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REVUE DE PRESSE
DRONES
JUILLET 2016
10//IDEES & DEBATS Mardi 1er
mars 2016 Les Echos
prospective SIRI CHINOIS
Le géant chinois du Web,
Baidu, progresse vite
dans la reconnaissance
vocale sur smartphone
et la traduction, explique
la « MIT Tech Review ».
http://bit.ly/1oSVowC
SUR
LE WEB
51 %
PLANÈTE MOBILE
Dans les pays émergents
et en voie de développement,
un habitant sur deux accède
à un smartphone, selon
Pew Research. Ils sont 87 %
dans les pays avancés.
pewrsr.ch/1Q5e2Yw
o
L’ INNOVATION
L’impression3D
enmodeliquide
Jusqu’à présent, l’impression d’objets
en 3D se faisait à partir de filaments
de plastique (pour les imprimantes
grand public), de poudres chauffées par un laser
(frittage) ou d’un liquide durci par un rayon
ultraviolet (photo-polymérisation). Dans tous
les cas, la fabrication ne pouvait se faire que
couche par couche. Mais, il y a un an, la start-up
américaine Carbon 3D avait présenté une
nouvelle méthode appelée CLIP (« continuous
liquid interface production »), dans laquelle une
résine photosensible est durcie en un seul bloc.
Spectaculaire et rapide (l’objet émerge d’un bain
de liquide en quelques minutes, au lieu
de plusieurs heures), cette technologie offrirait
aussi une meilleure qualité de finition, sans les
couches de matière plus ou moins visibles qui
caractérisent les impressions actuelles. Il sera
bientôt possible de vérifier si cette promesse
est tenue : la start-up française Sculpteo,
spécialisée dans les services d’impression 3D
via Internet, propose depuis ce mardi
la technologie CLIP à ses clients. Les objets sont
imprimés dans son usine de Californie, mais
expédiés dans le monde entier. Quant au coût,
il est supérieur d’environ 50 % à celui d’une
impression 3D classique par frittage. —B. G.
Qui n’a pas ressenti une angoisse
en allant faire des démarches
administratives à cause de règles
illogiques, d’informations peu claires, mais
surtout d’une absence totale d’empathie envers
l’usager ? Qui n’a pas grogné devant des sites
d’opérateur de services qui nous assomment
de publicité, pendant que nous cherchons
simplement à les faire fonctionner ? Si des
progrès ont été faits, notamment sur certains
sites de services publics, il n’en reste pas moins
que de nombreuses organisations publiques
ou privées sont avant tout centrées
sur elles-mêmes plus que sur les usagers.
Pourtant, le « design de service » est supposé
s’atteler à ces problèmes. Mais les grandes
entreprises sont plus fortes pour faire en sorte
que les gens aient envie d’un « produit »,
plutôt que de leur proposer un « produit »
qui leur convienne vraiment. Les méthodes qui
prétendent représenter les usages ne proposent
que des additions de cas particuliers irréels
et caricaturaux. Au final, les résultats de
ces démarches reflètent des compromis habiles
de gestion de la complexité, d’autopromotion
et d’expression des tensions internes
à l’entreprise au lieu d’un véritable service.
Des start-up comme le site de voyage Captain
Train semblent avoir fait ce constat. Né en 2009
de l’insatisfaction de ses fondateurs envers
Voyages-sncf.com, il s’est attaché à créer une
expérience simple, belle, bonne, fluide, élégante
et efficace pour le voyageur par sa conception.
Le numérique, relationnel par nature, doit
réinterroger sur la place donnée aux humains,
d’abord ; aux usagers, ensuite, et aux clients
en conséquence, plus que l’inverse.
Le monde pourrait donc se diviser entre, d’un
côté, ceux qui créeront des expériences fluides
et simples pour les gens ; et, de l’autre, ceux qui
se contenteront de gérer la complexité. Une fois
que le public aura goûté aux premiers, il n’est
pas certain qu’il puisse accepter de compromis
à son égard. Cette « simplicité by design »,
applicable à tous les secteurs, est peut être
un des secrets d’Uber que nous n’avons pas
forcement su voir, mais que tous les usagers
sont, désormais, en droit de réclamer.
Jean-Louis Fréchin est président
de l’agence NoDesign.
LA
CHRONIQUE
de Jean-Louis
Fréchin
Mettrel’humainau
cœurdesservices
Le drone livreur n’est pas pour demain
Fin 2013, l’annonce d’un service de livraison par drone émanant du géant
mondial Amazon avait créé le buzz sur Internet. Depuis, le groupe de Jeff
Bezos et plusieurs acteurs de la logistique ont annoncé des expérimenta-
tions et réalisé des vidéos souvent spectaculaires. Pourtant, dans leur étude
sur les drones à l’horizon de 2020-2025, les analystes d’Oliver Wyman n’ont
pas intégré ce scénario. Il faut dire que les obstacles sont multiples. Il y a
d’abord le rapport entre le poids du drone et la charge qu’il peut transpor-
ter, qui est de 1 à 5 dans le meilleur des cas : pour livrer un colis de 2 kilos, il
faut donc un drone de 10 kilos. Il y a ensuite un problème de réglementation :
il faudra sans doute des années avant que les drones soient autorisés à sur-
voler des habitations. Il y a enfin des verrous techniques, car les technolo-
gies de vol autonome (sans opérateur humain) et d’évitement d’obstacle de-
vront encore progresser. Sans même parler de l’autonomie... — B. G.
TECHNOLOGIE// Encore embryonnaire, le marché des drones professionnels devrait être décuplé
d’ici à 2020. Les applications de captation et d’exploitation de données vont devenir majoritaires.
Pourquoiladonnéeestl’avenirdesdrones
Benoît Georges
bgeorges@lesechos.fr
et Frank Niedercorn
fniedercorn@lesechos.fr
Aquoi ressemblera le marché des
drones civils à l’horizon 2020 ou
2025 ? Si la vision futuriste de dro-
nes de livraison remplaçant les coursiers a
frappélesesprits,lecabinetOliverWyman,
qui vient de réaliser une vaste étude pros-
pective sur ce thème, a préféré écarter ce
scénario (lire encadré ci-dessous). Pour
autant, le secteur des drones non militaires
devrait connaître une profonde mutation.
Silesproduitsdestinésauxloisirsdevraient
continuer leur progression, pour atteindre
2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au
niveau mondial en 2020, ils devraient être
largementdépassésparlesmodèlesprofes-
sionnels, estimés eux à plus de 4 milliards
d’euros. Et les activités de service, encore
peu développées, représenteront la moitié
decemontant.« Amesurequelemarchédes
dronescivilsmûrit,celadevientunmarchéde
services.Aterme,ceseramêmeunmarchéde
données », estime Guillaume Thibault,
associé du cabinet Oliver Wyman et auteur
de l’étude.
Depuis trois ans, le secteur des services a
été marqué par la progression des applica-
tions liées aux médias, comme les tourna-
ges de fictions et de reportages. Mais ce
domaine n’est plus appelé à se développer,
deplusenplusdedronesdeloisirspermet-
tantdesepasserderéalisateursprofession-
nels. « Les applications de prise de vues sont
déjà quasiment à maturité, affirme
GuillaumeThibault. Al’avenir,lavaleurqui
estaujourd’huidanslaproductionetl’exploi-
tation de drones va migrer vers des applica-
tions plus complexes et des capacités d’ana-
lyse plus sophistiquées. »
Selonl’étude,ledroneseradeplusenplus
utilisé comme un outil de numérisation
rapide et efficace, grâce au développement
et à l’intégration de différents types de cap-
teurs :lidar (télédétectionpar laser) pour la
modélisation 3D ou la topographie, tera-
hertz (ondes électromagnétiques) pour
l’inspection d’ouvrages, multispectral ou
hyperspectral pour l’agriculture, infra-
rouge thermique pour l’analyse des bâti-
ments… Autant d’informations qui seront
ensuite intégrées à des bases de données et
analyséesavecdestechniquesissuesduBig
Data,parexemplepourétablirdesmodèles
prédictifs ou des outils d’aide à la décision.
AuxEtats-Unis,lastart-upKespryaainsi
développé un service permettant aux
exploitants de carrières de surveiller l’état
deleursstocksgrâceàdesdronesautomati-
sés surveillant les sites pour les modéliser
en 3D. Dans les heures qui suivent l’inter-
vention, l’exploitant reçoit les estimations
de tonnage précises de la carrière. Redbird,
start-up française qui développe des algo-
rithmes de traitement des données issues
de drones civils, s’est alliée au fabricant
d’engins de chantier Caterpillar et a pris
pourslogan« Betterdata,betterdecisions »
pour s’implanter aux Etats-Unis.
En France, la division drones de SNCF
Réseau, qui compte 17 personnes, utilise
8 appareils. Employés au départ pour sur-
veiller les voies et empêcher les vols de
métaux,ilssontdeplusenplusutiliséspour
modéliser des portions du réseau, que ce
soitpourlamaintenanceouenprévisionde
travaux.« C’estdevenuunmétierdedonnées,
explique Nicolas Pollet, responsable du
pôle drones de SNCF Réseau. Aujourd’hui,
les “data scientists” représentent un peu plus
de la moitié de mon équipe. » Le drone vient
s’ajouter à d’autres moyens de numérisa-
tion du réseau, comme les satellites, ou un
train spécial équipé de scanners laser, qui a
déjà inspecté 10.000 km de voies sur les
30.000 que compte le réseau ferré. Les dro-
nes, qui ajoutent la vision aérienne, en sont
encoreloin(prèsde400km),maiscechiffre
est appelé à progresser à mesure que la
réglementation française, déjà l’une des
plus favorables aux drones, autorisera de
nouveauxtypesdevol,notammentpourles
longues distances.
Un enjeu pour les opérateurs
L’agriculture est également vue comme un
secteur prometteur. La société AirInov, née
en 2010 et dont Parrot a pris le contrôle en
2015, a survolé 100.000 hectares pour le
compte de 5.000 agriculteurs producteurs
de céréales. Première application, l’optimi-
sationdel’apportd’engrais.Grâceàsoncap-
teur développé avec l’Institut national de la
recherche agronomique, le drone rapporte
des images indiquant l’état de développe-
mentdesplantesenfonctiondeszones,afin
d’en déduire celles ayant besoin de plus ou
moins d’engrais. Les derniers modèles des
tracteurs étant équipés de GPS, la modula-
tion de l’épandage de l’engrais peut ensuite
se faire de façon automatisée. « C’est le cas
pour15 %denosclients,maiscelavaprogres-
seraufuretàmesurequeceux-cirenouvellent
leur matériel, assure Florent Mainfroy,
cofondateur d’AirInov. Sans parler de ceux
qui ne savent pas que le tracteur qu’ils vien-
nent d’acheter offre cette fonction. » Avec un
intérêt évidemment environnemental,
technique (l’excès d’engrais peut être
contreproductif) et financier.
La jeune entreprise présente ces jours-ci
un capteur de nouvelle génération sur le
Salon de l’agriculture, à la fois plus léger et
offrantenplusdesimagesréellesduchamp
à l’agriculteur. « Dans l’avenir, avec l’évolu-
tion de la réglementation et de la technologie,
on peut imaginer que l’agriculteur fera lui-
même ce genre de mesure », estime Florent
Mainfroy.
Laperspectivedeces masses dedonnées
à traiter n’a pas échappé à l’opérateur
Orange, associé à de nombreuses expéri-
mentations en compagnie d’opérateurs de
drones. « Un drone génère un nombre consi-
dérablededonnéesqu’ilfautsavoirtransmet-
tre de façon sécurisée, traiter, puis stocker.
Autant de métiers qui nous concernent. D’où
l’intérêt pour nous d’être présent d’un bout à
l’autreducycle,enappuidesopérateurs,pour
évaluer les besoins du marché et être prêt le
moment venu », analyse Luc Bretones,
directeur du Technocentre et directeur
d’Orange Vallée. D’autant que les volumes
de données à traiter ne vont cesser de croî-
tre, notamment à cause de la vidéo dont la
qualité ne cesse de s’améliorer. Consé-
quence, les drones commencent à traiter
l’image en temps réel afin de n’enregistrer
quecequiestpertinent.« C’estlecaspourla
supervision de pipeline : le drone parcourt
200kilomètresetnedéclenchelaprisedevues
qu’en cas de suspicion d’usure », précise Luc
Bretones. n
En chiffres
l 8,1 milliards d’euros
Le marché mondial
des drones en 2015.
A lui seul, le secteur
militaire en représente
la quasi-totalité
(6,8 milliards), suivi
par les modèles semi-
professionnels
(1 milliard d’euros).
Le marché des drones
civils professionnels
n’est que de
300 millions d’euros.
l 4 milliards d’euros
Le marché des drones
professionnels est
celui qui devrait
connaître la plus forte
progression dans
le monde (+ 1.300 %)
d’ici à 2020. A cette
date, les drones
militaires devraient
peser 9,2 milliards
(+ 135 %), et les semi-
professionnels
2,7 milliards (+ 270 %).
l 150 millions
d’euros
Le marché des drones
civils en France
en 2015. Il s’agit
en majorité
(90 millions)
de drones de loisirs.
l 88 millions d’euros
Le marché
de l’exploitation des
drones de loisirs en
France à l’horizon
2020. La surveillance,
la sûreté et
l’agriculture de
précision connaîtront
les plus fortes
progressions.
l De 25 % à 40 %
La part du marché civil
en France par rapport
au marché mondial en
2025, selon l’évolution
de la réglementation
et des applications.
(Source : Oliver
Wyman, février 2016)
Trois applications de Big Data pour les drones
L’agriculture de précision
En survolant les exploitations et en analysant
automatiquement les données captées par
l’appareil, il est possible d’optimiser l’apport
d’engrais ou d’herbicides. A terme, le drone
pourra dialoguer directement avec le tracteur.
Les relevés topographiques
Comment mesurer les stocks d’une carrière sans
intervention humaine ? L’américain Kespry utilise
des drones autonomes qui envoient les données
dans le cloud. L’exploitant de la carrière reçoit
un relevé quelques heures après leur passage.
La surveillance linéaire
Après trois ans de R&D, la SNCF utilise depuis
l’été 2015 des drones pour surveiller ses voies.
L’équipe dédiée se compose pour moitié de « data
scientists ». Objectif : modéliser l’intégralité du
réseau avec des drones, des trains et des satellites.
LydieLecarpentier/RÉA
IanHanning/RÉA
Kespry
10//IDEES & DEBATS Mardi 1er
mars 2016 Les Echos
prospective SIRI CHINOIS
Le géant chinois du Web,
Baidu, progresse vite
dans la reconnaissance
vocale sur smartphone
et la traduction, explique
la « MIT Tech Review ».
http://bit.ly/1oSVowC
SUR
LE WEB
51 %
PLANÈTE MOBILE
Dans les pays émergents
et en voie de développement,
un habitant sur deux accède
à un smartphone, selon
Pew Research. Ils sont 87 %
dans les pays avancés.
pewrsr.ch/1Q5e2Yw
o
L’ INNOVATION
L’impression3D
enmodeliquide
Jusqu’à présent, l’impression d’objets
en 3D se faisait à partir de filaments
de plastique (pour les imprimantes
grand public), de poudres chauffées par un laser
(frittage) ou d’un liquide durci par un rayon
ultraviolet (photo-polymérisation). Dans tous
les cas, la fabrication ne pouvait se faire que
couche par couche. Mais, il y a un an, la start-up
américaine Carbon 3D avait présenté une
nouvelle méthode appelée CLIP (« continuous
liquid interface production »), dans laquelle une
résine photosensible est durcie en un seul bloc.
Spectaculaire et rapide (l’objet émerge d’un bain
de liquide en quelques minutes, au lieu
de plusieurs heures), cette technologie offrirait
aussi une meilleure qualité de finition, sans les
couches de matière plus ou moins visibles qui
caractérisent les impressions actuelles. Il sera
bientôt possible de vérifier si cette promesse
est tenue : la start-up française Sculpteo,
spécialisée dans les services d’impression 3D
via Internet, propose depuis ce mardi
la technologie CLIP à ses clients. Les objets sont
imprimés dans son usine de Californie, mais
expédiés dans le monde entier. Quant au coût,
il est supérieur d’environ 50 % à celui d’une
impression 3D classique par frittage. —B. G.
Qui n’a pas ressenti une angoisse
en allant faire des démarches
administratives à cause de règles
illogiques, d’informations peu claires, mais
surtout d’une absence totale d’empathie envers
l’usager ? Qui n’a pas grogné devant des sites
d’opérateur de services qui nous assomment
de publicité, pendant que nous cherchons
simplement à les faire fonctionner ? Si des
progrès ont été faits, notamment sur certains
sites de services publics, il n’en reste pas moins
que de nombreuses organisations publiques
ou privées sont avant tout centrées
sur elles-mêmes plus que sur les usagers.
Pourtant, le « design de service » est supposé
s’atteler à ces problèmes. Mais les grandes
entreprises sont plus fortes pour faire en sorte
que les gens aient envie d’un « produit »,
plutôt que de leur proposer un « produit »
qui leur convienne vraiment. Les méthodes qui
prétendent représenter les usages ne proposent
que des additions de cas particuliers irréels
et caricaturaux. Au final, les résultats de
ces démarches reflètent des compromis habiles
de gestion de la complexité, d’autopromotion
et d’expression des tensions internes
à l’entreprise au lieu d’un véritable service.
Des start-up comme le site de voyage Captain
Train semblent avoir fait ce constat. Né en 2009
de l’insatisfaction de ses fondateurs envers
Voyages-sncf.com, il s’est attaché à créer une
expérience simple, belle, bonne, fluide, élégante
et efficace pour le voyageur par sa conception.
Le numérique, relationnel par nature, doit
réinterroger sur la place donnée aux humains,
d’abord ; aux usagers, ensuite, et aux clients
en conséquence, plus que l’inverse.
Le monde pourrait donc se diviser entre, d’un
côté, ceux qui créeront des expériences fluides
et simples pour les gens ; et, de l’autre, ceux qui
se contenteront de gérer la complexité. Une fois
que le public aura goûté aux premiers, il n’est
pas certain qu’il puisse accepter de compromis
à son égard. Cette « simplicité by design »,
applicable à tous les secteurs, est peut être
un des secrets d’Uber que nous n’avons pas
forcement su voir, mais que tous les usagers
sont, désormais, en droit de réclamer.
Jean-Louis Fréchin est président
de l’agence NoDesign.
LA
CHRONIQUE
de Jean-Louis
Fréchin
Mettrel’humainau
cœurdesservices
Le drone livreur n’est pas pour demain
Fin 2013, l’annonce d’un service de livraison par drone émanant du géant
mondial Amazon avait créé le buzz sur Internet. Depuis, le groupe de Jeff
Bezos et plusieurs acteurs de la logistique ont annoncé des expérimenta-
tions et réalisé des vidéos souvent spectaculaires. Pourtant, dans leur étude
sur les drones à l’horizon de 2020-2025, les analystes d’Oliver Wyman n’ont
pas intégré ce scénario. Il faut dire que les obstacles sont multiples. Il y a
d’abord le rapport entre le poids du drone et la charge qu’il peut transpor-
ter, qui est de 1 à 5 dans le meilleur des cas : pour livrer un colis de 2 kilos, il
faut donc un drone de 10 kilos. Il y a ensuite un problème de réglementation :
il faudra sans doute des années avant que les drones soient autorisés à sur-
voler des habitations. Il y a enfin des verrous techniques, car les technolo-
gies de vol autonome (sans opérateur humain) et d’évitement d’obstacle de-
vront encore progresser. Sans même parler de l’autonomie... — B. G.
TECHNOLOGIE// Encore embryonnaire, le marché des drones professionnels devrait être décuplé
d’ici à 2020. Les applications de captation et d’exploitation de données vont devenir majoritaires.
Pourquoiladonnéeestl’avenirdesdrones
Benoît Georges
bgeorges@lesechos.fr
et Frank Niedercorn
fniedercorn@lesechos.fr
Aquoi ressemblera le marché des
drones civils à l’horizon 2020 ou
2025 ? Si la vision futuriste de dro-
nes de livraison remplaçant les coursiers a
frappélesesprits,lecabinetOliverWyman,
qui vient de réaliser une vaste étude pros-
pective sur ce thème, a préféré écarter ce
scénario (lire encadré ci-dessous). Pour
autant, le secteur des drones non militaires
devrait connaître une profonde mutation.
Silesproduitsdestinésauxloisirsdevraient
continuer leur progression, pour atteindre
2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au
niveau mondial en 2020, ils devraient être
largementdépassésparlesmodèlesprofes-
sionnels, estimés eux à plus de 4 milliards
d’euros. Et les activités de service, encore
peu développées, représenteront la moitié
decemontant.« Amesurequelemarchédes
dronescivilsmûrit,celadevientunmarchéde
services.Aterme,ceseramêmeunmarchéde
données », estime Guillaume Thibault,
associé du cabinet Oliver Wyman et auteur
de l’étude.
Depuis trois ans, le secteur des services a
été marqué par la progression des applica-
tions liées aux médias, comme les tourna-
ges de fictions et de reportages. Mais ce
domaine n’est plus appelé à se développer,
deplusenplusdedronesdeloisirspermet-
tantdesepasserderéalisateursprofession-
nels. « Les applications de prise de vues sont
déjà quasiment à maturité, affirme
GuillaumeThibault. Al’avenir,lavaleurqui
estaujourd’huidanslaproductionetl’exploi-
tation de drones va migrer vers des applica-
tions plus complexes et des capacités d’ana-
lyse plus sophistiquées. »
Selonl’étude,ledroneseradeplusenplus
utilisé comme un outil de numérisation
rapide et efficace, grâce au développement
et à l’intégration de différents types de cap-
teurs :lidar (télédétectionpar laser) pour la
modélisation 3D ou la topographie, tera-
hertz (ondes électromagnétiques) pour
l’inspection d’ouvrages, multispectral ou
hyperspectral pour l’agriculture, infra-
rouge thermique pour l’analyse des bâti-
ments… Autant d’informations qui seront
ensuite intégrées à des bases de données et
analyséesavecdestechniquesissuesduBig
Data,parexemplepourétablirdesmodèles
prédictifs ou des outils d’aide à la décision.
AuxEtats-Unis,lastart-upKespryaainsi
développé un service permettant aux
exploitants de carrières de surveiller l’état
deleursstocksgrâceàdesdronesautomati-
sés surveillant les sites pour les modéliser
en 3D. Dans les heures qui suivent l’inter-
vention, l’exploitant reçoit les estimations
de tonnage précises de la carrière. Redbird,
start-up française qui développe des algo-
rithmes de traitement des données issues
de drones civils, s’est alliée au fabricant
d’engins de chantier Caterpillar et a pris
pourslogan« Betterdata,betterdecisions »
pour s’implanter aux Etats-Unis.
En France, la division drones de SNCF
Réseau, qui compte 17 personnes, utilise
8 appareils. Employés au départ pour sur-
veiller les voies et empêcher les vols de
métaux,ilssontdeplusenplusutiliséspour
modéliser des portions du réseau, que ce
soitpourlamaintenanceouenprévisionde
travaux.« C’estdevenuunmétierdedonnées,
explique Nicolas Pollet, responsable du
pôle drones de SNCF Réseau. Aujourd’hui,
les “data scientists” représentent un peu plus
de la moitié de mon équipe. » Le drone vient
s’ajouter à d’autres moyens de numérisa-
tion du réseau, comme les satellites, ou un
train spécial équipé de scanners laser, qui a
déjà inspecté 10.000 km de voies sur les
30.000 que compte le réseau ferré. Les dro-
nes, qui ajoutent la vision aérienne, en sont
encoreloin(prèsde400km),maiscechiffre
est appelé à progresser à mesure que la
réglementation française, déjà l’une des
plus favorables aux drones, autorisera de
nouveauxtypesdevol,notammentpourles
longues distances.
