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GERER SA HIERARCHIE : vous en avez le pouvoir et le devoir.

Préambule : Essec 77, Consultant en outplacement de cadres dirigeants chez EOS Conseil, j’ai souvent eu
l’occasion de constater les dégâts que de mauvaises relations avec une hiérarchie pouvaient occasionner
à des carrières pourtant prometteuses.
J’invite ma communauté Essec à prendre du recul pour mieux déchiffrer cet enjeu et apprécier le rôle actif
que chacun peut jouer pour renforcer la qualité de ces relations.
En espérant vous être utile. Hervé LUDIN.

                                                       +++++++++++++++++++++

Combien de fois avez-vous entendu vos meilleurs amis râler en privé sur leur hiérarchie directe (manager,
direction générale) ou indirecte (présidence, conseil d’administration, actionnaires) ? Et vous, ne vous
est-il pas arrivé de vous dire qu’elle était plus un frein qu’un moteur à la conduite de vos affaires ?
Ayant constaté les dégâts que de mauvaises relations avec sa hiérarchie pouvaient occasionner à des
carrières pourtant prometteuses, j’ai souhaité vous inviter à prendre du recul pour mieux déchiffrer cet
enjeu et apprécier le rôle actif que vous pouvez jouer pour renforcer la qualité de ces relations.
Tous les frustrés de la hiérarchie sont-ils certains de détenir la vérité ? Leur besoin d’avoir raison ou de ne
pas «transiger» avec leurs principes est-elle réellement supérieure à l’envie d’une carrière harmonieuse ?
Mon propos n’est pas, comme beaucoup le font, de traiter des travers psychologiques de vos supérieurs
qui peuvent expliquer vos difficultés au quotidien ni de vous apprendre à manipuler votre patron à votre
avantage.
Mon postulat est délibérément constructif : nous avons tous un réel pouvoir sur les évènements et les
gens.
Utilisons-le pour nous construire la meilleure vie professionnelle possible. Attention :
- Je sais bien que «tout le monde il n’est pas beau ni gentil», mais… «tout le monde il n’est pas vilain ni
méchant» : Pas de naïveté donc, il s’agit juste d’intelligence situationnelle et relationnelle.
- les organisations modernes matricielles (voire rubik’s cube avec l’ajout du mode projet) complexifient
les relations hiérarchiques actuelles: Les fondamentaux d’une bonne relation individuelle sont toujours
utiles dans une relation hiérarchique « plurielle».


1- LA RELATION HIERARCHIQUE : UNE RESPONSABILITE PARTAGEE
Une relation importante et délicate: La relation hiérarchique est par essence frustrante et propice à
générer des conflits et les psychologues affirment que rien n’est plus stressant que de se sentir
dépendant.
Sa qualité a un impact majeur sur la performance de votre entreprise tout comme sur votre propre
performance.
Contrairement aux idées reçues, cette relation repose en effet sur une double dépendance : votre
supérieur a besoin de vous tout comme vous avez besoin de lui, ne l’oubliez pas.
Une responsabilité à assumer: Nombreux sont ceux qui considèrent que la gestion de cette relation est
de la responsabilité du supérieur. Il est en effet perçu comme le détenteur du pouvoir dans cette relation.
On attend de lui qu’il se comporte de façon exemplaire et on a donc tendance à le blâmer en cas de
frustration.
Considérer que, parce qu’il est en position d’autorité, le supérieur se doit d’assumer parfaitement son
rôle hiérarchique, est une attitude qui ne peut conduire qu’à des déceptions, donc des frustrations, donc
des tensions, donc….rien de bon.
L’influence qu’un individu peut avoir sur la qualité de la relation avec son chef est très supérieure à ce
que l’on imagine habituellement. Vous avez donc tout à gagner à prendre en main activement la gestion
de votre (vos) supérieur (s).



