Voici le cours sur les troubles alimentaires que je donnerai pour un première fois ce vendredi aux étudiants en soins infirmiers du Collège de Maisonneuve.
1. Collège de Maisonneuve
Soins infirmiers en santé mentale
Michel Perrier Inf. B.Sc
mperrier@cmaisonnveuve.qc.ca
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2. Le Manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux,
aussi connu sous l’acronyme
anglais DSM-IV, reconnaît deux
syndromes officiels pour les
troubles de l’alimentation :
l’anorexie nerveuse (AN) et la
boulimie nerveuse (BN). Un
troisième syndrome, l’hyperphagie
boulimique (HB), sera fort
probablement inclus dans la
prochaine édition du manuel, le
DSM-V, dont la sortie est prévue
pour 2013.
3. Environ 3 % des femmes seront touchées par un
trouble alimentaire au cours de leur vie, ce chiffre peut
tripler si on ajoute les formes partielles de ces troubles,
qui ont néanmoins un impact significatif sur ceux qui
en souffrent.;
Les troubles alimentaires touchent davantage les jeunes
femmes de 12 à 20 ans;
Le début des troubles alimentaires débutent vers 15 ans
Taux de mortalité de 9%;
10 % souffrent d’anorexie et 15 % de boulimie;
Anorexie mentale : femmes de 12-30 ans;
0,5 à 4 % des femmes connaîtront un problème
d’anorexie;
Boulimie : 1 a`4 % des jeunes femmes durant leur vie.
4. Les troubles de l'alimentation apparaissent
généralement au cours de l'adolescence ou au début de
l'âge adulte et sont plus communs chez les jeunes des
sociétés industrialisées.
L'anorexie et la boulimie affectent plus les filles et les
femmes que les garçons et les hommes. Les hommes
représentent environ 10% des personnes affectées.
Les experts s'entendent pour dire qu'il y a de plus en
plus de personnes aux prises avec des troubles de
l'alimentation.
Si les statistiques permettent de dégager une
incidence plus élevée chez les femmes occidentales
d'âge scolaire, il est aussi vrai que nul n'est à l'abri des
troubles de l’alimentation.
5. Le pronostic évolutif est sévère, seuls 1/3
des patients vont vers la rémission, alors
qu’1/3 conservent des symptômes parfois
invalidants et 1/3 d’entre eux évoluent vers
la chronicité, voire des complications
parfois mortelles dont le suicide ou la
dénutrition.
L’anorexie mentale possède le taux de
mortalité suicidaire le plus élevé de tous les
troubles psychiatriques. Il arrive que
l’anorexie persiste et s’achève dans une
dénutrition gravissime et que l’issue soit
fatale (suicide, inanition ou déséquilibres
électrolytiques irréversibles).
6. Les anorexiques sont souvent perfectionnistes,
exigeantes, rigoureuses dans les domaines de
l’alimentation et de la scolarité ; les symptômes entrent
ainsi dans le contexte clinique de l’anorexie
Toutefois, dans certains cas on constate des symptômes
plus étendus dans le spectre « obsessionnel « : les
rituels dépassent le simple contexte alimentaire, et
atteignent d’autres secteurs ; il existe des
« symptômes » obsessionnels
Parfois le tableau clinique est celui d’un réel trouble
obsessif compulsif (TOC): ce trouble se définit par
l’existence d’obsessions et /ou de compulsions dont
l’intensité retentit sur le fonctionnement du sujet
7. L’anorexie se reconnaît à une série d’indices de
symptômes psychologiques, physiologiques et
comportementaux : refus de manger normalement,
fuite devant les aliments qui font grossir (sucre,
graisse), obsession du poids et de la ligne, incapacité
ou difficultés à reconnaître sa maigreur, poids inférieur
à 85 % du poids normal, absence de règles (aménorrhée
depuis au moins 3 mois).
