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JUSTICE
SPORT
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Le calendrier
des expatriés
par Gérald Bordes
Les candidats belligérants
seront exclus
HAÏTI / ÉLECTIONS
DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 NUMÉRO 61
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Le vice-président du Conseil électoral provisoire, Pierre Manigat Junior. / Photo : Stephen Ralph Henri
72 heures au CEP pour rétablir
sa crédibilité
par Reynold Aris
L
a plateforme « Pitit » Dessalines
est ferme. Un ultimatum de
72 heures est lancé au CEP
pour rétablir sa crédibilité.
Une liste de neuf recommandations
est présentée par le candidat à la
présidence de la Plateforme, Moïse
Jean Charles. Rejeter de la course
électorale tous les candidats détenteurs
d’arme (blanche ou à feu) qui avaient
usé de violence lors du premier tour
des législatives du 9 août ; sanctionner
les membres de bureaux de vote,
mandataires et superviseurs impliqués
dans le bourrage des urnes au profit
de certains candidats, sont parmi les
recommandations du numéro un de
cette entité politique.
Après la Fusion des sociaux-démocrates, Fanmi lavalas, Renmen Ayiti, l’OPL, c’est
maintenant autour de la Plateforme « Pitit » Dessalines, Rasin kan pèp la et Inite
d’exiger, ce jeudi 13 août, du Conseil électoral provisoire (CEP) que lumière soit faite
autour du mécanisme de recrutement des membres des bureaux de vote dans le
processus.
Le MTIC lance
le projet « Taxi
touristique »
par Jean Michel Cadet
Faut-il une loi fixant
le statut d'une
Première dame en
Haïti ?
par Eddy Laguerre, Av.
2 | N0
61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015
TRIBUNE
L
e moins que l’on puisse dire,
c’est que le CEP a gagné
son pari. Malgré les doutes
légitimes qui planaient sur
l’organisation du premier tour des
législatives, celui-ci a bel et bien eu
lieu le 9 août, comme prévu. On ne
peut donc que se réjouir qu’Haïti ait
pu enfin renouer avec les élections
après plusieurs années de disette.
Un peu plus, on aurait fini par
désapprendre à voter.
Mais quelles élections, Bon Dieu
! Taux de participation plus que
dérisoire. Listes d’électeurs qui
flânent d’un arrondissement à l’autre.
Ouverture des bureaux de vote
avec des heures de retard. Bureaux
saccagés sous l’œil soit impuissant,
soit complice, soit tout simplement
bienveillant de la police. Matériel
détruit ou emporté.
Des dizaines, voire des centaines
de milliers d’électeurs qui n’ont pu
exercer leur devoir civique. Électeurs
qui votent plusieurs fois et qui s’en
vantent impunément. Bourrage
d’urnes, blessés par balles ou à
l’arme blanche… Une belle pagaille,
en vérité. En tout cas, c’est le constat
de tous ceux qui étaient dans les rues
ce dimanche 9 août et de tous les
organismes nationaux d’observation
électorale et de défense de droits
humains.
Si on est en droit de se féliciter de la
tenue du scrutin, il n’y a cependant
pas de quoi être fier des circonstances
dans lesquelles il s’est tenu.
On nous avait pourtant rabâché
que toutes les dispositions avaient
été arrêtées pour que tout se passe
comme il faut, qu’il y avait un plan de
sécurité en vigueur et que la police et
la justice veillaient au grain. On sait
maintenant à quoi s’en tenir quand
les autorités font de telles annonces.
Si on n’a pas connu le pire, ce n’est
sûrement pas de leur faute.
Hormis peut-être les candidats qui
n’ont pas l’ombre d’une chance de
gagner, tout le monde, en dépit de
toutes ces défaillances flagrantes,
semble aux anges. Comme la
mère de Quasimodo, dégoulinante
d’attendrissement et d’admiration
pour son monstre de fils, le CEP se
félicite de son œuvre.
Dans l’esprit de Pierre-Louis Opont,
il a bien mérité de la patrie. La PNH,
de son côté, se réjouit que son énième
plan de sécurité ait bien fonctionné,
nullement gênée d’avoir laissé
saccager près d’une cinquantaine de
bureaux de vote.
Quant au gouvernement, il
s’enorgueillit d’avoir bien
accompagné le CEP. Enfin, l’OEA,
l’ONU et l’Union européenne, comme
à chaque élection, sont satisfaites
d’avoir bien observé, pressées qu’elles
sont de passer à l’étape suivante.
Elles condescendent bien à déplorer
quelques incidents malheureux,
mais « qui ne devraient pas affecter
l’ensemble du scrutin », affirment-
elles en chœur. De deux choses l’une
: soit elles n’ont pas observé les
mêmes élections que les organismes
nationaux d’observation, soit elles
avaient des lunettes défectueuses.
Il va de soi que ces élections ne sont
pas pires que les précédentes. Depuis
1987, tous nos scrutins se suivent et
se ressemblent, c’est-à-dire toujours
entachés d’irrégularités, de violences,
de fraudes massives et de tous les
autres avatars inhérents à notre
tempérament national. Toutes nos
élections n’ont été en définitive que
des mascarades. Ni plus ni moins.
Maisonespéraitquecelles-ci,pourune
fois, seraient différentes. Car depuis
le temps que nous en organisons,
nous devrions, au jour d’aujourd’hui,
être en mesure d’offrir au pays et au
monde un meilleur spectacle. Avec
le temps et l’expérience accumulée
dans le domaine, nous étions censés
avoir acquis un minimum de savoir-
faire, à tout le moins avoir appris
à farcer avec plus de sérieux et de
compétence. Au lieu de cela, nous
avons fait exactement comme si nous
en étions à notre coup d’essai.
Le CEP, le gouvernement et la
communauté internationale peuvent
estimer qu’Haïti n’est pas encore
mûre pour mériter d’avoir de bonnes
élections. Mais présenter la farce du
9 août comme une réussite et avoir
le culot en plus de pavoiser, c’est non
seulement nous manquer de respect,
mais surtout nous prendre pour des
jobards.
Encore une farce électorale de plusieurs
millions de dollars américainsPar Garry Azémar
DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0
61 | 3
ACTUALITÉ
Nous devons nous ressaisir !
Desleadersetpartispolitiquesréclamentl’annulationdesélections.D’autresdeman-
dentauConseilélectoralprovisoiredeprendredesmesuresdrastiquesenappliquant
lesdispositionsprévuesparledécretélectoral.
MaispournousauNational,laprioritédesprioritésdoitêtrel’examenattentifdela
manièredontnotresociétédanssonensemblefaitlagénuflexiondevantlafélonie,la
fraudeetleméprisdelapersonnehumaine. Cequis’estpasséce9aoûtn’estqu’une
manifestationdeladémissiondetoutescesinstancesdupaysquidevraients’opposer
àcetavilissementdesvaleursmoralesquiconstituentlesocledetoutesociétédigne
decenom.
Cheznoustoutlemonderêvedes’asseoirsurlabranchepourrie,carons’empiffredes-
sus.Personneneveutdonclacouper.Bienqu’ellepue,onneremarquepassapestilence.
Onadmetcommesicelaestnormal,l’idéequ’ilyapartoutenHaïti,danstouteslescom-
munes«demounkikonnfèeleksyon».Dansnotrelangageànouscelaveutdiredes
gensconnaissanttouteslesficellesdelafraudeélectorale,cequivadelamanipulation
àlaviolencecaractériséeenpassantparl’intimidation,l’achatdevotants,lebourrage
desurnes,lamiseàsonservicedelaforcepubliqueetdel’appareiljudiciaireetmême
l’assassinatd’individus«gênants». Cesgens-lànereculentdevantrien.
Descaciquesdisposentd’armesdeguerre,auvuetausudetoutlemonde.Onentend
direqu’ilfaut3millionsdegourdes,lejourdesélections, pour «contrôler»leterrain.
Certainss’attribuentdescentresdevotequ’ilspeuventparfoisoffrirauplusoffrants.Le
conceptde«baz» s’étenddeplusenplus.Ils’agitdegroupesimportantsdecitoyensà
lasoldedequelqu’unquidonnelemotd’ordre.Uncentre devotepeutêtredélocalisé
soudainement.Unegrandepartiedelafraudeesttoujoursdanslecashaïtienorganisée
par le pouvoir en place et il est presque mal placé de le pointer du doigt car – c’est
notoirement connu – un pourcentage renversant des victimes d’aujourd’hui seront
inexorablementlesfraudeursdedemain.
ToutConseilélectoraldignedecenometsoucieuxdenepaspromouvoircettemascar-
adedevraitenpremierlieuétudieretproposerunsystèmealternatifafindebloquerle
jeutraditionneldel’électionenHaïti -l’environnementduprocessus,sagouvernance,le
dispositifmisenplaceetl’ingérenceétrangère-pourredonneraucitoyenlaconfiance
auprocessusetamenerainsiunnombresignificatifdevotantsauxurnes.
Noussommesenpleindansunsystèmequirendhonneuràlafélonie.Onpeutdiresans
craintequecheznous,unrésultatélectoralpeutégalementêtrefalsifiéavecl’appui
demainsétrangères.Hierencore,cefutlecas.Celeseraprobablementaujourd’huiet
demain.Maispourcombiendetempsencore?Onpeutêtreéliminéofficiellementde
lacourseélectoraleparcequ’onaunenationalitéétrangèreetvoterensuitedevantles
caméras.Onpeutêtreàlafoissuperviseuretmandataire.Chefdeservice,onparvient
àmettretoutl’exerciceenpéril.Onpourraitlisteràl’infinilesnon-sens.
Commesinousétionsdansunasileoùdesfouss’amusentàjoueràlapolitique.
Nousdisposonsdetroishypothèsesdedépartpourappréhenderleprocessusenques-
tionetinverserdurablementcettetendancedelongtermeàl’avilissementde211ans
de tentatives désespérées d’inclusion sociale et d’éveil à la citoyenneté responsable.
Premièrehypothèse:l’organisationdesélectionsn’aprévuaucundispositifséquentiel
cohérent,completetperformant.Elledoitprendreencomptelesréalitésduterrain.Elle
doitsesouvenirconstammentquelesfourbestraditionsélectoraleshaïtiennesontla
viedure. Deuxièmehypothèse:soncadrelégaletréglementairenepermetpasdefaire
faceàcettesituationjusqu’àmettrefinàcespratiquesnéfastes.Troisièmehypothèse:
L’ingérenceétrangèreinfluenégativementsurledéroulementduprocessusetconstitue
unsérieuxobstacleàlaconstructionprogressivedeladémocratie.
Aufait,cherchons-nousréellementàrésoudrecetteéquationinfernale? Suffit-ild’avoir
ledroitdechoisirlalibertépoursecroirelibre?Danslerespectdesoietdel’autre?Le
défautdedéterminationpeut-ilexpliquercetentêtantdénidelaréalité?Àdéfautde
détermination,nousnouscontentons,commedisaitSartre,d’être « àmoitiévictimes,
àmoitiécomplices,commetoutlemonde».
Onnedoitpluscontinuersurcettelancée.
Nousdevonstousnousressaisir.
Gary VICTOR
Édito
C
eprojet,selonlesresponsables
du MTIC, vient du constat
suivant : les touristes
étrangers ayant visité le
pays se sont souvent plaints de la
disponibilité d’un service de transport
leur permettant de visiter d’autres
endroits du pays durant leur séjour
dans un hôtel ou de pouvoir se rendre
à l’aéroport quand ils regagnent leur
pays d’origine.
C’est pourquoi l’ensemble des
associations de transporteurs
d’Haïti ont été contactées en vue
de pallier ce manque. Deux d’entre
elles ont été retenues : l’Association
des chauffeurs indépendants pour
le développement du Tourisme et
l’Association des chauffeurs-guides
d’Haïti. Un choix qui s’explique,
selon les responsables, au fait que
celles-ci ont fait montre de rigueur,
de passion et de dépenses d’énergie
par rapport aux exigences de la
tâche à accomplir.
Les représentants de ces associations
ont accueilli favorablement ce projet.
Si jadis, ils assuraient le transport
de passagers dans des véhicules en
mauvais état, à présent, ils disent, être
satisfaits qu’ils soient en possession
de voitures confortables. Ce, grâce à
un crédit bancaire que leur facilite
l’État haïtien pour l’achat de 20
véhicules qui devront transporter,
chacun, trois passagers au maximum.
Ces taxis touristiques seront basés
dans quatre hôtels de Pétion-Ville
et deux autres du Centre-ville. Bien
qu’ils se disent être satisfaits, les
représentants de ces associations
expriment, néanmoins certaines
appréhensions. Ils ont des redevances
envers les banques qui leur ont prêté
de l’argent pour l’achat des nouveaux
véhicules. Aussi, demandent-ils à
l’État haïtien plus d’accompagnement
afin de pouvoir rembourser les
prêts contractés auprès de leurs
créanciers. En cela, ils attendent
des autorités gouvernementales que
des dispositions soient prises pour
faciliter la venue de plus de touristes
dans le pays.
La question de la formation a aussi
été évoquée comme autres besoins
exprimés par les transporteurs.
Laquelle formation leur permettrait,
notamment de mieux communiquer
avec les touristes. Toutefois, ils
estiment avoir reçu, durant leurs
longues années d’expériences, de
nombreuses formations venant tant
des spécialistes haïtiens que des
étrangers.
Le projet « Taxi touristique » fait
suite à un ensemble d’initiatives
prises par le ministère du Tourisme
et des Industries créatives (MTIC)
pour développer le secteur. Citons,
à titre d’illustration : la réhabilitation
de nombreux sites touristiques,
une campagne promotionnelle
des produits haïtiens à l’échelle
internationale et la mise sur pied
de la police touristique, une unité
spécialisée de la PNH appelée à
sécuriser et à orienter les activités
touristiques. Toutefois, plus d’un
questionnent la gestion du ministère
du Tourisme des fonds engagés pour
la réalisation de projets d’envergure
et pour lesquels les résultats concrets
se font attendre.
Le MTIC lance le projet
« Taxi touristique »
par Jean Michel Cadet
HAÏTI/TOURISME
Un nouveau produit touristique voit le jour. Le
ministère du Tourisme et des Industries créatives
(MTIC) a lancé, le jeudi 13 août, un projet pilote visant
à accompagner des chauffeurs de taxis touristiques
regroupés en association. Rendre un service de taxi
fiable et sécuritaire basé à Pétion-ville et au Centre-
ville, tel est le but poursuivi par cette initiative.
WWW.LENATIONAL.HT
10, RUE GABART · PÉTION-VILLE
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LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
4 | N0
61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015
ACTUALITÉ
Les candidats belligérants
seront excluspar Lionel Édouard
HAÏTI/ÉLECTIONS
P
ierre Manigat Junior se
prononce! D’un ton ferme.
Il annonce que la « liste des
belligérants » qui ont troublé
la journée électorale sera connue,
dès la semaine prochaine. Les
candidats impliqués dans ces actes de
vandalisme et de saccage de bureaux
de vote, seront tout simplement
exclus, selon le conseiller qui a aussi
insisté sur le fait qu’en matière de
violence électorale, il faut des preuves
pour appuyer les déclarations.
Une séance plénière avait été
organisée, le mercredi 12 août
2015, au sein du Conseil, pour
évaluer la situation et statuer sur
les éventuels cas d’irrégularités,
rapporte-il. « Dans tous les cas
avérés, nous allons expulser les
candidats. » Comme argument,
Pierre Manigat Junior rappelle
les dispositions de l’article 119
du décret électoral en vigueur
qui accorde au CEP le pouvoir de
radier les candidats et d‘exclure les
partis et groupements politiques
impliqués dans des actes de
violence, de toutes compétions
électorales pour une période
allant jusqu’à cinq ans.
Et la reprise des votes réclamés
par de nombreux candidats
dans diverses circonscriptions,
monsieur Manigat? « Au cas
où cela aura une influence sur
le vote, les élections seront
reprises.» Dès le vendredi 14
août, le représentant de la Presse
au sein de l’institution électorale,
promet que le CEP statuera sur
ces cas. Plusieurs partis se sont
plaints auprès du CEP de cas de
violence et de bourrage d’urnes
dans leur région. Ces dossiers,
déplore Pierre Manigat Junior, ne
sont pas documentés.
À la suite des scrutins, de
nombreux candidats ont crié leur
victoire, arguant qu’ils disposent
de nombreux procès-verbaux pour
justifier leur succès. À cet effet,
le conseiller Manigat prévient
qu’aucun candidat ne peut
affirmer qu’il est élu ou pas.
Car, soutient-il, s’il s’avère qu’il
y a eu fraude ou violence en leur
faveur, « nous sévirons contre les
concernés. »
Le CEP par la voix du conseiller
Manigat promet également de
corriger les erreurs enregistrées
durant le premier tour des
législatives partielles. Pour
dissiper tous les doutes autour de
l’organisation des autres scrutins
prévus pour l’année en cours, les
conseillers, confie-t-il, seront une
fois de plus déployés en région
pour réajuster la machine. De
nouvelles dispositions seront
également prises pour acheminer
les matériels - sensibles et non
sensibles - et trouver des espaces
pour reloger certains centres de
vote.
En ce qui a trait à la sécurité qui
a été l’un des maillons faibles
durant la journée de vote du
9 août, Pierre Manigat Junior
estime qu’on ne peut pas en parler
sans évoquer le rôle de la police.
Contrairement à ce qui se fait dans
d’autres pays, fait-il remarquer,
où l’instance électorale détient le
contrôle des forces de sécurité, en
Haïti, la chaîne de commandement
durant la période électorale,
reste au niveau de la PNH qui
n’a pas eu cette année le support
de la Minustah, dans plusieurs
départements.
Les questions relatives à la
participation des policiers dans
des actes de violences et autres,
ou le laxisme des forces de l’ordre,
seront abordés, promet-il, lors
de la rencontre que devra avoir,
sous peu, le CEP avec le haut
commandement de la Police.
Pas question de dédommagement!
Le conseiller Manigat a été
sans équivoque. La question du
dédommagement des candidats
qui se sont dits lésés lors de ces
élections, n’est pas à l’ordre du
jour. « S’ils veulent se réparer eux-
mêmes, qu’ils le fassent! ».
Le CEP n’a jamais été impliqué ou
même accusé de violence durant
ces scrutins, selon M. Manigat.
Soutenant que des mises en place
sont en train d’être faites pour
diminuer les actes de violence aux
prochains scrutins, le conseiller
explique qu’il n’y a jamais de
mesures sécuritaires à 100 % et
que les candidats doivent aussi
s’impliquer pour créer un climat
favorable à la tenue de bonnes
élections.
Le CEP est actuellement au
stade d’évaluation. La carte de la
violence devra être redessinée,
estime Pierre Manigat Junior qui
a souligné que certaines zones
qu’on avait désigné à risque, ont
eu de bonnes élections, alors que
d’autres, habituellement réputées
calmes, ont été, par contre, la
scène de graves actes de violences
et d’irrégularités. Aujourd’hui, il
s’agit, dit-il, de déterminer les
poches de violence.
Entre-temps, les procès-verbaux
continuent d’arriver au Centre de
Tabulation. Ceux du Sud ont été
les derniers à arriver, mercredi,
dans la soirée. Des problèmes
liés au dépouillement à Saint-
Marc, ont été aussi à la base
de certains retards. Toutefois,
explique Pierre Manigat Junior,
un modus operandi est en train
d’être trouvé avec les candidats
de cette circonscription, autour
de ces problèmes.
La proclamation des résultats
partiels est maintenue pour le 19
août. Le plus tôt sera le mieux,
avance toutefois M. Manigat qui
souligne que le calendrier électoral
devra être ajusté en raison de
la mise en place du Bureau de
contentieux électoral national
(BCEN) pour les collectivités
territoriales et locales. Également
en fonction des contestations
issues des résultats du vote du 9
août.
Les scandales liés à l’organisation
des élections continuent donc
de mobiliser l’opinion nationale
et internationale. Critiques.
Accusations. Les autorités
électorales sont sous les feux de
la rampe. Au milieu de ce tumulte,
le Conseil électoral provisoire
cherche la parade.
Le Centre de tabulation accumule
les procès-verbaux sous les yeux
soupçonneux des protagonistes
qui attendent impatiemment
les résultats et les décisions qui
seront prises à l’encontre des
fauteurs de trouble.
» suite de la première page
Le Conseil électoral provisoire (CEP) sévira contre tous les candidats qui, par la
violence, ont troublé la journée électorale du dimanche 9 août 2015. De plus, il n’est
nullement envisageable de rembourser les frais aux candidats qui se sont dits lésés
à cause des irrégularités observées durant le déroulement de ces scrutins. C’est ce
qu’a confié au journal Le National, le vice-président du CEP, Pierre Manigat Junior,
dans une entrevue exclusive.
DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0
61 | 5
ACTUALITÉ
Se fondant sur le décret électoral,
l’ancien sénateur a appelé les
membres du CEP à fournir des
explications sur les personnes
ayant choisi de favoriser des partis
tels PHTK, Bouclier, VERITE,
KID et INITE au détriment des
autres structures engagées dans la
course. En dépit des irrégularités,
l’opposant farouche à l’équipe
Tèt Kale n’entend pas exiger
l’annulation du scrutin. Ce serait
trop vite aller en besogne. Il
revient, d’après lui, à remettre en
question la crédibilité de l’organe
électoral à travers ses différentes
recommandations.
Modernisation du système
politique
La Plateforme, informe M. Jean
Charles, s’engage à moderniser
le système politique haïtien. Il
dit prendre sa distance avec la
violence, tout en invitant le CEP
à sévir contre toutes les structures
qui se sont adonnées au bourrage
des urnes durant le premier tour
des législatives du 9 août 2015.
S’agissant des irrégularités,
l’ancien parlementaire a imputé
la responsabilité de la situation à
l’équipe Tèt Kale. Selon lui, elles
résultent d’une vaste campagne
de machinations, fomentées par
le pouvoir en place, de concert
avec une frange de la communauté
internationale et de l’élite
économique.
Ce groupe, explique Moïse Jean
Charles, s’engage à barrer la
route aux dirigeants haïtiens
qui veulent défendre les intérêts
du pays. Ceux-ci, disent-ils,
veulent accaparer les principales
ressources minières du pays, à
savoir l’or et le pétrole. « Ça ne
passera pas ! ».
rejet de PHTK et Bouclier
Dans la foulée, le parti politique
« Rasin kan pèp la» n’y va pas
par quatre chemins pour dénoncer
les violences qui ont marqué la
journée électorale. Il rappelle
les nombreux signaux négatifs
envoyés durant la campagne
électorale par les candidats de
PHTK et de Bouclier.
Camille Charlemers, porte-parole
de ce parti, appelle le CEP à
sanctionner ces deux structures en
les écartant de la course électorale.
Il a aussi plaidé pour l’application
des mêmes sanctions aux autres
groupements et plateformes
qui ont une responsabilité dans
ces actions qu’il décrit comme
malhonnêtes. Il a, en dernier
lieu, préconisé le changement de
la nature de ces élections. Celles-
ci, précise-t-il, participent de
l’emprise de la colonisation.
De son côté, Reyneld Sanon,
membre du secrétariat de
« Rasin kan pèp la », a fait
savoir que ces élections n’ont
pas eu le taux de participation
escompté par le CEP. Il a déclaré,
en conséquence, qu’elles seront
contestées. Sénateurs et députés,
soutient-il, seront illégitimes et
représenteront une insulte et une
déconvenue pour le pays.
Le projet de renforcement de
la démocratie a été torpillé
La plateforme « INITE » patrio-
tique, elle-même, membre du pou-
voir Tèt Kale, est montée au cré-
neau suite à ce scrutin. Le grand
conseiller de cette structure, Paul
Denis, a indiqué que le projet du
renforcement de la démocratie a
une nouvelle fois été torpillé le 9
août dernier.
Il a en outre déclaré que c’est
regrettable que la dialectique
des armes remplace l’arme de la
dialectique dans un pays appelé
à consolider ses acquis démocra-
tiques. C’est dans cette optique
que la Plateforme condamne éner-
giquement les actes de violence
enregistrés lors du premier tour
de ces législatives.
Aussi invite-t-elle la Justice à
mettre l’action publique en mou-
vement contre les auteurs et com-
plices de ces agissements.
Unir y voit un fiasco
Contrairement aux partis politiques
qui ont pointé du doigt le PHTK et
ses partis satellites tels Bouclier,
VERITE, le candidat à la présidence
de l’Unir, Clarens Renois, impute la
responsabilité de cette situation à
tous les protagonistes, notamment
le CEP. Il s’agit, à son avis, d’un
véritable fiasco. Les candidats,
les structures politiques et les
électeurs, sont aussi responsables
du désordre électoral.
