Gavalda

Une grande fille
toute simple
Notre J. K. Rowling
nationale vit avec
ses enfants dans
une jolie maison des
environs de Melun.
epuis 2004 et Ensemble, c’est tout,
elle n’a rien publié. En quatre ans,
pourtant, Anna Gavalda ne nous a
pas quittés d’une semelle. Dans le
métro, sur les plages et aux terrasses de
café, il n’y en a eu que pour son trio de
solitudes, Camille, Franck et Philibert, les personnages de son
best-seller Ensemble, c’est tout. Chez Anna Gavalda, pas encore
40 ans et déjà millionnaire, l’honnêteté est un atout autant
qu’une faiblesse. Elle a vendu plus de 3 millions de livres,
déclare être ravie de payer un « max d’impôts », ne triche jamais
avec les libraires, ni avec ses lecteurs, qui viennent par centaines
à ses dédicaces, où elle apparaît presque ordinaire, avec sa timi-
dité en bandoulière. à Melun, où elle vit avec ses enfants, son
emploi du temps est calé sur la sortie des classes, l’heure de
l’arrosage et la saison des semailles (elle adore cultiver son jar-
din). Dans une lettre où elle a la faiblesse de se mettre à nu,
l’honnêteté, encore, lui a fait écrire récemment qu’elle était
« vieille et revêche », pour justifier qu’elle ne rencontrerait pas
de journalistes pour la sortie de La Consolante, mais répondrait
à leurs questions par mail. Elle voudrait n’en faire qu’à sa
« petite tête de linotte », dit-elle. Si on ne la voit ni à la télé ni
dans les magazines, on ne pourra pas, en tout cas, passer à côté
de son nouveau roman, tiré d’emblée à 300 000 exemplaires.
La star du Salon du livre, ce sera elle. Beaucoup moins voyante
qu’Amélie Nothomb, moins télégénique que Jean d’Ormesson, mais plus
« bankable » que Jonathan Littell. On n’était pas fous à l’idée de l’interviewer
par mail pour son dernier roman, « La Consolante », comme elle l’avait demandé.
Il aurait pourtant été bête de s’en priver !
En écriture,
c’est tout pour
ma gueule
Anna Gavalda
37
Interview
 ©witidetera/opale 
Après les pastels, vous avez eu envie
de couleurs plus sombres, on dirait…
Est-ce en réaction aux critiques qui
vous ont été faites par le passé, selon
lesquelles vous écriviez « trop sucré » ?
Pff… si on devait agir ou réagir selon les
critiques que l’on vous fait dans la vie, on
n’irait pas loin… Marcel P. a dit : « Pour
écrire pour tous, il faut écrire pour soi »,
en vrai je suis généreuse, mais en écriture,
c’est tout pour ma gueule. J’ai écrit La
Consolante en réaction à rien du tout, juste
pour me faire plaisir.
Au chapitre 11, vous faites allusion
à ces critiques et on sent dans
les suivants, où il est question de
bonheur, une sorte de retenue.
Est-ce une manière de rectifier le tir ?
Non, je ne faisais pas allusion à « ces » cri-
tiques (que je ne lis pas d’ailleurs…) mais
à une idée plus générale. Et qui est juste.
Le bonheur ne se raconte pas, il se vit. Et je
n’ai pas eu l’impression de me retenir. Au
contraire, je me suis laissée aller… « Recti-
fier le tir », c’est un concept pour les agents
commerciaux, pas pour les écrivains…
On a beaucoup parlé de votre refus
d’« assurer la promo » auprès des jour-
nalistes, sauf par mail. Votre « retrait
de la vie publique » est-il définitif ?