Un enjeu pour les opérateurs
L’agriculture est également vue comme un
secteur prometteur. La société AirInov, née
en 2010 et dont Parrot a pris le contrôle en
2015, a survolé 100.000 hectares pour le
compte de 5.000 agriculteurs producteurs
de céréales. Première application, l’optimi-
sationdel’apportd’engrais.Grâceàsoncap-
teur développé avec l’Institut national de la
recherche agronomique, le drone rapporte
des images indiquant l’état de développe-
mentdesplantesenfonctiondeszones,afin
d’en déduire celles ayant besoin de plus ou
moins d’engrais. Les derniers modèles des
tracteurs étant équipés de GPS, la modula-
tion de l’épandage de l’engrais peut ensuite
se faire de façon automatisée. « C’est le cas
pour15 %denosclients,maiscelavaprogres-
seraufuretàmesurequeceux-cirenouvellent
leur matériel, assure Florent Mainfroy,
cofondateur d’AirInov. Sans parler de ceux
qui ne savent pas que le tracteur qu’ils vien-
nent d’acheter offre cette fonction. » Avec un
intérêt évidemment environnemental,
technique (l’excès d’engrais peut être
contreproductif) et financier.
La jeune entreprise présente ces jours-ci
un capteur de nouvelle génération sur le
Salon de l’agriculture, à la fois plus léger et
offrantenplusdesimagesréellesduchamp
à l’agriculteur. « Dans l’avenir, avec l’évolu-
tion de la réglementation et de la technologie,
on peut imaginer que l’agriculteur fera lui-
même ce genre de mesure », estime Florent
Mainfroy.
Laperspectivedeces masses dedonnées
à traiter n’a pas échappé à l’opérateur
Orange, associé à de nombreuses expéri-
mentations en compagnie d’opérateurs de
drones. « Un drone génère un nombre consi-
dérablededonnéesqu’ilfautsavoirtransmet-
tre de façon sécurisée, traiter, puis stocker.
Autant de métiers qui nous concernent. D’où
l’intérêt pour nous d’être présent d’un bout à
l’autreducycle,enappuidesopérateurs,pour
évaluer les besoins du marché et être prêt le
moment venu », analyse Luc Bretones,
directeur du Technocentre et directeur
d’Orange Vallée. D’autant que les volumes
de données à traiter ne vont cesser de croî-
tre, notamment à cause de la vidéo dont la
qualité ne cesse de s’améliorer. Consé-
quence, les drones commencent à traiter
l’image en temps réel afin de n’enregistrer
quecequiestpertinent.« C’estlecaspourla
supervision de pipeline : le drone parcourt
200kilomètresetnedéclenchelaprisedevues
qu’en cas de suspicion d’usure », précise Luc
Bretones. n
En chiffres
l 8,1 milliards d’euros
Le marché mondial
des drones en 2015.
A lui seul, le secteur
militaire en représente
la quasi-totalité
(6,8 milliards), suivi
par les modèles semi-
professionnels
(1 milliard d’euros).
Le marché des drones
civils professionnels
n’est que de
300 millions d’euros.
l 4 milliards d’euros
Le marché des drones
professionnels est
celui qui devrait
connaître la plus forte
progression dans
le monde (+ 1.300 %)
d’ici à 2020. A cette
date, les drones
militaires devraient
peser 9,2 milliards
(+ 135 %), et les semi-
professionnels
2,7 milliards (+ 270 %).
l 150 millions
d’euros
Le marché des drones
civils en France
en 2015. Il s’agit
en majorité
(90 millions)
de drones de loisirs.
l 88 millions d’euros
Le marché
de l’exploitation des
drones de loisirs en
France à l’horizon
2020. La surveillance,
la sûreté et
l’agriculture de
précision connaîtront
les plus fortes
progressions.
l De 25 % à 40 %
La part du marché civil
en France par rapport
au marché mondial en
2025, selon l’évolution
de la réglementation
et des applications.
(Source : Oliver
Wyman, février 2016)
Trois applications de Big Data pour les drones
L’agriculture de précision
En survolant les exploitations et en analysant
automatiquement les données captées par
l’appareil, il est possible d’optimiser l’apport
d’engrais ou d’herbicides. A terme, le drone
pourra dialoguer directement avec le tracteur.
Les relevés topographiques
Comment mesurer les stocks d’une carrière sans
intervention humaine ? L’américain Kespry utilise
des drones autonomes qui envoient les données
dans le cloud. L’exploitant de la carrière reçoit
un relevé quelques heures après leur passage.
La surveillance linéaire
Après trois ans de R&D, la SNCF utilise depuis
l’été 2015 des drones pour surveiller ses voies.
L’équipe dédiée se compose pour moitié de « data
scientists ». Objectif : modéliser l’intégralité du
réseau avec des drones, des trains et des satellites.
LydieLecarpentier/RÉA
IanHanning/RÉA
Kespry
10//IDEES & DEBATS Mardi 1er
mars 2016 Les Echos
prospective SIRI CHINOIS
Le géant chinois du Web,
Baidu, progresse vite
dans la reconnaissance
vocale sur smartphone
et la traduction, explique
la « MIT Tech Review ».
http://bit.ly/1oSVowC
SUR
LE WEB
51 %
PLANÈTE MOBILE
Dans les pays émergents
et en voie de développement,
un habitant sur deux accède
à un smartphone, selon
Pew Research. Ils sont 87 %
dans les pays avancés.
pewrsr.ch/1Q5e2Yw
o
L’ INNOVATION
L’impression3D
enmodeliquide
Jusqu’à présent, l’impression d’objets
en 3D se faisait à partir de filaments
de plastique (pour les imprimantes
grand public), de poudres chauffées par un laser
(frittage) ou d’un liquide durci par un rayon
ultraviolet (photo-polymérisation). Dans tous
les cas, la fabrication ne pouvait se faire que
couche par couche. Mais, il y a un an, la start-up
américaine Carbon 3D avait présenté une
nouvelle méthode appelée CLIP (« continuous
liquid interface production »), dans laquelle une
résine photosensible est durcie en un seul bloc.
Spectaculaire et rapide (l’objet émerge d’un bain
de liquide en quelques minutes, au lieu
de plusieurs heures), cette technologie offrirait
aussi une meilleure qualité de finition, sans les
couches de matière plus ou moins visibles qui
caractérisent les impressions actuelles. Il sera
bientôt possible de vérifier si cette promesse
est tenue : la start-up française Sculpteo,
spécialisée dans les services d’impression 3D
via Internet, propose depuis ce mardi
la technologie CLIP à ses clients. Les objets sont
imprimés dans son usine de Californie, mais
expédiés dans le monde entier. Quant au coût,
il est supérieur d’environ 50 % à celui d’une
impression 3D classique par frittage. —B. G.
Qui n’a pas ressenti une angoisse
en allant faire des démarches
administratives à cause de règles
illogiques, d’informations peu claires, mais
surtout d’une absence totale d’empathie envers
l’usager ? Qui n’a pas grogné devant des sites
d’opérateur de services qui nous assomment
de publicité, pendant que nous cherchons
simplement à les faire fonctionner ? Si des
progrès ont été faits, notamment sur certains
sites de services publics, il n’en reste pas moins
que de nombreuses organisations publiques
ou privées sont avant tout centrées
sur elles-mêmes plus que sur les usagers.
Pourtant, le « design de service » est supposé
s’atteler à ces problèmes. Mais les grandes
entreprises sont plus fortes pour faire en sorte
que les gens aient envie d’un « produit »,
plutôt que de leur proposer un « produit »
qui leur convienne vraiment. Les méthodes qui
prétendent représenter les usages ne proposent
que des additions de cas particuliers irréels
et caricaturaux. Au final, les résultats de
ces démarches reflètent des compromis habiles
de gestion de la complexité, d’autopromotion
et d’expression des tensions internes
à l’entreprise au lieu d’un véritable service.
Des start-up comme le site de voyage Captain
Train semblent avoir fait ce constat. Né en 2009
de l’insatisfaction de ses fondateurs envers
Voyages-sncf.com, il s’est attaché à créer une
expérience simple, belle, bonne, fluide, élégante
et efficace pour le voyageur par sa conception.
Le numérique, relationnel par nature, doit
réinterroger sur la place donnée aux humains,
d’abord ; aux usagers, ensuite, et aux clients
en conséquence, plus que l’inverse.
Le monde pourrait donc se diviser entre, d’un
côté, ceux qui créeront des expériences fluides
et simples pour les gens ; et, de l’autre, ceux qui
se contenteront de gérer la complexité. Une fois
que le public aura goûté aux premiers, il n’est
pas certain qu’il puisse accepter de compromis
à son égard. Cette « simplicité by design »,
applicable à tous les secteurs, est peut être
un des secrets d’Uber que nous n’avons pas
forcement su voir, mais que tous les usagers
sont, désormais, en droit de réclamer.
Jean-Louis Fréchin est président
de l’agence NoDesign.
LA
CHRONIQUE
de Jean-Louis
Fréchin
Mettrel’humainau
cœurdesservices
Le drone livreur n’est pas pour demain
Fin 2013, l’annonce d’un service de livraison par drone émanant du géant
mondial Amazon avait créé le buzz sur Internet. Depuis, le groupe de Jeff
Bezos et plusieurs acteurs de la logistique ont annoncé des expérimenta-
tions et réalisé des vidéos souvent spectaculaires. Pourtant, dans leur étude
sur les drones à l’horizon de 2020-2025, les analystes d’Oliver Wyman n’ont
pas intégré ce scénario. Il faut dire que les obstacles sont multiples. Il y a
d’abord le rapport entre le poids du drone et la charge qu’il peut transpor-
ter, qui est de 1 à 5 dans le meilleur des cas : pour livrer un colis de 2 kilos, il
faut donc un drone de 10 kilos. Il y a ensuite un problème de réglementation :
il faudra sans doute des années avant que les drones soient autorisés à sur-
voler des habitations. Il y a enfin des verrous techniques, car les technolo-
gies de vol autonome (sans opérateur humain) et d’évitement d’obstacle de-
vront encore progresser. Sans même parler de l’autonomie... — B. G.
TECHNOLOGIE// Encore embryonnaire, le marché des drones professionnels devrait être décuplé
d’ici à 2020. Les applications de captation et d’exploitation de données vont devenir majoritaires.
Pourquoiladonnéeestl’avenirdesdrones
Benoît Georges
bgeorges@lesechos.fr
et Frank Niedercorn
fniedercorn@lesechos.fr
Aquoi ressemblera le marché des
drones civils à l’horizon 2020 ou
2025 ? Si la vision futuriste de dro-
nes de livraison remplaçant les coursiers a
frappélesesprits,lecabinetOliverWyman,
qui vient de réaliser une vaste étude pros-
pective sur ce thème, a préféré écarter ce
scénario (lire encadré ci-dessous). Pour
autant, le secteur des drones non militaires
devrait connaître une profonde mutation.
Silesproduitsdestinésauxloisirsdevraient
continuer leur progression, pour atteindre
2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au
niveau mondial en 2020, ils devraient être
largementdépassésparlesmodèlesprofes-
sionnels, estimés eux à plus de 4 milliards
d’euros. Et les activités de service, encore
peu développées, représenteront la moitié
decemontant.« Amesurequelemarchédes
dronescivilsmûrit,celadevientunmarchéde
services.Aterme,ceseramêmeunmarchéde
données », estime Guillaume Thibault,
associé du cabinet Oliver Wyman et auteur
de l’étude.
Depuis trois ans, le secteur des services a
été marqué par la progression des applica-
tions liées aux médias, comme les tourna-
ges de fictions et de reportages. Mais ce
domaine n’est plus appelé à se développer,
deplusenplusdedronesdeloisirspermet-
tantdesepasserderéalisateursprofession-
nels. « Les applications de prise de vues sont
déjà quasiment à maturité, affirme
GuillaumeThibault. Al’avenir,lavaleurqui
estaujourd’huidanslaproductionetl’exploi-
tation de drones va migrer vers des applica-
tions plus complexes et des capacités d’ana-
lyse plus sophistiquées. »
Selonl’étude,ledroneseradeplusenplus
utilisé comme un outil de numérisation
rapide et efficace, grâce au développement
et à l’intégration de différents types de cap-
teurs :lidar (télédétectionpar laser) pour la
modélisation 3D ou la topographie, tera-
hertz (ondes électromagnétiques) pour
l’inspection d’ouvrages, multispectral ou
hyperspectral pour l’agriculture, infra-
rouge thermique pour l’analyse des bâti-
ments… Autant d’informations qui seront
ensuite intégrées à des bases de données et
analyséesavecdestechniquesissuesduBig
Data,parexemplepourétablirdesmodèles
prédictifs ou des outils d’aide à la décision.
AuxEtats-Unis,lastart-upKespryaainsi
développé un service permettant aux
exploitants de carrières de surveiller l’état
deleursstocksgrâceàdesdronesautomati-
sés surveillant les sites pour les modéliser
en 3D. Dans les heures qui suivent l’inter-
vention, l’exploitant reçoit les estimations
de tonnage précises de la carrière. Redbird,
start-up française qui développe des algo-
rithmes de traitement des données issues
de drones civils, s’est alliée au fabricant
d’engins de chantier Caterpillar et a pris
pourslogan« Betterdata,betterdecisions »
pour s’implanter aux Etats-Unis.
En France, la division drones de SNCF
Réseau, qui compte 17 personnes, utilise
8 appareils. Employés au départ pour sur-
veiller les voies et empêcher les vols de
métaux,ilssontdeplusenplusutiliséspour
modéliser des portions du réseau, que ce
soitpourlamaintenanceouenprévisionde
travaux.« C’estdevenuunmétierdedonnées,
explique Nicolas Pollet, responsable du
pôle drones de SNCF Réseau. Aujourd’hui,
les “data scientists” représentent un peu plus
de la moitié de mon équipe. » Le drone vient
s’ajouter à d’autres moyens de numérisa-
tion du réseau, comme les satellites, ou un
train spécial équipé de scanners laser, qui a
déjà inspecté 10.000 km de voies sur les
30.000 que compte le réseau ferré. Les dro-
nes, qui ajoutent la vision aérienne, en sont
encoreloin(prèsde400km),maiscechiffre
est appelé à progresser à mesure que la
réglementation française, déjà l’une des
plus favorables aux drones, autorisera de
nouveauxtypesdevol,notammentpourles
longues distances.
Un enjeu pour les opérateurs
L’agriculture est également vue comme un
secteur prometteur. La société AirInov, née
en 2010 et dont Parrot a pris le contrôle en
2015, a survolé 100.000 hectares pour le
compte de 5.000 agriculteurs producteurs
de céréales. Première application, l’optimi-
sationdel’apportd’engrais.Grâceàsoncap-
teur développé avec l’Institut national de la
recherche agronomique, le drone rapporte
des images indiquant l’état de développe-
mentdesplantesenfonctiondeszones,afin
d’en déduire celles ayant besoin de plus ou
moins d’engrais. Les derniers modèles des
tracteurs étant équipés de GPS, la modula-
tion de l’épandage de l’engrais peut ensuite
se faire de façon automatisée. « C’est le cas
pour15 %denosclients,maiscelavaprogres-
seraufuretàmesurequeceux-cirenouvellent
leur matériel, assure Florent Mainfroy,
cofondateur d’AirInov. Sans parler de ceux
qui ne savent pas que le tracteur qu’ils vien-
nent d’acheter offre cette fonction. » Avec un
intérêt évidemment environnemental,
technique (l’excès d’engrais peut être
contreproductif) et financier.
La jeune entreprise présente ces jours-ci
un capteur de nouvelle génération sur le
Salon de l’agriculture, à la fois plus léger et
offrantenplusdesimagesréellesduchamp
à l’agriculteur. « Dans l’avenir, avec l’évolu-
tion de la réglementation et de la technologie,
on peut imaginer que l’agriculteur fera lui-
même ce genre de mesure », estime Florent
Mainfroy.
Laperspectivedeces masses dedonnées
à traiter n’a pas échappé à l’opérateur
Orange, associé à de nombreuses expéri-
mentations en compagnie d’opérateurs de
drones. « Un drone génère un nombre consi-
dérablededonnéesqu’ilfautsavoirtransmet-
tre de façon sécurisée, traiter, puis stocker.
Autant de métiers qui nous concernent. D’où
l’intérêt pour nous d’être présent d’un bout à
l’autreducycle,enappuidesopérateurs,pour
évaluer les besoins du marché et être prêt le
moment venu », analyse Luc Bretones,
directeur du Technocentre et directeur
d’Orange Vallée. D’autant que les volumes
de données à traiter ne vont cesser de croî-
tre, notamment à cause de la vidéo dont la
qualité ne cesse de s’améliorer. Consé-
quence, les drones commencent à traiter
l’image en temps réel afin de n’enregistrer
quecequiestpertinent.« C’estlecaspourla
supervision de pipeline : le drone parcourt
200kilomètresetnedéclenchelaprisedevues
qu’en cas de suspicion d’usure », précise Luc
Bretones. n
En chiffres
l 8,1 milliards d’euros
Le marché mondial
des drones en 2015.
A lui seul, le secteur
militaire en représente
la quasi-totalité
(6,8 milliards), suivi
par les modèles semi-
professionnels
(1 milliard d’euros).
Le marché des drones
civils professionnels
n’est que de
300 millions d’euros.
l 4 milliards d’euros
Le marché des drones
professionnels est
celui qui devrait
connaître la plus forte
progression dans
le monde (+ 1.300 %)
d’ici à 2020. A cette
date, les drones
militaires devraient
peser 9,2 milliards
(+ 135 %), et les semi-
professionnels
2,7 milliards (+ 270 %).
l 150 millions
d’euros
Le marché des drones
civils en France
en 2015. Il s’agit
en majorité
(90 millions)
de drones de loisirs.
l 88 millions d’euros
Le marché
de l’exploitation des
drones de loisirs en
France à l’horizon
2020. La surveillance,
la sûreté et
l’agriculture de
précision connaîtront
les plus fortes
progressions.
l De 25 % à 40 %
La part du marché civil
en France par rapport
au marché mondial en
2025, selon l’évolution
de la réglementation
et des applications.
(Source : Oliver
Wyman, février 2016)
Trois applications de Big Data pour les drones
L’agriculture de précision
En survolant les exploitations et en analysant
automatiquement les données captées par
l’appareil, il est possible d’optimiser l’apport
d’engrais ou d’herbicides. A terme, le drone
pourra dialoguer directement avec le tracteur.
Les relevés topographiques
Comment mesurer les stocks d’une carrière sans
intervention humaine ? L’américain Kespry utilise
des drones autonomes qui envoient les données
dans le cloud. L’exploitant de la carrière reçoit
un relevé quelques heures après leur passage.
La surveillance linéaire
Après trois ans de R&D, la SNCF utilise depuis
l’été 2015 des drones pour surveiller ses voies.
L’équipe dédiée se compose pour moitié de « data
scientists ». Objectif : modéliser l’intégralité du
réseau avec des drones, des trains et des satellites.
LydieLecarpentier/RÉA
IanHanning/RÉA
Kespry
10//IDEES & DEBATS Mardi 1er
mars 2016 Les Echos
prospective SIRI CHINOIS
Le géant chinois du Web,
Baidu, progresse vite
dans la reconnaissance
vocale sur smartphone
et la traduction, explique
la « MIT Tech Review ».
http://bit.ly/1oSVowC
SUR
LE WEB
51 %
PLANÈTE MOBILE
Dans les pays émergents
et en voie de développement,
un habitant sur deux accède
à un smartphone, selon
Pew Research. Ils sont 87 %
dans les pays avancés.
pewrsr.ch/1Q5e2Yw
o
L’ INNOVATION
L’impression3D
enmodeliquide
Jusqu’à présent, l’impression d’objets
en 3D se faisait à partir de filaments
de plastique (pour les imprimantes
grand public), de poudres chauffées par un laser
(frittage) ou d’un liquide durci par un rayon
ultraviolet (photo-polymérisation). Dans tous
les cas, la fabrication ne pouvait se faire que
couche par couche. Mais, il y a un an, la start-up
américaine Carbon 3D avait présenté une
nouvelle méthode appelée CLIP (« continuous
liquid interface production »), dans laquelle une
résine photosensible est durcie en un seul bloc.
Spectaculaire et rapide (l’objet émerge d’un bain
de liquide en quelques minutes, au lieu
de plusieurs heures), cette technologie offrirait
aussi une meilleure qualité de finition, sans les
couches de matière plus ou moins visibles qui
caractérisent les impressions actuelles. Il sera
bientôt possible de vérifier si cette promesse
est tenue : la start-up française Sculpteo,
spécialisée dans les services d’impression 3D
via Internet, propose depuis ce mardi
la technologie CLIP à ses clients. Les objets sont
imprimés dans son usine de Californie, mais
expédiés dans le monde entier. Quant au coût,
il est supérieur d’environ 50 % à celui d’une
impression 3D classique par frittage. —B. G.
Qui n’a pas ressenti une angoisse
en allant faire des démarches
administratives à cause de règles
illogiques, d’informations peu claires, mais
surtout d’une absence totale d’empathie envers
l’usager ? Qui n’a pas grogné devant des sites
d’opérateur de services qui nous assomment
de publicité, pendant que nous cherchons
simplement à les faire fonctionner ? Si des
progrès ont été faits, notamment sur certains
sites de services publics, il n’en reste pas moins
que de nombreuses organisations publiques
ou privées sont avant tout centrées
sur elles-mêmes plus que sur les usagers.
Pourtant, le « design de service » est supposé
s’atteler à ces problèmes. Mais les grandes
entreprises sont plus fortes pour faire en sorte
que les gens aient envie d’un « produit »,
plutôt que de leur proposer un « produit »
qui leur convienne vraiment. Les méthodes qui
prétendent représenter les usages ne proposent
que des additions de cas particuliers irréels
et caricaturaux. Au final, les résultats de
ces démarches reflètent des compromis habiles
de gestion de la complexité, d’autopromotion
et d’expression des tensions internes
à l’entreprise au lieu d’un véritable service.
Des start-up comme le site de voyage Captain
Train semblent avoir fait ce constat. Né en 2009
de l’insatisfaction de ses fondateurs envers
Voyages-sncf.com, il s’est attaché à créer une
expérience simple, belle, bonne, fluide, élégante
et efficace pour le voyageur par sa conception.
Le numérique, relationnel par nature, doit
réinterroger sur la place donnée aux humains,
d’abord ; aux usagers, ensuite, et aux clients
en conséquence, plus que l’inverse.
Le monde pourrait donc se diviser entre, d’un
côté, ceux qui créeront des expériences fluides
et simples pour les gens ; et, de l’autre, ceux qui
se contenteront de gérer la complexité. Une fois
que le public aura goûté aux premiers, il n’est
pas certain qu’il puisse accepter de compromis
à son égard. Cette « simplicité by design »,
applicable à tous les secteurs, est peut être
un des secrets d’Uber que nous n’avons pas
forcement su voir, mais que tous les usagers
sont, désormais, en droit de réclamer.
Jean-Louis Fréchin est président
de l’agence NoDesign.
LA
CHRONIQUE
de Jean-Louis
Fréchin
Mettrel’humainau
cœurdesservices
Le drone livreur n’est pas pour demain
Fin 2013, l’annonce d’un service de livraison par drone émanant du géant
mondial Amazon avait créé le buzz sur Internet. Depuis, le groupe de Jeff
Bezos et plusieurs acteurs de la logistique ont annoncé des expérimenta-
tions et réalisé des vidéos souvent spectaculaires. Pourtant, dans leur étude
sur les drones à l’horizon de 2020-2025, les analystes d’Oliver Wyman n’ont
pas intégré ce scénario. Il faut dire que les obstacles sont multiples. Il y a
d’abord le rapport entre le poids du drone et la charge qu’il peut transpor-
ter, qui est de 1 à 5 dans le meilleur des cas : pour livrer un colis de 2 kilos, il
faut donc un drone de 10 kilos. Il y a ensuite un problème de réglementation :
il faudra sans doute des années avant que les drones soient autorisés à sur-
voler des habitations. Il y a enfin des verrous techniques, car les technolo-
gies de vol autonome (sans opérateur humain) et d’évitement d’obstacle de-
vront encore progresser. Sans même parler de l’autonomie... — B. G.
