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INSTITUTIONS
POUR UN
CONSEIL DE PRESSE
IDEAL
Spécialiste des médias américains, professeur à l'université,
Claude-Jean Bertrand souhaite relancer l'idée du conseil de presse
à l'occasion du récent 30e anniversaire du conseil de presse britannique
et du lOe anniversaire du conseil de presse portuguais
célébré ce mois de mai
T
out le monde consomme des
. médias. Tout le monde a donc
une opinion sur ce que les
médias sont et sur ce qu'ils devraient
être. Pour autant. de toute évidence,
la plupart des gens n'ont pas la
moindre idée de ce que peut être un
conseil de presse.
Quant aux gens qui en ont une idée,
leur idéal varie, bien entendu, selon
leurs intérêts, Il y a d'abord ceux,
surtout des patrons de presse et des
journalistes, pour qui l'idéal. c'est
l'absence de tout conseil de presse.
Pour les premiers, le média est leur
propriété. Pour les seconds, le jour-
nalisme est leur vocation. Les uns et
les autres estîment qu'ils n'ont pas de
comptes à rendre à qui que ce soit.
Du côté de ceux qui voient d'un œil
favorable l'existence d'un conseil, il
y a d'autres propriétaires, d'autres
journalistes, des politiciens et des
citoyens. Mais le plus souvent leurs
idéaux ne concordent pas.
Ainsi certains gouvernants aime-
raient un conseil de presse qui
musèle les médias sans qu'ils aient,
eux, à prendre des mesures restric-
tives, toujours impopulaires. De leur
côté, certains propriétaires aime-
raient un conseil potiche qui serve
seulement à priver les gouvernants
d'un prétexte pour réglementer leurs
activités commerciales. Certains
journalistes enfin aimeraient un
60
conseil qui les protège à la fois
contre les gouvernants et les proprié-
taires sans pour autant les exposer à
la critique du public.
Restent les citoyens éclairés, des
gens informés des réalités journalis-
tiques, soucieux du bien public et
libres de passion idéologique. Leur
souci est d'établir une meilleure
communication sociale, tout en limi-
tant au minimum l'intervention de
l'Etat.
Sur 168 nations
seules 18 comptent
un ou plusieurs
conseils de presse
Avant d'esquisser un « idéal» du
conseil de presse, il n'est pas inutile
de dresser un bref inventaire des
réalisations. La première constata-
tion est qu'ils sont peu nombreux: ils
ne sont que 22 (non compris les
conseÜs locaux, ni bien sûr les
conseils de caractère strictement
gouvernemental) et ce dans seule-
ment 18 pays Cl) alors qu'il existe à
l'heure actuelle 168 nations. Il y a
Cl) En fait, le chiffre s'élèverait à 30 si
l'on comptait les 14 nations anglophones
qui ont créé le « Caribbean Press Coun-
cil ».
aujourd'hui moins de conseils qu'au-
paravant : cinq pays du tiers monde
qui en avaient dans les années 60
n'en ont plus (2). Les conseils exis-
tant, on les trouve en quasi-tota-
lité (3) dans l'Europe du Nord et dans
les pays à héritage anglo-saxon.
Ailleurs, comme au Japon, ne fonc-
tionnent que des institutions vague-
ment comparables - ou, comme au
Sri Lanka et à Taiwan, des conseils
liés d'une manière ou d'une autre au
gouvernement et donc situés, malgré
certaines apparences, en dehors du
concept.
Il va de soi, que par « conseil de
presse» il faut comprendre: orga-
nisme indépendant des pouvoirs pu-
blics, composé, dans le pire des cas,
seulement de représentants des mé-
dias (comme en Autriche ou en
Suisse), ou, mieux de représentants
de deux des parties en cause - les
médias et leurs utilisateurs (comme
au Danemark). Normalement on de-
vrait y trouver des représentants des
trois parties: les propriétaires, les
(2) La Turquie, la Corée du Sud, la
Birmanie, le Pakistan et le Ghana.
(3) Les deux seules exceptions sont
Israël (où lors de la création les influen-
ces britanniques et allemandes étaient
fortes) et le Portugal (où le conseil fut
créé par le gouvernement après la
révolution de 1975).
PRESSE ACTUALITE· MAI 1985
journalistes et le public. Le vrai
conseil de presse, serait donc le
conseil tripartite, et il n'en existe que
14 au monde (4). Seul un tel orga-
nisme peut, en effet, s'il en a la
volonté, assurer convenablement
trois tâches fçmdamentaleset profon-
dément liées: a) défendre la liberté
de presse, b) condamner les man-
quements des médias et c) œU'1'erà
l'amélioration de leurs services.
Bonnombre de conseils le reconnais-
sent, leur influence n'est pas grande
et leurs réussites marquantes n'ont
pas été nombreuses. Malgré
l'autosatisfaction de certains autres,
on peut dire que tous ont déçu.
