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SOCIÉTÉ
CULTURE
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La Carifesta
commence déjà !
par Walcam
«
Nous avons travaillé depuis le
mois de mars avec le Conseil
électoral provisoire (CEP) sur le
décret électoral, le financement,
le calendrier, la gestion des problèmes,
ainsi que la production des matériels
sensibles et nécessaires à la réalisation
des scrutins », a expliqué Jean fritz
Jean Louis.
Au moment d’aborder la dernière
ligne droite devant mener au 9 août
2015, le ministre sans portefeuille
informe que pendant cette semaine
se déroulera la dernière phase du
processus électoral, avec la forma-
tion des membres des bureaux de
vote (MBV).
Peu après, ce sera le posi-
tionnement du matériel sensible
pour permettre au Conseil électoral
provisoire de mettre les dernières
touches.
Le gouvernement se veut rassurant
Par Lionel Edouard
HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
MARDI 4 AOÛT 2015 NUMÉRO 53
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Jude et Moïse au
deuxième tour ?
HAÏTI / PRÉSIDENTIELLE
À environ cinq jours du coup d’envoi du premier tour des législatives, le gouvernement
se dit prêt. Le ministre chargé auprès du Premier ministre des Questions électorales,
Jean Fritz Jean Louis, assure que tout est en place. Il intervenait lundi, à la conférence
hebdomadaire tenue par l’administration Martelly-Paul depuis son intronisation.
Jude Célestin (Lapèh) Moïse Jean Charles (Pitit Dessalines)
Une plainte contre
Martelly pour
« outrage public
à la pudeur »
Par Jean Michel Cadet
Alphabétiser
les non-scolarisés
par CHERISCLER Evens
2 | N0
53 MARDI 3 AOÛT 2015
TRIBUNE
L
es manifestations marquant
le centenaire de l’occupation
américaine de 1915 viennent
de se terminer dans un concert
de rappel de faits spectaculaires
et il n’y a eu aucun débat sur les
responsabilités haïtiennes dans cette
catastrophe. À quoi est dû ce manque
de hauteur dans nos attitudes ?
Comment expliquer cette complète
indifférence?Serait-cequelesvaleurs
qui ont concouru à la désintégration
d’Haïti en juillet 1915 prédominent
encore ? Serait-ce que la relève des
traîneurs de sabre d’hier est assurée
par l’individualisme forcené des
bandi legal d’aujourd’hui ? Serait-ce
qu’en 2015 les egos surdimensionnés
des 55 candidats à la présidence
officiellement admis bloquent toute
remise en question du statu quo ?
Serait-ce que nous refusons de nous
regarder dans le miroir pour constater
notre laideur et l’absence d’éthique
maintenant Haïti dans les ténèbres ?
L’état d’esprit expliquant l’exclusion
perpétuelle de l’autre sous tous les
prétextes a investi les mœurs, à la fois
des gens aisés et des démunis.
Les comportements totalement
absurdes de la classe politique
haïtienne expliquent l’occupation
de 1915. En effet, de juillet 1911
à juillet 1915, Haïti a connu sept
présidents en quatre ans : Antoine
Simon, Cincinnatus Leconte,
Tancrède Auguste, Michel Oreste,
Oreste Zamor, Davilmar Théodore
et Vilbrun Guillaume Sam. Cette
séquence de présidents ridicules
(bann machwè) aboutissant à
l’occupation américaine s’inscrit
dans une politique de corruption
systématique, trois d’entre eux ayant
été condamnés pour vol et escroquerie
lors du Procès de la Consolidation
en 1904. Depuis, des incompétents
vaniteux et égocentriques tiennent le
haut du pavé. Notre société décline
tous les possibles du cynisme et de
l’indécence jusqu’à épuisement du
sens. On fait tout et le contraire de
tout. Tout voum se do.
L’étatd’espritdenotreclassepolitique,
toutes tendances confondues, nos
rapports avec ceux qui ont une vision
différente de la nôtre, nous poussent
à rechercher le pouvoir pour nous
seuls, même pour le temps d’une
« percée louverturienne » ou sous
la protection des chars d’assaut
de l’aigle américain. Notre folie
du pouvoir passe avant tout. Ces
mauvaises mœurs se retrouvent à
tous les niveaux et sont réincarnées.
Anténor Firmin avait signalé ce
mal dont nous souffrons dans son
ouvrage L’effort dans le mal publié
en 1911. Il écrivait : « Homme, je
puis disparaître, sans voir poindre à
l’horizon national l’aurore d’un jour
meilleur. Cependant, même après ma
mort, il faudra de deux choses l’une :
ou Haïti passe sous une domination
étrangère, ou elle adopte résolument
les principes au nom desquels j’ai
toujours lutté et combattu. Car, au
XXe siècle, et dans l’hémisphère
occidental, aucun peuple ne peut
vivre indéfiniment sous la tyrannie,
dans l’injustice, l’ignorance et la
misère . » Terrifiant constat, sombre
portrait d’un monde où abondent la
médiocrité et l’égoïsme.
La veulerie morale empêche une
certaine élévation pourtant nécessaire
à tout changement positif. Il est clair
que l’absence d’indignation nationale
devant le surenchérissement dans
la vulgarité du président Tèt Kale
sera la perception de notre époque
un siècle plus tard. Nous vivons
un temps d’absence d’idéaux et de
valeurs transcendantales.
La volonté de soumission des élites
haïtiennes aux Américains est
annoncée dès le 16 février 1911 par
Antoine Rigal qui déclare : « Nous
sommes fatigués de nous entretuer,
d’incendier les villes, de payer des
dommages aux résidents étrangers et
de nous conduire de telle sorte que
le monde nous traite de sauvages. »
Puis, une semaine plus tard, le 21
février 1911, Alain Clérié continue
avec cette même représentation en
écrivant au président américain Taft
lui demandant avec convenance sa
bienveillance afin « qu’elle daigne me
faire l’honneur de m’inspirer quant
aux moyens de provoquer l’influence
ou le contrôle effectif sur Haïti du
gouvernement des Etats-Unis . » La
visibilité du courant annexionniste
se manifeste encore le 20 décembre
1911 avec les Syriens-Américains
Gebara Fils et Co, A. Salami frères,
Habib Alain frères, Jaar Gousse
et CO. et J. J. Bigio qui réclament
l’appui du gouvernement américain
pour défendre leurs intérêts menacés.
Le comportement monstrueux des
collabos ne s’arrête pas là. Une fois
que les Marines américains contrôlent
le territoire, la laideur se passe des
manières gracieuses. Par exemple,
le conseiller d’État Alfred Auguste
Nemours dira : « L’occupation est
nécessaire et ne doit pas être levée. »
Cette sauvage et archaïque naturalité
dans l’abjection continuera avec le
raffinement d’un Constantin Mayard
qui déclare : « L’occupation s’étale
dans toute sa beauté. » Il importe
de s’arrêter aux collabos, détenteurs
du secret de la décadence haïtienne.
Ce sont leurs passions pour les
postes de ministre, de directeur
général et d’ambassadeur qui
cassent toute dynamique de raison
et de souveraineté pour Haïti. On les
retrouve sous Dartiguenave et Borno,
servant sans amour-propre les forces
d’occupation.
La responsabilité haïtienne est
d’abord celle de l’élite qui a laissé
le peuple pourrir dans une misère
matérielle et morale sans précédent.
En faisant de la fonction publique
l’unique source de richesse, elle a
accéléré une course pour le pouvoir
avec une armée ayant plus d’une
centaine de généraux en 1915.
La haine du peuple se manifeste
dans le peu d’importance accordée
à l’éducation, l’inexistence des
voies de pénétration et la précarité
des soins de santé. Dans tous ces
domaines, l’occupation amorcera
des changements. Surtout sur le plan
sanitaire. En effet, à un moment où
les valeurs capitalistes de l’argent
sont encore bridées par la religion,
un milliardaire de la trempe d’un
Rockefeller devait s’agenouiller
régulièrement devant son pasteur
qui lui recommandait de demander
pardon aux pauvres. C’est ainsi qu’il
a créé la Fondation Rockefeller qui a
délégué un médecin en Haïti « pour
y étudier et traiter gratis une des
maladies les plus connues parmi les
Noirs d’Haïti, les vers intestinaux ».
Les paysans qui n’ont pas péri sous
les travaux forcés ou dans le camp
d’extermination de Chabert ont ainsi
bénéficié de soins médicaux jusque-
là dispensés en région urbaine.
L’analyse des jeux de pouvoir au
sein de la bourgeoisie fonctionariste
haïtienne est importante pour
comprendre l’énigme haïtienne.
Nous avons vu que dès 1911, la
corruption du sens s’est installée
avec des représentants patentés
de cette élite qui ont appelé à
l’occupation. Pourtant, une fois les
marines américains sur place, la
collaboration de cette même élite
est à géométrie variable. En effet, le
premier bénéficiaire de l’occupation
Sudre Dartiguenave qui devient
président de la République, à la
place de Rosalvo Bobo, n’est pas
heureux devant le vide qu’il constate
au moment de sa prise du pouvoir.
Les occupants américains ont fait
pression sur l’Assemblée nationale
et les 116 votants ont donné 94
voix à Sudre Dartiguenave, 14 à
Luxembourg Cauvin, 4 à Emmanuel
Thézan, 3 à Rosalvo Bobo et un
bulletin blanc. Devant la farce
monumentale de sa victoire imposée
par les forces d’occupation, Sudre
Dartiguenave fond en larmes et
Constantin Mayard, le maitre de
cérémonies, (qui sera d’ailleurs son
premier ministre de l’Intérieur), ne
trouve pas de mots pour le consoler.
En ce temps-là, même les collabos
conservent encore un minimum
de conscience. En accédant au
pouvoir exécutif le 12 août 1915,
l’ancien président du Parlement
Sudre Dartiguenave constate que les
baïonnettes des Marines américains
n’ont pas rétabli le sens perdu. (À
suivre)
Anténor Firmin, L’Effort dans le mal,
(Porto Rico, 1911), Port-au-Prince,
Éditions Panorama, 1962 p. 39.
Voir Archives Nationales de
Washington, 838.00/528, cité par
Roger Gaillard dans « L’Impérialisme
sait aussi attendre », Le Nouveau
Monde, Port-au-Prince, 30 novembre
1977 et 1er décembre 1977. Voir
aussi Roger Gaillard, La République
Exterminatrice – Antoine Simon ou la
Modification (décembre 1908-février
1911), t. 6, Imprimerie Le Natal, Port-
au-Prince, 1998, p. 178-180.
Ibid,RogerGaillardin«L’Impérialisme
sait aussi attendre », Le Nouveau
Monde, Port-au-Prince, 30 novembre
1977 et 1er décembre 1977.
Alain Turnier, La société des baïon-
nettes, Un regard nouveau, Port-au-
Prince, Le Natal, 1985, p. 177.
Louis Bonnaud, L’apostolat en Haïti :
journal d’un Missionnaire, Morbihan,
Imprimerie des Apprentis-Orphelins
de Saint-Michel, 1938, p. 135.
Les responsabilités haïtiennes
dans les occupations américaines (1 de 2)Par Leslie Péan, 5 août 2015
MARDI 4 AOÛT 2015 N0
53 | 3
ACTUALITÉ
Elections... Jour J-4
Noussommesàquatrejoursdesélections.Lescandidatsessaientdanslamesuredu
possiblederameuterlesélecteursalorsquelapopulationdanssonensemble,pres-
suréeparunquotidiendeplusenplusdifficile,piégéeparuneinflationquiérodeson
pouvoird’achat,nemanifestepastropd’intérêtpourcemomentpourtantcapitalde
notreviedepeuple.
Carils’agitderenouvelernotrepersonnelpolitique.Derendreànouveaufonctionnel
unparlementayantperduunepartiedesoncréditaprèslesturpitudespolitiquesde
ces dernières années. De redorer l’image de certaines hautes fonctions de l’État que
certainstraînentdélibérémentdanslecaniveau.
L’enjeuestd’autantplusgrandquelaNationfaitfaceàdesproblèmesquimenacent
sasurvie.Notreéconomieestsousperfusion.Iln’yapasdecréationd’emploisalors
quechaqueannéedesmilliersdejeunesarriventsurlemarchédutravail.Lechômage
endémique va alimenter mois après mois encore plus la délinquance. Le nombre de
bouchesànourriraugmentealorsqueleproblèmeenvironnementals’aggraveetque
notre production agricole nationale s’amenuise. Le ventre de la population est aux
mainsdecommerçantsdontbeaucoupnes’embarrassentpasdescrupulespourécouler
surlemarchédesproduitsmettantendangerlasantédescitoyens.
Ilyadoncurgenced’unchoixsensé,raisonnable,danslebut,dansunpremiertemps,
de pourvoir notre parlement d’une majorité de femmes et d’hommes capables de
contribuer à remettre la barque nationale à flot. On ne peut pas courir le risque de
fonctionnerencoreunefoisavecunparlementinefficient,desparlementairessoucieux
seulementdelajouissancedeprivilègesquelaloineleurprévoitmêmepas.
Lescasdeviolencesrépertoriéssurleterritoirenationalnousfontcomprendrecesgraves
menacespourlapaixetlastabilitéquereprésententcescandidats,souventaupassé
etauprésentdouteux,qui,unefoisélus,n’irontcommeonditdansnotresavoureux
langagequechaufferlessiègesauParlementenattendantl’occasiondemarchander
leurappuiàl’Exécutifouàdessecteursd’affaires,sansaucunsoucidel’intérêtnational.
Beaucoup s’étonnent ou s’inquiètent de l’apparente apathie d’une population qui,
dansletemps,seseraitenflamméepourmoinsquecelaalorsquelesoccasionsn’ont
pasmanquécesdernierstempsauvudesscandalesàrépétitionetdel’inflationqui
prenddel’ampleur.Celanedevraitpasêtreinterprétéparlesayantsdroitdecesystème
moribondcommeunsignallesautorisantàcontinuerleursmanœuvresaudétriment
delacommunauté.
Lanationpeuts’assoupir.Ellepeutsommeilleruntemps.Ellepeutêtrefatiguéed’avoir
étéconsomméeàtouteslessauces.
Mais,zombie,elleneleserajamais.
Elleseréveilleraaumomentoùl’ons’yattendlemoins.
Gary VICTOR
Édito
Un nouveau coordonnateur
à la tête de la CONALD
par Évens REGIS
HAÏTI/ADMINISTRATIONPUBLIQUE
M
artinoGuerrieraremplacé
à la tête de la Conald, le
colonel Pierre Stanislas
Neptune qui n’a passé
que quatre mois aux commandes de
cette institution ayant pour mission
principale d’établir les politiques
du gouvernement en matière de
lutte contre la drogue. La cérémonie
officielle de passation de pouvoir a
eu lieu au local de l’institution à
Frères, Pétion-Ville. Déjà, l’actuel
coordonnateur dit compter sur
l’appui des partenaires nationaux
et internationaux pour réaliser les
multiples objectifs qu’il s’est fixés,
afin d’aider l’institution à lutter
efficacement contre tout trafic de
stupéfiants en Haïti.
En plus de la Conald, Martino
Guerrier aura aussi la tâche
de présider le Comité national
de lutte contre le blanchiment
des avoirs (CNLBA). À cet effet,
indique-t-il, son institution
cherchera à renforcer ses
partenariats avec les différentes
institutions internationales, à
savoir INL, la SICA-OEA, l’ONUDC,
la DEA, l’OICS, l’OPS-OPM, et
la Minustah. Aussi s’efforcera-t-
elle de dynamiser ses rapports
avec les partenaires nationaux,
comme le BLTS, la DCPJ, l’APN,
l’AAN, l’Ucref, etc, afin que la
machine préventive et la machine
répressive de l’État fonctionnent
en symbiose et marchent à plein
régime.
Martino Guerrier qui, dans ses
propos, a déclaré que c’est avec
une joie immense qu’il retourne
travailler au sein de cette
institution qu’il a dû laisser pour
cause de maladie, a, par ailleurs,
dévoilé les paliers fondamentaux
de la lutte contre la drogue en
Haïti. Il s’agit, entre autres, du
renforcement institutionnel,
de la réduction de l’offre et de
la demande, des mesures de
contrôle, et de la coopération
internationale. Ces paliers qui,
selon le coordonnateur, regroupent
les 27 recommandations de la
SICA-OEA, que tous les États
membres de cette organisation à
vocation régionale, sont appelés à
respecter pour lutter efficacement
contre la drogue au niveau
continental.
Le ministre de la Justice et de la
Sécurité publique, Pierre Richard
Casimir, a de son côté fait un
survol historique de l’institution.
Dans ses propos, il a rappelé les
conditions de création de la Conald
et sa mission qui consiste à freiner
les dérives liées au trafic de la
drogue. « Le président Martelly
et le Premier ministre Évans Paul
accordent beaucoup d’importance
à la lutte contre la drogue, je dois
vous signaler qu’ils attendent de
vous beaucoup de choses à la
coordination de cette institution
qui doit leur fournir des rapports
trimestriels », a communiqué le
ministre, d’un ton très sérieux, au
nouveau coordonnateur.
Pierre Stanislas Neptune, le
coordonnateur sortant, a de son
côté remercié le chef de l’État,
Michel Joseph Martelly, de lui
avoir permis de mettre son
expérience au service de la Conald
durant ces quatre mois. Il n’a pas
raté l’occasion de présenter son
bilan. Un bilan qui consiste en la
saisie, avec l’appui des agents du
BLTS, de 567 kg de marijuana,
110 kg de cocaïne, et 15,70 kg
d’héroïne, pendant la période
allant d’avril à juillet.
À rappeler que la Conald est une
institution placée sous la tutelle du
Premier ministre et du ministère
de la Justice et de la Sécurité
publique (MJSP). Elle travaille en
étroite collaboration à la fois avec
le ministère de la Santé publique
et de la Population (MSPP), le
ministère de l’Éducation nationale
et de la Formation professionnelle
(MENFP), le ministère des Affaires
sociales et du Travail (MAST), ainsi
que le ministère de la Jeunesse,
des Sports et de l’Action civique
(MJSAC).
Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique,
Pierre Richard Casimir, a procédé le lundi 3 août
à l’installation du nouveau coordonnateur de la
Commission nationale de lutte contre la drogue
(Conald,) Martino Guerrier. Le nouveau coordonnateur
promet de travailler avec dévouement, sans trêve
et avec science et conscience, en vue de laisser
une empreinte positive durant son passage à la
coordination de l’institution.
Le nouveau coordonnateur de la
Conald, Martino Guerrier.
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IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
4 | N0
53 MARDI 3 AOÛT 2015
ACTUALITÉ
Une plainte contre Martelly pour
« outrage public à la pudeur »
Par Jean Michel Cadet
HAÏTI/PRÉSIDENCE
L
a conscience citoyenne s’est
quelque peu révoltée. Suite
aux agressions verbales du
président Michel Martelly lors
d’un meeting politique, le mardi 28
juillet dernier, à l’encontre d’une
femme à Miragoâne, des voix de
la société se sont élevées contre.
Certaines condamnent publiquement
l’acte : les médias traditionnels,
les réseaux sociaux pleuvent
d’interventions. D’autres saisissent
la Justice haïtienne.
Opposant farouche au pouvoir
« Tèt kale », Me André Michel,
candidat à la présidence, n’a pas
raté cette occasion pour intenter
une action en justice contre M.
Martelly au parquet de Miragoâne.
Outrage public à la pudeur, tel est
le chef d’accusation retenu contre
le premier mandataire de la nation
pour avoir tenu des propos grivois,
désobligeants, à l’endroit d’une
femme qui se trouvait dans une
foule massée devant lui alors qu’il
était en campagne pour son parti
« Pati ayisyen tèt kale ». Bien qu’il
soit redevable devant la Haute
Cour de justice, cette plainte
déposée contre Michel Martelly,
selon André Michel, prendra réel-
lement effet au lendemain du 7
février 2016. Michel Martelly ne
sera alors qu’un simple citoyen,
passible devant les tribunaux ordi-
naires.
Les femmes protestent
Comme on pouvait s’y attendre,
plus d’une dizaine d’organisations
féminines se sont indignées contre
les agissements du chef de l’État.
Elles annoncent de ce fait, le
mardi 4 août, une marche pour
condamner ce qu’elles qualifient
d’agressions verbales et de
menaces sexuelles du président
Martelly. Cette réaction fait suite
à un document produit par ces
organisations de femmes dans
lequel elles crachent leur ras-le-
bol.
Les propos orduriers tenus
par Michel Martelly, selon le
document, visent la femme en
soi et constituent une incitation
à exercer les violences envers les
femmes, particulièrement le viol.
Cet acte, poursuit le document,
témoigne que pour le président
Martelly les femmes sont destinées
à assouvir le plaisir des hommes.
Ces organisations de femmes
font remarquer qu’en agissant
de la sorte, le chef de l’État
montre que les nombreux
discours qu’il a tenus en faveur
de la participation politique des
femmes et le respect de leurs
droits ne sont qu’une imposture.
D’aucuns se souviennent, à cet
effet, que M. Martelly a eu beau
vanter que son pouvoir a favorisé
dans l’administration publique
l’intégration de plus de 30 % du
quota des femmes requis par la
Constitution révisée.
Estimant que le comportement
de Michel Martelly est sexiste,
ces militantes ont relaté dans ce
document un ensemble de faits qui
montrent les dérives du chef de
l’État. Le document rappelle qu’au
début de son mandat, le président
Martelly, pour encourager le
tourisme, proposait les femmes
haïtiennes parmi les éléments
qu’on pouvait offrir au touriste.
Et lors d’une émission télévisée
en France, le Président, d’après
le document, avait laissé entendre
que les femmes défavorisées
se plaisaient à multiplier leur
progéniture.
Entre autres rappels, le document
dit que c’est sous le pouvoir du
président Martelly que le ministère
à la Condition féminine s’est
détérioré au point que, parfois, il
est utilisé comme un instrument
de propagande du pouvoir. Dans
cette veine, ledit document a fait
savoir aussi que le harcèlement
sexuel envers les femmes tend
à s’ériger en règle au sein de
l’administration publique.
En guise de conclusion, le
document brandit les articles
116 et 117 du décret électoral
faisant injonction aux candidats
et à leurs partisans d’adopter une
attitude correcte, modérée, dans
le respect d’autrui sous peine de
sanction. Aussi, ces organisations
de femmes demandent au CEP
d’agir en conséquence.
Le président Michel Martelly dans une de ses exhibitions. / Photo : J.J. Augustin
MARDI 4 AOÛT 2015 N0
53 | 5
ACTUALITÉ
Le CEP s'achemine vers la dernière ligne droite
Par Reynold Aris
Jude et Moïse au deuxième tour ?
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
HAÏTI/PRÉSIDENTIELLE
J
our J-6, le Conseil électoral
provisoire (CEP) s’engage à
mettre son devoir au propre.
« Contre vents et marées,
l’échéance du 9 août sera respectée.»
Le porte-parole de l’organe électoral,
Frantz Bernadin a ainsi informé que
les prochaines législatives seront
organisées pour 1853 candidats dont
232 aspirants au Sénat (9 femmes et
223 hommes) pour les 20 sièges à
pourvoir. De ce nombre, souligne-t-il,
prèsde1621sontdesprétendantsàla
députation, alors que seulement 119
sièges sont à pourvoir à la Chambre
basse.
