d'enve­
loppes successives aux créations si intIlllment
variées des trois règnes de la nature.
   Le spiritisme menace de nous égarer dans
des erreurs dignes des croyances supersti­
tieuses du moyen-âge, dans des erreurs tout
aussi graves que sa doctrine des réincarna­
tions successives; il peut même nous mener à
l'aliénation men tale, ainsi qu'on en a vu déjà
trop d'exemples. Ce dernier danger du spiri­
tismo peut s'expliquer par le caractère de nos
rapports avec le monde spirituel,
   Les hommes naissent dans le naturalisme
et par suite dans l'amour exclusif des choses
externes; mais ils doivent naître à nouveau
dans le spiritualisme pour pouvoir se préparer
XVi                iNTRODUCTION

à la vie dans le monde spirituel et aboutir à la
régénération de leurs âmes qui constituent
leurs corps spirituels. Ils n' y arrivent qu'en
appropriant à ceux-ci le bien et le vrai; mais
ils meurent spirituellement lorsqu'ils s'appro­
prient le mal et le faux.
   Pour se régénérer, les hommes doivent
donc, après s'être instruits par les vérités
externes et scientifiques, s'élever à l'amour
des vérités intérieures et supérieures ;' mais
l'amour des vérités externes à l'exclusion des
vérités spirituelles, caractérise l'esprit du tuai
et associe les hommes aux sociétés mauvaises
de l'enfer. S'ils persistent dans cet amour ex­
cessif du côté externe des choses, les mauvais
esprits qui sont dans ce même amour, s'asso­
cient à eux, parce que les semblables attirent
leu( 8 semblables; ils pénètrent dans lem' vo­
lonté, s'en emparent, et les conduisent gra­
duellement à l'aliénation mentale, c'est-'à·di:'
re, à la perte de leur libre arbitre, par suite de
la rupture de tous les liens de conscience avec
le bien et le vrai, Ils deviennent alors ce que
l'Evangile appelle des possédés, et ainsi des
instruments aveugles et inconscients des
esprits infernaux.
   Les pratiques dn spiritisme ne peuvent que
hâter cet asservissement de nos âmes aux
espri:s infernaux, car tant que nous ne som­
mes pas entièrement régénérés, nous ne pou­
vons attirer à nous, en vertu de la loi des
semblables, que des âmes non régénérées, et
par suite, de mauvais esprits.
   Swédenborg avait été préparé par la Provi­
dence pendant toute sa vie à cette ouverture
INTRODUCTION              XVlI

de la vie spirituelle. C'est pourquoi sa raison
n'en souffrit pas et fut au contraire perfec­
tionnée; mais il écrivait lui-même à son ami
Robsahm qui lui demandait si d'autres que lui
ne pouvaient pas jouir du commerce avec les
esprits: « Prenez garde, c'est le chemin qui
mène à l'hôpital des fous ».



                      IV

    Les Eglises ont perdu leur popularité en
 méconnaissant les principes qui découlent de
 la sagesse enseignée dans la Bible. Il en est
 résulté qu'il a surgi en dehors d'elles, une
 religion de la pi tié pour les malheureux, qui
 est destinée, avec les progès des temps, à nous
 débarrasser de toutes nos misères ~ociales.
   Cette religion da monde moderne est tout ce
 qui 3 survécu au dlX-huitième siècle de la
 décadence des religions du passé: elle est la
religion universelie du bien. C'est grâce à elle
que le sentiment de fraternité appartient de­
puis un siècle à la devise républicaine, et
qu'elle fait place dans le langag~ économique
à la notion plus concrète de la loi de solida­
rité.
   Nous sommes maintenant appelés à for­
muler cette religion nouvelle dans ses lois:
celles-ci doivent toutes se déduire rationnel·
lement de l'amour de Dieu et l'amour du pro·
chain.
   Cette religion qui vient de a'afftrmer danSl
XV111                INTRODUCTION

 le monde depuis le dix-huitième siècle est
 encore toute de $entiment; elle ost dans l'igno­
 rance de la vérité qui peut la rendre vIable et
 adaptable à nos idées modernes; elle n'est pas
 même connue de la généralité des hommes
 sons sa forme rationnBll0, la seul~ fOI'me qui
 convienne aux idées de notre siècle; celles-ci
aspirent principalement à se montrer pra­
tiques.
CJ.Iégeba écrit que Lout ce qui est rationu~l
est réel, et que tout ee qui est réel est
 rationnel. Cela est vrai. Il faut au monde mo­
 derne la v.erité réelle, la seule qui soit prati­
 que, parce qu'elle se présente sous une forme
rationnelle.
   Cette religion du bien ne peut s'édifier d'une
 m::1l1ièro durable que sur les textes de la Bible;
 mais il est nécessaire qu'on en ait une intel­
ligence plus élevée que celle que possédaient
les Eglises du p:Jssé. Le génie du monde mo­
 derne sera, en effet, aussi diŒérent du génie
du monde ancien, que le règne du Ohrist en
 esprit est différent du règne du Christ cn
chair, c'est·à-dire, de son règne dans 10 sens
de la lettre de la Bible.
   C'est à cause de cette différence de génie
entre l'esprit ancien et l'esprit nouveau quo
le Seignenr a dit: « Moi, je vous ai envoyé
« moissonner ce à quoi vous n'aviez point
« travaillé, et vous dans leur travail vous ôtes
« entrés ». (Jean IV. 38).
   L'Eglise chrétienne du passé travaille à son
insu depuis dix-huit siècles à l'enfantement
de celte Eglise chl'étienne do l'avenir, et ne
réussira à la produire dans tous ses dévelop.
INTRODtlCTION              XIX

pements, qu'au prix de sa propre ruine, tan­
elle s'est écartée par son organisation ecclé­
siastique et cléricale de l'espl'Ït évangélique.
De même, le grain de froment tombant en
t'3rre, meurt. pour porter beaucoup de fruit.
(Jean, XII. 24).
   L'esprit nouveau est le ferment qui fait
tomber en dissolution les Eglises du passé:
cet esprit nouveau a réussi à percer les té­
nèbres du moyen-âge, à triompher des bû·
chers de l'inquisition et de toutes les supers­
titions sorties du sein de J'Eglise chrétienne
du passé: c'est ainsi qu'il a produit, en dehors
de celle-ci, cet adoucissement des mœurs et
cet esprit de tolérance dont s'honore le monde
moderne.


                       v

 1 L'Eglise de l'avenir s'écartera donc du mys·
ticisme de l'Eglise du passé, en recherchant
une conception rationnelle de la doctrine chré·
tiénne, et une clef pour ouvrir Je sens spi!'Ï­
tuel de Ja symbolique sacrée.
  Or, il y a peu de personnes encore qui
savent, que cette conceQtion r~tionnel1e de la
doctrine c1}.r~tienne et que cette clefdtrsens
spirituel existent déjà, toutes préparées, dans 
les nombrenx ouvrages écrits en latin, au 
XVIIIO siècle, pal" le savant philosophe suédois
Emmanuel Swedenborg.
  C'est également dans la langue latine qu'a
été formulée la fraternité chrétienne, telle
xx                  INTRODUCTION

que la comprenait l'Eglise primitive, et elle
est devenue la langue universelle commune
à tous les peuples.
   Les livres d'Emmanuel Swedenborg se
 trouvent déjà traduits dans presque toutes
 les langues et il8 font l'objet spécial des
 études de petits centres 'tl:hommes religieux
 et lettrés; qui sont dissémi~dans les cinq
parties du monde. Nous avons résumé ·l'his­
 toire des progrès de l'Eglise cie l'avenir,
 depuis un siècle qu'elle existe, dans un tra­
 vail spéci al (1),
   Les livres de Swedenborg sont, il est
vrai, encore très peu connus en France;
mais ils sont déja très répandus en Angle­
terre et aux Etats-Unis d'Amérique,
   Les explications lumineuses que nous y
trouvons des textes bibliques, s'adaptent
parfaitement à cette religion universelle du
bien, qui n'est ni l'"Eglise juive, ni l'Eglise
grecque, ni l'Egliso romaine, ni aucune des
Eglises protestantes du passé, mais l'Eglise
de l'avenir. Elle est amplement développée
dans une théologie facile à comprendre, parce
qu'elle est logiquement déduite du sentimen t
d'amour de Dieu et du prochain; elle est
puisée dans le sens littéral des textes de la
Bible, et elledevi611t ainsi une religion par­


   (1) LA NOUVELLE JÉRUSALEM, d'uprès les en.seigne­
ments d'E. Swedenborg. Se>' progrès dans le !monde,
Ses principes de droit di'vin et leurs applications so­
ciales. Paris, 1889, Librairie du Temple de la rue
Th n llh.1'.',
iNTRODUCTioN                  XXi

 faitement adaptable aux progrès des idées
 modernes; celles-ci sont trop souvent en­
 rayées par les tendances mystiques et auto­
 ritaires, lorsqu'elles ne le sont pas par les
 tendances opposées du scepticisme.
   Cette religion du bon sens, si bien dégagée
 des textes bibliques par E. Swedenborg,
enseigne l'amour et la sagesse indépendam­
ment .des formes de leurs applications; celles­
91 peuven t varier indéfiniment suivan t les
 temps et les lieux.
   Enseigner ainsi la vérité pour l'amour d'elle·
même, n'est pas plus une œuvre sectaire, que
 d'enseigner les lettres dans les universités.
   Cette religion nouvelle est présentée au
 monde avec la prétention parfaitement justi­
fiée, pour tous ceux qui l'ont étudiée à fond,
 d'inaugurer la Jérusalem nouvelle, telle qu'elle
 est annoncée dans Daniel, (chap. II,44.VII. 13
14.) et dans l'Apocalypse. Elle ouvre aux
 érudits un vaste champ d'études, non pas seu­
lement au point de vue d'une théologie puisée
directement dans les textes de la Bible, mais
eu;ore au [oint de vue de la symbolique sacrée:
celle·ci a été qualifiée avec raison par Swe­
denborg, de « Science des corresDondances. »
   En etl'et, toutes les vérités de faits, sont des
vérités qui peuvent être traitées de scienti­
fiques; elles sont destinées à servir d'enve­
IOPP,es, de formules, de représentatifs et de
signes éloquents des vérités intérieures et
supérieures; celles-ci sont des vérités spiri­
tuelles cachées sous l'écorce du sens littéral,
ce qui fai t que Ip, sens in terne, qui est la chose
véritablement signifiée, est la correspondance
xxii               INTRODUCTIO:-l

du sens externe et littéral; ce dernier est le
représentatif et le premier est le significatif.
    Ces véri tés spirituelles doiven t former le
corps du droit divin nouveau, qui est destiné
au dève1oJ)pement du progrès de la eivilisation
modetne: on deSCel}dant dans los applications,
  lIes se transforment en principes de ùroit
positif humain, parfaitement adaptables à
toute.:' les branches des sciences sociales.
    Ces doctrines de la philosophie et de la
science chrétiennes, bien loin d'être des rêve­
l'ios, bien loin de mettre leurs adlOirateurs en
dehors ùe l'humanité, ainsi que l'ont prélendu
ceux qui nlen avaient qu'uno notion slpE'rti­
cielle, SOtlt destinées à devenir l'expression ]a
plu!-1 élevée de ln.civilisation de l'avenir.
    Tous ceux qUlles éluùieut consciencieuse­
ment, acquièrent la conviction qu'elles ont
pour objet de réaliser,sous leurs formes phllo·
saphiques et scientifiques, le programme de
toutes les amëliorations sociales, devant
lesquelles ont échoué les Eglises et les insti­
tutions du passé, parce qu'en se rendant sec­
'aires et intolérantes, elles &0 sont elles­
mêmes rejelées en dehors de l'h~manit6, en
dehors de la science el en dehors de la civili­
sation moderne,



                       VI


  Des écrivains, appartenant à di11'érenlcs
communions chrétiennes i ont discuté sur l'ori·
IN1'RODUOTION              XXlll

 gine ct la nature de l'autodté religieuse.
 Tous font remonter l'origine de l'autorité reli-
gieuse à l'Ecn ture sainte; celie-ci a été pré-
 servée dans son intégrité par le soin dé la
 nation juive pour 06 qui concerne l'Ancien
Testament, et, pour ce qui concerne le Nou-
veau Testament, par l'Egliso chrétienne.
    La ùifficuité est de savoir à qui appartient
 l'interpr6talion des saintes Ecritures. L'Eglise
 l'omaine pretend avoir le monopole dp, celte
 intorprétation par ses conciles et son sacer-
 doce, tandis que les Eglises protestantes sou-
 tiennent que cette interprétation appartient à
la conscience de Cl1aCUl1.                   •
    L'Eglise de la Nouvelle Jérusalem, qui est
l'Eglise de l'aveu il', considère la question
comme résolue pour elle, depuis le dix-hui-
tième siècle, par le dévoilement du sens spi-
rituel des saintes Ecritures. Elle ajoute lIUO
cette révélation cIe la Vérité chrétienne est}
dans la Bible, à la portée de tous ceux qui la
cherchent, avec la volonté de la trouver. Los
légères variantes que relève la saine critique
dans les Ecritures saintes ne touchan t pas au
Bens intcrne.Il a été pourvu à cela par laDivine
Providence; de même que certaines lois phy-
siques, ont assuré la durée de la lumière phy-
 tique du soleil, de même certaines lois spiri-
Buellas ont assuré la durée ùes ùiverses révé-
lations qui ont constitué la lumière-. ~DTiluelle
destinée à éclairer tout 11.omme vonant au
monde. (Jean, 1. 9.)
    La Nouvelle Eg;li:"'(l cllrélil)nne écrit sur 10
frontispiQ~.i.e ses temples: Nunc licet, pour
annoOCer au monde qU'lI est permis mainte-
xxIV               INTRODUCTtON

       nant de pénétrer par l'entendement dans tous
       secrets de la Parole, et cela parce que les doc­
       trines chrétiennes forment une chaîne de
       vérités que le Seigneur a eu soin de révéler
       dans certains passages de la lettre même de
       la Bible. En d'autres termes, dans la Nouvelle
       Eglise chrétienne, l'entendement ne doit plus
       être mis sous l'obéissance de la foi, comme
       dans les Eglises du passé; de plus, les parties
       doctrinales de la Parole doivent être puisées
       directement dans le sens littéral, car dans
       ce sens, nne partie est pleinement compréhen­
       sible, et une autre partie est voilée; Swe­
       denborg exprime ainsi cette différence:« la
      Parole, dit-il, es t comme un homme vêtu
      dont la face est nue et les mains sont nues;
      toutes les choses qui appartiennent à la foi
      et à la vie de l'homme, ainsi que celles qui ap­
      partiennent à son salut sont nues, mais toutes
      les autres y sont vt"tues; elles sont vues à tra­
      vers leur vêtement comme on voit une femme à
      travers une gaze lég ère placée devant sa face. "
      l V. Vraie Religion chrétienne,   n' 229).
         Le même auteur écrit encore: c Qu'est-ce
      que croire et ne pas voir si la. chose est vraIe?
      Et si quelqu'un dit néanmoins qu'il faut croire
      aveuglément sans comprendre pour avoir la
      foi, il s'attire cette réponse: T'imagines-tu être
      Ull Dieu en qui je croirai, ou me prends-tu
      pour un' iIl.s~nsé, en demandant une assertion
      dans laquelle je ne vois pas le vrai? Fais que
      je voie.:; (Doctrine de la. Nouvelle~Jérusalem sur
      la Foi,   no 4. )
        On sait, en effet, que la sagesse consiste




U'
lNTRODUCTlON             xxv
 uniquement à voir et à comprendre les choses
 qu'on pense.
    Ainsi, bien qu'il y ait des vérités au-dessus
 de la raison humaine, qui, par conséquent, ne
 peuvent être connues des hommes que par une
 révélation divine, ces vérités ne sont nulle-
ment contraires à la raison, car on peut en dé-
dui!'e to"ut un enchaînement de conséquences,
et même tout le corps du droit divin, c'est·à·dire
une religion démontrée.
   Ainsi, par exemple, comment saurions-nous
que Dieu est l'Amour même et la sagesse
même, si cela ne nous avait pas été révélé?
 L'homme sait bien, en effet, comme l'observe
 encore Swpdenborg, que l'amour existe,
 mais il ignore ce que c'est que l'amour, car 11
 iguore que c'est la vie même.
   «. Si tu éloignes l'affection qui appartient à
l'amour, peux-tu penser quelque chose, et
peux-tu faire quelque chose? La pensée, la
parole et l'action ne se refroidissent-elles pas
selon que se refroidit l'aff'ection qui appartient
à l'amour, et ne s'échauff'ent-elles pas selon
que cette affection s'échauffe? Mais le sage le
perçoit, non d'après la connjlÏssance que l'a-
mour est la vie de l'homme, mais d'après l'es-
pérance que cela arrive ainsi.» (La Sagesse
angélique   SUI'   le Divin Amour, n' 1).
  Ce qui précède nous montre qu'il n'y a plus
d'autorité humaine qui puisse nous imposer
une loi commune en matière de foi religieuse;
et par suite qui puisse nous imposer cette foi.
C'est seulement la lumière de la vérité que
chacun de nous peut acquénr dans la Bible,
                                      .Ii



                                            j
XXVI              iNTRODUCTION

par les efforts individuels de notre peusée, qui
nous donne une foi salvifique.
   C'est la lumière de cette vérité, dont Jean
nous dit, qu'elle« éclaire tout h')mme venan t
au monde. l> (Jean I. 9.)
   La Vérité porte donc en elle son propre té·
moignage; elle n'a besoin d'aucune autorité
humaine pour faire toute seule son chemin
dans le monde avec le progrès des mœurs pu­
bliques.
   Il y a un pouvoir qui n'est pas en nous·
mêmes et qui fait tôt ou tard prévaloir la Vé­
rité et·la Justice aux yeux de tous. Les idées
humaines passent et changent, mais cette
Vérlté et cette Justice divines sont contenues
et enveloppées dans la Parole de Dieu qui ne
passe jamais.
   Swedenborg nous donne les moyens de les
mettre à nu par la rccherclte du sens spiri­
tuel de l'Ecriture Sainte. Cette mise à nu de
la sage,:,se de l'enseignement divin, lors­
qu'elle apparaît sous son caractère rationnel,
nous fournit en même temps, la véritable
preuve de l'inspIration divine des Saintes
Ecritures et nous montre aussi combien celles­
ci sont différentes des écrits des hommes.
   Il ne faut pas croire quo ce dévoilement de
la réalité de l'inspiration des Ecritures Sain­
 tes, nous empêche de reconnaître, avec la
critique moderne, qu'une large portion de ces
 textes sacrés contient des contradiciions quant
 à leur sens littéral. Nous accordons égale­
 ment que certains passages paraîssent être,
 dans leur sens llttéral, en opposition avec la
 morale.
INTRODUCTION              XXVII

   Malgré cela, Swedenborg et ses disci­
ples maintiennent que les livres inspirés
l'ont été dans chaque phrase, dans chaque
mot et dans chaque syllabe, toujours en mon­
trant qu'ils contiennent un sens interne. De
plus, ils professont que ces contradictions
n'existent que dans les apparences, et que, de
plus, elles existent précisément parce qlle
tout en étant divinement inspirés, ces écrils
devaient s'adapter au génie barbare des
hommes auxquels ils ont été directement
adressés; ces hommes étaient, en effet, par
leurs principes et leurs actes, en contradlc­
tion avec eux-mêmes; il leur fallait donc un
 langage approprié à l'état de leurs àmes; au­
trement, ils ne l'auraient pas accepté.
   Il était nécessaire que, par la Divine Pro­
vidEHlce du Seigneur, le texte des livres ins­
pirés de la Bible fut consorvé intact ·substan­
tiellement à travers les âges, tel que l'Egliso
ra eu en tout temps; car la Parole divine
contient un sens interne qui doit révéler aux
l10rnmes les vérités spirituelles à mesure qu'ils
arrivent à être en état de les comprendre.
   La Divine Parole est donc une parabole, de­
puis son cOl:nmencement jusqu'à sa fjn, ainsi,
chaque image naturelle est une expression
qui correspond à une vérité spirituelle qui
en est l'âme.
   Ce qui satisfait l'esprit dans ]a doctrine de
la Nouvelle Jérus3lem sur l'Ecriture sainte,
en le mettant au-dessus des agitations et des
discussions de la critique biblique, est donc
précisément la confiance que la sainteté de la
Parole et son immense supériorité sur tous




