Un travail d'écriture poétique, collaborative et numérique, réalisé conjointement par les premières L du lycée de l’Iroise à Brest et des lycéens italiens apprenant le français au Liceo Cecioni à Livourne dans le cadre du projet eTwinning i-voix. L'expérience des i-poèmes montre comment faire d’internet en général, de Twitter en particulier un réseau à la fois social, créatif et pédagogique.
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Présentation du projet i poèmes
1. i-poèmes
à travers la poésie, les frontières et les écrans
i comme i-voix
i comme images
i comme internet
i comme il y a
2. Source : Christine Jeanney
Le 18 juin 2011 j’ai lancé sur Twitter un appel (du 18 juin) à
don de photos.
Ma demande est la plus large et la plus vague possible, aucune
consigne sur ce qu’elles peuvent représenter ou leur format,
parce que j’aime les surprises. C’est justement ce que je
cherche, ne pas savoir à l’avance ce qu’il y aura sur la photo
qu’on m’enverra.
J’enregistre toutes les photos reçues dans un dossier nommé
Todo liste. Chaque matin, j’en choisis une, plutôt à l’instinct,
sans idée préconçue, parfois sans même avoir regardé la photo
trop précisément, je préfère, il y a là-dedans une sorte de
logique qui m’échappe.
Je me donne ensuite la journée pour écrire une liste de 4
points /occurrences /choses à faire, à dire ou à penser en
réaction / réponse / écho à cette photo, ma « Todo liste ». Le
résultat est mis en ligne à 00h01 sur le blog tentatives. Parfois,
j’écris le texte d’un seul jet, d’autres fois, il me faut la journée
entière et je le modifie jusqu’à 23h59.
En fait, c’est presque un jeu de déplacement : la photo se
déplace vers moi, elle vient de je ne sais où, et moi je me
déplace vers elle, un endroit surprenant, ça donne un texte
imprévisible, avec des pistes qui partent presque sans moi, que
je n’ai qu’à suivre, ou à débusquer.
C’est une drôle d’expérience, à la fois sous contrainte et très
libre. C’est ça, les Todo listes.
Christine Jeanney
3.
4. Etape 1 : Photographier
= Prendre une photo originale (insolite,
étrange,
amusante,
fascinante,
étonnante ...) de son environnement
But : faites découvrir à vos camarades une
image originale de votre ville (ou région)
5.
6. Etape 2 : Publier
= Partager cette photo sur le réseau
Twitter, où tous les participants pourront
la voir et la récupérer
Consigne : tweeter au moins une photo en
utilisant le hashtag #imivoix (pour
« image i-voix ») et en précisant le lieu
7.
8.
9.
10.
11. Etape 3 : Choisir
=
Parcourir
l’ensemble
des
tweets
comprenant le hashtag #imivoix et choisir
une photo que l’on trouve intéressante,
susceptible d’inspirer l’écriture
Conseil : choisir de préférence une photo qui
a été envoyée par un élève de l’autre pays et
qui n’a pas été encore choisie par quelqu’un
12. Etape 4 : Regarder
1. Description objective de l'image :
– nommez tous les éléments perçus sur la photo
– identifiez les caractéristiques iconographiques :
couleurs, effets d’ombre ou de lumière, cadrage,
jeux sur les lignes, les formes, les plans …
1. Description subjective de l'image : expliquez les
effets produits par la photo
= sentiments ? sensations ? impressions ?
connotations ? rêves ? souvenirs ? réflexions ?...
13.
14. Description imivoix par Mathilde
Photo de Giolucche
Je vois
Des carrés noirs
Des carrés blancs
Une promenade orange
Des arbres, des arbustes et des palmiers
Des plans d'herbe
Un banc
Une arche beige
Un bout de barrière
Un lampadaire
Un autre lampadaire
Encore un lampadaire
Une route cachée par les haies
Quatre immeubles à gauche
Trois immeubles à droite
Un tas de fenêtres
(au moins cent)
Des volets ouverts et des volets fermés
Quelques voitures coupées
Deux ou trois nuages
Un immense ciel bleu
Deux antennes
qui pointent vers l'infini
Des balcons ensoleillés
Caractéristiques iconographiques
Jeu de formes avec le carrelage noir et blanc
Jeu de lignes avec les poteaux des lampadaires et ceux de l'arche
Premier blanc : sol, noir et blanc
Second plan : Parc et arche
Troisième plan : immeubles et rue
Dernier plan : ciel
Cadrage un peu penché vers la gauche
Cassure entre les couleurs chaleureuses de l'arche et des immeubles
et la froideur du sol en premier plan
Description subjective
Impression de déjà vu car il y a un genre d'arche à Brest (quartier
Siam). Mais impression de nouveau car les couleurs sont
complètement différentes. Souvenirs de ma mamie qui faisait des
crêpes dans la cuisine grâce au sol quadrillé noir et blanc. Nostalgie
du ciel bleu qu'on n’a que très rarement à Brest. Souvenir de mes
vacances à Montpellier grâce aux couleurs des immeubles. Les
lampadaires du premier plan me font penser à des lunes. La route et
les voitures sont cachées comme si on voulait les cacher de la beauté
de la simplicité. La petite barrière à droite sert à stopper la suite de
carrés noirs et blancs qui semblent courir vers l'infini. Les palmiers
fanés au milieu me rappellent les palmiers tout secs de la palmeraie
de Marrakech.
