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1
Vivre
la ville
UN AN, UN SUJET À 360° | JANVIER 2017
un an, un sujet à 360° | Supplément à Journal de Bord de janvier 2017
Directeur de publication Sébastien Jumel | Rédacteur en chef Bruno Lafosse
Rédaction Bruno Lafosse, Sophie Hoffmann, Arno Bloussef en lien avec la direction générale des services techniques | Photographies Erwan Lesné,
Pascal Diologent | Conception maquette Antoine Massari/JBA | Réalisation graphique Ludwig Malbranque | Impression Imprimerie Gabel, Maromme
3
Arpenter
la ville
Loin du bruit, de l’anecdote, du  sensationnel,
du quotidien…Tentons  de prendre du recul
et, pourquoi pas, de la hauteur. Avec cette
nouvelle revue, nous avons l’ambition
–  et le rêve un peu vain – d’arrêter la course
du temps pour traiter en profondeur
un thème. En l’occurrence, nous nous
intéressons à la question urbaine,
à la ville comme on l’aménage, comme
on la pense et surtout comme on la vit.
Pour cela, nous nous sommes donnés un an.
Soit 365 jours pour parcourir Dieppe
avec un angle ouvert à 360 degrés…
Un an pour arpenter la ville et la donner
à voir sous différentes facettes,
avec différents langages, différents
rythmes, différents acteurs. 365 jours pour
comprendre la ville dans ses dimensions
multiples : populaire, portuaire, balnéaire,
industrielle, commerciale, culturelle,
solidaire, éducative, patrimoniale…
365 jours pour faire partager nos projets,
nos combats, nos doutes, nos espoirs.
Pour cela, pas de rétrospective, plutôt
une mise en perspective du projet urbain
de Dieppe. Alors, prenez le temps.
Entrez par le début ou par la fin,
cheminez avec nous sur les voies multiples,
perdez-vous dans notre cartographie
rationnelle, mais aussi sensible.
365 jours pour dire Dieppe. Impossible,
nous le savons. Mais si nous réussissons
à vous apporter un regard différent,
à vous surprendre, à aiguiser votre
curiosité, à esquisser une cartographie
des projets en cours ou à venir, alors nous
n’aurons pas usé nos souliers pour rien.
Bruno Lafosse, rédacteur en chef
AVANT-
PROPOS
MOT À MOT
Habiter 04
PANORAMA DIEPPE
Sébastien Jumel : la ville dont je suis fier 06
PHARES & BALISES
Dieppe population & ressources 10
MOT À MOT
Urbain 12
PANORAMA VILLES MOYENNES
Des villes au-dessus de la moyenne 14
MOT À MOT
Circuler 20
PERSPECTIVES ESPACES PUBLICS
À la conquête de l’espace public 22
CHEMINS DE TRAVERSE
Konu : la griffe du graffeur 28
MOT À MOT
Patrimoine 30
PERSPECTIVES LOGEMENT ET PATRIMOINE
Les faits du logis 32
PHARES & BALISES
Dieppe logement 40
PANORAMA URBANISME
Roland Castro, l’utopiste concret 42
MOT À MOT
Durable 46
PERSPECTIVES NATURE EN VILLE
La vraie nature de Dieppe 48
PERSPECTIVES ATTRACTIVITÉ
Force d’attraction 56
PHARES & BALISES
Dieppe ville attractive 64
CHEMINS DE TRAVERSE
Cartes, légende oubliée 68
Livres & utopies
POST-SCRIPTUM
Vu d’en haut 74
55MOT
À MOT
Habiter
Comme s’il suffisait de quatre
murs et d’un toit pour habiter.
Certes, c’est un bon début, une
condition sine qua non pour
commencer. Sans abri, on n’est
pas seulement sans logis, on est
aussi sans droit, sans protection,
“Sans toit ni loi”, disait Sandrine
Bonnaire chez AgnèsVarda
dans le poignant film éponyme.
Mais habiter, c’est bien plus
que posséder un logement.
Certains nous parlent de produits,
de loi du marché, de courbes
haussières ou baissières, de taux.
La pierre. Sacrée. Solide. Investir
disent-ils, réduisant le logement à
sa valeur marchande. Quand ils n’en
font pas un spectacle de téléréalité,
avec leur lot de maisons à vendre,
leurs injonctions de déco stéréotypée,
leur esthétique de catalogue de
chaîne scandinave bon marché.
À rebours de cette poésie d’agent
immobilier, entêtons-nous à
penser qu’habiter ce n’est pas juste
investir, mais s’investir. Continuons
à défendre le logement comme ce
lieu où vivent les hommes et les
femmes, où grandissent les enfants,
où se construisent les souvenirs,
où s’abritent les chagrins, où se
partagent les joies, où se croisent
les habitants. Après tout, on n’habite
pas seulement son logement,
mais aussi son quartier, sa ville,
son pays, sa planète. Et l’on pense
l’habitat, qui est cette manière
de concevoir et construire un chez
soi, en fonction des cultures,
des matériaux disponibles, du climat,
du terrain, mais aussi avec une
idée des relations sociales que l’on
veut – ou pas – tisser avec les autres
et avec son environnement.
Contre les marchands de
sommeil, entêtons-nous à trouver
qu’emménager dans un logement,
c’est une promesse, un projet, une
manière de pouvoir être au monde
et aux autres, grâce à cette base
arrière protectrice et accueillante,
privative et partageuse à la fois.
Pour ces quelques raisons au moins,
se loge dans l’idée d’habiter un droit
fondamental qui reste à construire.
Mots choisis par Arno Bloussef,
chroniqueur dans les gazettes
et  observateur de la sémantique.
6
7
Dans quel esprit
avez-vous conduit
les projets urbains ? 
Pour leVal Druel, l’enjeu était de rénover
en prenant en compte les atouts.
C’est un quartier mixte socialement,
mais où la crise n’est pas virtuelle…
Il fallait donc le requalifier dans une
démarche de résidentialisation douce.
Je ne voulais pas que l’on transforme les
locataires en petits propriétaires. Parce que
si on fait ça, on privatise l’espace public
et il n’y a plus de vivre ensemble.
On a donc retravaillé leVal Druel avec
une présence de services publics: une
nouvelle bibliothèque-ludothèque, un
espace social à dimension associative
et culturelle, une salle de sport ou
encore un dojo. Ce quartier-là entre
hier et aujourd’hui, c’est le jour et la
nuit, les habitants en sont très fiers !
Concernant le port, il faut réussir à
marier intelligemment ses fonctions
portuaires, urbaines, économiques et
touristiques pour que la ville ne puise pas
ses ressources dans une activité unique.
Je voulais une ville qui vive 365 jours
par an. Et quand j’applique ça au port,
ça veut dire qu’il faut que l’aménagement
urbain respecte et préserve la pêche.
Neuville nord est une zone urbaine
sensible de plusieurs milliers d’habitants.
Là aussi, il y avait des enjeux pour une
requalification urbaine qui prenne en
compte le vivre ensemble. Par exemple,
le parc paysager extraordinaire en plein
milieu d’une cité était devenu un no man’s
land. Avec les associations et les Amys
du parc, les centres sociaux ont conduit
une action de réappropriation du parc.
Avoir un parc, un poumon vert en plein
cœur d’une cité HLM, c’est essentiel, le
jardin de la ville, c’est le jardin des gens.
Quelles sont
les particularités
de Dieppe  ?
Cette ville n’est pas une vitrine, elle a
une dimension authentique, une âme,
une identité maritime extraordinaire: la
ville est dans le port et le port est dans la
ville. Quand Dieppe s’éveille, les troquets
du Pollet ouvrent leurs portes, le port
commence à fourmiller d’activités, les
travailleurs du matin croisent les ouvriers
de la nuit. L’odeur de l’usine Saipol qui
traite les tourteaux se mélange aux vapeurs
de café Nestlé pour se diffuser dans les
rues, au gré des marées et de la brume.
Dieppe est une ville rude. Elle a des aspérités
avec des vraies gueules. Elle est populaire
au sens noble du terme. Elle est vraie dans
ses rapports humains. On se dit les choses.
Et puis c’est une ville à dimension humaine:
30 000 habitants ce n’est ni trop grand ni
trop petit, on se connaît tous. Ça permet
des solidarités concrètes, des sentiments
d’appartenance très forts par quartier.
Maire de Dieppe depuis 2008, Sébastien Jumel a fait
de la promotion des villes moyennes son cheval de
bataille. Contre les mouvements de métropolisation
qui déménagent le territoire, il entend défendre
sa vision d’une ville à taille humaine, aux services
et activités multiples, où la mixité sociale n’est pas
juste un slogan. Revue de projets.
Propos recueillis par Sophie Hoffmann,
collaboratrice spécialisée à Radio France
PANORAMA
DIEPPE
8
Comment ?
Quand on construit des logements
c’est, à terme, des recettes fiscales grâce
aux gens qui travaillent, qui consomment
et donc génèrent de l’activité.
On a décidé de ne pas augmenter les impôts
depuis 2008 et on ne les augmentera pas
jusqu’en 2020. Malgré tout, les recettes
fiscales augmentent parce que nos bases
fiscales augmentent. Dans les bases
fiscales, il y a ce que la loi de finance
décide tous les ans: une augmentation
de pourcentage; et puis il y a les bases
physiques que sont les constructions de
logements. Cela génère donc des recettes.
Misez-vous aussi
sur le tourisme  ?
Bien sûr. Dieppe a de nombreux atouts
touristiques: un complexe balnéaire en eau
salée, un golf, un hippodrome, un casino
et un front de mer – qui nécessite d’être
requalifié car il a vieilli – dont les atouts sont
considérables: on a la plus grande esplanade
de pelouse sur front de mer d’Europe.
Mais notre approche du tourisme
n’est pas celle d’une activité se substituant
à l’activité traditionnelle. La mono
activité, c’est ce qui tue les territoires.
Contre qui
faut-il se battre ?
Il faut être volontariste, il faut intéresser
les investisseurs, lever les obstacles
administratifs, trouver les modes
de financements publics, les subventions.
Sur Dieppe sud, si j’avais dit: « On efface
le port, il n’y a plus de pêche, il n’y a plus
de transmanche, plus de port de commerce
et vous m’installez des résidences de standing »,
elles seraient déjà construites! 
Dans Dieppe Sud,
des logements
sont prévus pour
les étudiants.
D’où vont-ils venir  ?
Je suis fils d’ouvrier et j’ai lu Bourdieu
avant de lire Marx. Bourdieu nous
dit qu’en fonction du patrimoine
culturel, social et relationnel, on n’est
pas tous nés sous la même étoile.
La poursuite d’études est donc aussi liée à
notre capacité d’offrir aux jeunes d’ici une
réponse de proximité. On s’est battus pour
développer de l’enseignement post-bac à
Dieppe et il y a aujourd’hui 600 étudiants.
Il fallait donc construire des logements.
On va en construire 80 dans un premier
temps, associés à des logements
sociaux et des logements privés pour
préserver des équilibres de vie.
L’autre enjeu est aussi de faire venir
des commerces qui n’existent pas ici.
En matière culturelle, il y a un déficit, on
essaye par exemple de faire venir la Fnac
- en préservant nos librairies de proximité
car c’est essentiel - mais on veut éviter que
les gens aillent faire leurs courses ailleurs
parce qu’ils ne trouvent pas cette offre-là ici.
Ces projets
d’urbanisme vont-ils
coûter cher à la ville  ?
Oui, tout a un coût. Aucun de ces projets
ne pourrait se faire sans les aides
de l’État, l’investissement des bailleurs
ou des investisseurs privés.
Effectivement, la municipalité y consacre
de l’argent. Mais une ville qui ne se
développe pas, c’est une ville qui meurt.
Et puis c’est un projet d’urbanisme
qui génère aussi des recettes.
9
Comment expliquez-
vous cela?
Vu de Paris – et je ne fais pas de
populisme en disant ça – le schéma
est de concentrer les fonctions
régaliennes et les fonctions économiques
sur l’Île-de-France et 22 métropoles.
Pour le reste, le risque est d’avoir des
espaces de relégation. Des sociologues
comme des géographes parlent de
territoires oubliés, humiliés, abandonnés.
Le combat que nous menons pour que
notre ville ne soit pas une ville-dortoir
mais une ville vivante, c’est un combat
à contre-courant de tous les schémas.
Que répondez-vous
aux accusations
de clientélisme?
Ken Loach dit une phrase qui résonne
beaucoup en moi: « Qui sont ces gens
qui désignent les pauvres comme s’ils
étaient responsables de leur pauvreté? »
Il y a une condescendance aujourd’hui
vis-à-vis des classes populaires.
Certains emploient ce mot-là de manière
péjorative. Moi, je l’emploie avec une
fierté parce que je viens de là.
Donc je ne sais pas ce que ça veut dire
d’être clientéliste. Je suis solidaire
des pauvres, je ne m’habituerai
jamais à la pauvreté, l’exclusion
me met toujours autant en colère.
Qu’est-ce qui vous
a donné envie
d’être maire  ?
Quand je suis tombé amoureux de Dieppe,
je me suis dit que les habitants de cette ville
méritaient que l’on mène tous ces combats.
Quand j’ai des gros doutes, quand je sors
d’une réunion compliquée ou quand
je mesure l’étendue des obstacles
qui sont devant nous, ma respiration
c’est d’aller voir les gens.
Qu’est-ce qui vous rend
fier de votre ville?
Les habitants. Fin novembre, c’était
la cérémonie des gens de la mer.
Il y avait une dizaine de médailles pour
des officiers, pour une vendeuse de poissons
aux barrières, pour un mécanicien, pour
un patron de pêche. À chaque fois que
je remettais une médaille et que je dressais
la vie des gens qu’on honorait, je me
disais: quelle vie, quel parcours de vie!
Suivez-vous
Thomas Pesquet ?
Oh oui! Je l’ai rencontré ici,Thomas.
Des gens brillants il y en a plein
mais des gens brillants et modestes,
il n’y en a pas beaucoup!
Il affirme qu’il est le fruit de l’école de la
République et que s’il touche aujourd’hui
les étoiles, c’est qu’il a eu un prof de
maths qui lui a fait aimer les chiffres,
une prof d’anglais qui lui a dit que s’il ne
parlait pas d’autres langues, il allait rester
tout seul dans son coin, un prof de saxo
passionné au conservatoire de Dieppe.
Il n’oublie pas d’où il vient et d’un
certain côté, il est le symbole de tout
ce qui l’a fait évoluer.
PANORAMA
DIEPPE
10 PHARES
ET BALISES10
30 213
14 8031⁄6
14
60
1⁄3
88% 91,7%
0%
2 589
112
C’EST LA POPULATION DE DIEPPE EN 2013
en budget d’investissement depuis
dix ans, soit 460 euros par habitant
SONT DES SALARIÉS
DES HOMMES DES FEMMES
HABITANTS
AU KM2
millions
d’euros
millions d’euros
DENSITÉ
DIEPPE
population
& ressources MÉNAGEShabitant
à moins de
ans
ans
habitant
à plus de
d’augmentation
des taux
d’imposition
locale depuis
2008
40 % de retraités,
18 % d’ouvriers,
13,6 % d’employés,
10,6 % de professions intermédiaires,
5,9 % de cadres,
2,1% d’artisans et commerçants
70de budget pour
la Ville de Dieppe
en 2016
Sources : Insee,Ville de Dieppe
11
1313MOT
À MOT
Urbain
Le mot urbain révèle quelque
sens caché que le profane peut
parfois ignorer sans être ignorant.
Plus qu’un simple adjectif, qui
caractérise ce qui se rapporte à
la ville, il dit aussi quelque chose
de notre rapport aux autres, de
nos comportements, dans une
politesse qui combine l’affabilité
naturelle et la parfaite maîtrise
des usages du monde, comme
chez les personnages de Proust.
Le rapport avec la ville peut sembler
lointain : elle apparaît comme
une jungle dans laquelle la lutte
pour la survie est plus terrible
que dans les milieux naturels les
plus hostiles. Lutte pour l’espace,
les transports, l’air, les places
sociales, publiques… ou de parking.
Une terre d’aventures hostile pour
explorateur des temps chaussé de
runnings, bardé d’écouteurs et
de montre connectée. Une jungle
urbaine alimentée par tous les
fantasmes. Dans nos idées reçues,
la ville est le lieu de la modernité,
du changement permanent,
du croisement des habitants et
des cultures. Elle incarne le lieu de
tous les dangers, quand la campagne
serait sereine et invariante – ce qui
reste à voir – et le périurbain stérilisé
et «secure» comme disent les
paraphraseurs du modèle américain.
Dès lors, on se demandera par quel
masochisme sommes-nous toujours
plus enclins à être citadins. La force
d’attraction des lumières de la ville…
Ou l’envie et le projet parfois confus
de vivre ensemble, en profitant
de ce que la ville nous offre et de
ce dont on l’a doté : des logements,
des bars et des restos, des cinémas,
des théâtres, des librairies, des quais
pour accoster et pour flâner,
un front de mer pour déambuler,
des commerces qui nous donnent le
sentiment d’exister. Un art de vivre,
une manière d’être aux autres
qu’on pourrait appeler l’urbanité.
AB
13
14
15
S
ont-elles tout juste dans
la moyenne, un peu en
dessous ou au-dessus…
Les villes dites moyennes ont
raison de se méfier de cette
appellation qui reflète de
manière bien peu fidèle leur
diversité, leur dynamisme
et leur attractivité, sans rien
masquer de leurs difficultés.
Certes, elles ont parfois du mal à exister et surtout
à se faire entendre dans le concert bien rodé
des métropoles, relayé à grande force de com’et
de marketing territorial. En Normandie, en dehors
de l’axe Seine et du triangle Rouen-Caen-Le-Havre,
point de salut. Adieu Évreux, Cherbourg,
Alençon ou Dieppe, villes sorties des radars
des grands décideurs. Dépassées. Menacées par la
centralisation des décisions dans les grandes villes.
Saignées par l’hémorragie de population au profit
du périurbain, les villes moyennes concentreraient
les difficultés et les populations précaires
et verraient les rideaux tomber sur les vitrines
de  leurs commerces du centre-ville.
