Le CARNET DE L’ENGAGEMENT expose et propose une démarche citoyenne à nos congénères, dans le but de renforcer et d’encourager leur implication dans la vie sociale, économique et culturelle du Cameroun. La Synergie de la Jeunesse Camerounaise y donne sa définition du « bon » citoyen. L’accent est mis sur la nécessité de se responsabiliser, les moyens pour le devenir et les possibilités à la disposition de tous les volontaires, pour encourager nos frères et sœurs à s’engager sur la voix de la réforme sociale ; par la réforme de SOI d’abord, afin d’incarner la « citoyenneté responsable ».La démarche proposée dans le carnet s’articule autour des trois axes que sont :
L’Economique : L’amélioration des compétences des jeunes et le développement de l’esprit d’entreprise
Le Social : La vulgarisation de la solidarité communautaire et de l’engagement citoyen
Le Culturel : La valorisation des traditions et la revalorisation de notre histoire en tant que Nation
Nous donnons également la parole à des leaders : présidents d’associations, jeunes entrepreneurs et élites politiques, afin qu’ils apportent leur contribution à la formulation de nouveaux modes de pensée, plus représentatifs des aspirations et des ambitions des jeunes d’aujourd’hui. Ont entre autres participé à la rédaction du carnet : Paola NDENGUE (CEO de FashizBlack), Serge TCHAHA (Essayiste – Chroniqueur pour Afrique Expansion Magazine), Joshua OSIH (Vice-président du SDF, Député à l’Assemblée Nationale), ou encore Jean-Baptiste ATEMENGUE ( Ancien Vice-président Section RDPC France Nord).
CARNET DE L'ENGAGEMENT POUR LA JEUNESSE CAMEROUNAISE
1.
2. CARNET DE
L’ENGAGEMENT
POUR LA JEUNESSE
LE GUIDE DU
BON CITOYEN
LE GUIDE DU
BON CITOYEN
Synergie de la Jeunesse Camerounaise
3. DIRECTION ARTISTIQUE
REDACTION
COORDINATION
CARNET DE L’ENGAGEMENT POUR LA JEUNESSE
LE GUIDE DU BON CITOYEN
Une production de la
Synergie de la Jeunesse Camerounaise
Hiram IYODI
Sharon DIPITA
Bruce TABETH
Constantin NZATI
Marc ENOH
Melissa SACK
Georges BAKAM
Bertolt FOGANG
Yann DOUALLA
Bertrand ESSOUMBA
Carl MANDENG
Jacob ONOBIONO
William NGATCHA
i
SJC, une question de vision
La Synergie de la Jeunesse
Camerounaise (S.J.C.) est un
mouvement associatif ouvert à
tous les Camerounais âgés de
15 à 35 ans. Tous les Came-
rounais désireux d’apporter
une contribution pragmatique à
l’expression d’un pays moderne.
Nous faisons le rêve d’un Came-
roun qui enseigne son histoire,
s’appuie sur ses traditions pour
forger son développement et
mobilise toutes les couches so-
ciologiques, ethniques et toutes
les confessions à l’édification
d’une grande Nation et d’une
économie conquérante et pros-
père.
SJC, nos missions
La Synergie de la Jeunesse
Camerounaise entend devenir
une plateforme participative de
réflexion, de propositions et sur-
tout d’actions des jeunes, par les
jeunes et pour les jeunes. Cette
finalité doit se déployer en colla-
boration avec tous les décideurs
sans distinction ni a priori: pou-
voirs publics, opérateurs éco-
nomiques, ONG, communauté
internationale… Nous souhaitons
investir tous les domaines qui
touchent à la jeunesse de notre
pays.
C’est dans cette perspective que
la SJC se donne pour mission
de mettre les talents, les com-
pétences et les énergies des
Jeunes Camerounais à contribu-
tion du développement culturel,
économique et social de leur
pays: en les mutualisant !
SJC, originalités
A vitesse de croisière la SJC se
distinguera des autres organisa-
tions associatives par son orga-
nisation décentralisée. En effet,
nous postulons que les Jeunes
de notre pays ne ploient pas tous
sous les mêmes problèmes.
En cela, il convient de laisser
chaque région autonome quant
à la résolution de ses problé-
matiques. Même si la stratégie,
elle, demeure nationale et axée
principalement sur les domaines
économiques et socioculturels.
L’autre Originalité est le rapport
à la diaspora. La SJC prescrit
que les Camerounais de la dias-
pora doivent pouvoir, s’ils veulent
participer au développement
communautaire, compter sur
des relais intègres sur le terrain.
Ainsi, la SJC entend collaborer
avec toute personne et/ou tout
groupe de la diaspora au béné-
fice de la multitude.
Plus d’informations sur notre site
internet www.sjc-online.com
Rejoignez-nous sur
4. Avec la participation de
Paola Ndengue, 24 ans
CEO de FASHIZBLACK
Diplômée en Lettres, Marketing et Rela-
tions Publiques, Paola Ndengue a co-
fondé FASHIZBLACK en 2007, une marque
média dédiée à la mode et au lifestyle
afropolitains. Elle assure également des
missions de conseil en Marketing et RP
auprès de porteurs de projets créatifs afri-
cains, au sein de l’agence PANNELLE & Co
qu’elle a créée en 2013.
Hugue Mbedi Ebongue, 26 ans
Président de JEUNESSE SAWA CANADA
Diplômé en Droit et Sciences politiques,
Hugue Mbedi s’est fortement impliqué
depuis une quinzaine d’annéesdans divers
mouvements de promotion de la Culture
Camerounaise, tant sur le territoire qu’au
niveau de la diaspora. Il est le fondateur
de l’association JEUNESSE SAWA CANADA
(JSC), qui a fortement contribué à l’organi-
sation du «Ngondo ô Canada» à Montréal
en 2009. JSC siège depuis 2011 au Conseil
du Forum Jeunesse de l’Île de Montréal
(FJIM), en tant que représentant des
communautés immigrantes et afro-cari-
béennes de la région montréalaise.
Serge Owona, 30 ans
Président de
MELTING POT DEVELOPMENT
Publicitaire de formation, Serge Owona a
fondé en 2007 avec l’aide de deux amis,
MELTING POT DEVELOPMENT, une asso-
ciation qui regroupe des jeunes étudiants
de diverses nationalités, dans le but d’ap-
porter une assistance aux populations dé-
favorisées d’Afrique. MPD œuvre princi-
palement dans les champs de l’éducation,
la santé, la nutrition et l’insertion sociale
en faveur des orphelins du continent afri-
cain.
Serge Tchaha, 30 ans
Chroniqueur pour Afrique Expansion
Magazine - Auteur de plusieurs ouvrages
Originaire du pays des lions indomptables,
Serge Tchaha est diplômé en Marketing
& Entrepreneuriat, et titulaire d’un MBA
en Gestion Internationale de l’Université
Laval au Québec. Homme du verbe, de
l’écrit et de la parole, il est chroniqueur
économique et travaille pour Afrique
Expansion Magazine. Outre avoir signé
quelques chroniques pour Forbes Africa,
Les Afriques ou le quotidien camerounais
l’Actu, Serge a coordonné la rédaction
de l’ouvrage «Nous faisons le rêve que
l’Afrique de 2060 sera …», paru en 2010 et
préfacé par l’ancien Président Sénégalais
Abdou Diouf. Il est également l’auteur du
livre «La Francophonie économique - Ho-
rizons des possibles vus d’Afrique», publié
en 2012 aux éditions l’Harmattan.
Francis Epote, 39 ans
Président Section Wouri 1 de OJ-RDPC
Entrepreneur engagé en Politique depuis
une vingtaine d’années, Francis Epote
est le président de la Section Wouri 1
de l’Organisation des Jeunes du RDPC. Il
a entamé en 2013, son second mandat
comme conseiller municipal pour la marie
d’arrondissement de Douala 1er.
Jean-Baptiste Atemengue, 42 ans
Ancien Vice-président Section
RDPC France Nord
Né d’un père syndicaliste et diplômé des
universités de Yaoundé et de Montes-
quieu – Bordeaux IV, Jean-Baptiste Ate-
mengue entre en politique lors de l’accé-
lération du processus de démocratisation,
au début des années 90. Âgé d’à peine 20
ans, il s’inscrit comme membre au comité
de base RDPC de Bastos à Yaoundé. Il as-
surera entre 2002 et 2007, la fonction de
Vice-président de la section RDPC France
Nord. Aujourd’hui actif au sein de la sec-
tion RDPC de la Mefou-Akono Ouest, il
ambitionne de diriger une liste lors des
prochaines échéances de renouvellement
des bureaux de base de son parti.
Joshua Osih, 44 ans
1er
Vice-président du SDF,
Député Wouri-Est
Professionnel de l’aviation et du tou-
risme, Vice-président du SDF, Joshua
Osih est depuis le renouvellement des
assemblées législatives en 2013, député
de Wouri Centre et Vice-président de la
Commission des Finances et du Budget à
l’Assemblée Nationale du Cameroun. Il est
également le représentant de son parti
à l’Alliance Progressiste, une plateforme
et un «think tank» qui regroupe les par-
tis progressistes et socio-démocrates du
monde. Il représente enfin le SDF à l’In-
ternationale socialiste, l’association mon-
diale des partis socio-démocrates.
Kah Walla, 48 ans
Présidente du CPP
Titulaire d’un MBA en Management de
Howard University aux Etats-Unis, Kah
Walla retourne au Cameroun à la fin de
ses études en 1991 et milite pour l’avène-
ment de la démocratie à travers un groupe
de soutien aux partis politiques de l’oppo-
sition. Elle intègre le SDF en 2007 et est
élue conseillère municipale pour la com-
mune de Douala 1er. En 2010, Kah Walla
démissionne du SDF et intègre le CPP, qui
l’investira comme candidate aux élections
présidentielles camerounaises de 2011.
Elle a entamé en 2013, son second man-
dat comme conseiller municipal pour la
mairie d’arrondissement de Douala 1er.
ii iii
5. CONTEXTE ET
JUSTIFICATION
L
e Cameroun est un pays de 475 442 km²
situé au cœur de l’Afrique, légèrement au-
dessus de l’Équateur. Il a pour pays fron-
taliers le Tchad au Nord, la RCA à l’Est, le
Nigéria à l’Ouest, et enfin le Gabon, le Congo et
la Guinée Équatoriale au Sud. Placé sous man-
dat français et anglais par la Société Des Nations
après la défaite de l’Allemagne à l’issue de la Pre-
mière Guerre mondiale, le Cameroun accède à
l’indépendance le 1er
janvier 1960. L’économie de
ce pays pétrolier, minier et exportateur de bois
dépend encore fortement du secteur primaire
avec une prédominance pour les activités agroa-
limentaires.
En 2010, la population camerounaise était esti-
mée à 20 millions d’habitants. Cette population-
relativement jeune est constituée à plus de 50%
des moins de 20 ans et à près de 25% des 20-40
ans1
. Les 20-40 ans représentent donc plus de
la moitié du corps électoral et de la population
active. Paradoxalement, cette tranche de la popu-
lation est peu représentée au sein des cercles de
pouvoir et de décision. De manière générale, la
jeunesse regorge d’énergies et de compétences
qui ne sont pas suffisamment mises à contribu-
tion pour le développement du Cameroun.
1
Cameroon Tribune du 14 Avril 2010
Sommaire
Contexte et justification
La Jeunesse au centre du développement socio-
économique et culturel du Cameroun
Partie I : L’engagement social et communautaire
1. A propos du tribalisme
2. Bâtir une culture nationale forte
3. Redonner à la Femme sa place au cœur de la société
4. Servir la communauté pour réduire les
inégalités sociales au sein de la Jeunesse
Partie II : L’engagement économique
1. La vision de l’entreprenariat Jeunesse de la SJC
2. L’entrepreneur, son projet et son environnement
Partie III : L’engagement citoyen
1. S’informer et s’auto-former
2. Militer au sein des organisations civiques et politiques
3. Participer aux échéances électorales
Les projets de la Synergie de la Jeunesse Camerounaise
1. Les Causeries éducatives
2. Le Centre Africain de l’Information pour la Jeunesse
3. Le Fonds Camerounais Jeunesse et Entreprenariat
4. Le Salon des Métiers
5. Le Job Dating
6. Le Parlement des Jeunes du Cameroun
SJC : Ses valeurs, ses missions et ses objectifs
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6. Les problèmes de malnutrition, de chô-
mage et de sous emplois sont de plus en
plus criards chez les jeunes; la crise des
valeurs morales atteint son paroxysme
et la méritocratie n’est pas systématique-
ment le critère de promotion des élites
et des responsables au sein de notre
société. Notre pays a besoin d’idéologies
nouvelles et de projets novateurs portés
par une classe renouvelée d’élites socio-
économiques et politiques.