Distribuant géographiquement ces
1853 concurrents, le porte-parole
a indiqué que les départements de
l’Ouest, du Nord, de l’Artibonite et
du Sud viennent en tête de liste
avec respectivement 452 ; 202 ;
197 et 175 postulants. Ensuite,
s’ajoutent ceux du Centre, du Sud-
est, du Nord-ouest avec chacun en
ce qui le concerne 127 ; 118 et
96 prétendants. Il affirme n’avoir
répertorié que 129 femmes parmi
les concurrents aux législatives.
Selon ce qu’a indiqué Monsieur
Bernadin, les membres des bureaux
de vote (BV) sont au nombre de 41
mille 139 et seront répartis sur tout
le territoire national, à travers les
13 mille 713 bureaux de vote.
Les départements qui occupent le
peloton de tête sont l’Ouest avec
5 mille 497 MBV, l’Artibonite avec
1779 ; le Nord avec 1362 ; le Sud
avec 1057. S’ensuivent le Centre
avec 916, le Sud-est avec 767, le
Nord-ouest avec 724.
La Grand’Anse, le Nord-est et
les Nippes se trouvent au bas de
l’échelle avec respectivement 587
; 559 et465 MBV. Soulignant que
la formation pour les Membres des
Bureaux de vote (MBV) pourrait
débuter dès ce mardi 4 août afin de
leur permettre d’avoir les procédés
encore frais à l’esprit.
Non-tenue des élections :
Seuls les impondérables
En dépit des doutes qui entourent
l’organisation des élections, comme
c’est le cas des partis politiques
et des électeurs. Le porte-parole
du CEP, lui, s’est montré plutôt
confiant quant à leur tenue.
Pour lui, seuls les impondérables
peuvent empêcher le déroulement
de ce scrutin. Car, soutient-il, ces
éléments d’ordre naturel n’ont
aucun rapport avec les dispositifs
mis en place par l’organisme
électoral dans la perspective de ces
prochaines joutes. « Le CEP ne fera
pas marche arrière. Il entre dans la
dernière ligne droite de sa mission.
Et il est tenu à respecter cette date
», a-t-il martelé.
C’est dans cette optique que
l’institution électorale s’évertue
à passer en revue les différents
éléments relatifs à ces élections. Des
Agents de sécurité électorale (ASE)
quisontaunombrede5256incluant
14 superviseurs départementaux
et 142 communaux ont reçu des
séances de formation dès le lundi
3 août 2015. L’objectif consiste à
contribuer au bon déroulement
du processus électoral, précise M.
Bernadin.
En ce qui a trait aux dispositifs
techniques, le porte-parole ne s’en
inquiète pas. Il informe que tout
marche comme sur des roulettes.
Il cite en exemple la direction
électorale qui fonctionne bien. Il
en est de même pour le système
informatique sans compter
l’opération logistique. Il a toutefois
convenu qu’il y a toujours un «
pourcentage d’erreur » sur le plan
technologique qui ne dépend pas
de notre volonté.
Quid de la localisation
des BV ?
À la question de la situation
géographique des BV, Frantz
Bernadin semble ne pas trop en
faire cas. Il a fait des acrobaties
pour indiquer aux journalistes
l’adresse géographique de son
bureau de vote, sans y parvenir.
Alors que cette question demeure
préoccupante pour près de 5
millions 838 mille 838 électeurs
ne sachant pas exactement où ils
pourront exercer leur droit de vote.
Le porte-parole s’est contenté de
dire que le CEP avait mis en place
un programme servant à aider les
électeurs à localiser leurs centres
de vote. M. Bernadin a en ce sens
indiqué que quatre numéros de
téléphone des deux compagnies de
téléphonie mobile du pays ont été
mis à la disposition des électeurs.
Quant à la question relative aux
zones rouges en période électorale,
le porte-parole a déclaré que le CEP
n’est ni impuissant ni inconscient,
ni inconstant, il sait exactement ce
qu’il a à faire afin de résoudre tout
problèmerelatifaubondéroulement
de ce vote. M. Bernadin explique
qu’il existe des plans stratégiques
qu’il ne peut pas révéler au grand
public en ce qui concerne la tenue
de ces compétitions électorales.
Ainsi, il relève des compétences des
membres de l’organisme électoral
d’en définir les directives.
Le Conseil électoral provisoire (CEP) entre dans une semaine décisive à quelques jours de la date butoir du 9 août.
Près de 1853 candidats dont 232 au Sénat et 1621 aspirants à la députation, participeront à ce scrutin selon les
déclarations du porte-parole du CEP, Frantz Bernadin, lors d’une conférence de presse tenue dans les locaux du
CEP, à Pétion-Ville, le lundi 3 août 2015.
Le porte-parole du CEP, Frantz Bernadin. / Photo : J. J. Augustin
» suite de la première page
J
ude Célestin et Moïse Jean
Charles sont les deux candidats
favoris à la présidence et
qui pourraient s’affronter au
deuxième tour. C’est le résultat
d’un sondage du Brides (Bureau
de recherche en informatique et
en développement économique et
social) pour la période allant du 27
au 31 juillet 2015 réalisé auprès des
personnes en âge de voter. Le National
publie la liste des 15 premiers suivant
leur classement respectif.
1- Jude Célestin (Lapèh);
2- Moïse Jean-Charles (Pitit
Dessalines);
3- Jean Henry Céant
(Renmen Ayiti) ;
4- Jovenel Moïse (PHTK) ;
5- Maryse Narcisse
(Fanmi Lavalas) ;
6- Steven Irvenson Benoît
(Konviksyon) ;
7- Sauveur Pierre Etienne
(OPL) ;
8- Charles Henri Backer
(Respè) ;
9- Chavannes Jean Baptiste
(Kontra pèp la) ;
10- Simon Dieuseul Desras
(Palmis);
11- Jean-Chavannes Jeune
(Canaan);
12- Jean Clarens Renois
(Unir) ;
13- Michel André
(Plateforme Justice) ;
14- Eric Jean baptiste (MAS) ;
15- Edmonde Supplice Beauzile
(Fusion).
6 | N0
53 MARDI 4 AOÛT 2015
ACTUALITÉ
Le gouvernement se veut rassurantPar Lionel Edouard
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
Ces séances de formation qui
débutent le lundi 3 août 2015,
concernent plus de 41 mille
139 membres de bureau de vote
(MBV) qui se déploieront dans les
13 mille 713 bureaux déjà sélec-
tionnés par l’organisme électoral
à travers les dix départements
géographiques du pays.
Monsieur Jean Louis a, par ailleurs,
affirmé que le financement pour
les partis politiques est fin prêt.
La plupart des entités politiques,
informe-t-il, depuis la semaine
dernière, ont commencé à retirer
leurs chèques. Certains partis
récalcitrants n’ont toutefois pas
encore prélevé les leurs à la
direction administrative du budget.
Environ 166 chèques auraient
été imprimés et disponibles à la
Direction générale du budget,
depuis le mercredi 29 juillet,
selon les informations rapportées
par le ministre Jean Louis qui
est revenu sur les raisons qui
ont poussé le gouvernement à se
rétracter sur la première formule
adoptée pour distribuer les fonds
aux partis politiques. « Nous avons
pris l’habitude d’écouter les partis
politiques. À cause des grognes qui
montaient de la classe politique,
nous avons dû faire marche arrière
et refaire nos calculs », a-t-il
expliqué.
Faisant la critique de la méthode
adoptée pour attribuer ces fonds,
Jean Fritz Jean Louis soutient que
le premier à être en désaccord avec
la manière de distribuer l’argent
devant servir au financement
de la campagne électorale,
est le gouvernement. Comme
argument, l’ancien directeur
de la loterie nationale avance
que c’est un gaspillage. « Si les
partis politiques et les candidats
étaient moins nombreux, l’argent
aurait été plus utile et plus
efficace », estime-t-il. Cependant,
monsieur Jean Louis croit que
le gouvernement s’est courbé
aux prescrits démocratiques, car
les partis sont montés selon les
procédures tracées par la loi.
« Nous aurions préféré dépenser
cet argent pour cinq candidats »,
a-t-il ajouté. Cependant, l’une des
principales critiques adressées
au gouvernement par l’opposition
est la multiplication de particules
politiques devant servir à ramasser
les fonds destinés à financer la
campagne électorale.
Pour Newton Louis Saint Juste et
Sauveur Pierre Étienne qui sont
intervenus dans les colonnes du
National, la semaine écoulée, c’est
une manœuvre visant à favoriser
les candidats proches du Prési-
dent, qui disposeraient, grâce à ce
stratagème, de plus d’argent pour
mener campagne. Ce qui serait
de nature à fausser le scrutin,
d’autant que les fonds débloqués
viennent un peu tard.
Sécurité...
Du côté de la sécurité, les autorités
électorales et policières mettent
également les bouchées doubles.
À cet effet 5 500 agents de sécu-
rité électorale (ASE) sont en train
de recevoir des formations en vue
d’aider à sécuriser le vote de la
population, sans compter les 9
000 agents de la Police nationale
d’Haïti (PNH) qui seront déployés
le jour du vote.
« Le plan de sécurité de la Police
est opérationnel. Le financement
pour le déploiement des agents
de la PNH est aussi disponible »,
souligne Jean Fritz Jean Louis qui
annonce que des séances de si-
mulation seront organisées, cette
semaine, pour tester le plan, après
celle tenue la semaine écoulée.
Pour pallier les problèmes de
violence électorale, il a rappelé
que des dispositions ont été prises,
parmi lesquelles, l’affectation
d’un policier à chaque candidat au
Sénat de sexe féminin. De plus, le
chargé des Questions électorales
invite la population à ne pas voter
pour les candidats qui prêchent
la violence comme moyen pour
accéder au pouvoir. En ce qui a
trait à l’utilisation des biens de
l’État dans la campagne électorale
par le président de la République,
Jean Fritz Jean Louis a joué
sur la défensive, expliquant que
dans une société démocratique,
le Président a droit à un certain
nombre d’agents de sécurité. « Il
faut respecter les principes, on ne
peut pas demander au Président
de prendre une camionnette pour
se déplacer. Je ne pense pas
que le président Martelly fasse
plus que ce que lui permettent
ses prérogatives », soutient-il
tout en rappelant les dérives
des présidents passés lors des
périodes électorales.
» suite de la première page
Jean Fritz Jean Louis, ministre chargé auprès du Premier ministre des Questions électorales. / J. J. Augustin
MARDI 4 AOÛT 2015 N0
53 | 7
Possibilité de sursis sur les rapatriementsPar Stephen Ralph Henri
À cinq jours du scrutin, l'insécurité donne des sueurs froides
Sources : Alterpresse
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
D
eux jours après l’expiration
du délai pour analyser
les derniers dossiers des
migrants inscrits dans le
Plan national de régularisation des
étrangers (PNRE), la Fondation
Zile informe que des instances
internationalesseraientenpourparlers
avec les autorités dominicaines,
en vue de l’obtention d’un nouveau
moratoire sur le rapatriement des
immigrants haïtiens.
Après l’expiration de la période de
quarante-cinq jours, du 17 juin au
2 août 2015, prévue par les autori-
tés dominicaines dans le cadre de
l’application du Plan national de
régularisation des étrangers (PNRE),
la chancellerie haïtienne promet de
continuer le combat pour le respect
des droits humains, notamment des
immigrants haïtiens. Les vagues de
rapatriements des immigrants dits en
situation irrégulière en République
dominicaine devraient pourtant se
renforcer à partir du lundi 3 août.
Pour l’instant, aucun grand mouve-
ment n’est rapporté.
Contacté par Le National, Edwin
Paraison, directeur exécutif de la
Fondation Zile, qui observe la situa-
tion des immigrants, explique que «
des démarches à différents niveaux
se réalisent pour essayer de convain-
cre la partie dominicaine de reporter,
pour le moins jusqu’ à la tenue des
élections en Haïti, les déportations
qui devraient s’initier dès ce 3 août ».
Edwin Paraison n’a pas donné trop de
détails quand aux principaux initia-
teurs de cette démarche. Il n’a toute-
fois pas écarté la possibilité que cela
vienne des États-Unis.
Plusieurs journées électorales doi-
vent se tenir dans le pays, pour élire
de nouveaux dirigeants, dont de
nouveaux parlementaires, soit 119
députés et 20 sénateurs.
Le premier jour doit se tenir le
dimanche 9 août. Les élections pour
élire les dirigeants des communes
et des sections communales doivent
être également organisées au cours
de l’année, ainsi que celles visant
à choisir le remplaçant de Michel
Joseph Martelly à la tête de l’exécutif.
Ce sont 250 000 personnes, y com-
pris des Dominicains d’origine haï-
tienne, qui sont concernées par ce
processus de rapatriement.
À la fin de l’application du PNRE
dominicain le 17 juin écoulé, des mou-
vements d’expulsions d’immigrants
haïtiens vers Haïti ont été constatés.
Pas moins de 43 000 personnes sont
déjà refoulées en territoire haïtien,
toujours d’après la Fondation Zile.
Pendant le mouvement de retour des
immigrants haïtiens vers le territoire
national, l’Organisation des États
américains (OEA) avait hâté une mis-
sion d’observation sur l’île, du 10 au
14 juillet, pour recueillir des infor-
mations sur la situation. Dans leur
rapport, publié le 29 juillet, les mem-
bres de la mission de l’organisation
hémisphérique ont recommandé la
reprise du dialogue entre les deux
Républiques. L’organisation a promis
de servir de médiatrice dans le cadre
de ces éventuels pourparlers. De leur
côté, les autorités dominicaines ont
rejeté le rapport de l’OEA, tandis que
les dirigeants haïtiens ont adopté la
position contraire.
Pour Edwin Paraison, en plus
d’accepter le rapport, « les autori-
tés haïtiennes devraient assumer et
même promouvoir la réalisation d’une
rencontre très large, un sommet sur
les relations haïtiano-dominicaines ».
En réaction au rapport, le Collectif du
4 Décembre, dirigé par Jean Robert
Argant, a estimé que les rencontres
bilatérales ne vont effectivement rien
changer à la crise.
Le Réseau national de défense des
droits humains (Rnddh) doute que
les responsables dominicains vont
effectivement observer un moratoire.
Revenant sur les dernières attitudes
des dirigeants dominicains, Pierre
Espérance, directeur exécutif du
Réseau, pense qu’« il y a lieu de
s’inquiéter» au terme des 45 jours.
« Les Dominicains ne veulent pas
le dialogue, ils préfèrent se montrer
agressifs et sur la défensive », rap-
pelle Espérance, qui craint « une
chasse des immigrants haïtiens en
République dominicaine ». Face à
cette éventuelle prochaine vague de
rapatriements d’immigrants haïtiens
et de dénationalisés dominicains,
Pierre Espérance conçoit que « les
autorités haïtiennes doivent cesser
de gaspiller de l’argent et mettre en
place les dispositifs pour accueillir
les rapatriés, en étant capables de
leur fournir les premiers soins, les
nourrir normalement, les loger con-
fortablement ».
Le RNDDH appelle, de façon antici-
patoire, les instances internationales
des droits humains à se préparer pour
venir observer la réalité et parvenir
à adopter les dispositions qu’il faut.
Joint par Le National, le ministre
haïtien des Affaires étrangères, Lener
Renaud, souligne que la chancellerie
haïtienne restera mobilisée, pour
mener sur le plan international le
combat pour « contraindre la vel-
léité de la République dominicaine
de vouloir abuser des droits humains,
notamment ceux des ressortissants
haïtiens ».
Dans la perspective de la reprise
du dialogue entre les deux pays, le
secrétaire général de la Communau-
té caribéenne, Irwin Larocque, a
estimé que le Vatican pourrait aider
à faciliter les échanges. Il a fait ces
déclarations au moment de recevoir
les lettres de créances du premier et
nouvel ambassadeur du Saint-Siège
au sein de la communauté, monsei-
gneur Nicola Girasoli.
A
moinsde5joursdesélections
législatives, prévues pour le
dimanche 9 août 2015, des
craintes persistent quant à
la réalisation du scrutin dans certains
endroits du pays, notamment Cité
Soleil, Delmas 2, et Carrefour, vu la
tournure des campagnes électorales,
observe AlterPresse.
Bien que les autorités se disent prêtes
pour ces joutes, visant à renouveler
2/3 du Sénat (20 candidats à élire) et
la totalité (119 candidats à élire) de la
chambre des députés, dans certains
endroits du pays, des candidats ont
été agressés et certains ont même
échappé de justesse à la mort.
Plus de 5,8 millions d’haïtiennes et
d’Haïtiens sont attendus aux urnes le
9 août 2015.
Au cours de cette première semaine
d’août 2015, la majorité des matéri-
els sensibles vont être distribués dans
les dix départements du pays.
Des dispositions ont été prises au
niveau du Conseil supérieur de la
police nationale (CSPN) pour garan-
tir l’impartialité de la Police natio-
nale d’Haïti (PNH) dans le cadre du
déroulement des élections, a fait
savoir le premier ministre Evans
Paul, lors d’une longue conférence
de presse le jeudi 30 juillet 2015. Le
directeur général de la PNH, Godson
Orélus, évoque une meilleure redis-
tribution de l’effectif de la PNH au
cours de la période électorale. Des
patrouilles de la PNH vont sillonner
chaque commune et chaque section
communale, tente d’assurer Orélus.
Cependant, la campagne électorale,
qui s’achève le vendredi 7 août 2015,
reste entachée de confrontations et
de tentatives d’assassinats.
Face à des actes de violences, enregis-
trés à Carrefour et à Cité Soleil (Ouest),
Peredo (dans la commune de Marigot,
Sud-Est), la Police nationale d’Haïti
paraît fébrile pour assurer la sécurité
des votantes et votants dans certaines
zones déclarées de non-droit. Un des
partisans de Nadine Anilus, une can-
didate à la députation du parti Fusion
des sociaux-démocrates haïtiens pour
la circonscription de Carrefour, a eu
l’oreille coupée à l’arme blanche, la
semaine dernière, dans la localité de
Rivière Froide.
Dans la soirée du mercredi 22 juil-
let 2015, Schiller Anthony, Jack-
son Pierre et Roudy Jacques, trois
membres de la Plateforme Vérité, ont
été tués par balles par des individus
circulant à bord de motocyclettes,
au moment où ils étaient en train
d’apposer des affiches et pancartes
électorales pour le candidat à la dépu-
tation Jacques Beauvil. Germain Fils
Alexandre, le candidat à la députa-
tion de Petit-Goâve (à 68 km au sud
de Port-au-Prince), sous la bannière «
Vérité », a dénoncé l’agression, dont
lui et son équipe ont été victimes.
Il accuse Jacques Stevenson Thi-
moléon, candidat à sa propre suc-
cession sous la bannière du Parti
haïtien Tèt Kale (PHTK) d’en être
responsable.
Le Parti Respè a, pour sa part, indi-
qué que son candidat à la députation,
Denis Pierre Lima, de la circonscrip-
tion de Torbeck/Chantal (Sud), a été
agressé, dans l’après-midi du mer-
credi 29 juillet 2015, par l’ancien
député Guy Gérard Georges, candidat
sous la bannière de Fanmi Lavalas, et
un groupe armé. La voiture de Denis
Pierre Lima aurait été touchée par
plusieurs projectiles. Le candidat a
été blessé et une jeune femme tabas-
sée lors de cette agression. Alfredo
Junior Antoine, candidat à la dépu-
tation, sous la bannière du parti
« Konvansyon inite demokratik »
(Kid), pour la commune de Kenscoff
(à l’est de la capitale), a été arrêté le
30 juillet2015, puis libéré le même
jour.
Alfredo Antoine aurait été sous le
coup d’un mandat d’amener, émis
à son encontre, en avril 2015, par
le juge d’instruction Etzer Aristilde,
pour faux et usage de faux.
Peu après son arrestation, il a été
libéré sous promesse de rester à dis-
position de la justice.
De la troisième semaine du mois
de juillet à ce début de la première
semaine d’aout 2015, la Commission
épiscopale (catholique romaine) Jus-
tice et paix (Jilap) dit avoir recensé
15 morts par balles à Cité Soleil, où
des tirs nourris se font entendre quo-
tidiennement, sans aucune interven-
tion de la police pour contrecarrer
les bandits.
8 | N0
53 MARDI 4 AOÛT 2015
MONDE
Porto Rico est en défaut de paiement
Sources : Le Monde.fr avec AFP
L
’archipel américain de Porto
Rico, en profonde crise
économique, a fait défaut sur
une partie de sa dette de 73
milliards de dollars en n’honorant pas
un remboursement attendu lundi 3
août, a indiqué l’agence de notation
Moody’s.
« Moody’s considère cet événement
comme un défaut de paiement »,
a indiqué une vice-présidente de
l’agence, Emily Raimes, dans un
communiqué transmis à l’AFP.
Parfois surnommé la « Grèce des
Caraïbes », Porto Rico devait rem-
bourser lundi quelque 58 millions
de dollars de dette contractée par
une agence gouvernementale mais
n’en a remboursé qu’une infime
partie (628 000 dollars).
Pas de sauvetage financier de
l’île
« C’est, selon nous, la première
étape d’un défaut général (du ter-
ritoire) sur sa dette », a ajouté la
responsable de Moody’s, assurant
que Porto Rico n’avait pas les «
moyens » d’honorer l’ensemble de
ses échéances financières. Dans
un communiqué distinct, Melba
Acosta Febo, le président de la
banque portoricaine de dével-
oppement, bras financier de l’île,
avait assuré que le non-paiement
reflétait « les graves inquiétudes
» sur la crise de liquidités qui
frappe le territoire.
Les finances portoricaines ont été
durement frappées par la fin en
2006 d’un système d’exemption
fiscale pour les entreprises
qui a provoqué une récession
économique et une flambée du
chômage sur ce territoire au statut
hybride, qui ne fait pas partie des
50 Etats américains. L’Etat fédéral
a déjà exclu tout « sauvetage
» financier de l’île qui s’expose
désormais à des poursuites en
justice de ses créanciers, pour
la plupart des fonds de pension
américains.
Pas la possibilité de se
déclarer en faillite
Contrairement aux villes améric-
aines comme Detroit, Porto Rico
n’a ainsi pour l’heure pas la pos-
sibilité légale de se déclarer en
faillite pour restructurer sa dette
à l’abri de ses créanciers. Une
proposition de loi lui accordant
cette possibilité a été déposée au
Congrès américain mais elle est
pour l’heure restée lettre morte.
« En cas de statu quo, sans un
régime légal qui a déjà fait ses
preuves, la solution des prob-
lèmes financiers de Porto Rico
serait chaotique, longue et coû-
teuse pour Porto Rico mais plus
généralement pour les Etats-Unis
», a mis en garde fin juillet le
secrétaire américain au Trésor
Jacob Lew.
L
e président américain Barack
Obama a lancé lundi son plan
très attendu contre la « grande
menace » que fait peser le
changement climatique à la planète,
insistant sur l’urgence d’agir immédi-
atement et annonçant une restriction
inédite sur les centrales électriques.