Certains voudraient les voir disparaître de nos cartes. Elles sont pourtant
bien installées dans notre géographie comme dans notre histoire.
Les villes moyennes n’ont pas dit leur dernier mot dans la mondialisation.
Dieppe en apporte l’illustration.
DES VILLES
AU-DESSUS
DE LA MOYENNE
Elles souffrent de la faible densité de fonctions
médicales et paramédicales, à plus forte
raison en Normandie, dernière région de
France métropolitaine avec une présence
de 37,8 praticiens du secteur médical pour
10 000 habitants contre 52,2 dans le reste
du pays. Pour noircir le tableau, elles ne peuvent
compter sur une dynamique intercommunale
pour partager les charges de centralité.
Pourtant, elles n’ont pas dit leur dernier mot.
Les villes moyennes et leurs habitants ne se
résolvent pas à compter pour des prunes. À juste
raison si l’on en croit les chiffres et les études.
D’abord, parce que ces territoires pèsent en termes
démographiques. «Loin des clichés sur leur irréversible
marginalisation, ces villes représentent invariablement,
depuis quarante ans, environ 20 % de la population
et 30 % des citadins du pays», souligne Christophe
Demazière, professeur en aménagement
et urbanisme à l’université deTours. D’autres
parlent de «ville intermédiaire» pour qualifier
la fonction remplie par certaines villes moyennes
sur leur bassin de vie, assurant ainsi la jonction
entre les espaces ruraux et les plus grandes villes.
PANORAMA
VILLES MOYENNES
16
LES VILLES MOYENNES N’INTERESSENT
PAS QU’ELLES-MEMES: ELLES SONT,
A CHAQUE FOIS AU CENTRE DE BASSIN
DE VIE DE PLUSIEURS DIZAINES
DE MILLIERS D’HABITANTS.
En effet, les villes moyennes n’intéressent
pas qu’elles-mêmes: elles sont au centre
de bassins de vie de plusieurs dizaines de
milliers d’habitants. Elles concentrent une
offre importante de services et commerces, de
services publics et d’emplois: gares, hôpitaux,
sous-préfectures, tribunaux, lycées, pôles
universitaires… Elles sont le plus souvent reliées
aux grands réseaux d’infrastructures, même si
c’est parfois de manière inégale, comme l’arrivée
toujours attendue de la RN27 ou l’absence
d’une double voie électrifiée à Dieppe.
Pour le maire de Dieppe, Sébastien Jumel,
« ce sont des villes à dimension humaine qui
revendiquent tout d’une grande. À Dieppe, Alpine est
emblématique de ce combat-là. Je nourris la conviction
que face aux métropoles attrape-tout, il faut des
pôles de vie concrets, tournés vers les besoins des
gens: des endroits avec une qualité de vie inégalée!»
Ces villes peuvent même relever les défis
du développement durable, car on peut s’y
déplacer sans avoir obligatoirement recours à
la voiture et accéder à un ensemble de services
et d’équipements, à la différence de grandes
villes, où les frontières demeurent, entre rive
droite et rive gauche, ville-centre et banlieues.
Leur rôle dans l’aménagement du territoire est
reconnu. «Les villes et les agglomérations ont un rôle
majeur à jouer pour renforcer la cohésion du territoire
national et contribuer à l’épanouissement de la population.
Nos villes et intercommunalités forment en effet
l’armature urbaine, la force productive et le dynamisme
français: pôles d’équilibre, réseaux d’intelligence créatrice
et bassins de vie du pays réel, entre grandes métropoles et
espaces ruraux», défend Caroline Cayeux, sénateur
maire de Beauvais et présidente de l’association
Villes de France qui regroupe 600 communes et
dont le maire de Dieppe est membre du bureau.
«Les villes petites et moyennes sont l’objet de
dynamiques complexes et contrastées, analyse
Christophe Demazière. Depuis une vingtaine d’années,
plusieurs de ces villes ont été durement touchées par
les délocalisations et les fermetures de services liées à
la Révision générale des politiques publiques (RGPP).
Toutefois, loin des visions catastrophistes trop largement
diffusées, le repli démographique et la déprise économique
ne sont ni une constante, ni une fatalité. En outre, les
capacités d’adaptation des villes moyennes aux mutations
en cours ne sont pas négligeables. Le développement
de la sphère présentielle, notamment à travers le tourisme,
mais aussi la résistance de l’économie de proximité
et la relative pérennité de leur fonction d’encadrement,
contribuent à une certaine résilience de ces villes face
à la crise». Dieppe en apporte la démonstration
avec la relance d’Alpine sur le site industriel
historique, avec la centrale nucléaire de Penly,
pourvoyeuse d’emplois qualifiés à haute valeur
ajoutée ou la grappe d’entreprises Meca énergie
avec ses 125 adhérents et 8 000 professionnels.
17
LE MOT EST LACHE. SANS VILLE
MOYENNE, GARE AUX OUBLIES
DE LA METROPOLISATION.
Les villes moyennes ont aussi une capacité à se
transformer avec une rapidité et une ampleur
que les métropoles leur envient. Entre le foncier
disponible et la brièveté des circuits de décision,
certaines cités ont ainsi engagé des chantiers
de transformation profonde, notamment dans
le cadre des opérations de rénovation urbaine.
En moins de trente ans, Dieppe a ainsi connu
la création du Belvédère, l’aménagement du
quai Henri IV avec la création du bassin de
plaisance et du port transmanche extérieur, la
rénovation de son centre ancien, l’aménagement
de l’avenue Normandie-Sussex… Plus récemment,
laVille a engagé le chantier Dieppe Sud avec le
bâtiment emblématique duTonkin, la rénovation
urbaine de Neuville et duVal Druel ainsi que la
création ex nihilo du quartier duVal d’Arquet.
Pas de fatalité donc pour ces villes comme
pour Dieppe à vivre dans l’ombre portée des
métropoles et de l’axe Seine. Ce que Christian
Cuvilliez, ancien député et maire de Dieppe
qui fit partie de ces édiles aménageurs, résume
d’une belle image: «l’ancienne Haute-Normandie
s’apparente à une pirogue dont Dieppe et Évreux
sont les deux balanciers, pôles d’équilibre».
Équilibre. Le mot est lâché. Sans ville moyenne,
gare aux oubliés de la métropolisation,
aux éloignés des services publics, spectateurs
atterrés mais impuissants face à la fermeture
des écoles, des bureaux de poste, la désertion
des églises, la disparition des mairies… Bref
de tout ce qui a forgé la carte d’une France
républicaine avec un maillage étroit de présence
publique. Si certains peuvent rêver d’un pays
purement métropolitain depuis leurs lointains
bureaux, qu’ils prennent garde aux conséquences
d’un aménagement qui laisserait de côté une partie
de la population dans les villes moyennes, l’espace
périurbain et la campagne environnante.
Bruno Lafosse
EQUILIBRE
PANORAMA
VILLES MOYENNES
1919
Circuler
“Circulez y’a rien à voir”,
disait un Coluche goguenard.
Et si justement, il y avait quelque
chose à voir? Permettez,
sans mauvais jeu de mot,
qu’on s’arrête quelque peu
sur ce terme de circuler.
Admettez que déguerpir comme
le badaud de Coluche, marcher
sans but l’esprit vagabond ou
aller d’un point à un autre
avec un but précis, ce n’est
pas tout à fait du même ordre.
Par exemple, aller à l’usine chez
Toshiba, se rendre en cours au
lycée Ango, faire ses courses
– de fond – chez Auchan, descendre
vers la mer en roulant sur les galets,
dévaler les mille et une marches
des escaliers dieppois, remonter la
côte de Rouen, tourner sur la rocade…
Pour changer physiquement
d’endroit et aller à la rencontre
de l’autre, il faut se déplacer.
Chacun s’insère dans un flux
de circulation plus ou moins
contraint, minuscule et inconsciente
particule en suspension qui vient
se joindre aux autres jusqu’à
saturation de CO2
, embolie et
coagulation dans le faisceau des
feux stop et la débauche de leds.
Loin, très loin de nos pubs
automobiles qui nous vendent
de l’évasion, de la solitude au volant,
des odyssées au fin fond des déserts.
Il faut à la fois être mobile et flexible
pour obéir aux injonctions du marché
et vivre l’illusion d’être libre comme
l’air, s’il n’est pas trop pollué.
Si la ville est un corps complexe et
mouvant, veiller sur sa circulation
est essentiel pour diffuser, à partir
de son cœur battant, l’énergie, la
richesse, l’influx nerveux. La ville
doit donc veiller sur ses artères
et dégager ses voies respiratoires.
On lui prescrira de se ménager
des échappées, des pauses et parfois
même, des impasses.
Le but est de permettre à chacun
de se rencontrer, en bus, à pied,
à rollers, à vélo.Vous n’y croyez
guère ? Il suffit de se lancer.
C’est le premier pas qui coûte.
AB
MOT
À MOT 19
20
21
À la conquête
de l’espace public
PERSPECTIVES ESPACES PUBLICS
Une trame, un cheminement, un labyrinthe…
Si l’on devait représenter nos mille et une manières
de vivre la ville, comment s’y prendrait-on ?
Difficile et improbable cartographie de nos
déplacements, de nos usages de l’espace public
et des équipements. C’est le travail auquel doivent
se livrer les urbanistes, les architectes
et tous ceux qui interviennent dans
l’aménagement de la ville.
22
P
our cartographier
le dédale de nos
déplacements,
de nos espaces
d’habitation,
de loisirs, de
commerce ou
de nature… on
a inventé une
véritable carte
du Graal : le plan local d’urbanisme. C’est
lui qui détermine les grandes fonctions de la
ville, à partir d’un projet d’aménagement et
de développement durable puis d’un plan de
zonage qui établit les différents espaces et
ce qu’il est possible d’y construire, ou non.
Adopté en 2012 par le conseil municipal
de Dieppe, après une large concertation, le
plan local d’urbanisme est donc désormais
le document de référence sur lequel se fonde
la délivrance des permis de construire.
Avec cette carte en main, les aménageurs
font des propositions, les élus prennent
leurs décisions. L’ensemble des projets
s’inscrit dans cette vision cohérente. Le
logement occupe une place déterminante,
mais il ne suffit pas faire monter les
étages ou de construire des hectares
de lotissements pour faire une ville.
Sauf à considérer que seule prime
la logique du chacun chez soi, qui
prévaut souvent dans le périurbain.
RELIER LES QUARTIERS,
LES SERVICES, LES GENS
Il faut relier entre eux les quartiers, les
services, les gens ! Pour y parvenir, rien
de tel que de travailler sur les espaces en
commun : rues, places, parcs, équipements
publics, chemins… Cet enjeu est
particulièrement posé à Neuville et au
Val Druel, deux quartiers engagés dans
une rénovation urbaine profonde depuis
le début des années 2010. Les places et
espaces publics sont au cœur de la réflexion
pour que les habitants s’y sentent tout
simplement chez eux. La place Henri-
Dunant comme la place Camille-Claudel
ont fait l’objet d’aménagements pour
qu’elles retrouvent leur caractère de lieux de
vie, marché ou terrasses de café à Neuville
par exemple. C’est vrai aussi de l’ensemble
des espaces secondaires : parvis du collège
Albert-Camus, avec parking et city stade,
création du chemin si bien nommé
des écoliers, desservant le restaurant
scolaire LeTriangle, le groupe scolaire et
la maison de quartier Camille-Claudel.
Il ne suffit pas
de faire monter
les étages ou
de construire
des hectares de
lotissements pour
faire une ville.
hhhhh
« Avec le renouvellement urbain au Val Druel
et à Neuville, on touche directement au cadre de
vie de plus de 10 000 habitants en réaménageant
les espaces publics, les pieds d’immeuble, en créant
des équipements publics nouveaux et même en étendant
le tissu bâti comme c’est le cas avec le Val d’Arquet
qui représente dix hectares de quartier nouveau
en ville. L’échange avec les habitants a été essentiel
dans la conduite de ces projets car il n’y a que
l’habitant qui sache comment on vit dans
son propre quartier. »
LUC MANGÉ, DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES
TECHNIQUES DE LA VILLE DE DIEPPE
23
Les lieux et équipements sont imaginés à
usages multiples. Le parvis de l’hôtel de
ville n’a pas été conçu seulement comme
un parking, mais comme la continuité du
square Carnot et comme un élément de
transition entre le centre administratif
et le centre-ville ancien. Logiquement,
l’occupation de l’espace par la voiture
est secondaire par rapport au parvis
piéton et aux plantations. De fait, le
parvis sert aussi bien pour des réceptions
protocolaires, des événements comme
une zumba ou la Journée de la paix… ou
tout simplement comme une grande
allée piétonne permettant de traverser
ce vaste espace du centre-ville, voire de
s’y arrêter ! Même le quai Henri IV s’y
prête l’été, avec les Samedis du quai qui
permettent aux piétons de déambuler
et de profiter des spectacles de rue.
Dans le même esprit, le centre sportif
Oscar-Niemeyer duVal Druel se partage
entre salle multisports et dojo d’échec. Le
restaurant scolaire LeTriangle est conçu
comme une salle conviviale pour des repas
de quartier et un local ados. La maison
de quartier accueille la mairie annexe, le
centre social Mosaïque, la bibliothèque-
ludothèque et même une épicerie de
quartier ! Rien de très nouveau dira-t-on.
Depuis trente ans, la Maison Jacques-
Prévert est tout à la fois maison quartier,
espace jeunesse, salle de spectacle, mairie
annexe, crèche, bibliothèque et bureau
de poste… Une centralité qui justifie
l’aménagement futur d’une nouvelle
place sur le carrefour Ferry-Jaurès, en
lieu et place de l’ancien garage Renault.
« Ces deux bâtiments s’intègrent dans un projet
d’ensemble. Ils sont des repères et des bornes d’entrée
du quartier. Camille-Claudel donne même une certaine
centralité auVal Druel. Ils sont reconnaissables car ils sont
traités avec les mêmes matériaux, les mêmes couleurs et
un peu la même géométrie. À l’intérieur, il était important
qu’une lumière naturelle l’inonde, qu’on n’utilise pas
systématiquement la lumière artificielle. »
SERGE GOLDSTEIN, ARCHITECTE MAISON CAMILLE-CLAUDEL
ET LE TRIANGLE
LES ESCALIERS
INVITENT À L’ESCAPADE
SUR LES HAUTEURS
DE LAVILLE
Entre les quartiers et les équipements,
il faut aussi penser les liaisons qui
permettent aux habitants de passer
d’un endroit à l’autre. Rues, trottoirs,
pistes cyclables, voies bus, ponts… sont
autant de moyens de se déplacer en ville,
le plus facilement possible et dans la plus
grande sécurité. La route duVallon en
est l’exemple le plus parlant : réaménagée
totalement en 2016. Elle offre une voie
moins large, des espaces de circulation
aux piétons et cyclistes, tout en sécurisant
l’accès à l’arrière des commerces. Plus
discrètement mais pas moins importants,
les escaliers sont autant d’invitations
à l’escapade sur les hauteurs de la ville.
Ils offrent de multiples raccourcis, aisés
à descendre… et sportifs à remonter !
Demain, ce sera au tour de Dieppe-Sud
d’ouvrir de nouvelles voies piétonnes
et au parvis de la gare d’offrir une place
à la circulation paisible pour ceux qui
débarquent du train, se rendent vers
la ville ancienne, la Halle à tabac rénovée
ou le futur aquarium dont certains rêvent.
Les projets ne manquent pas. Le plus
attendu est sans doute celui concernant le
front de mer. Huit hectares de pelouses,
un long ruban de galets de la jetée ouest
du port au Bas Fort Blanc. Habitants,
commerçants et usagers du front de mer
seront invités à rêver ce futur front de
mer et à intervenir sur tout le processus
de sa transformation dans les années
qui viennent. Si la mer, la plage et les
pelouses seront toujours au rendez-vous,
pour le reste tout est ouvert. Allez savoir
ce qui sortira de cette cogitation…
Bruno Lafosse
Les projets ne
manquent pas.
Le plus attendu
est sans doute
celui concernant
le front de mer.
Huit hectares de
pelouses, un long
ruban de galets
de la jetée ouest
du port au Bas
Fort Blanc.
hhhhh
PERSPECTIVES
ESPACES PUBLICS
24
02
01
25PERSPECTIVES
FICHES PROJETS
02
ÉQUIPEMENT
PETITE ENFANCE
À l’entrée du parc paysager de Neuville-
lès-Dieppe, le projet consiste en la
construction d’un équipement dédié
à la petite enfance comprenant une
salle multi-activités, une structure
petite enfance, des locaux techniques
pour le gardien en rez-de-chaussée,
un relais assistante maternelle (RAM)
et le logement du gardien à l’étage.
Implanté sur le parvis du parc paysager,
cet équipement contribuera à renforcer
le lien entre le parc et le reste du quartier.
COÛT DE L’OPÉRATION
2 130 160 € TTC
FINANCEMENT
Anru, DDU, Ville de Dieppe, Caf
01
PARKING ET PARVIS
DE L’HÔTEL DE VILLE
Indigo a conduit la réalisation d’un parking
souterrain de 200 places et d’un parking
de surface de 100 places ainsi qu’un
réaménagement paysager de la place de
l’hôtel de ville (y compris le parvis). Une
partie des travaux d’aménagement, pour
tout ce qui est en dehors du périmètre
délégué, a été effectuée par la Ville.
COÛT DE L’OPÉRATION
8 407 542 € HT
FINANCEMENT
Indigo, Ville de Dieppe
03
LE TRIANGLE
Le bâtiment a été surnommé le Triangle,
en écho à sa forme. Il est multifonctions:
restaurant scolaire, cuisine associative,
salle de loisirs pour les 6-12 ans,
espace jeune pour les ados de 11 à 17 ans,
ainsi qu’une salle de musculation.
