scan en simple page // La Vraie Religion Chrétienne, Tome Premier, Numéros 1-462.
[ la Table des Matières, qui est au Tome Second, a été ajoutée par commodité ici en fin de volume ]
Page de titre : "Ab Emanuele Swedenborg, Domini Jesu Christi Servo" : "Par Emmanuel Swedenborg, Serviteur du Seigneur Jesus-Christ" ... ...
Abbé Guillaume OEGGER, Préface, et traduction de l'Allocution pastorale adres...
Em-Swedenborg-La-Vraie-Religion-Chretienne-TomePremier-Numeros-1-462-Le Boys Des Guays-1878
1. LA VRAIE
RELIGION CHRÉTIENNE
eoNTIiNA'iT
TOUTE LA TlIÉOLOGIE
DE LA NOUVELI.E .:GLISE
Prédite par le Sei~neur dans Daniel, VII, 13, 14; et dans l'Apocalypse, XXI, 1,2.
1'.11
EltIltIAlTIJEL S'''EDENBORG
Serviteur du Seigneur désus.()llrl.&
TRADUIT IjU LATIN
PAR J. F. E. LE BOYS DE8 GtJAY8.
Sur l'~;l!ilion princeps (Amsterdam, 1771).
SECONDE ÉDITION
TOME PH]~MIER
Paris
A la Librairie, 19, l'ue du Sommerard.
LOlulrl'.
SWEDENBORG SOCIBTY, ~6, Dloomsbury Street, V. C.
Ne,,,-l:'ork
NEW CnURGH BOOK.Il.OOIl, 20, Cooper Union.
1878
2.
3. LA VRAIE
•
RELIGION CHRÉTIENNE
cONTENA,,-r
TOUTE LA THÉOLOGIE
DE LA NOUVELLE ÉGLISE
Prédite par le Seip;neur dans Daniel, VII, t3, 1.4; et dans l'Apocalypse, XXI, t , 2.
P,11I
E]JI]JIA.~'lJE'" SWEDE~DOnG
Serviteur du Seigneur Jésus.Chrlst
TRADtJ IT DU LATIN
SAINT-AMAND (CHER). - IMPRIMERIE DE DESTENAY PAR J. F. E. LE BOYS DES GUAY8.
. Ruo LaCayolle, 70.
SUI'l'ÉJition princeps (Amsterdam, t77t).
SECONDE ÉDITION
TOME PRl~MIER
Pnrls
A la Librairie, Hl, rue du Sommerard.
LOlldrt's
SWEDIlNBORG SOCIIITY, 36, Bloomsbury Street, V. C.
New-York
NEW CHURClJ BOOK·-IloOll, 20, Cooper Union.
1878
4. -
LA VRAIE
1
RELIGION CHRÉTIENNE
CONl'IlNA~T
TOUT(Oj LA THÉOLOGŒ
DANIEL, VII, f3, H.
« Voyant je fus en visions de nuit, et voici avec les nuées des Cieux comme DU NOUVEAU CIEL ET DE LA NOUVELLE ÉGLISE
un FILS DE L'HOlUIE qui venait; et il Lui fut donué Domination, et Gloire et
Royaume; et tous les peuples, nations et langues Le serviront: sa Domination
(se7'a) une Domination du siècle, laquelle ne passera point, et sùn Royaume
(un Royaume) qui ne périra point. »
APOCALYPSE, XXI, f, 2, 5, 9, 10.
LA FOr ou NOnVEAU CIEL ET DE LA NOUVELLE EGLISE.
(( Moi, Jean, je vis un Ciel Nouveau et une Terre Nouvelle; et je vis la Ville;
la Sainte Jérusalem nouvelle, descendant de Dieu par le Ciel, parée, comme
une Fiancée omée par son Mari. Et un ADge lI1e parla, disant: Viens, je te j. La Foi dans la forme universelle et (lans la forme singulière
montrerai la FIANCÉE, DE L'AGNEAU L'ÉPOU6E; et il m'enleva en esprit sur uue est d'abord présentée, afin qu'clic soit comme la Face devant l'Ou-
montagne grtuvle et élevée, et il me monlra la Ville grande, la Sainte Jérusa- vrage, qui suit; afin aussi qu'ellc soit comme la Porte par laquclle
lem, descendant du Ciel d'auprès de Dieu. ),
« Celui qui était assis sur le Trône, dit : Voici, NOUVELLES TOUTES CHOSES lE
il ya entrée dans le Temple, el qu'elle soille Sommaire dans lequel
FAIS; et il me dit: Ecris, car ces paroles sont véritables et certaines. ,) chacune des choses qui suivent est contenue à sa manif~re. Il est dit:
La Foi du Nouveau Ciel et de la Nouvelle Eglise, parce que le Ciel
où sont les Ange~, et l'Eglise dans laquclle sont les Hommes, font
n'it~. comme l'Inlerne et l'Externe chez l'holllme; c'est de Iii que
l'homme Je l'Eglise, qui est dans le bien de l'amour d'après les vrais
dè la foi et dans lcs vrais de la foi d'après le bien de l'amour, est un
Ange du ciel quant aux inlérieurs de son mental; c'est mème pour
cela qu'après la mort il vient dan:; le Ciel, et y jouit oe la félicité
selon l'élat de éonjonclion de ce bien et de ces vrais. Il faut qu'on
sache que dans le Nouveau Ciel, qui est' aujourd'hui instauré par le
Seigneur, celte Foi en est la face, la porte et le sommaire.
2. LA FOI DU NOUVEAU CIEL ET DE LA NOUVELLE EGLISE DANS LA
I. 1
"
,.I~
5. 2 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 3
t'ORME UNIVERSELLE est celle··ci: Que le Seigneur de toute étemilé -dans l'ordre toutes les choses qui éLaient dans le Ciel, toutes
(ab œtemo), Qui est .fÊHovAH, est venu dans le Monde pour subju -e~lIes qui éLaient dans l'enfel', et toutes celles qui étaient dans
guer les Enfers et glorifier son Humain; que sans cela ancun mortel l'Eglise, parce qu'alors la puissance de l'Enfer l'emportait
n'aurait pu être sauvé; et que ceux qui croient en Lui sont salivés. sur la puissance du Ciel, ct que dans les Terres, la puissance
Il est dit: Dans la forme Universelle, car c'est là l'Universel de la ~u mal l'emportait sur la puissance du bien, et qu'en consé
foi, et l'Universel de la foi est ce qui doit être dans toutes et cha quence une damnation générale était à la porLe el imminente. Jého
cune des choses de la foi. C'est nn Universel de la foi, que Dieu est vah Dieu, pal' son Humain qui était le Divin Vrai, a enlevé cette
Un en Essence et en Personne, dans Lequel est la Divine Trinité, et Damnation qlli allait arriver, et il a ainsi racheté les Anges et les
qlle le Seigneul' Dieu Sauveur ,Jésus-C~lrist est ce Dieu. C'est un Uni· Hommes; ensuite dans son Humain il a uni le Divin Vrai au Divin
versel de la foi, que nul mortel n'anra'h pu êLre sauvé, si le Seigneur Eien, 011 la Divine Sagesse au Divin Amour, et ainsi il est retourné
ne ftH venu dans le Monde. C'est un Uni1ersel de la foi, qu'il est dans son Divin, dans Lequel il a é:é. de toule éternité, en même
venu dan,; le Monde pOUl' éloigner de l'homme l'Enfer, el qn'ill'a temps avec et dans l'Humain glorifié. C'est ce qui est entendu par
éloigné pal' des combats contre lui eL pal' des vicLoires remporLées .ce passage dans Jean: La Parole était chez Dieu, et Dieu était
.
sur lui; ainsi il l'a subjugué et l'a remis dans l'ordre et sons son
.
obéissance. C'est un Universel de la foi, qu'il estl"enu dans le Monde
la Parole; et la Parole Chair a été !aite. l> - 1,1, U. - Et
dans le Même: " Je suis issu du Père et je suis venu dans le
pour glorifier son Humain, qu'il a pris dllns le Monde, c'est-à-dire, .Jfonde,o de nouveau je laisse le Monde, et je m'en vais au
pOUl' l'Illiir au Divin a Quo (dont il procédait) ; ainsi il tient pour /Jère. " - XVI, 28. '-- El en outre par cè passage: « Nous sa
l'élel'nité !'Enfer dans .l'ordre eL sous son obéissance. Comme cela 4)ons que le Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intel
ne pouvait se faire que par les Tentations admises dans son Humain ',gence pOUl' que nous connaissions le Vrai, et nous sommes
jusqu'à la dernière de LouLes, eL que cette dernière fnt la Passion de 'o.ns le Vrai, dans son Fils Jésus-Christ: Celui-ci est le V1'ai
la Croix, c'est pour cela qu'il l'a subie. Ce sontlilles Universaux de Dieu et la Vie éternel/e. » - Jean, 1 EpîL. V, 20, 2i. - D'après
a foi en ce qui concerne le Seigneur. cela, il est évident que sans l'avènement du Seigneur dans le Monde.
De la pJrt de l'homme, l'Universel de la foi est qll'il croie au Sei .nul n'aurait pll être sauvé. Il en est de même aujourd'hui; si donc
gnenr, cù par croire en Lui, il se fait avec Lni ulle conjonc Lion par e Seigneur ne vienL de Ilouveau dans le Divin Vrai qui est la Parole,
lacluellc il ya Salvation : croil'e en Lui, c'est avoir la confiance qu'II ersonne non plus ne peut être sauvé.
sallVe; cL comme il n'y a que ceilli qui vit bien qui puisse avoir De la part de l'homme les Singuliers de la foi sont: 10 Qu'il ya
celle cOllfiance, il en l'ésulte que pal' croire en Lui il est entendu lm seul Dieu en qui est la Divine Trilllté, el que ce Dieu est le Sei
aussi vilTe clans le bien. Le Seigneur le dit aussi dans Jean: " C'est ~neur Dieu Sauveur ,Jésus-Chl'isl. 2° Que la Foi salvifique est de
la volonté du Pè?'e, que qmconqlle croit au Fils ait la vie éter oCroire en Lui. 3° Que les maux ne doivent pas êlre faits, parce qu'ils
nel/e. l>- VI, 40. - Et ailleurs: « Celui qui croit au Fils à la sont du diable et viennent du diable. 4° Que les biens doivent être
vie élemetle,o mais celui qui ne croit ,vas au Fils ne verra pas faits, parce qu'ils sont de Dieu et viennent de Dieu. 5° Et que les
la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » - HI, 36. biens doivent êLre faits pal' l'homme comme pal' lui-même, maïs
3. LA fOl DU NOUVEAU CIEL ET DE LA NOUVELLE EGLISE DA"S LA FOR~Œ qu'il doit croire que c'est d'après le Seigneur qu'ils sont chez lui et
SINGULl ERE est celle-ci: Que Jéhovah Dieu est l'Amour Même et lac faits par lui. Les deux pl'emiers appartiennent à la foi, les deux sui
Sagesse Même, ou qu'il est le Bien Même et le Vrai Même; et que vants à la charité, elle cinquième apparLient à la conjonction de la.
