Chapitre 5 de la " Lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions " :
A vous les jeunes, ne vous plaignez pas, agissez, je vous aiderais à réussir.
Chapitre 5 de la " Lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions "
1. 5/ A vous les jeunes : ne vous plaignez pas,
agissez, je vous aiderai à réussir
Comme je l’ai dit, je ferai de la lutte contre l’inactivité des jeunes une grande cause nationale
– comme j’en ai fait une grande cause régionale – pour que chaque jeune ait une bonne raison
de se lever le matin et de faire un effort. Mais je veux vous dire, à vous les jeunes, sans
démagogie, la responsabilité qui est la vôtre. Je veux que vous soyez respectés et
accompagnés dans l’éducation et vers l’emploi. Je veux que cessent toutes formes de
discriminations et que la République considère à égalité tous ses enfants, d’où qu’ils viennent.
Mais vous aussi, les jeunes, vous avez une responsabilité à prendre et je ne tiens pas de
discours larmoyant ou condescendant à l’égard de la jeunesse. Je vous demande de prendre
vos responsabilités et de vous comporter avec respect dans la société qui, demain, vous tendra
la main car il n’y a pas de droits sans devoirs. Je ne veux pas vous plaindre mais vous
motiver, vous dire que, pour réussir, vous devez travailler et travailler dur et d’abord à l’école.
Faites-le, dites-le à vos frères et sœurs, on n’a rien sans effort, vous le savez parfaitement. Je
veux vous dire surtout que ce travail et cette réussite ne sont pas importants seulement pour
vous et votre avenir, ce qui est déjà considérable. Mais je veux vous dire aussi que ce que
vous ferez de votre l’avenir de la France dépend en partie de vous.
Et vous toutes et tous qui habitez dans les quartiers populaires (pour lesquels on attend
toujours le plan Marshall, annoncé, là aussi, à grand fracas, mais resté sans lendemain), vous
tous, dont les parents, les grands-parents et mêmes les arrière-grands-parents sont nés ailleurs,
mais qui sont venus aider à la libération de la France et à son développement économique, ne
vous sentez pas exclus par notre drapeau à trois couleurs. Ce drapeau, c’est aussi le vôtre.
Soyez-en fiers et soyez-en dignes. Je sais qu’en me voyant dans mes réunions publiques le
drapeau français à mon côté, certains dans les quartiers ont été interloqués, ils me l’ont dit, ils
me l’ont écrit, ils ont communiqué avec moi sur Internet. Ils y voyaient une confusion avec la
droite et l’extrême droite. Eh bien, je vous le dis très clairement, soyez fiers et soyez dignes
de ce drapeau tricolore car c’est aussi le vôtre. Et la France a besoin de vous, comme elle a
besoin de tous ses talents, de toutes ses intelligences. La France métissée nous fera tous
avancer, je compte sur vous.
Et puis, vous le savez, les discriminations ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Ce
n’est pas vrai. Au risque de vous surprendre, là non plus je ne veux pas vous plaindre pour ne
pas vous enfermer dans un statut de victime. Et je vais vous étonner plus encore. Saisissez cet
obstacle des discriminations, regardez-le en face, et franchissez-le. On ne veut pas vous
embaucher à cause de votre nom, de votre adresse ou de vos origines ? Eh bien regroupez-
vous, créez vous-mêmes votre activité et votre petite entreprise. Partout où je suis passée dans
les quartiers populaires, j’ai eu la preuve de cette énergie, de ce talent, de cette volonté
d’avancer et, bien sûr, souvent, c’est la confiance qui n’est pas là, c’est la banque qui n’est pas
au rendez-vous, c’est le crédit qui manque, c’est le coup de pouce initial. Nous créerons, dans
tous les quartiers populaires, que ce soit dans les villes ou en milieu rural où il y a aussi
beaucoup de potentiel et beaucoup de pauvreté, et beaucoup de discriminations à l’égard des
jeunes, nous créerons partout des bourses Désirs d’entreprendre comme je l’ai déjà réalisé
avec succès dans ma région, pour que ceux qui subissent cette discrimination et qui veulent
aller de l’avant puissent le faire. Je ne veux pas pour vous, une allocation ou un assistanat,
mais un encouragement à entreprendre.