COÛT DES TRAVAUX
2 143 012 € TTC
FINANCEMENT
Anru, Département, DDU, Ville de Dieppe, Caf
03
26
05
04
©Droitsréservés
27PERSPECTIVES
FICHES PROJETS
04
COMPLEXE SPORTIF
AUGUSTE-DELAUNE
La modernisation des équipements
du complexe sportif Auguste-Delaune
porte sur la mise en accessibilité,
l’agrandissement de l’espace musculation,
l’aménagement de trois courts
de tennis extérieur, la construction
de deux salles de squash et de vestiaires,
ainsi que la requalification des façades
et remplacement des portes
de l’entrée principale.
COÛT DE L’OPÉRATION
776 389 € TTC
FINANCEMENT
Département, Ville de Dieppe
05
MAISON DE QUARTIER
CAMILLE-CLAUDEL
La Maison de quartier du Val Druel
réunit en un même lieu le centre social,
la mairie annexe, la bibliothèque-
ludothèque, une salle dédiée à la politique
de la Ville, une salle de projection,
une antenne de la Caisse d’allocation
familiale, et une épicerie. Surnommé
équipement « Cœur de quartier »
par l’équipe d’architecte, qui l’a dessiné,
le bâtiment se veut créateur de lien social.
COÛT DE L’OPÉRATION
2 760 530 € TTC
FINANCEMENT
Ville de Dieppe, Département, Région, Anru, DDU, Caf
06
CENTRE SPORTIF
OSCAR-NIEMEYER
Le programme de construction d’un
équipement en entrée de quartier du
Val Druel dans le cadre du programme
Anru, propose une salle d’évolution pour
les pratiques sportives (300 m²) et des
vestiaires en rez-de-chaussée bas, une
salle en rez-de-chaussée haut pour
la pratique des échecs (145 m²).
COÛT DE L’OPÉRATION
1 399 559 € TTC
FINANCEMENT
Anru, Département, DDU, Ville de Dieppe
06
28
Konu rythme nos parcours urbains de ses graffs
réalisés dans des endroits improbables.
Un regard malicieux et coloré qui redonne vie
à nos friches et à nos murs.
KONU
LA GRIFFE
DU  GRAFFEUR
21
29
L
es murs n’ont pas d’oreilles mais ils vous parlent.
L’artiste Konu les investit comme moyen
d’expression dans les espaces en friche comme
dans les endroits inattendus de la ville.
De la Halle à tabacs aux escaliers, des hangars
blancs du port à l’ancien stade Thoumyre, il écrit
son nom à la bombe avec ses calligraphies
Write my name et peint ses personnages
totémiques, les Bubbles faces, aux visages
tout en rondeurs et hauts en couleurs.
Vétéran du genre –  il graffe depuis 1989! –  artiste Konu…  et reconnu,
il expose au Palais deTokyo comme au Carrousel du Louvre. Pour autant,
il ne s’est pas rangé des voitures, au chaud dans sa galerie du 5 rue de l’Oranger.
Il continue d’arpenter la ville, en l’occurrence Dieppe, sa cité d’adoption.
Là, il nous surprend avec ses œuvres colorées, réalisées seul ou avec quelques
complices, comme Mow, qui ajoute son bestiaire. Alors, ouvrez l’œil…
3
1 | Calligraphies Write my name, dans lesquelles
le graffeur met en scène son “blase”, à la fois nom
et signature.
2 | Konu s’associe régulièrement à d’autres artistes,
pour un mélange détonnant des univers. Ici avec Mow
et ses loups blancs qui se détachent sur le fond coloré.
3 | En 2007, à Dieppe, l’artiste invente ses
“Bubbles faces” visages en rondeur et couleurs
s’actionnant au rythme de la vie.
CHEMINS
DE TRAVERSE
3131MOT
À MOT
Patrimoine
Notre mémoire est gravée dans
la pierre. On le sait depuis Pierre
Nora, historien émérite qui mit
en avant notre passion pour les
lieux de mémoire. La France
voue une passion sans pareil
à son patrimoine. Consensus
national pour sauvegarder les
chefs-d’œuvre en péril.Vieilles
pierres, bâtiments classés
ou inscrits à l’inventaire des
monuments historiques, qui
n’a rien d’une liste à la Prévert,
mais est long comme le bras.
L’affaire est sérieuse et on ne se
moque pas. Ces traces de notre passé
nous relient à nos ancêtres, à notre
histoire. En période où l’avenir peine
à se dessiner, personne n’aurait le
cœur à fragiliser notre sentiment
d’appartenance puisé dans l’hier.
Vieux château, casino mauresque,
arcades, églises, pont Colbert…
À Dieppe, le centre ancien est
classé en zone de protection
du patrimoine architectural,
urbain et paysager qui deviendra
bientôt Aire de valorisation du
patrimoine… C’est dire si la cité
Ango – ou Duquesne, choisissez
votre héros du passé – ne manque
pas de ces lieux emblématiques
qu’elle rénove à juste titre.
La carte postale est belle et nous
aimons la partager. Osons pourtant
blasphémer et dire qu’on aime
aussi qu’à la ville ancienne se
mêle une ville nouvelle. Que la
conservation légitime ne veut pas
dire le conservatisme. Que leVal
Druel, l’hôtel de ville et désormais le
bâtiment duTonkin font aussi partie
de notre patrimoine. Et que l’histoire
ne se résume pas aux vieilles pierres
et aux chroniques des grands de ce
monde, mais aussi aux mentalités,
aux rapports sociaux et politiques.
Des racines et des ailes qu’ils disent.
Des racines pour savoir d’où l’on
vient et des ailes pour prendre de
la hauteur et… un peu de liberté  !
AB
32
33
Les faits
du logis
PERSPECTIVES LOGEMENT ET PATRIMOINE
Le logement, c’est la clé de l’équilibre d’une ville. Entre constructions
et réhabilitations, quartiers anciens et modernes, individuel
et collectif, habitat social et maisons bourgeoises, Dieppe ne manque
ni de diversité, ni de projets. Poussez la porte…
P
our habiter une
ville, il faut
d’abord trouver
à s’y loger.
Dans quelles
conditions? À quel
prix ? Répondre
à ces questions,
c’est esquisser
une politique du
logement. Il ne suffit pas de chanter sur l’air
de « Quand le bâtiment va, tout va » une ode à
la construction tous azimuts. Pour faire du
logement, il faut avoir une vue d’ensemble,
une ambition pour ses habitants actuels
et futurs, des partis pris économiques et,
in fine, politiques. À Dieppe, la question
a été débattue et tranchée. Le logement,
c’est d’abord un droit pour tous,
non une simple marchandise. Pas question
de laisser la bride sur le cou au marché
de l’immeuble de standing défiscalisé.
Mais pas question non plus de louper
les opportunités quand elles se présentent,
à condition qu’elles entrent dans le cadre
d’aménagement volontariste de la Ville.
Les grandes orientations ont été fixées
en 2012, dans le Projet d’aménagement
et de développement durable (PADD)
qui formalise les grandes orientations
du Plan local d’urbanisme. La boussole
indique clairement les orientations :
« enrayer la perte de population et renouer
avec la croissance démographique, mettre en
adéquation le niveau de logements, d’équipements
et d’emplois et favoriser la mixité sociale ».
34
Pour y parvenir, la Ville met à profit les
terrains disponibles dont elle s’assure la
maîtrise. Elle travaille à la densification
du tissu urbain. C’est le cas sur Dieppe-
Sud, avec 38 hectares disponibles, dont
une bonne partie de friches à reconquérir
et à transformer. Une occasion unique
d’étendre le rayonnement du centre-ville
historique, de renforcer les liens ville-
port et de configurer une nouvelle entrée
de ville. Le projet, souvent présenté sous
son angle économique, est également un
important programme de logements. Les
promoteurs Gidec et Wilhelm & Co visent
la construction de 500 logements. Une
résidence étudiante est également dans les
tuyaux, en lien avec le Crous pour répondre
aux besoins des près de 600 étudiants post-
bac qui suivent des formations à Dieppe.
LA RÉNOVATION
URBAINE CHANGE EN
PROFONDEUR L’IMAGE
ET LE QUOTIDIEN
Sur le plateau neuvillais, se présente une
des ultimes possibilités d’extension urbaine.
Le Val d’Arquet 2 est en cours d’études fin
2016 avec un potentiel de 350 nouveaux
logements. Une manière de capitaliser sur
la réussite du Val d’Arquet 1. L’écoquartier
habité depuis 2015 mêle habitat individuel
et collectif, accession et location. Grâce à
un important travail d’aménagement des
voiries, il offre une jonction désormais
totalement transparente entre ce nouveau
quartier et l’ancien, construit dans les
années 1970, qui a connu une rénovation
urbaine d’ampleur.
À Neuville-Nord, l’opération a touché
le bâti, avec son lot de démolitions et
reconstructions, ainsi que les espaces
extérieurs et les équipements publics.
Elle change en profondeur l’image
mais aussi le quotidien de ce quartier
populaire qui réussit à maintenir une forte
attractivité comme en témoignent son
offre de commerces et son marché, ainsi
que la forte présence associative, scolaire,
municipale et culturelle.
Pour s’approprier les enjeux de la
rénovation, élus et habitants n’ont pas
hésité à bousculer le plan initial prévu
par le programme national de rénovation
urbaine. Dès 2008, quand certains voyaient
dans la démolition du logement social
une solution, la nouvelle municipalité
d’alors décide de prendre le contre-pied.
On ne construit pas de la mixité sur les
ruines du logement collectif et encore
moins en chassant la population.
C’est la philosophie mise en œuvre au
Val Druel, autre quartier prioritaire de
la politique de la ville, avec les bailleurs
Habitat 76 et Sodineuf habitat normand.
Ici, pas de démolition, mais une
réhabilitation à grande échelle : logements,
espaces et équipements publics…
« Nous gérons plus de 4 000 logements à Dieppe.
Le logement social, ce n’est plus le HLM tel qu’on a pu
le connaître par le passé. Aujourd’hui, nous adaptons
les loyers aux ressources des gens et travaillons
à la mixité sociale et urbaine à l’échelle du voisinage.
Nous avons également réalisé de gros efforts en matière
de réhabilitation de notre patrimoine avec un objectif de
réduction du montant des charges des locataires mais aussi
sur l’aspect des constructions. L’architecte Eric Martin
nous a poussés à aller plus loin sur le plan architectural en
utilisant des matériaux durables notamment avec l’idée
que le logement social s’adresse à tous et qu’il ne soit
plus considéré comme le logement des pauvres. »
HENRY GAGNAIRE, DIRECTEUR GÉNÉRAL
DE SODINEUF HABITAT NORMAND
Élus et habitants
n’ont pas hésité
à bousculer le
programme
initial de
rénovation
urbaine. On ne
construit pas
de la mixité sur
les ruines du
logement collectif.
hhhhh
35
VILLE POPULAIRE
OU VILLE DES
CAS SOCIAUX ?
On entend déjà les bonnes âmes persifler.
Dieppe serait ainsi «la ville des cas sociaux».
Outre le mépris de l’affirmation, elle fait
fi de réalités. Le caractère populaire de la
ville et donc la faiblesse relative des revenus,
doit-il condamner des catégories entières
à l’exil ? Cette vision sous-tend que la ville
devrait appartenir aux riches, la banlieue
aux pauvres, le périurbain aux classes
moyennes, la campagne aux déclassés…
Ou comment fabriquer de la défiance et de
l’exclusion. C’est aussi reproduire les clichés
sur le logement social en France: 64 % des
ménages sont éligibles aux différentes
gammes proposées par les organismes HLM.
Raison de plus pour continuer à développer
l’attractivité de la ville avec un programme
de constructions neuves dans lequel le
logement social tient toute sa place. Fin
2016, les grues sont à l’œuvre un peu
partout : Logiseniors rue Le Guyon à
Neuville, maisons de ville rue Jean-Mérault,
chantier Quai Sud sur l’avenue du Général
de Gaulle qui mixe hôtel, logements en
accession et logements sociaux… Des
travaux sont conduits dans les 5 résidences
pour personnes âgées pour améliorer
le confort et anticiper les évolutions
démographiques et les besoins de cette
classe d’âge toujours plus nombreuse.
D’autres projets germent. On citera les
14 logements de la rue Jean-Puech derrière
la mairie de Neuville, les 80logements
et pharmacie en rez-de-chaussée avec
la volonté de créer un nouveau centre
de quartier sur le secteur Jean-Jaurès, à
Janval, face à la Maison Jacques-Prévert.
« Il faut vivre avec son temps, il y a de nouveaux locaux
et ça va être bien. Et puis c’était nécessaire et utile,
les bâtiments étaient vétustes, y’en avait besoin.
Ça va remettre un nouveau regard sur le quartier
et le réhabiliter ! »
NATHALIE GUÉRAIN, HABITANTE DU VAL DRUEL
Le dernier défi du logis dieppois est de
taille. Il vise à réhabiliter le centre ancien
classé comme secteur sauvegardé, aux
habitations imbriquées. Un travail
de fourmi que la Ville conduit sans
relâche depuis plus de vingt ans, avec
l’Agence nationale d’amélioration de
l’habitat. Pas moins de 1 361 logements
ont déjà été réhabilités, dont une part
non négligeable remise en location.
Véritables dispositifs à effet 2 en 1, ces
opérations programmées d’amélioration
de l’habitat ont contribué à valoriser le
patrimoine du centre ancien tout en luttant
contre une paupérisation des quartiers
historiques. Parmi les réhabilitations les
plus emblématiques de ces derniers mois
figure celle de la maison Miffant. La plus
ancienne demeure de Dieppe a retrouvé
les couleurs d’origine de sa façade. Dans le
même mouvement, les Arcades de la bourse
et de la poissonnerie ont été remises en
lumière. Dernier joyau rénové, le collège
des Oratoriens, livré en 2016, contribue
à la majesté du quai Henri IV, tout
comme le fera l’hôtel de charme bientôt
construit sur le site de la Tour aux crabes.
Reste le patrimoine des églises avec un plan
de sauvegarde engagé fin 2016. Elles ne
logent personne, mais tout porte à croire
qu’elles sont habitées. Et les Dieppois,
attachés à leur patrimoine culturel,
y tiennent autant qu’à leur logement.
Bruno Lafosse
Selon certains,
la ville devrait
appartenir aux
riches, la banlieue
aux pauvres, le
périurbain aux
classes moyennes,
la campagne
aux déclassés.
Ou comment
fabriquer de
la défiance…
hhhhh
PERSPECTIVES
LOGEMENT
36
03
MAISON MIFFANT
La Maison Miffant est l’une des seules
maisons ayant échappé à l’incendie
de 1694. La qualité architecturale
de cet immeuble lui a valu d’être
inscrit à l’inventaire supplémentaire
des Monuments historiques en 1927.
L’inscription porte sur les façades situées
rue d’Écosse uniquement. Une étude
complète de la façade a été réalisée
par un architecte spécialisé :diagnostic
des bois à conserver ou à remplacer
et relevé des détails constructifs afin
de restituer le dessin de la façade
d’origine et ses couleurs. Livrée en
2016, la maison accueille aujourd’hui
cinq logements locatifs.
COÛT DE L’OPÉRATION
761 974,16 € TTC
FINANCEMENT
Anah, Département, Ville de Dieppe
02
ANRU NEUVILLE
Le projet de rénovation urbaine conduit
sur Neuville vise au désenclavement
du quartier avec l’ouverture au nord
et au sud, un réaménagement de la
trame viaire, qui intègre l’extension de ce
quartier vers le Val d’Arquet. Il comprend
un large programme de réaménagement
des voiries sur Neuville nord et d’espaces
publics: place Henri-Dunant, parc
paysager, résidentialisation, création
d’un équipement petite enfance…
Le projet de démolition-reconstruction
de 192 logements a permis la reconstitution
d’une offre nouvelle en accession et en
location plus diversifiée sur site et hors site,
en lien avec l’écoquartier du Val d’Arquet
et le projet du Clos des embruns.
COÛT DE L’OPÉRATION
63 977 954 € TTC
FINANCEMENT
Anru, DDU, Ville de Dieppe,Département, Région,
Sodineuf Habitat Normand, Caisse des dépôts et
Consignations, Communauté d’agglomération
01
ANRU VAL DRUEL
L’opération de rénovation urbaine du Val Druel
a conduit à transformer le quartier en
prenant appui sur deux leviers principaux :
un programme d’équipements publics et une
utilisation repensée de l’espace public. La
rénovation s’est traduite par de nouveaux
équipements avec démolition-reconstruction
d’une maison de quartier, construction d’un
équipement complémentaire, Le Triangle,
et du centre sportif Oscar-Niemeyer.
Les espaces publics ont été repensés avec la
résidentialisation des immeubles, la création
d’une nouvelle place Camille-Claudel et
l’aménagement d’un chemin des écoliers,
une voie de desserte du quartier, la route
du Vallon, totalement réaménagée et de
nouvelles aires de jeu.
COÛT DE L’OPÉRATION
10 646 753 € TTC
FINANCEMENT 
Anru, DDU, Ville de Dieppe, Département, Région,
habitat 76, Sodineuf Habitat Normand, Caisse des dépôts
et Consignations, Communauté d’agglomération
02
37PERSPECTIVES
FICHES PROJETS
04
ÉGLISES SAINT-JACQUES
ET SAINT-RÉMY
Les deux églises de Dieppe classées au titre
des Monuments historiques nécessitent
un plan de sauvegarde avec des travaux
de première urgence. Il s’agit de travaux
de maçonnerie/pierre de taille pour l’église
Saint-Jacques et pour l’église Saint-Rémy
de travaux de maçonnerie/pierre de taille,
de couverture et dépose de vitraux.
COÛT TOTAL DE L’OPÉRATION
839775 € TTC
FINANCEMENT
Drac, Département, Ville de Dieppe
MAÎTRISE D’ŒUVRE
Groupement Lympia Architecture, Fournigault
Coefficient, Bestrema, Les Ateliers Verre Jade
05
COLLÈGE DES ORATORIENS
Le Collège des Oratoriens est constitué
d’un ensemble de bâtiments reconstruit
au XVIIIe
 siècle à l’emplacement
de la maison de Jehan Ango et
dont la volumétrie a été modifiée
jusqu’au XXe
 siècle. Il est inscrit
à l’inventaire supplémentaire
des Monuments historiques depuis
1990. Les travaux prescrits par
l’architecte des Bâtiments de France
ont débuté en 2014. Ils ont consisté
principalement en la restitution
des façades, consolidation des
structures, reconstitution des
planchers et la réhabilitation complète
des parties privatives (logements).