C’est aussi le point de vue du
candidat à la présidence du parti
fédéraliste, Fred Brutus, qui se dit
attristé et indigné du déroulement
de ce scrutin. Il a, dans une note
de presse, condamné les actes
de violence survenus durant ce
scrutin. Au regard de ce docu-
ment, le candidat a fait savoir que
cette situation devrait interpeller
la conscience de tout un chacun,
notamment les forces vives et
saines du pays. Il les convie à
s’engager dans une bataille visant
à mettre un terme à ce système
qui, selon lui, a échoué.
Soulignons que Clarens Renois et
Fred Brutus invitent les autorités
à ne pas banaliser les événements
qui se sont passés durant ce
scrutin. Aussi les exhorte-t-il à
agir avec rigueur afin d’éviter au
pays de sombrer dans le chaos de
anarchie.
72 heures au CEP pour rétablir
sa crédibilitépar Reynold Aris
HAÏTI/ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Moïse Jean Charles, au milieu, lors de la conférence de presse de la plaforme « Pitit » Dessalines, le 13 août 2015. / Photo : J. J. Augustin
» suite de la première page
6 | N0
61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015
ACTUALITÉ
«
Pour l’heure, le CEP est dans
l’attente des résultats que
devrait lui communiquer
le centre de tabulation des
votes d’ici la semaine prochaine », a
indiqué le conseiller électoral Ricardo
Augustin. Ce dernier a dit espérer que
le CTV fera tout son possible pour
respecter la date fixée par le décret
électoral, le 19 août, pour l’affichage
des résultats des législatives.
Près d’une semaine après le
premier tour des législatives,
le Conseil électoral provisoire
n’est toujours pas en mesure
de communiquer même de
manière approximative le taux de
participation.
« Nous sommes désolés de ne pas
pouvoir dire jusqu’à aujourd’hui le
nombre d’électeurs ayant pris part
au vote », a déclaré M. Augustin
tout en promettant d’éviter
cet accroc lors des prochaines
présidentielles.
S’agissant de la demande
formulée par les partis politiques
concernant la mise en place d’une
commission mixte d’évaluation,
le Dr Augustin a indiqué que
l’institution en a pris acte.
« Des discussions se feront en
conseil pour prendre la décision
qu’il faut en ce sens », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le représentant
de l’Eglise catholique au CEP a
mentionné que l’institution est
en train d’évaluer l’ensemble du
système, question d’améliorer le
processus pour ne pas répéter les
mêmes erreurs lors des élections
présidentielles fixées pour le 25
octobre prochain.
« Le cap est déjà mis sur le 25
octobre 2015 », s’est-il enorgueilli.
Selon Ricardo Augustin, le CEP
fait actuellement des mises en
place techniques, et sous peu
un appel d’offre sera lancé pour
désigner une firme qui sera
chargée d’imprimer les bulletins.
En substance, M. Augustin a
précisé que tout va pour le mieux
coté financement en ce qui
concerne la tenue des élections
présidentielles.
« Nous n’avons pas de doute sur
l’organisation des élections du 25
octobre. L’argent ne peut pas les
bloquer. Nous faisons confiance
au gouvernement qui, à maintes
reprises, nous a donné la garantie
sur leur financement », a conclu
le conseiller.
L
a Coalition pour les droits
humains en République
dominicaine organise, le
vendredi 14 août 2015, une
marche, en vue de dénoncer le
processusdedéportationdesmigrants
haïtiens, apprend AlterPresse.
Cette marche, qui débutera dès
9:00 am, ce vendredi 14 août
2015, à Grand Army Plaza, à
Brooklyn, se dirigera vers la
mairie (« City Hall ») de New York.
À travers cette marche, les
organisateurs veulent dire non à la
déportation des familles migrantes
de la République dominicaine vers
Haïti, non à l`apartheid, non à la
xénophobie et non au racisme.
La plateforme Groupe d`appui
aux rapatriés et refugiés (Garr)
dit encourager toute initiative, qui
vise à dénoncer le comportement
des autorités dominicaines
à l`endroit des migrants et
travailleurs haïtiens qui ont été
dénationalisés.
« Ces initiatives de solidarité
envers les migrants et travailleurs
haïtiens ont influencé les autorités
dominicaines, les ont portées à
surseoir et retarder, jusqu`ici, le
processus de déportation », relève
le coordonnateur de Garr, Saint-
Pierre Beaubrun.
Le processus de rapatriement des
migrants et travailleurs haïtiens
par la République dominicaine a
été initié le 17 juin 2015, suite
à l`expiration du Plan national
de régularisation des étrangers
(PNRE) mis en œuvre par les
autorités dominicaines.
Plus de 65 mille personnes sont
déjà rentrées en Haïti depuis,
suivant des chiffres officiels
dominicains.
Pour sa part, la plateforme Garr
déclare avoir recensé, pour le mois
de juillet 2015, 949 personnes
rapatriées par les autorités
dominicaines et 7 679 qui sont
rentrées en Haïti « de leur propre
gré ».
Par ailleurs, la plateforme
Garr dénonce le manque
d`infrastructures pouvant accueil-
lir ces migrants, ainsi que l’octroi
de cartes de résidence de un à
deux ans à des Haïtiens.
« La République Dominicaine
aurait dû leur donner un document
les autorisant à travailler »,
critique Saint-Pierre Beaubrun.
HAÏTI/ELECTIONS
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE
Le conseiller électoral, Ricardo Augustin, a répondu aux partis politiques qui réclament l’annulation totale du
scrutin du 9 août. Lors d’une interview exclusive accordée à HPN, le représentant de l’Église catholique au CEP
a fait savoir qu’annuler le scrutin du dimanche 9 août n’est pas une option envisageable. Reconnaissant que de
nombreux cas d’irrégularités et de violences ont marqué le jour du vote, le conseil électoral est en passe de les
documenter afin de d’appliquer les sanctions prévues par le décret.
« L'annulation du scrutin n'est pas
une option », dixit Ricardo Augustin
Marche à New-York pour dire non au
rapatriement des familles haïtiennes !
Leconseillerélectoral,RicardoAugustin
Photo : telesurtv.net
DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0
61 | 7
ACTUALITÉ
Exiger justice et réparation pour
les migrants haïtienspar Évens REGIS
C
’est un moment favorable
pour que le RFJS, explique
Ladouceur Fritzcar,
coordonnateur de la région
de bas Plateau central, se lance
encore une fois dans la lutte pour
exiger réparation au nom de la
famille de Jeannot Succès. À l’heure
où nos compatriotes en République
Dominicaine, dit-il, sont en train de
vivre les pires moments de leur vie,
il est un impératif pour le RFJS de
reprendre les démarches judiciaires
devant permettre à la famille de
Jeannot Succès d’obtenir réparation.
Et de manière générale, aboutir au
respect des droits fondamentaux
des migrants haïtiens en République
dominicaine.
Exiger l’État dominicain à
participer à un dialogue sincère
pour la renaissance d’un climat
de paix entre les deux pays ; lutter
en faveur d’un renforcement de
l’effectif des agents de la Police
nationale d’Haïti (PNH) pour
une plus large protection des
commerçants et des migrants
haïtiens ; plaider pour une
intervention rapide des autorités
haïtiennes autour de la situation
de sécheresse qui ravage la zone
frontalière de Fonds-Verrettes,
sont entre autres revendications,
selon Ladouceur Fritzcar, que va
poursuivre le Réseau frontalier
Jeannot Succès.
Manise Élie, la coordonnatrice
nationale du RFJS, a pour sa
part dénoncé le comportement
négligent des autorités judiciaires
haïtiennes qui, après quinze
années, n’ont jamais effectué de
démarches pour aider la famille
de Jeannot à trouver justice
et réparation, malgré tous les
soulèvements que sa mort a
suscités au cours des années
2000. Le réseau, signale-t-elle,
veut rappeler à l’État haïtien que
c’est son devoir de protéger sa
population, et de veiller à ce que
le droit de ses ressortissants soit
respecté à travers le monde entier.
La coordonnatrice a, par ailleurs,
attiré l’attention des responsables
des ministères de l’Environnement
et de l’Agriculture sur la situa-
tion de sécheresse et d’insécurité
alimentaire qui ravage plusieurs
zones frontalières du pays.
Cette situation qu’elle considère
comme étant un facteur occa-
sionnant l’exode de la popula-
tion frontalière haïtienne vers la
République dominicaine, engen-
dre également une atmosphère de
violence au niveau de ces zones.
Selon les informations fournies
par Mme Élie, les habitants,
plus particulièrement les petits
commerçants, sont en proie à
de nombreux actes de violences
perpétrés dans les zones
frontalières alors qu’ils sont en
train d’effectuer des transactions
commerciales entre Haïti et la
République dominicaine.
La coordinatrice a vivement
souhaité que cette situation
soit résolue, afin d’empêcher le
déplacement des haïtiens vers la
République dominicaine pour des
raisons de survie.
Elle invite en ce sens, toutes
les organisations œuvrant dans
le domaine des droits humains,
à s’unir afin de poursuivre à
l’unisson, sur une plus large
dimension, la lutte, pour
qu’enfin le droit des haïtiens en
République dominicaine soit pris
en considération.
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION
Dans le cadre d’une conférence tenue, jeudi, au local du Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (GARR),
le Réseau frontalier Jeannot Succès pour la promotion et la défense des droits humains (RFJS) a réitéré son
engagement de lutter pour la réparation de la famille de Jeannot Succès, quinze ans après que ce jeune garçon
de 22 ans eut été tué par des gardes frontaliers dominicains à Savanette.
8 | N0
61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015
MONDE
Fidel Castro réclame des « millions de dollars »
aux Etats-Unis en compensation de l'embargo
Sources : Le Monde.fr avec AFP
F
idel Castro a rappelé les « nom-
breux millions de dollars » que
les Etats-Unis doivent, selon
lui, à Cuba en compensation
de l’embargo imposé à l’île commu-
niste depuis 1962, selon un texte
publié par la presse locale jeudi 13
août, jour de son 89e anniversaire.
Optant pour une formule implicite,
le père de la révolution cubaine,
retiré du pouvoir depuis 2006 pour
raisons de santé, a déclaré qu’« une
dette s’élevant à de nombreux mil-
lions de dollars était due envers
Cuba, pour les indemnités de dom-
mages et intérêts, comme l’a dénon-
cé notre pays avec des arguments
et des chiffres incontestables, tout
au long de ses interventions devant
les Nations unies ».
Dommages liés à l’embargo
économique
Ces déclarations sont publiées la
veille d’une visite historique ven-
dredi à Cuba de John Kerry, la
première d’un chef de la diploma-
tie américaine depuis 1945, afin
de consacrer le rétablissement
des relations diplomatiques entre
les deux ex-ennemis de la Guerre
froide.
Malgré leur réconciliation, La
Havane et Washington se réclament
mutuellement des compensations,
d’un côté pour les dommages liés à
l’embargo économique, de l’autre
pour l’expropriation de biens améri-
cains lors de la révolution cubaine
de 1959.
Fidel Castro avec le président
bolivien Evo Morales et le président
vénézuélien Nicolas Maduro, le 13
août à La Havane.
Dans son texte, le premier publié
depuis le 8 mai, Fidel Castro assure
:
« Nous ne cesserons jamais de lutter
pour la paix et le bien-être de tous
les êtres humains (...) les mêmes
droits que nous avons proclamés
en démarrant notre lutte, ainsi que
ceux émanant de nos rêves ».
Le 89e anniversaire de l’ex-prési-
dent cubain, désormais remplacé
par son frère Raul, est célébré
jeudi sur l’île communiste, notam-
ment avec la présence du président
bolivien Evo Morales, qui évoque
souvent Fidel Castro comme son «
sage grand-père ».
L’autre grand allié du régime cas-
triste dans la région, le dirigeant
vénézuélien Nicolas Maduro, s’est
également rendu sur l’île à cette
occasion, selon la télévision véné-
zuélienne Telesur, qui a publié trois
photos montrant Fidel Castro, vêtu
d’un survêtement et coiffé d’une
casquette, assis aux côtés de MM.
Morales et Maduro dans une four-
gonnette.
L
a Cour suprême de l’Etat
américain du Connecticut a
aboli jeudi la peine de mort, la
déclarant anticonstitutionnelle
y compris pour les prisonniers déjà
condamnés. En avril 2012, cet Etat
du nord-est avait voté pour abolir la
peine capitale, mais la mesure n’était
pas rétroactive, et 11 condamnés s’y
trouvaient toujours dans le couloir de
la mort, selon le Centre d’information
sur la peine de mort (DPIC).
La Cour suprême du
Connecticut donne raison à
un condamné
La Cour suprême de l’Etat avait
été saisie par un de ces détenus,
Eduardo Santiago, condamné à
mort en 2005 pour un meurtre
commis cinq ans plus tôt. Son
avocat avait fait valoir que son
exécution, après la décision de
2012, aurait constitué une punition
cruelle et inhabituelle, ce qu’interdit
le huitième amendement de la
Constitution américaine.
La Cour suprême divisée 4 contre
3, a accepté son argument,
estimant qu’il n’était «pas
constitutionnellement permis
d’exécuter l’accusé dans le cas
présent, et d’autres dans la même
situation (...)».
Etats-Unis: L’Etat de l’Utah va
revenir au peloton d’exécution
«Nous sommes persuadés que
(...) la peine de mort de cet Etat
ne concorde plus avec les normes
contemporaines de la décence, et
ne sert plus aucun but légitime
pénologique», ont écrit les juges
dans un jugement de 92 pages.
Ils ont ajouté qu’exécuter ceux
condamnés dans le Connecticut
pour des crimes commis avant
la décision de 2012 «violerait
l’interdiction constitutionnelle de
l’Etat contre les punitions cruelles
et inhabituelles».
Le risque d’erreur
Ils ont souligné aussi le caractère
arbitraire de la peine capitale, le
risque d’erreur, et l’«illusion» qu’elle
représente dans un pays où «le
nombre des exécutions comparé au
nombre des personnes qui ont été
condamnées à mort est minuscule».
Une seule personne avait été
exécutée dans le Connecticut
depuis 1976.
Libéré après avoir passé 30 ans
dans le couloir de la mort pour rien
19 Etats américains ont aboli
la peine de mort
Sur les 50 Etats américains, 31
disposent toujours de la peine
capitale et 19 l’ont abolie, dont le
dernier, le Nebraska en mai dernier.
Dix-huit condamnés à mort ont été
exécutés cette année aux Etats-
Unis, dont la moitié au Texas.
Etats-Unis : Le Connecticut abolit
la peine de mortSources : 20 Minutes avec AFP
Illustration à Marseille le 10 octobre 2011, journée contre la peine de mort commémorée sur le vieux port par Amnesty International. /
Photo : P.MAGNIEN / 20 MINUTES
Portrait de Fidel Castro dans les rues de la Havane, le 4 juillet. / Photo : Desmond Boylan
/ AP
S
elon l’agence de presse EFE, citant le président de
l’entreprise,JorgeGonzález,latechnologiedéveloppé
par CBT représente une percée importante dans le
diagnostic instantané de la tuberculose et d’autres
maladies infectieuses transmises par l’air. Elle est basée sur
uninstrumentportatif optique,quianalyseunéchantillonde
particules minuscules provenant du système respiratoire du
patientprésentantdessymptômesdelamaladie.
Cette méthode non invasive demande quelques sec-
ondes pour un diagnostic précis, en comparaison aux
délais plus des méthodes actuelles, qui exigent des
jours.
16 | N0
61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015
TECHNOLOGIE
Diagnostic rapide de la tuberculose
PAR CLAUDEL VICTOR
Enbref
UN AUTREVISAGE
DE L’AFRIQUE SUR
TWITTER
CLes internautes africains se mobilisent
pour montrer un autre visage de leur
continent, différent des habituels
clichés sur la pauvreté, la guerre et
la famine propagés par les médias
occidentaux. En quelques jours, des
dizaines d’images de paysages de rêve,
de monuments, de personnalités ont
été publiées sur Twitter via le hashtag
#TheAfricaTheMediaNeverShowsYou.
LE PENTAGONE
TOUCHÉ PAR DES
RUSSES
Des pirates informatiques ont lancé
une brève cyberattaque contre un
au Pentagone. Rapidement neutralisée,
l’attaque avait permis, en moins
d’une minute, d’amasser et de
rediffuser sur internet les informations
collectées visait environ 4000 civils et
militaires travaillant pour l’état-major
interarmées. Coordonné par le biais
de comptes cryptés et des réseaux
sociaux, le cyber-assaut aurait pour
origine des pirates russes travaillant
pour le compte d’une agence
gouvernementale.
GOOGLE SE MET SOUS
ALPHABET
Désormais chapeauté en Bourse,
Google conservera les principales
activités du groupe, telles que les
recherches sur internet, la publicité,
la cartographie, les applications,
le système d’exploitation Android,
YouTube et les infrastructures
techniques.
fabricant de thermomètres connectés,
ou Calico, un laboratoire de recherche
sur la longévité humaine, sortiront
du périmètre de Google pour passer
sous le contrôle direct de la nouvelle
maison-mère Alphabet.
22 MILLIARDS
BLOQUÉS SUR
INTERNET
L’utilisation de logiciels bloquant les
publicités en ligne pourrait faire perdre
aux sites web 21,8 milliards de dollars
cette année à l’échelle mondiale. Le
nombre d’adeptes de ces services
progresse de 40 % par année, selon
une étude mandatée par Adobe.
«C’est une perspective effrayante»,
a commenté un porte-parole de la
société.
FACEBOOK CONTRE
YOUTUBE ET TWITTER
Les célébrités peuvent désormais
diffuser des images en direct sur
le réseau social. Baptisée «Live»,
la nouvelle fonction est intégrée à
l’app Facebook Mentions qui leur
est réservée. Les vidéos apparaîtront
célébrités.
Cette initiative met Facebook en
concurrence avec des applications
de vidéo en direct comme Periscope,
L’entreprise portoricaine Caribbean Biotechnologies (CBT) vient d’être autorisée
par le Gouvernement haïtien à réaliser des essais cliniques, au Grace Children’s
Hospital de Delmas 31, à partir d’un nouveau système de diagnostic instantané
de la tuberculose.
Des drones dominicains pour
traquer les illégaux haïtiens
PAR CLAUDEL VICTOR
L
e ministère de la Défense dominicaine entretient une
patrouille de drones qui survolent la frontière à une
altitudede 2000mètres.
Dans une entrevue accordée au quotidien dominicain
Diario Libre, le ministre de la défense Maximo W.
Muñoz a précisé que les drones patrouillent dans
les airs au-dessus de zones difficilement accessibles
aux véhicules, que les soldats ne peuvent atteindre
qu’après plusieurs heures de marche.
Il a aussi révélé que deux camions fournissent un
support technique aux quatre drones qui bénéficient
de la transmission vidéo haute résolution en direct.
Le directeur du Corps spécialisé de Sécurité
frontalière terrestre (Cesfront), Carlos Aguirre, a
avancé pour sa part que les drones
constituent un outil très
précieux dans la lutte contre les activités illégales
sur la frontière comme le trafic d’êtres humains et
d’armes ainsi que la dégradation des ressources
naturelles, notamment dans les parcs nationaux et
les aires protégées.
Le. / Photo : J.J
L. / Photo :
De la salade de l’espace au
menu des astronautes
PAR CLAUDEL VICTOR
G
râce à un incubateur équipé de lampes spéciales, pen-
dant33jours,delalaitueromainerougeaétécultivéeen
micro-gravitéàborddelastationspatialeinternationale.
Lestroisastronautesquil’ontdégustéelundidernierse
-
raitpermettrededévelopperdespotagerssurMarsousurlaLune.
Jusqu’à aujourd’hui, les produits frais n’existaient pas dans
l’espace. Et si pendant des années, les agences spatiales ont fait
pousser plein de choses dans l’espace, les récoltes ont toujours été
envoyées sur Terre pour être examinées, et n’ont pas été mangées.
- Assurez-vous que votre ami(e) a installé
l’application WhatsApp sur son smartphone ou
tablette. Dans le cas contraire, envoyez-lui une
invitation.
correctement enregistré dans le carnet d’adresses
de votre appareil.
- S’il s’agit d’un numéro international, n’utilisez
tous les numéros de téléphone internationaux avec
un symbole + suivi par l’indicatif de pays.
- Ouvrez WhatsApp et rechargez l’écran “Favoris”.
Sur Android, cet écran s’appelle “Sélectionner un
contact”. Les contacts dans le carnet d’adresses de
votre téléphone qui ont WhatsApp vont apparaître
sur l’écran Favoris (Sélectionner un contact sur
Android). Vous ne pouvez démarrer une discussion
cette liste.
L’ASTUCE
AJOUTER UN AMI
SUR WHATSAPP
D
e nouvelles dynamiques
économiques et financières
caractérisent, en cette fin de
semaine, l’environnement
externe d’Haïti. Une nouvelle dépres-
sion mondiale se profile à l’horizon
dont le souffle risque d’affaiblir
dangereusement la valeur du dollar
états-unien. Ainsi que les monnaies
nationales par ricochet.
Dernière nouvelle : la Chine
dévalue le yuan* par rapport au
dollar US et provoque la grogne de
ses principaux partenaires com-
merciaux. La banque centrale
chinoise assure qu’elle vient de
rapprocher la valeur monétaire
du yuan des réalités du marché.
Cette soudaine dévaluation, selon
‘Le Monde’ a été largement perçue
« comme un puissant effort de
Pékin pour revigorer son com-
merce extérieur et stimuler une
activité en plein ralentissement ».
Persistance de la
stagflation**
Chez nous, conséquences d’un
scandaleux processus électoral,
le ciel est orageux et l’on prévoit
des épisodes violents. Attention
donc aux turbulences et aux
orages sociaux. Pour notre écon-
omie, c’est la ‘stagflation*’ tous
azimuts. Notre marché interne
est souffreteux et ouvert à tous
les vents. Pour nos gouvernants,
tout le monde il est beau et tout
le monde il est gentil. Le citoyen
lambda n’en croit ses oreilles.
Les entités asociales qui ont
siphonné et siphonnent encore les
devises dont le drainage systéma-
tique est source de maux de toutes
sortes pour l’économie haïtienne
doivent aujourd’hui se demander
quoi faire des centaines de mil-
lions de dollars qu’elles gardent
jalousement dans des banques
étrangères.
Une entité est dite ‘asociale’
lorsque ses attitudes et com-
portements ne respectent pas les
normes sociales, ou présentent
des difficultés d’adaptation à la vie
sociale et donc au vivre-ensemble.
C’est le cas, notamment, des com-
pagnies de téléphonie mobile, les
banques privées haïtiennes spécu-
latrices (BPHS) ainsi que tous les
autres initiés ayant accès aux
secrets des dieux et politiquement
bien souchés dans le terreau des
secteurs de pouvoir influents.
Le diable est dans les détails
Petit à petit, les conditions d’un
krach international se réunissent.
Et, quand on a des dizaines, voire
des centaines de millions de dol-
lars US qui dorment dans les cof-
fres de banques étrangères, on ne
peut se payer le luxe de dormir sur
ses deux oreilles. Il faut vite réagir,
autrement, toutes ces opérations
spéculatives n’auront donc servi
qu’à vous donner une migraine
atroce chronique. Que faire ?
Lorsqu’une crise financière mon-
diale est imminente – comme
celle, inéluctable, que prévoit le
FMI – l’or devient alors une valeur
refuge. Ce titre est en effet consi-
déré par les experts comme sécuri-
sant en cas de crise financière,
car il ne baissera pas pendant les
krachs et crises.
Actuellement, le cours de l’once
d’or est de 1 123,80 USD (
1,36%), celui du kilo d’or est
de 36 131,01 USD*** ( 1,36%).
Mais, prudence ! « Face à une
crise bancaire – explique Isabelle
Theosmy -, l’or représente la seule
valeur refuge. Voila ce qui expli-
que l’explosion de demande chez
les spéculateurs qui passent à
l’offensive pour trouver d’autres
espaces d’accumulations ».
L’immobilier, peut aussi être dans
certains cas considéré comme une
valeur refuge au même titre que
les obligations. Mais une valeur
refuge peut l’être un jour et ne plus
l’être le lendemain en fonction
des risques du marché. Certaines
monnaies furent en leur temps des
valeur-refuges. Le franc-suisse et
la couronne norvégienne le furent.
Avec le krach financier annoncé
les dollars US accumulés pour-
raient bientôt devenir un colis
encombrant pour nos rentiers.
L’investissement productif,
seule alternative viable
La meilleure valeur-refuge qu’on
puisse trouver en Haïti est
l’investissement productif dans
diverses filières de l’agriculture
haïtienne. Un investissement
est productif lorsque les résul-
tats générés sont supérieurs aux
coûts liés à cet investissement.