15. Description imivoix par Bénédicte
Photo de Giulia
Je vois des bateaux amarrés
Je vois des lampadaires allumés
Je vois une foule de gens
Je vois des chaises en plastique
Je vois des grands bâtiments de
chaque côté du canal
Je vois des fenêtres
Je vois un fil électrique
Je vois un pont joignant les deux
quais
Je vois des toiles en plastique
bleu
La lumière des lampadaires se reflète dans l'eau, cela donne
l'impression de voir un miroir de la ville. La photo possède des
traits linéaires importants. Par exemple les lignes des deux quais
ainsi que le contour des immeubles et des fenêtres. Tout cela est
très rectiligne, ce qui donne un aspect structuré à la photo. Le
dessus du pont est dans cette continuité. Mais le dessous du
pont est en forme de demi cercle, il est en plein milieu de la
photo ce qui vient casser ce rythme, il y a comme un rupture. De
plus, ce demi cercle est accentué par son reflet dans l'eau. Malgré
ça, j'ai l'impression et j'ai envie que cette ville continue avec plus
de lumières plus de bateaux, plus gens, plus de reflets... De plus
les couleurs font partie intégrante de la photo. Au fond, on
remarque une masse colorée, jaune, vert, bleu rouge... Ce qui me
donne envie de penser que c'est un arlequin qui déambule dans
les rues de la ville. Les façades des bâtiments sont également
rehaussées de blanc, de rose ou encore de gris, ce qui se marie
bien ensemble. Malgré les nombreux détails présents, l'image
reste agréable à regarder. Lorsque j'ai vu cette photo pour la
première fois, je n'avais qu'une envie : m'y glisser et siroter un
verre au bord du quai ou encore me mêler à cette foule. Cette
photo m'a donné envie de danser, il y a comme un aspect festif
qui émane d’elle. J'ai juste envie de prendre un bateau et d'aller
me balader sur le canal pour m'enfoncer loin, loin dans la nuit !
16. Description imivoix par Giorgia
Photo d’Agathe
Il y un pont probablement construit pour passer sur un fleuve.
Le pont est totalement soutenu par des arbres mais loin on peut voir
aussi des maisons et d'autres immeubles. Le pont a une forme très
particulière, en effet il y a deux grands triangles liés à la rue par des
cordes.
Les couleurs sont froides, en effet il y a les différentes nuances vertes
des arbres, le bleu de l'eau, le gris du pont, le bleu clair du ciel.
Il y un effet d'ombre du pont sur l'eau, le cadrage est d'un côté, les
lignes des cordes sont toutes parallèles mais la base du pont est
perpendiculaire à la rue.
Les formes sont les deux triangles du pont, la ligne du pont où il y a
la rue et les cônes des arbres.
La photo trasmet une sensation de solitude, selon-moi, parce-que
dans le pont il n'y a pas de voitures ou de personnes, dans le ciel il n'y
a pas de oiseaux, tout est libre et silencieux.
Cette image me souvient d'un jour de pluie (même s'il n'y a pas de
neige ou de pluie), quand les personnes sont toutes ou à travailler ou
à la maison, quand le climat est froid.
Le ciel n'est pas nuageux, mais il y un petit nuage sur le fond, le ciel
est triste.
Les impressions que j'ai eues quand j'ai vu cette image sont de
tristesse et de mélancolie, l'image à un connotation negative selonmoi.
17. Etape 5 : Lire
Enfance (III)
Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous
fait rougir.
Il y a une horloge qui ne sonne pas.
Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.
Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.
Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis,
ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.
Il y a une troupe de petits comédiens en costumes,
aperçus sur la route à travers la lisière du bois.
Il y a enfin, quand l’on a faim et soif, quelqu’un qui
vous chasse.
Arthur Rimbaud Illuminations (1886)
18. Etape 6 : Ecrire
Vous écrirez un poème en prose
inspiré de la photographie que vous
avez choisie et du poème « Enfance »
de Rimbaud.
19. Etape 7 : Publier
1. Publication de chaque fragment sur Twitter avec
photo jointe. Hashtag : #ipoème
20.
21.
22.
23.
24.
25. Etape 7 : Publier
2. Publication du poème entier sur le blog i-voix
avec photo insérée :
• titre : i-poème – Titre au choix
• catégorie : Poésie – divers
• indication dans l’article : « poème en prose
réalisé à partir d’une photo de … adressée via
Twitter par … »
26. Illumination
Il y a une illumination de vie sur
tes rebords de pierre.
Il y a cet arc qui laisse couler ta
vie.
Il y a le lieu, miroir d'embarcations
inanimées.
Il y a ces grands bâtiments qui
sillonnent tes quais, s'engouffrent
dans la pénombre de la nuit.
Il y aura toi traversé par un canal
inabouti .
Il y aura toi piétiné par des
sandales usées .