9 logements locatifs ont été mis à
disposition courant 2016.
COÛT DE L’OPÉRATION
1095806,10 € TTC
FINANCEMENT
Histoire et Patrimoine, Département,
Anah, Ville de Dieppe
04 05
06
PROJET JEAN-JAURÈS
Sur la friche d’un ancien garage
automobile, Habitat 76 élabore un projet
de construction d’environ 80 logements
plus un local pour une pharmacie.
Ce projet s’insère dans le cadre d’une
réflexion municipale sur la création
d’un cœur de quartier de Janval, avec
des espaces publics repensés et apaisés
à la jonction d’un groupe scolaire,
d’une maison de quartier/mairie annexe
et d’un équipement sportif. Sur Janval,
ce projet s’ajoute à l’opération conduite
par Habitat 76 rue de Dijon. Le projet,
en cours de réalisation, se compose
de 2 bâtiments d’habitations collectives
à R+3, totalisant 46 logements.
38
08
07
39PERSPECTIVES
FICHES PROJETS
08
RÉSIDENCE MARIE-
THÉRÈSE FAINSTEIN
Sur le site de l’ancienne école Fénelon
emblématique dans le quartier du Pollet,
la résidence Marie-Thérèse Fainstein
a été conçue comme un programme
de construction et de réhabilitation.
Réalisée par le bailleur Habitat 76,
elle a été inaugurée le 13 novembre 2015.
L’ensemble regroupe 2 immeubles
réhabilités et 1 immeuble neuf
(27 logements locatifs sociaux
et 1 cabinet médical en rez-de-chaussée).
COÛT DE L’OPÉRATION
4 923 875 € TTC
FINANCEMENT
Habitat 76, État, Caisse des dépôts, Département,
Dieppe-Maritime, Crédit foncier, Ville de Dieppe
07
L’ÉCOQUARTIER
DU VAL D’ARQUET
L’écoquartier est le fruit d’un partenariat
engagé entre Sodineuf habitat normand,
la Ville de Dieppe et l’Ademe. Il est
conçu comme un quartier économe
en matière de consommation d’espace,
avec une diversité des types d’habitat
proposée permettant la mixité sociale.
La volonté était également d’orienter les
logements au sud/sud ouest, de donner la
priorité aux déplacements « doux »
piétons et cyclistes, et de faciliter une
bonne appropriation de ce quartier par
les habitants. Au total, le Val d’Arquet
comprend environ 230 logements
(50 lots libres de constructeurs,
21 logements locatifs réservés à ErDF,
7 logements individuels en accession
sociale et 153 logements locatifs sociaux
individuels et collectifs).
09
RÉSIDENCES POUR
PERSONNES ÂGÉES
L’ensemble des résidences pour personnes
âgées fait l’objet d’un important
programme de travaux d’amélioration
du confort et de l’accessibilité: pose
d’ascenseurs, aménagement de salles
de bains, isolation thermique… 
Les travaux les plus spectaculaires
sont conduits à la résidence Marcel-
Paul du Pollet, permettant ainsi de
requalifier la place sur laquelle elle donne.
D’autres travaux seront engagés sur la RPA
Victor-Hugo. Dans le même mouvement,
la Ville participe à la reconstruction
de l’Établissement d’hébergement
pour personnes âgées dépendantes,
du Château-Michel ainsi qu’à la
diversification de l’offre avec la création
d’un Logiseniors de 24 logements
à Neuville, sur l’ancienne emprise
de la rue Le Guyon.
09
41
14 803
1 550
192
507
78,5% 8,9%
18  929
1 361
de résidences principales de résidences secondaires
LOGEMENTS
LOGEMENTS
RÉHABILITÉS
MÉNAGES
LOGEMENTS
RÉSIDENTIALISÉS
AU VAL DRUEL
ET À NEUVILLE-
LÈS-DIEPPE
LOGEMENTS
DÉMOLIS ET
RECONSTRUITS
SUR LE SECTEUR
DE NEUVILLE-
LÈS-DIEPPE
LOGEMENTS
CONCERNÉS PAR
L’AMÉLIORATION
DES ASCENSEURS
DIEPPE
logement
PHARES
ET BALISES
36,5%
dans le cadre des opérations
programmées d’amélioration de l’habitat
de ménages sont propriétaires de leur logement
Sources : Insee,Ville de Dieppe
42
43
Dieppe est une ville
populaire. Qu’est-ce
que le mot signifie
pour vous?
Prenez Nice. C’est une ville populaire qui se
protège de la mer et invente la promenade
des Anglais. C’est tout de suite moins
populaire. Dieppe, c’est une ville qui n’est
pas hostile aux autres, dont les pauvres.
Je ne parle pas de mixité, c’est un machin
convenu, que tout le monde réclame. Je
préfère le mélange, le métissage. La « bonne
ville » est évidemment mixte, elle comprend
tout le monde. Une ville trop spécifiée pour
certaines catégories, par exemple pour les
riches ou les congés payés c’est stupide.
Ça donne Deauville. Mais je ne vois pas
pourquoi Dieppe ne se prendrait pas pour
Deauville, dans l’imaginaire ! Elle peut le
faire tout en restant accueillante pour tous.
Comment avez-vous
découvert Dieppe?
C’est une rencontre de hasard ! Je suis
venu en vacances à Dieppe plusieurs
fois l’été dernier. J’ai trouvé cette ville
absolument formidable. Je m’y suis baladé
avec mes enfants et mes petits-enfants, j’ai
trouvé qu’elle dégageait une atmosphère
incroyable. J’ai vu l’intérieur de la ville,
extrêmement beau, riche d’une histoire
accumulée. J’ai découvert une ville remplie
de fantômes, d’hôtes de passages. Ça m’a
plu qu’Oscar Wilde soit passé par là !
J’ai adoré le rapport entre le port et la
ville, la mise en scène de la mer, qui
est un peu touristique, et les ports.
En revanche, je ne suis pas fasciné par
le front de mer, bien que le site soit très,
très beau. Mais il y a des éléments qui me
mettent en colère, dans l’architecture de
certains bâtiments.Tout comme je peste
contre la taille ridicule de vos arbres,
sur le quai Duquesne ou sur l’avenue
Gambetta. Il faut les laisser pousser !
Une ville,
ce n’est pas
moyen,
c’est une
exception,
une singularité
«  Monsieur le maire. J’ai découvert votre ville cet été
et j’en suis tombé amoureux. Pourrions-nous nous
y promener ensemble afin que je vous fasse part
de quelques évidences   ». C’est en ces termes que
Roland Castro, architecte et urbaniste de renom
international, concepteur du projet Banlieues 89
en 1981 et du Grand-Paris dans les années 2010
a écrit au maire de Dieppe, en septembre dernier.
Quelques semaines plus tard, rendez-vous était pris
pour un échange direct et savoureux sur la ville,
les politiques de logement et de rénovation.
PANORAMA
URBANISME
Propos recueillis par Bruno Lafosse
44
Comment?
À Paris par exemple, je pense qu’il
faudrait mettre les ministères en banlieue.
J’aurais voulu que la grande bibliothèque
(François-Mitterrand) s’installe là où
est le Stade de France, et que l’Opéra de
la Bastille soit construit au confluent
de la Seine et de la Marne. Il faut mettre
dans les endroits qui sont les plus fragiles
les équipements les plus importants.
À Nancy, on a construit la cinémathèque
dans l’un des quartiers les plus difficiles.
Ça a donné aux habitants de toute la ville
des raisons d’aller dans ce quartier.
Vous vous définissez
comme un utopiste…
Un utopiste concret ! Quand en 1936
l’Assemblée nationale issue du Front
populaire a adopté les congés payés, ce
qui était un séisme mental, elle l’a fait à
l’unanimité. C’est un fait méconnu qui
montre la capacité d’une utopie à s’imposer
à tous. C’est ça une utopie concrète. C’est
quand tout le monde est pour. C’est pareil
pour le programme du Conseil national
de la Résistance, avec la Sécu, le vote
des femmes ou la nuit du 4 août 1789
avec l’abolition des privilèges votée à
l’unanimité. C’est ça une utopie concrète,
c’est quand une idée devient hégémonique
et que tout le monde y adhère. On peut nous
traiter de doux rêveurs, mais les grandes
choses sont le fait des doux rêveurs.
Sur le plan urbain, l’utopie concrète s’est
réalisée dans le travail fait autour des cités-
jardins dans les années 1930. Un travail
aujourd’hui reconnu unanimement sur
du logement urbain pour le plus grand
nombre de qualités. C’est beaucoup
mieux que ce que l’on a fait plus tard !
La ville moyenne
c’est un concept
qui a du sens?
Une ville ce n’est pas moyen ou pas moyen.
C’est une exception, une singularité.
Or Dieppe est une ville singulière par son
rapport entre le grand large et l’intérieur
de la ville. Une ville ouverte sur la plage
d’un côté, le port et le travail de l’autre.
Ce n’est pas une ville moyenne enclavée
et sinistre, dans laquelle seule existe
la préfecture. C’est une ville active.
Et puis c’est un port, ça change tout.
Vous avez été critique
sur les politiques de
rénovation urbaine…
Je suis contre la démolition comme pensée.
Je suis pour le remodelage. Je pense qu’au
lieu de démolir, il faut avoir pour projet de
transformer l’existant, quitte à l’embellir,
ce que j’ai réussi à faire par endroits.
Je pense que la politique de rénovation
urbaine démolit beaucoup, bêtement, et
n’est pas assez ambitieuse. Pour réussir
une politique de rénovation urbaine, il
faut apporter une attractivité qui dépasse
le simple cadre du quartier, qui donne
aux autres des raisons de s’y rendre.
Au lieu de démolir,
il faut transformer
l’existant
1 | Aubervilliers; place du Front
populaire: habiter le Ciel est une tour,
un village vertical. C’est l’invention
d’un nouveau mode de vivre ensemble.
Le sol monte avec les étages de la tour
et façonne tous les 4 niveaux de grands
jardins suspendus. Il est aujourd’hui
en chantier à Aubervilliers.
2 | Paris XXe
; rue de Bagnolet : en créant
un escalier parisien dans l’axe de la rue
Daval nous avons réussi à construire
un morceau de ville, de l’habitat , la plus
grande médiathèque de Paris et un hôtel
Mama Shelter.
1
2
45
La maison, ce n’est pas
seulement un machin
technique
3 | Vigneux-Big Babel: projet lauréat
pour la réhabilitation et la transformation
de la Tour 27 dans le quartier de
la Croix Blanche à Vigneux-sur-Seine.
3
PANORAMA
URBANISME
Quels projets portez
vous qui relèvent de
l’utopie concrète?
J’ai une vision de la ville qui est celle de
l’égalité urbaine absolue : la fin du rapport
banlieue-périphérie, les endroits les plus
moches peuvent devenir les plus beaux.
Ce que j’ai fait, parfois. J’ai transformé un
quartier à Lorient, qui était le plus horrible
et est devenu une carte postale ! Nous ne
sommes plus habitués à l’idée qu’il y a
du rêve possible et « fabricable ». On est
accablé par des postures de renoncement.
La ville ne s’est-elle
pas figée dans ses
quartiers, pour riches
ou pour pauvres?
C’est vrai, mais on peut faire des choses. En
ce moment, je travaille sur un projet de tour
avec des jardins suspendus. Ça ne va pas être
que pour les riches. Il n’y a pas de fatalité.
On parle de plus
en plus de produit
au lieu du logement… 
Je n’emploie pas le mot de logement,
je parle d’habitat. Habiter, ce n’est pas
loger. On avait ce mot d’ordre en mai 68 !
La différence, c’est qu’habiter c’est
pouvoir s’approprier, se sentir accueilli,
reconnu dans sa dignité. Pour ça, il faut
de la qualité  : que le hall d’entrée ne soit
pas un trou à rats, que la maison, même
dans un cadre collectif et locatif, ne soit
pas un « machin » uniquement technique,
qu’il y ait des pièces en plus pour ranger…
Que cela donne un sentiment de fierté aux
gens. Nous avons réalisé des logements
sociaux à Boulogne-sur-Mer, avec des grands
volumes, des logements de type atelier
d’artiste. Au début, les gens n’arrivaient
pas imaginer que c’était pour eux, dans
un quartier où il y avait trois générations
de chômeurs. Nous sommes retournés,
pour Noël. Nous étions en larmes quand
nous avons vu comment les gens avaient
décoré les halls, les appartements… Ils se
sont approprié leur « chez eux ». Plus t’es
pauvre, plus il faut que ce soit beau.
Vous liez le citoyen
et le citadin…
Dans les grandes villes, les gens se sentent
citoyens et citadins.Toutes les enquêtes
montrent que plus c’est moche, moins
on vote. Quand tu prends la carte du vote
Front national, tu as la carte de la merde
urbaine. Il y a un rapport entre le sentiment
d’appartenance à son quartier quand il
est de bonne tenue et quand on est isolé
dans son pavillon, au troisième cercle
de la périphérie d’une grande ville.
4747MOT
À MOT
Durable
Le difficile, délicat et subtil art
de durer… Ce fut longtemps
l’affaire des grands de ce monde,
des monarques ensoleillés
aux sombres potentats.
Et l’éternel défi des amants,
pourtant condamnés par la fuite
inexorable du temps. L’enjeu
de faire exister, toujours, ce
qui par nature se dérobe…
“Avec le temps va, tout s’en va”, chantait
le vieux Léo. Être durable c’est
inscrire son parcours dans un temps
long, tout en prenant en compte le
présent et en anticipant l’avenir.
Dans un monde où rien ne dure,
c’est à la fois le projet immodeste
de laisser sa trace dans l’existence
–  voire dans l’histoire ! – et la
nécessité de dépasser notre propre
fin pour penser à l’avenir, à celui des
autres, des générations futures. Cela
suppose d’agir pour ici et maintenant
mais aussi pour demain. En donnant
à ceux qui vont nous succéder de quoi
continuer à vivre et à inventer leur
présent et leur futur. Après moi, ce
n’est pas obligatoirement le déluge !
Le durable, c’est comprendre que
nous n’emporterons rien au paradis
ou en enfer — ou si peu et en tout cas
pas de bien matériel. Ce qui est sûr en
revanche, c’est ce que nous laisserons
ici-bas : nos bouteilles plastiques sur
l’estran, nos déchets nucléaires plus
ou moins enfouis, nos gaz à effet de
serre, nos pesticides, nos réserves
d’énergies fossiles à vide, nos eaux
polluées. Que de bonnes raisons
de penser durable et de répondre à
l’invitation d’Edgar Morin «d’habiter
poétiquement la terre». Mais brisons-là,
durer ne veut pas dire s’éterniser.
AB
48
49
PERSPECTIVES NATURE EN VILLE
La vraie
nature
de Dieppe
Même si elle semble avoir été chassée par l’urbanisation,
la nature n’a jamais totalement disparu de nos cités.
Elle tente aujourd’hui de reprendre ses droits, pour peu
qu’on accepte de lui faire une place et de changer de regard.
C
ontrairement
aux idées reçues,
la ville n’est
pas qu’une
succession
de rubans de
bitume et de
cubes de béton.
Elle est aussi
constituée
d’espaces naturels, poumons verts et
petits coins de nature qui fleurissent
et qu’il faut préserver ou aménager.
Ils sont parfois invisibles à nos yeux,
mais ils ont résisté tant bien que mal au
mouvement d’urbanisation. Certains
ont même été créés par elle à l’image
du front de mer au XIXe
ou, plus près
du nous, du parc François-Mitterrand
sur les remblais du bassin Bérigny.
Si la ville n’a pas toujours su réserver à la
nature la place qu’elle mérite, elle peut
s’avérer plus accueillante qu’on ne le croit à
la biodiversité. Les abeilles se portent mieux
au pied des immeubles que dans certains
champs gavés de produits phytosanitaires.
Les ruches de Dieppe en apportent
50
l’illustration et leur miel régale les écoliers
comme les nouveaux habitants auxquels
il est offert. Les arbres s’y épanouissent
et offrent en retour de nombreuses vertus
sanitaires en réduisant la pollution de l’air
et en apportant de la fraîcheur dans les rues.
«Les arbres ne peuvent pas, et ne doivent pas, se
substituer à d’autres stratégies d’assainissement
atmosphérique, mais ils sont un puissant moyen de
purifier et refroidir l’air, qui peut y être associé»,
estime l’organisation non gouvernementale
américaine Nature Conservancy citée
dans Le Monde du 3novembre 2016.
L’opposition ville-nature relève de plus
en plus d’un combat du passé. En se
densifiant, comme sur Dieppe Sud, la ville
préserve aux alentours des terres agricoles
devenues précieuses. Elle peut même
offrir à la nature des espaces nouveaux de
conquête ou de reconquête: friches où les
plantes vont au bout de leur cycle naturel,
potagers et carrés potagers, comme les
Incroyables comestibles, bois comme
celui de Rosendal, chemins, coteaux de
Neuville… D’ailleurs les habitants ne s’y
trompent pas. Ils se sont mobilisés pour
obtenir la réouverture du parc paysager de
Neuville, totalement réaménagé dans le
cadre de la politique de rénovation urbaine.
Livraison est attendue au printemps 2017,
avec un savant dosage entre les usages:
cascade bucolique, promenade, espace
de jeux pour enfants, chapiteau de cirque
permanent… Ils sont également de la
partie pour repenser le front de mer et sont
consultés pour valoriser les 17 hectares du
bois de Rosendal, avec des cheminements
repensés, des points de vue depuis ce vallon
et la préservation d’arbres remarquables
tels que des séquoias, des hêtres, des
pins et autres marronniers d’Inde.
CONNAÎTRE LES
MILIEUX NATURELS
TERRESTRES ET
AQUATIQUES
Pour valoriser son patrimoine, laVille a
décidé en 2016 d’identifier ses trames verte
et bleue. Autrement dit de connaître plus
précisément ses milieux naturels, terrestres
(trame verte) et aquatiques (trame bleue).