Il peut s’agir de résultats finan-
ciers mais aussi de résultats
positifs en termes de satisfac-
tion. L’investissement productif
est donc un investissement qui a
vocation à accroître la production,
au contraire d’un investissement
de remplacement qui ne consiste
qu’à remplacer un matériel défail-
lant, sans chercher à augmenter la
production.
Nos voisins dominicains le savent
qui, année après année, se préoc-
cupent de conserver un marché
aussi juteux que le nôtre. Entre
1,4 et 1,8 milliards de dollars
d’exportations vers Haïti, de
quoi faire sourciller tout groupe
d’investisseurs qui se respecte.
Imaginons qu’un groupe
d’oligarques rentiers – stimulés
par des banques commerciales
ramenées à la raison – décident
de reconquérir 20 % des impor-
tations haïtiennes de produits
dominicains (agriculture, élevage,
agro-industrie). 20 % de 1,8 mil-
liards de dollars US en cinq ans,
soit 360 millions de dollars US qui
resteraient en Haïti au lieu de ter-
miner leur course dans les poches
de nos voisins dominicains.
360 millions de dollars US dont 50
% - soyons optimistes – seraient
réinvestis dans la production
nationale, par exemple dans cer-
taines filières agricoles très por-
teuses, comme le riz, la volaille,
les œufs, les tubercules, le café,
le cacao, entre autres.
Nos oligarques rentiers pourraient
ainsi se reconvertir en investis-
seurs productifs respectables et
respectés qui ne verraient d’autant
plus d’inconvénients à investir
leurs profits dans l’agriculture,
l’élevage, l’agro-industrie et – pour-
quoi pas – dans l’enseignement
universitaire, qu’ils pourraient
bénéficier d’une remise en place
planifiée de barrières tarifaires et
non tarifaires. Ce qui, par ailleurs,
représenterait un premier pas vers
une réconciliation durable avec
la CARICOM et la possibilité de
garantir une présence souhaitable
sur le marché caribéen.
« Le diable - écrivit Karl Kraus -
est optimiste s’il pense pouvoir
rendre les hommes pires qu’ils ne
sont ». Par contre, nos oligarques
rentiers et spéculateurs à out-
rance peuvent eux-mêmes choisir
de devenir de meilleurs citoyens.
Et de se réconcilier avec la nation
haïtienne. Ils ont le choix.
*Le taux de change du yuan chi-
nois (CNY) par rapport au dollar
US (USD) est de 1 CNY pour 0.16
USD (cotation du 13 août 2015.
Le taux de change pour le yuan
chinois a été pour la dernière fois
– au moment d’écrire ces lignes
– mis à jour le 13 août 2015 par
le Fonds monétaire international
(FMI). Le taux de change pour le
dollar US a été mis à jour pour la
dernière fois le 13 août 2015 par
le FMI.
**La stagflation est la coexistence
de l’inflation et de la stagnation.
L’inflation est la hausse du niveau
général des prix qui équivaut à
une perte de valeur de la monnaie.
La stagnation est une période
prolongée de faible croissance ou
de croissance zéro de l’économie
d’un pays.
D’une façon générale, une crois-
sance annuelle de moins de 2% à
3%. A prolonged period of little
or no growth in the economy. Eco-
nomic growth of less than 2 to 3%
annually is considered stagnation
***Cotations du 12/08/2015 à
22h16
TAUX DE RÉFÉRENCE (BRH)
>Taux moyen d’achat
51. 6546 GDES
>Taux moyen de vente
52. 3001 GDES
COURS DE
LA GOURDE
13 AOÛT 2015
10 | N0
61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015
ÉCONOMIE
Spéculation, krach et
valeur-refugePar Henri Alphonse
TOUSAZIMUTS
DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0
61 | 11
ÉCONOMIE
S
i un ménage, même endetté
jusqu’au cou, vivait dans une
maison estimée à 200.000 dol-
lars, alors il pouvait emprunter
une part proportionnelle à la banque,
proche parfois de la valeur estimée
du bien.
Du point de vue des banques, le
calcul était simple : en prêtant
de l’argent, les ménages pourront
consommer, investir, vivre mieux
et dégager bientôt de quoi nous
rembourser ; pour ce service,
nous pouvons appliquer des taux
d’intérêts fluctuants, très prof-
itables, indexés sur le marché
pour maximiser le rendement des
prêts hypothécaires ; enfin, si la
famille en vient à ne plus payer
ses traites, nous pourrons saisir
le logement, ce qui constitue une
garantie de remboursement à coup
sûr. Chacun sait aujourd’hui que
ce scénario ne s’est pas déroulé
comme prévu.
La perversion du système
Si le mécanisme de crédits en était
resté là, tout injuste qu’il est pour
des travailleurs pris à la gorge, il
n’aurait pas provoqué la tempête
de 2008. En réalité, le système
va beaucoup plus loin. La finance
capitaliste repose sur un prin-
cipe élémentaire : les établisse-
ments prêtent de l’argent qu’ils
n’ont pas. Pour bien comprendre,
nous allons prendre un exemple
abstrait.
Mettons que mille individus
demandent, chacun, un prêt de
mille dollars à la banque A. Celle-
ci n’a pas un million d’euros en
poche ; mais elle peut en avoir
seulement 100.000, soit 10%, et
accorder malgré tout ces prêts.
Le procédé est simple : pour
récupérer le million de dollars,
elle recourt marché financier. En
émettant des actions, elle peut
se financer massivement, pour
réaliser ses opérations et au final,
donner à ses financeurs une bonne
rentabilité.
Le plus souvent, ça fonctionne très
bien : la banque A, si elle applique
un taux d’intérêt moyen de 5 % à
ses clients, en redistribuant 3 %
aux actionnaires et en empochant
2 % de commission, fait une excel-
lente affaire. Cela signifie qu’elle a
gagné 20 000 dollars, pour avoir
prêté un argent qu’elle ne possède
pas ; et au passage, elle a grasse-
ment rémunéré les actionnaires,
qui auront davantage confiance
en elle.
En réalité, les sommes sont bien
plus élevées, donc les risques
aussi. Pour parer les probabilités
de ne pas se voir rembourser, la
banque A veille à mutualiser les
risques. Elle combine les engage-
ments financiers : si une action
reposait, au bout du compte, sur
un seul crédit, elle ne vaudrait
plus rien au cas où l’endetté ne
rembourserait pas.
La banque A veille donc à ce que
chaque titre sur le marché cor-
responde à une somme de parts
dans de nombreux crédits, étalés
temporellement et géographique-
ment : c’est latitrisation.
De plus, notre banque émet en
réalité des actions pour un mon-
tant supérieur aux prêts qu’elle
fournit aux ménages ; ainsi, elle
place des capitaux dans une mul-
titude d’investissements, sûrs ou
très rentables. Avec une trésorerie
toujours égale à 100 000 dollars,
la banque A peut donc brasser, par
exemple, deux millions de dollars
sur les marchés financiers : tout
repose sur la promesse de gains
contenue dans le bénéfice qu’elle
réalisera sur cette capitalisation
élevée.
Là où l’affaire se corse dangere-
usement, c’est que les deux mil-
lions de dollars de capitalisation
font eux-mêmes l’objet d’une
spéculation. A partir de ces
actifs financiers sont émis des
dérivés de crédit, consistant en
des options d’achats – mais pas
des promesses – des actions con-
cernées. Ce mécanisme permet,
a priori, de réduire les risques :
un autre financeur, l’acheteur du
dérivé, se porte garant pour l’actif
et le « protège ».
En réalité, c’est un moyen pour les
financeurs de doper dans des pro-
portions astronomiques la quan-
tité de capitaux, donc les revenus
qui leur sont liés – les dividendes
notamment. Ce commerce juteux
s’est placé, ces dernières décen-
nies, au cœur du système finan-
cier international.
Pour l’exemple de la banque A, les
deux millions d’actifs financiers
peuvent faire l’objet d’un montant
équivalent de dérivés de crédit.
La capitalisation totale de l’affaire
est donc portée à quatre millions
de dollars ; le tout, alors que
seul un million a été effective-
ment prêté, et pourra fera l’objet
de remboursement ; et alors que
la trésorerie de la banque A est,
encore et toujours, à 100 000
dollars, soit moins de 3% de la
capitalisation totale prenant en
compte les dérivés.
L’exemple présenté, derrière des
sommes abstraites pour rendre
les mécanismes intelligibles, est
loin d’être une exception : c’est le
modèle de la finance capitaliste.
Il est question ci-dessus de dol-
lars, pour ne pas trancher avec le
présent exposé sur les subprimes
; mais le raisonnement reste par-
faitement valable en euros ou
en francs, étant donné que le
mécanisme est tout autant utilisé
par les compagnies d’assurance et
les banques françaises. Revenons
donc à notre exemple.
A partir d’un millions de dol-
lars dans l’économie réelle, qui
représentent déjà un pouvoir
d’achat artificiel pour les ménag-
es endettés, ce sont quatre mil-
lions qui peuvent transiter sur les
marchés et arroser copieusement
les gros porteurs d’actions.
Le système tient parce que les
capitaux se renouvellent, parce
que les ménages continuent de
contracter toujours plus de crédits
immobiliers ou à la consomma-
tion, et parce que les mouvements
de fonds sont permanents.
Il subsiste même si, parmi les 1
000 individus qui ont emprunté
mille dollars à la base, 50 en vien-
nent à ne pas pouvoir rembourser.
Mais à 100 insolvables, le système
vacille dangereusement ; et si la
confiance se perd, les capitaux
s’enfuient aussi rapidement qu’ils
sont arrivés.
*Benoit Delrue est journaliste au
quotidien français LE BILAN
**La suite dans la plus prochaine
édition du National.
© picpusdan2.free.fr/
Dans un processus décortiqué avec talent par Michael Moore dans son film Capitalism : A love story, les banques
ont mis en place au début des années 2000 un système pernicieux. Les familles surendettées se sont vues
proposer de prendre un crédit sur l’hypothèque de leur logement : en pleine ascension des prix de l’immobilier,
s’est diffusée l’idée selon laquelle les maisons sont des « tas d’or », des « banques » à elles seules.
Selon le FMI, la plus grosse
bulle financière de l'Histoire va
bientôt exploserPar Benoit Delrue* | 4 de 5
DUVENDREDI14AUDIMANCHE16AOÛT2015N0
61|1312|N0
61DUVENDREDI14AUDIMANCHE16AOÛT2015
Port-au-Prince,le10août2015.-lesMinistresdel’IntérieuretdesCollec-
tivitésTerritoriales,delaDéfense,desAffairesEtrangèresetdesCultes,
del’EconomieetdesFinances,ReprésentantsduConseilTechniquede
GestionetdeDéveloppementdesFrontièresontrencontréleSyndicat
desTransporteursHaïtiensreprésentéparFritzConstant,JosephMontes,
-
mentsmalheureuxsurvenusaupointfrontalierdeMalpasse-Jimanipendant
Cettesituationdedésordreetdetension,quiadébutéavecunebagarre
entredeuxriverainsdelafrontièrehaïtiano-dominicaines’estsoldéepar
undécèsdontl’Etathaïtiendéploreavecuneextrêmerigueurets’incline
devantladépouilledudéfunt.LamortdececamionneurlefeuJonasJoseph
ettrouverlemeurtrierpuisquelespartieshaïtiennesetdominicainesse
CedrameaprovoquélacolèredenosconcitoyensetleshabitantsdeMal-
passe,FondsParisiensontbloquélaroutenationaleNo…etontparalyséle
TechniquedesFrontières(CTF)regrettequedesfaitsaussitroublants
-
-
régnerl’ordreetladisciplinedanscettezonestratégiquepourlecommerce
-
entcommuniquésdemanièrecélèreauxresponsablesdel’administration
Judiciairepourlessuitesdedroit.
Parailleurs,laCommissionTechniquedeGestionetdeDéveloppementdes
FrontièresenappelleaucalmelesriverainsdeMalpasse,FondsParisisens,
NOTEDEPRESSE
RéuniondetravailentrelesmembresdelaCommissionTechniquedeGestionetdeDéveloppement
desFrontièresCTFetleDirectoireduSyndicatHaïtiendeTransporteursFrontaliers
vivreensembleetdebonvoisinage,enétantparticulièrementsoucieuxdu
suivantesaudirectoiredelaFENATH:
-laCommissionproposeinstammentauxsyndicatsdestransporteurs
Haïtiensd’engagerundialogueconstructifaveclaFédérationdestranspor-
entrelaRépubliqued’HaïtietlaRépubliqueDominicaine,quecesoitsurla
frangedeMalpasseoud’autrespointsdetransitdebiensetdepersonnes
surlabandefrontalièreengénéral.
-LaCommissionTechniquedeGestionetdeDéveloppementdes
aveclaPoliceNationaled’Haïti,l’AdministrationGénéraledesDouanes,les
structuresdelaDéfenseNationale,pourrenforcerlasécuritédesvéhicules,
desmarchandisesetdespersonnesdanstouslesaxesdepassagedela
frontière.
perspective,leGouvernementHaïtienmettratrèsbientôtenplaced’abord
seraopéréedeconcertaveclaDouane,lesyndicatdestransporteurshaï-
letransportdemarchandisesdanscetaxefrontalier.
LesMinistredel’Intérieur,delaDéfense,del’EconomieetdesFinances,
accompagnésparlesmembresduSecrétariatExécutifdelaCommission
TechniquedeGestionetdeDéveloppementdesFrontièresontréitéréaux
transporteursHaïtiensleurtotalsoutiendanslesdémarchesencoursvisant
árégulariserlasituationauxfrontièresetontinsistésurlafermedétermi-
nationduGouvernementhaïtiendemaintenirl’ordreetlapaixsurles380
kilomètresdefrontièresdupays.
-Fin-
INSERTIONDEMANDÉE
SPORT
INSERTIONDEMANDÉE
14 | N0
61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015
JUSTICE
Faut-il une loi fixant le statut d'une Première
dame en Haïti ?
par Eddy Laguerre, Av.
C
e n’est pas seulement en
Haïti qu’il n’existe aucune
loi traitant du rang, du
traitement ou même des
pouvoirs d’une première dame. Le
terme « première dame » ou « first
lady » vient d’abord d’une tradition
américaine. La porteuse de ce titre
ne remplit pas une fonction mais, est
souvent appelée, selon les cultures et
les peuples, à jouer des rôles, pour le
moins, importants.
Il convient de souligner d’entrée
de jeu que, comme dans le cours
de l’histoire, de plus en plus de
femmes sont arrivées à des postes
de chef d’État ou de gouverne-
ment, on a donc introduit, pour
leurs maris, l’appellation anglaise
de « First gentlemen » qui se dit
en français « Premier monsieur
». Aussi dans des pays comme
la France, on attribue le titre de
« première dame », même à la
compagne non mariée du chef de
l’État, comme c’était le cas pour
Valérie Trierweiler avant sa sépa-
ration avec le président François
Hollande. Une partie de la presse
américaine, pour se référer à la
compagne du président Hollande,
avait préféré parler de « First girl-
friend » ou « Première petite-amie
».
Certaines premières dames ont pu
rattacher des fonctions officielles
à leur statut. C’est par exemple,
le cas de madame Hilary Clinton
qui, au cours du mandat du pre-
mier mandat de son mari Bill Clin-
ton, comme président des États-
Unis, a été nommée conseillère
à la maison blanche, en matière
de réforme du système de santé.
L’épouse du président Français
Nicolas Sarkozy, Cécilia Sarkozy
a pendant longtemps travaillé
au sein des cabinets ministériels
tandis que la femme du prési-
dent sénégalais Laurent Gbagbo,
Simone Gbagbo a occupé le poste
de vice-présidente de l’Assemblée
nationale, durant le mandat de
son mari.
Des avantages naturels ?
Tandis que se tient en Haïti la
course à la 50ème législature, on
n’a pas trop entendu de candidats
se pencher sur cette question rela-
tive au rôle de la première dame
qui vient pourtant de faire la une
au cours de la législature précé-
dente. En effet des parlementaires
ont contesté la décision du prési-
dent Michel Martelly de nommer
son épouse Sophia, coordonatrice
d’une commission présidentielle
chargée de lutter contre la faim.
À la campagne électorale pour les
législatives 2015, un seul candidat
a parlé d’une proposition de loi
sur les services de la présidence
qui pourrait aussi inclure des dis-
positions relatives à l’épouse du
président de la République.
Mais, il demeure qu’aujourd’hui,
presque tout ce qui a rapport à la
première dame est dicté soit par
la morale, soit par le bon sens. Sur
le plan protocolaire, la place et les
honneurs dûs à une première dame
dans les cérémonies officielles et
les réunions publiques relèvent
encore de l’usage. En outre, en
tant qu’épouse d’un chef d’État,
elle a accès à des dossiers et à
des informations de haute impor-
tance, mais le devoir de réserve
auquel elle doit logiquement se
courber, ne lui est pas attribué par
une loi, comme c’est le cas pour
les fonctionnaires publics.
En Haïti, comme ailleurs, l’épouse
du président dispose, dans la pra-
tique, d’un bureau et d’un service
de presse. Mais le mode de rap-
port entre ce bureau et les autres
organismes publics ne sont pas
clairement définis dans notre
droit administratif. La première
dame est-elle une supérieure
hiérarchique pour un ministre
? Peut-elle lui passer des ordres
? On aura beau répondre par la
négative à chacune de ces ques-
tions et rappeler que le ministre
relève directement du Premier
ministre, chef du gouvernement,
mais à l’épreuve de la réalité on
pourrait aisément remarquer le
contraire.
Un statut incompatible
avec d’autres fonctions ?
Les incompatibilités entre le
statut de première dame de la
République et l’exercice de cer-
taines fonctions pourraient aussi
relever du domaine de la loi.
Sans qu’aucune loi ne l’interdise
expressément en Haïti, des ques-
tions éthiques peuvent se sou-
lever contre une première dame
occupant des fonctions qui la font
intervenir directement dans la ges-
tion de la chose publique. Même
si son rôle de facilitatrice dans
certains secteurs notamment pour
la réussite de certains projets, est
bien toléré et parfois félicité, il
demeure que le fait par une pre-
mière dame d’être formellement
nommée par son mari président,
est apparu comme une violation
d’un principe bien que non-écrit.
Toutefois, le débat sur les incom-
patibilités, peut aller plus loin et
s’étendre à des domaines appar-
emment plus simples.
Une femme juge dont le mari est
devenu président de la Répub-
lique peut-elle continuer à faire
partie du pouvoir judiciaire ? Sa
présence ne porterait-t-elle pas
atteinte à l’indépendance de ce
pouvoir ? En plus de la fonction de
juge, la même question pourrait se
poser pour presque toutes les pro-
fessions judiciaires, à l’exception
de celle d’avocat. Une première
dame peut-elle continuer à être
notaire ou arpenteur ?
Dans des pays où la démocratie a
pu atteindre le stade de la maturi-
té, on a vu des premières dames
jouer le rôle de parlementaires
durant le mandat de leurs maris.
Mais en Haïti, on peut difficile-
ment imaginer ce qui arriverait si
l’épouse d’un président en fonc-
tion, serait députée ou sénatrice
et que, de surcroit, celle-ci serait
devenue présidente de l’une des
deux chambres du Parlement. La
constitution prévoit plusieurs cas
où le chef de l’État doit entrer en
consultation avec les présidents
des deux chambres pour des choix
importants tels celui d’un Premier
ministre, au cas où il n’y aurait
pas de parti majoritaire au Par-
lement. Si sa femme est amenée
à présider l’une de ces chambres,
c’est le principe même de la sépa-
ration des pouvoirs qui pourrait
être mis en péril.
Toujours dans le chapitre des
incompatibilités, on pourrait, dans
un cadre plus large, se demander
si l’épouse du président de la
République peut continuer à être
une employée au sein d’une insti-
tution privée ou publique ? Peut-
elle continuer à être, par exem-
ple, une employée au sein d’un
ministère, ayant ainsi un ministre
et un directeur général comme ses
supérieurs hiérarchiques ?
Les positions, par rapport aux
questions soulevées ici, pour-
raient diverger d’un juriste à
l’autre mais loin d’exprimer une
opinion, ces questions tentent de
soulever un débat qui mérite de se
faire aujourd’hui en Haïti.
Quelle juridiction pour
juger une première dame ?
La constitution haïtienne recon-
nait un privilège de juridiction
au président de la République
comme à beaucoup d’autres hauts
fonctionnaires de l’État. En effet,
l’article 189 de la Constitution de
1987 dispose que le président de
la République est passible de la
haute cour de justice. Tel n’est pas
le cas pour son épouse qui peut
donc aisément être poursuivie
par devant les juridictions ordi-
naires. Aucune disposition légale
n’interdit formellement la pour-
suite et l’emprisonnement d’une
première dame ou de tout autre
membre de la famille présiden-
tielle.
Les questions que l’on pourrait
se poser sur les prérogatives de
l’époux ou de l’épouse d’un chef
d’État en Haïti, sont nombreuses.
Même en cas de décès de ce
personnage on pourrait être
amené à se demander s’il faut
faire des funérailles nationales
ou officielles. La loi, dit-on, ne
peut pas tout prévoir. Peut-être,
au lieu de penser à un texte
législatif consacré uniquement à
la personne de la première dame,
on pourrait en profiter pour traiter
de manière générale de la famille
présidentielle. Mais dans tous les
cas de figure, le débat mérite de
se faire.
La Première dame Sophia Martelly. / Photo (archives) : J. J. Augustin
Dans beaucoup de pays, les épouses des présidents de la République interviennent dans des domaines
spécifiques qui se rapportent souvent à la santé, à la jeunesse, à l’éducation, aux droits des femmes ou à la
protection de certaines minorités telles : les handicapés, les malades du sida, etc. En Haïti, on a connu des
premières dames qui sont complètement restées dans l’ombre, soit par choix personnel ou stratégique, soit
en fonction du tempérament de leurs maris présidents. On a aussi connu des épouses de présidents qui se
sont mises au devant de la scène, essuyant parfois des critiques sur la légalité - voire la légitimité- de leurs
interventions. Pour en finir, faut-il qu’une loi vienne fixer les limites et le champ d’action d’une première dame ?
DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0
61 | 15
SOCIÉTÉ
Où sont passés nos fruits ?Par Stephanie Balmir
La majorité des fruits haïtiens ont leur période. Durant l’année, ils ne sont pas tous présents sur le marché.
C’est pendant les vacances d’été qu’une variété de fruits est remarquée. Cette année, on n’en voit presque pas.
La rareté de pluie, la sécheresse, le prix et la qualité sont autant de facteurs qui, selon certaines marchandes,
empêchent une grande production de fruits.
A
u marché Salomon, rien n’a
changé. Le bruit et le tohu-
bohu habituels sont au ren-
dez-vous. Les marchandes
gardent les mêmes places au soleil.
De grands chapeaux de paille sur la
tête, elles invitent les clients à achet-
er toutes sortes de produits : fruits,
légumes, produits alimentaires, entre
autres. Des marchandes ambulantes
vendent des sachets d’eau. Tandis
que des voitures créent la panique
de temps à autre. Le long de la rue
sont étalés ces produits rares. L’on
verra surtout des grenadias, surn-
ommés fruits de la passion et des
melons. C’est leur période. Deux ou
trois marchandes de cerises laissent
croire qu’elles ne sont pas si rares.
Plus loin, l’on verra des abricots, des
ananas, quelques oranges et des cit-
rons auxquels le soleil de midi fait la
guerre.
Quoique l’on remarque certains
fruits : avocats, mangues, qué-
nèpes, la quantité est négligeable
lorsque l’on sait que cette péri-
ode est la leur. La majorité des
marchandes croit que la rareté des
fruits est due à la sécheresse que
le pays connait depuis quelque
temps. « Certains fruits dépen-
dent de la pluie. Si la sécheresse
s’établit, ils deviennent automa-
tiquement rares », explique une
marchande de cerises, dans la
vingtaine. D’ailleurs, elle reste
convaincue que le cerisier qu’elle
a, à Léogâne, accuse une produc-
tion très limitée, cette année.
Plus loin, des marchandes de
figues-bananes s’agglutinent
devant leurs paniers qui ten-
dent à toucher les parasols qui
les protègent. Deux d’entre elles
questionnées sur la présence des
fruits dominicains sur le marché
haïtien disent n’en rien savoir :
« nous vendons uniquement des
figues-bananes haïtiennes. Qu’il
y ait des figues dominicaines sur
le marché, cela ne nous regarde
pas de toute façon ». Pourtant,
une autre avoue que les figues
dominicaines sont très fréquen-
tes sur le marché local. Toute-
fois, elle a le soin de souligner
qu’elles sont inferieures à celles
produites en Haïti. « Regardez, ces
figues-bananes haïtiennes, elles
sont laides et petites, la plupart.