La malnutrition a des conséquences physiologiques
importantes : pertes de cheveux, sensation permanente
de froid, accès de fatigue et malaises, constipations,
diathèses hémorragiques, hypercholestérolémie,
déshydratation, bradycardie, décalcification et
ostéoporose, chute de tension…
8. Refus de maintenir le poids corporel au-dessus de la
normale minimale (moins de 85 % pour l’âge et la
taille),
Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros,
malgré une insuffisance pondérale,
Altération de la perception du poids ou de la forme de
son propre corps (dysmorphophobie),
Influence excessive du poids ou de la forme corporelle
sur l’estime de soi, ou déni de la gravité de la maigreur
actuelle,
Aménorrhée pendant au moins trois cycles consécutifs
chez les femmes menstruées (aménorrhée
secondaire)12.
*DSM 4
9. Il existe deux types d’anorexie mentale
Les formes restrictives pures où
l’amaigrissement est obtenu
uniquement par jeûne et restriction
alimentaire
Les formes avec épisodes
boulimiques et conduites
d’élimination : après un accès de
goinfrerie (authentique ou ressenti
comme tel ) la patiente se provoque
des vomissements (avec ses doigts,
une cuillère, ou en prenant des
émétisants)ou elle ingère des
quantités excessives et
inappropriées de laxatifs et / ou de
diurétiques
10. Ils incluent entre autres : l'hérédité, les antécédents familiaux de
dépression, d'anxiété, de troubles de l'alimentation et les problèmes
de poids.
Plusieurs recherches ont permis de démontrer le rôle des facteurs
génétiques dans les troubles de l'alimentation. En effet, ils sont
clairement transmis à l'intérieur d'une famille, c'est-à-dire que
l'hérédité y joue un rôle. Or, ces données ne peuvent prouver que le
trouble de l'alimentation est transmis automatiquement de mère en
fille, mais permettent de dire qu'il peut y avoir transmission de traits
de tempérament ou d'une vulnérabilité à d'autres perturbations qui
augmenteraient le risque de développer un tel trouble.
Certaines anomalies au niveau des neurotransmetteurs régulant
l'appétit et l'humeur, auraient une influence sur le développement des
troubles alimentaires. Les chercheurs au Douglas réalisent
actuellement des études de pointe sur la question.
11. Les troubles de l’alimentation cohabitent souvent avec des
troubles affectifs, des troubles anxieux et des troubles du
contrôle des impulsions. Parfois, les troubles de
l’alimentation coexistent aussi avec des problèmes de
contrôle du comportement, de l’émotivité négative, de
l’autocritique ou du perfectionnisme mésadapté.
Il y a toutefois des différences énormes entre les individus:
Un tiers environ des personnes qui souffrent d’un
trouble de l’alimentation sont franchement « dé-réglées
» : elles sont impulsives et instables émotionnellement
Un autre tiers sont « sur-réglées »: elles sont inhibées et
en contrôle extrême de leurs émotions
Enfin le dernier tiers ne présente aucune
psychopathologie
12. On a toujours véhiculé un modèle idéal de beauté,
mais avec les années, ce modèle est devenu de plus
en plus mince, voire maigre. Les médias contribuent
à véhiculer plusieurs clichés et normes qui font
pression sur les femmes et les poussent souvent à
suivre des régimes draconiens néfastes pour leur
santé.
Le culte de la minceur s'inscrit dans une stratégie de
mise en marché de plusieurs billions de dollars. La
femme doit paraître soumise : on valorise la femme-
objet, fragile et dépendante.
Les pressions sociales sont davantage liées aux
différentes formes de boulimie, plutôt qu'à
l'anorexie. En effet, c'est un trouble qui semble avoir
augmenté sensiblement au cours des dernières
années et qui serait plus localisé dans les sociétés
industrialisées.
13. Les médias diffusent énormément de publicité quant aux fameux
régimes miracles et autres diètes infaillibles. En fait, dans le cas
des personnes dont les prédispositions génétiques sont
favorables aux troubles de l'alimentation, les régimes agiront
souvent en tant que déclencheur du trouble. Le premier geste à
poser est sans doute d'arrêter les régimes.
Les régimes ont aussi un effet physique néfaste : un régime
modéré de 3 semaines altère les fonctions cérébrales et réduit les
substances qui contrôlent l'humeur, la pensée, et la satiété.
14. Il existe une comorbidité entre troubles du
comportement alimentaire et dépression. Selon les
études, 11 % à 66 % des jeunes femmes ayant des
troubles des conduites alimentaires souffrent aussi
d’un épisode dépressif majeur, la fréquence étant
cependant plus élevée chez les patientes
boulimiques que chez les anorexiques.