Le Conservatoire d’espaces naturels de
Haute-Normandie est chargé de mener
les études et d’identifier les continuités
entre ces espaces, mais aussi de mettre à
jour leur richesse et les éventuelles espèces
à préserver. Le travail est scientifique, il
a aussi une portée pédagogique puisqu’il
permettra à la population de mieux
connaître ces réservoirs de nature en ville et
d’en profiter chaque fois que c’est possible
sans remettre en cause les fragiles équilibres.
Ce souci passe également par une nouvelle
gestion des espaces verts. L’interdiction des
produits phytosanitaires oblige à repenser
la place de la végétation et même le statut
de nos «mauvaises herbes».
« Nous avions comme enjeu la mise en valeur du parking
de l’hôtel de ville dans sa fonction de parvis et son
insertion dans le projet urbain: un lieu de vie, où il se
passe des choses importantes dans la vie des familles
et des citoyens. Le parti pris c’est de sortir de la plante
annuelle ou bisannuelle, du fleurissement classique,
connu des villes pour apporter plutôt une image de nature,
de mouvement, d’espace vivant où des plantes qu’on
appelle des vagabondes peuvent se ressemer
et sont appelées à coloniser les espaces libres. »
YANNICK FERRY, PAYSAGISTE, URBANISTE, ATELIER LIGNE
L’opposition ville-
nature relève de
plus en plus d’un
combat du passé.
La ville offre
même à la nature
des espaces de
conquête ou de
reconquête :
friches, potagers
partagés, bois,
chemins…
hhhhh
51
Les jardins se font moins rigoristes,
les herbes folles retrouvent droit de
cité, jusqu’aux orties! L’économie de
ressources nécessite également de
réfléchir autrement les politiques de
plantation et de fleurissement. Ce n’est
plus la quantité qui fait la beauté, mais
la qualité, y compris le respect d’un
certain caractère naturel et sauvage.
CHÈVRES ET MOUTONS:
MÊME LES TONDEUSES
SE FONT ÉCOLOS 
Le tout nouveau parvis de l’hôtel de
ville en fournit un bel exemple, avec
ses fleurs vivaces, ses plantes couvre sol
qui limitent les efforts de désherbage.
L’objectif est de permettre à ces espaces
de vivre en autonomie et en liberté,
avec le moins d’intervention possible.
Ailleurs, c’est en fonction des usages et
des caractéristiques de chaque espace
que l’on va mettre en œuvre une gestion
différenciée. Entre le parc d’ornement, la
pelouse de foot et le bois ou la friche, la
fréquence des entretiens va être adaptée.
« Je suis arrivée à Neuville il y a vingt-deux ans.
Mes petits-enfants étaient tout bébés. Je les ai emmenés
au parc paysager et je me suis dit, « quelle tristesse »,
il n’y avait rien, c’était sale. Il fallait faire quelque chose
et prendre conscience qu’on avait un bijou.
Ce parc, c’est un poumon extraordinaire. On y respire.
Il y a de la flore. Cela rend vraiment rêveur
de s’y rendre aujourd’hui. »
FRANÇOISE GODARD, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION
DES AMYS DU PARC 
Même les tondeuses se font écolos:
l’écopâturage a pris ses quartiers sur le
port, à la résidence Lemeunier et aux abords
du château. Les moutons et les chèvres
entretiennent les espaces moins accessibles
et régulent la présence de plantes invasives
comme la renouée du Japon. Et pourquoi
pas, demain, les pelouses de la plage ?
Toutefois la main de l’homme ne reste pas
suspendue au-dessus de la terre. Comme
elle l’a toujours fait, elle continue de
cultiver et modeler les jardins partagés
dans tous les quartiers. Les derniers nés
sont situés, ce n’est pas un hasard, dans
les quartiers populaires duVal Druel et
au Pollet, où ce sont des demandeurs
d’asile qui travaillent la terre pour se
nourrir et partager leur culture.
Avec la conviction que nos espaces naturels
produisent plus que du vert. Du potager au
GR 21 tout juste réhabilité, en passant par
les pelouses du front de mer qui accueillent
le Festival international du cerf-volant ou la
fête foraine, ils cultivent également du vivre
ensemble. Et sèment l’idée qu’il existe bien
des chemins pour la nature en ville.
Bruno Lafosse
PERSPECTIVES
NATURE EN VILLE
Le statut de nos
mauvaises herbes
est appelé
à changer.
Les jardins
se font moins
rigoristes, les
herbes folles
retrouvent droit
de cité, jusqu’aux
orties!
hhhhh
52
01
02
53PERSPECTIVES
FICHES PROJETS
02
RÉFECTION DU GR 21
Sur le GR 21, le chemin du Camp de César a
été rouvert en 2016 en reprenant le tracé du
chemin rural initial. Les travaux ont consisté
en un débroussaillage puis reprofilage du
chemin réalisé en cailloux concassés, avec
la réalisation de pas-d’âne en chêne et
la mise en place de chicane pour passage
sélectif (piétons et vélos). Des travaux
complémentaires ont été conduits suite à
la découverte de deux bunkers : réalisation
de dalles béton au-dessus des bunkers et
aménagement du chemin de manière à
passer au-dessus des bunkers.
COÛT DE L’OPÉRATION
23 952 € TTC
FINANCEMENT
Ville de Dieppe, Département
01
PARC PAYSAGER
DE NEUVILLE
Dans le cadre de l’opération de rénovation
urbaine, la Ville conduit le réaménagement
du parc paysager de Neuville en vue de
sa réouverture au public en 2017. Dans
un espace désormais ceint de clôtures,
les travaux consistent en l’amélioration
et l’éclairage des cheminements pour
piétons, la création d’une aire de jeux pour
enfants et adolescents, la revitalisation
de la rivière et de la fontaine ainsi qu’une
plateforme pour l’accueil d’un chapiteau
permanent dédié à une école de cirque.
COÛT DE L’OPÉRATION
3 131 633 € TTC
FINANCEMENT
Ville de Dieppe, Région, Département, DDU
03
03
BOIS DE ROSENDAL
Le bois de Rosendal borde la frange nord
du quartier du Val Druel sur une surface
de 17 ha. Il est doté d’arbres remarquables
tels que des séquoias, des hêtres, des
pins et autres marronniers d’Inde. Son
réaménagement comporte un double enjeu :
la valorisation du patrimoine paysager
avec la réfection des cheminements et
le désenclavement du quartier grâce à la
traversée de nombreux piétons, sportifs
et cyclistes avec un accès direct au centre-
ville. La maîtrise d’œuvre désignée en
novembre 2016 va permettre de mener le
projet à bien.
COÛT DE L’OPÉRATION
environ 600 000 € TTC
FINANCEMENT
Ville de Dieppe, Anru
54
04
05
55PERSPECTIVES
FICHES PROJETS
05
PAVILLON BLEU POUR
LES EAUX DE BAIGNADE
Pendant cinq années consécutives, les
plages de Dieppe et de Puys se sont vues
décerner le label Pavillon Bleu qui atteste
de la qualité des eaux de baignade et des
services proposés sur les plages. Côté
qualité des eaux de baignade, l’effort est
volontariste : contrôles réguliers entre la
mi-juin et la mi-septembre, information du
public. En parallèle, la propreté et l’hygiène
sur le front de mer sont assurées par des
agents municipaux et par le service littoral
de l’Estran, ainsi que par la mise en place
du tri sélectif, de douches et de toilettes.
L’obtention du Pavillon Bleu dépend
également de l’accessibilité de la plage avec
un service d’accompagnement à la mer pour
les personnes à mobilité réduite.
FINANCEMENT
Ville de Dieppe
04
TRAMES VERTE ET BLEUE
La Ville de Dieppe et le Conservatoire
d’espaces naturels de Haute-Normandie
se sont associés pour identifier et
valoriser la trame verte et bleue sur
le territoire communal. La trame verte
concerne la partie terrestre. Elle est
constituée de réservoirs de biodiversité
reliés entre eux par des corridors
écologiques. La trame bleue concerne
les masses d’eau. Elle s’étend jusqu’à
la laisse de basse mer et dans les
estuaires, à la limite transversale de
la mer. La convention permettra de lancer
un travail d’identification de ces zones
en vue d’intégrer ces préoccupations
dans le plan local d’urbanisme en 2017.
COÛT DE L’OPÉRATION
14 000 euros TTC
FINANCEMENT
Ville de Dieppe, Région
06
06
CHEMIN DES FONTAINES
Le chemin des fontaines reliant Janval,
au Petit-Appeville, sur 1 400 m environ
était fermé depuis environ quarante ans,
coupé en plusieurs endroits à cause de la
végétation et de l’urbanisation. Dans le
cadre de son Agenda 21, la Ville de Dieppe
a lancé les travaux de débroussaillage et de
nettoyage, en lien avec le service Littoral
de l’Estran Cité de la mer et le lycée
horticole d’Offranvillle. Ouvert en 2013,
ce sentier de randonnée permet d’assurer
la continuité avec les autres itinéraires
pédestres autour de Dieppe.
COÛT DE L’OPÉRATION
30 000 euros TTC
FINANCEMENT
Ville de Dieppe, Département
56
57
PERSPECTIVES ATTRACTIVITÉ
Force
d’attraction
Cette ville vous prend dans ses filets. Qu’on éprouve le coup de foudre
pour son patrimoine, son front de mer et son port ou qu’on raisonne
par réalisme économique, Dieppe ne manque pas d’atouts.
C
omment
enrayer
l’érosion des
villes côtières
normandes?
Il ne s’agit pas
là du problème
de recul
des falaises,
mais de la
démographie fléchissante contre laquelle
luttent Dieppe, Le Havre et Fécamp depuis
plus de trente ans. Une quadrature du
cercle pour les urbanistes, les géographes
comme pour les décideurs locaux.
Qu’on ne s’y trompe pas. Cette difficulté
est celle de l’ensemble des bassins de
vie, car à ce petit jeu, le périurbain, en
dépit d’un développement considérable
basé sur le foncier disponible, ne tire
pas son épingle du jeu. Les communes
périphériques de Dieppe subissent le
phénomène dans une moindre proportion,
ce qui au passage invalide la thèse d’une
imposition locale repoussoir. Bordeaux,
ville aux impôts particulièrement
élevés, n’est-elle pas considérée comme
la plus attractive de France?
Mais déplorer ne suffit pas, il faut d’abord
comprendre. Dans une France qui a
poursuivi sa croissance démographique
et connaît une natalité supérieure à
ses voisins, la fracture territoriale est
une réalité. D’un côté, des territoires
métropolitains qui continuent leur
croissance. De l’autre, des villes petites et
moyennes qui luttent tant bien que mal
pour exister dans une diagonale du vide.
58
ADIEU TRENTE
GLORIEUSES
INDUSTRIELLES,
BONJOUR BUSINESS
L’attrait des métropoles se fait sentir.
Elles concentrent les centres de décision,
d’études, l’offre de soins, les infrastructures,
les richesses. En Normandie, la fusion des
deux anciennes régions conduit à accentuer
la concentration des centres de décision
sur les métropoles. Caisse d’allocations
familiales, Pôle emploi, Agence régionale
de santé, Banque de France, Chambres de
commerce et d’industrie… on ne compte
plus les fusions de structures et parfois la
suppression pure et simple de directions
ou de guichets. La fermeture de maternités
ou encore d’instituts de formation
aux soins infirmiers vient aggraver les
effets d’une désertification médicale à
hauts risques. La suppression de la ligne
directe Dieppe-Paris s’inscrit aussi dans
ce mouvement centrifuge qui consiste à
renvoyer toujours plus en périphérie des
pans entiers du territoire et de ses habitants.
Au tournant des années 1980, certains
ont imaginé qu’un modèle économique
allait s’imposer sur les villes de la côte:
l’économie résidentielle. Ce n’est plus
l’industrie et la production qui donnent
le“la”, mais les services marchands aux
personnes. Autrement dit un modèle de
développement basé sur le tourisme, les
commerces, les services à la personne
et le loisir. Adieu trente glorieuses
industrielles, bonjour business, il fallait
tourner la page et reconvertir à tout
vent. Dans le Nord de la France les mines
et leurs friches deviennent centres
commerciaux voire piste de ski artificielle !
PAS QUESTION D’UN
BRONZE-FESSES POUR
PARISIENS FATIGUÉS
Sur la côte d’Azur, le mouvement effréné de
construction de logements, peu soucieux
des ressources et du paysage, se poursuit.
Au tourisme estivalier, s’ajoute le projet
de capter une part de cette population
vieillissante à fort pouvoir d’achat qui rêve
depuis si longtemps de se faire une place au
soleil… Certains ont imaginé ici à Dieppe un
tel modèle, louchant vers Deauville et une
sociologie qu’ils trouvaient plus valorisante.
Mais Dieppe a refusé d’enchaîner les
projets de résidence de standing, de
réduire la pêche à un folklore de carte
postale, d’engager une reconversion
de la ville portuaire et industrielle en
bronze-fesses pour Parisiens fatigués.
Le raccourci illustre la nature des clivages
et des choix faits. Dieppe a intégré le
tourisme comme une donnée importante
de son économie, aménageant dans
les années 1990 son port de plaisance
et son quai Henri IV, modernisant son
front de mer. Le commerce a fait l’objet
d’un accompagnement volontariste, en
particulier celui du centre-ville et de
proximité avec une opération Fisac.
Mais du passé industriel, pas question de
faire table rase. Dieppe n’a pas perdu de
vue l’importance de son appareil productif
qui pèse aujourd’hui encore pour près d’un
quart dans le PIB local.
« Nous réclamions depuis un moment une main-d’œuvre
en CDI plutôt qu’intérimaire et nous avons été écoutés.
Avec 90 CDI, En 35 ans de carrière chez Alpine, je n’ai
jamais assisté à une telle vague d’embauches. »
PATRICK CAREL, RESPONSABLE DE L’INTERSYNDICALE D’ALPINE
Dans le Nord
de la France
les mines et
leurs friches
deviennent
centres
commerciaux
voire piste
de ski artificielle !
hhhhh
« J’ai 28 ans : bien sûr qu’il y a un avenir dans
la pêche. C’est vrai que c’est difficile, que les quotas
et la concurrence déloyale sont des obstacles, mais
c’est un métier magnifique et je le conseillerais à tous
les jeunes qui y croient et que la mer attire. »
LOÏC MARGUERIE , PATRON DE PÊCHE
59
La pêche nourrit plusieurs centaines de
personnes et est soutenue par une charte
de valorisation des produits locaux. Le
transmanche s’est stabilisé puis a regagné
des trafics fret et voyageurs avec plus
de 400 000 passagers annuels, qui sont
autant de visiteurs potentiels. Il offre
aussi un débouché maritime crucial pour
l’économie locale. Dépassée l’industrie?
Après avoir résisté, elle se relance
avec Alpine et crée même de l’emploi
hyperqualifié pour répondre aux besoins
de développement de l’entreprise qui
vise le premium, comprenez la qualité de
haut niveau imposée par les standards
allemands. Des grappes d’entreprises
Meca-Energies et Dieppe Navals regroupent
les opérateurs et se mobilisent pour le
maintien et l’ouverture de formations
toujours plus qualifiantes pour les
ouvriers et techniciens du XXIe
siècle.
ET DEMAIN? POUR
SON AVENIR, LAVILLE
MET CAP AU SUD,
ASSURÉMENT
La défense du service public est une
constante, même si elle n’est pas un
long fleuve tranquille. Menée dans un
contexte de vents contraires, elle a permis
de maintenir la présence publique sur
le territoire. Un hôpital modernisé, un
bâtiment duTonkin qui ancre à Dieppe
la présence de Pôle emploi, un tribunal
de plein exercice maintenu de haute
lutte, une connexion à la fibre optique
et une maison des services de l’État
qui contrebalance partiellement le
désengagement dans le fonctionnement
des sous-préfectures… Avec, en tout,
des centaines d’emplois à la clé.
« Pour mon entreprise, la ligne transmanche
est vitale. 50% de mon activité transport est réalisée
par l’embarquement de semi-remorques vers l’Angleterre.
La troisième rotation est une bonne chose.
Elle offre bien plus de facilité et de souplesse. »
BRUNO BÉLIARD, CHEF D’ENTREPRISE EURO CHANNEL LOGISTICS
Et demain? Pour son avenir, la ville met
cap au sud, assurément, avec Dieppe Sud,
son quartier en mutation à deux pas
du port et du centre-ville. Pas moins de
38 hectares de friches à aménager et à
transformer selon une logique façon puzzle.
Vision d’ensemble et pragmatisme sont
ici combinés pour proposer une extension
du centre-ville, avec un programme de
500 logements, l’arrivée de locomotives
commerciales, mais aussi des espaces qui
peuvent accueillir des activités portuaires
comme industrielles. Le tout dans une
architecture soignée qui fait écho au bâti
existant, notamment aux façades du quai
Henri IV. À deux pas, se trouvent la gare,
espace à réaménager, la Halle à tabacs, la
scène nationale, la médiathèque… et peut-
être, allez savoir, cet aquarium avec sa fosse
de plongée de 43 mètres, dont le projet se
dessine peu à peu.Vivement demain!
Bruno Lafosse
PERSPECTIVES
ATTRACTIVITÉ
Dépassée
l’industrie? Après
avoir résisté, elle
se relance avec
Alpine et crée
même de l’emploi
hyperqualifié
pour répondre
aux besoins de
développement de
l’entreprise qui
vise le premium.
hhhhh
60
02
RÉSIDENCE PASTEUR
Ce programme de résidence comprend
46 appartements se déclinant du T1
au T5 (avec terrasse pour la plupart)
dans une résidence à l’architecture
contemporaine, destinée au
secteur tertiaire et à l’habitation.
L’Avenue Pasteur, dans laquelle est située
la résidence, bénéficie d’un emplacement
de qualité, proche des gares SNCF
et routière et à proximité immédiate
du centre-ville, des jardins de l’Hôtel
de Ville et du port. La résidence répond
aux exigences de la réglementation
thermique RT2012.