Gérer sa hiérarchie : vous en avez le pouvoir et le devoir.   -   Hervé LUDIN (Essec 77) Eos conseil   Page 1 sur 4
Prise de recul obligatoire :
Seul ou aidé, prenez le temps d’y réfléchir.
Si vous ressentez les premiers signes de frustration, c’est le bon moment.
Si tout va bien, c’est aussi le bon moment.


2- SURVEILLEZ VOTRE ETAT D’ESPRIT ET SACHEZ FAIRE EVOLUER VOTRE ATTITUDE SI NECESSAIRE
Prenez conscience de votre rapport instinctif à l’autorité et voyez s’il peut vous conduire dans une
impasse.
L’image que vous avez de votre supérieur ne dépend pas uniquement de lui. La conception que vous avez
de l’autorité, dans l’absolu, joue aussi un rôle déterminant. Elle influence en effet fortement votre
interprétation des situations ainsi que vos comportements.
Dans son livre « it takes two » Gene Boccialetti analyse les différents styles de relation à l’autorité et
encourage à savoir s’écarter de son style spontané.
Il met en évidence trois dimensions caractéristiques de cette relation à l’autorité. Pas de bonne ou de
mauvaise attitude : chaque style a ses avantages et ses inconvénients.
Connaissez votre attitude spontanée pour pouvoir consciemment choisir d’adopter d’autres
comportements que ceux qui vous seraient instinctifs afin de mieux réagir aux situations auxquelles
vous êtes confronté.
Le degré de déférence: Avez-vous tendance à vous conformer par principe à l’opinion de votre
hiérarchie ou vous est-il plus naturel de chercher systématiquement à faire valoir votre point de vue ?
Le degré de divergence: Etes-vous a priori suspicieux à l’égard de votre hiérarchie et donc divergent, ou
la considérez-vous spontanément comme une alliée dont vous partagez naturellement les objectifs ?
Le degré de distance: Estimez-vous que la relation avec votre hiérarchie doit rester à un niveau
purement professionnel ou trouvez-vous naturel d’évoquer des sujets plus personnels comme vos
aspirations, vos craintes, voire des questions d’ordre privé ?


3- CLARIFIER LES ATTENTES ET PROFITEZ-EN POUR EXPRIMER LES VOTRES
Ne croyez pas que vous connaissez les attentes de votre supérieur. Beaucoup de subordonnés se
conforment à ce qu’ils croient être les attentes de leur supérieur. Or, faute d’avoir vérifié que telles sont
effectivement ses attentes, se reposer sur de telles hypothèses est très risqué. Il faut se méfier en
particulier de la tendance à projeter ses propres objectifs et aspirations sur son entourage.
De la même façon votre supérieur ne valorise pas nécessairement les mêmes qualités que celles
auxquelles vous êtes attaché.
Supposer que c’est à votre supérieur d’exprimer ses attentes est insuffisant : il est probable que celui-ci
les trouve tellement naturelles qu’il ne pense même pas à les formuler. Les systèmes formels mis en
place par les entreprises ne sont jamais suffisants pour comprendre en profondeur les préférences
individuelles de son supérieur.
Vous avez tout intérêt à prendre l’initiative. Faites le premier pas, sachez aller au-delà du discours
exprimé.
Mettez régulièrement à jour votre analyse pour ne pas figer votre perception.


4- DEFINISSEZ UN MOTUS VIVENDI QUI S’ACCOMODE DE VOS STYLES RESPECTIFS
Il est étonnant de constater à quel point les mauvaises relations qui peuvent exister entre un supérieur et
son subordonné émanent souvent de frustrations liées à des comportements apparemment anodins,
mais qui cumulés, peuvent conduire à des conflits profonds.
Avant tout prenez conscience que ce que vous considérez comme des défauts peut tenir tout simplement
à des incompréhensions liées à une différence de styles personnels.