                                             1
XXVIII               lN1RODUonON

   les écrits des hommes, consiste dans l'exis­
   tence du sens interne. Les incOrrections de la
   lettre du texte, incorrrections qui, en réalité,
   ne sont que dans les apparences, perdent ainsi
  leur importance parce qu'il a été pourvu par la
  divine Providence à ce qu'elles n'altérâssent
  pas ce sens interne.
     Nous avons, pour mieux expliquer notre
  doctrine, cité quelques passages des écrits de
  Swedenborg et de l'enseignement de cet auteur
  à l'appui de la vraie solution de cette ques­
  tion de l'autorité en matière religieuse; mais
  ce n'est pas que nous considérions Swedenborg
  comme une autorité qui s'impose à tous, car,
  en réalité, il n'a et ne prétend [nullement
  imposer son autorité en matière de foi.
     En effet, ses écrits ne sont destinés qu'à nous
 montrerla possibilité d'une conceplion ration­
 nelle de toute la doctrine chrétienne, puisée
 directement dans la Bible, et à nous donner la
 clef du style des correspondances dans lequel
 la Parole révélée a été écrite. Il en résulte
 que, croire que les écrits de Swedenborg cons­
 ti tuent une autorité qui doit nous être i~posée
 forcément, parce qu'il reçût la mission de les
 écrire par divine autorité, ce n'est pas y crOlre,
 mais c'est les pervertir; Sweclcnbor-g' s'adresse
 constamment à la raison de chacun de nous;
il nous guide comme par la main, pour nous
aider à dégager nous-même la doctrine chré­
tienne de certains passages épars ça et là dans
la Bible, et qui peuvent être acceptés dans
leur sens littéral.
    Une fois en possession de cette doctrine,
qui se trouve entièrement écrite dans les
lNTRODtiCTlON              XXIX
textes de la Bible, nous sommes en posses­
sion d'une clef qui peut nous servir à p{,né­
trer le sens spirituel caché derrIère lè voile
de la lettre. Gette doctrine nons montre aussi,
en somme, que les contradictions de la lettre
des textes, ne sont qu'apparentes et que,
toute la Parole qui est réellement d'inspira­
tion divine, n'est, dans son sens spirituel,
qu'un chant d'amour de Dieu et du prochain,
destiné à mettre à notre portée tous les élé­
ments nécessaires, pour que nous puissions
introduire graduellement, dans tous nos rap­
 ports sociaux, la fraternité et la justice.
    Mais sans la doctrine, la Parole ne peut être
 comprise dans son sens interne, car, avant de
devenir spirituel, l'homme doit commencer
par être rationnel et avoir une conception
 rationnelle de l'enseignement divin. Or, une
conception rationnelle de tout le corps du droit
divin, sera un don supérieur à ce don des mi­
 racles que possédaient les chrétiens de la pri­
 mitive Eglise du Christ. Ce don des miracles
 a été aussi nécessaire à la fondation de la pre­
 mière Eglise chrétienne qu'à la fondation de
l'Eglise Juive.
    Mais, en ce qui concerne l'Eglise de l'avenir,
 l'autorité en matière religieuse ne sera plus
 fondée sur le souvenir du don des miracles,
 ni sur la foi mystique on aveugle, parce que
 personne ne croira plus ce qu'il ne compren­
 dra pas rationnellement. La seule autorité en
 en matière religieuse sera donc la vérité,
 telle qu'elle se manifeste dans l'entendement
 de tous cèux qui la cherchent avec la volonté
  de la trouver.Lp. règne du Ohrist en esprit,suc·
,

xxx                 INTRODUCTION

 cède maintenant au règne du Christ en chair;
 celui-ci a été le règne du sens de la lettre
 qu'on acceptait mystiquement et par esprit
 d'obéissance, lors même qu'on ne la compre­
 nait pas.
   Ce nouveau règne du Christ nous est annoncé
 par l'Evangile dans les termes suivants:
   Cl On verra le Fils de l'homme venant« dans

 les nuées du Ciel avec puissance et Cl gloire. 1>
 (Mathieu, XXIV. 30).
   Par « les nuées du Ciel» il est entendu la
 Parole dans le sens de la lettre, parce que la
 lettre cache souvent la vérité nue qui est ainsi
voilée comme la nuée voile la splendeur de la
lumière du Ciel. Par", la puissance et la gloire.
dans laquelle le Seigneur doit venir, il faut
entendre le sens spirituel de la Parole.
   Le second Avènement du Christ qui doit
inaugurer l'ère de la seconde Eglise chré­
tenne, dite Nouvelle Jérusalem, est donc un
Avènement qui a lieu, non pas en personne,
mais en esprit et dans la Parole qui procède
de Lui. Cette Parole sera comprise alors dans
son sens spiri tueI, et la généralité des homme s
pourra s'approprier la vraie doctrine chré­
tienne, puisée dans le sens naturel des textes
de la Bible.


                       VII


   Il est écrit dans Esaïe, XXVIII. 20 :
 . « Le lit sera trop court pour s'y étendre et
INTRODUCTION                XXXI
« la couverture trop étroite pour qu'on s'y
«   ctlveloppe.))
   Le lit dans le sens spiritnel signifie la doc­
 trine: la raison en est, qlle le corps so repo se
sur un lit, de mêm~ que l'esprit sc repose sur
uue doctrine qui lui paraît satisfaisante. La
couverture siguille les vér'ilés rationnelles qUi
sont comme une couverture pour les vérités
spirituelles, (Voir« Arcanes célestes )l,de Swe~
 denborg, no 2570).
   Cette signification du lit se con.firme surtout
 par l'étude du sens spirituel des ditlérents
 passages de la Bible dans lesquels lé lit est
nommé,
   tious savons que la mythologie(~;que' )
 renferme des symbolos et des enseignements
 qui avaient été puises en~le; là, re langage
 dos correspondances, transmis par les sages
rÉthi.opiens qui faisaient partie de 1'TI:gUse des
temps deJ'âg-8 d'ar@nt, et qui possèaaient 
 une Parole révéLée, avait été soigneusemen. t
 et longtemps conservé par la caste sacerdotale
 qui en avait fait une science cachée. Cette
 science fut peu à peu perdue, Mais il ne faut
 pas nous étonner de retrouver quelquefois
 dans les mythologies anciennes des symboles
 et vôrités qui concorden t avec ceux- de la Bible.
   L'esprit fanatique et sectaire qui divIse       --=--­
 encore de nos jours les différentes :Eglises qui
 se partagent le monde religieux, a eu ses ex­
 Q.ressions symboliques dans l'histoire deQ?ro­
 cus~~, brigand fameux üe l'Attique. On raconte
 que ee:ui-ci avait l'habitude d'attacher les
 voyageurs sur son propl'e lit, et de les adapter
 à sa longueur; s'ils étaient trop. petits, ils
XXXH             INTRODUCTION

          étaient allongés et torturés pour être amenés
          à la grandeur vonlue; s'i ls étaient trop grands,
          ils étaient raccourcis par la section des pieds
          et de la partie des jambes qui dépassaient la
          longueur du lit. Les voyageurs, qui étaient
          ainSi torturés, représentent les hommes qui
          voudraient se régénérer, mais qui eu sont
         empêchés et détournés par le fanatisme du
          pouvoir sacerdotal. Celui-ci est ~mffisamment
          caractérisé par une Eglise qui s'impose en
         disant: « Hors de moi ou en dehors de mes
          dogmes, pas de salut ».
        ( Thésé~ qui passe pour avoir délivré la terre
         ete-Pr-6cu !'l te, personnifie un des héros de l'âge
         d'airain, dit âge héroïque. Dans ce dernier
         âge, ceux qu'on qualifie de hér'os, sont des
         personnages mythiques; il est probable qu'ils
         représentent des associations humaines de la
         fin de l'âge d'argent, qui eurent la réputation
         de relever l'humanité da la décaience où elle
         tombait, en inaugurant une nouvelle ère de
         justice et de fraternité sur la terre.
            Cette nouvelle ère de paix et de prospérité
         dura jusqu'à ce que les crimes des hommes,
         tombés dans l'âge de fer, chassèrent de la
         terr(Astréj}, la déesse de la justice, qui re­
         monta au Ciel.
            On voit que cette histoire mythologique de
--- (    Procusfe, renferme un grand enseignement,
        car"etfe nous dépeint, sous de vives couleurs,
        Ies excès de toute nature auxquels peuvent

        l
        être entraînés les hommes qui recherchent la
        justice dans une égalité superficielle; en
        d'autres termes, -elle dépeint ceux qui recher­
        ohent l'unité dans une uniformité purement ,
INTRODUCTioN              XXXIll
extérieure, au lieu de la rechercher dans la
variété des différentes parties d'un ensemble
harmonieux et bien proportionné.
   Dans le passage d'Esaïe que nous avons cité,
le lit est trop court et la couverture trop étroite,
pour nous enseigner que toute doctrine reli­
gieuse est nécessairement en concordance
exacte avec l'état et la condition de celui qui
la professe. Si l'esprit est étroit, la doctrine
qui s'adapte à cet .esprit, sera ègalement
étroite.
   Il est donc à désirer que l'esprit s'élargisse
par l'amour mutuel; en effet, la doctrine qui
est destinée à se présenter comme le dévelop­
pement rationnel de l'amour de Dieu et de
l'amour du prochain, trouve ses déductions
logiques et ses applications dans tous nos
 rapports sociaux, et non pas seulement dans
 les rapports nécessairement restreints et
limités des membres d'une Eglise particulière.
    Les hommes, en général, autant ceux des
temps de l'Eglise Israélite que ceux de nos
jours, sont captivés par leurs doctrines parti­
 culières, lors mêma que celles-ci n'ont pas été
 ép-rouvées dans leurs dérivations autant que
 leurs applications sociales, comme étant réel­
 lement les expressions pratiques du sentiment
 de fraternité ou d'amour mutuel, qui doit faire
 le fondement essentiel de la vraie religion,
Chacun s'efforce donc de faire accepter sa
propre doctrine, pa,rce que celie-ci est un lit
 qui est à sa mesure ou à sa taille; mais on ne
 s'inquiète guère de la question de savoir si
 elle est réellement adaptable à l'état et' à la
 condition d'esprit de la généralité des hommes.
XXXIV              INTRODUCTION

   Nous devons soigneusement disting uer
 les vérités fondamentales qui son t de l'es­
 sence même de toutes les religions et qui
sont destinées à leur servir de lien commun,
 des vérités particulières qui découlent·des
 premi ères; ces vérités particu lières sont au­
 tant d'applications va.riées suivant les temps
 et les lieux, de ce fonds commun destiné à
leur servir de lien fédéral.
   Les rites et les liturgies particu lières de
chaque Eglise, ne sont, en définitive, que
 des formes variées du culte universel de
l'amour de Dieu et d~ l'amou r du prochain.
de méme que les langtH'S qui son t si varia­
bles, bien qu'elles soient destinées à expri­
mer les mêmes idées et les mêmes senti­
ments.
   Mais ceux qui ne veulent voir la religion
que dans le cercle étroit des rapports de
sacrist ie de l'Eglise particulière à laquelle
ils se rattachent, contrib uent à mainte nir
J'ignorance sur la portée réelle du christi a­
nisme, et ainsi à éloigner les hommes du
désir de s'instr uire eux-mêmes des beauté s
de la littéra ture sacrée. Ils s'en rappor tent,
pour le saint de leurs âmes, à de préten dus
directe urs de conscience ou à des formules
toutes faites de prière s et de confessions de
foi, dont on répète machinalement les vai­
nes redites , sans pouvoir les reconn aître de
cœur et encore moins se les assimiler.
   La révolution religieuse, qui est en train
ae se réalise r dans le monde depuis le dix­
hnitiém e siècle, tend à faire prédominer le
cllristianisme de la cllarité sur celui de la
INTRODUCTION                xxxv
   foi. Ce dernier christianisme ne pourra plus
   être accepté qu'autant qu'il apparaîtra
   comme une dérivation du premier.
     La théologie de la charité, qui est le déve­
   loppement de l'amour mutuel des hommes,
   doit produire l'affranchissement des masses
   de la tuteUe sacerdotale j par cela même que
   cet amour mutuel rétablira l'égalité, la paix,
  la justice et la liberté dans tous nos rapports
  sociaux, il doit réaliser jusque dans les œU    4




  vres d'utilité sociale, cette belle unité de l'es­
  prit humain entièrement brisée depuis la
  décadence de la sagesse antique.
     La théologie de la charité, bien loiD d'être
  sectaire et intolérant.e, comme celle de la foi
  seule, doit régénérer celle-ci, la rendre
 vivante, de morte qu'elle était; elle est des­
  tinée, non-seulement à vivifier nos sciences
 sociales, mais elle peut encore rendre les
 sciences exactes plus attrayantes; celles-ci
 ont été jusqu'à présent montrées sous une
 forme aride et abstraite des plus incompati­
 b les avec les choses de sentiment qu'elles
 renferment, sous le voile tout symbolique des
 créat.ions de la nature.                          1
    Les lois naturélles et scientifiques, ne son t,
 en effet, comme vérités de fait, ou comme
 vérités particulières, que des expressions
 externes, matérielles et symboliques des lois
spirituelles qui sont les vérités universelles.
En d'autres termes, la connaissance du sens
spirituel de notre Bible écrite, doit nous
dévoiler la connaissance du sens spirituel de
la Bible de la nature.
    La théologie de là charité, est la perception
XXXVI              INTRODUCTlON

des choses de sentiment, la clef des mystères
du symbolisme de la littérature sacrée; elle
est donc bien différente de la théologie abs­
traite et stérile de la foi seule. Celle-ci ne
peut que nous faire goûter aux fruits de l'aère
de la science, tandis que celle··là nous fera
goûter aux fruits de l'arbre de vie placé au
milieu dujardin de la sagesse divine. En effet,
cette théologie de la charité est destlOée à
transformer la vérité scientifique en utilité
 morale et en sagesse pratique parce qu'elle doit
 nous rendre compte des lois du monde des fins
 qui est le monde spIrituel; or, les influences
 de celui·ci se font sentir matériellement dans
 notre mondd terrestre; elle substituera par­
 tout le spiritualisme au naturalisme de la
 science moderne, celle·ci est destinée â servir
 de vêtement à la religion.
    La théologie de la chari té nous inspirera
 une théologie vivante de la foi qui doit refléter
 la première comme dans un miroir, et éclairer
 celle-ci eu la représentant sous une forme ra­
 tionnelle compréhensible à tous.
    Les deux théologies, par leur union étroite,
 s'aùressent au cœur, tout en éclairant la rai­
 son. et plus leur union sera étroite, mieux
 elles nous afl'ranchiront du danger .d'être bru­
 talement étendus sur le lit de Procuste, qui est
 resté fatal aux progrès des mœurs publiques
 jusque dans les temps de notre monde mo­
 derne.
    C'est surtout dans la lecture des œuvres
  théologiques d'Emmanuel Swedenborg. qu'on
  se pénétrera mieux de la nécessité d'élargir
  nos cœurs et nos esprits, pour aboutir à l'écra­
1NTRODUCTION                XXXVII
sement de toute tendance sectaire, et à la pré­
dominance du principe de liberté sur le prin ­
cipe d'autorité.
   Ce n'est pas à dire que ceux qui ne connais­
sent pas les écrits de Swedenborg, ou qui ne
se plaisent pas dans leur étude, ne puissent
pas néanmoins travailler aussi au déveIOppe-)
~.~octrill~~L~~ I~Eglise deJ~~r, "
qUi est la Nouvelle Jérusalem annoncée dans
Daniel et dans l'Apocalypse.
   Mais ceux qui sauront tirer parti des tra­
vaux de nos devanciers, surtout lorsque ces
travaux, comme ceux de Swedenborg, sont
inspirés par la Révélation, en même temp s
qu'ils le sont par la raison, ceux-là avanceront
plus loin dans la vérité et feront des progrès
plus rapides que ceux qui chercheront à con­
naître la vérité sans autre secours que leur
propre génie.
   Aidons-nous donc les uns les autres, élar­
gissons nos cœurs et nos esprits en buvant
aux sources mêmes de la vérité telle qu'elle
nous a été directement révélée dans la Bible,
pour fonder l'J~glise de l'avenir. Celltci res­
tera ouverte à tous, pour que, suivant les pa ­
roles d'Esaïe;«nos lits ne soient pas trop courts
et nos couvertures trop étroites pour que nous
nous en enveloppions. ))




                                      42
L'ÉVANGILE SOCIAL

               CHAPITRE          PREMIER

Le règne de Dieu, comme dans le ciel, aussi sur
          la terre (Matth. VI, 9, 10).
                         SO~lMAIRF.
1. Le règne de Dieu sur la terl'e et l'Evangile social. ­
  2. La liberté de ne croire que ce qui peut être compris
  rationnellement dans les mystères de la foi, amène à
  une liberté anillogue dans le domaine de l'ordre politique,
  de même que dans la pratique sociale. - 3. Le gouver­
  nement par la raison d'Etat et le gouvernement par la
 justice. - 4. L'Eglise de l'avenir devra devenir une fédé­
  ration de tous les cultes pour l'organisation des sociétés
 humaines dans le sens de la coopération de tous au bien­
  être de chacun, - 5, La Jéru~alem céleste doit, d'après
  l'Apocalypse, descendre du Ciel pOUl' se réaliser aussi
  sur la terre. - 6. Le nouveau règne de Dieu, parmi les
  hommes, suppose le~ mœurs de la fraternité, l'~e
 .de toutesrit sectaire et une vue synthétique de toùtes
  les branc es des connaissances humaines. - 7. L'union
  étroite de la science, de la philosophie et de la religion,
  doit exister également entre les représentants de ces
  différentes branches du savoir humain, - 8, Les vérités
  révélées sont surnaturelles: la philosophie et la sciencd
  peuvent 'servir à les confirmer, mais Don à les découvrir.
 - 9. L<I, Bible écrite et la Bible de la nature nous révè­
  lent la Symbolique sacrée; celle·ci nous montre les cor­
 re"pondances entre les vérités spirituelles et les véritélllla­
 turelles. - 10. La philosophie est destinée à tenir lieu de
  trait-d'union entre la religion et la science; celle-ci doit
  servir de manteau à la religion. - 11. Les différents
  points de vue suivant lesquels la vérité de fait peut être
  envisagée. - 12. Les liens des différentes branches du
  savoir humain sont aussi étroits que les liens fraternels
  qui doivent unir les hommes entre eux. C'est la mécon­
 nais sance de cette vérité qui éloigne de nous le règne
  de la fraternité et la solution de la question sociale.

  1. Le règne de Dieu sur la terre suppose le rè­
gne de la liberté, de la justice et de la frater­
nité existant ehez les hommes, n.on pas seule­
                                                     1
2            LE RÈGNE DE DIEU

 ment dans leur enseignement religieux, mais
 bien aussi dans tous leurs rapports sociaux.
    La religion, en effet, n'est pas tant dans la
 doctrine que dans la vie suivant la doctri Ile.
 Cela nous est ainsi enseigné dans les versets
2 et 3 du chapt XXII de Matthieu, où il est dit :
 4: Sur la chaire de Moïse sont assemblés les
 scribes et les pharisiens; faites toutes les
 choses qu'ils vous disent d'observer, observez­
 les et faites-les, mais selon leurs œuvres ne
 faites poinl, car ils disent et ne font point! »
    Il résulte de ce texte et de bien d'autres, que Ja
pratique des enseignements de Jésus-Christ,
 peut d'autant mieux étre qualifiée d'Evangile
social, que le Maître nous recommande l'appli­
cation dans nos rapports sociaux, des principes
de la sagesse divine.
    2. Avant le dix-huitième siècle, on ne pouvait
obtenir une intelligence rationnelle des mys­
tères de la foi, à cause de l'obstacle opposé par
le pouvoir sacerdotal,qui était intéressé à main­
 tenir une croyance aveugle dans des dogmes,
 qu'il ne pouvait plus comprendre lui-même,
 sinon par suite de leur falsification intéressée,
 t'out au moins par la perte de leur signHlcàtion
 originaire.
    Cette permission ou celte liberté nouvelle à
 laquelle aspire le monùe moderne, de ne plus
croire que ce qu'il lui est possible de com­
prendre rationnellement, nous amène insensi­
blement à la conquête d'une liberté analogue,
dans le domaine de l'ordre politique, de me!ne
que dans le monde des affaires.
    En effet, l'accroissement des lumières do la
généralité des hommes dans la connaissance
des affaires religieuses, politiques et sociales,
devient un progrès qui équivaut, pour les gou­
verna nts et pour tous les diri gean ts, à la néces­
sité de ne plus pouvoir se conduire autrement
SUR LÀ TERRE                    3

 qu'en qualité de mandataires des gouvernés, et
 par suite, qui équivaut à l'obligation de rendre
 compte de leurs actes; ainsi, ce nouveau Urait de
 contrôle que le public exerce wr eux, les rend
 moralement responsables devant l'opinion pu-
 blique, qui représente la masse des gouvernés.
    3. Le gouvernement despotique par la raison
 d'Etat, doit, en conséquence, faire place progres-
 sivement an gouvernement par lajustice, le seul
 légitime et le seul durable. La même émanci-
 pation doit s'opérer dans le gouvernement
 ecclésiastique. Les progrès de la liberté de
conscience sultiront pour émanciper et laïciser'
 insensiblement les cultes de toutes les Eglises,
car on ne s'en rapportera plus au prêtre seu-
lement, pour l'orthodoxie de l'enseignement des
 doctrines religieuses, mais aux lumières puisées
directement par le bon sens public dans la
connaissance de la littérature sacrée.
    Il en résultera, dès 101'S, une impossibilité de
plus en plus grande, pour le monda officiel, de
continuer à se retrancher derrière una pré-
tenùue infaillibilité du principe d'autorité gou-
vel'nementale.
    La reconnaissance franche et ouverte de l'é-
tatde faillibilité des institutions humaines, vau-
tll'a centfois mieux que cette prételltion outre-
cuidante à l'infaillibilité, dontse pare le. vieux
monde officiel, bien qu'elle ne soit plus décem-
ment de mi~e devant le progrès de l'esprit mo-
d erne.
    Ce progrès exige que tout acte officiel, soit
de l'autorité religieuse, soit de l'autorité politi.
que, puisse être compris et reconnu être con·
forme à l'esprit de vérité et de justice; qu'ainsi
rien ne puisse plus être accepté aveuglément,
soit au nom de la l'aison d'Etat, soit au nom du
sacerdoce, soit au nom des autorités humaines.
    C'est seulement ainsj, qu'on verra poindre à
4             LE RÈGNE DE DiEU