Il s’agit de l’un des « défis clés » de
notre époque, a estimé M. Obama
depuis la Maison Blanche, d’où il
a annoncé le Plan américain pour
une énergie propre (« America’s
Clean Power Plan »). Le plan ras-
semble une série de règles et de
réglementations qui imposeront
pour la première fois aux centrales
électriques de réduire de 32 % d’ici
2030 leurs émissions de carbone,
par rapport aux niveaux de 2005.
« Il n’y a pas de défi qui pose une plus
grande menace pour notre avenir et
pour les générations futures que le
changement climatique », a-t-il assuré,
soulignant l’urgence d’agir.
«Laplupartdutemps,lesproblématiques
auxquelles nous faisons face sont
temporaires et nous pouvons nous
attendre à ce que les choses s’améliorent
si nous y travaillons dur ».
« Mais voilà l’un des rares cas, de par son
ampleur, de par sa portée, qui si nous ne
le réglons pas, ne pourra pas être inversé.
Et nous ne pourrons probablement pas
nous adapter suffisamment », a-t-il
martelé.
Le président américain, qui avait fait
dès 2008 de l’environnement une de
ses priorités, a souligné la menace que
représentait le changement climatique,
et en particulier les centrales électriques,
sources de pollution au carbone.
Le débat est particulièrement vif et
clivant aux Etats-Unis, où 37 % de
l’électricité est encore produite par
des centrales au charbon. Une source
d’énergie problématique d’un point de
vue environnemental.
M. Obama a décrit les restrictions
imposées aux centrales électrique
comme « l’étape la plus importance que
l’Amérique ait prise dans la lutte » contre
le changement climatique.
L’Union européenne a immédiatement
salué le plan Obama et ses « efforts
sincères » pour réduire les émissions de
carbone.
L’annonce de ce plan intervient à moins
de six mois de la tenue à Paris de la
conférence sur le climat (COP21).
Elle réunira 195 pays qui devraient
s’engager à limiter à 2 degrés Celsius
la hausse de la température mondiale
générée par les émissions de gaz à effet
de serre.
Les centrales électriques sont
responsables de 40 % des émissions
américaines de dioxyde de carbone,
le gaz le plus répandu contribuant au
changement climatique.
Dans son projet initial présenté l’an
dernier, l’administration Obama
avait fixé à 30 % le plafond de
réduction des émissions de carbone
des centrales.
Mais la limite ambitieuse de 32 %
a provoqué la vive opposition des
républicains, vent debout contre
des mesures qu’ils jugent « dispro-
portionnées » et « maladroites ».
Barack Obama fait face sur ce sujet
à la ferme opposition du Congrès
contrôlé par les républicains, qui
n’ont pas tardé à dénoncer les
mesures.
L’administration Obama « continue
d’imposer des réglementations coûteuses
et non nécessaires », a réagi le sénateur
républicain Lamar Smith.
Avec ce plan, « des centrales électriques
à travers le pays vont fermer, les prix de
l’électricité vont monter et des milliers
d’Américains vont perdre leur travail »,
a-t-il promis.
Le président du parti républicain,
Reince Priebus, a fustigé des mesures
qui pourraient avoir « des conséquences
dévastatricessurl’économie»américaine.
Les réductions des émissions de gaz
à effet de serre sont en outre une
question politiquement sensible
car le charbon, l’une des sources
d’énergie les plus polluantes, est
un secteur industriel important aux
Etats-Unis.
Un lobby pro-charbon, l’American
coalition for clean coal electricity,
a plus tôt lundi indiqué qu’elle
pourrait poursuivre l’administration
Obama en justice, car elle mène «
un plan illégal pour faire grimper
les prix de l’électricité ».
La candidate démocrate à la Maison
Blanche Hillary Clinton a vu pour
sa part dans ces mesures un «
grand pas en avant », tout comme
la directrice de l’agence américaine
de protection de l’environnement,
Gina McCarthy, qui a salué des
objectifs « raisonnables » et « qui
peuvent être atteints ».
Le président américain est attendu
au cours des prochains mois en
Alaska pour mettre en évidence
l’impact du réchauffement clima-
tique. Il recevra également le pape
François à la Maison Blanche, où
les deux hommes devraient lancer
un appel commun à l’action.
Obama lance un plan contre la
« grande menace » du changement climatique
Sources : AFP
Le président américain Barack Obama s’exprime à la Maison Blanche sur le plan
américain pour une énergie propre, le 3 août 2015. / Photo : AFP
Dans les rues de San Juan à Porto Rico, le 2 août. Ricardo Arduengo./ Photo: AP
MARDI 4 AOÛT 2015 N0
53 | 9
MONDE
D
es manifestations ont eu lieu
dimanche dans plusieurs
villes du Mexique après la
mort d’un photojournaliste
et de quatre femmes, dont une mili-
tante des droits de l’Homme, abattus
par armes à feu, dans un appartement
de Mexico.
Environ 2000 personnes ont mani-
festé dans la capitale aux cris de
« Justice, Justice », brandissant
des portraits de Ruben Espinosa
et accusant les autorités d’être
responsables de ces crimes.
Des rassemblements ont également
eu lieu dans d’autres villes du pays,
dont Xalapa, la capitale de Vera-
cruz où travaillait le photographe
et où une centaine de personnes a
de nouveau manifesté dimanche,
comme la veille au soir.
Ruben Espinosa, 31 ans, qui travail-
lait notamment pour la prestigieuse
revue Proceso et le journal AVC
Noticias de Veracruz, était venu se
réfugier à Mexico, il y a deux mois,
après avoir reçu des menaces.
Son corps a été découvert vendredi
soir dans un appartement de la
capitale, ont confirmé dimanche
les autorités judiciaires, ainsi que
celui de quatre autres femmes
dont une militante des droits de
l’Homme, Nadia Vera. L’identité des
trois autres victimes n’a pas encore
été communiquée.
Chaque victime « présentait une
blessure à la tête par arme à feu
» et plusieurs présentaient sur le
corps des contusions, « sans doute
conséquence d’une lutte » avec les
agresseurs, selon les autorités judi-
ciaires.
Selon une source policière, les
corps avaient « les mains liées » et
les victimes auraient pu être tor-
turées.
Samedi soir un porte-parole du
parquet a précisé à l’AFP que les
cadavres avaient été trouvés dans
un appartement du quartier de
Narvarte, dans le sud de la capitale,
après un appel de voisins.
Les autorités n’ont pour l’heure
fourni aucune précision sur
l’éventuel mobile de ces homicides,
mais ces crimes ont suscité une
vive émotion, notamment dans le
milieu journalistique.
A Guadalajara, Chilpancingo, Aca-
pulco, Oaxaca et Cancún, des ras-
semblements ont également été
organisés, auxquels participaient
des photographes de presse, appa-
reil photo dans une main, portrait
d’Espinosa dans l’autre.
Dans la capitale, les manifestants,
parmi lesquels de nombreux jour-
nalistes, se sont aussi rassemblés
devant le bâtiment abritant la
représentation de Veracruz. Ils
accusent le gouverneur de cet Etat,
Javier Duarte, d’être responsable
des violences qui ont causé la mort
de 13 journalistes depuis 2010
dans cette région du Mexique.
Selon l’ONG, Articulo 19, qui défend
la liberté de la presse, aucune des
femmes décédées n’était liée à des
activités journalistiques. Nadia Vera
militait pour les droits de l’Homme
à Veracruz et organisait des événe-
ments artistiques.
La Commission des droits de
l’homme de Mexico a demandé aux
autorités de « ne pas écarter la piste
liée à son travail journalistique » de
Ruben Espinosa.
Ce photographe était venu se réfu-
gier dans la capitale après avoir
été agressé à plusieurs reprises,
notamment en 2013 lorsqu’il avait
été frappé par la police lors d’une
manifestation à Veracruz.
Il n’avait pas hésité à s’en prendre
encore récemment aux autorités
de l’Etat de Veracruz, les accusant
d’entraver la liberté d’expression et
d’acheter certains journalistes pour
faire taire les critiques.
Au cours de la dernière décennie,
plus de 80 journalistes ont été tués
au Mexique et 17 sont portés dis-
parus, selon Reporters sans fron-
tières.
Mexique: manifestations après la mort d'un
photoreporter et de quatre femmes
Sources : AFP
Des photojournalistes mexicains brandissent la photo de leur confrère décédé
Ruben Espinoza lors d’une manifestation à Mexico le 2 août 2015
40 000 résidents de la capitale du Paraguay évacués
en raison d'inondations
Sources : Le Monde.fr avec AFP
E
nviron 40 000 personnes
ont dû être évacuées des
zones basses de la capitale
paraguayenne, Asuncion, en
raison d’une importante crue du Rio
Paraguay, la deuxième en un an, ont
indiqué des sources officielles.
Sept mille huits cents familles ont
été déplacées, selon le secrétariat
d’urgence nationale, rattaché à la
présidence, et l’agence municipale
d’Asuncion pour les urgences et
les catastrophes. « Environ 15 %
des sinistrés avaient déjà été sec-
ourus l’an passé et sont revenus
demander de l’aide à l’Etat afin
d’être relogés sur les hauteurs de
la capitale », a déclaré à la presse
la directrice de l’agence munici-
pale, Nidia Lopez.
La situation reste critique
L’agence nationale de météorologie
a attribué cette inondation au phé-
nomène El Nino et prévenu qu’en
dépit d’une lente décrue cette
semaine, les eaux de la rivière
pourraient à nouveau monter. « La
situation reste critique », a mis en
garde Mme Lopez, ajoutant que le
nombre de familles évacuées avait
augmenté entre jeudi et vendredi.
Les eaux, qui sont montées à
6,11 m, contre moins de 5,5 m
d’habitude, ont notamment sub-
mergé un quartier populaire où
le pape François avait rassemblé
quelque 10 000 habitants le 12
juillet dernier.
Dans les rues inondées d’Asuncion, la capitale du Paraguay, le 30 juillet. Jorge Saenz / AP
10 | N0
53 MARDI 4 AOÛT 2015
ÉCONOMIE
Une représentante de l'Artibonite à la tête
de la CCIHPar Therno N. A. Sénélus
COMMERCEETINDUSTRIE
L
’entrepreneure Carline C.
Joseph, de la Chambre de
commerce et d’industrie de
l’Artibonite, a été élue prési-
dente de la Chambre de commerce et
d’industrie d’Haïti (CCIH) pour une
durée de deux ans, à l’issue d’une
assemblée générale tenue récem-
ment, avec la participation de toutes
les chambres de commerce départe-
mentales du pays. Elle remplace à ce
poste Alix Didier Fils-Aimé, actuel-
lement candidat au Sénat pour le
département de l’Ouest.
Pour Carline C. Joseph, la CCIH
est en train de donner un signal
positif en élisant démocratique-
ment – dans un pays caractérisé
par une centralisation excessive
– une femme issue d’une autre
région. Elle est convaincue que
l’institution poursuivra son objec-
tif d’amélioration de l’image de
marque des chambres départe-
mentales.
Mettant l’emphase sur la décen-
tralisation et la représenta-
tivité de tous les départements
géographiques du pays, la nou-
velle présidente déclare vou-
loir se mettre au travail pour «
resserrer les liens entre les entités
représentées au sein du Réseau
national des chambres de com-
merce départementales et ren-
forcer le dialogue en cours entre
les secteurs public et privé ».
L’État, pour prendre des
mesures incitatives
L’État à lui seul ne peut pas amé-
liorer l’environnement des affaires
en Haïti. Néanmoins, Carline
Joseph croit qu’il prendra des
mesures incitatives pour porter
le secteur privé à investir réelle-
ment pour conforter la produc-
tion nationale et à promouvoir un
cadre légal ans cette perspective.
« Il n’y a pas de production sans
électricité », soutient la femme
d’affaires, faisant allusion aux
lacunes enregistrées au niveau
des infrastructures du pays et se
préoccupant de l’augmentation
régulière des coûts de produc-
tion. Sinon, lance-t-elle comme
avertissement, les produits locaux
ne vont pas pouvoir devenir com-
pétitifs par rapport aux produits
importés.
Le gouvernement haïtien, pense-
t-elle, devrait œuvrer au renforce-
ment de la capacité productive
du secteur privé dans le cadre
des efforts actuels de résolution
des conflits entachant les rela-
tions haïtiano-dominicaines. Il
y a trente ans, rappelle-t-elle,
les importations haïtiennes de
produits de première nécessité
ne représentaient que 35 % du
volume des échanges. Actuelle-
ment, Haïti importe plus de 75 %
de sa consommation vitale. Ce qui
contribue, entre autres facteurs, à
exercer une pression poussée sur
la gourde.
Elle croit que l’État devrait «
encourager le secteur privé,
l’encadrer de façon à ce qu’il
évolue librement et sans con-
trainte ». Des mesures qui,
d’après la présidente du CCIH,
permettraient aux entreprises de
créer des emplois durables dans le
pays tout en contribuant à la con-
solidation des secteurs agricole et
industriel.
Des initiatives en cours
Plusieurs initiatives sont envisa-
gées par la CCIH, à en croire les
propos de Carline Joseph. « La
CCIH se préoccupera de recher-
cher des opportunités de finance-
ment pour les petites et moyennes
entreprises (PME), de les orienter
vers la production pour l’export
». Il en sera de même pour sa par-
ticipation aux initiatives liées à
la formation professionnelle dans
le cadre d’un partenariat soutenu
avec l’Institut de formation profes-
sionnelle (INFP). Ces démarches,
dit-elle, seront entreprises pour
ranimer certains projets de lois
jetés aux oubliettes du Parlement.
Sont aussi prévus dans son
agenda, la mise en œuvre de pro-
grammes de développement en
déclinaison avec l’investissement
direct étranger et le renforcement
de la capacité de la production
locale de biens et services.
La dirigeante de la CCIH se dit
consciente du besoin criant de
renforcement de la capacité
des chambres de commerce et
d’industrie départementales. À
cet effet, elle veillera particulière-
ment à élaborer des stratégies
visant à placer toutes les Cham-
bres sur le même pied égalitaire : «
Nous allons déterminer le secteur
d’activité prioritaire dans chaque
département. Nous allons recher-
cher des fonds disponibles auprès
de nos bailleurs en fonction du
secteur prioritaire d’activité prév-
alant dans chaque région du pays
».
La CCIH, précise Carline Joseph,
travaille présentement sur
l’évaluation des besoins en for-
mation professionnelle des cham-
bres départementales et de leurs
membres dans le but de lancer
un projet d’envergure dans les
dix départements géographiques
du pays. Elle voudrait également
restructurer le réseau entrepre-
neurial et mettre en place une
nouvelle chambre de commerce
dans le département du Sud-Est.
En plus des activités mention-
nées, a-t-elle poursuivi, la CCIH
a aussi engagé un consultant à
l’export chargé de l’évaluation des
capacités locales d’exportation et
ses opportunités régionales. La
CCIH est aussi partie prenante
de différents comités de dialogue
public-privé, incluant le Bureau
haïtien de normalisation (BHN).
Le Bureau haïtien de normalisa-
tion du ministère du Commerce
et de l’Industrie, dirigé par Mme
Michèle Paultre, est chargé
d’organiser et de gérer les activi-
tés de normalisation, de métrolo-
gie industrielle, de certification,
de promotion de la qualité et
d’appuyer techniquement toute
action visant ces objectifs.
Il a pour principales attributions
« la production de normes et de
référentiels normatifs, l’adoption
de marques de conformité aux
normes haïtiennes et de labels de
qualité, la certification de con-
formité aux normes et référen-
tiels normatifs, la diffusion de
l’information sur les normes,
la formation sur les normes et
les techniques de leur mise en
œuvre, et la fourniture de services
d’étalonnage ».
« Réorienter le cadre légal en
matière d’affaires en Haïti est une
autre initiative qui nous tient à
cœur », a tenu à déclarer la nou-
velle présidente de CCIH. Pour
revigorer l’environnement des
affaires dans le pays, il faudra
améliorer les lois existantes. La
modernisation de ces lois porte
actuellement sur des délais trop
longs, a-t-elle déploré.
Revoir et repenser le Code des
investissements, travailler sur une
nouvelle législation sur les socié-
tés anonymes s’avère aussi néces-
saire. Il en sera de même pour la
règlementation des échanges élec-
troniques en Haïti. Une grande
lacune à combler date, conclut-
elle, heureuse de pouvoir con-
tribuer dans ses nouvelles fonc-
tions « à la relance de l’économie
du pays ».
Les chambres départementales
sont des structures décentralisées
reconnues comme membres asso-
ciées à la CCIH. Elles la représen-
tent au niveau départemental et
exercent dans chaque départe-
ment géographique les missions,
objectifs et compétences reconnus
à la CCIH par la loi, les règlements
et les statuts.
La CCIH regroupe les entreprises
et les individus se livrant à des
activités commerciales, industri-
elles ou de services en Haïti et
représente leurs intérêts.
Première femme, en plus de cent ans d’existence de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH), à
diriger les destinées d’une institution généralement dominée par des hommes. La nouvelle présidente promet,
dans un entretien accordé au National, de continuer à travailler au renforcement des capacités des chambres
départementales tout en poursuivant le dialogue en cours entre les secteurs public et privé.
la CCIH est en train de donner un signal positif en élisant démocratiquement
– dans un pays caractérisé par une centralisation excessive – une femme issue
d’une région. | © JJ Agustin
MARDI 4 AOÛT 2015 N0
53 | 11
ÉCONOMIE
S
uite à la note du 6 juillet 2015
interdisant l’importation
de farine de blé en Haïti, le
ministère du Commerce et de
l’Industrie a effectué un ensemble de
vérification, par ses inspecteurs, dans
des entrepôts de Port-au-Prince. Ces
inspecteurs souvent empêchés, par
des propriétaires, de pénétrer leurs
entrepôts ne peuvent pas produire
leur rapport de contrôle en vue de
prendre les mesures appropriées.
Dans une note, en date du 28 juil-
let 2015, adressée aux proprié-
taires des maisons de stockage et
de vente de farine de blé et pour
aviser la population en général
sur ce cas précis, le ministère du
Commerce et de l’Industrie, dans
son souci de veiller à la stricte
application des normes sanitaires
relatives à l’importation et à la
fabrication de farine de blé, rap-
pelle à tous ceux qui s’adonnent à
ces activités de se conformer aux
exigences établies
Pour finir, le Ministère avertit
les propriétaires de farine de blé
désobéissant au contrôle et aux
règlements qu’ils répondront aux
questions de la justice au cas où
ils refuseraient aux inspecteurs
du MCI de vérifier leurs stocks
de produit. « Tout contrevenant à
cette disposition sera passible de
sanctions conformément à la loi
en vigueur. »
Cette note, portant la signature
du titulaire du MCI, Jude Hervey
Day, invite les importateurs et
propriétaires refusant de colla-
borer pour la vérification de ces
produits dans leurs entrepôts,
par les inspecteurs du ministère,
à se courber aux principes. «
Le Ministère se réserve le droit
de procéder à des inspections
inopinées dans tout entrepôt de
farine de blé et rappelle aux con-
cernés l’obligation qui leur est
faite de donner libre accès aux
inspecteurs, dûment assermentés,
à tout espace ou sont exposés et/
ou entreposés des lots de farine
de blé destinés à la commerciali-
sation. »
Le MCI, en tant qu’organe de l’État
traçant les lignes directrices de
la politique en matière commer-
ciale, étudie toute mesure tendant
à promouvoir le développement
du commerce dans le pays pour
garantir l’emploi. Mais aussi, le
MCI doit s’assurer que les produits
répondent aux normes exigées et
prévues par les lois de la Répub-
lique et les conventions interna-
tionales pour mieux protéger les
consommateurs.
Premier avertissement du MCI aux importateurs et
vendeurs de farine de blé en Haïti
Sources : MCI
ÉCONOMIE/SANTÉPUBLIQUE
Comment le climat de l'investissement influe sur la
croissance et la pauvreté
Source : Banque mondiale*
DOCUMENTRETROUVÉ
L
orsquelapopulationaugmente,
lacroissanceéconomiqueestle
seul moyen durabled’améliorer
les niveaux de vie. Un bon
climat de l’investissement permet de
stimuler la croissance en encourag-
eant l’investissement et en augmen-
tant la productivité. L’investissement
sous-tend la croissance en mettant
de nouveaux moyens de production
au service des entreprises. La part
relative des investissements étrangers
augmente dans les pays en développe-
ment, mais la plus grande partie des
investissements privés est le fait des
entreprises locales.
Stimuler la croissance
Un bon climat de l’investissement
encourage les entreprises à investir
en réduisant les coûts injustifiés, les
risques et les obstacles à la concur-
rence. À la suite des réformes enga-
gées pour améliorer le climat de
l’investissement, l’investissement
privé a presque doublé en pourcent-
age du PIB en Chine et en Inde ; en
Ouganda, il a plus que doublé.
Les données microéconomiques con-
firment ce constat. En Pologne, en
Roumanie, en Russie, en Slovaquie et
en Ukraine, la part des profits que les
entreprises assurées de leurs droits de
propriété réinvestissent est supérieure
de 14 à 40 % à celle des entreprises
dont les droits sont peu sûrs. Les pay-
sans thaïlandais assurés de leurs droits
sur la terre ont investi tellement plus
dans leurs champs que leur production
était supérieure de 14 à 25 % à celle
de ceux qui travaillaient des terres de
qualitéidentique, mais sans titre de
propriété.
La réduction des obstacles à la
concurrence dans les télécommu-
nications au cours des années 90 a
entraîné un véritable bond en avant de
l’investissement —notamment par les
micro-entrepreneurs du Bangladesh et
de l’Ouganda. Les données recueillies
au niveau des entreprises montrent
qu’une meilleure prévisibilité de la
politique des pouvoirs publics peut
accroître de plus de 30 % la probabilité
que les entreprises effectuent de nou-
veaux investissements.
Mais ce n’est pas seulement le volume
de l’investissement qui importe pour la
croissance, ce sont les gains de produc-
tivité qu’il permet d’obtenir. De fait, les
étudesinternationales montrent que
la productivité globale des facteurs
entre pour le même pourcentage de
croissance du PIB que l’accumulation
du capital. Lorsque le climat de
l’investissement est bon, il favorise
les gains de productivité enfournis-
sant des opportunités de marché et
il incite les entreprises à développer
leursactivités, à s’adapter et à adopter
de meilleures solutions — pas seule-
ment desinnovations du genre de
celles qui méritent un brevet, mais
aussi une meilleure façond’organiser
le processus de production, d’assurer
la distribution des marchandises et
de répondre aux désirs des consom-
mateurs. Quelles sont les conditions
à réunir pour cela ? Il est essentiel
de minimiser les obstacles à la diffu-
sion de nouvelles idées, en particulier
ceux qui entravent les importations
de matériel moderne et empêchent
d’ajuster le mode d’organisation du
travail.
De même, il est essentiel d’instaurer
un environnement susceptible de
promouvoir des processus compéti-
tifs, que Joseph Schumpeter qualifie
“de destruction créatrice”— un envi-
ronnement où les entreprises ont la
possibilité et le désir de tester leurs
idées, de s’évertuer à obtenir du succès
et de prospérer ou d’échouer.
Lorsque le climat de l’investissement
est bon, les firmes peuvent plus fac-
ilement entrer sur le marché ou en
sortir dans le cadre d’un processus qui
favorise les gains de productivité et
une croissance plus rapide. Les entrées
nettes sur le marché expliquent parfois
plus de 90 % des gains de productivité.
