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Quel paradigme pour I’entrepreneuriat
international ?
Claude Marcotte*
Universiti Concordia


Rbsumb                                                                Abstract
L’entrepreneuriat international partage avec les uutres               International entrepreneurship, like the other subfields
sous-champs de 1‘etrtrepreneuriatla mime hitirogkniitk                of entrepreneurship, covers many different topics.
des sujets d’itude et des approches kpistimologiques des              Research in this area is based on different epistemologi-
chercheurs. Ces apptvches ne sont que rarement clari-                 cal assumptions that are rarely clarified or analyzed. Is
pies ou analyskes. Est-il possible Ci 1‘heure actuelle                it possible to identify the main epistemologicalpositions
d’identifier clairement les principales positions ipisti-             and the paradigmatic trends in international entrepre-
mologiques et les courants paradigmatiques en entrepre-               neurship? The first objective of this paper is to analyze
neuriat international? L premier objectif de cette dude
                          U                                           the epistemological background of the area and to iden-
est d’apporter des iliments de riponse a cette question               tify the main paradigmatic trends in the two fields from
en analysant 1’heritage ipistimologique de ce domuine                 which international entrepreneurship is derived: entre-
d’itude ainsi que les courants paradigmatiques dans les               preneurship and international business. A better under-
deux champs dont est issu ce dontaine, l’entrepreneuriat              standing of these positions and trends may make the area
et la gestion internationale. Une meilleure connaissance              easier to define, even i the topics are varied. The second
                                                                                              f
des positions adoptkes par les chercheurs peut con-                   objective is to std-v the question of specialization versus
tribuer a mieux definir 1 ’entrepreneuriatinternational, et           integration of paradigms in this area. Should researchers
ce malgri la diversite des sujets d’ktude. L.e deuxikme               reduce the number and diversiry of topics and methods.
objectif est d’itudier la question de la spicialisation ver-          so that a unique paradigm ntay emerge, or should they
sus l’intigration des paradigmes dans la recherche en                 rather try to integrate differentparadigms?
entrepreneuriat international. Lloit-on, comme le pro-
posent certains chercheurs, riduire le nombre et la
diversiti des sujets d’itude et des mithodes employies
de facon a favoriser l’imergence d’un paradigme
unique, ou au contraire tenter d’intigrer diffirents
paradigmes?


     L‘entrepreneuriat est un champ d’Ctude particulikre-             quelques accomplissements scientifiquespasds, accom-
ment vaste et difticile ii dCfinir. La multiplicitC et                plissements qu’une communautC scientifique reconnait
I’hCtCrogCnCitCdes domaines qui le composent, ainsi que               pendant un certain temps comme le fondement de sa pra-
la grande diversid des approches theoriques utiliskes par             tique N (Kuhn. 1970. p. 10). Dans leur Ctude sur I’Cvolu-
les chercheurs constituent des facteurs frkquemment                   tion du champ de I’entrepreneuriat entre 1986 et 1995.
tvoquts pour expliquer 1’Ctat de fragmentation des con-               Aldrich et Baker (1997) ont conclu que la recherche dans
naissances en entrepreneuriat (Gartner, 2001; Low &                   le domaine n’Ctait pas basbe sur un paradigme clair:
MacMillan. 1988). La recherche dans ce champ n’a pas
encore atteint un degrC de cohCsion suffisant pour qu’on                  Coherence, from the normal science perspective,
puisse parler d’un paradigme de I’entrepreneuriat-ou                      consists in pursuing research that results in the
                                                                          cumulation of findings over time, both within and
d’un Ctat de science normale-en ce sens que la                            across individual scholars’ work. Cumulation is gen-
recherche qui s’y fait n’est pas bas& sur (< un ou                        erated when a group of scholars comes to accept as a
                                                                          world-view the discipline of a research paradigm that
                                                                          defines both what are legitimate and interesting ques-
‘Professeur adjoint. kcole de gestion John Molson. Univenite              tions and what are legitimate methods for attempting
Concordia. 1455 de Maisonneuve Ouest. Montdal (Quebec). Canada            to answer them. Progress from this perspective has
H3G IM8.Coumel : cmarcotte@jmsb.concordia.ca                              been limited, in comparison both with past work and

                                                                                           Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                      Revue canadienne des sciences de I’administration
0 ASAC 2004                                                      97                                                        a(
                                                                                                                            I ), 97- I 0 6
QUEL PARADIGME POUR L‘ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ?                                                                   MARCOTTE



     with more general, high quality organizational                       theoretical and methodological approaches em-
     research. (p. 395)                                                   ployed by authors. (p. 905)

      L‘Ctat pdparadigmatique de ce champ serait                           A la lecture de ce constat, on peut craindre que
 attribuable selon Bygrave (1993) au fait que les                    I’tmergence de I’entrepreneuriat international contribue
chercheurs en entrepreneuriat ont adopt6 prCmaturC-                  ii allonger la liste des sous-champsdifflciles A cerner et ir
 ment les orientations thkoriques et mCthodologiquesdu               dCfinir, parce que reposant sur des paradigmes encore
paradigme plus mature des sciences physiques. II                     imprkcis. Est-il possible ir I’heure actuelle d’identifier
 incombe donc aux chercheurs de dkvelopper un para-                  clairement les principales positions CpistCmologiques et
digme de I’entrepreneuriat qui tienne compte de la                   les courants paradigmatiques en entrepreneuriat interna-
nature unique, non continue et non IinCaire des com-                 tional? Le premier objectif de cette Ctude est d’apporter
portements des entrepreneurs. Ce caracttre plutbt chao-              des ClCments de riponse ir cetk question en analysant
tique des comportements entrepreneuriaux oblige le                   I’hCritage Cpisthologique de ce domaine d’Ctude ainsi
chercheur h s’Cloigner des approches thCoriques diter-               que les courants paradigmatiques en entrepreneuriat et
ministes calquCes sur les sciences dites exactes, et h               en gestion internationale. Une meilleure connaissance
Cviter I’utilisation de methodes statistiques sophis-                des positions adoptkes par les chercheurs peut contribuer
tiqukes. Gartner (2001). quant A lui, soutient que la                h mieux dCfinir le domaine de I’entrepreneuriat interna-
crdation d’un paradigme plus mature en entrepreneu-                  tional. et ce malgd la diversit6 des sujets d’dtude. Le
riat passe par la division plus formelle du champ en                 deuxitme objectif est d’Ctudier la question de la @cia-
communautCs spCcialisCes dans un domaine spCcifique                  lisation versus I’intCgration des paradigmes dans la
tel que I’entrepreneuriat ethnique, I’entrepreneuriat                recherche en entrepreneuriat international. Doit-on.
international, etc. Cependant Gartner ne prCcise pas                 comme le proposent certains chercheurs, riduire le nom-
comment les contributions au sein de chacune de ces                  bre et la diversit6 des sujets d’6tude et des mCthodes
communautCs pourront favoriser davantage le                          employCes de fason h favoriser I’Cmergence d’un para-
dCveloppement d’un paradigme unique pour tout le                     digme unique, ou au contraire tenter d’intkgrer les dif-
champ de I’entrepreneuriat.                                          firents paradigmes?
      Plut6t que d’envisager une fragmentation encore                      Dans la premitre section du texte, nous suggkrerons
plus grande du champ de I’entrepreneuriat. nous nous                 une definition de I’entrepreneuriat international. Dans la
concenttons dans ce texte sur les limites et les potentia-           deuxitme section, nous analyserons I’hCritage Cpisti-
lit& thtoriques communes entre I’entrepreneuriat en                  mologique de ce nouveau sous-champ. Les principales
gCnCral et le domaine Cmergent de I’entrepreneuriat                  positions CpistCmologiques et les courants paradigma-
international. Nous nous intdressons Cgalement aux par-              tiques en entrepreneuriat et en gestion internationale
ticularitis de ce domaine qui se situe au confluent de               seront dkrits. II nous semble important d’insister sur le
I’entrepreneuriat et de la gestion internationale.                   fait qu’il s’agit bien dans ces deux domaines de courants
      Malgri son jeune Ige, I’entrepreneuriat international          de penske qui ne sont que rarement discutks dans la lit-
partage avec les autres domaines de ce champ la meme                 tCrature, et non pas de prises de position mitathdoriques
hCtCrog6nCitC des sujets d’Ctude. Quelques-uns de ces                claires de la part des chercheurs. Nous adoptons le point
sujets recensCs dans la IittCrature sont: I’entrepreneuriat          de vue de Burrell et Morgan (1979). h I’effet que les pos-
organisationnel dans diffkrents pays, les initiatives de             tulats CpistCmologiques des chercheurs contribuent h
dCveloppement 6conomique. les caractdristiques et les                dCterminer les paradigmes d’une discipline. Ces postu-
motivations des entrepreneurs, les alliances interentre-             lats concernent la nature et les formes de connaissance.
prises et le transfert international de technologie, la crCa-        Afin d’illustrer I’impact de ces postulats sur les
tion et le financement d’entreprises. les modes d’entde              approches thioriques en entrepreneuriat international.
sur les march& internationaux, et les pays en transition             nous fournirons des exemples issus du domaine du trans-
d’Europe de I’Est (McDougall & Oviatt. 1997, 2000;                   fert international de technologie, qui est le domaine de
Oviatt & McDougall, 1994). Comme le soulignent                       spdcialisation de I’auteur. Dans la troisitme section,
McDougall et Oviatt (2000) dans leur synthtse des arti-              nous soultverons la question de la sp6cialisation versus
cles soumis lors du forum de recherche en entrepre-                  I’intCgration des paradigmes. Nous apporterons des
neuriat international:                                               exemples de sp4cialisation paradigmatique puiks dans
                                                                     les articles publits dans I’Cdition d’octobre 2000 de la
    All of the topics identified above would appear to be            revue Academy of Management Journal, dans le cadre du
    important theoretically and relevant for practice. but           forum de recherche en entrepreneuriat international.
    their disparate quality makes it clear that there is no
    unifying paradigm present within international entre-            Nous proposerons tgalement un exemple d’indgration ir
    preneurship. Similarly, there is great variety in the            partir d’une Ctude de I’auteur. Finalement, en conclu-

                                                                                          Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                     Revue canadienne des Sciences de I’administration
                                                                98                                                      2L(I),97-106
QUEL PARADIGME POUR L‘ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ?                                                                  MARCCYlTE



