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CULTURE
SPORT
L
a République dominicaine
fout à la porte des centaines
d’Haïtiens. Perdu dans les
clameurs de notre Port-au-
Prince chérie, on n’entend pas bien ce
qui se passe, on se fait même la petite
blague à ce sujet de temps en temps ;
certains, indignés à l’extrême, tiennent
les voisins dominicains en rancœur et
exigent de l’État haïtien une réponse
diplomatique musclée. Bon, entre
l’État haïtien et une diplomatie forte,
il y a plus qu’un gouffre, il n’y a aucune
possibilité de rapports. L’État haïtien
est faible, démesurément faible. Et les
Dominicains ont regardé sous sa jupe.
Aussi, en cette période, le dollar
nous joue ses pires tours. Il faut
dans les banques commerciales de
la place pas moins de 52 gourdes
pour acheter un dollar.
» suite page 17
En ce bon vendredi 26 juin 2015, Lil Wayne et Chris Brown seront en Haïti pour se
donner en spectacle. On dit qu’ils sont très excités à l’idée de venir ici. On leur a
peut-être raconté qu’ici le soleil est beau et pimpant et que les habitants sont fort
sympathiques et aiment bien ce qu’ils font comme artistes. On n’arrive pas à savoir
combien les deux méga stars vont coûter au pays. Mais les rumeurs disent des choses,
les rumeurs parlent de millions de dollars. Quand on sait que les deux méga stars sont
parmi les artistes les mieux payés de la planète, on sait avec certitude qu’ils ne sont
pas là pour empocher après concert 1 000 dollars Us chacun. Big O Production joue
gros en ce temps de chacals.
Movado entre concert
et tourisme !
Par Walcam
Haïti gagne mais perd
la première place !
par Gérald Bordes
La franc-maçonnerie :
passage obligé vers le pouvoir ?
HAÏTI / SOCIÉTÉ
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 NUMÉRO 26
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
HAÏTI / SPECTACLE
ACTUALITÉ
Le concert de l'impertinencePar Dangelo Néard
Le feu de la Saint Jean. / Photo : J. J. Augustin
Un livre blanc sur la
sécurité et la défense
nationale
par Jean Michel Cadet
2 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
TRIBUNE
Décharge : « ce n'est pas tout
de boire, il faut sortir d'ici »Par Louis M. Desrouleaux*
O
rdonnance du Juge des
référés. Certains candidats
confrontés au problème de
décharge et se trouvant face
à un parlement inopérant, édenté,
ayant perdu sa capacité de leur
donner satisfaction, se sont tournés
vers le troisième pouvoir : le pouvoir
judiciaire, en saisissant la juridic-
tion des référés (au civil). De façon
lapidaire je dirai que cette juridiction
spéciale, s’occupe du provisoire et
n’entend que les affaires urgentes. Vu
la situation dans laquelle ils se trou-
vent, les demandeurs ont bien choisi
le juge devant lequel se présenter car
en matière de décharge nous sommes
en plein droit administratif et chez
nous le référé administratif n’existe
pas. La juridiction étant choisie, il
faut maintenant savoir qui actionner.
Cependant, avant d’entrer dans
le vif du sujet, j’estime néces-
saire, impératif même, d’attirer
l’attention du lecteur sur le fait
que nous sommes en matière
civile comme souligné plus haut.
Par conséquent le principe qui
domine l’instance civile, quelle
qu’elle soit, est le principe du
contradictoire. Ce dernier, selon
la doctrine, « …veut que chaque
partie soit en mesure de discuter
les prétentions, les arguments et
les preuves de son adversaire. »
(Procédure Civile – Précis Dalloz).
C’est l’expression du respect, par
toute partie, du droit à la défense.
Le non-respect de ce principe
fait que la partie, qui n’a pu con-
naitre les moyens de fait sur
lesquels l’autre partie fonde ses
prétentions ainsi que les éléments
de preuve qu’elle produit et les
moyens de droit qu’elle évoque
afin d’organiser sa défense, est
réputée n’avoir pas été jugée. Le
jugement à sortir dans ces cir-
constances ne lui est pas oppos-
able. D’ailleurs le juge lui-même
ne peut retenir dans sa décision
les moyens, les explications et les
documents invoqués ou produits
par une partie que si l’autre partie
a été à même d’en discuter con-
tradictoirement. La question est
d’importance et c’est pourquoi
je me permets d’appuyer sur la
chanterelle.
Cela étant dit, dans le cadre de cette
affaire de décharge dont il est ques-
tion dans cet article, j’affirme que
pour que l’ordonnance des référés
leur soit opposable il faut que :
1. À défaut du Parlement dont la
dysfonctionnalité a été constatée
dans le décret électoral, le Sénat
soit assigné car le Parlement est
l’institution chargée par la Consti-
tution de donner décharge à cer-
tains Hauts fonctionnaires ;
2. Le Conseil Électoral provisoire
(CEP) soit assigné car c’est lui qui
va appliquer l’article 90, alinéa h)
du décret électoral ;
3. L’État aussi doit être assigné car
suivant l’article 136 de la Constitu-
tion « Le …Chef de l’État …assure
le fonctionnement régulier des pou-
voirs publics ainsi que la continuité
de l’État. » Dans l’État actuel des
choses le Chef de l’État peut donner
décharge cependant, au lendemain
du démantèlement du Parlement il
avait promis que le seul décret qu’il
prendrait serait le décret électoral
pour permettre tenue d’élections
dans le pays. À ce moment là, tout
le monde avait applaudi.
La théorie de la formalité
impossible.
Depuis le début du processus
électoral, les politiciens utilisent
en guise de remède de cheval, la
théorie de la formalité impossible
mais oublient d’en lire la posologie.
Commençons par définir cette clé
passe-partout du moment : c’est
une théorie juridique qui permet
de se dispenser d’un formalisme
quand l’obstruction est orchestrée,
contre toute attente, par les parties
prenantes à un acte administratif.
Pour les commodités de la compré-
hension je soulignerai que la
théorie de la formalité impossible
est au droit administratif ce que le
cas de force majeure est au droit
civil. Il faut donc que l’impossibilité
d’obtenir la décharge soit matérielle,
absolue.
Sommes-nous dans cette situa-
tion ? Le Parlement étant devenu
inopérant avant la promulgation
du décret électoral, on se trouve
confronté, en ce qui a trait à la
décharge, à une impossibilité ex
post facto (après coup). Ce genre
d’impossibilité est libératoire en
ce qui concerne le débiteur (le
candidat). Il n’est plus tenu à la
prestation, par hypothèse, dev-
enue irréalisable. Cependant, dans
le cadre de l’analogie que j’ai faite
au paragraphe précédent et dans
l’état de notre législation, on peut
assimiler le pouvoir du Parlement
d’octroyer décharge à une chose de
genre c’est-à-dire, un objet dont la
disparition n’est pas dramatique
parce qu’il est aisé de le remplacer
par un autre identique. En effet, sur
le fondement de l’article 136 de la
Constitution, le Chef de l’État peut
remplacer la décharge parlemen-
taire par une décharge présiden-
tielle. L’impossibilité d’obtenir la
décharge n’est donc pas absolue.
Toutefois je dois faire remarquer
que ce cas de figure ne prévalait
qu’au niveau du BCED, lorsque
seul le Sénat était inopérant. Étant
donné que quelques jours avant la
comparution par devant le BCEN,
le Chef de l’État a informé la nation
qu’il ne donnerait décharge à aucun
candidat, la situation a changé de
façon systématique. La porte a été
ainsi ouverte pour que tout can-
didat évoque valablement, pour
sa défense, au niveau du BCEN, la
théorie de la formalité impossible.
C’est l’application de la règle Res
Perit Debitori (la perte est pour
le débiteur - de l’obligation éteinte
par cas fortuit) le débiteur ici c’est
l’État.
De toute façon je dois dire que je
suis très satisfait de constater la
grande importance donnée par le
pouvoir en place, au juridique dans
les affaires électorales. De nom-
breuses erreurs ont été commises
par les acteurs mais cela fait partie
de l’apprentissage. Boileau n’a-t-il
pas dit : « Vingt fois sur le métier
remettez votre ouvrage … ».
La nouvelle procédure de création
des compositions du BCED et du
BCEN est une grande première qui
devrait être de bon augure. Bonne
chance à tous les candidats.
* Avocat du Barreau de
Port-au-Prince
En regardant avec des yeux de spectateur tout ce tohu bohu qui se fait autour de cette question de « décharge
» je ne pus m’empêcher de penser à cette célèbre fable de Jean de la Fontaine : Le Renard et le Bouc. En effet, ce
sont d’anciens comptables de deniers publics qui, « allant de compagnie » avec une vision erronée des choses
se sont lancés corps et âme dans la course à la présidence. La quête du pouvoir les obligea de descendre dans
ce puits qu’est l’enregistrement de la candidature. Une fois cette étape franchie et leur qualité de candidat
fraichement acquise et abondamment exhibée, l’un dit à l’autre : « Que ferons-nous compère, ce n’est pas tout
de s’inscrire, il faut faire partie de la liste définitive. » Pour atteindre cet objectif, les candidats concernés utilisent
comme levier ou béquille, suivant le cas, l’ordonnance du juge des référés et la théorie de la formalité impossible.
Regardons de plus près ces adjuvants pour en dégager l’efficience et l’efficacité.
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0
26 | 3
ACTUALITÉ
Du bénévolat qui coûte
cher aux bénévoles
Par Noclès Débréus
«
Des sept commissions prési-
dentielles constituées en 2009
sous la présidence de René
Préval, aucune d’entre elles
n’avait à gérer ni fonds ni matériels »,
a informé d’entrée de jeu le professeur
Nobert Stimphil, ancien membre du
Groupe de travail sur l’éducation et la
formation (GTEF), présidé par Jacky
Lumarque.
S’il est vrai que l’article 5 de l’arrêté
présidentiel du 18 février 2009
portant création de cette commis-
sion fait obligation à l’État haïtien,
via le secrétariat général du Palais
national, de mettre à dispositions
des commissions des moyens maté-
riels et logistiques nécessaires à
l’accomplissement de leur mandat
, le GTEF, précise Nobert stimphil,
n’avait jamais reçu « une piastre » de
l’État haïtien. Pour mener à bien leur
travail, les membres se sont démenés
auprès des instances non publiques
pour obtenir de l’aide.
C’est ainsi que Aide et Action, une
organisation non gouvernementale,
avait mis à la disposition de cette
commission un local, des matériels de
bureau et mobiliers. D’un autre côté,
la fondation Unibank avait fourni
des moyens logistiques pour les dif-
férents déplacements et également
un local pour la tenue de certaines
réunions de la commission. En ce qui
concerne les appointements alloués
aux différents experts nationaux et
étrangers consultés par le GTEF dans
le cadre de son travail, tout a été
pris en charge par la Banque intera-
méricaine de développement (Bid)
qui avait mené toute l’opération, a
précisé Monsieur Stimphil, ajoutant
que la commission avait seulement
élaboré les termes de référence et les
avait fournis à la Bid.
Par ailleurs, Nobert Stimphil dit con-
stater que depuis quelques années, il
y a une tendance qui se développe en
Haïti, laquelle vise à intimider des
citoyens voulant s’engager au service
du pays en y consacrant leurs savoirs,
leur avoir ainsi que leur temps pour
le mettre sur les rails du développe-
ment. « Nous, autres, intellectuels et
citoyens, nous disons que c’est inac-
ceptable, nous n’accepterons jamais
de pareille chose. Il est inacceptable
de tenter d’intimider des citoyens
qui ont servi le pays bénévolement
dans le cadre de ces commissions
et qui faisaient un travail de citoyen
», a martelé l’ancien collaborateur
de Jacky Lumarque au GTEF, faisant
ainsi référence à la décision du CEP
d’écarter la candidature de Monsieur
Lumarque alors que ce dernier, selon
ses anciens camarades-membres des
commissions présidentielles, n’avait
été ni comptable, ni ordonnateur des
deniers publics.
De leur côté le politologue Cary
Hector, l’historien Claude Moïse ou
encore le juriste Serge Henri Vieux
abondent dans le même sens en
précisant que tous les membres des
commissions faisaient un travail de
bénévolat et qu’aucun membre n’a
été payé dans le cadre de son service.
Serge H. Vieux, ancien membre du
Groupe de travail sur la Constitu-
tion (GTC) dit avoir rempli un devoir
civique en acceptant de faire partie
de ladite commission et en y apport-
ant son expertise en tant que Juriste.
Le politologue Hector, membre du
GTEF et GTC croit avoir fait un bon
travail pour le pays. La commission
sur la Constitution avait soumis au
gouvernement d’alors un rapport qui
devait bien servir pour les amende-
ments constitutionnels et la commis-
sion sur l’Éducation avait formulé
pas moins de 33 recommandations
à travers un document intitulé : «
Pour un pacte national de l’éducation
», qui est un plan stratégique pour le
développement du système éducatif.
L’ancien président du GTC, Claude
Moïse, pour sa part, n’entend pas
courber l’échine dans sa lutte basée
sur trois piliers (solidarité, respon-
sabilité et engagement »), pour aider
le pays à aller de l’avant. « Quoi qu’on
dise, on continue à s’engager », a
déclaré le professeur, précisant qu’il
n’avait jamais eu à gérer de l’argent
dans le cadre de ces commissions.
C’est une première sortie de ces
anciens membres de commissions
présidentielles dans la presse. Nobert
Stimphil promet que d’autres mem-
bres auront à se prononcer à ce sujet
en vue de faire jaillir toute la lumière
sur cette affaire.
Le calvaire
de l'identité ?
Seprocurerundocumentd’identitéenHaïtiestparfoislameràboire.
Lescitoyenss’usentsouventlessoulierspourobtenirunpasseport,unecarte
d’identificationnationale.
Larédactiondujournalapuconstaterletempsquecelaprendpourobtenir
cettefameusecarte.Commesinousétionsaubonvieuxtempsdesmachines
àécrirealorsquenoussommesauxtempsdunumérique.
Unedenosconnaissances,simplementpourremplacerunecarteperdue,doit
revenirdansunmoisetdemi.
Et d’autres personnes venues pour récupérer une carte et qui avaient été
renvoyéesaussiàunmoisetdemidoiventrevenir…dansunmoisetdemi.
Bref:lecalvairepartoutalorsqu’onneconnaîtmêmepaslenombredeper-
sonnesvivantsurnotreterritoirequinedisposentpasdepapiers.
Onn’auraitpaseutouscesHaïtiensenRépubliquedominicainenedisposant
pasdepapierssil’Étathaïtiensesouciaitdesescitoyens.
Ilyauntermeabominableencréole:«Mountoutbon.»
Pourl’Étathaïtien,ilexistedes«mountoutbonetdesmounkipamoun».
Bref,unapartheidquineditpassonnom.Presquepirequelecolonqui,lui,
administraitsoncheptelhumain,luiaccordaitunecertainevaleur.
C’estpourcelaquel’Étatdominicainn’apersonneenfacedelui.Entrecousins,
onseserrelescoudes!
UnÉtatquiconsidèrechaqueHaïtiencommeunêtrehumain,voicipourquoi
nousdevonsnousbattre.
Sinon,nouscesseronsvraimentd’existerentantquepeuple!
Édito
HAÏTI/COMMISSIONSPRÉSIDENTIELLES
Quatre intellectuels haïtiens, tous anciens membres
de commissions présidentielles, sont sortis de leur
silence, ce jeudi 25 juin 2015, pour faire le point sur
le fonctionnement, missions et réalisations des sept
commissions créées au courant de l’année 2009 par
l’ancien président René Préval. Claude Moïse, Nobert
Stimphil, Cary Hector et Serge Henri Vieux ont jugé bon
d’éclairer la lanterne de la population dans les débats
de l’opinion publique, suite à la dernière décision du
Conseil électoral provisoire (CEP) de rayer le nom de
Jacky Lumarque de la liste des candidats agréés à la
course présidentielle pour défaut de « décharge » en
tant que coordonnateur du Groupe de travail sur l’
éducation et la formation (GTEF).
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IMPRIMÉ EN HAÏTI SUR LES PRESSES
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4 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
ACTUALITÉ
L
’établissement d’une force de
Défense nationale constitue
l’essentiel des recommanda-
tions contenues dans ce livre
blanc. Se vantant les mérites d’une
telle initiative, M. Martelly, a, au cours
de son allocution de circonstance,
pris l’engagement de tout mettre en
branle en vue de l’application des
recommandations de ladite commis-
sion.
Alors en campagne lors des élec-
tions présidentielles de 2010, M.
Martelly avait fait de cette thé-
matique son cheval de bataille.
Devenu président, il a fait montre
d’une grande fougue pour mettre
sur pied cette force mais sans
succès. Un projet qui n’a visible-
ment pas eu l’approbation de
l’international qui affirmait sans
ambages que la priorité de l’heure
était la professionnalisation de la
PNH.
Révisant sa stratégie, le chef
de l’État s’est alors tourné vers
l’organisation des États améri-
cains (OEA) via sa junte intera-
méricaine de Défense qui a
approuvé ce projet. Spécialisée
dans les questions de sécurité et
de Défense, cette instance a été
l’un des acteurs majeurs dans la
concrétisation du livre blanc.
Elle a gratifié la commission
présidentielle de son appui tech-
nique et méthodologique en vue
de l’élaboration du document. M.
Martelly aurait-il la bénédiction
du «blanc» pour instaurer une
nouvelle force armée en Haïti ?
Le livre blanc d’Haïti innove
La particularité de ce livre blanc,
le 19e de l’hémisphère, réside
dans sa dimension globalisante.
Ce livre se diffère ainsi des autres
en ce qu’il ne se cantonne pas
aux questions de défense mais
s’intéresse à la sécurité de manière
globale. Le ministre de la Défense,
M. Lener Renauld justifie, à cet
effet, l’approche globale en raison
du phénomène de la mondialisa-
tion. Haïti, argumente-t-il, est
exposée aux mêmes menaces que
tous les pays du globe. Il s’agit des
désastres naturels, des séismes,
du terrorisme international, la
drogue, la criminalité cyberné-
tique, etc.
Au cours de son intervention, le
directeur général de la Junte, le
vice-amiral Bento Costa Lima de
Albuquerque Junior, estime, de
son coté, que le livre blanc d’Haïti
s’inscrit dans une dynamique de
réforme enclenchée par de nom-
breux pays sur le plan sécuritaire.
Il énumère à ce propos des prob-
lèmes majeurs communs comme
la corruption, le manque de cadre
juridique, les contraintes bud-
gétaires et l’existence de forces
paramilitaires (la guérilla) qui
justifient une nouvelle politique
à long terme en matière de sécu-
rité et de défense.Toutefois, le
représentant permanent d’Haïti
près l’OEA, l’ambassadeur Bocchit
Edmond, a tenu à préciser que les
questions sécuritaires relèvent de
la responsabilité première d’un
État. Soulignons, sur ce point,
que l’élaboration du livre blanc
d’Haïti est le fruit d’une longue
réflexion de différentes entités de
la vie nationale.
Une thématique prisée lors
des élections
Dotée le pays ou pas d’une nou-
velle force de défense est un sujet
auquel les futurs candidats aux
prochaines élections ne pourront
échapper. Les aspirants président
de la République notamment.
Dans cet ordre, le candidat à la
présidence du parti « Renmen
Ayiti », Jean Henry Céant, croit
nécessaire la mise sur pied d’une
force de défense en Haïti.
Il estime que la PNH, en dépit
de ses prouesses, n’a ni la voca-
tion ni les capacités de faire face
à des problèmes majeurs comme
le drame que connait le pays
avec l’expulsion d’immigrants en
République dominicaine.
Questionné sur les contraintes
budgétaires liées à une telle entre-
prise, le chef de parti minimise le
problème. Selon lui, moins de 400
millions de dollars perdus sur la
frontière à cause de la gangrène
que représente la contrebande
pour l’économie, suffiraient à
créer une nouvelle force armée.
Le conseiller spécial du prési-
dent Martelly, l’ex-sénateur Youri
Latortue exprime, en revanche,
des réserves sur la concrétisation
de ce projet. Il faudrait un état-
major pour prendre les rênes de
cette initiative.
Si non, celle-ci, risque de rester
lettre morte comme les travaux
des commissions précédentes
ayant recommandé l’établissement
d’une nouvelle force armée.
Composée de neuf membres, cette
commission créée par un arrêté
présidentiel, a accouché du livre
blanc sur la sécurité et la défense
nationale pour le développement
économique et social durable après
seize mois de travail.
HAÏTI/FORCESARMÉES
Un livre blanc sur la sécurité
et la défense nationalepar Jean Michel Cadet
La quête de la mise sur pied d’une nouvelle force publique de défense nationale se
poursuit. Nombreuses sont les commissions présidentielles qui se sont, mais hélas,
attelées à cette tâche. Une autre tentative sur la question orchestrée par une énième
commission s’est révélée plus significative. Elle a consisté en l’élaboration d’un livre
blanc sur la Sécurité et la Défense nationale pour le développement économique et
social durable d’Haïti remis officiellement au commanditaire, le président Michel J.
Martelly, le jeudi 25 juin à l’hôtel Royal Oasis.
Le président Martelly recevant le livre blanc de la défense sous les regards du
Premier ministre Évans Paul et du vice-amiral Bento Costa Lima de Albuquerque
Junior . / Photo : J. J. Augustin
«
Le gouvernement gère très bien
la question de déportation des
immigrants haïtiens à travers
les dispositions prises sur le ter-
rain », a lancé le chef de l’État. Criti-
quant certains de ses opposant qui,
dit-il, utilisent ce dossier à des fins
politiques, M. Martelly a aussi expli-
qué que les autorités haïtiennes sont
présentes sur le terrain pour recevoir
dignement nos compatriotes.
Sans ces actions, Michel Martelly
précise que ce serait déjà une
catastrophe. Plus de 14 000
personnes, informe-t-il, ont déjà
été déportées. Toutefois, souligne le
Président, le plus grand problème
réside dans le fait que l’État haïtien
ne connait pas le nombre exact de
gens qui seront renvoyés au pays,
ce qui empêche, soutient-il, d’avoir
une meilleure préparation.
Le Premier ministre, Évans Paul,
qui participait également à cette
rencontre au Royal Oasis, a, pour
sa part, rejeté « la thèse du retour
volontaire au pays des citoyens ».
Ce serait trop facile de dire que
des gens ont décidé de laisser la
République dominicaine en laissant
tout derrière eux, fait remarquer
le leader de la « Konvansyon inite
demokratik ».
Il croit, par ailleurs, que la
République dominicaine est dans
son droit de contrôler le nombre
de personnes qui pénètrent son
territoire. « Cependant, nous
sommes un pays voisin, il y a une
manière de nous traiter, et quand
c’est un pays comme Haïti qui
achète des dominicains, pour 2
milliards de dollars chaque année,
il faut nous traiter avec respect »,
insiste Évans Paul.
Le chef du gouvernement a profité
de l’occasion pour saluer « la
solidarité agissante de la société
haïtienne » face à cette action
antihaïtienne des dominicains. «
Nous devrons changer les choses
à notre avantage », a-t-il dit,
arguant que c’est aujourd’hui le
moment de mener une politique
de développement national et de
réinsertion sociale, car il ne suffit
pas seulement de recevoir les
compatriotes.
De son côté, le ministre de la
Communication du gouvernement
Martelly-Paul, Rotchild Fraçois
Junior, en campagne depuis
hier, dans les médias, a expliqué
qu’aucune mesure supplémentaire
n’a été prise sur les produits
dominicains,contrairementàceque
rapportait la presse dominicaine.
Seuls les produits frappés
antérieurement d’interdiction ne
peuvent être commercialisés, a-t-il
précisé.
Rotchild François Junior a
également rejeté les rumeurs faisant
croire que l’État haïtien allait fermer
la frontière. « Le gouvernement
demanderait seulement le respect
des mécanismes de déportation et
des conventions internationales,
ainsi que l’acheminement du
dossier des flux de déportés à
travers deux postes d’entrées
(Ouanaminthe et Malpasse) ».
Belladère, les violations continuent
Les actes de violation de droits
humains continuent au niveau
de la ligne frontalière haïtiano-
dominicaine. Ce jeudi encore, le
Groupe d’appui aux rappatriés
et réfugiés (GARR) rapporte une
situation de tension au niveau de
la frontière Belladère/Elias Piña.