Tandis que, celles venant de la
République dominicaine parais-
sent jolies. Cependant, il faut s’en
méfier car elles n’ont ni goût, ni
vitamine. Nous les achetons rare-
ment ».
« Il y a toujours des fruits domini-
cains ici et cela nous dérange »,
prononce une marchande de gre-
nadias rencontrée plus loin. Avec
un drôle de visage, elle raconte
qu’il y a même un entrepôt de
melons dominicains au marché
Salomon. « Nous sommes soula-
gées, ces dernières semaines. Nous
vendons parce que ces fruits sont
interdits, ces jours-ci ». Toutefois,
elle admet que les melons domini-
cains sont très sucrés, donc, sont
préférés à ceux que nous produi-
sons.
Dans un coin, non loin d’une
marchande de nourriture, deux
marchandes de mangues discu-
tent. Pour ces deux femmes qui
croient que la production de
mangues a considérablement
baissé, aucune autre raison
sinon l’absence de pluie ne peut
expliquer cette situation. « Il ne
pleut pas. Les fruits deviennent
de plus en plus chers », raconte
l’une d’entre elles. « Puisque nous
achetons nos mangues à des prix
exorbitants, nous sommes obli-
gés de les revendre à des prix qui
peuvent nous aider à générer des
bénéfices », renchérit l’autre en
mangeant tranquillement l’une
des mangues exposées dans une
cuvette sur le trottoir.
Une marchande de fruit installée
à Pétion-ville avoue qu’elle vend
souvent des fruits dominicains.
Notre plus grand handicap, selon
elle, est le fait que nos fruits sont
saisonniers. « La majorité de
nos fruits sont saisonniers. Cela
dérange l’équilibre de leur vente.
Les Dominicains produisent des
fruits tout au long de l’année et
cela constitue un avantage », sig-
nale-t-elle. Elle prend d’ailleurs
l’exemple de la papaye qui devi-
ent rare. « Nous n’avons plus de
papayes. Est-ce que les marchan-
des attendront la prochaine saison
pour en vendre ? Moi person-
nellement, j’achèterai des fruits
dominicains une fois qu’ils seront
disponibles sur le marché haïtien.
Parce que je dois vendre. Je dois
vivre».
Un homme installé à côté de
la marchande souligne que la
rareté de nos fruits est due au
manque d’agronomes dignes
de ce nom. « Nous n’avons plus
d’agronomes. Nos enfants veulent
tous être médecins maintenant.
Il y a quelques années, les agro-
nomes trouveraient une solution
à la rareté de fruits qui sévit en
Haïti aujourd’hui ». En outre, ils
mettent l’accent sur la construc-
tion dans nos plaines qui perdent
leur vocation. « La plaine du
Cul-de-Sac était réputée pour sa
grande production de mangues
et de cannes-à-sucre. Aujourd’hui,
nous n’y voyons que des masses
de béton ».
La rareté de la pluie, la sécher-
esse, le prix et la qualité sont
autant de facteurs qui, selon les
marchandes empêchent les fruits
haïtiens de connaitre un essor,
d’autant que ceux-ci sont saison-
niers. Des solutions doivent être
envisagées pour réguler cette situ-
ation et, du même coup, réduire
le taux de consommation de fruits
étrangers. Selon les déclarations
de certaines marchandes de fruits
au centre-ville, les fruits domini-
cains sont frappés d’interdiction
d’entrée sur le marché haïtien.
Serait-ce la pose d’une première
pierre pour règlementer la vente
de fruits ?
La majorité des fruits haïtiens ont leur période. / Photo : Ruben Chéry
L
e dimanche 9 août, vers 3
heures de l’après-midi, me
raconta Édouard, il reçût un
appel de son ami Carl Manda-
rin, un candidat député. Ce dernier
voulait le voir immédiatement.
Édouard, vu la situation, on était en
pleines élections, se dépêcha de se
rendre chez Mandarin. Il trouva celui-
ci dans sa jeep, déjà à l’attendre.
-Tu vas avec moi, dit-il à Édouard.
-Nous allons où ?
-Chez ton ami. Albert Buron.
-Pourquoi faire ?
-Tu es son ami. J’ai besoin de toi.
Édouard exigea de savoir de quoi
il s’agissait même s’il faisait confi-
ance à Mandarin.
-Buron contrôle deux centres de
vote dans la commune, expliqua
Mandarin. Les plus importants.
-Mais il n’est pas candidat !
S’étonna Édouard.
-Tu viens avec moi et tu compren-
dras.
Édouard, dès qu’il s’agissait
d’Albert Buron, était toujours inté-
ressé, car il n’y avait pas mieux
que ce prototype d’Haïtien comme
il faut pour bien comprendre la
réalité haïtienne. Il monta dans la
jeep et Mandarin démarra dans un
crissement de pneus.
-Comment Buron a-t-il fait pour
avoir le contrôle de deux centres
de vote ? demanda Édouard.
Mandarin fut pris d’une quinte
de toux.
-Buron pa jan m kandida men li
konn fè eleksyon.
Édouard ne dit rien. La maison de
Buron n’était pas trop loin. Dès
que Mandarin se gara dans la cour
de Buron, Édouard constata le va
et vient fiévreux dans la demeure.
Il y avait d’autres véhicules garés
dans la cour. Il vit sortir un groupe
d’individus gesticulant et voci-
férant promettant même de faire
la peau à Albert Buron. Mandarin
soupira.
-Pale anpil comme on dit chez
nous. Tout moun gen yon zanno
kay Buron. Personne n’osera s’en
prendre à lui. Le problème, c’est
qu’il est dur en affaires.
-Quelles affaires ? demanda
Édouard stupidement.
Une domestique introduisit Man-
darin qui dut parlementer un
instant pour qu’il soit accompagné
d’Édouard. Cela ne plut pas à
Albert Buron quand il reçût Man-
darin.
-Vous devriez venir seul, dit le
grand Haïtien.
-Édouard est un conseiller de mon
parti.
-Édouard ne connait rien à la réali-
té de ce pays, marmonna Buron.
-C’est moi qui décide de tout,
Buron, insista Mandarin. J’ai
voulu cependant que mon con-
seiller m’accompagne.
Buron jeta un regard mauvais à
Édouard.
-Vous êtes un bon hypocrite. Vous
ne m’aviez jamais dit que vous
étiez avec lui.
Il prit un verre et une bouteille
de whisky.
-Cela ne change rien. Les affaires
sont les affaires. Il y a huit can-
didats, mais je vous offre une
victoire facile avec ces deux cen-
tres de vote. Avec en prime, pour
éviter toute mauvaise surprise, la
fermeture de quelques bureaux
de vote de la commune qui pour-
raient nuire à votre projet. Vous
offrez quoi ?
Édouard dit qu’il resta sans voix.
Ce fut seulement à ce moment
qu’il comprit ce qui se passait.
-J’ai apporté l’argent, dit Manda-
rin.
-Combien ? dit Buron, le visage
radieux.
Mandarin dit un chiffre. Buron se
renfrogna.
-Il y a deux candidats qui offrent
légèrement mieux.
Mandarin fit un clin d’œil à
Édouard.
-Moi, je peux proposer des choses
sur le long terme.
Buron soupira.
-Quoi ?
-J’ai de très bons contacts avec
des personnes bien placées.
Buron ricana.
-Je vous écoute.
-Je peux vous arranger plein de
chose aux frontières par exem-
ple…. Vous voyez de quoi je parle
?
Buron déposa son verre sans avoir
pris une gorgée. Il réfléchissait,
soupesait la proposition de Man-
darin.
-50 000 en plus et vous êtes
député.
Mandarin se tourna vers Édouard.
-Dites quelque chose, cher con-
seiller.
Édouard comprit alors pourquoi
on l’avait emmené.
-Buron… Quand même… Manda-
rin était sur le même banc d’école
que vous.
-Les affaires sont les affaires, rugit
Buron.
-Vingt cinq mille, Buron, dit
Édouard. Allons… Pour nous
faites un effort.
-C’est bien pour vous, marmonna
Buron. Va pour Vingt cinq mille.
Mais la frontière… La frontière !
Je prends même les rapatriés.
Mandarin sortit son carnet de
chèques. L’affaire se conclut rap-
idement. Buron offrit même… en
prime au candidat une bouteille de
champagne. Édouard raconta qu’il
ne parvint plus jamais à placer un
mot. D’autres candidats arrivaient
chez Buron. « Il a un réseau impor-
tant dans quelques communes. Se
nèg ki konn fè eleksyon” expliqua
Mandarin. Édouard demanda à
Mandarin s’il faisait confiance à
Buron. « En affaires, il faut pou-
voir inspirer confiance. »
-Si quelqu’un d’autre va fermer
les centres contrôlés par Buron ?
Mandarin secoua la tête.
-On voit que tu ne comprends
pas trop bien la situation. Ce
quelqu’un d’autre ici, ne peut
être que Buron. Se li k konn fè
eleksyon isit lan.
C’est ce que me raconta Édouard
qui dut s’aliter pendant trois
jours, vaincue par une migraine
carabinée.
16 | N0
61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015
SOCIÉTÉ
Avis
Le Tribunal de Première Instance
de Port-au Prince compétemment
réuni au Palais de Justice de cette
ville a rendu en audience publique
et en ses attributions civiles un
jugement de divorce entre les
époux Réginald Nadel LAMARRE
femme née Merry Lavenal ainsi
libellé :
Par ces motifs : Le Tribunal après
examen et sur les conclusions
conformes du Ministère public
accueille l’action du requérant
pour être juste et fondée, main-
tient le défaut octroyé contre la
partie défenderesse pour le profit
du défaut déclare fondée la dite
action. Admet en conséquence le
divorce du sieur Reginald Nadel
LAMARRE d’avec son épouse
Merry Lavenal pour incompatibil-
ité de caractères et injures graves
et publiques; prononce la dis-
solution des liens matrimoniaux
existant entre dits époux ; ordon-
ne à l’Officier d’Etat Civil de la
commune de Delmas de transcrire
dans les registres à ce destiné le
dispositif du présent jugement
dont un extrait sera publié dans
l’un des quotidiens s’éditant à la
capitale sous peine de dommages
et intérêts envers les tiers s’il y
échet. Compense les dépens vu
la qualité des parties ; Commet
l’huissier Jean Joseph Donald
Cadet de ce tribunal pour la sig-
nification relative à l’exécution du
présent jugement ;
Donné de nous, Jacques Hermon
CONSTANT, Juge en audience
civile ordinaire du mercredi dix
sept juin deux mil quinze (17 juin
2015) ; en présence de Me. Paul
Wesley Substitut Commissaire du
Gouvernement de ce ressort et
avec l’assistance du sieur Homère
Romain Greffier du siège.
Il est ordonne. Etc….
En foi de quoi, etc…….
Me Daniel Jeudy
Avocat
Avis
Le Tribunal de Première Instance
de Port-au Prince compétemment
réuni au Palais de Justice de cette
ville a rendu en audience publique
et en ses attributions civiles un
jugement de divorce entre les
époux Justin Morel VOLMIDOR
femme née Joseph Erzulia LUBIN
ainsi libellé :
Par ces motifs : Le Tribunal après
examen et sur les conclusions
conformes du Ministère public
accueille l’action du requérant
pour être juste et fondée, main-
tient le défaut octroyé contre la
partie défenderesse pour le profit
du défaut déclare fondée la dite
action. Admet en conséquence le
divorce de la dame Joseph Erzu-
lia Lubin d’avec son époux Justin
Morel Volmidor pour incompati-
bilité de caractères et injures
graves et publiques; prononce la
dissolution des liens matrimoni-
aux existant entre dits époux ;
ordonne à l’Officier d’Etat Civil de
la section Nord de Port-au-Prince
de transcrire dans les registres à
ce destiné le dispositif du présent
jugement dont un extrait sera
publié dans l’un des quotidiens
s’éditant à la capitale sous peine
de dommages et intérêts envers
les tiers s’il y échet. Compense
les dépens vu la qualité des par-
ties ; Commet l’huissier Jean
Joseph Donald Cadet de ce tribu-
nal pour la signification relative à
l’exécution du présent jugement ;
Donné de nous, Jacques Hermon
CONSTANT, Juge en audience
civile ordinaire du mercredi dix
sept juin deux mil quinze (17 juin
2015) ; en présence de Me. Paul
Wesley Substitut Commissaire du
Gouvernement de ce ressort et
avec l’assistance du sieur Homère
Romain Greffier du siège.
Il est ordonne. Etc….
En foi de quoi, etc…….
Me Daniel Jeudy
Avocat
PETITES ANNONCES
Les affaires sont les affairespar Gary VICTOR
EXIT
DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0
61 | 17
CULTURE
Lire rime à loisirPar Carl-Henry PIERRE
L
’implication de la jeunesse ne
dépend pas d’une certaine oli-
garchie littéraire, des grands
qui barrent la route aux petits,
ni du manque d’ouverture des ainés.
« Les jeunes doivent travailler dur
pour se faire une place au soleil », a
déclaré l’écrivain Évains Wêche, dans
un entretien au journal Le National.
Pour l’auteur de «Les Brasseurs de la
ville », il n’y a pas de cadeaux, surtout
en littérature.
Le National : La quinzaine du livre
des Éditions des vagues, en quoi
consiste-elle?
Evains Wêche : La quinzaine du
livre des Éditions des Vagues est
une activité de promotion du
livre et de la lecture. Nous comp-
tons présenter la lecture comme
activité de loisir auprès des jeunes
vacanciers/vacancières. Aussi,
durant la quinzaine, nous avons
opté pour des activités culturel-
les récréatives diverses : lecture
scénique, ateliers d’écriture et de
lecture, animations, spectacles,
rencontres avec les auteurs,
quelques débats, etc. Contraire-
ment à la plupart des activités
autour du livre, nous espérons
aller à la rencontre des lecteurs
tant à Port-au-Prince que dans les
villes de province comme Jacmel,
Gonaïves, Ouanaminthe, Jéré-
mie...
L. N: En effet, « Regard critique
sur l’implication de la jeunesse
haïtienne dans la littérature con-
temporaine » est le thème qui sera
débattu le mardi 18 août 2015, au
Centre Numa Drouin, à Jérémie.
Pourquoi une telle thématique?
E. W : La littérature haïtienne
brille de tous ses feux. Le par-
cours d’un Gary Victor, d’une
Kettly Mars, d’un Dany Laferrière
ou d’une Yanick Lahens, fait rêver
plus d’un. Beaucoup de jeunes
veulent se lancer/se lancent dans
l’écriture et espèrent devenir le
prochain James Noël ou le pre-
mier à recevoir le Goncourt. C’est
formidable! Nous avons une forte
densité d’auteurs de fiction par
kilomètre carré qui parait extraor-
dinaire. Mais, ces jeunes n’ont
pas toujours les moyens de leur
politique. La qualité douteuse des
manuscrits que nous recevons aux
Éditions des Vagues nous laisse
perplexes. Les éditeurs cherchent
de bons textes, personne ne sou-
haite passer à côté du prochain
Proust ou du Frankétienne en
herbe. Nous en sommes venus à
la conclusion que l’implication de
la jeunesse ne dépend pas d’une
certaine oligarchie littéraire, des
grands qui barrent la route aux
petits, ni du manque d’ouverture
des ainés. Les jeunes doivent tra-
vailler dur pour se faire une place
au soleil. Il n’y a pas de cadeaux,
surtout en littérature.
L.N: Après les «vagues littéraires »
assistera-t-on à une vague de pub-
lications de jeunes auteurs sous le
label de l’Édition?
E. W : Nous avons publié bon
nombre de jeunes auteurs et nous
continuerons à le faire. Je te cite
comme ça quelques titres de notre
catalogue : Ma dernière séquence
de Jean Erian Samson, Aloufa
de Samuel Frantz Suffren, Vag
yo pran egzil de Selmy Accilien,
Lapenn enfini de Sénat Franckel,
Ti-Chany lan d’Anthony Fortunat,
À la une des saisons nouvelles de
Jameson Despeignes, Souri bolid
de Garnel Innocent, Ville entre
parenthèse de Davidson Gilot,
Brûlure ! de Junior Borgella…
Malgré notre remarque sur le
manque de travail de nos jeunes
auteurs, nous avons quand même
reçu quelques textes intéressants
cette année. Nous allons travailler
avec plusieurs poètes et des nou-
vellistes. Nous souhaitons aussi
rencontrer d’autres auteurs dans
les autres départements durant
notre tournée !
L.N: C’est quoi le bilan pour les
jours écoulés?
E. W : D’une manière générale, tout
se passe bien. Nous sommes actu-
ellement aux Gonaïves à l’Alliance
Française. À Jacmel, les jeunes du
centre culturel Charles Moravia
nous ont épatés. Les participants
manifestent beaucoup d’intérêt
pour nos titres, vendus à prix
modique pour l’occasion. Nous
passons d’agréables moments en
leur compagnie. Il y a beaucoup
d’échanges. Ils sont très curieux.
Les difficultés sont plutôt d’ordre
économique : nous avons très
peu de partenaires, en dehors des
institutions qui nous ont ouvert
leurs portes. Par ailleurs, il faut
avouer que les élections nous
ont volé la vedette. Ce qui nous a
amenés à revoir notre calendrier.
Le National: Quelle sensation le
festival vous procure-t-il?
Evains Wêche : L’équipe est très
enthousiaste. Sans pour autant se
faire d’illusions : la quinzaine du
livre, c’est toute une entreprise!
Les tensions sont énormes. Mais
nous nous enrichissons de cette
nouvelle expérience. Écrivains,
nous réalisons combien notre tra-
vail est important aux yeux des
lecteurs; éditeurs, nous sommes à
l’affut des moindres commentaires
des participants pour mieux les
connaitre et les satisfaire à l’avenir.
Nous avons aussi un sentiment de
fierté, une sensation agréable de
participer à la construction d’un
monde meilleur. Quand un lecteur
siffle de joie et d’admiration en
lisant quelques vers de Souri bolid
de Garnel Innocent, notre cœur
bat la chamade : nous lui avons
offert un peu de bonheur!
L’écrivain Évains Wêche.
O
n est lundi 10 août, toute
la ville de Dessalines est en
branle. Maisons repeintes,
décorations, boutiques
nouvellement installées sur toute la
Grand-rue (Rue Jacques premier),
mobiles publicitaires sillonnant
la ville, tous les secteurs se mobil-
isent. C’est la Sainte-Claire, la sainte
patronne de Dessalines.
La fête s’étend sur trois jours. Le 10
août est le premier jour de la grande
célébration et le dernier annonciateur
du jour principal (le onze). Là tout est
prêt pour la fête, boutiques d’articles
mystiques, boutiques de vêtements, le
transport, la restauration, l’hôtellerie,
bref tout est en activité. Cependant ces
activités semblent ne pas être renta-
bles par rapport aux années passées.
Yolette Pierre, propriétaire d’une bou-
tique de vêtements qui vient de Saint-
Marc pour la fête, se plaint de n’avoir
rien vendu. «Ha j’ai rien vendu, il n’y
a pas d’électricité, on n’a pas pu rester
la nuit. Et regarde en face de nous…
d’habitude tout ce trottoir est rempli
de petites boutiques pour l’occasion,
cette année les affaires ne marchent
pas », a-t-elle déclaré.
Elle n’est pas la seule à se plaindre, le
transport aussi, la restauration aussi.
À la réception d’un hôtel à l’angle
des rues Géfrard et Pérodin, on nous
explique « il y a vraiment une baisse
pour la fête cette année-ci. Jusqu’à
présent on a des chambres vides alors
que pour les années écoulées, toutes
nos chambres étaient déjà occupées ou
réservées bien avant ». Un autre hôtel
à la rue Turling prolongée abonde dans
le même sens.
Tout le monde accuse les élections du
9 août.
Cette année, c’est New look et New
bell qui ont fait danser la population
pour le premier grand jour. Le 11, le
jour principal, est caractérisé surtout
par le spirituel. Le mystique. Au petit
jour une messe est célébrée à l’église
Sainte-Claire, cette église plus vieille
que notre indépendance suivant les
propos de Durolguens.
Pas beaucoup de monde, pour cette
première messe. D’un autre côté
des marchands d’articles mystiques,
des pauvres, des Hougans et Mambo
s’agitent. Dieulet Dieu-Grand, un
Hougan, venu de Savane à roche,
donne les numéros qui vont sortir à la
loterie. Mais semble-t-il qu’il ne joue
pas lui-même car il se plaint de ne pas
avoir de clairin (alcool) ni de frais de
transport pour le retour.
Peu de temps après, neuf heures son-
nent, c’est la grande messe. Là il y a
beaucoup de monde. La messe a été
célébrée en présence du commissaire
de police, du maire par intérim de la
ville, Dunel Josapha, du vice-délégué,
Wadner Joseph et du candidat à la pré-
sidence, Samuel Madistin. Mais le spi-
rituel n’est pas fini, allons à la source !
À la source Félicitée, située à l’ouest de
la Première capitale noire du monde,
juste plus bas du fort Timadanm, c’est
le bastion du spirituel. Cérémonie
vodou, veau offert en sacrifice, champs
de bougies allumées. Bref, vous ne
pouvez pas avoir une vue d’ensemble
de ce labyrinthe si vous n’avez pas un
moyen aérien. On y vient pour pren-
dre un bain de chance, pour laver le
djòk (malchance) qu’on a sur soi, pour
adresser une demande à la sainte, pour
consulter un Hougan ou mambo afin
de voir ce qui se passe dans sa vie ou
ce qui va arriver etc.
Mizè fanm, une dame dans la tren-
taine venue de Plassac, cherche une
solution à ses problèmes. L’an dernier,
elle y était déjà mais rien n’a encore
changé, confie-t-elle. Il faut noter que
tout l’espace à la source n’est pas libre,
il y a un espace fermé, on dirait une
chambre, il faut avoir 25 gourdes pour
y avoir accès. Interdiction de prendre
des photos, des personnes s’y baignent
toutes nues. À la sortie, Olius, un jeune
homme de 25 ans venu de saint-Marc,
il est là parce que des fois il a envie
de se lever et de courir pour fuir les
problèmes de la vie. Comme un Forest
Gump. Il vient implorer la sainte, dit-il.
À regarder le talent des danseuses de
vodou dans leurs costumes multicolo-
res, vous ne quitterez pas la source.
Cette deuxième journée est clôturée
par la traditionnelle affiche de Tropi-
cana et Backy.
Le douze est le dernier jour, le rendez-
vous se donne à Borin. Cette rivière
draine une tradition telle qu’elle est
plus connue et fréquentée (en période
de fête) que beaucoup de plages du
pays. D’ailleurs on l’appelle « Borin
beach ». On ne peut pas être de la ville
de Dessalines et ne pas aimer Borin,
dit-on (ne serait-ce que le 12 août). On
y trouve tout le monde aux sons des
DJ, des bandes de Rara, et des groupes
musicaux.
On se baigne, on danse, on rigole, bref
des milliers de gens se détendent.
Ce fief de Septentrional, où il a fait
danser « gason djè djè » encore une
fois cette année, reçoit, aux cotés de «
Bernard beach » qui recevait Djakout
#1, l’avant dernier grand événement
de la fête. Puis tout se clôture dans la
soirée avec les bals. C’est le groupe Le
Compas qui a mis le point final à la
sainte patronale de la ville du premier
chef d’État socialiste noir du monde.
18 | N0
61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015
CULTURE
Célébration de la Sainte ClairePar Sabry ICCENAT
Comme à l’accoutumée, la commune de Dessalines a fêté ces 10, 11 et 12 août la Sainte-Claire. La plus grande
fête patronale de l’Artibonite et l’une des plus grandes du pays a connu une baisse considérable cette année,
due, à en croire les acteurs principaux de ladite fête, à l’organisation des élections du 9 août et aux conditions
économiques du pays qui s’enveniment.
Votez-moi ! Matyas Dand'or a frappé fort
Par Ricardo Nicolas
M
atyas&Jojestl’histoirede
deux compères insépara-
bles de la vie courante qui
se gavent de fourberies,
mais qui quand même se font avoir
de temps en temps. Matyas est un
intellectuel raté qui ambitionne, un
peu comme tous ceux frappés du syn-
drome du chef, d’être député, même
si rien dans son modus vivendi ne
semble le porter vers cette dite ambi-
tion. Joj, magouilleur de son état, est
celui de qui émanent tous les emmer-
dements.
Racket, fraude, usage de faux
décrivent terriblement bien son
quotidien et il embarque toujours
son congénère dans ces voies dou-
teuses. Voilà en quoi consiste la
physionomie de ces deux person-
nages qui se font de plus en plus
chérir par les fans.