sion, nous examinerons les impacts thCoriques et pra-              trepreneuriat international. McDougall et Oviatt (2000).
tiques de ces considkrations CpistCmologiques.                     dans leur recension de la documentation, citent des
                                                                   Ctudes faisant Ctat de deux aspects de I’entrepreneuriat:
                                                                   les comportementset les attributs qui sont A I’origine de
      Wfinition de I’entrepreneuriat international                 ces comportements, par exemple la cognition, I’appren-
                                                                   tissage et la stratkgie. Cependant seuls les comporte-
      Bien avant que I’entrepreneuriat international ne            ments sont int6grC.s dans la dkfinition. En ce sens, cette
 soit identitie comme un sous-champCmergent, la dimen-             dCfinition est davantage schumpeterienne.
sion internationale Ctait dCjB sous-jacente B quelques-                  Comparons cette definition avec la conception des
 unes des Ccoles de pensbe en entrepreneuriat. Ainsi               entreprises internationales propoke p&&emment par
McClelland (1961) dans ses etudes sur les motivations              McDougall, Shane, et Oviatt (1994). Les entreprises
des entrepreneurs, a recueilli des donnCes empiriques              internationalessont des firmes qui, dts leur creation, ont
dans plusieurs pays afin de dCmontrer que le besoin                des activitCs dans plusieurs pays. L‘explication fournie
d’accomplissement, qui expliquerait le comportement                par McDougall et al. repose sur la thCorie de Kirzner
entrepreneurial,dimre d’un pays B I’autre et est corrCIC           ( 1973). L e s entrepreneursqui mettent sur pied des firmes
avec le dCveloppement Cconomique des nations. De son               internationales se distinguent par leur capacid B 2tre
cat6 Hagen (1960). suggdrait que le dCsir de rebellion             CveillCs aux informations et connaissances sur les oppor-
contre certaines valeurs de la sociCtC traditionnelle              tunitCs potentiellement profitables. Les aspects cognitifs
explique les comportements des entrepreneurs, particu-             tels que la vigilance et la capaciti d’apprentissage cons-
litrement dans les rigions en dCveloppement.                       tituent les variables indipendantes qui dCbouchent sur
      L‘entrepreneuriat international se diffdrencie tout          des comportementsentrepreneuriaux.
d’abord de ces autres Ccoles de penke en se situant B la                 II y a dans ces deux faqons de concevoir I’entrepre-
jonction entre I’entrepreneuriat et la gestion interna-            neuriat international une dualit6 tpisttmologique qui est
tionale (McDougall& Oviatt, 2000). Ensuite, des efforts            symptomatique de la situation actuelle en entrepreneu-
sont maintenant dtployds afin de dCfinir plus clairement           riat et en gestion internationale. Cette dualit6 est relike B
le domaine et d’intCgrer la dimension internationale au            la conception qu’ont les chercheurs de I’acquisition des
caeur meme des propositions thCoriques issues de cette             connaissances, qui est un des aspects importants de
dCfinition, plut6t que de I’introduire comme une exten-            I’ipistCmologie. Lorsque les connaissancessont conques
sion d’une autre approche thborique-telle que I’ap-                comme des ClCments tangibles et explicites, I’objet de la
proche des traits de personnalitd ou encore celle des fac-         recherche est davantage comportemental et directement
teurs culturels.                                                   observable. Cependant quand on les conqoit sous leur
      La contribution de McDougall et Oviatt (2000) au             forme plus intangible et tacite, I’angle de la recherche
chapitre de la ddfinition de I’entrepreneuriat internation-        pourra etre davantage interprktativiste et cognitif. II
al s’avtre particulitrement importante. Cette dtfinition.          s’agit dans ce dernier cas de tenter de connaitre comment
basie en partie sur trois variables mesuries par Covin et          les entrepreneursen viennent B acquCrir puis B utiliser les
Slevin (1989). est la suivante: u International entrepre-          connaissances qui sont sources d’opportunitds.
neurship is a combination of innovative, proactive, and                 Supposons pour le moment qu’on peut dCfinir I’en-
risk-seeking behavior that crosses national borders and is         trepreneuriat international de facon ouverte en y intC-
intended to create value in organizations n (cite par              grant les aspects cognitifs et comportementaux. Le con-
McDougall et Oviatt, 2000. p. 903). De plus, le domaine            cept de changement est B la base de notre dCfinition. II
inclut selon ces auteurs autant les grandes entreprises            s’agit d’un concept clef en entrepreneuriat (Venkatara-
que les PME: I’entrepreneuriat organisationnel dans les            man, 1997) et il est prisent dans I’approche dynamique
grandes entreprises est donc au programme de la nou-               de Schumpeter ( 1961) et Kirzner (1973). Cependant. au
velle discipline. Finalement, les Ctudes dans le domaine           lieu de considCrer le changement uniquement comme un
peuvent Etre faites au niveau des individus. des groupes           dsultat des comportements entrepreneuriaux comme le
et des organisations.                                              fait Schumpeter, nous le concevons comme un processus
      Cette dkfinition a le mCrite d’inclure toutes les            actif chez les individus, les groupes ou les organisations.
tailles d’entreprise, contrairementB une difinition prCcC-         Nous proposons une dkfinition de I’entrepreneuriatinter-
dente offerte par Wright et Ricks (1994). qui associaient          national en deux volets. II s’agit tout d’abord d’un
entrepreneuriat international et PME. I1 faut Cgalement            processus de changement dans la capacid des individus,
remarquer I’orientation comportementalede cette dbfini-            des groupes. ou des organisationsB percevoir les oppor-
tion: ce sont les comportements entrepreneuriaux                   tunitCs au plan international et B apprendre comment
mesurables, selon la mCthodologie dCvelop@e par Covin              Cvaluer ces opportunids. Cette capacitC n’est donc pas
et Slevin (1989). qui constituent le sujet d’Ctude de I’en-        inn& ou fixbe. Elle est plutat en processus de change-
                                                                                        Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                   Revue canadienne des sciences de I’administration
                                                              99                                                      ~(1),97-106
QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ?                                                                  MARCUITE



ment continuel. Le rCsultat Cventuel de ce processus-et                 These assumptions entail ideas. for example. about
le deuxitme volet de notre dCfinition-st     I'augmenta-                what forms of knowledge can be obtained, and how
tion des comportements d'innovation, qui peuvent Ztre                   one might son out what is regarded as 'true' from
                                                                        what is to be regarded as 'false'. Indeed this dichoto-
par exemple la mise sur pied de nouveaux produits ou                    my of 'true' and 'false' itself presupposes a certain
services conjointement avec un partenaire d'un autre                    epistemological stance. It is predicated upon a view
pays.                                                                   of the nature of knowledge itself: whether. for exam-
     En proposant une dkfinition de I'entrepreneuriat                   ple, it is possible to identify and communicate the
international qui englobe d'une part les aspects de                     nature of knowledge as being hard, real and capable
                                                                        of being transmitted in tangible form. or whether
dtcouverte et d'kvaluation des opportunitCs, et d'autre                 knowledge is of a softer. more subjective, spiritual or
part la dimension comportementale d'innovation, nous                    even transcendental kind, based on experience and
demeurons ouverts aux deux composantes importantes                      insight of a unique and essentially personal nature.
du phCnomtne entrepreneurial. comme le suggtrent                        (pp. 1-2)
Shane et Venkataraman (2000). Chacune de ces deux
composantes est issue d'une approche CpistCmologique                     Lorsque les connaissances sont consues par les
diffkrente. Une analyse de I'hCritage CpistCmologique de            chercheurs comme des ClCments tangibles et
I'entrepreneuriat international nous permettra de mieux             explicites, le paradigme est, selon le modtle de Bur-
situer ces approches.                                               rell et Morgan, de nature positiviste. Le but des
                                                                    chercheurs est alors d'identifier les relations stables
                                                                    entre ces Cltments considCrCs de I'extCrieur. L'ap-
     Heritage CpistCmologique de I'entrepreneuriat                  proche est objectiviste et calquCe sur les mtthodes des
   international et courants paradigmatiques actuels                sciences naturelles. Par contre, lorsque les connais-
                                                                    sances sont conpes comme Ctant de forme tacite et
      L'entrepreneuriat international a cette particularid          intangible, le point de vue adopt6 par les chercheurs
de puiser des approches CpistCmologiques issues de deux             est davantage subjectiviste. Le but est alors de dicou-
champs diffkrents qui faqonneront son evolution au plan             vrir les schCmas de pensee adopt& par les repondants,
paradigmatique. Nous proposons dans cette section une               sans chercher B imposer de I'extCrieur certaines stru-
synthtse des courants Cpistkmologiques en entrepre-                 ctures cognitives. Le paradigme est de ce point de vue
neuriat et en gestion internationale. Afin de mieux com-            interpretatif et cognitif. MZme si cette fason
prendre I'impact des postulats CpistCmologiques sur les             dichotomique d'analyser les positions CpistC-
approches thioriques des chercheurs, nous fournirons                mologiques des chercheurs est contestable-dans la
des exemples issus du transfert international de tech-              prochaine section, nous soultverons la question de
nologie, un domaine qui a dCjja CtC analysd sous I'angle            I'intCgration des diffCrents points de vue CpistC-
de I'entrepreneuriat (Baumol, 1993).                                mologiques-elle peut nous servir de point de dipart
      Le terme 4pisrPntofogie est utilid ici au sens de la          B notre analyse des positions CpistCmologiques en
u connaissance de la connaissance >). c'est-&dire de la             entrepreneuriat et en gestion internationale.
conception plus ou moins consciente qu'ont les                           Notre analyse est prCsentCe au tableau 1. Nous
chercheurs par rapport ii la nature et aux formes de con-           avons rCsumC les deux formes de connaissance que
naissance. Dans le cas de la recherche en entrepreneu-              Burrell et Morgan disignent par les termes connais-((


riat, la question CpistCmologique que nous soulevons est            sances tangibles et a connaissances intangibles ou
                                                                                       ))


la suivante : de quelle fason les chercheurs consoivent-            personnelles n. Puis nous mentionnons les thCoriciens
ils I'acquisition et I'utilisation des connaissances rela-          qui illustrent I'une ou I'autre de ces formes d'une
tives aux opportunitCs de la part des entrepreneurs?                fason particulitrement Claire, tout d'abord en entepre-
Comme le soulignent Von Krogh and Roos (1995). les                  neuriat puis en gestion internationale. II va sans dire
Ctudes en gestion incluent rarement cette question CpistC-          que les auteurs qui sont mentionnts ici ne sont pas les
mologique. Les postulats des chercheurs quant B la                  seuls qui ont contribuC 31 la recherche B I'intCrieur de
nature et aux formes de connaissance sont la plupart du             leur cadre CpistCmologique. Cependant leur approche
temps implicites et peu articulCs.                                  B la connaissance Ctait assez explicite pour que nous
      Burrell et Morgan (1979) proposent une grille                 les considCrions comme des reprbsentants d'une posi-
d'analyse qui permet de situer la position Cpistb-                  tion Cpisthologique. Chacun d'eux a propose une
mologique des chercheurs. Cette grille prisuppose que               conception spCcifique des connaissances et reprbsente
les postulats CpistCmologiques sont mutuellement                    un courant paradigmatique que nous analysons tout
exclusifs; autrement dit il est impossible de concevoir les         d'abord dans la sous-section suivante sur I'hCritage
connaissances en mZme temps sous leur aspect tangible               de I'entrepreneuriat, puis dans celle de la gestion
et intangible:                                                      internationale.

                                                                                         Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                    Revue canadienne des sciences de I'administration
                                                              100                                                       2LCl). 97-106
QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ?                                                                           MARCCYlTE


         ~~




Tableau 1
Positions ~pist~mologigues entrepreneuriat et en gestion internationale
                        en

                        Postulats                 Principaux                 Conception spCcifique                  Courant
                        CpistCmologiques          reprksentants              des connaissances                      paradigmatique

Entrepreneuriat         Connaissances             Schumpeter (1961)          Facilement accessibles :               Instrumentaliste
                        tangibles                                            Cgalement distribuees

                                                  Baumol(1993)               Bien public

                        Connaissances             Kirzner ( 1973, 1985)      InCgalement distribuCes :              InterprCtatif -
                        intangibles,                                         sources d'opportunitb et               cognitiviste
                        personnelles                                         d'apprentissage

                                                  Shane et                   InCgalement distribukes :              InterprCtatif-
                                                  Venkataraman (2000)        processus de dCcouvene et              cognitiviste
                                                                             de dalisation d'opportunitCs

                                                  Mitchell, Busenitz,        In fCrCes et in terprdties             InterprCtatif -
                                                  Lant, et McDougall         selon science cognitive                cognitiviste
                                                  (2002)

Gestion                 Connaissances             Buckley et Casson          Bien public                            Positiviste
internationale          tangibles                 ( 1976)

                        Connaissances             Dunning ( 1993; 1999)      Tacites et codifCes                    Positiviste
                        intangibles,
                        personnelles              Kogut et Zander ( 1993) Surtout tacites                           Evolutionniste




