Lorsque l’on passe les ECN, et notamment lorsque l’on est informé des résultats, pour de nombreux futurs internes, la question de l’endroit où l’on va réaliser son internat prend alors tout son sens. Ainsi, comme bon nombre de mes collègues, je m’étais fait une liste de villes où je me serais bien vu si « je n’avais pas Paris » (puisque ayant fait mes études dans cette ville, je souhaitais y rester en priorité). L’idée de « tout plaquer » ne me déplaisait pas pour autant, mais je fus ravi de pouvoir rester dans la ville qui m’avait vu tout petit sur les rangs de la « P1 ». Alors, on peut aisément se poser la question suivante : pourquoi rester à Paris quand on peut vivre soit près de la mer, soit près de la montagne, soit entre les deux, soit dans une ville où il fait tout simplement bon vivre et où l’on peut être propriétaire dès le deuxième semestre, et où la formation peut être tout aussi excellente qu’à Paris? Pourquoi alors… ? La vie quodienne à Paris Avant même de parler « médecine », je pense qu’il faut parler de la vie quotidienne à Paris car il s’agit une question récurrente des internes de province qui souhaitent venir faire leur internat à Paris : Le climat : comme chacun le sait, le climat parisien n’est pas le meilleur qu’on puisse trouver sur la planète, puisque la chaleur peut y être étouffante en été, et que l’hiver est relativement maussade, ne possédant d’hiver que le nom. En effet, il y pleut en quasi permanence, et au mieux trois flocons viennent former un manteau grisâtre mollasson où les vieilles dames viennent gracieusement glisser afin d’aider nos collègues orthopédistes à augmenter l’activité de nos CHU. reseauprosante.fr

1. 14 N° 07 - Octobre 2010
Région : Ile de France
N° 07 - Octobre 2010 15
Région : Ile de France
Lorsque l’on passe les ECN, et notamment lorsque l’on est informé des résultats, pour de
nombreux futurs internes, la question de l’endroit où l’on va réaliser son internat prend alors
tout son sens.
Ainsi, comme bon nombre de mes collègues, je m’étais fait une liste de villes où je me serais
bien vu si « je n’avais pas Paris » (puisque ayant fait mes études dans cette ville, je souhaitais
y rester en priorité). L’idée de « tout plaquer » ne me déplaisait pas pour autant, mais je fus ravi
de pouvoir rester dans la ville qui m’avait vu tout petit sur les rangs de la « P1 ».
Alors, on peut aisément se poser la question suivante : pourquoi rester à Paris quand on peut
vivre soit près de la mer, soit près de la montagne, soit entre les deux, soit dans une ville où il
fait tout simplement bon vivre et où l’on peut être propriétaire dès le deuxième semestre, et où
la formation peut être tout aussi excellente qu’à Paris? Pourquoi alors… ?
La vie quo•dienne
à Paris
Avant même de parler « médecine », je
pense qu’il faut parler de la vie quoti-
dienne à Paris car il s’agit une question
récurrente des internes de province qui
souhaitent venir faire leur internat à
Paris :
Leclimat:commechacunlesait,lecli-
mat parisien n’est pas le meilleur qu’on
puisse trouver sur la planète, puisque la
chaleur peut y être étouffante en été, et
que l’hiver est relativement maussade,
ne possédant d’hiver que le nom. En
effet, il y pleut en quasi permanence,
et au mieux trois flocons viennent for-
mer un manteau grisâtre mollasson où
les vieilles dames viennent gracieuse-
ment glisser afin d’aider nos collègues
orthopédistes à augmenter l’activité de
nos CHU.
La géographie : Paris est fort loin de
la montagne et encore plus loin des pla-
ges ensoleillées, certes, mais l’on peut
quand même tremper nos hallux dans
l’eau glaciale de la mer en ne faisant
que « deux heures » de route. C’est trop
me direz-vous, mais c’est déjà pas mal
pour ceux qui veulent changer d’air
et échapper à la grisaille parisienne.