En observant les différentes phases d’évo-
lution et de construction de la nation
camerounaise depuis la conférence de
Berlin qui décida du partage de l’Afrique
en 1884-1885, nous constatons le rôle
majeur qu’ont de tout temps joué les 20-
40 ans.
Tout d’abord face à l’administration alle-
mande, Rudolf Douala Manga Bell, chef
du canton Bell, âgé de 38 ans en 1910,
s’oppose au plan d’urbanisation et d’ex-
propriation des terres décidé par le gou-
verneur allemand Théodore Seitz. Il est
pendu le 08 Août 1914 à 42 ans. Le même
jour, Martin Paul Samba est fusillé à l’âge
de 40 ans à Ebolowa, pour avoir monté
une rébellion en pays Bulu, indigné face
au traitement que l’administration alle-
mande réservait aux populations locales.
Quelque trois décennies plus tard, plu-
sieurs jeunes nationalistes regroupés au
sein de l’Union des Populations du Came-
roun (U.P.C.) batailleront pour l’indépen-
dance. Parmi ces derniers, l’histoire a
principalement retenu: Ruben Um Nyobe
qui démarre son action syndicale en 1944
à 31 ans. Trahi par les siens, il est livré aux
colons et exécuté par l’armée française le
13 Septembre 1958 alors âgé de 45 ans.
Félix Roland Moumié est porté à la tête de
l’U.P.C. lors du congrès d’Eseka de 1952 à
27 ans, et Ernest Ouandié élu Vice-prési-
dent lors du même congrès à l’âge de 28
ans.
Précision doit être faite de ce que Ahma-
dou Ahidjo, au préalable élu à l’Assemblée
Territoriale Camerounaise (ATCAM) à 23
ans, deviendra le premier président de la
République du Cameroun alors qu’il n’est
âgé que de 36 ans.
Nous soulignons enfin l’action de ceux
de nos parents qui, majoritairement âgés
entre 20 et 40 ans, se sont mobilisés entre
1990 et 1992 pour donner naissance au
multipartisme.
Suivant ces illustres exemples, notre pré-
occupation à la Synergie de la Jeunesse
Camerounaise (S.J.C.) vise à transformer
la psychologie de l’engagement des 15-35
ans d’aujourd’hui afin que dans 20 ans,
notre pays se réalise : fier de son histoire
autant que de sa diversité culturelle et
économiquement prospère.
Tout au long de ce carnet, la Synergie de
la Jeunesse Camerounaise (S.J.C.) donne
sa définition de ce que doit être un «bon
citoyen». L’accent est mis sur la nécessité
de se responsabiliser, les moyens pour le
devenir et les possibilités à la disposition
de tous les volontaires, pour encourager
nos congénères à s’engager sur la voie de
la réforme sociale par la réforme de SOI
d’abord afin d’incarner la «citoyenneté
responsable». Il ne tient qu’à chacun de
nous de décider de devenir, par le mérite
et la probité, le leader de la société came-
rounaise de demain.
Dans ce carnet, l’exercice consiste éga-
lement à donner la parole à des leaders:
présidents d’associations, jeunes entre-
preneurs et élites politiques, afin qu’ils
apportent leur contribution sur ce que
doit être l’engagement et l’implication de
notre jeunesse au service du développe-
ment culturel, social, économique et poli-
tique du Cameroun. Nous avons conclu le
guide par une présentation générale de
l’association Synergie de la Jeunesse Ca-
merounaise, au cas où dubitatifs, volon-
taires ou convaincus, nos frères et sœurs
du terroir et de la diaspora, désireraient
nous rejoindre.
DEMAIN ne se construit qu’avec l’IMPLI-
CATION de CHACUN … AUJOURD’HUI !
02 03
7. Incarnons des Citoyens Responsables
LA JEUNESSE AU CENTRE
DU DEVELOPPEMENT
SOCIO-ECONOMIQUE
ET CULTUREL DU
CAMEROUN
L
e Cameroun, à l’image de l’ensemble
du continent africain, fait face à
un tournant majeur de son his-
toire. En effet, pour la première fois
depuis son accession à l’indépendance,
plus de la moitié de sa population est
âgée des moins de 20 ans, constituant le
potentiel humain le plus à valoriser dans
l’optique de l’émergence. La citoyenneté
active et participative de la jeunesse nous
semble être, à la Synergie de la Jeunesse
Camerounaise (S.J.C.), le prérequis à la
construction de toute nation émergente.
Etymologiquement, citoyen vient du latin
«civis» qui signifie «celui qui a droit de
citer». En d’autres termes, le citoyen est
un individu qui vit en société, et qui se
caractérise par le respect des normes et
des institutions qui régissent et régulent
le bon fonctionnement de celle-ci. C’est
celui-là qui paye ses impôts, respecte
ses engagements vis-à-vis d’autrui, mais
surtout satisfait aux exigences civiques
inhérentes à l’organisation de la cité. Le
«bon citoyen» est un acteur social dont
les pensées, les paroles et les actes struc-
turent l’environnement dans lequel il évo-
lue, consolidant ou affaiblissant le contrat
social.
L’Etat du Cameroun garantit à tous ses
citoyens les droits et les libertés énumé-
rés au préambule de sa Constitution. Par
conséquent, l’idiosyncrasie des citoyens
est importante. Le civisme reflète le res-
pect, l’attachement et le dévouement du
citoyen pour son pays ou pour la com-
munauté dans laquelle il évolue. Cela
s’applique de manière distinctive à l’ins-
titution qui représente cette collectivité,
à ses conventions et ses lois. Le civisme
Les hommes et femmes
ayant contribué à l’édifica-
tion de la Nation camerou-
naise avaient pour la plupart
moins de 40 ans
quand ils ont mar-
qué notre Histoire.
05
8. requiert par conséquent une «conscience
politique» et une supposée compréhen-
sion de ses droits en tant que citoyen,
ainsi que de ses devoirs vis-à-vis de la col-
lectivité.
La représentativité des jeunes au sein des
instances décisionnelles de la cité est le
défi principal de l’Afrique subsaharienne.
Poser la question du bien-fondé d’incar-
ner le bon citoyen revient à s’interroger
sur l’importance de la participation ci-
toyenne. Le point magistral est de démon-
trer que la participation citoyenne est un
outil indispensable pour démontrer ses
capacités, et apporter sa contribution aux
décisions qui influencent le devenir de la
Cité.
Qu’est-ce donc que la
participation citoyenne ?
Du point de vue de la Synergie de la Jeu-
nesse Camerounaise, la participation
citoyenne se définit comme l’expression
du désir d’entreprendre qui vit en chaque
jeune et l’invite à être un acteur de son
destin. Chacun s’exprime donc et agit
pour l’accomplissement de l’idéal de la
société dans laquelle il se voit évoluer. La
participation citoyenne est fondée sur le
contrat social que nous concluons les uns
envers les autres, par la définition et la
matérialisation d’un ensemble de valeurs
partagées qui conduisent à terme à une
société juste et équitable. Pour paraphra-
ser Jean Jacques Rousseau, le citoyen
est un être éminemment politique qui
exprime non pas son intérêt individuel,
mais l’intérêt général. Cet intérêt général
ne se résume pas à la somme des volon-
tés particulières mais la dépasse. La parti-
cipation citoyenne est dès lors le facteur
de stabilisation de la société, puisqu’elle
conditionne la prospérité des citoyens qui
y vivent.
Tout citoyen est garant de la règle de droit.
Nous devons tous prendre conscience que
viendra le moment où la jeune génération
que nous représentons, sera gardienne
du droit constitutionnel. Le développe-
ment étant une conséquence de la bonne
gouvernance, le «bon citoyen» se doit de
lutter pour protéger la démocratie. Celle-
ci entendue dans sa conception africaine
comme la voie du consensus le plus large
et non la dictature des 51% sur les 49%.
La démocratie participative représente
donc la consécration de la participation
citoyenne. C’est à cet effet que Cinq Piliers
essentiels balisent à notre entendement,
toute démocratie participative : Garantir
les libertés fondamentales - Encourager
l’Implication de Tous - Prendre en compte
l’avis des autres - Entreprendre - Rendre
compte.
Garantir la démocratie, c’est donner une
autre image du continent africain, en
l’extirpant du cliché qui l’assimile systé-
matiquement aux conflits électoraux et
aux guerres civiles. La démocratie partici-
pative née de l’action des bons citoyens,
consolide les institutions qui favorisent la
bonne gouvernance, la stabilité sociale et
le développement économique durable.
Notre conception du bon citoyen tend en
définitive à démontrer que le dévelop-
pement social, culturel, économique, et
politique résulte de la participation active
de la majorité des citoyens. Cet idéal
soulève toutefois la problématique de
l’Engagement personnel et singulier, pour
le cas du Cameroun, celui des 20-40 ans.
Consciente que devenir un bon citoyen
n’est pas l’apanage de ceux possédant
une qualité spéciale, mais le résultat d’un
travail constant et courageux de déve-
loppement personnel à l’aune du service
à la communauté, la Synergie de la Jeu-
nesse Camerounaise se propose de décli-
ner dans les énoncés à venir, sa vision de
la réflexion et de l’action véritable de la
Jeunesse en trois champs de propositions
que sont: l’Engagement sociocommunau-
taire, l’Engagement entrepreneurial et
l’Engagement citoyen.
Nous demeurons convaincus que l’appro-
priation et l’application de ces proposi-
tions par nous-mêmes et nos semblables,
contribuera à doter la nation camerou-
naise de leaders responsables qui s’attèle-
ront, aujourd’hui, à servir les intérêts du
plus grand nombre pour des lendemains
radieux.
06 07
10. L
a notion d’engagement découle du
verbe «s’engager». S’engager est un
verbe qui interpelle l’implication,
l’action et la participation dans le
but de bâtir quelque chose de pérenne
et de solide, porté vers l’amélioration
continue. L’engagement social est celui
dont la portée consiste à modeler les
consciences, modifier positivement les
comportements, agir sur les habitudes
qui font de la société ce qu’elle est, offrant
ainsi au citoyen une kyrielle d’options
pour améliorer ses conditions de vie.
Embrassant le postulat selon lequel nos
actions, nos attitudes et nos habitudes
sont tributaires de nos valeurs avec un
impact immédiat sur notre société, la Sy-
nergie de la Jeunesse Camerounaise iden-
tifie sa vision du modèle de leadership
social et communautaire, à des hommes
et des femmes impliqués dans la vie de
leurs communautés respectives. Ceci
passe par des démarches constantes de
propositions pratiques, d’innovation et de
service, à travers des activités qui visent
la solidification du socle communautaire.
L’objectif à long terme étant de concourir
à l’édification d’une société camerounaise
plus juste et plus équitable.
La SJC s’impose donc une démarche de
l’engagement social structurée par une
vision méliorative, une action participa-
tive et un engagement permanent des
jeunes dans tous les projets dont la por-
tée est figée sur le service au sein de la
communauté. Il s’agit pour nous de voir
chaque jeune personnifier l’implication
et le leadership dans ses rôles d’instruc-
teur civique. Nous avons nommé cette
vision «la solidarité communautaire» qui
s’entend valeur initiale des sociétés afri-
caines. Cette vision traduit parfaitement
l’adage selon lequel, seul nous allons plus
vite, mais ensemble nous nous rendons
plus loin.
PAROLE A NOS EXPERTS
En tant que leader associatif, quels
conseils donneriez-vous à la jeunesse
pour l’encourager à faire montre de plus
de solidarité ?
Serge Owona, 30 ans
Président de
MELTING POT DEVELOPMENT
La solidarité ne nous enlève rien, il ne
coûte absolument rien de se montrer plus
solidaire!Il nefaut pas uniquementconce-
voir l’entraide sous l’aspect financier de la
chose. Un sourire ou encore un dialogue
peut redonner confiance aux nôtres,
contribuant à leur donner la force pour
atteindre leurs objectifs quotidiens. En
tant que Camerounais, les problèmes de
nos compatriotes nous concernent tous!
Car les maux d’aujourd’hui sont les mala-
dies de demain. Il revient à la jeunesse de
s’occuper de ses pairs. Nul ne choisit ses
origines, mais dès lors que nous sommes
là, faisons le nécessaire pour améliorer
le quotidien de tous, pour nous-mêmes,
pour nos enfants et pour le Cameroun.