TECHNOLOGIE// Encore embryonnaire, le marché des drones professionnels devrait être décuplé
d’ici à 2020. Les applications de captation et d’exploitation de données vont devenir majoritaires.
Pourquoiladonnéeestl’avenirdesdrones
Benoît Georges
bgeorges@lesechos.fr
et Frank Niedercorn
fniedercorn@lesechos.fr
Aquoi ressemblera le marché des
drones civils à l’horizon 2020 ou
2025 ? Si la vision futuriste de dro-
nes de livraison remplaçant les coursiers a
frappélesesprits,lecabinetOliverWyman,
qui vient de réaliser une vaste étude pros-
pective sur ce thème, a préféré écarter ce
scénario (lire encadré ci-dessous). Pour
autant, le secteur des drones non militaires
devrait connaître une profonde mutation.
Silesproduitsdestinésauxloisirsdevraient
continuer leur progression, pour atteindre
2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au
niveau mondial en 2020, ils devraient être
largementdépassésparlesmodèlesprofes-
sionnels, estimés eux à plus de 4 milliards
d’euros. Et les activités de service, encore
peu développées, représenteront la moitié
decemontant.« Amesurequelemarchédes
dronescivilsmûrit,celadevientunmarchéde
services.Aterme,ceseramêmeunmarchéde
données », estime Guillaume Thibault,
associé du cabinet Oliver Wyman et auteur
de l’étude.
Depuis trois ans, le secteur des services a
été marqué par la progression des applica-
tions liées aux médias, comme les tourna-
ges de fictions et de reportages. Mais ce
domaine n’est plus appelé à se développer,
deplusenplusdedronesdeloisirspermet-
tantdesepasserderéalisateursprofession-
nels. « Les applications de prise de vues sont
déjà quasiment à maturité, affirme
GuillaumeThibault. Al’avenir,lavaleurqui
estaujourd’huidanslaproductionetl’exploi-
tation de drones va migrer vers des applica-
tions plus complexes et des capacités d’ana-
lyse plus sophistiquées. »
Selonl’étude,ledroneseradeplusenplus
utilisé comme un outil de numérisation
rapide et efficace, grâce au développement
et à l’intégration de différents types de cap-
teurs :lidar (télédétectionpar laser) pour la
modélisation 3D ou la topographie, tera-
hertz (ondes électromagnétiques) pour
l’inspection d’ouvrages, multispectral ou
hyperspectral pour l’agriculture, infra-
rouge thermique pour l’analyse des bâti-
ments… Autant d’informations qui seront
ensuite intégrées à des bases de données et
analyséesavecdestechniquesissuesduBig
Data,parexemplepourétablirdesmodèles
prédictifs ou des outils d’aide à la décision.
AuxEtats-Unis,lastart-upKespryaainsi
développé un service permettant aux
exploitants de carrières de surveiller l’état
deleursstocksgrâceàdesdronesautomati-
sés surveillant les sites pour les modéliser
en 3D. Dans les heures qui suivent l’inter-
vention, l’exploitant reçoit les estimations
de tonnage précises de la carrière. Redbird,
start-up française qui développe des algo-
rithmes de traitement des données issues
de drones civils, s’est alliée au fabricant
d’engins de chantier Caterpillar et a pris
pourslogan« Betterdata,betterdecisions »
pour s’implanter aux Etats-Unis.
En France, la division drones de SNCF
Réseau, qui compte 17 personnes, utilise
8 appareils. Employés au départ pour sur-
veiller les voies et empêcher les vols de
métaux,ilssontdeplusenplusutiliséspour
modéliser des portions du réseau, que ce
soitpourlamaintenanceouenprévisionde
travaux.« C’estdevenuunmétierdedonnées,
explique Nicolas Pollet, responsable du
pôle drones de SNCF Réseau. Aujourd’hui,
les “data scientists” représentent un peu plus
de la moitié de mon équipe. » Le drone vient
s’ajouter à d’autres moyens de numérisa-
tion du réseau, comme les satellites, ou un
train spécial équipé de scanners laser, qui a
déjà inspecté 10.000 km de voies sur les
30.000 que compte le réseau ferré. Les dro-
nes, qui ajoutent la vision aérienne, en sont
encoreloin(prèsde400km),maiscechiffre
est appelé à progresser à mesure que la
réglementation française, déjà l’une des
plus favorables aux drones, autorisera de
nouveauxtypesdevol,notammentpourles
longues distances.
Un enjeu pour les opérateurs
L’agriculture est également vue comme un
secteur prometteur. La société AirInov, née
en 2010 et dont Parrot a pris le contrôle en
2015, a survolé 100.000 hectares pour le
compte de 5.000 agriculteurs producteurs
de céréales. Première application, l’optimi-
sationdel’apportd’engrais.Grâceàsoncap-
teur développé avec l’Institut national de la
recherche agronomique, le drone rapporte
des images indiquant l’état de développe-
mentdesplantesenfonctiondeszones,afin
d’en déduire celles ayant besoin de plus ou
moins d’engrais. Les derniers modèles des
tracteurs étant équipés de GPS, la modula-
tion de l’épandage de l’engrais peut ensuite
se faire de façon automatisée. « C’est le cas
pour15 %denosclients,maiscelavaprogres-
seraufuretàmesurequeceux-cirenouvellent
leur matériel, assure Florent Mainfroy,
cofondateur d’AirInov. Sans parler de ceux
qui ne savent pas que le tracteur qu’ils vien-
nent d’acheter offre cette fonction. » Avec un
intérêt évidemment environnemental,
technique (l’excès d’engrais peut être
contreproductif) et financier.
La jeune entreprise présente ces jours-ci
un capteur de nouvelle génération sur le
Salon de l’agriculture, à la fois plus léger et
offrantenplusdesimagesréellesduchamp
à l’agriculteur. « Dans l’avenir, avec l’évolu-
tion de la réglementation et de la technologie,
on peut imaginer que l’agriculteur fera lui-
même ce genre de mesure », estime Florent
Mainfroy.
Laperspectivedeces masses dedonnées
à traiter n’a pas échappé à l’opérateur
Orange, associé à de nombreuses expéri-
mentations en compagnie d’opérateurs de
drones. « Un drone génère un nombre consi-
dérablededonnéesqu’ilfautsavoirtransmet-
tre de façon sécurisée, traiter, puis stocker.
Autant de métiers qui nous concernent. D’où
l’intérêt pour nous d’être présent d’un bout à
l’autreducycle,enappuidesopérateurs,pour
évaluer les besoins du marché et être prêt le
moment venu », analyse Luc Bretones,
directeur du Technocentre et directeur
d’Orange Vallée. D’autant que les volumes
de données à traiter ne vont cesser de croî-
tre, notamment à cause de la vidéo dont la
qualité ne cesse de s’améliorer. Consé-
quence, les drones commencent à traiter
l’image en temps réel afin de n’enregistrer
quecequiestpertinent.« C’estlecaspourla
supervision de pipeline : le drone parcourt
200kilomètresetnedéclenchelaprisedevues
qu’en cas de suspicion d’usure », précise Luc
Bretones. n
En chiffres
l 8,1 milliards d’euros
Le marché mondial
des drones en 2015.
A lui seul, le secteur
militaire en représente
la quasi-totalité
(6,8 milliards), suivi
par les modèles semi-
professionnels
(1 milliard d’euros).
Le marché des drones
civils professionnels
n’est que de
300 millions d’euros.
l 4 milliards d’euros
Le marché des drones
professionnels est
celui qui devrait
connaître la plus forte
progression dans
le monde (+ 1.300 %)
d’ici à 2020. A cette
date, les drones
militaires devraient
peser 9,2 milliards
(+ 135 %), et les semi-
professionnels
2,7 milliards (+ 270 %).
l 150 millions
d’euros
Le marché des drones
civils en France
en 2015. Il s’agit
en majorité
(90 millions)
de drones de loisirs.
l 88 millions d’euros
Le marché
de l’exploitation des
drones de loisirs en
France à l’horizon
2020. La surveillance,
la sûreté et
l’agriculture de
précision connaîtront
les plus fortes
progressions.
l De 25 % à 40 %
La part du marché civil
en France par rapport
au marché mondial en
2025, selon l’évolution
de la réglementation
et des applications.
(Source : Oliver
Wyman, février 2016)
Trois applications de Big Data pour les drones
L’agriculture de précision
En survolant les exploitations et en analysant
automatiquement les données captées par
l’appareil, il est possible d’optimiser l’apport
d’engrais ou d’herbicides. A terme, le drone
pourra dialoguer directement avec le tracteur.
Les relevés topographiques
Comment mesurer les stocks d’une carrière sans
intervention humaine ? L’américain Kespry utilise
des drones autonomes qui envoient les données
dans le cloud. L’exploitant de la carrière reçoit
un relevé quelques heures après leur passage.
La surveillance linéaire
Après trois ans de R&D, la SNCF utilise depuis
l’été 2015 des drones pour surveiller ses voies.
L’équipe dédiée se compose pour moitié de « data
scientists ». Objectif : modéliser l’intégralité du
réseau avec des drones, des trains et des satellites.
LydieLecarpentier/RÉA
IanHanning/RÉA
Kespry
En revanche, évoquant « la lenteur de l'acceptation sociétale », les consultants ne voient
pas prospérer des drones au service des forces de l'ordre ou de la Sécurité civile. Ceux-
là qui ne devraient pas peser plus que 5 % du marché dans 10 ans (ce qui, malgré tout, n'est
pas rien…). Quant aux applications liées à l'avènement de l'agriculture de précision, elles vont
fortement gagner du terrain mais il ne faut sans doute pas les surestimer. L'étude considère que
leur part dans le marché global lié à l'exploitation des drones ne dépassera 10 % dans les dix
prochaines années. Enfin, la part des métiers de la distribution devrait rester symbolique,
malgré les projets dse livraison par drones évoqués par Amazon, Google ou DHL. « Pour nous,
ce n'est pas un sujet pour la bonne raison que cette activité ne paraît pas faisable en termes
opérationnels » estime Olivier Thibault, spécialiste des drones au sein du bureau parisien
d'Oliver Wyman.
Les drones professionnels préparent leur envol
Par Lucie Ronfaut et Service Infographie
Publié le 01/03/2016 à 06h00
INFOGRAPHIE - Les ventes de drones connaissent un essor important.
Les drones professionnels devraient se démocratiser et rapporter 9
milliards d'euros d'ici à 2020, selon une étude de la société de conseil
Oliver Wyman.
Les drones décollent. Les ventes de ces engins volants, utilisés par les
entreprises, les particuliers ou l'armée, ont engrangé près de 8,3 milliards
d'euros de vente en 2015 d'après la société de conseil Oliver Wyman, qui publie
mardi, sa première étude sur le sujet.
Ces revenus devraient pratiquement doubler en cinq ans. Aujourd'hui, le marché
des drones se concentre surtout sur le secteur militaire: seul 19% de ces objets
volants vendus dans le monde sont de types civils, pour les professionnels ou les
particuliers. Les appareils de loisirs représentent aujourd'hui 1,3 milliard d'euros
de chiffre d'affaires, et le secteur professionnel seulement 0,3 milliard d'euros.
Cette situation devrait néanmoins vite évoluer. D'ici à 2020, les drones
professionnels vont rapporter près de 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, se
rapprochant du marché militaire dont les revenus sur la même période sont
estimés à 9 milliards d'euros.
Nouvelle législation
Plusieurs facteurs vont pousser à cette explosion des drones professionnels,
comme la baisse des coûts des composants. Sur le plan légal, de nombreux
acteurs de l'industrie attendent la publication des recommandations de la Federal
Aviation Administration, aux États-Unis, sur la régulation des vols de drones au-
dessus des populations. «Ces règles devraient permettre l'accélération du marché
américain, qui provoquera lui-même l'entraînement du marché français et
européen», estime Guillaume Thibault, associé chez Oliver Wyman et auteur de
l'étude. «Une fois les règles fixées, il sera plus simple de prouver la création de
valeur grâce aux drones.»
«Désormais le relais de croissance se trouve du côté des professionnels.»
Guillaume Thibault, auteur de l'étude
Aujourd'hui, ces objets volants sont majoritairement utilisés dans le domaine des
médias, pour réaliser des prises de vue en altitude à moindre coût: cet usage
représente près de 59% du marché professionnel en France en 2015. Une
proportion qui devrait redescendre à 21% en 2020, à la faveur du
développement d'autres secteurs: sécurité, thermographie, agriculture... «Le
marché du loisir a eu un vrai rôle de démocratisation du drone», assure
Guillaume Thibault. «Désormais le relais de croissance se trouve du côté des
professionnels.» Un virage que les quelques acteurs déjà présents sont prêts à
prendre, comme le français Parrot, dont le chiffre d'affaires dans les drones a
augmenté de 121% en 2015, et qui investit désormais des nouveaux domaines
comme l'agriculture.
Le marché professionnel est vaste: il ne s'agit pas seulement de construire des
drones mais aussi de les réparer, de les piloter, de développer des logiciels
permettant d'exploiter au mieux les données récoltées en vol, etc. «On assiste au
début d'une véritable bataille entre des acteurs très différents», précise
Guillaume Thibault. «Ils peuvent être des start-up modestes et spécialisées dans
les drones, des géants de l'aéronautique ou des hybrides qui se consacrent à un
marché, un type de service ou un composant particulier.»
Indicateur
Le marché des drones civils en passe d’exploser
L´Usine Nouvelle
James Olivier
3 mars 2016
Après des débuts plus calmes qu’espérés, le marché des drones civils devrait connaître un essor
important dans les dix prochaines années. Un dynamisme lié aux usages professionnels.
Pionnière avec une réglementation mise en place dès 2012, la France s’attendait à un juteux
marché du drone civil. Las, face à la percée incontestable des engins de loisirs, les drones
professionnels semblent jusqu’à présent avoir raté le coche des grands contrats. Mais la situation
devrait très vite se retourner, à en croire une étude dévoilée le 1er mars par le
cabinet Oliver Wyman. «!Il reste encore difficile pour les usages professionnels de démontrer la
valeur ajoutée des drones, assure Guillaume Thibault, associé industrie, qui a participé à cette
étude. Mais d’ici à deux ans, le marché des loisirs va arriver à maturité, et les usages professionnels
vont être portés par la digitalisation des process.!» C’est le cas, notamment, des applications liées à
la sûreté, à la thermographie (BTP, photovoltaïque…) ou bien encore à l’agriculture de précision.
Comment expliquer ce basculement qui s’accompagne de la promesse d’une forte croissance dans
la prochaine décennie!? Plusieurs raisons sont à prendre en compte!: la clarification réglementaire,
avec l’arrivée d’un cadre européen et américain, la baisse des coûts des composants des drones
(capteurs, matériaux…), mais aussi le développement exponentiel des logiciels capables d’analyser
les données et de fournir les meilleures aides à la décision.
[INFOGRAPHIE] Le marché français des drones civils
pourrait dépasser 650 millions d’euros en 2025
Par Olivier James - Publié le 01 mars 2016, à 06h30
Après des débuts timorés, le marché des drones civils devrait enfin décoller grâce aux usages
professionnels, selon une étude détaillée du cabinet Oliver Wyman. La consolidation du secteur
s'effectuera à la faveur d'un essor de l'exploitation des données numériques.
Pionnière avec une réglementation mise en place dès 2012, la France devait voir grandir en son sein un
juteux marché du drone civil. Las, face à la percée incontestable des engins de loisirs, les drones
professionnels semblent jusque-là avoir raté le coche des grands contrats et des marchés d’ampleur.
Mais la situation devrait très vite se retourner à la faveur des seconds, à en croire une étude tout juste
publiée par le cabinet Oliver Wyman.
En France, le marché des drones civils pourrait s’élever à 652 millions d’euros en 2025, contre 155
millions d’euros en 2015. Un horizon situé à mi-chemin entre deux scénarios envisagés, l’un pessimiste
(494 millions d’euros), l’autre optimiste (824 millions d’euros). Des chiffres à comparer au marché mondial
en 2015 estimé à 1,6 milliard d’euros.
Cette croissance s’explique avant tout par le fort développement des usages professionnels. "Le segment
des loisirs va arriver à maturité d’ici deux ans car de nombreux foyers auront fait l’acquisition de drones,
assure Guillaume Thibault, associé Industrie chez Oliver Wyman qui a participé à cette étude. Quant aux
usages professionnels, ils vont être portés par la digitalisation des process".
Alors que le marché des appareils de loisirs, largement dominé par Parrot, devrait passer de 90 millions
d’euros en 2015 à 190 millions d’euros en 2025, celui des engins professionnels pourrait faire un
bond de 65 millions d’euros à 461 millions d’euros (dont 276 millions d’euros pour les exploitants et
185 millions d’euros pour les constructeurs).
VERS DE NOUVEAUX USAGES PROFESSIONNELS
Comment expliquer le retard à l’allumage d’un secteur aussi riche en promesses ? "Il reste difficile pour
les usages professionnels de démontrer la valeur ajoutée des drones", assure Guillaume Thibault. Et
l’expert de pointer du doigt un exemple précis : dans le domaine de l’agriculture de précision, le coût de la
surveillance satellitaire atteint 7 euros l’hectare, contre 15 euros pour un drone.
Autrement dit, les drones ne sont pas prêts de dézinguer pour chaque usage les hélicoptères, satellites et
autres petits avions de surveillance. C’est l’une des raisons pour laquelle le secteur souffre cruellement
de l’absence de contrats d’envergure de la part des grands donneurs d’ordre.
Mais dans les prochaines années, les drones civils en général, et professionnels en particulier, devraient
enfin prendre leur envol. Harmonisation européenne des réglementations, mise en place d’un cadre
réglementaire aux Etats-Unis (peut-être pour 2017), baisse des coûts des composants (capteurs,
électronique embarquée, caméras…), amélioration des logiciels capables de fournir des diagnostics
après enregistrement des données… "Le marché civil en France pourrait représenter entre 25% et 40%
du marché mondial en 2025 selon le développement de la réglementation et des applications
professionnelles", peut-on lire dans le rapport du cabinet Oliver Wyman.
Au-delà des grandes tendances, l’étude montre précisément quels usages professionnels sont appelés à
se développer. Les médias sont les principaux utilisateurs de drones. En 2015, ils représentaient plus de
la moitié du marché français de l'exploitation. Mais la situation pourrait changer. Comme par exemple
dans la sûreté et la surveillance linéaire grâce aux besoins de maintenance dans les réseaux d’énergie et
de surveillance des sites industriels, mais aussi dans la thermographie (photovoltaïque, diagnostic
énergétique des bâtiments…) et les inspections. Les usages liés à la police et aux douanes ainsi qu’à la
sécurité civile devraient en revanche se réduire àa portion congrue, avec respectivement 3 et 2% de
parts de marché.
UN MODÈLE EN RECHERCHE DE COMPÉTITIVITÉ
A l’évidence, le marché des drones professionnels décollera à la condition que ces engins offrent aux
industriels des diagnostics précis à des coûts compétitifs. Autrement dit, si les drones parviennent à
s’ériger en "levier de la transformation digitale". Parmi les exemples listés par le cabinet Oliver Wyman :
un drone permet de diviser par deux le temps d’une mission de thermographie par rapport à une
opération terrestre, il offre aussi 80% de gain de productivité en jour-homme dans les activités de
cartographie et de topographie. Une exigence d’efficacité et de résultats qui devrait pousser la valeur
ajoutée du marché vers les services et le management de données, activités où les marges sont les plus
fortes.
In fine, l’étude donne à voir la reconfiguration future du marché des drones civils. Constructeurs (Parrot,
Airinnov, Delair rech…) et opérateurs (Redbird, Azur Drones…) remonteront la chaîne de valeur pour
davantage se positionner sur la lucrative exploitation des données, quand les spécialistes des données
(Google, IBM, Pix4D, MicaSense…) s’engageront dans le chemin inverse, en particulier la capture de
données.
De quoi favoriser la consolidation du marché, qui pourrait s’accélérer dès cette année. L’avenir des futurs
géants du drone est-il celui d’entreprises intégrées, capables de produire des drones, de les exploiter et
de fournir des diagnostics clés en main à leurs clients ? Verra-t-on se multiplier les acquisitions de start-
ups de la part de grands groupes actuels ? Les prochaines années permettront d’esquisser le visage plus
précis d’un secteur dont nous n’avons encore que le portrait-robot.
Olivier James
Le droniste Delair-Tech lève 13 millions d’euros et affiche
ses ambitions dans le numérique
Usinenouvelle.com
11 mars 2016 12:00
Avec une nouvelle levée de fonds réussie, l'entreprise toulousaine compte étendre sa présence à
l'international. Ses efforts de R&D se concentrent dans le traitement des données numériques.
DR
L’année 2016 pourrait bien représenter un tournant dans la courte histoire de la société. Le
spécialiste des drones Delair-Tech annonce vendredi 11 mars avoir levé 13 millions d’euros,
notamment grâce à la participation de son investisseur historique, le fonds d’investissement
Andromède.
Une levée de fonds bien supérieure à celle opérée en 2013, de 3 millions d’euros. De quoi donner
des ailes à cette société toulousaine de 50 salariés, créée en 2011, spécialisée dans les drones de
longue portée dédiés à l'observation des grandes infrastructures industrielles linéaires.
"Nous allons pouvoir assurer une expansion commerciale globale, assure Michaël de Lagarde,
président de Delair-Tech. Nous avons déjà une filiale en Australie, nous en aurons une
prochainement aux Etats-Unis et peut-être en Chine". Via son réseau de distribution, la société est
présente dans une trentaine de pays. Elle y vend son DT-18, un petit drone de deux kilos qui a déjà
séduit des entreprises comme la SNCF, ERDF, GDF Suez ou bien encore EDF. Delair-Tech assure
la production de 100 à 200 appareils par an.
vers un développement des services
Surtout, cette nouvelle levée de fonds vise à modifier à petits pas le modèle économique de Delair-
Tech : de son activité historique de fabrication de drones, la société souhaite de plus en plus se
tourner vers l’analyse de données enregistrées par les drones en mission. "Nos efforts croissants de
R&D visent à affirmer notre avance technologique en matière de conception et de production de
drones professionnels mais aussi en matière d’analyse et traitement de la donnée collectée ".
Exemple : Delair-Tech propose déjà à ERDF un relevé 3D de ses lignes électriques et de leur
proximité avec la végétation et un diagnostic automatisé des besoins d’élagage. C’est ce type de
prestation que Delair-Tech compte généraliser à l’intention des industriels, des réseaux de pipeline à
l’agriculture de précision. Raison pour laquelle l’entreprise lance une nouvelle entité : Delair-
Services. Une initiative qui intervient quelques mois après la création de Delair-Analytics, une plate-
forme qui permet aux donneurs d’ordre, via le cloud et une interface web, de transmettre leurs
données issues de campagnes d’observation pour les faire analyser.
La ruée vers la data
"En développant notre activité de services, nous cherchons, non plus seulement à produire des
drones, mais aussi à proposer des solutions clés en main car les grands groupes ne souhaitent pas
investir eux-mêmes dans des machines", assure Michaël de Lagarde. Alors que les services
représentaient encore une part non significative dans le chiffre d’affaires de 2015 (2 millions
d’euros), ils devraient atteindre 20% du chiffre d’affaires en 2016. Cette nouvelle entité dédiée aux
services explique en grande partie les 30 embauches prévues pour cette année.