Cependant, il faut aussiconsidérer le
conseil de presse moins comme un
facteur de changement que comme
un symptôme de changement. Dès
lors, le bilan peut être plus positif -
particulièrement si l'on voit dans le
conseil de presse l'embryon d'un
nouveau système de communication
sociale qui échapperait à la fois au
mercantilisme et à l'étatisation.
Il est incontestable qu'il n'existe pas
de pays au monde où les médias se
soient nettement améliorés au cours
(4) 16 si l'on compte les conseils du
Portugal et d'Afrique du Sud, mais la
genèse de l'un et l'environnement poli-
tique de J'autre créent une suspicion à
leur égard.
PRESSE ACTUALITE· MAI 985
des 20 dernières années - sauf
peut-être les Etats-Unis et personne
n'oserait prétendre que feu le « Na-
tional News Council », le « Minnesota
News Council » et une douzaine de
conseils locaux y soient pour quelque
chose. En Grande-Bretagne, dans le
pays dont le « Press Council », bien
qu'il n'ait pas été le pionnier, a servi
de modèle pour presque tous les
autres, la presse écrite (dont le
« Press Council» s'occupe exclusi-
vement) est, semble-t-il, bien pire
qu'il y a 20 ans.
Essentiellement
un rôle de
commission
de conciliation
Maintenant, en revanche, le concept
de conseil de presse (qui fut claire-
ment formulé pour la première fois
en 1947dans le rapport de la Com-
mission Hutchins aux Etats-Unis) est
assez largement reconnu par les
citoyens éclairés des pays démocra-
tiques. Quelles que soient les cri-
tiques qu'on fasse des conseils, à
gauche et à droite, dans et hors de
l'univers des médias, jamais n'ont été
justifiées les craintes pour la liberté
de presse que les conseils inspiraient
à certains au départ, parfois il y a un
quart de siècle!.,. Ces associations
extraordinaires des trois protagonis-
tes de la communication sociale
constituent un signe clair. Ils signi-
fient que l'on n'admet plus aussi
facilement qu'un média soit une
simple machine à sous ou à propa-
gande qu'un capitaliste ou un gou-
vernant peut utiliser à sa guise. Dans
le cadre d'un conseil de presse, les
patrons reconnaissent que leurs em-
ployés ont voix au chapitre en tant
que professionnels de l'information.
Et ces derniers sont tenus pour
responsables, non pas seulement de-
vant leurs pairs, mais devant les
consommateurs, ce public auquel il
est reconnu désormais que c'est à lui
qu'appartient la liberté de parole et
de presse.
A l'examen des rapports publiés par
quelques conseils, on est frappé par
plusieurs évidences regrettables. La
première est que, non seulement les
--61
. -------- ------------------ ----_ ..... _------
INSTITUTIONS
« ... une des armes les plus ef-
ficaces pour rendre la presse
véritablement démocratique »
-deux tiers des conseils ne s'occu-
pent que de la presse écrite (ou
même que des journaux), mais ils se
consacrent presque uniquement à
une seule de leurs fonctions, celle de
commission de discipline, qui tourne
souvent à la commission de concilia-
tiein (5). En deuxième lieu, on
constate que les plaintes sont peu
nombreuses et souvent bien futiles
au regard des véritables péchés de
la presse, péchés par omission et par
distorsion prolongée. Car ce que les
médias font de pire, c'est ce qu'ils ne
font pas! Enfin, on découvre que les
conseils se soucient peu (voire même
pas du tout) des tendances des
médias dangereuses pour le public
(songeons à la concentration de pro-
priété et surtout à la commercialisa-
tion effrénée), et qu'ils ne s'occupent
guère des divers moyens d'améliorer
la qualité des médias. Pourtant ces
missions figurent dans les constitu-
tions de beaucoup de conseils.
Un manque de
moyens qui
manifeste
des résistances
A ces lacunes, il existe des causes
nombreuses. L'une au moins est
immédiate et indiscutable: c'est le
manque d'argent. Presque tous les
fonds viennent ordinairement des
propriétaires de médias. Or, si ces
régents ont accepté de former un
conseil de presse, c'est sans doute
pour tenter de restaurer la crédibilité
de leur produit dans l'esprit des
consommateurs - mais c'est surtout
pour éviter que le parlement ne leur
(S) Au contraire, le « Presserat» alle-
mand tend lui à privilégier sa fonction de
porte-parole de la presse écrite auprès
des pouvoirs publics.
62
en impose un par la loi. Il n'est
évidemment pas question pour eux
d'y investir plus que le minimum.
Ainsi, le budget moyen des conseils
régionaux et nationaux en 1983 s'éle-
vait à 80 000 dollars US, mais seuls
dépassaient 300 000 dollars celui du
« Press Council» britannique et
« NNC »aux Etats-Unis, un dépassait
200 000 (Québec) et un dépassait
100 000 (Suède).