Lui-Même quant au Divin Vrai, qui est la Parole, et qui a été Dieu (lharité et de la foi, ainsi à la conjonction du Seigneur et de l'homme.
chez Dieu, est descendu et a pris l'Humain, dans le but de remell,'
6. 4, LA VRAIE RELIGION CHRÉTlENNE. 5
1ians son Opération, et enfin de la Divine Trinilé; et cela, afin que
ce qui a été dissipé soit rétabli, ce qui arrive lorsque la Raison hu
CHAPITRE PREMIER. maine, d'après la Parole et la lumière qui en provient, est convair.
eue qu'il ya une Divine Trinité, et que celle Trinité est dans le Sei-
DE DIEU CnÉATRUH. Joeur Dieu Sauveur .Jésus-Christ, comme l'Ame, le Corps et le Pro
{ cédant sont dans l'homme; et qu'ainsi reste en vigueur ce passage
4. L'Eglise Chrétienne, depuis le temps du Seigneur, avait par dans le Symbole d'A lhanase, que dans le Ch1'ist, Dieu et l'Homme,
couru ses âges, de l'Enfance à l'extrême Vieillesse; son enfance fut OU le Divin et l'Humain, ne sont pas deux, mais sont dans une
à l'époque où les Apôtres vivaient et prèchaient dans lout le Monde.. seule Personne; et que, comme l'Ame 1'ationnelle et la Chair
]a Repentance et la Foi au Seigneur Dieu Sanveur; qu'ils aient prè $O"lt 'un seul homme, de même Dieu et l'Homme sont un seul
ché ces deux poinls, on le voit d'après ces paroles dans les Actes hrist,
des Apôtres: (( Paul attestait et aux Juifs et aux Grecs la Re
pentance enve1'S Dieu et la Foi en Notre Seigllew' Jésus·Clu'ist. »>
- XX, 2t. - Il est un fait mémorable, c'est. que le Seigneur a DE L'UNITÉ DE DIEU
convoqué, il y a quelques mois, ses douze Disciples, qui sont main
tenant des Anges, et les a envoyés dans tout le ~Ionde Spirituel,
avec ordre d'y prêcher de nouveau l'Evangile. parce que l'Egli~c_q~e: 5. Puisque la reconnaissance de Dieu d'après la connaissance
1~2eigneur avait instaurée par eux, est aujourd'hui tellemenl con u'on a de Lui est l'essence mème et l'âme de toutes choses dans
~~mée, qU'à peine en subsiste-t-il quelques restes; et que cela est toute la Théologie, il est nécessaire de prendre pour exorde l'Unité de
arrivé, parce qu'on a divisé la Divine Trinilé en trois Personnes,. .lJieu,. elle sera démontrée en ordre par les Articles suiv:mts:
dont chacune est Dieu et Seigneu l'; et que de là, il est découlé 1. Toute l'Ecriture-Sainte, et pa?' suite les Doctrines des Eglises
comme une frénésie dans toute la Théologie, et ainsi dans l'Egllse .Jans le Mondc Ch1'étien, enseignent que Dieu est un.
qui du nom du Seigneur est appelée Chrétienne; il est dit fl'énésie, Il. L'influx univC"l'sel dans les âmes des hommes est qu'il y a
parce que les ment31s humains ont été jl3r 1'1 poussés à un tel délire, .un Dieu, et qu'il est un.
qu'on ne sait p3S s'il y a un senl Dieu, 011 s'il yen a Irois; il n'yen III. De la vient que dans le Monde entier il n'y a ]Jas une
a qu'un dans le langage de la bOllche, mais il y en a trois dans la Nation, ayant une 1'eligion et une raison saine, qui ne 1'eC01t
pellsée du mental; le mental est donc en opposition avec la bouche, naisse Dieu et que Dieu est un.
ou la pensée 3vec le langage; de cellc opposition il résllite qu'on ne IV. Quel est ce Dieu un: les nations et les peuples ont eû
reconnait 3ucun Dieu; le Naturalisme qui règne aujoll·rd'hui n'a pas: t ont, d'ap,'ès plusiew's causes des opinions di/fé1'entes sur ce
d'autre ol'igine. Fais-en, si tu veux, l'examen: Quand la bouche dit point.
un, et que le mcnlal pense tl'ois, est-ce qu'en dedans 3U milieu du V. La raison humaine, d'ap1'ès un g1'and nomb1'e de choses
chemin l'un ne chasse pas ('autl'e,. et cela réciproquement? de là, à dans le Monde, peut percevoù' ou conclure, si elle le veut, qu'il
peine l'homme pense-t-il autremen't sur Dieu, s'il y pense, que·d'a 11 a un Dieu, et qu'il est un.
près le mot tout nu de Dieu, sans aucun sens qui enveloppe-Lille VI. S'il n'y avait pas un seul Dieu, l'Univers n'aurait pu ni
connaissance de DieU:- Puisque l'idée sur Dieu, avec toute notion ~tre créé, ni êt1'e conse1'Vé.
qu'on en peut avoir, a été ainsi dissipée, je vais dans leur ordl'e trai VU, L'homme qui ne reconnaît pas Dieu est excommunié de
ter de Dieu Créaleur, du Seigneur Rédempteur, et de l'Esprit-Saint ~Eglise, et damné,
..l..c
7. 6 LA. VRA.IE RELIGION CHRÉTIENNE, 7
VIII. Rien de l'Eglise n'est en cohérence chez l'homme qui et perçoit qu'il ya une sorte de folie à dire qu'il y a plusieurs dieux;
reconnaît, non un seul Dieu, mais plusieurs dieux. les anges ne peuvent pas ouvrir la bouche pour prononcer le mot
Chacun de ces Articles va être développé séparément. dieux, car l'aure céleste dans laquelle ils vivent s'oppose avec effort
6. 1. TOUTE L'ECRLTURE SAINTE, ET PAR SUITE TOUTES LES Doc ~ celle prononciation. Que Dieu soit un, l'Ecriture Sainte l'enseigne
TRINES DES EGLISES DAXS LE MONDE CURÉTIEN, ENSEIGNEN'f QU'IL Y· Don-seulement universellement, comme il vient d'être dit, mais aussi
A UN DIEU, ET QU'IL EST UN. eu particulier dans un grand nombre de passages, par exemple, dflns
Si toute l'Ecriture Sainte enseigne qu'il y a un Dieu, ·c'est que ceux-ci: « Ecoute Israël: Jéhovah not1'e Dieu, J élzovalt est un, »
dans les intimes de celle Ecriture il n'y a absolument que DiQu~ _ Deuté,'. VI, 4, - Pareillement dans Marc, XIl, 29. - « Seu
c'est-à-dire, le Divin qui procède de Dieu, car elle a été dictée par lement en Toi est Dieu, et excepté .tIoi, il n'y a point de Dieu. »
Dieu, et de Dieu il ne peut procéder que ce qui est Lui-Même, et Esaïe, XLV, i4, 15. - « Ne suis-je pas Jéhovah? Et Y a-t-it
est appelé Divin; ce Divin est dans les intimes de l'Ecl'iture Sainte~ d'autre Dieu quP. Moi?» - Esaïe XLV, 20,21. - « Je suis
Mais dans les dérivés, qui sont au-dessous des intimes et qui en pro Jéhovah ton Dieu, et de Dieu outre Moi tu llereconnaÎlraspoinl. »
viennent, cette Sainte Ecriture a élé accolllodée à la perception (les _ Osée. Xlll, 4. - « Ainsi a dit Jéhovah, le Roi d'Israël: Je
Angeset des Hommes; dans ces dérivés il y a pareillement le Divin. (suis) te Premier et le Dentier, et excepté Moi point de Dieu. »
mais dans une autre forme, et dans celle forme il est appelé Divin _ Esaïe, XLIV, 6. - « En ce jow,-tà, J élwvah sera pour Roi
Céleste, Divin Spirituel et Divin Naturel, Divins qui ne sont que des sur toute la terre; en ce jour-là, J éllOvalt sel:a un, et son Nom
enveloppes de Dieu, puisque Dieu Lui-Même, tel qu'il est dans les. un, )) - .Zach. XIV, 9.
intimes de la Parole, ne peut être vu par aucun être créé; car il (J 7. Que les doctrines des Eglises dans le Monde Chrétien ensei
dit à Moïse, qni demandait avec instance de voir la gloire de Jého ~nent que Dieu est un, cela est notoire; elles l'enseignent parce que
vah, que personne ne peut voir Dieu et.'ivre, il en est de même des. de la ·Parole sont tirées toutes les doctrines de ces Eglises; ces doc
intimes de la Parole, OÛ Dieu est dans son f:tre et dans son Essence: trines ont de la consistance en tant qu'on y reconnaît un seul Dieu
mai" néanmoins le Divin, qui y est intimement, et est enveloppé pal' non-seulement de bouche. mais aussi de cœur: quant à ceux qui de
des Divins ajusté" aux perceptions des Anges et des Hommes, brille bouche seulement confessent lin seul Dieu, et de cœur trois, comme
comme la Lumière à travers des formes cristallines, mais avec va cela arrive aujourd'hui chez un grand nombre dans le Christianisme,
riété, selon l'élat dl! mental, étaL que l'homme s'est formé ou d'après Dieu n'est pOUl' eux qu'110 simple mot prononcé pal' la houche, ct
Dieu ou d'après lui-même; devant quiconque a -formé d'après Dieu tout dogme Théologique n'est que comme lIne Idole d'or renfermée
l'état de son mental, l'Ecriture Sainte est comme un Miroir, dans dans une cassette, dont les Prélats ont seuls la clef, et quand ceux
lequel il voit Dieu, mais chacun le voit à sa manière; les Vérités ci lisent la Parole, ils n'y aperçoivent nulle part aucune lumière, ni
qu'on apprend pal' la Parole, et dont on s'est imbu en y conformant même que Dieu est UII ; la Parole pour eux est comme couverte de
sa vie, composent ce Miroir: d'après cela, il est d'abord évident, ratures, et entièrement voilée quant à l'unité de Dieu; ce sont
que l'Ecriture Sainte est la plénitude de Dieu. Que celte Ecriture eux que le Seigneur a dépeints dans Matthieu: « D'ouie vous
enseigne non-seulement qu'il y a un Dieu, mais aussi que Dieu est entend/'ez, et vous ne comprend/'ez point; et en voyant vous
un, on peut le voir par les Vél'ités, qui, ainsi qu'il a été dit, forment verrez, et vous ne discernerez point. Ils ont fermé leurs yeux,
ce Miroir, en ce qu'elles sont cohérentes en un seul enchaînement, de pew' qu'il n'arrive qu'ils voient des yeux, et que des oreilles
et font que l'homme ne peut renser de Dieu que comme étant un; de ils entendent, et que du cœur ils comp/'ennent, et qu'ils se con
là vient que tout homme, dont la raison a été imbue de quelque vertissent, et que je les guél'isse. )) - XIU, 14, t 5. - Tous ceux
sainteté d'après la Parole, sait comme de lui-même que Dieu est un'~ là sont comme ceux qui fuient la lumière, et qui entrent dans des
ri
8. 8 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 9
chambres sans fenêtres, tâtonnent autour des murailles et cherchent lI~anmoins un ~rand nombre qui pensent que sa Divinité a été divisée
oil sont les vivres et où sont les écus, et qui se font une vue comme ~n Plusieurs de même Essence, c'est parce que cet Influx, quand il
celles des hiboux, et voient dans les ténèbres; ils !>ont semblables à descend, tombe dans des formes non correspondanles,et que la
une femme qui, ayant plusieurs mal'Ïs, est une lascive courtisane forme elle-même le diversifie, comme cela arrive dans tous les sujets
non une épouse; ils sont semblables encore à une jeune fille.qui re- .(les trois règnes de la nature; le Dieu qui vivifie toute bête est Je
çoit des anneaux de plusieurs amants, (it qui, après le mariage, loue même Dieu qui vivifie tout homme, mais la forme récipiente fait que
ses nuits à l'ull et aussi aux autres. ta bête est bête et que l'homme est homme; de même il arrire à
8. II. L'I~FLUX UNIVERSEL, PROCÉDANT DE DIEU OANS LES AillES l'homme, quand celui-ci introduit dans son mental la forme d'une
DES nOMMES, EST QU'IL y A L'N DIEU, ET QU'IL EST UN. bêle: l'influx qui procède du soleil dans tous les arhl'es est semblable,
Qu'il y ait un influx procédant de Dieu dans l'homme, cela est Inais il est dh ersifié selon la forme de chaque arbre; il est sembla-
vl'ai d'après cet aveu général, que tout bien qui en soi e<;t le bien, ble pour le cep comme pour l'épine, mais si l'épine est greffée sur
et qui est dans l'homme et est fait par lui, vient de Dieu, et pa- le cep, cet influx eSl retourné et procède selon la forme de l'épine.
reillement tout ce qui ilppartient à la charité et tout ce qui appar .. Il en est de même dans les sujets du Règne minéral; la lumière qui
tient à la foi; car on lit: Un homme ne peut prendre rien, à
(1 influe dans uue pierre calcaire et dans un diamant est la même,
moins qu'il ne lui aIt été donné du Ciel. » - Jean, III, 27: Et mais elle brille dans celui-ci, et elle devient opaque dans celle-là.
