SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  8
anique au cours de Français...
Voilà que Madame Devahif,
notre professeur, est en train
de nous expliquer les vertus de la
presse écrite. Elle a certainement
une idée derrière la tête !
"Ecrire un journal, s'intéresser aux
autres, entendre et comprendre les
points de vue de chacun, comparer les
informations,
les soumettre à
la critique, quoi
de plus néces-
saire dans
notre monde
d'aujourd'hui..." Oui, mais encore ? "Je
vous propose de réaliser un journal et
de participer au concours Journalistes
en Herbe", nous dit-elle sur un air de
défi !
Nous étions donc en projet et peut-être
même déjà en compétition : il nous
fallait des idées.
Notre école accueille depuis deux ans
une classe passerelle et nous avons
beaucoup travaillé sur le respect et la
différence. Pourquoi ne pas approfon-
dir cette réflexion sur la personne diffé-
rente ?
Et Arnaud d’évoquer l'idée de l'Opéra-
tion Souris. Il nous explique que l'ob-
jectif de l'opération est de récolter de
l'argent pour une association, l'APE-
DAF, qui favorise l'accès des enfants
sourds à l'école. Tout le monde adopte
l'idée. Nous allons réaliser un journal
dont le fil rouge sera la surdité. Nous
allons donc essayer d'entendre et de
comprendre les difficultés des sourds
dans notre société.
Organisés en petites équipes de jour-
nalistes de terrain, nous avons rencon-
tré des personnes impliquées à divers
degrés dans la problématique comme
Annie De Vos
(traductrice en
langue des
signes sur la
chaîne régio-
nale TV Lux) et
Eloïse (élève de quatrième année et
sœur d’Arnaud). Nous avons égale-
ment beaucoup travaillé en classe (ou
plutôt en conférence de rédaction...!).
Nous avons été tantôt révoltés par le
sort réservé aux sourds jusqu’en 1981
(!), tantôt émerveillés devant de belles
histoires signées.
Nous nous sommes tellement impli-
qués dans notre entreprise que, lors de
la journée Sport, Santé, Solidarité
organisée dans notre école le mois
dernier, les animateurs venus nous
sensibiliser à l'intégration des élèves
sourds ont été bluffés par notre
connaissance du sujet !
Que d'apprentissages en en seul
projet... mais quel projet ! ¤
La rédaction
P
mardi 2 avril 2013  3ème
année  N°2  1,50  Rue de Burhaimont, 11  6880 Bertrix  Tél. 061/41 00 10  www.indbertrix.be
EDITOrial
les animateurs ont été
bluffés par notre con-
naissance du sujet...
BRISER LE MUR DU SILENCE
a langue des signes a
vécu une histoire mouve-
mentée, jalonnée de
grandes avancées et de
quelques retours en arrière.
Aujourd'hui, elle cohabite avec
les prothèses et les implants
cochléaires.
Deux événements marquent
l'histoire de la langue des signes :
le combat de l'Abbé de l'Epée,
véritable père fondateur pour la
communauté des sourds, et le
congrès de Milan. L'Histoire a
pourtant stigmatisé cette langue,
au point qu'elle a été interdite
durant un siècle.
Si, depuis la nuit des temps, les
hommes utilisent le langage cor-
porel pour communiquer (à la
chasse par exemple), la survie
des malentendants n'a pourtant
souvent tenu qu'à un fil. Les
Grecs et les Romains se débar-
rassaient des sourds, comme de
toute personne présentant un
handicap, en les précipitant du
haut de falaises. Au Moyen-Âge,
les handicapés, dont les sourds,
mendiaient à la sortie des églises
ou dans les rues. A la Renais-
sance, les nobles ont commencé
à recevoir des professeurs à
domicile qui leur enseignaient la
lecture et les mathématiques,
alors que les pauvres et les dé-
munis n’avaient pas accès à
l’école.
Lire la suite en page 2
L
La langue des signes
Un dialogue de
sourds
Photo Monsieur Bauvir
SommaireLe dossier p.2
La science p.4
La société p.5
La culture p.6
Les loisirs p.7
Le dossier
p.2
es Belges sont presque au
Brésil... avec derrière eux
tout un peuple qui se met à
y croire. Les défis lancés par
les Diables sont rarement
légion, mais cette fois ça fonc-
tionne et ils unissent les com-
munautés.
Pourquoi dès lors ne pas nous
mettre à rêver de notre propre
défi en lançant la journée interna-
tionale Entendre la Différence.
Nous ne l’instaurons pas le 20
mars, déjà consacré à la Journée
du Bonheur, ni le 21 parce qu'il
inaugure le printemps.
Décrétons-la, une fois pour
toutes, le 22 mars, journée pen-
dant laquelle nous irons à la ren-
contre de l'Autre. Cet Autre qui
nous entoure mais que nous
n'entendons plus. Cet Autre qui
nous interpelle, par un signe.
Durant cette journée, nous ne
resterons pas muets à leurs
appels ! "Indignez-vous", criait
Stéphane Hessel, "car il nous ap-
partient de veiller tous ensemble
à ce que notre société reste une
société dont nous soyons fiers".
Dans notre journal, nous avons
longuement évoqué la langue des
signes, alors qu'hier encore on la
qualifiait de langue de singes
(deux lettres permutées qui font
toute la différence !). Et bien,
durant cette journée, nous ne
singerons plus les adultes dans
leur comportement. Nous irons à
la rencontre des sourds de nos
quartiers, de nos écoles, de nos
villages et ensemble, nous
échangerons des sourires et des
histoires.
Messieurs et Mesdames les polit-
iciens, vous qui prenez les déci-
sions dans ce pays, aidez-nous à
réaliser notre projet. Vous dé-
mentirez ainsi ce qu'écrivait
Jacques Sternberg*. Nous vou-
lons un royaume ouvert à l'Autre,
à la différence, à la tolérance.
Arthur Helps a écrit : "Les paroles
sages tombent quelquefois dans
l'oreille d'un sourd ; mais un mot
gentil n'est jamais perdu". Nous
en ferons notre devise.
Que vive cette journée interna-
tionale Entendre la Différence,
pour un monde plus juste, tout
simplement !¤
La rédaction
Suite de la page 1
De punition en bénédiction
Au début du 18ème siècle, l’Abbé
Charles-Michel de l’Épée est puni
et envoyé dans les quartiers pau-
vres de Paris. À cette occasion, il
rencontre deux jeunes filles sour-
des, des jumelles, à qui l’on a
interdit le catéchisme. Il propose
de le leur enseigner et, très vite,
son cours compte plus de quar-
ante enfants
s o u r d s .
Quand il se
met à ensei-
gner aussi
les mathé-
matiques, la
lecture et
l’écriture, la
nouvelle se
répand très
rapidement et des professeurs de
tous horizons viennent s’instruire,
s’initier afin d’ouvrir leurs propres
écoles pour enfants sourds.
L’Abbé Charles-Michel de l’Épée
n’a pas inventé la langue des
signes; il en a par contre codifié
tous les signes pour pouvoir com-
muniquer avec les sourds.
Le congrès de Milan,
une guerre de cent ans
L’Église, les enseignants et les
médecins n'apprécient guère la
nouvelle éducation donnée aux
sourds. Ils en arrivent même à
qualifier la langue des signes de
"langue de singes" !
C'est ainsi qu'en 1880, à
l'occasion du congrès de Milan
consacré à la surdité, il est décidé
d'interdire l'utilisation de la langue
des signes dans l'enseignement.