Gérer sa hiérarchie : vous en avez le pouvoir et le devoir.   -   Hervé LUDIN (Essec 77) Eos conseil   Page 2 sur 4
Les principales facettes de l’interaction quotidienne :
La gestion de l’information : identifiez quel type d’information vous devez « remonter » et sous quelle
forme.
Prenez conscience qu’en règle générale, les subordonnés ont tendance à sous estimer la quantité
d’information attendue par leur supérieur. Ceux-ci étant in fine responsables des actions et décisions de
leurs collaborateurs, ils préfèrent avoir le sentiment de contrôler la situation. Mieux vaut donc en faire un
peu trop que pas assez !
La gestion du temps : Un sujet fréquent d’irritation dans les relations hiérarchiques. Veillez à ne pas
attribuer trop vite le manque de disponibilité de votre hiérarchie à un manque d’intérêt. Une bonne règle
de conduite est de gérer le temps de votre hiérarchie comme une denrée limitée, qu’il s’agit d’optimiser.
Accordez une attention particulière à la gestion des priorités lors de vos échanges. Vous gagnerez aussi
généralement à faire preuve d’une certaine rigueur, que vos styles respectifs soient formels ou non :
préparer soigneusement les réunions, même si les discussions conduisent à s’écarter des sujets prévus,
est généralement apprécié comme une marque de respect du temps de l’autre.
La prise de décision : comprendre les styles de décision privilégiés de votre hiérarchie vous permettra de
présenter vos positions de façon plus efficace et d’éviter de l’inquiéter en négligeant des règles de
précautions importantes à ses yeux. Certains individus ont besoin d’analyser en détails un problème et
d’évaluer les différentes options avant de décider, quand d’autres ont tendance à se fier à leur instinct, à
l’avis de personnes de confiance ou encore à ceux qui connaissent le problème.


5- TROUVEZ DES POINTS DE COMPLEMENTARITE
Développer une relation constructive suppose de renoncer à l’image du chef idéal à laquelle il est peu
probable que le vôtre se conforme. Dressez un tableau de ses forces et faiblesses en prenant conscience
que ce qui se passe pour une qualité dans un contexte peut s’avérer un défaut dans un autre contexte.
Palliez ses défauts
Réfléchissez à la façon de composer avec les défauts de votre supérieur. Vous constaterez probablement
qu’une partie des défauts qui vous irritent sont en fait tolérables. Voyez ensuite si vous pouvez vous
rendre utile en compensant ses défaillances.
Offrez du feedback
Vous pouvez aider votre supérieur par du feedback et des conseils sur ses actions et comportements si
vous savez le proposez adroitement et si vous bénéficiez d’un niveau de confiance suffisant de sa part :
sujets sélectionnés, lors d’un moment de réceptivité, peu de temps après l’évènement, pas sous le coup
de l’émotion, avec des faits précis, en exprimant ce que vous ressentez, sans jugement de valeur dans
l’absolu et bien sûr sans agressivité.
Tirez parti de votre connaissance fine de votre unité
Votre hiérarchie est, de par sa position, moins proche de la réalité opérationnelle. De nombreux détails
lui échappent, vous pouvez lui être utile en complétant sa compréhension des enjeux du terrain et être
ainsi à l’origine d’idées productives auxquelles elle n’aurait probablement pas pensé sans votre aide.