Un conseil de presse
n'est pas uniquement
une opération
de relations publiques
A ce manque de moyens qui mani-
feste clairement la résistance patro-
nale, s'ajoute que les journalistes, qui
devraient militer pour j'amélioration
de la presse, ne sont que des sala-
riés, trop souvent mal formés à leur
métier et médiocrement sélection-
nés, A la fois donc vulnérables et
insuffisamment conscients de la na-
ture et de l'importiiDce de leur rôle
dans la société. Quant au citoyen de
base, dans la mesure où il s'intéresse
au sort des médias, il se croit impuis-
sant et tend à s'en ren:ettre à ses élus
plutôt que de participer personnelle-
ment à la réforme du statu-quo.
Ce bilan assez maigre amène à
présenter un conseil de presse
« idéal» et les moyens envisageables
pour assurer progressivement sa
mise en œuvre. On ne peut se
contenter de dresser un podium et
d'y jucher les meilleurs conseils
existants: aucun n'est satisfaisant.
Un livre remarquable (6) a d'ailleurs
récemment administré au plus célè-
bre d'entre-eux, le« PressCouncil »,
une formidable volée de bois vert.
(6) OeoffreyRobertson, « People Against
the Press: An Enquiry into the Press
Council », London (OB) : Quartet, 1983.
d'ailleurs bien méritée. Ce que l'on
peut faire, en revanche, c'est cueillir
ici et là d'excellentes originalitéS et
recueillir les expériences positives et
négatives des conseils anciens. Il
n'est pas possible ici d'élaborer un
ou plusieurs modèles à variantes
multiples. Posons donc simplement
quelques principes - en sachant
fort bien qu'ils para!tront intolérables
ou utopiques à ceux, avocats ou
adversaires, qui considèrent un
conseil de presse uniquement
comme une opération de relations
publiques.
Un vrai conseil
doit regrouper
patrons, publics
et professionnels
Premier principe: il faudrait qu'il
existe un (ou plusieurs) consei!Cs)à
chacun des niveaux où fonctionnent
les médias, aux niveaux local. régio-
nal, national et international - afin
qu'ils se partagent les tâches, Le
conseil local sera avant tout un lieu
de contact entre public et mé·
dias (7). Le conseil régional sera
avant tout une commission d'arbi-
trage et de surveillance s'occupant
d'enquêter sur les griefs des usagers
et de suivre la production et J'évolu-
tion des médias de sa zone. Le
conseil national jouera, bien sûr, ce
rôle auprès des médias nationaux
mais il pourra aussi se consacrer
davantage à représenter les médias
auprès des pouvoirs; à envisager la
recherche (particulièrement en
déontologie) et à se soucier de
formation professionnelle, etc. Enfin,
le ou les conseils internationaux
pourraient, d'une part, juger des
plaintes contre les médias transnatio-
naux et repérer leurs manquements,
et, d'autre part, aider à coordonner
certaines des activités des conseils
nationaux. En fait, tous les conseils
devraient s'occuper d'établir des
relations, de faire circuler j'informa-
tion,
Dans ce réseau àssociatif de conseils
devraient être inclus d'autres indivi·
dus et organismes qui se préoccu-
pent peu ou prou. d'améliorer les
(7) A l'instar de la plupart des conseils
qui ont existé aux Etats-Unis (Voir
« Presse Actualité », mai 1977).
PRESSE ACTUALITE· MAI 1985
services des médias. En s'inspirant
de quelques précédents américains,
on pourrait citer des « ombudsmen»
et critiques internes que devraient
employer tous les grands médias; les
périodiques de critique des médias,
les « journalism reviews » ; les comi-
tés presse-barreau; les associations
corporatives de journalistes et cer-
tains groupements de consomma-
teurs.
Les véritables conseils de presse
regroupent patrons, professionnels
et public - et ils excluent annon·
ceurs et pouvoirs publics, tradition-
nellement considérés comme les
principales menaces à la liberté de
presse.
Il faudrait pousser plus loin. Nous
sommes sortis du temps de l'artisa-
nat. Le «pifomètre» n'a plus sa
place à l'ère post-industrielle où les
ordinateurs, les satellites et le câble
sont en passe de fusionner tous les
médias au sein d'une société de plus
en plus complexe. Pour contribuer à
augmenter la qualité de la presse (un
progrès qui, bien sûr, nécessite que
C()&I C~fIL
"~e
PRE5~:)E::0"1 ....,
~oS
PRESSE ACTUALITE· MAI 1985
soient garanties à la fois la prospérité
et la liberté des médias), le conseil
de presse doit s'appuyer sur la
recherche - une recherche dans les
domaines les plus divers qui ne peut
être menée sérieusement et systé-
matiquement que dans le cadre
d'une université. En effet, qui peut
nier le stupide et stérile mépris
réciproque que trop souvent se por-
tent les professionnels de la presse et
les universitaires? Les deux milieux
devraient coopérer bien davantage,
comme ils le font parfois aux Etats-
Unis (8). Aux conseils de presse,
l'université offre, entre autres,
J'avantage d'un point d'appui solide,
respectable et fort indépendant des
pouvoirs politique et financier.