Les sourds n’ont pas été invités à
participer à la conférence, à
l'exception de deux d'entre eux
venus des États-Unis. Les profes-
seurs d’écoles pour sourds sont
remplacés par des enseignants
qui s’expriment uniquement en
langue parlée. Tous les sourds
s’exprimant dans la langue des
signes sont sévèrement punis. Et
vous, que feriez-vous si, du jour
au lendemain, on vous interdisait
de parler votre langue ? Eh bien
les sourds, eux, ont continué à la
pratiquer en secret, ce qui a en-
gendré l’appauvrissement de la
langue et l’apparition de dia-
lectes.
L’interdiction totale a duré cent
ans. La langue des signes ne
sera reconnue officieusement
qu'en 1980. On assiste alors à
l'apparition du français signé et à
la structuration de la langue des
signes, ce qui lui vaudra une
reconnaissance officielle en 2001.
Il existe maintenant des écoles
bilingues, comme la Commun-
auté scolaire Sainte-Marie de
Namur et Saint-Bernard d’Arlon.
Aujourd'hui, des appareils per-
mettent de remplacer partielle-
ment l'oreille déficiente d'un sourd
et, qui sait, peut-être inventera-t-
on un jour une solution parfaite
car, après tout, pour paraphraser
Alfred de Musset, "entre presque
ouïe et ouïe, il y a tout un
monde".¤
Alicia, Manon, Mathilde, Romane
Entre presque
ouïe et ouïe, il y a
tout un monde...
L
Au royaume des sourds,
les aveugles sont muets*
Illustration BIU Santé
mardi 2 avril 2013 p.3
LE DOSSIER
os reporters sont allés à la ren-
contre d’Annie De Vos, traduc-
trice gestuelle de l’Hebdo de TV
Lux, pour enquêter sur le parcours per-
sonnel qui l’a conduite à un métier si
particulier. Voici l'histoire qu'ils nous
ont rapportée.
Il était une fois un cordonnier dont la
famille était sourde. Petite fille, Annie,
qui habitait au village, adorait aller
chez eux, les regarder parler avec les
mains et voir les mots s’envoler dans
les airs comme des papillons. Elle
rêvait d’apprendre cette langue.
En 1977, après des études
d’éducatrice, elle choisit de travailler à
Bruxelles avec des enfants sourds afin
d’apprendre leur langue. Au début, les
jeunes sourds étaient très méfiants
vis-à-vis d’Annie ; en effet, l'usage de
la langue
des signes
était stric-
t e m e n t
i n t e r d i t
avant 1981
et ils ne comprenaient pas pourquoi un
membre de l’encadrement scolaire
souhaitait communiquer avec eux de
cette manière. Annie ne s'est pas
découragée pour autant et elle s'est
mise à apprendre la langue avec eux.
Peu après, le directeur de l’école la
convoqua, lui donna une lettre
d’avertissement et lui interdit formelle-
ment de pratiquer la langue des signes
sous peine de renvoi. Annie fit donc
comme les sourds depuis 1880: c'est
dans la clandestinité qu'elle continua à
pratiquer cette langue.
Quelques années plus tard,
l’interdiction de la langue des signes
est levée et son apprentissage devient
libre. Annie travaille à l’IRSA, une
école pour enfants sourds et aveugles
pendant plusieurs années.
Elle décide de faire une pause carrière
de cinq ans pour élever ses deux
enfants et en profite pour suivre des
cours de perfectionnement dans la
langue des signes. Elle garde aussi
des contacts avec des élèves de
l’IRSA ; ceux-ci craignent d’être isolés
s’ils retournent dans leur région d'ori-
gine car toutes les rencontres et évè-
nements les concernant se déroulent
dans les grandes villes. Annie les
encourage à développer des initiati-
ves. C’est comme cela que naît la
Maison des Sourds de la Province de
Luxembourg, lieu de rencontre qui
accueille entendants et malenten-
dants.
Annie suit alors des études pour deve-
nir interprète en langue des signes et,
une fois son diplôme en poche, elle
intègre le Service d’Interprétation des
Sourds de Wallonie (SISW) : de
l’Hebdo de TV Lux à des missions à
Tournai comme à Eupen, ce service
s’adresse aux sourds qui ont besoin de
support pour les contacts avec les
administrations, les tribunaux, les lieux
de culte, les médecins, les hôpitaux ou
les écoles.
Les partis
p o l i t i q u e s
aussi bien
que les théâ-
tres sollici-
tent également le service. Chaque
année encore, quatre chanteurs des
Francofolies de Spa sont traduits sur
scène et en direct, ce qui est un exer-
cice particulièrement difficile.
Depuis toujours, la curiosité d'Annie l'a
poussée à poursuivre sa chasse aux
papillons, lui ouvrant ainsi la porte sur
un autre monde. Elle est heureuse
d’avoir vécu la fin de l’injustice et de la
discrimination envers les sourds et
d’avoir contribué à construire un
espace d'épanouissement et de res-
pect. ¤
Arnaud La, Julien, Odile, Semeli
N
Rencontre avec Annie qui parle
avec les mains
Les mots signés sont
comme des papillons qui
s’envolent dans le ciel...
Photo Michaël Renotte
La traduction ges-
tuelle pour malen-
tendants sur TV Lux
TV Lux a fêté le 1er mars 2013 le
dixième anniversaire de la traduction
gestuelle de son émission l'Hebdo, un
résumé en vingt minutes de l’actualité
de la semaine. Pourquoi ce journal
traduit, et pour quel public ?
En Communauté Wallonie-Bruxelles, le
nombre de sourds et malentendants
s’élève à 30.000 adultes et 9.000
enfants de moins de 15 ans (source
ASPH). Depuis 2003, la Communauté a
pris des mesures visant à reconnaître la
langue des signes comme une langue à
part entière, dont l’interprétation
d’émissions comme le Journal Télévisé
de la RTBF ou l'Hebdo de TV Lux.
Un journal traduit en langues des signes
répond à une réelle attente. Les sourds,
qui pour la plupart ne sont pas bilingues,
souhaitent recevoir l’information dans
leur langue. Les personnes âgées qui
deviennent malentendantes regardent
également l'émission.
Il existe des problèmes spécifiques à la
traduction simultanée. Le son, par
exemple, doit être très bon. Une traduc-
tion de la langue des signes vers le fran-
çais nécessite un très bon éclairage
également. La traduction doit durer une
demi-heure au maximum, car le cerveau
est fortement sollicité. Il faut aussi savoir
faire face aux imprévus : un spot qui
casse ou une araignée qui se pose sur
le cou de l'interprète pendant le tour-
nage. Alors qu’elle traduit avec les
mains, Annie articule, ce qui lui donne
soif.
Pour conclure sur une anecdote, savez-
vous que l'on reconnaît des accents
chez les sourds qui pratiquent la langue
des signes ? Accent bruxellois, namu-
rois, liégeois... oufti !
Nos reporters s’essaient
au langage des signes
PhotoMichaëlRenotte
la science
p.4
La surditéLa surdité est un handicap invisible à
première vue : aucun signe extérieur ne
permet de déceler si une personne est
sourde ou non.
Car contrairement à ce que l’on peut
croire, un sourd n’est pas forcément
muet.
Ainsi, souvent, sa voix est teintée d’un
accent particulier car il ne bénéficie pas
du retour auditif lui permettant de la
corriger ou de fluctuer ses intonations.
La surdité est classée en fonction des
seuils auditifs : surdité légère, moyenne,
sévère ou profonde...
L’intégration
Les prothèses doivent être adaptées à
l'importance du handicap. Elles se composent
de trois éléments : un micro, le corps de la
prothèse (qui adapte le son au type de surd-
ité) et un haut-parleur (qui restitue le son).