l'horizon de nos progrès futurs, la lumière d'une
nouvelle ère, qui percera les ténèbres de l'igno­
rance des âges passés.
   Cette lumièl'tl nouvelle fera disparaître iu­
sensiblement le caractère mystique des ancien­
nes croyances.
   4. L'Eglise de l'avenir dèvra donc devenir
une fédération de tous les cultes qui se parta­
geront le monde religieux, pour l'organisation
des sociétés humaines dans le sens de la coopé­
ration de tous au développement du bien-être
de chacun. Or, cette fédération de tous les cul­
les, reste impossible, aussi longtemps que cha­
que Eglise se renferme exclusivement dans la
sphère restreinte de l'enseignement de ses doc·
trines théo 1ogiquts particulières, et aussi long·
temps qu'elle les présente comme l'unique mo­
yen de salut, au lieu d'émanciper ces mêmes
doctrines, en les présentant au contraire, sous
la forme toute nouvelle, d'instruments de réali­
sation de la fraternité et de la justice parmi les
hommes. On aboutira ainsi à reconnaitre l'o~
bligation de justifier de le14r caractère salvifi­
que, non pas seulement au peint de vue de la
vie dans l'autre monde, mais aussi au point de
vue de la vie dans notre monde terrestre.
   5. La Jérusalem céleste, telle qu'elle est pré­
 dite dans lellvro de l'Apocalypse, doit descen­
dre du ciel sur la lerre, et ainsi se réaliser sur
la terre comme aussi dans le ciel, suivant le
passage même de l'Oraison dominicale qui sert
 de titre à ce chapitre.
   La vérité est une, mais elle doit se présenter
dans ses applications infiniment variées, sous
des formes plus intérieures, ou plus extérieures,
suivant qu'elle plane dans les hauteurs des so­
ciétés célestes, ou suivant qu'ell~ descend dans
le monde des hommes, pour revêtir des formes
SUR LA    TERRE                      5

externes, terrestres et même mondaines.
   Les doctrines de foi prêchées au nom de la
fraternité, dans les différents cultes, sont desti­
nées avec le progrès des lumières, à s'unifier
graduellement de manière à pouvoir se mani­
fester dans des applications sociales, ainsi à se
séculariser ou à se laïciser dans des actes de so­
lidarité et de justice sociale.
   Il est, en effet, généralement reconnu, par
l'histoire même det; dogmes ou de leur évolu­
tion dans les différents cultes, que les Eglises
de toutes les dénominations avec le progrès des
idées modernes, s'écartent graduellement de
leurs confessions de foi origiuaires: celles·ci
tendent toujours à étouffer la religion dans un
cadre trop étroit. Mais les formes et les dogmes
s'usent peu à peu, ets'etlacent dans leurs carac­
 tères trop accentués, pour se fondre dans un
 selltiment universel de charité ou de fraternité
 socialement pratique, tel qu'on le trouve si sa­
 vamment développé dans les œuvres d'Emma­
nueI8wédenborg(1}.
   JI est vrai que si chaque Eglise particulière a
 une mission speciale à remplir pour l'humanité,
il ne s'ensuit pas que toutes les Eglises so!ent
également aptes à procurt:lr par "leur enseigne­
mentie même degré d'élévation morale, la même
 qualité dans la ri>génération de l'âme humaine,
et de la société en gélH~ral, car la qualité de la
régénération varie sll.ivant la qualité de la foi
religieuse, de même que le travail de l'ouvrier
est plus p,'omptement réalisé et mieux t'ait sui­
vant la qualité des instruments, Mais les hom­
mes ont, trop souvent, l'orguf.il de croire que la
religion dans laqublle ils sont nés, est la seule

   (1) VOil' notre livre intitulé. La N(lLtvellc Jérus'llem,
d'l&près les enseignements d'Et Swédenbol'g. Ses progr'ès
dans le monde, ses principes de droit di vin et leurs appli­
6               LE RÈONE OE OiEU


 vraie, au lieu d'é.voir assez d'indépendance d'es­
 prit pour faire table rase de leurs croyances ir­
 réfléchies, et de rechercher le ~ystème reli­
 gieux qui s'adapte le mieux il l'esprit moderne
 par son caractère rationnel, ainsi qu'à la prati­
que de la vie sociale.
    Cependant, toutes le~ Eglises n'en ont pas'
 moins cette tendance heureuse de s'unir avec le
 progrès des temps dans un sentiment de frater­
 nité genel'ale, car leurs doctrines se fusionnent,
 sinon dans leurs expreSSlOns quant aux formes
 externes du culte, très certainement dans les
principes essentiels: ceux-ci se résument dans
l'amour de Dieu et du prochain, sentiment qui
 trouve des applications de plus en plus étendues,
dans les différentes branches des sciences so­
ciales; or, le but final de la religion, qui est loin
encore socialement paI'lant,c1'être realisé dans
notre civilisation moderne, est l'unité dans la va·
riété, c'est-il·dire, la fraternité dans la liberté.
   6. Le nouveau lègue de Dieu parmi les hom­
mes suppose, en effet, les mœUl'S de la frater'nilé
dorlt l'absence est la seule cause qui cache, à
nous autres modernes, la vraie solution de la
question sociale.
   Mais ces mœurs nouvelles de la justice, de la
liberté et de la fraternité supposent elles-mê­
mes, préalablement, cbez la généralité des homo
mes, un accroissement de lumière suffisant
pour déraciner de leurs cœllrs tout exclusi­
visme, tout fanatisme, tout esprit sectaire.
   Cette largeur de vues, ce libéralisme qui doit
progressivement se substituer dans le bon sens
public, à l'esprit etroit des Eglises sectaires et
du fanatisme religieux, suppuse aussi une union
des plus étroites entre la rèligion, la philoso­
cations sociales. Paris, t2, rue Thouio, à la Iibrail'Ïe de
la Nou"clle Jérusalem.
WR LA TERRE                   7
phie, la science, l'économie sociale et les beaux­
arls, en un mot, une vue synthétique de toutes
les branches des connaissances humaines.
   7. Or, cotte union étroite et en mème temps
cetie vue syothétique de toutes les branches des
connaissances humaines, doit exister également
chez les représent<'lllts de ces connaissances, et
elle doiLs:operer de manière à etouffer tout ~­
prit sedaire, tout exclusivisme.
   Cherchons donc à dégager cette synthèse ou
cette idée-mère qui doit leur servir de trait d'u­
nion.
   Dans ce bu"t,observons, en premier lieu, que
celui qui, dans la recherche de la vérité, ne re­
connaît d'autre idéal que la science, et qui ne
voit, en conséquence, que le fait matériel, abou­
tit fatalement au matérialisme. En effet, la
science n'embrasse que les lois de la nature
matérielle, et celles-ci sont susceptibles d'être
connues seulement par l'aide de nos sens: Il eu
résulte un danger pour nos savants modernes
qui, lorsqu'ils ne reconnaissent comme vrais
que les faits scientifiquement démontrés, tom­
bent dans le matérialisme, qualifié de natura­
lisme, ou encore qualifié dans sa forme la plus
savante, Ile positivisme.
   Observons en second lieu, que celui qui, as­
pirant à un idéal plus élevé que le matérialisme,
ne recherche cet idéal que dans la raison pure,
celui-là abuutit falalement au rationalisme,
et c'est là généralemeut récueil de l'esprit mo­
derne.
   Enfin, observons en dernier lieu que celui qui,
aspirant à s'élever plus haut encore, ne 1'e­
cherclle son idéal que dans la connaissance lit­
 térale de la vérité révélée sans vouloir s'aider,
 en même temps, de la philosophie et de la
science, celui-là absorbe la philosophie et la
science dans la superstition, et il aboutit au
8            LE RÈGNE DE DIEU


mysticisme. C'était là l'écueil des écoles scho­
las tiques, contre lequel se heurtent encore trop
souvent nos Eglises modernes.
  8. La religion ne nous est révélée directement
que par la littérature sacrée; elle formule des
vérités telles que celles de l'existence de Dieu,
et de son unité, qu'il nous serait impossible de
découvrir par nous-mêmes, au moyen du se­
cours de la raison seule, ou de la science seule,
car ces vérités révélées sont spirituelles et doi·
vent être qualifiées de surnaturelles; elles
constituent en effd, des principes qui dominent
le monde matériel, planent au-dessus de lui et
au-dessus de la science elle-même.
   Si donc la philosophie ou la raison pure ne
peut pas nous servir à découvrir par nous-mê­
mes, ces vérités nouvelles que nous ne pouvons
connaître qu'à mesure que nous apprenons à les
dégager plus clairement des textes de la litté­
rature sacrée, elle peut, tout au moins. nous
servir à leur donner droit de cité parmi les
hommes de notre monde moderne, eu faisant
ressortir leur caractère rationnel.
   La philosophie peut, en effet. par le moyen de
la logique, nous servir à présenter rationnelle­
ment certai nes vérités clairement révélées dans
le domaine religieux, ainsi à les rendre vrai- .
semblables, et à leur imprimer un plus grand
cêlractère de certitude.
   Ces vérités révélées qui se trouvent placées
au-dessus de la raison humaine, et au-deS~lls
de la science, ne doivent plus cependant, dans
nos idées modernes, rester susceptibles de se
trouver en opposition avec la raison ou avec la
science, ainsi que cela a eu lieu jusqu'en ces
derniers temps, par les inspiratIons d'un pou­
voir sacerdotal, intéressé à assoupir les cons­
ciences et à obscurcir les intelligences, afin de
les dominer et de les asservir.
SUR LA TERRE                   9
    Si, de son côté, la science seule ne peut nous
 servir il. découvrir par nous-mêmes les vérités
révélées, bien qu'elles nousapparai&sentcomme
 susceptibles d'être présentées sous un jour
rationnel, et même scielitifique, elle peut, ce­
pendant, servir à les confirmer scientifique­
ment, c'est-à-dire, dacs leurs applications maté·
rielles, ou les plus externes, et même à les
formuler ainsi par voie d'analogie.
   9. A côté de la vérité révélée dans notre Bible
 écrite, ily a, en effet, la vérité révélée dans la
BiLle de la nature, c'est-à-dire dans les signa­
 tures mêmes des créations naturelles.
   Il en est question dans notre Bible écrite, car
l'étude de son sens spirituel, nous initie à la
science des correspondances entre les vérités
spirituelles et les vérités naturelles, soit scien­
tifiques, soit simplement historiques. Celles·ci
sont les signes, et celles·là, les choses signi­
fiées, Celles-ci sont des représentatifs et celles­
là les choses représentées. Cette science des cor·
respondances ou cette symbolique sacrée nous
manifeste les signes des vérités spirituelles au­
tant dans les fails de l'histoire sainte, autant
dans les créations humaines que dans les créa­
tions divines. Elle nous initie en même temp:::
aux lois de l'esthétique, c'est-à-dire à la science
du beau, et en même temps elle nous fait tou·
cher du doi gt l'erreur et la folie des artis tes qui
prétendent faire de l'ad pour l'art, au lieu de
voir dans les signatures des choses et dans les
beaux.arts, le langage de la sagesse divine.
   La sagesse antique avait cette perception de
la vérité que l'homme spirituel, par le moyen
de ses facuItés rationnelles, voyait les choses
spirituelles dans les sciences et dans les arts,
de même qu'un homme se voit dans un miroir et
s'y recoIJnait.
   10. En somme, la philosophip doit nous ap­
10              LE RÈGNE DE DIEO

prendre à être rationnels, religieusement par­
 lant, tandis que la science doit nous enseigner,
 par voie d'analogie, à confirmer ell nous,la con­
 naissance des vérirés spirituelles.
    La philo~ophie est donc destinée à servir de
 trait d'union entre la religion et la soience.
    De son côté, la science est destinee à servir
 de manteall à la religion, car elle nous présente
dans les créations de la nature des harmonies et
des beautés, que nous devons imiter ou répéter
sous de Douvelles formes dans nos institutions
sociales.
   L'esprit philosophique est une des tendances
de l'esprit moderDl~; c'est celle de la civjlisa­
 tion do l'avenir. Cet esprit n'accepte rien qui se
présente comme contraire à 1:1 raison, mais son
caractère libéral, fait qu'il accepte certaines
vérités qui sont au-dessus de la raison humaine,
parce qu'elles échappent à toute investigation
scientifique, bien que, néanmoins, elles soient
llusceptib!es d'être formulées rationnellement.
   En s'harmonisant avec la religion, la science
évite de tùmber dans le matérialisme, et elle se
transforme alors en sagesse, ce qui empêche,
d'un autre côté, la religion de tomber dans le
mysticisme. Or, l'un ou l'autre de ces deux mal­
heurs arrive, toutes les fois que la science et la
religion, au lieu de s'harmoniser, vivent isolées,
ou même opposées l'une à l'autre, ou encore
lorsqu'elles sont abwrbées l'une par l'autre.
   11. Le fait naturel ou matét'iel fait l'objet de la
science. Or, la vérité de fait, peut être envisa­
gée tour à tour au point de yue du juste et de
l'utile, au pointde vue purement scientifique et
au point de vue purement esthétique. Il y a
donc dans le seul fait matériel, à envisager le
côté des sciences sociales, celui des sciences
exactes et celui des beaux·arls.
   Les sciences sociales comprennent le juste et
sun   LA TSRRE                  1'1
  l'utile: il leur cal'act.èJ'e purement scientlflque
  et naturaliste, il faut donc ajoutel' uu élément
  moral de~tin.é à les t.ransformer eIl sagesse.
      Il ya, par conséquent, quatre points de vue de
  la vérité de fait ou de la vérité naturelle, qui
  fOI'ment les divisions générales, et en même
  temps la synthèse de toutes nos connaissances.
  Ces quatre points de vue de la vérité de fait,
  se lienl en tre eux corn me la fiu, la cause, les
    /fets premiers et les effets derniers: ou ellcore,
 commele bien, le vrai ,le bon ou l'ulile, eUe beau.
     La conclusion de ce qui précède, est que la
 religion, la philosophie et la science, doivent
 s'équilibrer mutuellement dans leurs applica­
   ions social èS, et qu'elles ont chacune leurs li­
 mites respectives, tracées d'avance dans les
 idées universelles du bien, du vrai, et du fait,
 c'est-à-dire, de la fin, de la cause et dos effets.
     Ce n'est pas à dire que le bien, le vrai et le
fait, ne concourent pas à la fois à la réalhation
 pratique des principes soit religieux, soit phi­
 losophiques, soit scientifiques, mais c'est à
 dire, que la religion envisage les choses plus
 essentiellement au point de vue du bien en lui­
 même, que la philosophie les envisage plus
 essentiellement au point de vue du vrai dans
 ses dérivations rationnelles, enfin que la
science envisage les choses au poi nt de vue du
fait matériel, vu en lui-même.
    Il ya donc à la fois de la religion, de la phi­
losophie et de la science dans chacun de ces
trois domaines de la pensée humaine; seule­
ment, il y a, pour la distinction ùe la sphère
respective de chacune de ces branches du sa­
voir humain, la religion proprement dite, la
philosophie proprement dite et la science pro­
ment dite.
    12. IL en résulte que les liens des différentes
branches des connaissances humaines, sont
i2        LE RÈGNE DE DIEU SUR LA TERRE

      aussi étroits que les liens fraternels qui doivant
      unir tous les hommes entre eux, comme les
      enfants d'un même Dieu.
        n en résulte encore que les hommes qui per­
      sistent à vivre en castes isolées, dont les unes
      se réclament exclusivement de la religion, les
      autres aussi exclusivement de la philosophie,
      d'autres encore aussi exclusivement de la
      science seule, d'autres enfin, de l'utilité seule,
      vivent en réalité dans un état de barbarie et
      d'exclusivisme qui est le résultat nécessaire de
      leur caractère fanatique et sectaire.           .
        De leur côté, les différentes Eglises qui vi­
      vent isolées et opposées les unes aux autres, à
      cause de leurs différences théologiques, de ­
     vraient s'unir au nom de leur principe commun
     qui est l'amour de Dieu et l'amour du prochain.
     Elles devraient laisser de côté, à l'arrIère.plan,
     ce qui les divise pour rechercher de concert les
     principes théologiques qui leur sont communs,
     parce qu'ils serviront de traits d'union et d'ins ­
     truments de réalisation des œuvres de charité
     et de fraternité sociales, pour l' enseigne men t gé.
     néral de la pratique de ces mêmes œuvres.
        Mais partout où l'esprit d'exclusivisme et de
     division persiste, contrairement à l'enseigne ­
     ment de Jésus-Christ, qu'il a ainsi formulé:
        « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas
     jugés, » (Matth. VII. 1) c'est la force qui prime
     le droit, et c'est la raison du plus fort que s'im­
     pose toujours comme la meilleure. De là vient
     aussi que le règne de Dieu sur la terre, et que
     la solution de la question sociale, sont aussi
     loin de nous, que la connaissance du nou.vel
     Evangile social de l'Eglise et de la civilisation
     de l'aveair.
CHAPITRE II
       La pratiqne des enseignements religieux
                         SOMMAIRE

13, La religion qui est au-dessus du domaine de la ma­
tière, doit descendre et senlr à inspil'er même le lan ­
  gage des affaires. - 14, Distinction à faire entre la
  f"tlternité et la wliJarité. - 15, Les Jois qui reglent d
  qui gouvernent la distribution des richesses, bien que
   purement scientifiques, dépendent d'une cause morale.
  Celle-ci est destinee à sc greffer SUI' la science qu'on
  nomme maintenant: wciologic, - 16, Les tendances
  démocratiques de l'csPI'it modeme nous conduisent à
  une évolution, qui tend à substituer le gouvernement
  "al' la justice au gouvernement par ia raison d'Etat. ­
  11, Parallèle entre la religion et le socialisme.- 18. Les
  Eglises ont eu une iDfiuence funeste SUl' l'enseignement
  des sciences sociales, tandis que leur mission est d'être
  les auxiliaires de cet enseignement. - 19. Le Chl'istia ­
  nisme a eu cependant, celle influence heul'euse, de faire
  naître l'esprit de tolérance et de charité, qui s'est affi, mé
  dans nos mœUl'S, à partil' du dix-buitième siècle, mais il
  n'a pas su encore s'aff,'anchir de l'esprit sectaire, qui di­
  vise les Eglises des di.tfèrentes Communion S.- 20. L'ex ­
  périence enseigne que l'homme ne reç,oit la vérité qu'en
  proportion qu'il cst dans le bien: le bien désire le vrai,
  parce que celui-ci l'éclaire el l'équilibre dans ses appli­
  cations à tous les actes de la vie sociale.

