1. Dieppe
8 VENDREDI 3 MAI 2013LES INFORMATIONS DIEPPOISES -
André Gautier (UMP) répond à vos questions
« Il faut envoyer un signe fort:
ce sera la diminution des impôts »
André Gautier conduira l’année prochaine la liste UMP aux élections municipales à Dieppe. Le chef de l’opposition
municipale ne cache pas son souhait de faire alliance avec les centristes pour proposer une alternative à la politique
menée par le maire communiste Sébastien Jumel. Il a répondu aux questions que vous nous avez soufflées.
Vous êtes candidat à Dieppe. Pour mieux vous connaître,
qui êtes-vous et qu’avez-vous fait pour Dieppe?
La notoriété, c’est quelque chose de très relatif. Quand on me
dit que je ne suis pas connu à Dieppe, je réponds que je le serai
quand je serai élu maire de Dieppe. Sébastien Jumel ne l’était pas
avant qu’il soit aux responsabilités.
J’ai 47 ans, je suis né à Dieppe, j’ai fait ma scolarité à Dieppe:
à l‘école Boudier, au collège Delvincourt, au lycée Ango. Mes
parents y ont été enseignants. Je suis bien sûr parti faire mes étu-
des supérieures ailleurs mais j’ai toujours habité à Dieppe. Je me
suis marié à Dieppe, j’ai deux enfants. Professionnellement, je suis
collaborateur d’élus à la Région et au Département et j’ai aussi été
l’attaché parlementaire de Jean-Paul Gauzès, député européen. Une
expérience qui me permet d’être assez large sur les responsabili-
tés publiques et de connaître les acteurs du territoire.
Je ne suis pas novice en politique à Dieppe. Mon engagement
remonte à une trentaine d’années, d’abord au RPR puis à l’UMP.
C’est un engagement fort qui a aussi une vision très locale. Je
pense également aux dossiers que j’ai pu traiter dans le cadre de
mes différentes professions de collaborateur. Auprès d’Antoine
Rufenacht, par exemple, quand il était président de la Région.
J’étais son chef de cabinet et à ce titre-là, j’ai pu travailler sur la
RN 27 dans sa portion entre Tôtes et Manéhouville, j’ai travaillé aussi
à la défense d’un secteur sanitaire dieppois. Et si aujourd’hui, il y
a un secteur sanitaire dieppois avec un hôpital de référence, c’est
peut-être aussi parce que les élus locaux se sont mobilisés forte-
ment à ce moment-là. J’ai beaucoup travaillé sur ce dossier.
Je rappelle par ailleurs que j’ai été candidat pour les municipa-
les à Dieppe avec Edouard Leveau en 1989 et avec Jean Bazin en
2008. J’ai aussi un engagement associatif: à l‘association des usa-
gers du transmanche, je suis membre de la SNSM depuis une
vingtaine d’années et membre de l’association Jubilee.
Que comptez-vous faire pour amener du dynamisme dans
cette ville en matière d’industrie?
La question est importante. Dieppe a un atout industriel évident
et il doit être valorisé. Nous avons des filières importantes: éner-
gie, tourisme, agroalimentaire, mécanique. Je crois qu’il faut savoir
développer ce que nous avons déjà pour garantir l’emploi. Le pro-
blème, c’est l’attractivité économique du territoire qui est mise à
mal. Dieppe perd des habitants, même si le maire contredit les chif-
fres de l’Insee. Pourtant lui-même présente des documents bud-
gétaires où l’on voit bien que Dieppe a perdu 2000 habitants en
cinq ans. Ça ne permet pas aux entrepreneurs d’avoir confiance.
Il faut soutenir la chambre de commerce et d’industrie dans
toutes ses initiatives et je crois que le lien fort qui doit exister entre
un maire et les acteurs économiques pêche un peu à Dieppe. Et
puis quand on veut attirer des entreprises, il faut un discours cohé-
rent. Aujourd’hui, de par sa position politique en soutenant Mélen-
chon, le maire qui est un membre du Parti communiste défend des
idées qui matin midi et soir tapent sur les entreprises, tapent sur
les libertés d’entreprise, tapent sur les patrons. Evidemment, ça n’in-
cite pas les chefs d’entreprises à venir s’installer dans la région. Enfin,
l’image d’un maire qui est toujours à la tête des manifestations de
la CGT, je ne suis pas sûr que ce soit l’image qu’on attend d’un
élu pour attirer des entreprises industrielles.