Sans oublier la pile qui alimente l'appareil
L'implant cochléaire est un dispositif
médical électronique destiné à restaurer
l'audition de personnes atteintes d'une perte
d'audition sévère à profonde et qui compren-
nent difficilement la parole à l'aide de pro-
thèses auditives. Il est composéde deux par-
ties :
La partie externe qui comporte un processus
vocal, un micro contour d'oreille et l'antenne
La partie interne qui comporte
un attracteur d'aimant (ce qui
permet de faire tenir l'antenne),
un fil avec des électrodes et
l'implant
Les aides
à la communication
La lecture labiale est l’action d’identifier
les sons prononcés par les individus de
façon visuelle. En effet, pour prononcer un
son précis, la bouche doit avoir une forme
particulière. Les voyelles sont directement
identifiables sur les lèvres tandis que
l’identification des consonnes est plus com-
plexe
Le LPC ou langage parlé complété est un
système de clés et de positions proches de
la bouche utilisé par le locuteur
L'AKA aide à la (re)production et à la préci-
sion de la parole, complète la lecture labiale
Le Français signé n'est pas la langue
des signes mais une technique de communi-
cation. Il consiste à associer de façon simul-
tanée le français oral et la syntaxe avec les
signes de la langue des signes
La dactylologie, c’est l'utilisation de
l'alphabet manuel associé à chaque langue
des signes qui permet d'épeler comment
s'écrit n'importe quel mot
La langue des signes comprend cinq
paramètres : la configuration, l'emplacement,
l'orientation de la main, le mouvement,
l'expression du visage
Niveau
Audition normale
Surdité légère
Surdité moyenne
groupe I
groupe II
Surdité sévère
groupe I
groupe II
Surdité profonde
groupe profonde I
groupe profonde II
groupe profonde III
Cophose ou
surdité profonde
Perception des sons
Tous les sons fami-
liers sont perçus
La plupart des sons
sont perçus
Quelques sons sont
encore perçus
Seuls les bruits forts
sont perçus
Seuls les bruits très
puissants sont perçus
Rien n'est perçu
Perte auditive
Inférieure à 20 dB
de 21 à 40 dB
de 41 à 55 dB
de 56 à 70 dB
de 71 à 80 dB
de 81 à 90 dB
plus de 91 à 100 dB
plus de 101 à 110 dB
plus de 111 à 119 dB
plus de 120 dB
Lucie, Simon, Théo
mardi 2 avril 2013 p.5
La societe
loïse est née en 1997. Quand
elle atteint l'âge de huit mois,
ses grands-parents s'inquiè-
tent quant à un éventuel problème
de surdité. Ils interrogent ses
parents mais, comme les premiers
tests ORL ne révèlent rien d'inquié-
tant, Eloïse continue son petit bon-
homme de chemin. A cette époque,
elle est particulièrement attentive
aux ombres et ressent très vite les
courants d'air. Ce n'est que trois
mois plus tard, lors d'un examen
plus approfondi, qu'un médecin dia-
gnostiquera une surdité profonde.
Nous avons questionné cette ado
hors du commun, scolarisée dans
l'enseignement ordinaire, en qua-
trième année à l'IND de Bertrix.
Eloïse, peux-tu nous expliquer tes
principales difficultés ?
A l'école, je ne réalise pas les interro-
gations d'audition en français, en
anglais ou en néerlandais, car je n'ar-
rive pas à d i s t i n -
guer les s o n s .
D'autant plus que
je ne vois pas les
i n t e r v e - n a n t s
p a r l e r . C'est un
réel pro- b l è m e
pour moi. P a r c e
que je dois bien
l'avouer, je lis sur
les lèvres. Je com-
prends ainsi la totalité de ce que l'on
veut me dire. Me déplacer dans la rue
ou à vélo reste un exercice difficile. Mis
à part cela, je me suis habituée aux
bruits de la rue. En société, les fêtes
restent assez difficiles, même si tous
mes copains font attention à ne pas
parler en même temps. Mais la musi-
que de fond, le bruit en sourdine et les
gens qui parlent entre eux focalisent
toute mon attention. Dur, dur de tout
suivre !
Te sens-tu bien intégrée dans les
activités scolaires ?
Oui, je suis bien intégrée. Mes copines
ne pensent plus au fait que je suis
sourde. Elles développent spontané-
ment des attitudes qui m'aident dans la
vie quotidienne : elles se placent du
côté de mon implant ou elles évitent de
parler toutes à la fois. Pour les visites à
l'extérieur, il m'est encore difficile de
confier mon FM (note de la rédaction:
appareil qui transmet les sons transfor-
més en ondes à un décodeur porté par
Eloïse). Par contre, certains profes-
seurs ont pris l'habitude de le porter.
Ça m'aide énormément, je suis moins
fatiguée à la fin de la journée.
As-tu des amis qui s'expriment
grâce à la langue des signes? Où
les rencontres-tu?
Lorsque j'étais plus jeune, je partici-
pais à des journées ou à des camps
exclusivement réservés aux
enfants sourds. Ils étaient
organisés par le Collectif Re-
cherche et Expression. Cette
association emploie des ani-
mateurs sourds qui ne parlent
pas. Le seul moyen de com-
muniquer avec eux est la
langue des signes. J'ai gardé
le contact avec quelques
membres de ce collectif et
aujourd'hui, j'entretiens les
contacts par internet.
Pratiques-tu un sport ? As-tu des
loisirs ? Sont-ils adaptés ?
Oui, je pratique la natation. Pour m'ap-
prendre à nager, mon aide pédagogi-
que m'a accompagnée dans l'eau afin
de rectifier mes mouvements. Mainte-
nant, je m'entraîne seule et mon coach
écrit sur le tableau mes performances
ou des conseils pour m'améliorer. Je
pratique aussi le badminton. C'est plus
facile car je garde mon appareil, j'en-
tends donc en live les consignes.
J'écoute aussi de la musique, très sou-
vent avec un casque afin de ne pas
imposer ma musique à tout mon entou-
rage. Je joue à quelques jeux de
société, sans aménagement puisque
je porte mon appareil.
Comment as-tu appris la langue des
signes?
En côtoyant des animateurs sourds
qui ne parlaient pas ou très mal. Pour
se faire comprendre, ils signaient.
Quand j'étais petite, mes parents
signaient aussi.
Quelles sont les conditions nuisi-
bles à une bonne communication ?
Les bruits de fond. Ou quand une per-
sonne articule mal, si elle mange,
bouge ou manipule quelque chose tout
en me parlant, si elle porte une barbe
ou une moustache. L'implant reste un
appareillage !
Regardes-tu des films à la télévi-
sion?
Oui, en poussant le son et si mon
entourage ne fait aucun commentaire.
Les sous-titres d'un DVD sont un réel
confort pour moi.
Justement, peux-tu nous expliquer
les aménagements adoptés par les
membres de ta famille ?
Ils ont appris la langue des
signes par des stages et
grâce à des logopèdes.
Les personnes qui s'occu-
paient de moi jusqu'à
l'école primaire l'ont
apprise aussi. A la maison,
mes parents ont rapide-
ment utilisé le Langage
Parlé Complété, ou LPC,
qui est un code et non une
langue. C'est ainsi que j'ai
appris tout le vocabulaire
de la langue française. A l'école, j'ai
mon aide pédagogique et le FM. Et
surtout, j'ai mon implant cochléaire.
Peux-tu nous parler de cet implant ?
A l'âge de onze mois, les médecins et
ma famille ont découvert que j'étais
sourde profonde. J'ai porté des prothè-
ses jusqu'à l'âge de deux ans et demi.