                        01', Jéms lUi dit: dans la loi qu'y
                           a-t-il d'ecrit 1 Comment lis-lu
                           En répondaut il dit : ~ Tu aime­
                           ras le Seignenr ton Dieu de tout
                           ton cœur et de toute ton àm~ et
                           de toule ta force et de toute ta.
                           pensée; et ton prochain comme
                           toi-même, " Alors il lui dit:
                           Convenablement tu as répondu,
                           fais cela et tu vivras, (Luc. X,
                           26, 27, 28.)
 13. Ce texte de l'Ecriture sainte forme le som­
maire	 de toute la Loi, et il pose le principe
                                                    .2
14                 T.A t'RATIQUE

fondamental de toute religion. L'amour de Dieu
et du prochain n'est pas seulament l'expression
du sentiment de fraternité, qui Juit uuir tou~
les hommes dans leurs rapporls r.eligieux, mais
cet amour est destiné, avec le progrès des mumrs
et de la civilisation, à sa séculariser de ma­
nière à étendre ses ramificatIOns et ses arpli­
cations, à toutes les branches des scieuces socia­
les, ainsi qU'à tous les rapports du monde des
affaires.
   Pour laïciser la religion, pour la seculal'iser,
de manière à la rendr'e populaire, en familiari­
sant les hommes avec ses enseignements, il est
nécessaire de montrer son cûté pratique et son
adaptation à tous les acles de la vie sociale,
particulièrement au langage même des affaires.
On arrivera donc à se servir du langage des
économistes, et des hommes d'affaires pour en­
seigner les vérités religieuses dans les actes,
 et de manière à manifester clairement le carac­
tère pratique de ces enseignements.
   i4.0bservons, à ce propos, que la fraternité,
seul sentiment qui ait survécu à la décadence
des Eglises du passé, appartient depuis un siècle
à la devise républicaine, et qu'elle fait place,
dans le langage économique, à la notion plus
concrète de la solidarité.
   Ces deux expressions: la fraternité et la soli­
darité, s'emploient souvent l'une pour l'autre,
bien qu'il soit ulile et même nèce::lsaire de les
distinguer. En effet, la fraternilé existe en théo­
ris ou en principe dans nos aspirations poli ti­
ques, plutôt qULl dans nos mœurs et nos institu­
tions, taiHlis que la solidarité humaine, lors­
qu'elle est reconnue et admise, de manière à
produire de bons, au lieu de mauvais résultats,
suppose cette fraternité comme ayant pénétré
jusque dans la pratique de la vie sociale.
   Si, au contraire, nous méconnaissons, dans la
DES ENSEIGNEMENTS    RELIGlEliX       15
pratique des affaires, cette solidarite sociale
qui {aille fondement même de la science de
l'économie poli lürue, nous suùissons des crises
économiques et l1uuncièt'es, d'une manière
d'autant plus crueUe, que l'esprit de fraternite
a moiDS imprégné nos mœu)'s.
   On s'aper'çoit alors, au prix des souffl'ances
et des misères sociales, que la solidarite s'im­
pose à lous, parce qu'elle fait retomber le mal
des uns sur les autres, de telle sorte que tous
les membres du corps social en souffrent, tan­
dis que (~ette mêm~~ solidarité sociale est, en
réalité, destinée à étendre le bien de chacun à
tous ou de tous à chacun.
   15. La société se trouve ùonc en face d'un
grand devoir à remplir: eelUl de découvrir le
l'emède contre tout mal qui afflige l'individu,
parce que ce mal tend a devenir social.
   Il faut, pOUl' cela, qu e la société trouve des
procédés scientifiques, qui soient l'expression
juste et en même temps l'inspiration du senti­
ment dé la solidarité fraternelle. Il s'agit donc,
pour tous 1es hommes, de remplir un gl'and de­
voir religieux en même temp.> que social: celui
de s'unir pour conjurer tout mat qui menace ùe
de veuil' social.
   Le besoin d'uuiou dans ce sens se fait d'autant
plus sentir, que les crises économiques pt finan­
cières se renouvdlellt plus fréquemment de nos
jours. Or,observons que toutes nuisibles qu'elles
soient, les maux qu'elles caus(~nt fiuisserit par
avoir celte utilite salutait/e, de ré-eiller àans
le cœul' des hommes l'esprit de justice qui y
sommeillait, et ùe stLmuler en même temps le
progrès des mœurs publiques. lIllles contribuent
aussi à stimuter cet espl'H nouveau du monde
mademe, rrni a soifde véritr. etrle justIce; elles
contribuent, enOo, à accro'itre nÇ>S lu.mlères, li
16                LA   PRATI~UE


mesure que cet esprit nouveau s'inspire mieux
du sentiment de la fraternité et de la solidarité
humaines.
   Il y a donc lieu de conclure que les lois qui
règlent et qui gouvernent la distribution des ri­
chesses, bien que scientifiques, dépendent d'une
cause morale. Cette nouvelle science qui a surgi
de l'étude de ces lois, et qu'on nomme« laso­
ciologie,» tomberait en décadence, en deve­
nant purement scientifique et matérialiste, si
l'on n'avisait pas aux moyens de greffer sur tous
ses éléments purement scientifi'lues un élément
moral.
   Aussi, ce sentiment nouveau de douceur et de
tolérance qui caractérise notre époque, et la
distingue du fanatismereligi.eux desâges passés,
réveille la conscience de l'homme moderne et
le remue de manière à le préparer à se consa­
crer intérieurement, à un nouveau culte d'amour
pour la vérité et lajustice, dans ses applications
sociologiques encore méconnues.
   Les réformes sociales que le nouvel âge nous
promet, ne s'obtiendront que par les efforts hé­
roïques de certaines individualités qui auront
reçu la mission toute providentielle, de nettoyer
ce qui reste encore des écuries d'Augias de l'an.
cien monde: époque de tentation::;, époque de
combats incessants pour déblayer le tert'~in, et
permettre à l'esprit nouveau d'édifier des ins­
titutions rénovatrices, au lieu et place des an­
ciennes, tombées en pourriture.
   Ces individualités nouvelles, ces héros ou ces
hercules de l'âge héroïque de l'avenir, qui fe­
ront (;e déblaiement de l'ancien monde, ne se­
ront autres que des personnes morales, car l'âge
des héros individuels et des grands despotes
est passé. Ces personnes morales et civiles en
même temps, sous des forilles d'une variét'
infinie de coopérations et d'associalions corpo­
DES   ENSEIGNEMENTS RELlGIEUX         17

ratives, rétabliront dans les sociétés humaines,
le culte de la vérité et de la ju~tice, non plus
seulement par de pures déclarations de prin­
cipe." mais par des faits sociaux et economiques,
ainsi par la leçon même des choses.
    Ce culte nouveau de la vérité et de la justice
doit avoir encore pour résultat de prévoir, au
moyen de l'u 0 ion par l'association ou la coopéra­
tion,le mal produit par les crises économiques et
financières, en conjurant les excès de la produc­
tion, les désastres de la concurrence et les abus
de laconsommation, sources originaires des mal.
heurs et des injustices qui assaillent les tra­
vailleurs.
    Les missionnaires de ce nouvrau culte, ne
sont pas seulement des pasteurs proprement
dits; ce sont aussi ceux qui, dans toutes les bran­
ches du travail humain, profitent de l'accrois­
 sement général des lumières, et qui s'en ser­
veutpour contribuer à l'affranchissement des
 travailleurs de la misère, à leur relèvement par
 la diminution du nombre des heures du travail
 physique, afin de leur donner la jouissance
 libre des heures du travail de J'esprit. Ils leur
 prêcheron t le nouvel Evan gile social, qui doit
 grouper autour du drapeau de la fraternité,
 tous les hommes indistinctement.
    16. Déjà on peut constater, à ce propos, un
 grand progrès de l'espri t moderne dans les gou­
 vernements des nations: en effet. tout Etat mo­
 derne s'éloigne de plus en plus de l'antique ten·
 dance, qui consistait à laisser a1,lxEglises ou à
 la classe riche le monopole de l'intluencp-. On
 vise maintenant à tout laïciser, à tout démocra­
 tiser, en développant l'instruction desmasses,et
  particulièrement en ce qui concerne l'esprit,
  dont doivent s'inspirer les ingtitutions créées
  par l'initiative gouvernementale, ou qui appar­
  tiennent à la direction de l'Etat.
18                 LA PRATIQUE

    L'esprit ùes institutions tIc bienfaisa,nce doit·'
 également s'élargir, de manièt'e à devenir so­
 cial, et à adoucir réellement les souffrances d
la misère, de manière aussi à ne plus compren.
 dre le mot charité, autt'ement que comme syno­
 nyme de fraternité et de justice.
   Dans nos idées mollernes, touLe vérite, pour
 être acceptable, doit avoir son utilité pratique,
 et cesser d'être présentée au nom Ù'llle autorité
 quèlconque qui prétend l'im poser; cette auto­
 rité <loit ètrû assez aimable, et assez imprégnée
 de l'esprit de tolérance et de charité, pour se
 mettre à la portée de tous indlstinctement er.
 se rendant intelligible, et par suite, en presen­
 tant 'tous une forme rationnelle toute doctrine
dont elle se prévaut.
   c'est à cause de eette émancit)alion de l'es­
prit moderne de la tutelle de l'espdt sacer­
dotal ou de l'esprit purement autoritaire, que
 la yérilé religieuse doit deycnir susceptible
d'être propagée en dehors de toule Eglise, et
qu'ainsi elle doit se séculariser comme chose
pratique et d'application sociale. Elle doit êlr
acceptable, autant en dehors qu'en dedans des
Eglises qui l'admettent comme article de foi.
   C'est là une éyolution sociale qui tend à sub­
stituer en toutes choses, le gouvernement par
la justice au gouvernement personnol, qui
prend le masque de gouvernement par la rai­
son d'Etat.
   La foi aveugle imposée par le pouvoir sacer­
dotal caractéri~e le mysticisme r~ligieux, Le
gouvernement par 13 raison d'Elal. s'impose
également aux sociétés humaines, en dehors de
tout eSprit de juslice, et cal'actérise le mysti­
cisme poli tique ou le socialis me d'Elat.
   17. Le Ohristianisme autoritaire ou clérical
doit, de même que le socialisme d'Etat, se t!'all~­
former et subir la même évolulion dans le sellS
IiES ENSElGNEMENTS RELIGIEUX          19

   Uoéral, en se présentant sous (Jes formes ration­
   nelles comprisos par la généralité des hommes .
     . On él sauvent opposé le socialisme à la reli.
   glOn, parce qu'on a montré le socialisme de
  même qu'on a montl'é la religion, sous un as.
   péet aulori,taire, soit comme mysticisme, soit
   comme moyen de gouvernement despotique.
  C'est ,par suite de ce (aux aspect, sous lequel
  on a etouffé leur c::.l.ractère essentiellement li­
  béral, qu'on a prétendu, avec quelque apparence
  de raison, que la religion serait un jour détrôtlée
  par le socialisme, et qu'ainsi le socialisme ré­
  ussirait à s'édifier sur les ruines du christia­
  nisme.
      En réalité, ces dell,x, la religion et le socia­
  lisme dans leurs tendances iibérales, ne devien­
  dront possibles, pratiquement, qu'avec le pro­
  grès des; mœurs, et aus~i à la condition seule­
 ment d'être librement acceptés par la généra.
 lité (Jes hommes.
     Mais supposons ce progrès des mœurs de la li·
 berté réellement accompli, le chrbtianisme et
 le socialisme, de même que la fraternité et la
 solidarité humaines, deviennent tous les (Jeux
 aussi condliables qu'une théorie l'est avec la
 pratique rles principes au nom desquels elle
 existe. Ils sont oonc destinés, dans un avonir
 plus ou moins éloigné, à se fusionner l'un avec
l'autre, par la raison même que la religion est
 r.on seulement la doctrine de la fraternité mais
aussi la vie d'aprôs cette doctrine.
    Le christianisme, en effet, prêche la fraternité
et la justice; celles-ci forment d'ailleurs le fon·
dement essentiel de la vraie religion.
    Le socialisme, de sou côté, prétend imprégner
de cette fraternité toutes les institutions poli­
tiques et sociales, ainsi que les mœurs pu­
bliques.
    Il s'ensuit que celui-ci ne peut se réaliser
20                LA. l'RATlQUE

     pratiquement sans le secours de l'influence de
     l'autre, et :llors il ne peut plus être sérieusement
     question de les substituer l'un à l'autre.
          La seule chose dont il puisse être question,
     c'est de les réformer de manière à les rappro­
     cher l'un de l'autre, pour les rectifier d3.ns tous
     les points qui les rendent incompatibles ou qui
     les divisent, et pour les développer dans tous
     les points qui peuvent cimenter leur union.
          L'enseignement religieux et la pratique so­
      ciale, une fois remis en harmonie l'un avec
     l'autre, celui·là dans ses principe:;:, celle-ci dans
      les actes, tous deux contribueront efficacement
      à l'avancement du règne de la fraternité et de
      la justice dans tous les rapports sociaux. Ils
     auront alors, l'un etl'autre, dépouillé tout esprit
     sectaire ou d'exclusivisme, et ils auront fondé,
     sur des assi:;:es inébranlables, la doctrine uni­
     verselle de charité et de fraternité.
          Ce nouveau culte se manifestel'a dans les
     Eglises de toutes les communions par une va­
     riété infinie de formes, et il sera cependant le
     culte d'une seule et même Eglise universelle,
     réellement catholique, laquelle sera caradé­
     risée par le lien fédératif des E~lises de toutes
     l es communions.
          Ce développement de l'amour mutuel dans le
     cœur de la généralité des hommes, formera un
     nouveau droit divin, qui se transformera dans
      nos lois et nos institutions, en préceptes de droit
      positif humain.
          18, Toutes les Eglises du passé ont eu leurrai·
      son d'être, quant à la variété de leurs formes de
      culte, mais elles ont cessé d'avoir leur raison
      cl 'être, quant à leur principe d'unité, l'amour de
       Dieu et du prochain, suivant qu'elles se sont
       plus ou moillg écartées de ce principe d'ori­
       gine. Elle~ se sont écartées de l'amou[' de Dieu,
       en perdant la conception de l'unité de Dieu; elies