Votez-moi ! Est le quatrième vidéoclip
de la troupe. Après « ou fout bel »,
« M al pwopte lari a » et « kareman
». La chanson tombe bien en pleine
période électorale et Votez-moi fait
bizarrement penser à quelques
dérives et comportements de certains
élus. Le clip commence par aborder
la sensible question de l’alternance
politique : « Sou pouvwa sa a se
neg a cheve k’ap bon». Cela passe
par l’intimidation, le matraquage
de la liberté d’expression, quand un
partisan du pouvoir intimide Matyas
et le pousse à transformer son « ABA
MAT… » En « ABA MATYAS ».
Pourtant Aselwa (Gardien de cour
de Matyas) l’avait bien mis en garde
et l’a proposé de ne pas « MAKELI
». Certains artistes ne sont pas
épargnés, ils prennent d’assaut la
politique et pensent être « Nan bon
bo a ». Et s’accumulent des rires de
détresse tout au cours de la chanson,
comme pour signaler que certaines
promesses d’un quelconque élu
n’auraient pas atterries.
Est-ce si loin de la réalité ?
Combien de candidats, à l’instar
de Matyas truffent leur discours
politique de promesses et semblent
détenir, sans avoir à se casser la
tête, les solutions aux problèmes du
pays ? Matyas s’attaque à l’épineux
problème de la faim. La solution
n’est pas obligatoirement dans de
vagues spéculations sur la production
nationale. Mais plus simple que cela.
On a beaucoup de chiens, bouffons-
en propose-t-il. Comme beaucoup de
candidats, il est convaincu de pouvoir
acheter des votes de l’électorat, 1000
gourdes feront l’affaire. Le candidat
Matyas se présente aux élections pour
tenter de se couvrir du manteau de
l’immunité. Suivez l’index !
Votez-moi, anti tet kale ?
On ne peut ne pas penser que cette
composition des frangins Matyas &
Joj vise à siffler le régime « Tet Kale
». Rien n’est pourtant clairement
déclaré. Mais le public n’est pas
dupe. On sait tous qui a promis le
rétablissement des Forces Armées
d’Haïti. On a tous été touché par cette
grande machine de propagande pour
un pont à quatre voies (voix) : Alto,
soprano, basse, ténor. On sait tous
qu’il est plus facile pour certains
d’organiser des carnavals. Plusieurs
sur une année. Vous souvenez-vous
d’un gouvernement ayant promis
l’électricité 24/24 et 7/7 ? Tout semble
avoir été touché : L’augmentation
effrénée des taxes, La question de la
double nationalité (Lui au moins il
parle de triple nationalité et non de
trois doubles nationalités !) et cætera.
Un tube qui fait rigoler certains, mais
qui n’est pas innocent. Plus que du «
castigat ridendo mores », ce morceau
serait un majeur érigé « tet kale »
contre le régime. Dis Matyas ? « ABA
MAT… » ! Est-ce vraiment ce à quoi
l’on pense?
En rotation depuis quelque temps sur les petits écrans, le nouveau tube de Matyas & Joj est sur toutes les lèvres.
Sur une musique entraînante celui qui se porte candidat à tous les postes des élections, Matyas Dand’or dévoile
son programme et donne un avant-goût de ce que serait son règne. Entre dérision et dénonciation d’une réalité
et de pratiques politiques, l’aspirant à n’importe quel poste de l’État dresse un tableau pitoyable de ce qu’est
pourtant déjà le modus operandi de nos élus. « Votez-moi » se permet d’accuser, de tenter (pourquoi pas ?) de
corriger les mœurs en riant.
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  • 1. » lire page 4 » P.14 » P. 22 »   P. 3 JUSTICE SPORT » suite page 5 Le calendrier des expatriés par Gérald Bordes Les candidats belligérants seront exclus HAÏTI / ÉLECTIONS DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 NUMÉRO 61 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES Le vice-président du Conseil électoral provisoire, Pierre Manigat Junior. / Photo : Stephen Ralph Henri 72 heures au CEP pour rétablir sa crédibilité par Reynold Aris L a plateforme « Pitit » Dessalines est ferme. Un ultimatum de 72 heures est lancé au CEP pour rétablir sa crédibilité. Une liste de neuf recommandations est présentée par le candidat à la présidence de la Plateforme, Moïse Jean Charles. Rejeter de la course électorale tous les candidats détenteurs d’arme (blanche ou à feu) qui avaient usé de violence lors du premier tour des législatives du 9 août ; sanctionner les membres de bureaux de vote, mandataires et superviseurs impliqués dans le bourrage des urnes au profit de certains candidats, sont parmi les recommandations du numéro un de cette entité politique. Après la Fusion des sociaux-démocrates, Fanmi lavalas, Renmen Ayiti, l’OPL, c’est maintenant autour de la Plateforme « Pitit » Dessalines, Rasin kan pèp la et Inite d’exiger, ce jeudi 13 août, du Conseil électoral provisoire (CEP) que lumière soit faite autour du mécanisme de recrutement des membres des bureaux de vote dans le processus. Le MTIC lance le projet « Taxi touristique » par Jean Michel Cadet Faut-il une loi fixant le statut d'une Première dame en Haïti ? par Eddy Laguerre, Av.
  • 2. 2 | N0 61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 TRIBUNE L e moins que l’on puisse dire, c’est que le CEP a gagné son pari. Malgré les doutes légitimes qui planaient sur l’organisation du premier tour des législatives, celui-ci a bel et bien eu lieu le 9 août, comme prévu. On ne peut donc que se réjouir qu’Haïti ait pu enfin renouer avec les élections après plusieurs années de disette. Un peu plus, on aurait fini par désapprendre à voter. Mais quelles élections, Bon Dieu ! Taux de participation plus que dérisoire. Listes d’électeurs qui flânent d’un arrondissement à l’autre. Ouverture des bureaux de vote avec des heures de retard. Bureaux saccagés sous l’œil soit impuissant, soit complice, soit tout simplement bienveillant de la police. Matériel détruit ou emporté. Des dizaines, voire des centaines de milliers d’électeurs qui n’ont pu exercer leur devoir civique. Électeurs qui votent plusieurs fois et qui s’en vantent impunément. Bourrage d’urnes, blessés par balles ou à l’arme blanche… Une belle pagaille, en vérité. En tout cas, c’est le constat de tous ceux qui étaient dans les rues ce dimanche 9 août et de tous les organismes nationaux d’observation électorale et de défense de droits humains. Si on est en droit de se féliciter de la tenue du scrutin, il n’y a cependant pas de quoi être fier des circonstances dans lesquelles il s’est tenu. On nous avait pourtant rabâché que toutes les dispositions avaient été arrêtées pour que tout se passe comme il faut, qu’il y avait un plan de sécurité en vigueur et que la police et la justice veillaient au grain. On sait maintenant à quoi s’en tenir quand les autorités font de telles annonces. Si on n’a pas connu le pire, ce n’est sûrement pas de leur faute. Hormis peut-être les candidats qui n’ont pas l’ombre d’une chance de gagner, tout le monde, en dépit de toutes ces défaillances flagrantes, semble aux anges. Comme la mère de Quasimodo, dégoulinante d’attendrissement et d’admiration pour son monstre de fils, le CEP se félicite de son œuvre. Dans l’esprit de Pierre-Louis Opont, il a bien mérité de la patrie. La PNH, de son côté, se réjouit que son énième plan de sécurité ait bien fonctionné, nullement gênée d’avoir laissé saccager près d’une cinquantaine de bureaux de vote. Quant au gouvernement, il s’enorgueillit d’avoir bien accompagné le CEP. Enfin, l’OEA, l’ONU et l’Union européenne, comme à chaque élection, sont satisfaites d’avoir bien observé, pressées qu’elles sont de passer à l’étape suivante. Elles condescendent bien à déplorer quelques incidents malheureux, mais « qui ne devraient pas affecter l’ensemble du scrutin », affirment- elles en chœur. De deux choses l’une : soit elles n’ont pas observé les mêmes élections que les organismes nationaux d’observation, soit elles avaient des lunettes défectueuses. Il va de soi que ces élections ne sont pas pires que les précédentes. Depuis 1987, tous nos scrutins se suivent et se ressemblent, c’est-à-dire toujours entachés d’irrégularités, de violences, de fraudes massives et de tous les autres avatars inhérents à notre tempérament national. Toutes nos élections n’ont été en définitive que des mascarades. Ni plus ni moins. Maisonespéraitquecelles-ci,pourune fois, seraient différentes. Car depuis le temps que nous en organisons, nous devrions, au jour d’aujourd’hui, être en mesure d’offrir au pays et au monde un meilleur spectacle. Avec le temps et l’expérience accumulée dans le domaine, nous étions censés avoir acquis un minimum de savoir- faire, à tout le moins avoir appris à farcer avec plus de sérieux et de compétence. Au lieu de cela, nous avons fait exactement comme si nous en étions à notre coup d’essai. Le CEP, le gouvernement et la communauté internationale peuvent estimer qu’Haïti n’est pas encore mûre pour mériter d’avoir de bonnes élections. Mais présenter la farce du 9 août comme une réussite et avoir le culot en plus de pavoiser, c’est non seulement nous manquer de respect, mais surtout nous prendre pour des jobards. Encore une farce électorale de plusieurs millions de dollars américainsPar Garry Azémar
  • 3. DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0 61 | 3 ACTUALITÉ Nous devons nous ressaisir ! Desleadersetpartispolitiquesréclamentl’annulationdesélections.D’autresdeman- dentauConseilélectoralprovisoiredeprendredesmesuresdrastiquesenappliquant lesdispositionsprévuesparledécretélectoral. MaispournousauNational,laprioritédesprioritésdoitêtrel’examenattentifdela manièredontnotresociétédanssonensemblefaitlagénuflexiondevantlafélonie,la fraudeetleméprisdelapersonnehumaine. Cequis’estpasséce9aoûtn’estqu’une manifestationdeladémissiondetoutescesinstancesdupaysquidevraients’opposer àcetavilissementdesvaleursmoralesquiconstituentlesocledetoutesociétédigne decenom. Cheznoustoutlemonderêvedes’asseoirsurlabranchepourrie,carons’empiffredes- sus.Personneneveutdonclacouper.Bienqu’ellepue,onneremarquepassapestilence. Onadmetcommesicelaestnormal,l’idéequ’ilyapartoutenHaïti,danstouteslescom- munes«demounkikonnfèeleksyon».Dansnotrelangageànouscelaveutdiredes gensconnaissanttouteslesficellesdelafraudeélectorale,cequivadelamanipulation àlaviolencecaractériséeenpassantparl’intimidation,l’achatdevotants,lebourrage desurnes,lamiseàsonservicedelaforcepubliqueetdel’appareiljudiciaireetmême l’assassinatd’individus«gênants». Cesgens-lànereculentdevantrien. Descaciquesdisposentd’armesdeguerre,auvuetausudetoutlemonde.Onentend direqu’ilfaut3millionsdegourdes,lejourdesélections, pour «contrôler»leterrain. Certainss’attribuentdescentresdevotequ’ilspeuventparfoisoffrirauplusoffrants.Le conceptde«baz» s’étenddeplusenplus.Ils’agitdegroupesimportantsdecitoyensà lasoldedequelqu’unquidonnelemotd’ordre.Uncentre devotepeutêtredélocalisé soudainement.Unegrandepartiedelafraudeesttoujoursdanslecashaïtienorganisée par le pouvoir en place et il est presque mal placé de le pointer du doigt car – c’est notoirement connu – un pourcentage renversant des victimes d’aujourd’hui seront inexorablementlesfraudeursdedemain. ToutConseilélectoraldignedecenometsoucieuxdenepaspromouvoircettemascar- adedevraitenpremierlieuétudieretproposerunsystèmealternatifafindebloquerle jeutraditionneldel’électionenHaïti -l’environnementduprocessus,sagouvernance,le dispositifmisenplaceetl’ingérenceétrangère-pourredonneraucitoyenlaconfiance auprocessusetamenerainsiunnombresignificatifdevotantsauxurnes. Noussommesenpleindansunsystèmequirendhonneuràlafélonie.Onpeutdiresans craintequecheznous,unrésultatélectoralpeutégalementêtrefalsifiéavecl’appui demainsétrangères.Hierencore,cefutlecas.Celeseraprobablementaujourd’huiet demain.Maispourcombiendetempsencore?Onpeutêtreéliminéofficiellementde lacourseélectoraleparcequ’onaunenationalitéétrangèreetvoterensuitedevantles caméras.Onpeutêtreàlafoissuperviseuretmandataire.Chefdeservice,onparvient àmettretoutl’exerciceenpéril.Onpourraitlisteràl’infinilesnon-sens. Commesinousétionsdansunasileoùdesfouss’amusentàjoueràlapolitique. Nousdisposonsdetroishypothèsesdedépartpourappréhenderleprocessusenques- tionetinverserdurablementcettetendancedelongtermeàl’avilissementde211ans de tentatives désespérées d’inclusion sociale et d’éveil à la citoyenneté responsable. Premièrehypothèse:l’organisationdesélectionsn’aprévuaucundispositifséquentiel cohérent,completetperformant.Elledoitprendreencomptelesréalitésduterrain.Elle doitsesouvenirconstammentquelesfourbestraditionsélectoraleshaïtiennesontla viedure. Deuxièmehypothèse:soncadrelégaletréglementairenepermetpasdefaire faceàcettesituationjusqu’àmettrefinàcespratiquesnéfastes.Troisièmehypothèse: L’ingérenceétrangèreinfluenégativementsurledéroulementduprocessusetconstitue unsérieuxobstacleàlaconstructionprogressivedeladémocratie. Aufait,cherchons-nousréellementàrésoudrecetteéquationinfernale? Suffit-ild’avoir ledroitdechoisirlalibertépoursecroirelibre?Danslerespectdesoietdel’autre?Le défautdedéterminationpeut-ilexpliquercetentêtantdénidelaréalité?Àdéfautde détermination,nousnouscontentons,commedisaitSartre,d’être « àmoitiévictimes, àmoitiécomplices,commetoutlemonde». Onnedoitpluscontinuersurcettelancée. Nousdevonstousnousressaisir. Gary VICTOR Édito C eprojet,selonlesresponsables du MTIC, vient du constat suivant : les touristes étrangers ayant visité le pays se sont souvent plaints de la disponibilité d’un service de transport leur permettant de visiter d’autres endroits du pays durant leur séjour dans un hôtel ou de pouvoir se rendre à l’aéroport quand ils regagnent leur pays d’origine. C’est pourquoi l’ensemble des associations de transporteurs d’Haïti ont été contactées en vue de pallier ce manque. Deux d’entre elles ont été retenues : l’Association des chauffeurs indépendants pour le développement du Tourisme et l’Association des chauffeurs-guides d’Haïti. Un choix qui s’explique, selon les responsables, au fait que celles-ci ont fait montre de rigueur, de passion et de dépenses d’énergie par rapport aux exigences de la tâche à accomplir. Les représentants de ces associations ont accueilli favorablement ce projet. Si jadis, ils assuraient le transport de passagers dans des véhicules en mauvais état, à présent, ils disent, être satisfaits qu’ils soient en possession de voitures confortables. Ce, grâce à un crédit bancaire que leur facilite l’État haïtien pour l’achat de 20 véhicules qui devront transporter, chacun, trois passagers au maximum. Ces taxis touristiques seront basés dans quatre hôtels de Pétion-Ville et deux autres du Centre-ville. Bien qu’ils se disent être satisfaits, les représentants de ces associations expriment, néanmoins certaines appréhensions. Ils ont des redevances envers les banques qui leur ont prêté de l’argent pour l’achat des nouveaux véhicules. Aussi, demandent-ils à l’État haïtien plus d’accompagnement afin de pouvoir rembourser les prêts contractés auprès de leurs créanciers. En cela, ils attendent des autorités gouvernementales que des dispositions soient prises pour faciliter la venue de plus de touristes dans le pays. La question de la formation a aussi été évoquée comme autres besoins exprimés par les transporteurs. Laquelle formation leur permettrait, notamment de mieux communiquer avec les touristes. Toutefois, ils estiment avoir reçu, durant leurs longues années d’expériences, de nombreuses formations venant tant des spécialistes haïtiens que des étrangers. Le projet « Taxi touristique » fait suite à un ensemble d’initiatives prises par le ministère du Tourisme et des Industries créatives (MTIC) pour développer le secteur. Citons, à titre d’illustration : la réhabilitation de nombreux sites touristiques, une campagne promotionnelle des produits haïtiens à l’échelle internationale et la mise sur pied de la police touristique, une unité spécialisée de la PNH appelée à sécuriser et à orienter les activités touristiques. Toutefois, plus d’un questionnent la gestion du ministère du Tourisme des fonds engagés pour la réalisation de projets d’envergure et pour lesquels les résultats concrets se font attendre. Le MTIC lance le projet « Taxi touristique » par Jean Michel Cadet HAÏTI/TOURISME Un nouveau produit touristique voit le jour. Le ministère du Tourisme et des Industries créatives (MTIC) a lancé, le jeudi 13 août, un projet pilote visant à accompagner des chauffeurs de taxis touristiques regroupés en association. Rendre un service de taxi fiable et sécuritaire basé à Pétion-ville et au Centre- ville, tel est le but poursuivi par cette initiative.
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 10, RUE GABART · PÉTION-VILLE EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT (509) 4610-1010 / 3214-5554 REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4614-1010 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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D’un ton ferme. Il annonce que la « liste des belligérants » qui ont troublé la journée électorale sera connue, dès la semaine prochaine. Les candidats impliqués dans ces actes de vandalisme et de saccage de bureaux de vote, seront tout simplement exclus, selon le conseiller qui a aussi insisté sur le fait qu’en matière de violence électorale, il faut des preuves pour appuyer les déclarations. Une séance plénière avait été organisée, le mercredi 12 août 2015, au sein du Conseil, pour évaluer la situation et statuer sur les éventuels cas d’irrégularités, rapporte-il. « Dans tous les cas avérés, nous allons expulser les candidats. » Comme argument, Pierre Manigat Junior rappelle les dispositions de l’article 119 du décret électoral en vigueur qui accorde au CEP le pouvoir de radier les candidats et d‘exclure les partis et groupements politiques impliqués dans des actes de violence, de toutes compétions électorales pour une période allant jusqu’à cinq ans. Et la reprise des votes réclamés par de nombreux candidats dans diverses circonscriptions, monsieur Manigat? « Au cas où cela aura une influence sur le vote, les élections seront reprises.» Dès le vendredi 14 août, le représentant de la Presse au sein de l’institution électorale, promet que le CEP statuera sur ces cas. Plusieurs partis se sont plaints auprès du CEP de cas de violence et de bourrage d’urnes dans leur région. Ces dossiers, déplore Pierre Manigat Junior, ne sont pas documentés. À la suite des scrutins, de nombreux candidats ont crié leur victoire, arguant qu’ils disposent de nombreux procès-verbaux pour justifier leur succès. À cet effet, le conseiller Manigat prévient qu’aucun candidat ne peut affirmer qu’il est élu ou pas. Car, soutient-il, s’il s’avère qu’il y a eu fraude ou violence en leur faveur, « nous sévirons contre les concernés. » Le CEP par la voix du conseiller Manigat promet également de corriger les erreurs enregistrées durant le premier tour des législatives partielles. Pour dissiper tous les doutes autour de l’organisation des autres scrutins prévus pour l’année en cours, les conseillers, confie-t-il, seront une fois de plus déployés en région pour réajuster la machine. De nouvelles dispositions seront également prises pour acheminer les matériels - sensibles et non sensibles - et trouver des espaces pour reloger certains centres de vote. En ce qui a trait à la sécurité qui a été l’un des maillons faibles durant la journée de vote du 9 août, Pierre Manigat Junior estime qu’on ne peut pas en parler sans évoquer le rôle de la police. Contrairement à ce qui se fait dans d’autres pays, fait-il remarquer, où l’instance électorale détient le contrôle des forces de sécurité, en Haïti, la chaîne de commandement durant la période électorale, reste au niveau de la PNH qui n’a pas eu cette année le support de la Minustah, dans plusieurs départements. Les questions relatives à la participation des policiers dans des actes de violences et autres, ou le laxisme des forces de l’ordre, seront abordés, promet-il, lors de la rencontre que devra avoir, sous peu, le CEP avec le haut commandement de la Police. Pas question de dédommagement! Le conseiller Manigat a été sans équivoque. La question du dédommagement des candidats qui se sont dits lésés lors de ces élections, n’est pas à l’ordre du jour. « S’ils veulent se réparer eux- mêmes, qu’ils le fassent! ». Le CEP n’a jamais été impliqué ou même accusé de violence durant ces scrutins, selon M. Manigat. Soutenant que des mises en place sont en train d’être faites pour diminuer les actes de violence aux prochains scrutins, le conseiller explique qu’il n’y a jamais de mesures sécuritaires à 100 % et que les candidats doivent aussi s’impliquer pour créer un climat favorable à la tenue de bonnes élections. Le CEP est actuellement au stade d’évaluation. La carte de la violence devra être redessinée, estime Pierre Manigat Junior qui a souligné que certaines zones qu’on avait désigné à risque, ont eu de bonnes élections, alors que d’autres, habituellement réputées calmes, ont été, par contre, la scène de graves actes de violences et d’irrégularités. Aujourd’hui, il s’agit, dit-il, de déterminer les poches de violence. Entre-temps, les procès-verbaux continuent d’arriver au Centre de Tabulation. Ceux du Sud ont été les derniers à arriver, mercredi, dans la soirée. Des problèmes liés au dépouillement à Saint- Marc, ont été aussi à la base de certains retards. Toutefois, explique Pierre Manigat Junior, un modus operandi est en train d’être trouvé avec les candidats de cette circonscription, autour de ces problèmes. La proclamation des résultats partiels est maintenue pour le 19 août. Le plus tôt sera le mieux, avance toutefois M. Manigat qui souligne que le calendrier électoral devra être ajusté en raison de la mise en place du Bureau de contentieux électoral national (BCEN) pour les collectivités territoriales et locales. Également en fonction des contestations issues des résultats du vote du 9 août. Les scandales liés à l’organisation des élections continuent donc de mobiliser l’opinion nationale et internationale. Critiques. Accusations. Les autorités électorales sont sous les feux de la rampe. Au milieu de ce tumulte, le Conseil électoral provisoire cherche la parade. Le Centre de tabulation accumule les procès-verbaux sous les yeux soupçonneux des protagonistes qui attendent impatiemment les résultats et les décisions qui seront prises à l’encontre des fauteurs de trouble. » suite de la première page Le Conseil électoral provisoire (CEP) sévira contre tous les candidats qui, par la violence, ont troublé la journée électorale du dimanche 9 août 2015. De plus, il n’est nullement envisageable de rembourser les frais aux candidats qui se sont dits lésés à cause des irrégularités observées durant le déroulement de ces scrutins. C’est ce qu’a confié au journal Le National, le vice-président du CEP, Pierre Manigat Junior, dans une entrevue exclusive.