Hugue Mbedi Ebongue, 26 ans
Président de JEUNESSE SAWA CANADA
Nous devons tous nous montrer fiers de
nos origines, tout en reconnaissant la pré-
sence et les particularités des uns et des
autres. En nous souvenant de cette sa-
gesse africaine qui nous rappelle qu’une
main ne saurait toute seule attacher un
paquet, nous nous rappelons à l’urgence
de réveiller notre potentiel commun.
En d’autres termes, pour attacher notre
« koki-national », il nous faut au moins
deux mains ! Ceci implique que fier de
notre appartenance commune à la nation
camerounaise, il est temps pour nous
d’apprendre à travailler main dans la
main afin que le berceau de nos ancêtres
ne cesse d’être une référence, et que tous
ceux qui y vivent n’aient rien à envier à
l’extérieur.
La Solidarité Communautaire comme
idéal de construction d’une société
camerounaise plus juste et équitable
La Synergie de la Jeunesse Camerounaise,
par l’intermédiaire de ses membres, en-
tend travailler dans le sens d’une action
communautaire durable, au sein une
société aux disparités multiples. La jeu-
nesse, en manque de repères, s’identifie
aux vilenies dont les incidences sur le dé-
veloppement de la cité sont palpables. La
mise en application de notre vision de la
solidarité communautaire a pour finalité
de contribuer à la sortie de la «crise des
valeurs» qui mine notre société. La publi-
cisation des valeurs indignes participe
de tous les fléaux ineptes à l’accomplis-
sement de notre vision: la corruption, le
tribalisme, l’individualisme infécond, les
délinquances ou encore la dégradation
persistante du rôle et de l’importance de
la femme dans la transmission des huma-
nités traditionnelles.
1. A propos du Tribalisme
Nous entendons par «tribalisme», tout
système de pensées qui promeut la ségré-
gation ethnique, amenant les individus
à ne pas penser Nation mais Tribu. Le
corolaire de cette pensée entraîne des
actes de mépris, de violences verbale et
physique, voire de haine entre des com-
patriotes, du seul fait de leur différence
d’appartenance ethnique. Il n’existe mal-
heureusement pas d’indicateurs de me-
sure de la présence du tribalisme au Ca-
meroun. Toutefois, l’observation de la vie
quotidienne permet de se rendre compte
que nous ne nous sommes pas encore
départis de ce mal.
Dans un monde en pleine mutation où
l’heure est au regroupement et à l’unifi-
10 11
11. cation des forces, le Cameroun ne peut
plus laisser ce fléau prospérer. Il revient
à la jeunesse de prendre ses responsa-
bilités afin de penser et de redéfinir des
modèles performants de cohabitation, et
de collaboration entre les 280 ethnies de
notre pays. Vraisemblablement, le triba-
lisme naît de l’ignorance, de la méfiance
vis-à-vis de l’autre, ou de l’inculture des
réalités historico-traditionnelles. Rejeton
du stéréotype et de l’illogisme, il se vivifie
sur l’extension à un groupe d’expériences
malheureuses partagées avec un seul
individu. La mission de notre génération
préconise, dès aujourd’hui, d’identifier au
travers des parcours historiques, généa-
logiques et culturels de nos peuples, des
valeurs et écoles communes à même de
faciliter le «mieux vivre ensemble». Au
sein de la SJC, nous pensons que seule
l’éducation peut permettre de transfor-
mer durablement les mentalités. Nous
organiserons à cet effet des Causeries
éducatives sur des thématiques qui, tout
en éveillant le sens de la responsabilité et
du leadership chez les jeunes, mettront
l’accent sur les bénéfices de la diversité
culturelle.
Plus loin que les activités théoriques
de réflexion, il conviendra d’inciter à la
connaissance pratique de l’identité des
autres; cette identité étant tout à la fois
constituée de coutumes, de traditions et
d’histoire. A partir de 2015, la Synergie de
la Jeunesse Camerounaise s’engage à tra-
vailler avec les assemblées traditionnelles,
et à proposer au Ministère du Tourisme
de même qu’à celui de la Culture, l’organi-
sation d’excursions-voyages découvertes.
Ces activités de sensibilisation auprès des
jeunes, visent entre autres, une participa-
tion plus importante de tous aux princi-
paux rendez-vous culturels du Cameroun
que sont le NGONDO, le NGUON, le ME-
DUMBA, le MPO’O, etc.
L’aboutissement souhaité de ces initia-
tives est de contribuer à bâtir une culture
nationale forte, qui abroge les barrières
tribales. Cette culture constituera alors
la base idéologique pour formuler de
nouveaux modèles endogènes de déve-
loppement, conduisant à l’émergence du
Cameroun.
2. Bâtir une Culture Nationale Forte
L’émergence que nous envisageons dans
20 ans interpelle spécialement les 15-
35 ans d’aujourd’hui. Ils auront alors la
charge de piloter tous ces projets futurs.
Ce défi lancé par le Chef de l’Etat invite à
repenser les modèles de développement,
en plaçant l’Humain et son bien-être au
centre de toutes les initiatives. Cette am-
bition ordonne l’instruction claire d’une
base idéologique qui tienne compte de
nos particularités, spécificités, originali-
tés, mais surtout de nos ressemblances.
La Synergie de la Jeunesse Camerounaise
conçoit l’identité camerounaise comme la
12
12. somme des identités ethnolinguistiques,
ou mieux encore, la fusion des qualités de
chacun des groupes ethniques qui consti-
tuent notre nation. De ce fait, la culture
nationale forte que nous entendons
voir notre génération ériger est celle-là
qui fédère les forces des cultures indivi-
duelles, sans les dissoudre ou les dénier
de leurs particularités. Il s’agit de mieux
se connaître et d’aller à la rencontre de
l’autre, afin de témoigner ensemble de
ce qui nous rassemble, de telle sorte que
chaque groupe ethnolinguistique apporte
à la «table de communion» ce qu’il a de
plus utile à la construction d’un Cameroun
Uni. Chaque ethnie est une couleur, le Ca-
meroun une mosaïque, la SJC fait le choix
d’être Arc-en-ciel.
Pour concrétiser cet idéal qui supplante
toute velléité de repli identitaire, nous
prônons une démarche toute à la fois
individuelle et collective. La démarche
est individuelle par la prise de conscience
personnelle, et collective par le travail de
réflexion et l’action concertée. C’est en
ce sens que nous avons institué les Cau-
series éducatives et le projet du Centre
Africain de l’Information pour la Jeunesse.
Les objectifs visés par ces initiatives se-
ront détaillés dans notre rubrique «Pro-
jets». Il s’agit principalement d’éveiller
les consciences à la nécessaire prise en
compte des fruits de la diversité culturelle,
mais aussi de mettre à la disposition des
jeunes camerounais, des informations et
des outils d’éducation et d’instruction sur
l’Histoire et les Traditions de nos peuples.
Gageons que regarder son identité propre
dans l’optique de construire ensemble
changera alors le regard que l’on porte
sur «autrui», contribuant à restructurer la
pensée des jeunes que nous sommes. Nos
paroles et nos actes concorderont et ser-
viront au quotidien à l’avènement d’une
société juste et solidaire, portée vers le
mieux-être national.
En somme, bâtir une culture nationale
forte permettra à l’ensemble des Came-
rounais de s’identifier à un corpus de va-
leurs collectives qu’ils auront définies en-
semble. Ces valeurs sont résumées dans
notre devise: PAIX – TRAVAIL – PATRIE.
Une fois collectivement arrêtées, celles-ci
seront transmises par le biais de l’éduca-
tion.
L’éducation communique et développe
chez les membres d’une communauté
cette indispensable capacité cohérente
d’être, de penser et d’agir, qui seule per-
met de concevoir avec justesse et de
conduire avec efficience des programmes
de développement utiles à la société.
Pour reprendre le philosophe anglais John
Dewey, l’éducation est un progrès social;
ce n’est pas une préparation à la vie, mais
la vie elle-même. Qui alors, mieux que
celles qui donnent la vie, sont habilitées
à transmettre de manière optimale les
15
13. valeurs de la culture nationale à travers
l’éducation ?
Le mieux-être national requiert donc la
participation de chacun pour tous, mais
surtout l’implication des Femmes dans le
processus de construction d’une culture
nationale forte.
PAROLE A NOS EXPERTS
Que pensez-vous du rôle que devraient
jouer les jeunes pour l’édification d’une
Culture Nationale Forte ?
Hugue Mbedi Ebongue, 26 ans
Président de JEUNESSE SAWA CANADA
Il faut commencer par préciser que mal-
gré les critiques incessantes que nous
formulons à l’ égard de nos parents, ces
derniers ont joué leur partition à la conso-
lidation de l’unité nationale. La question
est de savoir ce que nous comptons faire
des héritages qui nous ont été légués ! Je
demeure convaincu que nous aspirons
tous à évoluer dans un pays politique-
ment stable et économiquement pros-
père. Cette stabilité et cette prospérité
ne peuvent s’acquérir qu’en misant sur
nos intelligences, nos compétences mais
aussi notre capacité à valoriser notre
patrimoine. Le devoir nôtre est donc ce-
lui d’adapter nos héritages culturels aux
réalités du monde dans lequel nous évo-
luons, tout en demeurant fidèles à leur
autheTICité. Parler nos langues ou revêtir
nos vêtements traditionnels ne doivent
pas seulement se faire à l’occasion de
quelques cérémonies traditionnelles.
Nous devons nous aimer et nous valoriser
«camerounais», tel que nous sommes,
sans avoir peur de paraître «vieux-jeu» ou
archaïque. Si notre génération réalise cet
éveil culturel, je n’ai aucune crainte quant
à l’édification réelle et la solidification de
notre Culture Nationale.
Serge Owona, 30 ans
Président de
MELTING POT DEVELOPMENT
La Culture Nationale n’est pas qu’une his-
toire de jeune. La jeunesse devrait tou-
tefois prendre le taureau par les cornes.
A l’heure du village planétaire, il devient
important de préserver notre culture, car
elle constitue le socle de notre identité. La
jeunesse devrait manifester une volonté
forte pour l’appropriation, la transmis-
sion et la valorisation de notre patrimoine
culturel. Le défi consiste à trouver la stra-
tégie et les moyens adéquats pour maté-
rialiser cette volonté.
3. Redonner à la Femme sa
place au cœur de la Société
De tout temps, la terre d’Afrique a consa-
cré la Femme. Elle est la mère nourricière,
la mère éducatrice, celle en qui repose
l’instruction de l’Homme et la formation
de l’élite qui est appelée à guider et à pro-
téger le Peuple. Pivot de la famille, pou-
mon économique inaltérable, la qualité de
son travail humain et matériel influence
directement l’évolution des mœurs, des
mentalités et des cultures. Nos ancêtres
le savaient et s’y tenaient, la Femme est
celle en qui repose le réveil de l’Afrique.
Paradoxalement, depuis quelques siècles,
la place de la Femme a été progressive-
ment dégradée. Réduites à des fonctions
de ménagères, les femmes ne jouent plus
pleinement leur rôle dans la construction
de l’Homme: son instruction comme lea-
der au service du développement de la
communauté. Les conséquences sont tan-
gibles: dépravation des mœurs, crise des
valeurs morales, délinquance juvénile ou
encore absence de repères et de modèles.
Au sein de la Synergie de la Jeunesse Ca-
merounaise, nous en sommes convaincus:
«la renaissance africaine se fera avec la
Femme». Nous avons donc besoin que nos
mères, sœurs, épouses et filles prennent
conscience de leurs responsabilités et se
repositionnent au cœur de la Nation. Il
leur revient de reconnaitre, de valoriser
et d’accepter leur condition réelle afin
de contribuer au retour aux valeurs res-
sources ayant fait des sociétés africaines,
ces phares et bibliothèques d’antan qui
ont solidement éclairé le monde.
Dans le cas spécifique du Cameroun, ce
repositionnement des femmes doit être
de nature à véhiculer dans la société des
valeurs qui vont dans le sens du rassem-
blement et de l’unification des énergies. A
cet effet, nous organiserons courant 2014,
une causerie éducative sur le thème: «Le
rôle de la Femme dans l’Emergence des
Nations Africaines». Cette réflexion à
laquelle nous convierons divers spécia-
listes devrait dans notre idéal déboucher
sur une série de propositions concrètes.
Ces propositions devront redynamiser
l’engagement des femmes du Cameroun,
les encourageant à une plus grande impli-
cation dans la marche des affaires de la
nation.
Nous souhaitons que nos consœurs
tissent ce fil d’Ariane qui liera les Hommes
des communautés que nous sommes ap-
pelées à bâtir sur le modèle de la culture
nationale. Ce qui implique une responsa-
bilité des uns envers les autres par une
pratique qui viserait à donner en retour à
la communauté ce qu’elle nous aura gra-
cieusement offert: service et disponibilité.