L'hiritage de 1 'entrepreneuriat                                              doing the thing, of which the leader's function con-
                                                                              sists. (1961. p. 88)
     L'influence schunipeterienne. L'approche schum-
peterienne conGoit I'entrepreneuriat comme le rCsultat                         II en va de meme pour les connaissances dans les
d'une nouvelle combinaison de ressources tangibles. Le                    organisations. Elles sont largement codifiCes ou facile-
processus cognitif de perception et d'interprktation des                  ment codifiables. Examinons I'impact de cette Cpistt-
opponunitCs ne figurait pas dans la thCorie de Schum-                     mologie sur la faqon de concevoir le transfert des con-
peter. Seule comptait I'action: les entrepreneurs sont des                naissances d'une entreprise 2 I'autre.
                                                                                                        i
gens qui agissent sur la base de possibilitts m-ou de
                                      ((                                       Pour Schumpeter, les connaissances dCtenues par
nouvelles combinaisons des ressources-ui        sont per-                 les entreprises innovatrices sont facilement rep6rables
ceptibles pour un grand nombre de personnes dans la                       par les concurrents et donc facilement imitables. Le
sociCtC. Mais p2s peu de ces gens passent ii I'action. En                 monopole temporaire que dCtenaient les innovateurs est
parlant du leader qu'il associe avec I'entrepreneur,                      alors brisC. Par condquent, pour Schumpeter, les con-
Schumpeter dit                                                            naissances ne sont pas des ressources que les entreprises
                                                                          peuvent exploiter de fason suffisamment durable en les
    It is no paq of his function to 'find' or to 'create' new             transfkrant ii d'autres entreprises. Ces dernibres, surtout
    possibilities. They are always present, abundantly                    si elles sont dirigks par des entrepreneurs intuitifs, sont
    accumulated by all sorts of people. Often they are
    known and being discussed by scientific and literary                  capables par elles-memes de se les approprier et de
    writers. In other cases, there is nothing to discover                 devenir des concunentes. Aussi les comportements des
    about, because they are quite obvious... It is the                    innovateurs se veulent-ils dCfensifs. I1 s'en suit que le
                                                                                                Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                           Revue canadienne des sciences de I'administration
                                                                  101                                                          2L( I). 97- 106
QUEL PARADIGME POUR L‘ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ?                                                                    MARCOWE



 transfert de technologie ne peut &re considCrC comme un             par I’aeuvre de Schumpeter. II s’agit du paradigme
processus entrepreneurial, ni chez les fournisseurs ni               instrumentaliste (tableau I , colonne de droite). Ce para-
chez les receveurs.                                                  digme, qui a plusieurs afinitCs avec le paradigme posi-
      Baumol, dont I’inspiration est largement schum-                tiviste (Keat & Uny, 1975). correspond bien il la fagon
peterienne, parle lui aussi du caracttre de M bien public B          de concevoir I’CpistCmologie chez Schumpeter:
des connaissances dans les entreprises et de la grande
rapidit6 avec laquelle elles sont diffusks d’une organi-                 According to Schumpeter’s instrumentalism. a theo-
                                                                         ry is an instrument and should be evaluated in light
sation il I’autre (Baumol, 1993, pp. 174-176). Cependant                 of its effectiveness in dealing with the problems it
il a M amend6 n la thCorie schumpeterienne en ce qui                     addresses, within whatever perspectives it is con-
concerne le transfert international de technologie; sa ver-              structed. The forward looking view of a theory (for
sion met I’accent sur I’attitude offensive de cenaines                   what it is made) is much more important than the
entreprises lors du transfert de technologie: Ever since                 backward-looking view (how it is made). The notion
                                                                         of effectiveness provides an alternative criterion to
the beginnings of the industrial revolution and undoubt-                 what is ordinarily conceived of as a truth ....
edly earlier, there has been a group of innovative entre-                (Shionoya. 1997. p. 69)
preneurs who have found it profitable to allocate their
talent to the innovative dissemination of technology n                    En demeurant aussi ouvert que possible aux dif-
(Baumol. 1995, p. 26). Baumol dkcrit le caracttre inno-              firentes approches thtoriques et mdthodologiques et en
vateur du processus de transfert de technologie autant               privilkgiant I’Ctude des faits directement observables
chez les fournisseurs qui adaptent leur technologie au               prClevCs dans des domaines d’Ctude disparates. ce para-
contexte du pays hate que chez les receveurs qui                     digme peut regrouper une majorit6 d’btudes dans le
innovent en amCliorant les praduits et procCdCs des                  champ de I’entrepreneuriat. Mais cette largeur de vue et
fournisseurs.                                                        cette polyvalence emptchent en meme temps la vCritable
     Schumpeter et Baumol dCcrivent les comportements                mise en aeuvre d’une communautC de chercheurs au sens
factuels des entrepreneurs, sans proposer de thdorie                 KhunCsien du terme. Cette communautd de chercheurs
dlaborie qui engloberait les facteurs qui dkterminent ces            approfondirait un nombre restreint de probltmes il I’aide
comportementset qui expliquent le processus par lequel               de dkfinitions prdcises et de rtgles qui leur seraient pro-
les entrepreneurs transforment les connaissances en                  pres et exclusives.
action. Cette absence de cadre thCorique ClaborC a CtC                    L’upproche cognirive. Un mouvement issu des sci-
soulevte par Bygrave (1993). qui soutenait que les                   ences cognitives prend forme depuis quelques annCes en
chercheurs en entrepreneuriat se laissent guider par le              entrepreneuriat. Les concepts et les thdories qui sont i
paradigme des sciences physiques. Ce paradigme selon                 I’Ctude sont relativement bien articules et pourraient per-
Bygrave ne peut tenir compte de la nature des change-                mettre I’imergence d’un paradigme interprktatif en
ments en entrepreneuriat,qui sont souvent discontinus et             entrepreneuriat. Ce paradigme s’articule autour de la
difticiles 1 prddire et il expliquer en termes de rbgression         perception des phinomtnes par les sujets eux-memes,
statistique. Un paradigme propre il I’entrepreneuriat                par opposition ii I’approche positiviste oh les phCno-
devra pouvoir expliquer comment Cvolue ce processus                  mtnes sont CtudiCs de I’extbieur (Burrell & Morgan,
de changement chez les entrepreneurs. A cette fin.                    1979). Les mCthodes sont alors plus qualitatives que
Bygrave recommandait I’utilisation d’Ctudes sur le ter-              quantitatives, meme si ces dernitres peuvent aussi etre
rain, sous forme d’Ctudes de cas et aussi d’Ctudes longi-            intCgrdes dans une approche multimdthode.
tudinales. Douze annks plus tard, Gartner (2001) con-                     Venkataraman ( 1997). Shane et Venkataraman
cluait que peu de progrts avait CtC accompli au niveau               (2000). et Mitchell, Smith, Seawright, et Morse (2000)
paradigmatiqueen entrepreneuriat. II n’y a selon lui que             ont proposC une telle approche qui prkconise une analyse
peu de dCbats entre les chercheurs et aucun question-                du processus entrepreneurial plus << micro n que celle des
nement sCrieux sur les postulats qui orientent les choix             deux approches prkcddentes. Venkataraman et Shane et
d’approches thioriques et mCthodologiques.                           Venkataraman ddfinissent le champ de I’entrepreneuriat
     Ces observations laissent croire que les propos de              comme I’etude des sources d’opportunids, du processus
Kuhn (1970) ne s’appliquent pas au champ de I’entre-                 de dCcouverte, d’dvaluation et d’exploitation des oppor-
preneuriat. En effet, une discipline qui n’a pas encore              tunitCs, et des individus qui dkcouvrent, Cvaluent et
atteint le stade paradigmatique serait caractCrisie selon            exploitent les opportunitCs, autant lors de la crkation de
Kuhn par des dCbats et des questionnements constants                 nouvelles entreprises que lors de changements dans les
sur des aspects fondamentaux de la discipline, que ce                entreprises existantes. Ces chercheurs ont intCgrt5 dans
soit au plan thCorique ou mCthadologique. Une explica-               leurs travaux les principaux concepts utilids par Hayek
tion possible est qu’il existe dCjh un courant paradigma-            (1945) et Kixzner (1973) il savoir: la diffusion inkgale
tique dominant en entrepreneuriat, largement influencC               des connaissancesdans I’Cconomie (Hayek), I’apprentis-
                                                                                         Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                     Revue canadienne des sciences de I’administration
                                                               102                                                      2(l).97-106
QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ?                                                                   M A R C m



sage et la vigilance ou la capacitC d'Cveil face aux infor-         de connaissances un argument pour la thCorie de I'inter-
mations (Kirzner).                                                  nalisation:
      Pour Mitchell et al., les cognitions entrepreneuri-
ales-ou les fasons dont les entrepreneurs et les firmes                 There is a special reason for believing that internal-
                                                                        ization of the knowledge market will generate a high
acquitrent, Cvaluent et utilisent les connaissances-sont                degree of multinationality among firms. Because
des variables andckdentes ou indkpendantesqui peuvent                   knowledge is a public good which is easily transmit-
permettre de pr6dire I'identification des opportunitCs et               ted across national boundaries. its exploitation is log-
les comportements entrepreneuriaux chez les individus                   ically an international operation; thus unless compar-
ou dans les organisations. Leurs travaux sur les cogni-                 ative advantage or other factors restrict production to
                                                                        a single country, internalization of knowledge will
tions entrepreneurialesse rapprochent de ceux effectuis                 require each firm to operate a network of plants on a'
en sciences cognitives (Simon, Egidi, & Marris, 1992 ;                  worldwide basis. (p. 45)
Simon & Siklossi, 1972). La mCthode qu'ils utilisent est
celle des << scripts >>. qui permet d'infirer les processus              Les contributions de Buckley et Casson (1976) et
cognitifs qui guident les entrepreneurslors de la crkation          Dunning (1993, 1999) se situent dans un cadre posi-
d'entreprises: N The degree of mastery of scripts appro-            tiviste. Chez Dunning, meme si les connaissances tacites
priate for venture creation can only be measured indi-              sont importantes. I'approche demeure quand meme axCe
rectly by inference or by observing objects that represent          sur I'analyse des faits explicites. La revue de la IittCra-
the attributes under study, since scripts. as internal men-         ture faite par Sullivan (1998) confirme que le paradigme
tal operations, are not directly observable n (Mitchell et          positiviste, issu surtout de la science Cconomique, est
al., 2000, p. 982).                                                 encore dominant, mais qu'un changement de paradigme
       Pour les cognitivistes, les connaissances sont               semble en voie de s'opkrer en gestion internationale.
largement tacites et difficiles A transformer en                    Cepemdant il ne rentre pas dans les dCtails du contenu
habiletCs. Dans ce cadre, le transfert de technologie               exact de ce paradigme naissant. La domination du para-
apparait comme un processus complexe parce que met-                 digme positiviste dans un domaine aussi complexe a CtC
tant en jeu les capacitds d'interprktation des humains.             critiquke par Hench (1997). L'argument principal Cvo-
Les limites cognitives des dtcideurs font en sorte que              quC par ce dernier est que la science Cconomique, et par-
ces derniers sont souvent incapables d'interpriter                  ticulitrement I'approche classique et nCo-classsique, ne
adiquatement les informations: leur myopie et leur                  peuvent Etre utilises en gestion internationale pour com-
cadre d'analyse trop Ctroit ralentissent souvent le                 prendre le processus entrepreneurial dans les organisa-
processus de transfert. En Ctudiant le processus d'ac-              tions. La crCativitC et la capacitC de dCcouvrir de nou-
quisition, d'interprdtation et d'utilisation des informa-           velles opportunitks sont des sujets rarement abordts en
tions chez les dkcideurs, ces auteurs tentent de mieux              science Cconomique.
comprendre comment certaines personnes et certaines                      Dans les dernitres dkcennies, cette conception des
organisations parviennent B saisir les opportunitCs                 connaissances s'est progressivement nuancCe et
entrepreneuriales tandis que d'autres ne les voient pas             plusieurs chercheurs ont intCgrC les distinctions entre les
ou ne les utilisent pas.                                            connaissances tacites et codifides proposks par Polanyi
     Tous ces chercheurs qui partagent I'approche cogni-            (1964). Ainsi, Dunning (1993) reconnait que les con-
tive s'interessent davantage au processus sficifique de             naissances sont h la base des activitds internationalesdes
traitement de I'information qui prCctde les comporte-               entreprises, et qu'elles constituent un capital lors de I'in-
ments entrepreneuriaux. Les dsultats de ces comporte-               vestissement direct h 1'Ctranget au meme tiue que les
ments, tels que la crCation d'entreprises ou I'innovation           autres types d'actifs ou de ressources. Son M paradigme
dans les entreprises existantes. sont consus comme des              Cclectique M de la production internationale inclut les
variables dkpendantes, contrairement A I'approche                   formes de connaissancestacites et codifiCes, qui permet-
schumpeterienne.                                                    tent aux firmes internationales de se donner des avan-
             I,
                                                                    tages uniques et spkifiques.
L'htiritage de la gestion internationale                                 D leur cat&. Kogut et Zander (1993) ont propod
                                                                           e
                                                                    une thCorie tvolutionniste des entreprises multina-
     II est intCressant de constater que les positions              tionales, qui se veut le contrepoids de la thCorie de I'in-
CpistCmologi4ues des chercheurs en gestion interna-                 ternalisation. Pour les auteurs Cvolutionnistes, les con-
tionale semblent avoir suivi la meme tvolution qu'en                naissances codifiks servent seulement de point de
entrepreneuriat. Jusqu'aux annks 1970, la conception                dCpart I'apprentissage d'habiletbs nouvelles. Par la
des connaissances dans ce champ Ctait surtout apparen-              suite, ce sont les connaissances tacites qui permettent le
tCe A un bien public (Buckley et Casson, 1976 ;Johnson,             dCveloppementde ces habiletks. L e s entreprises multina-
 1970). Ainsi Buckley et Casson ont vu dans cette forme             tionales se sp6cialiseraient donc dans le transfert de
                                                                                          Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                     Revue canadienne des sciences de I'administration
                                                              103                                                       a 1 97-106
                                                                                                                         ( ).
QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ?                                                                    MARCUITE