FINANCEMENT
SCCV de la Côte d'Albâtre
01
ZAC DIEPPE SUD
Sur 38 hectares, la Zac Dieppe Sud, est
conçue comme une extension du centre
historique, entrée et vitrine de la ville aux
fonctions urbaines combinées : commerce,
industrie, logement, port, culture…
Dans ce cadre, les opérateurs Gidec et
Wilhelm & Co proposent de réaliser
une offre commerciale sur 17000 m2
,
complémentaire de celle de l’hyper-centre,
avec des enseignes de renom ainsi que
la construction de 500 logements et de
800 places de parking. L’opération sera
complétée par des logements étudiants et
la réalisation de nouveaux espaces publics.
FINANCEMENT
Gidec et Wilhelm & Co pour les programmes immobiliers
Semad, Ville de Dieppe dans le cadre d’une concession
d’aménagement pour les espaces publics
MAÎTRISE D’ŒUVRE
agence d’architecture Patrick Chavannes
03
AQUARIUM
Porté par un opérateur privé, le projet
consiste en la création d’un aquarium,
musée de la mer et fosse subaquatique
de 43 mètres sur un terrain de 11 000 m²,
dans Dieppe sud. Il est prévu une terrasse
avec un restaurant d’un côté et un solarium
de l’autre. Ouverture souhaitée pour 2019
avec une fréquentation escomptée de
250000 visiteurs/an.
01
61PERSPECTIVES
FICHES PROJETS
04
BÂTIMENT DU TONKIN
L’immeuble Le Tonkin, de 6 000 m² de
bureaux et espaces commerciaux répartis
sur 5 niveaux, a été inauguré le 13 octobre
2015. Cet équipement accueille la CPAM
(propriétaire de ses locaux), Pôle emploi, la
Caisse d’Épargne et le point d’accueil de la
Macif Val de Seine-Picardie. La Semad y a
relocalisé également son siège.
FINANCEMENT
Investisseurs Imfined (Groupe financière Duval) à
hauteur de 51 % et à 49 % par la Caisse des Dépôts
ARCHITECTE
BE Baumschlager Eberle
05
MULTIPLEXE
Dans le cadre de sa politique de
développement des fonctions de centralité
et d’attractivité, la Ville de Dieppe a
impulsé le projet de création de cinéma
multiplexe de centre-ville, à proximité du
pôle gare, Dieppe Sud et de Dieppe scène
nationale. Une étude de faisabilité a été
validée le 23 septembre 2014. L’étude de
programmation a été définie courant 2015 :
programmation d’un multiplexe de 8 salles,
comprenant environ 1 300 fauteuils.
04
06
ROUTE DE POURVILLE,
ÉQUIPEMENTS SPORTIFS
La fermeture de la route de Pourville
(RD 975) en février 2016 est la conséquence
de la fragilisation de la falaise.
Cette fermeture a contraint le Département
et la Ville de Dieppe à redéfinir un tracé
pour 2017. Il implique de réaménager et de
relocaliser les équipements sportifs, en lien
avec la Région pour les deux lycées. Sur le
site, seront aménagés une piste d’athlétisme
de 250 mètres, une aire de lancer, une aire
de saut et un espace mutable. Hors site, sur
le complexe Auguste-Delaune, un terrain
de rugby avec vestiaires et tribunes sera
implanté par la Ville de Dieppe, ainsi qu’un
terrain rénové en synthétique pour un usage
rugby-football.
COÛT DE L’OPÉRATION
7304000 euros
FINANCEMENT
Ville de Dieppe, Région, Département,Communauté
d’agglomération
62
07
08
63PERSPECTIVES
FICHES PROJETS
08
ALPINE
Fin 2016, la marque sportive emblématique
se relance, à partir de son site historique
dieppois. L’entrée en production d’un
nouveau modèle début 2017 s’ajoute à
l’ouverture d’une chaîne de production
de véhicules électriques, en 2014 et à
l’intégration du département pièces
et compétitions. Pour répondre à ses
nouveaux besoins, la firme du groupe
Renault réorganise et étend ses locaux.
La Ville de Dieppe cède à l’euro symbolique
le terrain de l’ancien stade Maurice-
Thoumyre à l’agglomération Dieppe-
Maritime afin qu’elle puisse le mettre à
disposition d’Alpine pour accompagner son
développement.
VALEUR DU TERRAIN DU STADE
826 630 €
07
FIBRE OPTIQUE
Le déploiement de la fibre optique
jusqu’aux logements à Dieppe est une
réalité en 2016 avec les 1 000 premiers
foyers éligibles. L’opérateur Orange
déploie la fibre en débutant sur les
quartiers jusqu’alors les plus mal desservis
en internet haut débit : Caude-Côte,
Val Druel, Janval et le Pollet. Les débits
de la fibre optique, jusqu’à 30 fois plus
rapides que ceux de l’ADSL favorisent
l’émergence de nouveaux usages Internet
et multimédia à la maison. Fin 2017,
environ 40 % des Dieppois auront accès
à la fibre et 100 % en 2020.
09
09
QUAI SUD,
RÉSIDENCE ET HÔTEL
Lancé en 2016, le programme Quai Sud
vise à construire soixante-treize logements
et un hôtel de soixante deux chambres
et 250 m² divisibles de locaux
d’activité (bureaux ou activité libérale)
sur le site de l’ancien garage Laffillé,
entre le boulevard du Général de Gaulle
et la rue d’Écosse.Du T2 de 45 m2 au
T5 de 140 m2
avec terrasse ou balcon,
ces appartements seront pour moitié
en accession à la propriété et pour moitié
loués par Sodineuf.
1 925
1  250
3
9,7%
3e
21 000
400 000
4 PORTS
16 497
établissements à dieppe
passagers transmanche
Répartition des emplois
EMPLOIS
axes de
liaison
routière
relient
Dieppe au
reste de la
France et
de l’Europe.
ligne
SNCF de
Normandie
avec
1million
de voyageur
par an
Dieppe
ville
attractive
PHARES
ET BALISES64
Commerce, transports
et services divers : 43,4 %
Administration publique,
enseignement, santé & action sociale :
42,1 %
Secteur industriel : 10,3 %
Construction : 3,1 %
Agriculture/pêche : 1,1 %.
1 lycée général,
3 lycées professionnels,
4 collèges, 1 centre hospitalier,
1 tribunal de plein exercice,
tribunal de commerce,
tribunal des prud’hommes,
police, port, poste, Chambre
de Commerce et d’Industrie,
Chambre de Métiers et de
l’Artisanat, CPAM, CAF
Taux de
chômage
sur la zone
d’emploi
emplois: transmanche,
commerce, pêche, plaisance
foyers équipés fibre optique
en 2020
Sources : Insee, SNCF,Ville de Dieppe
65PHARES
ET BALISES
66
1
32
67
Trouver des repères, tracer des
frontières, partager de l’information,
construire des représentations… Les
cartes sont nées de ce besoin de donner
une image du monde et de l’univers,
de le rationaliser, de le mettre à plat.
Outils scientifiques, elles permettent
aussi d’imprimer sa marque car
celui qui cartographie prend un
ascendant sur le réel qu’il représente.
Pour observer le dessous des cartes,
les services culturels municipaux ont
imaginé le projet“Ma ville, ma carte,
mon territoire”. Ou comment la mise
en carte de nos trajets convoque
l’imaginaire, provoque l’échange de
savoirs, interpelle le vécu de chaque
personne à l’échelle de son habitat,
sa rue, son quartier… sa ville.
Ça tombe bien car Dieppe est une
ville de cartographes et de marins.
En 1540, elle se dote de sa propre
école avec des figures telles que
Nicolas Desliens, John Roze ou Pierre
Desceliers. Leurs cartes sont des
œuvres, à l’imagerie riche et complexe
qui se mêle aux connaissances
scientifiques de l’époque acquises
aussi par la navigation.
Du projet Ma ville, ma carte, mon
territoire est née une exposition
au Musée de Dieppe. Jusqu’en
mai 2017, elle propose de découvrir
six siècles de représentation de
Dieppe et du monde à partir d’objets
et cartes d’exception issues des
collections municipales. Plans, atlas,
portulans, mappemonde ou encore
représentations topographiques,
ou tout simplement fantaisistes.
Le dessous
des cartes
Carte, plan, ville… Dès que l’homme s’approprie un espace, il lui faut le représenter.
Même le ciel ne saurait nous échapper! Avec“Ma ville, ma carte, mon territoire”,
Dieppe, ville historique de cartographie, révèle le dessous des cartes.
D’autres interventions artistiques
ont vu le jour dans le cadre de ce
projet. De la carte participative
construite par DieppeVille d’art et
d’histoire au collectif conduit par
l’artiste Drane autour d’une question :
« Que modifieriez-vous dans votre ville ? »
Les réponses, sérieuses ou fantasques,
ont donné lieu à une installation grand
format. Le thème a également inspiré
Roland Shön, dont nous présentons
dans les pages suivantes, l’invitation
à la promenade dans Dieppe sur les
traces d’une légende oubliée…
Bruno Lafosse
Exposition au Musée de Dieppe jusqu’au 8 mai 2017
1 | Pierre Desceliers, Grand planisphère portulan,
1546, (reproduction fin XIXe
siècle), détail du Labrador
et de Terre-Neuve.
2 | Nouvelle description hydrographicque de tout
le monde, Jean Guérard (mort vers 1640), Dieppe,
1625, copie sur parchemin par Melle Tissot, 1885,
original à la Bibliothèque nationale de France;
détail du cartouche du plus ancien plan de Dieppe.
3 | Globe terrestre, William Bardin & Thomas Marriott,
Londres, après 1807, dépôt du fonds ancien et local,
Médiathèque Jean-Renoir au Musée de Dieppe;
détail de l’Asie du sud-est.
CHEMINS
DE TRAVERSE
68
Avant eux il y avait
la paix sur terre
Quand pour dix éléphants
il n’y avait qu’un militaire
Mais ils sont arrivés
et c’est à coups de bâtons
Que la raison d’État
a chassé la raison
Car ils ont inventé
le fer à empaler
Et la chambre à gaz
et la chaise électrique
Et la bombe au napalm
et la bombe atomique
Et c’est depuis lors
qu’ils sont civilisés
Les singes, les singes,
les singes de mon quartier.
JACQUES BREL, 1961.
D
e toutes les villes en France qui ont
connu la célébrité par un personnage
illustre, une page d’histoire, un
édifice, une industrie, un festival
voire un fruit, un légume, une
confiserie, Dieppe est la seule à la
devoir à des animaux: la coquille Saint-Jacques, la sole,
le hareng (poisson dieppois, poisson de choix, certifiait
une ancienne publicité), l’éléphant qui a fourni l’ivoire
dont les artisans ont fait leur beurre (selon une expression
cauchoise), et le singe, ce grand oublié de l’histoire locale.
Le minuscule singe demeure l’ancêtre que l’Homme
majuscule hésite encore à inviter lors de ses fêtes de famille.
Les singes sont pourtant les héros de l’étonnante odyssée
de la Gyromance (du grec gyro, tourner, et de romance,
pièce poétique populaire), l’art de conter à un public une
histoire en l’illustrant par un déroulé d’images peintes sur
un rouleau de toile. Des conteurs dieppois, les estournis,
avaient inventé cette étonnante pratique. En faisant
intervenir des singes dans leurs spectacles, ils avaient
acquis une renommée, rarement accordée à des artistes
de rue, qui leur avait permis de sillonner toute l’Europe
du XVe
à la fin du XVIIe
siècle. Cette carte vous mène à la
découverte de certaines des rues de Dieppe où passent
encore les ombres des héros de cette épopée oubliée. Elle en
dit long sur l’incurable vanité de l’homme.
ROLAND SHÖN, 2016
POUR UNE PROMENADE
DANS DIEPPE SUR LES TRACES
D’UNE LEGENDE OUBLIEE
Roland Shön a toujours pris un malin plaisir à guider
ses visiteurs et spectateurs vers son univers onirique
et décalé. Parmi les procédés utilisés, la gyromancie
est mise en œuvre depuis son spectacle Ni fini,
ni infini en 2008. Cet art singulier du récit consiste
à raconter une histoire en déroulant des images peintes
sur un rouleau de toile. Dans le cadre du projet
“Ma ville, ma carte, mon territoire”, Roland Shön
nous invite sur les traces d’une légende oubliée, celle
des singes et de leur influence sur la destinée dieppoise.
Une visite à suivre, images en main, samedi 6 mai 2017
à 15 heures, guidée par l’artiste lui-même.
Renseignements au 0235066279.
CHEMINS
DE TRAVERSE
365 jours à bord
365 jours à bord
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365 jours à bord

  • 1. 1 Vivre la ville UN AN, UN SUJET À 360° | JANVIER 2017
  • 2. un an, un sujet à 360° | Supplément à Journal de Bord de janvier 2017 Directeur de publication Sébastien Jumel | Rédacteur en chef Bruno Lafosse Rédaction Bruno Lafosse, Sophie Hoffmann, Arno Bloussef en lien avec la direction générale des services techniques | Photographies Erwan Lesné, Pascal Diologent | Conception maquette Antoine Massari/JBA | Réalisation graphique Ludwig Malbranque | Impression Imprimerie Gabel, Maromme
  • 3. 3 Arpenter la ville Loin du bruit, de l’anecdote, du  sensationnel, du quotidien…Tentons  de prendre du recul et, pourquoi pas, de la hauteur. Avec cette nouvelle revue, nous avons l’ambition –  et le rêve un peu vain – d’arrêter la course du temps pour traiter en profondeur un thème. En l’occurrence, nous nous intéressons à la question urbaine, à la ville comme on l’aménage, comme on la pense et surtout comme on la vit. Pour cela, nous nous sommes donnés un an. Soit 365 jours pour parcourir Dieppe avec un angle ouvert à 360 degrés… Un an pour arpenter la ville et la donner à voir sous différentes facettes, avec différents langages, différents rythmes, différents acteurs. 365 jours pour comprendre la ville dans ses dimensions multiples : populaire, portuaire, balnéaire, industrielle, commerciale, culturelle, solidaire, éducative, patrimoniale… 365 jours pour faire partager nos projets, nos combats, nos doutes, nos espoirs. Pour cela, pas de rétrospective, plutôt une mise en perspective du projet urbain de Dieppe. Alors, prenez le temps. Entrez par le début ou par la fin, cheminez avec nous sur les voies multiples, perdez-vous dans notre cartographie rationnelle, mais aussi sensible. 365 jours pour dire Dieppe. Impossible, nous le savons. Mais si nous réussissons à vous apporter un regard différent, à vous surprendre, à aiguiser votre curiosité, à esquisser une cartographie des projets en cours ou à venir, alors nous n’aurons pas usé nos souliers pour rien. Bruno Lafosse, rédacteur en chef AVANT- PROPOS MOT À MOT Habiter 04 PANORAMA DIEPPE Sébastien Jumel : la ville dont je suis fier 06 PHARES & BALISES Dieppe population & ressources 10 MOT À MOT Urbain 12 PANORAMA VILLES MOYENNES Des villes au-dessus de la moyenne 14 MOT À MOT Circuler 20 PERSPECTIVES ESPACES PUBLICS À la conquête de l’espace public 22 CHEMINS DE TRAVERSE Konu : la griffe du graffeur 28 MOT À MOT Patrimoine 30 PERSPECTIVES LOGEMENT ET PATRIMOINE Les faits du logis 32 PHARES & BALISES Dieppe logement 40 PANORAMA URBANISME Roland Castro, l’utopiste concret 42 MOT À MOT Durable 46 PERSPECTIVES NATURE EN VILLE La vraie nature de Dieppe 48 PERSPECTIVES ATTRACTIVITÉ Force d’attraction 56 PHARES & BALISES Dieppe ville attractive 64 CHEMINS DE TRAVERSE Cartes, légende oubliée 68 Livres & utopies POST-SCRIPTUM Vu d’en haut 74
  • 4.
  • 5. 55MOT À MOT Habiter Comme s’il suffisait de quatre murs et d’un toit pour habiter. Certes, c’est un bon début, une condition sine qua non pour commencer. Sans abri, on n’est pas seulement sans logis, on est aussi sans droit, sans protection, “Sans toit ni loi”, disait Sandrine Bonnaire chez AgnèsVarda dans le poignant film éponyme. Mais habiter, c’est bien plus que posséder un logement. Certains nous parlent de produits, de loi du marché, de courbes haussières ou baissières, de taux. La pierre. Sacrée. Solide. Investir disent-ils, réduisant le logement à sa valeur marchande. Quand ils n’en font pas un spectacle de téléréalité, avec leur lot de maisons à vendre, leurs injonctions de déco stéréotypée, leur esthétique de catalogue de chaîne scandinave bon marché. À rebours de cette poésie d’agent immobilier, entêtons-nous à penser qu’habiter ce n’est pas juste investir, mais s’investir. Continuons à défendre le logement comme ce lieu où vivent les hommes et les femmes, où grandissent les enfants, où se construisent les souvenirs, où s’abritent les chagrins, où se partagent les joies, où se croisent les habitants. Après tout, on n’habite pas seulement son logement, mais aussi son quartier, sa ville, son pays, sa planète. Et l’on pense l’habitat, qui est cette manière de concevoir et construire un chez soi, en fonction des cultures, des matériaux disponibles, du climat, du terrain, mais aussi avec une idée des relations sociales que l’on veut – ou pas – tisser avec les autres et avec son environnement. Contre les marchands de sommeil, entêtons-nous à trouver qu’emménager dans un logement, c’est une promesse, un projet, une manière de pouvoir être au monde et aux autres, grâce à cette base arrière protectrice et accueillante, privative et partageuse à la fois. Pour ces quelques raisons au moins, se loge dans l’idée d’habiter un droit fondamental qui reste à construire. Mots choisis par Arno Bloussef, chroniqueur dans les gazettes et  observateur de la sémantique.