PAROLE A NOS EXPERTS
Quelle est votre vision de la place de la
Femme dans le développement de la so-
ciété camerounaise des deux prochaines
décennies?
Paola Ndengue, 24 ans
CEO de FASHIZBLACK
Nous le savons déjà, les femmes sont
fortement impliquées dans l’activité
l’économique, principalement dans le
secteur agroalimentaire. Je ne parle pas
non plus des solutions d’épargne alter-
natives que représentent les tontines, la
plupart du temps exclusivement gérées
par des femmes. Je crois cependant que
l’on cantonne encore trop les femmes à
16 17
14. des actrices économiques de seconde
zone. De la fameuse «buyam-sellam» à la
directrice, il serait souhaitable de les en-
courager à prendre plus d’indépendance
financière sans que cela n’apparaisse né-
cessairement comme une menace pour
la stabilité de leur vie familiale, comme
cela est encore trop souvent présenté.
Les femmes de notre génération et celle
d’après oseront plus au cours des deux
décennies, c’est une tendance qui ira
grandissante pour des raisons démogra-
phiques, sociales et un accès toujours
plus grand à la formation/scolarisation
entre autres.
Serge Owona, 30 ans
Président de
MELTING POT DEVELOPMENT
Culturellement, nous avons déjà intégré
que la femme est le socle de la famille.
Lorsqu’elle gère convenablement son
foyer, chaque membre de la famille réus-
sit ce qu’il entreprend. Ceci est une vi-
sion micro. Lorsqu’on la rapporte sur un
plan macro, si la société met en place un
ensemble d’éléments juridiques et insti-
tutionnels qui accompagnent les acquis
culturels de la femme, celle-ci tiendra le
rôle principal dans le film «Cameroun, le
développement nous y sommes». Avis
aux principaux acteurs et réalisateurs.
4. Servir la communauté pour
réduire les inégalités sociales
au sein de la Jeunesse
Le «Giving Back to the community», pra-
tique très présente dans la société améri-
caine, est un engagement libre et non ré-
tribué des membres d’une communauté,
dans l’intention de se rendre utiles à ceux
qui partagent leur milieu de vie. Organiser
sa proximité: Il s’agit de faire germer en
chaque individu les graines de l’éthique
et de la responsabilité communautaire.
Cela rejoint parfaitement la philosophie
africaine qui veut que l’individu soit le
résultat du travail de la communauté.
Une fois accompli, ce dernier a le devoir
de se mettre en retour au service de
celle-ci, pour aider les siens à se réaliser
à leur tour. Notre conception du service
communautaire par les jeunes s’inscrit
dans une dynamique qui va bien au-delà
de la famille, ou du plus proche voisin.
La philosophie africaine impose d’agir
pour contribuer à l’épanouissement des
membres de sa communauté. Cette dé-
marche invite à véritablement considérer
le «prochain» comme une «partie de soi».
On ne s’accomplit pas seulement par les
fruits de notre réalisation matérielle per-
sonnelle, mais surtout par notre capacité
à contribuer au devenir d’autrui.
Le comportement social de service com-
munautaire que nous souhaitons voir nos
frères et sœurs développer au quotidien
s’illustre en trois actions concrètes qui ne
sauraient à elles toutes seules contenir
tout le sens et la dimension du «Giving
back to the community». Ces actions sont:
le coaching scolaire, le tutorat-mentorat
pour stages et l’instruction civique.
18
15. 4.1 Coaching Scolaire
Le coaching scolaire consiste en des activi-
tés d’accompagnement et de suivi au tra-
vers desquelles, les étudiants et les jeunes
professionnels des quartiers de nos villes
s’engagent à contribuer à la réussite aux
examens (principalement Probatoire et
Baccalauréat) des lycéens et collégiens de
leurs zones d’habitation. Le but visé par
la démarche est de promouvoir l’analyse
des enseignements pour améliorer leur
digestion par les élèves, avec pour consé-
quence planifiée, de rehausser les taux de
réussite aux examens de fin d’études se-
condaires. Cette activité devra permettre
à ceux qui n’ont pas les moyens écono-
miques de payer des cours de soutien,
d’en bénéficier «gratuitement».
Pour ne pas demeurer dans une logique
fortement théorique, les membres de la
Synergie de la Jeunesse Camerounaise se
sont engagés à mettre en place la pre-
mière édition du coaching scolaire, dès
la rentrée 2014/2015. Pour cette pre-
mière, nous ambitionnons de suivre une
cinquantaine de lycéens/collégiens, dont
une trentaine résidant à Douala et une
vingtaine à Yaoundé. Le bilan que nous
effectuerons au terme de cette expé-
rience nous permettra sans doute, avec
l’expansion de nos réseaux de membres
et de partenaires, d’accroître le nombre
de jeunes qui bénéficieront de ce pro-
gramme.
Notre espérance est de voir ce type d’ini-
tiatives se dupliquer de manière sponta-
née sur l’ensemble du territoire national.
4.2 Tutorat-Mentorat
Il est de plus en plus difficile pour les
étudiants camerounais d’obtenir des
stages académiques, du fait de l’absence
de contacts dans le top management
des entreprises privées et publiques. Par
l’entremise des programmes de tuto-
rat-mentorat, chaque jeune, membre de
la SJC, bénéficiant d’un emploi stable,
s’engage chaque année à aider au moins
un étudiant dans ses démarches pour
l’obtention d’un stage académique. Cette
pratique solidaire devrait permettre à
quelques étudiants d’acquérir une pre-
mière expérience professionnelle avant
de clôturer leur parcours universitaire, les
rendant plus opérationnels pour le mar-
ché de l’emploi au terme de leurs études.
4.3 L’Instruction civique
La Synergie de la Jeunesse Camerounaise
demeure convaincue que seule l’éduca-
tion permet de transformer durablement
les habitudes, les mœurs et les mentalités
d’une communauté. Cette éducation ne
peut être circonscrite au système édu-
catif public. L’environnement modèle les
pensées et les actes de l’individu, partici-
pant à sa construction en tant qu’Homme.
Outre la théorie reçue des instructeurs,
l’identification à des jeunes modèles
constitue également une méthode d’édu-
21
16. cation efficace. L’instruction civique telle
que nous la percevons, est une pratique
de multiplication des Causeries éduca-
tives à l’échelle des quartiers. Ce sont
des activités récurrentes d’échanges et
de partage durant lesquelles les «jeunes
leaders» entretiennent les leurs, sur des
thèmes divers, dans l’objectif de contri-
buer à modeler les consciences, pour faire
des nôtres, des citoyens responsables.
Cette démarche commande à chacun de
prêcher par l’exemple, pour donner aux
jeunes de nouveaux types de modèles,
les contraignant à considérer le travail et
le service comme principales valeurs me-
nant à la réussite.
De manière générale, le «Giving Back to
the community» vise l’ancrage dans les
attitudes et les habitudes des 15-35 ans
du culte de l’effort autant que de l’excel-
lence, pour construire la société sur le
ferment de la méritocratie. A terme, l’ob-
jectif est de faire germer dans les esprits
des jeunes, la nécessité et l’importance
de veiller à une répartition plus équitable
des richesses dans le cadre de leurs res-
ponsabilités publiques et professionnelles
à venir. C’est en s’appliquant au quoti-
dien à mieux servir les nôtres que nous
nous construirons en tant que leaders
consciencieux.
PAROLE A NOS EXPERTS
Que pensez-vous de la philosophie du «
Giving Back to the Community » ? Com-
ment pensez-vous que cette pratique
peut contribuer à réduire les inégalités
sociales au Cameroun ?
Hugue Mbedi Ebongue, 26 ans
Président de JEUNESSE SAWA CANADA
Toutes les sociétés que nous considérons
aujourd’hui comme évoluées et dévelop-
pées ont eu à un moment donné de leur
histoire, à implémenter des pratiques
solidaires qui pourraient s’apparenter au
« Giving Back to the community ». A cet
effet, un proverbe Sawa dit ceci : Muna a
yabe te, E nde nya sango na nyango, nde
a te moto, a timba nde muna tumba !
(Lorsqu’un enfant naît, il appartient à son
père et à sa mère, mais lorsqu’il devient
un Homme il appartient à la communau-
té !). Je laisse chacun analyser la portée
philosophique de cette sagesse! Pour ma
part, la mise en place de mécanismes per-
mettant de rendre cette pratique prag-
matique, permettra à tous les fils et filles
de ce pays d’être de véritables acteurs du
développement de leurs communautés
d’origine et de vie, respectives. La somme
de ces implications individuelles ne peut
qu’être source de paix, de réduction des
inégalités sociales et donc de développe-
ment économique participatif.
Serge Owona, 30 ans
Président de
MELTING POT DEVELOPMENT
Le « Giving Back to the community » est
une notion très large. Un avis objectif sur
la question nécessiterait l’étude des mé-
canismes à mettre en place, et ceci pour-
rait faire l’objet d’un tout autre livre. En
quelques mots, lorsque votre travail bé-
névole apporte une activité économique
à un tiers d’une couche sociale défavori-
sée, cela permet d’augmenter son niveau
de vie et donc de contribuer à une réduc-
tion des inégalités sociales.
En somme, notre vision de la solidarité
communautaire au sein de la Synergie de
la Jeunesse Camerounaise, s’identifie à
une jeunesse qui œuvre à la solidification
des trois piliers essentiels que sont : L’édi-
fication d’une Culture Nationale Forte –
Le retour de la Femme au cœur de la vie
de la société – La réduction des inégalités
pour parvenir à meilleurerépartition des
fruits du travail collectif.
La problématique de la production et de
la répartition des richesses nous amène à
aborder la deuxième partie de notre car-
net, à savoir, l’engagement de la jeunesse
à entreprendre pour créer de la valeur
économique.
« Chaque eth-
nie est une
couleur,
le Cameroun
une mosaïque,
nous faisons
le choix d’être
Arc-en-ciel. »
Synergie
de la Jeunesse
Camerounaise
22 23
18. L’
entrepreneuriat peut-être défini
comme l’action de générer des
richesses et des emplois par la
création d’entreprise. C’est une
dynamique qui vise la création et l’exploi-
tation d’une opportunité d’affaires par un
ou plusieurs individus, à des fins de créa-
tion de valeur.
Pour mener à terme la politique des
grandes réalisations et atteindre les objec-
tifs de la vision du gouvernement pour le
Cameroun, l’État ne pourra pas se priver
de la contribution à la croissance venant
des PME présentes dans divers secteurs
d’activités (agroalimentaire, mines, éner-
gie, génie civil, environnement, services
juridiques et financiers, communication
et TIC, assistance-conseils). Constituant
plus de 50% de la population active, le
devoir d’entreprendre pour soutenir la
croissance incombe à l’heure actuelle, en
priorité aux 20-40 ans.
Au sein de la Synergie de la Jeunesse
Camerounaise, nous considérons l’entre-
preneuriat par les jeunes comme l’une
des voies palliatives aux problèmes de
chômage et de sous-emploi qui touchent
notre génération. Conscients de ce que
l’entrepreneuriat ne peut se développer
sans mesures d’incitation et d’accom-
pagnement, et que la mise en place de
celles-ci relève spécialement du gouver-
nement et des groupements patronaux,
nous nous proposons de présenter par le
biais de ce carnet, notre vision de l’entre-
preneuriat jeunesse axée sur l’Homme,
en tant que porteur de projet.
PAROLE A NOS EXPERTS
Pourquoi la Jeunesse Camerounaise
devrait-elle entreprendre ? Dans quels
secteurs d’activités lui conseilleriez-vous
d’investir et de s’investir ?
Paola Ndengue, 24 ans
CEO de FASHIZBLACK
La jeunesse de notre pays entreprend
déjà même si le terme «entreprendre»
n’est pas assez vulgarisé, lui conférant
ainsi plus de prestige qu’il ne devrait. Les
Camerounais sont en général des «pre-
neurs d’initiatives» ; cela se constate
en observant les nombreux jeunes qui
s’adonnent au «Système D», communé-
ment appelé la «débrouillardise». Je crois
tout simplement que le contexte n’étant
pas nécessairement favorable, ceux qui
se lancent s’autocensurent et limitent
par eux-mêmes la portée de ce dans quoi
ils s’investissent. Cette autocensure naît
de divers facteurs tels que les difficultés
administratives, la corruption, le manque
d’informations ou de compétences... Je
crois toutefois que dans un pays où l’état
présente quelques défaillances, il est
urgent de se prendre en main. Mais pas-
ser de celui ou celle qui se débrouille au
chef d’entreprise, c’est d’abord une prise
de conscience et un changement d’état
d’esprit.