Trois sources
de financement
les médias, l'Etat
et le grand public
A propos de finances, qui va payer
pour tout cela? C'est une question
cruciale (9). Non seulement le
conseiL en tant que cour d'arbitrage,
doit pouvoir opérer vite et bien; non
seulement il doit posséder les
moyens de repérer lui-même les
manquements des médias - mais il
doit être capable d'assumer toutes
ses autres tâches. Le seul « Journal-
Star», quotidien de Peoria, dans
l' lllinois, dépense 17600dollars pour
son intéressant conseil de 21 ména-
gères-enquêteuses. Un budget qui
relève de son département de rela-
(8)Comme par exemple à Minneapolis
oùla Facultédejournalismede l'Univer-
sité du Minnesotaajoué,autournantdes
années 70, un rôle important dans la
naissancedu conseilde pressede l'Etat
el dans la survie de la « journalism
review » locale - et où elle contim.l,eà
fournir aux médias locaux tant des
journalistesque des consultants.
(9)C'est pourquoien 1980,j'ai introduit
une plainte auprèSdu « PressCouncil»
britannique accusant l'ensemble des
journaux du pays de provoquerla mort
lente du conseil en le privant des
ressourcesnécessaires.La plainte a été
rejetée au premier filtrage (Voir « St
Louis JournalismReview», September
1985).
63
INSTITUTIONS
Pour un conseil
de presse
idéal
-tions publiques. A ce tarif, combien
devraient dépenser ensemble les 300
plus grands quotidiens des Etats-
Unis pour un authentique conseil de
presse? Au moins 3,5 millions de
dollars, et pourtant le « National
News Council )) avait un budget dix
fois moindre, lequel ne lui venait pas
entièrement des médias.
Au début de 1984, le « NNC)) a
décidé de se suicider, sans raison
évidente. Mais il faut reconnaître la
responsabilité des médias améri-
cains: à aucun moment ils n'ont
donné au « NNC )) un soutien suffi-
sant, surtout en matière financière.
Comme justement le « National News
Council ))s'efforçait de le faire, il faut
qu'un conseil de presse diversifie au
maximum ses sources de finance-
ment. Il est, semble-t-il. deux sour-
ces peu utilisées jusqu'à présent: la
première est l'Etat (comme en Fin-
lande et, depuis peu, en Allemagne
fédérale) pourvu que cette contribu-
tion soit versée de telle sorte qu'elle
ne puisse être utilisée comme un
outil de pression.
La deuxième source possible de
fonds, c'est le grand public. Dans ce
cas, il est impératif que le public
connaisse l'existence du conseil de
presse. Il faut aussi qu'il comprenne
combien il est important que ce
conseil puisse multiplier ses activi-
tés. Et cela pas seulement pour des
raisons budgétaires. L'autorité d'un
conseil ne devrait être que morale:
comment peut-il avoir une autorité
quelconque s'il n'est pas connu et
respecté de la population? D'après
un rapide sondage effectué récem-
ment, les deux prinCipales critiques
adressées aux conseils tiennent au
fait que le public n'en a jamais
entendu parler, et surtout que les
conseils n'ont malheureusement au-
cun pouvoir de sanction. En d'autres
termes, ou bien les conseils actuels
feront en sorte d'obtenir la confiance
64
et le soutien du public, ou bien l'Etat
garant des services publics sera prié
de créer des conseils plus musclés.
Ce fut l'objet d'un récent débat en
Grande-Bretagne.
A la fin de 1983,le conseil de presse
du Québec a pris l'initiative de réunir
en congrès des représentants de
tous les conseils canadiens. Il serait
opportun de prolonger cette réalisa-
tion par trois entreprises de nature
similaire ayant toutes un caractère
non plus canadien, mais internatio-
nal. D'après le récent sondage,
évoqué plus haut, une majorité de
conseils accueilleraient favorable-
ment ces projets. Le premier serait
de créer dans une université un
centre de documentation sur les
conseils de presse (et toutes institu-
tions semblables) qui pourrait être
l'amorce d'un centre de recherche
et d'enseignement sur la responsabi-
lité sociale des médias. Le deuxième
projet serait la mise en chantier d'un
ouvrage collectif, consacré à la fois
au concept de conseil de presse et
aux conseils existant ou ayant existé
dans le monde (la). Enfin, troisième
projet: il faudrait organiser (avec
l'aide financière des organismes qui
furent il y a 10 à 20 ans si favorables
aux conseils de presse) un congrès
réunissant des responsables de tous
les conseils actifs aujourd'hui,
congrès qui pourrait aboutir à la
formation d'une fédération interna-
tionale des conseils de presse.
Ces trois suggestions visent à utiliser
l'actuel élan canadien pour ranimer
un mouvement qui décline au mo-
ment même où il devrait se dévelop-
per. 1984s'est déroulé sans catastro-
phe, mais on sait que l'actuelle
révolution technologique va permet-
tre au cauchemar orwellien de se
réaliser. En revanche, elle offre aussi
les moyensde progrès phénoménaux
dans la communication sociale. Le
conseil de presse, du moins ainsi
conçu idéalement, pourrait être une
des armes les plus efficaces pour
empêcher que les médias soient ou
prostitués par des ploutocrates, ou
asservis par des bureaucrates, bref,
pour faire en sorte que la presse
devienne véritablement démocra-
tique.