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Charles humann-l'evangile-social-librairie-swedenborgienne-paris-1893
Charles humann-l'evangile-social-librairie-swedenborgienne-paris-1893
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  • 1. L'ÉVANGILE SOOIAL PAR C. HUMANN AUTEUR DB LA NOUVBLLB-JÉRUSALBM: PARIS LIBRAIRIE SWEDENBORGlENNE '12, rue Thouln, t2. - ,~~
  • 2. ,
  • 3.
  • 4. .L'ÉVANGILE SOCIAL PAR C, HUMANN AUTEUR DE LA NOUVELLE-JÉRUSALEM PARIS LIBRAIRIE SWEDENBORGIENNE 12, rue Thouin, 12. - I~~
  • 5. .,.
  • 6. TA.BLE DES MÂTInES Avant-Propos. 1ntroduction. CHAPI'l'RE 1. Le Règne de Dieu comme danale' Ciel aussi sur la Terre •. de 1 à 12 Il. La Pratique des enseignements reiigieU'r...."."." .•.•.•.••..•• 13- 20 11l. La loi du progrès . 2i- 30 IV. La "Parole-ré'l"élée . 31- 40 v. L'âme vivante et îmmortellê ..•• 41- 50 VI. La Trinité ... , .. , ..... , ••..•.. 51- 56 Vil. La Liberté......•...••••••.... 58- 66 VIII. L'Autorité " ~ 67- 72 IX. Les demeures dan. 1eR Cieux. '" 73- 82 x. Le selltiment du beau . 83- 91 XI. L·Homme..•... , . 92- 98 XII. Le grand monde . 99-107 A:III. Le lans..age des nombres ......• 108-118-_ XIV. Le langage des couleurs. , ..... 119-126 xv. La loi du mariage....•........ i27-133 XVI. Le Décalogue .. ~ . 131-140 XVII. Les fJces de Jéhovah et la T<ible de Dieu . 141-144 XVJll. L'Amour du prochain et la Table de l'Homme.•........••.•..• 145-150 XIX. La Prière•..••.•." , ....• 151-157 xx. L'Oraison Dominicale .•••••...• 158-167 XXI. La statue de Nabuchodnetzar ..• 168-176 xxu. De la Mort, du Jugement dernier et de la Résurrection .•....•• 177-185 XXlll. De l'Esprit-Saint •............ , 186-191 XXIV. Les Préadamites ••....•••.•..• 192-203 xxv. Le Jardin de la Sagesse..•••.• , 204-24J
  • 7. TABLE DES MATlÈal':S XXVI. Le déclin d'un beau Jour.... .•. 215-224 XXVIJ. La 'chute de l'homme et la Ré- demption. . . • • . . • . • • •• • . . . .• 225-23 2 UVllI. Le Délug e....... .... .. ..... .• 2:i3-23 8 XXIX. L'Arche de Noé.. ........ ...... 239-24 5 xxx. Le Signe de l'Alliance enlre Dieu et l'Hom me.... ......... .... 246-25 4 XXXI. L'Ivresse de Noé.. ......... .... 255-26 0 XUIl. La Tour de Babel ......... .. ..• 261-26 9 XXXIl1. Les Hébreux et le Culte des Sa- crifices• •. '.' •.•.•.•• .••.•• " 270 - 278 XXXIV. L'Eglise Chrétienne et le Royau- me du ~~igneur............. 279-'<:87 xxxv. Î./Eglise chrétienne etles miracles 288-29 3 UVI. La Bible écrite et la Bible de la nature ........ ........ ...... 294-~99 XXXVII. L'Eglise de l'Avenir , 300-30 5 XXXVllI. La Question sociale ...... 360-31 0
  • 8. AVANT-PROPOS. Nous sommes à Pépoque de l'ouverture de l'Exposition universelle de Chicago dans l'an­ née 1.893. Le Congrès universel des Représen­ hints de toutes les religions doit s'y réunir durant le mois de septembre. Ce Congrès a été qualifié dans les journaux anglais et amé­ ricains de Parlement des religions; il l'a été aussi et à plus juste titre, de premier Concile réellement œcuménique. :1 Mais ce Congrès ne peut produire des ré~ '1 1 sultats assez utiles pour mériter ce dernier 1 titre, qu'à ta condition de proclamer au monde, les principes communs à· toutes les religions sous une forme assez frappante pour les popu­ lariser, et pour mettre l'opinion publique en demeure de poser les premières assises de PEglise de l'Avenir. Il faudrait que ces premières assises de l'E­ glise, soient présentées par le Congrès des religions comme susceptibles d'établir la fraternité daus les sociétés humaines. Cette proclamation de n()s principes religieux uni­ versels se présenterait comme une manifes­ tation solennelle de la possibilité de la vic­ toire de l'humanité sur l'esprit sectaire des Eglises du passé; peut·être, serait·elle capable
  • 9. Il AVANT-PROPOS de renverser les obstades qui s'opposent, dans le monde des nations, à la solution de toutes les questions sociales. Celte vICtoire d~ l'humanité sur l'antago­ nisme des classes, ne peut être attendue que par ceux qui pensent qu'il existe def:! traits d'union sérieux dans les tendances de l'es­ prit nouveau, tendances qui auront pQur oL­ jet de motiver une fédération de toutes les Eglises dans le sens d'un adoucissement d~s mœurs publiques et internationales. Mais comme il est généralement reconnu depuis le dix-huitième siècle que tous les hommes peu­ vent obtenir le salut de leurs âmes, dans quel­ que religion qu'ils soient nés, on peut en con­ clure qu'il existe des principes communs à toutes les Eglises. Leur proclamation contri­ buerait donc à rallier les hommes dans l'ac­ complissement d'une union humanitaire com­ mune, malgré leurs différences de cultes. Alors les Eglises rivaliseraient PQur mettre en avant ces principes com~uns, tandis qu'eiles laisseraient à l'arrière-plan tout ce qui ne peut être considéré comme susceptible d'uue application universelle. A cette occasion, il nous a paru utile de pu­ blier sous le titre d'Evangile social, un livre qui présentera l'ensemble des principes reli­ gieux que nous croyons les mieux adaptables au progrès des idées modernes dans leurs tendances humanitaires. Les tendances humanitaires nous paraissent seules susceptibles d'inspirer le corps du droit divin de l'Eglise de l'avenir et par suite, p~r
  • 10. AVANT-PROPOS III voie de conséquence, le corps du droit positif humain de la civilisation de l'avenir. Nous ne pouvons pas ici rechercher et déga­ ger un par un, ·chaque principè commun à toutes les religions; d'ailleurs c'est à chaque Eglise qu'il appartient dE'! juger pour elle· môme. Dès lors, en effet, qu'il est reconnu que le criterium de chaque Eglise est d'aspirer à r6alisHr dans tous les rapports sociaux, les applicalions de l'amour de Dieu et de l'ameur du prochain, en d'autres termes, les applications de la justice et de la fraternité, toute fausse doctrine:se trouvera en con tradic­ tion avec ce principe fondamental et univer­ sel; elle se corrigera donc d'elle·même dans les applications sinon dans ses conséquences logiques. Nous nous sommes efforcé de présenter dans ..Jlotre Evangile social, un enchaînement logique et en même temps biblique de ce prin­ cipe fondamental et universel de toutes les religions. De plus, nous avons voulu montrer les applications de ce principe religieux uni­ versel dans une étude également biblique d'une petite philosophie de l'histoire; nous 1 avons, par conséquent, voulu encorê montrer, quelle a été l'évolution de l'idée religieuse dans le passé et quelle elle doit être dans l'avenir. C'est aux diflérentes communions qui se partagent le monde religieux, à proclamer ce qu'elles peuvent accepter et ce qu'elles en tendent rejeter de l'ensemble de ces doc­ trines qui sont comme les prin_cipes èo,l'!.S­ (1 titutifs de l'Eglise de l'Avenir.
  • 11. IV ATANT-PROPOS Les femmes, en même temps que les hommes, devant être convoquées au Congrès universel des religions,il y a lieu d'espérer que cela produira de bons rësultts. En effet, ll'.ls Eglises du passé ont eu le tort, selon nous, de ne pas appeler les femmes à coopérer à l'œuvre missionnaire commune : la fraternité existe en théorie ou en principe dans nos aspirations sociales et politiques modernes, beaucoup plus que dans nos mœurs et dans nos institutions. L'œuvre de la femme est toute de cœur; elle doit s'inspirer de l'amour divin, de même quo l'homme doit s'inspirer de la sagesse divine: tous deux, l'hômme et la femme, coopèrent ainsi à l'établissemtJnt de la justice et de la fraternité dans les mœurs et dans les institu­ tions. Lorsque l'union sera réellement établie sur le fondement de la charité et de la solidarité sociales, les ditl'érentes communions pourront sans inconvénient accuser des ditl'érences de doctrines et de cultes, mais elles n'en seront pas moins unies et liées par l'unité du but qui est de régénérer les âmes et les mœurs par des moyens aussi variés que les individualités elle-mêmes. Par le choc et le frottement de toutes ces différences, les angles trop aigus s'useront d~ux-mêmes et t1ntront par coïnci­ der exactement; les ressemblances prendront alors un développement de plus en plus ac­ centué par les applications des principes de justice et de fraternité dans le monde des affaires et dans les rapports sociaux. Notre travail n'a pas d'autre objet que de montrer àquel point l'enseignement de la Bible
  • 12. AVANT-PROPOS V peut apparaître comme la source originaire de toutes les autres littératures sacrées; de mon­ trer à quel point aussi, cet enseignement de la sagesse divine, peut trouver ses applica­ tions dans toutes les bl'anches des sciences sociales, et ainsi devenir susceptible de rallier Jes hommes dans un même sentiment clejus­ tice et de fraternité, bien que cet ensei~nement sacré ne soit pas encore compris ni goüté par le plus grand nombre et qu'il ne soit pas même reconnu généralement, comme renfer­ mant une telle etl'icacité. Puisse le Congrès de toutes les religions aboutir à un résultat utile et réussir à hâter la victoire de l'1IUmanité sur l'esprit sectaire des Eglises du passé. Puisse-t-il inaugurer offi­ ciellement la nouvelle ère de l'Eglise de l'Avenir.
  • 13.
  • 14. INTRODUCTIO~ Sommaire 1. L'Evangile l;ocial. - 11 Le socialisme. - III Le spiritisme. - IV. L'Eglise de l'Avenir. - V. Emmanuel Swedenborg. - VI. De l'autol'ité en matière religieuee.-VIl, Le lit de Procuste. l Depuis dix· huit siècles, l'3s différentes Egli­ ses chrétiennes ont proclamé que la Bible était un livre divin; mais en faisan t cela, elles n'on t rempli que la moitié de leur lâche; elles n'ont pas su pénétrer suftiisamment l'esprit de ses textes à travers le voile de leur leUre, et elles n'ont pas réussi jusqu'à présent à la popula­ riser comme un livre humain autant que divin, ou comme un Evangile social· L'insuffisance de nos Eglises actuelles pour l'achèvement de leur mission daus le monùe, ticnt aux abus du pouvoir sacerdotal; celui­ ci s'cst mon'ré sectaire et intolérant, parce qu'il a beaucoup plus songé à llominer sur les
  • 15. VIIi INTRODUCTION consciences par ses dogmes qui, cependant. s'écartent trop souvent de l'cnseignem.cnt de la Bible, qu'à resserrer les liens fraternels qui doivent unir Jes hommes entre eux. Les Eglises ge sont mises en dehor~ de l'hu­ manité en prêchant 'la charité sous la seule forme de l'aumône du riche à l'égard du pauvre, au lieu de la présenter sous la formo d'une affection réelle et fraternelle pour le 1 semblable, que tous, riches comme pauvres, doivent éprouver les uns pour les autres. C'est cette affection qui doi t nous porter à remplir toutes nos fonctions avec un esprit de justico et d'amour qui constitue la vraie charité. De cette méprise vient. que la mendicité est devenue un métier don t on fait parade à la porte des églises, et elle s'est pour ainsi dire élevée à la hauteur d'une institution ou d'un mal nécessaire. De là aussi est née la rivalité des classes, les riches n'étant plus considérés autrement que comme des oppresseurs par les ., pauvres et les pauvres comme des importuns '' erdes fainéants par les riches. De là enfin, est , né l'antigonisme du capital et du travail. II Il en est résulté que les principaux chefs des écoles socialistes se sont éloignés de toute 1doctrine religieuse, parce qu'ils ont vu que la plupart des chrétiens étaient satisfaits de l'état actuel de la société. La religion, voilà donc
  • 16. INrRODUCTI0N IX l'écueil devant lequel se heurtent même ceux qui professent dans leur écrits, que le socia- Hsme exige pour devenir pratique, une éthi- 1 que bien supérieure à celle qui distingue nos mœurs actuelles. Ces derniers prétendent pouvoir créer une morale, indépendante de tout lien religieux; ils nient que les liens fraternels des hommes doivent dériver, par voie de conséquence, de leurs liens religieux. Ils admettent que tous les hommes sont frères, mais ils méconnais­ sent que cette fraternité dérive de ce fait, .qu'il sont enfants d'un même Dieu. On peut donc accuser le socialisme anti­ religieux, d'être l'expression d'une humanité vieillie, et qui menace de tomber en décrépi­ tude, parce qu'il s'abandonne trop à l'amour du côté externe des choses, à l'exclusion des vérités intérieures qui f(}nt l'âme et la vie des vérités purement externes. Nous pensons que le socialisme ne pourra réussir, qu"à la condition de renaître à la vie de l'âme, en se rattachant à l'amour des vérités intérieures,-sans pour cela exclure son zè1eet ses progrès dans la connaissance des vérités externes et scientifiques. Le socialisme vise à substituer au règne de la bourgeoisie le règne du quatrième Etat celui de prolétariat. Mais la paix sociale ne pourra s'obtenir que par le règne d'un Etat, qui admet­ tra dans son sein et sur le pied de l'égalité, les quatre états ou les quatre classes qui cons­ tituent le corps social tout entier, sans exclu­ sion aucune: ce sera la victoire de l'humanit6
  • 17. x . INTRODUCTION sur l'esprit étroit d'exclusivisme, la victoire dé la démocratie libérale sur la démagogie. Cette victoire de l'humanité ne pout se réaliser qu'en évitant de tomber daIis le travers de chacun des quatre Etats, que l'histoiro nous montre tous comme ayant été tour à tour des­ potiques, fanatiques et sectaires, tontes les fois qu'il$ ont eu en main la puissance politique. La victoire de l'humanité sur les' tendancos exclusives, suppose donc l'existence d'ua ciIi~ quième Etat social, qui n'opprimera ni Je clergé, ni la noblesse, ni la bourgeoisie, ni le prolétariat; en effet, lorsque ces classes se trouveront relevées de leur déchéance mo­ rale, par le progrès des mœl1rs publiques, elles vivront toutes ensemble, sur le pied d'une é6'alité fraternelle, en considération des services qu'elles sont aptes à se ~endre mutuellement. C'est dans l'établissement de cette harmonie sociale, que doit consister le progrès de notre civilisation moderne, et par suite la mission ùe l'enseignement des préceptes de l'Evan­ gi le social. lU Le spiritiûme a été adopté par quelques so­ cialistes et par la plupart de ceux qui, par suite du milieu sceptique dans lequol ils vi· vaient, étaient resté3 étrangers à la Blble et à ses enseignements. en ce qui concerne parti·
  • 18. Il"TRODUOnON XI cutièrement la croyance à l'immortalité de l'âme et à la continuation de notre existence dans le monde spirituel. Il n'est pas douteux pour celui qui a ap­ profondi l'esprit de la Bible, ou même pour eelui qui a seulement vécu dans un milieu re­ ligie_llx, sans avoir poussé très loin l'étude de la Pal'ob révélée, que l'homme est en con­ soeiation avec de bons et de mauvais esprits. Il est eR rapports constants avec les soci~tés ~géliques et les ~ociétés -internalës, --de-ma· niere à pouvoir rester libre, durant sa vie ter­ restre, de s'attacher soit aux unes soit aux au­ tres. Les semblables attirent leurs semblables, particulièrement dans ce monde du sentiment, qui. est celui des sympathies ou des antipa­ thies et qui constitue aussi le monde spirituel. Ce n'est certes pas par la vue de notre corps physique que nous correspondons avec ce monde spirituel, mais c'est par la vue inté­ rieure de nos pensées et la chaleur de nos affections. Selon le cours que nous donnons à nos pensées et à nos afl'ections particulières, nous caractérisons les diff"érences d'humeur de chacnn de nous. Mais ce monde du senti­ ment et de la pensée, est le monde de l'infini; il est en dehors des espaces et des temps, par­ ce qu'il est en dehors et au-dessus de la nature à laquelle seule, les espaces et les temps sont inhérents. C'est ce qui ülÏt aussi qu'on l'ap­ pelle le monde surnaturel. Croire au surnaturel, c'est se sentir vivre de la vie de l'esprit. Tous vivent de la vie de t'esprit, bien qu'ils n'aient pas eu durant la vie
  • 19. :IU INTRODUCTION terrestre t leur vue spirituelle ouverle t et ainsi la faculté de voir ce qui se passe dans le monde spirituel. Cela est ari'ivé cependant aux prophètes tels que Daniel, Ezéchiel, Zacharie t Jean t etc. dont il est dit dans la Bible t qu'ils ont été « en esprit» ou en vision. Le spiritisme prétend obtenir pour ses adeptes des communications édifiantes avec le monde des esprits sans même avoir l'aide 4e cette ouverture de la vue spirituelle. De tels hommes qui sont le plus souvent dénués de toute connaissance des vérités ré. vélées t n'ont d'autre ressource pour satis­ faire aux besoins spirituels de leurs âmes, qu'un retour à l'amour du merveilleux, des miracles et des pratiques magiques du moyen âge. Ils ont donc protité du spiritisme t parce que celui·ci leur a inspiré certaines terreurs, ou quelquefois certaines réflexions salutaires, qui leur ont fait acquérir la foi à l'existence du monde spirituel et par suite la crainte de Dieu.. La crainte de Dieu est le premier pas vers la sagesse. Pour faire ce premier pas t le spiri­ tisme a ainsi pu remplir l'office de la religion juive, dont c'était le principe dominant. Mais làs'arrête son utilité t car il est facile de mon­ trer que le spiritisme ne peut nous aider à nous élever plus haut, et que même très souvent il devient nuisible. Le second pas vers la sagesse est de trans­ former dans le cœur des hommes, cette crainte de Dieu en un sentiment d'amour de Dieu. On sait que la supériorité de la religion chrétienne sur l'Eglise juive, consiste surtou
  • 20. INTRODUCTION :xin en cette transformation opérée par elle, dans l'esprit des hommes, de l'idée d'un Dieu ter­ rible et vengeur, en un Dieu d'amour et de miséricorde. Le troisième pas vers la sagesse, sera l'œu­ vre de l'Eglise de l'avenir; celle-ci doit changer la face du monde, en transportant de la sphère allstraite dos idées doctrinales, dans la sphère pratique des idées sociales, les principes de l'union fraternelle des hommes. Mais pour y arriver, cette religion universelle du bien qui remue déjà les cœurs de notre monde moderne, doit s'éclairer de connaissances n0 11velles sur Dieu et sur l'homme. Ce n'est pas dans le spiritisme qu'on trouvera ces connaissances nouvelles adaptables aux idées modernes, car le spiritisme s'abandonne aux pratiques magiques du moyen-âge, au lieu de rechercher la sagflsse où elle se trouve, c'est-à-dire, dans les enseignements de la Parole révélée de Dieu. Ses principaux doc­ teurs, acceptent à la lettre, la doctrine de la métempsycose, ou des réincarnations suc­ cessives ; ne serait-il pas plus intelligent, de chercher à expliquer cette doctrine re­ nouvelée de Pythagore et de la religion des Hindous 1 Elle a un sens significatif qui est caché sous le voile du langage symbolique familier aux anciens. L'idée ùe métamorphose qui enveloppe la doctrine de la métempsycose n'a pu prendre naissance que dans la doctrine de la repon tance. Celle-ci suppose. en eU'et, une conversion,et suivant le sens exact du mot grec, META li: 01 A employé dans le texte des évan­ 40
  • 21. XIV INTRonUCTION gUes, une véritable métamorphose de l'esprit, un retour à la lumière de la vérite. La repen­ tance a pour objet de transformer les différen­ tes phases de la régénération del'âme humaine, en autan t d'atI'ections nouvelles et successives, qui ont été représentées symboliquement dans les religions antiques par différentes sortes d'animaux; les instincts di1:téreuts. do ceux-ci, snivant leur espèces, sont le dévelop­ pement de ces affections particulières dans les· quelles ils uaissent. Comme il y a de bons et de mauvais instincts, il y a aussi de-bons et de mauvais animaux; ces derniers symboli­ saient pour les anciens les mauvaises affections qui s'emparent du cœur de l'homme méchant, et qui peuvent le conduire d'abîme en abîme jusqu'à la folie. Les phases diverses de l'existence ùe l'âme. humaine dans un corps terrestre, - se trou­ vant représentées par autant de transforma­ tions successives, soit vers des éJ.évations dans le bien, soit vers des abaissements dans le mal, - figurent aussi des voyages spirituels de l'âme humaine, et constituent, conformé· ment à la croyance des anciens peuples à la métempsycose, de véritables métamorphoses ou transformations de nous·mêmes, Lors de la décadence de la sagesse antique on vénérait encore les traditions de cette ancienne symbolique, mais on ne les enten­ dait plus que dans leur sens littéral; de là toutes les fables des anciennes mythologies. ·Platon reconnaissait cependant, que la doc­ trine de Pythagore était plutôt un mythe qU'une opinion philosophique.
  • 22. INTRODUCTION xv Dans la sagesse antique. ces voyages spIn tuels de la transmigration des âmes, avaient leur itinéraire tout tracé. comme on en trouve aes preuves dans le déchiffrement des textes hiéroglyphiques. Ii y avai t dondà un véri table programme d'éducation pour la jeunesse, d'une profondeur bien autrement grande que celui de notre éducation moderne. En réalité, il n'y a pas d'autre métempsy­ cose, que celle qui consiste dans la méta­ morphost' de nous-mêmes. Nous transfor­ mons successivement nos croyances, à mesure que nous nous élevons dans l'amour du bien et du vrai, par la repentance de nos péchés contre Dieu et contre le prochain. Or, cfltte métamorphose de nous-mômes, regarrle l'âme et non le corps; pour celui·ci il y a seulement la métamorphose de la matière qui passe fata­ lement et indéfiniment par un circulus de formes nouvelles; celles-ci servent d'enve­ loppes successives aux créations si intIlllment variées des trois règnes de la nature. Le spiritisme menace de nous égarer dans des erreurs dignes des croyances supersti­ tieuses du moyen-âge, dans des erreurs tout aussi graves que sa doctrine des réincarna­ tions successives; il peut même nous mener à l'aliénation men tale, ainsi qu'on en a vu déjà trop d'exemples. Ce dernier danger du spiri­ tismo peut s'expliquer par le caractère de nos rapports avec le monde spirituel, Les hommes naissent dans le naturalisme et par suite dans l'amour exclusif des choses externes; mais ils doivent naître à nouveau dans le spiritualisme pour pouvoir se préparer