Ah bon ? On en a beaucoup parlé ? Ce n’était
pas une idée si saugrenue pourtant… Les
questions (et donc les réponses) posées par
écrit sont plus réfléchies, plus intéressantes,
plus nuancées. Et puis ça me permet de zap-
per des questions comme « Alors Anna…
parlez-nous un peu de La Consolante… ! » et
de faire le boulot des journalistes à leur
place. Ce n’est pas à moi d’en parler, c’est à
vous. Même en mal. Je ne suis pas critique,
moi. Ce que j’aime, c’est faire, pas commen-
ter. De la mi-mars à la fin juin, je sillonne
les librairies de la France entière pour aller
à la rencontre de mes lecteurs. Peut-on par-
ler de « retrait de la vie publique » ?
Si on résume, dans La Consolante,
Charles s’éloigne d’une morte (Anouk)
pour aller vers son double vivant (Kate) ?
Oui, c’est à peu près ça. Un homme qui
échange un fantôme contre un corps à ser-
rer dans ses bras. Un homme de 47 ans
qui tombe amoureux à un moment de sa
vie où il ne s’y attendait plus et où, pro-
bablement, il n’y croyait plus…
Il ne faudrait pas oublier les enfants.
Vous y tenez, n’est-ce pas ?
Je trouve qu’il n’y a jamais assez d’enfants
dans les films et dans les livres, et c’est
bien dommage parce que les enfants font
du bien aux adultes. Quand on n’est pas
soi-même face à un enfant, ça se voit tout
de suite : il s’éloigne.
La Consolante comme Ensemble,
c’est tout, c’est une histoire de « sans
famille » qui arrivent à en fonder une ?
Probablement. C’est ça la vie, l’occasion
d’agrandir le cercle. Cette histoire de
« sang » m’a toujours laissée bien per-
plexe. La famille, c’est celle de sa sensi-
bilité. D’ailleurs, Charles parle toujours
de l’enfant qu’il a élevée en disant ma
« belle fille », sans tiret.
Le jardin merveilleux de Kate
fait penser au vôtre, le téléphérique
de Charles à celui qu’avait fabriqué
votre grand-père quand vous
étiez enfant. Quel est votre rapport
à l’autobiographique ?
Mon jardin, hélas, n’a pas grand-chose à
voir avec celui de Kate (je n’ai même pas de
lama…) et Charles a conçu une tyrolienne
pour les enfants au-dessus de la rivière parce
qu’il se doutait bien que ça leur plairait. Je
ne pense pas à moi quand j’écris, je pense à
mes personnages. Ma vie, c’est leur vie. Et
leur vie est ainsi parce que c’est moi qui la
raconte. L’autobiographie n’est nulle part et
partout à la fois. Ça ne m’intéresse pas tel-
lement de démêler tout ce fatras.
« La Consolante, c’est à peu près ça.
Un homme qui échange un fantôme
contre un corps à serrer dans ses bras. »
Interview Anna Gavalda
38
La Consolante
La crise antidépresseur
Charles Balanda a exactement l’âge auquel la midlife crisis vous prend par surprise et vous envoie dormir sur le canapé : 47 ans. Architecte talentueux, il
vit avec une très jolie femme, Laurence, la mère de Mathilde, une adolescente qui traverse un autre genre de crise. Charles se démène sur des chantiers à
Moscou où des grues disparaissent, et sa lucidité aussi, quand il abuse des toasts slaves. Il laisse à dessein ses valises dans les aéroports, qui sont un peu
sa deuxième maison après les taxis. Dans le lit conjugal, Laurence s’éloigne de plus en plus. Charles apprend bientôt la mort d’Anouk, la mère de son ami
d’enfance Alexis, mais aussi son premier amour. Et il ne lui reste plus qu’à reconstruire sa vie, en miettes. Pour faire le deuil d’Anouk, infirmière courage,
Balanda revient sur ses pas, ses souvenirs d’enfant. Histoire de requinquer son quinqua, la fée Gavalda place sur son chemin une adorable Anglaise, Kate,
maîtresse d’un château aux allures de grenier, rempli d’objets disparates et de marmots chahuteurs. Après Je l’aimais, bientôt adapté par Zabou Breitman,
et Ensemble, c’est tout, porté à l’écran par Claude Berri, Anna Gavalda nous avait prévenus, son prochain livre serait sombre, peut-être même déprimant. Il
faut croire qu’elle a ça dans la peau, le mélo qui console, les personnages faits pour être aimés. Malgré un début longuet, et une tendance à conjuguer les
verbes sans sujet, Anna Gavalda prouve une fois de plus que les bons sentiments peuvent faire de bons romans. A. E.