  • 6. 6
  • 7. 7 Dans quel esprit avez-vous conduit les projets urbains ?  Pour leVal Druel, l’enjeu était de rénover en prenant en compte les atouts. C’est un quartier mixte socialement, mais où la crise n’est pas virtuelle… Il fallait donc le requalifier dans une démarche de résidentialisation douce. Je ne voulais pas que l’on transforme les locataires en petits propriétaires. Parce que si on fait ça, on privatise l’espace public et il n’y a plus de vivre ensemble. On a donc retravaillé leVal Druel avec une présence de services publics: une nouvelle bibliothèque-ludothèque, un espace social à dimension associative et culturelle, une salle de sport ou encore un dojo. Ce quartier-là entre hier et aujourd’hui, c’est le jour et la nuit, les habitants en sont très fiers ! Concernant le port, il faut réussir à marier intelligemment ses fonctions portuaires, urbaines, économiques et touristiques pour que la ville ne puise pas ses ressources dans une activité unique. Je voulais une ville qui vive 365 jours par an. Et quand j’applique ça au port, ça veut dire qu’il faut que l’aménagement urbain respecte et préserve la pêche. Neuville nord est une zone urbaine sensible de plusieurs milliers d’habitants. Là aussi, il y avait des enjeux pour une requalification urbaine qui prenne en compte le vivre ensemble. Par exemple, le parc paysager extraordinaire en plein milieu d’une cité était devenu un no man’s land. Avec les associations et les Amys du parc, les centres sociaux ont conduit une action de réappropriation du parc. Avoir un parc, un poumon vert en plein cœur d’une cité HLM, c’est essentiel, le jardin de la ville, c’est le jardin des gens. Quelles sont les particularités de Dieppe  ? Cette ville n’est pas une vitrine, elle a une dimension authentique, une âme, une identité maritime extraordinaire: la ville est dans le port et le port est dans la ville. Quand Dieppe s’éveille, les troquets du Pollet ouvrent leurs portes, le port commence à fourmiller d’activités, les travailleurs du matin croisent les ouvriers de la nuit. L’odeur de l’usine Saipol qui traite les tourteaux se mélange aux vapeurs de café Nestlé pour se diffuser dans les rues, au gré des marées et de la brume. Dieppe est une ville rude. Elle a des aspérités avec des vraies gueules. Elle est populaire au sens noble du terme. Elle est vraie dans ses rapports humains. On se dit les choses. Et puis c’est une ville à dimension humaine: 30 000 habitants ce n’est ni trop grand ni trop petit, on se connaît tous. Ça permet des solidarités concrètes, des sentiments d’appartenance très forts par quartier. Maire de Dieppe depuis 2008, Sébastien Jumel a fait de la promotion des villes moyennes son cheval de bataille. Contre les mouvements de métropolisation qui déménagent le territoire, il entend défendre sa vision d’une ville à taille humaine, aux services et activités multiples, où la mixité sociale n’est pas juste un slogan. Revue de projets. Propos recueillis par Sophie Hoffmann, collaboratrice spécialisée à Radio France PANORAMA DIEPPE
  • 8. 8 Comment ? Quand on construit des logements c’est, à terme, des recettes fiscales grâce aux gens qui travaillent, qui consomment et donc génèrent de l’activité. On a décidé de ne pas augmenter les impôts depuis 2008 et on ne les augmentera pas jusqu’en 2020. Malgré tout, les recettes fiscales augmentent parce que nos bases fiscales augmentent. Dans les bases fiscales, il y a ce que la loi de finance décide tous les ans: une augmentation de pourcentage; et puis il y a les bases physiques que sont les constructions de logements. Cela génère donc des recettes. Misez-vous aussi sur le tourisme  ? Bien sûr. Dieppe a de nombreux atouts touristiques: un complexe balnéaire en eau salée, un golf, un hippodrome, un casino et un front de mer – qui nécessite d’être requalifié car il a vieilli – dont les atouts sont considérables: on a la plus grande esplanade de pelouse sur front de mer d’Europe. Mais notre approche du tourisme n’est pas celle d’une activité se substituant à l’activité traditionnelle. La mono activité, c’est ce qui tue les territoires. Contre qui faut-il se battre ? Il faut être volontariste, il faut intéresser les investisseurs, lever les obstacles administratifs, trouver les modes de financements publics, les subventions. Sur Dieppe sud, si j’avais dit: « On efface le port, il n’y a plus de pêche, il n’y a plus de transmanche, plus de port de commerce et vous m’installez des résidences de standing », elles seraient déjà construites!  Dans Dieppe Sud, des logements sont prévus pour les étudiants. D’où vont-ils venir  ? Je suis fils d’ouvrier et j’ai lu Bourdieu avant de lire Marx. Bourdieu nous dit qu’en fonction du patrimoine culturel, social et relationnel, on n’est pas tous nés sous la même étoile. La poursuite d’études est donc aussi liée à notre capacité d’offrir aux jeunes d’ici une réponse de proximité. On s’est battus pour développer de l’enseignement post-bac à Dieppe et il y a aujourd’hui 600 étudiants. Il fallait donc construire des logements. On va en construire 80 dans un premier temps, associés à des logements sociaux et des logements privés pour préserver des équilibres de vie. L’autre enjeu est aussi de faire venir des commerces qui n’existent pas ici. En matière culturelle, il y a un déficit, on essaye par exemple de faire venir la Fnac - en préservant nos librairies de proximité car c’est essentiel - mais on veut éviter que les gens aillent faire leurs courses ailleurs parce qu’ils ne trouvent pas cette offre-là ici. Ces projets d’urbanisme vont-ils coûter cher à la ville  ? Oui, tout a un coût. Aucun de ces projets ne pourrait se faire sans les aides de l’État, l’investissement des bailleurs ou des investisseurs privés. Effectivement, la municipalité y consacre de l’argent. Mais une ville qui ne se développe pas, c’est une ville qui meurt. Et puis c’est un projet d’urbanisme qui génère aussi des recettes.
  • 9. 9 Comment expliquez- vous cela? Vu de Paris – et je ne fais pas de populisme en disant ça – le schéma est de concentrer les fonctions régaliennes et les fonctions économiques sur l’Île-de-France et 22 métropoles. Pour le reste, le risque est d’avoir des espaces de relégation. Des sociologues comme des géographes parlent de territoires oubliés, humiliés, abandonnés. Le combat que nous menons pour que notre ville ne soit pas une ville-dortoir mais une ville vivante, c’est un combat à contre-courant de tous les schémas. Que répondez-vous aux accusations de clientélisme? Ken Loach dit une phrase qui résonne beaucoup en moi: « Qui sont ces gens qui désignent les pauvres comme s’ils étaient responsables de leur pauvreté? » Il y a une condescendance aujourd’hui vis-à-vis des classes populaires. Certains emploient ce mot-là de manière péjorative. Moi, je l’emploie avec une fierté parce que je viens de là. Donc je ne sais pas ce que ça veut dire d’être clientéliste. Je suis solidaire des pauvres, je ne m’habituerai jamais à la pauvreté, l’exclusion me met toujours autant en colère. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’être maire  ? Quand je suis tombé amoureux de Dieppe, je me suis dit que les habitants de cette ville méritaient que l’on mène tous ces combats. Quand j’ai des gros doutes, quand je sors d’une réunion compliquée ou quand je mesure l’étendue des obstacles qui sont devant nous, ma respiration c’est d’aller voir les gens. Qu’est-ce qui vous rend fier de votre ville? Les habitants. Fin novembre, c’était la cérémonie des gens de la mer. Il y avait une dizaine de médailles pour des officiers, pour une vendeuse de poissons aux barrières, pour un mécanicien, pour un patron de pêche. À chaque fois que je remettais une médaille et que je dressais la vie des gens qu’on honorait, je me disais: quelle vie, quel parcours de vie! Suivez-vous Thomas Pesquet ? Oh oui! Je l’ai rencontré ici,Thomas. Des gens brillants il y en a plein mais des gens brillants et modestes, il n’y en a pas beaucoup! Il affirme qu’il est le fruit de l’école de la République et que s’il touche aujourd’hui les étoiles, c’est qu’il a eu un prof de maths qui lui a fait aimer les chiffres, une prof d’anglais qui lui a dit que s’il ne parlait pas d’autres langues, il allait rester tout seul dans son coin, un prof de saxo passionné au conservatoire de Dieppe. Il n’oublie pas d’où il vient et d’un certain côté, il est le symbole de tout ce qui l’a fait évoluer. PANORAMA DIEPPE
  • 10. 10 PHARES ET BALISES10 30 213 14 8031⁄6 14 60 1⁄3 88% 91,7% 0% 2 589 112 C’EST LA POPULATION DE DIEPPE EN 2013 en budget d’investissement depuis dix ans, soit 460 euros par habitant SONT DES SALARIÉS DES HOMMES DES FEMMES HABITANTS AU KM2 millions d’euros millions d’euros DENSITÉ DIEPPE population & ressources MÉNAGEShabitant à moins de ans ans habitant à plus de d’augmentation des taux d’imposition locale depuis 2008 40 % de retraités, 18 % d’ouvriers, 13,6 % d’employés, 10,6 % de professions intermédiaires, 5,9 % de cadres, 2,1% d’artisans et commerçants 70de budget pour la Ville de Dieppe en 2016 Sources : Insee,Ville de Dieppe
  • 11. 11
  • 12.
  • 13. 1313MOT À MOT Urbain Le mot urbain révèle quelque sens caché que le profane peut parfois ignorer sans être ignorant. Plus qu’un simple adjectif, qui caractérise ce qui se rapporte à la ville, il dit aussi quelque chose de notre rapport aux autres, de nos comportements, dans une politesse qui combine l’affabilité naturelle et la parfaite maîtrise des usages du monde, comme chez les personnages de Proust. Le rapport avec la ville peut sembler lointain : elle apparaît comme une jungle dans laquelle la lutte pour la survie est plus terrible que dans les milieux naturels les plus hostiles. Lutte pour l’espace, les transports, l’air, les places sociales, publiques… ou de parking. Une terre d’aventures hostile pour explorateur des temps chaussé de runnings, bardé d’écouteurs et de montre connectée. Une jungle urbaine alimentée par tous les fantasmes. Dans nos idées reçues, la ville est le lieu de la modernité, du changement permanent, du croisement des habitants et des cultures. Elle incarne le lieu de tous les dangers, quand la campagne serait sereine et invariante – ce qui reste à voir – et le périurbain stérilisé et «secure» comme disent les paraphraseurs du modèle américain. Dès lors, on se demandera par quel masochisme sommes-nous toujours plus enclins à être citadins. La force d’attraction des lumières de la ville… Ou l’envie et le projet parfois confus de vivre ensemble, en profitant de ce que la ville nous offre et de ce dont on l’a doté : des logements, des bars et des restos, des cinémas, des théâtres, des librairies, des quais pour accoster et pour flâner, un front de mer pour déambuler, des commerces qui nous donnent le sentiment d’exister. Un art de vivre, une manière d’être aux autres qu’on pourrait appeler l’urbanité. AB 13
  • 14. 14
  • 15. 15 S ont-elles tout juste dans la moyenne, un peu en dessous ou au-dessus… Les villes dites moyennes ont raison de se méfier de cette appellation qui reflète de manière bien peu fidèle leur diversité, leur dynamisme et leur attractivité, sans rien masquer de leurs difficultés. Certes, elles ont parfois du mal à exister et surtout à se faire entendre dans le concert bien rodé des métropoles, relayé à grande force de com’et de marketing territorial. En Normandie, en dehors de l’axe Seine et du triangle Rouen-Caen-Le-Havre, point de salut. Adieu Évreux, Cherbourg, Alençon ou Dieppe, villes sorties des radars des grands décideurs. Dépassées. Menacées par la centralisation des décisions dans les grandes villes. Saignées par l’hémorragie de population au profit du périurbain, les villes moyennes concentreraient les difficultés et les populations précaires et verraient les rideaux tomber sur les vitrines de  leurs commerces du centre-ville. Certains voudraient les voir disparaître de nos cartes. Elles sont pourtant bien installées dans notre géographie comme dans notre histoire. Les villes moyennes n’ont pas dit leur dernier mot dans la mondialisation. Dieppe en apporte l’illustration. DES VILLES AU-DESSUS DE LA MOYENNE Elles souffrent de la faible densité de fonctions médicales et paramédicales, à plus forte raison en Normandie, dernière région de France métropolitaine avec une présence de 37,8 praticiens du secteur médical pour 10 000 habitants contre 52,2 dans le reste du pays. Pour noircir le tableau, elles ne peuvent compter sur une dynamique intercommunale pour partager les charges de centralité. Pourtant, elles n’ont pas dit leur dernier mot. Les villes moyennes et leurs habitants ne se résolvent pas à compter pour des prunes. À juste raison si l’on en croit les chiffres et les études. D’abord, parce que ces territoires pèsent en termes démographiques. «Loin des clichés sur leur irréversible marginalisation, ces villes représentent invariablement, depuis quarante ans, environ 20 % de la population et 30 % des citadins du pays», souligne Christophe Demazière, professeur en aménagement et urbanisme à l’université deTours. D’autres parlent de «ville intermédiaire» pour qualifier la fonction remplie par certaines villes moyennes sur leur bassin de vie, assurant ainsi la jonction entre les espaces ruraux et les plus grandes villes. PANORAMA VILLES MOYENNES
  • 16. 16 LES VILLES MOYENNES N’INTERESSENT PAS QU’ELLES-MEMES: ELLES SONT, A CHAQUE FOIS AU CENTRE DE BASSIN DE VIE DE PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIERS D’HABITANTS. En effet, les villes moyennes n’intéressent pas qu’elles-mêmes: elles sont au centre de bassins de vie de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Elles concentrent une offre importante de services et commerces, de services publics et d’emplois: gares, hôpitaux, sous-préfectures, tribunaux, lycées, pôles universitaires… Elles sont le plus souvent reliées aux grands réseaux d’infrastructures, même si c’est parfois de manière inégale, comme l’arrivée toujours attendue de la RN27 ou l’absence d’une double voie électrifiée à Dieppe. Pour le maire de Dieppe, Sébastien Jumel, « ce sont des villes à dimension humaine qui revendiquent tout d’une grande. À Dieppe, Alpine est emblématique de ce combat-là. Je nourris la conviction que face aux métropoles attrape-tout, il faut des pôles de vie concrets, tournés vers les besoins des gens: des endroits avec une qualité de vie inégalée!» Ces villes peuvent même relever les défis du développement durable, car on peut s’y déplacer sans avoir obligatoirement recours à la voiture et accéder à un ensemble de services et d’équipements, à la différence de grandes villes, où les frontières demeurent, entre rive droite et rive gauche, ville-centre et banlieues. Leur rôle dans l’aménagement du territoire est reconnu. «Les villes et les agglomérations ont un rôle majeur à jouer pour renforcer la cohésion du territoire national et contribuer à l’épanouissement de la population. Nos villes et intercommunalités forment en effet l’armature urbaine, la force productive et le dynamisme français: pôles d’équilibre, réseaux d’intelligence créatrice et bassins de vie du pays réel, entre grandes métropoles et espaces ruraux», défend Caroline Cayeux, sénateur maire de Beauvais et présidente de l’association Villes de France qui regroupe 600 communes et dont le maire de Dieppe est membre du bureau. «Les villes petites et moyennes sont l’objet de dynamiques complexes et contrastées, analyse Christophe Demazière. Depuis une vingtaine d’années, plusieurs de ces villes ont été durement touchées par les délocalisations et les fermetures de services liées à la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Toutefois, loin des visions catastrophistes trop largement diffusées, le repli démographique et la déprise économique ne sont ni une constante, ni une fatalité. En outre, les capacités d’adaptation des villes moyennes aux mutations en cours ne sont pas négligeables. Le développement de la sphère présentielle, notamment à travers le tourisme, mais aussi la résistance de l’économie de proximité et la relative pérennité de leur fonction d’encadrement, contribuent à une certaine résilience de ces villes face à la crise». Dieppe en apporte la démonstration avec la relance d’Alpine sur le site industriel historique, avec la centrale nucléaire de Penly, pourvoyeuse d’emplois qualifiés à haute valeur ajoutée ou la grappe d’entreprises Meca énergie avec ses 125 adhérents et 8 000 professionnels.
  • 17. 17 LE MOT EST LACHE. SANS VILLE MOYENNE, GARE AUX OUBLIES DE LA METROPOLISATION. Les villes moyennes ont aussi une capacité à se transformer avec une rapidité et une ampleur que les métropoles leur envient. Entre le foncier disponible et la brièveté des circuits de décision, certaines cités ont ainsi engagé des chantiers de transformation profonde, notamment dans le cadre des opérations de rénovation urbaine. En moins de trente ans, Dieppe a ainsi connu la création du Belvédère, l’aménagement du quai Henri IV avec la création du bassin de plaisance et du port transmanche extérieur, la rénovation de son centre ancien, l’aménagement de l’avenue Normandie-Sussex… Plus récemment, laVille a engagé le chantier Dieppe Sud avec le bâtiment emblématique duTonkin, la rénovation urbaine de Neuville et duVal Druel ainsi que la création ex nihilo du quartier duVal d’Arquet. Pas de fatalité donc pour ces villes comme pour Dieppe à vivre dans l’ombre portée des métropoles et de l’axe Seine. Ce que Christian Cuvilliez, ancien député et maire de Dieppe qui fit partie de ces édiles aménageurs, résume d’une belle image: «l’ancienne Haute-Normandie s’apparente à une pirogue dont Dieppe et Évreux sont les deux balanciers, pôles d’équilibre». Équilibre. Le mot est lâché. Sans ville moyenne, gare aux oubliés de la métropolisation, aux éloignés des services publics, spectateurs atterrés mais impuissants face à la fermeture des écoles, des bureaux de poste, la désertion des églises, la disparition des mairies… Bref de tout ce qui a forgé la carte d’une France républicaine avec un maillage étroit de présence publique. Si certains peuvent rêver d’un pays purement métropolitain depuis leurs lointains bureaux, qu’ils prennent garde aux conséquences d’un aménagement qui laisserait de côté une partie de la population dans les villes moyennes, l’espace périurbain et la campagne environnante. Bruno Lafosse EQUILIBRE PANORAMA VILLES MOYENNES
  • 18.