QUELQUES PROPOS A MEDITER
Jean-François Manzoni - IMD Lausanne :
«L’immense majorité des patrons savent qu’ils ont tendance à se comporter de façon différente avec les
collaborateurs en qui ils ont une grande confiance par rapport à ceux en qui ils ont une confiance plus
limitée».
«Gérer son patron, c’est gérer le capital confiance que l’on a auprès de lui (ou d’elle). Ce compte
confiance augmente avec les dépôts que nous y effectuons et diminue avec les retraits opérés».
«Pourquoi devez vous aider votre patron à bien vous gérer ? Parce que nos patrons sont débordés et que,
sans notre aide, ils n’en savent pas autant sur nous et notre travail que nous le voudrions. Ils sont donc
sujets à des erreurs de jugement et d’interprétation qui peuvent déclencher une dynamique «d’échec
programmé» ».
Gérer sa hiérarchie : vous en avez le pouvoir et le devoir.   -   Hervé LUDIN (Essec 77) Eos conseil   Page 3 sur 4
«Tous les managers que je connais sont bien conscients de l’importance d’être considéré comme un
«élément solide, digne de confiance» par leur patron mais ils n’y consacrent pas tous la même énergie».
Inconnus, pas si illustres :
«Je suis trop occupé à « faire mon travail » pour en plus devoir gérer mon boss».
«Je sais bien que je dois accorder plus d’attention à ma relation avec ma hiérarchie mais vraiment je
n’aime pas ca et je suis incapable quelque part d’en mesurer la vraie valeur ajoutée».
«Je ne suis pas payé pour passer mon temps à leur «tenir la main» ».


AU FINAL
Gérer sa hiérarchie ce n’est ni «fayoter» ni la manipuler.
C’est tout simplement s’impliquer dans la relation avec son(ses) patron(s) et accorder du temps et de
l’énergie pas seulement à la production des résultats attendus par la hiérarchie, mais aussi à la relation
en tant que telle.
La relation hiérarchique est par essence complexe. Refuser de la gérer sous couvert d’une certaine
«noblesse d’esprit» revient à dissimuler une forme de démission de ses responsabilités. Pensez-y.


Hervé LUDIN
Essec 77

  Herve.ludin@eosconseil.fr
  EOS Conseil, 7-9 rue la Boétie, 75008 PARIS
  Tel : 01 53 30 22 22
  Mob : 06 11 21 01 44

  Depuis 20 ans, EOS Conseil accompagne les Cadres
  supérieurs et les Dirigeants dans la gestion de leurs carrières
  pour le compte de plus de 500 entreprises françaises et
  internationales. Membre SYNTEC




Gérer sa hiérarchie : vous en avez le pouvoir et le devoir.   -   Hervé LUDIN (Essec 77) Eos conseil   Page 4 sur 4

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GERER SA HIERARCHIE Hervé Ludin (E77) Eos Conseil Décembre 2010.