Une situation qui s’est développée
après qu’un chauffeur de taxi moto,
Mercidieu Bazin, âgé de 31 ans,
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0
26 | 5
ACTUALITÉ
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE
Michel Martelly fait le point
sur les déportations !par Lionel Edouard
Le président Michel Martelly, lors de la présentation du Livre blanc sur la Sécurité
et la défense nationale pour le développement économique et social durable
d’Haïti, Jeudi à l’hôtel Oasis, a fait le point autour du processus de rapatriement des
immigrants haïtiens en provenance de la République dominicaine.
s’est fait tabasser par des soldats
dominicains.
L’incident, explique le GARR s’est
produit après qu’une bouteille, en
provenance du territoire haïtien,
frontière de Belladère, eut été
lancée en direction du territoire
dominicain, à Elias Piña alors que
des soldats montaient la garde.
Furieux, 4 militaires dominicains,
explique l’organisme de défense des
droits des réfugiés et des rapatriés,
ont traversé la frontière afin de se
saisir du chauffeur de taxi moto,
pour ensuite le trainer sur leur
territoire et le frapper violemment.
En signe de protestation, les
chauffeurs haïtiens de taxi moto
ont érigé des barricades de pneus et
de bois à l’entrée de la frontière de
Belladère, pour empêcher l’entrée
des camions dominicains sur le
territoire haïtien. De leur côté,
les soldats dominicains ont fermé
temporairement la frontière d’Elias
Piña. Ils ont proposé à Mercidieu
Bazin de l’emmener à un centre
hospitalier dominicain pour recevoir
des soins. Proposition refusée par la
victime, informe le GARR.
La problématique de l’accès aux logements sociaux
est séculaire en Haïti.Une situation qui s’est encore
aggravée par le passage du séisme du 12 janvier
2010. Pour en venir à bout, l’Entreprise publique de
promotion de logements sociaux (EPPLS) s’apprête à
mettre en place un plan national de logements sociaux
en lançant un colloque qui se tient du 25 au 26 juin
2015 à l’hôtel Montana (Pétion-Ville).
L
’accès à des logements sociaux
constitue l’un des droits fonda-
mentaux de la personne. Mais
en Haïti, il s’agit d’un véritable
casse-tête tant les problèmes sont
inextricables. La question foncière,
les titres de propriété, le chômage
sont, entre autres les obstacles qui
empêchent la jouissance de ce droit.
Consciente de toutes ces difficultés,
l’Entreprise publique de promo-
tion de logements sociaux (EPPLS)
a lancé officiellement un colloque
autour du thème « la problématique
de logements sociaux en Haïti : états
des lieux, défis, enjeux et perspec-
tives », sous le haut patronage de la
présidence de la République. Les
cérémonies ont eu lieu à l’hôtel Mon-
tana. Le Premier ministre Évans Paul
et le ministre des Affaires sociales y
ont pris part.
Financement, typologie de loge-
ments sociaux et aspect commu-
nautaire de ces projets, sont, entre
autres, les sous-thèmes qui seront
agités lors de ces assises de deux
jours via la constitution des ateliers
de travail.
Participant à la cérémonie, le
président de la République,
Michel J. Martelly, a fait savoir
que ce colloque vient à un moment
opportun où tous les efforts de
l’équipe en place sont consentis
afin d’offrir à chaque Haïtien de
meilleures conditions d’existence.
Ces genres d’initiative, souligne-
t-il, consiste à réunir tous les
acteurs-clés évoluant dans ce
secteur en vue de mettre en place
une « stratégie d’intervention » qui
permettra aux plus vulnérables
d’avoir un toit.
Il a rappelé qu’au cours de
sa campagne, il avait pris
l’engagement de contribuer au
relogement de plusieurs milliers
de déplacés vivant dans des camps
de fortune sous des bâches suite
au cataclysme de janvier 2010.
Le chef de l’État s’est félicité de
sa collaboration avec les différents
partenaires qui ont contribué à la
relocalisation de ces sinistrés dans
un environnement agréable doté
des services sociaux de base.
De son côté, Esson Dorisca,
directeur général de l’EPPLS, a
déclaré que la question de l’accès
à des logements sociaux est un
problème très grave, voire séculaire
dans le pays. À cet effet, il s’avère
crucial de s’y attaquer. Pour en venir
à bout, souligne-t-il, il convient
de passer en revue les différents
éléments qui sont symptomatiques
de ce problème en vue d’élaborer
un plan national efficace. Le
numéro un de l’EPPLS se plaint de
l’absence d’outil légal l’empêchant
d’exercer convenablement sa
mission. Soulignant que cet
organisme, en dépit de son énorme
tâche à abattre, ne dispose pas
d’un budget d’investissement.
L’EPPLS ne possède qu’un budget
de fonctionnement, déplore M.
Dorisca, lui permettant seulement
d’assurer le paiement de ses
employés sans pouvoir réaliser
aucun de ses projets. Pour l’instant,
il dit espérer que la cinquantième
législature aura à plancher sur
l’élaboration d’un projet de loi en
ce sens. Cet instrument, à son avis,
contribuera au renforcement de
l’institution qu’il dirige. Ce qui la
rendra plus efficace dans l’intérêt
de la population.
Quant à la demande de logements,
M. Dorisca informe qu’elle est
énorme et inestimable. C’est
pourquoi l’EPPLS, affirme-t-il,
se mobilise dans le cadre de ce
colloque. Il a en ce sens indiqué
que l’organisme a déjà construit
environ 11 millions 11 mille 036
logements sur toute l’étendue du
territoire national. Présent dans des
départements tels les départements
du Nord-Est (Caracol), Nord, Sud et
l’Ouest (Cabaret).
En ce qui concerne les critères
d’éligibilité, il a indiqué que les
bénéficiaires doivent être d’abord
haïtiens, ensuite fonctionnels,
ce qui les habilitera à signer un
contrat avec ledit organisme via sa
direction d’exploitation.
Selon lui, il devrait y avoir des
banques de développement.
L’EPPLS, explique M. Dorisca,
s’engage, actuellement dans des
discussions avec les acteurs qui
travaillent dans le secteur bancaire
afin de déterminer les mécanismes
qui permettront de financer des
jeunes de sorte qu’ils puissent avoir
un logement décent de 52 mètres
carrés (deux chambres à coucher,
un mini salon, une mini salle à
manger, une cuisine, deux toilettes
et une petite salle d’attente).
6 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
ACTUALITÉ
ÉCHO
L'ancien sénateur
Joseph Lambert aurait
agressé un étudiant
Wesnel Jeudy, un étudiant en
communication sociale à la
Faculté des sciences humaines,
affirme avoir été victime
d’agression de la part de l’ancien
sénateur Joseph Lambert lors
d’une réunion politique à Coq
Chante au sud-est d’Haïti.
Joseph Lambert aurait utilisé
un pistolet pour cogner sur la
tête de l’étudiant. Reynold Jean
Paul, garde du corps de l’ancien
sénateur, nie avoir assisté à une
telle scène. Serait-ce une façon
de protéger son patron ?
Le président de la BID
visite l'école nationale
de Zoranje
Luis Alberto Moreno, président
de la Banque interaméricaine de
développement (BID), a visité
mardi tour à tour l’école nationale
de Zoranje, l’école congréganiste
Externat La Providence et l’école
Elie Dubois qui sont toutes en
construction actuellement. Il
s’agit de superviser les travaux
en vue de savoir si ces écoles
seront prêtes avant septembre.
La congresswoman
Yvette D. Clarke
condamne les
déportations
Yvette D. Clarke, représentante
du 9e district de New York,
promet de collaborer avec
les membres du Congrès et
le Département d’État des
États-Unis afin d’empêcher
le déplacement forcé de
centaines de milliers d’Haïtiens
et de personnes d’origine
haïtienne vivant en République
dominicaine. Madame Clarke
dénonce les déportations
en cours, soutenant que les
déportés, pour la plupart, sont
nés en République dominicaine.
Yvette D. Clarke exhorte les
autorités dominicaines à
reconsidérer cette politique de
déportation et à travailler avec
la Communauté des nations
des Caraïbes (Caricom) pour
prévenir une crise humanitaire
inutile.
Montréal : Denis
Coderre s'élève contre
les rapatriements
forcés
Des milliers de personnes
d’origine haïtienne débarquent
cette semaine dans des villes
frontalières. La République
dominicaine maintient sa
position d’expulser bientôt tous
les étrangers illégaux. Plusieurs
personnalités étrangères
prennent position contre cette
décision. « En tant que maire
de Montréal, je suis outré par la
dépossession illégale et immorale
et la déportation de centaines de
milliers de personnes d’origine
haïtienne nées en République
dominicaine, parmi elles un
grand nombre d’enfants. » C’est
ce qu’a écrit Denis Coderre,
maire de Montréal, qui demande
au gouvernement canadien, dans
un communiqué rendu public,
de se dresser contre ce processus
de rapatriements arbitraires.
Jonas Coffy réclame
un nouveau CEP pour
des élections crédibles
Les candidats évincés de la
course électorale avaient accordé
un délai expirant le lundi 20 juin
au Conseil électoral provisoire
pour une reconsidération de leur
cas. Autrement, ils envisagent
de tout entreprendre en vue
d’arriver à sa destitution. Jonas
Coffy d’« Ayisyen pou Ayiti
» suggère au président de la
République, Michel Martelly, de
réunir toutes les forces vives du
pays afin de trouver un nouvel
accord politique débouchant sur
la formation d’un autre Conseil
électoral susceptible d’organiser
des élections crédibles cette
année.
HAÏTI/LOGEMENTSSOCIAUX
L'EPPLS se mobilise pour un plan
national de logements sociauxpar Reynold Aris
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0
26 | 7
ACTUALITÉ
À
en croire les propos de Chan-
tal Joseph, la coordonnatrice
du programme, ces assises
visent surtout à favoriser le
développement des compétences des
chefs de service, de leurs cadres, pour
leur permettre d’assurer un meilleur
pilotage de leurs activités.
« Favoriser une participation
pertinente des petites et moyennes
entreprises (PME) aux projets
d’entretien et de maintenance du
réseau routier national, développer
les compétences relationnelles pour
garantir une bonne gouvernance
avec les administrations et
les bailleurs de fonds » sont,
entre autres, des objectifs que
caresse l’Association, selon la
coordonnatrice.
L’organisation espère voir, après
cetteformationquiconcerneàlafois
le niveau technique et managérial,
un accroissement du nombre des
entreprises haïtiennes pouvant
accéder aux marchés d’entretien et
de maintenance des routes en Haïti.
Les institutions qui ont pris part à
cette séance de formation devraient
être, à l’avenir, en conformité avec
l’exigence internationale en termes
de qualité du travail technique.
« C’est un module qui va permettre
aux entreprises de préparer leurs
plans d’affaires et les soumettre
aux bailleurs de fonds, aux banques
commerciales ou aux associés
potentiels, de manière à trouver des
fonds nécessaires pour l’exécution
de leurs projets », a fait savoir le
formateur Bervin Lapommeray.
Il vise à leur fournir des outils
essentiels pour préparer ce plan
d’affaires, qui est un document
présentant l’entreprise avec ses
stratégies de mise en place et ses
besoins. Un plan qui donnera
des garanties de rentabilité et de
croissance économique, selon le
professeur.
La majorité des 40 institutions
membres de l’AHEC, dont HL con-
struction, Enamex SA, Vorbe &
Fils, étaient présentes à cette série
de formation. L’ingénieur archi-
tecte Cangé Olibrun, représentant
d’Enamex SA, n’a pas manqué
d’exprimer son entière satisfaction
d’avoir suivi ce programme de for-
mation. Pour lui, cette formation va
sans doute aider les responsables
de firmes de construction à être
plus performants dans le cadre
des analyses financières. « Cela va
permettre à nos projets d’être plus
vendables aux investisseurs et aux
organismes de prêts », a-t-il ajouté.
Philistin Ted, représentant de la
compagnie Vorbe & Fils, a pour
sa part révélé que ces séries de
formations vont donner deux
possibilités aux participants.
D’une part, elles leur permettront
de devenir plus compétitifs sur
le marché et, d’autre part, ils
vont avoir le pouvoir de créer
leurs propres entreprises, pourvu
qu’ils aient à présent l’aptitude de
convaincre les bailleurs de fonds
en vue d’obtenir des prêts pour
financer leurs projets.
À souligner que les programmes de
formation de l’AHEC cernent deux
champs spécifiques. Il s’agit du
champ managérial qui regroupe,
entre autres, la bonne gouvernance,
l’analyse financière, le suivi des
chantiers, la trésorerie, et de
celui de la technique qui englobe
l’environnement et l’entretien
routier, les techniques de base,
la pratique et le contrôle des
travaux, la formation spécifique
des différentes catégories de
l’entreprise ainsi que les entretiens
préventifs et la gestion du matériel
et des équipements.
HAÏTI /FORMATIONDESENTREPRISES
Renforcer la capacité des entreprises de
construction : une priorité pour l'AHECPar Evens REGIS
Sous le haut patronage de l’Union européenne (UE) et du Centre de développement des entreprises (CDE),
l’Association haïtienne des entreprises de construction (AHEC), a organisé cette semaine, à l’intention de ses
membres, une séance de formation sur les prévisions financières et les plans de financement. Cette séance,
qui a eu lieu en son local à Delmas 48, vise à favoriser le développement des compétences stratégiques et
opérationnelles des institutions.
8 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
MONDE
L
a Cour suprême des Etats-Unis
confirmé jeudi l’une des prin-
cipales dispositions fiscales de
l’Obamacare, l’assurance santé
publique, une réforme emblématique
de la présidence de Barack Obama.
Par six voix contre trois, les mag-
istrats de la Cour suprême ont
jugé que l’ « Affordable Care Act »
voté en 2010 n’instituait pas une
restriction aux aides fiscales reçues
par certains Etats.
Lors d’une allocution dans la rose-
raie de la Maison blanche, Barack
Obama a salué dans la décision
de la Cour « une victoire pour les
Américains ».
C’est la deuxième fois en trois ans
que la plus haute instance judici-
aire des Etats-Unis rejette ainsi un
recours intenté contre le texte, qui
vise à étendre la couverture mala-
die des Américains les moins favori-
sés mais qui est très critiqué par le
camp conservateur.
Le président de la Cour, John
Roberts, a voté en faveur du rejet,
tout comme Anthony Kennedy, les
deux hommes, pourtant considérés
comme conservateurs, joignant
leurs voix à celles de leurs collègues
libéraux.
« Le Congrès a adopté l’Affordable
Care Act pour améliorer le marché
de l’assurance santé, pas pour le
détruire », écrit John Roberts dans
les attendus du jugement, ajoutant
que le caractère national des aides
fiscales visées par le recours est
nécessaire pour « éviter le genre de
résultat désastreux que le Congrès a
justement cherché à éviter ».
La décision signifie que les aides
fiscales contestées continueront de
profiter aux 50 Etats américains.
Elle devrait être perçue comme
une victoire importante pour
Barack Obama, qui souhaite que
l’Obamacare soit mis en œuvre
intégralement et survive à sa pré-
sidence, qui s’achèvera en janvier
2017.
Si le recours avait été accepté, au
moins 6,4 millions de personnes
dans au moins 34 Etats auraient
perdu le bénéfice des avantages
fiscaux visés, qui représentent 272
dollars (243 euros) par mois en
moyenne.
Une défaite de l’administration
Obama dans ce dossier aurait pu
avoir un impact plus large pour
le marché de l’assurance en dis-
suadant des Américains plus jeunes
et en meilleure santé de souscrire
une assurance maladie, ce qui
aurait conduit à une hausse des
cotisations pour les assurés plus
âgés, estiment des analystes.
La Cour suprême américaine valide
un volet clé de l'ObamacareSources : Reuters
L'ex-dictateur panaméen Noriega
demande pardon à ses victimesSources : Reuters
L
’ancien dictateur panaméen
Manuel Noriega a rompu mer-
credi le silence qu’il observait
depuis son retour à Panama en
2011 pour demander pardon à ses
victimes.
L’octogénaire, qui est emprisonné
depuis vingt-six ans et reste pour-
suivi pour des violations de droits
de l’homme pendant ses six années
à la tête du pays (1984-1990), a dit
vouloir ainsi « fermer le cycle de
l’ère militaire ».
« Je demande pardon à toutes
les personnes que j’ai offensées,
affectées, blessées ou humiliées
par mes actes ou ceux de mes
supérieurs en obéissant aux ordres,
ou ceux de mes subordonnés », a
déclaré l’ancien général, qui a lu
à la télévision un texte préparé à
l’avance.
Manuel Noriega s’est rendu au
tout début de l’année 1990 après
l’invasion du petit pays d’Amérique
centrale par l’armée américaine en
décembre 1989.
Il a été condamné en Floride en
1992 pour trafic de drogue et
racket, une peine qu’il a purgée
jusqu’en 2010.
Avant d’être extradé vers la France
où il a été condamné pour blanchi-
ment d’argent.
Il a été ensuite rapatrié dans son
pays en 2011, où il reste empris-
onné pour des crimes commis sous
sa dictature.
Barack Obama.
Manuel Noriega, à Panama en 2011, après avoir été extradé de la France.
Photo : HO/AP/SIPA
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0
26 | 9
MONDE
U
ne organisation de défense
des droits des femmes au
Honduras a dénoncé mer-
credi une « épidémie » dans
le pays de meurtres de femmes, dont
le nombre a presque quadruplé entre
2005 et 2013.
Selon le Centre des droits des
femmes, le taux de morts violen-
tes, pour les femmes, a atteint
12 pour 100 000 habitants en
2014, plus que le niveau considéré
comme une épidémie - 8,8 morts
pour 100 000 - par l’Organisation
mondiale de la santé (OMS),
« ce qui conduit à considérer ces
meurtres comme une épidémie »,
a expliqué Claudia Herrmannsdor-
fer, porte-parole de l’ONG.
Ces déclarations surviennent trois
semaines après une mobilisation
géante en Argentine pour dénon-
cer une série de féminicides dans
le pays.
Une indignation partagée par
d’autres pays d’Amérique latine,
avec des manifestations égale-
ment organisées début juin au
Chili, en Uruguay et au Mexique.
Au Honduras, les cas de meur-
tres de femmes ont grimpé « de
manière alarmante », avec une
hausse de 263 % entre 2005 et
2013, selon le Centre des droits
des femmes.
En 2013, 636 femmes ont été
tuées, soit une toutes les 14
heures, un chiffre qui a baissé
légèrement en 2014 (526). Entre
janvier et mai 2015, déjà 152
féminicides ont été recensés.
Selon Claudia Herrmannsdorfer,
interrogée par l’AFP, le gouverne-
ment du Honduras s’est engagé
depuis 20 ans à combattre les
crimes machistes, mais « il y a un
manque de coordination entre les
huit organisations chargées des
enquêtes », donc 94 % des meur-
tres restent impunis.
La majorité d’entre eux « sont
attribués au fait que les femmes
(victimes) étaient impliquées dans
des activités du crime organisé et
pour cela on n’enquête pas, mais
il faudrait le faire ».
Le Honduras, qui souffre de la
mainmise des bandes criminelles,
est frappé par un record mondial
d’homicides, avec 90 meurtres
pour 100.000 habitants en 2012,
selon l’ONU.
Honduras : une ONG dénonce une
« épidémie» de meurtres de femmesSOURCES : AFP
Une balle près du cadavre d’une femme à Tegucigalpa, le 13 juin 2012
Orlando Sierra. / Photo: AFP
La police sud-africaine mise en cause
pour la tuerie de MarikanaSOURCES : Reuters
L
a commission d’enquête sur
le massacre par la police sud-
africaine de 34 grévistes de la
mine de Marikana en 2012 a
conclu que son exploitant, Lonmin,
n’avait pas pris les mesures néces-
saires pour mettre fin au conflit social
et endiguer les violences, a déclaré
jeudi le président sud-africain. La
commission, dont Jacob Zuma a
présenté les conclusions en direct
à la télévision, a également recom-
mandé l’ouverture de poursuites
criminelles contre tous les polic-
iers impliqués dans cette répres-
sion sanglante.
L’enquête qui a duré près de trois
ans a été conduite par le juge à la
retraite Ian Farlam. Le président
Zuma a reçu le rapport en mars
dernier.
Selon le chef de l’Etat, les enquê-
teurs ont en revanche jugé
sans fondement les accusations
visant le vice-président Cyril
Ramaphosa, soupçonné d’avoir
usé de son influence pour que la
police intervienne contre les grév-
istes alors qu’il siégeait, à l’époque,
au conseil d’administration de
Lonmin.
La mine de Marikana le 16 août 2012, après la confrontation. / Photo : Stringer / AFP
10 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
ÉCONOMIE
Comment fabriquer les maillons de la chaîne
Source : Pro-Poor Tourism Partnership
Pour beaucoup d’habitants de la Caraïbe, la pauvreté est la seule réalité qu’ils connaissent. Et, s’il est vrai que le
tourisme représente déjà un secteur important pour l’emploi et un pivot de l’économie de la région caraïbe, il
offre en outre la possibilité de contribuer à l’amélioration du niveau de vie des pauvres, en particulier dans les
régions situées à proximité des destinations touristiques de choix.
CARAÏBES /TOURISMEETÉCONOMIELOCALE
D
e ce fait, les sociétés touris-
tiques ont leur rôle à jouer
dans la pour suite des objec-
tifs économiques nationaux
sans toutefois compromettre leurs
intérêts commerciaux. Et, ce faisant,
le secteur touristique ne peut que
s’affirmer et mieux gérer son envi-
ronnement, tout en tirant profit des
opportunités qui se présentent pour
améliorer ses produits et raffiner la
qualité de l’expérience offerte aux
touristes.
EIl y a diverses façons de créer
des liens entre les sociétés
d’exploitation touristique et la
population locale. Les hôtels
peuvent, par exemple, s’adresser
directement aux petits
fournisseurs et aux microsocié-
tés pour leurs fournitures, ou
encore recruter du personnel
local et assurer la formation sur
place du personnel non qualifié,
ou mi-qualifié seulement. Les
hôtels et les promoteurs de visites
touristiques organisées peuvent
aussi s’entendre sur la base d’un
“partenariat de bon voisinage”,
afin d’essayer de transformer le
contexte social existant en un envi-
ronnement plus accueillant pour
tous ceux qui y vivent, qui y tra-
vaillent ou ne font qu’y passer. Ils
peuvent aussi promouvoir le dével-
oppement des arts, de l’artisanat
local, des produits culturels et
des services propres au secteur du
tourisme, en organisant des excur-
sions innovatrices et en exhortant
les touristes à dépenser davantage
sur place.
Les hôtels et les promoteurs de
visites touristiques organisées dev-
ront choisir d’utiliser les produits
qui conviennent le mieux au con-
texte local. L’établissement de
relations de travail avec les divers
groupes économiques locaux est
aussi désigné par l’expression :
“Pro-Poor Tourism” (le “tourisme
à la conquête de la pauvreté”) –
voir : www.propoortourism.org.uk),
- et propose un mode opération-
nel différent dans ce secteur. Les
dons des philanthropes aux causes
célèbres sont certes très utiles à
la communauté locale, mais ne
servent pas toujours à mettre en
valeur ce que le secteur touristique
a de mieux à offrir.
Il conviendrait plutôt d’étudier
à fond un exemple commercial
particulier – ou même un certain
nombre d’exemples commer-
ciaux particuliers – afin établir
l’utilité pour le secteur touristique
d’entretenir des relations avec les
entreprises locales. Le secteur du
tourisme ne baigne pas dans la
liquidité, mais il représente tout de
même un énorme pouvoir d’achat,
exige la mise en place de structures
et de personnel, une certaine con-
naissance des affaires et la volo-
nté d’influencer la majorité des
touristes (en particulier en ce qui
concerne leur capacité d’achat sur
place, et l’intérêt qu’ils montrent
pour les destinations proposées).
Les promoteurs qui travaillent
pour le secteur touristique ont
besoin d’un environnement local
protégé, attrayant et accueillant
et ils ont aussi besoin du soutien
de la population locale. Ils doivent
pouvoir innover en développant
leurs produits. Ainsi, par le main-
tien de bonnes relations avec les
entrepreneurs locaux, ils peuvent
contribuer à améliorer l’expérience
offerte aux touristes.
L’un des avantages du développe-
ment touristique est qu’il entraîne
nécessairement une améliora-
tion de l’infrastructure dans les
domaines suivants : eau potable,
entretien des réseaux routiers,
traitement et élimination des
déchets, électricité et télécommu-
nications. Cette industrie devrait
donc, dans la mesure d u possible,
encourager les autorités locales à
étendre aux communautés locales
l’accès à ces services.