Claude-Jean BERTRAND
1
l'
(JO) Danslesannées60,deseffortsassez
fécondsfurent faits par l'UNESCO,l'HP
et le Conseil de l'Europe pour faire
connaitrela notionde conseilde presse
- maisonconstateque lesconseilssont
en général très mal informésles unssur
les autreset s'attachentbien peu à faire
connaîtreleur propre existence.
1
,
PRESSE ACTUALITE· MAI 1985
.~

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  • 1. INSTITUTIONS POUR UN CONSEIL DE PRESSE IDEAL Spécialiste des médias américains, professeur à l'université, Claude-Jean Bertrand souhaite relancer l'idée du conseil de presse à l'occasion du récent 30e anniversaire du conseil de presse britannique et du lOe anniversaire du conseil de presse portuguais célébré ce mois de mai T out le monde consomme des . médias. Tout le monde a donc une opinion sur ce que les médias sont et sur ce qu'ils devraient être. Pour autant. de toute évidence, la plupart des gens n'ont pas la moindre idée de ce que peut être un conseil de presse. Quant aux gens qui en ont une idée, leur idéal varie, bien entendu, selon leurs intérêts, Il y a d'abord ceux, surtout des patrons de presse et des journalistes, pour qui l'idéal. c'est l'absence de tout conseil de presse. Pour les premiers, le média est leur propriété. Pour les seconds, le jour- nalisme est leur vocation. Les uns et les autres estîment qu'ils n'ont pas de comptes à rendre à qui que ce soit. Du côté de ceux qui voient d'un œil favorable l'existence d'un conseil, il y a d'autres propriétaires, d'autres journalistes, des politiciens et des citoyens. Mais le plus souvent leurs idéaux ne concordent pas. Ainsi certains gouvernants aime- raient un conseil de presse qui musèle les médias sans qu'ils aient, eux, à prendre des mesures restric- tives, toujours impopulaires. De leur côté, certains propriétaires aime- raient un conseil potiche qui serve seulement à priver les gouvernants d'un prétexte pour réglementer leurs activités commerciales. Certains journalistes enfin aimeraient un 60 conseil qui les protège à la fois contre les gouvernants et les proprié- taires sans pour autant les exposer à la critique du public. Restent les citoyens éclairés, des gens informés des réalités journalis- tiques, soucieux du bien public et libres de passion idéologique. Leur souci est d'établir une meilleure communication sociale, tout en limi- tant au minimum l'intervention de l'Etat. Sur 168 nations seules 18 comptent un ou plusieurs conseils de presse Avant d'esquisser un « idéal» du conseil de presse, il n'est pas inutile de dresser un bref inventaire des réalisations. La première constata- tion est qu'ils sont peu nombreux: ils ne sont que 22 (non compris les conseÜs locaux, ni bien sûr les conseils de caractère strictement gouvernemental) et ce dans seule- ment 18 pays Cl) alors qu'il existe à l'heure actuelle 168 nations. Il y a Cl) En fait, le chiffre s'élèverait à 30 si l'on comptait les 14 nations anglophones qui ont créé le « Caribbean Press Coun- cil ». aujourd'hui moins de conseils qu'au- paravant : cinq pays du tiers monde qui en avaient dans les années 60 n'en ont plus (2). Les conseils exis- tant, on les trouve en quasi-tota- lité (3) dans l'Europe du Nord et dans les pays à héritage anglo-saxon. Ailleurs, comme au Japon, ne fonc- tionnent que des institutions vague- ment comparables - ou, comme au Sri Lanka et à Taiwan, des conseils liés d'une manière ou d'une autre au gouvernement et donc situés, malgré certaines apparences, en dehors du concept. Il va de soi, que par « conseil de presse» il faut comprendre: orga- nisme indépendant des pouvoirs pu- blics, composé, dans le pire des cas, seulement de représentants des mé- dias (comme en Autriche ou en Suisse), ou, mieux de représentants de deux des parties en cause - les médias et leurs utilisateurs (comme au Danemark). Normalement on de- vrait y trouver des représentants des trois parties: les propriétaires, les (2) La Turquie, la Corée du Sud, la Birmanie, le Pakistan et le Ghana. (3) Les deux seules exceptions sont Israël (où lors de la création les influen- ces britanniques et allemandes étaient fortes) et le Portugal (où le conseil fut créé par le gouvernement après la révolution de 1975). PRESSE ACTUALITE· MAI 1985