  • 23. XVi iNTRODUCTION à la vie dans le monde spirituel et aboutir à la régénération de leurs âmes qui constituent leurs corps spirituels. Ils n' y arrivent qu'en appropriant à ceux-ci le bien et le vrai; mais ils meurent spirituellement lorsqu'ils s'appro­ prient le mal et le faux. Pour se régénérer, les hommes doivent donc, après s'être instruits par les vérités externes et scientifiques, s'élever à l'amour des vérités intérieures et supérieures ;' mais l'amour des vérités externes à l'exclusion des vérités spirituelles, caractérise l'esprit du tuai et associe les hommes aux sociétés mauvaises de l'enfer. S'ils persistent dans cet amour ex­ cessif du côté externe des choses, les mauvais esprits qui sont dans ce même amour, s'asso­ cient à eux, parce que les semblables attirent leu( 8 semblables; ils pénètrent dans lem' vo­ lonté, s'en emparent, et les conduisent gra­ duellement à l'aliénation mentale, c'est-'à·di:' re, à la perte de leur libre arbitre, par suite de la rupture de tous les liens de conscience avec le bien et le vrai, Ils deviennent alors ce que l'Evangile appelle des possédés, et ainsi des instruments aveugles et inconscients des esprits infernaux. Les pratiques dn spiritisme ne peuvent que hâter cet asservissement de nos âmes aux espri:s infernaux, car tant que nous ne som­ mes pas entièrement régénérés, nous ne pou­ vons attirer à nous, en vertu de la loi des semblables, que des âmes non régénérées, et par suite, de mauvais esprits. Swédenborg avait été préparé par la Provi­ dence pendant toute sa vie à cette ouverture
  • 24. INTRODUCTION XVlI de la vie spirituelle. C'est pourquoi sa raison n'en souffrit pas et fut au contraire perfec­ tionnée; mais il écrivait lui-même à son ami Robsahm qui lui demandait si d'autres que lui ne pouvaient pas jouir du commerce avec les esprits: « Prenez garde, c'est le chemin qui mène à l'hôpital des fous ». IV Les Eglises ont perdu leur popularité en méconnaissant les principes qui découlent de la sagesse enseignée dans la Bible. Il en est résulté qu'il a surgi en dehors d'elles, une religion de la pi tié pour les malheureux, qui est destinée, avec les progès des temps, à nous débarrasser de toutes nos misères ~ociales. Cette religion da monde moderne est tout ce qui 3 survécu au dlX-huitième siècle de la décadence des religions du passé: elle est la religion universelie du bien. C'est grâce à elle que le sentiment de fraternité appartient de­ puis un siècle à la devise républicaine, et qu'elle fait place dans le langag~ économique à la notion plus concrète de la loi de solida­ rité. Nous sommes maintenant appelés à for­ muler cette religion nouvelle dans ses lois: celles-ci doivent toutes se déduire rationnel· lement de l'amour de Dieu et l'amour du pro· chain. Cette religion qui vient de a'afftrmer danSl
  • 25. XV111 INTRODUCTION le monde depuis le dix-huitième siècle est encore toute de $entiment; elle ost dans l'igno­ rance de la vérité qui peut la rendre vIable et adaptable à nos idées modernes; elle n'est pas même connue de la généralité des hommes sons sa forme rationnBll0, la seul~ fOI'me qui convienne aux idées de notre siècle; celles-ci aspirent principalement à se montrer pra­ tiques. CJ.Iégeba écrit que Lout ce qui est rationu~l est réel, et que tout ee qui est réel est rationnel. Cela est vrai. Il faut au monde mo­ derne la v.erité réelle, la seule qui soit prati­ que, parce qu'elle se présente sous une forme rationnelle. Cette religion du bien ne peut s'édifier d'une m::1l1ièro durable que sur les textes de la Bible; mais il est nécessaire qu'on en ait une intel­ ligence plus élevée que celle que possédaient les Eglises du p:Jssé. Le génie du monde mo­ derne sera, en effet, aussi diŒérent du génie du monde ancien, que le règne du Ohrist en esprit est différent du règne du Christ cn chair, c'est·à-dire, de son règne dans 10 sens de la lettre de la Bible. C'est à cause de cette différence de génie entre l'esprit ancien et l'esprit nouveau quo le Seignenr a dit: « Moi, je vous ai envoyé « moissonner ce à quoi vous n'aviez point « travaillé, et vous dans leur travail vous ôtes « entrés ». (Jean IV. 38). L'Eglise chrétienne du passé travaille à son insu depuis dix-huit siècles à l'enfantement de celte Eglise chl'étienne do l'avenir, et ne réussira à la produire dans tous ses dévelop.
  • 26. INTRODtlCTION XIX pements, qu'au prix de sa propre ruine, tan­ elle s'est écartée par son organisation ecclé­ siastique et cléricale de l'espl'Ït évangélique. De même, le grain de froment tombant en t'3rre, meurt. pour porter beaucoup de fruit. (Jean, XII. 24). L'esprit nouveau est le ferment qui fait tomber en dissolution les Eglises du passé: cet esprit nouveau a réussi à percer les té­ nèbres du moyen-âge, à triompher des bû· chers de l'inquisition et de toutes les supers­ titions sorties du sein de J'Eglise chrétienne du passé: c'est ainsi qu'il a produit, en dehors de celle-ci, cet adoucissement des mœurs et cet esprit de tolérance dont s'honore le monde moderne. v 1 L'Eglise de l'avenir s'écartera donc du mys· ticisme de l'Eglise du passé, en recherchant une conception rationnelle de la doctrine chré· tiénne, et une clef pour ouvrir Je sens spi!'Ï­ tuel de Ja symbolique sacrée. Or, il y a peu de personnes encore qui savent, que cette conceQtion r~tionnel1e de la doctrine c1}.r~tienne et que cette clefdtrsens spirituel existent déjà, toutes préparées, dans les nombrenx ouvrages écrits en latin, au XVIIIO siècle, pal" le savant philosophe suédois Emmanuel Swedenborg. C'est également dans la langue latine qu'a été formulée la fraternité chrétienne, telle
  • 27. xx INTRODUCTION que la comprenait l'Eglise primitive, et elle est devenue la langue universelle commune à tous les peuples. Les livres d'Emmanuel Swedenborg se trouvent déjà traduits dans presque toutes les langues et il8 font l'objet spécial des études de petits centres 'tl:hommes religieux et lettrés; qui sont dissémi~dans les cinq parties du monde. Nous avons résumé ·l'his­ toire des progrès de l'Eglise cie l'avenir, depuis un siècle qu'elle existe, dans un tra­ vail spéci al (1), Les livres de Swedenborg sont, il est vrai, encore très peu connus en France; mais ils sont déja très répandus en Angle­ terre et aux Etats-Unis d'Amérique, Les explications lumineuses que nous y trouvons des textes bibliques, s'adaptent parfaitement à cette religion universelle du bien, qui n'est ni l'"Eglise juive, ni l'Eglise grecque, ni l'Egliso romaine, ni aucune des Eglises protestantes du passé, mais l'Eglise de l'avenir. Elle est amplement développée dans une théologie facile à comprendre, parce qu'elle est logiquement déduite du sentimen t d'amour de Dieu et du prochain; elle est puisée dans le sens littéral des textes de la Bible, et elledevi611t ainsi une religion par­ (1) LA NOUVELLE JÉRUSALEM, d'uprès les en.seigne­ ments d'E. Swedenborg. Se>' progrès dans le !monde, Ses principes de droit di'vin et leurs applications so­ ciales. Paris, 1889, Librairie du Temple de la rue Th n llh.1'.',
  • 28. iNTRODUCTioN XXi faitement adaptable aux progrès des idées modernes; celles-ci sont trop souvent en­ rayées par les tendances mystiques et auto­ ritaires, lorsqu'elles ne le sont pas par les tendances opposées du scepticisme. Cette religion du bon sens, si bien dégagée des textes bibliques par E. Swedenborg, enseigne l'amour et la sagesse indépendam­ ment .des formes de leurs applications; celles­ 91 peuven t varier indéfiniment suivan t les temps et les lieux. Enseigner ainsi la vérité pour l'amour d'elle· même, n'est pas plus une œuvre sectaire, que d'enseigner les lettres dans les universités. Cette religion nouvelle est présentée au monde avec la prétention parfaitement justi­ fiée, pour tous ceux qui l'ont étudiée à fond, d'inaugurer la Jérusalem nouvelle, telle qu'elle est annoncée dans Daniel, (chap. II,44.VII. 13 14.) et dans l'Apocalypse. Elle ouvre aux érudits un vaste champ d'études, non pas seu­ lement au point de vue d'une théologie puisée directement dans les textes de la Bible, mais eu;ore au [oint de vue de la symbolique sacrée: celle·ci a été qualifiée avec raison par Swe­ denborg, de « Science des corresDondances. » En etl'et, toutes les vérités de faits, sont des vérités qui peuvent être traitées de scienti­ fiques; elles sont destinées à servir d'enve­ IOPP,es, de formules, de représentatifs et de signes éloquents des vérités intérieures et supérieures; celles-ci sont des vérités spiri­ tuelles cachées sous l'écorce du sens littéral, ce qui fai t que Ip, sens in terne, qui est la chose véritablement signifiée, est la correspondance
  • 29. xxii INTRODUCTIO:-l du sens externe et littéral; ce dernier est le représentatif et le premier est le significatif. Ces véri tés spirituelles doiven t former le corps du droit divin nouveau, qui est destiné au dève1oJ)pement du progrès de la eivilisation modetne: on deSCel}dant dans los applications, lIes se transforment en principes de ùroit positif humain, parfaitement adaptables à toute.:' les branches des sciences sociales. Ces doctrines de la philosophie et de la science chrétiennes, bien loin d'être des rêve­ l'ios, bien loin de mettre leurs adlOirateurs en dehors ùe l'humanité, ainsi que l'ont prélendu ceux qui nlen avaient qu'uno notion slpE'rti­ cielle, SOtlt destinées à devenir l'expression ]a plu!-1 élevée de ln.civilisation de l'avenir. Tous ceux qUlles éluùieut consciencieuse­ ment, acquièrent la conviction qu'elles ont pour objet de réaliser,sous leurs formes phllo· saphiques et scientifiques, le programme de toutes les amëliorations sociales, devant lesquelles ont échoué les Eglises et les insti­ tutions du passé, parce qu'en se rendant sec­ 'aires et intolérantes, elles &0 sont elles­ mêmes rejelées en dehors de l'h~manit6, en dehors de la science el en dehors de la civili­ sation moderne, VI Des écrivains, appartenant à di11'érenlcs communions chrétiennes i ont discuté sur l'ori·
  • 30. IN1'RODUOTION XXlll gine ct la nature de l'autodté religieuse. Tous font remonter l'origine de l'autorité reli- gieuse à l'Ecn ture sainte; celie-ci a été pré- servée dans son intégrité par le soin dé la nation juive pour 06 qui concerne l'Ancien Testament, et, pour ce qui concerne le Nou- veau Testament, par l'Egliso chrétienne. La ùifficuité est de savoir à qui appartient l'interpr6talion des saintes Ecritures. L'Eglise l'omaine pretend avoir le monopole dp, celte intorprétation par ses conciles et son sacer- doce, tandis que les Eglises protestantes sou- tiennent que cette interprétation appartient à la conscience de Cl1aCUl1. • L'Eglise de la Nouvelle Jérusalem, qui est l'Eglise de l'aveu il', considère la question comme résolue pour elle, depuis le dix-hui- tième siècle, par le dévoilement du sens spi- rituel des saintes Ecritures. Elle ajoute lIUO cette révélation cIe la Vérité chrétienne est} dans la Bible, à la portée de tous ceux qui la cherchent, avec la volonté de la trouver. Los légères variantes que relève la saine critique dans les Ecritures saintes ne touchan t pas au Bens intcrne.Il a été pourvu à cela par laDivine Providence; de même que certaines lois phy- siques, ont assuré la durée de la lumière phy- tique du soleil, de même certaines lois spiri- Buellas ont assuré la durée ùes ùiverses révé- lations qui ont constitué la lumière-. ~DTiluelle destinée à éclairer tout 11.omme vonant au monde. (Jean, 1. 9.) La Nouvelle Eg;li:"'(l cllrélil)nne écrit sur 10 frontispiQ~.i.e ses temples: Nunc licet, pour annoOCer au monde qU'lI est permis mainte-
  • 31. xxIV INTRODUCTtON nant de pénétrer par l'entendement dans tous secrets de la Parole, et cela parce que les doc­ trines chrétiennes forment une chaîne de vérités que le Seigneur a eu soin de révéler dans certains passages de la lettre même de la Bible. En d'autres termes, dans la Nouvelle Eglise chrétienne, l'entendement ne doit plus être mis sous l'obéissance de la foi, comme dans les Eglises du passé; de plus, les parties doctrinales de la Parole doivent être puisées directement dans le sens littéral, car dans ce sens, nne partie est pleinement compréhen­ sible, et une autre partie est voilée; Swe­ denborg exprime ainsi cette différence:« la Parole, dit-il, es t comme un homme vêtu dont la face est nue et les mains sont nues; toutes les choses qui appartiennent à la foi et à la vie de l'homme, ainsi que celles qui ap­ partiennent à son salut sont nues, mais toutes les autres y sont vt"tues; elles sont vues à tra­ vers leur vêtement comme on voit une femme à travers une gaze lég ère placée devant sa face. " l V. Vraie Religion chrétienne, n' 229). Le même auteur écrit encore: c Qu'est-ce que croire et ne pas voir si la. chose est vraIe? Et si quelqu'un dit néanmoins qu'il faut croire aveuglément sans comprendre pour avoir la foi, il s'attire cette réponse: T'imagines-tu être Ull Dieu en qui je croirai, ou me prends-tu pour un' iIl.s~nsé, en demandant une assertion dans laquelle je ne vois pas le vrai? Fais que je voie.:; (Doctrine de la. Nouvelle~Jérusalem sur la Foi, no 4. ) On sait, en effet, que la sagesse consiste U'
  • 32. lNTRODUCTlON xxv uniquement à voir et à comprendre les choses qu'on pense. Ainsi, bien qu'il y ait des vérités au-dessus de la raison humaine, qui, par conséquent, ne peuvent être connues des hommes que par une révélation divine, ces vérités ne sont nulle- ment contraires à la raison, car on peut en dé- dui!'e to"ut un enchaînement de conséquences, et même tout le corps du droit divin, c'est·à·dire une religion démontrée. Ainsi, par exemple, comment saurions-nous que Dieu est l'Amour même et la sagesse même, si cela ne nous avait pas été révélé? L'homme sait bien, en effet, comme l'observe encore Swpdenborg, que l'amour existe, mais il ignore ce que c'est que l'amour, car 11 iguore que c'est la vie même. «. Si tu éloignes l'affection qui appartient à l'amour, peux-tu penser quelque chose, et peux-tu faire quelque chose? La pensée, la parole et l'action ne se refroidissent-elles pas selon que se refroidit l'aff'ection qui appartient à l'amour, et ne s'échauff'ent-elles pas selon que cette affection s'échauffe? Mais le sage le perçoit, non d'après la connjlÏssance que l'a- mour est la vie de l'homme, mais d'après l'es- pérance que cela arrive ainsi.» (La Sagesse angélique SUI' le Divin Amour, n' 1). Ce qui précède nous montre qu'il n'y a plus d'autorité humaine qui puisse nous imposer une loi commune en matière de foi religieuse; et par suite qui puisse nous imposer cette foi. C'est seulement la lumière de la vérité que chacun de nous peut acquénr dans la Bible, .Ii j
  • 33. XXVI iNTRODUCTION par les efforts individuels de notre peusée, qui nous donne une foi salvifique. C'est la lumière de cette vérité, dont Jean nous dit, qu'elle« éclaire tout h')mme venan t au monde. l> (Jean I. 9.) La Vérité porte donc en elle son propre té· moignage; elle n'a besoin d'aucune autorité humaine pour faire toute seule son chemin dans le monde avec le progrès des mœurs pu­ bliques. Il y a un pouvoir qui n'est pas en nous· mêmes et qui fait tôt ou tard prévaloir la Vé­ rité et·la Justice aux yeux de tous. Les idées humaines passent et changent, mais cette Vérlté et cette Justice divines sont contenues et enveloppées dans la Parole de Dieu qui ne passe jamais. Swedenborg nous donne les moyens de les mettre à nu par la rccherclte du sens spiri­ tuel de l'Ecriture Sainte. Cette mise à nu de la sage,:,se de l'enseignement divin, lors­ qu'elle apparaît sous son caractère rationnel, nous fournit en même temps, la véritable preuve de l'inspIration divine des Saintes Ecritures et nous montre aussi combien celles­ ci sont différentes des écrits des hommes. Il ne faut pas croire quo ce dévoilement de la réalité de l'inspiration des Ecritures Sain­ tes, nous empêche de reconnaître, avec la critique moderne, qu'une large portion de ces textes sacrés contient des contradiciions quant à leur sens littéral. Nous accordons égale­ ment que certains passages paraîssent être, dans leur sens llttéral, en opposition avec la morale.
  • 34. INTRODUCTION XXVII Malgré cela, Swedenborg et ses disci­ ples maintiennent que les livres inspirés l'ont été dans chaque phrase, dans chaque mot et dans chaque syllabe, toujours en mon­ trant qu'ils contiennent un sens interne. De plus, ils professont que ces contradictions n'existent que dans les apparences, et que, de plus, elles existent précisément parce qlle tout en étant divinement inspirés, ces écrils devaient s'adapter au génie barbare des hommes auxquels ils ont été directement adressés; ces hommes étaient, en effet, par leurs principes et leurs actes, en contradlc­ tion avec eux-mêmes; il leur fallait donc un langage approprié à l'état de leurs àmes; au­ trement, ils ne l'auraient pas accepté. Il était nécessaire que, par la Divine Pro­ vidEHlce du Seigneur, le texte des livres ins­ pirés de la Bible fut consorvé intact ·substan­ tiellement à travers les âges, tel que l'Egliso ra eu en tout temps; car la Parole divine contient un sens interne qui doit révéler aux l10rnmes les vérités spirituelles à mesure qu'ils arrivent à être en état de les comprendre. La Divine Parole est donc une parabole, de­ puis son cOl:nmencement jusqu'à sa fjn, ainsi, chaque image naturelle est une expression qui correspond à une vérité spirituelle qui en est l'âme. Ce qui satisfait l'esprit dans ]a doctrine de la Nouvelle Jérus3lem sur l'Ecriture sainte, en le mettant au-dessus des agitations et des discussions de la critique biblique, est donc précisément la confiance que la sainteté de la Parole et son immense supériorité sur tous 1
  • 35. XXVIII lN1RODUonON les écrits des hommes, consiste dans l'exis­ tence du sens interne. Les incOrrections de la lettre du texte, incorrrections qui, en réalité, ne sont que dans les apparences, perdent ainsi leur importance parce qu'il a été pourvu par la divine Providence à ce qu'elles n'altérâssent pas ce sens interne. Nous avons, pour mieux expliquer notre doctrine, cité quelques passages des écrits de Swedenborg et de l'enseignement de cet auteur à l'appui de la vraie solution de cette ques­ tion de l'autorité en matière religieuse; mais ce n'est pas que nous considérions Swedenborg comme une autorité qui s'impose à tous, car, en réalité, il n'a et ne prétend [nullement imposer son autorité en matière de foi. En effet, ses écrits ne sont destinés qu'à nous montrerla possibilité d'une conceplion ration­ nelle de toute la doctrine chrétienne, puisée directement dans la Bible, et à nous donner la clef du style des correspondances dans lequel la Parole révélée a été écrite. Il en résulte que, croire que les écrits de Swedenborg cons­ ti tuent une autorité qui doit nous être i~posée forcément, parce qu'il reçût la mission de les écrire par divine autorité, ce n'est pas y crOlre, mais c'est les pervertir; Sweclcnbor-g' s'adresse constamment à la raison de chacun de nous; il nous guide comme par la main, pour nous aider à dégager nous-même la doctrine chré­ tienne de certains passages épars ça et là dans la Bible, et qui peuvent être acceptés dans leur sens littéral. Une fois en possession de cette doctrine, qui se trouve entièrement écrite dans les
  • 36. lNTRODtiCTlON XXIX textes de la Bible, nous sommes en posses­ sion d'une clef qui peut nous servir à p{,né­ trer le sens spirituel caché derrIère lè voile de la lettre. Gette doctrine nons montre aussi, en somme, que les contradictions de la lettre des textes, ne sont qu'apparentes et que, toute la Parole qui est réellement d'inspira­ tion divine, n'est, dans son sens spirituel, qu'un chant d'amour de Dieu et du prochain, destiné à mettre à notre portée tous les élé­ ments nécessaires, pour que nous puissions introduire graduellement, dans tous nos rap­ ports sociaux, la fraternité et la justice. Mais sans la doctrine, la Parole ne peut être comprise dans son sens interne, car, avant de devenir spirituel, l'homme doit commencer par être rationnel et avoir une conception rationnelle de l'enseignement divin. Or, une conception rationnelle de tout le corps du droit divin, sera un don supérieur à ce don des mi­ racles que possédaient les chrétiens de la pri­ mitive Eglise du Christ. Ce don des miracles a été aussi nécessaire à la fondation de la pre­ mière Eglise chrétienne qu'à la fondation de l'Eglise Juive. Mais, en ce qui concerne l'Eglise de l'avenir, l'autorité en matière religieuse ne sera plus fondée sur le souvenir du don des miracles, ni sur la foi mystique on aveugle, parce que personne ne croira plus ce qu'il ne compren­ dra pas rationnellement. La seule autorité en en matière religieuse sera donc la vérité, telle qu'elle se manifeste dans l'entendement de tous cèux qui la cherchent avec la volonté de la trouver.Lp. règne du Ohrist en esprit,suc·
  • 37. , xxx INTRODUCTION cède maintenant au règne du Christ en chair; celui-ci a été le règne du sens de la lettre qu'on acceptait mystiquement et par esprit d'obéissance, lors même qu'on ne la compre­ nait pas. Ce nouveau règne du Christ nous est annoncé par l'Evangile dans les termes suivants: Cl On verra le Fils de l'homme venant« dans les nuées du Ciel avec puissance et Cl gloire. 1> (Mathieu, XXIV. 30). Par « les nuées du Ciel» il est entendu la Parole dans le sens de la lettre, parce que la lettre cache souvent la vérité nue qui est ainsi voilée comme la nuée voile la splendeur de la lumière du Ciel. Par", la puissance et la gloire. dans laquelle le Seigneur doit venir, il faut entendre le sens spirituel de la Parole. Le second Avènement du Christ qui doit inaugurer l'ère de la seconde Eglise chré­ tenne, dite Nouvelle Jérusalem, est donc un Avènement qui a lieu, non pas en personne, mais en esprit et dans la Parole qui procède de Lui. Cette Parole sera comprise alors dans son sens spiri tueI, et la généralité des homme s pourra s'approprier la vraie doctrine chré­ tienne, puisée dans le sens naturel des textes de la Bible. VII Il est écrit dans Esaïe, XXVIII. 20 : . « Le lit sera trop court pour s'y étendre et
  • 38. INTRODUCTION XXXI « la couverture trop étroite pour qu'on s'y « ctlveloppe.)) Le lit dans le sens spiritnel signifie la doc­ trine: la raison en est, qlle le corps so repo se sur un lit, de mêm~ que l'esprit sc repose sur uue doctrine qui lui paraît satisfaisante. La couverture siguille les vér'ilés rationnelles qUi sont comme une couverture pour les vérités spirituelles, (Voir« Arcanes célestes )l,de Swe~ denborg, no 2570). Cette signification du lit se con.firme surtout par l'étude du sens spirituel des ditlérents passages de la Bible dans lesquels lé lit est nommé, tious savons que la mythologie(~;que' ) renferme des symbolos et des enseignements qui avaient été puises en~le; là, re langage dos correspondances, transmis par les sages rÉthi.opiens qui faisaient partie de 1'TI:gUse des temps deJ'âg-8 d'ar@nt, et qui possèaaient une Parole révéLée, avait été soigneusemen. t et longtemps conservé par la caste sacerdotale qui en avait fait une science cachée. Cette science fut peu à peu perdue, Mais il ne faut pas nous étonner de retrouver quelquefois dans les mythologies anciennes des symboles et vôrités qui concorden t avec ceux- de la Bible. L'esprit fanatique et sectaire qui divIse --=--­ encore de nos jours les différentes :Eglises qui se partagent le monde religieux, a eu ses ex­ Q.ressions symboliques dans l'histoire deQ?ro­ cus~~, brigand fameux üe l'Attique. On raconte que ee:ui-ci avait l'habitude d'attacher les voyageurs sur son propl'e lit, et de les adapter à sa longueur; s'ils étaient trop. petits, ils