Ces améliorations à l’infrastructure
sont très importantes, puisqu’elles
permettent à la population locale
de bénéficier de l’économie tour-
istique.
Il y a diverses façons de créer des liens entre les sociétés d’exploitation touristique et la population locale. / Photo: © Pro-Poor Tourism Partnership
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0
26 | 11
ÉCONOMIE
U
n certain nombre d’ini-
tiatives visant à élargir la
couverture ont déjà été
prises; ces expériences
peu-vent être partagées et exploitées
pour aller de l’avant. Des méthodes
efficaces et efficientes d’extension de
la couverture - mises en avant dans
le présent rapport - peuvent être
utilisées.
Mais les cinq pays sont également
confrontés à un certain nombre
de problèmes communs - une
modification des attentes de la
population qui devient de plus en
plus consciente à ce que la sécu-
rité sociale peut faire, et, dans de
nombreux pays, une réduction
des dispositifs d’appui plus tra-
ditionnels ou ad hoc, qui a pour
conséquence une plus grande
demande de sécurité sociale.
Ces changements vont de
pair avec une modification de
l’environnement démographique,
de santé, social et du marché du
travail, et le rapport met l’accent
sur l’évolution dynamique de la
sécurité sociale dans les BRICS, qui
doit relever le défi de l’extension
de la couverture. Ce document est
un sommaire exécutif du rapport
de l’AISS «Extenstion de la couver-
ture de sécurité sociale au sein
du groupe des BRICS: une étude
comparative» qui comprend des
chapitres par pays plus complets
et qui ont été écrits par des auteurs
des cinq pays.
Les chapitres par pays mettent en
exergue les différentes approches
adoptées par les BRICS pour rele-
ver les défis relatifs à l’extension de
la couverture de la sécurité sociale.
Ils montrent comment les répons-
es prennent en compte les réali-
tés locales et l’environnement de
chaque pays. Ce sommaire exécutif
a été préparé par le secrétariat de
l’AISS et résume ces chapitres par
pays.
Caractéristiques et
perspectives communes
Les cinq pays qui composent le
groupe des BRICS sont devenus
symptomatiques du recentrage
que l’on constate en matière
d’influence mondiale et de crois-
sance économique. Tous ces
pays ont connu une croissance
économique importante et durable
ces vingt dernières années. Leur
croissance économique est due à
une demande accrue en ressources
naturelles et en produits manufac-
turés, mais les BRICS ont égale-
ment mis sur pied des industries
à valeur ajoutée en investissant de
très importants montants dans la
formation et l’éducation. Ils ont
également connu des changements
culturels et sociétaux significatifs
et rapides, notamment dans les
structures familiales, ainsi qu’un
exode rural considérable. Les
BRICS ont en commun une volo-
nté politique d’élargir la couver-
ture de la sécurité sociale ainsi
qu’un environnement économique
dynamique qui a facilité les efforts
déployés pour atteindre cet objec-
tif. Dans la plupart des pays, il
existe également une «fenêtre
démographique» qui incite à agir
dès à présent - des populations
jeunes et une main-d’œuvre en
expansion facilitent la mise en
place des mesures d’extension.
Divers points de départs, défis à
relever et solutions apportées Bien
que les BRICS présentent un cer-
tain nombre de caractéristiques
communes, les mesures qu’ils
prennent pour élargir la sécurité
sociale sont appliquées dans des
environnements différents, spéci-
fiques à chacun des cinq pays. Le
cadre actuel de la sécurité sociale
dans chacun des BRICS reflète
pour une large part l’histoire
nationale ainsi que les buts et atti-
tudes du pays en matière de sécu-
rité sociale. Les caractéristiques
culturelles, institutionnelles et
démographiques varient énormé-
ment d’un pays à l’autre.
Et ces 50 dernières années, tous
les pays ont connu d’importantes
transformations de leurs sociétés,
la plupart d’entre eux étant passés
d’un système économique marqué
par une importante présence
de l’Etat à un environnement
économique de marché, nettement
plus libre.
Chacun des BRICS va se retrou-
ver confronté, à l’avenir, à des
modifications démographiques,
économiques et sociétales différ-
entes et subira des pressions exté-
rieures elles aussi différentes.
* Une étude comparative de
l’extension de la couverture au
Brésil, en Fédération de Russie,
en Inde, en Chine et en Afrique
du Sud / Suite à la plus prochaine
édition.
Des pays dynamiques avec
une sécurité sociale dynamiqueSource : ISSA
L’importance accrue des pays dits du groupe des «BRICS» dans l’économie mondiale est le reflet d’une
transformation considérable de l’environnement économique, social et démographique dans les cinq pays. Ces
changements ouvrent de nombreuses perspectives mais posent également des défis à la sécurité sociale qui doit
s’adapter aux évolutions*.
BRICS-SÉCURITÉSOCIALE
Des pays dynamiques avec une sécurité sociale dynamique.
12 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
ÉCONOMIE
L
e nombre d’arrivées de tour-
istes internationaux a aug-
menté de près de quarante
fois sur la période allant de
1950 (25 millions) à 2010 (940 mil-
lions). Malgré un contexte de graves
crises économiques et financières et
de catastrophes naturelles de 2000 à
2010, les arrivées de touristes inter-
nationaux ont continué de croître à
un taux annuel moyen de 3,4%.
La croissance, particulièrement
dynamique dans les pays en
développement et émergents,
leur a permis d’augmenter la part
d’arrivées de touristes interna-
tionaux de 31% en 1990 à 47%
en 2010.
Le tourisme international con-
stitue une part importante de la
croissance économique dans les
pays en développement, et par-
ticulièrement pour les pays les
moins avancés et d’autres petits
pays structurellement faibles et
vulnérables qui, sans ce secteur,
affronteraient d’énormes défis
dans un système commercial mon-
dial désormais hautement concur-
rentiel et aux évolutions rapides.
Le tourisme “est comme un ice-
berg : la partie visible est consti-
tuée du voyage, de l’hébergement
et des services touristiques, sous la
surface, il y a de multiples possi-
bilités pour les ménages, les micro
et petites entreprises”2.
De nombreux pays étant dotés
de ressources souvent uniques,
de nature historique, naturelle
ou culturelle, susceptibles d’être
transformées en destinations de
voyage, le tourisme est ainsi une
activité universelle avec un impact
local important.
Le tourisme stimule l’économie
locale dans les pays de destina-
tion grâce aux liens existants dans
la chaîne de valeur avec d’autres
secteurs économiques, notamment
avec l’agriculture. Il favorise égale-
ment l’entrepre-neuriat et la crois-
sance des PME locales, il permet
une meilleure diversification de
l’économie locale tout en générant
des revenus liés aux exportations.
Les biens et services découlant
de ce secteur d’activité créent de
nouveaux emplois, en particulier
pour les jeunes et les femmes,
contribuant à la réduction de la
pauvreté et, dans les zones rurales
pauvres et éloignées, le tourisme
peut contribuer à générer des reve-
nus pour les populations de ces
zones tout en réduisant les flux de
migration urbaine.
Dans certains pays, les revenus
du tourisme ont permis de créer
des fonds pour financer des pro-
grammes de conservation de la
biodiversité et de protection des
ressources naturelles à l’origine de
ce tourisme.
Enfin, le tourisme peut contribuer
à rendre positive l’image extérieure
d’un pays.
Le tourisme est principalement
une activité traitée par le secteur
privé. Cependant, sans l’existence
et l’application de politiques et
d’actions cohérentes et coordon-
nées par le gouvernement, dans
le secteur du tourisme mais
aussi dans d’autres secteurs qui
lui sont connexes, le tourisme ne
peut s’inscrire pleinement dans un
objectif de croissance et de dével-
oppement inclusif et durable.
Pire, sans volonté politique,
les fuites financières (la perte
de recettes touristiques liée à
l’acquisition de biens et de servi-
ces hors du pays) peuvent éroder
de manière considérable les avan-
tages économiques du tourisme et
fragiliser le pays sur des aspects
environnementaux, sociaux, cul-
turels et économiques.
CROISSANCEÉCONOMIQUE
Les contributions du tourisme à la croissance
et au développement inclusifs et durabIes
Source : CNUCED
Depuis plusieurs décennies, le tourisme international connait une croissance dynamique et une expansion
soutenue. Le voyage extra-frontalier à des fins récréatives, de loisirs ou d’affaires est devenu l’une des activités
économiques parmi les plus dynamiques dans le monde.
Les biens et services découlant du tourisme créent de nouveaux emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes. / Photo: © afdb.tv
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0
26 | 13
Le Barreau de Port-au-Prince en appelle à l'ONU !
par eddy laguerre
JUSTICE
«
Si l’Onu est là pour mainte-
nir la paix, elle doit intervenir
aujourd’hui contre le rapatrie-
ment et la déportation des per-
sonnes parles autorités dominicaines.
Présentement, la paix dans la Caraïbe
est menacée », a dit le bâtonnier de
l’Ordre des avocats de Port-au-Prince,
maître Carlos Hercule, ce jeudi 25
juin 2015, lors du lancement de la
phase III du programme d’assistance
légale, conjointement géré par le
ministère de la Justice et le Barreau
de Port-au-Prince, avec le support de
la Minustah.
Le bâtonnier, qui condamne éner-
giquement le comportement des
responsables dominicains, dit
croire que la République voisine
fait peu de cas des conventions
internationales et des principes
élémentaires en matière de rela-
tions diplomatiques.
« L’Onu doit exiger de la Répub-
lique dominicaine le respect du
chapitre 7 de la Charte des Nations
unies », insiste le bâtonnier qui
est également le président de la
Fédération des barreaux d’Haïti
(FBH).
Depuis le 17 juin dernier, un
nombre considérable de per-
sonnes vivant jusqu’ici en Répub-
lique dominicaine commencent à
arriver dans les différents postes
frontaliers, fuyant ainsi la menace
de déportation qui pèse sur elles
suite à l’arrêt 168/13 de la Cour
constitutionnelle dominicaine.
Les opérations de rapatriement
devraient commencer officielle-
ment quarante-cinq jours après la
date fatidique du 17 juin. Des voix
se sont soulevées en Haïti pour
faire remarquer que ces personnes
pourchassées sont obligées de se
déplacer sans leur patrimoine et,
parfois, sans leurs enfants mineu-
rs. Ce qui constitue, entre autres,
une violation de la convention
des Nations unies sur le droit des
enfants.
Maître Carlos Hercule déplore et
condamne toutes les violations
des droits des Haïtiens et des
étrangers déportés ou expulsés
par les responsables dominic-
ains. « Ce qui se passe actuel-
lement est inacceptable, aucun
génocide ne peut être toléré dans
le monde d’aujourd’hui », a lancé
le bâtonnier en présence, notam-
ment, du ministre de la Justice,
maître Pierre-Richard Casimir,
du président de la Cour de cas-
sation, maître Jules Cantave, et
d’un représentant de la mission
des Nations unies en Haïti, M. Luc
Coté.
Le bâtonnier s’est aussi adressé
directement aux avocats réunis
à l’hôtel Le Plaza, au Champ de
Mars, pour les inviter à apporter
toute leur solidarité à ces per-
sonnes dont les droits fondamen-
taux sont violés et qui nécessitent
une assistance urgente.
« Je lance un appel solennel à tous
les avocats dans cette salle pour
qu’ils accomplissent un geste de
solidarité envers ceux-là qui sont
ou qui seront expulsés », a conclu
maître Carlos Hercule, appelant à
une solidarité nationale et inter-
nationale en ces temps où la paix
est menacée dans la zone caraïbe.
Maître Carlos Hercule, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince. / Photo : Paul Philippe Kevin
Assises criminelles à Port-au-Prince !par eddy laguerre
Tandis que les assises criminelles sans assistance de jury lancées depuis le 3 juin 2015 se poursuivent, la
juridiction de Port-au-Prince s’apprête à entrer en session d’assises criminelles avec assistance de jury à partir
du 13 juillet prochain. Les assises avec et sans jury se poursuivront jusqu’au 31 juillet. Le doyen du tribunal de
première instance de Port-au-Prince, maître Bernard St-Vil et le chef du parquet de ce ressort, maître Clamé-
Ocnam Daméus ont tour à tour confirmé pour Le National que plus de 250 dossiers criminels sont en état de
recevoir jugement au cours de ces assises.
L
es assises criminelles sans
assistance de jury se dérou-
lent très bien jusqu’ici, selon
le doyen Bernard St-Vil qui pré-
cise que son tribunal veut traiter le
maximum de dossiers possible avant
le début des vacances judiciaires en
août prochain. « Même pendant ces
vacances, soit à partir de la première
semaine du mois d’août jusqu’à la fin
du mois de septembre, nous allons
faire un roulement spécial pour con-
tinuer les audiences correctionnelles
et criminelles », nous dit le doyen,
soucieux d’évacuer les dossiers en
attente de jugement dans sa juridic-
tion.
Au un rythme de deux audiences
par jour, les assises criminelles
sans assistance de jury ont permis
jusqu’ici de traiter 19 cas. Plus-
ieurs prévenus ont pu être acquit-
tés et d’autres ont été condam-
nés en bénéficiant ou non des
avantages de la loi du 4 décem-
bre 1893 appelée loi Lespinasse.
Parmi les personnes déjà jugées
dans le cadre de ces assises, on
peut citer : Denis Wesley, accusé
de vol à main armée, acquitté ;
Fils-Aimé Marc Nicolas Antilus,
accusé de viol, condamné à deux
ans de travaux forcés, mais béné-
ficiant de la loi Lespinasse, a été
libéré ; Fito Lindor, accusé de viol
et de tentative d’assassinat, a été
condamné à treize ans de travaux
forcés et à des dommages-intérêts
; Johny Stevenson, accusé de
viol, est condamné à trois ans de
travaux forcés ; Avantout Ernest,
accusé de viol, est condamné à
quinze ans de travaux forcés ;
Loiseau Bleginton, accusé de viol,
a été acquitté ; Casséus Blanco,
accusé de tentative de meurtre,
est condamné à six ans de travaux
forcés ; Lionel Doriscar, accusé
d’association de malfaiteurs et de
vol de nuit, a été acquitté.
Le doyen avoue que des contin-
gences empêchent parfois de
réaliser le nombre d’audiences
souhaitées. Il cite par exemple le
décès d’un avocat qui, comme à
l’accoutumée, avait provoqué un
lever de siège, vendredi dernier.
Une autre audience a été ren-
voyée en raison de la maladie de
l’accusé.
Le doyen réaffirme toutefois sa
volonté de tout mettre en œuvre
pour favoriser le bon déroulement
de ces assises avec et sans assis-
tance de jury qui prendront fin le
31 juillet prochain.
Au cours de ces sessions d’assises,
les détenus qui n’ont pas d’avocats
bénéficient gratuitement de
l’assistance des avocats stagiaires
du barreau de Port-au-Prince.
Cent six avocats stagiaires ont
prêté serment le 19 mai dernier
au barreau de Port-au-Prince. Ils
viennent s’ajouter au nombre des
avocats stagiaires ayant prêté ser-
ment en novembre 2014 et qui
plaidaient déjà dans les sessions
d’assises.
14 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
SOCIÉTÉ
P
lus les jours passent, plus
l’idée qu’on se fait de la franc-
maçonnerie en Haïti fluctue.
De nombreux adeptes, aux
dires d’authentiques francs-maçons,
déshonorent l’institution par leur
comportement. Cependant des gens
de toutes les tendances, de toutes les
couches sociales tentent de s’y inté-
grer.Ilscherchenttous,seloncertains,
« la protection et le pouvoir ». Ce qui
paraît contraire à l’idéal maçonnique
qui priorise la spiritualité, la quête de
soi et de la sagesse.
 «Jounenjodia,nègyoapfeafèpayo
», a laissé entendre un frère maçon.
Des pratiques liées à la politique
et interdites par la corporation
auraient, dans un premier temps,
contribué à des conflits entre
les plus hautes instances de la
franc-maçonnerie symbolique en
Haïti avec, comme conséquence
discutable, l’intervention de chefs
d’État (François Duvalier et Michel
Martelly), ces derniers comme
toujours recevant le titre de grand
protecteur de l’Ordre.
Dans le temps, raconte sous
couvert de l’anonymat un frère
maçon, l’institution maçonnique
accueillait seulement ceux qui
étaient de bonnes vies et mœurs.
« Le culte de la vertu, l’exercice de
la bienfaisance, la recherche de
la vérité, l’étude des sciences, de
la morale, des arts et la pratique
de la solidarité »constituaient les
principaux objets de cet ordre
initiatique traditionnel, progressiste
et universel. ». Elle priorise ceux
qui croient en Dieu et sont en quête
« de la Lumière ».
Aujourd’hui, la donne a changé et
les pratiques s’ouvrent sur d’autres
perspectives. Plus ambitieuses sans
doute ! La réussite individuelle
semble devenir la priorité des
initiés. Les rituels et l’intégration
des hauts fonctionnaires de l’État
au sein de l’institution perturbent,
dans une certaine mesure, la
tradition. Depuis la fondation de
la nation, des hauts dignitaires de
l’État ont toujours intégré cette
corporation. « Le général Toussaint
Louverture n’a pas été franc-maçon.
Mais l’institution maçonnique a
reconnu sa dimension mystique
», écrit Gaétan Mentor. Jean
Jacques Dessalines n’a pas intégré
le temple. L’histoire raconte qu’il
pourchassait les francs-maçons en
Haïti. Bizarrement, il y a une loge
très connue à Port-au-Prince qui
porte le nom du Père fondateur de
la patrie.
Dans son livre : « Les fils noirs
de La Vierge », Gaétan Mentor
reprend des propos de Thomas
Madiou : « En ordonnant de fermer
dans l’empire les loges des francs-
maçons, Dessalines souleva contre
lui l’indignation d’un grand nombre
d’hommes. » Nos enquêtes n’ont
pas abouti à une réponse précise au
sujet d’une éventuelle participation
de la franc-maçonnerie dans
l’assassinat de l’Empereur.
Gaétan Mentor ajoute encore que
Dessalines s’imaginait que les
francs-maçons ne se réunissaient
que pour conspirer contre lui.
Les loges dites « sauvages » auraient
été créées à cause des persécutions
de ces dernières par l’État de
l’époque. Est-ce le vodou ou la
religion catholique qui auraient été
à la base de ces persécutions ? Ou
est-ce leur clandestinité qui portait
les dirigeants haïtiens à se méfier
d’eux ? Les choses ont évolué
dans le temps. Un informateur
nous a confié que certains prêtres
catholiques et pasteurs protestants
sont aussi francs-maçons. De
même que ces derniers ont
investi une grande partie de la
religion populaire haïtienne pour
connaître les pratiques holistiques
et mystiques du vodou. Selon un
maître contacté, « le vrai maçon
trouve la vérité dans toutes les
pratiques religieuses ». Ce qui
porte beaucoup plus de personnes
à intégrer cette institution. Elles
sont, dit-on, en quête de la Lumière.
Depuis, tous ceux qui ont eu la
charge de gouverner la nation
haïtienne ont investi cet espace
sacré ! L’indépendance haïtienne
aurait été, en grande partie,
l’œuvre de francs-maçons haïtiens
et étrangers. La construction de
la nouvelle nation aussi. Pendant
longtemps, la gestion de la cité a
été assurée par de Grands Maîtres
ou des chefs d’État qui ont reçu des
grades dans la franc-maçonnerie.
Selon certaines informations
reçues, l’actuel chef de l’État
haïtien aurait reçu, l’espace d’une
nuit d’initiation, trois grades :
apprenti, compagnon et maître. On
ne sait pas si le président Martelly
continue à aller aux tenues de la
loge Etoile d’Haiti # 5 où il a été
initié.
« Le statut Mystique » des chefs
d’État paraît être une obligation.
« Il est naturel pour un vrai leader
d’intégrer cette institution aussi
bien charpentée », a laissé entendre
Gérald Augustave, premier grand
surveillant du Grand Orient d’Haïti.
Le chef de l’État devient alors le
grand protecteur de l’ordre. De la
gouvernance de Jean Pierre Boyer
jusqu’à aujourd’hui, aucun chef
d’État n’a refusé cette invitation :
devenir franc-maçon.
Les feux de la Saint Jean
et la franc-maçonnerie
Nous avons bien écrit « Feux de la
Saint Jean » et non « Brulé Bois ».
Selon Mentor, la franc-maçonnerie
a plusieurs saints patrons dont
les plus importants sont saint
Jean le Baptiste, fêté le 24 juin,
après le solstice d’été, saint Jean
l’Évangéliste, fêté le 27 décembre,
après le solstice d’hiver, et saint
André, patron des Chevaliers.
Selon les confidences de l’auteur, un
autre saint peu connu serait saint
Bernard, patron des Templiers.
L’historien a aussi mentionné saint
Alban.
Pour Mentor, les francs-maçons,
suivant en cela des traditions
encore plus anciennes, célèbrent
les feux de la Saint Jean, festivité
qui n’a rien à voir avec le « boulé
bois » tel que pratiqué par les loges
en Haïti.
Le symbolisme des Feux de la Saint
Jean, c’est celui de la lumière
extérieure représentée par l’élément
feu. La crémation de bois est un
simple accessoire des feux de la
Saint Jean. L’accessoire a remplacé
l’essentiel en déviant la cérémonie
en un « boulé bois » qui s’écarte de
la pure franc-maçonnerie.
Cette offrande du bois sacré aux
éléments du feu a, par contre,
existé et était pratiquée par les
corporations de charpentiers, de
menuisiers, de boulangers, etc.,
qui, à l’imitation d’Abel dans la
Genèse, offrait au feu un échantillon
des meilleurs bois de leurs forêts
afin que celui-ci les épargne des
incendies dévastatrices et néfastes
pour leurs activités commerciales.
La franc-maçonnerie :
passage obligé vers le pouvoir ?par Joe Antoine Jn-Baptiste
HAÏTISOCIÉTÉ
Le 24 juin, pour la Saint-Jean, les francs-maçons étaient dans les rues. Ils sont partout dans l’appareil d’État,
également dans les entreprises privées. Ils ont prêté serment de se soutenir mutuellement !
» suite de la première page
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0
26 | 15
SOCIÉTÉ
Le « Boulé bois » avec ses offrandes
de gâteaux, etc., est une dénatur-
ation d’un rituel pourtant sacré. «
Le savoir ancestral a cédé à la super-
stition », toujours selon Mentor.
Trafics d’influences ?
Le mercredi qui a précédé la
cérémonie de prestation de serment
duprésidentMichelJosephMartelly,
au Palais législatif, le samedi 14
mai 2011, trois personnalités de
la Grande Confrérie tenaient les
rênes de la cérémonie d’initiation
du chef de l’État. Ils sont chefs des
instances du Suprême Conseil, du
Grand Orient d’Haïti de 1824 et du
Suprême Conclave.
Selon les normes maçonniques, «
c’est le Vénérable d’une loge qui
initie et non le chef des instanc-
es. Si le chef des instances est
présent, il doit tout simplement
assister au rituel . Où étaient les
vénérables ? Pourquoi n’ont-ils
pas présidé la tenue ? D’après cer-
tains francs-maçons, il semblerait
que les trois chefs des instances
venus de différentes obédiences
liées à cette grande confrérie ont
voulu « partager le chef de l’État
comme un gâteau ». « Recevoir trois
grades en même temps, cela peut
se faire. Mais en de très rares occa-
sions », a fait savoir Gaétan Mentor.
Une position que partage Antoine
Jeudi, un frère-maçon présent à
la cérémonie d’initiation du chef
de l’État mais qui a toujours voulu
garder un profil indépendant sur le
plan politique.
Un chef d’État protecteur de l’Ordre
peut être aussi une porte ouverte
à un trafic d’influences, ce qu’on
a reproché à la franc-maçonnerie
dans de nombreux pays. Les frères
maçons s’en défendent en ripostant
qu’un frère trois points jure de
porter aide et assistance à son frère
en toute occasion. Aide et assistance
qui peuvent aller jusqu’où ? Des
frères maçons connus ont toujours
été nommés à des postes importants
de l’administration publique. Ce
n’est pas une mauvaise chose en soit
pour les francs-maçons de mener
la politique active. On a constaté
le même phénomène en France
comme aux États-Unis d’Amérique.
Dans le cas d’Haïti où la situation
économique est précaire, des
proximités maçonniques avec
le pouvoir, liées à des luttes de
clans peuvent créer de profondes
divisions dans l’institution.