connaissances tacites et uniques. La nature sp6cifique de            comme le soulignait Bygrave ( 1993). la complexitk et la
leur savoir-faire prottge les firmes innovatrices contre             nature dynamique des phCnomtnes entrepreneuriaux.
I'imitation de la part de leurs concurrents. Meme si ces                  La possibilit6, voire meme I'avantage de I'intCgration
derniers obtiennent des informations sur les innovations             paradigmatique a CtC soulevie par Denzin (1978). Brewer
en cours dans I'entreprise, ils ne peuvent ni les utiliser           et Hunter (1989). et Hassard (1993). La recherche bas&
rapidement ni les utiliser adiquatement parce qu'elles               sur plus d'un paradigme est possible et souhaitable selon
sont insuffisantes. II leur manque les connaissances spC-            eux. La triangulation et I'approche multimCthode rendent
cifiques et tacites, ainsi que les habiletCs qui sont le             possible I'intCgration des paradigmes. Un exemple d'intC-
rdsultat d'un apprentissage localid et propre B chaque               gration paradigmatique et de triangulation des mdthodes
firme.                                                               d'Ctude dans le domaine du transfert international de tech-
     Le paradigme Cvolutionniste auquel adhtrent Kogut               nologie est fourni par Marcotte et Niosi (2000). Lors
et Zander (1993) vise a dCpasser les limites du para-                d'une Ctude sur le transfert de technologie en Chine, ces
digme positiviste. Le transfert et I'exploitation des con-           auteurs ont utilid I'enquCte par questionnaireet les Ctudes
naissances tacites par les entreprises sont au caeur de ce           de cas afin de mieux connaitre les aspects de connais-
paradigme. Les ivolutionnistes tels que Nelson et Win-               sances et d'apprentissage lors du transfert. Une partie de
ter (1982) proposent une dCmarche qui tient compte des               ces aspects se pretait 21 une approche objectiviste,mais une
capacitCs entrepreneuriales des individus et des entre-              autre partie de I'itude, notamment sur le processus d'ap
prises. Ce paradigme difere aussi du paradigme posi-                 prentissage, nkessitait I'utilisation de mCthodes interpri-
tiviste et instrumentaliste par I'emphase mis sur I'ap-              tatives telles que les Ctudes de cas. Celles-ci Ctaient nkes-
prentissage et les habiletCs nicessaires pour reconnaitre            saires B cause du manque de donnks disponibles dans la
les opportunitCs (Witt, 2002).                                       litdrature: le caracttre relativement nouveau, complexe et
                                                                     dynamique du processus d'apprentissage lors du transfert
                                                                     international de technologie ne permettait pas la construc-
    Sptkialisation ou intdgration des paradigmes en                  tion et I'utilisation de mCthodes quantitatives.La synergie
             entrepreneuriat international?                          entre I'approche objectiviste et interpktativiste a permis
                                                                     aux auteurs de mieux cerner les differentes facettes de
     Deux thtses s'affrontent sur la question de la com-             I'apprentissage.
patibilitC possible entre les paradigmes. D'un c6tC. Kuhn                 La nature complexe, dynamique et encore ma1 con-
(1970) et Burrell et Morgan (1979) soutiennent que les               nue des phCnomtnes entrepreneuriaux fait en sorte que
chercheurs ne peuvent travailler qu'a I'intCrieur d'un               les chercheurs se doivent de demeurer ouverts aux dif-
paradigme unique. Toute intkgration paradigmatique est               fkrents points de vue CpistCmologiques. I1 peut paraitre
impossible puisque les postulats de chaque paradigme                 prematurd d'ignorer I'un ou I'autre de ces points de vue.
sont incompatibles entre eux. Les chercheurs en entre-               que ce soit le point de vue objectiviste ou subjectiviste.
preneuriat international semblent avoir adopt6 ce point              II serait Cgalement inopportun de considCrer I'un des
de vue de la spicialisation paradigmatique. Ainsi. les               paradigmes comme << supdrieur B B I'autre. et de
articles publids dans I'Cdition d'octobre 2000 de la revue           souhaiter I'Cmergence d'un paradigme unique en entre-
Academy o Management Journal, dans le cadre du
             f                                                       preneuriat. L'intCgration paradigmatique doit Ctre con-
forum de recherche en entrepreneuriatinternational, sont             sidCrCe comme un objectif dalisable.
tous issus du paradigme positiviste, B I'exception de I'ar-
ticle de Mitchell et al. dCcrit plus haut. Par exemple,
Autio, Sapienza, et Almeida (2000) ont CtudiC les effets                                      Conclusion
de I'Lge des entreprises, des connaissances acquises et
de I'imitation sur la croissance internationale des entre-                 Nous avons proposC au debut de ce texte une dCfini-
prises. De mCme, Zahra, Ireland. et Hitt (2000) ont                  tion de l'entrepreneuriat en deux volets. L'entrepreneu-
CtudiC la relation entre la diversit6 au plan international,         riat est d'abord I'Ctude des changementsdans la capacitd
le mode d'entrbe sur les marches internationaux, I'ap-               des individus, des groupes ou des organisations a
prentissage technologique et la performance. Aucune                  percevoir les opportunitis au plan international et B
allusion n'est faite dans ces travaux A la possibilitk que           apprendre comment Cvaluer ces opportunitis. Le second
les phCnomtnes en prksence puissent Ctre mieux compris               volet est I'Ctude des comportements d'innovation chez
grLce a I'inclusion des points de vue subjectifs des                 les individus. les groupes ou les organisations. Chacune
acteurs. MCme si ces travaux sont importants et con-                 des composantes de notre dkfinition est issue d'une
tribuent B I'augmentation des connaissancesen entrepre-              approche CpistCmologique diffdrente.
neuriat international, ils auraient une portCe encore plus                 L'une de ces approches voit dans la rbpartition
grande si leurs auteurs avaient pris en considCration,               inkgale des connaissances entre les individus ou les
                                                                                           Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                      Revue canadienne des sciences de I'administration
                                                               104                                                       a( 97- 106
                                                                                                                           I).
QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ?                                                                        MARC07TE



organisationsdes opportunitCsd'apprentissage. Les con-                       ton & R. Smilor (Eds.). Enrrepreneurship 2000 (pp. 377-
naissances sont intangibles et tacites. Cette approche est                  400). Chicago: Upstan Publishing.
A la base du paradigme interprktatif et cognitiviste qui                Autio. E.. Sapienza. H.. & Almeida. J. (2000). Effects of age of
semble Cmerger en entrepreneuriat. L'autre approche                         entry, knowledge intensity, and imitability on internation-
                                                                             al growth. Academy of Managemenr Journal, 43.909-924.
consid2re les connaissances comme Ctant explicites et
                                                                        Baumol. W. (1993). Enrrepreneurship, managemen1 and the
facilement accessibles. Cette conception est A la base du
                                                                             s/ruc/ureo payoffs. Cambridge, MA: MIT Press.
                                                                                        f
paradigme instrumentaliste.                                             Baumol. W.J. (1995). Formal entrepreneurship theory in eco-
     Nous avons not6 en gestion internationale une rCori-                    nomics: Existence and bounds. Dans 1. Bull, H. Thomas,
entation vers des positions CpistCmologiques diffdrentes.                    & G . Willard (Eds.). Entrepreneurship: Perspecrives in
La prkdominance des connaissances tacites et les possi-                      theory building. Oxford: Elsevier Science.
bilitds d'apprentissage et de concurrence par I'acquisi-                Brewer, J. & Hunter, A. (1989). Mulrimerhod research: A syn-
tion et le transfert de ces connaissances est caractdris-                    thesis of sryles. Newbury Park, CA: Sage Publications.
tique du paradigme Cvolutionniste.                                      Buckley. P.J. & Casson, M.C. (1976). The future of the multi-
     Est-ce que les approches CpistCmologiques et les                        national enterprise. London: Homes & Meier.
courants paradigmatiques en entrepreneuriat internation-                Burrell. G.& Morgan. G. ( 1979). Socio/ogicalparadigms and
                                                                             organisarional analysis. London: Heinemann.
al peuvent Ctre intCgrCs, ou est-ce qu'une seule approche
                                                                        Bygrave. W. (1993). Theory building in the entrepreneurship
et un seul paradigme doivent dominer pour que ce                             paradigm. Journal o Business Venruring,8. 255-280.
                                                                                                  f
domaine accUe vraiment au stade paradigmatique tel                      Covin, J.G. & Slevin, D. (1989). Strategic management of
que le prCtend Kuhn (1970)? Ce dernier parle de I'in-                        small firms in hostile and benign environments. Strategic
commensurabilitCdes paradigmes qui renvoie A I'incom-                        Managemenr Journal, 10.75-81.
patibilitC entre les facons de voir des chercheurs, leur                Denzin. N.K. (1978). The research a d . New York: McGraw-
incapacitk A s'entendre sur ce qu'est << la vraie science >>.                Hill.
Or, il n'est pas impossible qu'avec davantage de recul et               Dunning. J.H. ( 1993). Mu/rinationaI enterprises and the glob-
de perspectives, certains chercheurs et surtout des                          al economy. Reading MA: Addison-Wesley.
Cquipes de chercheurs puissent en arriver A une intCgra-                Dunning. J.H. (1999). Trade, location of economic activity and
tion des paradigmes qui rendrait possible la mise sur                       the multinational enterprise: a search for an eclectic para-
pied de schCmas de recherche plus complets. L'approche                      digm. Dans RJ. Buckley & EN. Ghaury (Eds.). The h e r -
                                                                            nationalizarion of thejnn (2nd ed.) (pp. 61-80). London:
multimkthode permet alors la triangulation non seule-                       International Thomson Business Press.
ment au plan mkthodologique mais aussi au plan                          Canner. W (2001). Is there an elephant in entrepreneurship'?
                                                                                  .
thCorique et paradigmatique. Les dimensions moins tan-                      Blind assumptions in theory development. Enrrepreneur-
gibles, plus complexes et moins Maires du champ de                           ship Theory and Pracrice, 25.27-39.
I'entrepreneuriat pourraient alors Ctre davantage prises                Hagen. E. ( 1960). The entrepreneur as rebel against traditional
en considkration. La nature complexe, changeante et                         society. Human Organizarion. 19 (4). 185- 187.
encore ma1 connue des phCnom2nes entrepreneuriaux                       Hassard. J. ( 1993). Sociology and organizarion theory: Posi-
fait en sorte que les chercheurs ne peuvent ignorer les                     rivism. paradigms and postmoderniry. Cambridge: Cam-
diffirentes points de vue Cpisthologiques, que ce soit le                   bridge University Press.
point de vue objectivisteou subjectiviste. II serait Cgale-             Hayek. F (1945). The use of knowledge in society. American
                                                                                 .
                                                                            Economic Review, 35 (4). 5 19-530.
ment prhaturk de considkrer I'un des paradigmes
                                                                        Hench, T. (1997). The domain of international business: Para-
comme << supirieur >> I'autre, et de souhaiter I'Crner-
                                                                            digms in collision. Dans B. Toyne & D. Nigh (Eds.),
gence d'un paradigme unique en entrepreneuriat.                              International business: An emerging vision (pp. 90-
     Les considirationsm6tathCoriques contenues dans ce                      100). Columbia, SC: University of South Carolina
texte peuvent avoir un impact sur la perception qu'ont les                  Press.
entrepreneurs. les gestionnaires et les dkideurs de la                  Johnson. H. (1970). The efficiency and welfare implications of
recherche en entrepreneuriat. En prenant le plus possible                   the multinational corporation. Dans C. Kindleberger
en considdration le point de vue des acteurs, les chercheurs                (Ed.), The in/erna/ional corporation. Cambridge. MA:
peuvent augmenter non seulement la port& scientifique de                     MIT Press.
leurs travaux, mais aussi susciter davantage I'intkrCt des              Keat. R. & Uny. J. (1975). Social rheoty as science. London:
praticiens pour les n%ultatsde leurs recherches.                             Routledge and Kegan Paul.
                                                                        Kirzner. 1. (1973). Competirion and entwpreneurship. Chica-
                                                                             go: University of Chicago Press.
                                                                        Kinner. 1. ( 1985). Discovery and the capitalist process. Chica-
                         References                                          go: University of Chicago Press.
                                                                        Kogut. B. & Zander, U. (1993). Knowledge of the firm and the
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                                                                                              Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                          Revue canadienne des sciences de I'administration
                                                                  105                                                         a(l), 97-106
QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ?                                                                       MARCWITE