« La Consolante », d’Anna Gavalda, Le Dilettante, 640 p., 24,50 e.
Vous aimez bien l’Angleterre,
les Anglais, les écrivains et les
chanteurs anglais… ça tient à quoi ?
En l’occurrence, au fait que Kate est à moitié
anglaise, so j’étais bien obligée de make her
credibeul. Ensuite, reconnaissons que les écri-
vains et les chanteurs anglo-saxons nous en
imposent souvent… Pas d’anglophilie pour
autant, j’adore le croûton de la baguette et
le petit vin blanc sous la tonnelle…
Il est pas mal question de musique
dans La Consolante. Leonard Cohen,
Neil Hannon… Vous aimez
les chanteurs à voix ?
Non, à textes.
Au fait, Divine Comedy, est-ce
vraiment de l’âge de Mathilde ?
Ha ! Ha ! Typique réaction de vieille ! Pen-
chez-vous sur les MP3 des ados qui aiment
vraiment la musique et vous serez bien
étonnée. Ils écument les discothèques de
leurs médiathèques, ils écoutent Le Mouv’
ou Nova, ils décortiquent les sites de
Myspace, et sont extrêmement curieux.
Dans le cas de Mathilde, je dirais que son
chemin a pu être : electro Air album
de Charlotte Gainsbourg (juste pour voir ce
qu’ils avaient fait pour elle) découverte
de Jarvis Cocker, Thom Yorke et Neil
Hannon découverte de Pulp, Radiohead,
The Divine Comedy etc., etc., etc. Il n’y
a pas d’âge pour être ému par une chanson.
Surtout celle dont il est question dans le
livre. Mais bon, j’ai mis Mika aussi !
C’est important, la musique ?
Jusqu’où ?
Je ne sais pas. Je n’en écoute pas tellement.
C’est déjà très bruyant dans ma tête !
Petite critique ! C’est quoi cette idée
de supprimer les pronoms ?
C’est l’histoire d’un homme qui se délite.
Au début, il dit « je », puis je dis « il », puis
plus rien. Il n’y est plus. Plus de sujet. Se
contente de subir, ne réagit plus, perd son
identité. Mais il manque des pronoms, c’est
vrai. J’en ai remis quelques-uns au tirage
suivant. Un texte est une chose mouvante,
au grand désespoir de mon éditeur, je fais
des corrections dès que j’en ai l’occasion…
Discrète taquine
Des airs de jeune fille de bonne
famille… gare ! Miss Gavalda
voit tout, entend tout et…
n’a pas la langue dans sa poche !
©witidetera/opale
chouc brûlé à cause des baskets qui
dérapent dans les braises. Cette scène me
hantait, tout le reste, avant et après, fut
improvisé et est venu au fil de la plume.
Tous mes livres, je les écris pour une seule
image au départ. Une seule.
Le vol de votre manuscrit
a-t-il beaucoup modifié la donne ?
Avant ce cambriolage, l’histoire
tournait autour d’une infirmière
de nuit… S’agissait-il déjà d’Anouk ?
Charles était-il là ?
Oui. Tout le monde était déjà là. C’est la
même histoire, simplement elle débute
autrement. Dans la première version, Char-
les apprenait la mort d’Anouk d’une façon
différente. Je ne pouvais pas me plagier moi-
même, c’eût été trop assommant, alors j’ai
changé les décors. Ce n’est pas un « manus-
crit » que j’ai perdu mais les premiers cha-
pitres. C’était un petit incident tout à fait
privé et il y a eu une fuite dans les journaux.