L’État donne-t-il aux loges ?
D’après certains documents
plusieurs, chefs d’État ont eu à
faire des dons aux obédiences
maçonniques. Lysius Salomon a
eu à poser la première pierre du
Grand Temple du Grand Orient
dont le terrain fut un don de l’état.
Michel Domingue a eu à concéder
une propriété pour l’édification
d’un orphelinat maçonnique et
d’une école pour les jeunes filles
placées sous la direction du Grand
Orient. Le général Henry Namphy
a eu à faire le don d’un terrain sis
à Delmas 33 pour la construction
du Grand Temple. Leslie Manigat a
eu à faire un don en espèces pour
commencer les travaux du Grand
Temple à la charge, à l’époque, de
l’Ing. Pierre Saint-Côme, ancien
Grand Maître. La propriété fut
saisie par le maire de Delmas avec,
dit-on, la complicité du président
Aristide (qui ne fut pas franc-
maçon) en 2003.
Selon feu Jean K. Gousse, ancien
Grand Maître, un don important
aurait été fait par le président
Michel Martelly ou par l’État pour
la réparation de certaines loges
endommagées suite au séisme du
12 janvier 2010.
Une mystérieuse affaire de
black-out
Par ailleurs, Gaétan Mentor a fait
savoir que la prestation de serment
du chef de l’État dans le noir, le
samedi 14 mai, n’était pas le fruit
du hasard. Il y a eu une coupure
d’électricité. Il a prêté serment
malgré tout. « Symboliquement, le
chef de l’État, en tant que franc-
maçon, a prêté serment dans
l’obscurité. Normalement, il devrait
reprendre sa prestation de serment
une fois le courant rétabli.
Il ne l’a pas fait. C’est une erreur
grave. Cela présente de sérieuses
anomalies dont le peuple haïtien
peut ressentir les séquelles », a
laissé comprendre Gaétan Mentor.
Qu’est-ce que
la franc-maçonnerie ?
La franc-maçonnerie est avant tout
une institution philosophique,
cosmopolite, spirituelle, mystique
et ésotérique. C’est une structure
occidentale arrivée au pays suite
à la scission des maçons haïtiens
avec la grande loge d’Angleterre.
En janvier 1824, est créé le Grand
Orient d’Haïti. Cette Confrérie
est composée de trois organes :
le Grand Orient d’Haïti 1824, le
Suprême Conseil des 33e de 1836
et le Suprême Grand Conclave
de 1981. La franc-maçonnerie
n’est pas une religion. De plus,
elle est apolitique. Dans les
principes généraux qui régulent le
fonctionnement des membres du
Grand Orient d’Haïti, il est interdit
d’avoir au sein de l’institution des
discussions politiques et religieuses
». « Elle est là pour servir », a fait
savoir maître Antoine Jeudi.
La franc-maçonnerie est également
« un ordre initiatique traditionnel,
progressif et universel, fondé sur
la fraternité et est composé de
membres de toutes les races et de
toutes les nationalités ». Chaque
organe de la franc-maçonnerie
La franc-maçonnerie :
passage obligé vers le pouvoir ?
haïtienne a sa propre structure. Ce
sont des instances séparées, mais
qui travaillent en parfaite harmonie.
C’est une institution qui repose sur
la fraternité. Sa principale mission
consiste à élever l’être humain à la
spiritualité. Chaque personne doit
travailler à la recherche de son
développement personnel et à celui
de l’humanité. Qu’en est-il pour la
nation haïtienne ? Une nation qui,
depuis son indépendance, projette
l’image que connaît le peuple
haïtien.
Est-elle utile à la société
haïtienne ?
Du train où vont les choses dans
le pays, plus d’un se demande si
la franc-maçonnerie est utile à la
société haïtienne. Au lendemain du
séisme de janvier 2010, le président
français, Nicolas Sarkozy, est entré
aux pays et a demandé : « Où sont
passés les Grands Maitres ? » L’on
reconnaîtpartoutquecetteconfrérie
a une fonction sociale majeure :
participer au développement de
la nation. Dans les autres pays,
elle participe à la construction
des universités, des écoles et
s’assurent de la formation de qualité
donnée à ceux qui fréquentent
ces différentes structures. Cette
confrérie participe largement
à la construction sociale de la
nation dans laquelle évoluent ses
membres. Faire du social constitue
pour les membres de cette confrérie
une grande priorité.
En Haïti, c’est tout à fait le
contraire, regrette le frère Antoine
Jeudi. Les francs-maçons d’Haïti
n’ont pas d’argent. Ils ne reçoivent
pas de dons.
D’autant plus que c’est, du moins
sur le papier, une institution
apolitique. L’institution reconnaît
que la grande tendance porte les
frères maçons à courir après leur
bien-être individuel. Cette course,
dans certains cas, peut déshonorer
l’idéal de cette confrérie. « La franc-
maçonnerie voit la communauté
en général. C’est l’épanouissement
spirituel de chaque individu qui
rejaillira sur la nation de manière
positive. »
On trouve aussi des personnes
réputés mason lòj qui déshonorent
l’institution en se comportant
comme de vulgaires charlatans.
Les loges reconnues devraient
se prononcer contre de tels
agissements. Elles ne le font pas.
Cependant, Antoine Jeudi a fait
savoir qu’en Haïti la majeure partie
de ceux qui fréquentent cette
institution voient avant tout leurs
intérêts purement personnels. Il
reste convaincu que ces derniers «
ne vont pas faire long feu dans cette
noble institution. Ils passent outre
les prescrits et normes qui régissent
cette institution », a-t-il prédit.
La franc-maçonnerie s’est étendue à
travers le pays. La quête du pouvoir
reste déterminante pour certains
de ceux qui fréquentent ce lieu qui
aurait dû être seulement celui du
savoir et de la sagesse. Ce groupe de
francs-maçons projette une image
déplorable de l’institution.
Onpeutdireque,malheureusement,
la franc-maçonnerie, comme toutes
nos institutions, reflète l’état de
notre société alors qu’elle aurait dû
être un flambeau pour nous éclairer
dans notre nuit.
16 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
SOCIÉTÉ
COMMENTDEVIENT-ONFRANC-MAÇON?
IL SUFFIT D’ÊTRE PARRAINÉ PAR TROIS FRÈRES ET DE RÉPONDRE À CERTAINS
CRITÈRES, TELS QUE NE PAS AVOIR DE CASIER JUDICIAIRE, SAVOIR LIRE ET
ÉCRIRE, POUVOIR PAYER LES FRAIS D’INITIATION, ETC.
POUR GAÉTAN MENTOR, C’EST PLUS COMPLEXE. IL FAUT « AVOIR REÇU
L’APPEL INTÉRIEUR’ET ENSUITE ÊTRE « ORIENTÉ » À FRAPPER À LA PORTE
DU TEMPLE. LA FRANC-MAÇONNERIE EST UNE VOCATION SPIRITUELLE, UN
CONTRAT À LONG TERME ET VOLONTAIREMENT CONSENTI POUR TRAVAILLER
SANS RELÂCHE À L’AMÉLIORATION DE SOI ET DU GENRE HUMAIN. MENTOR,
CITANT ROBERT AMBELAIN, RAPPELLE L’OSTRACISME DE LA LETTRE B QUI
PRÉSIDAIT AU PARRAINAGE DES FRÈRES EN LOGE AUX SIÈCLES PRÉCÉDENT.
LES BOURGUES, LES BOSSUS, LES BORGNES, ETC., SE VOYAIENT REFUSER
L’ADMISSION EN LOGE. LE RECRUTEMENT MASSIF FAIT DE SÉRIEUX TORTS À
L’INSTITUTION ET FAVORISE LA « QUANTITÉ » PLUTÔT QUE LA « QUALITÉ ».
LA FRANC-MAÇONNERIE N’EST PAS UN CENTRE DE MAGIE, DE « WANGA », DE
POLITICAILLERIE OU DE COUP BAS. C’EST UN ESPACE SACRÉ, UNIVERSEL ET
FRATERNEL, POUR L’APPRENTISSAGE DES VALEURS MORALES, LA PRATIQUE
DES VERTUS ET QUI PERMET LA MAÎTRISE DES VICES ET DU « VIEIL HOMME ».
Liste partielle des Obédiences symboliques
GRAND ORIENT DE 1824 (RÉGULIER)
GRANDE LOGE D’HAÏTI DE 1961 (LOGES MASCULINES ET LOGES FÉMININES)
GRANDE LOGE NATIONALE D’HAÏTI
GRANDE LOGE SEPTENTRIONALE D’HAÏTI (CAP-HAÏTIEN)
GRANDE LOGE DE L’ÈRE DU VERSEAU (MIXTE)
ETC.
» suite de la page 15
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0
26 | 17
CULTURE
Le concert de l'impertinencePar Dangelo Néard
Et quand le dollar a de telles atti-
tudes dans le jeu économique,
la vie chère montre ses dents et
casse un peu plus les genoux de la
population haïtienne. Ça ne va pas
bien dans les quartiers précaires
du pays. Ça sent la faim, la crasse,
la drogue, la prostitution. Ça sent
l’horreur.
Juillet 2015 ramène les cent ans
du débarquement des Marines en
Haïti. L’État haïtien ne prévoit
pas grand-chose. La mémoire,
aurait dit Évelyne Trouillot, est
aux abois.
Entre-temps, le fils du chef de
l’État se dit : « Pourquoi pas un
petit concert avec Lil Wayne et
Chris Brown ? Ils sont bien cools,
ces messieurs, et j’aime bien ce
qu’ils font. Leurs tatouages sont
réussis. Aussi, faut bien que
j’installe ma production dans
un circuit de reconnaissance
internationale, aussi faut bien que
je meuble mon carnet d’adresses.
Aussi et surtout, ça m’ira bien
d’être vu aux côtés de ces grosses
pointures de la musique. J’ai une
carrière à booster. »
Et bidibou bidiba, on ferme les
yeux, on appelle ses amis du
milieu des affaires, on croise ses
doigts, on prend la bénédiction
de papa, maman applaudit ; et…
CONCERT au Champ de Mars !
En une soirée, non en six heures
de spectacles, on va littéralement
flamber plusieurs centaines de
milliers de dollars. Tous pour le
RAP américain, on fait ça parce
qu’on aime, on se complaît dans
l’idée, on fait ça pour la culture,
pour continuer à mettre Haïti sur
la carte touristique internationale.
Oh la honte !
La grande honte !
Parallèlement, nombre d’initia-
tives du secteur culturel peinent à
trouver du financement. Plein de
festivals de théâtre, de musique
n’ont pas pu être organisés cette
année faute de financement,
plein de rappeurs, de musiciens
haïtiens vivent dans la dèche et
n’arrivent pas à faire un premier
album faute de financement, plein
de villes de province ne disposent
pas d’une bibliothèque, plein
d’émissions culturelles boîtent,
forcent les choses pour continuer
à exister ; plein de bâtiments de
l’État en construction boivent des
tôles rouges…. La culture ici n’a
pas d’argent.
Oh la honte… on imagine bien
la tête de Lil Wayne et de Chris
Brown. Ils se disent sûrement :
« De quels matériaux ces gens
sont donc faits ? Dans un tel con-
texte, comment peuvent-ils faire
appel à nous ? Et même si ça fait
longtemps depuis que le contact a
été établi, au stade où ils en sont,
ils peuvent pas nous demander
de rapper pour eux ? Oh non ! Ils
ne peuvent pas, on ne fait pas ça
à un pays. »
Pourquoi Big O Productions
n’injecte pas ces centaines de mil-
liers de dollars dans des initia-
tives de renforcement structurel
de l’industrie de la musique ?
Pourquoi Big O n’injecte pas ces
centaines de milliers de dollars
dans une vaste campagne de valo-
risation et de promotion du Rap
kreyòl ? Oh oui !!! Ce concert est
impertinent, impertinent !!!
Lil Wayne, Olivier Martelly et Chris Brown.
» suite de la première page
18 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
CULTURE
L
a grotte de Lascaux, surnom-
mée la « Chapelle Sixtine de
l’art Pariétal », fut découverte
en 1940 à Montignac en Dor-
dogne, puis fermée au public en 1963
car la présence humaine dégradait les
nombreuses peintures vieilles de plus
de 17 000 ans. Une première repro-
duction partielle de la grotte, Lascaux
II, ouvrit au public en 1983 après dix
ans de travaux, à 200 m à peine de
l’originale. Alors que Lascaux III, la
reproduction itinérante de la grotte
de Lascaux, s’envolera pour la Corée
du Sud à la fin de l’été, Lascaux IV
commence à prendre forme au pied
de la colline surplombant le village de
Montignac. La dernière venue dans la
famille des Lascaux sera une repro-
duction intégrale de l’originale.
Lascaux IV, un projet titanesque:
31 mois pour réaliser 540 m² de
fac-similés pour la grotte, et 400
m² de double pour le musée. Avec
une hauteur de plafond allant par-
fois jusqu’à une dizaine de mètres.
« Ce projet à été un gros défi, »
raconte Francis Ringenbach, le
directeur artistique de l’Atelier
des Fac-Similés du Périgord, en
charge de la reproduction des
parois ornées de Lascaux IV.
Car c’est la structure, mais aussi
l’aspect minéral de la pierre, les
gravures et les peintures qu’il faut
recopier. Un travail précis et rigou-
reux sur lequel les 34 artistes de
l’AFSP travaillent sans relâche: à
quelques centaines de mètres du
chantier de Lascaux IV, ils don-
nent vie aux reproductions.
Les travaux de modélisation
3D permettent une reproduc-
tion au millimètre près, et ont
aussi permis la mise à jour de
nouvelles gravures. « De 1950 à
1960, André Glory avait relevé
avec des calques environ 700 fig-
ures d’animaux et de signes dans
l’abside, une des salles conten-
ant le plus de gravures, » raconte
Gilles Lafleur, Plasticien à l’AFSP.
« En travaillant avec la projection
3D pour reproduire l’abside, on a
découvert 120 figures supplémen-
taires! »
Lascaux II sera toujours
accessible pour un quota
restreint de personnes
Pour le moment, trois grues trô-
nent sur le site de Lascaux IV, et
les pelleteuses s’activent pour
construire l’ossature du bâtiment
dans lequel sera installé la repro-
duction intégrale de la grotte de
Lascaux et du futur centre inter-
national de l’Art Pariétal de Mon-
tignac-Lascaux.
C’est le cabinet norvégien Snøhet-
ta qui a réalisé les plans: la toiture
végétale du muse se fondra dans
le paysage, laissant apparaître
seulement un côté du bâtiment
par lequel les visiteurs entreront,
et la colline sera sanctuarisée
pour préserver le site.
La visite de Lascaux IV durera
environ deux heures et demie:
d’abord le fac-similé de la grotte,
puis dans une deuxième partie,
une salle où les doubles de cer-
taines parois seront suspendues
au plafond avec une muséogra-
phie particulière. Car l’enjeu pour
Lascaux IV sera aussi de créer une
expérience numérique. Accompa-
gné d’une tablette, le visiteur sera
guidé dans les dédales de Lascaux,
et pourra ainsi obtenir des infor-
mations complémentaires sur les
peintures et prendre des photos,
chose interdite dans Lascaux II.
Lascaux II sera toujours acces-
sible pour un quota restreint de
personnes après l’ouverture de
Lascaux IV. Initialement prévue
pour juillet 2016, l’ouverture de
Lascaux IV « aura un peu de retard
» estime André Barbé, le directeur
général de Semitour, l’entreprise
touristique qui gère l’exploitation
de Lascaux IV. Il espère tout de
même pouvoir ouvrir les portes
au public courant été 2016, mais
le plus important selon lui, c’est
qu’à l’ouverture, tout soit parfaite-
ment en place pour accueillir les
quelques 400 000 visiteurs atten-
dus à l’année.
Et puis
Et puis
avec un tas d’autres folies,
Toi et moi pour redonner de la cou-
leur à la terre
allumerons un grand feu qui re-
écrira nos visages
On fera l’inventaire du poème
Et les mots étaleront autre chose
que de simple maux
Nous reverrons les rêves de quand
nous étions mômes
nous diront l’amour
des heures soleils
et nous affronteront la nuit
laissant trace d’encre
gribouillé
et ils ne verront
ni toi
ni moi
nous formeront autre chose
que nous même
je serai l’autre comme toi
pour les gestes humains
a égalité
qui ne s’abimeront pas
qui ne s’éteindront pas
Qui restera dans leur mémoire
Oui, je l’impression de te connaître
je ne sais pas dans quel cycle nous
nous somme rencontrés
Les heures s’envolent, on mélange
nos mains
Mais on ne dira pas adieu
car à coup sur, on se rencontrera
dans les yeux d’un autre
Béo Monteau
Dis-le pour que
ça brûle
Par Dangelo Néard
L’expérience de la poésie est
celle du langage embarqué dans
des possibilités d’énonciation
jusque-là non soupçonnées. Le
poème dans sa structure et sa
présence dans le réel fait montre
d’une imprudence innombrable.
Lorsqu’on lit un poème, nos yeux
ne suffisent jamais ; le poème
mobilise tout notre arsenal sen-
soriel. Il nous introduit dans son
intimité et nous devenons nous-
mêmes « poèmes ».
C’est Reverdy qui écrivait : « La
poésie est à la vie ce qu’est le feu
au bois ». Quand la concrétude
et la routine des choses nous pié-
tinent, il nous faut une bouffée
d’air poétique pour continuer la
lutte contre le néant.
« Dis-le pour que ça brûle » est
un espace dédié à vos poèmes, à
vos désinvoltures.
Tous, nous avons ne serait-ce
qu’un seul poème qui va et qui
vient dans nos veines. Tous, nous
avons besoin de faire l’expérience
de l’altérité ; Paul Celan n’a-t-il pas
eu à écrire qu’il n’existe aucune
différence de principe entre une
poignée de main et un poème.
À ceux et celles qui voudraient
publier des poèmes dans cet
espace, prière de me les envoyer
sur le : dneard@lenational.ht
Soyons poètes ou rien !
dans les yeux d’un autre
La saga Lascaux continueSource : Paris Match
La grotte de Lascaux.
DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0
26 | 19
CULTURE
Entre toi et moi
Je suis né ce matin à la commis-
sure de tes lèvres
Je suis une fleur
Je prends racine sur ton nombril
Je suis un rayon qui se perd en toi.
L’autre jour, je me suis abreuvé de
ton rire
J’ai laissé des mots d’amour sous
ta porte
J’ai poussé dans ton jardin comme
pousse la rosée sous le toit du ciel
De ma fenêtre, je regarde ton
ombre passé
Et déjà, je l’aime avant de t’aimer
Hier au soir, je t’ai espionné
Je suis devenu poussière et me
suis accroché à tes pas
Fais de moi ton pissoire
Je suis tesson dans tes éclats de
mémoire
Depuis que j’ai découvert que je
suis boue
Je veux que tu souffles dans mes
narines
J’ai grandi ce midi quand je t’ai vu
sous la douche
Invitons la nuit à t’habiller de
nudité
J’ai dit à ta ville des mots aux cou-
leurs multiples
Chacun de tes grains de beauté est
suspendu à mes cils
Je m’ouvre à ton appel
Fidèle au jour lointain
Je t’offre un coffre de baisers
Le temps est du béton servi en
sauce
Je suis mort ce soir sur le pan du
monde
La lune a pleuré ses étoiles
d’absinthes
Pour nous rappeler que la rupture
est fiévreuse
Ta beauté est un voyou qui me
maltraite
Je m’endors les sens répus.
Wilbert Fortuné
« Les gens de lettres »Par Carl-Henry Pierre
B
audelaire, Marquéz, Duras,
Zweig, Frankétienne, Kafka,
Borges, Saramago, etc. Beau-
coup de personnes ont su, par
la littérature, dompter le réel. Elles
refusent, pour dire à peu près comme
Évelyne Trouillot dans son fameux
roman « Rosalie l’infâme », que les
silhouettes du temps soient flétries
et pour cela, elles apprennent à che-
vaucher ses ombres pour leur donner
vie. Elles sont toutes des « déparleurs
» et des « créateurs de mondes ». Ces
personnes-là, on les appelle quotidi-
ennement : « Les gens de lettres ».
Mais « Les gens de lettres » c’est aussi
le nom d’une émission télévisée qui
passe le soir, tous les dimanches sur
la TNH (Télévision Nationale d’Haïti),
à compter de 7h PM.
À bien y regarder (phrase chère
à Dangelo Néard l’animateur de
l’émission), le livre se propose tou-
jours à nous comme une instance
de pouvoir qui nous ouvre les
vannes de l’immortalité. Il faut
du coup et à tout prix sauver le
livre pour qu’en retour à tout prix
et à coup sûr, le livre puisse nous
sauver de la danse de l’absurde.
Il y a toujours eu mystère autour
du livre et de ses possibilités.
Certains diront comment peut-il
sauver l’individu qui le sauve?
Qu’on désapprenne à fouiller
dans ce mystère et si mystère il
y a, il n’est jamais à comprendre,
n’est-ce donc pas ça le principe
du mystère. Une seule chose est
sûre, c’est qu’un livre va toujours
au-delà des feuilles imprimées. À
cet effet, un dialogue avec les gens
de lettres à «Les gens de lettres»
permet toujours aux téléspecta-
teurs avisés de pouvoir mettre des
points sur les i et les barres sur les
T des œuvres littéraires.
Au-delà des feuilles
imprimées
En regardant l’émission « Les gens
de lettres » on se rend compte que
chaque écrivain est un monde sur
lequel vient se greffer plusieurs
mondes.
On comprend plus facilement
alors le vers de l’éditeur Rodney
Saint-Éloi sur les plateaux iti-
nérants de l’émission. Le poète
éditeur dit que « Pour le bonheur
des iles, un jour, il nous faudra
nous résigner à foutre la mer
dehors? Le saurions-nous un jour
que le livre (Haïti, Haïti) de Gary
Klang et d’Anthony Phelps devait
avoir un autre titre : « Le massacre
de Jérémie »? Et notre curiosité
nous permettrait-elle à elle-seule
de savoir que dans la maison
qu’habite Emmelie Prophète li y
a un jardin d’orchidées? Autant
d’intimités qui se sont dévoilées
dans cette émission dont le décor
de l’animation et l’animation du
décor offrent gratuitement un
temps de luxe aux téléspectateurs.
L’émission en l’espace de quelques
minutes permet d’appréhender
un certains nombres de textes qui
ont marqué la littérature de quel
qu’espace que ce soit. Il y en a
une ouverture sur le monde qui
fait grandir l’esprit. Combien de
fois dans notre environnement
immédiat, a-t-on entendu parler
du Théâtre de l’absurde ou de
l’Esthétique de l’écartèlement?
Les concepts et courants littérai-
res, les extraits qu’on lit, les résu-
més qui se font des livres, sans
mettre de côté les raisonnements,
avec Les gens de lettres, le monde
s’est transformé en un écran pur
et simple. Cette émission apporte
donc une autre couleur dans le
milieu littéraire culturel haïtien.
Une entreprise à pérenniser
« Les gens de lettres » est une
émission d’une rare puissance
d’expression littéraire. Elle doit
être pérennisée. C’est toute une
académie du beau langage. La lit-
térature n’est-elle pas, en réalité,
le plus haut degré de l’esthétique
d’une langue. Sa mort dans le
milieu culturel haïtien engendrera
un déplacement du curseur du livre
vers d’autres activités qui pourront
compromettre l’avenir de nos gens
de lettres d’une manière ou d’une
autre. L’émission semble n’être
faite que de finesse, de beaucoup
d’énergies, de temps et d’amour.
Si la présentation dure au moins
45 minutes, il n’en demeure pas
moins – et le on le sent bien- que sa
préparation s’est faite sur tout une
vie. Il faut vraiment se dépasser
pour s’aventurer dans cet exercice-
là. Il s’agit quand même des gens
de lettres! Marguerite Duras aurait
dit pour être des gens de lettres, il
faut être plus fort que soi.
En voilà une émission qui dit cul-
ture au propre comme au figuré et
qui fait d’elle le seul alibi face à
la mort. Qu’on pardonne les guil-
lemets qui vont suivre, puisque
la chose mérite d’être dite haut et
fort aussi. « Cette émission doit
être sponsorisée et financée (ce
qui ne se fait pas encore) par des
mécènes d’une manière ou d’une
autre, la classe moyenne, les insti-
tutions qu’elles soient ontologique-
ment de la culture ou pas, puisque
la culture n’a jamais eu de fron-
tières, donc d’espace propre».
