1. Jour 1
Espace aérien - 9 AM
"Ina few minutes, we will land at Los Angeles International Airport..."
Je l'ai tant entendu en rêve que j'ai du mal à réaliser qu'il est temps de le vivre ce rêve.
Je n'ose y croire.
Pourtant,
Je suis en Californie!
Mon sourire en dit long.
Toute une enfance passée à dévorer Luky Luke, à écouter compulsivement California
Dreamin' en me perdant dans mes pensées...
Mythique West Coast, enfin me voila.
Ma playlist t'attendait!
L.A. - 2PM
Si j'avais été ici le 30 juin 1990, j'aurais peut-être vu Mandela.
Mais j’aurais pas eu l’âge de m’en souvenir.
C’est là.
6666 Hollywood Boulevard.
La belle étoile de Crosby, Stills & Nash.
Je m'assieds à côté un moment, le temps d'écouter Marrakesh express.
L. A. - 11PM
Fouler les rues de L.A., c'est magique.
Je me sens comme Neil Armstrong lors de son petit pas.
Ca laisse coi,
Tout simplement ébahi.
On s’imprègne pour mieux se souvenir.
2. Jour 2
Sur la route - 10AM
Road 101 N.
A perte de vue.
Une brise légère s'engouffre par la fenêtre.
Mes cheveux volent au vent,
Je mets les Eagles.
♪ "On a dark desert highway, cool wind in my hair" ♫
Je vis ce moment.
Peut-être même que Glenn, Don, Bernie et Randy l'ont composée sur cette même
route.
Je me demande où se trouve cet "Hotel California"
Peut-être ici à Santa Barbara !
Santa Barbara beach - 3.30PM
De pittoresques palmiers le long des rues.
Des grosses bagnoles.
Une plage carte-postale.
Pas de petites cahutes comme dans les films.
C'est pas Malibu, c'est mieux finalement.
J'ai dû nager une heure.
Le temps file.
Faut partir au jardin botanique.
Arroyo Burro Beach Park - 9PM
Une ballade sur les falaises le long de la plage,
Un petit pic-nic.
On ne verra probablement pas de baleines...
Mais ça n’enlève rien à la beauté du soleil couchant.
Un petit Kinks s'impose!
♪ "And I love to live so pleasantly
[...]
Lazing on a sunny afternoon" ♫
3. Jour 3
Road to Monterey – 11AM
C’est étrange de ressentir comme la certitude que des générations m’ont précédée.
Ici.
Partout.
Comme si on partageait un secret.
Sans se connaître.
Yeah, c’est Steppenwolf.
Mets plus fort!
♪ “Head out on the highway
Lookin’ for adventure
[…]
Born to be wild " ♫
T’imagines,
John Kay, il est né dans une ville allemande, devenue russe.
Avant même que la RDA existe!
J’aurais voulu connaître cette époque.
La guerre froide, tout ça.
J’ai aucun souvenir d’octobre ‘89.
Quelques images de Rostropovich fendant les cœurs de sa mélodie.
Mais c’est construit.
C’est le pouvoir des livres et des images.
On le croirait assis à l’arrière, John.
Chantant.
Composant.
Inspiré par la Pacific Coast Highway.
Elle m’inspire moi.
T’imagines tous les musiciens qui l’ont empreintée l’année du « Summer of love », du
Monterey Pop Festival.
Mythique.
17 Mile Drive – 2PM
On abandonne la vue des falaises.
Un détour par Cannery Row avant de reprendre la route.
Pour honorer Steinbeck.
4. Jour 4
San Francisco – 9AM
Le Golden Gate tient son nom de la ruée vers l’or.
Je l’ignorais.
Fallait y retourner sans voiture.
Profiter de la vue.
Mais pas sans une fleur dans les cheveux.
D’ailleurs, écoutons vite McKensie avant le départ.
♪ “If you're going to San Francisco,
be sure to wear some flowers in your hair…" ♫
C’est l’éte indien.
Il fait doux.
Il y a tant à faire…
Prendre un cable car à l’Union Square.
Descendre à Lombard street.
Faire trois fois l’aller-retour en courant pour le challenge.
S’essouffler.
Rêver devant les Painted ladies.
S’imaginer dans la peau d’Al Capone à Alcatraz.
Parcourir Sillicon Valley, pour Google et Wikipedia surtout.
Déambuler dans Chinatown.
Regretter Harvey Milk.
Chercher le cyclotron de l’Unif de Berkeley.
S’imaginer la naissance des Black Panthers dans ces rues.
Le point levé de Tommy Lee à Mexico, quel symbole.
Il faut faire tout ça avant qu’il ne soit trop tard !
La faille de San Andreas aura raison de toi, Frisco.
La science ne te laisse aucune chance.
5. Jour 5
Yosemite National Park – 6PM
On a abandonné la voiture pour une randonnée cycliste d’une journée dans la vallée.
J’adore faire du vélo, ça m’avait manqué !
C’est la meilleure façon de s’imprégner de l’environnement.
Et quelle nature !