  • 5. DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0 61 | 5 ACTUALITÉ Se fondant sur le décret électoral, l’ancien sénateur a appelé les membres du CEP à fournir des explications sur les personnes ayant choisi de favoriser des partis tels PHTK, Bouclier, VERITE, KID et INITE au détriment des autres structures engagées dans la course. En dépit des irrégularités, l’opposant farouche à l’équipe Tèt Kale n’entend pas exiger l’annulation du scrutin. Ce serait trop vite aller en besogne. Il revient, d’après lui, à remettre en question la crédibilité de l’organe électoral à travers ses différentes recommandations. Modernisation du système politique La Plateforme, informe M. Jean Charles, s’engage à moderniser le système politique haïtien. Il dit prendre sa distance avec la violence, tout en invitant le CEP à sévir contre toutes les structures qui se sont adonnées au bourrage des urnes durant le premier tour des législatives du 9 août 2015. S’agissant des irrégularités, l’ancien parlementaire a imputé la responsabilité de la situation à l’équipe Tèt Kale. Selon lui, elles résultent d’une vaste campagne de machinations, fomentées par le pouvoir en place, de concert avec une frange de la communauté internationale et de l’élite économique. Ce groupe, explique Moïse Jean Charles, s’engage à barrer la route aux dirigeants haïtiens qui veulent défendre les intérêts du pays. Ceux-ci, disent-ils, veulent accaparer les principales ressources minières du pays, à savoir l’or et le pétrole. « Ça ne passera pas ! ». rejet de PHTK et Bouclier Dans la foulée, le parti politique « Rasin kan pèp la» n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer les violences qui ont marqué la journée électorale. Il rappelle les nombreux signaux négatifs envoyés durant la campagne électorale par les candidats de PHTK et de Bouclier. Camille Charlemers, porte-parole de ce parti, appelle le CEP à sanctionner ces deux structures en les écartant de la course électorale. Il a aussi plaidé pour l’application des mêmes sanctions aux autres groupements et plateformes qui ont une responsabilité dans ces actions qu’il décrit comme malhonnêtes. Il a, en dernier lieu, préconisé le changement de la nature de ces élections. Celles- ci, précise-t-il, participent de l’emprise de la colonisation. De son côté, Reyneld Sanon, membre du secrétariat de « Rasin kan pèp la », a fait savoir que ces élections n’ont pas eu le taux de participation escompté par le CEP. Il a déclaré, en conséquence, qu’elles seront contestées. Sénateurs et députés, soutient-il, seront illégitimes et représenteront une insulte et une déconvenue pour le pays. Le projet de renforcement de la démocratie a été torpillé La plateforme « INITE » patrio- tique, elle-même, membre du pou- voir Tèt Kale, est montée au cré- neau suite à ce scrutin. Le grand conseiller de cette structure, Paul Denis, a indiqué que le projet du renforcement de la démocratie a une nouvelle fois été torpillé le 9 août dernier. Il a en outre déclaré que c’est regrettable que la dialectique des armes remplace l’arme de la dialectique dans un pays appelé à consolider ses acquis démocra- tiques. C’est dans cette optique que la Plateforme condamne éner- giquement les actes de violence enregistrés lors du premier tour de ces législatives. Aussi invite-t-elle la Justice à mettre l’action publique en mou- vement contre les auteurs et com- plices de ces agissements. Unir y voit un fiasco Contrairement aux partis politiques qui ont pointé du doigt le PHTK et ses partis satellites tels Bouclier, VERITE, le candidat à la présidence de l’Unir, Clarens Renois, impute la responsabilité de cette situation à tous les protagonistes, notamment le CEP. Il s’agit, à son avis, d’un véritable fiasco. Les candidats, les structures politiques et les électeurs, sont aussi responsables du désordre électoral. C’est aussi le point de vue du candidat à la présidence du parti fédéraliste, Fred Brutus, qui se dit attristé et indigné du déroulement de ce scrutin. Il a, dans une note de presse, condamné les actes de violence survenus durant ce scrutin. Au regard de ce docu- ment, le candidat a fait savoir que cette situation devrait interpeller la conscience de tout un chacun, notamment les forces vives et saines du pays. Il les convie à s’engager dans une bataille visant à mettre un terme à ce système qui, selon lui, a échoué. Soulignons que Clarens Renois et Fred Brutus invitent les autorités à ne pas banaliser les événements qui se sont passés durant ce scrutin. Aussi les exhorte-t-il à agir avec rigueur afin d’éviter au pays de sombrer dans le chaos de anarchie. 72 heures au CEP pour rétablir sa crédibilitépar Reynold Aris HAÏTI/ÉLECTIONS LÉGISLATIVES Moïse Jean Charles, au milieu, lors de la conférence de presse de la plaforme « Pitit » Dessalines, le 13 août 2015. / Photo : J. J. Augustin » suite de la première page
  • 6. 6 | N0 61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 ACTUALITÉ « Pour l’heure, le CEP est dans l’attente des résultats que devrait lui communiquer le centre de tabulation des votes d’ici la semaine prochaine », a indiqué le conseiller électoral Ricardo Augustin. Ce dernier a dit espérer que le CTV fera tout son possible pour respecter la date fixée par le décret électoral, le 19 août, pour l’affichage des résultats des législatives. Près d’une semaine après le premier tour des législatives, le Conseil électoral provisoire n’est toujours pas en mesure de communiquer même de manière approximative le taux de participation. « Nous sommes désolés de ne pas pouvoir dire jusqu’à aujourd’hui le nombre d’électeurs ayant pris part au vote », a déclaré M. Augustin tout en promettant d’éviter cet accroc lors des prochaines présidentielles. S’agissant de la demande formulée par les partis politiques concernant la mise en place d’une commission mixte d’évaluation, le Dr Augustin a indiqué que l’institution en a pris acte. « Des discussions se feront en conseil pour prendre la décision qu’il faut en ce sens », a-t-il ajouté. Par ailleurs, le représentant de l’Eglise catholique au CEP a mentionné que l’institution est en train d’évaluer l’ensemble du système, question d’améliorer le processus pour ne pas répéter les mêmes erreurs lors des élections présidentielles fixées pour le 25 octobre prochain. « Le cap est déjà mis sur le 25 octobre 2015 », s’est-il enorgueilli. Selon Ricardo Augustin, le CEP fait actuellement des mises en place techniques, et sous peu un appel d’offre sera lancé pour désigner une firme qui sera chargée d’imprimer les bulletins. En substance, M. Augustin a précisé que tout va pour le mieux coté financement en ce qui concerne la tenue des élections présidentielles. « Nous n’avons pas de doute sur l’organisation des élections du 25 octobre. L’argent ne peut pas les bloquer. Nous faisons confiance au gouvernement qui, à maintes reprises, nous a donné la garantie sur leur financement », a conclu le conseiller. L a Coalition pour les droits humains en République dominicaine organise, le vendredi 14 août 2015, une marche, en vue de dénoncer le processusdedéportationdesmigrants haïtiens, apprend AlterPresse. Cette marche, qui débutera dès 9:00 am, ce vendredi 14 août 2015, à Grand Army Plaza, à Brooklyn, se dirigera vers la mairie (« City Hall ») de New York. À travers cette marche, les organisateurs veulent dire non à la déportation des familles migrantes de la République dominicaine vers Haïti, non à l`apartheid, non à la xénophobie et non au racisme. La plateforme Groupe d`appui aux rapatriés et refugiés (Garr) dit encourager toute initiative, qui vise à dénoncer le comportement des autorités dominicaines à l`endroit des migrants et travailleurs haïtiens qui ont été dénationalisés. « Ces initiatives de solidarité envers les migrants et travailleurs haïtiens ont influencé les autorités dominicaines, les ont portées à surseoir et retarder, jusqu`ici, le processus de déportation », relève le coordonnateur de Garr, Saint- Pierre Beaubrun. Le processus de rapatriement des migrants et travailleurs haïtiens par la République dominicaine a été initié le 17 juin 2015, suite à l`expiration du Plan national de régularisation des étrangers (PNRE) mis en œuvre par les autorités dominicaines. Plus de 65 mille personnes sont déjà rentrées en Haïti depuis, suivant des chiffres officiels dominicains. Pour sa part, la plateforme Garr déclare avoir recensé, pour le mois de juillet 2015, 949 personnes rapatriées par les autorités dominicaines et 7 679 qui sont rentrées en Haïti « de leur propre gré ». Par ailleurs, la plateforme Garr dénonce le manque d`infrastructures pouvant accueil- lir ces migrants, ainsi que l’octroi de cartes de résidence de un à deux ans à des Haïtiens. « La République Dominicaine aurait dû leur donner un document les autorisant à travailler », critique Saint-Pierre Beaubrun. HAÏTI/ELECTIONS HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE Le conseiller électoral, Ricardo Augustin, a répondu aux partis politiques qui réclament l’annulation totale du scrutin du 9 août. Lors d’une interview exclusive accordée à HPN, le représentant de l’Église catholique au CEP a fait savoir qu’annuler le scrutin du dimanche 9 août n’est pas une option envisageable. Reconnaissant que de nombreux cas d’irrégularités et de violences ont marqué le jour du vote, le conseil électoral est en passe de les documenter afin de d’appliquer les sanctions prévues par le décret. « L'annulation du scrutin n'est pas une option », dixit Ricardo Augustin Marche à New-York pour dire non au rapatriement des familles haïtiennes ! Leconseillerélectoral,RicardoAugustin Photo : telesurtv.net
  • 7. DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0 61 | 7 ACTUALITÉ Exiger justice et réparation pour les migrants haïtienspar Évens REGIS C ’est un moment favorable pour que le RFJS, explique Ladouceur Fritzcar, coordonnateur de la région de bas Plateau central, se lance encore une fois dans la lutte pour exiger réparation au nom de la famille de Jeannot Succès. À l’heure où nos compatriotes en République Dominicaine, dit-il, sont en train de vivre les pires moments de leur vie, il est un impératif pour le RFJS de reprendre les démarches judiciaires devant permettre à la famille de Jeannot Succès d’obtenir réparation. Et de manière générale, aboutir au respect des droits fondamentaux des migrants haïtiens en République dominicaine. Exiger l’État dominicain à participer à un dialogue sincère pour la renaissance d’un climat de paix entre les deux pays ; lutter en faveur d’un renforcement de l’effectif des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) pour une plus large protection des commerçants et des migrants haïtiens ; plaider pour une intervention rapide des autorités haïtiennes autour de la situation de sécheresse qui ravage la zone frontalière de Fonds-Verrettes, sont entre autres revendications, selon Ladouceur Fritzcar, que va poursuivre le Réseau frontalier Jeannot Succès. Manise Élie, la coordonnatrice nationale du RFJS, a pour sa part dénoncé le comportement négligent des autorités judiciaires haïtiennes qui, après quinze années, n’ont jamais effectué de démarches pour aider la famille de Jeannot à trouver justice et réparation, malgré tous les soulèvements que sa mort a suscités au cours des années 2000. Le réseau, signale-t-elle, veut rappeler à l’État haïtien que c’est son devoir de protéger sa population, et de veiller à ce que le droit de ses ressortissants soit respecté à travers le monde entier. La coordonnatrice a, par ailleurs, attiré l’attention des responsables des ministères de l’Environnement et de l’Agriculture sur la situa- tion de sécheresse et d’insécurité alimentaire qui ravage plusieurs zones frontalières du pays. Cette situation qu’elle considère comme étant un facteur occa- sionnant l’exode de la popula- tion frontalière haïtienne vers la République dominicaine, engen- dre également une atmosphère de violence au niveau de ces zones. Selon les informations fournies par Mme Élie, les habitants, plus particulièrement les petits commerçants, sont en proie à de nombreux actes de violences perpétrés dans les zones frontalières alors qu’ils sont en train d’effectuer des transactions commerciales entre Haïti et la République dominicaine. La coordinatrice a vivement souhaité que cette situation soit résolue, afin d’empêcher le déplacement des haïtiens vers la République dominicaine pour des raisons de survie. Elle invite en ce sens, toutes les organisations œuvrant dans le domaine des droits humains, à s’unir afin de poursuivre à l’unisson, sur une plus large dimension, la lutte, pour qu’enfin le droit des haïtiens en République dominicaine soit pris en considération. HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION Dans le cadre d’une conférence tenue, jeudi, au local du Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (GARR), le Réseau frontalier Jeannot Succès pour la promotion et la défense des droits humains (RFJS) a réitéré son engagement de lutter pour la réparation de la famille de Jeannot Succès, quinze ans après que ce jeune garçon de 22 ans eut été tué par des gardes frontaliers dominicains à Savanette.
  • 8. 8 | N0 61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 MONDE Fidel Castro réclame des « millions de dollars » aux Etats-Unis en compensation de l'embargo Sources : Le Monde.fr avec AFP F idel Castro a rappelé les « nom- breux millions de dollars » que les Etats-Unis doivent, selon lui, à Cuba en compensation de l’embargo imposé à l’île commu- niste depuis 1962, selon un texte publié par la presse locale jeudi 13 août, jour de son 89e anniversaire. Optant pour une formule implicite, le père de la révolution cubaine, retiré du pouvoir depuis 2006 pour raisons de santé, a déclaré qu’« une dette s’élevant à de nombreux mil- lions de dollars était due envers Cuba, pour les indemnités de dom- mages et intérêts, comme l’a dénon- cé notre pays avec des arguments et des chiffres incontestables, tout au long de ses interventions devant les Nations unies ». Dommages liés à l’embargo économique Ces déclarations sont publiées la veille d’une visite historique ven- dredi à Cuba de John Kerry, la première d’un chef de la diploma- tie américaine depuis 1945, afin de consacrer le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux ex-ennemis de la Guerre froide. Malgré leur réconciliation, La Havane et Washington se réclament mutuellement des compensations, d’un côté pour les dommages liés à l’embargo économique, de l’autre pour l’expropriation de biens améri- cains lors de la révolution cubaine de 1959. Fidel Castro avec le président bolivien Evo Morales et le président vénézuélien Nicolas Maduro, le 13 août à La Havane. Dans son texte, le premier publié depuis le 8 mai, Fidel Castro assure : « Nous ne cesserons jamais de lutter pour la paix et le bien-être de tous les êtres humains (...) les mêmes droits que nous avons proclamés en démarrant notre lutte, ainsi que ceux émanant de nos rêves ». Le 89e anniversaire de l’ex-prési- dent cubain, désormais remplacé par son frère Raul, est célébré jeudi sur l’île communiste, notam- ment avec la présence du président bolivien Evo Morales, qui évoque souvent Fidel Castro comme son « sage grand-père ». L’autre grand allié du régime cas- triste dans la région, le dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, s’est également rendu sur l’île à cette occasion, selon la télévision véné- zuélienne Telesur, qui a publié trois photos montrant Fidel Castro, vêtu d’un survêtement et coiffé d’une casquette, assis aux côtés de MM. Morales et Maduro dans une four- gonnette. L a Cour suprême de l’Etat américain du Connecticut a aboli jeudi la peine de mort, la déclarant anticonstitutionnelle y compris pour les prisonniers déjà condamnés. En avril 2012, cet Etat du nord-est avait voté pour abolir la peine capitale, mais la mesure n’était pas rétroactive, et 11 condamnés s’y trouvaient toujours dans le couloir de la mort, selon le Centre d’information sur la peine de mort (DPIC). La Cour suprême du Connecticut donne raison à un condamné La Cour suprême de l’Etat avait été saisie par un de ces détenus, Eduardo Santiago, condamné à mort en 2005 pour un meurtre commis cinq ans plus tôt. Son avocat avait fait valoir que son exécution, après la décision de 2012, aurait constitué une punition cruelle et inhabituelle, ce qu’interdit le huitième amendement de la Constitution américaine. La Cour suprême divisée 4 contre 3, a accepté son argument, estimant qu’il n’était «pas constitutionnellement permis d’exécuter l’accusé dans le cas présent, et d’autres dans la même situation (...)». Etats-Unis: L’Etat de l’Utah va revenir au peloton d’exécution «Nous sommes persuadés que (...) la peine de mort de cet Etat ne concorde plus avec les normes contemporaines de la décence, et ne sert plus aucun but légitime pénologique», ont écrit les juges dans un jugement de 92 pages. Ils ont ajouté qu’exécuter ceux condamnés dans le Connecticut pour des crimes commis avant la décision de 2012 «violerait l’interdiction constitutionnelle de l’Etat contre les punitions cruelles et inhabituelles». Le risque d’erreur Ils ont souligné aussi le caractère arbitraire de la peine capitale, le risque d’erreur, et l’«illusion» qu’elle représente dans un pays où «le nombre des exécutions comparé au nombre des personnes qui ont été condamnées à mort est minuscule». Une seule personne avait été exécutée dans le Connecticut depuis 1976. Libéré après avoir passé 30 ans dans le couloir de la mort pour rien 19 Etats américains ont aboli la peine de mort Sur les 50 Etats américains, 31 disposent toujours de la peine capitale et 19 l’ont abolie, dont le dernier, le Nebraska en mai dernier. Dix-huit condamnés à mort ont été exécutés cette année aux Etats- Unis, dont la moitié au Texas. Etats-Unis : Le Connecticut abolit la peine de mortSources : 20 Minutes avec AFP Illustration à Marseille le 10 octobre 2011, journée contre la peine de mort commémorée sur le vieux port par Amnesty International. / Photo : P.MAGNIEN / 20 MINUTES Portrait de Fidel Castro dans les rues de la Havane, le 4 juillet. / Photo : Desmond Boylan / AP
  • 9. S elon l’agence de presse EFE, citant le président de l’entreprise,JorgeGonzález,latechnologiedéveloppé par CBT représente une percée importante dans le diagnostic instantané de la tuberculose et d’autres maladies infectieuses transmises par l’air. Elle est basée sur uninstrumentportatif optique,quianalyseunéchantillonde particules minuscules provenant du système respiratoire du patientprésentantdessymptômesdelamaladie. Cette méthode non invasive demande quelques sec- ondes pour un diagnostic précis, en comparaison aux délais plus des méthodes actuelles, qui exigent des jours. 16 | N0 61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 TECHNOLOGIE Diagnostic rapide de la tuberculose PAR CLAUDEL VICTOR Enbref UN AUTREVISAGE DE L’AFRIQUE SUR TWITTER CLes internautes africains se mobilisent pour montrer un autre visage de leur continent, différent des habituels clichés sur la pauvreté, la guerre et la famine propagés par les médias occidentaux. En quelques jours, des dizaines d’images de paysages de rêve, de monuments, de personnalités ont été publiées sur Twitter via le hashtag #TheAfricaTheMediaNeverShowsYou. LE PENTAGONE TOUCHÉ PAR DES RUSSES Des pirates informatiques ont lancé une brève cyberattaque contre un au Pentagone. Rapidement neutralisée, l’attaque avait permis, en moins d’une minute, d’amasser et de rediffuser sur internet les informations collectées visait environ 4000 civils et militaires travaillant pour l’état-major interarmées. Coordonné par le biais de comptes cryptés et des réseaux sociaux, le cyber-assaut aurait pour origine des pirates russes travaillant pour le compte d’une agence gouvernementale. GOOGLE SE MET SOUS ALPHABET Désormais chapeauté en Bourse, Google conservera les principales activités du groupe, telles que les recherches sur internet, la publicité, la cartographie, les applications, le système d’exploitation Android, YouTube et les infrastructures techniques. fabricant de thermomètres connectés, ou Calico, un laboratoire de recherche sur la longévité humaine, sortiront du périmètre de Google pour passer sous le contrôle direct de la nouvelle maison-mère Alphabet. 22 MILLIARDS BLOQUÉS SUR INTERNET L’utilisation de logiciels bloquant les publicités en ligne pourrait faire perdre aux sites web 21,8 milliards de dollars cette année à l’échelle mondiale. Le nombre d’adeptes de ces services progresse de 40 % par année, selon une étude mandatée par Adobe. «C’est une perspective effrayante», a commenté un porte-parole de la société. FACEBOOK CONTRE YOUTUBE ET TWITTER Les célébrités peuvent désormais diffuser des images en direct sur le réseau social. Baptisée «Live», la nouvelle fonction est intégrée à l’app Facebook Mentions qui leur est réservée. Les vidéos apparaîtront célébrités. Cette initiative met Facebook en concurrence avec des applications de vidéo en direct comme Periscope, L’entreprise portoricaine Caribbean Biotechnologies (CBT) vient d’être autorisée par le Gouvernement haïtien à réaliser des essais cliniques, au Grace Children’s Hospital de Delmas 31, à partir d’un nouveau système de diagnostic instantané de la tuberculose. Des drones dominicains pour traquer les illégaux haïtiens PAR CLAUDEL VICTOR L e ministère de la Défense dominicaine entretient une patrouille de drones qui survolent la frontière à une altitudede 2000mètres. Dans une entrevue accordée au quotidien dominicain Diario Libre, le ministre de la défense Maximo W. Muñoz a précisé que les drones patrouillent dans les airs au-dessus de zones difficilement accessibles aux véhicules, que les soldats ne peuvent atteindre qu’après plusieurs heures de marche. Il a aussi révélé que deux camions fournissent un support technique aux quatre drones qui bénéficient de la transmission vidéo haute résolution en direct. Le directeur du Corps spécialisé de Sécurité frontalière terrestre (Cesfront), Carlos Aguirre, a avancé pour sa part que les drones constituent un outil très précieux dans la lutte contre les activités illégales sur la frontière comme le trafic d’êtres humains et d’armes ainsi que la dégradation des ressources naturelles, notamment dans les parcs nationaux et les aires protégées. Le. / Photo : J.J L. / Photo : De la salade de l’espace au menu des astronautes PAR CLAUDEL VICTOR G râce à un incubateur équipé de lampes spéciales, pen- dant33jours,delalaitueromainerougeaétécultivéeen micro-gravitéàborddelastationspatialeinternationale. Lestroisastronautesquil’ontdégustéelundidernierse - raitpermettrededévelopperdespotagerssurMarsousurlaLune. Jusqu’à aujourd’hui, les produits frais n’existaient pas dans l’espace. Et si pendant des années, les agences spatiales ont fait pousser plein de choses dans l’espace, les récoltes ont toujours été envoyées sur Terre pour être examinées, et n’ont pas été mangées. - Assurez-vous que votre ami(e) a installé l’application WhatsApp sur son smartphone ou tablette. Dans le cas contraire, envoyez-lui une invitation. correctement enregistré dans le carnet d’adresses de votre appareil. - S’il s’agit d’un numéro international, n’utilisez tous les numéros de téléphone internationaux avec un symbole + suivi par l’indicatif de pays. - Ouvrez WhatsApp et rechargez l’écran “Favoris”. Sur Android, cet écran s’appelle “Sélectionner un contact”. Les contacts dans le carnet d’adresses de votre téléphone qui ont WhatsApp vont apparaître sur l’écran Favoris (Sélectionner un contact sur Android). Vous ne pouvez démarrer une discussion cette liste. L’ASTUCE AJOUTER UN AMI SUR WHATSAPP