  • 2. journalistes et le public. Le vrai conseil de presse, serait donc le conseil tripartite, et il n'en existe que 14 au monde (4). Seul un tel orga- nisme peut, en effet, s'il en a la volonté, assurer convenablement trois tâches fçmdamentaleset profon- dément liées: a) défendre la liberté de presse, b) condamner les man- quements des médias et c) œU'1'erà l'amélioration de leurs services. Bonnombre de conseils le reconnais- sent, leur influence n'est pas grande et leurs réussites marquantes n'ont pas été nombreuses. Malgré l'autosatisfaction de certains autres, on peut dire que tous ont déçu. Cependant, il faut aussiconsidérer le conseil de presse moins comme un facteur de changement que comme un symptôme de changement. Dès lors, le bilan peut être plus positif - particulièrement si l'on voit dans le conseil de presse l'embryon d'un nouveau système de communication sociale qui échapperait à la fois au mercantilisme et à l'étatisation. Il est incontestable qu'il n'existe pas de pays au monde où les médias se soient nettement améliorés au cours (4) 16 si l'on compte les conseils du Portugal et d'Afrique du Sud, mais la genèse de l'un et l'environnement poli- tique de J'autre créent une suspicion à leur égard. PRESSE ACTUALITE· MAI 985 des 20 dernières années - sauf peut-être les Etats-Unis et personne n'oserait prétendre que feu le « Na- tional News Council », le « Minnesota News Council » et une douzaine de conseils locaux y soient pour quelque chose. En Grande-Bretagne, dans le pays dont le « Press Council », bien qu'il n'ait pas été le pionnier, a servi de modèle pour presque tous les autres, la presse écrite (dont le « Press Council» s'occupe exclusi- vement) est, semble-t-il, bien pire qu'il y a 20 ans. Essentiellement un rôle de commission de conciliation Maintenant, en revanche, le concept de conseil de presse (qui fut claire- ment formulé pour la première fois en 1947dans le rapport de la Com- mission Hutchins aux Etats-Unis) est assez largement reconnu par les citoyens éclairés des pays démocra- tiques. Quelles que soient les cri- tiques qu'on fasse des conseils, à gauche et à droite, dans et hors de l'univers des médias, jamais n'ont été justifiées les craintes pour la liberté de presse que les conseils inspiraient à certains au départ, parfois il y a un quart de siècle!.,. Ces associations extraordinaires des trois protagonis- tes de la communication sociale constituent un signe clair. Ils signi- fient que l'on n'admet plus aussi facilement qu'un média soit une simple machine à sous ou à propa- gande qu'un capitaliste ou un gou- vernant peut utiliser à sa guise. Dans le cadre d'un conseil de presse, les patrons reconnaissent que leurs em- ployés ont voix au chapitre en tant que professionnels de l'information. Et ces derniers sont tenus pour responsables, non pas seulement de- vant leurs pairs, mais devant les consommateurs, ce public auquel il est reconnu désormais que c'est à lui qu'appartient la liberté de parole et de presse. A l'examen des rapports publiés par quelques conseils, on est frappé par plusieurs évidences regrettables. La première est que, non seulement les --61
  • 3. . -------- ------------------ ----_ ..... _------ INSTITUTIONS « ... une des armes les plus ef- ficaces pour rendre la presse véritablement démocratique » -deux tiers des conseils ne s'occu- pent que de la presse écrite (ou même que des journaux), mais ils se consacrent presque uniquement à une seule de leurs fonctions, celle de commission de discipline, qui tourne souvent à la commission de concilia- tiein (5). En deuxième lieu, on constate que les plaintes sont peu nombreuses et souvent bien futiles au regard des véritables péchés de la presse, péchés par omission et par distorsion prolongée. Car ce que les médias font de pire, c'est ce qu'ils ne font pas! Enfin, on découvre que les conseils se soucient peu (voire même pas du tout) des tendances des médias dangereuses pour le public (songeons à la concentration de pro- priété et surtout à la commercialisa- tion effrénée), et qu'ils ne s'occupent guère des divers moyens d'améliorer la qualité des médias. Pourtant ces missions figurent dans les constitu- tions de beaucoup de conseils. Un manque de moyens qui manifeste des résistances A ces lacunes, il existe des causes nombreuses. L'une au moins est immédiate et indiscutable: c'est le manque d'argent. Presque tous les fonds viennent ordinairement des propriétaires de médias. Or, si ces régents ont accepté de former un conseil de presse, c'est sans doute pour tenter de restaurer la crédibilité de leur produit dans l'esprit des consommateurs - mais c'est surtout pour éviter que le parlement ne leur (S) Au contraire, le « Presserat» alle- mand tend lui à privilégier sa fonction de porte-parole de la presse écrite auprès des pouvoirs publics. 62 en impose un par la loi. Il n'est évidemment pas question pour eux d'y investir plus que le minimum. Ainsi, le budget moyen des conseils régionaux et nationaux en 1983 s'éle- vait à 80 000 dollars US, mais seuls dépassaient 300 000 dollars celui du « Press Council» britannique et « NNC »aux Etats-Unis, un dépassait 200 000 (Québec) et un dépassait 100 000 (Suède). Un conseil de presse n'est pas uniquement une opération de relations publiques A ce manque de moyens qui mani- feste clairement la résistance patro- nale, s'ajoute que les journalistes, qui devraient militer pour j'amélioration de la presse, ne sont que des sala- riés, trop souvent mal formés à leur métier et médiocrement sélection- nés, A la fois donc vulnérables et insuffisamment conscients de la na- ture et de l'importiiDce de