C'est alors que j'ai été opérée et que
l'on m'a posé un implant à vie. C'est
une opération particulièrement coû-
teuse : vingt-cinq mille Euros. Mais les
avantages sont nombreux, je parle cor-
rectement et je peux ainsi vivre une vie
quasi normale. Les inconvénients res-
tent liés à l'appareil : il n'est pas étan-
che, je stresse lorsque je pars parce
que j'ai peur qu'il ne tombe en panne.
L'implant n'est pas tout, il ne me pro-
cure que trente % de mon audition. Le
reste me vient du contexte et de mes
d'efforts, ce qui me donne une vie nor-
male. ¤
Adrien, Arnaud Lo, Basile, Tom
Une ado
pas comme les autres
E
Photo maman d’Eloïse
LA CULTURE
ême si la langue des signes a
pris une place essentielle
dans la construction de
l'identité de la communauté des ma-
lentendants, elle n'est pas le seul
ingrédient de la culture sourde. En
effet, toute culture se base aussi sur
l'art : le théâtre, la peinture, la sculp-
ture, la poésie sont autant de bri-
ques qui servent à construire une
culture.
Marie-Gilles Vander Essen, professeur
des arts de la parole à l'Académie de
Bertrix et metteur en scène, a monté
récemment un spectacle à destination
des sourds et des malentendants, un
s p e c t a c l e
humoristique
de cinquante
m i n u t e s ,
sans parole ni musique, essentielle-
ment visuel et basé sur l'improvisation.
Nos correspondants à l'Académie de
Bertrix ont recueilli le témoignage de
Marie-Gilles : "ce spectacle était une
sorte de défi. Il fallait en deux mois
monter quelque chose de cohérent. Et
ce qu'il était pour nous, allait-il l’être
pour le public ? Ludivine Balfroid de
l’ASPH nous a proposé le thème des
jeux olympiques et cela nous a inspi-
rés, le sport est visuel. Nous sommes
partis sur un travail d’improvisation
corporelle. Le spectacle s’est construit
peu à peu. Nous n’avons pas voulu
raconter une histoire, nous avons pré-
féré de courtes séquences humoristi-
ques où les sportifs se retrouvaient
dans une série de situations cocasses
ou inattendues. Nous avons d’entrée
de jeu décidé de nous plonger dans le
silence. Nous voulions que les comé-
diens et tous les spectateurs, malen-
tendants ou non, soient dans les
mêmes conditions d’écoute : il
s’agissait d’écouter avec les yeux."
Le spectacle, baptisé Jeux Olymp’hic,
a été monté à la demande de l'Asso-
ciation Socialiste de la Personne Han-
dicapée du Luxembourg (ASPH),
association sans but lucratif dont l'ob-
jectif est de promouvoir le bien-être de
la personne handicapée par son inté-
gration optimale dans la société, tant
sur le plan individuel que collectif.
Jointe au téléphone, Ludivine Balfroid
de l'ASPH nous a expliqué : "Cette
représentation s'inscrit dans le cadre
de la Semaine de la Personne Handi-
capée, qui a
lieu chaque
année en
d é c e m b r e .
Pour cette édition, notre choix s'est
porté sur la problématique de la surdité
et de la malentendance." Ancienne
élève de Marie-Gilles Vander Essen,
Ludivine a pris contact avec elle et
avec ses élèves de l'académie de Ber-
trix qui se sont déclarés partants pour
le projet et ont entièrement conçu un
spectacle sur mesure. "Le spectacle,
organisé dans la salle communale de
Paliseul, s'adressait à un public de
sourds mais aussi d'entendants, d'élus
locaux, de familles de malentendants,
de centres pour handicapés mentaux
et moteurs. Il n'est pas facile d'entrer
dans ce genre de spectacle, il faut une
certaine habitude de la communication
non verbale. C'est là que l'on se rend
compte que la surdité est aussi une
culture. Notre projet se voulait égale-
ment une manière d'intéresser des
adolescents et de jeunes adultes au
problème du handicap, à travers une
mise en situation de ces jeunes
acteurs qui ont dû se projeter à la place
du sourd pour transmettre au public ce
qu'ils avaient à exprimer."
Selon Marie-Gilles, les comédiens ont
pris beaucoup de plaisir à imaginer et à
jouer ce spectacle. Ils se sont beau-
coup investis en essayant d’être extrê-
mement précis dans leurs mouve-
ments et leur gestuelle. Ils ont tous
apprécié ce travail sur le langage du
corps : " Ce fut une expérience très
enrichissante. Elle a soudé le groupe
encore un peu plus. Les échanges
d’après spectacle avec le public ont
été très chaleureux : un beau moment
de partage. A recommencer !" ¤
Odile, Semeli
M
Des acteurs prêtent l'oreille aux sourds
"il s’agissait d’écouter
avec les yeux...”
Chaque année depuis cinq ans, se
déroule en France le festival de
ciméma Sourd Métrage. Particula-
rité : ce festival s'adresse au public
malentendant.
Pour cette édition, c'est la ville de
Nancy, située à 200 km de Bertrix, qui
accueillera les festivaliers du 28 au 30
mai. Au programme,
concours de produc-
tions vidéo réalisées
par et pour des élèves
sourds, mais aussi
danse, théâtre et
conférences. Vous
pouvez y croiser des
personnalités comme Simon Attia
(comédien sourd), Julien Bourges
(réalisateur sourd) ou encore Daniel
Abbou, présentateur télé et véritable
star dans la communauté malenten-
dante. ¤
Arnaud F, Benjamin
qui ? quand ? où ?
Marie-Gilles Vander Essen se forme en
déclamation aux conservatoires de
Bruxelles et de Liège. En 1995, elle fonde,
avec d'autres comédiens, l'ASBL L'impact
qui a pour vocation de créer et promouvoir
des spectacles. La même année, elle
découvre l’Académie d’été de Wallonie.
Elle devient ainsi professeur à l'AKDT et,
en 2008, conseillère artistique. Depuis 18
ans, Marie-Gilles enseigne les arts de la
parole à l'académie de Bertrix dirigée par
Bernard Crucifix. A Bertrix, Marie-Gilles
fait la rencontre d'Alain Thomas, directeur
du Centre Culturel : c'est le début d’une
longue collaboration. Artiste de terrain,
elle est également metteur en scène de
plusieurs troupes de théâtre de la pro-
vince de Luxembourg.
Photo Jean-Claude Kirsch
Nancy à l'écoute des malentendants
Source : http://sourdmetrage.fr/
p.6
mardi 2 avril 2013 p.7
LES LOISIRS
Les9conseils
¤
Scénario
Dessin
Couleur
HUGO
¤
p.8
L’alphabet dactylologique est l’alphabet
de la langue des signes : il sert à repré-
senter des lettres et non des mots
entiers.
Peux-tu traduire les sept mots suivants ?
Il s'agit de noms de sourds célèbres :
Réponses:1.Beethoven2.Churchill3.Tournesol
4.Laborit5.duBellay6.Goya7.Hemingway
LES LOISIRS
Les dix-huit mots de la liste ci-dessous sont cachés
dans la grille. Peux-tu les retrouver ?
différence, signes, oreille, croire, langue, appareil,
comprendre, espoir, entendre, ouïe, handicap, mots,
ecoute, malade, sens, interdit, prothèses, auditif
Semeli
les mots caches
A
B C
D E
F G H I
J K
L
M N O P Q
R
S T U V
W
X Y Z
Hugo
1
2
3
4
5
6
7
L'équipe qui a réalisé ce journal tient à remercier de tout
coeur ceux qui l'ont aidée à mener à bien son projet : l'Ane,
Annie, Aphrodite, Monsieur Bauvir, Cédric, Christelle et
toute l'équipe de TV Lux, Eloïse et sa maman, les parents
d'Hugo, Ludivine, Madeleine, Marco, Marie-Gilles, Michaël,
Monsieur Simon, Stéphanie et toutes les personnes qui l'ont
soutenue... en silence.