Ce glissement de Delair-Tech vers l’aval de la filière, la capture et l’interprétation des données, est
emblématique d’un mouvement de fonds dans le jeune secteur des drones à usage professionnel.
Un mouvement analysé en détail dans une étude du cabinet Oliver Wyman publiée le 1er mars
2016. Les constructeurs de drones (Parrot, Airinov, EOS…) et les opérateurs (Redbird, Air marine,
Azur Drones…) se ruent vers le monde de la donnée, qui recèle davantage de valeur ajoutée. Alors
que les marges varient entre 5 et 15% en amont de la filière, elles dépassent les 30% sur le
segment de l’exploitation de données. La bataille numérique des drones ne fait que commencer.
FIGARO ECONOMIE Médias
Les drones de Delair-Tech prennent de la hauteur
Le Figaro
Elsa Bembaron; ebembaron@lefigaro.fr
12 mars 2016
Le champion français du drone professionnel annonce une levée de fonds de 13 millions d'euros. Une opération qui
le valorise à quelque 50 millions.
HIGH-TECH Un champion français peut en cacher un autre. Parrot tient la vedette pour les drones de loisirs. Dans le
monde du drone professionnel, Delair-Tech est en train de réaliser un sans-faute. La start-up toulousaine, qui fête
tout juste ses 5 ans, a réalisé un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros en 2015, en hausse de 66 % sur un an.
Cette performance commerciale est un des motifs de satisfaction pour les actionnaires de la société, qui vient de
lever 13 millions d'euros auprès de la BPI (pour 1 million d'euros), du holding patrimonial de la famille Hériard
Dubreuil, Andromède (7 millions) et d'autres investisseurs privés. Une première levée de fonds de 3 millions d'euros
avait été réalisée en 2013. Andromède et la BPI figuraient déjà au tour de table, ainsi que Parrot, le leader du drone
de loisir. Selon nos estimations, Delair-Tech est valorisé environ 50 millions d'euros. Le marché mondial du drone
professionnel est estimé à 300 millions d'euros par le cabinet Oliver Wyman, qui anticipe une croissance de 68 %
d'ici à 2020.
Les drones de Delair-Tech, utilisés notamment dans la surveillance d'infrastructures, sont « made in France ».
Soucieuse de conserver la maîtrise de son savoir-faire, l'équipe fondatrice a choisi d'intégrer toutes les étapes,
depuis la fabrication des « avions » proprement dite jusqu'à la conception de tous les logiciels nécessaires au
traitement des images. « Deux heures de vol génèrent 10 000 photos. il faut être capables de les traiter pour les
exploiter », explique Michaël de Lagarde, président et cofondateur de Delair-Tech. La start-up lance aussi une offre
de services tout-en-un, Delair-Tech Services, pour répondre aux demandes de ses grands clients industriels.
SNCF comme client
ERDF Total et SNCF comptent parmi ses clients. « L'utilisation de drones pour surveiller notre réseau est non
invasive : elle peut exister sans perturber le trafic sur nos lignes », mentionne de son côté Flavien Didier en charge
de drones à la SNCF. Delair-Tech opère aussi dans le domaine minier, l'agriculture ou encore l'énergie.
« Nous avons été la première entreprise à obtenir, en octobre 2012, une certification de la Direction générale de
l'aviation civile, qui nous permet d'opérer des drones, hors de portée de vue du pilote », souligne Michaël de
Lagarde. Une particularité qui permet à la jeune entreprise d'effectuer de longues missions, d'autant que ses
appareils disposent de deux heures d'autonomie. Pour le moment, sa gamme est constituée de deux appareils, le
DT18, qui pèse moins de 2 kilos, et le DT26, capable de transporter jusqu'à 15 kg de charge utile, essentiellement
des appareils de mesure spécifique.
La société emploie 50 personnes. Elle est présente dans une trentaine de pays, sur les cinq continents. La moitié de
son chiffre d'affaires est réalisée hors d'Europe. Delair-Tech compte mettre à profit la levée de fonds pour s'étendre à
l'international, développer de nouveaux modèles de drones et augmenter ses capacités de production. « Nous avons
produit 300 drones en cinq ans. Cette année, nous allons porter notre capacité de production à 500 par an »,
précise Michaël de Lagarde.
16//INDUSTRIE & SERVICES Mardi 26 avril 2016 Les Echos
AuJapon,Rakuten
lancelespremières
livraisonspardrone
Yann Rousseau (à Chiba)
lesechosjapan@gmail.com
Il est midi au départ du trou
numéro 7 du Camel Golf Resort de
Chibaetlegolfeuraunepetitefaim.
Sur une application pour smart-
phone Android développée par
Rakuten–legéantjaponaisducom-
merce en ligne –, le joueur com-
mande un hamburger, un thé vert
glacéetdesballesneuves.Deuxkilos
maximum de marchandises. Quel-
ques minutes plus tard, un ronfle-
mentsefaitentendreàunetrentaine
demètresdansleciel.Undronedoté
de8hélicesapparaîtetdescendlen-
tement vers le sol, où a été étendue
une bâche aisément repérable par
les capteurs de l’engin. L’appareil se
pose et relâche une petite boîte de
plastique rose contenant le repas et
les balles. Il redécolle et rentre à sa
base. « Nous sommes au début d’une
nouvelle génération de commerce »,
se régale Hiroshi Mikitani, le PDG
de Rakuten, venu lancer ce lundi,
à deux heures de route de Tokyo,
les premières livraisons commer-
cialespardronedelaplanète.
Si plusieurs entreprises ont testé
ce service, notamment Amazon,
aucunen’avaitpourl’instantobtenu
le droit de commercialiser cette
offrequicontraintlesEtatsàconce-
voir de nouvelles réglementations.
« Legouvernementjaponaisafaitdes
drones une priorité stratégique et se
montre étonnamment agressif sur le
sujet.Ilnousaoffertunsoutienfort »,
assure Hiroshi Mikitani, habituel-
lement critique du conservatisme
del’administrationnippone.
L’an dernier, Tokyo avait décidé
de durcir les lois contre les drones
après la découverte, sur le toit
des bureaux du Premier ministre,
Shinzo Abe, de l’appareil d’un mili-
tant antinucléaire. Mais il a depuis
autorisé des collectivités à « dérégu-
ler » pour favoriser les essais com-
merciaux. Se voulant pionnière, la
préfecturedeChibasemontreparti-
culièrement accommodante. Elle a
récemment autorisé des démons-
trations de livraisons de médica-
ments entre un centre commercial
etletoitd’unimmeubleetprévoitde
demander aux promoteurs immo-
biliers d’installer des zones d’atter-
rissage sur les balcons des apparte-
ments en construction. Objectif :
encourager la croissance des entre-
prises high-tech locales et particu-
lièrement du groupe Autonomous
Control Systems Laboratory ou
ACSL, néedans larégion.
Possibilités considérables
Baptisé « Tenku », le drone utilisé
par Rakuten a été conçu par ACSL
mais son logiciel de reconnaissance
visuelleaétémisaupointencollabo-
ration avec les ingénieurs de Raku-
ten. Il peut en théorie parcourir une
trentainedekilomètres,maisn’aura
à voler que quelques centaines de
mètres sur le parcours de golf, où il
seramisenserviceàpartirdu9mai
prochain.« C’estuneoccasionunique
de le faire évoluer en conditions réel-
les, explique Kenzo Nonami, le PDG
d’ACSL. Le Japon a perdu face aux
étrangers sur les marchés des smart-
phones et des ordinateurs. Nous ne
devons pas commettre la même
erreuraveclesdrones. »Rakuten,qui
a investi avec un fonds 6,4 millions
dedollarsdansACSL,espèrequeles
livraisonssurlesterrainsdegolfper-
mettront de familiariser l’opinion
publique avec les drones. « Ensuite,
les possibilités sont considérables »,
rappelle Hiroshi Mikitani, qui évo-
que des livraisons dans les zones de
catastrophes naturelles ou dans des
campagnes dépeuplées, chez des
personnes âgées n’ayant plus la
capacitédesedéplacer. n
l Le Japon veut que ses entreprises s’imposent
sur le futur marché des drones de service.
l Reportage à Chiba, où le géant nippon d’e-commerce
met en service son drone sur un parcours de golf.
E-COMMERCE
res.« L’objectifàtermeestdepouvoir
desservir des zones très difficiles
d’accès, comme une île, un bateau ou
une zone de montagne, explique
Jean-Luc Defrance. Mais l’hypo-
thèsed’unusagemassifpourlivrerles
particuliers, en zone urbaine notam-
ment, est totalement exclue. »
Cette position rejoint l’analyse
du cabinet de consultants Oliver
Wyman,quiapubliéuneétudepros-
pective sur le marché des drones
professionnelsàl’horizon2025.Son
auteur, Guillaume Thibault, évoque
plusieurs segments porteurs (col-
lecte de données, surveillance…)
maisn’yinclutpaslalogistique.« Les
drones peuvent s’avérer utiles aux
militaires, pour ravitailler, par exem-
ple, en médicaments des éléments
situés près de la zone de front, expli-
que-t-il. Mais leur usage civil s’avère
beaucoup plus compliqué. Les obsta-
clesd’ordretechnologiquesontencore
nombreux. Mais le véritable obstacle
est d’ordre réglementaire : les drones
sont soumis à plusieurs régimes juri-
diquesdifférents,etposentlaquestion
de la gestion du système aérien dans
son ensemble. Cela exclut à court
terme un usage généralisé pour la
livraisondecolisdanslesvilles. » n
Lionel Steinmann
@lionelSteinmann
EnFrance,LaPostemènedesexpé-
rimentations sur le transport de
colis par drone, sans pour autant
avoir comme ambition de révo-
lutionner la livraison à domicile.
Testé en conditions réelles depuis
juin 2014 en partenariat avec la
société Atechsys, le prototype déve-
loppé par La Poste est conçu pour
décoller verticalement. D’un poids
de 4 kilogrammes, il peut transpor-
ter un colis de 3 kilogrammes sur
unedistance de20 kilomètres.
Lesderniersdéveloppementsont
permisdegagnerenrayond’action,
grâce à une plus grande autonomie
delabatterie,etuntravailsurl’opti-
misation de l’aérodynamisme.
L’engin est, par ailleurs, doté d’un
parachute. Le prototype a égale-
ment gagné en précision dans ses
atterrissages.« LescoordonnéesGPS
qui lui sont données sont désormais
respectées à quelques centimètres
près, au lieu d’un mètre aupara-
vant », indique Jean-Luc Defrance,
vice-président de GeoPost. Dans
cette optique, le groupe public tra-
vaille à la mise au point d’un termi-
nal, où ledronepourra atterrir.
Néanmoins, La Poste n’envisage
d’avoir recours à des drones que
dans des conditions très particuliè-
L’entreprise publique teste
un prototype depuis deux
ans, mais exclut un usage
en zone urbaine.
PourLaPoste,unusage
massifencoreexclu
Le prototype
de La Poste peut
transporter un colis
de 3 kilogrammes
sur 20 kilomètres.
Elsa Conesa
econesa@lesechos.fr
— Bureau de New York
Quand Amazon a parlé d’utiliser
des drones pour livrer ses célèbres
colis en carton, il y a trois ans, le
géant du Web n’a pas vraiment été
pris au sérieux. Aujourd’hui, plus
personne ne semble douter de sa
capacité à mener à bien ce qui est
devenu le projet Prime Air. En
novembre, juste après Thanksgi-
ving, Amazon a ainsi présenté son
dernier-né : un drone hybride, mi-
hélicoptère mi-avion, capable de
décoller et d’atterrir verticalement
maisaussideplaner,detransporter
un paquet en son sein plutôt que
suspendu sous ses griffes, d’éviter
les obstacles et de se poser dans un
jardin après avoir parcouru jusqu’à
25 kilomètres. Le petit objet volant,
censé se poser sur un tapis préala-
blement installé, promet d’arriver
en moins de trente minutes. « Nous
avons développé une douzaine de
prototypes, admet l’entreprise sur
sonsite,vidéoàl’appui.Celaressem-
bleàdelascience-fiction,maisc’estla
réalité. Un jour, voir voler des drones
Prime Air sera aussi courant que
de croiser des camions sur la route. »
De l’aveu même d’Amazon, ce jour
n’est pas encore arrivé. Motif ?
La réglementation américaine,
encore plus contraignante qu’en
Europe. L’administration qui enca-
drel’aviationcivile(FAA)a,eneffet,
interdit le survol de zones habitées
par les drones à usage commercial,
même légers. Et ces derniers doi-
vent toujours rester dans le champ
devisiondupiloterestéàterre.Mais
les choses évoluent. Sous la pres-
sion des industriels, l’administra-
tion a mené en début d’année une
large consultation, en vue d’auto-
riser les drones commerciaux de
petite taille (moins de 1,8 kilo-
gramme), qui ne sont pas utilisés
pour les livraisons de colis, à survo-
ler les zones habitées. Elle devrait
légiférer d’ici à la fin de l’année.
Bouleversement du marché
En attendant, les analystes sont
de plus en plus nombreux à croire
que les drones d’Amazon vont
bouleverser le marché du colis,
aujourd’hui dominé par les entre-
prisescommeFedExouUPS.« Sila
FAA autorise les drones d’Amazon,
le prix de la livraison d’un paquet
de 2,5 kilogrammes pourrait tomber
à 1,2 dollar pour le consommateur,
écrivaient fin 2015 les analystes
d’Ark Invest dans une note. Et le
délai de livraison pourrait passer
souslestrenteminutes.FedExetUPS
coûtent entre 8 et 13 fois plus cher
pourunpaquetpluslégeretpourdes
délaisdelivraisonbienpluslongs. » n
Amazonadéveloppéunedouzained’appareils
poursonprojetPrimeAir
Amazon a présenté en novembre un drone hybride, mi-hélicoptère
mi-avion, capable de décoller et d’atterrir verticalement.
La réglementation, qui
reste le principal obstacle,
va continuer d’évoluer
dans les prochains mois.
Le drone utilisé par Rakuten peut en théorie parcourir une trentaine de kilomètres. Photo Rakuten
Amazon
Quand les start-up bouleversent le secteur
scientifique
Par ChallengeSoir
Publié le 06-04-2016 à 16h29
Médecine, drones civils, objets connectés... Avec les progrès technologiques, le
champ des possibles s'élargit un peu plus pour les start-up. Mais leur fragilité
économique reste importante.
Le 1er Sommet des start-up, organisé en partenariat avec Challenges et Sciences et
Avenir au Palais Brongniart, a permis ce mercredi de passer en revue les nombreux
secteurs en France qui comptent le plus de jeunes pousses innovantes et dynamiques.
Avec une question: quels seront les nouveaux territoires des prochaines licornes, ces
fameuses start-up qui valent plus d'un milliard de dollars?
Parmi les premiers sujets abordés, il en est un qui est devenu incontournable,
celui des objets connectés. Avec une interrogation, leur boom relève-t-il d'un
phénomène de mode ou bien traduit-il un futur certain? Pour certains, la question ne
se pose plus. "C'est un mouvement darwinien inéluctable. C'est comme aller sur le
web il y a 20 ans", explique Rafi Haladjian, le fondateur de Sen.se. Un nouveau
territoire que les start-up ont tout à gagner à explorer. Mais celui qui a inventé le
lapin connecté et ultra-branché Nabaztag, au début des années 2000, prévient: "Le
problème est qu'on se focalise sur l'objet. Il est temps maintenant de connecter les
expériences en regardant comment se comportent les gens".
Les opportunités du secteur médical
Le domaine de la santé est aussi concerné. Bouleversée par l'émergence des nouvelles
technologies, la médecine est en pleine mutation. "Nous vivons une époque très
intéressante. Mais la santé n'a pas encore fait sa révolution industrielle. Ce qui veut
dire qu'il y a des opportunités énormes", rappelle Laurent Levy, fondateur en 2003 de
Nanobiotix, start-up spécialisée dans les techniques de nanomédecine. Au carrefour
de la biologie et de la physique, sa start-up devrait mettre un produit sur le marché
pour les patients atteints de cancer dans le courant de l'année. "Et nous avons
plusieurs essais cliniques en cours", précise-t-il.
Les débats ont aussi consacré le retour en grâce de l'intelligence artificielle (IA). Très
à la mode dans les années 80, ringardisée par la déferlante Internet, celle-ci est
désormais au coeur des travaux de Yann LeCun, directeur de la recherche en
intelligence artificielle chez Facebook. "Avec le deep learning, on a pu assister à une
révolution en matière de reconnaissance automatique de formes, d’images, de parole.
On était devenu frileux sur l’intelligence artificielle mais là, on peut produire des
systèmes aux performances et à la vitesse d’exécution énormes", explique-t-il.
Survivre à la "vallée de la mort"
Autre territoire à portée des mains des start-up, les drones civils. "Le marché français
des drones civils pourrait représenter 650 millions d'euros en 2025, si l'on en croit
une étude prospective publiée début mars par le cabinet Oliver Wyman", chiffre
Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences et Avenir. Tendance
émergente de ces machines volantes? Le pistage. Les nouvelles fonctions du "sense
and avoid" qui permettent de détecter et d'éviter les obstacles participent à la levée de
l'un des trois verrous qui limitent encore l'explosion du marché des drones,
décrypte Christophe Baillon, directeur de l'entreprise de software Sogilis.
Autant de frontières à repousser qui ne doivent pas faire oublier la fragilité des start-
up. "En France, 50% des start-up ne passent pas le cap des cinq ans",
rappelle François Bracq, du programme Scale Up de Google. C'est pourquoi Google a
lancé son programme Scale Up, destiné à accompagner les start-up pour les aider à
franchir ce cap. "Trois ou quatre ans, c'est le moment où l'entrepreneur se retrouve
seul pour traverser la vallée de la mort. C'est là que nous allons l'aider en partageant
avec lui notre expérience de l'hyper-croissance et l'accès à l'information".
L'explosion du marché des drones
est pour demain
Par Erwan Lecomte
Publié le 06-04-2016 à 13h14
Des verrous techniques et législatifs ralentissent encore le développement des
drones civils. Mais, comme l'a expliqué Christophe Baillon à l'origine du drone
Hexo+, lors du sommet des start-up, les obstacles sont en train d'être levés.
"Le marché français des drones civils pourrait représenter 650 millions d'euros en
2025, si l'on en croit une étude prospective publiée début mars par le cabinet Oliver
Wyman", chiffrait Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences et
Avenir, en préambule d'une intervention de Christophe Baillon dans le cadre du
premier sommet des start-up. Directeur de l'entreprise de software Sogilis, président
du studio Startup Maker, cet entrepreneur qui raconte s'être fait virer de son lycée
pour piratage informatique, est aussi à l'origine du drone Hexo +. L'un des premiers
représentantsd'une tendance émergente de ces machines volantes: le pistage. En
effet, l'Hexo +, véritable GoPro volante, ne nécessite aucune compétence particulière
de pilotage. Elle décolle et suit son utilisateur toute seule, tout en se débrouillant pour
le conserver dans le cadre durant ses exploits sportifs. Ces nouvelles fonctions du
"sense and avoid" qui permettent de détecter et d'éviter les obstacles participent à la
levée de l'un des trois verrous qui limitent encore l'explosion du marché des drones,
explique l'entrepreneur.
Améliorer la fiabilité pour faciliter l'accompagnement
En effet, il s'agit là d'un élément de fiabilité crucial pour permettre à ces machines
volantes d'évoluer avec la sécurité requise. Un élément d'autant plus indispensable
pour que les autorités de régulations parviennent à accompagner cette lame de fond
que constitue l'avènement du drone. "Les autorités de régulation sont dépassées par
la vitesse de déploiement et hésitent à engager leur
responsabilité", constate Christophe Baillon "Néanmoins, elles ne veulent pas
verrouiller le marché. C'est pourquoi elles ont mis en place des règlementations
d'usage. Néanmoins, les choses pourraient changer d'ici peu. L'EASA (European
Aviation Safety Agency) envisage une nouvelle réglementation d'ici 2018", précise-t-
il. Autre verrou et non des moindres: la faible autonomie de ces machines. En effet,
les appareils à voilure tournante (les multirotors) qui constituent la majorité des
appareils grands publics ne peuvent voler que pendant 15 à 20 minutes en fonction de
la charge utile (la caméra) qu'ils emportent dans les airs. Une fois ces limitations
levées, on pourra espérer voir émerger de nouveaux services tels que la livraison de
colis par drones qui, pour le moment, ne sont qu'à l'état de projets expérimentaux.
Avec des acteurs comme Amazon, Google, et même notre notre bonne vieille Poste
française...
essentiel
RÉVOLUTION DIGITALE
essentiel
RÉVOLUTION DIGITALE
8
D
ans la jungle des objets connectés, on connaissait
les montres, les véhicules et les réfrigérateurs reliés
à internet. Cette faune s’apprête à accueillir de
nouveaux venus: les décharges, les carrières et les
chantiers. Mettre les technologies numériques au service
de la gestion de tels lieux, a priori éloignés de la révolution
digitale, il fallait y penser. Redbird l’a fait. L’opérateur français
de drones, créé en 2013, a signé, fin 2015, un accord de
partenariat commercial avec le géant américain Caterpillar,
spécialiste des machines de chantier. Il va mettre en œuvre
son outil maison, Cardinal, une plate-forme cloud permet
tant aux industriels d’exploiter en temps réel les données
collectées par les drones, puis traitées automatiquement
par les algorithmes développés en interne.
«Nous allons bientôt intégrer dans la plate-forme des don-
nées issues des engins au sol, telles que la consommation
de carburant, la pression des pneus et l’usure du matériel,
détaille Emmanuel Noirhomme, le cofondateur de Redbird.
Couplées aux données topographiques et aux volumes de
matière charriée mesurés par les drones, nous pouvons définir
la façon la plus efficace d’exploiter ce type de sites». Le rap-
prochement avec Caterpillar a poussé la start-up à s’installer
au cœur de San Francisco (Californie), épicentre du bouillon-
nement numérique mondial. Une initiative exceptionnelle
dans le paysage du drone français, qui traduit une tendance
de fond: les professionnels se ruent vers le traitement des
data, avec pour finalité la vente de services.
Qu’importe l’engin, pourvu que la donnée intéresse.
Passé l’effet de mode et la curiosité suite à la mise en
place de la réglementation française en 2012, les drones
empruntent le chemin de la maturité. «Ils ouvrent la voie
à la digitalisation de très nombreux processus industriels,
résume Guillaume Thibaut, associé au sein du cabinet Oli-
ver Wyman. Constructeurs et opérateurs l’ont bien compris
qui remontent la chaîne de valeur pour se positionner sur
l’analyse de données et le conseil.» D’après une étude récente
du cabinet, alors que la rentabilité de la construction d’appa-
reils se situe entre 5 et 15%, celle issue de l’exploitation des
données dépasse 30%. Un mouvement qui s’accompagne
d’une recherche de simplification de leur usage, impliquant
des interfaces intuitives utilisables par tous sur les smart-
phones et les tablettes.
SOLUTIONS CLÉS EN MAIN
Un tournant numérique qui mettrait à terre les hésitations
de grands donneurs d’ordres encore peu nombreux à s’être
engagés dans des contrats dignes de ce nom. Et qui ferait
enfin décoller le marché civil: il pourrait s’élever en France à
652 millions d’euros en 2025, contre 155 millions d’euros
en 2015, voire 824 millions d’euros pour le scénario le plus
optimiste, toujours selon Oliver Wyman. Autre facteur déter-
minant qui explique cette course à la donnée? La concurrence
mondiale s’aiguise. Le constructeur chinois DJI inonde le
marché et participe à la baisse du prix des engins. Le mou-
vement vers le numérique s’érige en nécessité. Maintenance
des éoliennes, diagnostic thermique des bâtiments, relevés
topographiques, agriculture de précision, surveillance des
grandes infrastructures… Les usages sont sans limites. Reste
à appâter les clients avec des solutions adaptées.