Cependant, Paris est fort bien dotée en
ce qui concerne les moyens de loco-
motion, en étant le point de croisement
de tout ce qui roule et vole, vers toute
la France, Europe etc. Sur ce point, au
moins, Paris marque des points…
Le quotidien : alors là, Paris se rat-
trape… Il y a tout, à toute heure, on
peut manger, boire, faire ses courses
à 23h45 en sortant du service, danser,
visiter, s’instruire, écouter de la mu-
sique, faire du roller à la randonnée
du Vendredi soir, trouver la pièce
manquante introuvable de l’ampli de
la chaîne HI-FI de papa qui date de
1952… Les collectionneurs de toutes
L’internat de
Gynécologie-Obstétrique
à Paris
sortes seront aux anges, philatelistes,
botumodélophiles et autres mécapho-
tophiles y trouveront leur bonheur.
Mais il y a une ombre à ce tableau: on
peut tout avoir certes, j’ai bien dit tout,
mais il faut payer un certain prix. Et
c’est là que le bât blesse, puisque l’on
peut dire qu’à Paris, si les parents de
l’interne n’ont pas d’argent de côté à
donner à fiston(ne) en guise d’apport
ou un appartement de famille, vous
vous retrouverez nez à nez avec votre
banquier, qui d’une mine circonspecte
vous déclarera que « c’est quand
même un prêt à 110% que vous me
demandez là mon brave monsieur
(madame) … »
En effet, à Paris, soit on loue, soit
on tente d’acheter, mais quoiqu’il
advienne, vous vous verrez adopter
l’habitat de nos amis léporidés,
plus communément appelés « cage
à lapin ». Mais attention !! Pas des
cages à lapin classiques, des cages à
lapin de luxe, puisque le cm2 coûte
un mois de salaire… Dès lors, dans
un vain espoir d’économie relative, on
va chez Ikéa, entre deux sandwich au
rêne et le parc à boules de toutes les
couleurs, on achète tous les meubles-
hyper-pratiques-qui-ne-prennent-pas-
de-place-qui-coutent-pas-cher-du-
tout et qui rendent vachement service
quand on organise une réception
(3 ou 4 invités) dans notre 18,75 m2…
Bref, on ne pas dire que l’immobilier
Parisien soit très adapté au train de vie
de l’interne… Mais, je vous rassure,
on s’habitue, excepté lorsque l’on
va en week-end chez nos amis qui
(eux) ont préféré émigrer… le retour
parisien du Dimanche soir après 4h45
de bouchon fait mauvaise impression
comme peut le faire l’addition de deux
demis pris sur une terrasse du 6ème
arrondissement…
Si, on s’arrête là, forcément, là ville
lumière n’est plus que l’ombre d’elle
même. Le charme de la capitale réside
aussi dans sa densité. Car lutèce, c’est
aussi une vie culturelle richissime avec
des dizaines de musées, cinémas, des
expositions par centaine en permanen-
ce, plus de 200 pièces de théâtre dif-
férentes programmées chaque soir, des
boîtes de nuit à foison, une myriade de
restaurants et cafés tous plus attirants
les uns que les uns (une concentra-
tion d’étoilés à faire tourner la tête).
Mais aussi, et surtout, qui ne tombe-
ra pas sous le charme de la visite du
Sacré-Cœur au crépuscule, de la Dame
de fer quand elle scintille ? Arpenter
ces rues chargées d’histoires, décou-
vrir et redécouvrir au coin des rues
des petits havres de paix ou d’autres
merveilles. Aborder de jolies étrangè-
res à St Michel, rejouer le baiser de
l’hôtel de ville, recréer son cinéma de
Truffaut, ça aussi c’est Paris.
Après cette petite description de la vie
quotidienne, il est grand temps de par-
ler médecine maintenant.