Kuhn, T. (1970). The structure o scientifc revolutions. Chica-
                                f                                      Schumpeter. J. (1961 ). The theory o economic development.
                                                                                                             f
    go: University of Chicago Press.                                        New-York: Oxford University Press.
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    research and future challenges. Journal o Management.
                                              f                             preneurship as a field of research. Academy o Manage-
                                                                                                                            f
     14, 139-161.                                                           ment Journal, 25 ( 1), 2 17-226.
Marcotte. C. & Niosi, J. (2000). Technology transfer to China:         Shionoya. Y. (1997). Schumpeter and the idea o social sci-
                                                                                                                          f
    The issues of knowledge and learning. Journal o Tech-
                                                       f                    ence: A metatheoretical study. Cambridge. MA: Cam-
     nology Transfeez 23.43-57.                                             bridge University Press.
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McDougall. P & Oviatt. B. (2000). International entrepreneur-
            .                                                               ness research: Implications of a 'narrow vision'. Journal
   ship: The intersection of two research paths. Academy o  f               o International Business Studies, 29 (4). 837-856.
                                                                             f
     Management Journal. 43.902-909.                                   Venkataraman. S. (1997). The distinctive domain of entrepre-
McDougall. P.. Shane. S ,& Oviatt. B. (1994). Explaining the
                       .                                                    neurship research: An editor's perspective. In J. Katz 8 R.
                                                                                                                                    c
   formation of international new ventures: The limits of the-              Brackhaus (Eds.). Advances in entrepreneurship. firm
   ories from international business research. Journal o     f              emergence. and gmwth. Greenwich. CT:JAI Press.
    Business Venturing. 9.469-487.                                     Von Krogh. G.& Roos. J. ( W )
                                                                                                   l5.     Organizational epistemolo-
Mitchell, R.. Busenitz, L . Lant. T.. & McDougall, P (2002).
                         .                          .                       gy. New-York: St. Martin's Press.
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Mitchell, R.. Smith B.. Seawright. K.. & Morse E. (2000).              Wright, R.W. & Ricks, D.A. (1994). Trends in international
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     sion. Academy o Management Journal, 43.974-993.
                     f                                                      International Business Studies. 25.687-701.
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     national new ventures. Journal o International Business
                                     f                                     Academy o Management Journal, 43.925-950.
                                                                                    f
    Studies. First Quarter. 45-64.
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    cal philosophy. Chicago: University of Chicago Press.




                                                                                            Canadian Journal of Administrative Sciences
                                                                                        Revue canadienne des sciences de I'administration
                                                                 106                                                       a I ). 97- 106
                                                                                                                            (

