3. • « La caméra ne peut être dite « subjective »
que lorsque se marque dans le signifiant la
matérialité d’un corps » «
• François Jost
4. • « On installait la caméra dans une pièce au
rez-de-chaussée d’un bâtiment, et les
figurants n’étaient pas distraits par la vue de
l’appareil. »
• Propos de Francis Doublier recueillis par Georges Sadoul
en 1946 rapportés par Bernard Chardère, Guy et
Marjorie Borgé in Les Lumière, Payot Lausanne,
Lausanne, 1985, p. 70.
5. • « Quelle que soit la scène ainsi prise et si
grand que soit le nombre des personnages
ainsi surpris dans les actes de leur vie, vous les
revoyez en grandeur naturelle, avec les
couleurs, la perspective, les ciels lointains, les
maisons, les rues, avec toute l’illusion de la vie
réelle. »
• Le Radical du 30 décembre 1895
6. • « C’est une porte d’atelier qui s’ouvre et laisse
échapper un flot d’ouvriers et d’ouvrières avec
des bicyclettes, des chiens qui courent, des
voitures ; tout cela s’agite et grouille. C’est la
vie même, c’est le mouvement pris sur le vif. »
• La Poste , 30 décembre 1895
7. • « Chose curieuse, lorsque la scène est composée, lorsqu’on nous
montre, par exemple, deux amis se querellant à propos d’un article
de journal, ou un gamin posant le pied sur le tuyau d’arrosage d’un
jardinier, la sensation de vérité absolue, de réalité stricte disparaît.
Il faut à ces photographies animées l’instantané pris sur la vie sans
pose. Au moindre apprêt, adieu illusion ! »
• Les extraits de presse ont été pris dans l’ouvrage de Daniel Banda et
José Moure : Le cinéma : naissance d’un art, 1895-1920, (Champs
Art) Flammarion, Paris, 2008, p. 39 et 41.
• Le texte intégral de Jules Claretie est disponible en ligne sur le site Gallica de la BNF à
l’adresse : <http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75881n.pdf.>
8. • Maxime Gorki dans son article « Le cinématographe Lumière » in
Odeski Novoski n° 3681, 6 juillet 1896 :
• « Un train de voyageurs avance vers vous depuis le loitain –
attention ! Il fonce, comme projeté par un énorme canon, il fonce
droit sur vous, au risque de vous écraser ; le chef de gare court le
long du train. La locomotive silencieuse approche sans un bruit du
bord même du tableau… Le public déplace nerveusement les sièges
– dans la minute qui vient, cette machine de fer et d’acier semble
devoir s’élancer dans l’obscurité de la pièce pour tout écraser…
Mais après avoir jailli hors du mur gris, la locomotive disparaît au-
delà de la rampe de l’écran, et la rangée de wagons s’immobilise. »
•
9. • « Par l’action fondamentale qu’il exerce sur la perception,
le voyage en train fait littéralement apparaître un nouveau
monde, qui se construit en même temps que le chemin de
fer, et qui exige un nouveau regard. Le voyageur que le train
emporte dans son mouvement rapide va découvrir une
nouvelle façon de voir le monde en vitesse, entre
aveuglement et révélation.»
• Marc-Emmanuel Mélon : « Le voyage en train et en image :
une expérience photographique de la discontinuité et de la
fragmentation » in Arrêt sur image, fragmentation du
temps, Lausanne, Payot, 2002. P48.
10. • « Cette participation active du spectateur contraint de
reconstituer la continuité manquante d’une série
d’images discontinues se prolongera dans le mode de
représentation du cinéma des premiers temps où il
sera appelé à jouer le même rôle. C’est seulement au
début des années 1910 que s’enclenchera un processus
inverse et que s’élaborera, contre la discontinuité des
images et la participation active du spectateur, le
langage cinématographique.
• Idem
11. • Paul de Kock : Paul de Kock, "Les chemins de fer", La grande
ville. Nouveaux tableaux de Paris comique, critique et
philosophique, t. I, Paris, 1842, p. 188.
• « Voyager en chemin de fer ne fatigue pas ; c'est un plaisir,
un agrément... on se sent rouler avec une douceur
inconcevable, ou plutôt on ne se sent pas rouler. On voit
fuir devant soi les arbres, les maisons, les villages... tout
cela passe ! passe... bien plus vite que dans une lanterne
magique... et tout cela est véritable, vous n'êtes point le
jouet de l'optique !... Le chemin de fer est la véritable
lanterne magique de la nature. "
12. • " Dans le cadre de la fenêtre du wagon j'ai vu passer, à
la vitesse d'un éclair, plus de mille tableaux successifs,
mais je ne les ai qu'entrevus, très vite effacés par le
suivant et, au retour, je les ai revus mais avec une
lumière différente et ils étaient autres. Et j'ai compris
que c'était comme ça qu'il fallait peindre : ne retenir
que l'essentiel de la lumière surprise en une seconde à
des moments différents. L'impression fugitive sur la
rétine suffit. Tout le reste est inutile. »
• Johan Barthold Jongkind, cit. in Henri Vincenot, L'Âge
du chemin de fer, Paris, Denoël, 1980, p. 136.
13. • Lettre de Victor Hugo du 22 août 1837 :
• « C'est un mouvement magnifique et qu'il faut avoir senti pour s'en
rendre compte. La rapidité est inouïe. Les fleurs du bord du chemin
ne sont plus des fleurs, ce sont des taches ou plutôt des raies
rouges ou blanches; plus de points, tout devient raie; les blés sont
de grandes chevelures jaunes, les luzernes sont de longues tresses
vertes; les villes, les clochers et les arbres dansent et se mêlent
follement à l'horizon; de temps en temps, une ombre, une forme,
un spectre debout paraît et disparaît comme l'éclair à côté de la
portière; c'est un garde du chemin qui, selon l'usage, porte
militairement les armes au convoi. On se dit dans la voiture: C'est à
trois lieues, nous y serons dans dix minutes. »
•