La Gynécologie-
Obstétrique (GO) à
Paris
Lors de ma prise de décision afin
d’opter ou non pour Paris, je me suis
informé sur les capacités de formation
qu’offraient les services de Gynécolo-
gie-Obstétrique à Paris, et ce quel que
soit le classement que l’on avait obtenu
aux ECN. On peut dire qu’elles sont
relativement proportionnelles au prix
du mètre carré parisien, ou à la quantité
de CO2 rejetée par minute sur la place
de la Concorde ou la place d’Alésia aux
heures de grande affluence. En effet,
les services sont fort nombreux et les
capacités de formation exceptionnelles
(Paris compte plus de 60 hôpitaux et
400 services).

2. 16 N° 07 - Octobre 2010
Région : Ile de France
N° 07 - Octobre 2010 17
Région : Ile de France
Paul Berveiller,
Interne de Gynécologie-Obstétrique,
Vice-Président du Syndicat des
Internes des Hôpitaux de Paris (SIHP)
L’avantage non négligeable de Paris
est d’offrir la possibilité de se former
au contact de plusieurs « écoles »
d’Obstétrique ou de Gynécologie.
Leurs prises en charges divergent,
parfois de façon diamétralement
opposée, mais cela permet à l’interne
de se former d’une façon optimale.
Comme je le disais précédemment,
les terrains de stage sont nombreux
et permettent à tous les internes de
s’hyper-spécialiser dans un domaine
de prédilection. En effet, si vous
êtes fan des « utérus distilbènes»
vous trouverez votre bonheur, mais
si vous êtes plutôt un aficionado des
pelvis endométriosiques, vous aurez
également le choix. Vous préférez le
diagnostic anténatal : pas de problème,
plusieurs services Parisiens et de la
proche couronne vous permettent d’en
apprendre les tenants et aboutissants.
Si vous êtes plutôt orientés chirurgie
oncologique,voustrouverezégalement
plusieurs centres de luttes contre le
cancer, drainant un maximum de
patientes, vous permettant d’acquérir
une formation assez exceptionnelle.
Bref, il n’est pas utile d’énumérer
ici l’ensemble des hyper-spécialités
gynécologiques et obstétricales, Paris
dispose de capacités prodigieuses de
formation.
Sur le plan du post-internat, malgré
un climat ambiant national peu
prometteur pour les prochaines années,
les possibilités d’obtenir un poste
sont, de principe assez nombreuses
et les possibilités de débouchés aussi
nombreuses que les terrains de stage
sont abondants.
Là encore, le fait de posséder plusieurs
écoles de Gynéco-Obstétrique permet
de réaliser un post-internat qui
correspond largement aux attentes des
futurs chefs de clinique et assistants.
Les cursus
universitaires et
scien!fiques à Paris
Là encore, Paris représente une
caverne d’Ali Baba pour qui souhaite
réaliser un cursus universitaire. Il
existe d’innombrables Masters, allant
du Master de Pharmacologie intégrée
préclinique et clinique au Master
d’éthique médicale, en passant par
le Master de Santé Publique, toutes
les disciplines scientifiques et des
sciences humaines en général sont
représentées. Impossible de dresser
une liste exhaustive de ces Masters, ils
permettront sans nul doute à chacun de
trouver sa thématique d’intérêt.
L’accèsàdifférentesThèsesdeSciences
est tout aussi diversifié permettant aux
plus motivés de réaliser leur cursus
scientifique dans une atmosphère
hautement favorable alliant émulation
et innovation.
Les laboratoires d’accueil sont tout
aussi nombreux (180 unités INSERM,
desunitésduCNRS,CEA,INRA,…)et
pour la plupart hautement performants
en termes d’activité de publication.
Ainsi, les universités Parisiennes
permettent aux internes désireux de
cursus universitaires de se prêter
dans des conditions optimales à la
publication puisque quatre universités
Parisiennes sont classées parmi les
200 meilleures universités du monde
(classement de Shangaï 2010, une
belle ânerie au demeurant).