L’autre jour, j’étais dans un quartier de Nanterre et j’ai rencontré des jeunes qui s’acharnaient
à créer leur entreprise. Ils avaient toutes ces difficultés et disaient : « Avec notre nom ou notre
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2. adresse, de toute façon, on trouve pas de clients. » Il faudra que cela change, parce que j’ai la
volonté de créer et de préparer le tissu économique de demain. Partout sur ces territoires
oubliés de la République, la créativité encouragée fera la reprise économique de la France,
vous verrez. Vous me dites que vous n’en êtes pas capables, moi je vous dis le contraire, je
vous aiderai à le faire et vous le ferez. On me dit que l’ambassadeur des Etats-Unis
d’Amérique vient dans nos quartiers repérer les talents de demain. Et nous, nous ne serions
pas capables d’y venir ? Ne vous plaignez plus, agissez, je vous aiderai à réussir. D’ailleurs,
n’oubliez jamais que d’autres discriminations frappent. On en parle moins souvent mais je
voudrais
quand même en dire un mot. On les appelle les « minorités invisibles ».
Les personnes en situation de handicap viennent de dénoncer par la voix de l’Association des
paralysés de France la faillite de la politique actuelle et la cruauté de la dégradation de leurs
conditions. Eh bien, je redonnerai aux personnes en situation de handicap la place et la
visibilité dans la société française auxquelles elles ont droit, et je rétablirai le droit à la
scolarisation des enfants handicapés que j’avais créé lorsque j’étais ministre de
l’Enseignement scolaire et qui a été détruit, rejetant des dizaines de milliers de familles
indignées.
Autres minorités invisibles : les femmes seules, avec enfants, qui sont près de deux millions et
qui sont, du fait de leur précarité, les proies du harcèlement moral sur leurs lieux de travail.
Tout cela aussi sera dit et les combats seront menés pour répondre à toutes les résignées.
Je voudrais évoquer aussi les travailleurs, et surtout les travailleuses âgées dont on ne parle
jamais, que l’on pousse vers la sortie et qui partent en rasant les murs parce qu’elles ne
correspondent plus à la « norme », parce qu’elle ne travaillent pas assez vite. Les petits
retraités qui s’étaient vu promettre souvenez vous, en 2007, 25% de hausse de retraites, et qui
se retrouvent aujourd’hui – ce sont majoritairement des femmes – dans le dénuement le plus
complet et dans l’insécurité la plus totale parce que tous les services publics reculent, et en
particulier parce que l’accès à l’égalité de la santé est fermé. Ajoutez à cela le renoncement à
mettre en place les prises en charge de la dépendance et l’insuffisance du plan Alzheimer et
vous aurez une idée du nombre de personnes résignées, c’est sûr, indignées, mais qui ne
peuvent le dire, c’est évident.
Et enfin, je m’adresse aux enfants qui échouent à l’école très tôt, qui n’ont pas eu la chance
d’être encadrés par une autorité parentale structurante, qui sont traités de bons à rien et qui
savent, très jeunes, que pour eux, les jeux sont faits. Je dis que ce n’est pas juste et que des
solutions existent, comme les internats de proximité.
A tous ceux-là, qui ne sont plus ni écoutés, ni entendus par personne, qui se demandent si la
République française a encore un sens, s’ils vont trouver une main à laquelle se raccrocher, à
tous ceux-là je dis que la République française fera son devoir pour que chacun fasse le sien.
Et, en contrepartie de chaque soutien, une contribution sera demandée à l’effort collectif pour
que chaque citoyen puisse assumer ses responsabilités, à égalité de droits et de devoirs.
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