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  • 1. Quel paradigme pour I’entrepreneuriat international ? Claude Marcotte* Universiti Concordia Rbsumb Abstract L’entrepreneuriat international partage avec les uutres International entrepreneurship, like the other subfields sous-champs de 1‘etrtrepreneuriatla mime hitirogkniitk of entrepreneurship, covers many different topics. des sujets d’itude et des approches kpistimologiques des Research in this area is based on different epistemologi- chercheurs. Ces apptvches ne sont que rarement clari- cal assumptions that are rarely clarified or analyzed. Is pies ou analyskes. Est-il possible Ci 1‘heure actuelle it possible to identify the main epistemologicalpositions d’identifier clairement les principales positions ipisti- and the paradigmatic trends in international entrepre- mologiques et les courants paradigmatiques en entrepre- neurship? The first objective of this paper is to analyze neuriat international? L premier objectif de cette dude U the epistemological background of the area and to iden- est d’apporter des iliments de riponse a cette question tify the main paradigmatic trends in the two fields from en analysant 1’heritage ipistimologique de ce domuine which international entrepreneurship is derived: entre- d’itude ainsi que les courants paradigmatiques dans les preneurship and international business. A better under- deux champs dont est issu ce dontaine, l’entrepreneuriat standing of these positions and trends may make the area et la gestion internationale. Une meilleure connaissance easier to define, even i the topics are varied. The second f des positions adoptkes par les chercheurs peut con- objective is to std-v the question of specialization versus tribuer a mieux definir 1 ’entrepreneuriatinternational, et integration of paradigms in this area. Should researchers ce malgri la diversite des sujets d’ktude. L.e deuxikme reduce the number and diversiry of topics and methods. objectif est d’itudier la question de la spicialisation ver- so that a unique paradigm ntay emerge, or should they sus l’intigration des paradigmes dans la recherche en rather try to integrate differentparadigms? entrepreneuriat international. Lloit-on, comme le pro- posent certains chercheurs, riduire le nombre et la diversiti des sujets d’itude et des mithodes employies de facon a favoriser l’imergence d’un paradigme unique, ou au contraire tenter d’intigrer diffirents paradigmes? L‘entrepreneuriat est un champ d’Ctude particulikre- quelques accomplissements scientifiquespasds, accom- ment vaste et difticile ii dCfinir. La multiplicitC et plissements qu’une communautC scientifique reconnait I’hCtCrogCnCitCdes domaines qui le composent, ainsi que pendant un certain temps comme le fondement de sa pra- la grande diversid des approches theoriques utiliskes par tique N (Kuhn. 1970. p. 10). Dans leur Ctude sur I’Cvolu- les chercheurs constituent des facteurs frkquemment tion du champ de I’entrepreneuriat entre 1986 et 1995. tvoquts pour expliquer 1’Ctat de fragmentation des con- Aldrich et Baker (1997) ont conclu que la recherche dans naissances en entrepreneuriat (Gartner, 2001; Low & le domaine n’Ctait pas basbe sur un paradigme clair: MacMillan. 1988). La recherche dans ce champ n’a pas encore atteint un degrC de cohCsion suffisant pour qu’on Coherence, from the normal science perspective, puisse parler d’un paradigme de I’entrepreneuriat-ou consists in pursuing research that results in the cumulation of findings over time, both within and d’un Ctat de science normale-en ce sens que la across individual scholars’ work. Cumulation is gen- recherche qui s’y fait n’est pas bas& sur (< un ou erated when a group of scholars comes to accept as a world-view the discipline of a research paradigm that defines both what are legitimate and interesting ques- ‘Professeur adjoint. kcole de gestion John Molson. Univenite tions and what are legitimate methods for attempting Concordia. 1455 de Maisonneuve Ouest. Montdal (Quebec). Canada to answer them. Progress from this perspective has H3G IM8.Coumel : cmarcotte@jmsb.concordia.ca been limited, in comparison both with past work and Canadian Journal of Administrative Sciences Revue canadienne des sciences de I’administration 0 ASAC 2004 97 a( I ), 97- I 0 6
  • 2. QUEL PARADIGME POUR L‘ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ? MARCOTTE with more general, high quality organizational theoretical and methodological approaches em- research. (p. 395) ployed by authors. (p. 905) L‘Ctat pdparadigmatique de ce champ serait A la lecture de ce constat, on peut craindre que attribuable selon Bygrave (1993) au fait que les I’tmergence de I’entrepreneuriat international contribue chercheurs en entrepreneuriat ont adopt6 prCmaturC- ii allonger la liste des sous-champsdifflciles A cerner et ir ment les orientations thkoriques et mCthodologiquesdu dCfinir, parce que reposant sur des paradigmes encore paradigme plus mature des sciences physiques. II imprkcis. Est-il possible ir I’heure actuelle d’identifier incombe donc aux chercheurs de dkvelopper un para- clairement les principales positions CpistCmologiques et digme de I’entrepreneuriat qui tienne compte de la les courants paradigmatiques en entrepreneuriat interna- nature unique, non continue et non IinCaire des com- tional? Le premier objectif de cette Ctude est d’apporter portements des entrepreneurs. Ce caracttre plutbt chao- des ClCments de riponse ir cetk question en analysant tique des comportements entrepreneuriaux oblige le I’hCritage Cpisthologique de ce domaine d’Ctude ainsi chercheur h s’Cloigner des approches thCoriques diter- que les courants paradigmatiques en entrepreneuriat et ministes calquCes sur les sciences dites exactes, et h en gestion internationale. Une meilleure connaissance Cviter I’utilisation de methodes statistiques sophis- des positions adoptkes par les chercheurs peut contribuer tiqukes. Gartner (2001). quant A lui, soutient que la h mieux dCfinir le domaine de I’entrepreneuriat interna- crdation d’un paradigme plus mature en entrepreneu- tional. et ce malgd la diversit6 des sujets d’dtude. Le riat passe par la division plus formelle du champ en deuxitme objectif est d’Ctudier la question de la @cia- communautCs spCcialisCes dans un domaine spCcifique lisation versus I’intCgration des paradigmes dans la tel que I’entrepreneuriat ethnique, I’entrepreneuriat recherche en entrepreneuriat international. Doit-on. international, etc. Cependant Gartner ne prCcise pas comme le proposent certains chercheurs, riduire le nom- comment les contributions au sein de chacune de ces bre et la diversit6 des sujets d’6tude et des mCthodes communautCs pourront favoriser davantage le employCes de fason h favoriser I’Cmergence d’un para- dCveloppement d’un paradigme unique pour tout le digme unique, ou au contraire tenter d’intkgrer les dif- champ de I’entrepreneuriat. firents paradigmes? Plut6t que d’envisager une fragmentation encore Dans la premitre section du texte, nous suggkrerons plus grande du champ de I’entrepreneuriat. nous nous une definition de I’entrepreneuriat international. Dans la concenttons dans ce texte sur les limites et les potentia- deuxitme section, nous analyserons I’hCritage Cpisti- lit& thtoriques communes entre I’entrepreneuriat en mologique de ce nouveau sous-champ. Les principales gCnCral et le domaine Cmergent de I’entrepreneuriat positions CpistCmologiques et les courants paradigma- international. Nous nous intdressons Cgalement aux par- tiques en entrepreneuriat et en gestion internationale ticularitis de ce domaine qui se situe au confluent de seront dkrits. II nous semble important d’insister sur le I’entrepreneuriat et de la gestion internationale. fait qu’il s’agit bien dans ces deux domaines de courants Malgri son jeune Ige, I’entrepreneuriat international de penske qui ne sont que rarement discutks dans la lit- partage avec les autres domaines de ce champ la meme tCrature, et non pas de prises de position mitathdoriques hCtCrog6nCitC des sujets d’Ctude. Quelques-uns de ces claires de la part des chercheurs. Nous adoptons le point sujets recensCs dans la IittCrature sont: I’entrepreneuriat de vue de Burrell et Morgan (1979). h I’effet que les pos- organisationnel dans diffkrents pays, les initiatives de tulats CpistCmologiques des chercheurs contribuent h dCveloppement 6conomique. les caractdristiques et les dCterminer les paradigmes d’une discipline. Ces postu- motivations des entrepreneurs, les alliances interentre- lats concernent la nature et les formes de connaissance. prises et le transfert international de technologie, la crCa- Afin d’illustrer I’impact de ces postulats sur les tion et le financement d’entreprises. les modes d’entde approches thioriques en entrepreneuriat international. sur les march& internationaux, et les pays en transition nous fournirons des exemples issus du domaine du trans- d’Europe de I’Est (McDougall & Oviatt. 1997, 2000; fert international de technologie, qui est le domaine de Oviatt & McDougall, 1994). Comme le soulignent spdcialisation de I’auteur. Dans la troisitme section, McDougall et Oviatt (2000) dans leur synthtse des arti- nous soultverons la question de la sp6cialisation versus cles soumis lors du forum de recherche en entrepre- I’intCgration des paradigmes. Nous apporterons des neuriat international: exemples de sp4cialisation paradigmatique puiks dans les articles publits dans I’Cdition d’octobre 2000 de la All of the topics identified above would appear to be revue Academy of Management Journal, dans le cadre du important theoretically and relevant for practice. but forum de recherche en entrepreneuriat international. their disparate quality makes it clear that there is no unifying paradigm present within international entre- Nous proposerons tgalement un exemple d’indgration ir preneurship. Similarly, there is great variety in the partir d’une Ctude de I’auteur. Finalement, en conclu- Canadian Journal of Administrative Sciences Revue canadienne des Sciences de I’administration 98 2L(I),97-106
  • 3. QUEL PARADIGME POUR L‘ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ? MARCCYlTE sion, nous examinerons les impacts thCoriques et pra- trepreneuriat international. McDougall et Oviatt (2000). tiques de ces considkrations CpistCmologiques. dans leur recension de la documentation, citent des Ctudes faisant Ctat de deux aspects de I’entrepreneuriat: les comportementset les attributs qui sont A I’origine de Wfinition de I’entrepreneuriat international ces comportements, par exemple la cognition, I’appren- tissage et la stratkgie. Cependant seuls les comporte- Bien avant que I’entrepreneuriat international ne ments sont int6grC.s dans la dkfinition. En ce sens, cette soit identitie comme un sous-champCmergent, la dimen- dCfinition est davantage schumpeterienne. sion internationale Ctait dCjB sous-jacente B quelques- Comparons cette definition avec la conception des unes des Ccoles de pensbe en entrepreneuriat. Ainsi entreprises internationales propoke p&&emment par McClelland (1961) dans ses etudes sur les motivations McDougall, Shane, et Oviatt (1994). Les entreprises des entrepreneurs, a recueilli des donnCes empiriques internationalessont des firmes qui, dts leur creation, ont dans plusieurs pays afin de dCmontrer que le besoin des activitCs dans plusieurs pays. L‘explication fournie d’accomplissement, qui expliquerait le comportement par McDougall et al. repose sur la thCorie de Kirzner entrepreneurial,dimre d’un pays B I’autre et est corrCIC ( 1973). L e s entrepreneursqui mettent sur pied des firmes avec le dCveloppement Cconomique des nations. De son internationales se distinguent par leur capacid B 2tre cat6 Hagen (1960). suggdrait que le dCsir de rebellion CveillCs aux informations et connaissances sur les oppor- contre certaines valeurs de la sociCtC traditionnelle tunitCs potentiellement profitables. Les aspects cognitifs explique les comportements des entrepreneurs, particu- tels que la vigilance et la capaciti d’apprentissage cons- litrement dans les rigions en dCveloppement. tituent les variables indipendantes qui dCbouchent sur L‘entrepreneuriat international se diffdrencie tout des comportementsentrepreneuriaux. d’abord de ces autres Ccoles de penke en se situant B la II y a dans ces deux faqons de concevoir I’entrepre- jonction entre I’entrepreneuriat et la gestion interna- neuriat international une dualit6 tpisttmologique qui est tionale (McDougall& Oviatt, 2000). Ensuite, des efforts symptomatique de la situation actuelle en entrepreneu- sont maintenant dtployds afin de dCfinir plus clairement riat et en gestion internationale. Cette dualit6 est relike B le domaine et d’intCgrer la dimension internationale au la conception qu’ont les chercheurs de I’acquisition des caeur meme des propositions thCoriques issues de cette connaissances, qui est un des aspects importants de dCfinition, plut6t que de I’introduire comme une exten- I’ipistCmologie. Lorsque les connaissancessont conques sion d’une autre approche thborique-telle que I’ap- comme des ClCments tangibles et explicites, I’objet de la proche des traits de personnalitd ou encore celle des fac- recherche est davantage comportemental et directement teurs culturels. observable. Cependant quand on les conqoit sous leur La contribution de McDougall et Oviatt (2000) au forme plus intangible et tacite, I’angle de la recherche chapitre de la ddfinition de I’entrepreneuriat internation- pourra etre davantage interprktativiste et cognitif. II al s’avtre particulitrement importante. Cette dtfinition. s’agit dans ce dernier cas de tenter de connaitre comment basie en partie sur trois variables mesuries par Covin et les entrepreneursen viennent B acquCrir puis B utiliser les Slevin (1989). est la suivante: u International entrepre- connaissances qui sont sources d’opportunitds. neurship is a combination of innovative, proactive, and Supposons pour le moment qu’on peut dCfinir I’en- risk-seeking behavior that crosses national borders and is trepreneuriat international de facon ouverte en y intC- intended to create value in organizations n (cite par grant les aspects cognitifs et comportementaux. Le con- McDougall et Oviatt, 2000. p. 903). De plus, le domaine cept de changement est B la base de notre dCfinition. II inclut selon ces auteurs autant les grandes entreprises s’agit d’un concept clef en entrepreneuriat (Venkatara- que les PME: I’entrepreneuriat organisationnel dans les man, 1997) et il est prisent dans I’approche dynamique grandes entreprises est donc au programme de la nou- de Schumpeter ( 1961) et Kirzner (1973). Cependant. au velle discipline. Finalement, les Ctudes dans le domaine lieu de considCrer le changement uniquement comme un peuvent Etre faites au niveau des individus. des groupes dsultat des comportements entrepreneuriaux comme le et des organisations. fait Schumpeter, nous le concevons comme un processus Cette dkfinition a le mCrite d’inclure toutes les actif chez les individus, les groupes ou les organisations. tailles d’entreprise, contrairementB une difinition prCcC- Nous proposons une dkfinition de I’entrepreneuriatinter- dente offerte par Wright et Ricks (1994). qui associaient national en deux volets. II s’agit tout d’abord d’un entrepreneuriat international et PME. I1 faut Cgalement processus de changement dans la capacid des individus, remarquer I’orientation comportementalede cette dbfini- des groupes. ou des organisationsB percevoir les oppor- tion: ce sont les comportements entrepreneuriaux tunitCs au plan international et B apprendre comment mesurables, selon la mCthodologie dCvelop@e par Covin Cvaluer ces opportunids. Cette capacitC n’est donc pas et Slevin (1989). qui constituent le sujet d’Ctude de I’en- inn& ou fixbe. Elle est plutat en processus de change- Canadian Journal of Administrative Sciences Revue canadienne des sciences de I’administration 99 ~(1),97-106