  • 39. XXXH INTRODUCTION étaient allongés et torturés pour être amenés à la grandeur vonlue; s'i ls étaient trop grands, ils étaient raccourcis par la section des pieds et de la partie des jambes qui dépassaient la longueur du lit. Les voyageurs, qui étaient ainSi torturés, représentent les hommes qui voudraient se régénérer, mais qui eu sont empêchés et détournés par le fanatisme du pouvoir sacerdotal. Celui-ci est ~mffisamment caractérisé par une Eglise qui s'impose en disant: « Hors de moi ou en dehors de mes dogmes, pas de salut ». ( Thésé~ qui passe pour avoir délivré la terre ete-Pr-6cu !'l te, personnifie un des héros de l'âge d'airain, dit âge héroïque. Dans ce dernier âge, ceux qu'on qualifie de hér'os, sont des personnages mythiques; il est probable qu'ils représentent des associations humaines de la fin de l'âge d'argent, qui eurent la réputation de relever l'humanité da la décaience où elle tombait, en inaugurant une nouvelle ère de justice et de fraternité sur la terre. Cette nouvelle ère de paix et de prospérité dura jusqu'à ce que les crimes des hommes, tombés dans l'âge de fer, chassèrent de la terr(Astréj}, la déesse de la justice, qui re­ monta au Ciel. On voit que cette histoire mythologique de --- ( Procusfe, renferme un grand enseignement, car"etfe nous dépeint, sous de vives couleurs, Ies excès de toute nature auxquels peuvent l être entraînés les hommes qui recherchent la justice dans une égalité superficielle; en d'autres termes, -elle dépeint ceux qui recher­ ohent l'unité dans une uniformité purement ,
  • 40. INTRODUCTioN XXXIll extérieure, au lieu de la rechercher dans la variété des différentes parties d'un ensemble harmonieux et bien proportionné. Dans le passage d'Esaïe que nous avons cité, le lit est trop court et la couverture trop étroite, pour nous enseigner que toute doctrine reli­ gieuse est nécessairement en concordance exacte avec l'état et la condition de celui qui la professe. Si l'esprit est étroit, la doctrine qui s'adapte à cet .esprit, sera ègalement étroite. Il est donc à désirer que l'esprit s'élargisse par l'amour mutuel; en effet, la doctrine qui est destinée à se présenter comme le dévelop­ pement rationnel de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain, trouve ses déductions logiques et ses applications dans tous nos rapports sociaux, et non pas seulement dans les rapports nécessairement restreints et limités des membres d'une Eglise particulière. Les hommes, en général, autant ceux des temps de l'Eglise Israélite que ceux de nos jours, sont captivés par leurs doctrines parti­ culières, lors mêma que celles-ci n'ont pas été ép-rouvées dans leurs dérivations autant que leurs applications sociales, comme étant réel­ lement les expressions pratiques du sentiment de fraternité ou d'amour mutuel, qui doit faire le fondement essentiel de la vraie religion, Chacun s'efforce donc de faire accepter sa propre doctrine, pa,rce que celie-ci est un lit qui est à sa mesure ou à sa taille; mais on ne s'inquiète guère de la question de savoir si elle est réellement adaptable à l'état et' à la condition d'esprit de la généralité des hommes.
  • 41. XXXIV INTRODUCTION Nous devons soigneusement disting uer les vérités fondamentales qui son t de l'es­ sence même de toutes les religions et qui sont destinées à leur servir de lien commun, des vérités particulières qui découlent·des premi ères; ces vérités particu lières sont au­ tant d'applications va.riées suivant les temps et les lieux, de ce fonds commun destiné à leur servir de lien fédéral. Les rites et les liturgies particu lières de chaque Eglise, ne sont, en définitive, que des formes variées du culte universel de l'amour de Dieu et d~ l'amou r du prochain. de méme que les langtH'S qui son t si varia­ bles, bien qu'elles soient destinées à expri­ mer les mêmes idées et les mêmes senti­ ments. Mais ceux qui ne veulent voir la religion que dans le cercle étroit des rapports de sacrist ie de l'Eglise particulière à laquelle ils se rattachent, contrib uent à mainte nir J'ignorance sur la portée réelle du christi a­ nisme, et ainsi à éloigner les hommes du désir de s'instr uire eux-mêmes des beauté s de la littéra ture sacrée. Ils s'en rappor tent, pour le saint de leurs âmes, à de préten dus directe urs de conscience ou à des formules toutes faites de prière s et de confessions de foi, dont on répète machinalement les vai­ nes redites , sans pouvoir les reconn aître de cœur et encore moins se les assimiler. La révolution religieuse, qui est en train ae se réalise r dans le monde depuis le dix­ hnitiém e siècle, tend à faire prédominer le cllristianisme de la cllarité sur celui de la
  • 42. INTRODUCTION xxxv foi. Ce dernier christianisme ne pourra plus être accepté qu'autant qu'il apparaîtra comme une dérivation du premier. La théologie de la charité, qui est le déve­ loppement de l'amour mutuel des hommes, doit produire l'affranchissement des masses de la tuteUe sacerdotale j par cela même que cet amour mutuel rétablira l'égalité, la paix, la justice et la liberté dans tous nos rapports sociaux, il doit réaliser jusque dans les œU 4 vres d'utilité sociale, cette belle unité de l'es­ prit humain entièrement brisée depuis la décadence de la sagesse antique. La théologie de la charité, bien loiD d'être sectaire et intolérant.e, comme celle de la foi seule, doit régénérer celle-ci, la rendre vivante, de morte qu'elle était; elle est des­ tinée, non-seulement à vivifier nos sciences sociales, mais elle peut encore rendre les sciences exactes plus attrayantes; celles-ci ont été jusqu'à présent montrées sous une forme aride et abstraite des plus incompati­ b les avec les choses de sentiment qu'elles renferment, sous le voile tout symbolique des créat.ions de la nature. 1 Les lois naturélles et scientifiques, ne son t, en effet, comme vérités de fait, ou comme vérités particulières, que des expressions externes, matérielles et symboliques des lois spirituelles qui sont les vérités universelles. En d'autres termes, la connaissance du sens spirituel de notre Bible écrite, doit nous dévoiler la connaissance du sens spirituel de la Bible de la nature. La théologie de là charité, est la perception
  • 43. XXXVI INTRODUCTlON des choses de sentiment, la clef des mystères du symbolisme de la littérature sacrée; elle est donc bien différente de la théologie abs­ traite et stérile de la foi seule. Celle-ci ne peut que nous faire goûter aux fruits de l'aère de la science, tandis que celle··là nous fera goûter aux fruits de l'arbre de vie placé au milieu dujardin de la sagesse divine. En effet, cette théologie de la charité est destlOée à transformer la vérité scientifique en utilité morale et en sagesse pratique parce qu'elle doit nous rendre compte des lois du monde des fins qui est le monde spIrituel; or, les influences de celui·ci se font sentir matériellement dans notre mondd terrestre; elle substituera par­ tout le spiritualisme au naturalisme de la science moderne, celle·ci est destinée â servir de vêtement à la religion. La théologie de la chari té nous inspirera une théologie vivante de la foi qui doit refléter la première comme dans un miroir, et éclairer celle-ci eu la représentant sous une forme ra­ tionnelle compréhensible à tous. Les deux théologies, par leur union étroite, s'aùressent au cœur, tout en éclairant la rai­ son. et plus leur union sera étroite, mieux elles nous afl'ranchiront du danger .d'être bru­ talement étendus sur le lit de Procuste, qui est resté fatal aux progrès des mœurs publiques jusque dans les temps de notre monde mo­ derne. C'est surtout dans la lecture des œuvres théologiques d'Emmanuel Swedenborg. qu'on se pénétrera mieux de la nécessité d'élargir nos cœurs et nos esprits, pour aboutir à l'écra­
  • 44. 1NTRODUCTION XXXVII sement de toute tendance sectaire, et à la pré­ dominance du principe de liberté sur le prin ­ cipe d'autorité. Ce n'est pas à dire que ceux qui ne connais­ sent pas les écrits de Swedenborg, ou qui ne se plaisent pas dans leur étude, ne puissent pas néanmoins travailler aussi au déveIOppe-) ~.~octrill~~L~~ I~Eglise deJ~~r, " qUi est la Nouvelle Jérusalem annoncée dans Daniel et dans l'Apocalypse. Mais ceux qui sauront tirer parti des tra­ vaux de nos devanciers, surtout lorsque ces travaux, comme ceux de Swedenborg, sont inspirés par la Révélation, en même temp s qu'ils le sont par la raison, ceux-là avanceront plus loin dans la vérité et feront des progrès plus rapides que ceux qui chercheront à con­ naître la vérité sans autre secours que leur propre génie. Aidons-nous donc les uns les autres, élar­ gissons nos cœurs et nos esprits en buvant aux sources mêmes de la vérité telle qu'elle nous a été directement révélée dans la Bible, pour fonder l'J~glise de l'avenir. Celltci res­ tera ouverte à tous, pour que, suivant les pa ­ roles d'Esaïe;«nos lits ne soient pas trop courts et nos couvertures trop étroites pour que nous nous en enveloppions. )) 42
  • 45.
  • 46. L'ÉVANGILE SOCIAL CHAPITRE PREMIER Le règne de Dieu, comme dans le ciel, aussi sur la terre (Matth. VI, 9, 10). SO~lMAIRF. 1. Le règne de Dieu sur la terl'e et l'Evangile social. ­ 2. La liberté de ne croire que ce qui peut être compris rationnellement dans les mystères de la foi, amène à une liberté anillogue dans le domaine de l'ordre politique, de même que dans la pratique sociale. - 3. Le gouver­ nement par la raison d'Etat et le gouvernement par la justice. - 4. L'Eglise de l'avenir devra devenir une fédé­ ration de tous les cultes pour l'organisation des sociétés humaines dans le sens de la coopération de tous au bien­ être de chacun, - 5, La Jéru~alem céleste doit, d'après l'Apocalypse, descendre du Ciel pOUl' se réaliser aussi sur la terre. - 6. Le nouveau règne de Dieu, parmi les hommes, suppose le~ mœurs de la fraternité, l'~e .de toutesrit sectaire et une vue synthétique de toùtes les branc es des connaissances humaines. - 7. L'union étroite de la science, de la philosophie et de la religion, doit exister également entre les représentants de ces différentes branches du savoir humain, - 8, Les vérités révélées sont surnaturelles: la philosophie et la sciencd peuvent 'servir à les confirmer, mais Don à les découvrir. - 9. L<I, Bible écrite et la Bible de la nature nous révè­ lent la Symbolique sacrée; celle·ci nous montre les cor­ re"pondances entre les vérités spirituelles et les véritélllla­ turelles. - 10. La philosophie est destinée à tenir lieu de trait-d'union entre la religion et la science; celle-ci doit servir de manteau à la religion. - 11. Les différents points de vue suivant lesquels la vérité de fait peut être envisagée. - 12. Les liens des différentes branches du savoir humain sont aussi étroits que les liens fraternels qui doivent unir les hommes entre eux. C'est la mécon­ nais sance de cette vérité qui éloigne de nous le règne de la fraternité et la solution de la question sociale. 1. Le règne de Dieu sur la terre suppose le rè­ gne de la liberté, de la justice et de la frater­ nité existant ehez les hommes, n.on pas seule­ 1
  • 47. 2 LE RÈGNE DE DIEU ment dans leur enseignement religieux, mais bien aussi dans tous leurs rapports sociaux. La religion, en effet, n'est pas tant dans la doctrine que dans la vie suivant la doctri Ile. Cela nous est ainsi enseigné dans les versets 2 et 3 du chapt XXII de Matthieu, où il est dit : 4: Sur la chaire de Moïse sont assemblés les scribes et les pharisiens; faites toutes les choses qu'ils vous disent d'observer, observez­ les et faites-les, mais selon leurs œuvres ne faites poinl, car ils disent et ne font point! » Il résulte de ce texte et de bien d'autres, que Ja pratique des enseignements de Jésus-Christ, peut d'autant mieux étre qualifiée d'Evangile social, que le Maître nous recommande l'appli­ cation dans nos rapports sociaux, des principes de la sagesse divine. 2. Avant le dix-huitième siècle, on ne pouvait obtenir une intelligence rationnelle des mys­ tères de la foi, à cause de l'obstacle opposé par le pouvoir sacerdotal,qui était intéressé à main­ tenir une croyance aveugle dans des dogmes, qu'il ne pouvait plus comprendre lui-même, sinon par suite de leur falsification intéressée, t'out au moins par la perte de leur signHlcàtion originaire. Cette permission ou celte liberté nouvelle à laquelle aspire le monùe moderne, de ne plus croire que ce qu'il lui est possible de com­ prendre rationnellement, nous amène insensi­ blement à la conquête d'une liberté analogue, dans le domaine de l'ordre politique, de me!ne que dans le monde des affaires. En effet, l'accroissement des lumières do la généralité des hommes dans la connaissance des affaires religieuses, politiques et sociales, devient un progrès qui équivaut, pour les gou­ verna nts et pour tous les diri gean ts, à la néces­ sité de ne plus pouvoir se conduire autrement
  • 48. SUR LÀ TERRE 3 qu'en qualité de mandataires des gouvernés, et par suite, qui équivaut à l'obligation de rendre compte de leurs actes; ainsi, ce nouveau Urait de contrôle que le public exerce wr eux, les rend moralement responsables devant l'opinion pu- blique, qui représente la masse des gouvernés. 3. Le gouvernement despotique par la raison d'Etat, doit, en conséquence, faire place progres- sivement an gouvernement par lajustice, le seul légitime et le seul durable. La même émanci- pation doit s'opérer dans le gouvernement ecclésiastique. Les progrès de la liberté de conscience sultiront pour émanciper et laïciser' insensiblement les cultes de toutes les Eglises, car on ne s'en rapportera plus au prêtre seu- lement, pour l'orthodoxie de l'enseignement des doctrines religieuses, mais aux lumières puisées directement par le bon sens public dans la connaissance de la littérature sacrée. Il en résultera, dès 101'S, une impossibilité de plus en plus grande, pour le monda officiel, de continuer à se retrancher derrière una pré- tenùue infaillibilité du principe d'autorité gou- vel'nementale. La reconnaissance franche et ouverte de l'é- tatde faillibilité des institutions humaines, vau- tll'a centfois mieux que cette prételltion outre- cuidante à l'infaillibilité, dontse pare le. vieux monde officiel, bien qu'elle ne soit plus décem- ment de mi~e devant le progrès de l'esprit mo- d erne. Ce progrès exige que tout acte officiel, soit de l'autorité religieuse, soit de l'autorité politi. que, puisse être compris et reconnu être con· forme à l'esprit de vérité et de justice; qu'ainsi rien ne puisse plus être accepté aveuglément, soit au nom de la l'aison d'Etat, soit au nom du sacerdoce, soit au nom des autorités humaines. C'est seulement ainsj, qu'on verra poindre à
  • 49. 4 LE RÈGNE DE DiEU l'horizon de nos progrès futurs, la lumière d'une nouvelle ère, qui percera les ténèbres de l'igno­ rance des âges passés. Cette lumièl'tl nouvelle fera disparaître iu­ sensiblement le caractère mystique des ancien­ nes croyances. 4. L'Eglise de l'avenir dèvra donc devenir une fédération de tous les cultes qui se parta­ geront le monde religieux, pour l'organisation des sociétés humaines dans le sens de la coopé­ ration de tous au développement du bien-être de chacun. Or, cette fédération de tous les cul­ les, reste impossible, aussi longtemps que cha­ que Eglise se renferme exclusivement dans la sphère restreinte de l'enseignement de ses doc· trines théo 1ogiquts particulières, et aussi long· temps qu'elle les présente comme l'unique mo­ yen de salut, au lieu d'émanciper ces mêmes doctrines, en les présentant au contraire, sous la forme toute nouvelle, d'instruments de réali­ sation de la fraternité et de la justice parmi les hommes. On aboutira ainsi à reconnaitre l'o~ bligation de justifier de le14r caractère salvifi­ que, non pas seulement au peint de vue de la vie dans l'autre monde, mais aussi au point de vue de la vie dans notre monde terrestre. 5. La Jérusalem céleste, telle qu'elle est pré­ dite dans lellvro de l'Apocalypse, doit descen­ dre du ciel sur la lerre, et ainsi se réaliser sur la terre comme aussi dans le ciel, suivant le passage même de l'Oraison dominicale qui sert de titre à ce chapitre. La vérité est une, mais elle doit se présenter dans ses applications infiniment variées, sous des formes plus intérieures, ou plus extérieures, suivant qu'elle plane dans les hauteurs des so­ ciétés célestes, ou suivant qu'ell~ descend dans le monde des hommes, pour revêtir des formes
  • 50. SUR LA TERRE 5 externes, terrestres et même mondaines. Les doctrines de foi prêchées au nom de la fraternité, dans les différents cultes, sont desti­ nées avec le progrès des lumières, à s'unifier graduellement de manière à pouvoir se mani­ fester dans des applications sociales, ainsi à se séculariser ou à se laïciser dans des actes de so­ lidarité et de justice sociale. Il est, en effet, généralement reconnu, par l'histoire même det; dogmes ou de leur évolu­ tion dans les différents cultes, que les Eglises de toutes les dénominations avec le progrès des idées modernes, s'écartent graduellement de leurs confessions de foi origiuaires: celles·ci tendent toujours à étouffer la religion dans un cadre trop étroit. Mais les formes et les dogmes s'usent peu à peu, ets'etlacent dans leurs carac­ tères trop accentués, pour se fondre dans un selltiment universel de charité ou de fraternité socialement pratique, tel qu'on le trouve si sa­ vamment développé dans les œuvres d'Emma­ nueI8wédenborg(1}. JI est vrai que si chaque Eglise particulière a une mission speciale à remplir pour l'humanité, il ne s'ensuit pas que toutes les Eglises so!ent également aptes à procurt:lr par "leur enseigne­ mentie même degré d'élévation morale, la même qualité dans la ri>génération de l'âme humaine, et de la société en gélH~ral, car la qualité de la régénération varie sll.ivant la qualité de la foi religieuse, de même que le travail de l'ouvrier est plus p,'omptement réalisé et mieux t'ait sui­ vant la qualité des instruments, Mais les hom­ mes ont, trop souvent, l'orguf.il de croire que la religion dans laqublle ils sont nés, est la seule (1) VOil' notre livre intitulé. La N(lLtvellc Jérus'llem, d'l&près les enseignements d'Et Swédenbol'g. Ses progr'ès dans le monde, ses principes de droit di vin et leurs appli­
  • 51. 6 LE RÈONE OE OiEU vraie, au lieu d'é.voir assez d'indépendance d'es­ prit pour faire table rase de leurs croyances ir­ réfléchies, et de rechercher le ~ystème reli­ gieux qui s'adapte le mieux il l'esprit moderne par son caractère rationnel, ainsi qu'à la prati­ que de la vie sociale. Cependant, toutes le~ Eglises n'en ont pas' moins cette tendance heureuse de s'unir avec le progrès des temps dans un sentiment de frater­ nité genel'ale, car leurs doctrines se fusionnent, sinon dans leurs expreSSlOns quant aux formes externes du culte, très certainement dans les principes essentiels: ceux-ci se résument dans l'amour de Dieu et du prochain, sentiment qui trouve des applications de plus en plus étendues, dans les différentes branches des sciences so­ ciales; or, le but final de la religion, qui est loin encore socialement paI'lant,c1'être realisé dans notre civilisation moderne, est l'unité dans la va· riété, c'est-il·dire, la fraternité dans la liberté. 6. Le nouveau lègue de Dieu parmi les hom­ mes suppose, en effet, les mœUl'S de la frater'nilé dorlt l'absence est la seule cause qui cache, à nous autres modernes, la vraie solution de la question sociale. Mais ces mœurs nouvelles de la justice, de la liberté et de la fraternité supposent elles-mê­ mes, préalablement, cbez la généralité des homo mes, un accroissement de lumière suffisant pour déraciner de leurs cœllrs tout exclusi­ visme, tout fanatisme, tout esprit sectaire. Cette largeur de vues, ce libéralisme qui doit progressivement se substituer dans le bon sens public, à l'esprit etroit des Eglises sectaires et du fanatisme religieux, suppuse aussi une union des plus étroites entre la rèligion, la philoso­ cations sociales. Paris, t2, rue Thouio, à la Iibrail'Ïe de la Nou"clle Jérusalem.
  • 52. WR LA TERRE 7 phie, la science, l'économie sociale et les beaux­ arls, en un mot, une vue synthétique de toutes les branches des connaissances humaines. 7. Or, cotte union étroite et en mème temps cetie vue syothétique de toutes les branches des connaissances humaines, doit exister également chez les représent<'lllts de ces connaissances, et elle doiLs:operer de manière à etouffer tout ~­ prit sedaire, tout exclusivisme. Cherchons donc à dégager cette synthèse ou cette idée-mère qui doit leur servir de trait d'u­ nion. Dans ce bu"t,observons, en premier lieu, que celui qui, dans la recherche de la vérité, ne re­ connaît d'autre idéal que la science, et qui ne voit, en conséquence, que le fait matériel, abou­ tit fatalement au matérialisme. En effet, la science n'embrasse que les lois de la nature matérielle, et celles-ci sont susceptibles d'être connues seulement par l'aide de nos sens: Il eu résulte un danger pour nos savants modernes qui, lorsqu'ils ne reconnaissent comme vrais que les faits scientifiquement démontrés, tom­ bent dans le matérialisme, qualifié de natura­ lisme, ou encore qualifié dans sa forme la plus savante, Ile positivisme. Observons en second lieu, que celui qui, as­ pirant à un idéal plus élevé que le matérialisme, ne recherche cet idéal que dans la raison pure, celui-là abuutit falalement au rationalisme, et c'est là généralemeut récueil de l'esprit mo­ derne. Enfin, observons en dernier lieu que celui qui, aspirant à s'élever plus haut encore, ne 1'e­ cherclle son idéal que dans la connaissance lit­ térale de la vérité révélée sans vouloir s'aider, en même temps, de la philosophie et de la science, celui-là absorbe la philosophie et la science dans la superstition, et il aboutit au