Et les entreprises qui déclarent être
confrontées à une forte pression de
la concurrence ont au moins 50 % de
chances de plus d’innover que celles
qui s’estiment moins exposées à la
concurrence.
*Extrait d’un résumé du Rapport sur
le développement dans le monde
2005 intitulé « Un meilleur climat de
l’investissement pour tous », co-publié
par la Banque mondiale et Oxford Uni-
versity Press.
Lorsque le climat de l’investissement est bon, il favorise les gains de productivité en fournissant des opportunités de
marché | © buildingmarkets.org
E
lle a également ravagé des
milliers de maisons au toit de
chaume, ainsi que des champs
de riz, des plantations de
bananes et des cultures de canne à
sucre dans tout l’Etat. C’est la saison
des typhons ici en Asie.
Au Japon, pas encore remis de
l’impact du typhon Phanfone, le
typhon Vongfong a amené une
autre série de pluies torrentielles
et de vents vicieux qui se sont
poursuivis jusqu’au 13 octobre,
rajoutant ainsi à la longue liste de
dégâts que les pays de cette partie
du monde calculent maintenant.
En Inde, seule, le gouvernement
a promis 163 millions de dollars
en cas de catastrophe, mais les
autorités disent même que cette
coquette somme peut ne pas être
suffisante pour remettre l’Etat
sur ses pieds. Et pour les familles
des 24 personnes décédées dans
l’Andhra Pradesh et dans l’Etat
d’Odissa, aucune somme d’argent
ne peut compenser leur perte.
La calamité en cours rappelle
les souvenirs du typhon Haiyan,
meurtrier, qui a fait 6 000 morts
aux Philippines il y a presque
exactement un an. Bien que ces
tempêtes tropicales ne puissent
pas être stoppées dans leur élan,
il existe un système de défense
naturelle contre leurs impacts
plus sauvages: les mangroves.
Et les experts craignent que leur
valeur inestimable ne soit triste-
ment sous-estimée partout dans
le monde comme ayant un effet
tragique.
Pour ceux qui se sont réunis du
6 au 17 octobre à Pyeongchang,
en Corée du Sud, pour la 12ème
Conférence des Parties à la Con-
vention sur la diversité biologique
(COP 12), cette question a été un
sujet de discussion, puisque les
délégués ont évalué les progrès
réalisés sur le Plan stratégique
pour la biodiversité 2011- 2020,
et ses 20 objectifs d’Aichi, approu-
vés lors d’une réunion à Nagoya,
au Japon, il y a trois ans.
L’un des objectifs acceptés par la
communauté internationale était
d’améliorer et de restaurer la résil-
ience des écosystèmes importants
pour l’adaptation et l’atténuation
du changement climatique. Sur
ce front, selon les ‘Global Biodi-
versity Outlook’ 4 (Perspectives
4 de la biodiversité mondiale –
GBO-4) récemment publiées, des
efforts ont fait défaut, avec « les
tendances [...] qui vont dans la
mauvaise direction », et l’état des
écosystèmes marins qui « est loin
de leur potentiel à satisfaire les
besoins humains à travers une
grande variété de services, notam-
ment la fourniture de nourriture,
des loisirs, la protection du lit-
toral et le stockage du carbone ».
Cela n’est nulle part plus visible
que dans la préservation des
forêts de mangroves, avec un seul
hectare qui stocke jusqu’à 1 000
tonnes de carbone en moyenne, la
quantité la plus élevée par unité
de superficie de tout écosystème
terrestre ou marin, selon le Pro-
gramme des Nations Unies pour
l’environnement (PNUE).
Leur capacité à stocker d’énormes
stocks de CO2 fait des mangroves
une composante essentielle des
efforts nationaux et mondiaux de
lutte contre les changements cli-
matiques et de se protéger contre
les catastrophes dues au climat.
Toutefois, estiment les experts, ils
ne bénéficient pas de l’attention et
des soins qu’ils méritent.
Un écosystème complexe
Les mangroves, un terme généri-
que pour désigner les arbres et
arbustes de hauteurs variées qui
se développent dans les habitats
salins de sédiments côtiers, se
retrouvent dans 123 pays et cou-
vrent 152 000 kilomètres carrés
dans le monde entier.
Plus de 100 millions de personnes
vivent dans un rayon de 10 km
de grandes forêts de mangroves,
bénéficiant d’une variété de biens
et de services tels que la pêche
et les produits forestiers, l’eau
potable et la protection contre
l’érosion et les phénomènes
météorologiques extrêmes.
Les mangroves fournissent des
services d’écosystème d’une
valeur de 33 000 à 57 000 dol-
lars par hectare par an, selon
une étude du PNUE intitulée
‘L’importance des mangroves: Un
appel à l’action’ récemment lancée
lors de la 16ème Réunion mon-
diale des conventions des mers
régionales et des plans d’actions
(RSCAP) organisée à Athènes du
29 septembre au 1er octobre.
Le rapport a constaté que les
mangroves « sont en train d’être
détruites à un rythme trois à cinq
fois supérieur aux taux moyens de
perte des forêts ». Les émissions
résultant de telles pertes font
environ un cinquième des émis-
sions mondiales de carbone liées à
la déforestation, ajoute le rapport,
causant des pertes économiques
comprises entre six et 42 milliards
de dollars par an.
Outre l’activité humaine, les
changements climatiques con-
stituent une menace grave pour
ces écosystèmes complexes, avec
une prévision des pertes de forêts
de mangroves comprise entre 10
et 20 pour cent d’ici à 2100, selon
le PNUE.
La situation est particulièrement
grave en Asie du sud, qui d’ici
à 2050 pourrait perdre 35 pour
cent des mangroves qui existaient
en 2000. Dans la période allant
de 2000 à 2050, les pertes de
services de l’écosystème dues
à la destruction des mangroves
atteindront la moyenne de deux
milliards de dollars par an.
Grâce à leur système racinaire
complexe agissant comme une
sorte de mur naturel contre les
vagues de tempête, l’intrusion
d’eau salée, les inondations et
les typhons, les mangroves fonc-
tionnent comme une mesure de
protection pour les communautés
vulnérables, et aussi un dispositif
de protection contre les dégâts
excessifs causés par les catastro-
phes naturelles.
En ce moment l’année dernière,
par exemple, le cyclone Phailin
– l’une des plus fortes tempêtes
tropicales qui n’ont jamais touché
l’Inde – a endommagé 364 000
maisons, affecté huit millions de
personnes et en a tué 53.
En octobre 1999, le cyclone
Odisha, dévastateur, a touché
terre avec une vitesse du vent de
260 kilomètres par heure, et a
fait pas moins de 8 500 morts,
tout en détruisant deux millions
de maisons et laissant derrière
des dégâts de l’ordre de deux mil-
liards de dollars selon les chiffres
officiels.
Une étude de l’impact des man-
groves menée à la suite de cette
tempête, la plus forte jamais
enregistrée dans l’océan Indien, a
révélé que le village à avoir enreg-
istré la moindre perte par ménage
a été protégé par les mangroves.
Les scientifiques ont constaté que
les mangroves peuvent réduire la
hauteur et l’énergie des vagues de
13 à 66 pour cent, et les poussées
de 50 cm par kilomètre, pendant
qu’elles traversent les arbres et les
racines exposées.
Importance des mangroves
dans la régulation du
réchauffement climatique
S’exprimant à IPS en marge de
la réunion de la RSCAP récem-
ment terminée, Jacqueline Alder,
directrice de la branche des eaux
douces et des écosystèmes marins
à la Division de mise en œuvre de
la politique environnementale du
PNUE, a expliqué que la récente
analyse des coûts et bénéfices
dans l’Etat insulaire de Fidji, au
Pacifique du sud, a constaté un
taux de réussite financière beau-
coup plus élevé pour la plantation
de mangroves que la construction
d’une digue haute de six pieds.
Ayant travaillé dans des pays à
forte couverture de mangroves
- de l’Inde à la Papouasie-Nou-
velle-Guinée en passant par les
Philippines et l’Indonésie - Alder
croit que « beaucoup de décideurs
politiques ne sont pas conscients
des nombreux avantages des man-
groves. Ils comprennent mieux
la valeur commerciale du bois
provenant des forêts tradition-
nelles, et lui accordent donc plus
d’importance ».
Avec des coûts élevés et de
faibles taux de succès associés à
la régénération, la protection des
mangroves est loin des objectifs
d’Aichi, estiment les experts.
« Régénérer un hectare de man-
groves coûte jusqu’à 7 500 dollars
et constitue une entreprise risquée
», a déclaré à IPS, Jagannath Chat-
terjee du Centre régional pour la
coopération au développement
(RCDC), une organisation qui tra-
vaille actuellement en étroite col-
laboration avec les communautés
côtières pour régénérer les man-
groves à Odisha, l’un des Etats les
plus touchés par les cyclones en
Inde.
Il a imputé la destruction des
forêts de mangroves restantes à
la « mafia du bois », affirmant que
des cultures de rente sont plan-
tées sur des terres de mangroves.
Avec le réchauffement climatique
qui augmente à un rythme alar-
mant, l’importance des mangroves
dans la régulation du climat ne
peut être ignorée plus longtemps.
Si tout le stock de carbone détenu
par les mangroves devait être
libéré dans l’atmosphère sous
forme de CO2, les émissions
qui en résulteraient seraient
l’équivalent d’un voyage de 26
millions de km en voiture, 650
fois à travers le monde, selon les
calculs de l’UNEP.
12 | N0
53 MARDI 4 AOÛT 2015
ASIE
Comme la tempête cyclonique Hudhud a traversé l’Etat de l’Andhra Pradesh, qui abrite deux millions de
personnes, à une vitesse de plus de 190 kilomètres par heure le 12 octobre 2014, elle a détruit l’infrastructure
électrique et téléphonique, endommagé l’aéroport.
ÉCONOMIE
Des pays confrontés aux tempêtes,
sans mur de mangrovesPar Manipadma Jena | IPS
MARDI 4 AOÛT 2015 N0
53 | 13
À quoi sert un médecin légiste en Haïti ?
Par Eddy Laguerre, Av.
Peut-on arrêter un candidat ?
Par Eddy Laguerre
C
ontrairement à l’idée large-
ment répandue en Haïti
comme ailleurs, le médecin
légiste n’est pas là unique-
ment pour faire des autopsies. Même
si ce travail occupe une bonne
partie de son temps, il demeure que
cet expert, au service de la justice,
n’intervient pas uniquement en cas
de décès, il existe aussi la médecine
légale du vivant. Le légiste intervient
donc dans tous les cas de violences
physiques, de dommages corporels
ou spécifiquement d’agressions sex-
uelles.
Le travail du médecin légiste con-
siste donc à fournir aux magistrats
des informations qui demandent
des compétences médicales suite
à un décès, un accident, un viol,
une maladie, une opération, ou
toute autre circonstance ayant
occasionné des dommages corpo-
rels. Dans certains pays, en fonc-
tion des législations, la justice
peut recourir au médecin légiste
dans des cas apparemment plus
simples, comme la conduite en
état d’ivresse. La médecine légale
se trouve donc au carrefour de
la médecine et du droit. C’est la
santé et la justice qui se donnent
la main pour assurer l’efficience et
l’efficacité des expertises pénales.
Dans les cas de morts violentes,
le travail du médecin légiste com-
mence sur la scène de crime.
Celui-ci, accompagné d’autres
experts de la justice et de la police
scientifique, fait partie de cette
équipe chargée de faire l’un des
premiers pas de l’enquête judici-
aire en cette matière : la levée de
corps. « Le médecin légiste ne peut
pas faire de miracle, si la levée
de corps est mal faite, l’autopsie
ne peut pas servir à grand-chose
», aime à dire le docteur Armel
Demorcy qui est, avec le docteur
Marjorie Joseph, l’un des deux
médecins légistes du pays.
Il arrive pourtant trop souvent
en Haïti que les scènes de crime
soient souillées par des curieux
et parfois par des professionnels,
tels des policiers, qui devraient
être les premiers à en connaître la
fragilité et la subtilité. Les traces
d’ADN d’un criminel peuvent
facilement être souillées sur une
scène de crime dont les périmètres
de sécurité n’ont pas été établis et
protégés par la police. L’autopsie
du cadavre ne sera demandé par
le juge d’instruction que si celui-ci
trouve insuffisants les indices pré-
levés sur les lieux du crime par les
officiers de police judiciaire que
sont le juges de paix, l’officier du
parquet et la police scientifique.
Dans tous les cas où l’autorité
judiciaire requiert une autopsie, le
magistrat devra clairement dire au
légiste ce qu’il entend chercher à
travers ladite autopsie. Le légiste
peut, avec les moyens de l’art,
aider à la confirmation du décès,
à sa datation et à la détermina-
tion de ses circonstances. Depuis
1835, le législateur avait déjà
prévu que seul un médecin asser-
menté peut confirmer un décès.
Mais aujourd’hui en Haïti, c’est
souvent dans les morgues que
l’on décide de la vie de personnes
apportées pour mortes après de
simples indispositions ou d’autres
états semblables à la mort.
Le médecin légiste en Haïti devrait
donc être, à cet égard, un pro-
tecteur de la vie et de l’intégrité
physique et une auxiliaire indis-
pensable à la justice pénale. Mais
les efforts pour dynamiser ce
secteur en Haïti sont encore en
phase de gestation. À la relance
de l’IML, son directeur, le docteur
Armel Demorcy, a fait état de la
volonté de l’institution de former
bientôt de nouveaux médecins
légistes. Toutes les juridictions de
la République mériteraient d’avoir
des légistes à leur disposition.
Mais aujourd’hui, en ces temps
d’élections, pour toute morte vio-
lente même dans les coins les plus
reculés du pays, le cadavre doit
être transporté jusqu’à Port-au-
Prince si une autopsie est néces-
saire à l’enquête judiciaire. Et la
levée de corps se fera évidement
sans la présence d’un médecin
légiste.
Même si on ne le dit pas souvent,
la réforme du système pénal haï-
tien passe nécessairement par
une vulgarisation et une dynami-
sation de la médecine légale qui
s’accompagne nécessairement
d’une multiplication et d’une valo-
risation des médecins-légistes en
Haïti.
P
ar deux fois au cours de
l’actuel processus électoral,
cet article 237 du décret
électoral a été évoqué par des
candidats agréés se trouvant dans les
visières de la justice. Suite aux plaint-
es portées par un juge de paix qui
estime avoir été victime d’agressions
physiques de la part de l’ancien
député Sorel Yacinthe, les avocats
du député, aujourd’hui candidat au
Sénat, avaient évoqué cet article pour
empêcher toute poursuite contre leur
client. La seconde fois, c’était suite à
l’arrestation du candidat à la dépu-
tation de Kenscof, Alfredo Antoine
Junior, qui revenait d’une émission à
Radio Vision 2000. L’un des respon-
sables de son parti, le docteur Enold
Joseph, dans ses premières réactions
dans la presse, a évoqué, sans le citer,
les dispositions de cet article devenu
très cher aux candidats agréés.
On peut vite comprendre que ce
fameux article 237 du décret élec-
toral vise, dans son esprit, à éviter
que des candidats, qu’ils soient
ou non victimes de persécutions
politiques, ne se retrouvent der-
rière les barreaux à un moment
où ils devraient être en train
de mener campagne. En effet,
l’article prévoit que le candidat
agréé peut être placé en déten-
tion seulement si une condamna-
tion définitive, c’est-à-dire ayant
acquis l’autorité de la chose jugée,
est légalement prononcée à son
encontre. La condamnation défin-
itive doit s’entendre ici d’une déci-
sion judicaire prononcée par un
tribunal contre laquelle toutes les
voies de recours ont été épuisées
ou que les délais de recours ont
expiré.
À bien comprendre l’article 237,
il n’empêche point que des pour-
suites judiciaires soit engagées
contre un candidat. Celui-ci n’est
nullement placé au-dessus de la
loi juste parce qu’il est candidat.
Cependant il ne peut faire l’objet
d’une détention provisoire même
si un dossier judiciaire contre lui
peut continuer à suivre son cours
jusqu’au prononcé du jugement.
Ainsi, d’un point de vue stricte-
ment juridique, il ne s’agit nulle-
ment d’une immunité qui serait
reconnue aux candidats agréés.
Mais il demeure que ces derniers
jouissent d’un privilège remar-
quable.
Ainsi, l’article 237 du décret élec-
toral revêt un caractère suspensif
qui ne touche que les mesures
privatives de liberté mais qui
n’entrave nullement la procédure.
Et si la procédure aboutit à un
jugement ordonnant une peine de
prison, celui-ci pourra être légale-
ment exécuté une fois que toutes
les voies de recours auront été
épuisées.
Un candidat qui serait placé en
détention préventive après avoir
été agréé peut tout bonnement
exercer un recours en habeas
corpus contre le caractère illégal
de son arrestation. Cependant le
décret prévoit plusieurs cas où le
candidat ou ses partisans pour-
raient être condamnés à des peines
d’amende et d’emprisonnement
pour des infractions à la loi
électorale (article 189 à 219).
Le législateur haïtien, de 1835
à nos jours, a gardé ce reflexe
qui consiste à prévoir une peine
d’emprisonnement pour presque
chaque infraction, même si une
amende est déjà prévue. Les pre-
miers concepteurs de l’avant-pro-
jet du Code pénal veulent en finir
avec cette forme de justice trop
axée sur le châtiment en général
et la prison en particulier. La
liberté, dit-on, est la règle et la
prison l’exception. Et dans le cas
des candidats agrées, le législa-
teur a trouvé de bonnes raisons
de rendre difficile toute contrainte
par corps.
Au demeurant, à un moment où
le processus électoral est marqué
par des scènes de violence venant
de divers camps, les candidats
agréés doivent se souvenir que la
loi prévoit deux cas dans lesquels
ils pourraient se trouver derrière
les barreaux avant, pendant et
même après le jour du scrutin :
en cas de flagrant délit ou si une
condamnation définitive a été pro-
noncée.
Dans ce pays où les enquêtes judiciaires se poursuivent indéfiniment, le système pénal n’a que deux médecins
légistes à son service pour environ 10 millions d’Haïtiens et =dix-huit juridictions de première instance. Même
s’ils ne sont que deux pour tout le territoire national, ces médecins légistes ont été jusqu’ici sinon très peu,
du moins très mal utilisés. À un moment où l’on parle de relance de l’institut médico-légal (IML), le rôle et
l’importance de ses professionnels à cheval entre le secteur de la santé et celui de la justice mérite de venir sous
les projecteurs.
On sait que l’immunité parlementaire ne concerne que des élus. C’est un fait. Cependant le décret électoral du 2
mars 2015 actuellement en vigueur introduit une disposition que certains voient comme une « petite immunité
» qui serait reconnue aux candidats agréés. L’article 237 de ce décret, peu connu mais très significatif, peut
surprendre tout juriste : « Pendant toute la durée de la campagne électorale, aucun citoyen, dont la candidature à
une fonction élective a été agréée par le Conseil électoral provisoire, ne peut être l’objet de mesures privatives de
liberté qu’en vertu d’une condamnation définitive, sauf en cas de flagrant délit. »
JUSTICE
14 | N0
53 MARDI 4 AOÛT 2015
SOCIÉTÉ
D
’entrée de jeu, le secrétaire
d’État à l’Alphabétisation,
Mozart Clérisson, a exposé
les cinq points discutés
dans le forum et montré la nécessité
de la réalisation d’une campagne
d’alphabétisation devant impliquer
les différents acteurs de la vie
nationale en vue d’atteindre les
populations ciblées. Mozart Clérisson
a surtout mis l’accent sur les causes
de l’échec de la campagne nationale
d’alphabétisation, la relation
entre l’alphabétisation et la post-
alphabétisation, l’alphabétisation
et l’éducation citoyenne,
l’alphabétisation et les nouvelles
technologies de l’information, le
rôle et l’importance d’un partenariat
dans le cadre du programme
d’alphabétisation.
Suivant l’explication de l’officiel
du gouvernement, l’échec des
campagnes antérieures serait
dû à la non-implication de tous
les acteurs de la vie nationale. «
L’État ne pourra jamais réussir
seul dans une initiative qui exige
l’engagement de tous et qui doit
toucher tous les départements du
pays. L’État devrait concentrer
tous ses efforts pour résoudre le
problème d’analphabétisme qui
touche une population nombreuse
du pays », a-t-il fait savoir. C’est
pourquoi, a ajouté monsieur
Clérisson, il serait nécessaire
de discuter des moyens de
conscientiser tous les secteurs de
la société au rôle qu’ils doivent
jouer dans les campagnes
d’alphabétisation.
« L’analphabétisme représente
un blocage pour l’intégration
des populations exclues de la
scolarisation formelle. L’État
devrait aussi utiliser les écoliers,
les universitaires pour rendre
efficace l’alphabétisation en en
faisant un point du curriculum de
la formation scolaire. Cela devrait
permettre de réduire le taux
d’analphabétisme dans le pays »,
a expliqué le secrétaire d’État.
D’un autre côté, le secrétaire
d’État a voulu établir le lien
qu’il dit être nécessaire entre
l’alphabétisation et la post-
alphabétisation. Selon monsieur
Mozart Clérisson, l’alphabétisation
est une première étape devant
permettre aux jeunes et aux
adultes d’apprendre les rudiments
de la lecture et de l’écriture.
Tandis que la postalphabétisation
est une étape supérieure qui
devrait permettre aux apprenants
d’avoir le niveau d’apprentissage
scolaire fondamental. « Le
programme postalphabétisation
aurait la même importance que
le programme formel par la
création de structures adéquates
pour encourager les jeunes et les
adultes à un apprentissage qui
doit se faire dans le respect et la
dignité », a précisé le secrétaire
d’État.
Dans le document soumis aux
journalistes, il est mentionné
que la post-alphabétisation doit
être en relation avec les activités
économiques, sociales, culturelles
des bénéficiaires.
Monsieur Mozart Clérisson
a également précisé que le
programme d’alphabétisation
peut constituer un facteur
de l’éducation citoyenne des
populations. Par ce mécanisme,
dit-il, les gens peuvent intérioriser
les valeurs de la citoyenneté
par l’écriture et la lecture des
documents de formation civique
et citoyenne qui peuvent être mis
à leur disposition au moment
de leur apprentissage et qui les
informent sur les droits et les
devoirs de chacun dans la société.
Aussi, l’identification de toutes
les autres institutions travaillant
dans le domaine de l’éducation
civique, comme le ministère de
l’Éducation nationale et de la
Formation professionnelle et
les ministères de l’Intérieur, de
l’Environnement, de la Jeunesse,
des Sports et de l’Action civique,
est nécessaire pour réussir dans
cet aspect.
De plus, la secrétairerie
d’État à l’Alphabétisation doit
préparer plusieurs modules de
formation qui tiennent compte
des réalités sociale, culturelle
et environnementale des
bénéficiaires, et élaborer des
matériels de formation adaptés
aux besoins de ceux-ci.
Par ailleurs, le Secrétaire qui
apportait des détails sur les
points débattus au forum, a mis
en relation l’alphabétisation et
les nouvelles technologies de
l’information. Au fait, selon lui,
les résultats de l’alphabétisation
doivent contribuer à donner
aux alphabétisés les clés pour
l’utilisation des nouvelles
technologies de l’information.