Jésus a dit: « Sans Moi vous ne pouvez faire 1'ien. )l - ,Jean, Quant à ce qui concerne les mentaIs Humains ils sont diversifiés
XV, 5; - c'est-~-dire, rien de ce qui appartient à la charité et de 'Suivant leurs formes, qui au dedans sont spirituelles selon la foi en
ce qui appartient à la foi. Si cet influx est dans les ~'imes des hommes, Dieu et en mêllîe temps selon que l'on vit d'après Dieu, et ces formes
c'est pal'ce que l'âme estlïntime etle suprême de l'homme, et que l'in- deviennent brillantes et Augéliques pal' la foi en un seul Dieu, tandis
flux procédant de Dieu se fait!à, et descend de là dans les choses qui qu'au contraire elles deviennent opaques et bestiales par la foi en
sont au·dessous et les vivifie selon la réception: les Vrais qui appar· plusieurs Dieux, laquelle diffère peu de la foi en aucun Dieu.
tiendront à la foi influent, il la vérité, par l'ouïe, et de celte ma- 9. UL DE LA VIEXT QUE nANil LE MONDE ENTIER IL N'Y A PAS UNE
nière sont implantés dans le mental, ainsi an dessous de l'âme, mais NATION, AYANT UNE RELIGION ET UNE RAISON SaINE, QUI NE RECON-
I~homme par ces Vrais est seulement disposé à recevoir l'influ:< pro- NAISSE DrEU, ET QUE DIEU EST UN.
cédant de Dieu par l'àme, et telle est la disposition, telle est la ré- De l'Influx Divin dans les âmes des hommes, duquel il vient d'être
ception, et telle 3ussi la transformation de la foi naturelle en foi spi- parlé, il résulte qu'il existe chez chaque homme un dictamen interne
rituelle. Si l'influx, procédant de Dieu dans les cimes des hommes, (IU'il y a un Dieu, et qu'il est un: si cependant il en est qui nient
est que.Dieu est un, c'est parce que tout divin, pl'is lant universelle· Dieu et qui reconnaissent la Nature pour Dieu, et d'autres qui re-
ment que .singulièrement, est Dieu; et comme tout Divin est èohé- connaissent plusieurs Dieux, et d'autres aussi qui adorent des Simu-
I;ent comme une unité, il ne peut pas ne pas ins'pirer à l'hom me l'idée lacres comme dieux, c'est parce qu'ils ont bouché les intérieurs de
d'un seul Dieu; et celte idée est cOl'roborée de jour en jonr, selon Jeur raison ou de leur entendement pal' les choses mondaines et cor~
que l'homme est élevé par Dieu dans la lumière du Ciel; les Anges, porelles, et que par là ils ont effacé la primitive idée de Dieu ou l'i-
en effet, ne peuvent dans leur lumière se contraindre à prononcer dée de l'enfance, et rejeté alors en même temps de la poitrine sur le
le mot dieux; c'est pourquoi aussi leur langage 11 la fin de chaque <los la Religion. Que les Chrétiens reconnaissent un seul Dieu, mais
sens est, quant à l'accent, terminé en unité, ce qui ne vient d'autre de quelle manière, c'est ce qu'on voit clairement d'après leur Con-
part que de l'influx dans leurs âmes, qtle Dieu est un. Si, quoiqu'il fession Symbolique, qui est celle-ci: « La Foi catholique consiste
influe d.1ns les âmes de tous les hommes que Dieu est un, il y en a en ce que nous adorions un seul Dieu dans la T1'inité et la
_A _
9. iO LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. i{
Trinité dans l'Unité. JI y a trois Personnes Divines, le Père, raoppelés dieux, parce que dans chacun d'eux il y avait la divinité.
le Fils et l'Esprit Saint) et cependant ils ne sont pas trois iO. Toute Raison saine, quoique non religieuse, voit que toute
dieux, mais il y u un seul Dieu: autre est la Personne chose divisée, à moins qu'elle ne soit sous la dépendance d'une unité,
du Père, autre celle du Fils, et autre celle de l'Esprit se dissipe d'elle-même; ainsi se dissiperait l'Homme, composé de
Saint, et lew' Divinité est une, la Gloù'e égale et la ll'lajesté tant de membres, de viscères, d'organes de la sensibilité et du mou
Co-éternelle,. ainsi le Pèl'e est Dieu, le Fils est Dieu, et l'Esprit vement s'il n'était sous la dépendance d'une seule âme; et le Corps
Saint est Dieu,. mais parce que nous sommes !o1'cés d'après la lui-même, s'il n'était sous la dépendance d'un seul cœur. Il en serait
vérité Cll1'étienlle de reconnaître que chaque personne en pCl1' de même d'un Royaume s'il n'était gouverné par un seul Roi; d'une
ticulier est Dieu et Seigneur, il nous est cependant interdit par Maison, ~i elle n'avait un seul maître, et de toutes les fonctions, qui
la: Religion Catllolique de dire qu'il y a trois Dieta: et trois Sei sont en grand nomhredans chaque Hoyaume, si elles n'étaient pas
gneurs, » Telle est la foi Chrétienne $Ut' l'Unité de Dieu; mais on sous la direction 'd'un seul fonctionnaire. Quelle force aurait une
verra, dans le Chapitre SUI' LA DIVI1Œ TII:'IT~;, que dans cette Con Armée contre le:> ennemis sans un Général investi d'nn pouvoir su
fession la Trinité de Dieu et l'lJnité de Dieu sont incompatibles. prême et ayant sous ses ordres des officiers, dont chacun exerce son
Dans le Alonde, loutes les aulres Nations, qui ont une Heligion et droit sur les soldats? Il en serait de même de l'Eglise, si elle ne re
une raison saine, s'accordent à reconnaître que Dieu est un; tous les connaissait un seul Dieu; et aussi du Ciel Angélique, qui est comme
1
i Mahométans rlans leurs Empires; les Africains, dans plusieurs la tête de l'Eglise dans les terres, le Seigneur étant l'àme même de
1 Royaumes de leur Région; les Asiatiqucs aussi, dans la plupart des l'une et de l'autre, aussi le Ciel et l'Egliie sont-ils appelé5 son Corps;
111" • leurs; et en outre les Juifs d'aujourd'hui. Les Très-Anciens, dans s'ils ne reconnaissaient un seul Dieu, ils seraient l'un et l'autre
le siècle d'or, ceux chez qui existait la Religion, ont adoré un seul comme un corps inanimé, qui, n'étant utile à rien, serait rejeté et
Dieu, qu'ils nommaient JÉHOYAIl; il en a été de mème (les Anciens enseveli.
dans le Siècle suivant, arant la fondation des Empires monarchiques, H. IV, LES NATIONS ET LES PEUPLES ONT EU ET ONT, D'APRÈS
Il~
:lrcc lesquels les amours mondains et ensuite les <1I110urs corporels PLUSIEURS CAUSES, DES OPINIONS DIHÉRENTES sun LA QUALITÉ DE
commencèrent il fermer les supérieurs de l'entendement, qui aupa C.Il: DIEU UN.
ravant a"aient été ourerls, ct serraient alors de Temples et de Une première cause, c.'est qu'il ne peut y avoir connaissance de
Sanctuaires pour le culte d'un seul Dieu; loutefois, le Seigneur Dieu, Dieu, ni par conséquent reconnaissance de Dieu sans Révélation, et
afin de les ouvrir et de restaurer ainsi le culte d'un seul Dieu, insti qu'il n~y a connaissance du Seigneur, et par suite reconnais~ance.