Qui m’a d’ailleurs accablée sur le moment.
Tout cela n’avait aucun intérêt…
Après votre grande tournée
des libraires, on n’entendra plus
parler de vous jusqu’en… 2011 ?
Euh… plutôt début 2023, je dirais…
Pour vivre heureux, vivons cachés,
c’est ça ?
Pas cachés, discrètement. •
Par Barbara Lambert et Astrid Eliard
Stop ! Arrêtez toutes les machines ! Il y a
une virgule de travers à la page 412 !
Vous fabriquez des personnages
comme personne. L’histoire, on
dirait, vient après. Est-ce que ce sont
les personnages qui font l’histoire ?
Ce sont les personnages. Avant de me
mettre au travail, je les rêve pendant des
mois, des années quelquefois (ceux de ma
prochaine histoire sont déjà là depuis un
bon bout de temps…), ensuite je m’installe
devant mon écran sans avoir aucune idée de
ce qui va se passer. Je les laisse faire puis-
qu’ils existent. Ça peut paraître difficile à
croire et pourtant c’est la vérité. Jusqu’à la
dernière ligne, je ne savais pas comment La
Consolante allait se terminer et, à un
moment, j’ai réalisé que zut, c’était fini,
là… J’étais désespérée. Toute seule dans
mon bureau à quatre heures du matin, je
me souviens, j’ai engueulé mon héros :
« Franchement avec tout ce que j’ai fait
pour vous, vous auriez pu me dire au revoir
quand même ! » Mais non, il était parti sans
même se retourner. Quel ingrat.
Est-ce pour mieux creuser vos
personnages que vos livres
sont devenus plus volumineux ?
Je ne sais pas. J’aimerais bien être capable
d’écrire de nouveau un court roman.
J’y songe…
Le producteur Jean-Pierre Guérin
pense que « si on adapte tant de
livres, c’est parce qu’ils fournissent
des personnages « clé en main »…
Pensez-vous que c’est à cause de vos
personnages que Claude Berri a voulu
adapter Ensemble, c’est tout ?
Que c’est grâce à vos personnages
que le film a eu tant de succès ?
Oui. C’est prétentieux, hein ?
La Consolante pourrait faire
un très beau film… Vous y avez
pensé ? Vous en avez envie ?
Des propositions très chic m’ont déjà été
faites mais La Consolante n’est pas et ne
sera jamais à vendre. La maison de Kate
est trop belle. Aucun repérage ne la trou-
vera jamais.
Vous pourriez écrire pour le cinéma ?
Je vais écrire pour le cinéma. Une comédie.
Il y a des années, j’ai promis à Jean-Jacques
Vanier de lui écrire un rôle. Il est temps de
tenir ma promesse…
Pour chacun de vos livres, vous
consacrez beaucoup de temps au
travail de documentation. Vous aimez
particulièrement l’architecture,
ou vous vous êtes lancé un défi ?
J’avais besoin d’un homme qui travaille
beaucoup et voyage sans cesse. Un business
man m’aurait vite ennuyée (vendre, toujours
vendre…), alors j’ai choisi un architecte. Je
voulais un personnage qui m’apprenne des
choses que je ne connaissais pas. Qui m’édu-
que un peu. Ce fut le cas. Grâce à lui, j’ai
rencontré des tas de gens passionnants. En
vrai et dans les livres.
Y a-t-il toujours le même processus
au départ de vos livres ?
Il y a deux ans, plus peut-être, je suis allée
à une rencontre dans une bibliothèque. On
m’a demandé quel serait le sujet de mon
prochain roman. J’ai répondu que je ne
savais pas mais que j’allais l’écrire pour une
scène que je voyais très distinctement : un
homme mal en point, physiquement et
moralement, marche au milieu de hautes
herbes sous un soleil couchant. Au loin, il
y a un feu, des enfants autour, d’autres qui
sautent par-dessus et une odeur de caout-
« Ensemble, c’est tout »
L’adaptation du roman, signée Claude Berri, avec Audrey Tautou et Guillaume Canet,
est l’un des succès de 2007.