C’est ainsi que l’initiative « Les
gens de lettres » conservera son
Dangelo Néard l’animateur de l’emission.
décor de tous les lieux, son calme
et sa belle façon de faire. Pour le
prendre à Jean Paul Sartre, pour
le dire comme Dangelo Néard,
l’animateur de l’émission «Les gens
de lettres» : « on n’est pas écrivain
pour avoir choisi de dire certaines
choses, mais pour avoir choisi de
les dire, d’une certaine façon ». Et
c’est dans cette étrange façon de
dire que la mort perd sa face, que
notre mort perd sa face.
A
u cours de la conférence
de presse qu’il a prononcé
le mercredi 24 juin à son
hôtel depuis le quartier de
Turgeau de Port-au-Prince, Movado,
après son petit tour à Pétion-Ville, a
déclaré être venu pour faire du tour-
isme et assurer la prestation de deux
concerts, l’un le jeudi 25 juin à l’hôtel
Marriot et l’autre le samedi 27 juin à
la Henfrasa.
Une conférence de presse aux
allures improvisées par les mem-
bres d’Haïti Live Fest qui ne
savaient pas qui dirigerait les
débats sur la table. À la fin, c’est
Romy, l’homme sexy (Romain
Hyppolite), qui fit office de maître
de cérémonie.
Movado, populaire parmi la
jeunesse haïtienne, a expliqué
comment il a été heureux de se
promener à la rue Chavannes, à
la veille de la fête patronale de la
cité, la Saint Pierre.
Très détendu et accompagné de
quelques membres de son staff,
Movado n’a pas été long, mais il
a semblé heureux d’être ici en
Haïti. D’ailleurs, il est venu avec
une équipe pour filmer les plages
du pays afin de montrer une autre
image d’Haïti. Il promet de dif-
fuser ces images dans son pays, la
Jamaïque, et en Floride.
Il a confié à l’assistance com-
posée de quelques journalistes,
d’artistes locaux et de DJ, com-
ment et depuis quand il est inté-
ressé à visiter Haïti. C’était après
le passage du séisme du 12 janvier
2010.
Movado, ami de l’haïtiano-améri-
cain Wyclef Jean, a confié à la
presse qu’il a entendu parler des
stars haïtiennes vivant en Haïti,
notamment du rappeur Fantom
du groupe Barikad Crew.Les
membres d’Haïti Live Fest, une
nouvelle organisation de produc-
tion avec des bureaux en Haïti
et aux États-Unis, ont profité de
cette conférence pour annoncer la
distribution de quarante bourses
d’études scolaires et universita-
ires.
La moitié des bourses d’études
sont octroyées par la star jamaï-
caine qui aimerait aider la jeu-
nesse haïtienne.
Les intéressés sont priés de visiter
le site internet d’Haïti Live Fest
pour s’inscrire.
20 | N0
26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015
CULTURE
Movado entre concert et tourisme !Par Walcam
À peine arrivée à Port-au-Prince, la star jamaïcaine n’est pas restée dans sa chambre d’hôtel. Movado a pris la
route de Pétion-Ville pour une petite visite et pour prendre contact avec le vrai peuple. Il a expliqué qu’il est un
fils du ghetto et qu’il se sent à l’aise comme ça.
Movado. / Photo : jamaicatakeout
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  • 1. » lire page 14 » P. 20 » P. 21 »   P. 4 CULTURE SPORT L a République dominicaine fout à la porte des centaines d’Haïtiens. Perdu dans les clameurs de notre Port-au- Prince chérie, on n’entend pas bien ce qui se passe, on se fait même la petite blague à ce sujet de temps en temps ; certains, indignés à l’extrême, tiennent les voisins dominicains en rancœur et exigent de l’État haïtien une réponse diplomatique musclée. Bon, entre l’État haïtien et une diplomatie forte, il y a plus qu’un gouffre, il n’y a aucune possibilité de rapports. L’État haïtien est faible, démesurément faible. Et les Dominicains ont regardé sous sa jupe. Aussi, en cette période, le dollar nous joue ses pires tours. Il faut dans les banques commerciales de la place pas moins de 52 gourdes pour acheter un dollar. » suite page 17 En ce bon vendredi 26 juin 2015, Lil Wayne et Chris Brown seront en Haïti pour se donner en spectacle. On dit qu’ils sont très excités à l’idée de venir ici. On leur a peut-être raconté qu’ici le soleil est beau et pimpant et que les habitants sont fort sympathiques et aiment bien ce qu’ils font comme artistes. On n’arrive pas à savoir combien les deux méga stars vont coûter au pays. Mais les rumeurs disent des choses, les rumeurs parlent de millions de dollars. Quand on sait que les deux méga stars sont parmi les artistes les mieux payés de la planète, on sait avec certitude qu’ils ne sont pas là pour empocher après concert 1 000 dollars Us chacun. Big O Production joue gros en ce temps de chacals. Movado entre concert et tourisme ! Par Walcam Haïti gagne mais perd la première place ! par Gérald Bordes La franc-maçonnerie : passage obligé vers le pouvoir ? HAÏTI / SOCIÉTÉ DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 NUMÉRO 26 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI HAÏTI / SPECTACLE ACTUALITÉ Le concert de l'impertinencePar Dangelo Néard Le feu de la Saint Jean. / Photo : J. J. Augustin Un livre blanc sur la sécurité et la défense nationale par Jean Michel Cadet
  • 2. 2 | N0 26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 TRIBUNE Décharge : « ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici »Par Louis M. Desrouleaux* O rdonnance du Juge des référés. Certains candidats confrontés au problème de décharge et se trouvant face à un parlement inopérant, édenté, ayant perdu sa capacité de leur donner satisfaction, se sont tournés vers le troisième pouvoir : le pouvoir judiciaire, en saisissant la juridic- tion des référés (au civil). De façon lapidaire je dirai que cette juridiction spéciale, s’occupe du provisoire et n’entend que les affaires urgentes. Vu la situation dans laquelle ils se trou- vent, les demandeurs ont bien choisi le juge devant lequel se présenter car en matière de décharge nous sommes en plein droit administratif et chez nous le référé administratif n’existe pas. La juridiction étant choisie, il faut maintenant savoir qui actionner. Cependant, avant d’entrer dans le vif du sujet, j’estime néces- saire, impératif même, d’attirer l’attention du lecteur sur le fait que nous sommes en matière civile comme souligné plus haut. Par conséquent le principe qui domine l’instance civile, quelle qu’elle soit, est le principe du contradictoire. Ce dernier, selon la doctrine, « …veut que chaque partie soit en mesure de discuter les prétentions, les arguments et les preuves de son adversaire. » (Procédure Civile – Précis Dalloz). C’est l’expression du respect, par toute partie, du droit à la défense. Le non-respect de ce principe fait que la partie, qui n’a pu con- naitre les moyens de fait sur lesquels l’autre partie fonde ses prétentions ainsi que les éléments de preuve qu’elle produit et les moyens de droit qu’elle évoque afin d’organiser sa défense, est réputée n’avoir pas été jugée. Le jugement à sortir dans ces cir- constances ne lui est pas oppos- able. D’ailleurs le juge lui-même ne peut retenir dans sa décision les moyens, les explications et les documents invoqués ou produits par une partie que si l’autre partie a été à même d’en discuter con- tradictoirement. La question est d’importance et c’est pourquoi je me permets d’appuyer sur la chanterelle. Cela étant dit, dans le cadre de cette affaire de décharge dont il est ques- tion dans cet article, j’affirme que pour que l’ordonnance des référés leur soit opposable il faut que : 1. À défaut du Parlement dont la dysfonctionnalité a été constatée dans le décret électoral, le Sénat soit assigné car le Parlement est l’institution chargée par la Consti- tution de donner décharge à cer- tains Hauts fonctionnaires ; 2. Le Conseil Électoral provisoire (CEP) soit assigné car c’est lui qui va appliquer l’article 90, alinéa h) du décret électoral ; 3. L’État aussi doit être assigné car suivant l’article 136 de la Constitu- tion « Le …Chef de l’État …assure le fonctionnement régulier des pou- voirs publics ainsi que la continuité de l’État. » Dans l’État actuel des choses le Chef de l’État peut donner décharge cependant, au lendemain du démantèlement du Parlement il avait promis que le seul décret qu’il prendrait serait le décret électoral pour permettre tenue d’élections dans le pays. À ce moment là, tout le monde avait applaudi. La théorie de la formalité impossible. Depuis le début du processus électoral, les politiciens utilisent en guise de remède de cheval, la théorie de la formalité impossible mais oublient d’en lire la posologie. Commençons par définir cette clé passe-partout du moment : c’est une théorie juridique qui permet de se dispenser d’un formalisme quand l’obstruction est orchestrée, contre toute attente, par les parties prenantes à un acte administratif. Pour les commodités de la compré- hension je soulignerai que la théorie de la formalité impossible est au droit administratif ce que le cas de force majeure est au droit civil. Il faut donc que l’impossibilité d’obtenir la décharge soit matérielle, absolue. Sommes-nous dans cette situa- tion ? Le Parlement étant devenu inopérant avant la promulgation du décret électoral, on se trouve confronté, en ce qui a trait à la décharge, à une impossibilité ex post facto (après coup). Ce genre d’impossibilité est libératoire en ce qui concerne le débiteur (le candidat). Il n’est plus tenu à la prestation, par hypothèse, dev- enue irréalisable. Cependant, dans le cadre de l’analogie que j’ai faite au paragraphe précédent et dans l’état de notre législation, on peut assimiler le pouvoir du Parlement d’octroyer décharge à une chose de genre c’est-à-dire, un objet dont la disparition n’est pas dramatique parce qu’il est aisé de le remplacer par un autre identique. En effet, sur le fondement de l’article 136 de la Constitution, le Chef de l’État peut remplacer la décharge parlemen- taire par une décharge présiden- tielle. L’impossibilité d’obtenir la décharge n’est donc pas absolue. Toutefois je dois faire remarquer que ce cas de figure ne prévalait qu’au niveau du BCED, lorsque seul le Sénat était inopérant. Étant donné que quelques jours avant la comparution par devant le BCEN, le Chef de l’État a informé la nation qu’il ne donnerait décharge à aucun candidat, la situation a changé de façon systématique. La porte a été ainsi ouverte pour que tout can- didat évoque valablement, pour sa défense, au niveau du BCEN, la théorie de la formalité impossible. C’est l’application de la règle Res Perit Debitori (la perte est pour le débiteur - de l’obligation éteinte par cas fortuit) le débiteur ici c’est l’État. De toute façon je dois dire que je suis très satisfait de constater la grande importance donnée par le pouvoir en place, au juridique dans les affaires électorales. De nom- breuses erreurs ont été commises par les acteurs mais cela fait partie de l’apprentissage. Boileau n’a-t-il pas dit : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage … ». La nouvelle procédure de création des compositions du BCED et du BCEN est une grande première qui devrait être de bon augure. Bonne chance à tous les candidats. * Avocat du Barreau de Port-au-Prince En regardant avec des yeux de spectateur tout ce tohu bohu qui se fait autour de cette question de « décharge » je ne pus m’empêcher de penser à cette célèbre fable de Jean de la Fontaine : Le Renard et le Bouc. En effet, ce sont d’anciens comptables de deniers publics qui, « allant de compagnie » avec une vision erronée des choses se sont lancés corps et âme dans la course à la présidence. La quête du pouvoir les obligea de descendre dans ce puits qu’est l’enregistrement de la candidature. Une fois cette étape franchie et leur qualité de candidat fraichement acquise et abondamment exhibée, l’un dit à l’autre : « Que ferons-nous compère, ce n’est pas tout de s’inscrire, il faut faire partie de la liste définitive. » Pour atteindre cet objectif, les candidats concernés utilisent comme levier ou béquille, suivant le cas, l’ordonnance du juge des référés et la théorie de la formalité impossible. Regardons de plus près ces adjuvants pour en dégager l’efficience et l’efficacité.
  • 3. DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0 26 | 3 ACTUALITÉ Du bénévolat qui coûte cher aux bénévoles Par Noclès Débréus « Des sept commissions prési- dentielles constituées en 2009 sous la présidence de René Préval, aucune d’entre elles n’avait à gérer ni fonds ni matériels », a informé d’entrée de jeu le professeur Nobert Stimphil, ancien membre du Groupe de travail sur l’éducation et la formation (GTEF), présidé par Jacky Lumarque. S’il est vrai que l’article 5 de l’arrêté présidentiel du 18 février 2009 portant création de cette commis- sion fait obligation à l’État haïtien, via le secrétariat général du Palais national, de mettre à dispositions des commissions des moyens maté- riels et logistiques nécessaires à l’accomplissement de leur mandat , le GTEF, précise Nobert stimphil, n’avait jamais reçu « une piastre » de l’État haïtien. Pour mener à bien leur travail, les membres se sont démenés auprès des instances non publiques pour obtenir de l’aide. C’est ainsi que Aide et Action, une organisation non gouvernementale, avait mis à la disposition de cette commission un local, des matériels de bureau et mobiliers. D’un autre côté, la fondation Unibank avait fourni des moyens logistiques pour les dif- férents déplacements et également un local pour la tenue de certaines réunions de la commission. En ce qui concerne les appointements alloués aux différents experts nationaux et étrangers consultés par le GTEF dans le cadre de son travail, tout a été pris en charge par la Banque intera- méricaine de développement (Bid) qui avait mené toute l’opération, a précisé Monsieur Stimphil, ajoutant que la commission avait seulement élaboré les termes de référence et les avait fournis à la Bid. Par ailleurs, Nobert Stimphil dit con- stater que depuis quelques années, il y a une tendance qui se développe en Haïti, laquelle vise à intimider des citoyens voulant s’engager au service du pays en y consacrant leurs savoirs, leur avoir ainsi que leur temps pour le mettre sur les rails du développe- ment. « Nous, autres, intellectuels et citoyens, nous disons que c’est inac- ceptable, nous n’accepterons jamais de pareille chose. Il est inacceptable de tenter d’intimider des citoyens qui ont servi le pays bénévolement dans le cadre de ces commissions et qui faisaient un travail de citoyen », a martelé l’ancien collaborateur de Jacky Lumarque au GTEF, faisant ainsi référence à la décision du CEP d’écarter la candidature de Monsieur Lumarque alors que ce dernier, selon ses anciens camarades-membres des commissions présidentielles, n’avait été ni comptable, ni ordonnateur des deniers publics. De leur côté le politologue Cary Hector, l’historien Claude Moïse ou encore le juriste Serge Henri Vieux abondent dans le même sens en précisant que tous les membres des commissions faisaient un travail de bénévolat et qu’aucun membre n’a été payé dans le cadre de son service. Serge H. Vieux, ancien membre du Groupe de travail sur la Constitu- tion (GTC) dit avoir rempli un devoir civique en acceptant de faire partie de ladite commission et en y apport- ant son expertise en tant que Juriste. Le politologue Hector, membre du GTEF et GTC croit avoir fait un bon travail pour le pays. La commission sur la Constitution avait soumis au gouvernement d’alors un rapport qui devait bien servir pour les amende- ments constitutionnels et la commis- sion sur l’Éducation avait formulé pas moins de 33 recommandations à travers un document intitulé : « Pour un pacte national de l’éducation », qui est un plan stratégique pour le développement du système éducatif. L’ancien président du GTC, Claude Moïse, pour sa part, n’entend pas courber l’échine dans sa lutte basée sur trois piliers (solidarité, respon- sabilité et engagement »), pour aider le pays à aller de l’avant. « Quoi qu’on dise, on continue à s’engager », a déclaré le professeur, précisant qu’il n’avait jamais eu à gérer de l’argent dans le cadre de ces commissions. C’est une première sortie de ces anciens membres de commissions présidentielles dans la presse. Nobert Stimphil promet que d’autres mem- bres auront à se prononcer à ce sujet en vue de faire jaillir toute la lumière sur cette affaire. Le calvaire de l'identité ? Seprocurerundocumentd’identitéenHaïtiestparfoislameràboire. Lescitoyenss’usentsouventlessoulierspourobtenirunpasseport,unecarte d’identificationnationale. Larédactiondujournalapuconstaterletempsquecelaprendpourobtenir cettefameusecarte.Commesinousétionsaubonvieuxtempsdesmachines àécrirealorsquenoussommesauxtempsdunumérique. Unedenosconnaissances,simplementpourremplacerunecarteperdue,doit revenirdansunmoisetdemi. Et d’autres personnes venues pour récupérer une carte et qui avaient été renvoyéesaussiàunmoisetdemidoiventrevenir…dansunmoisetdemi. Bref:lecalvairepartoutalorsqu’onneconnaîtmêmepaslenombredeper- sonnesvivantsurnotreterritoirequinedisposentpasdepapiers. Onn’auraitpaseutouscesHaïtiensenRépubliquedominicainenedisposant pasdepapierssil’Étathaïtiensesouciaitdesescitoyens. Ilyauntermeabominableencréole:«Mountoutbon.» Pourl’Étathaïtien,ilexistedes«mountoutbonetdesmounkipamoun». Bref,unapartheidquineditpassonnom.Presquepirequelecolonqui,lui, administraitsoncheptelhumain,luiaccordaitunecertainevaleur. C’estpourcelaquel’Étatdominicainn’apersonneenfacedelui.Entrecousins, onseserrelescoudes! UnÉtatquiconsidèrechaqueHaïtiencommeunêtrehumain,voicipourquoi nousdevonsnousbattre. Sinon,nouscesseronsvraimentd’existerentantquepeuple! Édito HAÏTI/COMMISSIONSPRÉSIDENTIELLES Quatre intellectuels haïtiens, tous anciens membres de commissions présidentielles, sont sortis de leur silence, ce jeudi 25 juin 2015, pour faire le point sur le fonctionnement, missions et réalisations des sept commissions créées au courant de l’année 2009 par l’ancien président René Préval. Claude Moïse, Nobert Stimphil, Cary Hector et Serge Henri Vieux ont jugé bon d’éclairer la lanterne de la population dans les débats de l’opinion publique, suite à la dernière décision du Conseil électoral provisoire (CEP) de rayer le nom de Jacky Lumarque de la liste des candidats agréés à la course présidentielle pour défaut de « décharge » en tant que coordonnateur du Groupe de travail sur l’ éducation et la formation (GTEF).
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 2, DELMAS 40 B EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 46 11 10 10 (509) 32 14 55 54 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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Se vantant les mérites d’une telle initiative, M. Martelly, a, au cours de son allocution de circonstance, pris l’engagement de tout mettre en branle en vue de l’application des recommandations de ladite commis- sion. Alors en campagne lors des élec- tions présidentielles de 2010, M. Martelly avait fait de cette thé- matique son cheval de bataille. Devenu président, il a fait montre d’une grande fougue pour mettre sur pied cette force mais sans succès. Un projet qui n’a visible- ment pas eu l’approbation de l’international qui affirmait sans ambages que la priorité de l’heure était la professionnalisation de la PNH. Révisant sa stratégie, le chef de l’État s’est alors tourné vers l’organisation des États améri- cains (OEA) via sa junte intera- méricaine de Défense qui a approuvé ce projet. Spécialisée dans les questions de sécurité et de Défense, cette instance a été l’un des acteurs majeurs dans la concrétisation du livre blanc. Elle a gratifié la commission présidentielle de son appui tech- nique et méthodologique en vue de l’élaboration du document. M. Martelly aurait-il la bénédiction du «blanc» pour instaurer une nouvelle force armée en Haïti ? Le livre blanc d’Haïti innove La particularité de ce livre blanc, le 19e de l’hémisphère, réside dans sa dimension globalisante. Ce livre se diffère ainsi des autres en ce qu’il ne se cantonne pas aux questions de défense mais s’intéresse à la sécurité de manière globale. Le ministre de la Défense, M. Lener Renauld justifie, à cet effet, l’approche globale en raison du phénomène de la mondialisa- tion. Haïti, argumente-t-il, est exposée aux mêmes menaces que tous les pays du globe. Il s’agit des désastres naturels, des séismes, du terrorisme international, la drogue, la criminalité cyberné- tique, etc. Au cours de son intervention, le directeur général de la Junte, le vice-amiral Bento Costa Lima de Albuquerque Junior, estime, de son coté, que le livre blanc d’Haïti s’inscrit dans une dynamique de réforme enclenchée par de nom- breux pays sur le plan sécuritaire. Il énumère à ce propos des prob- lèmes majeurs communs comme la corruption, le manque de cadre juridique, les contraintes bud- gétaires et l’existence de forces paramilitaires (la guérilla) qui justifient une nouvelle politique à long terme en matière de sécu- rité et de défense.Toutefois, le représentant permanent d’Haïti près l’OEA, l’ambassadeur Bocchit Edmond, a tenu à préciser que les questions sécuritaires relèvent de la responsabilité première d’un État. Soulignons, sur ce point, que l’élaboration du livre blanc d’Haïti est le fruit d’une longue réflexion de différentes entités de la vie nationale. Une thématique prisée lors des élections Dotée le pays ou pas d’une nou- velle force de défense est un sujet auquel les futurs candidats aux prochaines élections ne pourront échapper. Les aspirants président de la République notamment. Dans cet ordre, le candidat à la présidence du parti « Renmen Ayiti », Jean Henry Céant, croit nécessaire la mise sur pied d’une force de défense en Haïti. Il estime que la PNH, en dépit de ses prouesses, n’a ni la voca- tion ni les capacités de faire face à des problèmes majeurs comme le drame que connait le pays avec l’expulsion d’immigrants en République dominicaine. Questionné sur les contraintes budgétaires liées à une telle entre- prise, le chef de parti minimise le problème. Selon lui, moins de 400 millions de dollars perdus sur la frontière à cause de la gangrène que représente la contrebande pour l’économie, suffiraient à créer une nouvelle force armée. Le conseiller spécial du prési- dent Martelly, l’ex-sénateur Youri Latortue exprime, en revanche, des réserves sur la concrétisation de ce projet. Il faudrait un état- major pour prendre les rênes de cette initiative. Si non, celle-ci, risque de rester lettre morte comme les travaux des commissions précédentes ayant recommandé l’établissement d’une nouvelle force armée. Composée de neuf membres, cette commission créée par un arrêté présidentiel, a accouché du livre blanc sur la sécurité et la défense nationale pour le développement économique et social durable après seize mois de travail. HAÏTI/FORCESARMÉES Un livre blanc sur la sécurité et la défense nationalepar Jean Michel Cadet La quête de la mise sur pied d’une nouvelle force publique de défense nationale se poursuit. Nombreuses sont les commissions présidentielles qui se sont, mais hélas, attelées à cette tâche. Une autre tentative sur la question orchestrée par une énième commission s’est révélée plus significative. Elle a consisté en l’élaboration d’un livre blanc sur la Sécurité et la Défense nationale pour le développement économique et social durable d’Haïti remis officiellement au commanditaire, le président Michel J. Martelly, le jeudi 25 juin à l’hôtel Royal Oasis. Le président Martelly recevant le livre blanc de la défense sous les regards du Premier ministre Évans Paul et du vice-amiral Bento Costa Lima de Albuquerque Junior . / Photo : J. J. Augustin
  • 5. « Le gouvernement gère très bien la question de déportation des immigrants haïtiens à travers les dispositions prises sur le ter- rain », a lancé le chef de l’État. Criti- quant certains de ses opposant qui, dit-il, utilisent ce dossier à des fins politiques, M. Martelly a aussi expli- qué que les autorités haïtiennes sont présentes sur le terrain pour recevoir dignement nos compatriotes. Sans ces actions, Michel Martelly précise que ce serait déjà une catastrophe. Plus de 14 000 personnes, informe-t-il, ont déjà été déportées. Toutefois, souligne le Président, le plus grand problème réside dans le fait que l’État haïtien ne connait pas le nombre exact de gens qui seront renvoyés au pays, ce qui empêche, soutient-il, d’avoir une meilleure préparation. Le Premier ministre, Évans Paul, qui participait également à cette rencontre au Royal Oasis, a, pour sa part, rejeté « la thèse du retour volontaire au pays des citoyens ». Ce serait trop facile de dire que des gens ont décidé de laisser la République dominicaine en laissant tout derrière eux, fait remarquer le leader de la « Konvansyon inite demokratik ». Il croit, par ailleurs, que la République dominicaine est dans son droit de contrôler le nombre de personnes qui pénètrent son territoire. « Cependant, nous sommes un pays voisin, il y a une manière de nous traiter, et quand c’est un pays comme Haïti qui achète des dominicains, pour 2 milliards de dollars chaque année, il faut nous traiter avec respect », insiste Évans Paul. Le chef du gouvernement a profité de l’occasion pour saluer « la solidarité agissante de la société haïtienne » face à cette action antihaïtienne des dominicains. « Nous devrons changer les choses à notre avantage », a-t-il dit, arguant que c’est aujourd’hui le moment de mener une politique de développement national et de réinsertion sociale, car il ne suffit pas seulement de recevoir les compatriotes. De son côté, le ministre de la Communication du gouvernement Martelly-Paul, Rotchild Fraçois Junior, en campagne depuis hier, dans les médias, a expliqué qu’aucune mesure supplémentaire n’a été prise sur les produits dominicains,contrairementàceque rapportait la presse dominicaine. Seuls les produits frappés antérieurement d’interdiction ne peuvent être commercialisés, a-t-il précisé. Rotchild François Junior a également rejeté les rumeurs faisant croire que l’État haïtien allait fermer la frontière. « Le gouvernement demanderait seulement le respect des mécanismes de déportation et des conventions internationales, ainsi que l’acheminement du dossier des flux de déportés à travers deux postes d’entrées (Ouanaminthe et Malpasse) ». Belladère, les violations continuent Les actes de violation de droits humains continuent au niveau de la ligne frontalière haïtiano- dominicaine. Ce jeudi encore, le Groupe d’appui aux rappatriés et réfugiés (GARR) rapporte une situation de tension au niveau de la frontière Belladère/Elias Piña. Une situation qui s’est développée après qu’un chauffeur de taxi moto, Mercidieu Bazin, âgé de 31 ans, DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0 26 | 5 ACTUALITÉ HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE Michel Martelly fait le point sur les déportations !par Lionel Edouard Le président Michel Martelly, lors de la présentation du Livre blanc sur la Sécurité et la défense nationale pour le développement économique et social durable d’Haïti, Jeudi à l’hôtel Oasis, a fait le point autour du processus de rapatriement des immigrants haïtiens en provenance de la République dominicaine. s’est fait tabasser par des soldats dominicains. L’incident, explique le GARR s’est produit après qu’une bouteille, en provenance du territoire haïtien, frontière de Belladère, eut été lancée en direction du territoire dominicain, à Elias Piña alors que des soldats montaient la garde. Furieux, 4 militaires dominicains, explique l’organisme de défense des droits des réfugiés et des rapatriés, ont traversé la frontière afin de se saisir du chauffeur de taxi moto, pour ensuite le trainer sur leur territoire et le frapper violemment. En signe de protestation, les chauffeurs haïtiens de taxi moto ont érigé des barricades de pneus et de bois à l’entrée de la frontière de Belladère, pour empêcher l’entrée des camions dominicains sur le territoire haïtien. De leur côté, les soldats dominicains ont fermé temporairement la frontière d’Elias Piña. Ils ont proposé à Mercidieu Bazin de l’emmener à un centre hospitalier dominicain pour recevoir des soins. Proposition refusée par la victime, informe le GARR.