tua une Eglise chez les descendants de Jacob, et il la tHe de tous les que clans le Seigneur habite corporellement toute la plénitude de la
préceptes de leur religion, il plaça celui-ci: cc Il n'y aw'a poil1t Divinité, que d'après la Parole, qui cst la Couronne des Hévélations;
d'au(1'e Dieu devant ma lace.» - Exod, XX, 3. - ,léhovah, car l'homme, quand une Révélation a été donnée, peut aller au-de
qui est aussi le nom qu'il $e donna de nomeau devant eux, signilie vant de Dieu et receroir l'influx, et par eonséquent de naturel deve
l:Ètre suprême et unique. de qui procède tout ce qui est el existe nir spirituel: or, une primitive Révélation a été répandue sur tout
dans l'univers. Les anciens Genlils ont reconnu pour sUIHème Jupi le globe, et l'homme naturel l'a pervertie de plusieurs manières; de
ter (Jovem), ainsi nommé peut-être de Jéhovah, el ont aussi attri là les écarts, les dissentiments, les hérésies et les schismes des reli
bué la Divinité à plusieurs autres qui composaient sa cour; mais. gions. Une seconde cause, c'est que l'homme Naturel ne peut rien
dans l'âge suivant, des Sages, tels que Plalon et Aristote, ont dé percevoir ni rien s'appliquer de ce qui concerne Dieu, mais peut
claré que ceux-là étaienl, non des Dieux, mais autant de pro senlement percevoir et s'appliquer ce qui concerne le Monde; aussi
priétr.s, de qualités et falributs d'un seul Dieu, lesquels furent. est-il dit dans les canons de l'Eglise Chrétienne que l'homme Natu
-~ ~
10. 1,2 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 'i3
rel est opposé à l'homme Spirituel, et qu'ils combattent l'un contre et qu'il est un. Mais pour illustrer ce sujet, je rapporterai ce MÉMO-
l'autre; de là vient que ceux qui, d'après une Parole résultant d'une RABLE du ~Ionde spi1'Ïtuel. Un jour, pendant que je m'entretenais
autre Révélation, ont connu qu'il ya un Dieu, ont eu et ont des opi- avec des Anges, il vint quelques Novices du Monde naturel; dès que
nions différentes sur la Qualité de Dieu et sur l'Unité de Dien. Ceux je les vis, je leur sou:Jaitai une heureuse arrivée, et leur racontai
donc de qui la vue du mental était sous la dépendance des seWi du SUI' le Monde Spirituel plusieurs choses qu'ils ignol'aient ; et, après
corps, et q1lj cependant voulaient voir Dieu, se sont formé desSimu- la conversation, je leur demandai quel savoir ils apportaient avec
lacres d'or, d'argent, de pierre et de bois, afin que sous ces simula- eux dul'lonJe sur Uieu ct sur la Nature. Ils me dirent: Voici notre
cres, comme objets de la vue, ils adorassent Dieu; et d'autres qui savoir, c'est que la Nature opèl'e toutes les choses qui se font dans
par religion avaient rejeté les simulacres, se sont représenté Dieu l'Univers Cré6, et que Dieu après la Création lui a donné et imprimé
par les Images dn Soleil et de la Lune, des Astres et de divers ob- cette faculté et cette puissance, Dieu les soutenant seulement et les
jets sur la terre; mais ceux qui s'étaient crus plus sagt:s que le Vul- conservant, afin qu'elles ne périssent point, c'est pourquoi toutes
gaire, et qui cependant étaient l'estés hommes naturels, ont, d'après les choses qui existent, naissent et l'enaissent SUI' la Terre sont attri-
l'immensité de Dieu et sa toute présence en créant le Monde, re- buées aujourd'hui à la Nature. Mais je répondis qlle la Nature par
connu pour Dieu la Nature, les uns dans ses intimes, et les autres elle-même n'opère rien, que c'est Dieu qui opère par la natul'e; et
dans ses derniers, et quelques-uns, afin de séparer Dieu de la na- comme ils demandaient un" démonstration, je leur dis: Ceux qui
ture, ont imaginé quelque chose de très-universel qu'ils ont nommé croient à la Divine opération dans chaque chose de la nature, peu-
l'Être de l'univel's; et comme ils ne savent rien de plus sur Dieu, venl, pal' un très-grand nombre de faits qu'ils voient dans le Monde,
cet Être devient chez eux un être de raison, c'est-à-dil'e, une chose se confirmer pour Dieu beaucoup plus que pour la Nature: ceux, en
de néant. Qui ne peut comprendre que les connaissances sur Dieu effet, qui se confirment pour la Divine Opération dans chaque chose
sont des miroirs de Dieu, et que ceux qui ne savent rien de Dieu de la nature, font attention aux Merveilles qu'ils aperçoivent tant
voient Dieu non dans un miroir tourné vers les yeux, mais dans un dans les Pl'oductions des Végétaux que dans celles des Animaux:
miroir retourné, ou par le dos qui est couvert de vif argent ou d'un Dans les PRODUCTro~S DES VÉGÉTAUX, en ce que d'une très-petite se-
noir gluten, et ne réfléchit pas l'image, mais l'étouffe? La Foi de mence jetée en terre il sort une l'acine, pal' la l'acine une tige, et
Dieu entre dans l'homme par le Chemin antérieur qui va de l'àme successivement des rameaux, des branches, des feuilles, des !leurs,
dans les supél'ieurs de l'entendement; mais les connaissances sur des fruits jusqu'à de nouvelles semences, absolument cOlllme si la
Dieu entrent par le Chemin postél'ieur, parce que l'Entendement Semence savait l'ordre de succession ou le procédé par lel1nel elle
les puise par les sens du corps dans la Parole révélée; et la rencon- doit se renouveler. Un homme rationnel peut-il penser que le Soleil,
tre des influx se fait au milieu de l'Entendement, et là la foi naturelle. qui est pur fell, sache cela, ou qu'il puisse insinuer à sa chaleur et
qui n'est qu'une persuasion, devient la foi spirituelle, qui est la re- à sa lumière de faire cela, et puissfl avoir en vue les usages? lorsque
connaissance elle-même; l'Entendement humain est donc comme un l'homme, dont le rationnel a été élevé, voit ces merveilles et les exa-
bureau de change da.ns lequel se fait la permutation. mine atlentivement, il ne pt:ut faire autrement que de penser qu'elles
1.2. V. LA RAISO~ Hu~rAINE, n'APRÈS UN GRAND NOMBRE DE CHOSES viennent de Celui dont la Sagesse est infinie, par conséquent de Dieu;
DANS LE MONDE, PEUT pERCEVOUl OU CONCLURE, SI ELLE LE VEUT, ceux. qui reconnaissent la D'ivine Opération dans chacune des choses
QU'IL y A UN DIEU, ET Qt:'IL EST UN. de la nature se confirment aussi en cela, quand ils les voient; ceux
Cette vérité peut être confirmée par d'innombrables cheses dans au contraire, qui ne la reconnaissent pas, les voient non pas avec les
le l'Ionde visible. En effet, l'Uni'ers est comme un Théâtre sur le- yeux de la raison dans le front, mais avec les yeux dans l'occiput;
quel se présentent continuellement des Témoignages qu'il y a tin Dieu, ce sont ceux qui tIrent des sens du corps toutes les idées de lel!r
11. 14 LA VRAIE RELIGION .CHRÉTIENNE. tE)
Pensée, et confirment les illusions des sens, en disant: Ne voit-on correspondent à la vie dans le dernier degré, laquelle met distincte
pas le Soleil opérer toutes ces choses par sa chaleur et par sa lu ment en acLion leurs parties les plus déliées. Puisque la vue de l'œil
mière? Ce qu'on ne voit pas, qu'est-ce que c'est? Est-ce quel1lue est si grossière, qu'un grand nombre d'insectes, avec les parties
chose? Ceux qui se confirment pour le Divin font attention aux MER jnnombrable~ que chacun renferme, apparaissent comme un petit
VEILLES qu'ils voient dans les PIIODUCTIONS DES ANIMAUX; et pour par point obscur, et que cependant ceux qui sont sensuels pensent eL ju
ler d'abol'd ici de celles qni sont dans les OEufs, ils y voient le petit gent d'après cette vue, on voit clairement combien leur Mental est
caché dans son germe, avec tout ce qui est nécessaire pour la for devenu épais, et par suite dans quelle obscurité ils sont sur les
malion, et aussi avec tout ce qui concerne l'accroissement après l'é choses spi l'iLuelles.
closion, jusqu'à ce qu'il devienne oiseau dans la forme de la mère. Chacun par les choses visibles dans la NaLure peut se confirmer
De plus, si l'on fait aUention aux Volatiles en génél'al, il se présente pour le Divin, s'il veul; et aussi sc confirme celui qui pense à Dieu
devant un mental, qui pense profondément, des choses qui pr.odui et fi sa Toute-Puissance en créant J'Univers, el à sa Toute-Présence
sent l'admiration, par exemple, en ce que dans les plus petits en le consenant; par exemple, lorsqu'il voit les Volatiles du Ciel;
comme dans les plus grands, dans ceux qui sont invisibles comme -chaque espèce connaît ses aliments eL sait oil ils sont, connaît ses
dans ceux qui sont visibles, c'est·à-dire, dans les plus petits insectes vareils au sou eL à la yue; et parmi les oiseanx, ceux-ci connais~ent
comme dans les oiseaux. et les animaux les plus grands, il ya les or leurs amis et leurs ennemis; ils savent sous les plumes le lieu de
ganes des sens, qui sont la vue, l'ouïe, l'odorat, le goùt ct le tou l'accouplement, ils forment des mariages, construisent avec art des
cher. et les organes des mouvements, qui sont les muscles, car ils 'nids, y déposent leurs œufs, les couvent, savent le temps de J'incu
volent et ils marchent; comme aussi les viscères adhérents au cœur baLion; est-il écoulé, ils fùnt éclore leurs petiLs, qu'ils aiment avec
et au poumon, qui sont mis en activité par les ceneaux. Ceux qui tendl'esse ; ils les réchauffent sous leurs ailes, leur prépal'ent des
attribuent tout il la nature voient, il est vrai, de telles choses, mais aliments, et/cul' donnent la becquée, ct cela, jusqu'il ce qu'ils soient
ils vensent seulemcnt qu'elles sont, et disent que la Nature les Pl'O en éLaL d'agir par eux-mêmes et de faire comme eux. Quiconque
eluit; et ils disent cela, parce qu'ils ont détourné leur menLal de veut penser fi l'influx Divin venant pal' le Monde spirituel dans le
touLe pensée sur le Divin; et ceux qui se sonL déLournés dn Divin, Monde naturel, peUL voir cet influx dans ces sciences; il peut aussi"
quand ils voient des merveilles dans la nature, ne peuvent y penser s'il le veuL, dire en son cœur: Le Soleil ne peut donnel' de telles
raLionnellement, ni à plus forte raison spirituellement, mais ils y sciences à ces "olatiles pal' sa chaleur et sa lumière, car le Soleil,
pensent sensuellement et matériellement, et alors ils pensent dans la d'oü la Nature tire son origine et son essence, est un PUI' Feu, ct par
natul'e d'après la nature et non au-dessus de la nature, différant seu suite les efflux de sa chaleur et ùe sa lumière sont absolument morts;
le.ment des bêLes en ce qu'ils jouissent de le rationnalité, c'est-à-dire et ainsi l'on peut conclure quc de telles choses viennenl de l'influx
qu'ils peuvent comprendre, s'ils l'eulent. Ceux qui se sont détournés Divin par le Monde spil'ituel dans les derniers de la nature.
de toutepensée HIl'leDivin, et son t par là devcnus sensuels-col'porels, Chacun par les choses visibles dans la NaLure peut se confil'meI"
ne pensent pas que la vue de l'œil est si grossière et si matérielle, Our le Divin, quand il voit les Vers, qui, d'après le plaisir d'un
qu'elle considère plusieurs petits insectes comme une seule chose Certain amour, sont po l'Lés et aspirent à changer leur état tenestre
obscure; et cependant chaque pelit insecte a été organisé pour sentir en un état qui est l'analogue de l'état célestc, et pour cela se traî.
et pour se mouyoir ; ainsi ils ne réfléchissent pas qu'il a été doué de nent dans des lieux convenables, s' enveloppen t d'une couverture,
fibres et de vaisseaux, de peLiLs cœurs, de canaux pulmonaires, de .et ainsi se meUenL dans un utérus afin de renaître, et là deviennent.
