une plaidoirie que j'avais prononcée devant les assises de Paris
Aux assises de Paris Péché mortel
€2,00 - LE MONDE - Le Monde Interactif - 25 jan 1987
audience afin d'éviter les foudres de la présidente, Me Gérard Samet, lors de sa plaidoirie, a su faire pénétrer les jurés dans l'irrationnel : " Elle avait ...
Aux assises de Paris Péché mortel
Article publié le 25 Janvier 1987
Par PEYROT MAURICE
Source :
Taille de l'article : 589 mots
Extrait :
La culture arménienne n'est pas la seule à considérer les relations sexuelles hors mariage comme un péché. Mais cette notion est peut-être intense encore chez eux qui, déracinés, tentent après l'immigration de conserver la tradition. Ce péché et, surtout, la crainte d'un châtiment terrible de la part de son père ont conduit une jeune femme de vingt ans, Ani Abraham, devant la cour d'assises de Paris pour répondre du meurtre de son enfant nouveau-né, qui n'a vécu que quelques instants avant d'être jeté par la fenêtre du septième étage du 6, rue Albert-Bayet, à Paris-13e.
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Aux assises de Paris Péché mortel
Article paru dans l'édition du 25.01.87
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a culture arménienne n'est pas la seule à considérer les relations sexuelles hors mariage comme un péché. Mais cette
notion est peutêtre intense encore chez eux qui, déracinés, tentent après l'immigration de conserver la tradition.
Ce péché et, surtout, la crainte d'un châtiment terrible de la part de son père ont conduit une jeune femme de vingt ans,
Ani Abraham, devant la cour d'assises de Paris pour répondre du meurtre de son enfant nouveauné, qui n'a vécu que
quelques instants avant d'être jeté par la fenêtre du septième étage du 6, rue AlbertBayet, à Paris13e.
Venue en France à l'âge d'un an, Ani a subi ce qu'un témoin a appelé " le choc de deux cultures ". En décembre 1983,
ses parents l'ont fiancée, avec son accord, à un membre de la communauté arménienne, et le mariage a été fixé au 31
mars 1984. Mais, en janvier, la jeune fille a cédé à un fiancé qui se montrait entreprenant. " Vous dites que vous avez
été élevée sévèrement, mais vous couchez avec quand même ", remarquera sèchement la présidente, Mme Marguerite
Fouret, qui dirige, depuis le 16 janvier, la quatrième session de la cour d'assises de Paris. Devant tant de délicatesse, la
jeune femme, que tous les témoins désignent comme une personne extrêmement timide et très réservée, reste muette.
Mais voudraitelle parler que le magistrat l'interrompt : " Votre mère ne vous avait rien dit ? Et les revues ? Dans Marie
Claire on ne parle que de ça ? Et dans Cosmopolitan ? " Non, Ani ne lit que des romans et fait de la broderie. Elle sera
enceinte sans s'en apercevoir. Quand il a fallu se rendre à l'évidence, elle s'est confiée à son fiancé : " Je lui ai dit qu'il
fallait qu'on se marie. "
Un geste fou
Mais le mariage a tardé, pour des raisons économiques. Un soir, elle va se coucher plus tôt que d'habitude, et l'enfant
nait. Il pleure. Elle le calme, mais il se remet à pleurer. Ani est prise de panique, son père va se réveiller, la chasser, pire
peutêtre... Et c'est le geste fou : la défenestration. " Dans ma tête, j'ai eu peur que mon père me mette à la porte ", at
elle tenté d'expliquer.
Parmi les témoins, trop nombreux au goût de Mme Fouret, un ami de la famille, M. Joseph Terdjan a décrit l'état d'esprit
de la jeune femme : " Dans son enfance elle n'a cessé d'entendre les femmes plus âgées parler de ce qui arrivait aux
filles qui " tombaient ", avec des récits de massacres et d'assassinats. Dans notre culture, on n'essaie pas de convaincre
par la raison, on fait jouer la terreur. "
Comprendre n'est pas forcément excuser. Mais l'avocat général Charles Michon a semblé aussi hermétique que la
présidente aux propos des témoins. Pour le magistrat du parquet, c'est seulement " un crime contre nature (...), de ceux
que l'on ne peut pas comprendre (...), qui dépassent l'entendement... ". Mais il demanda une peine de cinq ans de prison
sans s'opposer au sursis partiel.
Contraint au silence pendant !'audience afin d'éviter les foudres de la présidente, Me Gérard Samet, lors de sa plaidoirie,
a su faire pénétrer les jurés dans l'irrationnel : " Elle avait fait tout ce qu'il faut pour qu'il vive et brutalement l'acte est
venu du fond des âges... ".
Libre sous contrôle judiciaire depuis les faits, Ani a épousé son fiancé et, vendredi 23 janvier, les jurés parisiens l'ont
condamnée à cinq ans de prison avec sursis.
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