  • 10. D e nouvelles dynamiques économiques et financières caractérisent, en cette fin de semaine, l’environnement externe d’Haïti. Une nouvelle dépres- sion mondiale se profile à l’horizon dont le souffle risque d’affaiblir dangereusement la valeur du dollar états-unien. Ainsi que les monnaies nationales par ricochet. Dernière nouvelle : la Chine dévalue le yuan* par rapport au dollar US et provoque la grogne de ses principaux partenaires com- merciaux. La banque centrale chinoise assure qu’elle vient de rapprocher la valeur monétaire du yuan des réalités du marché. Cette soudaine dévaluation, selon ‘Le Monde’ a été largement perçue « comme un puissant effort de Pékin pour revigorer son com- merce extérieur et stimuler une activité en plein ralentissement ». Persistance de la stagflation** Chez nous, conséquences d’un scandaleux processus électoral, le ciel est orageux et l’on prévoit des épisodes violents. Attention donc aux turbulences et aux orages sociaux. Pour notre écon- omie, c’est la ‘stagflation*’ tous azimuts. Notre marché interne est souffreteux et ouvert à tous les vents. Pour nos gouvernants, tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil. Le citoyen lambda n’en croit ses oreilles. Les entités asociales qui ont siphonné et siphonnent encore les devises dont le drainage systéma- tique est source de maux de toutes sortes pour l’économie haïtienne doivent aujourd’hui se demander quoi faire des centaines de mil- lions de dollars qu’elles gardent jalousement dans des banques étrangères. Une entité est dite ‘asociale’ lorsque ses attitudes et com- portements ne respectent pas les normes sociales, ou présentent des difficultés d’adaptation à la vie sociale et donc au vivre-ensemble. C’est le cas, notamment, des com- pagnies de téléphonie mobile, les banques privées haïtiennes spécu- latrices (BPHS) ainsi que tous les autres initiés ayant accès aux secrets des dieux et politiquement bien souchés dans le terreau des secteurs de pouvoir influents. Le diable est dans les détails Petit à petit, les conditions d’un krach international se réunissent. Et, quand on a des dizaines, voire des centaines de millions de dol- lars US qui dorment dans les cof- fres de banques étrangères, on ne peut se payer le luxe de dormir sur ses deux oreilles. Il faut vite réagir, autrement, toutes ces opérations spéculatives n’auront donc servi qu’à vous donner une migraine atroce chronique. Que faire ? Lorsqu’une crise financière mon- diale est imminente – comme celle, inéluctable, que prévoit le FMI – l’or devient alors une valeur refuge. Ce titre est en effet consi- déré par les experts comme sécuri- sant en cas de crise financière, car il ne baissera pas pendant les krachs et crises. Actuellement, le cours de l’once d’or est de 1 123,80 USD ( 1,36%), celui du kilo d’or est de 36 131,01 USD*** ( 1,36%). Mais, prudence ! « Face à une crise bancaire – explique Isabelle Theosmy -, l’or représente la seule valeur refuge. Voila ce qui expli- que l’explosion de demande chez les spéculateurs qui passent à l’offensive pour trouver d’autres espaces d’accumulations ». L’immobilier, peut aussi être dans certains cas considéré comme une valeur refuge au même titre que les obligations. Mais une valeur refuge peut l’être un jour et ne plus l’être le lendemain en fonction des risques du marché. Certaines monnaies furent en leur temps des valeur-refuges. Le franc-suisse et la couronne norvégienne le furent. Avec le krach financier annoncé les dollars US accumulés pour- raient bientôt devenir un colis encombrant pour nos rentiers. L’investissement productif, seule alternative viable La meilleure valeur-refuge qu’on puisse trouver en Haïti est l’investissement productif dans diverses filières de l’agriculture haïtienne. Un investissement est productif lorsque les résul- tats générés sont supérieurs aux coûts liés à cet investissement. Il peut s’agir de résultats finan- ciers mais aussi de résultats positifs en termes de satisfac- tion. L’investissement productif est donc un investissement qui a vocation à accroître la production, au contraire d’un investissement de remplacement qui ne consiste qu’à remplacer un matériel défail- lant, sans chercher à augmenter la production. Nos voisins dominicains le savent qui, année après année, se préoc- cupent de conserver un marché aussi juteux que le nôtre. Entre 1,4 et 1,8 milliards de dollars d’exportations vers Haïti, de quoi faire sourciller tout groupe d’investisseurs qui se respecte. Imaginons qu’un groupe d’oligarques rentiers – stimulés par des banques commerciales ramenées à la raison – décident de reconquérir 20 % des impor- tations haïtiennes de produits dominicains (agriculture, élevage, agro-industrie). 20 % de 1,8 mil- liards de dollars US en cinq ans, soit 360 millions de dollars US qui resteraient en Haïti au lieu de ter- miner leur course dans les poches de nos voisins dominicains. 360 millions de dollars US dont 50 % - soyons optimistes – seraient réinvestis dans la production nationale, par exemple dans cer- taines filières agricoles très por- teuses, comme le riz, la volaille, les œufs, les tubercules, le café, le cacao, entre autres. Nos oligarques rentiers pourraient ainsi se reconvertir en investis- seurs productifs respectables et respectés qui ne verraient d’autant plus d’inconvénients à investir leurs profits dans l’agriculture, l’élevage, l’agro-industrie et – pour- quoi pas – dans l’enseignement universitaire, qu’ils pourraient bénéficier d’une remise en place planifiée de barrières tarifaires et non tarifaires. Ce qui, par ailleurs, représenterait un premier pas vers une réconciliation durable avec la CARICOM et la possibilité de garantir une présence souhaitable sur le marché caribéen. « Le diable - écrivit Karl Kraus - est optimiste s’il pense pouvoir rendre les hommes pires qu’ils ne sont ». Par contre, nos oligarques rentiers et spéculateurs à out- rance peuvent eux-mêmes choisir de devenir de meilleurs citoyens. Et de se réconcilier avec la nation haïtienne. Ils ont le choix. *Le taux de change du yuan chi- nois (CNY) par rapport au dollar US (USD) est de 1 CNY pour 0.16 USD (cotation du 13 août 2015. Le taux de change pour le yuan chinois a été pour la dernière fois – au moment d’écrire ces lignes – mis à jour le 13 août 2015 par le Fonds monétaire international (FMI). Le taux de change pour le dollar US a été mis à jour pour la dernière fois le 13 août 2015 par le FMI. **La stagflation est la coexistence de l’inflation et de la stagnation. L’inflation est la hausse du niveau général des prix qui équivaut à une perte de valeur de la monnaie. La stagnation est une période prolongée de faible croissance ou de croissance zéro de l’économie d’un pays. D’une façon générale, une crois- sance annuelle de moins de 2% à 3%. A prolonged period of little or no growth in the economy. Eco- nomic growth of less than 2 to 3% annually is considered stagnation ***Cotations du 12/08/2015 à 22h16 TAUX DE RÉFÉRENCE (BRH) >Taux moyen d’achat 51. 6546 GDES >Taux moyen de vente 52. 3001 GDES COURS DE LA GOURDE 13 AOÛT 2015 10 | N0 61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 ÉCONOMIE Spéculation, krach et valeur-refugePar Henri Alphonse TOUSAZIMUTS
  • 11. DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0 61 | 11 ÉCONOMIE S i un ménage, même endetté jusqu’au cou, vivait dans une maison estimée à 200.000 dol- lars, alors il pouvait emprunter une part proportionnelle à la banque, proche parfois de la valeur estimée du bien. Du point de vue des banques, le calcul était simple : en prêtant de l’argent, les ménages pourront consommer, investir, vivre mieux et dégager bientôt de quoi nous rembourser ; pour ce service, nous pouvons appliquer des taux d’intérêts fluctuants, très prof- itables, indexés sur le marché pour maximiser le rendement des prêts hypothécaires ; enfin, si la famille en vient à ne plus payer ses traites, nous pourrons saisir le logement, ce qui constitue une garantie de remboursement à coup sûr. Chacun sait aujourd’hui que ce scénario ne s’est pas déroulé comme prévu. La perversion du système Si le mécanisme de crédits en était resté là, tout injuste qu’il est pour des travailleurs pris à la gorge, il n’aurait pas provoqué la tempête de 2008. En réalité, le système va beaucoup plus loin. La finance capitaliste repose sur un prin- cipe élémentaire : les établisse- ments prêtent de l’argent qu’ils n’ont pas. Pour bien comprendre, nous allons prendre un exemple abstrait. Mettons que mille individus demandent, chacun, un prêt de mille dollars à la banque A. Celle- ci n’a pas un million d’euros en poche ; mais elle peut en avoir seulement 100.000, soit 10%, et accorder malgré tout ces prêts. Le procédé est simple : pour récupérer le million de dollars, elle recourt marché financier. En émettant des actions, elle peut se financer massivement, pour réaliser ses opérations et au final, donner à ses financeurs une bonne rentabilité. Le plus souvent, ça fonctionne très bien : la banque A, si elle applique un taux d’intérêt moyen de 5 % à ses clients, en redistribuant 3 % aux actionnaires et en empochant 2 % de commission, fait une excel- lente affaire. Cela signifie qu’elle a gagné 20 000 dollars, pour avoir prêté un argent qu’elle ne possède pas ; et au passage, elle a grasse- ment rémunéré les actionnaires, qui auront davantage confiance en elle. En réalité, les sommes sont bien plus élevées, donc les risques aussi. Pour parer les probabilités de ne pas se voir rembourser, la banque A veille à mutualiser les risques. Elle combine les engage- ments financiers : si une action reposait, au bout du compte, sur un seul crédit, elle ne vaudrait plus rien au cas où l’endetté ne rembourserait pas. La banque A veille donc à ce que chaque titre sur le marché cor- responde à une somme de parts dans de nombreux crédits, étalés temporellement et géographique- ment : c’est latitrisation. De plus, notre banque émet en réalité des actions pour un mon- tant supérieur aux prêts qu’elle fournit aux ménages ; ainsi, elle place des capitaux dans une mul- titude d’investissements, sûrs ou très rentables. Avec une trésorerie toujours égale à 100 000 dollars, la banque A peut donc brasser, par exemple, deux millions de dollars sur les marchés financiers : tout repose sur la promesse de gains contenue dans le bénéfice qu’elle réalisera sur cette capitalisation élevée. Là où l’affaire se corse dangere- usement, c’est que les deux mil- lions de dollars de capitalisation font eux-mêmes l’objet d’une spéculation. A partir de ces actifs financiers sont émis des dérivés de crédit, consistant en des options d’achats – mais pas des promesses – des actions con- cernées. Ce mécanisme permet, a priori, de réduire les risques : un autre financeur, l’acheteur du dérivé, se porte garant pour l’actif et le « protège ». En réalité, c’est un moyen pour les financeurs de doper dans des pro- portions astronomiques la quan- tité de capitaux, donc les revenus qui leur sont liés – les dividendes notamment. Ce commerce juteux s’est placé, ces dernières décen- nies, au cœur du système finan- cier international. Pour l’exemple de la banque A, les deux millions d’actifs financiers peuvent faire l’objet d’un montant équivalent de dérivés de crédit. La capitalisation totale de l’affaire est donc portée à quatre millions de dollars ; le tout, alors que seul un million a été effective- ment prêté, et pourra fera l’objet de remboursement ; et alors que la trésorerie de la banque A est, encore et toujours, à 100 000 dollars, soit moins de 3% de la capitalisation totale prenant en compte les dérivés. L’exemple présenté, derrière des sommes abstraites pour rendre les mécanismes intelligibles, est loin d’être une exception : c’est le modèle de la finance capitaliste. Il est question ci-dessus de dol- lars, pour ne pas trancher avec le présent exposé sur les subprimes ; mais le raisonnement reste par- faitement valable en euros ou en francs, étant donné que le mécanisme est tout autant utilisé par les compagnies d’assurance et les banques françaises. Revenons donc à notre exemple. A partir d’un millions de dol- lars dans l’économie réelle, qui représentent déjà un pouvoir d’achat artificiel pour les ménag- es endettés, ce sont quatre mil- lions qui peuvent transiter sur les marchés et arroser copieusement les gros porteurs d’actions. Le système tient parce que les capitaux se renouvellent, parce que les ménages continuent de contracter toujours plus de crédits immobiliers ou à la consomma- tion, et parce que les mouvements de fonds sont permanents. Il subsiste même si, parmi les 1 000 individus qui ont emprunté mille dollars à la base, 50 en vien- nent à ne pas pouvoir rembourser. Mais à 100 insolvables, le système vacille dangereusement ; et si la confiance se perd, les capitaux s’enfuient aussi rapidement qu’ils sont arrivés. *Benoit Delrue est journaliste au quotidien français LE BILAN **La suite dans la plus prochaine édition du National. © picpusdan2.free.fr/ Dans un processus décortiqué avec talent par Michael Moore dans son film Capitalism : A love story, les banques ont mis en place au début des années 2000 un système pernicieux. Les familles surendettées se sont vues proposer de prendre un crédit sur l’hypothèque de leur logement : en pleine ascension des prix de l’immobilier, s’est diffusée l’idée selon laquelle les maisons sont des « tas d’or », des « banques » à elles seules. Selon le FMI, la plus grosse bulle financière de l'Histoire va bientôt exploserPar Benoit Delrue* | 4 de 5
  • 12. DUVENDREDI14AUDIMANCHE16AOÛT2015N0 61|1312|N0 61DUVENDREDI14AUDIMANCHE16AOÛT2015 Port-au-Prince,le10août2015.-lesMinistresdel’IntérieuretdesCollec- tivitésTerritoriales,delaDéfense,desAffairesEtrangèresetdesCultes, del’EconomieetdesFinances,ReprésentantsduConseilTechniquede GestionetdeDéveloppementdesFrontièresontrencontréleSyndicat desTransporteursHaïtiensreprésentéparFritzConstant,JosephMontes, - mentsmalheureuxsurvenusaupointfrontalierdeMalpasse-Jimanipendant Cettesituationdedésordreetdetension,quiadébutéavecunebagarre entredeuxriverainsdelafrontièrehaïtiano-dominicaines’estsoldéepar undécèsdontl’Etathaïtiendéploreavecuneextrêmerigueurets’incline devantladépouilledudéfunt.LamortdececamionneurlefeuJonasJoseph ettrouverlemeurtrierpuisquelespartieshaïtiennesetdominicainesse CedrameaprovoquélacolèredenosconcitoyensetleshabitantsdeMal- passe,FondsParisiensontbloquélaroutenationaleNo…etontparalyséle TechniquedesFrontières(CTF)regrettequedesfaitsaussitroublants - - régnerl’ordreetladisciplinedanscettezonestratégiquepourlecommerce - entcommuniquésdemanièrecélèreauxresponsablesdel’administration Judiciairepourlessuitesdedroit. Parailleurs,laCommissionTechniquedeGestionetdeDéveloppementdes FrontièresenappelleaucalmelesriverainsdeMalpasse,FondsParisisens, NOTEDEPRESSE RéuniondetravailentrelesmembresdelaCommissionTechniquedeGestionetdeDéveloppement desFrontièresCTFetleDirectoireduSyndicatHaïtiendeTransporteursFrontaliers vivreensembleetdebonvoisinage,enétantparticulièrementsoucieuxdu suivantesaudirectoiredelaFENATH: -laCommissionproposeinstammentauxsyndicatsdestransporteurs Haïtiensd’engagerundialogueconstructifaveclaFédérationdestranspor- entrelaRépubliqued’HaïtietlaRépubliqueDominicaine,quecesoitsurla frangedeMalpasseoud’autrespointsdetransitdebiensetdepersonnes surlabandefrontalièreengénéral. -LaCommissionTechniquedeGestionetdeDéveloppementdes aveclaPoliceNationaled’Haïti,l’AdministrationGénéraledesDouanes,les structuresdelaDéfenseNationale,pourrenforcerlasécuritédesvéhicules, desmarchandisesetdespersonnesdanstouslesaxesdepassagedela frontière. perspective,leGouvernementHaïtienmettratrèsbientôtenplaced’abord seraopéréedeconcertaveclaDouane,lesyndicatdestransporteurshaï- letransportdemarchandisesdanscetaxefrontalier. LesMinistredel’Intérieur,delaDéfense,del’EconomieetdesFinances, accompagnésparlesmembresduSecrétariatExécutifdelaCommission TechniquedeGestionetdeDéveloppementdesFrontièresontréitéréaux transporteursHaïtiensleurtotalsoutiendanslesdémarchesencoursvisant árégulariserlasituationauxfrontièresetontinsistésurlafermedétermi- nationduGouvernementhaïtiendemaintenirl’ordreetlapaixsurles380 kilomètresdefrontièresdupays. -Fin- INSERTIONDEMANDÉE SPORT INSERTIONDEMANDÉE
  • 13. 14 | N0 61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 JUSTICE Faut-il une loi fixant le statut d'une Première dame en Haïti ? par Eddy Laguerre, Av. C e n’est pas seulement en Haïti qu’il n’existe aucune loi traitant du rang, du traitement ou même des pouvoirs d’une première dame. Le terme « première dame » ou « first lady » vient d’abord d’une tradition américaine. La porteuse de ce titre ne remplit pas une fonction mais, est souvent appelée, selon les cultures et les peuples, à jouer des rôles, pour le moins, importants. Il convient de souligner d’entrée de jeu que, comme dans le cours de l’histoire, de plus en plus de femmes sont arrivées à des postes de chef d’État ou de gouverne- ment, on a donc introduit, pour leurs maris, l’appellation anglaise de « First gentlemen » qui se dit en français « Premier monsieur ». Aussi dans des pays comme la France, on attribue le titre de « première dame », même à la compagne non mariée du chef de l’État, comme c’était le cas pour Valérie Trierweiler avant sa sépa- ration avec le président François Hollande. Une partie de la presse américaine, pour se référer à la compagne du président Hollande, avait préféré parler de « First girl- friend » ou « Première petite-amie ». Certaines premières dames ont pu rattacher des fonctions officielles à leur statut. C’est par exemple, le cas de madame Hilary Clinton qui, au cours du mandat du pre- mier mandat de son mari Bill Clin- ton, comme président des États- Unis, a été nommée conseillère à la maison blanche, en matière de réforme du système de santé. L’épouse du président Français Nicolas Sarkozy, Cécilia Sarkozy a pendant longtemps travaillé au sein des cabinets ministériels tandis que la femme du prési- dent sénégalais Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo a occupé le poste de vice-présidente de l’Assemblée nationale, durant le mandat de son mari. Des avantages naturels ? Tandis que se tient en Haïti la course à la 50ème législature, on n’a pas trop entendu de candidats se pencher sur cette question rela- tive au rôle de la première dame qui vient pourtant de faire la une au cours de la législature précé- dente. En effet des parlementaires ont contesté la décision du prési- dent Michel Martelly de nommer son épouse Sophia, coordonatrice d’une commission présidentielle chargée de lutter contre la faim. À la campagne électorale pour les législatives 2015, un seul candidat a parlé d’une proposition de loi sur les services de la présidence qui pourrait aussi inclure des dis- positions relatives à l’épouse du président de la République. Mais, il demeure qu’aujourd’hui, presque tout ce qui a rapport à la première dame est dicté soit par la morale, soit par le bon sens. Sur le plan protocolaire, la place et les honneurs dûs à une première dame dans les cérémonies officielles et les réunions publiques relèvent encore de l’usage. En outre, en tant qu’épouse d’un chef d’État, elle a accès à des dossiers et à des informations de haute impor- tance, mais le devoir de réserve auquel elle doit logiquement se courber, ne lui est pas attribué par une loi, comme c’est le cas pour les fonctionnaires publics. En Haïti, comme ailleurs, l’épouse du président dispose, dans la pra- tique, d’un bureau et d’un service de presse. Mais le mode de rap- port entre ce bureau et les autres organismes publics ne sont pas clairement définis dans notre droit administratif. La première dame est-elle une supérieure hiérarchique pour un ministre ? Peut-elle lui passer des ordres ? On aura beau répondre par la négative à chacune de ces ques- tions et rappeler que le ministre relève directement du Premier ministre, chef du gouvernement, mais à l’épreuve de la réalité on pourrait aisément remarquer le contraire. Un statut incompatible avec d’autres fonctions ? Les incompatibilités entre le statut de première dame de la République et l’exercice de cer- taines fonctions pourraient aussi relever du domaine de la loi. Sans qu’aucune loi ne l’interdise expressément en Haïti, des ques- tions éthiques peuvent se sou- lever contre une première dame occupant des fonctions qui la font intervenir directement dans la ges- tion de la chose publique. Même si son rôle de facilitatrice dans certains secteurs notamment pour la réussite de certains projets, est bien toléré et parfois félicité, il demeure que le fait par une pre- mière dame d’être formellement nommée par son mari président, est apparu comme une violation d’un principe bien que non-écrit. Toutefois, le débat sur les incom- patibilités, peut aller plus loin et s’étendre à des domaines appar- emment plus simples. Une femme juge dont le mari est devenu président de la Répub- lique peut-elle continuer à faire partie du pouvoir judiciaire ? Sa présence ne porterait-t-elle pas atteinte à l’indépendance de ce pouvoir ? En plus de la fonction de juge, la même question pourrait se poser pour presque toutes les pro- fessions judiciaires, à l’exception de celle d’avocat. Une première dame peut-elle continuer à être notaire ou arpenteur ? Dans des pays où la démocratie a pu atteindre le stade de la maturi- té, on a vu des premières dames jouer le rôle de parlementaires durant le mandat de leurs maris. Mais en Haïti, on peut difficile- ment imaginer ce qui arriverait si l’épouse d’un président en fonc- tion, serait députée ou sénatrice et que, de surcroit, celle-ci serait devenue présidente de l’une des deux chambres du Parlement. La constitution prévoit plusieurs cas où le chef de l’État doit entrer en consultation avec les présidents des deux chambres pour des choix importants tels celui d’un Premier ministre, au cas où il n’y aurait pas de parti majoritaire au Par- lement. Si sa femme est amenée à présider l’une de ces chambres, c’est le principe même de la sépa- ration des pouvoirs qui pourrait être mis en péril. Toujours dans le chapitre des incompatibilités, on pourrait, dans un cadre plus large, se demander si l’épouse du président de la République peut continuer à être une employée au sein d’une insti- tution privée ou publique ? Peut- elle continuer à être, par exem- ple, une employée au sein d’un ministère, ayant ainsi un ministre et un directeur général comme ses supérieurs hiérarchiques ? Les positions, par rapport aux questions soulevées ici, pour- raient diverger d’un juriste à l’autre mais loin d’exprimer une opinion, ces questions tentent de soulever un débat qui mérite de se faire aujourd’hui en Haïti. Quelle juridiction pour juger une première dame ? La constitution haïtienne recon- nait un privilège de juridiction au président de la République comme à beaucoup d’autres hauts fonctionnaires de l’État. En effet, l’article 189 de la Constitution de 1987 dispose que le président de la République est passible de la haute cour de justice. Tel n’est pas le cas pour son épouse qui peut donc aisément être poursuivie par devant les juridictions ordi- naires. Aucune disposition légale n’interdit formellement la pour- suite et l’emprisonnement d’une première dame ou de tout autre membre de la famille présiden- tielle. Les questions que l’on pourrait se poser sur les prérogatives de l’époux ou de l’épouse d’un chef d’État en Haïti, sont nombreuses. Même en cas de décès de ce personnage on pourrait être amené à se demander s’il faut faire des funérailles nationales ou officielles. La loi, dit-on, ne peut pas tout prévoir. Peut-être, au lieu de penser à un texte législatif consacré uniquement à la personne de la première dame, on pourrait en profiter pour traiter de manière générale de la famille présidentielle. Mais dans tous les cas de figure, le débat mérite de se faire. La Première dame Sophia Martelly. / Photo (archives) : J. J. Augustin Dans beaucoup de pays, les épouses des présidents de la République interviennent dans des domaines spécifiques qui se rapportent souvent à la santé, à la jeunesse, à l’éducation, aux droits des femmes ou à la protection de certaines minorités telles : les handicapés, les malades du sida, etc. En Haïti, on a connu des premières dames qui sont complètement restées dans l’ombre, soit par choix personnel ou stratégique, soit en fonction du tempérament de leurs maris présidents. On a aussi connu des épouses de présidents qui se sont mises au devant de la scène, essuyant parfois des critiques sur la légalité - voire la légitimité- de leurs interventions. Pour en finir, faut-il qu’une loi vienne fixer les limites et le champ d’action d’une première dame ?