  • 6. La problématique de l’accès aux logements sociaux est séculaire en Haïti.Une situation qui s’est encore aggravée par le passage du séisme du 12 janvier 2010. Pour en venir à bout, l’Entreprise publique de promotion de logements sociaux (EPPLS) s’apprête à mettre en place un plan national de logements sociaux en lançant un colloque qui se tient du 25 au 26 juin 2015 à l’hôtel Montana (Pétion-Ville). L ’accès à des logements sociaux constitue l’un des droits fonda- mentaux de la personne. Mais en Haïti, il s’agit d’un véritable casse-tête tant les problèmes sont inextricables. La question foncière, les titres de propriété, le chômage sont, entre autres les obstacles qui empêchent la jouissance de ce droit. Consciente de toutes ces difficultés, l’Entreprise publique de promo- tion de logements sociaux (EPPLS) a lancé officiellement un colloque autour du thème « la problématique de logements sociaux en Haïti : états des lieux, défis, enjeux et perspec- tives », sous le haut patronage de la présidence de la République. Les cérémonies ont eu lieu à l’hôtel Mon- tana. Le Premier ministre Évans Paul et le ministre des Affaires sociales y ont pris part. Financement, typologie de loge- ments sociaux et aspect commu- nautaire de ces projets, sont, entre autres, les sous-thèmes qui seront agités lors de ces assises de deux jours via la constitution des ateliers de travail. Participant à la cérémonie, le président de la République, Michel J. Martelly, a fait savoir que ce colloque vient à un moment opportun où tous les efforts de l’équipe en place sont consentis afin d’offrir à chaque Haïtien de meilleures conditions d’existence. Ces genres d’initiative, souligne- t-il, consiste à réunir tous les acteurs-clés évoluant dans ce secteur en vue de mettre en place une « stratégie d’intervention » qui permettra aux plus vulnérables d’avoir un toit. Il a rappelé qu’au cours de sa campagne, il avait pris l’engagement de contribuer au relogement de plusieurs milliers de déplacés vivant dans des camps de fortune sous des bâches suite au cataclysme de janvier 2010. Le chef de l’État s’est félicité de sa collaboration avec les différents partenaires qui ont contribué à la relocalisation de ces sinistrés dans un environnement agréable doté des services sociaux de base. De son côté, Esson Dorisca, directeur général de l’EPPLS, a déclaré que la question de l’accès à des logements sociaux est un problème très grave, voire séculaire dans le pays. À cet effet, il s’avère crucial de s’y attaquer. Pour en venir à bout, souligne-t-il, il convient de passer en revue les différents éléments qui sont symptomatiques de ce problème en vue d’élaborer un plan national efficace. Le numéro un de l’EPPLS se plaint de l’absence d’outil légal l’empêchant d’exercer convenablement sa mission. Soulignant que cet organisme, en dépit de son énorme tâche à abattre, ne dispose pas d’un budget d’investissement. L’EPPLS ne possède qu’un budget de fonctionnement, déplore M. Dorisca, lui permettant seulement d’assurer le paiement de ses employés sans pouvoir réaliser aucun de ses projets. Pour l’instant, il dit espérer que la cinquantième législature aura à plancher sur l’élaboration d’un projet de loi en ce sens. Cet instrument, à son avis, contribuera au renforcement de l’institution qu’il dirige. Ce qui la rendra plus efficace dans l’intérêt de la population. Quant à la demande de logements, M. Dorisca informe qu’elle est énorme et inestimable. C’est pourquoi l’EPPLS, affirme-t-il, se mobilise dans le cadre de ce colloque. Il a en ce sens indiqué que l’organisme a déjà construit environ 11 millions 11 mille 036 logements sur toute l’étendue du territoire national. Présent dans des départements tels les départements du Nord-Est (Caracol), Nord, Sud et l’Ouest (Cabaret). En ce qui concerne les critères d’éligibilité, il a indiqué que les bénéficiaires doivent être d’abord haïtiens, ensuite fonctionnels, ce qui les habilitera à signer un contrat avec ledit organisme via sa direction d’exploitation. Selon lui, il devrait y avoir des banques de développement. L’EPPLS, explique M. Dorisca, s’engage, actuellement dans des discussions avec les acteurs qui travaillent dans le secteur bancaire afin de déterminer les mécanismes qui permettront de financer des jeunes de sorte qu’ils puissent avoir un logement décent de 52 mètres carrés (deux chambres à coucher, un mini salon, une mini salle à manger, une cuisine, deux toilettes et une petite salle d’attente). 6 | N0 26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 ACTUALITÉ ÉCHO L'ancien sénateur Joseph Lambert aurait agressé un étudiant Wesnel Jeudy, un étudiant en communication sociale à la Faculté des sciences humaines, affirme avoir été victime d’agression de la part de l’ancien sénateur Joseph Lambert lors d’une réunion politique à Coq Chante au sud-est d’Haïti. Joseph Lambert aurait utilisé un pistolet pour cogner sur la tête de l’étudiant. Reynold Jean Paul, garde du corps de l’ancien sénateur, nie avoir assisté à une telle scène. Serait-ce une façon de protéger son patron ? Le président de la BID visite l'école nationale de Zoranje Luis Alberto Moreno, président de la Banque interaméricaine de développement (BID), a visité mardi tour à tour l’école nationale de Zoranje, l’école congréganiste Externat La Providence et l’école Elie Dubois qui sont toutes en construction actuellement. Il s’agit de superviser les travaux en vue de savoir si ces écoles seront prêtes avant septembre. La congresswoman Yvette D. Clarke condamne les déportations Yvette D. Clarke, représentante du 9e district de New York, promet de collaborer avec les membres du Congrès et le Département d’État des États-Unis afin d’empêcher le déplacement forcé de centaines de milliers d’Haïtiens et de personnes d’origine haïtienne vivant en République dominicaine. Madame Clarke dénonce les déportations en cours, soutenant que les déportés, pour la plupart, sont nés en République dominicaine. Yvette D. Clarke exhorte les autorités dominicaines à reconsidérer cette politique de déportation et à travailler avec la Communauté des nations des Caraïbes (Caricom) pour prévenir une crise humanitaire inutile. Montréal : Denis Coderre s'élève contre les rapatriements forcés Des milliers de personnes d’origine haïtienne débarquent cette semaine dans des villes frontalières. La République dominicaine maintient sa position d’expulser bientôt tous les étrangers illégaux. Plusieurs personnalités étrangères prennent position contre cette décision. « En tant que maire de Montréal, je suis outré par la dépossession illégale et immorale et la déportation de centaines de milliers de personnes d’origine haïtienne nées en République dominicaine, parmi elles un grand nombre d’enfants. » C’est ce qu’a écrit Denis Coderre, maire de Montréal, qui demande au gouvernement canadien, dans un communiqué rendu public, de se dresser contre ce processus de rapatriements arbitraires. Jonas Coffy réclame un nouveau CEP pour des élections crédibles Les candidats évincés de la course électorale avaient accordé un délai expirant le lundi 20 juin au Conseil électoral provisoire pour une reconsidération de leur cas. Autrement, ils envisagent de tout entreprendre en vue d’arriver à sa destitution. Jonas Coffy d’« Ayisyen pou Ayiti » suggère au président de la République, Michel Martelly, de réunir toutes les forces vives du pays afin de trouver un nouvel accord politique débouchant sur la formation d’un autre Conseil électoral susceptible d’organiser des élections crédibles cette année. HAÏTI/LOGEMENTSSOCIAUX L'EPPLS se mobilise pour un plan national de logements sociauxpar Reynold Aris
  • 7. DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0 26 | 7 ACTUALITÉ À en croire les propos de Chan- tal Joseph, la coordonnatrice du programme, ces assises visent surtout à favoriser le développement des compétences des chefs de service, de leurs cadres, pour leur permettre d’assurer un meilleur pilotage de leurs activités. « Favoriser une participation pertinente des petites et moyennes entreprises (PME) aux projets d’entretien et de maintenance du réseau routier national, développer les compétences relationnelles pour garantir une bonne gouvernance avec les administrations et les bailleurs de fonds » sont, entre autres, des objectifs que caresse l’Association, selon la coordonnatrice. L’organisation espère voir, après cetteformationquiconcerneàlafois le niveau technique et managérial, un accroissement du nombre des entreprises haïtiennes pouvant accéder aux marchés d’entretien et de maintenance des routes en Haïti. Les institutions qui ont pris part à cette séance de formation devraient être, à l’avenir, en conformité avec l’exigence internationale en termes de qualité du travail technique. « C’est un module qui va permettre aux entreprises de préparer leurs plans d’affaires et les soumettre aux bailleurs de fonds, aux banques commerciales ou aux associés potentiels, de manière à trouver des fonds nécessaires pour l’exécution de leurs projets », a fait savoir le formateur Bervin Lapommeray. Il vise à leur fournir des outils essentiels pour préparer ce plan d’affaires, qui est un document présentant l’entreprise avec ses stratégies de mise en place et ses besoins. Un plan qui donnera des garanties de rentabilité et de croissance économique, selon le professeur. La majorité des 40 institutions membres de l’AHEC, dont HL con- struction, Enamex SA, Vorbe & Fils, étaient présentes à cette série de formation. L’ingénieur archi- tecte Cangé Olibrun, représentant d’Enamex SA, n’a pas manqué d’exprimer son entière satisfaction d’avoir suivi ce programme de for- mation. Pour lui, cette formation va sans doute aider les responsables de firmes de construction à être plus performants dans le cadre des analyses financières. « Cela va permettre à nos projets d’être plus vendables aux investisseurs et aux organismes de prêts », a-t-il ajouté. Philistin Ted, représentant de la compagnie Vorbe & Fils, a pour sa part révélé que ces séries de formations vont donner deux possibilités aux participants. D’une part, elles leur permettront de devenir plus compétitifs sur le marché et, d’autre part, ils vont avoir le pouvoir de créer leurs propres entreprises, pourvu qu’ils aient à présent l’aptitude de convaincre les bailleurs de fonds en vue d’obtenir des prêts pour financer leurs projets. À souligner que les programmes de formation de l’AHEC cernent deux champs spécifiques. Il s’agit du champ managérial qui regroupe, entre autres, la bonne gouvernance, l’analyse financière, le suivi des chantiers, la trésorerie, et de celui de la technique qui englobe l’environnement et l’entretien routier, les techniques de base, la pratique et le contrôle des travaux, la formation spécifique des différentes catégories de l’entreprise ainsi que les entretiens préventifs et la gestion du matériel et des équipements. HAÏTI /FORMATIONDESENTREPRISES Renforcer la capacité des entreprises de construction : une priorité pour l'AHECPar Evens REGIS Sous le haut patronage de l’Union européenne (UE) et du Centre de développement des entreprises (CDE), l’Association haïtienne des entreprises de construction (AHEC), a organisé cette semaine, à l’intention de ses membres, une séance de formation sur les prévisions financières et les plans de financement. Cette séance, qui a eu lieu en son local à Delmas 48, vise à favoriser le développement des compétences stratégiques et opérationnelles des institutions.
  • 8. 8 | N0 26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 MONDE L a Cour suprême des Etats-Unis confirmé jeudi l’une des prin- cipales dispositions fiscales de l’Obamacare, l’assurance santé publique, une réforme emblématique de la présidence de Barack Obama. Par six voix contre trois, les mag- istrats de la Cour suprême ont jugé que l’ « Affordable Care Act » voté en 2010 n’instituait pas une restriction aux aides fiscales reçues par certains Etats. Lors d’une allocution dans la rose- raie de la Maison blanche, Barack Obama a salué dans la décision de la Cour « une victoire pour les Américains ». C’est la deuxième fois en trois ans que la plus haute instance judici- aire des Etats-Unis rejette ainsi un recours intenté contre le texte, qui vise à étendre la couverture mala- die des Américains les moins favori- sés mais qui est très critiqué par le camp conservateur. Le président de la Cour, John Roberts, a voté en faveur du rejet, tout comme Anthony Kennedy, les deux hommes, pourtant considérés comme conservateurs, joignant leurs voix à celles de leurs collègues libéraux. « Le Congrès a adopté l’Affordable Care Act pour améliorer le marché de l’assurance santé, pas pour le détruire », écrit John Roberts dans les attendus du jugement, ajoutant que le caractère national des aides fiscales visées par le recours est nécessaire pour « éviter le genre de résultat désastreux que le Congrès a justement cherché à éviter ». La décision signifie que les aides fiscales contestées continueront de profiter aux 50 Etats américains. Elle devrait être perçue comme une victoire importante pour Barack Obama, qui souhaite que l’Obamacare soit mis en œuvre intégralement et survive à sa pré- sidence, qui s’achèvera en janvier 2017. Si le recours avait été accepté, au moins 6,4 millions de personnes dans au moins 34 Etats auraient perdu le bénéfice des avantages fiscaux visés, qui représentent 272 dollars (243 euros) par mois en moyenne. Une défaite de l’administration Obama dans ce dossier aurait pu avoir un impact plus large pour le marché de l’assurance en dis- suadant des Américains plus jeunes et en meilleure santé de souscrire une assurance maladie, ce qui aurait conduit à une hausse des cotisations pour les assurés plus âgés, estiment des analystes. La Cour suprême américaine valide un volet clé de l'ObamacareSources : Reuters L'ex-dictateur panaméen Noriega demande pardon à ses victimesSources : Reuters L ’ancien dictateur panaméen Manuel Noriega a rompu mer- credi le silence qu’il observait depuis son retour à Panama en 2011 pour demander pardon à ses victimes. L’octogénaire, qui est emprisonné depuis vingt-six ans et reste pour- suivi pour des violations de droits de l’homme pendant ses six années à la tête du pays (1984-1990), a dit vouloir ainsi « fermer le cycle de l’ère militaire ». « Je demande pardon à toutes les personnes que j’ai offensées, affectées, blessées ou humiliées par mes actes ou ceux de mes supérieurs en obéissant aux ordres, ou ceux de mes subordonnés », a déclaré l’ancien général, qui a lu à la télévision un texte préparé à l’avance. Manuel Noriega s’est rendu au tout début de l’année 1990 après l’invasion du petit pays d’Amérique centrale par l’armée américaine en décembre 1989. Il a été condamné en Floride en 1992 pour trafic de drogue et racket, une peine qu’il a purgée jusqu’en 2010. Avant d’être extradé vers la France où il a été condamné pour blanchi- ment d’argent. Il a été ensuite rapatrié dans son pays en 2011, où il reste empris- onné pour des crimes commis sous sa dictature. Barack Obama. Manuel Noriega, à Panama en 2011, après avoir été extradé de la France. Photo : HO/AP/SIPA
  • 9. DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0 26 | 9 MONDE U ne organisation de défense des droits des femmes au Honduras a dénoncé mer- credi une « épidémie » dans le pays de meurtres de femmes, dont le nombre a presque quadruplé entre 2005 et 2013. Selon le Centre des droits des femmes, le taux de morts violen- tes, pour les femmes, a atteint 12 pour 100 000 habitants en 2014, plus que le niveau considéré comme une épidémie - 8,8 morts pour 100 000 - par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « ce qui conduit à considérer ces meurtres comme une épidémie », a expliqué Claudia Herrmannsdor- fer, porte-parole de l’ONG. Ces déclarations surviennent trois semaines après une mobilisation géante en Argentine pour dénon- cer une série de féminicides dans le pays. Une indignation partagée par d’autres pays d’Amérique latine, avec des manifestations égale- ment organisées début juin au Chili, en Uruguay et au Mexique. Au Honduras, les cas de meur- tres de femmes ont grimpé « de manière alarmante », avec une hausse de 263 % entre 2005 et 2013, selon le Centre des droits des femmes. En 2013, 636 femmes ont été tuées, soit une toutes les 14 heures, un chiffre qui a baissé légèrement en 2014 (526). Entre janvier et mai 2015, déjà 152 féminicides ont été recensés. Selon Claudia Herrmannsdorfer, interrogée par l’AFP, le gouverne- ment du Honduras s’est engagé depuis 20 ans à combattre les crimes machistes, mais « il y a un manque de coordination entre les huit organisations chargées des enquêtes », donc 94 % des meur- tres restent impunis. La majorité d’entre eux « sont attribués au fait que les femmes (victimes) étaient impliquées dans des activités du crime organisé et pour cela on n’enquête pas, mais il faudrait le faire ». Le Honduras, qui souffre de la mainmise des bandes criminelles, est frappé par un record mondial d’homicides, avec 90 meurtres pour 100.000 habitants en 2012, selon l’ONU. Honduras : une ONG dénonce une « épidémie» de meurtres de femmesSOURCES : AFP Une balle près du cadavre d’une femme à Tegucigalpa, le 13 juin 2012 Orlando Sierra. / Photo: AFP La police sud-africaine mise en cause pour la tuerie de MarikanaSOURCES : Reuters L a commission d’enquête sur le massacre par la police sud- africaine de 34 grévistes de la mine de Marikana en 2012 a conclu que son exploitant, Lonmin, n’avait pas pris les mesures néces- saires pour mettre fin au conflit social et endiguer les violences, a déclaré jeudi le président sud-africain. La commission, dont Jacob Zuma a présenté les conclusions en direct à la télévision, a également recom- mandé l’ouverture de poursuites criminelles contre tous les polic- iers impliqués dans cette répres- sion sanglante. L’enquête qui a duré près de trois ans a été conduite par le juge à la retraite Ian Farlam. Le président Zuma a reçu le rapport en mars dernier. Selon le chef de l’Etat, les enquê- teurs ont en revanche jugé sans fondement les accusations visant le vice-président Cyril Ramaphosa, soupçonné d’avoir usé de son influence pour que la police intervienne contre les grév- istes alors qu’il siégeait, à l’époque, au conseil d’administration de Lonmin. La mine de Marikana le 16 août 2012, après la confrontation. / Photo : Stringer / AFP
  • 10. 10 | N0 26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 ÉCONOMIE Comment fabriquer les maillons de la chaîne Source : Pro-Poor Tourism Partnership Pour beaucoup d’habitants de la Caraïbe, la pauvreté est la seule réalité qu’ils connaissent. Et, s’il est vrai que le tourisme représente déjà un secteur important pour l’emploi et un pivot de l’économie de la région caraïbe, il offre en outre la possibilité de contribuer à l’amélioration du niveau de vie des pauvres, en particulier dans les régions situées à proximité des destinations touristiques de choix. CARAÏBES /TOURISMEETÉCONOMIELOCALE D e ce fait, les sociétés touris- tiques ont leur rôle à jouer dans la pour suite des objec- tifs économiques nationaux sans toutefois compromettre leurs intérêts commerciaux. Et, ce faisant, le secteur touristique ne peut que s’affirmer et mieux gérer son envi- ronnement, tout en tirant profit des opportunités qui se présentent pour améliorer ses produits et raffiner la qualité de l’expérience offerte aux touristes. EIl y a diverses façons de créer des liens entre les sociétés d’exploitation touristique et la population locale. Les hôtels peuvent, par exemple, s’adresser directement aux petits fournisseurs et aux microsocié- tés pour leurs fournitures, ou encore recruter du personnel local et assurer la formation sur place du personnel non qualifié, ou mi-qualifié seulement. Les hôtels et les promoteurs de visites touristiques organisées peuvent aussi s’entendre sur la base d’un “partenariat de bon voisinage”, afin d’essayer de transformer le contexte social existant en un envi- ronnement plus accueillant pour tous ceux qui y vivent, qui y tra- vaillent ou ne font qu’y passer. Ils peuvent aussi promouvoir le dével- oppement des arts, de l’artisanat local, des produits culturels et des services propres au secteur du tourisme, en organisant des excur- sions innovatrices et en exhortant les touristes à dépenser davantage sur place. Les hôtels et les promoteurs de visites touristiques organisées dev- ront choisir d’utiliser les produits qui conviennent le mieux au con- texte local. L’établissement de relations de travail avec les divers groupes économiques locaux est aussi désigné par l’expression : “Pro-Poor Tourism” (le “tourisme à la conquête de la pauvreté”) – voir : www.propoortourism.org.uk), - et propose un mode opération- nel différent dans ce secteur. Les dons des philanthropes aux causes célèbres sont certes très utiles à la communauté locale, mais ne servent pas toujours à mettre en valeur ce que le secteur touristique a de mieux à offrir. Il conviendrait plutôt d’étudier à fond un exemple commercial particulier – ou même un certain nombre d’exemples commer- ciaux particuliers – afin établir l’utilité pour le secteur touristique d’entretenir des relations avec les entreprises locales. Le secteur du tourisme ne baigne pas dans la liquidité, mais il représente tout de même un énorme pouvoir d’achat, exige la mise en place de structures et de personnel, une certaine con- naissance des affaires et la volo- nté d’influencer la majorité des touristes (en particulier en ce qui concerne leur capacité d’achat sur place, et l’intérêt qu’ils montrent pour les destinations proposées). Les promoteurs qui travaillent pour le secteur touristique ont besoin d’un environnement local protégé, attrayant et accueillant et ils ont aussi besoin du soutien de la population locale. Ils doivent pouvoir innover en développant leurs produits. Ainsi, par le main- tien de bonnes relations avec les entrepreneurs locaux, ils peuvent contribuer à améliorer l’expérience offerte aux touristes. L’un des avantages du développe- ment touristique est qu’il entraîne nécessairement une améliora- tion de l’infrastructure dans les domaines suivants : eau potable, entretien des réseaux routiers, traitement et élimination des déchets, électricité et télécommu- nications. Cette industrie devrait donc, dans la mesure d u possible, encourager les autorités locales à étendre aux communautés locales l’accès à ces services. Ces améliorations à l’infrastructure sont très importantes, puisqu’elles permettent à la population locale de bénéficier de l’économie tour- istique. Il y a diverses façons de créer des liens entre les sociétés d’exploitation touristique et la population locale. / Photo: © Pro-Poor Tourism Partnership
  • 11. DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0 26 | 11 ÉCONOMIE U n certain nombre d’ini- tiatives visant à élargir la couverture ont déjà été prises; ces expériences peu-vent être partagées et exploitées pour aller de l’avant. Des méthodes efficaces et efficientes d’extension de la couverture - mises en avant dans le présent rapport - peuvent être utilisées. Mais les cinq pays sont également confrontés à un certain nombre de problèmes communs - une modification des attentes de la population qui devient de plus en plus consciente à ce que la sécu- rité sociale peut faire, et, dans de nombreux pays, une réduction des dispositifs d’appui plus tra- ditionnels ou ad hoc, qui a pour conséquence une plus grande demande de sécurité sociale. Ces changements vont de pair avec une modification de l’environnement démographique, de santé, social et du marché du travail, et le rapport met l’accent sur l’évolution dynamique de la sécurité sociale dans les BRICS, qui doit relever le défi de l’extension de la couverture. Ce document est un sommaire exécutif du rapport de l’AISS «Extenstion de la couver- ture de sécurité sociale au sein du groupe des BRICS: une étude comparative» qui comprend des chapitres par pays plus complets et qui ont été écrits par des auteurs des cinq pays. Les chapitres par pays mettent en exergue les différentes approches adoptées par les BRICS pour rele- ver les défis relatifs à l’extension de la couverture de la sécurité sociale. Ils montrent comment les répons- es prennent en compte les réali- tés locales et l’environnement de chaque pays. Ce sommaire exécutif a été préparé par le secrétariat de l’AISS et résume ces chapitres par pays. Caractéristiques et perspectives communes Les cinq pays qui composent le groupe des BRICS sont devenus symptomatiques du recentrage que l’on constate en matière d’influence mondiale et de crois- sance économique. Tous ces pays ont connu une croissance économique importante et durable ces vingt dernières années. Leur croissance économique est due à une demande accrue en ressources naturelles et en produits manufac- turés, mais les BRICS ont égale- ment mis sur pied des industries à valeur ajoutée en investissant de très importants montants dans la formation et l’éducation. Ils ont également connu des changements culturels et sociétaux significatifs et rapides, notamment dans les structures familiales, ainsi qu’un exode rural considérable. Les BRICS ont en commun une volo- nté politique d’élargir la couver- ture de la sécurité sociale ainsi qu’un environnement économique dynamique qui a facilité les efforts déployés pour atteindre cet objec- tif. Dans la plupart des pays, il existe également une «fenêtre démographique» qui incite à agir dès à présent - des populations jeunes et une main-d’œuvre en expansion facilitent la mise en place des mesures d’extension. Divers points de départs, défis à relever et solutions apportées Bien que les BRICS présentent un cer- tain nombre de caractéristiques communes, les mesures qu’ils prennent pour élargir la sécurité sociale sont appliquées dans des environnements différents, spéci- fiques à chacun des cinq pays. Le cadre actuel de la sécurité sociale dans chacun des BRICS reflète pour une large part l’histoire nationale ainsi que les buts et atti- tudes du pays en matière de sécu- rité sociale. Les caractéristiques culturelles, institutionnelles et démographiques varient énormé- ment d’un pays à l’autre. Et ces 50 dernières années, tous les pays ont connu d’importantes transformations de leurs sociétés, la plupart d’entre eux étant passés d’un système économique marqué par une importante présence de l’Etat à un environnement économique de marché, nettement plus libre. Chacun des BRICS va se retrou- ver confronté, à l’avenir, à des modifications démographiques, économiques et sociétales différ- entes et subira des pressions exté- rieures elles aussi différentes. * Une étude comparative de l’extension de la couverture au Brésil, en Fédération de Russie, en Inde, en Chine et en Afrique du Sud / Suite à la plus prochaine édition. Des pays dynamiques avec une sécurité sociale dynamiqueSource : ISSA L’importance accrue des pays dits du groupe des «BRICS» dans l’économie mondiale est le reflet d’une transformation considérable de l’environnement économique, social et démographique dans les cinq pays. Ces changements ouvrent de nombreuses perspectives mais posent également des défis à la sécurité sociale qui doit s’adapter aux évolutions*. BRICS-SÉCURITÉSOCIALE Des pays dynamiques avec une sécurité sociale dynamique.