Ainsi, il faut sensibiliser les
nouveaux alphabétisés à la
nécessité d’utiliser le matériel de
communication et d’information,
commeleslogicielsd’apprentissage
en créole, les portables, les radios,
les télévisions et les ordinateurs.
Le dernier point concernait
le rôle d’un partenariat entre
le secteur privé et le secteur
public dans le cadre de la
campagne d’alphabétisation
afin que l’État puisse trouver
les moyens de financement des
programmes d’alphabétisation et
de postalphabétisation. « Ainsi
est-il nécessaire de mettre sur
pied un comité composé des deux
secteurs qui devront travailler
ensemble pour la réussite de tous
les programmes d’alphabétisation.
À cet égard, l’État, les ministères,
la société civile et les ONG
doivent appuyer les programmes
d’alphabétisation à tous les
niveaux », a-t-il souhaité.
Pour avoir de bons résultats de
ce partenariat, la secrétairerie
d’État a le devoir de respecter les
délais et les conditions qui font
partie des accords signés entre les
différents partenaires.
Si autrefois des archives n’étaient
pas disponibles pour évaluer les
campagnes d’alphabétisation
menées antérieurement, a affirmé
monsieur Mozart Clérisson,
aujourd’hui des données chiffrées
sont disponibles pour faire le bilan
des récentes campagnes sous son
administration et des prévisions
pour celles qui sont programmées
pour le mois d’octobre 2015 et
qui seront réalisées à partir d’un
document pilote d’alphabétisation
élaboré par la secrétairerie et
dont le budget s’évalue à 613
millions de gourdes. Bientôt
les résultats de l’année 2013-
2014 seront disponibles sur le
site de la secrétairerie d’État à
l’Alphabétisation, a confirmé le
secrétaire d’État qui a expliqué
que les résultats des programmes
d’alphabétisation constituent un
moyen de rendre justice à ceux qui
ont été exclus du programme de
scolarisation formelle pendant leur
enfance et leur jeunesse. Monsieur
Mozart Clérisson, qui ne cachait
pas son optimisme, exhorte, aux
micros des journalistes, tous
les acteurs de la vie nationale
à voir dans les programmes
d’alphabétisation un facteur du
développement des ressources
humaines indispensables au
développement et au progrès de
la société.
S’il y a un effort qui a été fait
pour alphabétiser quelques
centaines de gens victimes de
la répartition inégale des biens
et des services du pays, comme
peuvent en témoigner les chiffres
approximatifs de 9 000 personnes
alphabétisées à chaque campagne
citées par le secrétaire d’État, cela
n’autorise pas à fermer les yeux sur
le nombre femmes et d’hommes
qui ne savent ni lire ni écrire en
Haïti. Par conséquent, quand on
entend parler d’alphabétiser les
populations non scolarisées du
pays, il faut encore se demander
à quel niveau se situe cet
engagement de l’État haïtien et
quelle est la valeur concrète des
résultats.
Alphabétiser les non-scolariséspar CHERISCLER Evens
Informer la population haïtienne des résultats du forum national sur l’alphabétisation et la postalphabétisation
tenu les 15 et 16 juin derniers, expliquer la nouvelle approche de l’alphabétisation envisagée et l’importance de
l’implication de tous les secteurs de la vie nationale dans ce processus ont constitué, entre autres, les objectifs de
la conférence de presse donnée par le secrétaire d’État à l’Alphabétisation, le lundi 3 août 2015. Ce programme,
selon le secrétaire d’État, Mozart Clérisson, peut constituer un facteur de l’éducation citoyenne des populations.
Le secrétaire d’État à l’Alphabétisation, Mozart Clérisson.
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  • 2. 2 | N0 53 MARDI 3 AOÛT 2015 TRIBUNE L es manifestations marquant le centenaire de l’occupation américaine de 1915 viennent de se terminer dans un concert de rappel de faits spectaculaires et il n’y a eu aucun débat sur les responsabilités haïtiennes dans cette catastrophe. À quoi est dû ce manque de hauteur dans nos attitudes ? Comment expliquer cette complète indifférence?Serait-cequelesvaleurs qui ont concouru à la désintégration d’Haïti en juillet 1915 prédominent encore ? Serait-ce que la relève des traîneurs de sabre d’hier est assurée par l’individualisme forcené des bandi legal d’aujourd’hui ? Serait-ce qu’en 2015 les egos surdimensionnés des 55 candidats à la présidence officiellement admis bloquent toute remise en question du statu quo ? Serait-ce que nous refusons de nous regarder dans le miroir pour constater notre laideur et l’absence d’éthique maintenant Haïti dans les ténèbres ? L’état d’esprit expliquant l’exclusion perpétuelle de l’autre sous tous les prétextes a investi les mœurs, à la fois des gens aisés et des démunis. Les comportements totalement absurdes de la classe politique haïtienne expliquent l’occupation de 1915. En effet, de juillet 1911 à juillet 1915, Haïti a connu sept présidents en quatre ans : Antoine Simon, Cincinnatus Leconte, Tancrède Auguste, Michel Oreste, Oreste Zamor, Davilmar Théodore et Vilbrun Guillaume Sam. Cette séquence de présidents ridicules (bann machwè) aboutissant à l’occupation américaine s’inscrit dans une politique de corruption systématique, trois d’entre eux ayant été condamnés pour vol et escroquerie lors du Procès de la Consolidation en 1904. Depuis, des incompétents vaniteux et égocentriques tiennent le haut du pavé. Notre société décline tous les possibles du cynisme et de l’indécence jusqu’à épuisement du sens. On fait tout et le contraire de tout. Tout voum se do. L’étatd’espritdenotreclassepolitique, toutes tendances confondues, nos rapports avec ceux qui ont une vision différente de la nôtre, nous poussent à rechercher le pouvoir pour nous seuls, même pour le temps d’une « percée louverturienne » ou sous la protection des chars d’assaut de l’aigle américain. Notre folie du pouvoir passe avant tout. Ces mauvaises mœurs se retrouvent à tous les niveaux et sont réincarnées. Anténor Firmin avait signalé ce mal dont nous souffrons dans son ouvrage L’effort dans le mal publié en 1911. Il écrivait : « Homme, je puis disparaître, sans voir poindre à l’horizon national l’aurore d’un jour meilleur. Cependant, même après ma mort, il faudra de deux choses l’une : ou Haïti passe sous une domination étrangère, ou elle adopte résolument les principes au nom desquels j’ai toujours lutté et combattu. Car, au XXe siècle, et dans l’hémisphère occidental, aucun peuple ne peut vivre indéfiniment sous la tyrannie, dans l’injustice, l’ignorance et la misère . » Terrifiant constat, sombre portrait d’un monde où abondent la médiocrité et l’égoïsme. La veulerie morale empêche une certaine élévation pourtant nécessaire à tout changement positif. Il est clair que l’absence d’indignation nationale devant le surenchérissement dans la vulgarité du président Tèt Kale sera la perception de notre époque un siècle plus tard. Nous vivons un temps d’absence d’idéaux et de valeurs transcendantales. La volonté de soumission des élites haïtiennes aux Américains est annoncée dès le 16 février 1911 par Antoine Rigal qui déclare : « Nous sommes fatigués de nous entretuer, d’incendier les villes, de payer des dommages aux résidents étrangers et de nous conduire de telle sorte que le monde nous traite de sauvages. » Puis, une semaine plus tard, le 21 février 1911, Alain Clérié continue avec cette même représentation en écrivant au président américain Taft lui demandant avec convenance sa bienveillance afin « qu’elle daigne me faire l’honneur de m’inspirer quant aux moyens de provoquer l’influence ou le contrôle effectif sur Haïti du gouvernement des Etats-Unis . » La visibilité du courant annexionniste se manifeste encore le 20 décembre 1911 avec les Syriens-Américains Gebara Fils et Co, A. Salami frères, Habib Alain frères, Jaar Gousse et CO. et J. J. Bigio qui réclament l’appui du gouvernement américain pour défendre leurs intérêts menacés. Le comportement monstrueux des collabos ne s’arrête pas là. Une fois que les Marines américains contrôlent le territoire, la laideur se passe des manières gracieuses. Par exemple, le conseiller d’État Alfred Auguste Nemours dira : « L’occupation est nécessaire et ne doit pas être levée. » Cette sauvage et archaïque naturalité dans l’abjection continuera avec le raffinement d’un Constantin Mayard qui déclare : « L’occupation s’étale dans toute sa beauté. » Il importe de s’arrêter aux collabos, détenteurs du secret de la décadence haïtienne. Ce sont leurs passions pour les postes de ministre, de directeur général et d’ambassadeur qui cassent toute dynamique de raison et de souveraineté pour Haïti. On les retrouve sous Dartiguenave et Borno, servant sans amour-propre les forces d’occupation. La responsabilité haïtienne est d’abord celle de l’élite qui a laissé le peuple pourrir dans une misère matérielle et morale sans précédent. En faisant de la fonction publique l’unique source de richesse, elle a accéléré une course pour le pouvoir avec une armée ayant plus d’une centaine de généraux en 1915. La haine du peuple se manifeste dans le peu d’importance accordée à l’éducation, l’inexistence des voies de pénétration et la précarité des soins de santé. Dans tous ces domaines, l’occupation amorcera des changements. Surtout sur le plan sanitaire. En effet, à un moment où les valeurs capitalistes de l’argent sont encore bridées par la religion, un milliardaire de la trempe d’un Rockefeller devait s’agenouiller régulièrement devant son pasteur qui lui recommandait de demander pardon aux pauvres. C’est ainsi qu’il a créé la Fondation Rockefeller qui a délégué un médecin en Haïti « pour y étudier et traiter gratis une des maladies les plus connues parmi les Noirs d’Haïti, les vers intestinaux ». Les paysans qui n’ont pas péri sous les travaux forcés ou dans le camp d’extermination de Chabert ont ainsi bénéficié de soins médicaux jusque- là dispensés en région urbaine. L’analyse des jeux de pouvoir au sein de la bourgeoisie fonctionariste haïtienne est importante pour comprendre l’énigme haïtienne. Nous avons vu que dès 1911, la corruption du sens s’est installée avec des représentants patentés de cette élite qui ont appelé à l’occupation. Pourtant, une fois les marines américains sur place, la collaboration de cette même élite est à géométrie variable. En effet, le premier bénéficiaire de l’occupation Sudre Dartiguenave qui devient président de la République, à la place de Rosalvo Bobo, n’est pas heureux devant le vide qu’il constate au moment de sa prise du pouvoir. Les occupants américains ont fait pression sur l’Assemblée nationale et les 116 votants ont donné 94 voix à Sudre Dartiguenave, 14 à Luxembourg Cauvin, 4 à Emmanuel Thézan, 3 à Rosalvo Bobo et un bulletin blanc. Devant la farce monumentale de sa victoire imposée par les forces d’occupation, Sudre Dartiguenave fond en larmes et Constantin Mayard, le maitre de cérémonies, (qui sera d’ailleurs son premier ministre de l’Intérieur), ne trouve pas de mots pour le consoler. En ce temps-là, même les collabos conservent encore un minimum de conscience. En accédant au pouvoir exécutif le 12 août 1915, l’ancien président du Parlement Sudre Dartiguenave constate que les baïonnettes des Marines américains n’ont pas rétabli le sens perdu. (À suivre) Anténor Firmin, L’Effort dans le mal, (Porto Rico, 1911), Port-au-Prince, Éditions Panorama, 1962 p. 39. Voir Archives Nationales de Washington, 838.00/528, cité par Roger Gaillard dans « L’Impérialisme sait aussi attendre », Le Nouveau Monde, Port-au-Prince, 30 novembre 1977 et 1er décembre 1977. Voir aussi Roger Gaillard, La République Exterminatrice – Antoine Simon ou la Modification (décembre 1908-février 1911), t. 6, Imprimerie Le Natal, Port- au-Prince, 1998, p. 178-180. Ibid,RogerGaillardin«L’Impérialisme sait aussi attendre », Le Nouveau Monde, Port-au-Prince, 30 novembre 1977 et 1er décembre 1977. Alain Turnier, La société des baïon- nettes, Un regard nouveau, Port-au- Prince, Le Natal, 1985, p. 177. Louis Bonnaud, L’apostolat en Haïti : journal d’un Missionnaire, Morbihan, Imprimerie des Apprentis-Orphelins de Saint-Michel, 1938, p. 135. Les responsabilités haïtiennes dans les occupations américaines (1 de 2)Par Leslie Péan, 5 août 2015
  • 3. MARDI 4 AOÛT 2015 N0 53 | 3 ACTUALITÉ Elections... Jour J-4 Noussommesàquatrejoursdesélections.Lescandidatsessaientdanslamesuredu possiblederameuterlesélecteursalorsquelapopulationdanssonensemble,pres- suréeparunquotidiendeplusenplusdifficile,piégéeparuneinflationquiérodeson pouvoird’achat,nemanifestepastropd’intérêtpourcemomentpourtantcapitalde notreviedepeuple. Carils’agitderenouvelernotrepersonnelpolitique.Derendreànouveaufonctionnel unparlementayantperduunepartiedesoncréditaprèslesturpitudespolitiquesde ces dernières années. De redorer l’image de certaines hautes fonctions de l’État que certainstraînentdélibérémentdanslecaniveau. L’enjeuestd’autantplusgrandquelaNationfaitfaceàdesproblèmesquimenacent sasurvie.Notreéconomieestsousperfusion.Iln’yapasdecréationd’emploisalors quechaqueannéedesmilliersdejeunesarriventsurlemarchédutravail.Lechômage endémique va alimenter mois après mois encore plus la délinquance. Le nombre de bouchesànourriraugmentealorsqueleproblèmeenvironnementals’aggraveetque notre production agricole nationale s’amenuise. Le ventre de la population est aux mainsdecommerçantsdontbeaucoupnes’embarrassentpasdescrupulespourécouler surlemarchédesproduitsmettantendangerlasantédescitoyens. Ilyadoncurgenced’unchoixsensé,raisonnable,danslebut,dansunpremiertemps, de pourvoir notre parlement d’une majorité de femmes et d’hommes capables de contribuer à remettre la barque nationale à flot. On ne peut pas courir le risque de fonctionnerencoreunefoisavecunparlementinefficient,desparlementairessoucieux seulementdelajouissancedeprivilègesquelaloineleurprévoitmêmepas. Lescasdeviolencesrépertoriéssurleterritoirenationalnousfontcomprendrecesgraves menacespourlapaixetlastabilitéquereprésententcescandidats,souventaupassé etauprésentdouteux,qui,unefoisélus,n’irontcommeonditdansnotresavoureux langagequechaufferlessiègesauParlementenattendantl’occasiondemarchander leurappuiàl’Exécutifouàdessecteursd’affaires,sansaucunsoucidel’intérêtnational. Beaucoup s’étonnent ou s’inquiètent de l’apparente apathie d’une population qui, dansletemps,seseraitenflamméepourmoinsquecelaalorsquelesoccasionsn’ont pasmanquécesdernierstempsauvudesscandalesàrépétitionetdel’inflationqui prenddel’ampleur.Celanedevraitpasêtreinterprétéparlesayantsdroitdecesystème moribondcommeunsignallesautorisantàcontinuerleursmanœuvresaudétriment delacommunauté. Lanationpeuts’assoupir.Ellepeutsommeilleruntemps.Ellepeutêtrefatiguéed’avoir étéconsomméeàtouteslessauces. Mais,zombie,elleneleserajamais. Elleseréveilleraaumomentoùl’ons’yattendlemoins. Gary VICTOR Édito Un nouveau coordonnateur à la tête de la CONALD par Évens REGIS HAÏTI/ADMINISTRATIONPUBLIQUE M artinoGuerrieraremplacé à la tête de la Conald, le colonel Pierre Stanislas Neptune qui n’a passé que quatre mois aux commandes de cette institution ayant pour mission principale d’établir les politiques du gouvernement en matière de lutte contre la drogue. La cérémonie officielle de passation de pouvoir a eu lieu au local de l’institution à Frères, Pétion-Ville. Déjà, l’actuel coordonnateur dit compter sur l’appui des partenaires nationaux et internationaux pour réaliser les multiples objectifs qu’il s’est fixés, afin d’aider l’institution à lutter efficacement contre tout trafic de stupéfiants en Haïti. En plus de la Conald, Martino Guerrier aura aussi la tâche de présider le Comité national de lutte contre le blanchiment des avoirs (CNLBA). À cet effet, indique-t-il, son institution cherchera à renforcer ses partenariats avec les différentes institutions internationales, à savoir INL, la SICA-OEA, l’ONUDC, la DEA, l’OICS, l’OPS-OPM, et la Minustah. Aussi s’efforcera-t- elle de dynamiser ses rapports avec les partenaires nationaux, comme le BLTS, la DCPJ, l’APN, l’AAN, l’Ucref, etc, afin que la machine préventive et la machine répressive de l’État fonctionnent en symbiose et marchent à plein régime. Martino Guerrier qui, dans ses propos, a déclaré que c’est avec une joie immense qu’il retourne travailler au sein de cette institution qu’il a dû laisser pour cause de maladie, a, par ailleurs, dévoilé les paliers fondamentaux de la lutte contre la drogue en Haïti. Il s’agit, entre autres, du renforcement institutionnel, de la réduction de l’offre et de la demande, des mesures de contrôle, et de la coopération internationale. Ces paliers qui, selon le coordonnateur, regroupent les 27 recommandations de la SICA-OEA, que tous les États membres de cette organisation à vocation régionale, sont appelés à respecter pour lutter efficacement contre la drogue au niveau continental. Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Pierre Richard Casimir, a de son côté fait un survol historique de l’institution. Dans ses propos, il a rappelé les conditions de création de la Conald et sa mission qui consiste à freiner les dérives liées au trafic de la drogue. « Le président Martelly et le Premier ministre Évans Paul accordent beaucoup d’importance à la lutte contre la drogue, je dois vous signaler qu’ils attendent de vous beaucoup de choses à la coordination de cette institution qui doit leur fournir des rapports trimestriels », a communiqué le ministre, d’un ton très sérieux, au nouveau coordonnateur. Pierre Stanislas Neptune, le coordonnateur sortant, a de son côté remercié le chef de l’État, Michel Joseph Martelly, de lui avoir permis de mettre son expérience au service de la Conald durant ces quatre mois. Il n’a pas raté l’occasion de présenter son bilan. Un bilan qui consiste en la saisie, avec l’appui des agents du BLTS, de 567 kg de marijuana, 110 kg de cocaïne, et 15,70 kg d’héroïne, pendant la période allant d’avril à juillet. À rappeler que la Conald est une institution placée sous la tutelle du Premier ministre et du ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP). Elle travaille en étroite collaboration à la fois avec le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), le ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST), ainsi que le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC). Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Pierre Richard Casimir, a procédé le lundi 3 août à l’installation du nouveau coordonnateur de la Commission nationale de lutte contre la drogue (Conald,) Martino Guerrier. Le nouveau coordonnateur promet de travailler avec dévouement, sans trêve et avec science et conscience, en vue de laisser une empreinte positive durant son passage à la coordination de l’institution. Le nouveau coordonnateur de la Conald, Martino Guerrier.