  • 1. GERER SA HIERARCHIE : vous en avez le pouvoir et le devoir. Préambule : Essec 77, Consultant en outplacement de cadres dirigeants chez EOS Conseil, j’ai souvent eu l’occasion de constater les dégâts que de mauvaises relations avec une hiérarchie pouvaient occasionner à des carrières pourtant prometteuses. J’invite ma communauté Essec à prendre du recul pour mieux déchiffrer cet enjeu et apprécier le rôle actif que chacun peut jouer pour renforcer la qualité de ces relations. En espérant vous être utile. Hervé LUDIN. +++++++++++++++++++++ Combien de fois avez-vous entendu vos meilleurs amis râler en privé sur leur hiérarchie directe (manager, direction générale) ou indirecte (présidence, conseil d’administration, actionnaires) ? Et vous, ne vous est-il pas arrivé de vous dire qu’elle était plus un frein qu’un moteur à la conduite de vos affaires ? Ayant constaté les dégâts que de mauvaises relations avec sa hiérarchie pouvaient occasionner à des carrières pourtant prometteuses, j’ai souhaité vous inviter à prendre du recul pour mieux déchiffrer cet enjeu et apprécier le rôle actif que vous pouvez jouer pour renforcer la qualité de ces relations. Tous les frustrés de la hiérarchie sont-ils certains de détenir la vérité ? Leur besoin d’avoir raison ou de ne pas «transiger» avec leurs principes est-elle réellement supérieure à l’envie d’une carrière harmonieuse ? Mon propos n’est pas, comme beaucoup le font, de traiter des travers psychologiques de vos supérieurs qui peuvent expliquer vos difficultés au quotidien ni de vous apprendre à manipuler votre patron à votre avantage. Mon postulat est délibérément constructif : nous avons tous un réel pouvoir sur les évènements et les gens. Utilisons-le pour nous construire la meilleure vie professionnelle possible. Attention : - Je sais bien que «tout le monde il n’est pas beau ni gentil», mais… «tout le monde il n’est pas vilain ni méchant» : Pas de naïveté donc, il s’agit juste d’intelligence situationnelle et relationnelle. - les organisations modernes matricielles (voire rubik’s cube avec l’ajout du mode projet) complexifient les relations hiérarchiques actuelles: Les fondamentaux d’une bonne relation individuelle sont toujours utiles dans une relation hiérarchique « plurielle». 1- LA RELATION HIERARCHIQUE : UNE RESPONSABILITE PARTAGEE Une relation importante et délicate: La relation hiérarchique est par essence frustrante et propice à générer des conflits et les psychologues affirment que rien n’est plus stressant que de se sentir dépendant. Sa qualité a un impact majeur sur la performance de votre entreprise tout comme sur votre propre performance. Contrairement aux idées reçues, cette relation repose en effet sur une double dépendance : votre supérieur a besoin de vous tout comme vous avez besoin de lui, ne l’oubliez pas. Une responsabilité à assumer: Nombreux sont ceux qui considèrent que la gestion de cette relation est de la responsabilité du supérieur. Il est en effet perçu comme le détenteur du pouvoir dans cette relation. On attend de lui qu’il se comporte de façon exemplaire et on a donc tendance à le blâmer en cas de frustration. Considérer que, parce qu’il est en position d’autorité, le supérieur se doit d’assumer parfaitement son rôle hiérarchique, est une attitude qui ne peut conduire qu’à des déceptions, donc des frustrations, donc des tensions, donc….rien de bon. L’influence qu’un individu peut avoir sur la qualité de la relation avec son chef est très supérieure à ce que l’on imagine habituellement. Vous avez donc tout à gagner à prendre en main activement la gestion de votre (vos) supérieur (s). Gérer sa hiérarchie : vous en avez le pouvoir et le devoir. - Hervé LUDIN (Essec 77) Eos conseil Page 1 sur 4