petits viscères et de cerveaux, et que ces organes ont été tissus des chrysalides, aurélies, nymphes, et enfin papillons; et quand ils ont
plus pures substances qui soient dans la nature, et que ces tissus subi la rtIétam6rphose et ont été, selon leur espèce, décorés d'ailes
1:",
~
12. i6 LA V~AIE ~., RELIGION CHRÉTIENNE. {7
magnifiques, ils 'olent dans l'air comme dans leur ciel, ils y folâ quables: d'après cela on peut voir que c'est en raison de l'Usage
j trent joyeusement, et forment des mariages, déposent des œufs, et rendu par elles au Genre Humain, qu'elles reçoivent de l'influx
pourvoient à leur postérité; et alors ils se nourrissent d'un aliment Divin par le Monde Spirituel une forme de gouvel'Oement, lelle
agréable et doux qu'ils tirent des fleurs. Parmi ceux qui se confir qu'elle existe chez les hommes dans les terres, ct même chez les
ment pour le Divin par les choses visibles dans la nature, est-iL Anges dans les Cieux. Quel est l'homme, pourvu d'une raison saine,
quelqu'un qui ne voie dans ces êtres comme une sorte tl'image de qui ne voie que de telles choses chez ces insectes ne viellnent pas
l'état terrestre de l'homllle, et dans ces mêmes êtres comme pa-' du monde Naturel? Qu'est-ce que le Soleil, d'oit provieut la Nature,
pillons une sorte tI'image de l'élat céleste? Ceux qlli se confirment a de commun avec un Gouvernemenl pareil et analogue au Gouver
pour la Nature voient,. il est vrai, ces merveilles; mais, comme ils nemen t céleste? D'après ces observations et autres semblables chez
ont rejeté loin d'eux l'état céleste de l'homme, ils les nomlllcnt de les bêtes brutes, celui qui reconnail et adore la Nalure se confirme
purcs opérations de la nature. pour la Nalure, tandis que celui qlli reconnaît et adore Dieu se con
Chacun par les choses visibles dans la Nature peut se confirmer firme pour Dieu, car l'homme Spirituel poit des choses spiriluelles,
pour le Divin, quantI il fait attention il. tout ce que l'on connait ùes et l'homme Naturel y voit des choses natnrelles, ainsi cllacull selon
Abeilles. Elles savent des roses et des fleurs recueillir la cire, en ce qu'il est lui-même. Quant il ce qui me concerne, de telles obser
sucer le miel, construire des cellules comme de petites maisons, et vations ont été pour moi des témoignages de l'Inllux procédant de
les ùisposer en forme de ville, avec des places par lesquelles elles Dieu par le Monde Spirituel dans le Monde Naturel. Qu'on examine
entrent et par Icsquelles élles sortent; elles oelol'ent de loin les si, au sujet de queh[ne Forme de gouvernement, 011 de fjlteltlue Lo~
fleurs et les herbes, doni elles recueillent la cire pOUl' la maison et civile, ou de quelque Verlu morale, ou de que!que Vérité spirituelle,
le miel pour la noul'riture; et, quaud elles en sont chargées, revo il est possible de pensel' analytiquement, à moius que le DÎ'jn, o'a
lent selon la plage vers leur ruche, et pourvoient ainsi à leur nonr près sa Sagesse, n'influe par le Monde Spirituel; quant il moi, cela
riture pour l'hivor suivant, comme si elles le prévoyaient: elles met m'a été e,t m'est impossilJle; j'ai, en effet, rem:lrqu0 cet influx
tent aussi a leur tète comme Reine une sou'eraine, par qui [a pos d'une manière pel'ceptible et sensible depuis vingt-six. anuées
térité doit être pl'Opagée, et pour qui elle~ construisent IIne sorte continuellement: j'en parle donc cl'aprè~ un témoignage cer
de palais au-dessus de leurs cellules, en plaçant des sentinelles tont tain.
autour: quand le temps de la ponte arrive, la Reine, accompagnée La Nature peUL-elle avoil' pou'r fin ['Usage, et disposer les usages
des satellites, qui sont nommés Faux-bourdons, va de cellule en dans des ordres et dans des fOl'mes ?I111'y a que le Sage qui le puisse;
cellule et pond des œufs, que la troupe qui la suit entoure d'un en et il n'y a qne Dieu, t'Il' Qui la Sagesse est infinie, qui puisse ainsi
ùuit, pOUl' qu'ils ne soient point altérés par l'air; de là pOlir elles ordonner et formel' ['Univers; qu el autre peut p:'évoir' ]Jour les
une race nouvelle: p~lIS tard, quand cette généralion est parvenue hommes ce qui est nécessaire il la nourrilnre et au ètcllle:ll, el y
à '~ige nécessaire pOlll' pouvoir faire [es mêmes travaux, elle est pounoir' ; à la nourriture, par les moi,;sons des champs el les frnils 1
chassée de la ruche; et d'abord l'essaim se réunit ell troupe, alln de la terre, et pûr les animaux, an=-. rètements, pal' ces prodnctions
que [a consociàtion ne soit pas rompue. et ensuite il s'envole pour de la terre et parces mêmes animaux? N'est-il p:lS :lU nonJ!Jre des
se chercher un dom icile: vers l'Automlle, ces faux.-bourdons, merveilles, que c~s vils insectes, que l'on nomme Vers il soie, four..
n'ayant contribué en l'ien li la récolte de la cire et du miel, sont mis nissent de vêtements et décol'cnt avec magnificence et les femmes
dehors et privés de leul's ailes, pour qu'ils ne reviennent pas et ne .et les hommes, depuis les Reines et les Rois jusqu'aux femmes de
consomment pas deS alimenls, à l'approvi:;ionnement de:;qnels ils .chambre et aux valels ; et que ces vils Insectes qne J'on nomme
n'ont coopéré en rien; sans parler de plusieurs autres faits remar· abeilles fournissent la cil'e pour la lumière qui remplit de splendeur
J.
2
lit..
13. 1 l t8 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 19
les Temples et les Palais? Ges choses et plusieurs autres sont des 11e peul avoir en vue lIne autre fin quc la Béatitude éternelle des
preuves existantes que Dieu de Soi-même par le Monde Spil'ituel hommes d'après son Divin, et sa Divine Sagesse ne peut produire
opère tout ce qui se fait dans la Nature. aurre chose que des us::ges qui soient des moyens pour cette fin;
A cela je dois ajouter que dans le Monde Spi ri tuel, j'ai VII ceux en examinant le llonde dans celte idée universelle, tout homme
qui, par les chos(!s visibles dans le Monde, s'étaient confirmés pour sage peut comprendre que le Créateur de l'Univers est un, et que
la Nature jusqu'à devenir athées, et que leur Entendement dans la son Essence est l'Amour et la Sagesse; c'est pour cela qu'il n'existe
Lumière spirituelle m'a apparu ouvert par le bas, mais fermé par pas d3ns le mon,de un singulier d3ns lequel il n'y ait de caché de
le haut; et cela, parce qlle pal' la Pensée ils ont regardé en bas près ou de loin un usage pour l'homme, soit pour sa nouniture
vers la terre, et non en haut vel's le Ciel: au-dessus du sensuel, qu i par les frnits de I~ Lerre et aussi par les animaux, soit pour son
est l'intime de l'entendement, il app3raissait comme un voile briI vêtement par ces mêmes choses. (Et, comme il a éLé dit, ) il est au
lanl1'3r le fcu infernal, chei quelques-uns noir cOlDme 13 suie, et nombre des merveilles que ces vils insectes, que l'on nomme Vers
ehez d'autres livide comme un cadavre. Que chacun se garde il soie, fournissent de vêLemenLs eL décorent a'ec magnificence et
ùonc des confirmations pour la Nature, mais qu'il se confi.'me pour les femmes et les hommes, depuis les Reines et les Rois jusqu'aux
Dieu; les moyens ne manquent pas. femmes de chambre et aux valeLs ; et que ces vils insectes, q1le l'on
,13. VI. S'IL N'Y AVAIT PAS UN SEUL DIEu, I;UNtVEIIS N'AURAll nOlllme Abeilles, fournissent la cire pour la lumière qui l'emplit de
PU tI l~TIE cntÉ, 'Xl J~TIlE CONSERVlL splendeur les Temples et les Palais. Ceux qui examinent dans le
, Si de 13 création de l'Univers on l'cut conclure l'unité de Dieu, Monde quelques objeLs singulièrement, et non le touL universelle
c'est parce (lue l'Univers est un Ouvrage cohérent comme un depuis ment dans la série dans laquelle sont les fins, les causes moyennes
les premiers jusqu'3ux del'niers, ct qu'il dépend d'un selll Dieu, tlesetfets, et qui ne déduisenL pas que la Création provient du
comme le corps dépend de son âme; l'Univers a élé créé ainsi, J)Ï"in Amour par la Divine Sagesse, ne peuvent p3S voil' que l'Uni
afin que Dieu puisse être tout-présent, ten il' sous son 3uspice toutes vers esL l'Oul'I'3ge d'un seul Dieu, ni que ce Dien habite ùans cha
et chacune des choses qui le composent, et le contenir perpétuelle cun des usages, parce qu'il est dans la fin. En effet, quiconque est
menL comme un, ce qui est conserver. C'e;;t aussi de là qlle Jchovah ~an5 la fin est aussi dans les moyens; car dans Lous les moyens il
Dieu dit qu'II est le Premier et le Dm'niel', le Commencement
Cl ra intimement la fin, qui meL en action et dirige les moyens. Ceux
et la Fin, l'Alpha et l'Oméga.» - EsaYe XLIV, 6. Apoc. 1,8, qui contemplent l'Univers non comme l'Ouvra.ge de Dieu ni comme
1i ; - ct ailleurs « Qu'il fait toutes choses; qu'il déploie les l'Habitacle de son Amoul' et de sa Sagesse, mais comme l'Ouvrage
Ciela; et étend ta TCr?'e par Lui-même. Il - ES3Ye, XLIV, 24. de la n3tureet comme l'Habitacle de la chaleur et de la lumière du
_ Ce grand Système, qu'on appelle l'Univer~, est un ouvrage co soleil, ferment les supérieurs de leur men Lai pOUl' Dien et ou
lJérenl comme un depuis les premiel';; jusqu'aux derniers, parce flue vrent les inférieurs de leur mental pour le diable,. et par suite dé
Dieu en le cr~ant a eu en vlle une seule Fin, qui a ét~ le Ciel an pouillent l'Humain et revêtent le bestial, et non-seulement ils se
gélique formé du Genre humain, et les Moyens pour celte fin sont croient semblables aux bêtes, mais ils le deviennent même; en effet,
., toutes les cllOses dont le Monde est composé; C31' qui vellt la fin ils deviennent des renards quant à l'astuce, des loups quant à la
veul allssi les moyens; celui donc qui contemple le Monde comme férocité, des léopards quant à la fourberie, des tigres quant à la
un Ouvrage qui contient les moyens pour cette fin, peut contempler cruauté, des crocodiles, des serpents, des hiboux et des choueltes
l'Univers créé comme un OUHage cohérent comme un, et peut voir quant à la nature de ces bêtes: ceux qui sont tels apparaissent aussi
que le Monde est un Enchaînement d'usages en ordre successif pOUL" de loin, dans le Monde Spi rituel, scmblables à ces animaux j l'a
le Geure Humain, dont se forme le Ciel Angélique; le Divin Amour Dlour de leur mal prend ainsi cette forme.