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 10, RUE GABART · PÉTION-VILLE EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. SA DIRECTEUR : JEAN GARDY LORCY RÉDACTEUR EN CHEF : GARY VICTOR RÉDACTEUR EN CHEF ADJ : HENRI ALPHONSE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : JACQUES DESROSIERS JDESROSIERS@LENATIONAL.HT CONSEILLER À LA RÉDACTION : PIERRE CLITANDRE SECTION ACTUALITÉ : LIONEL EDOUARD SECTION CULTURE : DANGELO NÉARD SECTION ECONOMIE : HENRI ALPHONSE SECTION SPORTS : GERALD BORDES SECTION SOCIÉTÉ : JOE ANTOINE JN-BAPTISTE RÉDACTEURS : NOCLÈS DEBRÉUS, CADET JEAN MICHEL, STÉPHANIE BALMIR, EDDY LAGUERRE, KENSON DÉSIR, REYNOLD ARIS, SCHULTZ LAURENT JUNIOR WALTER CAMEAU PHOTOGRAPHES : JEAN JACQUES AUGUSTIN, RUBEN CHÉRY CORRECTEURS : JEAN ERIC FOUCHÉ, FRANTZ CLERGÉ, JACKSON JOSEPH GRAPHISTE : JUNIOR ADME CARICATURISTE : FRANCISCO SILVA DISTRIBUTION : PIERRE PAUL EMMANUEL ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE ••••••••••••• IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A 4 | N0 53 MARDI 3 AOÛT 2015 ACTUALITÉ Une plainte contre Martelly pour « outrage public à la pudeur » Par Jean Michel Cadet HAÏTI/PRÉSIDENCE L a conscience citoyenne s’est quelque peu révoltée. Suite aux agressions verbales du président Michel Martelly lors d’un meeting politique, le mardi 28 juillet dernier, à l’encontre d’une femme à Miragoâne, des voix de la société se sont élevées contre. Certaines condamnent publiquement l’acte : les médias traditionnels, les réseaux sociaux pleuvent d’interventions. D’autres saisissent la Justice haïtienne. Opposant farouche au pouvoir « Tèt kale », Me André Michel, candidat à la présidence, n’a pas raté cette occasion pour intenter une action en justice contre M. Martelly au parquet de Miragoâne. Outrage public à la pudeur, tel est le chef d’accusation retenu contre le premier mandataire de la nation pour avoir tenu des propos grivois, désobligeants, à l’endroit d’une femme qui se trouvait dans une foule massée devant lui alors qu’il était en campagne pour son parti « Pati ayisyen tèt kale ». Bien qu’il soit redevable devant la Haute Cour de justice, cette plainte déposée contre Michel Martelly, selon André Michel, prendra réel- lement effet au lendemain du 7 février 2016. Michel Martelly ne sera alors qu’un simple citoyen, passible devant les tribunaux ordi- naires. Les femmes protestent Comme on pouvait s’y attendre, plus d’une dizaine d’organisations féminines se sont indignées contre les agissements du chef de l’État. Elles annoncent de ce fait, le mardi 4 août, une marche pour condamner ce qu’elles qualifient d’agressions verbales et de menaces sexuelles du président Martelly. Cette réaction fait suite à un document produit par ces organisations de femmes dans lequel elles crachent leur ras-le- bol. Les propos orduriers tenus par Michel Martelly, selon le document, visent la femme en soi et constituent une incitation à exercer les violences envers les femmes, particulièrement le viol. Cet acte, poursuit le document, témoigne que pour le président Martelly les femmes sont destinées à assouvir le plaisir des hommes. Ces organisations de femmes font remarquer qu’en agissant de la sorte, le chef de l’État montre que les nombreux discours qu’il a tenus en faveur de la participation politique des femmes et le respect de leurs droits ne sont qu’une imposture. D’aucuns se souviennent, à cet effet, que M. Martelly a eu beau vanter que son pouvoir a favorisé dans l’administration publique l’intégration de plus de 30 % du quota des femmes requis par la Constitution révisée. Estimant que le comportement de Michel Martelly est sexiste, ces militantes ont relaté dans ce document un ensemble de faits qui montrent les dérives du chef de l’État. Le document rappelle qu’au début de son mandat, le président Martelly, pour encourager le tourisme, proposait les femmes haïtiennes parmi les éléments qu’on pouvait offrir au touriste. Et lors d’une émission télévisée en France, le Président, d’après le document, avait laissé entendre que les femmes défavorisées se plaisaient à multiplier leur progéniture. Entre autres rappels, le document dit que c’est sous le pouvoir du président Martelly que le ministère à la Condition féminine s’est détérioré au point que, parfois, il est utilisé comme un instrument de propagande du pouvoir. Dans cette veine, ledit document a fait savoir aussi que le harcèlement sexuel envers les femmes tend à s’ériger en règle au sein de l’administration publique. En guise de conclusion, le document brandit les articles 116 et 117 du décret électoral faisant injonction aux candidats et à leurs partisans d’adopter une attitude correcte, modérée, dans le respect d’autrui sous peine de sanction. Aussi, ces organisations de femmes demandent au CEP d’agir en conséquence. Le président Michel Martelly dans une de ses exhibitions. / Photo : J.J. Augustin
  • 5. MARDI 4 AOÛT 2015 N0 53 | 5 ACTUALITÉ Le CEP s'achemine vers la dernière ligne droite Par Reynold Aris Jude et Moïse au deuxième tour ? HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES HAÏTI/PRÉSIDENTIELLE J our J-6, le Conseil électoral provisoire (CEP) s’engage à mettre son devoir au propre. « Contre vents et marées, l’échéance du 9 août sera respectée.» Le porte-parole de l’organe électoral, Frantz Bernadin a ainsi informé que les prochaines législatives seront organisées pour 1853 candidats dont 232 aspirants au Sénat (9 femmes et 223 hommes) pour les 20 sièges à pourvoir. De ce nombre, souligne-t-il, prèsde1621sontdesprétendantsàla députation, alors que seulement 119 sièges sont à pourvoir à la Chambre basse. Distribuant géographiquement ces 1853 concurrents, le porte-parole a indiqué que les départements de l’Ouest, du Nord, de l’Artibonite et du Sud viennent en tête de liste avec respectivement 452 ; 202 ; 197 et 175 postulants. Ensuite, s’ajoutent ceux du Centre, du Sud- est, du Nord-ouest avec chacun en ce qui le concerne 127 ; 118 et 96 prétendants. Il affirme n’avoir répertorié que 129 femmes parmi les concurrents aux législatives. Selon ce qu’a indiqué Monsieur Bernadin, les membres des bureaux de vote (BV) sont au nombre de 41 mille 139 et seront répartis sur tout le territoire national, à travers les 13 mille 713 bureaux de vote. Les départements qui occupent le peloton de tête sont l’Ouest avec 5 mille 497 MBV, l’Artibonite avec 1779 ; le Nord avec 1362 ; le Sud avec 1057. S’ensuivent le Centre avec 916, le Sud-est avec 767, le Nord-ouest avec 724. La Grand’Anse, le Nord-est et les Nippes se trouvent au bas de l’échelle avec respectivement 587 ; 559 et465 MBV. Soulignant que la formation pour les Membres des Bureaux de vote (MBV) pourrait débuter dès ce mardi 4 août afin de leur permettre d’avoir les procédés encore frais à l’esprit. Non-tenue des élections : Seuls les impondérables En dépit des doutes qui entourent l’organisation des élections, comme c’est le cas des partis politiques et des électeurs. Le porte-parole du CEP, lui, s’est montré plutôt confiant quant à leur tenue. Pour lui, seuls les impondérables peuvent empêcher le déroulement de ce scrutin. Car, soutient-il, ces éléments d’ordre naturel n’ont aucun rapport avec les dispositifs mis en place par l’organisme électoral dans la perspective de ces prochaines joutes. « Le CEP ne fera pas marche arrière. Il entre dans la dernière ligne droite de sa mission. Et il est tenu à respecter cette date », a-t-il martelé. C’est dans cette optique que l’institution électorale s’évertue à passer en revue les différents éléments relatifs à ces élections. Des Agents de sécurité électorale (ASE) quisontaunombrede5256incluant 14 superviseurs départementaux et 142 communaux ont reçu des séances de formation dès le lundi 3 août 2015. L’objectif consiste à contribuer au bon déroulement du processus électoral, précise M. Bernadin. En ce qui a trait aux dispositifs techniques, le porte-parole ne s’en inquiète pas. Il informe que tout marche comme sur des roulettes. Il cite en exemple la direction électorale qui fonctionne bien. Il en est de même pour le système informatique sans compter l’opération logistique. Il a toutefois convenu qu’il y a toujours un « pourcentage d’erreur » sur le plan technologique qui ne dépend pas de notre volonté. Quid de la localisation des BV ? À la question de la situation géographique des BV, Frantz Bernadin semble ne pas trop en faire cas. Il a fait des acrobaties pour indiquer aux journalistes l’adresse géographique de son bureau de vote, sans y parvenir. Alors que cette question demeure préoccupante pour près de 5 millions 838 mille 838 électeurs ne sachant pas exactement où ils pourront exercer leur droit de vote. Le porte-parole s’est contenté de dire que le CEP avait mis en place un programme servant à aider les électeurs à localiser leurs centres de vote. M. Bernadin a en ce sens indiqué que quatre numéros de téléphone des deux compagnies de téléphonie mobile du pays ont été mis à la disposition des électeurs. Quant à la question relative aux zones rouges en période électorale, le porte-parole a déclaré que le CEP n’est ni impuissant ni inconscient, ni inconstant, il sait exactement ce qu’il a à faire afin de résoudre tout problèmerelatifaubondéroulement de ce vote. M. Bernadin explique qu’il existe des plans stratégiques qu’il ne peut pas révéler au grand public en ce qui concerne la tenue de ces compétitions électorales. Ainsi, il relève des compétences des membres de l’organisme électoral d’en définir les directives. Le Conseil électoral provisoire (CEP) entre dans une semaine décisive à quelques jours de la date butoir du 9 août. Près de 1853 candidats dont 232 au Sénat et 1621 aspirants à la députation, participeront à ce scrutin selon les déclarations du porte-parole du CEP, Frantz Bernadin, lors d’une conférence de presse tenue dans les locaux du CEP, à Pétion-Ville, le lundi 3 août 2015. Le porte-parole du CEP, Frantz Bernadin. / Photo : J. J. Augustin » suite de la première page J ude Célestin et Moïse Jean Charles sont les deux candidats favoris à la présidence et qui pourraient s’affronter au deuxième tour. C’est le résultat d’un sondage du Brides (Bureau de recherche en informatique et en développement économique et social) pour la période allant du 27 au 31 juillet 2015 réalisé auprès des personnes en âge de voter. Le National publie la liste des 15 premiers suivant leur classement respectif. 1- Jude Célestin (Lapèh); 2- Moïse Jean-Charles (Pitit Dessalines); 3- Jean Henry Céant (Renmen Ayiti) ; 4- Jovenel Moïse (PHTK) ; 5- Maryse Narcisse (Fanmi Lavalas) ; 6- Steven Irvenson Benoît (Konviksyon) ; 7- Sauveur Pierre Etienne (OPL) ; 8- Charles Henri Backer (Respè) ; 9- Chavannes Jean Baptiste (Kontra pèp la) ; 10- Simon Dieuseul Desras (Palmis); 11- Jean-Chavannes Jeune (Canaan); 12- Jean Clarens Renois (Unir) ; 13- Michel André (Plateforme Justice) ; 14- Eric Jean baptiste (MAS) ; 15- Edmonde Supplice Beauzile (Fusion).
  • 6. 6 | N0 53 MARDI 4 AOÛT 2015 ACTUALITÉ Le gouvernement se veut rassurantPar Lionel Edouard HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES Ces séances de formation qui débutent le lundi 3 août 2015, concernent plus de 41 mille 139 membres de bureau de vote (MBV) qui se déploieront dans les 13 mille 713 bureaux déjà sélec- tionnés par l’organisme électoral à travers les dix départements géographiques du pays. Monsieur Jean Louis a, par ailleurs, affirmé que le financement pour les partis politiques est fin prêt. La plupart des entités politiques, informe-t-il, depuis la semaine dernière, ont commencé à retirer leurs chèques. Certains partis récalcitrants n’ont toutefois pas encore prélevé les leurs à la direction administrative du budget. Environ 166 chèques auraient été imprimés et disponibles à la Direction générale du budget, depuis le mercredi 29 juillet, selon les informations rapportées par le ministre Jean Louis qui est revenu sur les raisons qui ont poussé le gouvernement à se rétracter sur la première formule adoptée pour distribuer les fonds aux partis politiques. « Nous avons pris l’habitude d’écouter les partis politiques. À cause des grognes qui montaient de la classe politique, nous avons dû faire marche arrière et refaire nos calculs », a-t-il expliqué. Faisant la critique de la méthode adoptée pour attribuer ces fonds, Jean Fritz Jean Louis soutient que le premier à être en désaccord avec la manière de distribuer l’argent devant servir au financement de la campagne électorale, est le gouvernement. Comme argument, l’ancien directeur de la loterie nationale avance que c’est un gaspillage. « Si les partis politiques et les candidats étaient moins nombreux, l’argent aurait été plus utile et plus efficace », estime-t-il. Cependant, monsieur Jean Louis croit que le gouvernement s’est courbé aux prescrits démocratiques, car les partis sont montés selon les procédures tracées par la loi. « Nous aurions préféré dépenser cet argent pour cinq candidats », a-t-il ajouté. Cependant, l’une des principales critiques adressées au gouvernement par l’opposition est la multiplication de particules politiques devant servir à ramasser les fonds destinés à financer la campagne électorale. Pour Newton Louis Saint Juste et Sauveur Pierre Étienne qui sont intervenus dans les colonnes du National, la semaine écoulée, c’est une manœuvre visant à favoriser les candidats proches du Prési- dent, qui disposeraient, grâce à ce stratagème, de plus d’argent pour mener campagne. Ce qui serait de nature à fausser le scrutin, d’autant que les fonds débloqués viennent un peu tard. Sécurité... Du côté de la sécurité, les autorités électorales et policières mettent également les bouchées doubles. À cet effet 5 500 agents de sécu- rité électorale (ASE) sont en train de recevoir des formations en vue d’aider à sécuriser le vote de la population, sans compter les 9 000 agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) qui seront déployés le jour du vote. « Le plan de sécurité de la Police est opérationnel. Le financement pour le déploiement des agents de la PNH est aussi disponible », souligne Jean Fritz Jean Louis qui annonce que des séances de si- mulation seront organisées, cette semaine, pour tester le plan, après celle tenue la semaine écoulée. Pour pallier les problèmes de violence électorale, il a rappelé que des dispositions ont été prises, parmi lesquelles, l’affectation d’un policier à chaque candidat au Sénat de sexe féminin. De plus, le chargé des Questions électorales invite la population à ne pas voter pour les candidats qui prêchent la violence comme moyen pour accéder au pouvoir. En ce qui a trait à l’utilisation des biens de l’État dans la campagne électorale par le président de la République, Jean Fritz Jean Louis a joué sur la défensive, expliquant que dans une société démocratique, le Président a droit à un certain nombre d’agents de sécurité. « Il faut respecter les principes, on ne peut pas demander au Président de prendre une camionnette pour se déplacer. Je ne pense pas que le président Martelly fasse plus que ce que lui permettent ses prérogatives », soutient-il tout en rappelant les dérives des présidents passés lors des périodes électorales. » suite de la première page Jean Fritz Jean Louis, ministre chargé auprès du Premier ministre des Questions électorales. / J. J. Augustin
  • 7. MARDI 4 AOÛT 2015 N0 53 | 7 Possibilité de sursis sur les rapatriementsPar Stephen Ralph Henri À cinq jours du scrutin, l'insécurité donne des sueurs froides Sources : Alterpresse HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES D eux jours après l’expiration du délai pour analyser les derniers dossiers des migrants inscrits dans le Plan national de régularisation des étrangers (PNRE), la Fondation Zile informe que des instances internationalesseraientenpourparlers avec les autorités dominicaines, en vue de l’obtention d’un nouveau moratoire sur le rapatriement des immigrants haïtiens. Après l’expiration de la période de quarante-cinq jours, du 17 juin au 2 août 2015, prévue par les autori- tés dominicaines dans le cadre de l’application du Plan national de régularisation des étrangers (PNRE), la chancellerie haïtienne promet de continuer le combat pour le respect des droits humains, notamment des immigrants haïtiens. Les vagues de rapatriements des immigrants dits en situation irrégulière en République dominicaine devraient pourtant se renforcer à partir du lundi 3 août. Pour l’instant, aucun grand mouve- ment n’est rapporté. Contacté par Le National, Edwin Paraison, directeur exécutif de la Fondation Zile, qui observe la situa- tion des immigrants, explique que « des démarches à différents niveaux se réalisent pour essayer de convain- cre la partie dominicaine de reporter, pour le moins jusqu’ à la tenue des élections en Haïti, les déportations qui devraient s’initier dès ce 3 août ». Edwin Paraison n’a pas donné trop de détails quand aux principaux initia- teurs de cette démarche. Il n’a toute- fois pas écarté la possibilité que cela vienne des États-Unis. Plusieurs journées électorales doi- vent se tenir dans le pays, pour élire de nouveaux dirigeants, dont de nouveaux parlementaires, soit 119 députés et 20 sénateurs. Le premier jour doit se tenir le dimanche 9 août. Les élections pour élire les dirigeants des communes et des sections communales doivent être également organisées au cours de l’année, ainsi que celles visant à choisir le remplaçant de Michel Joseph Martelly à la tête de l’exécutif. Ce sont 250 000 personnes, y com- pris des Dominicains d’origine haï- tienne, qui sont concernées par ce processus de rapatriement. À la fin de l’application du PNRE dominicain le 17 juin écoulé, des mou- vements d’expulsions d’immigrants haïtiens vers Haïti ont été constatés. Pas moins de 43 000 personnes sont déjà refoulées en territoire haïtien, toujours d’après la Fondation Zile. Pendant le mouvement de retour des immigrants haïtiens vers le territoire national, l’Organisation des États américains (OEA) avait hâté une mis- sion d’observation sur l’île, du 10 au 14 juillet, pour recueillir des infor- mations sur la situation. Dans leur rapport, publié le 29 juillet, les mem- bres de la mission de l’organisation hémisphérique ont recommandé la reprise du dialogue entre les deux Républiques. L’organisation a promis de servir de médiatrice dans le cadre de ces éventuels pourparlers. De leur côté, les autorités dominicaines ont rejeté le rapport de l’OEA, tandis que les dirigeants haïtiens ont adopté la position contraire. Pour Edwin Paraison, en plus d’accepter le rapport, « les autori- tés haïtiennes devraient assumer et même promouvoir la réalisation d’une rencontre très large, un sommet sur les relations haïtiano-dominicaines ». En réaction au rapport, le Collectif du 4 Décembre, dirigé par Jean Robert Argant, a estimé que les rencontres bilatérales ne vont effectivement rien changer à la crise. Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) doute que les responsables dominicains vont effectivement observer un moratoire. Revenant sur les dernières attitudes des dirigeants dominicains, Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau, pense qu’« il y a lieu de s’inquiéter» au terme des 45 jours. « Les Dominicains ne veulent pas le dialogue, ils préfèrent se montrer agressifs et sur la défensive », rap- pelle Espérance, qui craint « une chasse des immigrants haïtiens en République dominicaine ». Face à cette éventuelle prochaine vague de rapatriements d’immigrants haïtiens et de dénationalisés dominicains, Pierre Espérance conçoit que « les autorités haïtiennes doivent cesser de gaspiller de l’argent et mettre en place les dispositifs pour accueillir les rapatriés, en étant capables de leur fournir les premiers soins, les nourrir normalement, les loger con- fortablement ». Le RNDDH appelle, de façon antici- patoire, les instances internationales des droits humains à se préparer pour venir observer la réalité et parvenir à adopter les dispositions qu’il faut. Joint par Le National, le ministre haïtien des Affaires étrangères, Lener Renaud, souligne que la chancellerie haïtienne restera mobilisée, pour mener sur le plan international le combat pour « contraindre la vel- léité de la République dominicaine de vouloir abuser des droits humains, notamment ceux des ressortissants haïtiens ». Dans la perspective de la reprise du dialogue entre les deux pays, le secrétaire général de la Communau- té caribéenne, Irwin Larocque, a estimé que le Vatican pourrait aider à faciliter les échanges. Il a fait ces déclarations au moment de recevoir les lettres de créances du premier et nouvel ambassadeur du Saint-Siège au sein de la communauté, monsei- gneur Nicola Girasoli. A moinsde5joursdesélections législatives, prévues pour le dimanche 9 août 2015, des craintes persistent quant à la réalisation du scrutin dans certains endroits du pays, notamment Cité Soleil, Delmas 2, et Carrefour, vu la tournure des campagnes électorales, observe AlterPresse. Bien que les autorités se disent prêtes pour ces joutes, visant à renouveler 2/3 du Sénat (20 candidats à élire) et la totalité (119 candidats à élire) de la chambre des députés, dans certains endroits du pays, des candidats ont été agressés et certains ont même échappé de justesse à la mort. Plus de 5,8 millions d’haïtiennes et d’Haïtiens sont attendus aux urnes le 9 août 2015. Au cours de cette première semaine d’août 2015, la majorité des matéri- els sensibles vont être distribués dans les dix départements du pays. Des dispositions ont été prises au niveau du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) pour garan- tir l’impartialité de la Police natio- nale d’Haïti (PNH) dans le cadre du déroulement des élections, a fait savoir le premier ministre Evans Paul, lors d’une longue conférence de presse le jeudi 30 juillet 2015. Le directeur général de la PNH, Godson Orélus, évoque une meilleure redis- tribution de l’effectif de la PNH au cours de la période électorale. Des patrouilles de la PNH vont sillonner chaque commune et chaque section communale, tente d’assurer Orélus. Cependant, la campagne électorale, qui s’achève le vendredi 7 août 2015, reste entachée de confrontations et de tentatives d’assassinats. Face à des actes de violences, enregis- trés à Carrefour et à Cité Soleil (Ouest), Peredo (dans la commune de Marigot, Sud-Est), la Police nationale d’Haïti paraît fébrile pour assurer la sécurité des votantes et votants dans certaines zones déclarées de non-droit. Un des partisans de Nadine Anilus, une can- didate à la députation du parti Fusion des sociaux-démocrates haïtiens pour la circonscription de Carrefour, a eu l’oreille coupée à l’arme blanche, la semaine dernière, dans la localité de Rivière Froide. Dans la soirée du mercredi 22 juil- let 2015, Schiller Anthony, Jack- son Pierre et Roudy Jacques, trois membres de la Plateforme Vérité, ont été tués par balles par des individus circulant à bord de motocyclettes, au moment où ils étaient en train d’apposer des affiches et pancartes électorales pour le candidat à la dépu- tation Jacques Beauvil. Germain Fils Alexandre, le candidat à la députa- tion de Petit-Goâve (à 68 km au sud de Port-au-Prince), sous la bannière « Vérité », a dénoncé l’agression, dont lui et son équipe ont été victimes. Il accuse Jacques Stevenson Thi- moléon, candidat à sa propre suc- cession sous la bannière du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) d’en être responsable. Le Parti Respè a, pour sa part, indi- qué que son candidat à la députation, Denis Pierre Lima, de la circonscrip- tion de Torbeck/Chantal (Sud), a été agressé, dans l’après-midi du mer- credi 29 juillet 2015, par l’ancien député Guy Gérard Georges, candidat sous la bannière de Fanmi Lavalas, et un groupe armé. La voiture de Denis Pierre Lima aurait été touchée par plusieurs projectiles. Le candidat a été blessé et une jeune femme tabas- sée lors de cette agression. Alfredo Junior Antoine, candidat à la dépu- tation, sous la bannière du parti « Konvansyon inite demokratik » (Kid), pour la commune de Kenscoff (à l’est de la capitale), a été arrêté le 30 juillet2015, puis libéré le même jour. Alfredo Antoine aurait été sous le coup d’un mandat d’amener, émis à son encontre, en avril 2015, par le juge d’instruction Etzer Aristilde, pour faux et usage de faux. Peu après son arrestation, il a été libéré sous promesse de rester à dis- position de la justice. De la troisième semaine du mois de juillet à ce début de la première semaine d’aout 2015, la Commission épiscopale (catholique romaine) Jus- tice et paix (Jilap) dit avoir recensé 15 morts par balles à Cité Soleil, où des tirs nourris se font entendre quo- tidiennement, sans aucune interven- tion de la police pour contrecarrer les bandits.
