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La présidentielle 2017 se jouera-t-elle sur
les réseaux sociaux ?
Dans quelques mois, nous aurons les réponses à nos interrogations sur l’efficacité, en
France, d’une présence sur les réseaux sociaux lors d’une campagne présidentielle.Après
les primaires, le premier tour puis la désignation du nouveau président de la République,
nous saurons quelles méthodes de communication sont les plus efficaces pour se faire
élire par les français. Entre les médias traditionnels et les nouveaux médias en ligne, à
l’heure actuelle, il semble risqué de faire abstraction de l’un ou l’autre des supports.La
complémentarité devient un élément essentiel de la campagne.
Le CSA arbitre du temps de parole
Il y a quelques mois, en mars 2016, les députés ont fait évoluer la loi et modifié la répartition du
temps de parole à venir lors de la prochaine élection présidentielle. Jean-Marie Charon,
sociologue et chercheur au CNRS, expliquait alors qu’il fallait regarder au-delà de ce paramètre
car l’exposition médiatique est aujourd’hui beaucoup plus complexe qu’auparavant : « Comme si
surtout petits et grands candidats ignoraient les réseaux sociaux, les sites d’information ou les
blogs. Comme si la réceptivité des électeurs / public aux arguments et projets des candidats
n’était que question de temps d’exposition. » (1)
Afin d’être visible, en temps voulu, les candidats doivent ainsi
comprendre très tôt l’importance de préparer la multiplication des
supports (site, blogs, médias sociaux) pour obtenir une bonne
indexation numérique au moment où la vraie course commencera
Celle-ci mettant du temps à se bâtir, elle nécessite, pour chacun des futurs candidats, un long
travail préalable pour émerger efficacement sur ces plateformes et y obtenir un engagement
important le moment voulu.
L’analyse de Jean-Marie Charon mettait aussi en avant l’importance des interactions
multiples que pouvaient générer ces plateformes et l’influence qu’elles pouvaient exercer
sur la … télévision : « Dans un paysage médiatique aussi diversifié que le nôtre, avec
notamment la place que prend le numérique et tout particulièrement les réseaux sociaux, la
véritable équité devra reposer sur le professionnalisme des rédactions et la vigilance d’électeurs
disposant d’outils aussi réactifs que les plateformes d’échanges de vidéos ou les réseaux
sociaux. » (1) Les réseaux et médias sociaux présentent en effet l’avantage de pouvoir
décloisonner l’interaction et de permettre des ricochets de communication quasiment infinis s’ils
sont bien employés.
Quels médias influenceront la présidentielle ?
Quelques mois plus tard, Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l’Institut
Français de Presse, nous rappelle que finalement notre monde n’a pas évolué significativement
et qu’il faut se méfier des impressions qui laisseraient à penser qu’une bascule du pouvoir
médiatique risque de se produire dans les prochains mois. « Toutes ces réalités ne signifient
pas pour autant que les réseaux socionumériques sont appelés à devenir les faiseurs de
rois de la prochaine présidentielle française, et encore moins au détriment des médias
traditionnels. » (2) et rappelle l’importance du tir croisé et de ne négliger aucun des différents
supports : « Si dans les principales démocraties, ces réseaux ont été intégrés par les grands
partis à leur répertoire d’action électorale, il faut penser leurs relations avec les médias
traditionnels sous le signe de la complémentarité et non de la concurrence. » (2) En pondérant
son analyse en fonction du type de candidat et de son accès aux médias à grande audience :
« Pour les candidats souffrant a priori d’un manque de notoriété, le fait de pouvoir devenir leurs
propres médias, de réaliser et diffuser leurs vidéos, leurs photos, de mettre en ligne leurs textes
de campagne, est providentiel. »
A ce stade, en fonction du type de candidat, de ses antécédents dans les médias traditionnels ou
sur les plateformes sociales, il est compliqué d’avoir une vision exhaustive sur le type de
communication qui sera la plus efficace et de mesurer l’importance que prendront ou non les
réseaux sociaux dans la campagne de 2017.
Un paramètre qui modifie tout
Pourtant, une expression dit souvent que « le diable se situe dans les détails ». Or dans la
fameuse nouvelle équation du temps de parole proposée par le CSA, les paramètres sont
nombreux. En particulier, l’un d’entre eux amène à revoir la pondération future que peuvent avoir
les réseaux sociaux dans la présence télévisuelle qu’auront les candidats à la présidentielle. «
« Le poids des candidats sera également évalué à travers leur « capacité à manifester l’intention
d’être candidat » : […] « exposition au public par tout moyen de communication, y compris les
réseaux sociaux, de la personne du candidat et des éléments d’un programme politique ».