Il n’y a pas de limite de secteurs d’activi-
tés qui requerraient un investissement de
la part des jeunes; tout ou presque est
encore à faire au Cameroun, principale-
ment dans le secteur tertiaire, le social ou
l’agroalimentaire. Je recommanderai de
s’inspirer de ce qui se fait déjà, d’observer
et d’analyser les habitudes de consom-
mation autour de soi, et de réfléchir à
réinventer le quotidien de son environne-
ment. Cela peut se faire en facilitant des
procédures ou en offrant des services de
qualité à un prix inférieur à celui du mar-
ché... Bref, en tant qu’entrepreneur, si
vous n’avez pas les moyens de combattre
les leaders d’un marché, créez-vous une
niche ou rendez-vous indispensables à
ceux qui dominent votre secteur d’activi-
tés. C’est en somme une affaire de prag-
matisme et de positionnement, en adé-
quation avec vos moyens et objectifs.
Serge Tchaha, 30 ans
Chroniqueur pour Afrique Expansion
Magazine - Auteur de plusieurs ouvrages
Les secteurs d’activités dans lesquels l’on
peut se lancer en affaires sont nombreux
et variés, mais chaque situation est per-
sonnelle: en plus de votre idée, votre
capital financier, vos réseaux de contacts,
vos facultés intellectuelles sont des condi-
tions à ne pas négliger pour opérer un
choix. Cependant, l’agriculture, l’agroali-
mentaire, la production d’énergie, le tou-
risme, le divertissement, les BTP, TIC et
mines sont des secteurs porteurs pour les
prochaines décennies.
Je pourrais rajouter qu’il faut peut-être
choisir un secteur d’activité qui nous
passionne et que l’on aime par-dessus
tout. Pour résister, il faut que le projet
vous tienne à cœur. Je voudrais que nous
réfléchissions à ceci: pourquoi avons-
nous des capacités intuitives, imagina-
tives si ce n’est pour s’en servir? Il nous
faut apprendre à prendre les décisions
qui peuvent paraître illogiques, dérai-
sonnables, irrationnelles. Je crois que les
grands entrepreneurs ont ces facultés… Il
faut croire en son Destin et en celui de son
entreprise.
1. La Vision de l’entrepreneuriat
Jeunesse de la SJC
En 2040, avec ses deux milliards d’habi-
tants estimée, l’Afrique, outre la princi-
pale réserve mondiale de matières pre-
mières qu’elle constitue déjà, devrait
devenir un important marché de consom-
mation et un pourvoyeur indéniable de
main d’œuvre. Le berceau de l’Humanité
sera, à l’orée de la célébration du cente-
26 27
19. naire de nos indépendances en 2060, le
phare de la croissance et le poumon éco-
nomique de la planète.
Au cœur de cette Afrique, le Cameroun,
avec son extraordinaire capital humain et
les nombreuses richesses de son sol et de
son sous-sol, a tout intérêt à reprendre
sa position de leader de la sous-région
Afrique Centrale. Ce leadership doit prin-
cipalement s’affirmer sur les plans écono-
mique et géostratégique. En effet, avec
un potentiel de consommateurs de 400
millions d’habitants en 2040 (150 mil-
lions pour la CEEAC et 250 millions pour
le Nigéria), le Cameroun au cœur du golfe
de Guinée devrait pouvoir exporter tant
sa production (biens et services), que ses
talents et les intelligences produites par
ses écoles.
Dès lors que nous intégrons que le
propre des organisations humaines, qui
se veulent efficaces et durables, est de
se fixer des buts et des objectifs à long
terme, afin de mieux définir les moyens
avec lesquels elles désirent les réaliser;
le retour de l’Afrique au Cœur du monde
impose de ce fait au Cameroun de repro-
grammer dès aujourd’hui la formation de
leaders et d’entrepreneurs de haut vol qui
auront acquis les compétences pour sou-
tenir les ambitions de ce rêve africain.
A la Synergie de la Jeunesse Camerou-
naise, nous entendons encourager le
volontarisme des jeunes du Cameroun
désireux de transformer leurs problèmes
quotidiens en opportunités d’affaires,
sources de production de richesses et
de croissance durable. Plus loin que le
militantisme ou des plaidoyers en faveur
de l’adoption des mesures incitatives à
l’attention des jeunes entrepreneurs, ou
encore l’incitation à la participation aux
concours d’idées et de projets, nous sou-
haitons contribuer à vulgariser l’esprit de
leadership. Le leadership assure à chacun
les moyens de se départir de la pensée de
l’assistanat ou de la conception de l’Etat-
Paternaliste.
1.1 Forger l’esprit du Leadership
Le dynamisme de la jeunesse africaine
que l’on peut principalement observer
dans les pays d’Afrique anglophone, nous
commande de forger une société prag-
matique qui repose sur la micro-action
personnelle et le travail collectif. Chacun
se doit, pour lui et pour la multitude, de
penser et d’agir afin que le volontariat des
uns se transmette à d’autres, au bénéfice
de tous, sans distinction de sexe, de reli-
gion ou de tribu. Il s’agit donc pour nous
de contribuer à l’émergence d’entrepre-
neurs-innovateurs qui repensent inces-
samment leur milieu de vie, en partant
du souci d’apporter des solutions aux pro-
blèmes et aux obstacles du quotidien.
La vision de l’entrepreneur-innovateur-
jeune de la Synergie de la Jeunesse Came-
rounaise et celle du citoyen qui oriente
sa réflexion pour satisfaire un besoin ob-
servé dans son environnement, en créant
une structure génératrice de solutions.
L’entrepreneur ose agir «ici et mainte-
nant» avec réalisme dans la résorption
des difficultés, créant de fait de nouveaux
centres de profit. L’innovateur invente et
réinvente sans se contenter de reproduire
les modèles observés ou de reformuler
des solutions énoncées ailleurs. Dans
cette perspective, la vision de la Syner-
gie de la Jeunesse Camerounaise prescrit
pour les Jeunes, la nécessité de forma-
tions nouvelles; surtout celles qui déve-
loppent le sens de la créativité et intiment
des comportements nouveaux en plus du
raisonnement et des outils de l’initiative
personnelle hors du commun.
Dès lors, les missions qui constitueront la
matrice des projets et programmes que
nous développerons, tiennent en trois
grands groupes. Premièrement, la for-
mation et le partage d’expériences: les
jeunes ont la volonté et le dynamisme, il
convient de leur octroyer les outils spéci-
fiques à leurs tâches et surtout de jeter
des ponts entre eux afin qu’ils échangent
leurs «best practices». Deuxièmement,
la mutualisation des connaissances, des
expériences, des compétences: le partage
des meilleures pratiques, encore, mais en
outre avec l’obligation morale de les addi-
tionner au bénéfice de la Nation. Troisiè-
mement, «synergie» nous oblige à jeter
des passerelles entre les associations
jeunes qui pensent et celles qui agissent
afin que toujours, le PROJET prédomine.
Et donc, le service, le pragmatisme et le
leadership personnel priment.
1.2 Promouvoir la Pensée
Libérale et innovatrice
Promouvoir la pensée libérale auprès des
jeunes consiste pour nous à les inciter à la
dynamique de l’action personnelle, dans
le sens d’une contribution collective, avec
un Etat qui agit comme support ou ren-
fort. Tel que préalablement expliqué, l’at-
teinte de l’émergence économique dans
deux décennies appelle avec insistance à
la création des PME par les 20-40 ans.
La croissance économique dans les pays
émergents et en voie de développement
est grandement accompagnée par l’action
du secteur privé. En effet, investir dans
le secteur privé bénéficie à tous en cela
que, parce que soumis à la concurrence,
le secteur privé impose réactivité et créa-
tivité. La concurrence est le terreau de
l’action pragmatique et de l’innovation
perpétuelle. Or, nous pensons que notre
pays, le Cameroun, est soumis à l’exigence
de générer son développement et de se
forger son modèle. Par conséquent, nous
nous devons de penser une science appli-
quée qui soit «tropicalisée» et endogène.
L’innovation perpétuelle se veut ferment
des entreprises qui, toujours, veulent se
distinguer et aller de l’avant. Elle profite
28 29
20. aux jeunes entrepreneurs en les obligeant
à se démarquer de ceux qui sont instal-
lés; et ces jeunes forcent la société toute
entière à ne pas se contenter de consom-
mer, mais à exiger davantage en matière
de qualité et de service.
La Synergie de la Jeunesse Camerounaise
pense que les jeunes qui entrouvrent la
porte de l’innovation perpétuelle, dans le
secteur économique ou ailleurs sont plus
à même d’impulser de nouveaux change-
ments dans le pays, voire dans le Monde.
Néanmoins, il conviendra au préalable
pour encourager cette innovation per-
pétuelle, de promouvoir les innovateurs
perpétuels de chez nous! Afin que leurs
expériences émeuvent, que leur légende
enthousiasme leurs semblables, que leur
réussite mobilise.
PAROLE A NOS EXPERTS
Quels bénéfices le Cameroun aurait-il à
tirer de l’entrepreneuriat par les 15-35
ans ?
Serge Tchaha, 30ans
Chroniqueur pour Afrique Expansion
Magazine - Auteur de plusieurs ouvrages
Je voudrais dire que votre question re-
vient à répondre à celles-ci: pourquoi est-
ce que le peuple camerounais doit-il en-
treprendre ? Ou alors pourquoi est-ce que
dans une société donnée, l’entrepreneu-
riat est important ? Je le dis car comme
vous le savez, l’essentiel de la population
est jeune. Chacun peut dès lors imaginer
sans difficulté, y compris Lapalisse, les
réponses à la question. L’intérêt demeure
cependant car nous sommes dans une
situation particulière pour au moins trois
raisons.
Premièrement, le taux de chômage chez
cette catégorie de la population est par-
ticulièrement élevé, donc, c’est une voie
royale pour améliorer sa condition et
aider d’autres, en créant des emplois, à
améliorer à leur tour leur niveau de vie.
La deuxième raison, c’est que l’Afrique,
cela semble faire consensus, sera une
terre d’opportunités d’affaires absolu-
ment incroyable au cours des prochaines
années. Si les Africains, les Camerounais
eux-mêmes ne sont pas entrepreneurs,
des «decision-makers», des poids lourds
industriels, qui profitera de la manne? Ne
nous a-t-on pas appris que la Nature avait
horreur du vide? Question subsidiaire:
Êtes-vous maîtres chez vous si les Natio-
naux (y compris les Nationaux africains)
n’ont pas une place significative?
Dernière motivation qui est liée à la précé-
dente. Il nous faut des capitaines d’indus-
tries, des joueurs de classe mondiale qui
pourront guerroyer avec les compétiteurs
Occidentaux mais aussi Chinois, Brési-
liens, etc. J’ai le sentiment que pour y arri-
ver, il faut entreprendre très tôt afin d’être
décomplexé par l’argent et se rendre
31
21. compte que 1 milliard de FCFA représente
une somme banale sur le plan internatio-
nal, soit environ deux millions de dollars.
Soyons clairs, peut-être qu’aucune des en-
treprises que je monterai n’atteindra un
chiffre d’affaires pareil, mais je voudrais
dire que si nous voulons compter dans le
monde de demain, il faudra évidemment
une masse critique d’entreprises pesant
des centaines de millions de dollars. De
toute façon, je prétends que dans un hori-
zon de 20-25 ans, plusieurs quadras afri-
cains seront milliardaires à l’image de ce
que l’on a vu en Chine. Seulement, il faut
se mettre au travail dès à présent.
Paola Ndengue, 24 ans
CEO de FASHIZBLACK
Un pays comme le nôtre qui ambitionne
d’être «émergent» en 2035, a la néces-
saire obligation de s’appuyer sur la vision
et les compétences de la jeunesse, qui
est plus en phase avec le présent et sur-
tout le futur dans le domaine des affaires.
Cela ne signifie pas qu’il faille pratiquer
une forme de «jeunisme», mais ceux qui
entreprennent aujourd’hui seront certai-
nement aux commandes du pays demain.
Les accompagner, c’est tendre la main à la
génération future.
2. L’entrepreneur, son projet
et son environnement
L’émergence n’est pas un mythe, c’est un
horizon politique qui impose des chan-
gements psychosociologiques, écono-
miques et une planification rigoureuse
dès «Aujourd’hui». En conséquence, qui
mieux que les jeunes instruits, pleins de
rêves de grandeur, gonflés d’énergie,
conscients de la difficulté de la tâche,
plus aptes à fabriquer le changement, ins-
truits de la pensée des leaders, avec cette
fibre patriotique qui les invite à penser
aujourd’hui les innovations pour demain;
qui mieux que Nous pour fabriquer cette
émergence, forte, équitable et durable?