  • 8. 8 | N0 53 MARDI 4 AOÛT 2015 MONDE Porto Rico est en défaut de paiement Sources : Le Monde.fr avec AFP L ’archipel américain de Porto Rico, en profonde crise économique, a fait défaut sur une partie de sa dette de 73 milliards de dollars en n’honorant pas un remboursement attendu lundi 3 août, a indiqué l’agence de notation Moody’s. « Moody’s considère cet événement comme un défaut de paiement », a indiqué une vice-présidente de l’agence, Emily Raimes, dans un communiqué transmis à l’AFP. Parfois surnommé la « Grèce des Caraïbes », Porto Rico devait rem- bourser lundi quelque 58 millions de dollars de dette contractée par une agence gouvernementale mais n’en a remboursé qu’une infime partie (628 000 dollars). Pas de sauvetage financier de l’île « C’est, selon nous, la première étape d’un défaut général (du ter- ritoire) sur sa dette », a ajouté la responsable de Moody’s, assurant que Porto Rico n’avait pas les « moyens » d’honorer l’ensemble de ses échéances financières. Dans un communiqué distinct, Melba Acosta Febo, le président de la banque portoricaine de dével- oppement, bras financier de l’île, avait assuré que le non-paiement reflétait « les graves inquiétudes » sur la crise de liquidités qui frappe le territoire. Les finances portoricaines ont été durement frappées par la fin en 2006 d’un système d’exemption fiscale pour les entreprises qui a provoqué une récession économique et une flambée du chômage sur ce territoire au statut hybride, qui ne fait pas partie des 50 Etats américains. L’Etat fédéral a déjà exclu tout « sauvetage » financier de l’île qui s’expose désormais à des poursuites en justice de ses créanciers, pour la plupart des fonds de pension américains. Pas la possibilité de se déclarer en faillite Contrairement aux villes améric- aines comme Detroit, Porto Rico n’a ainsi pour l’heure pas la pos- sibilité légale de se déclarer en faillite pour restructurer sa dette à l’abri de ses créanciers. Une proposition de loi lui accordant cette possibilité a été déposée au Congrès américain mais elle est pour l’heure restée lettre morte. « En cas de statu quo, sans un régime légal qui a déjà fait ses preuves, la solution des prob- lèmes financiers de Porto Rico serait chaotique, longue et coû- teuse pour Porto Rico mais plus généralement pour les Etats-Unis », a mis en garde fin juillet le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew. L e président américain Barack Obama a lancé lundi son plan très attendu contre la « grande menace » que fait peser le changement climatique à la planète, insistant sur l’urgence d’agir immédi- atement et annonçant une restriction inédite sur les centrales électriques. Il s’agit de l’un des « défis clés » de notre époque, a estimé M. Obama depuis la Maison Blanche, d’où il a annoncé le Plan américain pour une énergie propre (« America’s Clean Power Plan »). Le plan ras- semble une série de règles et de réglementations qui imposeront pour la première fois aux centrales électriques de réduire de 32 % d’ici 2030 leurs émissions de carbone, par rapport aux niveaux de 2005. « Il n’y a pas de défi qui pose une plus grande menace pour notre avenir et pour les générations futures que le changement climatique », a-t-il assuré, soulignant l’urgence d’agir. «Laplupartdutemps,lesproblématiques auxquelles nous faisons face sont temporaires et nous pouvons nous attendre à ce que les choses s’améliorent si nous y travaillons dur ». « Mais voilà l’un des rares cas, de par son ampleur, de par sa portée, qui si nous ne le réglons pas, ne pourra pas être inversé. Et nous ne pourrons probablement pas nous adapter suffisamment », a-t-il martelé. Le président américain, qui avait fait dès 2008 de l’environnement une de ses priorités, a souligné la menace que représentait le changement climatique, et en particulier les centrales électriques, sources de pollution au carbone. Le débat est particulièrement vif et clivant aux Etats-Unis, où 37 % de l’électricité est encore produite par des centrales au charbon. Une source d’énergie problématique d’un point de vue environnemental. M. Obama a décrit les restrictions imposées aux centrales électrique comme « l’étape la plus importance que l’Amérique ait prise dans la lutte » contre le changement climatique. L’Union européenne a immédiatement salué le plan Obama et ses « efforts sincères » pour réduire les émissions de carbone. L’annonce de ce plan intervient à moins de six mois de la tenue à Paris de la conférence sur le climat (COP21). Elle réunira 195 pays qui devraient s’engager à limiter à 2 degrés Celsius la hausse de la température mondiale générée par les émissions de gaz à effet de serre. Les centrales électriques sont responsables de 40 % des émissions américaines de dioxyde de carbone, le gaz le plus répandu contribuant au changement climatique. Dans son projet initial présenté l’an dernier, l’administration Obama avait fixé à 30 % le plafond de réduction des émissions de carbone des centrales. Mais la limite ambitieuse de 32 % a provoqué la vive opposition des républicains, vent debout contre des mesures qu’ils jugent « dispro- portionnées » et « maladroites ». Barack Obama fait face sur ce sujet à la ferme opposition du Congrès contrôlé par les républicains, qui n’ont pas tardé à dénoncer les mesures. L’administration Obama « continue d’imposer des réglementations coûteuses et non nécessaires », a réagi le sénateur républicain Lamar Smith. Avec ce plan, « des centrales électriques à travers le pays vont fermer, les prix de l’électricité vont monter et des milliers d’Américains vont perdre leur travail », a-t-il promis. Le président du parti républicain, Reince Priebus, a fustigé des mesures qui pourraient avoir « des conséquences dévastatricessurl’économie»américaine. Les réductions des émissions de gaz à effet de serre sont en outre une question politiquement sensible car le charbon, l’une des sources d’énergie les plus polluantes, est un secteur industriel important aux Etats-Unis. Un lobby pro-charbon, l’American coalition for clean coal electricity, a plus tôt lundi indiqué qu’elle pourrait poursuivre l’administration Obama en justice, car elle mène « un plan illégal pour faire grimper les prix de l’électricité ». La candidate démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton a vu pour sa part dans ces mesures un « grand pas en avant », tout comme la directrice de l’agence américaine de protection de l’environnement, Gina McCarthy, qui a salué des objectifs « raisonnables » et « qui peuvent être atteints ». Le président américain est attendu au cours des prochains mois en Alaska pour mettre en évidence l’impact du réchauffement clima- tique. Il recevra également le pape François à la Maison Blanche, où les deux hommes devraient lancer un appel commun à l’action. Obama lance un plan contre la « grande menace » du changement climatique Sources : AFP Le président américain Barack Obama s’exprime à la Maison Blanche sur le plan américain pour une énergie propre, le 3 août 2015. / Photo : AFP Dans les rues de San Juan à Porto Rico, le 2 août. Ricardo Arduengo./ Photo: AP
  • 9. MARDI 4 AOÛT 2015 N0 53 | 9 MONDE D es manifestations ont eu lieu dimanche dans plusieurs villes du Mexique après la mort d’un photojournaliste et de quatre femmes, dont une mili- tante des droits de l’Homme, abattus par armes à feu, dans un appartement de Mexico. Environ 2000 personnes ont mani- festé dans la capitale aux cris de « Justice, Justice », brandissant des portraits de Ruben Espinosa et accusant les autorités d’être responsables de ces crimes. Des rassemblements ont également eu lieu dans d’autres villes du pays, dont Xalapa, la capitale de Vera- cruz où travaillait le photographe et où une centaine de personnes a de nouveau manifesté dimanche, comme la veille au soir. Ruben Espinosa, 31 ans, qui travail- lait notamment pour la prestigieuse revue Proceso et le journal AVC Noticias de Veracruz, était venu se réfugier à Mexico, il y a deux mois, après avoir reçu des menaces. Son corps a été découvert vendredi soir dans un appartement de la capitale, ont confirmé dimanche les autorités judiciaires, ainsi que celui de quatre autres femmes dont une militante des droits de l’Homme, Nadia Vera. L’identité des trois autres victimes n’a pas encore été communiquée. Chaque victime « présentait une blessure à la tête par arme à feu » et plusieurs présentaient sur le corps des contusions, « sans doute conséquence d’une lutte » avec les agresseurs, selon les autorités judi- ciaires. Selon une source policière, les corps avaient « les mains liées » et les victimes auraient pu être tor- turées. Samedi soir un porte-parole du parquet a précisé à l’AFP que les cadavres avaient été trouvés dans un appartement du quartier de Narvarte, dans le sud de la capitale, après un appel de voisins. Les autorités n’ont pour l’heure fourni aucune précision sur l’éventuel mobile de ces homicides, mais ces crimes ont suscité une vive émotion, notamment dans le milieu journalistique. A Guadalajara, Chilpancingo, Aca- pulco, Oaxaca et Cancún, des ras- semblements ont également été organisés, auxquels participaient des photographes de presse, appa- reil photo dans une main, portrait d’Espinosa dans l’autre. Dans la capitale, les manifestants, parmi lesquels de nombreux jour- nalistes, se sont aussi rassemblés devant le bâtiment abritant la représentation de Veracruz. Ils accusent le gouverneur de cet Etat, Javier Duarte, d’être responsable des violences qui ont causé la mort de 13 journalistes depuis 2010 dans cette région du Mexique. Selon l’ONG, Articulo 19, qui défend la liberté de la presse, aucune des femmes décédées n’était liée à des activités journalistiques. Nadia Vera militait pour les droits de l’Homme à Veracruz et organisait des événe- ments artistiques. La Commission des droits de l’homme de Mexico a demandé aux autorités de « ne pas écarter la piste liée à son travail journalistique » de Ruben Espinosa. Ce photographe était venu se réfu- gier dans la capitale après avoir été agressé à plusieurs reprises, notamment en 2013 lorsqu’il avait été frappé par la police lors d’une manifestation à Veracruz. Il n’avait pas hésité à s’en prendre encore récemment aux autorités de l’Etat de Veracruz, les accusant d’entraver la liberté d’expression et d’acheter certains journalistes pour faire taire les critiques. Au cours de la dernière décennie, plus de 80 journalistes ont été tués au Mexique et 17 sont portés dis- parus, selon Reporters sans fron- tières. Mexique: manifestations après la mort d'un photoreporter et de quatre femmes Sources : AFP Des photojournalistes mexicains brandissent la photo de leur confrère décédé Ruben Espinoza lors d’une manifestation à Mexico le 2 août 2015 40 000 résidents de la capitale du Paraguay évacués en raison d'inondations Sources : Le Monde.fr avec AFP E nviron 40 000 personnes ont dû être évacuées des zones basses de la capitale paraguayenne, Asuncion, en raison d’une importante crue du Rio Paraguay, la deuxième en un an, ont indiqué des sources officielles. Sept mille huits cents familles ont été déplacées, selon le secrétariat d’urgence nationale, rattaché à la présidence, et l’agence municipale d’Asuncion pour les urgences et les catastrophes. « Environ 15 % des sinistrés avaient déjà été sec- ourus l’an passé et sont revenus demander de l’aide à l’Etat afin d’être relogés sur les hauteurs de la capitale », a déclaré à la presse la directrice de l’agence munici- pale, Nidia Lopez. La situation reste critique L’agence nationale de météorologie a attribué cette inondation au phé- nomène El Nino et prévenu qu’en dépit d’une lente décrue cette semaine, les eaux de la rivière pourraient à nouveau monter. « La situation reste critique », a mis en garde Mme Lopez, ajoutant que le nombre de familles évacuées avait augmenté entre jeudi et vendredi. Les eaux, qui sont montées à 6,11 m, contre moins de 5,5 m d’habitude, ont notamment sub- mergé un quartier populaire où le pape François avait rassemblé quelque 10 000 habitants le 12 juillet dernier. Dans les rues inondées d’Asuncion, la capitale du Paraguay, le 30 juillet. Jorge Saenz / AP
  • 10. 10 | N0 53 MARDI 4 AOÛT 2015 ÉCONOMIE Une représentante de l'Artibonite à la tête de la CCIHPar Therno N. A. Sénélus COMMERCEETINDUSTRIE L ’entrepreneure Carline C. Joseph, de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Artibonite, a été élue prési- dente de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH) pour une durée de deux ans, à l’issue d’une assemblée générale tenue récem- ment, avec la participation de toutes les chambres de commerce départe- mentales du pays. Elle remplace à ce poste Alix Didier Fils-Aimé, actuel- lement candidat au Sénat pour le département de l’Ouest. Pour Carline C. Joseph, la CCIH est en train de donner un signal positif en élisant démocratique- ment – dans un pays caractérisé par une centralisation excessive – une femme issue d’une autre région. Elle est convaincue que l’institution poursuivra son objec- tif d’amélioration de l’image de marque des chambres départe- mentales. Mettant l’emphase sur la décen- tralisation et la représenta- tivité de tous les départements géographiques du pays, la nou- velle présidente déclare vou- loir se mettre au travail pour « resserrer les liens entre les entités représentées au sein du Réseau national des chambres de com- merce départementales et ren- forcer le dialogue en cours entre les secteurs public et privé ». L’État, pour prendre des mesures incitatives L’État à lui seul ne peut pas amé- liorer l’environnement des affaires en Haïti. Néanmoins, Carline Joseph croit qu’il prendra des mesures incitatives pour porter le secteur privé à investir réelle- ment pour conforter la produc- tion nationale et à promouvoir un cadre légal ans cette perspective. « Il n’y a pas de production sans électricité », soutient la femme d’affaires, faisant allusion aux lacunes enregistrées au niveau des infrastructures du pays et se préoccupant de l’augmentation régulière des coûts de produc- tion. Sinon, lance-t-elle comme avertissement, les produits locaux ne vont pas pouvoir devenir com- pétitifs par rapport aux produits importés. Le gouvernement haïtien, pense- t-elle, devrait œuvrer au renforce- ment de la capacité productive du secteur privé dans le cadre des efforts actuels de résolution des conflits entachant les rela- tions haïtiano-dominicaines. Il y a trente ans, rappelle-t-elle, les importations haïtiennes de produits de première nécessité ne représentaient que 35 % du volume des échanges. Actuelle- ment, Haïti importe plus de 75 % de sa consommation vitale. Ce qui contribue, entre autres facteurs, à exercer une pression poussée sur la gourde. Elle croit que l’État devrait « encourager le secteur privé, l’encadrer de façon à ce qu’il évolue librement et sans con- trainte ». Des mesures qui, d’après la présidente du CCIH, permettraient aux entreprises de créer des emplois durables dans le pays tout en contribuant à la con- solidation des secteurs agricole et industriel. Des initiatives en cours Plusieurs initiatives sont envisa- gées par la CCIH, à en croire les propos de Carline Joseph. « La CCIH se préoccupera de recher- cher des opportunités de finance- ment pour les petites et moyennes entreprises (PME), de les orienter vers la production pour l’export ». Il en sera de même pour sa par- ticipation aux initiatives liées à la formation professionnelle dans le cadre d’un partenariat soutenu avec l’Institut de formation profes- sionnelle (INFP). Ces démarches, dit-elle, seront entreprises pour ranimer certains projets de lois jetés aux oubliettes du Parlement. Sont aussi prévus dans son agenda, la mise en œuvre de pro- grammes de développement en déclinaison avec l’investissement direct étranger et le renforcement de la capacité de la production locale de biens et services. La dirigeante de la CCIH se dit consciente du besoin criant de renforcement de la capacité des chambres de commerce et d’industrie départementales. À cet effet, elle veillera particulière- ment à élaborer des stratégies visant à placer toutes les Cham- bres sur le même pied égalitaire : « Nous allons déterminer le secteur d’activité prioritaire dans chaque département. Nous allons recher- cher des fonds disponibles auprès de nos bailleurs en fonction du secteur prioritaire d’activité prév- alant dans chaque région du pays ». La CCIH, précise Carline Joseph, travaille présentement sur l’évaluation des besoins en for- mation professionnelle des cham- bres départementales et de leurs membres dans le but de lancer un projet d’envergure dans les dix départements géographiques du pays. Elle voudrait également restructurer le réseau entrepre- neurial et mettre en place une nouvelle chambre de commerce dans le département du Sud-Est. En plus des activités mention- nées, a-t-elle poursuivi, la CCIH a aussi engagé un consultant à l’export chargé de l’évaluation des capacités locales d’exportation et ses opportunités régionales. La CCIH est aussi partie prenante de différents comités de dialogue public-privé, incluant le Bureau haïtien de normalisation (BHN). Le Bureau haïtien de normalisa- tion du ministère du Commerce et de l’Industrie, dirigé par Mme Michèle Paultre, est chargé d’organiser et de gérer les activi- tés de normalisation, de métrolo- gie industrielle, de certification, de promotion de la qualité et d’appuyer techniquement toute action visant ces objectifs. Il a pour principales attributions « la production de normes et de référentiels normatifs, l’adoption de marques de conformité aux normes haïtiennes et de labels de qualité, la certification de con- formité aux normes et référen- tiels normatifs, la diffusion de l’information sur les normes, la formation sur les normes et les techniques de leur mise en œuvre, et la fourniture de services d’étalonnage ». « Réorienter le cadre légal en matière d’affaires en Haïti est une autre initiative qui nous tient à cœur », a tenu à déclarer la nou- velle présidente de CCIH. Pour revigorer l’environnement des affaires dans le pays, il faudra améliorer les lois existantes. La modernisation de ces lois porte actuellement sur des délais trop longs, a-t-elle déploré. Revoir et repenser le Code des investissements, travailler sur une nouvelle législation sur les socié- tés anonymes s’avère aussi néces- saire. Il en sera de même pour la règlementation des échanges élec- troniques en Haïti. Une grande lacune à combler date, conclut- elle, heureuse de pouvoir con- tribuer dans ses nouvelles fonc- tions « à la relance de l’économie du pays ». Les chambres départementales sont des structures décentralisées reconnues comme membres asso- ciées à la CCIH. Elles la représen- tent au niveau départemental et exercent dans chaque départe- ment géographique les missions, objectifs et compétences reconnus à la CCIH par la loi, les règlements et les statuts. La CCIH regroupe les entreprises et les individus se livrant à des activités commerciales, industri- elles ou de services en Haïti et représente leurs intérêts. Première femme, en plus de cent ans d’existence de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (CCIH), à diriger les destinées d’une institution généralement dominée par des hommes. La nouvelle présidente promet, dans un entretien accordé au National, de continuer à travailler au renforcement des capacités des chambres départementales tout en poursuivant le dialogue en cours entre les secteurs public et privé. la CCIH est en train de donner un signal positif en élisant démocratiquement – dans un pays caractérisé par une centralisation excessive – une femme issue d’une région. | © JJ Agustin
  • 11. MARDI 4 AOÛT 2015 N0 53 | 11 ÉCONOMIE S uite à la note du 6 juillet 2015 interdisant l’importation de farine de blé en Haïti, le ministère du Commerce et de l’Industrie a effectué un ensemble de vérification, par ses inspecteurs, dans des entrepôts de Port-au-Prince. Ces inspecteurs souvent empêchés, par des propriétaires, de pénétrer leurs entrepôts ne peuvent pas produire leur rapport de contrôle en vue de prendre les mesures appropriées. Dans une note, en date du 28 juil- let 2015, adressée aux proprié- taires des maisons de stockage et de vente de farine de blé et pour aviser la population en général sur ce cas précis, le ministère du Commerce et de l’Industrie, dans son souci de veiller à la stricte application des normes sanitaires relatives à l’importation et à la fabrication de farine de blé, rap- pelle à tous ceux qui s’adonnent à ces activités de se conformer aux exigences établies Pour finir, le Ministère avertit les propriétaires de farine de blé désobéissant au contrôle et aux règlements qu’ils répondront aux questions de la justice au cas où ils refuseraient aux inspecteurs du MCI de vérifier leurs stocks de produit. « Tout contrevenant à cette disposition sera passible de sanctions conformément à la loi en vigueur. » Cette note, portant la signature du titulaire du MCI, Jude Hervey Day, invite les importateurs et propriétaires refusant de colla- borer pour la vérification de ces produits dans leurs entrepôts, par les inspecteurs du ministère, à se courber aux principes. « Le Ministère se réserve le droit de procéder à des inspections inopinées dans tout entrepôt de farine de blé et rappelle aux con- cernés l’obligation qui leur est faite de donner libre accès aux inspecteurs, dûment assermentés, à tout espace ou sont exposés et/ ou entreposés des lots de farine de blé destinés à la commerciali- sation. » Le MCI, en tant qu’organe de l’État traçant les lignes directrices de la politique en matière commer- ciale, étudie toute mesure tendant à promouvoir le développement du commerce dans le pays pour garantir l’emploi. Mais aussi, le MCI doit s’assurer que les produits répondent aux normes exigées et prévues par les lois de la Répub- lique et les conventions interna- tionales pour mieux protéger les consommateurs. Premier avertissement du MCI aux importateurs et vendeurs de farine de blé en Haïti Sources : MCI ÉCONOMIE/SANTÉPUBLIQUE Comment le climat de l'investissement influe sur la croissance et la pauvreté Source : Banque mondiale* DOCUMENTRETROUVÉ L orsquelapopulationaugmente, lacroissanceéconomiqueestle seul moyen durabled’améliorer les niveaux de vie. Un bon climat de l’investissement permet de stimuler la croissance en encourag- eant l’investissement et en augmen- tant la productivité. L’investissement sous-tend la croissance en mettant de nouveaux moyens de production au service des entreprises. La part relative des investissements étrangers augmente dans les pays en développe- ment, mais la plus grande partie des investissements privés est le fait des entreprises locales. Stimuler la croissance Un bon climat de l’investissement encourage les entreprises à investir en réduisant les coûts injustifiés, les risques et les obstacles à la concur- rence. À la suite des réformes enga- gées pour améliorer le climat de l’investissement, l’investissement privé a presque doublé en pourcent- age du PIB en Chine et en Inde ; en Ouganda, il a plus que doublé. Les données microéconomiques con- firment ce constat. En Pologne, en Roumanie, en Russie, en Slovaquie et en Ukraine, la part des profits que les entreprises assurées de leurs droits de propriété réinvestissent est supérieure de 14 à 40 % à celle des entreprises dont les droits sont peu sûrs. Les pay- sans thaïlandais assurés de leurs droits sur la terre ont investi tellement plus dans leurs champs que leur production était supérieure de 14 à 25 % à celle de ceux qui travaillaient des terres de qualitéidentique, mais sans titre de propriété. La réduction des obstacles à la concurrence dans les télécommu- nications au cours des années 90 a entraîné un véritable bond en avant de l’investissement —notamment par les micro-entrepreneurs du Bangladesh et de l’Ouganda. Les données recueillies au niveau des entreprises montrent qu’une meilleure prévisibilité de la politique des pouvoirs publics peut accroître de plus de 30 % la probabilité que les entreprises effectuent de nou- veaux investissements. Mais ce n’est pas seulement le volume de l’investissement qui importe pour la croissance, ce sont les gains de produc- tivité qu’il permet d’obtenir. De fait, les étudesinternationales montrent que la productivité globale des facteurs entre pour le même pourcentage de croissance du PIB que l’accumulation du capital. Lorsque le climat de l’investissement est bon, il favorise les gains de productivité enfournis- sant des opportunités de marché et il incite les entreprises à développer leursactivités, à s’adapter et à adopter de meilleures solutions — pas seule- ment desinnovations du genre de celles qui méritent un brevet, mais aussi une meilleure façond’organiser le processus de production, d’assurer la distribution des marchandises et de répondre aux désirs des consom- mateurs. Quelles sont les conditions à réunir pour cela ? Il est essentiel de minimiser les obstacles à la diffu- sion de nouvelles idées, en particulier ceux qui entravent les importations de matériel moderne et empêchent d’ajuster le mode d’organisation du travail. De même, il est essentiel d’instaurer un environnement susceptible de promouvoir des processus compéti- tifs, que Joseph Schumpeter qualifie “de destruction créatrice”— un envi- ronnement où les entreprises ont la possibilité et le désir de tester leurs idées, de s’évertuer à obtenir du succès et de prospérer ou d’échouer. Lorsque le climat de l’investissement est bon, les firmes peuvent plus fac- ilement entrer sur le marché ou en sortir dans le cadre d’un processus qui favorise les gains de productivité et une croissance plus rapide. Les entrées nettes sur le marché expliquent parfois plus de 90 % des gains de productivité. Et les entreprises qui déclarent être confrontées à une forte pression de la concurrence ont au moins 50 % de chances de plus d’innover que celles qui s’estiment moins exposées à la concurrence. *Extrait d’un résumé du Rapport sur le développement dans le monde 2005 intitulé « Un meilleur climat de l’investissement pour tous », co-publié par la Banque mondiale et Oxford Uni- versity Press. Lorsque le climat de l’investissement est bon, il favorise les gains de productivité en fournissant des opportunités de marché | © buildingmarkets.org