  • 2. Prise de recul obligatoire : Seul ou aidé, prenez le temps d’y réfléchir. Si vous ressentez les premiers signes de frustration, c’est le bon moment. Si tout va bien, c’est aussi le bon moment. 2- SURVEILLEZ VOTRE ETAT D’ESPRIT ET SACHEZ FAIRE EVOLUER VOTRE ATTITUDE SI NECESSAIRE Prenez conscience de votre rapport instinctif à l’autorité et voyez s’il peut vous conduire dans une impasse. L’image que vous avez de votre supérieur ne dépend pas uniquement de lui. La conception que vous avez de l’autorité, dans l’absolu, joue aussi un rôle déterminant. Elle influence en effet fortement votre interprétation des situations ainsi que vos comportements. Dans son livre « it takes two » Gene Boccialetti analyse les différents styles de relation à l’autorité et encourage à savoir s’écarter de son style spontané. Il met en évidence trois dimensions caractéristiques de cette relation à l’autorité. Pas de bonne ou de mauvaise attitude : chaque style a ses avantages et ses inconvénients. Connaissez votre attitude spontanée pour pouvoir consciemment choisir d’adopter d’autres comportements que ceux qui vous seraient instinctifs afin de mieux réagir aux situations auxquelles vous êtes confronté. Le degré de déférence: Avez-vous tendance à vous conformer par principe à l’opinion de votre hiérarchie ou vous est-il plus naturel de chercher systématiquement à faire valoir votre point de vue ? Le degré de divergence: Etes-vous a priori suspicieux à l’égard de votre hiérarchie et donc divergent, ou la considérez-vous spontanément comme une alliée dont vous partagez naturellement les objectifs ? Le degré de distance: Estimez-vous que la relation avec votre hiérarchie doit rester à un niveau purement professionnel ou trouvez-vous naturel d’évoquer des sujets plus personnels comme vos aspirations, vos craintes, voire des questions d’ordre privé ? 3- CLARIFIER LES ATTENTES ET PROFITEZ-EN POUR EXPRIMER LES VOTRES Ne croyez pas que vous connaissez les attentes de votre supérieur. Beaucoup de subordonnés se conforment à ce qu’ils croient être les attentes de leur supérieur. Or, faute d’avoir vérifié que telles sont effectivement ses attentes, se reposer sur de telles hypothèses est très risqué. Il faut se méfier en particulier de la tendance à projeter ses propres objectifs et aspirations sur son entourage. De la même façon votre supérieur ne valorise pas nécessairement les mêmes qualités que celles auxquelles vous êtes attaché. Supposer que c’est à votre supérieur d’exprimer ses attentes est insuffisant : il est probable que celui-ci les trouve tellement naturelles qu’il ne pense même pas à les formuler. Les systèmes formels mis en place par les entreprises ne sont jamais suffisants pour comprendre en profondeur les préférences individuelles de son supérieur. Vous avez tout intérêt à prendre l’initiative. Faites le premier pas, sachez aller au-delà du discours exprimé. Mettez régulièrement à jour votre analyse pour ne pas figer votre perception. 4- DEFINISSEZ UN MOTUS VIVENDI QUI S’ACCOMODE DE VOS STYLES RESPECTIFS Il est étonnant de constater à quel point les mauvaises relations qui peuvent exister entre un supérieur et son subordonné émanent souvent de frustrations liées à des comportements apparemment anodins, mais qui cumulés, peuvent conduire à des conflits profonds. Avant tout prenez conscience que ce que vous considérez comme des défauts peut tenir tout simplement à des incompréhensions liées à une différence de styles personnels. Gérer sa hiérarchie : vous en avez le pouvoir et le devoir. - Hervé LUDIN (Essec 77) Eos conseil Page 2 sur 4
  • 3. Les principales facettes de l’interaction quotidienne : La gestion de l’information : identifiez quel type d’information vous devez « remonter » et sous quelle forme. Prenez conscience qu’en règle générale, les subordonnés ont tendance à sous estimer la quantité d’information attendue par leur supérieur. Ceux-ci étant in fine responsables des actions et décisions de leurs collaborateurs, ils préfèrent avoir le sentiment de contrôler la situation. Mieux vaut donc en faire un peu trop que pas assez ! La gestion du temps : Un sujet fréquent d’irritation dans les relations hiérarchiques. Veillez à ne pas attribuer trop vite le manque de disponibilité de votre hiérarchie à un manque d’intérêt. Une bonne règle de conduite est de gérer le temps de votre hiérarchie comme une denrée limitée, qu’il s’agit d’optimiser. Accordez une attention particulière à la gestion des priorités lors de vos échanges. Vous gagnerez aussi généralement à faire preuve d’une certaine rigueur, que vos styles respectifs soient formels ou non : préparer soigneusement les réunions, même si les discussions conduisent à s’écarter des sujets prévus, est généralement apprécié comme une marque de respect du temps de l’autre. La prise de décision : comprendre les styles de décision privilégiés de votre hiérarchie vous permettra de présenter vos positions de façon plus efficace et d’éviter de l’inquiéter en négligeant des règles de précautions importantes à ses yeux. Certains individus ont besoin d’analyser en détails un problème et d’évaluer les différentes options avant de décider, quand d’autres ont tendance à se fier à leur instinct, à l’avis de personnes de confiance ou encore à ceux qui connaissent le problème. 