  • 14. DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0 61 | 15 SOCIÉTÉ Où sont passés nos fruits ?Par Stephanie Balmir La majorité des fruits haïtiens ont leur période. Durant l’année, ils ne sont pas tous présents sur le marché. C’est pendant les vacances d’été qu’une variété de fruits est remarquée. Cette année, on n’en voit presque pas. La rareté de pluie, la sécheresse, le prix et la qualité sont autant de facteurs qui, selon certaines marchandes, empêchent une grande production de fruits. A u marché Salomon, rien n’a changé. Le bruit et le tohu- bohu habituels sont au ren- dez-vous. Les marchandes gardent les mêmes places au soleil. De grands chapeaux de paille sur la tête, elles invitent les clients à achet- er toutes sortes de produits : fruits, légumes, produits alimentaires, entre autres. Des marchandes ambulantes vendent des sachets d’eau. Tandis que des voitures créent la panique de temps à autre. Le long de la rue sont étalés ces produits rares. L’on verra surtout des grenadias, surn- ommés fruits de la passion et des melons. C’est leur période. Deux ou trois marchandes de cerises laissent croire qu’elles ne sont pas si rares. Plus loin, l’on verra des abricots, des ananas, quelques oranges et des cit- rons auxquels le soleil de midi fait la guerre. Quoique l’on remarque certains fruits : avocats, mangues, qué- nèpes, la quantité est négligeable lorsque l’on sait que cette péri- ode est la leur. La majorité des marchandes croit que la rareté des fruits est due à la sécheresse que le pays connait depuis quelque temps. « Certains fruits dépen- dent de la pluie. Si la sécheresse s’établit, ils deviennent automa- tiquement rares », explique une marchande de cerises, dans la vingtaine. D’ailleurs, elle reste convaincue que le cerisier qu’elle a, à Léogâne, accuse une produc- tion très limitée, cette année. Plus loin, des marchandes de figues-bananes s’agglutinent devant leurs paniers qui ten- dent à toucher les parasols qui les protègent. Deux d’entre elles questionnées sur la présence des fruits dominicains sur le marché haïtien disent n’en rien savoir : « nous vendons uniquement des figues-bananes haïtiennes. Qu’il y ait des figues dominicaines sur le marché, cela ne nous regarde pas de toute façon ». Pourtant, une autre avoue que les figues dominicaines sont très fréquen- tes sur le marché local. Toute- fois, elle a le soin de souligner qu’elles sont inferieures à celles produites en Haïti. « Regardez, ces figues-bananes haïtiennes, elles sont laides et petites, la plupart. Tandis que, celles venant de la République dominicaine parais- sent jolies. Cependant, il faut s’en méfier car elles n’ont ni goût, ni vitamine. Nous les achetons rare- ment ». « Il y a toujours des fruits domini- cains ici et cela nous dérange », prononce une marchande de gre- nadias rencontrée plus loin. Avec un drôle de visage, elle raconte qu’il y a même un entrepôt de melons dominicains au marché Salomon. « Nous sommes soula- gées, ces dernières semaines. Nous vendons parce que ces fruits sont interdits, ces jours-ci ». Toutefois, elle admet que les melons domini- cains sont très sucrés, donc, sont préférés à ceux que nous produi- sons. Dans un coin, non loin d’une marchande de nourriture, deux marchandes de mangues discu- tent. Pour ces deux femmes qui croient que la production de mangues a considérablement baissé, aucune autre raison sinon l’absence de pluie ne peut expliquer cette situation. « Il ne pleut pas. Les fruits deviennent de plus en plus chers », raconte l’une d’entre elles. « Puisque nous achetons nos mangues à des prix exorbitants, nous sommes obli- gés de les revendre à des prix qui peuvent nous aider à générer des bénéfices », renchérit l’autre en mangeant tranquillement l’une des mangues exposées dans une cuvette sur le trottoir. Une marchande de fruit installée à Pétion-ville avoue qu’elle vend souvent des fruits dominicains. Notre plus grand handicap, selon elle, est le fait que nos fruits sont saisonniers. « La majorité de nos fruits sont saisonniers. Cela dérange l’équilibre de leur vente. Les Dominicains produisent des fruits tout au long de l’année et cela constitue un avantage », sig- nale-t-elle. Elle prend d’ailleurs l’exemple de la papaye qui devi- ent rare. « Nous n’avons plus de papayes. Est-ce que les marchan- des attendront la prochaine saison pour en vendre ? Moi person- nellement, j’achèterai des fruits dominicains une fois qu’ils seront disponibles sur le marché haïtien. Parce que je dois vendre. Je dois vivre». Un homme installé à côté de la marchande souligne que la rareté de nos fruits est due au manque d’agronomes dignes de ce nom. « Nous n’avons plus d’agronomes. Nos enfants veulent tous être médecins maintenant. Il y a quelques années, les agro- nomes trouveraient une solution à la rareté de fruits qui sévit en Haïti aujourd’hui ». En outre, ils mettent l’accent sur la construc- tion dans nos plaines qui perdent leur vocation. « La plaine du Cul-de-Sac était réputée pour sa grande production de mangues et de cannes-à-sucre. Aujourd’hui, nous n’y voyons que des masses de béton ». La rareté de la pluie, la sécher- esse, le prix et la qualité sont autant de facteurs qui, selon les marchandes empêchent les fruits haïtiens de connaitre un essor, d’autant que ceux-ci sont saison- niers. Des solutions doivent être envisagées pour réguler cette situ- ation et, du même coup, réduire le taux de consommation de fruits étrangers. Selon les déclarations de certaines marchandes de fruits au centre-ville, les fruits domini- cains sont frappés d’interdiction d’entrée sur le marché haïtien. Serait-ce la pose d’une première pierre pour règlementer la vente de fruits ? La majorité des fruits haïtiens ont leur période. / Photo : Ruben Chéry
  • 15. L e dimanche 9 août, vers 3 heures de l’après-midi, me raconta Édouard, il reçût un appel de son ami Carl Manda- rin, un candidat député. Ce dernier voulait le voir immédiatement. Édouard, vu la situation, on était en pleines élections, se dépêcha de se rendre chez Mandarin. Il trouva celui- ci dans sa jeep, déjà à l’attendre. -Tu vas avec moi, dit-il à Édouard. -Nous allons où ? -Chez ton ami. Albert Buron. -Pourquoi faire ? -Tu es son ami. J’ai besoin de toi. Édouard exigea de savoir de quoi il s’agissait même s’il faisait confi- ance à Mandarin. -Buron contrôle deux centres de vote dans la commune, expliqua Mandarin. Les plus importants. -Mais il n’est pas candidat ! S’étonna Édouard. -Tu viens avec moi et tu compren- dras. Édouard, dès qu’il s’agissait d’Albert Buron, était toujours inté- ressé, car il n’y avait pas mieux que ce prototype d’Haïtien comme il faut pour bien comprendre la réalité haïtienne. Il monta dans la jeep et Mandarin démarra dans un crissement de pneus. -Comment Buron a-t-il fait pour avoir le contrôle de deux centres de vote ? demanda Édouard. Mandarin fut pris d’une quinte de toux. -Buron pa jan m kandida men li konn fè eleksyon. Édouard ne dit rien. La maison de Buron n’était pas trop loin. Dès que Mandarin se gara dans la cour de Buron, Édouard constata le va et vient fiévreux dans la demeure. Il y avait d’autres véhicules garés dans la cour. Il vit sortir un groupe d’individus gesticulant et voci- férant promettant même de faire la peau à Albert Buron. Mandarin soupira. -Pale anpil comme on dit chez nous. Tout moun gen yon zanno kay Buron. Personne n’osera s’en prendre à lui. Le problème, c’est qu’il est dur en affaires. -Quelles affaires ? demanda Édouard stupidement. Une domestique introduisit Man- darin qui dut parlementer un instant pour qu’il soit accompagné d’Édouard. Cela ne plut pas à Albert Buron quand il reçût Man- darin. -Vous devriez venir seul, dit le grand Haïtien. -Édouard est un conseiller de mon parti. -Édouard ne connait rien à la réali- té de ce pays, marmonna Buron. -C’est moi qui décide de tout, Buron, insista Mandarin. J’ai voulu cependant que mon con- seiller m’accompagne. Buron jeta un regard mauvais à Édouard. -Vous êtes un bon hypocrite. Vous ne m’aviez jamais dit que vous étiez avec lui. Il prit un verre et une bouteille de whisky. -Cela ne change rien. Les affaires sont les affaires. Il y a huit can- didats, mais je vous offre une victoire facile avec ces deux cen- tres de vote. Avec en prime, pour éviter toute mauvaise surprise, la fermeture de quelques bureaux de vote de la commune qui pour- raient nuire à votre projet. Vous offrez quoi ? Édouard dit qu’il resta sans voix. Ce fut seulement à ce moment qu’il comprit ce qui se passait. -J’ai apporté l’argent, dit Manda- rin. -Combien ? dit Buron, le visage radieux. Mandarin dit un chiffre. Buron se renfrogna. -Il y a deux candidats qui offrent légèrement mieux. Mandarin fit un clin d’œil à Édouard. -Moi, je peux proposer des choses sur le long terme. Buron soupira. -Quoi ? -J’ai de très bons contacts avec des personnes bien placées. Buron ricana. -Je vous écoute. -Je peux vous arranger plein de chose aux frontières par exem- ple…. Vous voyez de quoi je parle ? Buron déposa son verre sans avoir pris une gorgée. Il réfléchissait, soupesait la proposition de Man- darin. -50 000 en plus et vous êtes député. Mandarin se tourna vers Édouard. -Dites quelque chose, cher con- seiller. Édouard comprit alors pourquoi on l’avait emmené. -Buron… Quand même… Manda- rin était sur le même banc d’école que vous. -Les affaires sont les affaires, rugit Buron. -Vingt cinq mille, Buron, dit Édouard. Allons… Pour nous faites un effort. -C’est bien pour vous, marmonna Buron. Va pour Vingt cinq mille. Mais la frontière… La frontière ! Je prends même les rapatriés. Mandarin sortit son carnet de chèques. L’affaire se conclut rap- idement. Buron offrit même… en prime au candidat une bouteille de champagne. Édouard raconta qu’il ne parvint plus jamais à placer un mot. D’autres candidats arrivaient chez Buron. « Il a un réseau impor- tant dans quelques communes. Se nèg ki konn fè eleksyon” expliqua Mandarin. Édouard demanda à Mandarin s’il faisait confiance à Buron. « En affaires, il faut pou- voir inspirer confiance. » -Si quelqu’un d’autre va fermer les centres contrôlés par Buron ? Mandarin secoua la tête. -On voit que tu ne comprends pas trop bien la situation. Ce quelqu’un d’autre ici, ne peut être que Buron. Se li k konn fè eleksyon isit lan. C’est ce que me raconta Édouard qui dut s’aliter pendant trois jours, vaincue par une migraine carabinée. 16 | N0 61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 SOCIÉTÉ Avis Le Tribunal de Première Instance de Port-au Prince compétemment réuni au Palais de Justice de cette ville a rendu en audience publique et en ses attributions civiles un jugement de divorce entre les époux Réginald Nadel LAMARRE femme née Merry Lavenal ainsi libellé : Par ces motifs : Le Tribunal après examen et sur les conclusions conformes du Ministère public accueille l’action du requérant pour être juste et fondée, main- tient le défaut octroyé contre la partie défenderesse pour le profit du défaut déclare fondée la dite action. Admet en conséquence le divorce du sieur Reginald Nadel LAMARRE d’avec son épouse Merry Lavenal pour incompatibil- ité de caractères et injures graves et publiques; prononce la dis- solution des liens matrimoniaux existant entre dits époux ; ordon- ne à l’Officier d’Etat Civil de la commune de Delmas de transcrire dans les registres à ce destiné le dispositif du présent jugement dont un extrait sera publié dans l’un des quotidiens s’éditant à la capitale sous peine de dommages et intérêts envers les tiers s’il y échet. Compense les dépens vu la qualité des parties ; Commet l’huissier Jean Joseph Donald Cadet de ce tribunal pour la sig- nification relative à l’exécution du présent jugement ; Donné de nous, Jacques Hermon CONSTANT, Juge en audience civile ordinaire du mercredi dix sept juin deux mil quinze (17 juin 2015) ; en présence de Me. Paul Wesley Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort et avec l’assistance du sieur Homère Romain Greffier du siège. Il est ordonne. Etc…. En foi de quoi, etc……. Me Daniel Jeudy Avocat Avis Le Tribunal de Première Instance de Port-au Prince compétemment réuni au Palais de Justice de cette ville a rendu en audience publique et en ses attributions civiles un jugement de divorce entre les époux Justin Morel VOLMIDOR femme née Joseph Erzulia LUBIN ainsi libellé : Par ces motifs : Le Tribunal après examen et sur les conclusions conformes du Ministère public accueille l’action du requérant pour être juste et fondée, main- tient le défaut octroyé contre la partie défenderesse pour le profit du défaut déclare fondée la dite action. Admet en conséquence le divorce de la dame Joseph Erzu- lia Lubin d’avec son époux Justin Morel Volmidor pour incompati- bilité de caractères et injures graves et publiques; prononce la dissolution des liens matrimoni- aux existant entre dits époux ; ordonne à l’Officier d’Etat Civil de la section Nord de Port-au-Prince de transcrire dans les registres à ce destiné le dispositif du présent jugement dont un extrait sera publié dans l’un des quotidiens s’éditant à la capitale sous peine de dommages et intérêts envers les tiers s’il y échet. Compense les dépens vu la qualité des par- ties ; Commet l’huissier Jean Joseph Donald Cadet de ce tribu- nal pour la signification relative à l’exécution du présent jugement ; Donné de nous, Jacques Hermon CONSTANT, Juge en audience civile ordinaire du mercredi dix sept juin deux mil quinze (17 juin 2015) ; en présence de Me. Paul Wesley Substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort et avec l’assistance du sieur Homère Romain Greffier du siège. Il est ordonne. Etc…. En foi de quoi, etc……. Me Daniel Jeudy Avocat PETITES ANNONCES Les affaires sont les affairespar Gary VICTOR EXIT
  • 16. DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 N0 61 | 17 CULTURE Lire rime à loisirPar Carl-Henry PIERRE L ’implication de la jeunesse ne dépend pas d’une certaine oli- garchie littéraire, des grands qui barrent la route aux petits, ni du manque d’ouverture des ainés. « Les jeunes doivent travailler dur pour se faire une place au soleil », a déclaré l’écrivain Évains Wêche, dans un entretien au journal Le National. Pour l’auteur de «Les Brasseurs de la ville », il n’y a pas de cadeaux, surtout en littérature. Le National : La quinzaine du livre des Éditions des vagues, en quoi consiste-elle? Evains Wêche : La quinzaine du livre des Éditions des Vagues est une activité de promotion du livre et de la lecture. Nous comp- tons présenter la lecture comme activité de loisir auprès des jeunes vacanciers/vacancières. Aussi, durant la quinzaine, nous avons opté pour des activités culturel- les récréatives diverses : lecture scénique, ateliers d’écriture et de lecture, animations, spectacles, rencontres avec les auteurs, quelques débats, etc. Contraire- ment à la plupart des activités autour du livre, nous espérons aller à la rencontre des lecteurs tant à Port-au-Prince que dans les villes de province comme Jacmel, Gonaïves, Ouanaminthe, Jéré- mie... L. N: En effet, « Regard critique sur l’implication de la jeunesse haïtienne dans la littérature con- temporaine » est le thème qui sera débattu le mardi 18 août 2015, au Centre Numa Drouin, à Jérémie. Pourquoi une telle thématique? E. W : La littérature haïtienne brille de tous ses feux. Le par- cours d’un Gary Victor, d’une Kettly Mars, d’un Dany Laferrière ou d’une Yanick Lahens, fait rêver plus d’un. Beaucoup de jeunes veulent se lancer/se lancent dans l’écriture et espèrent devenir le prochain James Noël ou le pre- mier à recevoir le Goncourt. C’est formidable! Nous avons une forte densité d’auteurs de fiction par kilomètre carré qui parait extraor- dinaire. Mais, ces jeunes n’ont pas toujours les moyens de leur politique. La qualité douteuse des manuscrits que nous recevons aux Éditions des Vagues nous laisse perplexes. Les éditeurs cherchent de bons textes, personne ne sou- haite passer à côté du prochain Proust ou du Frankétienne en herbe. Nous en sommes venus à la conclusion que l’implication de la jeunesse ne dépend pas d’une certaine oligarchie littéraire, des grands qui barrent la route aux petits, ni du manque d’ouverture des ainés. Les jeunes doivent tra- vailler dur pour se faire une place au soleil. Il n’y a pas de cadeaux, surtout en littérature. L.N: Après les «vagues littéraires » assistera-t-on à une vague de pub- lications de jeunes auteurs sous le label de l’Édition? E. W : Nous avons publié bon nombre de jeunes auteurs et nous continuerons à le faire. Je te cite comme ça quelques titres de notre catalogue : Ma dernière séquence de Jean Erian Samson, Aloufa de Samuel Frantz Suffren, Vag yo pran egzil de Selmy Accilien, Lapenn enfini de Sénat Franckel, Ti-Chany lan d’Anthony Fortunat, À la une des saisons nouvelles de Jameson Despeignes, Souri bolid de Garnel Innocent, Ville entre parenthèse de Davidson Gilot, Brûlure ! de Junior Borgella… Malgré notre remarque sur le manque de travail de nos jeunes auteurs, nous avons quand même reçu quelques textes intéressants cette année. Nous allons travailler avec plusieurs poètes et des nou- vellistes. Nous souhaitons aussi rencontrer d’autres auteurs dans les autres départements durant notre tournée ! L.N: C’est quoi le bilan pour les jours écoulés? E. W : D’une manière générale, tout se passe bien. Nous sommes actu- ellement aux Gonaïves à l’Alliance Française. À Jacmel, les jeunes du centre culturel Charles Moravia nous ont épatés. Les participants manifestent beaucoup d’intérêt pour nos titres, vendus à prix modique pour l’occasion. Nous passons d’agréables moments en leur compagnie. Il y a beaucoup d’échanges. Ils sont très curieux. Les difficultés sont plutôt d’ordre économique : nous avons très peu de partenaires, en dehors des institutions qui nous ont ouvert leurs portes. Par ailleurs, il faut avouer que les élections nous ont volé la vedette. Ce qui nous a amenés à revoir notre calendrier. Le National: Quelle sensation le festival vous procure-t-il? Evains Wêche : L’équipe est très enthousiaste. Sans pour autant se faire d’illusions : la quinzaine du livre, c’est toute une entreprise! Les tensions sont énormes. Mais nous nous enrichissons de cette nouvelle expérience. Écrivains, nous réalisons combien notre tra- vail est important aux yeux des lecteurs; éditeurs, nous sommes à l’affut des moindres commentaires des participants pour mieux les connaitre et les satisfaire à l’avenir. Nous avons aussi un sentiment de fierté, une sensation agréable de participer à la construction d’un monde meilleur. Quand un lecteur siffle de joie et d’admiration en lisant quelques vers de Souri bolid de Garnel Innocent, notre cœur bat la chamade : nous lui avons offert un peu de bonheur! L’écrivain Évains Wêche.
  • 17. O n est lundi 10 août, toute la ville de Dessalines est en branle. Maisons repeintes, décorations, boutiques nouvellement installées sur toute la Grand-rue (Rue Jacques premier), mobiles publicitaires sillonnant la ville, tous les secteurs se mobil- isent. C’est la Sainte-Claire, la sainte patronne de Dessalines. La fête s’étend sur trois jours. Le 10 août est le premier jour de la grande célébration et le dernier annonciateur du jour principal (le onze). Là tout est prêt pour la fête, boutiques d’articles mystiques, boutiques de vêtements, le transport, la restauration, l’hôtellerie, bref tout est en activité. Cependant ces activités semblent ne pas être renta- bles par rapport aux années passées. Yolette Pierre, propriétaire d’une bou- tique de vêtements qui vient de Saint- Marc pour la fête, se plaint de n’avoir rien vendu. «Ha j’ai rien vendu, il n’y a pas d’électricité, on n’a pas pu rester la nuit. Et regarde en face de nous… d’habitude tout ce trottoir est rempli de petites boutiques pour l’occasion, cette année les affaires ne marchent pas », a-t-elle déclaré. Elle n’est pas la seule à se plaindre, le transport aussi, la restauration aussi. À la réception d’un hôtel à l’angle des rues Géfrard et Pérodin, on nous explique « il y a vraiment une baisse pour la fête cette année-ci. Jusqu’à présent on a des chambres vides alors que pour les années écoulées, toutes nos chambres étaient déjà occupées ou réservées bien avant ». Un autre hôtel à la rue Turling prolongée abonde dans le même sens. Tout le monde accuse les élections du 9 août. Cette année, c’est New look et New bell qui ont fait danser la population pour le premier grand jour. Le 11, le jour principal, est caractérisé surtout par le spirituel. Le mystique. Au petit jour une messe est célébrée à l’église Sainte-Claire, cette église plus vieille que notre indépendance suivant les propos de Durolguens. Pas beaucoup de monde, pour cette première messe. D’un autre côté des marchands d’articles mystiques, des pauvres, des Hougans et Mambo s’agitent. Dieulet Dieu-Grand, un Hougan, venu de Savane à roche, donne les numéros qui vont sortir à la loterie. Mais semble-t-il qu’il ne joue pas lui-même car il se plaint de ne pas avoir de clairin (alcool) ni de frais de transport pour le retour. Peu de temps après, neuf heures son- nent, c’est la grande messe. Là il y a beaucoup de monde. La messe a été célébrée en présence du commissaire de police, du maire par intérim de la ville, Dunel Josapha, du vice-délégué, Wadner Joseph et du candidat à la pré- sidence, Samuel Madistin. Mais le spi- rituel n’est pas fini, allons à la source ! À la source Félicitée, située à l’ouest de la Première capitale noire du monde, juste plus bas du fort Timadanm, c’est le bastion du spirituel. Cérémonie vodou, veau offert en sacrifice, champs de bougies allumées. Bref, vous ne pouvez pas avoir une vue d’ensemble de ce labyrinthe si vous n’avez pas un moyen aérien. On y vient pour pren- dre un bain de chance, pour laver le djòk (malchance) qu’on a sur soi, pour adresser une demande à la sainte, pour consulter un Hougan ou mambo afin de voir ce qui se passe dans sa vie ou ce qui va arriver etc. Mizè fanm, une dame dans la tren- taine venue de Plassac, cherche une solution à ses problèmes. L’an dernier, elle y était déjà mais rien n’a encore changé, confie-t-elle. Il faut noter que tout l’espace à la source n’est pas libre, il y a un espace fermé, on dirait une chambre, il faut avoir 25 gourdes pour y avoir accès. Interdiction de prendre des photos, des personnes s’y baignent toutes nues. À la sortie, Olius, un jeune homme de 25 ans venu de saint-Marc, il est là parce que des fois il a envie de se lever et de courir pour fuir les problèmes de la vie. Comme un Forest Gump. Il vient implorer la sainte, dit-il. À regarder le talent des danseuses de vodou dans leurs costumes multicolo- res, vous ne quitterez pas la source. Cette deuxième journée est clôturée par la traditionnelle affiche de Tropi- cana et Backy. Le douze est le dernier jour, le rendez- vous se donne à Borin. Cette rivière draine une tradition telle qu’elle est plus connue et fréquentée (en période de fête) que beaucoup de plages du pays. D’ailleurs on l’appelle « Borin beach ». On ne peut pas être de la ville de Dessalines et ne pas aimer Borin, dit-on (ne serait-ce que le 12 août). On y trouve tout le monde aux sons des DJ, des bandes de Rara, et des groupes musicaux. On se baigne, on danse, on rigole, bref des milliers de gens se détendent. Ce fief de Septentrional, où il a fait danser « gason djè djè » encore une fois cette année, reçoit, aux cotés de « Bernard beach » qui recevait Djakout #1, l’avant dernier grand événement de la fête. Puis tout se clôture dans la soirée avec les bals. C’est le groupe Le Compas qui a mis le point final à la sainte patronale de la ville du premier chef d’État socialiste noir du monde. 18 | N0 61 DU VENDREDI 14 AU DIMANCHE 16 AOÛT 2015 CULTURE Célébration de la Sainte ClairePar Sabry ICCENAT Comme à l’accoutumée, la commune de Dessalines a fêté ces 10, 11 et 12 août la Sainte-Claire. La plus grande fête patronale de l’Artibonite et l’une des plus grandes du pays a connu une baisse considérable cette année, due, à en croire les acteurs principaux de ladite fête, à l’organisation des élections du 9 août et aux conditions économiques du pays qui s’enveniment. Votez-moi ! Matyas Dand'or a frappé fort Par Ricardo Nicolas M atyas&Jojestl’histoirede deux compères insépara- bles de la vie courante qui se gavent de fourberies, mais qui quand même se font avoir de temps en temps. Matyas est un intellectuel raté qui ambitionne, un peu comme tous ceux frappés du syn- drome du chef, d’être député, même si rien dans son modus vivendi ne semble le porter vers cette dite ambi- tion. Joj, magouilleur de son état, est celui de qui émanent tous les emmer- dements. Racket, fraude, usage de faux décrivent terriblement bien son quotidien et il embarque toujours son congénère dans ces voies dou- teuses. Voilà en quoi consiste la physionomie de ces deux person- nages qui se font de plus en plus chérir par les fans. Votez-moi ! Est le quatrième vidéoclip de la troupe. Après « ou fout bel », « M al pwopte lari a » et « kareman ». La chanson tombe bien en pleine période électorale et Votez-moi fait bizarrement penser à quelques dérives et comportements de certains élus. Le clip commence par aborder la sensible question de l’alternance politique : « Sou pouvwa sa a se neg a cheve k’ap bon». Cela passe par l’intimidation, le matraquage de la liberté d’expression, quand un partisan du pouvoir intimide Matyas et le pousse à transformer son « ABA MAT… » En « ABA MATYAS ». Pourtant Aselwa (Gardien de cour de Matyas) l’avait bien mis en garde et l’a proposé de ne pas « MAKELI ». Certains artistes ne sont pas épargnés, ils prennent d’assaut la politique et pensent être « Nan bon bo a ». Et s’accumulent des rires de détresse tout au cours de la chanson, comme pour signaler que certaines promesses d’un quelconque élu n’auraient pas atterries. Est-ce si loin de la réalité ? Combien de candidats, à l’instar de Matyas truffent leur discours politique de promesses et semblent détenir, sans avoir à se casser la tête, les solutions aux problèmes du pays ? Matyas s’attaque à l’épineux problème de la faim. La solution n’est pas obligatoirement dans de vagues spéculations sur la production nationale. Mais plus simple que cela. On a beaucoup de chiens, bouffons- en propose-t-il. Comme beaucoup de candidats, il est convaincu de pouvoir acheter des votes de l’électorat, 1000 gourdes feront l’affaire. Le candidat Matyas se présente aux élections pour tenter de se couvrir du manteau de l’immunité. Suivez l’index ! Votez-moi, anti tet kale ? On ne peut ne pas penser que cette composition des frangins Matyas & Joj vise à siffler le régime « Tet Kale ». Rien n’est pourtant clairement déclaré. Mais le public n’est pas dupe. On sait tous qui a promis le rétablissement des Forces Armées d’Haïti. On a tous été touché par cette grande machine de propagande pour un pont à quatre voies (voix) : Alto, soprano, basse, ténor. On sait tous qu’il est plus facile pour certains d’organiser des carnavals. Plusieurs sur une année. Vous souvenez-vous d’un gouvernement ayant promis l’électricité 24/24 et 7/7 ? Tout semble avoir été touché : L’augmentation effrénée des taxes, La question de la double nationalité (Lui au moins il parle de triple nationalité et non de trois doubles nationalités !) et cætera. Un tube qui fait rigoler certains, mais qui n’est pas innocent. Plus que du « castigat ridendo mores », ce morceau serait un majeur érigé « tet kale » contre le régime. Dis Matyas ? « ABA MAT… » ! Est-ce vraiment ce à quoi l’on pense? En rotation depuis quelque temps sur les petits écrans, le nouveau tube de Matyas & Joj est sur toutes les lèvres. Sur une musique entraînante celui qui se porte candidat à tous les postes des élections, Matyas Dand’or dévoile son programme et donne un avant-goût de ce que serait son règne. Entre dérision et dénonciation d’une réalité et de pratiques politiques, l’aspirant à n’importe quel poste de l’État dresse un tableau pitoyable de ce qu’est pourtant déjà le modus operandi de nos élus. « Votez-moi » se permet d’accuser, de tenter (pourquoi pas ?) de corriger les mœurs en riant.