Quand on est habitué à se balader dans une hêtraie belge, être entouré de séquoias
géants, c’est un fameux changement !
On se sent tout petit, ça force le respect !
On a dévoré notre pic-nic en admirant les grimpeurs d’El Captain.
Si j’avais su, j’aurais pris mes dégaines pour gravir cet immense dôme granitique !
Mais qu’importe, il a y a tant d’autres merveilles à découvrir.
A commencer par mettre le cap sur le point de vue de Glacier Point.
Prendre une série de clichés en imitant Georges Washington de-ci, en faisant le pitre
de-là…
Avant de reprendre la route, on s’offre une petite baignade dans l’eau bien fraîche,
une petite sieste au soleil.
Mieux vaut passer une bonne nuit ce soir. Celle de demain risque bien d’être courte !
6. Jour 6
Vegas baby!
Après toutes ces heures sur la route, des montagnes au désert, on voit poindre Vegas à
l’horizon.
Le comble de l’absurdité, du kitsch, du rêve américain, de la descente aux enfers.
De l’éphémère au tape-à-l’œil…
Il faut le voir pour le croire !
Des hôtels en forme de lion, de bateau pirate et j’en passe.
Des lumières et du bruit à saturation.
On se croirait dans un Disneyland pour adultes…
Il faut le vivre à fond !
Mettre une robe à paillette, des talons hauts.
Laisser place à l’éphémère, la folie, le show !
Je comprends mieux d’où sort le ‘peps’ de la musique des Killers.
J’adore ce groupe, leur musique, leur histoire.
Se former par hasard via une annonce dans un journal local, c’est délirant !
C’est tellement en décalage avec l’atmosphère de cette ville, tellement difficile à
imaginer.
Lire le journal, ça paraît hors contexte dans ce microcosme.
Et pourtant !
Place au Midnight show!
7. Jour 7
Road back to LA – 11AM
Honnêtement, je ne suis pas triste de quitter Vegas,
Matérialisation de l’oasis au milieu du désert,
On ne sait jamais vraiment si c’est la réalité…
Et puis j’adore prendre le volant au milieu du désert.
Ca donne un sentiment d’infinie liberté.
On veut atteindre le point ultime à l’horizon, au bout de la route.
Mais le paysage défile sans qu’on puisse vraiment savoir quand on l’atteint.
Ca me donne envie d’écouter Neil Young.
♪ “Got fuel to burn,
got roads to drive
[…]
Keep on rockin' in the free world" ♫
Je me suis tellement perdue dans mes pensées qu’on est déjà à LA.
On n’ira pas au Getty Center, l’art contemporain ne me parle pas.
Par contre il paraît que le Walt Disney Concert Hall est impressionnant.
Je m’attendais à un building victorien comme dans les dessins animés de mon
enfance.
Pas à cette bombe de modernité !
On descend Rodeo Drive avant de flâner dans LA.
Je mets mon pied sur mon avant-bras.
Même taille, comme dans Pretty Women
8. Jour 8
« Les Anges »
Des matins comme ça, ca ne s’oublie pas !
P’ti dej’ au lit avant de vagabonder dans une piscine de rêve.
La ‘star attitude’…
La route m’a fatiguée.
Je resterais bien ici la journée.
Mais je le regretterais.
On est partis déambuler dans la serpentueuse Mulholland Drive.
Visiter Universal Studio.
C’est dingue ce que le cinéma marque l’imaginaire.
Surtout Lynch.
La nuit est déjà bien tombée.
Impossible de fermer l’œil.
On parle, on rêve, on chante, on danse…
Comme si chaque minute était la dernière.
Demain, il faut partir.
Reprendre la routine.
Marquer une pause au rêve californien.
Partir pour mieux revenir.
On se sait pas ce qu’on est venus chercher.
Mais le bonheur on l’a trouvé.
Il faut dormir.
On s’écoute Queen pour mieux s’abandonner à Morphée.
♪ “Does anybody know what we are looking for?
[…]
My soul is painted like the wings of butterflies,
Fairy tales of yesterday, will grow but never die,
[…]
The Show must go on! " ♫
9. Jour 9
On the way back home
♪ “I get a strange magic
[…]
Oh I’m never gonna be the same again" ♫
Cette route…
Elle restera à jamais gravée dans mon cœur.
J’oserais presque infirmer les propos de Montaigne.
Les voyages ne forment pas que la jeunesse.
Ils sont la vie!
Et si un jour, oh “vieillesse ennemie”, tu altèreras mes souvenirs.
Il y aura toujours ces mots pour les raviver.
Et peut-être faire rêver d’autres enfants.
“Scripta manent”
A peine deux heures ont passé depuis le décollage,
Ca me parait une éternité.
Je crois que c’est ça la nostalgie.
Des larmes chaudes coulent sur mes joues.
Au même instant que ces paroles me bercent
♪ “Her eyes like windows, tricklin’ rain
[…]
Maybe I day I’ll free her" ♫
L’émotion de la fin.
L’euphorie du moment sans doute.
Je m’endors
Lily, été 2012