Concernant les possibilités de mobilité,
Paris offre un réseau développé
d’échanges inter-universités tant sur
le plan européen qu’international,
permettant aux internes d’assouvir
leur soif de voyages et de formation de
haut niveau.
On comprendra dès lors que Paris
offre un éventail varié en termes de
cursus universitaires pour les internes
qui opteront pour ce genre de filière
parallèle.
Autres cursus
Il n’y a pas que la médecine dans la
vie. Certains sont passionnés par
l’économie, d’autres le management,
ou encore les Sciences Politiques.
La ville de Paris a favorisé dans
certaines écoles l’émergence de
programmes destinés aux Médecins.
Ceux-là ont pour but d’offrir aux jeunes
médecins les possibilités de se former
dans d’autres filières que la médecine
ou la recherche fondamentale.
Pour conclure, Paris a comme toutes
les villes, ses défauts. Cependant, il y
fait malgré tout bon vivre à en croire
ceux ou celles qui ont décidé d’y
effectuer leur internat.
Certains retourneront malgré tout dans
leur région d’origine dans quelques
années, mais bon nombre d’entre eux
auront été séduits par les nombreuses
qualités qu’offre notre capitale et y
resteront. Il n’y a donc pas de vérité
immuable concernant Paris. Elle
n’est pas mieux qu’une autre ville.
Tout dépend de ce que chaque interne
recherche… En espérant vous y croiser
prochainement…
Pourquoi j’ai décidé de faire
mon internat en Ile de France ?
Je suis interne en 4ème semestre, en Santé Publique. Je vais tâcher de
vous présenter les éléments qui ont motivé ma décision de faire mon
internat sur Paris.
Tout d’abord sur le plan de la formation
L’organisation de notre pays et sa centralisation caractéristique permet d’avoir une
très large offre de formation sur Paris, avec l’accès à des terrains de stage uniques
en France. En effet, au-delà des classiques stages en ARS, DIM ou autre, nous
avons la chance de pouvoir effectuer un semestre (liste non exhaustive):
Au ministère de la santé, à Médecin du Monde, à l’Institut de Veille Sanitaire, à
la Haute Autorité de Santé, dans un laboratoire pharmaceutique, à l’étranger aussi
(Vietnam, Bénin),…
C’est un élément très appréciable quand on sait combien les débouchés sont divers
dans notre filière.
Sur le plan humain
Notre filière est petite en effectif. Dans
les villes de province, il y a rarement
plus de 2 nouveaux internes arrivant
chaque année.
A paris, nous sommes environ 60 au
total en formation. Ceci permet une
plus grande émulation entre internes,
un accueil et une formation des
nouveaux pour les aider dans leurs
premiers pas, l’organisation de diverses
manifestations (forum des métiers,
soirées thématiques…). Le fait d’être
ainsi nombreux rend notre formation
encore plus riche.
Bien entendu à Paris les loyers sont chers. Bien entendu il y a le métro aux heures de pointe. Bien entendu les pintes de bière
sont à 10€. Mais au-delà de tout cela, l’expérience de vivre à Paris est formidable. La culture et les loisirs sont à portée de
main. Une simple ballade prend très rapidement des allures de visite de musée.
En ce qui me concerne, les mauvais côtés rencontrés sont totalement contrebalancés par les joies et les satisfactions que peut
procurer une vie Parisienne bien remplie.
Ensuite sur le plan
académique
Il devient de plus en plus nécessaire
au cours de notre internat d’effectuer
un M2 (pro ou recherche). Cela
permet d’améliorer notre formation,
et d’enrichir notre CV ( surtout
vis-à-vis de recruteurs étrangers, la
lisibilité de ces formations étant bien
meilleure ). A Paris, l’offre en M2
ayant un intérêt pour les internes de
Santé Publique est très fournie. De plus
la proximité géographique rend le côté
organisationnel beaucoup plus simple.
Dans chacune de nos promotions, 90%
des internes effectuent un M2.
Guillaume DEDET
ISP, Paris
Enfin sur le reste