L
14. r ~
1
20 LA VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE. 21
14. VII. L'HOIUME QUI NE RECONNAIT PAS DIEU EST EXCOMMUNI!'t le peuple à robéissance aux lois de la justice, qui concernent la
DE L'ÉGLISE, ET DAMNÉ. Société; et en outre il pense que la Parole, d'après laquelle les mi
Si l'homme qui ne reconnaît pas Dieu est excommunié de l'Eglise, nistres parlent de Dieu, est un amas de rêveriés qu'on a, d'après
c'est parce que Dieu est le tout de l'Eglise, et que les Divins, qui fAutorité, rev~lu de Sainteté; que le Décalogue ou Catéchisme est
sont appelés Théologiques, fontlJEglise, c'est pourquoi. la négation un petit livre 'qui, après avoir élé usé par les mains des enfants,
de Dieu est la négation de toutes les choses de l'Eglise; et cette néga .doit être mis de côté, car il prescrit d'honorer les parents, de ne
tion elle-même l'excommunie,ainsi l'homme lui-mème s'excommunie,. point tuer, de ne point commettre adultère, de ne point voler, de
et Dieu ne l'excommunie point. Si cet homme est damné, c'est parce ne point faire de faux témoignage, et il n'est personne qui ne sadIe
qu'étant excommunié de l'Eglise,il est aussi excommunié dn Ciel; car ,oela d'après la loi civile: au sujet de l'Eglise, il pense que c'est
l'Eglise dans les terres et le Cielangéliquc fonl un, cOlllmtll'Interne seulement une l'éunion de gens simples, faciles à croir'e, et pusilla
et l'Extel'ne, et comme le Spil'ituel et le Naturel cllez l'homme; et nimes, qui voient ce qu'ils ne voient point: au sujet de l'homme et
l'hommc a été créé pal' Dien~ afin qu'il soit qnant à son Interne dans ·de lui-même comme homme. il pense de la même manière qu'au
le l'tIonde spirituel et qllant il son Externe dans le Monde naturel, sujet de la bête-; et sur la vie après la mort, de la même manière
par conséquent il a été créé indigène de l'lm et de l'auLre Monde, que sur la vie de la bête lorsqu'elle est morte. Ainsi pense son
afin que le spiritucl qui appartient au Ciel soit implanté dans le natu homme Interne, quelque différent ((ue soit le langage de son homme
rel qui appartient au ~Ionde, comme il anive pour une semencc qui Externe; car, ainsi qu'il a été dit, chaque homme a un Interne et
est mise cn Lerre, et qu',linsi l'homme existe et dure éternellement. un Externe, et son Interne constitue l'homme qui est appelé Esprit
L'homme ([IIi, par la négalion de Dieu, s'est excommunié de l'E -et qui vit après la mort, et son Externe, d'après lequel par mora·
glise, et pal' conséquent du Ciel, a fermé l'homme Interne chez lur lité il a agi en hypocrile, esl enseveli; et alors à cause de la néga
quant à la volonté, ainsi quant à son amour natif, cal' la volonté tion de Dieu il devient un clamné. Tout homme quant à son Esprit
de l'homme est le réceptacle de son amour ct en devient la demeure, ·est consocié à ses semblables dans le Monde Spirituel, et il est pour
toutefois, il ne peut fermer son homme Interne quant à l'Entende ainsi dire un avec eux; et il m'a été très-souvent donné d'yvoir
ment, car s'il le pouvail et le faisail, l'homme ne serait plus homme; dans le:' Sociétés les Esprits cI'hommes encore vivants, quelqueS-Ulis
mais l'amour de sa 'olonlé infalue par des faux les supérieurs de .dans des Sociélés angéliques, et quelques autres dans des Sociétés
l'Entendement; de lil.l'Entendement devient comme fermé quant infernales, el il llI'a aussi élé donné de pader pendant des jours
aux vrais quiappartieoneut à la foi et quant aux biens qui appar -entiers avec eux, et j'étais étonné que l'homme lui-même vivant en
tiennent il la charilé; ainsi il est cie plus en plus conlre Dieu et en eore dans son COI'PS n'en sÎlt absolument rien: par là je vis claire
même Lemps conlre les spiritucls cie l'Eglise; et par conséquent il ment que celui qui nie Dieu est déjà parmi les damnés, et qu'après
est excln de la communion avec les Anges clu Ciel; dès qu'il en a lamort il esl recueilli vers les siens.
élé exclu, il se met en cOllllllllnion avec les Satans de l'Enfer, et Hl. VIII. RIEN DE L'ÉGLISE N'EST' EN COHÉRENCE CHEZ L'HOMME
sa pensée fait un avec la leur, or tOIlS les Satans nient Dieu et pen 'Q{JIRECONNAITJ NON UN SEUL DIEU, MAIS PLUSIEURS DIEUX
sent follelllent de Dieu et cles spirituels de l'Eglise; il en est de Celui qui reconnaît de foi et adore de cœur un seul Dieu, cst dans
m~me de l'homme conjoint avec e1X ; lorsque ce1Jli-ci est dans son la communion cles Saints dans le5 terres et dans la communion des
Esprit, ce qui arrivc quand clans sa maison, livré il lui-même, il Anges dans les cieux; ces assemblées sonl dites communions, et
laisse dirigel' ses pensées par les plaisirs du mai el clu faux qu'il a elles le sont, parce que ceux qui les composent sont en un seul
conçus et enfantés chez lui, il pense alors de Dieu qu'il n'existe pas, Dieu, et qu'un seul Dieu est en eux; ils sont même en conjonction
mais que ce n'est qu'un mot qui'retentit dans les chaires pour lier ~vec le Ciel Angéliq'le tout entier, et j'oserai dire, avec tous et cha
...........
15. 22 LA VRA.IE
cun là, car ils sont taus comme les fils et les descendants d'un seul
rr
RELIGION CHRÉTIENNE.
Spirituel, qui parlaient entre eux des Trois Personnes Divines de
23
Père; leurs mentaIs. (animi), lenrs mœurs et leurs' faces sont si
.
toute élernité; ils avaient été Chanoines, et l'un d'eux Evêque; ils
milaires, ce qui fait qu'ils se connaissent mutuellement. Le Ciel An m'ab ordèrent, et après les avoir entretenus un instant du Monde
~élique a été coordonné en Sociétés selon toutes ies val'iétés de l'a Spirituel, dont aupal'avant ils n'avaient eu aucune connaissance, je
mour dn bien, variétés qui tendent à un seul Amour trè~.universel, leur dis: Je vous ai entendus p:lrler des trois Personnes Divines de
l'amour pour Dieu; par cet Amour ont été propagés tous ceux qui toute éternité: je VOliS prie de développer ce grand Mystère selon
reconnaissent de foi et adorent de cœnr un seul Dieu, Créateur de les idées que vous en avez prises Jans le Monde naturel d'où vous
l'univers, et en même temps Rédempteur et Régénérateur. Mais il êtes nouvellement venus: et alors le Pl'imat, me regardant, me dit:
en est antrement de ceux qui cherchent et adorent non un seul Il, Je vois que tu es laïc; j'ouvrirai donc les idées de ma pensée sur ce
Dieu mais plusieurs Dieux, soit que cela an'ive en ce qu'ils en ado grand Mystère, et je l'enseignerai. Mes idées ont été et sont encore
l'en t un de :lOuche et trois pal' la pensée, comme fon t dans l'Eglis6 que Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu l'Esprit Saint SOlft assis dans
d'aujourd'hui ceux qui distinguent Dieu en trois Personnes, et dé le Milieu du Ciel sur trois Siéges ou Trônes magnifiques et élevés;
clarent chaque Per~onne Dieu par elle-même, et attribuent à cha Dieu le Père, sur un Trône d'or lin avec un Sceptre dans la main;
cune des qualités séparées, ou des propriétés qui n'appartienoent Dieu le Fils, à la droite du Père sur un Trône d'argent très-pul'
point à une autre ; ce qui fait que non-seulement l'unité de Dieu avec une Couronne sur la tête; et Dieu l'Esprit Saint près d'eux sur
est en actuaïilé divisée, mais pareillement aussi la Théologie elle un Trône de cristal resplendi3sant, tenant une Colombe dans la
même et le Mental humain dans lequel elle doit être. Que rejaillit main; que tout autoul' d'eux, en triple rang, brillent par l'éclat des
il de là dans les choses de l'Eglise, sinon la perplexité etl'incohé pierres précieuses des lampes suspendues; et que loin de ce Cercle
renc~? Dans l'Appendice qui suivra cet Ouvrage, il sera démontré se tient une quantité innombrable d'Anges qui tous adorent et glo
Il que tel est l'état de l'Église d'aujourd'hui. C'est urie vérité que la rifient; qu'en outre Dieu le Père et son Fils s'entreliennent conti
division de Dieu ou de l'Essence Divine en trois Personnes, dont, nuellement de ceux qui dohent être justifiés, et qu'entre eux ils
,chacune pal' elle-même ou séparélHent est Dieu, conduit à la néga déterminent et décident quels sont dans les tClTes ceux qui seraient
tion de Dieu; c'est comme quelqu'un qui entredans un Temple pour dignes d'être reçus parmi les Anges et d'être coul'onnés de la vie
adorer, et qui voit sur l'Autel un Tableau repl'ésentant tin Dieu éternelle; que Dieu l'Esprit Saint, aussitôt qu'il a entendu pronon
comme l'Ancien des jOUI'S, un Second Dieu comme Souverain Pon cer leurs noms, se di1'Ïge promptement sul'1eglobe de la lerre vers
tife, el un Tl'oisième comme un Eole volant, el au-dessous cette eux, pOl'lant avec lui les dons de la justice, tout aulant d'assurances
iDscription : Ces tl'(}is sont un Seul Dieu: ou peut-être comme si de salut pour ceux qu i doivent être justifiés, et dès qu'il arrive et
l'on y voyait l'Unité et la Trinité représentées comlM un homme qu'il souffle, il dissipe les péchés. comme un ventilateul' chasse la
avec trois Têtes sur un seul corps, ou avec trois corps sous une fumée d'une fournaise et la blanchit; il enlève aussi de leurs cœurs
seule Tête, ce qui est IIne forme monstrueuse; si quelqu'un entrait les duretés de la pierre et y porte les mollesses de la chair, et en
avec cette idée dans le Ciel, il en serait cerlainement précipité, lors même temps il renouvelle leurs Esprits ou leurs mentais, il les en
même qu'il dirait que la Tête ou les Têtes signifient l'Essence, et ~endre de nouveau et leur donne des p hysionomie~ enfantines; en
le Corps ou les Corps les Propriétés dislinctes. fin, il marque leurs fronts du signe de la croix, et Ics nomme élus
et fils de Dieu. Ce discours terminé, ce Primat me dit; C'est ainsi
" " ... " " que j'ai développé ce grand m)'stère dans le Monde; et comme la
(~f;A cequi vient d'être dit j'ajouterai un MEMORABLE: Je vis quel~ plupart des membres de notre Ordre y ont applaudi mes paroles,
ques Esprits, nouvellemQnL arrivés du Monde naturel dans le Monde ie suis persuad~ que tOi aussi, qui es laïc, tu y aloutes foi. Après
16. 24 LA VRAIE RELIGWN CHRÉTIENNE. 25
que le'Primal eut prononcé ces mols, je le regardai allentivement jamais possible d'ajouter foi? Qu'on puisse dire, non pas un seul
et en même temps les chanoines qui étaient avec lui, et je remar- Dieu, mais un sembl{lble Divin, cela peut êtl'e- illustré ainsi: De
quai qu'ils lui donnaient tous un plein assentiment, je commençai plusienrs hommes qui formeut ensemble un Sénat, un Consistoire
donc à répondre, et je dis: J'ai bien examiné l'énoncé de ta foi, et ~u un Concile, on ne pent pas dire qu'ils sont un seul homme; mais
j'en ai conclu qlle tn t'es fOl'mé et que lu retiens avec plaisir sur .quand snI' tOlites choses en général et en pal'ticulier il y a une seule
Dieu Trinm une idée absolument natul'elle et sensuelle, et même opinion, on peut dire qu'ils ont lin seul sentiment: on ne peut pas
matérielle, de laquelle r1écoule inévitablement l'idée de trois Dieux; dire non plus de tro:s diamants d'une même substance qu'ils sont
n'esl-ce pas penser sensuellement de Dieu le Pere que de l'asseoir ~ un seul Diamant, mais on peut dire qu'ils sont un quant à la subs-
sur un Trône avec un Sceptre dans la main; et du Fils, que de l'as- tance, et aussi que chaque Diamant diffère de l'autre par le prix se-
seoir ~UI' son Trône avec une Couronne sur la tête; et de l'Esprit ' 1011 le poids pl'Opre ; toutefois, il n'en est pas de même, s'il y en a
Saint, que tle le placel' sur le sien avec une Colombe dans la main. ( un seul et non trois~, Mais je perçois pourquoi vous dites que les
et de lui faire parcourir le globe de lateITe selon ce qu'il a entendu? trois Pe:-sonnes Divines, dont chacune par elle-même 011 en parti-
Et puisqu'une telle idée résulte de là, je ne puis ajoutel' foi il tes clliier est Dieu, sont UII seul Diell, et pou l'quoi 'OUS enjoignez à
paroles: en effet, dans mon enfance, je n'ai pu admettre dans mon .chaque membre de l'Eglise de pari el' aJE,si ;-ë'est pa~cëqn'Urïe R-ai-
melltal d'aull'e idée que celle O'UN SEUL DIEU, et comme je l'ai seule ~ son éclairée ct saine reconnait dans tout l'Univcl's qu'il n'y a qu'un
admisè et qne je la l'etiens, tout ce que tu as dit s'évanouit chez
moi; el alors j'ai vu que pal' le Trône sur lequel, selon l'Écriture,
1 s.eul Dieu, et qu'en conséquence vous sel'iez couverts de honte, si
'Vous ne teniez pas aussi le même langage; mais néanmoins quand
Jéhovah est dit s'asseoir; est entendu le Royal)me ; par le Sceplre VOUS pl'ononcez un selll Diell, quoique vo~s_'pe~~l~is, cette honte
et la Couronne, le Gouvernement et la Domination; par s'asseoir eependant ne retient pas ces deux mots dans l3. bouche, mais vous
{
à la dl'oite, la Toute-Puissance de Dieu par son Humain; et par les énoncezL'Évêque, après avoir enlendu ce que je venais de dire,
toules les choses qui sont dites de l'Esprit Saint, les Opérations de (se retira avec ses Chanoines, et en se retirant il se retourna, et vou-
la Di'ine Toule-Présence: prends, s'il te plaît, l'idée n'UN SEUL ) lut s'écrier: Il n'y a qu'un seul Dieu; mais il ne put, parce ql~§~
DIEU, roule-la bien dans ton Raisonnement, et tu saisiras enfin avec Ile,~~ée '::.etin~ sa lang~e, et,_alors il prononça .~_.QQ!lç~_L~urerte : ~
clal'lé que cela esl ainsi. Vous, il est nai, "ous dites ainsi que Dieu ) Yl!.yois Dieux. En "oyant cet etret_pl'odJgi~~x, les assistants écla-
est un, et cela, pal'ce que vous failes une el aussi indivisible l'Es- tèren:de ril'e et s'en allèl'ent.