Insistons toutefois sur ce qu’Être JEUNE
est l’état d’esprit de celui qui ose rêver
grand pour, par la suite, exiger la lune afin
de retomber au moins sur les étoiles !
2.1 Pourquoi notre vision de l’entre-
preneuriat Jeunesse doit-elle s’inscrire
dans nos congénères?
Les statistiques économiques sur la créa-
tion de richesse disponible à fin 2010, ré-
vèlent que 90% de la population travaille
dans le secteur informel, soit 53% dans le
secteur informel agricole et 37% dans le
secteur informel non agricole. Seuls 10%
de la population active camerounaise tra-
vaille dans le secteur formel, à raison de
6% dans la fonction publique et 4% dans
le formel privé. La force de travail est donc
restreinte à une économie de subsistance.
Selon Jean Vincent TCHIENEHOM, chroni-
queur camerounais : « Le salarié met 50
ans pour mobiliser le capital qu’un entre-
preneur peut obtenir en 2 ans ». Alors que
la préoccupation collective est présente-
ment axée sur le bien-être durable et
participatif, et que nombre d’entreprises
multiplient les slogans citoyens en invi-
tant les jeunes à plus d’audace et d’inno-
vation; quid de notre capacité à attraper
cette balle au rebond?
Au moment où les modèles nationaux
méritent de réaliser leur «aggiorna-
mento», constatons froidement que les
niches d’antan ne font plus bonne recette.
Bien d’études ont déjà identifié les nou-
veaux secteurs et industries sources de
valeur ajoutée. Il est désormais plus que
temps de TRANSFORMER la donne. Tous
les jeunes envisagent de s’élever au-delà
de la satisfaction de leurs besoins pri-
maires; or Nous, Synergie de la Jeunesse
Camerounaise (S.J.C.), pensons que l’en-
treprenariat couronne toutes ces ambi-
tions: lorsque vous créez une entreprise,
vous embauchez et vous rémunérez. Par
voie de conséquence, vous contribuez à la
baisse du chômage. Une fois les besoins
initiaux sublimés, de nouveaux appa-
raissent, générant de nouveaux marchés
et favorisant par conséquent la croissance
de la classe moyenne.
Jean Paul POUGALA, géo-stratège came-
rounais, précise qu’un salarié qui gagne
100 000 FCFA par mois n’aura totalisé
que 6 millions en 5 années, dès lors, il lui
faudra 50 ans pour économiser la même
somme si chaque mois il vient à n’épar-
gner que 10% de son salaire. Par contre,
un entrepreneur: vendeur au détail d’un
sac d’arachides de 25 Kg, est en mesure
de doubler son capital après une période
nettement inférieure à 50 ans. Il apparait
incontestable qu’entreprendre conduira
certes à la concurrence froide des acteurs
économiques, mais surtout, contribuera
au «Bien-Être collectif».
Plusieurs Communautés vivant dans ce
nouvel état d’esprit, créent une valeur
ajoutée sans cesse nouvelle. Grâce à nos
acquis, nos connaissances et l’expérience
des Aînés, nous pouvons être le prochain
stade de notre évolution. Il importe que
Notre génération embraie dans la pro-
position de solutions communautaires et
durables puisque participatives, afin que
nos suivants couronnent le rêve des pion-
niers d’hier en matière économique et
sociétale.
La démarche entrepreneuriale de la
Synergie de la Jeunesse Camerounaise
tient donc à l’observation du quotidien
de la communauté, puis à la définition
des obstacles qu’elle rencontre afin de
proposer et de mettre en place des solu-
tions qui profitent à tous. La conduite de
cette conception exige des jeunes, outre
l’esprit d’observation et d’analyse de leur
environnement, de se doter d’une vision
de soi à long terme, afin que les objec-
tifs projetés tiennent compte des forces
et faiblesses de l’individu, mais aussi du
contexte du milieu dans lequel évoluera
32 33
22. l’entrepreneur.
2.2 La Vision de Soi et la définition de
ses objectifs
Le milieu dans lequel nous évoluons et
les valeurs qui nous y sont véhiculées
façonnent la vision que l’on a de l’auto-
accomplissement. Ainsi, la société de
consommation mondiale actuelle, dans
laquelle le Paraître tend à prendre le des-
sus sur l’Être inculque aux jeunes une
perception de la réussite principalement
basée sur l’accumulation des biens ma-
tériels. Tous les moyens étant bons pour
parvenir à ses fins, nombreux sont nos
congénères qui empruntent des voies de
facilité, dans le seul but d’avoir un train de
vie royal fruit d’un travail chétif. Par ces
voies-là, les sots s’assignent des objectifs
irréels qui ne cadrent ni avec notre temps,
ni avec les réalités économiques.
La Synergie de la Jeunesse Camerounaise
invite les 20-40 ans à mettre le Travail et
surtout la Patience, au cœur de la défini-
tion de leurs objectifs entrepreneuriaux à
moyen et à long terme. D’abord, prendre
le temps pour apprendre à se connaître,
méticuleusement identifier ses forces et
ses faiblesses pour mieux se projeter dans
l’avenir et analyser les opportunités d’af-
faires à partir des besoins de la société.
Ensuite, profondément penser et mûrir
son projet, en consultant les aînés et des
spécialistes, mais surtout en allant à la
source de l’information la plus fiable afin
de mieux évaluer et chiffrer les résultats
attendus dans le temps.
2.3 S’informer
Tous les patrons le répètent, posséder l’in-
formation la plus fraîche et la plus concise
aide à prendre la décision optimale. Par
conséquent, la possession de la claire
information est la clé du succès d’un pro-
jet entrepreneurial. La roue de Deming,
«Plan - Do - Check - Act» à ce propos, exige
la domestication des données macroéco-
nomiques; de même que la permanente
mise à jour des études économiques qui
permettent à l’entrepreneur-innovateur
de gérer efficacement la distribution des
biens et des services produits.
Considérant l’information comme la ma-
tière première indispensable à la réus-
site de tout projet de création de valeur,
nous encourageons les jeunes à investir
dans la recherche de l’information juste.
Il conviendra toujours de baser sa stra-
tégie entrepreneuriale sur des données
valides et non sur quelques éléments
de propagande. Cette tâche prescrit de
s’abonner à des chaines de télévision,
revues ou magazines d’informations éco-
nomiques. De même, inscrire son projet
dans le sens de la stratégie économique
du gouvernement est un atout majeur. A
ce sujet, la lecture et la prise en compte
du Document de Stratégie pour la Crois-
sance et l’Emploi (DSCE) sont fortement
conseillées.
34
23. In fine, la course à l’information permet
de se prémunir d’un esprit critique et de
systématiquement analyser l’information
reçue. S’informer et s’auto-former a donc
pour but d’acquérir les outils qui, jumelés
au sens de l’observation du fonctionne-
ment de la communauté, aident à définir
la stratégie adéquate pour exploiter les
opportunités d’affaires qui se présentent.
Toutefois, observer la société, posséder
la claire information et détenir un sens
de l’écoute et de l’analyse critique ne
suffisent pas à garantir le succès du pro-
jet. L’entrepreneur-innovateur, en tant
que rêveur qui réinvente sans cesse son
environnement, est de fait soumis aux
résistances du milieu environnant. Tout
en demeurant perméable aux critiques,
la jeunesse doit suffisamment croire en
elle et en ses initiatives pour les mener
à terme quels que soient les obstacles
rencontrés. Il faut systématiquement
considérer la difficulté comme un moyen
d’amélioration et de maturation de notre
stratégie entrepreneuriale.
2.4 Gérer les résistances
Dans l’imaginaire camerounais, parce que
toute réussite est suspecte, entreprendre
relève de l’ordre de l’impossible tant les
obstacles semblent insurmontables. Non
nourris à la culture de l’entrepreneuriat et
de la prise de risque, les proches parents
de l’entrepreneur-innovateur auront ten-
dance à l’orienter, avec raisons, vers la re-
cherche d’un emploi tout aussi hypothé-
tique! La psychologie de la peur du risque
confine les jeunes à rechercher d’abord
la consolidation de leur sécurité plutôt
que d’embrasser la création d’entreprise.
Il semble en effet plus rassurant d’opter
pour un salaire fixe et certain en fin de
mois, en lieu et place d’un hypothétique
revenu qui ne saurait être garanti tant le
pouvoir d’achat semble faible et les habi-
tudes de consommation des camerounais
versatiles.
Par ailleurs, l’entrepreneur-innovateur est
souvent considéré comme un idéaliste, un
rêveur utopiste déconnecté des réalités
et porteur d’un projet non adapté aux be-
soins du milieu dans lequel il évolue. Les
pressions qu’il subit peuvent annihiler sa
capacité à repenser son environnement,
le poussant à se fondre dans la routine
ambiante, l’enfermant toujours mieux
dans le sous-emploi. La lenteur et les dif-
ficultés des procédures administratives
ainsi que l’absence des mesures d’accom-
pagnement sont également de nature à
démotiver nombre de porteurs de pro-
jets. Face au doute, au découragement, à
la peur et au manque de confiance en soi,
l’entrepreneur-leader est celui qui se rap-
pelle que toutes les vérités ont toujours
franchi trois étapes. Dans un premier
temps elles sont raillées, puis elles font
face à une opposition mortifère, et enfin
elles sont considérées comme ayant tou-
37
24. jours été des évidences. Il faut donc suffi-
samment croire en Soi et en son rêve pour
bousculer les modes de pensée établis
comme vérités inaltérables, imposer son
projet novateur, renverser les résistances.
Il faut enfin considérer l’échec, l’épreuve
ou l’obstacle comme un moyen d’appren-
tissage pour mieux forger les réussites
entrepreneuriales futures. Le cas du Nigé-
rian Jason Njoku en est une parfaite illus-
tration. Après avoir créé dix compagnies
ayant essuyées des échecs et par la même
occasion ruiné toutes ses économies, il
fonde en 2011 iROKO TV, un site internet
disponible à travers le monde qui permet
de visionner les films produits par l’indus-
trie cinématographique nigériane (Nol-
lywood). Aujourd’hui âgé de 33 ans, il est
millionnaire en dollars US.
PAROLE A NOS EXPERTS
Quelles sont les principaux obstacles que
vous avez rencontrés dans votre parcours
d’entrepreneur et comment les avez-vous
surmontés?
Paola Ndengue, 24 ans
CEO de FASHIZBLACK
Comme la plupart des entrepreneurs, la
question du financement est une équa-
tion compliquée à résoudre. Parfois, votre
projet est viable mais nécessite des capi-
taux afin de pouvoir révéler son véritable
potentiel. En l’absence de fonds propres
suffisants, cela peut engendrer des tracas
à plusieurs niveaux. Ayant commencé à
entreprendre à 18-19 ans, je n’étais pas
dans le cas d’entrepreneurs qui se lancent
à 35 ans et qui ont eu tout le temps pour
se préparer (financements et réseaux pro-
fessionnels). Comment surmonter cela?
Je n’ai pas encore trouvé la solution-mi-
racle. Je continue de chercher, de changer
mon approche, de repenser et remettre
en question le modèle économique de
tout ce dans quoi je m’investis.
Serge Tchaha, 30 ans
Chroniqueur pour Afrique Expansion
Magazine - Auteur de plusieurs ouvrages
Albert Einstein disait: «la connaissance
s’acquiert par l’expérience, tout le reste
n’est que de l’information». N’ayant pas
pour le moment connu un succès fou
entrepreneurial, même si j’ai été formé
dans ce domaine, je ne me sens aucune
légitimité pour donner des conseils. Ce-
pendant, je voudrais partager une phrase
que j’ai très tôt retenue dans ma vie. Mon
père se plait souvent à dire: «Mon fils, on
est d’abord GRAND DANS SA TÊTE». Je di-
rais qu’il ne faut pas avoir peur d’écouter
son cœur et d’avoir de l’ambition.
J’ai également foi dans les modèles. Je
crois que nous sommes tous liés sur cette
planète. Par votre intuition et votre am-
bition, choisissez des modèles de vie et
tâchez d’en apprendre un maximum sur
eux. Je crois qu’ainsi, vous contribuerez
à vous rapprocher ou à demeurer sur la
route de votre légende personnelle, pour
reprendre des mots de Paulo Coelho.
J’ai récemment interviewé une femme
d’affaires éminemment respectable,
Swaady Martin-Léké, ancienne de Gene-
ral Electric et actuelle propriétaire de
l’entreprise de thé de luxe Ysawara. Elle
m’avait dit que son «motto» c’est: Dream
big, execute bigger !