  • 12. 12 | N0 26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 ÉCONOMIE L e nombre d’arrivées de tour- istes internationaux a aug- menté de près de quarante fois sur la période allant de 1950 (25 millions) à 2010 (940 mil- lions). Malgré un contexte de graves crises économiques et financières et de catastrophes naturelles de 2000 à 2010, les arrivées de touristes inter- nationaux ont continué de croître à un taux annuel moyen de 3,4%. La croissance, particulièrement dynamique dans les pays en développement et émergents, leur a permis d’augmenter la part d’arrivées de touristes interna- tionaux de 31% en 1990 à 47% en 2010. Le tourisme international con- stitue une part importante de la croissance économique dans les pays en développement, et par- ticulièrement pour les pays les moins avancés et d’autres petits pays structurellement faibles et vulnérables qui, sans ce secteur, affronteraient d’énormes défis dans un système commercial mon- dial désormais hautement concur- rentiel et aux évolutions rapides. Le tourisme “est comme un ice- berg : la partie visible est consti- tuée du voyage, de l’hébergement et des services touristiques, sous la surface, il y a de multiples possi- bilités pour les ménages, les micro et petites entreprises”2. De nombreux pays étant dotés de ressources souvent uniques, de nature historique, naturelle ou culturelle, susceptibles d’être transformées en destinations de voyage, le tourisme est ainsi une activité universelle avec un impact local important. Le tourisme stimule l’économie locale dans les pays de destina- tion grâce aux liens existants dans la chaîne de valeur avec d’autres secteurs économiques, notamment avec l’agriculture. Il favorise égale- ment l’entrepre-neuriat et la crois- sance des PME locales, il permet une meilleure diversification de l’économie locale tout en générant des revenus liés aux exportations. Les biens et services découlant de ce secteur d’activité créent de nouveaux emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes, contribuant à la réduction de la pauvreté et, dans les zones rurales pauvres et éloignées, le tourisme peut contribuer à générer des reve- nus pour les populations de ces zones tout en réduisant les flux de migration urbaine. Dans certains pays, les revenus du tourisme ont permis de créer des fonds pour financer des pro- grammes de conservation de la biodiversité et de protection des ressources naturelles à l’origine de ce tourisme. Enfin, le tourisme peut contribuer à rendre positive l’image extérieure d’un pays. Le tourisme est principalement une activité traitée par le secteur privé. Cependant, sans l’existence et l’application de politiques et d’actions cohérentes et coordon- nées par le gouvernement, dans le secteur du tourisme mais aussi dans d’autres secteurs qui lui sont connexes, le tourisme ne peut s’inscrire pleinement dans un objectif de croissance et de dével- oppement inclusif et durable. Pire, sans volonté politique, les fuites financières (la perte de recettes touristiques liée à l’acquisition de biens et de servi- ces hors du pays) peuvent éroder de manière considérable les avan- tages économiques du tourisme et fragiliser le pays sur des aspects environnementaux, sociaux, cul- turels et économiques. CROISSANCEÉCONOMIQUE Les contributions du tourisme à la croissance et au développement inclusifs et durabIes Source : CNUCED Depuis plusieurs décennies, le tourisme international connait une croissance dynamique et une expansion soutenue. Le voyage extra-frontalier à des fins récréatives, de loisirs ou d’affaires est devenu l’une des activités économiques parmi les plus dynamiques dans le monde. Les biens et services découlant du tourisme créent de nouveaux emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes. / Photo: © afdb.tv
  • 13. DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0 26 | 13 Le Barreau de Port-au-Prince en appelle à l'ONU ! par eddy laguerre JUSTICE « Si l’Onu est là pour mainte- nir la paix, elle doit intervenir aujourd’hui contre le rapatrie- ment et la déportation des per- sonnes parles autorités dominicaines. Présentement, la paix dans la Caraïbe est menacée », a dit le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, maître Carlos Hercule, ce jeudi 25 juin 2015, lors du lancement de la phase III du programme d’assistance légale, conjointement géré par le ministère de la Justice et le Barreau de Port-au-Prince, avec le support de la Minustah. Le bâtonnier, qui condamne éner- giquement le comportement des responsables dominicains, dit croire que la République voisine fait peu de cas des conventions internationales et des principes élémentaires en matière de rela- tions diplomatiques. « L’Onu doit exiger de la Répub- lique dominicaine le respect du chapitre 7 de la Charte des Nations unies », insiste le bâtonnier qui est également le président de la Fédération des barreaux d’Haïti (FBH). Depuis le 17 juin dernier, un nombre considérable de per- sonnes vivant jusqu’ici en Répub- lique dominicaine commencent à arriver dans les différents postes frontaliers, fuyant ainsi la menace de déportation qui pèse sur elles suite à l’arrêt 168/13 de la Cour constitutionnelle dominicaine. Les opérations de rapatriement devraient commencer officielle- ment quarante-cinq jours après la date fatidique du 17 juin. Des voix se sont soulevées en Haïti pour faire remarquer que ces personnes pourchassées sont obligées de se déplacer sans leur patrimoine et, parfois, sans leurs enfants mineu- rs. Ce qui constitue, entre autres, une violation de la convention des Nations unies sur le droit des enfants. Maître Carlos Hercule déplore et condamne toutes les violations des droits des Haïtiens et des étrangers déportés ou expulsés par les responsables dominic- ains. « Ce qui se passe actuel- lement est inacceptable, aucun génocide ne peut être toléré dans le monde d’aujourd’hui », a lancé le bâtonnier en présence, notam- ment, du ministre de la Justice, maître Pierre-Richard Casimir, du président de la Cour de cas- sation, maître Jules Cantave, et d’un représentant de la mission des Nations unies en Haïti, M. Luc Coté. Le bâtonnier s’est aussi adressé directement aux avocats réunis à l’hôtel Le Plaza, au Champ de Mars, pour les inviter à apporter toute leur solidarité à ces per- sonnes dont les droits fondamen- taux sont violés et qui nécessitent une assistance urgente. « Je lance un appel solennel à tous les avocats dans cette salle pour qu’ils accomplissent un geste de solidarité envers ceux-là qui sont ou qui seront expulsés », a conclu maître Carlos Hercule, appelant à une solidarité nationale et inter- nationale en ces temps où la paix est menacée dans la zone caraïbe. Maître Carlos Hercule, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince. / Photo : Paul Philippe Kevin Assises criminelles à Port-au-Prince !par eddy laguerre Tandis que les assises criminelles sans assistance de jury lancées depuis le 3 juin 2015 se poursuivent, la juridiction de Port-au-Prince s’apprête à entrer en session d’assises criminelles avec assistance de jury à partir du 13 juillet prochain. Les assises avec et sans jury se poursuivront jusqu’au 31 juillet. Le doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, maître Bernard St-Vil et le chef du parquet de ce ressort, maître Clamé- Ocnam Daméus ont tour à tour confirmé pour Le National que plus de 250 dossiers criminels sont en état de recevoir jugement au cours de ces assises. L es assises criminelles sans assistance de jury se dérou- lent très bien jusqu’ici, selon le doyen Bernard St-Vil qui pré- cise que son tribunal veut traiter le maximum de dossiers possible avant le début des vacances judiciaires en août prochain. « Même pendant ces vacances, soit à partir de la première semaine du mois d’août jusqu’à la fin du mois de septembre, nous allons faire un roulement spécial pour con- tinuer les audiences correctionnelles et criminelles », nous dit le doyen, soucieux d’évacuer les dossiers en attente de jugement dans sa juridic- tion. Au un rythme de deux audiences par jour, les assises criminelles sans assistance de jury ont permis jusqu’ici de traiter 19 cas. Plus- ieurs prévenus ont pu être acquit- tés et d’autres ont été condam- nés en bénéficiant ou non des avantages de la loi du 4 décem- bre 1893 appelée loi Lespinasse. Parmi les personnes déjà jugées dans le cadre de ces assises, on peut citer : Denis Wesley, accusé de vol à main armée, acquitté ; Fils-Aimé Marc Nicolas Antilus, accusé de viol, condamné à deux ans de travaux forcés, mais béné- ficiant de la loi Lespinasse, a été libéré ; Fito Lindor, accusé de viol et de tentative d’assassinat, a été condamné à treize ans de travaux forcés et à des dommages-intérêts ; Johny Stevenson, accusé de viol, est condamné à trois ans de travaux forcés ; Avantout Ernest, accusé de viol, est condamné à quinze ans de travaux forcés ; Loiseau Bleginton, accusé de viol, a été acquitté ; Casséus Blanco, accusé de tentative de meurtre, est condamné à six ans de travaux forcés ; Lionel Doriscar, accusé d’association de malfaiteurs et de vol de nuit, a été acquitté. Le doyen avoue que des contin- gences empêchent parfois de réaliser le nombre d’audiences souhaitées. Il cite par exemple le décès d’un avocat qui, comme à l’accoutumée, avait provoqué un lever de siège, vendredi dernier. Une autre audience a été ren- voyée en raison de la maladie de l’accusé. Le doyen réaffirme toutefois sa volonté de tout mettre en œuvre pour favoriser le bon déroulement de ces assises avec et sans assis- tance de jury qui prendront fin le 31 juillet prochain. Au cours de ces sessions d’assises, les détenus qui n’ont pas d’avocats bénéficient gratuitement de l’assistance des avocats stagiaires du barreau de Port-au-Prince. Cent six avocats stagiaires ont prêté serment le 19 mai dernier au barreau de Port-au-Prince. Ils viennent s’ajouter au nombre des avocats stagiaires ayant prêté ser- ment en novembre 2014 et qui plaidaient déjà dans les sessions d’assises.
  • 14. 14 | N0 26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 SOCIÉTÉ P lus les jours passent, plus l’idée qu’on se fait de la franc- maçonnerie en Haïti fluctue. De nombreux adeptes, aux dires d’authentiques francs-maçons, déshonorent l’institution par leur comportement. Cependant des gens de toutes les tendances, de toutes les couches sociales tentent de s’y inté- grer.Ilscherchenttous,seloncertains, « la protection et le pouvoir ». Ce qui paraît contraire à l’idéal maçonnique qui priorise la spiritualité, la quête de soi et de la sagesse.  «Jounenjodia,nègyoapfeafèpayo », a laissé entendre un frère maçon. Des pratiques liées à la politique et interdites par la corporation auraient, dans un premier temps, contribué à des conflits entre les plus hautes instances de la franc-maçonnerie symbolique en Haïti avec, comme conséquence discutable, l’intervention de chefs d’État (François Duvalier et Michel Martelly), ces derniers comme toujours recevant le titre de grand protecteur de l’Ordre. Dans le temps, raconte sous couvert de l’anonymat un frère maçon, l’institution maçonnique accueillait seulement ceux qui étaient de bonnes vies et mœurs. « Le culte de la vertu, l’exercice de la bienfaisance, la recherche de la vérité, l’étude des sciences, de la morale, des arts et la pratique de la solidarité »constituaient les principaux objets de cet ordre initiatique traditionnel, progressiste et universel. ». Elle priorise ceux qui croient en Dieu et sont en quête « de la Lumière ». Aujourd’hui, la donne a changé et les pratiques s’ouvrent sur d’autres perspectives. Plus ambitieuses sans doute ! La réussite individuelle semble devenir la priorité des initiés. Les rituels et l’intégration des hauts fonctionnaires de l’État au sein de l’institution perturbent, dans une certaine mesure, la tradition. Depuis la fondation de la nation, des hauts dignitaires de l’État ont toujours intégré cette corporation. « Le général Toussaint Louverture n’a pas été franc-maçon. Mais l’institution maçonnique a reconnu sa dimension mystique », écrit Gaétan Mentor. Jean Jacques Dessalines n’a pas intégré le temple. L’histoire raconte qu’il pourchassait les francs-maçons en Haïti. Bizarrement, il y a une loge très connue à Port-au-Prince qui porte le nom du Père fondateur de la patrie. Dans son livre : « Les fils noirs de La Vierge », Gaétan Mentor reprend des propos de Thomas Madiou : « En ordonnant de fermer dans l’empire les loges des francs- maçons, Dessalines souleva contre lui l’indignation d’un grand nombre d’hommes. » Nos enquêtes n’ont pas abouti à une réponse précise au sujet d’une éventuelle participation de la franc-maçonnerie dans l’assassinat de l’Empereur. Gaétan Mentor ajoute encore que Dessalines s’imaginait que les francs-maçons ne se réunissaient que pour conspirer contre lui. Les loges dites « sauvages » auraient été créées à cause des persécutions de ces dernières par l’État de l’époque. Est-ce le vodou ou la religion catholique qui auraient été à la base de ces persécutions ? Ou est-ce leur clandestinité qui portait les dirigeants haïtiens à se méfier d’eux ? Les choses ont évolué dans le temps. Un informateur nous a confié que certains prêtres catholiques et pasteurs protestants sont aussi francs-maçons. De même que ces derniers ont investi une grande partie de la religion populaire haïtienne pour connaître les pratiques holistiques et mystiques du vodou. Selon un maître contacté, « le vrai maçon trouve la vérité dans toutes les pratiques religieuses ». Ce qui porte beaucoup plus de personnes à intégrer cette institution. Elles sont, dit-on, en quête de la Lumière. Depuis, tous ceux qui ont eu la charge de gouverner la nation haïtienne ont investi cet espace sacré ! L’indépendance haïtienne aurait été, en grande partie, l’œuvre de francs-maçons haïtiens et étrangers. La construction de la nouvelle nation aussi. Pendant longtemps, la gestion de la cité a été assurée par de Grands Maîtres ou des chefs d’État qui ont reçu des grades dans la franc-maçonnerie. Selon certaines informations reçues, l’actuel chef de l’État haïtien aurait reçu, l’espace d’une nuit d’initiation, trois grades : apprenti, compagnon et maître. On ne sait pas si le président Martelly continue à aller aux tenues de la loge Etoile d’Haiti # 5 où il a été initié. « Le statut Mystique » des chefs d’État paraît être une obligation. « Il est naturel pour un vrai leader d’intégrer cette institution aussi bien charpentée », a laissé entendre Gérald Augustave, premier grand surveillant du Grand Orient d’Haïti. Le chef de l’État devient alors le grand protecteur de l’ordre. De la gouvernance de Jean Pierre Boyer jusqu’à aujourd’hui, aucun chef d’État n’a refusé cette invitation : devenir franc-maçon. Les feux de la Saint Jean et la franc-maçonnerie Nous avons bien écrit « Feux de la Saint Jean » et non « Brulé Bois ». Selon Mentor, la franc-maçonnerie a plusieurs saints patrons dont les plus importants sont saint Jean le Baptiste, fêté le 24 juin, après le solstice d’été, saint Jean l’Évangéliste, fêté le 27 décembre, après le solstice d’hiver, et saint André, patron des Chevaliers. Selon les confidences de l’auteur, un autre saint peu connu serait saint Bernard, patron des Templiers. L’historien a aussi mentionné saint Alban. Pour Mentor, les francs-maçons, suivant en cela des traditions encore plus anciennes, célèbrent les feux de la Saint Jean, festivité qui n’a rien à voir avec le « boulé bois » tel que pratiqué par les loges en Haïti. Le symbolisme des Feux de la Saint Jean, c’est celui de la lumière extérieure représentée par l’élément feu. La crémation de bois est un simple accessoire des feux de la Saint Jean. L’accessoire a remplacé l’essentiel en déviant la cérémonie en un « boulé bois » qui s’écarte de la pure franc-maçonnerie. Cette offrande du bois sacré aux éléments du feu a, par contre, existé et était pratiquée par les corporations de charpentiers, de menuisiers, de boulangers, etc., qui, à l’imitation d’Abel dans la Genèse, offrait au feu un échantillon des meilleurs bois de leurs forêts afin que celui-ci les épargne des incendies dévastatrices et néfastes pour leurs activités commerciales. La franc-maçonnerie : passage obligé vers le pouvoir ?par Joe Antoine Jn-Baptiste HAÏTISOCIÉTÉ Le 24 juin, pour la Saint-Jean, les francs-maçons étaient dans les rues. Ils sont partout dans l’appareil d’État, également dans les entreprises privées. Ils ont prêté serment de se soutenir mutuellement ! » suite de la première page
  • 15. DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0 26 | 15 SOCIÉTÉ Le « Boulé bois » avec ses offrandes de gâteaux, etc., est une dénatur- ation d’un rituel pourtant sacré. « Le savoir ancestral a cédé à la super- stition », toujours selon Mentor. Trafics d’influences ? Le mercredi qui a précédé la cérémonie de prestation de serment duprésidentMichelJosephMartelly, au Palais législatif, le samedi 14 mai 2011, trois personnalités de la Grande Confrérie tenaient les rênes de la cérémonie d’initiation du chef de l’État. Ils sont chefs des instances du Suprême Conseil, du Grand Orient d’Haïti de 1824 et du Suprême Conclave. Selon les normes maçonniques, « c’est le Vénérable d’une loge qui initie et non le chef des instanc- es. Si le chef des instances est présent, il doit tout simplement assister au rituel . Où étaient les vénérables ? Pourquoi n’ont-ils pas présidé la tenue ? D’après cer- tains francs-maçons, il semblerait que les trois chefs des instances venus de différentes obédiences liées à cette grande confrérie ont voulu « partager le chef de l’État comme un gâteau ». « Recevoir trois grades en même temps, cela peut se faire. Mais en de très rares occa- sions », a fait savoir Gaétan Mentor. Une position que partage Antoine Jeudi, un frère-maçon présent à la cérémonie d’initiation du chef de l’État mais qui a toujours voulu garder un profil indépendant sur le plan politique. Un chef d’État protecteur de l’Ordre peut être aussi une porte ouverte à un trafic d’influences, ce qu’on a reproché à la franc-maçonnerie dans de nombreux pays. Les frères maçons s’en défendent en ripostant qu’un frère trois points jure de porter aide et assistance à son frère en toute occasion. Aide et assistance qui peuvent aller jusqu’où ? Des frères maçons connus ont toujours été nommés à des postes importants de l’administration publique. Ce n’est pas une mauvaise chose en soit pour les francs-maçons de mener la politique active. On a constaté le même phénomène en France comme aux États-Unis d’Amérique. Dans le cas d’Haïti où la situation économique est précaire, des proximités maçonniques avec le pouvoir, liées à des luttes de clans peuvent créer de profondes divisions dans l’institution. L’État donne-t-il aux loges ? D’après certains documents plusieurs, chefs d’État ont eu à faire des dons aux obédiences maçonniques. Lysius Salomon a eu à poser la première pierre du Grand Temple du Grand Orient dont le terrain fut un don de l’état. Michel Domingue a eu à concéder une propriété pour l’édification d’un orphelinat maçonnique et d’une école pour les jeunes filles placées sous la direction du Grand Orient. Le général Henry Namphy a eu à faire le don d’un terrain sis à Delmas 33 pour la construction du Grand Temple. Leslie Manigat a eu à faire un don en espèces pour commencer les travaux du Grand Temple à la charge, à l’époque, de l’Ing. Pierre Saint-Côme, ancien Grand Maître. La propriété fut saisie par le maire de Delmas avec, dit-on, la complicité du président Aristide (qui ne fut pas franc- maçon) en 2003. Selon feu Jean K. Gousse, ancien Grand Maître, un don important aurait été fait par le président Michel Martelly ou par l’État pour la réparation de certaines loges endommagées suite au séisme du 12 janvier 2010. Une mystérieuse affaire de black-out Par ailleurs, Gaétan Mentor a fait savoir que la prestation de serment du chef de l’État dans le noir, le samedi 14 mai, n’était pas le fruit du hasard. Il y a eu une coupure d’électricité. Il a prêté serment malgré tout. « Symboliquement, le chef de l’État, en tant que franc- maçon, a prêté serment dans l’obscurité. Normalement, il devrait reprendre sa prestation de serment une fois le courant rétabli. Il ne l’a pas fait. C’est une erreur grave. Cela présente de sérieuses anomalies dont le peuple haïtien peut ressentir les séquelles », a laissé comprendre Gaétan Mentor. Qu’est-ce que la franc-maçonnerie ? La franc-maçonnerie est avant tout une institution philosophique, cosmopolite, spirituelle, mystique et ésotérique. C’est une structure occidentale arrivée au pays suite à la scission des maçons haïtiens avec la grande loge d’Angleterre. En janvier 1824, est créé le Grand Orient d’Haïti. Cette Confrérie est composée de trois organes : le Grand Orient d’Haïti 1824, le Suprême Conseil des 33e de 1836 et le Suprême Grand Conclave de 1981. La franc-maçonnerie n’est pas une religion. De plus, elle est apolitique. Dans les principes généraux qui régulent le fonctionnement des membres du Grand Orient d’Haïti, il est interdit d’avoir au sein de l’institution des discussions politiques et religieuses ». « Elle est là pour servir », a fait savoir maître Antoine Jeudi. La franc-maçonnerie est également « un ordre initiatique traditionnel, progressif et universel, fondé sur la fraternité et est composé de membres de toutes les races et de toutes les nationalités ». Chaque organe de la franc-maçonnerie