Avec qui allez-vous faire équipe?
Nous avons vocation à faire équipe avec le centre. L’opposition
n’est équilibrée que si elle marche sur ses deux jambes. Nous
avons vocation à travailler chacun sur un projet, à chercher des can-
didats et à nous rassembler par la suite pour présenter aux Diep-
pois une liste de rassemblement (ça changera).
Une liste cohérente politiquement, et surtout une liste qui porte
un véritable projet. Cette liste union avec le centre est nécessaire
et c’est la seule alternative aujourd’hui à la majorité de gauche.
Les noms de la liste seront évoqués plus tard. Pour l’instant,
nous sommes à l’écoute des Dieppois, nous réfléchissons au pro-
jet. Nous ne sommes pas encore dans la composition de la liste mais
au stade de la réflexion sur ce qu’on va proposer aux Dieppois.
Craignez-vous d’être débordé sur votre droite par le Front
national? Etes-vous prêts à établir des accords avec le FN?
En aucune façon. Ce qui ne veut pas dire que je ne comprends
pas ceux qui pourraient être tentés d’exprimer un vote d’exaspé-
ration sur une liste Front national, compte tenu de la situation
économique et sociale qui empire de jour en jour.
Je le dis très clairement: il faut composer une liste de 39 noms
et je ne sais pas avec qui le FN pourra faire une liste. Deuxième-
ment, le vote FN au niveau local, c’est l’aventure et au niveau
national, c’est inacceptable! Ce n’est pas une alternative crédible.
Je rappelle aussi que les villes du sud qui ont subi une gestion
du FN, ça s’est très mal terminé avec une gestion qui laisse non
seulement à désirer mais qui a laissé lieu à de sévères critiques sur
la légalité.
Les voix du FN sont à droite et à gauche. Au deuxième tour, les
électeurs du Front national votent comme ils le souhaitent. En
tout cas, il n’y aura pas d’alliance avec le Front national à Dieppe.
Ce n’est pas possible.
Parfois Sébastien Jumel et vous donnez l’impression que
vous êtes proches. Toutes considérations politiques à part,
pourriez-vous être ami avec lui et lui reconnaissez-vous des
qualités?
Nous avons déjà collaboré ensemble avant même de s’opposer
au conseil municipal. Il était au cabinet de Christian Cuvilliez
quand j’étais au cabinet d’Antoine Rufenatch. Nous avons déjà tra-
vaillé ensemble et en bonne intelligence sur des sujets dieppois.
Je pense c’est quelqu’un qui connaît bien ses dossiers et avec
lequel on a un abord plutôt facile. Il est plutôt chaleureux et
humainement parlant, je n’ai rien à lui reprocher.
L’opposition a mis les choses au carré dès le début du mandat.
La preuve: je suis allé au tribunal administratif pour faire déclarer
le règlement intérieur du conseil municipal illégal parce que Sébas-
tien Jumel a voulu un moment restreindre la parole de l’opposi-
tion. Nous avons gagné sur une grosse partie de ce que nous
demandions. Les choses étaient claires: il ne pouvait pas limiter la
parole de l’opposition. Il est vrai que chaque fois que nous avons
voulu nous exprimer en conseil municipal, nous avons pu le faire
en parfaite intelligence. Nous représentons 46 % des voix et il ne
peut pas l’ignorer, même s’il ne nous écoute pas toujours et sou-
haite tout le temps avoir le dernier mot. Je ne pense pas avoir de
traitement de faveur par rapport à ses partenaires socialistes mais
tout ce que je sais, c’est que le climat délétère entre les socialis-
tes et les communistes peut ne pas se ressentir avec l’opposition.