«En développant notre activité de services, nous ne cher-
chons plus seulement à produire des drones, mais aussi à
proposer des solutions clés en main, car les grands groupes
ne souhaitent pas investir eux-mêmes dans des machines»,
assure Michaël de Lagarde, le président de l’opérateur Delair-
Tech, société toulousaine de 50 salariés, créée en 2011.
Forte d’une levée de fonds parmi les plus élevées du secteur
9L’USINE NOUVELLE I N° 3471 I 2 JUIN 2016
D.R.;JASPERJUINEN/BLOOMBERG
Le drone de Novadem, survolant ici des vignes, est la preuve que ces engins s’immiscent dans tous les pans de l’industrie, y compris les chantiers et les carrières, activité
devenue la spécialité de l’opérateur Redbird. Des missions de simple observation aux interventions en flotille avec prise de décision, les nouveaux usages semblent sans
limites. Parmi les projets de drones intelligents les plus avancés: ceux de Sky-Futures pour la maintenance d’éoliennes et de DHL pour le transport de colis.
TRANSFORMATION NUMÉRIQUE Le marché des drones, encore restreint, espère décoller
grâce au traitement intelligent des données, la valeur ajoutée qui lui faisait jusqu’alors défaut.
LES DRONES TENTENT
LE SERVICE GAGNANT
PAR OLIVIER JAMES
LA VRAIE BONNE IDÉE
Répertorier les vols en temps réel. Échaudée par la menace grandis-
sante que constituent les vols de drones illicites en France, la Fédéra-
tion professionnelle du drone civil (FPDC) espère trouver la parade sur
leterraindunumérique.Elleproposelamiseenplaced’uneapplication
collaborative reposant sur la bonne volonté des utilisateurs de drones.
Àdéfautd’empêcherlesactesmalveillants,celle-ciauraitvaleurd’outil
pédagogique, permettant aux pilotes amateurs de prendre conscience
des enjeux liés à l’insertion de leurs engins dans l’espace aérien. La fé-
dération tente de convaincre les pouvoirs publics de débloquer un bud-
get. Le Sénat a, lui, adopté en mai la proposition de loi relative au ren-
forcement de la sécurité de l’usage des drones civils. ❚❚
DIGITALOMÈTRE
R&D
Construction
des vecteurs
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des données
Cinq critères
mesurant la
transformation
numérique de la
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des drones.
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OW revue de presse drones juillet 2016

  • 2. 10//IDEES & DEBATS Mardi 1er mars 2016 Les Echos prospective SIRI CHINOIS Le géant chinois du Web, Baidu, progresse vite dans la reconnaissance vocale sur smartphone et la traduction, explique la « MIT Tech Review ». http://bit.ly/1oSVowC SUR LE WEB 51 % PLANÈTE MOBILE Dans les pays émergents et en voie de développement, un habitant sur deux accède à un smartphone, selon Pew Research. Ils sont 87 % dans les pays avancés. pewrsr.ch/1Q5e2Yw o L’ INNOVATION L’impression3D enmodeliquide Jusqu’à présent, l’impression d’objets en 3D se faisait à partir de filaments de plastique (pour les imprimantes grand public), de poudres chauffées par un laser (frittage) ou d’un liquide durci par un rayon ultraviolet (photo-polymérisation). Dans tous les cas, la fabrication ne pouvait se faire que couche par couche. Mais, il y a un an, la start-up américaine Carbon 3D avait présenté une nouvelle méthode appelée CLIP (« continuous liquid interface production »), dans laquelle une résine photosensible est durcie en un seul bloc. Spectaculaire et rapide (l’objet émerge d’un bain de liquide en quelques minutes, au lieu de plusieurs heures), cette technologie offrirait aussi une meilleure qualité de finition, sans les couches de matière plus ou moins visibles qui caractérisent les impressions actuelles. Il sera bientôt possible de vérifier si cette promesse est tenue : la start-up française Sculpteo, spécialisée dans les services d’impression 3D via Internet, propose depuis ce mardi la technologie CLIP à ses clients. Les objets sont imprimés dans son usine de Californie, mais expédiés dans le monde entier. Quant au coût, il est supérieur d’environ 50 % à celui d’une impression 3D classique par frittage. —B. G. Qui n’a pas ressenti une angoisse en allant faire des démarches administratives à cause de règles illogiques, d’informations peu claires, mais surtout d’une absence totale d’empathie envers l’usager ? Qui n’a pas grogné devant des sites d’opérateur de services qui nous assomment de publicité, pendant que nous cherchons simplement à les faire fonctionner ? Si des progrès ont été faits, notamment sur certains sites de services publics, il n’en reste pas moins que de nombreuses organisations publiques ou privées sont avant tout centrées sur elles-mêmes plus que sur les usagers. Pourtant, le « design de service » est supposé s’atteler à ces problèmes. Mais les grandes entreprises sont plus fortes pour faire en sorte que les gens aient envie d’un « produit », plutôt que de leur proposer un « produit » qui leur convienne vraiment. Les méthodes qui prétendent représenter les usages ne proposent que des additions de cas particuliers irréels et caricaturaux. Au final, les résultats de ces démarches reflètent des compromis habiles de gestion de la complexité, d’autopromotion et d’expression des tensions internes à l’entreprise au lieu d’un véritable service. Des start-up comme le site de voyage Captain Train semblent avoir fait ce constat. Né en 2009 de l’insatisfaction de ses fondateurs envers Voyages-sncf.com, il s’est attaché à créer une expérience simple, belle, bonne, fluide, élégante et efficace pour le voyageur par sa conception. Le numérique, relationnel par nature, doit réinterroger sur la place donnée aux humains, d’abord ; aux usagers, ensuite, et aux clients en conséquence, plus que l’inverse. Le monde pourrait donc se diviser entre, d’un côté, ceux qui créeront des expériences fluides et simples pour les gens ; et, de l’autre, ceux qui se contenteront de gérer la complexité. Une fois que le public aura goûté aux premiers, il n’est pas certain qu’il puisse accepter de compromis à son égard. Cette « simplicité by design », applicable à tous les secteurs, est peut être un des secrets d’Uber que nous n’avons pas forcement su voir, mais que tous les usagers sont, désormais, en droit de réclamer. Jean-Louis Fréchin est président de l’agence NoDesign. LA CHRONIQUE de Jean-Louis Fréchin Mettrel’humainau cœurdesservices Le drone livreur n’est pas pour demain Fin 2013, l’annonce d’un service de livraison par drone émanant du géant mondial Amazon avait créé le buzz sur Internet. Depuis, le groupe de Jeff Bezos et plusieurs acteurs de la logistique ont annoncé des expérimenta- tions et réalisé des vidéos souvent spectaculaires. Pourtant, dans leur étude sur les drones à l’horizon de 2020-2025, les analystes d’Oliver Wyman n’ont pas intégré ce scénario. Il faut dire que les obstacles sont multiples. Il y a d’abord le rapport entre le poids du drone et la charge qu’il peut transpor- ter, qui est de 1 à 5 dans le meilleur des cas : pour livrer un colis de 2 kilos, il faut donc un drone de 10 kilos. Il y a ensuite un problème de réglementation : il faudra sans doute des années avant que les drones soient autorisés à sur- voler des habitations. Il y a enfin des verrous techniques, car les technolo- gies de vol autonome (sans opérateur humain) et d’évitement d’obstacle de- vront encore progresser. Sans même parler de l’autonomie... — B. G. TECHNOLOGIE// Encore embryonnaire, le marché des drones professionnels devrait être décuplé d’ici à 2020. Les applications de captation et d’exploitation de données vont devenir majoritaires. Pourquoiladonnéeestl’avenirdesdrones Benoît Georges bgeorges@lesechos.fr et Frank Niedercorn fniedercorn@lesechos.fr Aquoi ressemblera le marché des drones civils à l’horizon 2020 ou 2025 ? Si la vision futuriste de dro- nes de livraison remplaçant les coursiers a frappélesesprits,lecabinetOliverWyman, qui vient de réaliser une vaste étude pros- pective sur ce thème, a préféré écarter ce scénario (lire encadré ci-dessous). Pour autant, le secteur des drones non militaires devrait connaître une profonde mutation. Silesproduitsdestinésauxloisirsdevraient continuer leur progression, pour atteindre 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au niveau mondial en 2020, ils devraient être largementdépassésparlesmodèlesprofes- sionnels, estimés eux à plus de 4 milliards d’euros. Et les activités de service, encore peu développées, représenteront la moitié decemontant.« Amesurequelemarchédes dronescivilsmûrit,celadevientunmarchéde services.Aterme,ceseramêmeunmarchéde données », estime Guillaume Thibault, associé du cabinet Oliver Wyman et auteur de l’étude. Depuis trois ans, le secteur des services a été marqué par la progression des applica- tions liées aux médias, comme les tourna- ges de fictions et de reportages. Mais ce domaine n’est plus appelé à se développer, deplusenplusdedronesdeloisirspermet- tantdesepasserderéalisateursprofession- nels. « Les applications de prise de vues sont déjà quasiment à maturité, affirme GuillaumeThibault. Al’avenir,lavaleurqui estaujourd’huidanslaproductionetl’exploi- tation de drones va migrer vers des applica- tions plus complexes et des capacités d’ana- lyse plus sophistiquées. » Selonl’étude,ledroneseradeplusenplus utilisé comme un outil de numérisation rapide et efficace, grâce au développement et à l’intégration de différents types de cap- teurs :lidar (télédétectionpar laser) pour la modélisation 3D ou la topographie, tera- hertz (ondes électromagnétiques) pour l’inspection d’ouvrages, multispectral ou hyperspectral pour l’agriculture, infra- rouge thermique pour l’analyse des bâti- ments… Autant d’informations qui seront ensuite intégrées à des bases de données et analyséesavecdestechniquesissuesduBig Data,parexemplepourétablirdesmodèles prédictifs ou des outils d’aide à la décision. AuxEtats-Unis,lastart-upKespryaainsi développé un service permettant aux exploitants de carrières de surveiller l’état deleursstocksgrâceàdesdronesautomati- sés surveillant les sites pour les modéliser en 3D. Dans les heures qui suivent l’inter- vention, l’exploitant reçoit les estimations de tonnage précises de la carrière. Redbird, start-up française qui développe des algo- rithmes de traitement des données issues de drones civils, s’est alliée au fabricant d’engins de chantier Caterpillar et a pris pourslogan« Betterdata,betterdecisions » pour s’implanter aux Etats-Unis. En France, la division drones de SNCF Réseau, qui compte 17 personnes, utilise 8 appareils. Employés au départ pour sur- veiller les voies et empêcher les vols de métaux,ilssontdeplusenplusutiliséspour modéliser des portions du réseau, que ce soitpourlamaintenanceouenprévisionde travaux.« C’estdevenuunmétierdedonnées, explique Nicolas Pollet, responsable du pôle drones de SNCF Réseau. Aujourd’hui, les “data scientists” représentent un peu plus de la moitié de mon équipe. » Le drone vient s’ajouter à d’autres moyens de numérisa- tion du réseau, comme les satellites, ou un train spécial équipé de scanners laser, qui a déjà inspecté 10.000 km de voies sur les 30.000 que compte le réseau ferré. Les dro- nes, qui ajoutent la vision aérienne, en sont encoreloin(prèsde400km),maiscechiffre est appelé à progresser à mesure que la réglementation française, déjà l’une des plus favorables aux drones, autorisera de nouveauxtypesdevol,notammentpourles longues distances. Un enjeu pour les opérateurs L’agriculture est également vue comme un secteur prometteur. La société AirInov, née en 2010 et dont Parrot a pris le contrôle en 2015, a survolé 100.000 hectares pour le compte de 5.000 agriculteurs producteurs de céréales. Première application, l’optimi- sationdel’apportd’engrais.Grâceàsoncap- teur développé avec l’Institut national de la recherche agronomique, le drone rapporte des images indiquant l’état de développe- mentdesplantesenfonctiondeszones,afin d’en déduire celles ayant besoin de plus ou moins d’engrais. Les derniers modèles des tracteurs étant équipés de GPS, la modula- tion de l’épandage de l’engrais peut ensuite se faire de façon automatisée. « C’est le cas pour15 %denosclients,maiscelavaprogres- seraufuretàmesurequeceux-cirenouvellent leur matériel, assure Florent Mainfroy, cofondateur d’AirInov. Sans parler de ceux qui ne savent pas que le tracteur qu’ils vien- nent d’acheter offre cette fonction. » Avec un intérêt évidemment environnemental, technique (l’excès d’engrais peut être contreproductif) et financier. La jeune entreprise présente ces jours-ci un capteur de nouvelle génération sur le Salon de l’agriculture, à la fois plus léger et offrantenplusdesimagesréellesduchamp à l’agriculteur. « Dans l’avenir, avec l’évolu- tion de la réglementation et de la technologie, on peut imaginer que l’agriculteur fera lui- même ce genre de mesure », estime Florent Mainfroy. Laperspectivedeces masses dedonnées à traiter n’a pas échappé à l’opérateur Orange, associé à de nombreuses expéri- mentations en compagnie d’opérateurs de drones. « Un drone génère un nombre consi- dérablededonnéesqu’ilfautsavoirtransmet- tre de façon sécurisée, traiter, puis stocker. Autant de métiers qui nous concernent. D’où l’intérêt pour nous d’être présent d’un bout à l’autreducycle,enappuidesopérateurs,pour évaluer les besoins du marché et être prêt le moment venu », analyse Luc Bretones, directeur du Technocentre et directeur d’Orange Vallée. D’autant que les volumes de données à traiter ne vont cesser de croî- tre, notamment à cause de la vidéo dont la qualité ne cesse de s’améliorer. Consé- quence, les drones commencent à traiter l’image en temps réel afin de n’enregistrer quecequiestpertinent.« C’estlecaspourla supervision de pipeline : le drone parcourt 200kilomètresetnedéclenchelaprisedevues qu’en cas de suspicion d’usure », précise Luc Bretones. n En chiffres l 8,1 milliards d’euros Le marché mondial des drones en 2015. A lui seul, le secteur militaire en représente la quasi-totalité (6,8 milliards), suivi par les modèles semi- professionnels (1 milliard d’euros). Le marché des drones civils professionnels n’est que de 300 millions d’euros. l 4 milliards d’euros Le marché des drones professionnels est celui qui devrait connaître la plus forte progression dans le monde (+ 1.300 %) d’ici à 2020. A cette date, les drones militaires devraient peser 9,2 milliards (+ 135 %), et les semi- professionnels 2,7 milliards (+ 270 %). l 150 millions d’euros Le marché des drones civils en France en 2015. Il s’agit en majorité (90 millions) de drones de loisirs. l 88 millions d’euros Le marché de l’exploitation des drones de loisirs en France à l’horizon 2020. La surveillance, la sûreté et l’agriculture de précision connaîtront les plus fortes progressions. l De 25 % à 40 % La part du marché civil en France par rapport au marché mondial en 2025, selon l’évolution de la réglementation et des applications. (Source : Oliver Wyman, février 2016) Trois applications de Big Data pour les drones L’agriculture de précision En survolant les exploitations et en analysant automatiquement les données captées par l’appareil, il est possible d’optimiser l’apport d’engrais ou d’herbicides. A terme, le drone pourra dialoguer directement avec le tracteur. Les relevés topographiques Comment mesurer les stocks d’une carrière sans intervention humaine ? L’américain Kespry utilise des drones autonomes qui envoient les données dans le cloud. L’exploitant de la carrière reçoit un relevé quelques heures après leur passage. La surveillance linéaire Après trois ans de R&D, la SNCF utilise depuis l’été 2015 des drones pour surveiller ses voies. L’équipe dédiée se compose pour moitié de « data scientists ». Objectif : modéliser l’intégralité du réseau avec des drones, des trains et des satellites. LydieLecarpentier/RÉA IanHanning/RÉA Kespry
  • 3. 10//IDEES & DEBATS Mardi 1er mars 2016 Les Echos prospective SIRI CHINOIS Le géant chinois du Web, Baidu, progresse vite dans la reconnaissance vocale sur smartphone et la traduction, explique la « MIT Tech Review ». http://bit.ly/1oSVowC SUR LE WEB 51 % PLANÈTE MOBILE Dans les pays émergents et en voie de développement, un habitant sur deux accède à un smartphone, selon Pew Research. Ils sont 87 % dans les pays avancés. pewrsr.ch/1Q5e2Yw o L’ INNOVATION L’impression3D enmodeliquide Jusqu’à présent, l’impression d’objets en 3D se faisait à partir de filaments de plastique (pour les imprimantes grand public), de poudres chauffées par un laser (frittage) ou d’un liquide durci par un rayon ultraviolet (photo-polymérisation). Dans tous les cas, la fabrication ne pouvait se faire que couche par couche. Mais, il y a un an, la start-up américaine Carbon 3D avait présenté une nouvelle méthode appelée CLIP (« continuous liquid interface production »), dans laquelle une résine photosensible est durcie en un seul bloc. Spectaculaire et rapide (l’objet émerge d’un bain de liquide en quelques minutes, au lieu de plusieurs heures), cette technologie offrirait aussi une meilleure qualité de finition, sans les couches de matière plus ou moins visibles qui caractérisent les impressions actuelles. Il sera bientôt possible de vérifier si cette promesse est tenue : la start-up française Sculpteo, spécialisée dans les services d’impression 3D via Internet, propose depuis ce mardi la technologie CLIP à ses clients. Les objets sont imprimés dans son usine de Californie, mais expédiés dans le monde entier. Quant au coût, il est supérieur d’environ 50 % à celui d’une impression 3D classique par frittage. —B. G. Qui n’a pas ressenti une angoisse en allant faire des démarches administratives à cause de règles illogiques, d’informations peu claires, mais surtout d’une absence totale d’empathie envers l’usager ? Qui n’a pas grogné devant des sites d’opérateur de services qui nous assomment de publicité, pendant que nous cherchons simplement à les faire fonctionner ? Si des progrès ont été faits, notamment sur certains sites de services publics, il n’en reste pas moins que de nombreuses organisations publiques ou privées sont avant tout centrées sur elles-mêmes plus que sur les usagers. Pourtant, le « design de service » est supposé s’atteler à ces problèmes. Mais les grandes entreprises sont plus fortes pour faire en sorte que les gens aient envie d’un « produit », plutôt que de leur proposer un « produit » qui leur convienne vraiment. Les méthodes qui prétendent représenter les usages ne proposent que des additions de cas particuliers irréels et caricaturaux. Au final, les résultats de ces démarches reflètent des compromis habiles de gestion de la complexité, d’autopromotion et d’expression des tensions internes à l’entreprise au lieu d’un véritable service. Des start-up comme le site de voyage Captain Train semblent avoir fait ce constat. Né en 2009 de l’insatisfaction de ses fondateurs envers Voyages-sncf.com, il s’est attaché à créer une expérience simple, belle, bonne, fluide, élégante et efficace pour le voyageur par sa conception. Le numérique, relationnel par nature, doit réinterroger sur la place donnée aux humains, d’abord ; aux usagers, ensuite, et aux clients en conséquence, plus que l’inverse. Le monde pourrait donc se diviser entre, d’un côté, ceux qui créeront des expériences fluides et simples pour les gens ; et, de l’autre, ceux qui se contenteront de gérer la complexité. Une fois que le public aura goûté aux premiers, il n’est pas certain qu’il puisse accepter de compromis à son égard. Cette « simplicité by design », applicable à tous les secteurs, est peut être un des secrets d’Uber que nous n’avons pas forcement su voir, mais que tous les usagers sont, désormais, en droit de réclamer. Jean-Louis Fréchin est président de l’agence NoDesign. LA CHRONIQUE de Jean-Louis Fréchin Mettrel’humainau cœurdesservices Le drone livreur n’est pas pour demain Fin 2013, l’annonce d’un service de livraison par drone émanant du géant mondial Amazon avait créé le buzz sur Internet. Depuis, le groupe de Jeff Bezos et plusieurs acteurs de la logistique ont annoncé des expérimenta- tions et réalisé des vidéos souvent spectaculaires. Pourtant, dans leur étude sur les drones à l’horizon de 2020-2025, les analystes d’Oliver Wyman n’ont pas intégré ce scénario. Il faut dire que les obstacles sont multiples. Il y a d’abord le rapport entre le poids du drone et la charge qu’il peut transpor- ter, qui est de 1 à 5 dans le meilleur des cas : pour livrer un colis de 2 kilos, il faut donc un drone de 10 kilos. Il y a ensuite un problème de réglementation : il faudra sans doute des années avant que les drones soient autorisés à sur- voler des habitations. Il y a enfin des verrous techniques, car les technolo- gies de vol autonome (sans opérateur humain) et d’évitement d’obstacle de- vront encore progresser. Sans même parler de l’autonomie... — B. G. TECHNOLOGIE// Encore embryonnaire, le marché des drones professionnels devrait être décuplé d’ici à 2020. Les applications de captation et d’exploitation de données vont devenir majoritaires. Pourquoiladonnéeestl’avenirdesdrones Benoît Georges bgeorges@lesechos.fr et Frank Niedercorn fniedercorn@lesechos.fr Aquoi ressemblera le marché des drones civils à l’horizon 2020 ou 2025 ? Si la vision futuriste de dro- nes de livraison remplaçant les coursiers a frappélesesprits,lecabinetOliverWyman, qui vient de réaliser une vaste étude pros- pective sur ce thème, a préféré écarter ce scénario (lire encadré ci-dessous). Pour autant, le secteur des drones non militaires devrait connaître une profonde mutation. Silesproduitsdestinésauxloisirsdevraient continuer leur progression, pour atteindre 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au niveau mondial en 2020, ils devraient être largementdépassésparlesmodèlesprofes- sionnels, estimés eux à plus de 4 milliards d’euros. Et les activités de service, encore peu développées, représenteront la moitié decemontant.« Amesurequelemarchédes dronescivilsmûrit,celadevientunmarchéde services.Aterme,ceseramêmeunmarchéde données », estime Guillaume Thibault, associé du cabinet Oliver Wyman et auteur de l’étude. Depuis trois ans, le secteur des services a été marqué par la progression des applica- tions liées aux médias, comme les tourna- ges de fictions et de reportages. Mais ce domaine n’est plus appelé à se développer, deplusenplusdedronesdeloisirspermet- tantdesepasserderéalisateursprofession- nels. « Les applications de prise de vues sont déjà quasiment à maturité, affirme GuillaumeThibault. Al’avenir,lavaleurqui estaujourd’huidanslaproductionetl’exploi- tation de drones va migrer vers des applica- tions plus complexes et des capacités d’ana- lyse plus sophistiquées. » Selonl’étude,ledroneseradeplusenplus utilisé comme un outil de numérisation rapide et efficace, grâce au développement et à l’intégration de différents types de cap- teurs :lidar (télédétectionpar laser) pour la modélisation 3D ou la topographie, tera- hertz (ondes électromagnétiques) pour l’inspection d’ouvrages, multispectral ou hyperspectral pour l’agriculture, infra- rouge thermique pour l’analyse des bâti- ments… Autant d’informations qui seront ensuite intégrées à des bases de données et analyséesavecdestechniquesissuesduBig Data,parexemplepourétablirdesmodèles prédictifs ou des outils d’aide à la décision. AuxEtats-Unis,lastart-upKespryaainsi développé un service permettant aux exploitants de carrières de surveiller l’état deleursstocksgrâceàdesdronesautomati- sés surveillant les sites pour les modéliser en 3D. Dans les heures qui suivent l’inter- vention, l’exploitant reçoit les estimations de tonnage précises de la carrière. Redbird, start-up française qui développe des algo- rithmes de traitement des données issues de drones civils, s’est alliée au fabricant d’engins de chantier Caterpillar et a pris pourslogan« Betterdata,betterdecisions » pour s’implanter aux Etats-Unis. En France, la division drones de SNCF Réseau, qui compte 17 personnes, utilise 8 appareils. Employés au départ pour sur- veiller les voies et empêcher les vols de métaux,ilssontdeplusenplusutiliséspour modéliser des portions du réseau, que ce soitpourlamaintenanceouenprévisionde travaux.