Interview Anna Gavalda
40
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Gavalda

  • 1. Une grande fille toute simple Notre J. K. Rowling nationale vit avec ses enfants dans une jolie maison des environs de Melun.
  • 2. epuis 2004 et Ensemble, c’est tout, elle n’a rien publié. En quatre ans, pourtant, Anna Gavalda ne nous a pas quittés d’une semelle. Dans le métro, sur les plages et aux terrasses de café, il n’y en a eu que pour son trio de solitudes, Camille, Franck et Philibert, les personnages de son best-seller Ensemble, c’est tout. Chez Anna Gavalda, pas encore 40 ans et déjà millionnaire, l’honnêteté est un atout autant qu’une faiblesse. Elle a vendu plus de 3 millions de livres, déclare être ravie de payer un « max d’impôts », ne triche jamais avec les libraires, ni avec ses lecteurs, qui viennent par centaines à ses dédicaces, où elle apparaît presque ordinaire, avec sa timi- dité en bandoulière. à Melun, où elle vit avec ses enfants, son emploi du temps est calé sur la sortie des classes, l’heure de l’arrosage et la saison des semailles (elle adore cultiver son jar- din). Dans une lettre où elle a la faiblesse de se mettre à nu, l’honnêteté, encore, lui a fait écrire récemment qu’elle était « vieille et revêche », pour justifier qu’elle ne rencontrerait pas de journalistes pour la sortie de La Consolante, mais répondrait à leurs questions par mail. Elle voudrait n’en faire qu’à sa « petite tête de linotte », dit-elle. Si on ne la voit ni à la télé ni dans les magazines, on ne pourra pas, en tout cas, passer à côté de son nouveau roman, tiré d’emblée à 300 000 exemplaires. La star du Salon du livre, ce sera elle. Beaucoup moins voyante qu’Amélie Nothomb, moins télégénique que Jean d’Ormesson, mais plus « bankable » que Jonathan Littell. On n’était pas fous à l’idée de l’interviewer par mail pour son dernier roman, « La Consolante », comme elle l’avait demandé. Il aurait pourtant été bête de s’en priver ! En écriture, c’est tout pour ma gueule Anna Gavalda 37 Interview  ©witidetera/opale 
  • 3. Après les pastels, vous avez eu envie de couleurs plus sombres, on dirait… Est-ce en réaction aux critiques qui vous ont été faites par le passé, selon lesquelles vous écriviez « trop sucré » ? Pff… si on devait agir ou réagir selon les critiques que l’on vous fait dans la vie, on n’irait pas loin… Marcel P. a dit : « Pour écrire pour tous, il faut écrire pour soi », en vrai je suis généreuse, mais en écriture, c’est tout pour ma gueule. J’ai écrit La Consolante en réaction à rien du tout, juste pour me faire plaisir. Au chapitre 11, vous faites allusion à ces critiques et on sent dans les suivants, où il est question de bonheur, une sorte de retenue. Est-ce une manière de rectifier le tir ? Non, je ne faisais pas allusion à « ces » cri- tiques (que je ne lis pas d’ailleurs…) mais à une idée plus générale. Et qui est juste. Le bonheur ne se raconte pas, il se vit. Et je n’ai pas eu l’impression de me retenir. Au contraire, je me suis laissée aller… « Recti- fier le tir », c’est un concept pour les agents commerciaux, pas pour les écrivains… On a beaucoup parlé de votre refus d’« assurer la promo » auprès des jour- nalistes, sauf par mail. Votre « retrait de la vie publique » est-il définitif ? Ah bon ? On en a beaucoup parlé ? Ce n’était pas une idée si saugrenue pourtant… Les questions (et donc les réponses) posées par écrit sont plus réfléchies, plus intéressantes, plus nuancées. Et puis ça me permet de zap- per des questions comme « Alors Anna… parlez-nous un peu de La Consolante… ! » et de faire le boulot des journalistes à leur place. Ce n’est pas à moi d’en parler, c’est à vous. Même en mal. Je ne suis pas critique, moi. Ce