Dans quatre études sur sept, une baisse de l’estime
de soi précède la survenue d’un trouble du
comportement alimentaire.
Le "perfectionnisme" est un trait de personnalité
fréquent dans l’anorexie mentale, avec une estime de
soi très abaissée.
Les personnalités de type limite (borderline), pour
lesquelles l’influence de l’environnement est
prévalente, se retrouvent plus volontiers dans les
anorexies mentales de type boulimique ("purging
type").
15. Anxiété
Impulsivité
Repli sur soi
Perturbation du sommeil
Pensées obsessionnelles
Changements émotionnels
Problèmes de concentration
Préoccupations alimentaires
Humeur dépressive, irritabilité
Capacités intellectuelles détériorées
16. Dénutrition et amaigrissement
Changements hormonaux et ostéoporose
Dérèglement des électrolytes
Ralentissement du rythme des battements
cardiaques
Arythmie
Anémie
Système reproducteur
Arrêt des menstruations
Complications obstétriques
Perte des cheveux
17. Survenue récurrente de crises de boulimie ("binge eating"). Une crise de
boulimie répond aux deux caractéristiques suivantes :
absorption, en une période de temps limitée (par ex., moins de deux heures),
d’une quantité de nourriture largement supérieure à ce que la plupart des
gens absorberaient en une période de temps similaire et dans les mêmes
circonstances ;
sentiment d’une perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la
crise (par ex., sentiment de ne pas pouvoir contrôler ce que l’on mange ou la
quantité que l’on mange).
Comportements compensatoires inappropriés et récurrents visant à prévenir
la prise de poids, tels que : vomissements provoqués, emploi abusif de
laxatifs, diurétiques, lavements ou autres médicaments ; jeûne ; exercice
physique excessif.
Les crises de boulimie et les comportements compensatoires inappropriés
surviennent tous deux, en moyenne, au moins 2 fois par semaine pendant 3
mois.
L’estime de soi est influencée de manière excessive par le poids et la forme
corporelle.
Le trouble ne survient pas exclusivement pendant des épisodes d’anorexie
mentale.
18. Type avec vomissement ou prise de purgatifs:
pendant l'épisode actuel de boulimie, le sujet a eu
régulièrement recours aux vomissements
provoqués ou à l'emploi abusif de laxatifs,
diurétiques, lavements.
Type sans vomissements ni prises de purgatifs:
pendant l'épisode actuel de boulimie, le sujet a
présenté d'autres comportements compensatoires
inappropriés, tels que le jeûne ou l'exercice
physique excessif, mais n'a pas eu régulièrement
recours aux vomissements provoqués ou à l'emploi
abusif de laxatifs, diurétiques, lavements.
19. La crise se déroule habituellement sans plaisir, ce qui la différencie du
comportement de gourmandise ou d'avidité de certains obèses. Si
plaisir il y a, ce plaisir est extrêmement fugace et il est gâché
rapidement par le sentiment de honte.
La quantité de nourriture absorbée est généralement très importante le
réfrigérateur entier peut être vidé, par exemple, ce qui différencie la
boulimie au sens médical de la "boulimie" telle qu'on en parle de
manière courante: le sujet boulimique ne fait pas une crise en mangeant
un paquet de gâteaux et une plaque de chocolat, il convient dans le cas
d'une véritable crise de multiplier ces quantités plusieurs fois.
Certains sujets préparent activement leurs crises, stockant des aliments,
de préférence toujours les mêmes, en vue d'une crise, d'autres cèdent
aux opportunités qui se présentent ou improvisent quand la pression de
faire une crise est trop importante. Cependant, quel qu'en soit le modus
operandi, la crise se fait dans le secret, en solitaire, loin des regards.
20. L’hyperphagie boulimique est caractérisée par des épisodes
d’orgie alimentaire. Mais contrairement à la boulimie, elle
n’est pas accompagnée de geste compensatoire comme se
faire vomir, faire de l’exercice ou jeûner. Pour cette raison,
les gens qui en souffrent sont souvent obèses.