leur rôle dans la société. Quant au citoyen de base, dans la mesure où il s'intéresse au sort des médias, il se croit impuis- sant et tend à s'en ren:ettre à ses élus plutôt que de participer personnelle- ment à la réforme du statu-quo. Ce bilan assez maigre amène à présenter un conseil de presse « idéal» et les moyens envisageables pour assurer progressivement sa mise en œuvre. On ne peut se contenter de dresser un podium et d'y jucher les meilleurs conseils existants: aucun n'est satisfaisant. Un livre remarquable (6) a d'ailleurs récemment administré au plus célè- bre d'entre-eux, le« PressCouncil », une formidable volée de bois vert. (6) OeoffreyRobertson, « People Against the Press: An Enquiry into the Press Council », London (OB) : Quartet, 1983. d'ailleurs bien méritée. Ce que l'on peut faire, en revanche, c'est cueillir ici et là d'excellentes originalitéS et recueillir les expériences positives et négatives des conseils anciens. Il n'est pas possible ici d'élaborer un ou plusieurs modèles à variantes multiples. Posons donc simplement quelques principes - en sachant fort bien qu'ils para!tront intolérables ou utopiques à ceux, avocats ou adversaires, qui considèrent un conseil de presse uniquement comme une opération de relations publiques. Un vrai conseil doit regrouper patrons, publics et professionnels Premier principe: il faudrait qu'il existe un (ou plusieurs) consei!Cs)à chacun des niveaux où fonctionnent les médias, aux niveaux local. régio- nal, national et international - afin qu'ils se partagent les tâches, Le conseil local sera avant tout un lieu de contact entre public et mé· dias (7). Le conseil régional sera avant tout une commission d'arbi- trage et de surveillance s'occupant d'enquêter sur les griefs des usagers et de suivre la production et J'évolu- tion des médias de sa zone. Le conseil national jouera, bien sûr, ce rôle auprès des médias nationaux mais il pourra aussi se consacrer davantage à représenter les médias auprès des pouvoirs; à envisager la recherche (particulièrement en déontologie) et à se soucier de formation professionnelle, etc. Enfin, le ou les conseils internationaux pourraient, d'une part, juger des plaintes contre les médias transnatio- naux et repérer leurs manquements, et, d'autre part, aider à coordonner certaines des activités des conseils nationaux. En fait, tous les conseils devraient s'occuper d'établir des relations, de faire circuler j'informa- tion, Dans ce réseau àssociatif de conseils devraient être inclus d'autres indivi· dus et organismes qui se préoccu- pent peu ou prou. d'améliorer les (7) A l'instar de la plupart des conseils qui ont existé aux Etats-Unis (Voir « Presse Actualité », mai 1977). PRESSE ACTUALITE· MAI 1985
  • 4. services des médias. En s'inspirant de quelques précédents américains, on pourrait citer des « ombudsmen» et critiques internes que devraient employer tous les grands médias; les périodiques de critique des médias, les « journalism reviews » ; les comi- tés presse-barreau; les associations corporatives de journalistes et cer- tains groupements de consomma- teurs. Les véritables conseils de presse regroupent patrons, professionnels et public - et ils excluent annon· ceurs et pouvoirs publics, tradition- nellement considérés comme les principales menaces à la liberté de presse. Il faudrait pousser plus loin. Nous sommes sortis du temps de l'artisa- nat. Le «pifomètre» n'a plus sa place à l'ère post-industrielle où les ordinateurs, les satellites et le câble sont en passe de fusionner tous les médias au sein d'une société de plus en plus complexe. Pour contribuer à augmenter la qualité de la presse (un progrès qui, bien sûr, nécessite que C()&I C~fIL "~e PRE5~:)E::0"1 ...., ~oS PRESSE ACTUALITE· MAI 1985 soient garanties à la fois la prospérité et la liberté des médias), le conseil de presse doit s'appuyer sur la recherche - une recherche dans les domaines les plus divers qui ne peut être menée sérieusement et systé- matiquement que dans le cadre d'une université. En effet, qui peut nier le stupide et stérile mépris réciproque que trop souvent se por- tent les professionnels de la presse et les universitaires? Les deux milieux devraient coopérer bien davantage, comme ils le font parfois aux Etats- Unis (8). Aux conseils de presse, l'université offre, entre autres, J'avantage d'un point d'appui solide, respectable et fort indépendant des pouvoirs politique et financier. Trois sources de financement les médias, l'Etat et le grand public A propos de finances, qui va payer pour tout cela? C'est une question cruciale (9). Non seulement le conseiL en tant que cour d'arbitrage, doit pouvoir opérer vite et bien; non seulement il doit posséder les moyens de repérer lui-même les manquements des médias - mais il doit être capable d'assumer toutes ses autres tâches. Le seul « Journal- Star», quotidien de Peoria, dans l' lllinois, dépense 17600dollars pour son intéressant conseil de 21 ména- gères-enquêteuses. Un budget qui relève de son département de rela- (8)Comme par exemple à Minneapolis oùla Facultédejournalismede l'Univer- sité du Minnesotaajoué,autournantdes années 70, un rôle important dans la naissancedu conseilde pressede l'Etat el dans la survie de la « journalism review » locale - et où elle contim.l,eà fournir aux médias locaux tant des journalistesque des consultants. (9)C'est pourquoien 1980,j'ai introduit une plainte auprèSdu « PressCouncil» britannique accusant l'ensemble des journaux du pays de provoquerla mort lente du conseil en le privant des ressourcesnécessaires.La plainte a été rejetée au premier filtrage (Voir « St Louis JournalismReview», September 1985). 63