. sence de ces Trois Pel'sonnes; mais.2.Q.!ls.n~. p,~tez pas,q~e
.2.1) Ensuite je demandai où je trouverais, parmi les Erudits, ceux
quelqu'un dise quece Dieu unique est llne seule Personne, vous vou- ,qui ont le plus depénétl'ation, et qui tiennent pour la Divine Tri-
liez au contr:lÎre qn'il y en ait trois; et -vous faiieSCela afin qüe nité divi~ée en trois Personnes: et il s'en IH'ésenta tl'Ois anxquels
l'idée de trois Diellx, telle, qu:Cst la vôtre, ne, périsse point; et vous je dis: Comment pouvez-vons diviser la Divine Trinité en Tl'ois
altl:fI)U('z aussi 'à ëhacun une propriété' séparée de la propriété de Pel'sonnes, et soutenir que chaqne Personne par elle-même 011 en
l'autre; n'est-ce pas de celte manière diviser votre Essence Divine? particulier est Dieu et Seigneur? Est-ce qu'ainsi la confession de
) Pnisqu'il en est ainsi, comment pou'ez-vous dil'e et en même temps bouche, que I!ie~st JI.n, n'est pas aussi éloignée de la pensée, que,
l pensel' que Dieu est un? Je vous le pal'donnerais, si vous disiez que leMidi est loin du Septentrion? A cela ils répondirent:, Elle n'en
le Divin est lin. Comment quelqu'un, quand il entend dire: Le ,est nullement éloignée, parce que les trois Personnes onCUne Seule
Père est Dieu, le Fils est Dieu, l'Espri~.Saint est Dieu, -êi cha- ~e," et qûê'l~Divine Essel}.c~ est Die,ll; nous avons été -da-n;le
) que Personne en partlculier est Dieu, peut-il penser'qu'il n'y a Monde les Tuteurs de la Trinité des Personnes, et le Pupille dont
qU'uII seul Dieu? N'est-ce pas une contradiction à la(luelle il n'est llOUS avons géré la tutelle était notre foi, dans laquelle chaque Per-
17. "11
26 LA VRAIE Ir~ RELIGION CHRÉTIENNE. 27
so nne Divine a oblenu sa part; Dieu le Père a eu en partage d'iIn par conséquent il y a tl'~~~!!!?stances dans lesquelles vous partagez
puter et de donner'; Dieu le Fils, d'intercéder· et d'être médiateur, l'Essence Divine, et cependant celle Essence, comme vous le 'dites.
et Dieu l'Esprit Saint, d'effectuer les usages de l'Imputalion et de aussi, est imp~tagea!le, parce qu'élie: est une et indivisi6le; et de
la médiation. Mais, ai-je demandé, qu'entende~-vous par Divine plus à chaque substance, c'est-à-dire, à chaque Personne, vous
Essence? Ils répondirent: Nous entendons la TOl~le-Plljssance, la attribuez des propriétés qui ne sont point dans une autre, et qui ne
T oule-Science, la TOllle- Présence, l'Immensité, }'Elernité, l'Ega peuvent point non plus être communiquées à une autre, savoir,
lité de Majesté. Alors je leur dis: Si cette .!j:ssence fait de plu~ieurs. l'Imputation, la Médiation et l'Opération; alors que résulte.:~:-il de
Dieux Un Seul, vous pouvez encore en ajouter plusieurs, par exem là, sinon que les trois Personnes sont (rois Die~_x? A ces mots, ils
ple, un qualrième dont il est parlé dans Moïse, dans Ezcchiel et se retirèrent, en disant: Nous agiterons ces queslions; et après
dans Job, et qui est appelé Dieu Schaddaï; c'est ainsi que, dans la l'examen nous répondrons. Un sage, qui était présent, ayant en
Grèce et dans l'Italie, ont agi les Anciens, qui ont départi de pareils tendu cette discussion, leur dit: Je ne veux pas considérer ce sujet
allriulils et par conséqueut une semlJlahl~. esse!1ce il leurs dieux, ( sublime il travers des treillis si subtils, mais en dehors de ces sub
comme il Saturne, il Jupiter, à Neptune, il Pluton, il Apollon, il Ju I tilités je '~i~ dans une lumière claire que dans les idées de vOlre
non, il Diane, il .~linerve, et mèmeaussi il Mercure el il Vénus, mais
toujours esl-il qu'ils n'ont pu dire que tous ces dieux étaieutun
seul Dieu et vous aussi, qui êtes tl'ois, ct, cOlllme jë le perçois.
,d'une semblable érudition, et ainsi d'une semblable essencc-!Iuant
"1 àj'érudition, vous ne pouvez cependant vous combiner en un seul
, 1 pens~e il L~ ~r.ois Dieux; mais comme il y a pudeur à exposer ces
) idées devant le l'fonde entier, car si vous les publiiez, vous seriez
• ) appelés insensés.et fous, il importe donc, pour éviler l'ignominie,
1 que vous conJessiezQe bonche un seul Dieu. Néanmoins ceii trois
érudits qui tenaient avec opiniâtrelé à leur opinion, ne firent au
1homme érudit. Mais il ccs mols, ils se mirent à rire, en disant: cune attention aux parole~ du sage, et en s'en allant ils pronon
C'cst une plaisanterie: il en est tout autrement d;'I'EssencJl_Divine; çaient en murmurant quelques termes empruntés àla métaphysique;
celle-ci eslune et non Iripartie, et elle est indivisible et ainsi non ce qui me fit remarquer que celle science était le trépied d'où ils
divisée; lc p:Jrlage et la division ne tombent point en elle. LOI'squc voudraient donnel' des réponses.
j'ells entendu ces (Jaroles, je répliquai: Desrendonsdans cette arène,
et conlballons; el jc Icul' demand:Ji : Qu'ef!tendez-vous par le mot
Personne, et que signifie cellc eX(Jrcssion? El ils dirent: Le nom DU DIVIN tl'RE, QUI EST JÉHOVAH.
de Persollne signifie, 1/on ]Jas une partie ou une qualité dans
un autl'e, mais ce qui subsiste proprement; ainsi est_ définLle t8. Il s'agit d'abord du Divin Etre, et ensuile il sel'a tl'aité de la
mot Persollne par tous les Chefs de l'Eglise, et par nous avec eux. Divine Essence: il semble qu'il y ait entre les deux une identité
Et je di$: Est·ce !il la défini lion du mot Personne? Et ils répondi parfaite, mais toujours est-il que l'Étre est plus Universel que l'Es
rent: Oui. Ainsi, lellr dis-je, il n'y a aucune partie du Pere dans sence, car l'Essence suppose l'Étl'e, et c'est d'après l'Élre qu'il ya
le Fils, ni :Jllcune partie de l'ull et de l'autre dans l'Esprit Saint; l'Essence: l'F~tre de Dieu ou l'Étre Divin ne peut être décl'it, pal'ce
d'oil il résulte que chacun est maill'c de son arbitre, de son droit qu'il est au-dessus de tOlile idée de la pensée humaine; il n'y a que
et de son pouvoir, ct ainsi il n'y a rien qui conjoigne, sinon la vo le créé et le fini qui tombent dans celte pensée, mais l'Incréé et
lonté qui est prop"e il ch:Jcun, et par conséquent comlnùnicable l'Infini n'y tombent point, ni par conséquent l'Etre Divin: l'Être
selon le bon plaisir: les trois Personnes ne sont-elles_ pas ain_si Divin est l'Être même d'après lequel toutes choses sont, et qui doit
trois Dieux dislincls? Ecoutez Qncore: Vous' avez aussi' donné pour'". être dans toutes choses pour qu'elles soient. Une union plus com
défin it ion de la Personne, que c'est 'ce qui subsiste P!~prem~!lt; 1 pléte sur l'Élre Divin peut découler des Articles suivants:
.......
18. RELIGION CHRÉTIENNE, 29
28 LA VRAIE
mieret le Denziel', le Commencement et la Fin, l'Alpha et 1'0
I. Ce Dieu Un est appelé Jéhovah d'après l'Etre, par consé
méqa.» -Esaïe. XLIV, t6. Apoe.1.8, H, XXII, 13; - cequi
quent parce que Seul il Est, il a Été et il Sera, et parce qu'il
signifie Celui qui depuis les premiers jusqu'aux demiers est le
est le Pl'emier et le Dernier, le Commencement et la Fin, l'Al
lUème et l'Unique, de Qui toutes choses procèdent. Si Dieu est ap
pha et l'Oméga.