que j’aime, c’est faire, pas commen- ter. De la mi-mars à la fin juin, je sillonne les librairies de la France entière pour aller à la rencontre de mes lecteurs. Peut-on par- ler de « retrait de la vie publique » ? Si on résume, dans La Consolante, Charles s’éloigne d’une morte (Anouk) pour aller vers son double vivant (Kate) ? Oui, c’est à peu près ça. Un homme qui échange un fantôme contre un corps à ser- rer dans ses bras. Un homme de 47 ans qui tombe amoureux à un moment de sa vie où il ne s’y attendait plus et où, pro- bablement, il n’y croyait plus… Il ne faudrait pas oublier les enfants. Vous y tenez, n’est-ce pas ? Je trouve qu’il n’y a jamais assez d’enfants dans les films et dans les livres, et c’est bien dommage parce que les enfants font du bien aux adultes. Quand on n’est pas soi-même face à un enfant, ça se voit tout de suite : il s’éloigne. La Consolante comme Ensemble, c’est tout, c’est une histoire de « sans famille » qui arrivent à en fonder une ? Probablement. C’est ça la vie, l’occasion d’agrandir le cercle. Cette histoire de « sang » m’a toujours laissée bien per- plexe. La famille, c’est celle de sa sensi- bilité. D’ailleurs, Charles parle toujours de l’enfant qu’il a élevée en disant ma « belle fille », sans tiret. Le jardin merveilleux de Kate fait penser au vôtre, le téléphérique de Charles à celui qu’avait fabriqué votre grand-père quand vous étiez enfant. Quel est votre rapport à l’autobiographique ? Mon jardin, hélas, n’a pas grand-chose à voir avec celui de Kate (je n’ai même pas de lama…) et Charles a conçu une tyrolienne pour les enfants au-dessus de la rivière parce qu’il se doutait bien que ça leur plairait. Je ne pense pas à moi quand j’écris, je pense à mes personnages. Ma vie, c’est leur vie. Et leur vie est ainsi parce que c’est moi qui la raconte. L’autobiographie n’est nulle part et partout à la fois. Ça ne m’intéresse pas tel- lement de démêler tout ce fatras. « La Consolante, c’est à peu près ça. Un homme qui échange un fantôme contre un corps à serrer dans ses bras. » Interview Anna Gavalda 38 La Consolante La crise antidépresseur Charles Balanda a exactement l’âge auquel la midlife crisis vous prend par surprise et vous envoie dormir sur le canapé : 47 ans. Architecte talentueux, il vit avec une très jolie femme, Laurence, la mère de Mathilde, une adolescente qui traverse un autre genre de crise. Charles se démène sur des chantiers à Moscou où des grues disparaissent, et sa lucidité aussi, quand il abuse des toasts slaves. Il laisse à dessein ses valises dans les aéroports, qui sont un peu sa deuxième maison après les taxis. Dans le lit conjugal, Laurence s’éloigne de plus en plus. Charles apprend bientôt la mort d’Anouk, la mère de son ami d’enfance Alexis, mais aussi son premier amour. Et il ne lui reste plus qu’à reconstruire sa vie, en miettes. Pour faire le deuil d’Anouk, infirmière courage, Balanda revient sur ses pas, ses souvenirs d’enfant. Histoire de requinquer son quinqua, la fée Gavalda place sur son chemin une adorable Anglaise, Kate, maîtresse d’un château aux allures de grenier, rempli d’objets disparates et de marmots chahuteurs. Après Je l’aimais, bientôt adapté par Zabou Breitman, et Ensemble, c’est tout, porté à l’écran par Claude Berri, Anna Gavalda nous avait prévenus, son prochain livre serait sombre, peut-être même déprimant. Il faut croire qu’elle a ça dans la peau, le mélo qui console, les personnages faits pour être aimés. Malgré un début longuet, et une tendance à conjuguer les verbes sans sujet, Anna Gavalda prouve une fois de plus que les bons sentiments peuvent faire de bons romans. A. E. « La Consolante », d’Anna Gavalda, Le Dilettante, 640 p., 24,50 e.