En somme, la jeunesse camerounaise
se doit d’ «INCARNER LA VALEUR NOU-
VELLE». Certains d’entre nous sont des
puits de projets novateurs, mais des adap-
tateurs moyens; d’autres sont de bons ma-
nagers ; d’autres de bons leaders : Mutua-
lisons nos efforts ! Seuls l’entrepreneuriat,
l’esprit de prise de risque et l’exploitation
des opportunités sauront NOUS sortir de
l’ornière. C’est dans ce sens que NOUS
devrons trouver des solutions pour que
les tontines accompagnent, les banques
financent, les entreprises recrutent et les
jeunes émergent: Ensemble!
La prospérité économique par la soli-
darité communautaire exige de confier
la gestion courante des cités à de bons
citoyens, conformes à la définition que
nous en avons donnée plus haut. Cette
nouvelle classe d’élites, parce que nour-
rie à l’esprit concret du libéralisme com-
munautaire tel que pensé par le Prési-
dent de la République , sera à même de
concevoir avec justesse et de conduire
avec efficience des programmes de déve-
loppement utiles à la société. Il faut donc
que les leaders de demain investissent
dès aujourd’hui le champ de la défense
politique de leurs idées et ambitions, car
c’est en s’impliquant dans la gestion des
microprojets de société, que nous sau-
rons exceller, une fois portés à la tête des
instances dirigeantes de la Nation.
38 39
26. A
u vu de ce que l’Homme vit
en société, chacune de ses
actions quotidiennes influence
autrui et, par extension, a un
impact positif ou négatif sur l’évolution
des affaires de la cité. La politique se
définit communément comme la gestion
des affaires de la cité. Cette cité-même
peut s’entrevoir comme une arène où
s’affrontent les organisations appelées à
exercer le pouvoir. La finalité de cet exer-
cice du pouvoir est censée concourir à la
protection des citoyens et de leurs droits
(droit à la vie, droit à l’éducation, droit à
la liberté d’expression et de circulation,
droit à la sûreté de sa personne, etc.), la
préservation de leur dignité et la promo-
tion de leurs personnes.
Pour accomplir cette finalité, les diri-
geants politiques se doivent de s’informer
des aspirations, des besoins et des at-
tentes de leurs concitoyens; ceci implique
en retour que chaque citoyen prenne la
responsabilité de faire entendre sa voix
auprès de ceux qui aspirent à conduire le
destin de la communauté, de la cité, voire
de la nation.
Le fondement de la démocratie prescrit
que la politique en tant que gestion cou-
rante des affaires publiques est la posses-
sion de chaque citoyen, et non unique-
ment celle de quelques leaders d’opinion
ou barons de mouvements politiques.
Dès lors, l’exercice du pouvoir ne sau-
rait se laisser confisquer par une classe
de «supers citoyens». Au Cameroun où
le droit de vote peut être exercé à partir
de 20 ans, tel que souligné dans notre
introduction, la population est extrême-
ment jeune et les 20-40 ans représentent
plus de la moitié du corps électoral. Ils
devraient, de ce fait, peser de leur plein
poids dans les différents processus électo-
raux, afin que leurs exigences soient prio-
ritairement prises en compte par les élus.
Cette situation idéale n’est malheureu-
sement pas celle observée. Résultat: un
pays dont la moyenne d’âge oscille autour
de 27 ans est presqu’essentiellement diri-
gé par des vétérans nés entre les années
30 et 50, nous conduisant vers une dicho-
tomie entre les tenants du pouvoir et la
représentation populaire.
En réalité, c’est la transmission de com-
pétences, de responsabilités et de pou-
voirs qui doit s’opérer. Cependant celle-
ci ne peut avoir lieu que si les jeunes
démontrent un intérêt plus remarquable
et préoccupé à la gestion de leur destin.
Nous pensons d’ailleurs que les jeunes
ont tout intérêt à s’engager dans le champ
politique afin qu’émerge cette nouvelle
classe d’hommes dynamiques, assoiffés
de challenges et formés pour défendre les
intérêts de notre pays.
Les jeunes doivent donc prendre la res-
ponsabilité d’être présents dans les lieux
où se décide l’avenir de la nation afin de
poser les bases d’une transmutation so-
ciale, éducative, intellectuelle, culturelle,
morale et économique qui nous permet-
tra de mieux affronter les défis du 21ème
siècle.
PAROLE A NOS EXPERTS
Pourquoi d’après vous, les jeunes (20-
35 ans) devraient-ils s’engager dans le
champ politique? Quels bénéfices le Ca-
meroun aurait à tirer de leur implication?
Kah Walla, 48 ans
Présidente du CPP
Les Camerounais de moins de 35 ans
représentent près 80% de la population.
Cette tranche de la population est celle
qui a le plus d’intérêt à ce que le Came-
roun soit bien gouverné; il s’agit ni plus ni
moins de leur avenir. Ce sont eux qui ont
reçu et continuent de recevoir des for-
mations relativement éloignées des stan-
dards internationaux; ce sont eux qui sont
sans emploi avec des difficultés d’accès
aux soins de santé. Pourtant ces jeunes,
par leur nombre et le dynamisme natu-
rel lié à leur âge, représentent incontes-
tablement une force. Malheureusement,
ils n’en sont pas encore suffisamment
conscients et se contentent de ce que le
système veut bien leur offrir.
L’attentisme et l’inaction n’ont jamais
produit de résultat. Nous sommes tous
responsables de la situation actuelle du
Cameroun; les jeunes portent une partie
importante de cette responsabilité. Si
les jeunes n’intègrent pas les partis poli-
tiques, personne ne va les représenter.
Si les jeunes ne font pas partie des élus,
personne ne défendra leurs intérêts. Au-
jourd’hui, pour le jeune, l’action politique
n’est pas une option, c’est une obligation.
Organisez-vous, mobilisez-vous et agis-
sez!
Jean-Baptiste Atemengue, 42 ans
Ancien Vice-président Section
RDPC France Nord
La jeunesse est porteuse de valeurs
contemporaines et d’innovations que
nos aînés maîtrisent mal. Dans toutes
les sociétés, la jeunesse contribue donc
à bousculer les conservatismes et à ap-
porter du sang neuf en terme d’idées. La
modernité étant la vision de l’avenir, ce
sont les jeunes qui l’incarnent le mieux et
leur implication ne peut que faire avan-
cer la nation. L’engagement politique est
le moyen par excellence de vivre pleine-
ment sa citoyenneté. La démocratie est
vide s’il n’y a pas de citoyens impliqués.
La démocratie est l’avenir du Cameroun;
c’est une fin en soi, et sans l’implication
42 43
27. positive des jeunes, on ne pourra pas
construire une démocratie moderne.
Joshua Osih, 44 ans
1er
Vice-président du SDF,
Député Wouri-Est
Les jeunes, et la société dans son en-
semble, devraient s’impliquer en poli-
tique. Mais ceux qui veulent et qui
doivent s’engager, sont ceux qui peuvent
servir la cause commune et qui ont le
potentiel et le charisme nécessaires pour
assumer des rôles de leadership. S’impli-
quer veut dire participer. Il s’agit donc
de cerner les débats politiques pour
contribuer à mettre sur pied des consen-
sus et des passerelles, afin que la chose
publique soit gérée tel que désirée par la
majorité de la population. Quand vous ne
participez pas, vous donnez un chèque en
blanc à ceux qui vous gouvernent. Du fait
de l’absence d’orientation qu’engendre
votre «non prise de position», vous ne
rendez pas les dirigeants comptables de la
gestion de la cité. L’engagement politique
de la jeunesse est doublement impor-
tant car il s’agit de participer à la prise de
décisions qui ont des conséquences très
importantes pour leur avenir.
Je prends l’exemple de l’endettement du
Cameroun. Ce que le gouvernement du
Président Biya consomme aujourd’hui,
sera remboursé avec des intérêts sur dix
à trente ans. Vous conviendrez donc avec
moi qu’il est de ce fait important de par-
ticiper au contrôle de l’action gouverne-
mentale; il en va du conditionnement du
pouvoir d’achat futur de la jeune généra-
tion. De plus, vous ne pouvez orienter le
débat politique que si vous êtes engagés.
Etant entendu que la plupart des déci-
sions affectent la jeunesse dans un futur
immédiat ou lointain, les jeunes doivent
rapidement occuper des postes de res-
ponsabilité dans les partis politiques.
Quand vous laissez les autres prendre
des décisions et orienter l’avenir de notre
pays, vous n’aurez par la suite aucune rai-
son de vous plaindre si la situation venait
à empirer. Une très grande part de res-
ponsabilité incombe aux dirigeants; ceux
qui les laissent faire du fait de leur abs-
tention n’en sont pas moins responsables.
Francis Epote, 39 ans
Président Section Wouri 1 de OJ-RDPC
Je dois dire à l’entame que le jeune d’au-
jourd’hui détermine ce que sera la société
de demain. C’est la raison pour laquelle il
doit s’impliquer pour ne pas subir des dé-
cisions qui ne contribuent pas à son épa-
nouissement. La politique est entendue
comme l’art de bâtir. Tout jeune conscient
se doit de contribuer à l’édification de
la société, se préparant ainsi à mieux
assurer la relève. J’en appelle à une plus
grande implication de la jeunesse dans
la gestion des affaires de la cité, afin que
notre pays puisse valablement relever les
défis futurs.
Ghandi, le Mahatma, père de la révolution
indienne, nous apprend qu’il n’est aucun
autre moyen de changer le monde que
de se changer soi-même. Il nous invite à
être le changement que nous prônons. Il
n’est donc personne autre que les jeunes
pour incarner par eux-mêmes le Came-
roun dans lequel ils souhaitent évoluer, ce
Cameroun qu’ils espèrent bâtir et léguer à
leurs descendants.
La pratique de la citoyenneté, par le tru-
chement de la politique tel que nous la
concevons, ne se limite pas au simple
exercice du pouvoir, mais à une pleine
participation dans la vie courante de la
société sous tous ses aspects. Les citoyens
politisés, ou pour certains, les hommes
politiques que nous serons, doivent faire
leurs preuves maintenant dans l’action
généreuse, pour être des acteurs sociaux
et des créateurs de richesses dévoués à
l’amélioration des conditions de vie de
leurs concitoyens. Pour incarner ces lea-
ders, nous, Synergie de la Jeunesse Came-
rounaise, proposons à nos semblables
une démarche en 3 étapes:
• S’informer et s’auto-former
• Militer au sein des organisations
civiques et politiques
• Participer activement aux échéances
électorales
1. S’informer et s’auto-former
La pratique de la politique, en tant que
plateforme d’échanges basée sur les
idées, l’évaluation objective et le bilan des
actions entreprises, exige des connais-
sances globales des différents modèles
sociaux, économiques et politiques exis-
tants ou ayant existé. L’apprenant ou le
leader en devenir doit être un féru d’his-
toire, d’économie et de culture générale.
Nous encourageons vivement les jeunes
leaders de demain à être quotidienne-
ment au fait de l’information économique
et politique nationale et internationale.
Nous vivons dans un monde de plus en
plus interconnecté où les échanges cultu-
rels et commerciaux entre les pays conso-
lident leurs interdépendances. Avec l’aide
des TIC, il est aujourd’hui beaucoup plus
aisé de suivre l’actualité quotidienne et de
faire des recherches sur la naissance des
formes de gouvernement, les idéologies
politiques ou le parcours des hommes qui
ont durablement marqué leur époque, et
profondément changé la suite du temps.
Les leaders politiques de demain doivent
inévitablement posséder une connais-
sance pointue de l’histoire du Cameroun
et de ses bâtisseurs initiaux. Il nous faut
dès aujourd’hui avoir une lecture limpide
et soutenue des évènements tel que la
Conférence de Berlin, le projet d’expro-
priation du Plateau Joss et des autres
espaces territoriaux camerounais, les
raisons de la résistance à l’impérialisme
européen principalement par les héritiers
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28. des chefferies supérieures, la naissance
du nationalisme, l’accession à l’indépen-
dance, les différents génocides et guerres
d’avant et après indépendance, la transi-
tion entre les deux présidents ou encore
la lutte pour l’avènement du multipar-
tisme…
Outre la maîtrise des phases de construc-
tion de l’Etat et de la nation camerou-
naise, exister politiquement signifie éga-
lement pour nous, pouvoir se référer aux
pères fondateurs du Cameroun en situant
le contexte dans lequel ils ont mené leurs
actions. Aux Etats-Unis, les discours de
George Washington, Abraham Lincoln ou
encore Martin Luther King sont étudiés
dans les collèges et les universités quand
ils ne sont pas régulièrement repris par
les personnalités publiques. Une nation
mesure aussi sa grandeur par la place
qu’elle donne à ses héros dans l’imagerie
collective. Connaître et célébrer nos héros
aide à raviver la flamme patriotique.