Les comportements associés à l’hyperphagie boulimique
sont :
manger plus vite que normal
manger même quand l’estomac est plein
manger même quand on n’a plus faim
manger seul pour cacher aux autres la quantité de nourriture
absorbée
sentir de la détresse (remords, dégoût ou dépression) après
avoir mangé
21. L’orthorexie fait référence à une préoccupation excessive
quant à avoir une alimentation dite « saine ». La personne
souffrant d’orthorexie mange selon des règles rigides et
contraignantes. Les aliments choisis sont souvent sans
gras, sans produits chimiques, sans substances modifiées,
sans protéines animales, sans farine blanche, etc. Le
nombre de règles et leur rigidité s’accentuent
progressivement et beaucoup de temps vient à être alloué
à la planification et préparation de l’alimentation, ainsi
qu’à l’évaluation du contenu de chaque aliment. Les
conséquences sont, entre autre, un sentiment de
culpabilité si non-respect des règles et l’évitement de
situations sociales où l’on ignore le contenu exacte de
notre assiette.
22. - verbalisation des sentiments
- assurer un environnement sécuritaire
- évaluer le risque suicidaire
- gain de poids de 1 kg/ semaine
- rétroaction positive
- gestion de l’anxiété
- activités visant à augmenter l’estime de soi
- impliquer la famille
23. - Nommer les émotions
- Acquérir une image corporelle plus objective
- Comprendre la dynamique
- Soutien
- Estime de soi
- Analyse des conflits non résolus
- Correction des distorsions cognitives
24. J'aurai 31 ans dans près d'un mois, mariée et maman d'une
magnifique jeune fille de 10 ans. Vers l'âge de 24 ans, je suis
tombée dans l'anorexie. Et quand je dis "tombée", le mot est
faible. Moi qui avais toujours bien vécu avec un surplus de
poids, sans trop de complexe et très heureuse avec qui j'étais, et
bien, sournoisement, ma vie a dégringolé sans trop que je m'en
aperçoive jusqu'à ce que j'en perdre le contrôle total.
À la suite d'une remise en question concernant mon couple, je
me suis mise à perdre quelques livres (bien involontairement de
ma part) et tout bonnement, pour la première fois de ma vie, on
me regardait, on me complimentait, on me disait que j'étais
belle. Évidemment, comme j'avais un surplus de poids au
départ, le fait que je perdre quelques livres n'a alerté personne.
25. De fil en aiguille, je me suis mise à penser que pour être aimée et avoir
un peu de reconnaissance, je devais maigrir. Un jour, à force de
fondre à vu d'oeil, mon entourage a commencer à se poser des
questions et j'ai tranquillement pris conscience que ce n'était plus
qu'une question de perdre un surplus de poids mais que j'étais prise
dans un engrenage dont je ne pouvais plus me sortir seule. Mon
conjoint a commencé à me parler de consulter quelqu'un pour
m'aider...ce que j'ai fais au bout de quelques temps. Ça m'a aidée et je
dirais même que ça m'a sauvé la vie car je ne pouvais plus m'en sortir
seule.
Aujourd'hui, 6-7 ans plus tard, je ne peux pas dire que tout ça ne fait
plus partie de moi car ça fera toujours un peu partie de ce que je suis.
Par contre, la différence c'est que maintenant, ça ne définit plus QUI je
suis. J'ai repris goût à la vie et la vie me le rend bien. Je sais
maintenant que je suis forte et que je peux gravir n'importe quelle
montagne...et qu'en bout de ligne, c'est moi qui gagnerai !!!
26. Embonpoint Obésité
IMC plus de 27 IMC plus de 40 %
plus faible chez les18-24ans 14 % de la population au
Québec
plus élevé chez les 45-64
ans ( 18 % de femmes et 20 6 fois plus dans les classes
% hommes ) défavorisées
34 % de la population au
Québec
27. http://www.douglas.qc.ca/info/troubles-alimentation
http://fr.wikipedia.org/wiki/Anorexie_mentale
http://drestephanieleonard.com/troubles-de-l-
alimentation/description-des-troubles-alimentaires/
http://www.infiressources.ca/MyScriptorAdmin/scripto.asp?res
ultat=93102
Note de cours de Louise Roch
28. Collège de Maisonneuve
Soins infirmiers en santé mentale
Michel Perrier Inf. B.Sc
michel1001p@gmail.com
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