Ce sont des mots qui traînent dans les services, qu’on a laissé traîner là, de synthèses en échanges informels, de relèves infirmières en transmissions médicales. Des mots que l’on n’écrirait jamais dans les dossiers, mais que l’on emploie facilement à l’oral, une sorte d’ « argot psychiatrique », de langage des rues jargonné par les soignants. On ne sait pas d’où ils viennent ni quand ils ont émergé. Parfois même, on ne sait pas bien ce qu’ils veulent dire. J’aimerais défendre ici l’idée qu’ils en disent plus que nous le pensons, voire même qu’ils pensent à notre place. Ils sont à la fois les vestiges d’une histoire et les témoins de ce que nous nous refusons à croire. Des mots, donc. Étiqueté Adjectif. Qualifie un patient pour lequel un diagnostic a été posé, mais sans certitude. Ex. « Ce patient, étiqueté schizophrène, présente actuellement des idées suicidaires envahissantes ». La première caractéristique d’un patient « étiqueté », c’est de n’avoir pas été étiqueté par le soignant qui en parle. Celui qui a posé l’étiquette n’est d’ailleurs jamais nommé, d’où l’usage fréquent de phrases à la voie passive : on ne dit pas « j’ai étiqueté ce patient bipolaire », mais « ce patient a été étiqueté bipolaire ». L’étiquette, c’est le diagnostic de l’autre. reseauprosante.fr