Rédactrice en Chef : Madame Devahif
Journalistes : Adrien, Alicia, Arnaud F, Arnaud LA, Arnaud
LO, Basile, Benjamin, Catherine, Emily, Gaëtane, Hugo,
Julien, Lucie, Margaux, Manon, Mathilde, Mathias, Odile,
Romane, Semeli, Simon, Théo, TomCatherine, Emily, Gaëtane, Margaux, Mathias
Les journalistes en
herbe d’IND Le Journal
espèrent que vous
avez pris autant de
plaisir à dévorer leur
feuille de chou qu’ils
en ont pris à la faire
pousser...

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Journalistes en herbe 2012-2013 : 2ème prix en secondaires

  • 1. anique au cours de Français... Voilà que Madame Devahif, notre professeur, est en train de nous expliquer les vertus de la presse écrite. Elle a certainement une idée derrière la tête ! "Ecrire un journal, s'intéresser aux autres, entendre et comprendre les points de vue de chacun, comparer les informations, les soumettre à la critique, quoi de plus néces- saire dans notre monde d'aujourd'hui..." Oui, mais encore ? "Je vous propose de réaliser un journal et de participer au concours Journalistes en Herbe", nous dit-elle sur un air de défi ! Nous étions donc en projet et peut-être même déjà en compétition : il nous fallait des idées. Notre école accueille depuis deux ans une classe passerelle et nous avons beaucoup travaillé sur le respect et la différence. Pourquoi ne pas approfon- dir cette réflexion sur la personne diffé- rente ? Et Arnaud d’évoquer l'idée de l'Opéra- tion Souris. Il nous explique que l'ob- jectif de l'opération est de récolter de l'argent pour une association, l'APE- DAF, qui favorise l'accès des enfants sourds à l'école. Tout le monde adopte l'idée. Nous allons réaliser un journal dont le fil rouge sera la surdité. Nous allons donc essayer d'entendre et de comprendre les difficultés des sourds dans notre société. Organisés en petites équipes de jour- nalistes de terrain, nous avons rencon- tré des personnes impliquées à divers degrés dans la problématique comme Annie De Vos (traductrice en langue des signes sur la chaîne régio- nale TV Lux) et Eloïse (élève de quatrième année et sœur d’Arnaud). Nous avons égale- ment beaucoup travaillé en classe (ou plutôt en conférence de rédaction...!). Nous avons été tantôt révoltés par le sort réservé aux sourds jusqu’en 1981 (!), tantôt émerveillés devant de belles histoires signées. Nous nous sommes tellement impli- qués dans notre entreprise que, lors de la journée Sport, Santé, Solidarité organisée dans notre école le mois dernier, les animateurs venus nous sensibiliser à l'intégration des élèves sourds ont été bluffés par notre connaissance du sujet ! Que d'apprentissages en en seul projet... mais quel projet ! ¤ La rédaction P mardi 2 avril 2013  3ème année  N°2  1,50  Rue de Burhaimont, 11  6880 Bertrix  Tél. 061/41 00 10  www.indbertrix.be EDITOrial les animateurs ont été bluffés par notre con- naissance du sujet... BRISER LE MUR DU SILENCE a langue des signes a vécu une histoire mouve- mentée, jalonnée de grandes avancées et de quelques retours en arrière. Aujourd'hui, elle cohabite avec les prothèses et les implants cochléaires. Deux événements marquent l'histoire de la langue des signes : le combat de l'Abbé de l'Epée, véritable père fondateur pour la communauté des sourds, et le congrès de Milan. L'Histoire a pourtant stigmatisé cette langue, au point qu'elle a été interdite durant un siècle. Si, depuis la nuit des temps, les hommes utilisent le langage cor- porel pour communiquer (à la chasse par exemple), la survie des malentendants n'a pourtant souvent tenu qu'à un fil. Les Grecs et les Romains se débar- rassaient des sourds, comme de toute personne présentant un handicap, en les précipitant du haut de falaises. Au Moyen-Âge, les handicapés, dont les sourds, mendiaient à la sortie des églises ou dans les rues. A la Renais- sance, les nobles ont commencé à recevoir des professeurs à domicile qui leur enseignaient la lecture et les mathématiques, alors que les pauvres et les dé- munis n’avaient pas accès à l’école. Lire la suite en page 2 L La langue des signes Un dialogue de sourds Photo Monsieur Bauvir SommaireLe dossier p.2 La science p.4 La société p.5 La culture p.6 Les loisirs p.7
  • 2. Le dossier p.2 es Belges sont presque au Brésil... avec derrière eux tout un peuple qui se met à y croire. Les défis lancés par les Diables sont rarement légion, mais cette fois ça fonc- tionne et ils unissent les com- munautés. Pourquoi dès lors ne pas nous mettre à rêver de notre propre défi en lançant la journée interna- tionale Entendre la Différence. Nous ne l’instaurons pas le 20 mars, déjà consacré à la Journée du Bonheur, ni le 21 parce qu'il inaugure le printemps. Décrétons-la, une fois pour toutes, le 22 mars, journée pen- dant laquelle nous irons à la ren- contre de l'Autre. Cet Autre qui nous entoure mais que nous n'entendons plus. Cet Autre qui nous interpelle, par un signe. Durant cette journée, nous ne resterons pas muets à leurs appels ! "Indignez-vous", criait Stéphane Hessel, "car il nous ap- partient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers". Dans notre journal, nous avons longuement évoqué la langue des signes, alors qu'hier encore on la qualifiait de langue de singes (deux lettres permutées qui font toute la différence !). Et bien, durant cette journée, nous ne singerons plus les adultes dans leur comportement. Nous irons à la rencontre des sourds de nos quartiers, de nos écoles, de nos villages et ensemble, nous échangerons des sourires et des histoires. Messieurs et Mesdames les polit- iciens, vous qui prenez les déci- sions dans ce pays, aidez-nous à réaliser notre projet. Vous dé- mentirez ainsi ce qu'écrivait Jacques Sternberg*. Nous vou- lons un royaume ouvert à l'Autre, à la différence, à la tolérance. Arthur Helps a écrit : "Les paroles sages tombent quelquefois dans l'oreille d'un sourd ; mais un mot gentil n'est jamais perdu". Nous en ferons notre devise. Que vive cette journée interna- tionale Entendre la Différence, pour un monde plus juste, tout simplement !¤ La rédaction Suite de la page 1 De punition en bénédiction Au début du 18ème siècle, l’Abbé Charles-Michel de l’Épée est puni et envoyé dans les quartiers pau- vres de Paris. À cette occasion, il rencontre deux jeunes filles sour- des, des jumelles, à qui l’on a interdit le catéchisme. Il propose de le leur enseigner et, très vite, son cours compte plus de quar- ante enfants s o u r d s . Quand il se met à ensei- gner aussi les mathé- matiques, la lecture et l’écriture, la nouvelle se répand très rapidement et des professeurs de tous horizons viennent s’instruire, s’initier afin d’ouvrir leurs propres écoles pour enfants sourds. L’Abbé Charles-Michel de l’Épée n’a pas inventé la langue des signes; il en a par contre codifié tous les signes pour pouvoir com- muniquer avec les sourds. Le congrès de Milan, une guerre de cent ans L’Église, les enseignants et les médecins n'apprécient guère la nouvelle éducation donnée aux sourds. Ils en arrivent même à qualifier la langue des signes de "langue de singes" ! C'est ainsi qu'en 1880, à l'occasion du congrès de Milan consacré à la surdité, il est