A force d’acquisition de la maîtrise de
l’histoire, des formes de gouvernement,
des idéologies politiques et des modèles
économiques, nous nous nourrirons pro-
gressivement de convictions qui nous per-
mettront de structurer individuellement
un système de valeurs politiques, une
idéologie! En réalité, l’idéologie ne sau-
rait avoir de poids que si elle est partagée
par un grand nombre. Elle peut être par-
tagée au sein d’une organisation politique
qui correspond à nos valeurs ou nourrie à
force d’échanges avec les nôtres.
A ce propos l’association Synergie de la
Jeunesse Camerounaise (S.J.C.) s’est assi-
gné parmi tant d’autres, les objectifs sui-
vants :
• Faire connaître à ses membres les lois
et règlements du Cameroun
• Enseigner l’histoire des Pères Fonda-
teurs du Cameroun
• Être un moteur d’éducation et d’ins-
truction civique pour les jeunes
• Favoriser les débats d’idées et les
échanges sur les questions courantes de
la Vie nationale ainsi que l’évaluation ob-
jective des bilans des actions entreprises.
• Susciter une préoccupation des jeunes
sur les enjeux majeurs qui influencent la
marche de notre pays dans le contexte de
mondialisation
De manière concrète, notre association
organisera à fréquence régulière, en col-
laboration avec des organisations par-
tenaires, des séances de débats dites
Causeries éducatives, où des jeunes
échangeront sur des questions d’actualité
et conclurons par le développement de
projets en symbiose avec les échanges.
Nous espérons de la sorte aider à impo-
ser les confrontations d’idées comme une
condition sine qua non de fonctionne-
ment de l’arène politique au Cameroun.
Les leaders de l’Afrique en miniature de
demain doivent s’habituer à faire face à
la critique, en confrontant leurs points de
vue avec les points divergents de leurs
compatriotes, dans l’optique de recher-
cher le consensus d’action.
S’informer et s’auto-former ont donc pour
finalité de nous révéler les valeurs poli-
tiques qui nous siéent, et par conséquent
les types de familles politiques au sein
desquelles nous souhaitons évoluer.
2. Militer au sein des organisations
civiques et politiques
Tel qu’expliqué précédemment, une idéo-
logie politique pèse de tout son poids
lorsqu’elle est partagée par un grand
nombre. Les citoyens qui partagent un
système de valeurs politiques communes
se regroupent au sein d’une même forma-
tion pour convaincre d’autres personnes,
et chercher ensemble la réalisation de
leurs idées par la conquête du pouvoir.
Les formations politiques sont donc les
organisations appelées à exercer le pou-
voir pour mettre en application un projet
de société qui repose sur des valeurs et
des convictions partagées par l’ensemble
de leurs adhérents.
Par conséquent, la citoyenneté respon-
sable se parfait par l’adhésion raisonnable
à un mouvement politique prioritaire-
ment sur la base du critère idéologique.
C’est singulièrement à cet effet que nous,
Synergie de la Jeunesse Camerounaise,
invitons nos congénères à investir les par-
tis politiques légalement reconnus par
l’administration camerounaise.
L’engagement politique ne doit, dans
l’idéal, souffrir d’aucune autre influence
externe. L’adhésion à une formation poli-
tique ne doit se faire ni par suivisme ou
filiation héréditaire, encore moins par
sympathie à l’endroit d’un proche. C’est
un engagement mature et responsable.
L’objectif existentiel ultime des partis poli-
tiques étant la conquête du pouvoir, ces
derniers doivent se donner les moyens
d’avoir dans leurs rangs les meilleurs mili-
tants pour convaincre le peuple de l’effica-
cité et de la réalité de leurs programmes.
Pour ce faire, les partis politiques doivent
avant tout être des centres de formation
et d’instruction civique et politique pour
leurs adhérents. Les partis politiques en
activité au Cameroun depuis l’adoption
du multipartisme au début des années 90,
n’ont pas toujours mis en place des stra-
tégies de séduction des masses, et parti-
culièrement des jeunes. Il suffit en effet
d’observer les compositions des bureaux
politiques, comités centraux et autres
organes directeurs de ces organisations
pour constater, dans une large majorité,
la maigre représentation des 20-40 ans.
De même que s’auto-former est un préa-
lable pour les leaders en devenir que nous
avons l’ambition d’incarner, nous sommes
en droit d’exiger des organisations poli-
46 47
29. tiques qui souhaitent nous enrôler, des
programmes de formation bien définis,
au leadership et au service public entre
autres. L’engagement des jeunes au sein
des formations politiques étant entendu
comme leur volonté de contribuer à la
bonne marche des affaires de la nation et
à l’amélioration des conditions de vie des
citoyens, il nous faut garder à l’esprit qu’il
s’agit bien de partager des idées, ainsi que
de proposer et de réaliser des projets qui
servent l’intérêt commun.
Le changement ne pouvant s’opérer en
dehors de soi s’il n’est produit en soi, cette
jeunesse qui revendique tant doit être
en mesure d’offrir en retour autant. QUI
mieux que les 20-40 ans d’aujourd’hui
pour incarner ces changements?
La Synergie de la Jeunesse Camerounaise
étant apolitique et non partisane, notre
incitation à l’engagement des 20-40 ans
dans le champ politique ne vise pas à don-
ner une «consigne d’inscription», sinon
sur les listes électorales. Nous savons nos
frères et sœurs suffisamment matures et
responsables pour choisir le projet de so-
ciété qui conviendrait le mieux à leur idéal
du Cameroun.
Toutefois, malgré les divergences de
modes opératoires et de valeurs des for-
mations politiques, nous devons garder
à l’esprit de privilégier la consolidation
de l’unité nationale, la promotion de la
diversité culturelle, l’éducation du peuple,
la création d’emploi, le renforcement des
institutions et par-dessus tout, la promo-
tion de l’excellence et de la méritocratie.
PAROLE A NOS EXPERTS
En tant que leader politique, quels
conseils donneriez-vous pour encourager
cette jeunesse encore hésitante à investir
l’arène politique ?
Joshua Osih, 44 ans
1er
Vice-président du SDF,
Député Wouri-Est
Je dirais tout simplement qu’il ne peut y
avoir de solutions durables aux problèmes
de la jeunesse, si les principaux concer-
nés ne s’impliquent pas dans la conduite
de la vie politique du Cameroun. Tant
que la jeunesse sera considérée comme
une quantité politique négligeable, la re-
cherche de solutions à ses problèmes ne
sera pas une priorité. A partir du moment
où l’implication des jeunes se fera plus
pressante - et je fais une différence entre
«véritablement s’impliquer» et «s’enga-
ger» - les problématiques quotidiennes
de la jeunesse deviendront une priorité
pour tous les acteurs politiques.
Jean-Baptiste Atemengue, 43 ans
Ancien Vice-président Section
RDPC France Nord
La jeunesse a souvent changé la trajec-
toire politique des grandes nations. Sou-
venez-vous des évènements de Mai 1968
en France. En démocratie, c’est la poli-
tique qui décide de l’avenir de la nation.
Les jeunes constituent la majorité des
citoyens de ce pays et s’ils ne participent
pas aux décisions, s’ils ne les influencent
pas, ils subiront la loi de la minorité do-
minante. Les jeunes veulent une société
juste, qui offre à tous une égalité des
chances d’accéder aux emplois et aux
fonctions publiques. Comment vont-ils
obtenir ces concessions s’ils ne font pas
pression sur les conservateurs ? C’es-
tgrâce à l’engagement des jeunes que
nous pourrons bâtir une société libérale
où le fils du pauvre aura une chance de
s’en sortir par le fruit de son travail. C’est
par leur engagement que nous construi-
rons un pays fort avec les meilleurs de nos
enfants aux commandes. C’est la mérito-
cratie qui fera notre force et les jeunes qui
la demandent doivent venir défendre eux-
mêmes cette idée dans l’arène politique.
Kah Walla, 48 ans
Présidente du CPP
Il est tout d’abord important pour cette
Jeunesse d’assumer son héritage poli-
tique. Ceux et celles qui se sont battus
pour notre liberté et notre indépendance
avaient pour la majorité moins de 35 ans.
Ils ont donné leurs vies pour nous. Qu’en-
tendons-nous faire de cet héritage ?
La jeunesse doit ensuite se débarrasser
de la peur. Rien ne doit plus nous faire
peur que le manque d’espoir en un avenir
certain. Ce pays appartient aux jeunes au
même titre qu’à tous les autres Camerou-
nais.
Finalement, les Jeunes doivent com-
prendre que faire de la politique est un
travail sérieux qui nécessite du temps, de
l’effort et de la constance. Je suis convain-
cue que la mission de cette génération
est de parachever le combat de nos an-
cêtres: Instaurer un Cameroun où tous,
se sentiraient libres et bénéficieraient des
mêmes droits, des mêmes chances d’éga-
lité. Nous avons un pays magnifique, dont
les richesses peuvent garantir à notre Jeu-
nesse, un avenir brillant et glorieux. Nos
ancêtres ont parcouru une partie du che-
min, il revient aux Jeunes d’aller jusqu’au
bout.
Francis Epote, 39 ans
Président Section Wouri 1 de OJ-RDPC
Je vais partir d’un truisme, la politique dé-
fend des idéologies. Sachant qu’il n’existe
pas d’action non motivée par un intérêt,
toute personne qui veut faire triompher
ses idées a tout intérêt à s’engager dans
l’arène politique. Pour réaliser le Came-
roun dont ils rêvent, les jeunes doivent
militer et défendre leurs programmes.
Le Cameroun compte suffisamment de
partis politiques pour que chacun de nos
frères et sœurs se retrouve en l’un deux.
Le monde dans lequel nous vivons sou-
met l’évolution et l’encadrement de la vie
culturelle, sociale et économique aux dé-
cisions politiques. Les jeunes doivent en
48 49
30. prendre conscience.
Mon deuxième conseil est celui de la
critique toujours accompagnée de pro-
positions. Les critiques vaines et non
constructives ne font pas évoluer la socié-
té. Celui ou celle qui se sent les capacités
pour faire mieux que les acteurs engagés,
doit proposer des pistes d’amélioration
et les mettre en œuvre par l’action sur
le terrain. Cet engagement permettra
aux jeunes volontaires de mieux tâter les
réalités pour mesurer l’adéquation entre
leurs solutions et le quotidien des leurs.
Pour énoncer mon troisième et dernier
conseil, je vais convoquer un intellectuel
que j’aime bien, en la personne de Guy
Parfait SONGUE. Comme lui, je pense que
la clef du succès de chacun réside en lui-
même. Ta réussite ne dépend que de toi-
même; pour éviter les embuches ou les
pièges, tu es la clef de ton échec ou de ta
victoire… Crois en Toi !
3. Participer aux échéances électorales
Une élection consiste en la désignation
par le vote des personnes appelées à
conduire le devenir d’une population à
une échelle locale ou nationale. La popu-
lation transfère par son vote une légitimé
à ses représentants pour exercer le pou-
voir attribué par le biais de leur fonction.
Gardant à l’esprit que l’abstention du jeu
électoral oblige à assumer la responsa-
bilité de la négation de son avis dans la
désignation des responsables. Respon-
sables qui sont appelés à nous servir et à
redistribuer les fruits de la croissance et
de l’effort collectif. Nous insistons sur trois
points essentiels liés à la participation de
la jeunesse aux échéances électorales au
Cameroun. Il s’agit de :
• S’inscrire sur les listes électorales
• Participer aux campagnes et au scrutin
• Se porter candidat aux élections
3.1 S’inscrire sur les listes électorales
Le Cameroun a abordé depuis 2012 un
processus de modernisation de son dis-
positif électoral dont l’un des aspects ma-
jeurs est la biométrie. La biométrie a pour
objectif de combler des insuffisances
quant à la tenue du fichier électoral, et
donc de réduire les risques de fraudes.
Nous estimons que l’élément premier qui
contribuerait à une réduction effective
des fraudes électorales, est la participa-
tion massive des jeunes. Pour ce faire,
il faut impérativement s’inscrire sur les
listes électorales et le cas échéant, par-
ticiper de l’observation. C’est dans cette
optique que nous encourageons massive-
ment les opérations de sensibilisation aux
inscriptions menées par les pouvoirs pu-
blics et toutes les organisations politiques
responsables.
3.2 Participer aux
campagnes et au scrutin
La participation des jeunes se décline en
50