5- TROUVEZ DES POINTS DE COMPLEMENTARITE Développer une relation constructive suppose de renoncer à l’image du chef idéal à laquelle il est peu probable que le vôtre se conforme. Dressez un tableau de ses forces et faiblesses en prenant conscience que ce qui se passe pour une qualité dans un contexte peut s’avérer un défaut dans un autre contexte. Palliez ses défauts Réfléchissez à la façon de composer avec les défauts de votre supérieur. Vous constaterez probablement qu’une partie des défauts qui vous irritent sont en fait tolérables. Voyez ensuite si vous pouvez vous rendre utile en compensant ses défaillances. Offrez du feedback Vous pouvez aider votre supérieur par du feedback et des conseils sur ses actions et comportements si vous savez le proposez adroitement et si vous bénéficiez d’un niveau de confiance suffisant de sa part : sujets sélectionnés, lors d’un moment de réceptivité, peu de temps après l’évènement, pas sous le coup de l’émotion, avec des faits précis, en exprimant ce que vous ressentez, sans jugement de valeur dans l’absolu et bien sûr sans agressivité. Tirez parti de votre connaissance fine de votre unité Votre hiérarchie est, de par sa position, moins proche de la réalité opérationnelle. De nombreux détails lui échappent, vous pouvez lui être utile en complétant sa compréhension des enjeux du terrain et être ainsi à l’origine d’idées productives auxquelles elle n’aurait probablement pas pensé sans votre aide. QUELQUES PROPOS A MEDITER Jean-François Manzoni - IMD Lausanne : «L’immense majorité des patrons savent qu’ils ont tendance à se comporter de façon différente avec les collaborateurs en qui ils ont une grande confiance par rapport à ceux en qui ils ont une confiance plus limitée». «Gérer son patron, c’est gérer le capital confiance que l’on a auprès de lui (ou d’elle). Ce compte confiance augmente avec les dépôts que nous y effectuons et diminue avec les retraits opérés». «Pourquoi devez vous aider votre patron à bien vous gérer ? Parce que nos patrons sont débordés et que, sans notre aide, ils n’en savent pas autant sur nous et notre travail que nous le voudrions. Ils sont donc sujets à des erreurs de jugement et d’interprétation qui peuvent déclencher une dynamique «d’échec programmé» ». Gérer sa hiérarchie : vous en avez le pouvoir et le devoir. - Hervé LUDIN (Essec 77) Eos conseil Page 3 sur 4
  • 4. «Tous les managers que je connais sont bien conscients de l’importance d’être considéré comme un «élément solide, digne de confiance» par leur patron mais ils n’y consacrent pas tous la même énergie». Inconnus, pas si illustres : «Je suis trop occupé à « faire mon travail » pour en plus devoir gérer mon boss». «Je sais bien que je dois accorder plus d’attention à ma relation avec ma hiérarchie mais vraiment je n’aime pas ca et je suis incapable quelque part d’en mesurer la vraie valeur ajoutée». «Je ne suis pas payé pour passer mon temps à leur «tenir la main» ». AU FINAL Gérer sa hiérarchie ce n’est ni «fayoter» ni la manipuler. C’est tout simplement s’impliquer dans la relation avec son(ses) patron(s) et accorder du temps et de l’énergie pas seulement à la production des résultats attendus par la hiérarchie, mais aussi à la relation en tant que telle. La relation hiérarchique est par essence complexe. Refuser de la gérer sous couvert d’une certaine «noblesse d’esprit» revient à dissimuler une forme de démission de ses responsabilités. Pensez-y. Hervé LUDIN Essec 77 Herve.ludin@eosconseil.fr EOS Conseil, 7-9 rue la Boétie, 75008 PARIS Tel : 01 53 30 22 22 Mob : 06 11 21 01 44 Depuis 20 ans, EOS Conseil accompagne les Cadres supérieurs et les Dirigeants dans la gestion de leurs carrières pour le compte de plus de 500 entreprises françaises et internationales. Membre SYNTEC Gérer sa hiérarchie : vous en avez le pouvoir et le devoir. - Hervé LUDIN (Essec 77) Eos conseil Page 4 sur 4