décidé d'interdire l'utilisation de la langue des signes dans l'enseignement. Les sourds n’ont pas été invités à participer à la conférence, à l'exception de deux d'entre eux venus des États-Unis. Les profes- seurs d’écoles pour sourds sont remplacés par des enseignants qui s’expriment uniquement en langue parlée. Tous les sourds s’exprimant dans la langue des signes sont sévèrement punis. Et vous, que feriez-vous si, du jour au lendemain, on vous interdisait de parler votre langue ? Eh bien les sourds, eux, ont continué à la pratiquer en secret, ce qui a en- gendré l’appauvrissement de la langue et l’apparition de dia- lectes. L’interdiction totale a duré cent ans. La langue des signes ne sera reconnue officieusement qu'en 1980. On assiste alors à l'apparition du français signé et à la structuration de la langue des signes, ce qui lui vaudra une reconnaissance officielle en 2001. Il existe maintenant des écoles bilingues, comme la Commun- auté scolaire Sainte-Marie de Namur et Saint-Bernard d’Arlon. Aujourd'hui, des appareils per- mettent de remplacer partielle- ment l'oreille déficiente d'un sourd et, qui sait, peut-être inventera-t- on un jour une solution parfaite car, après tout, pour paraphraser Alfred de Musset, "entre presque ouïe et ouïe, il y a tout un monde".¤ Alicia, Manon, Mathilde, Romane Entre presque ouïe et ouïe, il y a tout un monde... L Au royaume des sourds, les aveugles sont muets* Illustration BIU Santé
  • 3. mardi 2 avril 2013 p.3 LE DOSSIER os reporters sont allés à la ren- contre d’Annie De Vos, traduc- trice gestuelle de l’Hebdo de TV Lux, pour enquêter sur le parcours per- sonnel qui l’a conduite à un métier si particulier. Voici l'histoire qu'ils nous ont rapportée. Il était une fois un cordonnier dont la famille était sourde. Petite fille, Annie, qui habitait au village, adorait aller chez eux, les regarder parler avec les mains et voir les mots s’envoler dans les airs comme des papillons. Elle rêvait d’apprendre cette langue. En 1977, après des études d’éducatrice, elle choisit de travailler à Bruxelles avec des enfants sourds afin d’apprendre leur langue. Au début, les jeunes sourds étaient très méfiants vis-à-vis d’Annie ; en effet, l'usage de la langue des signes était stric- t e m e n t i n t e r d i t avant 1981 et ils ne comprenaient pas pourquoi un membre de l’encadrement scolaire souhaitait communiquer avec eux de cette manière. Annie ne s'est pas découragée pour autant et elle s'est mise à apprendre la langue avec eux. Peu après, le directeur de l’école la convoqua, lui donna une lettre d’avertissement et lui interdit formelle- ment de pratiquer la langue des signes sous peine de renvoi. Annie fit donc comme les sourds depuis 1880: c'est dans la clandestinité qu'elle continua à pratiquer cette langue. Quelques années plus tard, l’interdiction de la langue des signes est levée et son apprentissage devient libre. Annie travaille à l’IRSA, une école pour enfants sourds et aveugles pendant plusieurs années. Elle décide de faire une pause carrière de cinq ans pour élever ses deux enfants et en profite pour suivre des cours de perfectionnement dans la langue des signes. Elle garde aussi des contacts avec des élèves de l’IRSA ; ceux-ci craignent d’être isolés s’ils retournent dans leur région d'ori- gine car toutes les rencontres et évè- nements les concernant se déroulent dans les grandes villes. Annie les encourage à développer des initiati- ves. C’est comme cela que naît la Maison des Sourds de la Province de Luxembourg, lieu de rencontre qui accueille entendants et malenten- dants. Annie suit alors des études pour deve- nir interprète en langue des signes et, une fois son diplôme en poche, elle intègre le Service d’Interprétation des Sourds de Wallonie (SISW) : de l’Hebdo de TV Lux à des missions à Tournai comme à Eupen, ce service s’adresse aux sourds qui ont besoin de support pour les contacts avec les administrations, les tribunaux, les lieux de culte, les médecins, les hôpitaux ou les écoles. Les partis p o l i t i q u e s aussi bien que les théâ- tres sollici- tent également le service. Chaque année encore, quatre chanteurs des Francofolies de Spa sont traduits sur scène et en direct, ce qui est un exer- cice particulièrement difficile. Depuis toujours, la curiosité d'Annie l'a poussée à poursuivre sa chasse aux papillons, lui ouvrant ainsi la porte sur un autre monde. Elle est heureuse d’avoir vécu la fin de l’injustice et de la discrimination envers les sourds et d’avoir contribué à construire un espace d'épanouissement et de res- pect. ¤ Arnaud La, Julien, Odile, Semeli N Rencontre avec Annie qui parle avec les mains Les mots signés sont comme des papillons qui s’envolent dans le ciel... Photo Michaël Renotte La traduction ges- tuelle pour malen- tendants sur TV Lux TV Lux a fêté le 1er mars 2013 le dixième anniversaire de la traduction gestuelle de son émission l'Hebdo, un résumé en vingt minutes de l’actualité de la semaine. Pourquoi ce journal traduit, et pour quel public ? En Communauté Wallonie-Bruxelles, le nombre de sourds et malentendants s’élève à 30.000 adultes et 9.000 enfants de moins de 15 ans (source ASPH). Depuis 2003, la Communauté a pris des mesures visant à reconnaître la langue des signes comme une langue à part entière, dont l’interprétation d’émissions comme le Journal Télévisé de la RTBF ou l'Hebdo de TV Lux. Un journal traduit en langues des signes répond à une réelle attente. Les sourds, qui pour la plupart ne sont pas bilingues, souhaitent recevoir l’information dans leur langue. Les personnes âgées qui deviennent malentendantes regardent également l'émission. Il existe des problèmes spécifiques à la traduction simultanée. Le son, par exemple, doit être très bon. Une traduc- tion de la langue des signes vers le fran- çais nécessite un très bon éclairage également. La traduction doit durer une demi-heure au maximum, car le cerveau est fortement sollicité. Il faut aussi savoir faire face aux imprévus : un spot qui casse ou une araignée qui se pose sur le cou de l'interprète pendant le tour- nage. Alors qu’elle traduit avec les mains, Annie articule, ce qui lui donne soif. Pour conclure sur une anecdote, savez- vous que l'on reconnaît des accents chez les sourds qui pratiquent la langue des signes ? Accent bruxellois, namu- rois, liégeois... oufti ! Nos reporters s’essaient au langage des signes PhotoMichaëlRenotte