  • 5. INSTITUTIONS Pour un conseil de presse idéal -tions publiques. A ce tarif, combien devraient dépenser ensemble les 300 plus grands quotidiens des Etats- Unis pour un authentique conseil de presse? Au moins 3,5 millions de dollars, et pourtant le « National News Council )) avait un budget dix fois moindre, lequel ne lui venait pas entièrement des médias. Au début de 1984, le « NNC)) a décidé de se suicider, sans raison évidente. Mais il faut reconnaître la responsabilité des médias améri- cains: à aucun moment ils n'ont donné au « NNC )) un soutien suffi- sant, surtout en matière financière. Comme justement le « National News Council ))s'efforçait de le faire, il faut qu'un conseil de presse diversifie au maximum ses sources de finance- ment. Il est, semble-t-il. deux sour- ces peu utilisées jusqu'à présent: la première est l'Etat (comme en Fin- lande et, depuis peu, en Allemagne fédérale) pourvu que cette contribu- tion soit versée de telle sorte qu'elle ne puisse être utilisée comme un outil de pression. La deuxième source possible de fonds, c'est le grand public. Dans ce cas, il est impératif que le public connaisse l'existence du conseil de presse. Il faut aussi qu'il comprenne combien il est important que ce conseil puisse multiplier ses activi- tés. Et cela pas seulement pour des raisons budgétaires. L'autorité d'un conseil ne devrait être que morale: comment peut-il avoir une autorité quelconque s'il n'est pas connu et respecté de la population? D'après un rapide sondage effectué récem- ment, les deux prinCipales critiques adressées aux conseils tiennent au fait que le public n'en a jamais entendu parler, et surtout que les conseils n'ont malheureusement au- cun pouvoir de sanction. En d'autres termes, ou bien les conseils actuels feront en sorte d'obtenir la confiance 64 et le soutien du public, ou bien l'Etat garant des services publics sera prié de créer des conseils plus musclés. Ce fut l'objet d'un récent débat en Grande-Bretagne. A la fin de 1983,le conseil de presse du Québec a pris l'initiative de réunir en congrès des représentants de tous les conseils canadiens. Il serait opportun de prolonger cette réalisa- tion par trois entreprises de nature similaire ayant toutes un caractère non plus canadien, mais internatio- nal. D'après le récent sondage, évoqué plus haut, une majorité de conseils accueilleraient favorable- ment ces projets. Le premier serait de créer dans une université un centre de documentation sur les conseils de presse (et toutes institu- tions semblables) qui pourrait être l'amorce d'un centre de recherche et d'enseignement sur la responsabi- lité sociale des médias. Le deuxième projet serait la mise en chantier d'un ouvrage collectif, consacré à la fois au concept de conseil de presse et aux conseils existant ou ayant existé dans le monde (la). Enfin, troisième projet: il faudrait organiser (avec l'aide financière des organismes qui furent il y a 10 à 20 ans si favorables aux conseils de presse) un congrès réunissant des responsables de tous les conseils actifs aujourd'hui, congrès qui pourrait aboutir à la formation d'une fédération interna- tionale des conseils de presse. Ces trois suggestions visent à utiliser l'actuel élan canadien pour ranimer un mouvement qui décline au mo- ment même où il devrait se dévelop- per. 1984s'est déroulé sans catastro- phe, mais on sait que l'actuelle révolution technologique va permet- tre au cauchemar orwellien de se réaliser. En revanche, elle offre aussi les moyensde progrès phénoménaux dans la communication sociale. Le conseil de presse, du moins ainsi conçu idéalement, pourrait être une des armes les plus efficaces pour empêcher que les médias soient ou prostitués par des ploutocrates, ou asservis par des bureaucrates, bref, pour faire en sorte que la presse devienne véritablement démocra- tique. Claude-Jean BERTRAND 1 l' (JO) Danslesannées60,deseffortsassez fécondsfurent faits par l'UNESCO,l'HP et le Conseil de l'Europe pour faire connaitrela notionde conseilde presse - maisonconstateque lesconseilssont en général très mal informésles unssur les autreset s'attachentbien peu à faire connaîtreleur propre existence. 1 , PRESSE ACTUALITE· MAI 1985 .~