« C’estdevenuunmétierdedonnées, explique Nicolas Pollet, responsable du pôle drones de SNCF Réseau. Aujourd’hui, les “data scientists” représentent un peu plus de la moitié de mon équipe. » Le drone vient s’ajouter à d’autres moyens de numérisa- tion du réseau, comme les satellites, ou un train spécial équipé de scanners laser, qui a déjà inspecté 10.000 km de voies sur les 30.000 que compte le réseau ferré. Les dro- nes, qui ajoutent la vision aérienne, en sont encoreloin(prèsde400km),maiscechiffre est appelé à progresser à mesure que la réglementation française, déjà l’une des plus favorables aux drones, autorisera de nouveauxtypesdevol,notammentpourles longues distances. Un enjeu pour les opérateurs L’agriculture est également vue comme un secteur prometteur. La société AirInov, née en 2010 et dont Parrot a pris le contrôle en 2015, a survolé 100.000 hectares pour le compte de 5.000 agriculteurs producteurs de céréales. Première application, l’optimi- sationdel’apportd’engrais.Grâceàsoncap- teur développé avec l’Institut national de la recherche agronomique, le drone rapporte des images indiquant l’état de développe- mentdesplantesenfonctiondeszones,afin d’en déduire celles ayant besoin de plus ou moins d’engrais. Les derniers modèles des tracteurs étant équipés de GPS, la modula- tion de l’épandage de l’engrais peut ensuite se faire de façon automatisée. « C’est le cas pour15 %denosclients,maiscelavaprogres- seraufuretàmesurequeceux-cirenouvellent leur matériel, assure Florent Mainfroy, cofondateur d’AirInov. Sans parler de ceux qui ne savent pas que le tracteur qu’ils vien- nent d’acheter offre cette fonction. » Avec un intérêt évidemment environnemental, technique (l’excès d’engrais peut être contreproductif) et financier. La jeune entreprise présente ces jours-ci un capteur de nouvelle génération sur le Salon de l’agriculture, à la fois plus léger et offrantenplusdesimagesréellesduchamp à l’agriculteur. « Dans l’avenir, avec l’évolu- tion de la réglementation et de la technologie, on peut imaginer que l’agriculteur fera lui- même ce genre de mesure », estime Florent Mainfroy. Laperspectivedeces masses dedonnées à traiter n’a pas échappé à l’opérateur Orange, associé à de nombreuses expéri- mentations en compagnie d’opérateurs de drones. « Un drone génère un nombre consi- dérablededonnéesqu’ilfautsavoirtransmet- tre de façon sécurisée, traiter, puis stocker. Autant de métiers qui nous concernent. D’où l’intérêt pour nous d’être présent d’un bout à l’autreducycle,enappuidesopérateurs,pour évaluer les besoins du marché et être prêt le moment venu », analyse Luc Bretones, directeur du Technocentre et directeur d’Orange Vallée. D’autant que les volumes de données à traiter ne vont cesser de croî- tre, notamment à cause de la vidéo dont la qualité ne cesse de s’améliorer. Consé- quence, les drones commencent à traiter l’image en temps réel afin de n’enregistrer quecequiestpertinent.« C’estlecaspourla supervision de pipeline : le drone parcourt 200kilomètresetnedéclenchelaprisedevues qu’en cas de suspicion d’usure », précise Luc Bretones. n En chiffres l 8,1 milliards d’euros Le marché mondial des drones en 2015. A lui seul, le secteur militaire en représente la quasi-totalité (6,8 milliards), suivi par les modèles semi- professionnels (1 milliard d’euros). Le marché des drones civils professionnels n’est que de 300 millions d’euros. l 4 milliards d’euros Le marché des drones professionnels est celui qui devrait connaître la plus forte progression dans le monde (+ 1.300 %) d’ici à 2020. A cette date, les drones militaires devraient peser 9,2 milliards (+ 135 %), et les semi- professionnels 2,7 milliards (+ 270 %). l 150 millions d’euros Le marché des drones civils en France en 2015. Il s’agit en majorité (90 millions) de drones de loisirs. l 88 millions d’euros Le marché de l’exploitation des drones de loisirs en France à l’horizon 2020. La surveillance, la sûreté et l’agriculture de précision connaîtront les plus fortes progressions. l De 25 % à 40 % La part du marché civil en France par rapport au marché mondial en 2025, selon l’évolution de la réglementation et des applications. (Source : Oliver Wyman, février 2016) Trois applications de Big Data pour les drones L’agriculture de précision En survolant les exploitations et en analysant automatiquement les données captées par l’appareil, il est possible d’optimiser l’apport d’engrais ou d’herbicides. A terme, le drone pourra dialoguer directement avec le tracteur. Les relevés topographiques Comment mesurer les stocks d’une carrière sans intervention humaine ? L’américain Kespry utilise des drones autonomes qui envoient les données dans le cloud. L’exploitant de la carrière reçoit un relevé quelques heures après leur passage. La surveillance linéaire Après trois ans de R&D, la SNCF utilise depuis l’été 2015 des drones pour surveiller ses voies. L’équipe dédiée se compose pour moitié de « data scientists ». Objectif : modéliser l’intégralité du réseau avec des drones, des trains et des satellites. LydieLecarpentier/RÉA IanHanning/RÉA Kespry
  • 4. 10//IDEES & DEBATS Mardi 1er mars 2016 Les Echos prospective SIRI CHINOIS Le géant chinois du Web, Baidu, progresse vite dans la reconnaissance vocale sur smartphone et la traduction, explique la « MIT Tech Review ». http://bit.ly/1oSVowC SUR LE WEB 51 % PLANÈTE MOBILE Dans les pays émergents et en voie de développement, un habitant sur deux accède à un smartphone, selon Pew Research. Ils sont 87 % dans les pays avancés. pewrsr.ch/1Q5e2Yw o L’ INNOVATION L’impression3D enmodeliquide Jusqu’à présent, l’impression d’objets en 3D se faisait à partir de filaments de plastique (pour les imprimantes grand public), de poudres chauffées par un laser (frittage) ou d’un liquide durci par un rayon ultraviolet (photo-polymérisation). Dans tous les cas, la fabrication ne pouvait se faire que couche par couche. Mais, il y a un an, la start-up américaine Carbon 3D avait présenté une nouvelle méthode appelée CLIP (« continuous liquid interface production »), dans laquelle une résine photosensible est durcie en un seul bloc. Spectaculaire et rapide (l’objet émerge d’un bain de liquide en quelques minutes, au lieu de plusieurs heures), cette technologie offrirait aussi une meilleure qualité de finition, sans les couches de matière plus ou moins visibles qui caractérisent les impressions actuelles. Il sera bientôt possible de vérifier si cette promesse est tenue : la start-up française Sculpteo, spécialisée dans les services d’impression 3D via Internet, propose depuis ce mardi la technologie CLIP à ses clients. Les objets sont imprimés dans son usine de Californie, mais expédiés dans le monde entier. Quant au coût, il est supérieur d’environ 50 % à celui d’une impression 3D classique par frittage. —B. G. Qui n’a pas ressenti une angoisse en allant faire des démarches administratives à cause de règles illogiques, d’informations peu claires, mais surtout d’une absence totale d’empathie envers l’usager ? Qui n’a pas grogné devant des sites d’opérateur de services qui nous assomment de publicité, pendant que nous cherchons simplement à les faire fonctionner ? Si des progrès ont été faits, notamment sur certains sites de services publics, il n’en reste pas moins que de nombreuses organisations publiques ou privées sont avant tout centrées sur elles-mêmes plus que sur les usagers. Pourtant, le « design de service » est supposé s’atteler à ces problèmes. Mais les grandes entreprises sont plus fortes pour faire en sorte que les gens aient envie d’un « produit », plutôt que de leur proposer un « produit » qui leur convienne vraiment. Les méthodes qui prétendent représenter les usages ne proposent que des additions de cas particuliers irréels et caricaturaux. Au final, les résultats de ces démarches reflètent des compromis habiles de gestion de la complexité, d’autopromotion et d’expression des tensions internes à l’entreprise au lieu d’un véritable service. Des start-up comme le site de voyage Captain Train semblent avoir fait ce constat. Né en 2009 de l’insatisfaction de ses fondateurs envers Voyages-sncf.com, il s’est attaché à créer une expérience simple, belle, bonne, fluide, élégante et efficace pour le voyageur par sa conception. Le numérique, relationnel par nature, doit réinterroger sur la place donnée aux humains, d’abord ; aux usagers, ensuite, et aux clients en conséquence, plus que l’inverse. Le monde pourrait donc se diviser entre, d’un côté, ceux qui créeront des expériences fluides et simples pour les gens ; et, de l’autre, ceux qui se contenteront de gérer la complexité. Une fois que le public aura goûté aux premiers, il n’est pas certain qu’il puisse accepter de compromis à son égard. Cette « simplicité by design », applicable à tous les secteurs, est peut être un des secrets d’Uber que nous n’avons pas forcement su voir, mais que tous les usagers sont, désormais, en droit de réclamer. Jean-Louis Fréchin est président de l’agence NoDesign. LA CHRONIQUE de Jean-Louis Fréchin Mettrel’humainau cœurdesservices Le drone livreur n’est pas pour demain Fin 2013, l’annonce d’un service de livraison par drone émanant du géant mondial Amazon avait créé le buzz sur Internet. Depuis, le groupe de Jeff Bezos et plusieurs acteurs de la logistique ont annoncé des expérimenta- tions et réalisé des vidéos souvent spectaculaires. Pourtant, dans leur étude sur les drones à l’horizon de 2020-2025, les analystes d’Oliver Wyman n’ont pas intégré ce scénario. Il faut dire que les obstacles sont multiples. Il y a d’abord le rapport entre le poids du drone et la charge qu’il peut transpor- ter, qui est de 1 à 5 dans le meilleur des cas : pour livrer un colis de 2 kilos, il faut donc un drone de 10 kilos. Il y a ensuite un problème de réglementation : il faudra sans doute des années avant que les drones soient autorisés à sur- voler des habitations. Il y a enfin des verrous techniques, car les technolo- gies de vol autonome (sans opérateur humain) et d’évitement d’obstacle de- vront encore progresser. Sans même parler de l’autonomie... — B. G. TECHNOLOGIE// Encore embryonnaire, le marché des drones professionnels devrait être décuplé d’ici à 2020. Les applications de captation et d’exploitation de données vont devenir majoritaires. Pourquoiladonnéeestl’avenirdesdrones Benoît Georges bgeorges@lesechos.fr et Frank Niedercorn fniedercorn@lesechos.fr Aquoi ressemblera le marché des drones civils à l’horizon 2020 ou 2025 ? Si la vision futuriste de dro- nes de livraison remplaçant les coursiers a frappélesesprits,lecabinetOliverWyman, qui vient de réaliser une vaste étude pros- pective sur ce thème, a préféré écarter ce scénario (lire encadré ci-dessous). Pour autant, le secteur des drones non militaires devrait connaître une profonde mutation. Silesproduitsdestinésauxloisirsdevraient continuer leur progression, pour atteindre 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au niveau mondial en 2020, ils devraient être largementdépassésparlesmodèlesprofes- sionnels, estimés eux à plus de 4 milliards d’euros. Et les activités de service, encore peu développées, représenteront la moitié decemontant.« Amesurequelemarchédes dronescivilsmûrit,celadevientunmarchéde services.Aterme,ceseramêmeunmarchéde données », estime Guillaume Thibault, associé du cabinet Oliver Wyman et auteur de l’étude. Depuis trois ans, le secteur des services a été marqué par la progression des applica- tions liées aux médias, comme les tourna- ges de fictions et de reportages. Mais ce domaine n’est plus appelé à se développer, deplusenplusdedronesdeloisirspermet- tantdesepasserderéalisateursprofession- nels. « Les applications de prise de vues sont déjà quasiment à maturité, affirme GuillaumeThibault. Al’avenir,lavaleurqui estaujourd’huidanslaproductionetl’exploi- tation de drones va migrer vers des applica- tions plus complexes et des capacités d’ana- lyse plus sophistiquées. » Selonl’étude,ledroneseradeplusenplus utilisé comme un outil de numérisation rapide et efficace, grâce au développement et à l’intégration de différents types de cap- teurs :lidar (télédétectionpar laser) pour la modélisation 3D ou la topographie, tera- hertz (ondes électromagnétiques) pour l’inspection d’ouvrages, multispectral ou hyperspectral pour l’agriculture, infra- rouge thermique pour l’analyse des bâti- ments… Autant d’informations qui seront ensuite intégrées à des bases de données et analyséesavecdestechniquesissuesduBig Data,parexemplepourétablirdesmodèles prédictifs ou des outils d’aide à la décision. AuxEtats-Unis,lastart-upKespryaainsi développé un service permettant aux exploitants de carrières de surveiller l’état deleursstocksgrâceàdesdronesautomati- sés surveillant les sites pour les modéliser en 3D. Dans les heures qui suivent l’inter- vention, l’exploitant reçoit les estimations de tonnage précises de la carrière. Redbird, start-up française qui développe des algo- rithmes de traitement des données issues de drones civils, s’est alliée au fabricant d’engins de chantier Caterpillar et a pris pourslogan« Betterdata,betterdecisions » pour s’implanter aux Etats-Unis. En France, la division drones de SNCF Réseau, qui compte 17 personnes, utilise 8 appareils. Employés au départ pour sur- veiller les voies et empêcher les vols de métaux,ilssontdeplusenplusutiliséspour modéliser des portions du réseau, que ce soitpourlamaintenanceouenprévisionde travaux.« C’estdevenuunmétierdedonnées, explique Nicolas Pollet, responsable du pôle drones de SNCF Réseau. Aujourd’hui, les “data scientists” représentent un peu plus de la moitié de mon équipe. » Le drone vient s’ajouter à d’autres moyens de numérisa- tion du réseau, comme les satellites, ou un train spécial équipé de scanners laser, qui a déjà inspecté 10.000 km de voies sur les 30.000 que compte le réseau ferré. Les dro- nes, qui ajoutent la vision aérienne, en sont encoreloin(prèsde400km),maiscechiffre est appelé à progresser à mesure que la réglementation française, déjà l’une des plus favorables aux drones, autorisera de nouveauxtypesdevol,notammentpourles longues distances. Un enjeu pour les opérateurs L’agriculture est également vue comme un secteur prometteur. La société AirInov, née en 2010 et dont Parrot a pris le contrôle en 2015, a survolé 100.000 hectares pour le compte de 5.000 agriculteurs producteurs de céréales. Première application, l’optimi- sationdel’apportd’engrais.Grâceàsoncap- teur développé avec l’Institut national de la recherche agronomique, le drone rapporte des images indiquant l’état de développe- mentdesplantesenfonctiondeszones,afin d’en déduire celles ayant besoin de plus ou moins d’engrais. Les derniers modèles des tracteurs étant équipés de GPS, la modula- tion de l’épandage de l’engrais peut ensuite se faire de façon automatisée. « C’est le cas pour15 %denosclients,maiscelavaprogres- seraufuretàmesurequeceux-cirenouvellent leur matériel, assure Florent Mainfroy, cofondateur d’AirInov. Sans parler de ceux qui ne savent pas que le tracteur qu’ils vien- nent d’acheter offre cette fonction. » Avec un intérêt évidemment environnemental, technique (l’excès d’engrais peut être contreproductif) et financier. La jeune entreprise présente ces jours-ci un capteur de nouvelle génération sur le Salon de l’agriculture, à la fois plus léger et offrantenplusdesimagesréellesduchamp à l’agriculteur. « Dans l’avenir, avec l’évolu- tion de la réglementation et de la technologie, on peut imaginer que l’agriculteur fera lui- même ce genre de mesure », estime Florent Mainfroy. Laperspectivedeces masses dedonnées à traiter n’a pas échappé à l’opérateur Orange, associé à de nombreuses expéri- mentations en compagnie d’opérateurs de drones. « Un drone génère un nombre consi- dérablededonnéesqu’ilfautsavoirtransmet- tre de façon sécurisée, traiter, puis stocker. Autant de métiers qui nous concernent. D’où l’intérêt pour nous d’être présent d’un bout à l’autreducycle,enappuidesopérateurs,pour évaluer les besoins du marché et être prêt le moment venu », analyse Luc Bretones, directeur du Technocentre et directeur d’Orange Vallée. D’autant que les volumes de données à traiter ne vont cesser de croî- tre, notamment à cause de la vidéo dont la qualité ne cesse de s’améliorer. Consé- quence, les drones commencent à traiter l’image en temps réel afin de n’enregistrer quecequiestpertinent.« C’estlecaspourla supervision de pipeline : le drone parcourt 200kilomètresetnedéclenchelaprisedevues qu’en cas de suspicion d’usure », précise Luc Bretones. n En chiffres l 8,1 milliards d’euros Le marché mondial des drones en 2015. A lui seul, le secteur militaire en représente la quasi-totalité (6,8 milliards), suivi par les modèles semi- professionnels (1 milliard d’euros). Le marché des drones civils professionnels n’est que de 300 millions d’euros. l 4 milliards d’euros Le marché des drones professionnels est celui qui devrait connaître la plus forte progression dans le monde (+ 1.300 %) d’ici à 2020. A cette date, les drones militaires devraient peser 9,2 milliards (+ 135 %), et les semi- professionnels 2,7 milliards (+ 270 %). l 150 millions d’euros Le marché des drones civils en France en 2015. Il s’agit en majorité (90 millions) de drones de loisirs. l 88 millions d’euros Le marché de l’exploitation des drones de loisirs en France à l’horizon 2020. La surveillance, la sûreté et l’agriculture de précision connaîtront les plus fortes progressions. l De 25 % à 40 % La part du marché civil en France par rapport au marché mondial en 2025, selon l’évolution de la réglementation et des applications. (Source : Oliver Wyman, février 2016) Trois applications de Big Data pour les drones L’agriculture de précision En survolant les exploitations et en analysant automatiquement les données captées par l’appareil, il est possible d’optimiser l’apport d’engrais ou d’herbicides. A terme, le drone pourra dialoguer directement avec le tracteur. Les relevés topographiques Comment mesurer les stocks d’une carrière sans intervention humaine ? L’américain Kespry utilise des drones autonomes qui envoient les données dans le cloud. L’exploitant de la carrière reçoit un relevé quelques heures après leur passage. La surveillance linéaire Après trois ans de R&D, la SNCF utilise depuis l’été 2015 des drones pour surveiller ses voies. L’équipe dédiée se compose pour moitié de « data scientists ». Objectif : modéliser l’intégralité du réseau avec des drones, des trains et des satellites. LydieLecarpentier/RÉA IanHanning/RÉA Kespry
  • 5. 10//IDEES & DEBATS Mardi 1er mars 2016 Les Echos prospective SIRI CHINOIS Le géant chinois du Web, Baidu, progresse vite dans la reconnaissance vocale sur smartphone et la traduction, explique la « MIT Tech Review ». http://bit.ly/1oSVowC SUR LE WEB 51 % PLANÈTE MOBILE Dans les pays émergents et en voie de développement, un habitant sur deux accède à un smartphone, selon Pew Research. Ils sont 87 % dans les pays avancés. pewrsr.ch/1Q5e2Yw o L’ INNOVATION L’impression3D enmodeliquide Jusqu’à présent, l’impression d’objets en 3D se faisait à partir de filaments de plastique (pour les imprimantes grand public), de poudres chauffées par un laser (frittage) ou d’un liquide durci par un rayon ultraviolet (photo-polymérisation). Dans tous les cas, la fabrication ne pouvait se faire que couche par couche. Mais, il y a un an, la start-up américaine Carbon 3D avait présenté une nouvelle méthode appelée CLIP (« continuous liquid interface production »), dans laquelle une résine photosensible est durcie en un seul bloc. Spectaculaire et rapide (l’objet émerge d’un bain de liquide en quelques minutes, au lieu de plusieurs heures), cette technologie offrirait aussi une meilleure qualité de finition, sans les couches de matière plus ou moins visibles qui caractérisent les impressions actuelles. Il sera bientôt possible de vérifier si cette promesse est tenue : la start-up française Sculpteo, spécialisée dans les services d’impression 3D via Internet, propose depuis ce mardi la technologie CLIP à ses clients. Les objets sont imprimés dans son usine de Californie, mais expédiés dans le monde entier. Quant au coût, il est supérieur d’environ 50 % à celui d’une impression 3D classique par frittage. —B. G. Qui n’a pas ressenti une angoisse en allant faire des démarches administratives à cause de règles illogiques, d’informations peu claires, mais surtout d’une absence totale d’empathie envers l’usager ? Qui n’a pas grogné devant des sites d’opérateur de services qui nous assomment de publicité, pendant que nous cherchons simplement à les faire fonctionner ? Si des progrès ont été faits, notamment sur certains sites de services publics, il n’en reste pas moins que de nombreuses organisations publiques ou privées sont avant tout centrées sur elles-mêmes plus que sur les usagers. Pourtant, le « design de service » est supposé s’atteler à ces problèmes. Mais les grandes entreprises sont plus fortes pour faire en sorte que les gens aient envie d’un « produit », plutôt que de leur proposer un « produit » qui leur convienne vraiment. Les méthodes qui prétendent représenter les usages ne proposent que des additions de cas particuliers irréels et caricaturaux. Au final, les résultats de ces démarches reflètent des compromis habiles de gestion de la complexité, d’autopromotion et d’expression des tensions internes à l’entreprise au lieu d’un véritable service. Des start-up comme le site de voyage Captain Train semblent avoir fait ce constat. Né en 2009 de l’insatisfaction de ses fondateurs envers Voyages-sncf.com, il s’est attaché à créer une expérience simple, belle, bonne, fluide, élégante et efficace pour le voyageur par sa conception. Le numérique, relationnel par nature, doit réinterroger sur la place donnée aux humains, d’abord ; aux usagers, ensuite, et aux clients en conséquence, plus que l’inverse. Le monde pourrait donc se diviser entre, d’un côté, ceux qui créeront des expériences fluides et simples pour les gens ; et, de l’autre, ceux qui se contenteront de gérer la complexité. Une fois que le public aura goûté aux premiers, il n’est pas certain qu’il puisse accepter de compromis à son égard. Cette « simplicité by design », applicable à tous les secteurs, est peut être un des secrets d’Uber que nous n’avons pas forcement su voir, mais que tous les usagers sont, désormais, en droit de réclamer. Jean-Louis Fréchin est président de l’agence NoDesign. LA CHRONIQUE de Jean-Louis Fréchin Mettrel’humainau cœurdesservices Le drone livreur n’est pas pour demain Fin 2013, l’annonce d’un service de livraison par drone émanant du géant mondial Amazon avait créé le buzz sur Internet. Depuis, le groupe de Jeff Bezos et plusieurs acteurs de la logistique ont annoncé des expérimenta- tions et réalisé des vidéos souvent spectaculaires. Pourtant, dans leur étude sur les drones à l’horizon de 2020-2025, les analystes d’Oliver Wyman n’ont pas intégré ce scénario. Il faut dire que les obstacles sont multiples. Il y a d’abord le rapport entre le poids du drone et la charge qu’il peut transpor- ter, qui est de 1 à 5 dans le meilleur des cas : pour livrer un colis de 2 kilos, il faut donc un drone de 10 kilos. Il y a ensuite un problème de réglementation : il faudra sans doute des années avant que les drones soient autorisés à sur- voler des habitations. Il y a enfin des verrous techniques, car les technolo- gies de vol autonome (sans opérateur humain) et d’évitement d’obstacle de- vront encore progresser. Sans même parler de l’autonomie... — B. G. TECHNOLOGIE// Encore embryonnaire, le marché des drones professionnels devrait être décuplé d’ici à 2020. Les applications de captation et d’exploitation de données vont devenir majoritaires. Pourquoiladonnéeestl’avenirdesdrones Benoît Georges bgeorges@lesechos.fr et Frank Niedercorn fniedercorn@lesechos.fr Aquoi ressemblera le marché des drones civils à l’horizon 2020 ou 2025 ? Si la vision futuriste de dro- nes de livraison remplaçant les coursiers a frappélesesprits,lecabinetOliverWyman, qui vient de réaliser une vaste étude pros- pective sur ce thème, a préféré écarter ce scénario (lire encadré ci-dessous). Pour autant, le secteur des drones non militaires devrait connaître une profonde mutation. Silesproduitsdestinésauxloisirsdevraient continuer leur progression, pour atteindre 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires au niveau mondial en 2020, ils devraient être largementdépassésparlesmodèlesprofes- sionnels, estimés eux à plus de 4 milliards d’euros. Et les activités de service, encore peu développées, représenteront la moitié decemontant.