Il y aura toi éclairé par un
semblant d'impatience.
Poème en prose écrit par Bénédicte à partir d’une photo partagée par Giulia
27. La route des souvenirs
Il y aura un jour, quand la route sera sèche, des
étoiles de végétation qui parcourront la barrière
de métal.
Il y a l'odeur de la mousse humide qui se mêle à
l'odeur de la vie.
Il y a une ligne blanche qui aspire la toile sombre
du ciel.
Il y a des ombres colorées qui dansent comme
des petites lumières.
Il y a des cailloux brillants qui glissent et des
feuilles d'or qui s'immobilisent.
Il y a la verdure qui s'écaille sur le mur qui
s'égare.
Il y a eu une fois sur les branches de cet arbre, un
oiseau endormi qui chantait.
Il y aura, malgré la neige ou la pluie, un grand
feu qui illuminera la nuit.
Poème en prose écrit par Léa à partir d’une photo partagée par Elisa
28. Imperceptible déclin
Au coucher du soleil, il y a l'ombre, souriante et rose, du
spectre vivant.
Il y a eu une nuit l'extrême clarté du brouillard.
Il y a eu la crédulité des chaînes libres et sauvages.
Il y a eu dans le vide l'envol des plumes vertes.
Il y a eu une nuit la cécité saisissante de l'éblouissement.
Il y a une brûlure glacée, qui survole de la dentelle
obscure.
Il y a des rayons aiguisés qui transpercent le ciel de plaies
blanches.
Il y a un organe asséché, apeuré des couleurs chatoyantes.
Il y a de la poussière blanche qui scintille sur des aspérités
noirâtres.
Il y aura un jour l'insolente rondeur de l'astre
qui resplendira.
Poème en prose écrit par Jeanne à partir d’une photo partagée par Valerio
29. Famille
A la maison il y a une berceuse, qui cajole ses filles
avec amour.
Il y a des fraises, rouges, entières ou coupées de
moitié, qui, ensemble, peignent des lignes légères, en
harmonie.
Il y a un nid, mignon et agréable, qui défend les
secrets les plus chers d'une famille unie.
Il y a une façade de pierres et béton avec des
blanches ouvertures qui laissent la place à
l'imagination humaine.
Il y a mon petit cœur chaviré par mille mémoires, qui
joue avec mon triste sourire et mes larmes heureuses.
Il y a mon corps encore enfant, qui a besoin d'une
étreinte amicale.
Il y a, enfin, quand je suis confuse dans un vide
infini, un rayon de lumière qui serre mes mains.
Poème en prose écrit par Rebecca à partir d’une photo partagée par Théo
30. Sous un pont
Sous un pont, il y a de l'eau
profonde, le va-et-vient des
vagues vous laisse immeubles
et perdus.
Il y a son ombre qui ne
manque jamais.
Il y a une rue avec la frénésie
de la vie de la cité.
Il y a la nature qui se tait et la
cité qui résonne.
Il y a enfin, quand on pense à
un pont, quelqu'un qui a peur
et qui souffre de vertiges.
Poème en prose écrit par Giorgia à partir d’une photo partagée par Agathe
31. Carrousel
Au centre il y a une roue, sa hauteur vous fait peur mais elle vous fait
amuser.
Il y a un enfant qui ne veut pas rentrer à la maison.
Il y a un carrousel avec des jouets colorés.
Il y a, enfin, un clocher qui sonne et qui perce le ciel.
Poème en prose écrit par Giulia à partir d’une photo partagée par Margaux
34. i-poème de voyage
Il y avait des volets ouverts.
Il y a eu des draps qui ondulaient à la
fenêtre, comme les ailes d'un oiseau.
Il y a une petite fille qui aimerait goûter
la fraîcheur de l'eau, et frissonner de
plaisir aux caresses du vent dans sa
nuque.
Il y a un miroir bleu et profond dans
lequel des vies se reflètent.
Il y a eu des voix qui résonnent,
des rires qui persistent et des pleurs qui
s'oublient.
Il y a toi au loin, et moi à l'autre bout du
pont.
Il y aura nous enlacés entre les vies, qui
partagerons nos saveurs.
Il y aura des volets fermés.
Photo de Florence et poème en prose par Candice
35. i-poème de voyage
Il y avait la fraîcheur des jours heureux et la chaleur de ceux qui sont perdus.
Il y avait les soupirs vaporeux et l'ennui des cœurs corrompus.
Il y a dans l'obscurité la lumière des mémoires qui recrachent vos souvenirs.
Photo de Livourne et poème en prose par Juliette V.
36. i-poème de voyage
Il y a la douceur bleutée imprimée dans
nos cœurs.
Il y a eu nous sur le dos courbé du Vieux
Pont.
Il y a eu son corps agité de joailleries.
Il y a eu l'extrémité de nos doigts sur les
plis de sa vie.
Il y a des voix du monde rond qui jamais
ne cesseront.
Photo de Florence et poème en prose par Jeanne
37. i-poèmes
Créations des lycéens français et italiens
du projet eTwinning i-voix
Un travail collaboratif, numérique et poétique
réalisé via Twitter
http://www.i-voix.net