  • 4. Vous aimez bien l’Angleterre, les Anglais, les écrivains et les chanteurs anglais… ça tient à quoi ? En l’occurrence, au fait que Kate est à moitié anglaise, so j’étais bien obligée de make her credibeul. Ensuite, reconnaissons que les écri- vains et les chanteurs anglo-saxons nous en imposent souvent… Pas d’anglophilie pour autant, j’adore le croûton de la baguette et le petit vin blanc sous la tonnelle… Il est pas mal question de musique dans La Consolante. Leonard Cohen, Neil Hannon… Vous aimez les chanteurs à voix ? Non, à textes. Au fait, Divine Comedy, est-ce vraiment de l’âge de Mathilde ? Ha ! Ha ! Typique réaction de vieille ! Pen- chez-vous sur les MP3 des ados qui aiment vraiment la musique et vous serez bien étonnée. Ils écument les discothèques de leurs médiathèques, ils écoutent Le Mouv’ ou Nova, ils décortiquent les sites de Myspace, et sont extrêmement curieux. Dans le cas de Mathilde, je dirais que son chemin a pu être : electro Air album de Charlotte Gainsbourg (juste pour voir ce qu’ils avaient fait pour elle) découverte de Jarvis Cocker, Thom Yorke et Neil Hannon découverte de Pulp, Radiohead, The Divine Comedy etc., etc., etc. Il n’y a pas d’âge pour être ému par une chanson. Surtout celle dont il est question dans le livre. Mais bon, j’ai mis Mika aussi ! C’est important, la musique ? Jusqu’où ? Je ne sais pas. Je n’en écoute pas tellement. C’est déjà très bruyant dans ma tête ! Petite critique ! C’est quoi cette idée de supprimer les pronoms ? C’est l’histoire d’un homme qui se délite. Au début, il dit « je », puis je dis « il », puis plus rien. Il n’y est plus. Plus de sujet. Se contente de subir, ne réagit plus, perd son identité. Mais il manque des pronoms, c’est vrai. J’en ai remis quelques-uns au tirage suivant. Un texte est une chose mouvante, au grand désespoir de mon éditeur, je fais des corrections dès que j’en ai l’occasion… Discrète taquine Des airs de jeune fille de bonne famille… gare ! Miss Gavalda voit tout, entend tout et… n’a pas la langue dans sa poche ! ©witidetera/opale
  • 5. chouc brûlé à cause des baskets qui dérapent dans les braises. Cette scène me hantait, tout le reste, avant et après, fut improvisé et est venu au fil de la plume. Tous mes livres, je les écris pour une seule image au départ. Une seule. Le vol de votre manuscrit a-t-il beaucoup modifié la donne ? Avant ce cambriolage, l’histoire tournait autour d’une infirmière de nuit… S’agissait-il déjà d’Anouk ? Charles était-il là ? Oui. Tout le monde était déjà là. C’est la même histoire, simplement elle débute autrement. Dans la première version, Char- les apprenait la mort d’Anouk d’une façon différente. Je ne pouvais pas me plagier moi- même, c’eût été trop assommant, alors j’ai changé les décors. Ce n’est pas un « manus- crit » que j’ai perdu mais les premiers cha- pitres. C’était un petit incident tout à fait privé et il y a eu une fuite dans les journaux. Qui m’a d’ailleurs accablée sur le moment. Tout cela n’avait aucun intérêt… Après votre grande tournée des libraires, on n’entendra plus parler de vous jusqu’en… 2011 ? Euh… plutôt début 2023, je dirais… Pour vivre heureux, vivons cachés, c’est ça ? Pas cachés, discrètement. • Par Barbara Lambert et Astrid Eliard Stop ! Arrêtez toutes les machines ! Il y a une virgule de travers à la page 412 ! Vous fabriquez des personnages comme personne. L’histoire, on dirait, vient après. Est-ce que ce sont les personnages qui font l’histoire ? Ce sont les personnages. Avant de me mettre au travail, je les rêve pendant des mois, des années quelquefois (ceux de ma prochaine histoire sont déjà là depuis un bon bout de temps…), ensuite je m’installe devant mon écran sans avoir aucune idée de ce qui va se passer. Je les laisse faire puis- qu’ils existent. Ça peut paraître difficile à croire et pourtant c’est la vérité. Jusqu’à la dernière ligne, je ne savais pas comment La Consolante allait se terminer et, à un moment, j’ai réalisé que zut, c’était fini, là… J’étais désespérée. Toute seule dans mon bureau à quatre heures du matin, je me souviens, j’ai engueulé mon héros : « Franchement avec tout ce que j’ai fait pour vous, vous auriez pu me dire au revoir quand même ! » Mais non, il était parti sans même se retourner. Quel ingrat. Est-ce pour mieux creuser vos personnages que vos livres sont devenus plus volumineux ? Je ne sais pas. J’aimerais bien être capable d’écrire de nouveau un court roman. J’y songe… Le producteur Jean-Pierre Guérin pense que « si on adapte tant de livres, c’est parce qu’ils fournissent des personnages « clé en main »… Pensez-vous que c’est à cause de vos personnages que Claude Berri a voulu adapter Ensemble, c’est tout ? Que c’est grâce à vos personnages que le film a eu tant de succès ? Oui. C’est prétentieux, hein ? La Consolante pourrait faire un très beau film… Vous y avez pensé ? Vous en avez envie ? Des propositions très chic m’ont déjà été faites mais La Consolante n’est pas et ne sera jamais à vendre. La maison de Kate est trop belle. Aucun repérage ne la trou- vera jamais. Vous pourriez écrire pour le cinéma ? Je vais écrire pour le cinéma. Une comédie. Il y a des années, j’ai promis à Jean-Jacques Vanier de lui écrire un rôle. Il est temps de tenir ma promesse… Pour chacun de vos livres, vous consacrez beaucoup de temps au travail de documentation. Vous aimez particulièrement l’architecture, ou vous vous êtes lancé un défi ? J’avais besoin d’un homme qui travaille beaucoup et voyage sans cesse. Un business man m’aurait vite ennuyée (vendre, toujours vendre…), alors j’ai choisi un architecte. Je voulais un personnage qui m’apprenne des choses que je ne connaissais pas. Qui m’édu- que un peu. Ce fut le cas. Grâce à lui, j’ai rencontré des tas de gens passionnants. En vrai et dans les livres. Y a-t-il toujours le même processus au départ de vos livres ? Il y a deux ans, plus peut-être, je suis allée à une rencontre dans une bibliothèque. On m’a demandé quel serait le sujet de mon prochain roman. J’ai répondu que je ne savais pas mais que j’allais l’écrire pour une scène que je voyais très distinctement : un homme mal en point, physiquement et moralement, marche au milieu de hautes herbes sous un soleil couchant. Au loin, il y a un feu, des enfants autour, d’autres qui sautent par-dessus et une odeur de caout- « Ensemble, c’est tout » L’adaptation du roman, signée Claude Berri, avec Audrey Tautou et Guillaume Canet, est l’un des succès de 2007. Interview Anna Gavalda 40 ©etiennegeorge