« Amesurequelemarchédes dronescivilsmûrit,celadevientunmarchéde services.Aterme,ceseramêmeunmarchéde données », estime Guillaume Thibault, associé du cabinet Oliver Wyman et auteur de l’étude. Depuis trois ans, le secteur des services a été marqué par la progression des applica- tions liées aux médias, comme les tourna- ges de fictions et de reportages. Mais ce domaine n’est plus appelé à se développer, deplusenplusdedronesdeloisirspermet- tantdesepasserderéalisateursprofession- nels. « Les applications de prise de vues sont déjà quasiment à maturité, affirme GuillaumeThibault. Al’avenir,lavaleurqui estaujourd’huidanslaproductionetl’exploi- tation de drones va migrer vers des applica- tions plus complexes et des capacités d’ana- lyse plus sophistiquées. » Selonl’étude,ledroneseradeplusenplus utilisé comme un outil de numérisation rapide et efficace, grâce au développement et à l’intégration de différents types de cap- teurs :lidar (télédétectionpar laser) pour la modélisation 3D ou la topographie, tera- hertz (ondes électromagnétiques) pour l’inspection d’ouvrages, multispectral ou hyperspectral pour l’agriculture, infra- rouge thermique pour l’analyse des bâti- ments… Autant d’informations qui seront ensuite intégrées à des bases de données et analyséesavecdestechniquesissuesduBig Data,parexemplepourétablirdesmodèles prédictifs ou des outils d’aide à la décision. AuxEtats-Unis,lastart-upKespryaainsi développé un service permettant aux exploitants de carrières de surveiller l’état deleursstocksgrâceàdesdronesautomati- sés surveillant les sites pour les modéliser en 3D. Dans les heures qui suivent l’inter- vention, l’exploitant reçoit les estimations de tonnage précises de la carrière. Redbird, start-up française qui développe des algo- rithmes de traitement des données issues de drones civils, s’est alliée au fabricant d’engins de chantier Caterpillar et a pris pourslogan« Betterdata,betterdecisions » pour s’implanter aux Etats-Unis. En France, la division drones de SNCF Réseau, qui compte 17 personnes, utilise 8 appareils. Employés au départ pour sur- veiller les voies et empêcher les vols de métaux,ilssontdeplusenplusutiliséspour modéliser des portions du réseau, que ce soitpourlamaintenanceouenprévisionde travaux.« C’estdevenuunmétierdedonnées, explique Nicolas Pollet, responsable du pôle drones de SNCF Réseau. Aujourd’hui, les “data scientists” représentent un peu plus de la moitié de mon équipe. » Le drone vient s’ajouter à d’autres moyens de numérisa- tion du réseau, comme les satellites, ou un train spécial équipé de scanners laser, qui a déjà inspecté 10.000 km de voies sur les 30.000 que compte le réseau ferré. Les dro- nes, qui ajoutent la vision aérienne, en sont encoreloin(prèsde400km),maiscechiffre est appelé à progresser à mesure que la réglementation française, déjà l’une des plus favorables aux drones, autorisera de nouveauxtypesdevol,notammentpourles longues distances. Un enjeu pour les opérateurs L’agriculture est également vue comme un secteur prometteur. La société AirInov, née en 2010 et dont Parrot a pris le contrôle en 2015, a survolé 100.000 hectares pour le compte de 5.000 agriculteurs producteurs de céréales. Première application, l’optimi- sationdel’apportd’engrais.Grâceàsoncap- teur développé avec l’Institut national de la recherche agronomique, le drone rapporte des images indiquant l’état de développe- mentdesplantesenfonctiondeszones,afin d’en déduire celles ayant besoin de plus ou moins d’engrais. Les derniers modèles des tracteurs étant équipés de GPS, la modula- tion de l’épandage de l’engrais peut ensuite se faire de façon automatisée. « C’est le cas pour15 %denosclients,maiscelavaprogres- seraufuretàmesurequeceux-cirenouvellent leur matériel, assure Florent Mainfroy, cofondateur d’AirInov. Sans parler de ceux qui ne savent pas que le tracteur qu’ils vien- nent d’acheter offre cette fonction. » Avec un intérêt évidemment environnemental, technique (l’excès d’engrais peut être contreproductif) et financier. La jeune entreprise présente ces jours-ci un capteur de nouvelle génération sur le Salon de l’agriculture, à la fois plus léger et offrantenplusdesimagesréellesduchamp à l’agriculteur. « Dans l’avenir, avec l’évolu- tion de la réglementation et de la technologie, on peut imaginer que l’agriculteur fera lui- même ce genre de mesure », estime Florent Mainfroy. Laperspectivedeces masses dedonnées à traiter n’a pas échappé à l’opérateur Orange, associé à de nombreuses expéri- mentations en compagnie d’opérateurs de drones. « Un drone génère un nombre consi- dérablededonnéesqu’ilfautsavoirtransmet- tre de façon sécurisée, traiter, puis stocker. Autant de métiers qui nous concernent. D’où l’intérêt pour nous d’être présent d’un bout à l’autreducycle,enappuidesopérateurs,pour évaluer les besoins du marché et être prêt le moment venu », analyse Luc Bretones, directeur du Technocentre et directeur d’Orange Vallée. D’autant que les volumes de données à traiter ne vont cesser de croî- tre, notamment à cause de la vidéo dont la qualité ne cesse de s’améliorer. Consé- quence, les drones commencent à traiter l’image en temps réel afin de n’enregistrer quecequiestpertinent.« C’estlecaspourla supervision de pipeline : le drone parcourt 200kilomètresetnedéclenchelaprisedevues qu’en cas de suspicion d’usure », précise Luc Bretones. n En chiffres l 8,1 milliards d’euros Le marché mondial des drones en 2015. A lui seul, le secteur militaire en représente la quasi-totalité (6,8 milliards), suivi par les modèles semi- professionnels (1 milliard d’euros). Le marché des drones civils professionnels n’est que de 300 millions d’euros. l 4 milliards d’euros Le marché des drones professionnels est celui qui devrait connaître la plus forte progression dans le monde (+ 1.300 %) d’ici à 2020. A cette date, les drones militaires devraient peser 9,2 milliards (+ 135 %), et les semi- professionnels 2,7 milliards (+ 270 %). l 150 millions d’euros Le marché des drones civils en France en 2015. Il s’agit en majorité (90 millions) de drones de loisirs. l 88 millions d’euros Le marché de l’exploitation des drones de loisirs en France à l’horizon 2020. La surveillance, la sûreté et l’agriculture de précision connaîtront les plus fortes progressions. l De 25 % à 40 % La part du marché civil en France par rapport au marché mondial en 2025, selon l’évolution de la réglementation et des applications. (Source : Oliver Wyman, février 2016) Trois applications de Big Data pour les drones L’agriculture de précision En survolant les exploitations et en analysant automatiquement les données captées par l’appareil, il est possible d’optimiser l’apport d’engrais ou d’herbicides. A terme, le drone pourra dialoguer directement avec le tracteur. Les relevés topographiques Comment mesurer les stocks d’une carrière sans intervention humaine ? L’américain Kespry utilise des drones autonomes qui envoient les données dans le cloud. L’exploitant de la carrière reçoit un relevé quelques heures après leur passage. La surveillance linéaire Après trois ans de R&D, la SNCF utilise depuis l’été 2015 des drones pour surveiller ses voies. L’équipe dédiée se compose pour moitié de « data scientists ». Objectif : modéliser l’intégralité du réseau avec des drones, des trains et des satellites. LydieLecarpentier/RÉA IanHanning/RÉA Kespry
  • 6. En revanche, évoquant « la lenteur de l'acceptation sociétale », les consultants ne voient pas prospérer des drones au service des forces de l'ordre ou de la Sécurité civile. Ceux- là qui ne devraient pas peser plus que 5 % du marché dans 10 ans (ce qui, malgré tout, n'est pas rien…). Quant aux applications liées à l'avènement de l'agriculture de précision, elles vont fortement gagner du terrain mais il ne faut sans doute pas les surestimer. L'étude considère que leur part dans le marché global lié à l'exploitation des drones ne dépassera 10 % dans les dix prochaines années. Enfin, la part des métiers de la distribution devrait rester symbolique, malgré les projets dse livraison par drones évoqués par Amazon, Google ou DHL. « Pour nous, ce n'est pas un sujet pour la bonne raison que cette activité ne paraît pas faisable en termes opérationnels » estime Olivier Thibault, spécialiste des drones au sein du bureau parisien d'Oliver Wyman.
  • 7. Les drones professionnels préparent leur envol Par Lucie Ronfaut et Service Infographie Publié le 01/03/2016 à 06h00 INFOGRAPHIE - Les ventes de drones connaissent un essor important. Les drones professionnels devraient se démocratiser et rapporter 9 milliards d'euros d'ici à 2020, selon une étude de la société de conseil Oliver Wyman. Les drones décollent. Les ventes de ces engins volants, utilisés par les entreprises, les particuliers ou l'armée, ont engrangé près de 8,3 milliards d'euros de vente en 2015 d'après la société de conseil Oliver Wyman, qui publie mardi, sa première étude sur le sujet. Ces revenus devraient pratiquement doubler en cinq ans. Aujourd'hui, le marché des drones se concentre surtout sur le secteur militaire: seul 19% de ces objets volants vendus dans le monde sont de types civils, pour les professionnels ou les particuliers. Les appareils de loisirs représentent aujourd'hui 1,3 milliard d'euros de chiffre d'affaires, et le secteur professionnel seulement 0,3 milliard d'euros. Cette situation devrait néanmoins vite évoluer. D'ici à 2020, les drones professionnels vont rapporter près de 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, se rapprochant du marché militaire dont les revenus sur la même période sont estimés à 9 milliards d'euros. Nouvelle législation Plusieurs facteurs vont pousser à cette explosion des drones professionnels, comme la baisse des coûts des composants. Sur le plan légal, de nombreux acteurs de l'industrie attendent la publication des recommandations de la Federal Aviation Administration, aux États-Unis, sur la régulation des vols de drones au- dessus des populations. «Ces règles devraient permettre l'accélération du marché américain, qui provoquera lui-même l'entraînement du marché français et européen», estime Guillaume Thibault, associé chez Oliver Wyman et auteur de
  • 8. l'étude. «Une fois les règles fixées, il sera plus simple de prouver la création de valeur grâce aux drones.» «Désormais le relais de croissance se trouve du côté des professionnels.» Guillaume Thibault, auteur de l'étude Aujourd'hui, ces objets volants sont majoritairement utilisés dans le domaine des médias, pour réaliser des prises de vue en altitude à moindre coût: cet usage représente près de 59% du marché professionnel en France en 2015. Une proportion qui devrait redescendre à 21% en 2020, à la faveur du développement d'autres secteurs: sécurité, thermographie, agriculture... «Le marché du loisir a eu un vrai rôle de démocratisation du drone», assure Guillaume Thibault. «Désormais le relais de croissance se trouve du côté des professionnels.» Un virage que les quelques acteurs déjà présents sont prêts à prendre, comme le français Parrot, dont le chiffre d'affaires dans les drones a augmenté de 121% en 2015, et qui investit désormais des nouveaux domaines comme l'agriculture. Le marché professionnel est vaste: il ne s'agit pas seulement de construire des drones mais aussi de les réparer, de les piloter, de développer des logiciels permettant d'exploiter au mieux les données récoltées en vol, etc. «On assiste au début d'une véritable bataille entre des acteurs très différents», précise Guillaume Thibault. «Ils peuvent être des start-up modestes et spécialisées dans les drones, des géants de l'aéronautique ou des hybrides qui se consacrent à un marché, un type de service ou un composant particulier.»
  • 9. Indicateur Le marché des drones civils en passe d’exploser L´Usine Nouvelle James Olivier 3 mars 2016 Après des débuts plus calmes qu’espérés, le marché des drones civils devrait connaître un essor important dans les dix prochaines années. Un dynamisme lié aux usages professionnels. Pionnière avec une réglementation mise en place dès 2012, la France s’attendait à un juteux marché du drone civil. Las, face à la percée incontestable des engins de loisirs, les drones professionnels semblent jusqu’à présent avoir raté le coche des grands contrats. Mais la situation devrait très vite se retourner, à en croire une étude dévoilée le 1er mars par le cabinet Oliver Wyman. «!Il reste encore difficile pour les usages professionnels de démontrer la valeur ajoutée des drones, assure Guillaume Thibault, associé industrie, qui a participé à cette étude. Mais d’ici à deux ans, le marché des loisirs va arriver à maturité, et les usages professionnels vont être portés par la digitalisation des process.!» C’est le cas, notamment, des applications liées à la sûreté, à la thermographie (BTP, photovoltaïque…) ou bien encore à l’agriculture de précision. Comment expliquer ce basculement qui s’accompagne de la promesse d’une forte croissance dans la prochaine décennie!? Plusieurs raisons sont à prendre en compte!: la clarification réglementaire, avec l’arrivée d’un cadre européen et américain, la baisse des coûts des composants des drones (capteurs, matériaux…), mais aussi le développement exponentiel des logiciels capables d’analyser les données et de fournir les meilleures aides à la décision.
  • 10. [INFOGRAPHIE] Le marché français des drones civils pourrait dépasser 650 millions d’euros en 2025 Par Olivier James - Publié le 01 mars 2016, à 06h30 Après des débuts timorés, le marché des drones civils devrait enfin décoller grâce aux usages professionnels, selon une étude détaillée du cabinet Oliver Wyman. La consolidation du secteur s'effectuera à la faveur d'un essor de l'exploitation des données numériques. Pionnière avec une réglementation mise en place dès 2012, la France devait voir grandir en son sein un juteux marché du drone civil. Las, face à la percée incontestable des engins de loisirs, les drones professionnels semblent jusque-là avoir raté le coche des grands contrats et des marchés d’ampleur. Mais la situation devrait très vite se retourner à la faveur des seconds, à en croire une étude tout juste publiée par le cabinet Oliver Wyman. En France, le marché des drones civils pourrait s’élever à 652 millions d’euros en 2025, contre 155 millions d’euros en 2015. Un horizon situé à mi-chemin entre deux scénarios envisagés, l’un pessimiste (494 millions d’euros), l’autre optimiste (824 millions d’euros). Des chiffres à comparer au marché mondial en 2015 estimé à 1,6 milliard d’euros. Cette croissance s’explique avant tout par le fort développement des usages professionnels. "Le segment des loisirs va arriver à maturité d’ici deux ans car de nombreux foyers auront fait l’acquisition de drones, assure Guillaume Thibault, associé Industrie chez Oliver Wyman qui a participé à cette étude. Quant aux usages professionnels, ils vont être portés par la digitalisation des process".
  • 11. Alors que le marché des appareils de loisirs, largement dominé par Parrot, devrait passer de 90 millions d’euros en 2015 à 190 millions d’euros en 2025, celui des engins professionnels pourrait faire un bond de 65 millions d’euros à 461 millions d’euros (dont 276 millions d’euros pour les exploitants et 185 millions d’euros pour les constructeurs). VERS DE NOUVEAUX USAGES PROFESSIONNELS Comment expliquer le retard à l’allumage d’un secteur aussi riche en promesses ? "Il reste difficile pour les usages professionnels de démontrer la valeur ajoutée des drones", assure Guillaume Thibault. Et l’expert de pointer du doigt un exemple précis : dans le domaine de l’agriculture de précision, le coût de la surveillance satellitaire atteint 7 euros l’hectare, contre 15 euros pour un drone. Autrement dit, les drones ne sont pas prêts de dézinguer pour chaque usage les hélicoptères, satellites et autres petits avions de surveillance. C’est l’une des raisons pour laquelle le secteur souffre cruellement de l’absence de contrats d’envergure de la part des grands donneurs d’ordre. Mais dans les prochaines années, les drones civils en général, et professionnels en particulier, devraient enfin prendre leur envol. Harmonisation européenne des réglementations, mise en place d’un cadre réglementaire aux Etats-Unis (peut-être pour 2017), baisse des coûts des composants (capteurs, électronique embarquée, caméras…), amélioration des logiciels capables de fournir des diagnostics après enregistrement des données… "Le marché civil en France pourrait représenter entre 25% et 40% du marché mondial en 2025 selon le développement de la réglementation et des applications professionnelles", peut-on lire dans le rapport du cabinet Oliver Wyman. Au-delà des grandes tendances, l’étude montre précisément quels usages professionnels sont appelés à se développer. Les médias sont les principaux utilisateurs de drones. En 2015, ils représentaient plus de la moitié du marché français de l'exploitation. Mais la situation pourrait changer. Comme par exemple
  • 12. dans la sûreté et la surveillance linéaire grâce aux besoins de maintenance dans les réseaux d’énergie et de surveillance des sites industriels, mais aussi dans la thermographie (photovoltaïque, diagnostic énergétique des bâtiments…) et les inspections. Les usages liés à la police et aux douanes ainsi qu’à la sécurité civile devraient en revanche se réduire àa portion congrue, avec respectivement 3 et 2% de parts de marché. UN MODÈLE EN RECHERCHE DE COMPÉTITIVITÉ A l’évidence, le marché des drones professionnels décollera à la condition que ces engins offrent aux industriels des diagnostics précis à des coûts compétitifs. Autrement dit, si les drones parviennent à s’ériger en "levier de la transformation digitale". Parmi les exemples listés par le cabinet Oliver Wyman : un drone permet de diviser par deux le temps d’une mission de thermographie par rapport à une opération terrestre, il offre aussi 80% de gain de productivité en jour-homme dans les activités de cartographie et de topographie. Une exigence d’efficacité et de résultats qui devrait pousser la valeur ajoutée du marché vers les services et le management de données, activités où les marges sont les plus fortes. In fine, l’étude donne à voir la reconfiguration future du marché des drones civils. Constructeurs (Parrot, Airinnov, Delair rech…) et opérateurs (Redbird, Azur Drones…) remonteront la chaîne de valeur pour davantage se positionner sur la lucrative exploitation des données, quand les spécialistes des données (Google, IBM, Pix4D, MicaSense…) s’engageront dans le chemin inverse, en particulier la capture de données. De quoi favoriser la consolidation du marché, qui pourrait s’accélérer dès cette année. L’avenir des futurs géants du drone est-il celui d’entreprises intégrées, capables de produire des drones, de les exploiter et de fournir des diagnostics clés en main à leurs clients ? Verra-t-on se multiplier les acquisitions de start- ups de la part de grands groupes actuels ? Les prochaines années permettront d’esquisser le visage plus précis d’un secteur dont nous n’avons encore que le portrait-robot. Olivier James
  • 13. Le droniste Delair-Tech lève 13 millions d’euros et affiche ses ambitions dans le numérique Usinenouvelle.com 11 mars 2016 12:00 Avec une nouvelle levée de fonds réussie, l'entreprise toulousaine compte étendre sa présence à l'international. Ses efforts de R&D se concentrent dans le traitement des données numériques. DR L’année 2016 pourrait bien représenter un tournant dans la courte histoire de la société. Le spécialiste des drones Delair-Tech annonce vendredi 11 mars avoir levé 13 millions d’euros, notamment grâce à la participation de son investisseur historique, le fonds d’investissement Andromède. Une levée de fonds bien supérieure à celle opérée en 2013, de 3 millions d’euros. De quoi donner des ailes à cette société toulousaine de 50 salariés, créée en 2011, spécialisée dans les drones de longue portée dédiés à l'observation des grandes infrastructures industrielles linéaires. "Nous allons pouvoir assurer une expansion commerciale globale, assure Michaël de Lagarde, président de Delair-Tech. Nous avons déjà une filiale en Australie, nous en aurons une prochainement aux Etats-Unis et peut-être en Chine". Via son réseau de distribution, la société est présente dans une trentaine de pays. Elle y vend son DT-18, un petit drone de deux kilos qui a déjà séduit des entreprises comme la SNCF, ERDF, GDF Suez ou bien encore EDF. Delair-Tech assure la production de 100 à 200 appareils par an. vers un développement des services Surtout, cette nouvelle levée de fonds vise à modifier à petits pas le modèle économique de Delair- Tech : de son activité historique de fabrication de drones, la société souhaite de plus en plus se tourner vers l’analyse de données enregistrées par les drones en mission. "Nos efforts croissants de R&D visent à affirmer notre avance technologique en matière de conception et de production de drones professionnels mais aussi en matière d’analyse et traitement de la donnée collectée ". Exemple : Delair-Tech propose déjà à ERDF un relevé 3D de ses lignes électriques et de leur proximité avec la végétation et un diagnostic automatisé des besoins d’élagage. C’est ce type de prestation que Delair-Tech compte généraliser à l’intention des industriels, des réseaux de pipeline à l’agriculture de précision. Raison pour laquelle l’entreprise lance une nouvelle entité : Delair- Services. Une initiative qui intervient quelques mois après la création de Delair-Analytics, une plate- forme qui permet aux donneurs d’ordre, via le cloud et une interface web, de transmettre leurs données issues de campagnes d’observation pour les faire analyser.
  • 14. La ruée vers la data "En développant notre activité de services, nous cherchons, non plus seulement à produire des drones, mais aussi à proposer des solutions clés en main car les grands groupes ne souhaitent pas investir eux-mêmes dans des machines", assure Michaël de Lagarde. Alors que les services représentaient encore une part non significative dans le chiffre d’affaires de 2015 (2 millions d’euros), ils devraient atteindre 20% du chiffre d’affaires en 2016. Cette nouvelle entité dédiée aux services explique en grande partie les 30 embauches prévues pour cette année. Ce glissement de Delair-Tech vers l’aval de la filière, la capture et l’interprétation des données, est emblématique d’un mouvement de fonds dans le jeune secteur des drones à usage professionnel. Un mouvement analysé en détail dans une étude du cabinet Oliver Wyman publiée le 1er mars 2016. Les constructeurs de drones (Parrot, Airinov, EOS…) et les opérateurs (Redbird, Air marine, Azur Drones…) se ruent vers le monde de la donnée, qui recèle davantage de valeur ajoutée. Alors que les marges varient entre 5 et 15% en amont de la filière, elles dépassent les 30% sur le segment de l’exploitation de données. La bataille numérique des drones ne fait que commencer.