  • 16. La franc-maçonnerie : passage obligé vers le pouvoir ? haïtienne a sa propre structure. Ce sont des instances séparées, mais qui travaillent en parfaite harmonie. C’est une institution qui repose sur la fraternité. Sa principale mission consiste à élever l’être humain à la spiritualité. Chaque personne doit travailler à la recherche de son développement personnel et à celui de l’humanité. Qu’en est-il pour la nation haïtienne ? Une nation qui, depuis son indépendance, projette l’image que connaît le peuple haïtien. Est-elle utile à la société haïtienne ? Du train où vont les choses dans le pays, plus d’un se demande si la franc-maçonnerie est utile à la société haïtienne. Au lendemain du séisme de janvier 2010, le président français, Nicolas Sarkozy, est entré aux pays et a demandé : « Où sont passés les Grands Maitres ? » L’on reconnaîtpartoutquecetteconfrérie a une fonction sociale majeure : participer au développement de la nation. Dans les autres pays, elle participe à la construction des universités, des écoles et s’assurent de la formation de qualité donnée à ceux qui fréquentent ces différentes structures. Cette confrérie participe largement à la construction sociale de la nation dans laquelle évoluent ses membres. Faire du social constitue pour les membres de cette confrérie une grande priorité. En Haïti, c’est tout à fait le contraire, regrette le frère Antoine Jeudi. Les francs-maçons d’Haïti n’ont pas d’argent. Ils ne reçoivent pas de dons. D’autant plus que c’est, du moins sur le papier, une institution apolitique. L’institution reconnaît que la grande tendance porte les frères maçons à courir après leur bien-être individuel. Cette course, dans certains cas, peut déshonorer l’idéal de cette confrérie. « La franc- maçonnerie voit la communauté en général. C’est l’épanouissement spirituel de chaque individu qui rejaillira sur la nation de manière positive. » On trouve aussi des personnes réputés mason lòj qui déshonorent l’institution en se comportant comme de vulgaires charlatans. Les loges reconnues devraient se prononcer contre de tels agissements. Elles ne le font pas. Cependant, Antoine Jeudi a fait savoir qu’en Haïti la majeure partie de ceux qui fréquentent cette institution voient avant tout leurs intérêts purement personnels. Il reste convaincu que ces derniers « ne vont pas faire long feu dans cette noble institution. Ils passent outre les prescrits et normes qui régissent cette institution », a-t-il prédit. La franc-maçonnerie s’est étendue à travers le pays. La quête du pouvoir reste déterminante pour certains de ceux qui fréquentent ce lieu qui aurait dû être seulement celui du savoir et de la sagesse. Ce groupe de francs-maçons projette une image déplorable de l’institution. Onpeutdireque,malheureusement, la franc-maçonnerie, comme toutes nos institutions, reflète l’état de notre société alors qu’elle aurait dû être un flambeau pour nous éclairer dans notre nuit. 16 | N0 26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 SOCIÉTÉ COMMENTDEVIENT-ONFRANC-MAÇON? IL SUFFIT D’ÊTRE PARRAINÉ PAR TROIS FRÈRES ET DE RÉPONDRE À CERTAINS CRITÈRES, TELS QUE NE PAS AVOIR DE CASIER JUDICIAIRE, SAVOIR LIRE ET ÉCRIRE, POUVOIR PAYER LES FRAIS D’INITIATION, ETC. POUR GAÉTAN MENTOR, C’EST PLUS COMPLEXE. IL FAUT « AVOIR REÇU L’APPEL INTÉRIEUR’ET ENSUITE ÊTRE « ORIENTÉ » À FRAPPER À LA PORTE DU TEMPLE. LA FRANC-MAÇONNERIE EST UNE VOCATION SPIRITUELLE, UN CONTRAT À LONG TERME ET VOLONTAIREMENT CONSENTI POUR TRAVAILLER SANS RELÂCHE À L’AMÉLIORATION DE SOI ET DU GENRE HUMAIN. MENTOR, CITANT ROBERT AMBELAIN, RAPPELLE L’OSTRACISME DE LA LETTRE B QUI PRÉSIDAIT AU PARRAINAGE DES FRÈRES EN LOGE AUX SIÈCLES PRÉCÉDENT. LES BOURGUES, LES BOSSUS, LES BORGNES, ETC., SE VOYAIENT REFUSER L’ADMISSION EN LOGE. LE RECRUTEMENT MASSIF FAIT DE SÉRIEUX TORTS À L’INSTITUTION ET FAVORISE LA « QUANTITÉ » PLUTÔT QUE LA « QUALITÉ ». LA FRANC-MAÇONNERIE N’EST PAS UN CENTRE DE MAGIE, DE « WANGA », DE POLITICAILLERIE OU DE COUP BAS. C’EST UN ESPACE SACRÉ, UNIVERSEL ET FRATERNEL, POUR L’APPRENTISSAGE DES VALEURS MORALES, LA PRATIQUE DES VERTUS ET QUI PERMET LA MAÎTRISE DES VICES ET DU « VIEIL HOMME ». Liste partielle des Obédiences symboliques GRAND ORIENT DE 1824 (RÉGULIER) GRANDE LOGE D’HAÏTI DE 1961 (LOGES MASCULINES ET LOGES FÉMININES) GRANDE LOGE NATIONALE D’HAÏTI GRANDE LOGE SEPTENTRIONALE D’HAÏTI (CAP-HAÏTIEN) GRANDE LOGE DE L’ÈRE DU VERSEAU (MIXTE) ETC. » suite de la page 15
  • 17. DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0 26 | 17 CULTURE Le concert de l'impertinencePar Dangelo Néard Et quand le dollar a de telles atti- tudes dans le jeu économique, la vie chère montre ses dents et casse un peu plus les genoux de la population haïtienne. Ça ne va pas bien dans les quartiers précaires du pays. Ça sent la faim, la crasse, la drogue, la prostitution. Ça sent l’horreur. Juillet 2015 ramène les cent ans du débarquement des Marines en Haïti. L’État haïtien ne prévoit pas grand-chose. La mémoire, aurait dit Évelyne Trouillot, est aux abois. Entre-temps, le fils du chef de l’État se dit : « Pourquoi pas un petit concert avec Lil Wayne et Chris Brown ? Ils sont bien cools, ces messieurs, et j’aime bien ce qu’ils font. Leurs tatouages sont réussis. Aussi, faut bien que j’installe ma production dans un circuit de reconnaissance internationale, aussi faut bien que je meuble mon carnet d’adresses. Aussi et surtout, ça m’ira bien d’être vu aux côtés de ces grosses pointures de la musique. J’ai une carrière à booster. » Et bidibou bidiba, on ferme les yeux, on appelle ses amis du milieu des affaires, on croise ses doigts, on prend la bénédiction de papa, maman applaudit ; et… CONCERT au Champ de Mars ! En une soirée, non en six heures de spectacles, on va littéralement flamber plusieurs centaines de milliers de dollars. Tous pour le RAP américain, on fait ça parce qu’on aime, on se complaît dans l’idée, on fait ça pour la culture, pour continuer à mettre Haïti sur la carte touristique internationale. Oh la honte ! La grande honte ! Parallèlement, nombre d’initia- tives du secteur culturel peinent à trouver du financement. Plein de festivals de théâtre, de musique n’ont pas pu être organisés cette année faute de financement, plein de rappeurs, de musiciens haïtiens vivent dans la dèche et n’arrivent pas à faire un premier album faute de financement, plein de villes de province ne disposent pas d’une bibliothèque, plein d’émissions culturelles boîtent, forcent les choses pour continuer à exister ; plein de bâtiments de l’État en construction boivent des tôles rouges…. La culture ici n’a pas d’argent. Oh la honte… on imagine bien la tête de Lil Wayne et de Chris Brown. Ils se disent sûrement : « De quels matériaux ces gens sont donc faits ? Dans un tel con- texte, comment peuvent-ils faire appel à nous ? Et même si ça fait longtemps depuis que le contact a été établi, au stade où ils en sont, ils peuvent pas nous demander de rapper pour eux ? Oh non ! Ils ne peuvent pas, on ne fait pas ça à un pays. » Pourquoi Big O Productions n’injecte pas ces centaines de mil- liers de dollars dans des initia- tives de renforcement structurel de l’industrie de la musique ? Pourquoi Big O n’injecte pas ces centaines de milliers de dollars dans une vaste campagne de valo- risation et de promotion du Rap kreyòl ? Oh oui !!! Ce concert est impertinent, impertinent !!! Lil Wayne, Olivier Martelly et Chris Brown. » suite de la première page
  • 18. 18 | N0 26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 CULTURE L a grotte de Lascaux, surnom- mée la « Chapelle Sixtine de l’art Pariétal », fut découverte en 1940 à Montignac en Dor- dogne, puis fermée au public en 1963 car la présence humaine dégradait les nombreuses peintures vieilles de plus de 17 000 ans. Une première repro- duction partielle de la grotte, Lascaux II, ouvrit au public en 1983 après dix ans de travaux, à 200 m à peine de l’originale. Alors que Lascaux III, la reproduction itinérante de la grotte de Lascaux, s’envolera pour la Corée du Sud à la fin de l’été, Lascaux IV commence à prendre forme au pied de la colline surplombant le village de Montignac. La dernière venue dans la famille des Lascaux sera une repro- duction intégrale de l’originale. Lascaux IV, un projet titanesque: 31 mois pour réaliser 540 m² de fac-similés pour la grotte, et 400 m² de double pour le musée. Avec une hauteur de plafond allant par- fois jusqu’à une dizaine de mètres. « Ce projet à été un gros défi, » raconte Francis Ringenbach, le directeur artistique de l’Atelier des Fac-Similés du Périgord, en charge de la reproduction des parois ornées de Lascaux IV. Car c’est la structure, mais aussi l’aspect minéral de la pierre, les gravures et les peintures qu’il faut recopier. Un travail précis et rigou- reux sur lequel les 34 artistes de l’AFSP travaillent sans relâche: à quelques centaines de mètres du chantier de Lascaux IV, ils don- nent vie aux reproductions. Les travaux de modélisation 3D permettent une reproduc- tion au millimètre près, et ont aussi permis la mise à jour de nouvelles gravures. « De 1950 à 1960, André Glory avait relevé avec des calques environ 700 fig- ures d’animaux et de signes dans l’abside, une des salles conten- ant le plus de gravures, » raconte Gilles Lafleur, Plasticien à l’AFSP. « En travaillant avec la projection 3D pour reproduire l’abside, on a découvert 120 figures supplémen- taires! » Lascaux II sera toujours accessible pour un quota restreint de personnes Pour le moment, trois grues trô- nent sur le site de Lascaux IV, et les pelleteuses s’activent pour construire l’ossature du bâtiment dans lequel sera installé la repro- duction intégrale de la grotte de Lascaux et du futur centre inter- national de l’Art Pariétal de Mon- tignac-Lascaux. C’est le cabinet norvégien Snøhet- ta qui a réalisé les plans: la toiture végétale du muse se fondra dans le paysage, laissant apparaître seulement un côté du bâtiment par lequel les visiteurs entreront, et la colline sera sanctuarisée pour préserver le site. La visite de Lascaux IV durera environ deux heures et demie: d’abord le fac-similé de la grotte, puis dans une deuxième partie, une salle où les doubles de cer- taines parois seront suspendues au plafond avec une muséogra- phie particulière. Car l’enjeu pour Lascaux IV sera aussi de créer une expérience numérique. Accompa- gné d’une tablette, le visiteur sera guidé dans les dédales de Lascaux, et pourra ainsi obtenir des infor- mations complémentaires sur les peintures et prendre des photos, chose interdite dans Lascaux II. Lascaux II sera toujours acces- sible pour un quota restreint de personnes après l’ouverture de Lascaux IV. Initialement prévue pour juillet 2016, l’ouverture de Lascaux IV « aura un peu de retard » estime André Barbé, le directeur général de Semitour, l’entreprise touristique qui gère l’exploitation de Lascaux IV. Il espère tout de même pouvoir ouvrir les portes au public courant été 2016, mais le plus important selon lui, c’est qu’à l’ouverture, tout soit parfaite- ment en place pour accueillir les quelques 400 000 visiteurs atten- dus à l’année. Et puis Et puis avec un tas d’autres folies, Toi et moi pour redonner de la cou- leur à la terre allumerons un grand feu qui re- écrira nos visages On fera l’inventaire du poème Et les mots étaleront autre chose que de simple maux Nous reverrons les rêves de quand nous étions mômes nous diront l’amour des heures soleils et nous affronteront la nuit laissant trace d’encre gribouillé et ils ne verront ni toi ni moi nous formeront autre chose que nous même je serai l’autre comme toi pour les gestes humains a égalité qui ne s’abimeront pas qui ne s’éteindront pas Qui restera dans leur mémoire Oui, je l’impression de te connaître je ne sais pas dans quel cycle nous nous somme rencontrés Les heures s’envolent, on mélange nos mains Mais on ne dira pas adieu car à coup sur, on se rencontrera dans les yeux d’un autre Béo Monteau Dis-le pour que ça brûle Par Dangelo Néard L’expérience de la poésie est celle du langage embarqué dans des possibilités d’énonciation jusque-là non soupçonnées. Le poème dans sa structure et sa présence dans le réel fait montre d’une imprudence innombrable. Lorsqu’on lit un poème, nos yeux ne suffisent jamais ; le poème mobilise tout notre arsenal sen- soriel. Il nous introduit dans son intimité et nous devenons nous- mêmes « poèmes ». C’est Reverdy qui écrivait : « La poésie est à la vie ce qu’est le feu au bois ». Quand la concrétude et la routine des choses nous pié- tinent, il nous faut une bouffée d’air poétique pour continuer la lutte contre le néant. « Dis-le pour que ça brûle » est un espace dédié à vos poèmes, à vos désinvoltures. Tous, nous avons ne serait-ce qu’un seul poème qui va et qui vient dans nos veines. Tous, nous avons besoin de faire l’expérience de l’altérité ; Paul Celan n’a-t-il pas eu à écrire qu’il n’existe aucune différence de principe entre une poignée de main et un poème. À ceux et celles qui voudraient publier des poèmes dans cet espace, prière de me les envoyer sur le : dneard@lenational.ht Soyons poètes ou rien ! dans les yeux d’un autre La saga Lascaux continueSource : Paris Match La grotte de Lascaux.
  • 19. DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 N0 26 | 19 CULTURE Entre toi et moi Je suis né ce matin à la commis- sure de tes lèvres Je suis une fleur Je prends racine sur ton nombril Je suis un rayon qui se perd en toi. L’autre jour, je me suis abreuvé de ton rire J’ai laissé des mots d’amour sous ta porte J’ai poussé dans ton jardin comme pousse la rosée sous le toit du ciel De ma fenêtre, je regarde ton ombre passé Et déjà, je l’aime avant de t’aimer Hier au soir, je t’ai espionné Je suis devenu poussière et me suis accroché à tes pas Fais de moi ton pissoire Je suis tesson dans tes éclats de mémoire Depuis que j’ai découvert que je suis boue Je veux que tu souffles dans mes narines J’ai grandi ce midi quand je t’ai vu sous la douche Invitons la nuit à t’habiller de nudité J’ai dit à ta ville des mots aux cou- leurs multiples Chacun de tes grains de beauté est suspendu à mes cils Je m’ouvre à ton appel Fidèle au jour lointain Je t’offre un coffre de baisers Le temps est du béton servi en sauce Je suis mort ce soir sur le pan du monde La lune a pleuré ses étoiles d’absinthes Pour nous rappeler que la rupture est fiévreuse Ta beauté est un voyou qui me maltraite Je m’endors les sens répus. Wilbert Fortuné « Les gens de lettres »Par Carl-Henry Pierre B audelaire, Marquéz, Duras, Zweig, Frankétienne, Kafka, Borges, Saramago, etc. Beau- coup de personnes ont su, par la littérature, dompter le réel. Elles refusent, pour dire à peu près comme Évelyne Trouillot dans son fameux roman « Rosalie l’infâme », que les silhouettes du temps soient flétries et pour cela, elles apprennent à che- vaucher ses ombres pour leur donner vie. Elles sont toutes des « déparleurs » et des « créateurs de mondes ». Ces personnes-là, on les appelle quotidi- ennement : « Les gens de lettres ». Mais « Les gens de lettres » c’est aussi le nom d’une émission télévisée qui passe le soir, tous les dimanches sur la TNH (Télévision Nationale d’Haïti), à compter de 7h PM. À bien y regarder (phrase chère à Dangelo Néard l’animateur de l’émission), le livre se propose tou- jours à nous comme une instance de pouvoir qui nous ouvre les vannes de l’immortalité. Il faut du coup et à tout prix sauver le livre pour qu’en retour à tout prix et à coup sûr, le livre puisse nous sauver de la danse de l’absurde. Il y a toujours eu mystère autour du livre et de ses possibilités. Certains diront comment peut-il sauver l’individu qui le sauve? Qu’on désapprenne à fouiller dans ce mystère et si mystère il y a, il n’est jamais à comprendre, n’est-ce donc pas ça le principe du mystère. Une seule chose est sûre, c’est qu’un livre va toujours au-delà des feuilles imprimées. À cet effet, un dialogue avec les gens de lettres à «Les gens de lettres» permet toujours aux téléspecta- teurs avisés de pouvoir mettre des points sur les i et les barres sur les T des œuvres littéraires. Au-delà des feuilles imprimées En regardant l’émission « Les gens de lettres » on se rend compte que chaque écrivain est un monde sur lequel vient se greffer plusieurs mondes. On comprend plus facilement alors le vers de l’éditeur Rodney Saint-Éloi sur les plateaux iti- nérants de l’émission. Le poète éditeur dit que « Pour le bonheur des iles, un jour, il nous faudra nous résigner à foutre la mer dehors? Le saurions-nous un jour que le livre (Haïti, Haïti) de Gary Klang et d’Anthony Phelps devait avoir un autre titre : « Le massacre de Jérémie »? Et notre curiosité nous permettrait-elle à elle-seule de savoir que dans la maison qu’habite Emmelie Prophète li y a un jardin d’orchidées? Autant d’intimités qui se sont dévoilées dans cette émission dont le décor de l’animation et l’animation du décor offrent gratuitement un temps de luxe aux téléspectateurs. L’émission en l’espace de quelques minutes permet d’appréhender un certains nombres de textes qui ont marqué la littérature de quel qu’espace que ce soit. Il y en a une ouverture sur le monde qui fait grandir l’esprit. Combien de fois dans notre environnement immédiat, a-t-on entendu parler du Théâtre de l’absurde ou de l’Esthétique de l’écartèlement? Les concepts et courants littérai- res, les extraits qu’on lit, les résu- més qui se font des livres, sans mettre de côté les raisonnements, avec Les gens de lettres, le monde s’est transformé en un écran pur et simple. Cette émission apporte donc une autre couleur dans le milieu littéraire culturel haïtien. Une entreprise à pérenniser « Les gens de lettres » est une émission d’une rare puissance d’expression littéraire. Elle doit être pérennisée. C’est toute une académie du beau langage. La lit- térature n’est-elle pas, en réalité, le plus haut degré de l’esthétique d’une langue. Sa mort dans le milieu culturel haïtien engendrera un déplacement du curseur du livre vers d’autres activités qui pourront compromettre l’avenir de nos gens de lettres d’une manière ou d’une autre. L’émission semble n’être faite que de finesse, de beaucoup d’énergies, de temps et d’amour. Si la présentation dure au moins 45 minutes, il n’en demeure pas moins – et le on le sent bien- que sa préparation s’est faite sur tout une vie. Il faut vraiment se dépasser pour s’aventurer dans cet exercice- là. Il s’agit quand même des gens de lettres! Marguerite Duras aurait dit pour être des gens de lettres, il faut être plus fort que soi. En voilà une émission qui dit cul- ture au propre comme au figuré et qui fait d’elle le seul alibi face à la mort. Qu’on pardonne les guil- lemets qui vont suivre, puisque la chose mérite d’être dite haut et fort aussi. « Cette émission doit être sponsorisée et financée (ce qui ne se fait pas encore) par des mécènes d’une manière ou d’une autre, la classe moyenne, les insti- tutions qu’elles soient ontologique- ment de la culture ou pas, puisque la culture n’a jamais eu de fron- tières, donc d’espace propre». C’est ainsi que l’initiative « Les gens de lettres » conservera son Dangelo Néard l’animateur de l’emission. décor de tous les lieux, son calme et sa belle façon de faire. Pour le prendre à Jean Paul Sartre, pour le dire comme Dangelo Néard, l’animateur de l’émission «Les gens de lettres» : « on n’est pas écrivain pour avoir choisi de dire certaines choses, mais pour avoir choisi de les dire, d’une certaine façon ». Et c’est dans cette étrange façon de dire que la mort perd sa face, que notre mort perd sa face.
  • 20. A u cours de la conférence de presse qu’il a prononcé le mercredi 24 juin à son hôtel depuis le quartier de Turgeau de Port-au-Prince, Movado, après son petit tour à Pétion-Ville, a déclaré être venu pour faire du tour- isme et assurer la prestation de deux concerts, l’un le jeudi 25 juin à l’hôtel Marriot et l’autre le samedi 27 juin à la Henfrasa. Une conférence de presse aux allures improvisées par les mem- bres d’Haïti Live Fest qui ne savaient pas qui dirigerait les débats sur la table. À la fin, c’est Romy, l’homme sexy (Romain Hyppolite), qui fit office de maître de cérémonie. Movado, populaire parmi la jeunesse haïtienne, a expliqué comment il a été heureux de se promener à la rue Chavannes, à la veille de la fête patronale de la cité, la Saint Pierre. Très détendu et accompagné de quelques membres de son staff, Movado n’a pas été long, mais il a semblé heureux d’être ici en Haïti. D’ailleurs, il est venu avec une équipe pour filmer les plages du pays afin de montrer une autre image d’Haïti. Il promet de dif- fuser ces images dans son pays, la Jamaïque, et en Floride. Il a confié à l’assistance com- posée de quelques journalistes, d’artistes locaux et de DJ, com- ment et depuis quand il est inté- ressé à visiter Haïti. C’était après le passage du séisme du 12 janvier 2010. Movado, ami de l’haïtiano-améri- cain Wyclef Jean, a confié à la presse qu’il a entendu parler des stars haïtiennes vivant en Haïti, notamment du rappeur Fantom du groupe Barikad Crew.Les membres d’Haïti Live Fest, une nouvelle organisation de produc- tion avec des bureaux en Haïti et aux États-Unis, ont profité de cette conférence pour annoncer la distribution de quarante bourses d’études scolaires et universita- ires. La moitié des bourses d’études sont octroyées par la star jamaï- caine qui aimerait aider la jeu- nesse haïtienne. Les intéressés sont priés de visiter le site internet d’Haïti Live Fest pour s’inscrire. 20 | N0 26 DU VENDREDI 26 AU DIMANCHE 28 JUIN 2015 CULTURE Movado entre concert et tourisme !Par Walcam À peine arrivée à Port-au-Prince, la star jamaïcaine n’est pas restée dans sa chambre d’hôtel. Movado a pris la route de Pétion-Ville pour une petite visite et pour prendre contact avec le vrai peuple. Il a expliqué qu’il est un fils du ghetto et qu’il se sent à l’aise comme ça. Movado. / Photo : jamaicatakeout