  • 4. QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ? MARCUITE ment continuel. Le rCsultat Cventuel de ce processus-et These assumptions entail ideas. for example. about le deuxitme volet de notre dCfinition-st I'augmenta- what forms of knowledge can be obtained, and how tion des comportements d'innovation, qui peuvent Ztre one might son out what is regarded as 'true' from what is to be regarded as 'false'. Indeed this dichoto- par exemple la mise sur pied de nouveaux produits ou my of 'true' and 'false' itself presupposes a certain services conjointement avec un partenaire d'un autre epistemological stance. It is predicated upon a view pays. of the nature of knowledge itself: whether. for exam- En proposant une dkfinition de I'entrepreneuriat ple, it is possible to identify and communicate the international qui englobe d'une part les aspects de nature of knowledge as being hard, real and capable of being transmitted in tangible form. or whether dtcouverte et d'kvaluation des opportunitCs, et d'autre knowledge is of a softer. more subjective, spiritual or part la dimension comportementale d'innovation, nous even transcendental kind, based on experience and demeurons ouverts aux deux composantes importantes insight of a unique and essentially personal nature. du phCnomtne entrepreneurial. comme le suggtrent (pp. 1-2) Shane et Venkataraman (2000). Chacune de ces deux composantes est issue d'une approche CpistCmologique Lorsque les connaissances sont consues par les diffkrente. Une analyse de I'hCritage CpistCmologique de chercheurs comme des ClCments tangibles et I'entrepreneuriat international nous permettra de mieux explicites, le paradigme est, selon le modtle de Bur- situer ces approches. rell et Morgan, de nature positiviste. Le but des chercheurs est alors d'identifier les relations stables entre ces Cltments considCrCs de I'extCrieur. L'ap- Heritage CpistCmologique de I'entrepreneuriat proche est objectiviste et calquCe sur les mtthodes des international et courants paradigmatiques actuels sciences naturelles. Par contre, lorsque les connais- sances sont conpes comme Ctant de forme tacite et L'entrepreneuriat international a cette particularid intangible, le point de vue adopt6 par les chercheurs de puiser des approches CpistCmologiques issues de deux est davantage subjectiviste. Le but est alors de dicou- champs diffkrents qui faqonneront son evolution au plan vrir les schCmas de pensee adopt& par les repondants, paradigmatique. Nous proposons dans cette section une sans chercher B imposer de I'extCrieur certaines stru- synthtse des courants Cpistkmologiques en entrepre- ctures cognitives. Le paradigme est de ce point de vue neuriat et en gestion internationale. Afin de mieux com- interpretatif et cognitif. MZme si cette fason prendre I'impact des postulats CpistCmologiques sur les dichotomique d'analyser les positions CpistC- approches thioriques des chercheurs, nous fournirons mologiques des chercheurs est contestable-dans la des exemples issus du transfert international de tech- prochaine section, nous soultverons la question de nologie, un domaine qui a dCjja CtC analysd sous I'angle I'intCgration des diffCrents points de vue CpistC- de I'entrepreneuriat (Baumol, 1993). mologiques-elle peut nous servir de point de dipart Le terme 4pisrPntofogie est utilid ici au sens de la B notre analyse des positions CpistCmologiques en u connaissance de la connaissance >). c'est-&dire de la entrepreneuriat et en gestion internationale. conception plus ou moins consciente qu'ont les Notre analyse est prCsentCe au tableau 1. Nous chercheurs par rapport ii la nature et aux formes de con- avons rCsumC les deux formes de connaissance que naissance. Dans le cas de la recherche en entrepreneu- Burrell et Morgan disignent par les termes connais-(( riat, la question CpistCmologique que nous soulevons est sances tangibles et a connaissances intangibles ou )) la suivante : de quelle fason les chercheurs consoivent- personnelles n. Puis nous mentionnons les thCoriciens ils I'acquisition et I'utilisation des connaissances rela- qui illustrent I'une ou I'autre de ces formes d'une tives aux opportunitCs de la part des entrepreneurs? fason particulitrement Claire, tout d'abord en entepre- Comme le soulignent Von Krogh and Roos (1995). les neuriat puis en gestion internationale. II va sans dire Ctudes en gestion incluent rarement cette question CpistC- que les auteurs qui sont mentionnts ici ne sont pas les mologique. Les postulats des chercheurs quant B la seuls qui ont contribuC 31 la recherche B I'intCrieur de nature et aux formes de connaissance sont la plupart du leur cadre CpistCmologique. Cependant leur approche temps implicites et peu articulCs. B la connaissance Ctait assez explicite pour que nous Burrell et Morgan (1979) proposent une grille les considCrions comme des reprbsentants d'une posi- d'analyse qui permet de situer la position Cpistb- tion Cpisthologique. Chacun d'eux a propose une mologique des chercheurs. Cette grille prisuppose que conception spCcifique des connaissances et reprbsente les postulats CpistCmologiques sont mutuellement un courant paradigmatique que nous analysons tout exclusifs; autrement dit il est impossible de concevoir les d'abord dans la sous-section suivante sur I'hCritage connaissances en mZme temps sous leur aspect tangible de I'entrepreneuriat, puis dans celle de la gestion et intangible: internationale. Canadian Journal of Administrative Sciences Revue canadienne des sciences de I'administration 100 2LCl). 97-106
  • 5. QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ? MARCCYlTE ~~ Tableau 1 Positions ~pist~mologigues entrepreneuriat et en gestion internationale en Postulats Principaux Conception spCcifique Courant CpistCmologiques reprksentants des connaissances paradigmatique Entrepreneuriat Connaissances Schumpeter (1961) Facilement accessibles : Instrumentaliste tangibles Cgalement distribuees Baumol(1993) Bien public Connaissances Kirzner ( 1973, 1985) InCgalement distribuCes : InterprCtatif - intangibles, sources d'opportunitb et cognitiviste personnelles d'apprentissage Shane et InCgalement distribukes : InterprCtatif- Venkataraman (2000) processus de dCcouvene et cognitiviste de dalisation d'opportunitCs Mitchell, Busenitz, In fCrCes et in terprdties InterprCtatif - Lant, et McDougall selon science cognitive cognitiviste (2002) Gestion Connaissances Buckley et Casson Bien public Positiviste internationale tangibles ( 1976) Connaissances Dunning ( 1993; 1999) Tacites et codifCes Positiviste intangibles, personnelles Kogut et Zander ( 1993) Surtout tacites Evolutionniste L'hiritage de 1 'entrepreneuriat doing the thing, of which the leader's function con- sists. (1961. p. 88) L'influence schunipeterienne. L'approche schum- peterienne conGoit I'entrepreneuriat comme le rCsultat II en va de meme pour les connaissances dans les d'une nouvelle combinaison de ressources tangibles. Le organisations. Elles sont largement codifiCes ou facile- processus cognitif de perception et d'interprktation des ment codifiables. Examinons I'impact de cette Cpistt- opponunitCs ne figurait pas dans la thCorie de Schum- mologie sur la faqon de concevoir le transfert des con- peter. Seule comptait I'action: les entrepreneurs sont des naissances d'une entreprise 2 I'autre. i gens qui agissent sur la base de possibilitts m-ou de (( Pour Schumpeter, les connaissances dCtenues par nouvelles combinaisons des ressources-ui sont per- les entreprises innovatrices sont facilement rep6rables ceptibles pour un grand nombre de personnes dans la par les concurrents et donc facilement imitables. Le sociCtC. Mais p2s peu de ces gens passent ii I'action. En monopole temporaire que dCtenaient les innovateurs est parlant du leader qu'il associe avec I'entrepreneur, alors brisC. Par condquent, pour Schumpeter, les con- Schumpeter dit naissances ne sont pas des ressources que les entreprises peuvent exploiter de fason suffisamment durable en les It is no paq of his function to 'find' or to 'create' new transfkrant ii d'autres entreprises. Ces dernibres, surtout possibilities. They are always present, abundantly si elles sont dirigks par des entrepreneurs intuitifs, sont accumulated by all sorts of people. Often they are known and being discussed by scientific and literary capables par elles-memes de se les approprier et de writers. In other cases, there is nothing to discover devenir des concunentes. Aussi les comportements des about, because they are quite obvious... It is the innovateurs se veulent-ils dCfensifs. I1 s'en suit que le Canadian Journal of Administrative Sciences Revue canadienne des sciences de I'administration 101 2L( I). 97- 106
  • 6. QUEL PARADIGME POUR L‘ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ? MARCOWE transfert de technologie ne peut &re considCrC comme un par I’aeuvre de Schumpeter. II s’agit du paradigme processus entrepreneurial, ni chez les fournisseurs ni instrumentaliste (tableau I , colonne de droite). Ce para- chez les receveurs. digme, qui a plusieurs afinitCs avec le paradigme posi- Baumol, dont I’inspiration est largement schum- tiviste (Keat & Uny, 1975). correspond bien il la fagon peterienne, parle lui aussi du caracttre de M bien public B de concevoir I’CpistCmologie chez Schumpeter: des connaissances dans les entreprises et de la grande rapidit6 avec laquelle elles sont diffusks d’une organi- According to Schumpeter’s instrumentalism. a theo- ry is an instrument and should be evaluated in light sation il I’autre (Baumol, 1993, pp. 174-176). Cependant of its effectiveness in dealing with the problems it il a M amend6 n la thCorie schumpeterienne en ce qui addresses, within whatever perspectives it is con- concerne le transfert international de technologie; sa ver- structed. The forward looking view of a theory (for sion met I’accent sur I’attitude offensive de cenaines what it is made) is much more important than the entreprises lors du transfert de technologie: Ever since backward-looking view (how it is made). The notion of effectiveness provides an alternative criterion to the beginnings of the industrial revolution and undoubt- what is ordinarily conceived of as a truth .... edly earlier, there has been a group of innovative entre- (Shionoya. 1997. p. 69) preneurs who have found it profitable to allocate their talent to the innovative dissemination of technology n En demeurant aussi ouvert que possible aux dif- (Baumol. 1995, p. 26). Baumol dkcrit le caracttre inno- firentes approches thtoriques et mdthodologiques et en vateur du processus de transfert de technologie autant privilkgiant I’Ctude des faits directement observables chez les fournisseurs qui adaptent leur technologie au prClevCs dans des domaines d’Ctude disparates. ce para- contexte du pays hate que chez les receveurs qui digme peut regrouper une majorit6 d’btudes dans le innovent en amCliorant les praduits et procCdCs des champ de I’entrepreneuriat. Mais cette largeur de vue et fournisseurs. cette polyvalence emptchent en meme temps la vCritable Schumpeter et Baumol dCcrivent les comportements mise en aeuvre d’une communautC de chercheurs au sens factuels des entrepreneurs, sans proposer de thdorie KhunCsien du terme. Cette communautd de chercheurs dlaborie qui engloberait les facteurs qui dkterminent ces approfondirait un nombre restreint de probltmes il I’aide comportementset qui expliquent le processus par lequel de dkfinitions prdcises et de rtgles qui leur seraient pro- les entrepreneurs transforment les connaissances en pres et exclusives. action. Cette absence de cadre thCorique ClaborC a CtC L’upproche cognirive. Un mouvement issu des sci- soulevte par Bygrave (1993). qui soutenait que les ences cognitives prend forme depuis quelques annCes en chercheurs en entrepreneuriat se laissent guider par le entrepreneuriat. Les concepts et les thdories qui sont i paradigme des sciences physiques. Ce paradigme selon I’Ctude sont relativement bien articules et pourraient per- Bygrave ne peut tenir compte de la nature des change- mettre I’imergence d’un paradigme interprktatif en ments en entrepreneuriat,qui sont souvent discontinus et entrepreneuriat. Ce paradigme s’articule autour de la difticiles 1 prddire et il expliquer en termes de rbgression perception des phinomtnes par les sujets eux-memes, statistique. Un paradigme propre il I’entrepreneuriat par opposition ii I’approche positiviste oh les phCno- devra pouvoir expliquer comment Cvolue ce processus mtnes sont CtudiCs de I’extbieur (Burrell & Morgan, de changement chez les entrepreneurs. A cette fin. 1979). Les mCthodes sont alors plus qualitatives que Bygrave recommandait I’utilisation d’Ctudes sur le ter- quantitatives, meme si ces dernitres peuvent aussi etre rain, sous forme d’Ctudes de cas et aussi d’Ctudes longi- intCgrdes dans une approche multimdthode. tudinales. Douze annks plus tard, Gartner (2001) con- Venkataraman ( 1997). Shane et Venkataraman cluait que peu de progrts avait CtC accompli au niveau (2000). et Mitchell, Smith, Seawright, et Morse (2000) paradigmatiqueen entrepreneuriat. II n’y a selon lui que ont proposC une telle approche qui prkconise une analyse peu de dCbats entre les chercheurs et aucun question- du processus entrepreneurial plus << micro n que celle des nement sCrieux sur les postulats qui orientent les choix deux approches prkcddentes. Venkataraman et Shane et d’approches thioriques et mCthodologiques. Venkataraman ddfinissent le champ de I’entrepreneuriat Ces observations laissent croire que les propos de comme I’etude des sources d’opportunids, du processus Kuhn (1970) ne s’appliquent pas au champ de I’entre- de dCcouverte, d’dvaluation et d’exploitation des oppor- preneuriat. En effet, une discipline qui n’a pas encore tunitCs, et des individus qui dkcouvrent, Cvaluent et atteint le stade paradigmatique serait caractCrisie selon exploitent les opportunitCs, autant lors de la crkation de Kuhn par des dCbats et des questionnements constants nouvelles entreprises que lors de changements dans les sur des aspects fondamentaux de la discipline, que ce entreprises existantes. Ces chercheurs ont intCgrt5 dans soit au plan thCorique ou mCthadologique. Une explica- leurs travaux les principaux concepts utilids par Hayek tion possible est qu’il existe dCjh un courant paradigma- (1945) et Kixzner (1973) il savoir: la diffusion inkgale tique dominant en entrepreneuriat, largement influencC des connaissancesdans I’Cconomie (Hayek), I’apprentis- Canadian Journal of Administrative Sciences Revue canadienne des sciences de I’administration 102 2(l).97-106