'Pelé l'Alpha et l'Oméga, le Commencement et la Fin, c'est parce
II. Ce Dim Un est la Substance même et la Forme même,
que l'Alpha est la Première et l'Oméga la Dernière Lettre dans
et les Anges et les Hommes sont des substances et des formes
l' Alphahel Grec, et par suile signifient toules choses dans le com
d'après LllÏ; et autant ils sont en Lui et Lui en eux, autant ils
plexe; cela vient de ce que chaque Lettre Alphabélique, clans le
sont ses l1nages et ses ressemblances.
Moncle Spirituel, signifie quelque chose, et qne les Voyelles, parce
III. Le Divin Et1'e est l'Etre en soi, et en même temps l'Exis
<iu'elles senent au son, signifient quelque chose de l'affection' ou de
ter en soi.
l'amour; de cette origine procède le langage Spirituel ou Angéli
IV. Le Divin Etre et Exister en soi ne peut pl'oduire un autr e
que, et aussi l'Ecriture dans le Monde Spirituel. Mais cela est un
Divin qui soit l'Etre et l'Existe, en soi, par conséquent un
Arcane jusqu'à présenf inconnu; il Ya, en effet, une Langue Uni
autre Dieu de même Essence n'est pas admissible.
verselle, clont sc senent tous les Anges et tous les Esprits, et qui
Y. La Pluralité des dieux dans les Siècles anciens et aussi
n'a rien de commun a'ec aucune Langue des hommes dans le
de nl)s jours n'a existé que parce qu'on n'a pas compris le Di
Monde; tout homme après la mort po~sède cette Langue, car elle
v,in Etre.
est innée dans chaque homme d'après la création; c'est pomquoi
Chacun de ces Articles va êlre expliqué séparémen L.
dans tout le Monde Spirituel chacun peUL comprendre ce que dit un
t9. 1. CE DIEU UN EST APPELt': JÉHOVAH D'APRÈS I:ETRE, PAR CON
autre: illll'a très-souvent été donné d'entendre parler celte Langue,
SÉQUENT, PARCE QUE SEUL IL EST, IL A ETÉ ET IL SERA, ET PARCE
et j'ai reconnu qu'elle n'a pas même de conformilé claus la plus pe
QU'IL EST LE PIŒMLER ET LE DEltNIER, LE COM~ŒNCE~IENT ET LA
FUi, L'ALPHA ET r:OMÉGA.
lÎle chose avec aucune Langue naturelle de la terre; elle en diffère
d'après son premier principe, qui consi~le en ce que chaque leure
Que Jéhovah signifie Je suis et l' Etl'e, cela est connu; et que
de chaqlle mol signifie quelque chose. C'eSl donc de là que Dieu est
Dieu dès les lemps très-anciens ait été ainsi appelé, cela est cons
tanl d'après le Livre de la CI'éation, 011 d'après la Genèse, où dans appelé l'Alplla et l'Oméga, ce qui signifie que depuis les premiers
le Premier Chapitre il est nommé Dieu, et dans le Second Chapitre jusqu'aux derniers il est le Soi-mème ct l'Unique, cie Qui Ioules
et dans les suivants, Jéhovah Dieu: et plus tard, quand les descen choses procèdent; mais sul' celle Langue et sur son Ecriture qui
dants d'Abraham issus de Jacob eurent oublié le nom de Dieu pen découlent de la pensée Spirituelle des Anges, voir dans le Trailé
dant leur résidence en Egypte, il leUl' fut rappelé à la mémoire; il de l'AMoun CONJUGAL N°S 326 il 329, et aussi dans ce qui sui t.
en est ainsi parlé: « ]Jfol:se dit ci Dieu: Quel (est) ton Nom? 20, 11. CE DIEU UN EST LA SCBSTANCE lIf:~lE ET u. FOR31E }IJbœ,
ET LES ANGES ,ET LES HOMMES SONT DES SUBSTANCES ET DES FOR}IES
Dieu dit: JE SUIS QUI (est) JE SUIS. Ainsi tu diras aux Fils d'Is
D'APRÈS LUI; ET AuTANT lLS SONT EN LUI ET LUI EN EUX, AFl'ANT
raël:Jr: Surs m'a envoyé vers vous; et tu diras: JÉHOVAH, LE
1LS SONT SES 111IAGES ET SES ImSSEMBLANCES.
DIEU de vos Pères, m'a envoyé vers vous: ceci est mon nom
pour l'éternité, et ceci mon Mémorial de génération en géné Puisque Dieu est l'Èlre, il est aussi la Substance; en effet, l'Elre,
ration. ), - Exod. III, 14, Hi. - Puisque Dieu Seul est .Ie Suis à moins qu'il n'y ait substance, est u'n être de raison, cal' la sub
et l'Etre, ou Jéhovah, il n'y a donc rien dans l'Univers créé (illi ne stance est l'êlre subsistant (eus subsistens) ; et celui qui est la sub
tire son être de Lui; mais comment? c'est ce qu'on verra ci -de~:;ous : stance est aussi la forme, car la substance, il moins qu'il n'y ait
la même chose est aussi entendue pal' ces paroles: c( Je suis le Pre forme, esl un être de raison; l'line et l'atllre peuvent donc se dire
19. r:""
30 LA VRA.IE J RELIGION CHRÉTIENNE. 31
de Dieu, mais en ce sens qu'il est la Substance unique, la SlIstance qui n'cst pas admissible dans l'lnfini qu'on nomme DE TOUTE ÉTERNITÉ
même, la Substance première, el la Forme unique, la Forme même, (ab œterno), et suppose aussi un autre Dieu, qui Est Dieu en soi,
la Forme première. QlIe celte Forme soit la Forme humaine même, ainsi sllppose Dieu de Dieu (Deus a Dea), ou que Dieu s'est formé
c'esl-à-dire que Dieu soit L'Homme lIême, donl toul est infini, c'est Lui-même, et ainsi ne scrait ni lncl'éé, ni lnfini, parce qu'ainsi il
ce qui a été démontl'é dans LA SAGESSE ANGÉLIQUE SUR LE DIVIN AMOUR s'est fini de lui-même ou d'après un autre. De ce que Dieu est n~tre
ET LA DIVINE SAGESSE, publiée à Amslerdam en 1763; il Y eSl de en soi, il s'cnsuit qll'il est l'Amour en soi, la Sagesse en soi, et la
même démontré qlle les Anges elles Hû~llnes sonl des subslances Vie en soi, el qu'il est le Soi-même de quoi toutes choses sont, et à
et des formes créées et organisées POUt' rr.c€voir les Divills qui in quoi loutes choses se réfèrent, pour être quelque chose; que Dieu
fluenl en eux par le Ciel; c'est pourquoi, dans le Livre de la créa soit la vie en soi, et ainsi Dieu, on le voit par les paroles du Sei
tion,ils SOlll appelés Images et Rcssem~)lances de Dieu, - Gen. J, gneurdans.lean, ch. V, 26; et dans Esale:« Moi JP.lwvah, je
~6, 2ï; - el ailleurs il est dit ~u'ils sonl fils de Dieu et nés de 1. fais toutes choses, déployant seul les Cieux, et étendant la
Dieu; n,ais, dans le cours de cel Ouvl'age, il sera démontré en plu Te/Te pal' Moi-même. - XLIV, 24. - Et il e~t dit (IU'il est Seul
sicut's endroits, qu'autantl'hommc vil SOIIS l'auspice Divin, c'est-à Dieu et qu'excepté Lui il n'y a point de Dieu.- Esaïe, XLV,
dire, se laisse condllire par Dieu, autant il devient de plus en plus 14, 15, 21, 22; Hosée, XIH, 4. - Si Dieu est non-seulement l'Etre
intérieuremenl l'image de Dieu. Si 1'011 ne sc forme pas de Dieu l'i en soi, mais aussi l'Exisler en soi, c'est parce que l'~;tre, à moins
dée qu'il eslla premièl'e Substance et la première Forme, et que sa qu'il n'Existe, n'est pas quelque chose; ct de même l'Exister, il
Forme esl la Forme Humaine même, les iIentals humains pem ent moins qu'il ne soit d'après l'Etre ; c'est pourquoi, l'un étant donné,
facilement introduire en eux des fantaisies comllle des spectres sur l'autre doit êlre donné; pareillement, si la suhstancc aussi n'a pas
Dieu Lui-Mème, SUI' l'origine des hommes, et. sur la Création du ·1Jne forme; de la Substancc, s'il n'y a pas forme, rien ne peut être
Monde; sur Dieu, n'avoir d'autre notion que comllle de la Nature dil, et cela n'ayant point de qualilé, n'esl rien en soi. S'il est
de l'univers dans ses premiers, ainsi comme de l'Etendue de la n'a dit ici l'I~lre et l'Exister, cl lion l'Essence et l'Existence, c'est
ture, ou comme du vide ou du néant; sur l'origine des hommes, parce qu'il faut distinguer entre l'Ètl'e ct l'Essence, et par suite en
n'en avoir que comme du concours forfuil des éléments dans la tre l'E>.istf'T et l'Existcnce, comme enll'e l'antérieur Cl le posté
forme humaine; slll'ia Création du Monde, s'imaginer que l'origine rieur; au Divin Ètl'e s'appliquent l'lnllnilé ct l'Éternité, tandis qu'à
de ses substances et de ses formes vient de points et ensuite de lignes la Divine Essence et à la Divine Existence s'appliquent le Divin
géométt'iques, qui, n'ayant aucune attl'ibution, ne sonl pal' consé Amour el la Divine Sagesse, et par ces deux-ci la Toute-Puissance et
quent rien en eux-mêmes; chez de tels hommes tout ('e qui appar la Toute-Présence,dont par conséquent il sera traiLé dans leur ordre.
tient à l'Eglise est commc le Styx, ou comme l'obscurité dans le 22. Que Dieu soit le Soi-Même, l'Unique et le Premier, qui est
Tartare. llommé l'r;;tre en soi ell'Exisler en soi, de qui procèdent toutes les
24. lU. LE DIVIN f~TRE EST L'ÈTRE EN SOI, ET EN MÊME TEMPS choses qui sonl et existent, c'est ce que l'homme Naturel ne peut
L'EXISTER EN SOI. nullement découvrir d'après sa ,'aison, car l'homme Naturel d'après
Si Jéhovah Dieu est l'Être en soi, c'est parce qu'il est Je Suis, le sa raison ne peut saisir que ce qui appartient à la nature; en effet,
a
Soi-même, rUnique, et le Premier, de toule éternité toute étemité, .ce qui appartient à la nature cad re avec son essence, parce qu'il n'y
par qui èst tout ce qui est· pour être quclque chose; c'est ainsi, et est entl'é rien autre chose depuis son enfance et sa jeunesse; mais
non ault'ement, qu'il est le Commencement et la Fin, le Premier et COlllme l'homme a été.créé pour être Spirituel aussi, parce qu'il doit
le Demier. l'Alpha el l'Oméga: on ne peut dire qu'il esl son Êlre vivre après la mOl'l et être alors parmi les Spirituels dans leur !'IIondc~
de soi, parce que ce DE SOI suppose un antérieur el ainsi le temps, ce c'est pour cela que Dieu dans sa Providence a donné une Parole.
JIl ~ . - - .
1