  • 4. la science p.4 La surditéLa surdité est un handicap invisible à première vue : aucun signe extérieur ne permet de déceler si une personne est sourde ou non. Car contrairement à ce que l’on peut croire, un sourd n’est pas forcément muet. Ainsi, souvent, sa voix est teintée d’un accent particulier car il ne bénéficie pas du retour auditif lui permettant de la corriger ou de fluctuer ses intonations. La surdité est classée en fonction des seuils auditifs : surdité légère, moyenne, sévère ou profonde... L’intégration Les prothèses doivent être adaptées à l'importance du handicap. Elles se composent de trois éléments : un micro, le corps de la prothèse (qui adapte le son au type de surd- ité) et un haut-parleur (qui restitue le son). Sans oublier la pile qui alimente l'appareil L'implant cochléaire est un dispositif médical électronique destiné à restaurer l'audition de personnes atteintes d'une perte d'audition sévère à profonde et qui compren- nent difficilement la parole à l'aide de pro- thèses auditives. Il est composéde deux par- ties : La partie externe qui comporte un processus vocal, un micro contour d'oreille et l'antenne La partie interne qui comporte un attracteur d'aimant (ce qui permet de faire tenir l'antenne), un fil avec des électrodes et l'implant Les aides à la communication La lecture labiale est l’action d’identifier les sons prononcés par les individus de façon visuelle. En effet, pour prononcer un son précis, la bouche doit avoir une forme particulière. Les voyelles sont directement identifiables sur les lèvres tandis que l’identification des consonnes est plus com- plexe Le LPC ou langage parlé complété est un système de clés et de positions proches de la bouche utilisé par le locuteur L'AKA aide à la (re)production et à la préci- sion de la parole, complète la lecture labiale Le Français signé n'est pas la langue des signes mais une technique de communi- cation. Il consiste à associer de façon simul- tanée le français oral et la syntaxe avec les signes de la langue des signes La dactylologie, c’est l'utilisation de l'alphabet manuel associé à chaque langue des signes qui permet d'épeler comment s'écrit n'importe quel mot La langue des signes comprend cinq paramètres : la configuration, l'emplacement, l'orientation de la main, le mouvement, l'expression du visage Niveau Audition normale Surdité légère Surdité moyenne groupe I groupe II Surdité sévère groupe I groupe II Surdité profonde groupe profonde I groupe profonde II groupe profonde III Cophose ou surdité profonde Perception des sons Tous les sons fami- liers sont perçus La plupart des sons sont perçus Quelques sons sont encore perçus Seuls les bruits forts sont perçus Seuls les bruits très puissants sont perçus Rien n'est perçu Perte auditive Inférieure à 20 dB de 21 à 40 dB de 41 à 55 dB de 56 à 70 dB de 71 à 80 dB de 81 à 90 dB plus de 91 à 100 dB plus de 101 à 110 dB plus de 111 à 119 dB plus de 120 dB Lucie, Simon, Théo
  • 5. mardi 2 avril 2013 p.5 La societe loïse est née en 1997. Quand elle atteint l'âge de huit mois, ses grands-parents s'inquiè- tent quant à un éventuel problème de surdité. Ils interrogent ses parents mais, comme les premiers tests ORL ne révèlent rien d'inquié- tant, Eloïse continue son petit bon- homme de chemin. A cette époque, elle est particulièrement attentive aux ombres et ressent très vite les courants d'air. Ce n'est que trois mois plus tard, lors d'un examen plus approfondi, qu'un médecin dia- gnostiquera une surdité profonde. Nous avons questionné cette ado hors du commun, scolarisée dans l'enseignement ordinaire, en qua- trième année à l'IND de Bertrix. Eloïse, peux-tu nous expliquer tes principales difficultés ? A l'école, je ne réalise pas les interro- gations d'audition en français, en anglais ou en néerlandais, car je n'ar- rive pas à d i s t i n - guer les s o n s . D'autant plus que je ne vois pas les i n t e r v e - n a n t s p a r l e r . C'est un réel pro- b l è m e pour moi. P a r c e que je dois bien l'avouer, je lis sur les lèvres. Je com- prends ainsi la totalité de ce que l'on veut me dire. Me déplacer dans la rue ou à vélo reste un exercice difficile. Mis à part cela, je me suis habituée aux bruits de la rue. En société, les fêtes restent assez difficiles, même si tous mes copains font attention à ne pas parler en même temps. Mais la musi- que de fond, le bruit en sourdine et les gens qui parlent entre eux focalisent toute mon attention. Dur, dur de tout suivre ! Te sens-tu bien intégrée dans les activités scolaires ? Oui, je suis bien intégrée. Mes copines ne pensent plus au fait que je suis sourde. Elles développent spontané- ment des attitudes qui m'aident dans la vie quotidienne : elles se placent du côté de mon implant ou elles évitent de parler toutes à la fois. Pour les visites à l'extérieur, il m'est encore difficile de confier mon FM (note de la rédaction: appareil qui transmet les sons transfor- més en ondes à un décodeur porté par Eloïse). Par contre, certains profes- seurs ont pris l'habitude de le porter. Ça m'aide énormément, je suis moins fatiguée à la fin de la journée. As-tu des amis qui s'expriment grâce à la langue des signes? Où les rencontres-tu? Lorsque j'étais plus jeune, je partici- pais à des journées ou à des camps exclusivement réservés aux enfants sourds. Ils étaient organisés par le Collectif Re- cherche et Expression. Cette association emploie des ani- mateurs sourds qui ne parlent pas. Le seul moyen de com- muniquer avec eux est la langue des signes. J'ai gardé le contact avec quelques membres de ce collectif et aujourd'hui, j'entretiens les contacts par internet. Pratiques-tu un sport ? As-tu des loisirs ? Sont-ils adaptés ? Oui, je pratique la natation. Pour m'ap- prendre à nager, mon aide pédagogi- que m'a accompagnée dans l'eau afin de rectifier mes mouvements. Mainte- nant, je m'entraîne seule et mon coach écrit sur le tableau mes performances ou des conseils pour m'améliorer. Je pratique aussi le badminton. C'est plus facile car je garde mon appareil, j'en- tends donc en live les consignes. J'écoute aussi de la musique, très sou- vent avec un casque afin de ne pas imposer ma musique à tout mon entou- rage. Je joue à quelques jeux de société, sans aménagement puisque je porte mon appareil. Comment as-tu appris la langue des signes? En côtoyant des animateurs sourds qui ne parlaient pas ou très mal. Pour se faire comprendre, ils signaient. Quand j'étais petite, mes parents signaient aussi. Quelles sont les conditions nuisi- bles à une bonne communication ? Les bruits de fond. Ou quand une per- sonne articule mal, si elle mange, bouge ou manipule quelque chose tout en me parlant, si elle porte une barbe ou une moustache. L'implant reste un appareillage ! Regardes-tu des films à la télévi- sion? Oui, en poussant le son et si mon entourage ne fait aucun commentaire. Les sous-titres d'un DVD sont un réel confort pour moi. Justement, peux-tu nous expliquer les aménagements adoptés par les membres de ta famille ? Ils ont appris la langue des signes par des stages et grâce à des logopèdes. Les personnes qui s'occu- paient de moi jusqu'à l'école primaire l'ont apprise aussi. A la maison, mes parents ont rapide- ment utilisé le Langage Parlé Complété, ou LPC, qui est un code et non une langue. C'est ainsi que j'ai appris tout le vocabulaire de la langue française. A l'école, j'ai mon aide pédagogique et le FM. Et surtout, j'ai mon implant cochléaire. Peux-tu nous parler de cet implant ? A l'âge de onze mois, les médecins et ma famille ont découvert que j'étais sourde profonde. J'ai porté des prothè- ses jusqu'à l'âge de deux ans et demi. C'est alors que j'ai été opérée et que l'on m'a posé un implant à vie. C'est une opération particulièrement coû- teuse : vingt-cinq mille Euros. Mais les avantages sont nombreux, je parle cor- rectement et je peux ainsi vivre une vie quasi normale. Les inconvénients res- tent liés à l'appareil : il n'est pas étan- che, je stresse lorsque je pars parce que j'ai peur qu'il ne tombe en panne. L'implant n'est pas tout, il ne me pro- cure que trente % de mon audition. Le reste me vient du contexte et de mes d'efforts, ce qui me donne une vie nor- male. ¤ Adrien, Arnaud Lo, Basile, Tom Une ado pas comme les autres E Photo maman d’Eloïse