Je dois aussi reconnaître qu’il a des sujets forts avec lesquels nous
sommes en accord avec Sébastien Jumel. Je pense à l’EPR, c’est un
sujet important pour Dieppe sur lequel nous sommes sur les mêmes
longueurs d’ondes. Sauf qu’aujourd’hui, toute la gauche – com-
munistes et socialistes confondus – a trahi les Dieppois sur cette
question en appelant à voter François Hollande aux présidentiel-
les et Sandrine Hurel aux législatives. J’attends que la motion que
j’ai présentée en conseil municipal et voté également à l’Agglo soit
suivie des faits et que nous puissions être reçus par un membre du
gouvernement.
Le Parti socialiste tente de débaucher plusieurs personna-
lités qui s’affichent habituellement à droite. Et vous, êtes-
vous prêt à ouvrir votre liste à des personnes de sensibilité
différente?
Bien évidemment, une liste de rassemblement est ouverte à
d’autres sensibilités. Pour autant, s’il s’agit de se mettre à la remor-
que du Parti socialiste, il n’en est pas question du tout, ni au pre-
mier ni au second tour.
Ceux qui se réclament d’une sensibilité soit de droite, soit cen-
triste, et qui souhaitent s’associer avec les socialistes pour pré-
senter une liste auront à mon avis des réveils difficiles. Les listes
composées avec un seul objectif, un objectif électoral, sont vouées
à l’échec et nous en avons un exemple flagrant aujourd’hui avec
la majorité municipale.
Comment voulez-vous qu’on se mette d’accord avec ceux qui
ont mis en place Sébastien Jumel, avec ceux qui ont voté tous ses
budgets, qui ont suivi toute sa politique et qui la suivent encore.
La posture électorale du PS en disant, un an avant les municipa-
les, « tout sauf Jumel et la seule alternative possible c’est nous »,
ça ne marche pas.
Je crois que cette situation est désolante pour la ville. C’est sté-
rilisant. Une majorité municipale qui se déchire à ce point, ce n’est
jamais bon pour l’image mais aussi pour les projets que la Ville a
menés. Il ne s’agit pas pour nous d’en tirer parti politiquement,
même s’il y a des élections dans un an. Ces divisions éclatent au
grand jour, c’était larvé depuis un certain nombre d’années. Cette
majorité a été faite uniquement pour gagner les élections. On
s’est vite aperçu des fractures par la suite: je pense à Uralchem,
à l’EPR, sujet sur lequel le Parti socialiste n’a pas été très clair.
Ces lignes de fractures ont éclaté au grand jour et celui qui en
est la victime aujourd’hui, ce n’est pas n’importe qui. C’est le pre-
mier secrétaire du PS dieppois (Thierry Levasseur), c’est aussi un
conseiller régional dans la majorité d’Alain Le Vern qui est aussi pré-
sident du Syndicat mixte du port. On voit bien là un symbole, un
signe. Sébastien Jumel a tapé directement au cœur du Parti socia-
liste. Je suis désolé de la façon dont ça s’est passé, un week-end
de Pâques. Moi-même, j’ai été averti par un communiqué qui m’a
été porté chez moi le jour de Pâques. Ça n’a pas été fait dans des
conditions normales.
Mais aujourd’hui, je suis étonné de la réaction des collègues socia-
listes de Thierry Levasseur: « Grands diseux, petits faiseux » comme
on dit en pays de Bray. Il ne me serait pas venu à l’idée de conti-
nuer à être adjoint au maire avec des délégations alors qu’un res-
ponsable de ma famille politique vient de se faire débarquer. Il fal-
lait une démission pour tout le monde. C’est un manque de
courage évident de la part des élus socialistes, ce qui me laisse à
penser qu’ils ne sont pas là que pour les places et les postes, mais
peut-être aussi pour les 1700 euros d’indemnités.
Pensez-vous pouvoir tirer parti de la guerre et des divisions
à gauche entre le PCF et PS?
« Les élus socialistes ne sont là que
pour les places et les indemnités »
André Gautier est venu accompagné de Danièle Thétiot
(centriste) avec laquelle il pourrait présenter une liste commune.