  • 15. FIGARO ECONOMIE Médias Les drones de Delair-Tech prennent de la hauteur Le Figaro Elsa Bembaron; ebembaron@lefigaro.fr 12 mars 2016 Le champion français du drone professionnel annonce une levée de fonds de 13 millions d'euros. Une opération qui le valorise à quelque 50 millions. HIGH-TECH Un champion français peut en cacher un autre. Parrot tient la vedette pour les drones de loisirs. Dans le monde du drone professionnel, Delair-Tech est en train de réaliser un sans-faute. La start-up toulousaine, qui fête tout juste ses 5 ans, a réalisé un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros en 2015, en hausse de 66 % sur un an. Cette performance commerciale est un des motifs de satisfaction pour les actionnaires de la société, qui vient de lever 13 millions d'euros auprès de la BPI (pour 1 million d'euros), du holding patrimonial de la famille Hériard Dubreuil, Andromède (7 millions) et d'autres investisseurs privés. Une première levée de fonds de 3 millions d'euros avait été réalisée en 2013. Andromède et la BPI figuraient déjà au tour de table, ainsi que Parrot, le leader du drone de loisir. Selon nos estimations, Delair-Tech est valorisé environ 50 millions d'euros. Le marché mondial du drone professionnel est estimé à 300 millions d'euros par le cabinet Oliver Wyman, qui anticipe une croissance de 68 % d'ici à 2020. Les drones de Delair-Tech, utilisés notamment dans la surveillance d'infrastructures, sont « made in France ». Soucieuse de conserver la maîtrise de son savoir-faire, l'équipe fondatrice a choisi d'intégrer toutes les étapes, depuis la fabrication des « avions » proprement dite jusqu'à la conception de tous les logiciels nécessaires au traitement des images. « Deux heures de vol génèrent 10 000 photos. il faut être capables de les traiter pour les exploiter », explique Michaël de Lagarde, président et cofondateur de Delair-Tech. La start-up lance aussi une offre de services tout-en-un, Delair-Tech Services, pour répondre aux demandes de ses grands clients industriels. SNCF comme client ERDF Total et SNCF comptent parmi ses clients. « L'utilisation de drones pour surveiller notre réseau est non invasive : elle peut exister sans perturber le trafic sur nos lignes », mentionne de son côté Flavien Didier en charge de drones à la SNCF. Delair-Tech opère aussi dans le domaine minier, l'agriculture ou encore l'énergie. « Nous avons été la première entreprise à obtenir, en octobre 2012, une certification de la Direction générale de l'aviation civile, qui nous permet d'opérer des drones, hors de portée de vue du pilote », souligne Michaël de Lagarde. Une particularité qui permet à la jeune entreprise d'effectuer de longues missions, d'autant que ses appareils disposent de deux heures d'autonomie. Pour le moment, sa gamme est constituée de deux appareils, le DT18, qui pèse moins de 2 kilos, et le DT26, capable de transporter jusqu'à 15 kg de charge utile, essentiellement des appareils de mesure spécifique. La société emploie 50 personnes. Elle est présente dans une trentaine de pays, sur les cinq continents. La moitié de son chiffre d'affaires est réalisée hors d'Europe. Delair-Tech compte mettre à profit la levée de fonds pour s'étendre à l'international, développer de nouveaux modèles de drones et augmenter ses capacités de production. « Nous avons produit 300 drones en cinq ans. Cette année, nous allons porter notre capacité de production à 500 par an », précise Michaël de Lagarde.
  • 16. 16//INDUSTRIE & SERVICES Mardi 26 avril 2016 Les Echos AuJapon,Rakuten lancelespremières livraisonspardrone Yann Rousseau (à Chiba) lesechosjapan@gmail.com Il est midi au départ du trou numéro 7 du Camel Golf Resort de Chibaetlegolfeuraunepetitefaim. Sur une application pour smart- phone Android développée par Rakuten–legéantjaponaisducom- merce en ligne –, le joueur com- mande un hamburger, un thé vert glacéetdesballesneuves.Deuxkilos maximum de marchandises. Quel- ques minutes plus tard, un ronfle- mentsefaitentendreàunetrentaine demètresdansleciel.Undronedoté de8hélicesapparaîtetdescendlen- tement vers le sol, où a été étendue une bâche aisément repérable par les capteurs de l’engin. L’appareil se pose et relâche une petite boîte de plastique rose contenant le repas et les balles. Il redécolle et rentre à sa base. « Nous sommes au début d’une nouvelle génération de commerce », se régale Hiroshi Mikitani, le PDG de Rakuten, venu lancer ce lundi, à deux heures de route de Tokyo, les premières livraisons commer- cialespardronedelaplanète. Si plusieurs entreprises ont testé ce service, notamment Amazon, aucunen’avaitpourl’instantobtenu le droit de commercialiser cette offrequicontraintlesEtatsàconce- voir de nouvelles réglementations. « Legouvernementjaponaisafaitdes drones une priorité stratégique et se montre étonnamment agressif sur le sujet.Ilnousaoffertunsoutienfort », assure Hiroshi Mikitani, habituel- lement critique du conservatisme del’administrationnippone. L’an dernier, Tokyo avait décidé de durcir les lois contre les drones après la découverte, sur le toit des bureaux du Premier ministre, Shinzo Abe, de l’appareil d’un mili- tant antinucléaire. Mais il a depuis autorisé des collectivités à « dérégu- ler » pour favoriser les essais com- merciaux. Se voulant pionnière, la préfecturedeChibasemontreparti- culièrement accommodante. Elle a récemment autorisé des démons- trations de livraisons de médica- ments entre un centre commercial etletoitd’unimmeubleetprévoitde demander aux promoteurs immo- biliers d’installer des zones d’atter- rissage sur les balcons des apparte- ments en construction. Objectif : encourager la croissance des entre- prises high-tech locales et particu- lièrement du groupe Autonomous Control Systems Laboratory ou ACSL, néedans larégion. Possibilités considérables Baptisé « Tenku », le drone utilisé par Rakuten a été conçu par ACSL mais son logiciel de reconnaissance visuelleaétémisaupointencollabo- ration avec les ingénieurs de Raku- ten. Il peut en théorie parcourir une trentainedekilomètres,maisn’aura à voler que quelques centaines de mètres sur le parcours de golf, où il seramisenserviceàpartirdu9mai prochain.« C’estuneoccasionunique de le faire évoluer en conditions réel- les, explique Kenzo Nonami, le PDG d’ACSL. Le Japon a perdu face aux étrangers sur les marchés des smart- phones et des ordinateurs. Nous ne devons pas commettre la même erreuraveclesdrones. »Rakuten,qui a investi avec un fonds 6,4 millions dedollarsdansACSL,espèrequeles livraisonssurlesterrainsdegolfper- mettront de familiariser l’opinion publique avec les drones. « Ensuite, les possibilités sont considérables », rappelle Hiroshi Mikitani, qui évo- que des livraisons dans les zones de catastrophes naturelles ou dans des campagnes dépeuplées, chez des personnes âgées n’ayant plus la capacitédesedéplacer. n l Le Japon veut que ses entreprises s’imposent sur le futur marché des drones de service. l Reportage à Chiba, où le géant nippon d’e-commerce met en service son drone sur un parcours de golf. E-COMMERCE res.« L’objectifàtermeestdepouvoir desservir des zones très difficiles d’accès, comme une île, un bateau ou une zone de montagne, explique Jean-Luc Defrance. Mais l’hypo- thèsed’unusagemassifpourlivrerles particuliers, en zone urbaine notam- ment, est totalement exclue. » Cette position rejoint l’analyse du cabinet de consultants Oliver Wyman,quiapubliéuneétudepros- pective sur le marché des drones professionnelsàl’horizon2025.Son auteur, Guillaume Thibault, évoque plusieurs segments porteurs (col- lecte de données, surveillance…) maisn’yinclutpaslalogistique.« Les drones peuvent s’avérer utiles aux militaires, pour ravitailler, par exem- ple, en médicaments des éléments situés près de la zone de front, expli- que-t-il. Mais leur usage civil s’avère beaucoup plus compliqué. Les obsta- clesd’ordretechnologiquesontencore nombreux. Mais le véritable obstacle est d’ordre réglementaire : les drones sont soumis à plusieurs régimes juri- diquesdifférents,etposentlaquestion de la gestion du système aérien dans son ensemble. Cela exclut à court terme un usage généralisé pour la livraisondecolisdanslesvilles. » n Lionel Steinmann @lionelSteinmann EnFrance,LaPostemènedesexpé- rimentations sur le transport de colis par drone, sans pour autant avoir comme ambition de révo- lutionner la livraison à domicile. Testé en conditions réelles depuis juin 2014 en partenariat avec la société Atechsys, le prototype déve- loppé par La Poste est conçu pour décoller verticalement. D’un poids de 4 kilogrammes, il peut transpor- ter un colis de 3 kilogrammes sur unedistance de20 kilomètres. Lesderniersdéveloppementsont permisdegagnerenrayond’action, grâce à une plus grande autonomie delabatterie,etuntravailsurl’opti- misation de l’aérodynamisme. L’engin est, par ailleurs, doté d’un parachute. Le prototype a égale- ment gagné en précision dans ses atterrissages.« LescoordonnéesGPS qui lui sont données sont désormais respectées à quelques centimètres près, au lieu d’un mètre aupara- vant », indique Jean-Luc Defrance, vice-président de GeoPost. Dans cette optique, le groupe public tra- vaille à la mise au point d’un termi- nal, où ledronepourra atterrir. Néanmoins, La Poste n’envisage d’avoir recours à des drones que dans des conditions très particuliè- L’entreprise publique teste un prototype depuis deux ans, mais exclut un usage en zone urbaine. PourLaPoste,unusage massifencoreexclu Le prototype de La Poste peut transporter un colis de 3 kilogrammes sur 20 kilomètres. Elsa Conesa econesa@lesechos.fr — Bureau de New York Quand Amazon a parlé d’utiliser des drones pour livrer ses célèbres colis en carton, il y a trois ans, le géant du Web n’a pas vraiment été pris au sérieux. Aujourd’hui, plus personne ne semble douter de sa capacité à mener à bien ce qui est devenu le projet Prime Air. En novembre, juste après Thanksgi- ving, Amazon a ainsi présenté son dernier-né : un drone hybride, mi- hélicoptère mi-avion, capable de décoller et d’atterrir verticalement maisaussideplaner,detransporter un paquet en son sein plutôt que suspendu sous ses griffes, d’éviter les obstacles et de se poser dans un jardin après avoir parcouru jusqu’à 25 kilomètres. Le petit objet volant, censé se poser sur un tapis préala- blement installé, promet d’arriver en moins de trente minutes. « Nous avons développé une douzaine de prototypes, admet l’entreprise sur sonsite,vidéoàl’appui.Celaressem- bleàdelascience-fiction,maisc’estla réalité. Un jour, voir voler des drones Prime Air sera aussi courant que de croiser des camions sur la route. » De l’aveu même d’Amazon, ce jour n’est pas encore arrivé. Motif ? La réglementation américaine, encore plus contraignante qu’en Europe. L’administration qui enca- drel’aviationcivile(FAA)a,eneffet, interdit le survol de zones habitées par les drones à usage commercial, même légers. Et ces derniers doi- vent toujours rester dans le champ devisiondupiloterestéàterre.Mais les choses évoluent. Sous la pres- sion des industriels, l’administra- tion a mené en début d’année une large consultation, en vue d’auto- riser les drones commerciaux de petite taille (moins de 1,8 kilo- gramme), qui ne sont pas utilisés pour les livraisons de colis, à survo- ler les zones habitées. Elle devrait légiférer d’ici à la fin de l’année. Bouleversement du marché En attendant, les analystes sont de plus en plus nombreux à croire que les drones d’Amazon vont bouleverser le marché du colis, aujourd’hui dominé par les entre- prisescommeFedExouUPS.« Sila FAA autorise les drones d’Amazon, le prix de la livraison d’un paquet de 2,5 kilogrammes pourrait tomber à 1,2 dollar pour le consommateur, écrivaient fin 2015 les analystes d’Ark Invest dans une note. Et le délai de livraison pourrait passer souslestrenteminutes.FedExetUPS coûtent entre 8 et 13 fois plus cher pourunpaquetpluslégeretpourdes délaisdelivraisonbienpluslongs. » n Amazonadéveloppéunedouzained’appareils poursonprojetPrimeAir Amazon a présenté en novembre un drone hybride, mi-hélicoptère mi-avion, capable de décoller et d’atterrir verticalement. La réglementation, qui reste le principal obstacle, va continuer d’évoluer dans les prochains mois. Le drone utilisé par Rakuten peut en théorie parcourir une trentaine de kilomètres. Photo Rakuten Amazon
  • 17.
  • 18. Quand les start-up bouleversent le secteur scientifique Par ChallengeSoir Publié le 06-04-2016 à 16h29 Médecine, drones civils, objets connectés... Avec les progrès technologiques, le champ des possibles s'élargit un peu plus pour les start-up. Mais leur fragilité économique reste importante. Le 1er Sommet des start-up, organisé en partenariat avec Challenges et Sciences et Avenir au Palais Brongniart, a permis ce mercredi de passer en revue les nombreux secteurs en France qui comptent le plus de jeunes pousses innovantes et dynamiques. Avec une question: quels seront les nouveaux territoires des prochaines licornes, ces fameuses start-up qui valent plus d'un milliard de dollars? Parmi les premiers sujets abordés, il en est un qui est devenu incontournable, celui des objets connectés. Avec une interrogation, leur boom relève-t-il d'un phénomène de mode ou bien traduit-il un futur certain? Pour certains, la question ne se pose plus. "C'est un mouvement darwinien inéluctable. C'est comme aller sur le web il y a 20 ans", explique Rafi Haladjian, le fondateur de Sen.se. Un nouveau territoire que les start-up ont tout à gagner à explorer. Mais celui qui a inventé le lapin connecté et ultra-branché Nabaztag, au début des années 2000, prévient: "Le problème est qu'on se focalise sur l'objet. Il est temps maintenant de connecter les expériences en regardant comment se comportent les gens". Les opportunités du secteur médical Le domaine de la santé est aussi concerné. Bouleversée par l'émergence des nouvelles technologies, la médecine est en pleine mutation. "Nous vivons une époque très intéressante. Mais la santé n'a pas encore fait sa révolution industrielle. Ce qui veut dire qu'il y a des opportunités énormes", rappelle Laurent Levy, fondateur en 2003 de Nanobiotix, start-up spécialisée dans les techniques de nanomédecine. Au carrefour de la biologie et de la physique, sa start-up devrait mettre un produit sur le marché pour les patients atteints de cancer dans le courant de l'année. "Et nous avons plusieurs essais cliniques en cours", précise-t-il. Les débats ont aussi consacré le retour en grâce de l'intelligence artificielle (IA). Très à la mode dans les années 80, ringardisée par la déferlante Internet, celle-ci est
  • 19. désormais au coeur des travaux de Yann LeCun, directeur de la recherche en intelligence artificielle chez Facebook. "Avec le deep learning, on a pu assister à une révolution en matière de reconnaissance automatique de formes, d’images, de parole. On était devenu frileux sur l’intelligence artificielle mais là, on peut produire des systèmes aux performances et à la vitesse d’exécution énormes", explique-t-il. Survivre à la "vallée de la mort" Autre territoire à portée des mains des start-up, les drones civils. "Le marché français des drones civils pourrait représenter 650 millions d'euros en 2025, si l'on en croit une étude prospective publiée début mars par le cabinet Oliver Wyman", chiffre Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences et Avenir. Tendance émergente de ces machines volantes? Le pistage. Les nouvelles fonctions du "sense and avoid" qui permettent de détecter et d'éviter les obstacles participent à la levée de l'un des trois verrous qui limitent encore l'explosion du marché des drones, décrypte Christophe Baillon, directeur de l'entreprise de software Sogilis. Autant de frontières à repousser qui ne doivent pas faire oublier la fragilité des start- up. "En France, 50% des start-up ne passent pas le cap des cinq ans", rappelle François Bracq, du programme Scale Up de Google. C'est pourquoi Google a lancé son programme Scale Up, destiné à accompagner les start-up pour les aider à franchir ce cap. "Trois ou quatre ans, c'est le moment où l'entrepreneur se retrouve seul pour traverser la vallée de la mort. C'est là que nous allons l'aider en partageant avec lui notre expérience de l'hyper-croissance et l'accès à l'information".
  • 20. L'explosion du marché des drones est pour demain Par Erwan Lecomte Publié le 06-04-2016 à 13h14 Des verrous techniques et législatifs ralentissent encore le développement des drones civils. Mais, comme l'a expliqué Christophe Baillon à l'origine du drone Hexo+, lors du sommet des start-up, les obstacles sont en train d'être levés. "Le marché français des drones civils pourrait représenter 650 millions d'euros en 2025, si l'on en croit une étude prospective publiée début mars par le cabinet Oliver Wyman", chiffrait Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences et Avenir, en préambule d'une intervention de Christophe Baillon dans le cadre du premier sommet des start-up. Directeur de l'entreprise de software Sogilis, président du studio Startup Maker, cet entrepreneur qui raconte s'être fait virer de son lycée pour piratage informatique, est aussi à l'origine du drone Hexo +. L'un des premiers représentantsd'une tendance émergente de ces machines volantes: le pistage. En effet, l'Hexo +, véritable GoPro volante, ne nécessite aucune compétence particulière de pilotage. Elle décolle et suit son utilisateur toute seule, tout en se débrouillant pour le conserver dans le cadre durant ses exploits sportifs. Ces nouvelles fonctions du "sense and avoid" qui permettent de détecter et d'éviter les obstacles participent à la levée de l'un des trois verrous qui limitent encore l'explosion du marché des drones, explique l'entrepreneur. Améliorer la fiabilité pour faciliter l'accompagnement En effet, il s'agit là d'un élément de fiabilité crucial pour permettre à ces machines volantes d'évoluer avec la sécurité requise. Un élément d'autant plus indispensable pour que les autorités de régulations parviennent à accompagner cette lame de fond que constitue l'avènement du drone. "Les autorités de régulation sont dépassées par la vitesse de déploiement et hésitent à engager leur responsabilité", constate Christophe Baillon "Néanmoins, elles ne veulent pas verrouiller le marché. C'est pourquoi elles ont mis en place des règlementations
  • 21. d'usage. Néanmoins, les choses pourraient changer d'ici peu. L'EASA (European Aviation Safety Agency) envisage une nouvelle réglementation d'ici 2018", précise-t- il. Autre verrou et non des moindres: la faible autonomie de ces machines. En effet, les appareils à voilure tournante (les multirotors) qui constituent la majorité des appareils grands publics ne peuvent voler que pendant 15 à 20 minutes en fonction de la charge utile (la caméra) qu'ils emportent dans les airs. Une fois ces limitations levées, on pourra espérer voir émerger de nouveaux services tels que la livraison de colis par drones qui, pour le moment, ne sont qu'à l'état de projets expérimentaux. Avec des acteurs comme Amazon, Google, et même notre notre bonne vieille Poste française...
  • 22. essentiel RÉVOLUTION DIGITALE essentiel RÉVOLUTION DIGITALE 8 D ans la jungle des objets connectés, on connaissait les montres, les véhicules et les réfrigérateurs reliés à internet. Cette faune s’apprête à accueillir de nouveaux venus: les décharges, les carrières et les chantiers. Mettre les technologies numériques au service de la gestion de tels lieux, a priori éloignés de la révolution digitale, il fallait y penser. Redbird l’a fait. L’opérateur français de drones, créé en 2013, a signé, fin 2015, un accord de partenariat commercial avec le géant américain Caterpillar, spécialiste des machines de chantier. Il va mettre en œuvre son outil maison, Cardinal, une plate-forme cloud permet tant aux industriels d’exploiter en temps réel les données collectées par les drones, puis traitées automatiquement par les algorithmes développés en interne. «Nous allons bientôt intégrer dans la plate-forme des don- nées issues des engins au sol, telles que la consommation de carburant, la pression des pneus et l’usure du matériel, détaille Emmanuel Noirhomme, le cofondateur de Redbird. Couplées aux données topographiques et aux volumes de matière charriée mesurés par les drones, nous pouvons définir la façon la plus efficace d’exploiter ce type de sites». Le rap- prochement avec Caterpillar a poussé la start-up à s’installer au cœur de San Francisco (Californie), épicentre du bouillon- nement numérique mondial. Une initiative exceptionnelle dans le paysage du drone français, qui traduit une tendance de fond: les professionnels se ruent vers le traitement des data, avec pour finalité la vente de services. Qu’importe l’engin, pourvu que la donnée intéresse. Passé l’effet de mode et la curiosité suite à la mise en place de la réglementation française en 2012, les drones empruntent le chemin de la maturité. «Ils ouvrent la voie à la digitalisation de très nombreux processus industriels, résume Guillaume Thibaut, associé au sein du cabinet Oli- ver Wyman. Constructeurs et opérateurs l’ont bien compris qui remontent la chaîne de valeur pour se positionner sur l’analyse de données et le conseil.» D’après une étude récente du cabinet, alors que la rentabilité de la construction d’appa- reils se situe entre 5 et 15%, celle issue de l’exploitation des données dépasse 30%. Un mouvement qui s’accompagne d’une recherche de simplification de leur usage, impliquant des interfaces intuitives utilisables par tous sur les smart- phones et les tablettes. SOLUTIONS CLÉS EN MAIN Un tournant numérique qui mettrait à terre les hésitations de grands donneurs d’ordres encore peu nombreux à s’être engagés dans des contrats dignes de ce nom. Et qui ferait enfin décoller le marché civil: il pourrait s’élever en France à 652 millions d’euros en 2025, contre 155 millions d’euros en 2015, voire 824 millions d’euros pour le scénario le plus optimiste, toujours selon Oliver Wyman. Autre facteur déter- minant qui explique cette course à la donnée? La concurrence mondiale s’aiguise. Le constructeur chinois DJI inonde le marché et participe à la baisse du prix des engins. Le mou- vement vers le numérique s’érige en nécessité. Maintenance des éoliennes, diagnostic thermique des bâtiments, relevés topographiques, agriculture de précision, surveillance des grandes infrastructures… Les usages sont sans limites. Reste à appâter les clients avec des solutions adaptées. «En développant notre activité de services, nous ne cher- chons plus seulement à produire des drones, mais aussi à proposer des solutions clés en main, car les grands groupes ne souhaitent pas investir eux-mêmes dans des machines», assure Michaël de Lagarde, le président de l’opérateur Delair- Tech, société toulousaine de 50 salariés, créée en 2011. Forte d’une levée de fonds parmi les plus élevées du secteur 9L’USINE NOUVELLE I N° 3471 I 2 JUIN 2016 D.R.;JASPERJUINEN/BLOOMBERG Le drone de Novadem, survolant ici des vignes, est la preuve que ces engins s’immiscent dans tous les pans de l’industrie, y compris les chantiers et les carrières, activité devenue la spécialité de l’opérateur Redbird. Des missions de simple observation aux interventions en flotille avec prise de décision, les nouveaux usages semblent sans limites. Parmi les projets de drones intelligents les plus avancés: ceux de Sky-Futures pour la maintenance d’éoliennes et de DHL pour le transport de colis. TRANSFORMATION NUMÉRIQUE Le marché des drones, encore restreint, espère décoller grâce au traitement intelligent des données, la valeur ajoutée qui lui faisait jusqu’alors défaut. LES DRONES TENTENT LE SERVICE GAGNANT PAR OLIVIER JAMES LA VRAIE BONNE IDÉE Répertorier les vols en temps réel. Échaudée par la menace grandis- sante que constituent les vols de drones illicites en France, la Fédéra- tion professionnelle du drone civil (FPDC) espère trouver la parade sur leterraindunumérique.Elleproposelamiseenplaced’uneapplication collaborative reposant sur la bonne volonté des utilisateurs de drones. Àdéfautd’empêcherlesactesmalveillants,celle-ciauraitvaleurd’outil pédagogique, permettant aux pilotes amateurs de prendre conscience des enjeux liés à l’insertion de leurs engins dans l’espace aérien. La fé- dération tente de convaincre les pouvoirs publics de débloquer un bud- get. Le Sénat a, lui, adopté en mai la proposition de loi relative au ren- forcement de la sécurité de l’usage des drones civils. ❚❚ DIGITALOMÈTRE R&D Construction des vecteurs Gestion de flottes Capture de données Exploitation des données Cinq critères mesurant la transformation numérique de la filière française des drones.