  • 53. 8 LE RÈGNE DE DIEU mysticisme. C'était là l'écueil des écoles scho­ las tiques, contre lequel se heurtent encore trop souvent nos Eglises modernes. 8. La religion ne nous est révélée directement que par la littérature sacrée; elle formule des vérités telles que celles de l'existence de Dieu, et de son unité, qu'il nous serait impossible de découvrir par nous-mêmes, au moyen du se­ cours de la raison seule, ou de la science seule, car ces vérités révélées sont spirituelles et doi· vent être qualifiées de surnaturelles; elles constituent en effd, des principes qui dominent le monde matériel, planent au-dessus de lui et au-dessus de la science elle-même. Si donc la philosophie ou la raison pure ne peut pas nous servir à découvrir par nous-mê­ mes, ces vérités nouvelles que nous ne pouvons connaître qu'à mesure que nous apprenons à les dégager plus clairement des textes de la litté­ rature sacrée, elle peut, tout au moins. nous servir à leur donner droit de cité parmi les hommes de notre monde moderne, eu faisant ressortir leur caractère rationnel. La philosophie peut, en effet. par le moyen de la logique, nous servir à présenter rationnelle­ ment certai nes vérités clairement révélées dans le domaine religieux, ainsi à les rendre vrai- . semblables, et à leur imprimer un plus grand cêlractère de certitude. Ces vérités révélées qui se trouvent placées au-dessus de la raison humaine, et au-deS~lls de la science, ne doivent plus cependant, dans nos idées modernes, rester susceptibles de se trouver en opposition avec la raison ou avec la science, ainsi que cela a eu lieu jusqu'en ces derniers temps, par les inspiratIons d'un pou­ voir sacerdotal, intéressé à assoupir les cons­ ciences et à obscurcir les intelligences, afin de les dominer et de les asservir.
  • 54. SUR LA TERRE 9 Si, de son côté, la science seule ne peut nous servir il. découvrir par nous-mêmes les vérités révélées, bien qu'elles nousapparai&sentcomme susceptibles d'être présentées sous un jour rationnel, et même scielitifique, elle peut, ce­ pendant, servir à les confirmer scientifique­ ment, c'est-à-dire, dacs leurs applications maté· rielles, ou les plus externes, et même à les formuler ainsi par voie d'analogie. 9. A côté de la vérité révélée dans notre Bible écrite, ily a, en effet, la vérité révélée dans la BiLle de la nature, c'est-à-dire dans les signa­ tures mêmes des créations naturelles. Il en est question dans notre Bible écrite, car l'étude de son sens spirituel, nous initie à la science des correspondances entre les vérités spirituelles et les vérités naturelles, soit scien­ tifiques, soit simplement historiques. Celles·ci sont les signes, et celles·là, les choses signi­ fiées, Celles-ci sont des représentatifs et celles­ là les choses représentées. Cette science des cor· respondances ou cette symbolique sacrée nous manifeste les signes des vérités spirituelles au­ tant dans les fails de l'histoire sainte, autant dans les créations humaines que dans les créa­ tions divines. Elle nous initie en même temp::: aux lois de l'esthétique, c'est-à-dire à la science du beau, et en même temps elle nous fait tou· cher du doi gt l'erreur et la folie des artis tes qui prétendent faire de l'ad pour l'art, au lieu de voir dans les signatures des choses et dans les beaux.arts, le langage de la sagesse divine. La sagesse antique avait cette perception de la vérité que l'homme spirituel, par le moyen de ses facuItés rationnelles, voyait les choses spirituelles dans les sciences et dans les arts, de même qu'un homme se voit dans un miroir et s'y recoIJnait. 10. En somme, la philosophip doit nous ap­
  • 55. 10 LE RÈGNE DE DIEO prendre à être rationnels, religieusement par­ lant, tandis que la science doit nous enseigner, par voie d'analogie, à confirmer ell nous,la con­ naissance des vérirés spirituelles. La philo~ophie est donc destinée à servir de trait d'union entre la religion et la soience. De son côté, la science est destinee à servir de manteall à la religion, car elle nous présente dans les créations de la nature des harmonies et des beautés, que nous devons imiter ou répéter sous de Douvelles formes dans nos institutions sociales. L'esprit philosophique est une des tendances de l'esprit moderDl~; c'est celle de la civjlisa­ tion do l'avenir. Cet esprit n'accepte rien qui se présente comme contraire à 1:1 raison, mais son caractère libéral, fait qu'il accepte certaines vérités qui sont au-dessus de la raison humaine, parce qu'elles échappent à toute investigation scientifique, bien que, néanmoins, elles soient llusceptib!es d'être formulées rationnellement. En s'harmonisant avec la religion, la science évite de tùmber dans le matérialisme, et elle se transforme alors en sagesse, ce qui empêche, d'un autre côté, la religion de tomber dans le mysticisme. Or, l'un ou l'autre de ces deux mal­ heurs arrive, toutes les fois que la science et la religion, au lieu de s'harmoniser, vivent isolées, ou même opposées l'une à l'autre, ou encore lorsqu'elles sont abwrbées l'une par l'autre. 11. Le fait naturel ou matét'iel fait l'objet de la science. Or, la vérité de fait, peut être envisa­ gée tour à tour au point de yue du juste et de l'utile, au pointde vue purement scientifique et au point de vue purement esthétique. Il y a donc dans le seul fait matériel, à envisager le côté des sciences sociales, celui des sciences exactes et celui des beaux·arls. Les sciences sociales comprennent le juste et
  • 56. sun LA TSRRE 1'1 l'utile: il leur cal'act.èJ'e purement scientlflque et naturaliste, il faut donc ajoutel' uu élément moral de~tin.é à les t.ransformer eIl sagesse. Il ya, par conséquent, quatre points de vue de la vérité de fait ou de la vérité naturelle, qui fOI'ment les divisions générales, et en même temps la synthèse de toutes nos connaissances. Ces quatre points de vue de la vérité de fait, se lienl en tre eux corn me la fiu, la cause, les /fets premiers et les effets derniers: ou ellcore, commele bien, le vrai ,le bon ou l'ulile, eUe beau. La conclusion de ce qui précède, est que la religion, la philosophie et la science, doivent s'équilibrer mutuellement dans leurs applica­ ions social èS, et qu'elles ont chacune leurs li­ mites respectives, tracées d'avance dans les idées universelles du bien, du vrai, et du fait, c'est-à-dire, de la fin, de la cause et dos effets. Ce n'est pas à dire que le bien, le vrai et le fait, ne concourent pas à la fois à la réalhation pratique des principes soit religieux, soit phi­ losophiques, soit scientifiques, mais c'est à dire, que la religion envisage les choses plus essentiellement au point de vue du bien en lui­ même, que la philosophie les envisage plus essentiellement au point de vue du vrai dans ses dérivations rationnelles, enfin que la science envisage les choses au poi nt de vue du fait matériel, vu en lui-même. Il ya donc à la fois de la religion, de la phi­ losophie et de la science dans chacun de ces trois domaines de la pensée humaine; seule­ ment, il y a, pour la distinction ùe la sphère respective de chacune de ces branches du sa­ voir humain, la religion proprement dite, la philosophie proprement dite et la science pro­ ment dite. 12. IL en résulte que les liens des différentes branches des connaissances humaines, sont
  • 57. i2 LE RÈGNE DE DIEU SUR LA TERRE aussi étroits que les liens fraternels qui doivant unir tous les hommes entre eux, comme les enfants d'un même Dieu. n en résulte encore que les hommes qui per­ sistent à vivre en castes isolées, dont les unes se réclament exclusivement de la religion, les autres aussi exclusivement de la philosophie, d'autres encore aussi exclusivement de la science seule, d'autres enfin, de l'utilité seule, vivent en réalité dans un état de barbarie et d'exclusivisme qui est le résultat nécessaire de leur caractère fanatique et sectaire. . De leur côté, les différentes Eglises qui vi­ vent isolées et opposées les unes aux autres, à cause de leurs différences théologiques, de ­ vraient s'unir au nom de leur principe commun qui est l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Elles devraient laisser de côté, à l'arrIère.plan, ce qui les divise pour rechercher de concert les principes théologiques qui leur sont communs, parce qu'ils serviront de traits d'union et d'ins ­ truments de réalisation des œuvres de charité et de fraternité sociales, pour l' enseigne men t gé. néral de la pratique de ces mêmes œuvres. Mais partout où l'esprit d'exclusivisme et de division persiste, contrairement à l'enseigne ­ ment de Jésus-Christ, qu'il a ainsi formulé: « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés, » (Matth. VII. 1) c'est la force qui prime le droit, et c'est la raison du plus fort que s'im­ pose toujours comme la meilleure. De là vient aussi que le règne de Dieu sur la terre, et que la solution de la question sociale, sont aussi loin de nous, que la connaissance du nou.vel Evangile social de l'Eglise et de la civilisation de l'aveair.
  • 58. CHAPITRE II La pratiqne des enseignements religieux SOMMAIRE 13, La religion qui est au-dessus du domaine de la ma­ tière, doit descendre et senlr à inspil'er même le lan ­ gage des affaires. - 14, Distinction à faire entre la f"tlternité et la wliJarité. - 15, Les Jois qui reglent d qui gouvernent la distribution des richesses, bien que purement scientifiques, dépendent d'une cause morale. Celle-ci est destinee à sc greffer SUI' la science qu'on nomme maintenant: wciologic, - 16, Les tendances démocratiques de l'csPI'it modeme nous conduisent à une évolution, qui tend à substituer le gouvernement "al' la justice au gouvernement par ia raison d'Etat. ­ 11, Parallèle entre la religion et le socialisme.- 18. Les Eglises ont eu une iDfiuence funeste SUl' l'enseignement des sciences sociales, tandis que leur mission est d'être les auxiliaires de cet enseignement. - 19. Le Chl'istia ­ nisme a eu cependant, celle influence heul'euse, de faire naître l'esprit de tolérance et de charité, qui s'est affi, mé dans nos mœUl'S, à partil' du dix-buitième siècle, mais il n'a pas su encore s'aff,'anchir de l'esprit sectaire, qui di­ vise les Eglises des di.tfèrentes Communion S.- 20. L'ex ­ périence enseigne que l'homme ne reç,oit la vérité qu'en proportion qu'il cst dans le bien: le bien désire le vrai, parce que celui-ci l'éclaire el l'équilibre dans ses appli­ cations à tous les actes de la vie sociale. 01', Jéms lUi dit: dans la loi qu'y a-t-il d'ecrit 1 Comment lis-lu En répondaut il dit : ~ Tu aime­ ras le Seignenr ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton àm~ et de toule ta force et de toute ta. pensée; et ton prochain comme toi-même, " Alors il lui dit: Convenablement tu as répondu, fais cela et tu vivras, (Luc. X, 26, 27, 28.) 13. Ce texte de l'Ecriture sainte forme le som­ maire de toute la Loi, et il pose le principe .2
  • 59. 14 T.A t'RATIQUE fondamental de toute religion. L'amour de Dieu et du prochain n'est pas seulament l'expression du sentiment de fraternité, qui Juit uuir tou~ les hommes dans leurs rapporls r.eligieux, mais cet amour est destiné, avec le progrès des mumrs et de la civilisation, à sa séculariser de ma­ nière à étendre ses ramificatIOns et ses arpli­ cations, à toutes les branches des scieuces socia­ les, ainsi qU'à tous les rapports du monde des affaires. Pour laïciser la religion, pour la seculal'iser, de manière à la rendr'e populaire, en familiari­ sant les hommes avec ses enseignements, il est nécessaire de montrer son cûté pratique et son adaptation à tous les acles de la vie sociale, particulièrement au langage même des affaires. On arrivera donc à se servir du langage des économistes, et des hommes d'affaires pour en­ seigner les vérités religieuses dans les actes, et de manière à manifester clairement le carac­ tère pratique de ces enseignements. i4.0bservons, à ce propos, que la fraternité, seul sentiment qui ait survécu à la décadence des Eglises du passé, appartient depuis un siècle à la devise républicaine, et qu'elle fait place, dans le langage économique, à la notion plus concrète de la solidarité. Ces deux expressions: la fraternité et la soli­ darité, s'emploient souvent l'une pour l'autre, bien qu'il soit ulile et même nèce::lsaire de les distinguer. En effet, la fraternilé existe en théo­ ris ou en principe dans nos aspirations poli ti­ ques, plutôt qULl dans nos mœurs et nos institu­ tions, taiHlis que la solidarité humaine, lors­ qu'elle est reconnue et admise, de manière à produire de bons, au lieu de mauvais résultats, suppose cette fraternité comme ayant pénétré jusque dans la pratique de la vie sociale. Si, au contraire, nous méconnaissons, dans la
  • 60. DES ENSEIGNEMENTS RELIGlEliX 15 pratique des affaires, cette solidarite sociale qui {aille fondement même de la science de l'économie poli lürue, nous suùissons des crises économiques et l1uuncièt'es, d'une manière d'autant plus crueUe, que l'esprit de fraternite a moiDS imprégné nos mœu)'s. On s'aper'çoit alors, au prix des souffl'ances et des misères sociales, que la solidarite s'im­ pose à lous, parce qu'elle fait retomber le mal des uns sur les autres, de telle sorte que tous les membres du corps social en souffrent, tan­ dis que (~ette mêm~~ solidarité sociale est, en réalité, destinée à étendre le bien de chacun à tous ou de tous à chacun. 15. La société se trouve ùonc en face d'un grand devoir à remplir: eelUl de découvrir le l'emède contre tout mal qui afflige l'individu, parce que ce mal tend a devenir social. Il faut, pOUl' cela, qu e la société trouve des procédés scientifiques, qui soient l'expression juste et en même temps l'inspiration du senti­ ment dé la solidarité fraternelle. Il s'agit donc, pour tous 1es hommes, de remplir un gl'and de­ voir religieux en même temp.> que social: celui de s'unir pour conjurer tout mat qui menace ùe de veuil' social. Le besoin d'uuiou dans ce sens se fait d'autant plus sentir, que les crises économiques pt finan­ cières se renouvdlellt plus fréquemment de nos jours. Or,observons que toutes nuisibles qu'elles soient, les maux qu'elles caus(~nt fiuisserit par avoir celte utilite salutait/e, de ré-eiller àans le cœul' des hommes l'esprit de justice qui y sommeillait, et ùe stLmuler en même temps le progrès des mœurs publiques. lIllles contribuent aussi à stimuter cet espl'H nouveau du monde mademe, rrni a soifde véritr. etrle justIce; elles contribuent, enOo, à accro'itre nÇ>S lu.mlères, li
  • 61. 16 LA PRATI~UE mesure que cet esprit nouveau s'inspire mieux du sentiment de la fraternité et de la solidarité humaines. Il y a donc lieu de conclure que les lois qui règlent et qui gouvernent la distribution des ri­ chesses, bien que scientifiques, dépendent d'une cause morale. Cette nouvelle science qui a surgi de l'étude de ces lois, et qu'on nomme« laso­ ciologie,» tomberait en décadence, en deve­ nant purement scientifique et matérialiste, si l'on n'avisait pas aux moyens de greffer sur tous ses éléments purement scientifi'lues un élément moral. Aussi, ce sentiment nouveau de douceur et de tolérance qui caractérise notre époque, et la distingue du fanatismereligi.eux desâges passés, réveille la conscience de l'homme moderne et le remue de manière à le préparer à se consa­ crer intérieurement, à un nouveau culte d'amour pour la vérité et lajustice, dans ses applications sociologiques encore méconnues. Les réformes sociales que le nouvel âge nous promet, ne s'obtiendront que par les efforts hé­ roïques de certaines individualités qui auront reçu la mission toute providentielle, de nettoyer ce qui reste encore des écuries d'Augias de l'an. cien monde: époque de tentation::;, époque de combats incessants pour déblayer le tert'~in, et permettre à l'esprit nouveau d'édifier des ins­ titutions rénovatrices, au lieu et place des an­ ciennes, tombées en pourriture. Ces individualités nouvelles, ces héros ou ces hercules de l'âge héroïque de l'avenir, qui fe­ ront (;e déblaiement de l'ancien monde, ne se­ ront autres que des personnes morales, car l'âge des héros individuels et des grands despotes est passé. Ces personnes morales et civiles en même temps, sous des forilles d'une variét' infinie de coopérations et d'associalions corpo­
  • 62. DES ENSEIGNEMENTS RELlGIEUX 17 ratives, rétabliront dans les sociétés humaines, le culte de la vérité et de la ju~tice, non plus seulement par de pures déclarations de prin­ cipe." mais par des faits sociaux et economiques, ainsi par la leçon même des choses. Ce culte nouveau de la vérité et de la justice doit avoir encore pour résultat de prévoir, au moyen de l'u 0 ion par l'association ou la coopéra­ tion,le mal produit par les crises économiques et financières, en conjurant les excès de la produc­ tion, les désastres de la concurrence et les abus de laconsommation, sources originaires des mal. heurs et des injustices qui assaillent les tra­ vailleurs. Les missionnaires de ce nouvrau culte, ne sont pas seulement des pasteurs proprement dits; ce sont aussi ceux qui, dans toutes les bran­ ches du travail humain, profitent de l'accrois­ sement général des lumières, et qui s'en ser­ veutpour contribuer à l'affranchissement des travailleurs de la misère, à leur relèvement par la diminution du nombre des heures du travail physique, afin de leur donner la jouissance libre des heures du travail de J'esprit. Ils leur prêcheron t le nouvel Evan gile social, qui doit grouper autour du drapeau de la fraternité, tous les hommes indistinctement. 16. Déjà on peut constater, à ce propos, un grand progrès de l'espri t moderne dans les gou­ vernements des nations: en effet. tout Etat mo­ derne s'éloigne de plus en plus de l'antique ten· dance, qui consistait à laisser a1,lxEglises ou à la classe riche le monopole de l'intluencp-. On vise maintenant à tout laïciser, à tout démocra­ tiser, en développant l'instruction desmasses,et particulièrement en ce qui concerne l'esprit, dont doivent s'inspirer les ingtitutions créées par l'initiative gouvernementale, ou qui appar­ tiennent à la direction de l'Etat.
  • 63. 18 LA PRATIQUE L'esprit ùes institutions tIc bienfaisa,nce doit·' également s'élargir, de manièt'e à devenir so­ cial, et à adoucir réellement les souffrances d la misère, de manière aussi à ne plus compren. dre le mot charité, autt'ement que comme syno­ nyme de fraternité et de justice. Dans nos idées mollernes, touLe vérite, pour être acceptable, doit avoir son utilité pratique, et cesser d'être présentée au nom Ù'llle autorité quèlconque qui prétend l'im poser; cette auto­ rité <loit ètrû assez aimable, et assez imprégnée de l'esprit de tolérance et de charité, pour se mettre à la portée de tous indlstinctement er. se rendant intelligible, et par suite, en presen­ tant 'tous une forme rationnelle toute doctrine dont elle se prévaut. c'est à cause de eette émancit)alion de l'es­ prit moderne de la tutelle de l'espdt sacer­ dotal ou de l'esprit purement autoritaire, que la yérilé religieuse doit deycnir susceptible d'être propagée en dehors de toule Eglise, et qu'ainsi elle doit se séculariser comme chose pratique et d'application sociale. Elle doit êlr acceptable, autant en dehors qu'en dedans des Eglises qui l'admettent comme article de foi. C'est là une éyolution sociale qui tend à sub­ stituer en toutes choses, le gouvernement par la justice au gouvernement personnol, qui prend le masque de gouvernement par la rai­ son d'Etat. La foi aveugle imposée par le pouvoir sacer­ dotal caractéri~e le mysticisme r~ligieux, Le gouvernement par 13 raison d'Elal. s'impose également aux sociétés humaines, en dehors de tout eSprit de juslice, et cal'actérise le mysti­ cisme poli tique ou le socialis me d'Elat. 17. Le Ohristianisme autoritaire ou clérical doit, de même que le socialisme d'Etat, se t!'all~­ former et subir la même évolulion dans le sellS
  • 64. IiES ENSElGNEMENTS RELIGIEUX 19 Uoéral, en se présentant sous (Jes formes ration­ nelles comprisos par la généralité des hommes . . On él sauvent opposé le socialisme à la reli. glOn, parce qu'on a montré le socialisme de même qu'on a montl'é la religion, sous un as. péet aulori,taire, soit comme mysticisme, soit comme moyen de gouvernement despotique. C'est ,par suite de ce (aux aspect, sous lequel on a etouffé leur c::.l.ractère essentiellement li­ béral, qu'on a prétendu, avec quelque apparence de raison, que la religion serait un jour détrôtlée par le socialisme, et qu'ainsi le socialisme ré­ ussirait à s'édifier sur les ruines du christia­ nisme. En réalité, ces dell,x, la religion et le socia­ lisme dans leurs tendances iibérales, ne devien­ dront possibles, pratiquement, qu'avec le pro­ grès des; mœurs, et aus~i à la condition seule­ ment d'être librement acceptés par la généra. lité (Jes hommes. Mais supposons ce progrès des mœurs de la li· berté réellement accompli, le chrbtianisme et le socialisme, de même que la fraternité et la solidarité humaines, deviennent tous les (Jeux aussi condliables qu'une théorie l'est avec la pratique rles principes au nom desquels elle existe. Ils sont oonc destinés, dans un avonir plus ou moins éloigné, à se fusionner l'un avec l'autre, par la raison même que la religion est r.on seulement la doctrine de la fraternité mais aussi la vie d'aprôs cette doctrine. Le christianisme, en effet, prêche la fraternité et la justice; celles-ci forment d'ailleurs le fon· dement essentiel de la vraie religion. Le socialisme, de sou côté, prétend imprégner de cette fraternité toutes les institutions poli­ tiques et sociales, ainsi que les mœurs pu­ bliques. Il s'ensuit que celui-ci ne peut se réaliser
  • 65. 20 LA. l'RATlQUE pratiquement sans le secours de l'influence de l'autre, et :llors il ne peut plus être sérieusement question de les substituer l'un à l'autre. La seule chose dont il puisse être question, c'est de les réformer de manière à les rappro­ cher l'un de l'autre, pour les rectifier d3.ns tous les points qui les rendent incompatibles ou qui les divisent, et pour les développer dans tous les points qui peuvent cimenter leur union. L'enseignement religieux et la pratique so­ ciale, une fois remis en harmonie l'un avec l'autre, celui·là dans ses principe:;:, celle-ci dans les actes, tous deux contribueront efficacement à l'avancement du règne de la fraternité et de la justice dans tous les rapports sociaux. Ils auront alors, l'un etl'autre, dépouillé tout esprit sectaire ou d'exclusivisme, et ils auront fondé, sur des assi:;:es inébranlables, la doctrine uni­ verselle de charité et de fraternité. Ce nouveau culte se manifestel'a dans les Eglises de toutes les communions par une va­ riété infinie de formes, et il sera cependant le culte d'une seule et même Eglise universelle, réellement catholique, laquelle sera caradé­ risée par le lien fédératif des E~lises de toutes l es communions. Ce développement de l'amour mutuel dans le cœur de la généralité des hommes, formera un nouveau droit divin, qui se transformera dans nos lois et nos institutions, en préceptes de droit positif humain. 18, Toutes les Eglises du passé ont eu leurrai· son d'être, quant à la variété de leurs formes de culte, mais elles ont cessé d'avoir leur raison cl 'être, quant à leur principe d'unité, l'amour de Dieu et du prochain, suivant qu'elles se sont plus ou moillg écartées de ce principe d'ori­ gine. Elle~ se sont écartées de l'amou[' de Dieu, en perdant la conception de l'unité de Dieu; elies .