  • 12. E lle a également ravagé des milliers de maisons au toit de chaume, ainsi que des champs de riz, des plantations de bananes et des cultures de canne à sucre dans tout l’Etat. C’est la saison des typhons ici en Asie. Au Japon, pas encore remis de l’impact du typhon Phanfone, le typhon Vongfong a amené une autre série de pluies torrentielles et de vents vicieux qui se sont poursuivis jusqu’au 13 octobre, rajoutant ainsi à la longue liste de dégâts que les pays de cette partie du monde calculent maintenant. En Inde, seule, le gouvernement a promis 163 millions de dollars en cas de catastrophe, mais les autorités disent même que cette coquette somme peut ne pas être suffisante pour remettre l’Etat sur ses pieds. Et pour les familles des 24 personnes décédées dans l’Andhra Pradesh et dans l’Etat d’Odissa, aucune somme d’argent ne peut compenser leur perte. La calamité en cours rappelle les souvenirs du typhon Haiyan, meurtrier, qui a fait 6 000 morts aux Philippines il y a presque exactement un an. Bien que ces tempêtes tropicales ne puissent pas être stoppées dans leur élan, il existe un système de défense naturelle contre leurs impacts plus sauvages: les mangroves. Et les experts craignent que leur valeur inestimable ne soit triste- ment sous-estimée partout dans le monde comme ayant un effet tragique. Pour ceux qui se sont réunis du 6 au 17 octobre à Pyeongchang, en Corée du Sud, pour la 12ème Conférence des Parties à la Con- vention sur la diversité biologique (COP 12), cette question a été un sujet de discussion, puisque les délégués ont évalué les progrès réalisés sur le Plan stratégique pour la biodiversité 2011- 2020, et ses 20 objectifs d’Aichi, approu- vés lors d’une réunion à Nagoya, au Japon, il y a trois ans. L’un des objectifs acceptés par la communauté internationale était d’améliorer et de restaurer la résil- ience des écosystèmes importants pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique. Sur ce front, selon les ‘Global Biodi- versity Outlook’ 4 (Perspectives 4 de la biodiversité mondiale – GBO-4) récemment publiées, des efforts ont fait défaut, avec « les tendances [...] qui vont dans la mauvaise direction », et l’état des écosystèmes marins qui « est loin de leur potentiel à satisfaire les besoins humains à travers une grande variété de services, notam- ment la fourniture de nourriture, des loisirs, la protection du lit- toral et le stockage du carbone ». Cela n’est nulle part plus visible que dans la préservation des forêts de mangroves, avec un seul hectare qui stocke jusqu’à 1 000 tonnes de carbone en moyenne, la quantité la plus élevée par unité de superficie de tout écosystème terrestre ou marin, selon le Pro- gramme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Leur capacité à stocker d’énormes stocks de CO2 fait des mangroves une composante essentielle des efforts nationaux et mondiaux de lutte contre les changements cli- matiques et de se protéger contre les catastrophes dues au climat. Toutefois, estiment les experts, ils ne bénéficient pas de l’attention et des soins qu’ils méritent. Un écosystème complexe Les mangroves, un terme généri- que pour désigner les arbres et arbustes de hauteurs variées qui se développent dans les habitats salins de sédiments côtiers, se retrouvent dans 123 pays et cou- vrent 152 000 kilomètres carrés dans le monde entier. Plus de 100 millions de personnes vivent dans un rayon de 10 km de grandes forêts de mangroves, bénéficiant d’une variété de biens et de services tels que la pêche et les produits forestiers, l’eau potable et la protection contre l’érosion et les phénomènes météorologiques extrêmes. Les mangroves fournissent des services d’écosystème d’une valeur de 33 000 à 57 000 dol- lars par hectare par an, selon une étude du PNUE intitulée ‘L’importance des mangroves: Un appel à l’action’ récemment lancée lors de la 16ème Réunion mon- diale des conventions des mers régionales et des plans d’actions (RSCAP) organisée à Athènes du 29 septembre au 1er octobre. Le rapport a constaté que les mangroves « sont en train d’être détruites à un rythme trois à cinq fois supérieur aux taux moyens de perte des forêts ». Les émissions résultant de telles pertes font environ un cinquième des émis- sions mondiales de carbone liées à la déforestation, ajoute le rapport, causant des pertes économiques comprises entre six et 42 milliards de dollars par an. Outre l’activité humaine, les changements climatiques con- stituent une menace grave pour ces écosystèmes complexes, avec une prévision des pertes de forêts de mangroves comprise entre 10 et 20 pour cent d’ici à 2100, selon le PNUE. La situation est particulièrement grave en Asie du sud, qui d’ici à 2050 pourrait perdre 35 pour cent des mangroves qui existaient en 2000. Dans la période allant de 2000 à 2050, les pertes de services de l’écosystème dues à la destruction des mangroves atteindront la moyenne de deux milliards de dollars par an. Grâce à leur système racinaire complexe agissant comme une sorte de mur naturel contre les vagues de tempête, l’intrusion d’eau salée, les inondations et les typhons, les mangroves fonc- tionnent comme une mesure de protection pour les communautés vulnérables, et aussi un dispositif de protection contre les dégâts excessifs causés par les catastro- phes naturelles. En ce moment l’année dernière, par exemple, le cyclone Phailin – l’une des plus fortes tempêtes tropicales qui n’ont jamais touché l’Inde – a endommagé 364 000 maisons, affecté huit millions de personnes et en a tué 53. En octobre 1999, le cyclone Odisha, dévastateur, a touché terre avec une vitesse du vent de 260 kilomètres par heure, et a fait pas moins de 8 500 morts, tout en détruisant deux millions de maisons et laissant derrière des dégâts de l’ordre de deux mil- liards de dollars selon les chiffres officiels. Une étude de l’impact des man- groves menée à la suite de cette tempête, la plus forte jamais enregistrée dans l’océan Indien, a révélé que le village à avoir enreg- istré la moindre perte par ménage a été protégé par les mangroves. Les scientifiques ont constaté que les mangroves peuvent réduire la hauteur et l’énergie des vagues de 13 à 66 pour cent, et les poussées de 50 cm par kilomètre, pendant qu’elles traversent les arbres et les racines exposées. Importance des mangroves dans la régulation du réchauffement climatique S’exprimant à IPS en marge de la réunion de la RSCAP récem- ment terminée, Jacqueline Alder, directrice de la branche des eaux douces et des écosystèmes marins à la Division de mise en œuvre de la politique environnementale du PNUE, a expliqué que la récente analyse des coûts et bénéfices dans l’Etat insulaire de Fidji, au Pacifique du sud, a constaté un taux de réussite financière beau- coup plus élevé pour la plantation de mangroves que la construction d’une digue haute de six pieds. Ayant travaillé dans des pays à forte couverture de mangroves - de l’Inde à la Papouasie-Nou- velle-Guinée en passant par les Philippines et l’Indonésie - Alder croit que « beaucoup de décideurs politiques ne sont pas conscients des nombreux avantages des man- groves. Ils comprennent mieux la valeur commerciale du bois provenant des forêts tradition- nelles, et lui accordent donc plus d’importance ». Avec des coûts élevés et de faibles taux de succès associés à la régénération, la protection des mangroves est loin des objectifs d’Aichi, estiment les experts. « Régénérer un hectare de man- groves coûte jusqu’à 7 500 dollars et constitue une entreprise risquée », a déclaré à IPS, Jagannath Chat- terjee du Centre régional pour la coopération au développement (RCDC), une organisation qui tra- vaille actuellement en étroite col- laboration avec les communautés côtières pour régénérer les man- groves à Odisha, l’un des Etats les plus touchés par les cyclones en Inde. Il a imputé la destruction des forêts de mangroves restantes à la « mafia du bois », affirmant que des cultures de rente sont plan- tées sur des terres de mangroves. Avec le réchauffement climatique qui augmente à un rythme alar- mant, l’importance des mangroves dans la régulation du climat ne peut être ignorée plus longtemps. Si tout le stock de carbone détenu par les mangroves devait être libéré dans l’atmosphère sous forme de CO2, les émissions qui en résulteraient seraient l’équivalent d’un voyage de 26 millions de km en voiture, 650 fois à travers le monde, selon les calculs de l’UNEP. 12 | N0 53 MARDI 4 AOÛT 2015 ASIE Comme la tempête cyclonique Hudhud a traversé l’Etat de l’Andhra Pradesh, qui abrite deux millions de personnes, à une vitesse de plus de 190 kilomètres par heure le 12 octobre 2014, elle a détruit l’infrastructure électrique et téléphonique, endommagé l’aéroport. ÉCONOMIE Des pays confrontés aux tempêtes, sans mur de mangrovesPar Manipadma Jena | IPS
  • 13. MARDI 4 AOÛT 2015 N0 53 | 13 À quoi sert un médecin légiste en Haïti ? Par Eddy Laguerre, Av. Peut-on arrêter un candidat ? Par Eddy Laguerre C ontrairement à l’idée large- ment répandue en Haïti comme ailleurs, le médecin légiste n’est pas là unique- ment pour faire des autopsies. Même si ce travail occupe une bonne partie de son temps, il demeure que cet expert, au service de la justice, n’intervient pas uniquement en cas de décès, il existe aussi la médecine légale du vivant. Le légiste intervient donc dans tous les cas de violences physiques, de dommages corporels ou spécifiquement d’agressions sex- uelles. Le travail du médecin légiste con- siste donc à fournir aux magistrats des informations qui demandent des compétences médicales suite à un décès, un accident, un viol, une maladie, une opération, ou toute autre circonstance ayant occasionné des dommages corpo- rels. Dans certains pays, en fonc- tion des législations, la justice peut recourir au médecin légiste dans des cas apparemment plus simples, comme la conduite en état d’ivresse. La médecine légale se trouve donc au carrefour de la médecine et du droit. C’est la santé et la justice qui se donnent la main pour assurer l’efficience et l’efficacité des expertises pénales. Dans les cas de morts violentes, le travail du médecin légiste com- mence sur la scène de crime. Celui-ci, accompagné d’autres experts de la justice et de la police scientifique, fait partie de cette équipe chargée de faire l’un des premiers pas de l’enquête judici- aire en cette matière : la levée de corps. « Le médecin légiste ne peut pas faire de miracle, si la levée de corps est mal faite, l’autopsie ne peut pas servir à grand-chose », aime à dire le docteur Armel Demorcy qui est, avec le docteur Marjorie Joseph, l’un des deux médecins légistes du pays. Il arrive pourtant trop souvent en Haïti que les scènes de crime soient souillées par des curieux et parfois par des professionnels, tels des policiers, qui devraient être les premiers à en connaître la fragilité et la subtilité. Les traces d’ADN d’un criminel peuvent facilement être souillées sur une scène de crime dont les périmètres de sécurité n’ont pas été établis et protégés par la police. L’autopsie du cadavre ne sera demandé par le juge d’instruction que si celui-ci trouve insuffisants les indices pré- levés sur les lieux du crime par les officiers de police judiciaire que sont le juges de paix, l’officier du parquet et la police scientifique. Dans tous les cas où l’autorité judiciaire requiert une autopsie, le magistrat devra clairement dire au légiste ce qu’il entend chercher à travers ladite autopsie. Le légiste peut, avec les moyens de l’art, aider à la confirmation du décès, à sa datation et à la détermina- tion de ses circonstances. Depuis 1835, le législateur avait déjà prévu que seul un médecin asser- menté peut confirmer un décès. Mais aujourd’hui en Haïti, c’est souvent dans les morgues que l’on décide de la vie de personnes apportées pour mortes après de simples indispositions ou d’autres états semblables à la mort. Le médecin légiste en Haïti devrait donc être, à cet égard, un pro- tecteur de la vie et de l’intégrité physique et une auxiliaire indis- pensable à la justice pénale. Mais les efforts pour dynamiser ce secteur en Haïti sont encore en phase de gestation. À la relance de l’IML, son directeur, le docteur Armel Demorcy, a fait état de la volonté de l’institution de former bientôt de nouveaux médecins légistes. Toutes les juridictions de la République mériteraient d’avoir des légistes à leur disposition. Mais aujourd’hui, en ces temps d’élections, pour toute morte vio- lente même dans les coins les plus reculés du pays, le cadavre doit être transporté jusqu’à Port-au- Prince si une autopsie est néces- saire à l’enquête judiciaire. Et la levée de corps se fera évidement sans la présence d’un médecin légiste. Même si on ne le dit pas souvent, la réforme du système pénal haï- tien passe nécessairement par une vulgarisation et une dynami- sation de la médecine légale qui s’accompagne nécessairement d’une multiplication et d’une valo- risation des médecins-légistes en Haïti. P ar deux fois au cours de l’actuel processus électoral, cet article 237 du décret électoral a été évoqué par des candidats agréés se trouvant dans les visières de la justice. Suite aux plaint- es portées par un juge de paix qui estime avoir été victime d’agressions physiques de la part de l’ancien député Sorel Yacinthe, les avocats du député, aujourd’hui candidat au Sénat, avaient évoqué cet article pour empêcher toute poursuite contre leur client. La seconde fois, c’était suite à l’arrestation du candidat à la dépu- tation de Kenscof, Alfredo Antoine Junior, qui revenait d’une émission à Radio Vision 2000. L’un des respon- sables de son parti, le docteur Enold Joseph, dans ses premières réactions dans la presse, a évoqué, sans le citer, les dispositions de cet article devenu très cher aux candidats agréés. On peut vite comprendre que ce fameux article 237 du décret élec- toral vise, dans son esprit, à éviter que des candidats, qu’ils soient ou non victimes de persécutions politiques, ne se retrouvent der- rière les barreaux à un moment où ils devraient être en train de mener campagne. En effet, l’article prévoit que le candidat agréé peut être placé en déten- tion seulement si une condamna- tion définitive, c’est-à-dire ayant acquis l’autorité de la chose jugée, est légalement prononcée à son encontre. La condamnation défin- itive doit s’entendre ici d’une déci- sion judicaire prononcée par un tribunal contre laquelle toutes les voies de recours ont été épuisées ou que les délais de recours ont expiré. À bien comprendre l’article 237, il n’empêche point que des pour- suites judiciaires soit engagées contre un candidat. Celui-ci n’est nullement placé au-dessus de la loi juste parce qu’il est candidat. Cependant il ne peut faire l’objet d’une détention provisoire même si un dossier judiciaire contre lui peut continuer à suivre son cours jusqu’au prononcé du jugement. Ainsi, d’un point de vue stricte- ment juridique, il ne s’agit nulle- ment d’une immunité qui serait reconnue aux candidats agréés. Mais il demeure que ces derniers jouissent d’un privilège remar- quable. Ainsi, l’article 237 du décret élec- toral revêt un caractère suspensif qui ne touche que les mesures privatives de liberté mais qui n’entrave nullement la procédure. Et si la procédure aboutit à un jugement ordonnant une peine de prison, celui-ci pourra être légale- ment exécuté une fois que toutes les voies de recours auront été épuisées. Un candidat qui serait placé en détention préventive après avoir été agréé peut tout bonnement exercer un recours en habeas corpus contre le caractère illégal de son arrestation. Cependant le décret prévoit plusieurs cas où le candidat ou ses partisans pour- raient être condamnés à des peines d’amende et d’emprisonnement pour des infractions à la loi électorale (article 189 à 219). Le législateur haïtien, de 1835 à nos jours, a gardé ce reflexe qui consiste à prévoir une peine d’emprisonnement pour presque chaque infraction, même si une amende est déjà prévue. Les pre- miers concepteurs de l’avant-pro- jet du Code pénal veulent en finir avec cette forme de justice trop axée sur le châtiment en général et la prison en particulier. La liberté, dit-on, est la règle et la prison l’exception. Et dans le cas des candidats agrées, le législa- teur a trouvé de bonnes raisons de rendre difficile toute contrainte par corps. Au demeurant, à un moment où le processus électoral est marqué par des scènes de violence venant de divers camps, les candidats agréés doivent se souvenir que la loi prévoit deux cas dans lesquels ils pourraient se trouver derrière les barreaux avant, pendant et même après le jour du scrutin : en cas de flagrant délit ou si une condamnation définitive a été pro- noncée. Dans ce pays où les enquêtes judiciaires se poursuivent indéfiniment, le système pénal n’a que deux médecins légistes à son service pour environ 10 millions d’Haïtiens et =dix-huit juridictions de première instance. Même s’ils ne sont que deux pour tout le territoire national, ces médecins légistes ont été jusqu’ici sinon très peu, du moins très mal utilisés. À un moment où l’on parle de relance de l’institut médico-légal (IML), le rôle et l’importance de ses professionnels à cheval entre le secteur de la santé et celui de la justice mérite de venir sous les projecteurs. On sait que l’immunité parlementaire ne concerne que des élus. C’est un fait. Cependant le décret électoral du 2 mars 2015 actuellement en vigueur introduit une disposition que certains voient comme une « petite immunité » qui serait reconnue aux candidats agréés. L’article 237 de ce décret, peu connu mais très significatif, peut surprendre tout juriste : « Pendant toute la durée de la campagne électorale, aucun citoyen, dont la candidature à une fonction élective a été agréée par le Conseil électoral provisoire, ne peut être l’objet de mesures privatives de liberté qu’en vertu d’une condamnation définitive, sauf en cas de flagrant délit. » JUSTICE
  • 14. 14 | N0 53 MARDI 4 AOÛT 2015 SOCIÉTÉ D ’entrée de jeu, le secrétaire d’État à l’Alphabétisation, Mozart Clérisson, a exposé les cinq points discutés dans le forum et montré la nécessité de la réalisation d’une campagne d’alphabétisation devant impliquer les différents acteurs de la vie nationale en vue d’atteindre les populations ciblées. Mozart Clérisson a surtout mis l’accent sur les causes de l’échec de la campagne nationale d’alphabétisation, la relation entre l’alphabétisation et la post- alphabétisation, l’alphabétisation et l’éducation citoyenne, l’alphabétisation et les nouvelles technologies de l’information, le rôle et l’importance d’un partenariat dans le cadre du programme d’alphabétisation. Suivant l’explication de l’officiel du gouvernement, l’échec des campagnes antérieures serait dû à la non-implication de tous les acteurs de la vie nationale. « L’État ne pourra jamais réussir seul dans une initiative qui exige l’engagement de tous et qui doit toucher tous les départements du pays. L’État devrait concentrer tous ses efforts pour résoudre le problème d’analphabétisme qui touche une population nombreuse du pays », a-t-il fait savoir. C’est pourquoi, a ajouté monsieur Clérisson, il serait nécessaire de discuter des moyens de conscientiser tous les secteurs de la société au rôle qu’ils doivent jouer dans les campagnes d’alphabétisation. « L’analphabétisme représente un blocage pour l’intégration des populations exclues de la scolarisation formelle. L’État devrait aussi utiliser les écoliers, les universitaires pour rendre efficace l’alphabétisation en en faisant un point du curriculum de la formation scolaire. Cela devrait permettre de réduire le taux d’analphabétisme dans le pays », a expliqué le secrétaire d’État. D’un autre côté, le secrétaire d’État a voulu établir le lien qu’il dit être nécessaire entre l’alphabétisation et la post- alphabétisation. Selon monsieur Mozart Clérisson, l’alphabétisation est une première étape devant permettre aux jeunes et aux adultes d’apprendre les rudiments de la lecture et de l’écriture. Tandis que la postalphabétisation est une étape supérieure qui devrait permettre aux apprenants d’avoir le niveau d’apprentissage scolaire fondamental. « Le programme postalphabétisation aurait la même importance que le programme formel par la création de structures adéquates pour encourager les jeunes et les adultes à un apprentissage qui doit se faire dans le respect et la dignité », a précisé le secrétaire d’État. Dans le document soumis aux journalistes, il est mentionné que la post-alphabétisation doit être en relation avec les activités économiques, sociales, culturelles des bénéficiaires. Monsieur Mozart Clérisson a également précisé que le programme d’alphabétisation peut constituer un facteur de l’éducation citoyenne des populations. Par ce mécanisme, dit-il, les gens peuvent intérioriser les valeurs de la citoyenneté par l’écriture et la lecture des documents de formation civique et citoyenne qui peuvent être mis à leur disposition au moment de leur apprentissage et qui les informent sur les droits et les devoirs de chacun dans la société. Aussi, l’identification de toutes les autres institutions travaillant dans le domaine de l’éducation civique, comme le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle et les ministères de l’Intérieur, de l’Environnement, de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique, est nécessaire pour réussir dans cet aspect. De plus, la secrétairerie d’État à l’Alphabétisation doit préparer plusieurs modules de formation qui tiennent compte des réalités sociale, culturelle et environnementale des bénéficiaires, et élaborer des matériels de formation adaptés aux besoins de ceux-ci. Par ailleurs, le Secrétaire qui apportait des détails sur les points débattus au forum, a mis en relation l’alphabétisation et les nouvelles technologies de l’information. Au fait, selon lui, les résultats de l’alphabétisation doivent contribuer à donner aux alphabétisés les clés pour l’utilisation des nouvelles technologies de l’information. Ainsi, il faut sensibiliser les nouveaux alphabétisés à la nécessité d’utiliser le matériel de communication et d’information, commeleslogicielsd’apprentissage en créole, les portables, les radios, les télévisions et les ordinateurs. Le dernier point concernait le rôle d’un partenariat entre le secteur privé et le secteur public dans le cadre de la campagne d’alphabétisation afin que l’État puisse trouver les moyens de financement des programmes d’alphabétisation et de postalphabétisation. « Ainsi est-il nécessaire de mettre sur pied un comité composé des deux secteurs qui devront travailler ensemble pour la réussite de tous les programmes d’alphabétisation. À cet égard, l’État, les ministères, la société civile et les ONG doivent appuyer les programmes d’alphabétisation à tous les niveaux », a-t-il souhaité. Pour avoir de bons résultats de ce partenariat, la secrétairerie d’État a le devoir de respecter les délais et les conditions qui font partie des accords signés entre les différents partenaires. Si autrefois des archives n’étaient pas disponibles pour évaluer les campagnes d’alphabétisation menées antérieurement, a affirmé monsieur Mozart Clérisson, aujourd’hui des données chiffrées sont disponibles pour faire le bilan des récentes campagnes sous son administration et des prévisions pour celles qui sont programmées pour le mois d’octobre 2015 et qui seront réalisées à partir d’un document pilote d’alphabétisation élaboré par la secrétairerie et dont le budget s’évalue à 613 millions de gourdes. Bientôt les résultats de l’année 2013- 2014 seront disponibles sur le site de la secrétairerie d’État à l’Alphabétisation, a confirmé le secrétaire d’État qui a expliqué que les résultats des programmes d’alphabétisation constituent un moyen de rendre justice à ceux qui ont été exclus du programme de scolarisation formelle pendant leur enfance et leur jeunesse. Monsieur Mozart Clérisson, qui ne cachait pas son optimisme, exhorte, aux micros des journalistes, tous les acteurs de la vie nationale à voir dans les programmes d’alphabétisation un facteur du développement des ressources humaines indispensables au développement et au progrès de la société. S’il y a un effort qui a été fait pour alphabétiser quelques centaines de gens victimes de la répartition inégale des biens et des services du pays, comme peuvent en témoigner les chiffres approximatifs de 9 000 personnes alphabétisées à chaque campagne citées par le secrétaire d’État, cela n’autorise pas à fermer les yeux sur le nombre femmes et d’hommes qui ne savent ni lire ni écrire en Haïti. Par conséquent, quand on entend parler d’alphabétiser les populations non scolarisées du pays, il faut encore se demander à quel niveau se situe cet engagement de l’État haïtien et quelle est la valeur concrète des résultats. Alphabétiser les non-scolariséspar CHERISCLER Evens Informer la population haïtienne des résultats du forum national sur l’alphabétisation et la postalphabétisation tenu les 15 et 16 juin derniers, expliquer la nouvelle approche de l’alphabétisation envisagée et l’importance de l’implication de tous les secteurs de la vie nationale dans ce processus ont constitué, entre autres, les objectifs de la conférence de presse donnée par le secrétaire d’État à l’Alphabétisation, le lundi 3 août 2015. Ce programme, selon le secrétaire d’État, Mozart Clérisson, peut constituer un facteur de l’éducation citoyenne des populations. Le secrétaire d’État à l’Alphabétisation, Mozart Clérisson.