La présence numérique d’un candidat devient donc un critère
d’appréciation de son poids politique. » (3)
Le président du CSA, Olivier Schrameck précise également que « Nous savons que la mesure de
cette résonance est difficile, sans doute des questions pourront-elles être posées à cet égard,
mais elle nous paraît tout à fait essentielle à l’ère numérique d’aujourd’hui » (3).
Ainsi Facebook, Twitter, Youtube ou Linkedin pourraient devenir des éléments essentiels
à prendre en compte en amont de la future présence médiatique « réelle » (à la télévision)
des futurs candidats ! Se bâtir une réputation numérique (la fameuse capacité d’engagement)
va donc devenir un enjeu non négligeable pour que ce paramètre de nouvelle génération soit le
plus profitable possible dans le match qui s’annonce à la fois dans les médias traditionnels et
dans les nouveaux médias numériques !
Quel positionnement actuel ?
Dans ce contexte, il est intéressant de regarder le positionnement actuel des candidats déclarés
ou supposés sur les réseaux sociaux. Certains continuent à utiliser un mode en silo très vertical
où la caisse de résonance part du sommet de la pyramide, est accentuée par la mise en avant de
quelques soutiens de poids, et se diffuse auprès des militants pour qu’ils amplifient la visibilité du
message initial. D’autres privilégient de s’appuyer sur des soutiens populaires puis de relayer ces
multiples signaux afin d’avoir des propagations des messages en étoile. Ainsi, ils cherchent à
augmenter en même temps leur propre visibilité et celles de ces comptes de soutiens pour mieux
préparer la suite des opérations. A terme, cette technique pourrait leur garantir un engagement
plus important… et une meilleure visibilité à la télévision !
Dans les deux cas de figure, il est à noter que les soutiens visés pour
l’engagement restent, pour le moment, dans l’environnement habituel
de la sphère politique et peinent à élargir les cercles d’engagement
auprès de comptes non marqués politiquement.
Comme dans le cas de la présidentielle américaine (4), il faudra analyser l’évolution de la
structure de ces comptes et vérifier si progressivement les candidats parviennent à atteindre de
nouvelles cibles qui augmenteront leur engagement.
Sortir de la zone de confort
Ce qui caractérise souvent la communication politique, ce sont ces silos très forts sur les réseaux
sociaux qui isolent les messages politiques du reste des utilisateurs. Comme dans la vraie vie
médiatique, l’impression de séparation du monde politique y perdure et empêche bien
souvent tout compte qui ne fait pas partie de ce monde d’avoir envie d’être un maillon fort de
l’engagement.
Les nouvelles règles du CSA, pour tout candidat qui veut que sa présence numérique se
translate en présence médiatique, vont nécessairement les amener à optimiser la manière
d’augmenter leur audience numérique, hors de leurs soutiens habituels, en sortant de
leurs zones de confort. Ils vont devoir optimiser leurs messages pour analyser leur engagement
et trouver de nouvelles idées pour l’augmenter significativement.
La bataille du numérique risque d’être intéressante à suivre !
(1) Présidentielle 2017 : Et si les réseaux sociaux comptaient plus que la télévision ?
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/03/30/31001-20160330ARTFIG00341-presidentielle-
2017-et-si-les-reseaux-sociaux-comptaient-plus-que-la-television.php
(2) Présidentielle 2017 : pourquoi les médias traditionnels seront devant Facebook et Twitter
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/07/12/31001-20160712ARTFIG00083-presidentielle-
2017-pourquoi-les-medias-traditionnels-seront-devant-facebook-et-twitter.php
(3) Temps de parole : le CSA modifie les règles avant la présidentielle
http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2016/06/30/temps-de-parole-le-csa-modifie-les-
regles-avant-la-presidentielle_4961509_3236.html#XChlRjHpYeDAxHdB.99
(4) Présidentielle américaine : qui sont les abonnés de Donald Trump et d’Hillary Clinton sur
Twitter ? http://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/hillary-clinton/infographies-
presidentielle-americaine-qui-sont-les-abonnes-de-donald-trump-et-d-hillary-clinton-sur-
twitter_1504165.html
Alban Jarry, spécialiste en stratégies numériques, communication de marques et
influence sur les réseaux sociaux
Pour accéderà l’article sur le site de La Revue Politique et Parlementaire
http://www.revuepolitique.fr/presidentielle-2017-se-jouera-t-reseaux-sociaux/
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