  • 7. QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ? M A R C m sage et la vigilance ou la capacitC d'Cveil face aux infor- de connaissances un argument pour la thCorie de I'inter- mations (Kirzner). nalisation: Pour Mitchell et al., les cognitions entrepreneuri- ales-ou les fasons dont les entrepreneurs et les firmes There is a special reason for believing that internal- ization of the knowledge market will generate a high acquitrent, Cvaluent et utilisent les connaissances-sont degree of multinationality among firms. Because des variables andckdentes ou indkpendantesqui peuvent knowledge is a public good which is easily transmit- permettre de pr6dire I'identification des opportunitCs et ted across national boundaries. its exploitation is log- les comportements entrepreneuriaux chez les individus ically an international operation; thus unless compar- ou dans les organisations. Leurs travaux sur les cogni- ative advantage or other factors restrict production to a single country, internalization of knowledge will tions entrepreneurialesse rapprochent de ceux effectuis require each firm to operate a network of plants on a' en sciences cognitives (Simon, Egidi, & Marris, 1992 ; worldwide basis. (p. 45) Simon & Siklossi, 1972). La mCthode qu'ils utilisent est celle des << scripts >>. qui permet d'infirer les processus Les contributions de Buckley et Casson (1976) et cognitifs qui guident les entrepreneurslors de la crkation Dunning (1993, 1999) se situent dans un cadre posi- d'entreprises: N The degree of mastery of scripts appro- tiviste. Chez Dunning, meme si les connaissances tacites priate for venture creation can only be measured indi- sont importantes. I'approche demeure quand meme axCe rectly by inference or by observing objects that represent sur I'analyse des faits explicites. La revue de la IittCra- the attributes under study, since scripts. as internal men- ture faite par Sullivan (1998) confirme que le paradigme tal operations, are not directly observable n (Mitchell et positiviste, issu surtout de la science Cconomique, est al., 2000, p. 982). encore dominant, mais qu'un changement de paradigme Pour les cognitivistes, les connaissances sont semble en voie de s'opkrer en gestion internationale. largement tacites et difficiles A transformer en Cepemdant il ne rentre pas dans les dCtails du contenu habiletCs. Dans ce cadre, le transfert de technologie exact de ce paradigme naissant. La domination du para- apparait comme un processus complexe parce que met- digme positiviste dans un domaine aussi complexe a CtC tant en jeu les capacitds d'interprktation des humains. critiquke par Hench (1997). L'argument principal Cvo- Les limites cognitives des dtcideurs font en sorte que quC par ce dernier est que la science Cconomique, et par- ces derniers sont souvent incapables d'interpriter ticulitrement I'approche classique et nCo-classsique, ne adiquatement les informations: leur myopie et leur peuvent Etre utilises en gestion internationale pour com- cadre d'analyse trop Ctroit ralentissent souvent le prendre le processus entrepreneurial dans les organisa- processus de transfert. En Ctudiant le processus d'ac- tions. La crCativitC et la capacitC de dCcouvrir de nou- quisition, d'interprdtation et d'utilisation des informa- velles opportunitks sont des sujets rarement abordts en tions chez les dkcideurs, ces auteurs tentent de mieux science Cconomique. comprendre comment certaines personnes et certaines Dans les dernitres dkcennies, cette conception des organisations parviennent B saisir les opportunitCs connaissances s'est progressivement nuancCe et entrepreneuriales tandis que d'autres ne les voient pas plusieurs chercheurs ont intCgrC les distinctions entre les ou ne les utilisent pas. connaissances tacites et codifides proposks par Polanyi Tous ces chercheurs qui partagent I'approche cogni- (1964). Ainsi, Dunning (1993) reconnait que les con- tive s'interessent davantage au processus sficifique de naissances sont h la base des activitds internationalesdes traitement de I'information qui prCctde les comporte- entreprises, et qu'elles constituent un capital lors de I'in- ments entrepreneuriaux. Les dsultats de ces comporte- vestissement direct h 1'Ctranget au meme tiue que les ments, tels que la crCation d'entreprises ou I'innovation autres types d'actifs ou de ressources. Son M paradigme dans les entreprises existantes. sont consus comme des Cclectique M de la production internationale inclut les variables dkpendantes, contrairement A I'approche formes de connaissancestacites et codifiCes, qui permet- schumpeterienne. tent aux firmes internationales de se donner des avan- I, tages uniques et spkifiques. L'htiritage de la gestion internationale D leur cat&. Kogut et Zander (1993) ont propod e une thCorie tvolutionniste des entreprises multina- II est intCressant de constater que les positions tionales, qui se veut le contrepoids de la thCorie de I'in- CpistCmologi4ues des chercheurs en gestion interna- ternalisation. Pour les auteurs Cvolutionnistes, les con- tionale semblent avoir suivi la meme tvolution qu'en naissances codifiks servent seulement de point de entrepreneuriat. Jusqu'aux annks 1970, la conception dCpart I'apprentissage d'habiletbs nouvelles. Par la des connaissances dans ce champ Ctait surtout apparen- suite, ce sont les connaissances tacites qui permettent le tCe A un bien public (Buckley et Casson, 1976 ;Johnson, dCveloppementde ces habiletks. L e s entreprises multina- 1970). Ainsi Buckley et Casson ont vu dans cette forme tionales se sp6cialiseraient donc dans le transfert de Canadian Journal of Administrative Sciences Revue canadienne des sciences de I'administration 103 a 1 97-106 ( ).
  • 8. QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ? MARCUITE connaissances tacites et uniques. La nature sp6cifique de comme le soulignait Bygrave ( 1993). la complexitk et la leur savoir-faire prottge les firmes innovatrices contre nature dynamique des phCnomtnes entrepreneuriaux. I'imitation de la part de leurs concurrents. Meme si ces La possibilit6, voire meme I'avantage de I'intCgration derniers obtiennent des informations sur les innovations paradigmatique a CtC soulevie par Denzin (1978). Brewer en cours dans I'entreprise, ils ne peuvent ni les utiliser et Hunter (1989). et Hassard (1993). La recherche bas& rapidement ni les utiliser adiquatement parce qu'elles sur plus d'un paradigme est possible et souhaitable selon sont insuffisantes. II leur manque les connaissances spC- eux. La triangulation et I'approche multimCthode rendent cifiques et tacites, ainsi que les habiletCs qui sont le possible I'intCgration des paradigmes. Un exemple d'intC- rdsultat d'un apprentissage localid et propre B chaque gration paradigmatique et de triangulation des mdthodes firme. d'Ctude dans le domaine du transfert international de tech- Le paradigme Cvolutionniste auquel adhtrent Kogut nologie est fourni par Marcotte et Niosi (2000). Lors et Zander (1993) vise a dCpasser les limites du para- d'une Ctude sur le transfert de technologie en Chine, ces digme positiviste. Le transfert et I'exploitation des con- auteurs ont utilid I'enquCte par questionnaireet les Ctudes naissances tacites par les entreprises sont au caeur de ce de cas afin de mieux connaitre les aspects de connais- paradigme. Les ivolutionnistes tels que Nelson et Win- sances et d'apprentissage lors du transfert. Une partie de ter (1982) proposent une dCmarche qui tient compte des ces aspects se pretait 21 une approche objectiviste,mais une capacitCs entrepreneuriales des individus et des entre- autre partie de I'itude, notamment sur le processus d'ap prises. Ce paradigme difere aussi du paradigme posi- prentissage, nkessitait I'utilisation de mCthodes interpri- tiviste et instrumentaliste par I'emphase mis sur I'ap- tatives telles que les Ctudes de cas. Celles-ci Ctaient nkes- prentissage et les habiletCs nicessaires pour reconnaitre saires B cause du manque de donnks disponibles dans la les opportunitCs (Witt, 2002). litdrature: le caracttre relativement nouveau, complexe et dynamique du processus d'apprentissage lors du transfert international de technologie ne permettait pas la construc- Sptkialisation ou intdgration des paradigmes en tion et I'utilisation de mCthodes quantitatives.La synergie entrepreneuriat international? entre I'approche objectiviste et interpktativiste a permis aux auteurs de mieux cerner les differentes facettes de Deux thtses s'affrontent sur la question de la com- I'apprentissage. patibilitC possible entre les paradigmes. D'un c6tC. Kuhn La nature complexe, dynamique et encore ma1 con- (1970) et Burrell et Morgan (1979) soutiennent que les nue des phCnomtnes entrepreneuriaux fait en sorte que chercheurs ne peuvent travailler qu'a I'intCrieur d'un les chercheurs se doivent de demeurer ouverts aux dif- paradigme unique. Toute intkgration paradigmatique est fkrents points de vue CpistCmologiques. I1 peut paraitre impossible puisque les postulats de chaque paradigme prematurd d'ignorer I'un ou I'autre de ces points de vue. sont incompatibles entre eux. Les chercheurs en entre- que ce soit le point de vue objectiviste ou subjectiviste. preneuriat international semblent avoir adopt6 ce point II serait Cgalement inopportun de considCrer I'un des de vue de la spicialisation paradigmatique. Ainsi. les paradigmes comme << supdrieur B B I'autre. et de articles publids dans I'Cdition d'octobre 2000 de la revue souhaiter I'Cmergence d'un paradigme unique en entre- Academy o Management Journal, dans le cadre du f preneuriat. L'intCgration paradigmatique doit Ctre con- forum de recherche en entrepreneuriatinternational, sont sidCrCe comme un objectif dalisable. tous issus du paradigme positiviste, B I'exception de I'ar- ticle de Mitchell et al. dCcrit plus haut. Par exemple, Autio, Sapienza, et Almeida (2000) ont CtudiC les effets Conclusion de I'Lge des entreprises, des connaissances acquises et de I'imitation sur la croissance internationale des entre- Nous avons proposC au debut de ce texte une dCfini- prises. De mCme, Zahra, Ireland. et Hitt (2000) ont tion de l'entrepreneuriat en deux volets. L'entrepreneu- CtudiC la relation entre la diversit6 au plan international, riat est d'abord I'Ctude des changementsdans la capacitd le mode d'entrbe sur les marches internationaux, I'ap- des individus, des groupes ou des organisations a prentissage technologique et la performance. Aucune percevoir les opportunitis au plan international et B allusion n'est faite dans ces travaux A la possibilitk que apprendre comment Cvaluer ces opportunitis. Le second les phCnomtnes en prksence puissent Ctre mieux compris volet est I'Ctude des comportements d'innovation chez grLce a I'inclusion des points de vue subjectifs des les individus. les groupes ou les organisations. Chacune acteurs. MCme si ces travaux sont importants et con- des composantes de notre dkfinition est issue d'une tribuent B I'augmentation des connaissancesen entrepre- approche CpistCmologique diffdrente. neuriat international, ils auraient une portCe encore plus L'une de ces approches voit dans la rbpartition grande si leurs auteurs avaient pris en considCration, inkgale des connaissances entre les individus ou les Canadian Journal of Administrative Sciences Revue canadienne des sciences de I'administration 104 a( 97- 106 I).
  • 9. QUEL PARADIGME POUR L'ENTREPRENEURIAT INTERNATIONAL ? MARC07TE organisationsdes opportunitCsd'apprentissage. Les con- ton & R. Smilor (Eds.). Enrrepreneurship 2000 (pp. 377- naissances sont intangibles et tacites. Cette approche est 400). Chicago: Upstan Publishing. A la base du paradigme interprktatif et cognitiviste qui Autio. E.. Sapienza. H.. & Almeida. J. (2000). Effects of age of semble Cmerger en entrepreneuriat. L'autre approche entry, knowledge intensity, and imitability on internation- al growth. Academy of Managemenr Journal, 43.909-924. consid2re les connaissances comme Ctant explicites et Baumol. W. (1993). Enrrepreneurship, managemen1 and the facilement accessibles. Cette conception est A la base du s/ruc/ureo payoffs. Cambridge, MA: MIT Press. f paradigme instrumentaliste. Baumol. W.J. (1995). Formal entrepreneurship theory in eco- Nous avons not6 en gestion internationale une rCori- nomics: Existence and bounds. Dans 1. Bull, H. Thomas, entation vers des positions CpistCmologiques diffdrentes. & G . Willard (Eds.). Entrepreneurship: Perspecrives in La prkdominance des connaissances tacites et les possi- theory building. Oxford: Elsevier Science. bilitds d'apprentissage et de concurrence par I'acquisi- Brewer, J. & Hunter, A. (1989). Mulrimerhod research: A syn- tion et le transfert de ces connaissances est caractdris- thesis of sryles. Newbury Park, CA: Sage Publications. tique du paradigme Cvolutionniste. Buckley. P.J. & Casson, M.C. (1976). The future of the multi- Est-ce que les approches CpistCmologiques et les national enterprise. London: Homes & Meier. courants paradigmatiques en entrepreneuriat internation- Burrell. G.& Morgan. G. ( 1979). Socio/ogicalparadigms and organisarional analysis. London: Heinemann. al peuvent Ctre intCgrCs, ou est-ce qu'une seule approche Bygrave. W. (1993). Theory building in the entrepreneurship et un seul paradigme doivent dominer pour que ce paradigm. Journal o Business Venruring,8. 255-280. f domaine accUe vraiment au stade paradigmatique tel Covin, J.G. & Slevin, D. (1989). Strategic management of que le prCtend Kuhn (1970)? Ce dernier parle de I'in- small firms in hostile and benign environments. Strategic commensurabilitCdes paradigmes qui renvoie A I'incom- Managemenr Journal, 10.75-81. patibilitC entre les facons de voir des chercheurs, leur Denzin. N.K. (1978). The research a d . New York: McGraw- incapacitk A s'entendre sur ce qu'est << la vraie science >>. Hill. Or, il n'est pas impossible qu'avec davantage de recul et Dunning. J.H. ( 1993). Mu/rinationaI enterprises and the glob- de perspectives, certains chercheurs et surtout des al economy. Reading MA: Addison-Wesley. Cquipes de chercheurs puissent en arriver A une intCgra- Dunning. J.H. (1999). Trade, location of economic activity and tion des paradigmes qui rendrait possible la mise sur the multinational enterprise: a search for an eclectic para- pied de schCmas de recherche plus complets. L'approche digm. Dans RJ. Buckley & EN. Ghaury (Eds.). The h e r - nationalizarion of thejnn (2nd ed.) (pp. 61-80). London: multimkthode permet alors la triangulation non seule- International Thomson Business Press. ment au plan mkthodologique mais aussi au plan Canner. W (2001). Is there an elephant in entrepreneurship'? . thCorique et paradigmatique. Les dimensions moins tan- Blind assumptions in theory development. Enrrepreneur- gibles, plus complexes et moins Maires du champ de ship Theory and Pracrice, 25.27-39. I'entrepreneuriat pourraient alors Ctre davantage prises Hagen. E. ( 1960). The entrepreneur as rebel against traditional en considkration. La nature complexe, changeante et society. 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Columbia, SC: University of South Carolina texte peuvent avoir un impact sur la perception qu'ont les Press. entrepreneurs. les gestionnaires et les dkideurs de la Johnson. H. (1970). The efficiency and welfare implications of recherche en entrepreneuriat. En prenant le plus possible the multinational corporation. Dans C. Kindleberger en considdration le point de vue des acteurs, les chercheurs (Ed.), The in/erna/ional corporation. Cambridge. MA: peuvent augmenter non seulement la port& scientifique de MIT Press. leurs travaux, mais aussi susciter davantage I'intkrCt des Keat. R. & Uny. J. (1975). Social rheoty as science. London: praticiens pour les n%ultatsde leurs recherches. Routledge and Kegan Paul. Kirzner. 1. (1973). Competirion and entwpreneurship. Chica- go: University of Chicago Press. Kinner. 1. ( 1985). Discovery and the capitalist process. Chica- References go: University of Chicago Press. Kogut. B. & Zander, U. (1993). Knowledge of the firm and the Aldrich. 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