  • 6. LA CULTURE ême si la langue des signes a pris une place essentielle dans la construction de l'identité de la communauté des ma- lentendants, elle n'est pas le seul ingrédient de la culture sourde. En effet, toute culture se base aussi sur l'art : le théâtre, la peinture, la sculp- ture, la poésie sont autant de bri- ques qui servent à construire une culture. Marie-Gilles Vander Essen, professeur des arts de la parole à l'Académie de Bertrix et metteur en scène, a monté récemment un spectacle à destination des sourds et des malentendants, un s p e c t a c l e humoristique de cinquante m i n u t e s , sans parole ni musique, essentielle- ment visuel et basé sur l'improvisation. Nos correspondants à l'Académie de Bertrix ont recueilli le témoignage de Marie-Gilles : "ce spectacle était une sorte de défi. Il fallait en deux mois monter quelque chose de cohérent. Et ce qu'il était pour nous, allait-il l’être pour le public ? Ludivine Balfroid de l’ASPH nous a proposé le thème des jeux olympiques et cela nous a inspi- rés, le sport est visuel. Nous sommes partis sur un travail d’improvisation corporelle. Le spectacle s’est construit peu à peu. Nous n’avons pas voulu raconter une histoire, nous avons pré- féré de courtes séquences humoristi- ques où les sportifs se retrouvaient dans une série de situations cocasses ou inattendues. Nous avons d’entrée de jeu décidé de nous plonger dans le silence. Nous voulions que les comé- diens et tous les spectateurs, malen- tendants ou non, soient dans les mêmes conditions d’écoute : il s’agissait d’écouter avec les yeux." Le spectacle, baptisé Jeux Olymp’hic, a été monté à la demande de l'Asso- ciation Socialiste de la Personne Han- dicapée du Luxembourg (ASPH), association sans but lucratif dont l'ob- jectif est de promouvoir le bien-être de la personne handicapée par son inté- gration optimale dans la société, tant sur le plan individuel que collectif. Jointe au téléphone, Ludivine Balfroid de l'ASPH nous a expliqué : "Cette représentation s'inscrit dans le cadre de la Semaine de la Personne Handi- capée, qui a lieu chaque année en d é c e m b r e . Pour cette édition, notre choix s'est porté sur la problématique de la surdité et de la malentendance." Ancienne élève de Marie-Gilles Vander Essen, Ludivine a pris contact avec elle et avec ses élèves de l'académie de Ber- trix qui se sont déclarés partants pour le projet et ont entièrement conçu un spectacle sur mesure. "Le spectacle, organisé dans la salle communale de Paliseul, s'adressait à un public de sourds mais aussi d'entendants, d'élus locaux, de familles de malentendants, de centres pour handicapés mentaux et moteurs. Il n'est pas facile d'entrer dans ce genre de spectacle, il faut une certaine habitude de la communication non verbale. C'est là que l'on se rend compte que la surdité est aussi une culture. Notre projet se voulait égale- ment une manière d'intéresser des adolescents et de jeunes adultes au problème du handicap, à travers une mise en situation de ces jeunes acteurs qui ont dû se projeter à la place du sourd pour transmettre au public ce qu'ils avaient à exprimer." Selon Marie-Gilles, les comédiens ont pris beaucoup de plaisir à imaginer et à jouer ce spectacle. Ils se sont beau- coup investis en essayant d’être extrê- mement précis dans leurs mouve- ments et leur gestuelle. Ils ont tous apprécié ce travail sur le langage du corps : " Ce fut une expérience très enrichissante. Elle a soudé le groupe encore un peu plus. Les échanges d’après spectacle avec le public ont été très chaleureux : un beau moment de partage. A recommencer !" ¤ Odile, Semeli M Des acteurs prêtent l'oreille aux sourds "il s’agissait d’écouter avec les yeux...” Chaque année depuis cinq ans, se déroule en France le festival de ciméma Sourd Métrage. Particula- rité : ce festival s'adresse au public malentendant. Pour cette édition, c'est la ville de Nancy, située à 200 km de Bertrix, qui accueillera les festivaliers du 28 au 30 mai. Au programme, concours de produc- tions vidéo réalisées par et pour des élèves sourds, mais aussi danse, théâtre et conférences. Vous pouvez y croiser des personnalités comme Simon Attia (comédien sourd), Julien Bourges (réalisateur sourd) ou encore Daniel Abbou, présentateur télé et véritable star dans la communauté malenten- dante. ¤ Arnaud F, Benjamin qui ? quand ? où ? Marie-Gilles Vander Essen se forme en déclamation aux conservatoires de Bruxelles et de Liège. En 1995, elle fonde, avec d'autres comédiens, l'ASBL L'impact qui a pour vocation de créer et promouvoir des spectacles. La même année, elle découvre l’Académie d’été de Wallonie. Elle devient ainsi professeur à l'AKDT et, en 2008, conseillère artistique. Depuis 18 ans, Marie-Gilles enseigne les arts de la parole à l'académie de Bertrix dirigée par Bernard Crucifix. A Bertrix, Marie-Gilles fait la rencontre d'Alain Thomas, directeur du Centre Culturel : c'est le début d’une longue collaboration. Artiste de terrain, elle est également metteur en scène de plusieurs troupes de théâtre de la pro- vince de Luxembourg. Photo Jean-Claude Kirsch Nancy à l'écoute des malentendants Source : http://sourdmetrage.fr/ p.6
  • 7. mardi 2 avril 2013 p.7 LES LOISIRS Les9conseils ¤ Scénario Dessin Couleur HUGO ¤
  • 8. p.8 L’alphabet dactylologique est l’alphabet de la langue des signes : il sert à repré- senter des lettres et non des mots entiers. Peux-tu traduire les sept mots suivants ? Il s'agit de noms de sourds célèbres : Réponses:1.Beethoven2.Churchill3.Tournesol 4.Laborit5.duBellay6.Goya7.Hemingway LES LOISIRS Les dix-huit mots de la liste ci-dessous sont cachés dans la grille. Peux-tu les retrouver ? différence, signes, oreille, croire, langue, appareil, comprendre, espoir, entendre, ouïe, handicap, mots, ecoute, malade, sens, interdit, prothèses, auditif Semeli les mots caches A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z Hugo 1 2 3 4 5 6 7 L'équipe qui a réalisé ce journal tient à remercier de tout coeur ceux qui l'ont aidée à mener à bien son projet : l'Ane, Annie, Aphrodite, Monsieur Bauvir, Cédric, Christelle et toute l'équipe de TV Lux, Eloïse et sa maman, les parents d'Hugo, Ludivine, Madeleine, Marco, Marie-Gilles, Michaël, Monsieur Simon, Stéphanie et toutes les personnes qui l'ont soutenue... en silence. Rédactrice en Chef : Madame Devahif Journalistes : Adrien, Alicia, Arnaud F, Arnaud LA, Arnaud LO, Basile, Benjamin, Catherine, Emily, Gaëtane, Hugo, Julien, Lucie, Margaux, Manon, Mathilde, Mathias, Odile, Romane, Semeli, Simon, Théo, TomCatherine, Emily, Gaëtane, Margaux, Mathias Les journalistes en herbe d’IND Le Journal espèrent que vous avez pris autant de plaisir à dévorer leur feuille de chou qu’ils en ont pris à la faire pousser...