  • 19. 1919 Circuler “Circulez y’a rien à voir”, disait un Coluche goguenard. Et si justement, il y avait quelque chose à voir? Permettez, sans mauvais jeu de mot, qu’on s’arrête quelque peu sur ce terme de circuler. Admettez que déguerpir comme le badaud de Coluche, marcher sans but l’esprit vagabond ou aller d’un point à un autre avec un but précis, ce n’est pas tout à fait du même ordre. Par exemple, aller à l’usine chez Toshiba, se rendre en cours au lycée Ango, faire ses courses – de fond – chez Auchan, descendre vers la mer en roulant sur les galets, dévaler les mille et une marches des escaliers dieppois, remonter la côte de Rouen, tourner sur la rocade… Pour changer physiquement d’endroit et aller à la rencontre de l’autre, il faut se déplacer. Chacun s’insère dans un flux de circulation plus ou moins contraint, minuscule et inconsciente particule en suspension qui vient se joindre aux autres jusqu’à saturation de CO2 , embolie et coagulation dans le faisceau des feux stop et la débauche de leds. Loin, très loin de nos pubs automobiles qui nous vendent de l’évasion, de la solitude au volant, des odyssées au fin fond des déserts. Il faut à la fois être mobile et flexible pour obéir aux injonctions du marché et vivre l’illusion d’être libre comme l’air, s’il n’est pas trop pollué. Si la ville est un corps complexe et mouvant, veiller sur sa circulation est essentiel pour diffuser, à partir de son cœur battant, l’énergie, la richesse, l’influx nerveux. La ville doit donc veiller sur ses artères et dégager ses voies respiratoires. On lui prescrira de se ménager des échappées, des pauses et parfois même, des impasses. Le but est de permettre à chacun de se rencontrer, en bus, à pied, à rollers, à vélo.Vous n’y croyez guère ? Il suffit de se lancer. C’est le premier pas qui coûte. AB MOT À MOT 19
  • 20. 20
  • 21. 21 À la conquête de l’espace public PERSPECTIVES ESPACES PUBLICS Une trame, un cheminement, un labyrinthe… Si l’on devait représenter nos mille et une manières de vivre la ville, comment s’y prendrait-on ? Difficile et improbable cartographie de nos déplacements, de nos usages de l’espace public et des équipements. C’est le travail auquel doivent se livrer les urbanistes, les architectes et tous ceux qui interviennent dans l’aménagement de la ville.
  • 22. 22 P our cartographier le dédale de nos déplacements, de nos espaces d’habitation, de loisirs, de commerce ou de nature… on a inventé une véritable carte du Graal : le plan local d’urbanisme. C’est lui qui détermine les grandes fonctions de la ville, à partir d’un projet d’aménagement et de développement durable puis d’un plan de zonage qui établit les différents espaces et ce qu’il est possible d’y construire, ou non. Adopté en 2012 par le conseil municipal de Dieppe, après une large concertation, le plan local d’urbanisme est donc désormais le document de référence sur lequel se fonde la délivrance des permis de construire. Avec cette carte en main, les aménageurs font des propositions, les élus prennent leurs décisions. L’ensemble des projets s’inscrit dans cette vision cohérente. Le logement occupe une place déterminante, mais il ne suffit pas faire monter les étages ou de construire des hectares de lotissements pour faire une ville. Sauf à considérer que seule prime la logique du chacun chez soi, qui prévaut souvent dans le périurbain. RELIER LES QUARTIERS, LES SERVICES, LES GENS Il faut relier entre eux les quartiers, les services, les gens ! Pour y parvenir, rien de tel que de travailler sur les espaces en commun : rues, places, parcs, équipements publics, chemins… Cet enjeu est particulièrement posé à Neuville et au Val Druel, deux quartiers engagés dans une rénovation urbaine profonde depuis le début des années 2010. Les places et espaces publics sont au cœur de la réflexion pour que les habitants s’y sentent tout simplement chez eux. La place Henri- Dunant comme la place Camille-Claudel ont fait l’objet d’aménagements pour qu’elles retrouvent leur caractère de lieux de vie, marché ou terrasses de café à Neuville par exemple. C’est vrai aussi de l’ensemble des espaces secondaires : parvis du collège Albert-Camus, avec parking et city stade, création du chemin si bien nommé des écoliers, desservant le restaurant scolaire LeTriangle, le groupe scolaire et la maison de quartier Camille-Claudel. Il ne suffit pas de faire monter les étages ou de construire des hectares de lotissements pour faire une ville. hhhhh « Avec le renouvellement urbain au Val Druel et à Neuville, on touche directement au cadre de vie de plus de 10 000 habitants en réaménageant les espaces publics, les pieds d’immeuble, en créant des équipements publics nouveaux et même en étendant le tissu bâti comme c’est le cas avec le Val d’Arquet qui représente dix hectares de quartier nouveau en ville. L’échange avec les habitants a été essentiel dans la conduite de ces projets car il n’y a que l’habitant qui sache comment on vit dans son propre quartier. » LUC MANGÉ, DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES TECHNIQUES DE LA VILLE DE DIEPPE
  • 23. 23 Les lieux et équipements sont imaginés à usages multiples. Le parvis de l’hôtel de ville n’a pas été conçu seulement comme un parking, mais comme la continuité du square Carnot et comme un élément de transition entre le centre administratif et le centre-ville ancien. Logiquement, l’occupation de l’espace par la voiture est secondaire par rapport au parvis piéton et aux plantations. De fait, le parvis sert aussi bien pour des réceptions protocolaires, des événements comme une zumba ou la Journée de la paix… ou tout simplement comme une grande allée piétonne permettant de traverser ce vaste espace du centre-ville, voire de s’y arrêter ! Même le quai Henri IV s’y prête l’été, avec les Samedis du quai qui permettent aux piétons de déambuler et de profiter des spectacles de rue. Dans le même esprit, le centre sportif Oscar-Niemeyer duVal Druel se partage entre salle multisports et dojo d’échec. Le restaurant scolaire LeTriangle est conçu comme une salle conviviale pour des repas de quartier et un local ados. La maison de quartier accueille la mairie annexe, le centre social Mosaïque, la bibliothèque- ludothèque et même une épicerie de quartier ! Rien de très nouveau dira-t-on. Depuis trente ans, la Maison Jacques- Prévert est tout à la fois maison quartier, espace jeunesse, salle de spectacle, mairie annexe, crèche, bibliothèque et bureau de poste… Une centralité qui justifie l’aménagement futur d’une nouvelle place sur le carrefour Ferry-Jaurès, en lieu et place de l’ancien garage Renault. « Ces deux bâtiments s’intègrent dans un projet d’ensemble. Ils sont des repères et des bornes d’entrée du quartier. Camille-Claudel donne même une certaine centralité auVal Druel. Ils sont reconnaissables car ils sont traités avec les mêmes matériaux, les mêmes couleurs et un peu la même géométrie. À l’intérieur, il était important qu’une lumière naturelle l’inonde, qu’on n’utilise pas systématiquement la lumière artificielle. » SERGE GOLDSTEIN, ARCHITECTE MAISON CAMILLE-CLAUDEL ET LE TRIANGLE LES ESCALIERS INVITENT À L’ESCAPADE SUR LES HAUTEURS DE LAVILLE Entre les quartiers et les équipements, il faut aussi penser les liaisons qui permettent aux habitants de passer d’un endroit à l’autre. Rues, trottoirs, pistes cyclables, voies bus, ponts… sont autant de moyens de se déplacer en ville, le plus facilement possible et dans la plus grande sécurité. La route duVallon en est l’exemple le plus parlant : réaménagée totalement en 2016. Elle offre une voie moins large, des espaces de circulation aux piétons et cyclistes, tout en sécurisant l’accès à l’arrière des commerces. Plus discrètement mais pas moins importants, les escaliers sont autant d’invitations à l’escapade sur les hauteurs de la ville. Ils offrent de multiples raccourcis, aisés à descendre… et sportifs à remonter ! Demain, ce sera au tour de Dieppe-Sud d’ouvrir de nouvelles voies piétonnes et au parvis de la gare d’offrir une place à la circulation paisible pour ceux qui débarquent du train, se rendent vers la ville ancienne, la Halle à tabac rénovée ou le futur aquarium dont certains rêvent. Les projets ne manquent pas. Le plus attendu est sans doute celui concernant le front de mer. Huit hectares de pelouses, un long ruban de galets de la jetée ouest du port au Bas Fort Blanc. Habitants, commerçants et usagers du front de mer seront invités à rêver ce futur front de mer et à intervenir sur tout le processus de sa transformation dans les années qui viennent. Si la mer, la plage et les pelouses seront toujours au rendez-vous, pour le reste tout est ouvert. Allez savoir ce qui sortira de cette cogitation… Bruno Lafosse Les projets ne manquent pas. Le plus attendu est sans doute celui concernant le front de mer. Huit hectares de pelouses, un long ruban de galets de la jetée ouest du port au Bas Fort Blanc. hhhhh PERSPECTIVES ESPACES PUBLICS
  • 25. 25PERSPECTIVES FICHES PROJETS 02 ÉQUIPEMENT PETITE ENFANCE À l’entrée du parc paysager de Neuville- lès-Dieppe, le projet consiste en la construction d’un équipement dédié à la petite enfance comprenant une salle multi-activités, une structure petite enfance, des locaux techniques pour le gardien en rez-de-chaussée, un relais assistante maternelle (RAM) et le logement du gardien à l’étage. Implanté sur le parvis du parc paysager, cet équipement contribuera à renforcer le lien entre le parc et le reste du quartier. COÛT DE L’OPÉRATION 2 130 160 € TTC FINANCEMENT Anru, DDU, Ville de Dieppe, Caf 01 PARKING ET PARVIS DE L’HÔTEL DE VILLE Indigo a conduit la réalisation d’un parking souterrain de 200 places et d’un parking de surface de 100 places ainsi qu’un réaménagement paysager de la place de l’hôtel de ville (y compris le parvis). Une partie des travaux d’aménagement, pour tout ce qui est en dehors du périmètre délégué, a été effectuée par la Ville. COÛT DE L’OPÉRATION 8 407 542 € HT FINANCEMENT Indigo, Ville de Dieppe 03 LE TRIANGLE Le bâtiment a été surnommé le Triangle, en écho à sa forme. Il est multifonctions: restaurant scolaire, cuisine associative, salle de loisirs pour les 6-12 ans, espace jeune pour les ados de 11 à 17 ans, ainsi qu’une salle de musculation. COÛT DES TRAVAUX 2 143 012 € TTC FINANCEMENT Anru, Département, DDU, Ville de Dieppe, Caf 03
  • 27. 27PERSPECTIVES FICHES PROJETS 04 COMPLEXE SPORTIF AUGUSTE-DELAUNE La modernisation des équipements du complexe sportif Auguste-Delaune porte sur la mise en accessibilité, l’agrandissement de l’espace musculation, l’aménagement de trois courts de tennis extérieur, la construction de deux salles de squash et de vestiaires, ainsi que la requalification des façades et remplacement des portes de l’entrée principale. COÛT DE L’OPÉRATION 776 389 € TTC FINANCEMENT Département, Ville de Dieppe 05 MAISON DE QUARTIER CAMILLE-CLAUDEL La Maison de quartier du Val Druel réunit en un même lieu le centre social, la mairie annexe, la bibliothèque- ludothèque, une salle dédiée à la politique de la Ville, une salle de projection, une antenne de la Caisse d’allocation familiale, et une épicerie. Surnommé équipement « Cœur de quartier » par l’équipe d’architecte, qui l’a dessiné, le bâtiment se veut créateur de lien social. COÛT DE L’OPÉRATION 2 760 530 € TTC FINANCEMENT Ville de Dieppe, Département, Région, Anru, DDU, Caf 06 CENTRE SPORTIF OSCAR-NIEMEYER Le programme de construction d’un équipement en entrée de quartier du Val Druel dans le cadre du programme Anru, propose une salle d’évolution pour les pratiques sportives (300 m²) et des vestiaires en rez-de-chaussée bas, une salle en rez-de-chaussée haut pour la pratique des échecs (145 m²). COÛT DE L’OPÉRATION 1 399 559 € TTC FINANCEMENT Anru, Département, DDU, Ville de Dieppe 06
  • 28. 28 Konu rythme nos parcours urbains de ses graffs réalisés dans des endroits improbables. Un regard malicieux et coloré qui redonne vie à nos friches et à nos murs. KONU LA GRIFFE DU  GRAFFEUR 21
  • 29. 29 L es murs n’ont pas d’oreilles mais ils vous parlent. L’artiste Konu les investit comme moyen d’expression dans les espaces en friche comme dans les endroits inattendus de la ville. De la Halle à tabacs aux escaliers, des hangars blancs du port à l’ancien stade Thoumyre, il écrit son nom à la bombe avec ses calligraphies Write my name et peint ses personnages totémiques, les Bubbles faces, aux visages tout en rondeurs et hauts en couleurs. Vétéran du genre –  il graffe depuis 1989! –  artiste Konu…  et reconnu, il expose au Palais deTokyo comme au Carrousel du Louvre. Pour autant, il ne s’est pas rangé des voitures, au chaud dans sa galerie du 5 rue de l’Oranger. Il continue d’arpenter la ville, en l’occurrence Dieppe, sa cité d’adoption. Là, il nous surprend avec ses œuvres colorées, réalisées seul ou avec quelques complices, comme Mow, qui ajoute son bestiaire. Alors, ouvrez l’œil… 3 1 | Calligraphies Write my name, dans lesquelles le graffeur met en scène son “blase”, à la fois nom et signature. 2 | Konu s’associe régulièrement à d’autres artistes, pour un mélange détonnant des univers. Ici avec Mow et ses loups blancs qui se détachent sur le fond coloré. 3 | En 2007, à Dieppe, l’artiste invente ses “Bubbles faces” visages en rondeur et couleurs s’actionnant au rythme de la vie. CHEMINS DE TRAVERSE
  • 30.
  • 31. 3131MOT À MOT Patrimoine Notre mémoire est gravée dans la pierre. On le sait depuis Pierre Nora, historien émérite qui mit en avant notre passion pour les lieux de mémoire. La France voue une passion sans pareil à son patrimoine. Consensus national pour sauvegarder les chefs-d’œuvre en péril.Vieilles pierres, bâtiments classés ou inscrits à l’inventaire des monuments historiques, qui n’a rien d’une liste à la Prévert, mais est long comme le bras. L’affaire est sérieuse et on ne se moque pas. Ces traces de notre passé nous relient à nos ancêtres, à notre histoire. En période où l’avenir peine à se dessiner, personne n’aurait le cœur à fragiliser notre sentiment d’appartenance puisé dans l’hier. Vieux château, casino mauresque, arcades, églises, pont Colbert… À Dieppe, le centre ancien est classé en zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager qui deviendra bientôt Aire de valorisation du patrimoine… C’est dire si la cité Ango – ou Duquesne, choisissez votre héros du passé – ne manque pas de ces lieux emblématiques qu’elle rénove à juste titre. La carte postale est belle et nous aimons la partager. Osons pourtant blasphémer et dire qu’on aime aussi qu’à la ville ancienne se mêle une ville nouvelle. Que la conservation légitime ne veut pas dire le conservatisme. Que leVal Druel, l’hôtel de ville et désormais le bâtiment duTonkin font aussi partie de notre patrimoine. Et que l’histoire ne se résume pas aux vieilles pierres et aux chroniques des grands de ce monde, mais aussi aux mentalités, aux rapports sociaux et politiques. Des racines et des ailes qu’ils disent. Des racines pour savoir d’où l’on vient et des ailes pour prendre de la hauteur et… un peu de liberté  ! AB
  • 32. 32
  • 33. 33 Les faits du logis PERSPECTIVES LOGEMENT ET PATRIMOINE Le logement, c’est la clé de l’équilibre d’une ville. Entre constructions et réhabilitations, quartiers anciens et modernes, individuel et collectif, habitat social et maisons bourgeoises, Dieppe ne manque ni de diversité, ni de projets. Poussez la porte… P our habiter une ville, il faut d’abord trouver à s’y loger. Dans quelles conditions? À quel prix ? Répondre à ces questions, c’est esquisser une politique du logement. Il ne suffit pas de chanter sur l’air de « Quand le bâtiment va, tout va » une ode à la construction tous azimuts. Pour faire du logement, il faut avoir une vue d’ensemble, une ambition pour ses habitants actuels et futurs, des partis pris économiques et, in fine, politiques. À Dieppe, la question a été débattue et tranchée. Le logement, c’est d’abord un droit pour tous, non une simple marchandise. Pas question de laisser la bride sur le cou au marché de l’immeuble de standing défiscalisé. Mais pas question non plus de louper les opportunités quand elles se présentent, à condition qu’elles entrent dans le cadre d’aménagement volontariste de la Ville. Les grandes orientations ont été fixées en 2012, dans le Projet d’aménagement et de développement durable (PADD) qui formalise les grandes orientations du Plan local d’urbanisme. La boussole indique clairement les orientations : « enrayer la perte de population et renouer avec la croissance démographique, mettre en adéquation le niveau de logements, d’équipements et d’emplois et favoriser la mixité sociale ».
  • 34. 34 Pour y parvenir, la Ville met à profit les terrains disponibles dont elle s’assure la maîtrise. Elle travaille à la densification du tissu urbain. C’est le cas sur Dieppe- Sud, avec 38 hectares disponibles, dont une bonne partie de friches à reconquérir et à transformer. Une occasion unique d’étendre le rayonnement du centre-ville historique, de renforcer les liens ville- port et de configurer une nouvelle entrée de ville. Le projet, souvent présenté sous son angle économique, est également un important programme de logements. Les promoteurs Gidec et Wilhelm & Co visent la construction de 500 logements. Une résidence étudiante est également dans les tuyaux, en lien avec le Crous pour répondre aux besoins des près de 600 étudiants post- bac qui suivent des formations à Dieppe. LA RÉNOVATION URBAINE CHANGE EN PROFONDEUR L’IMAGE ET LE QUOTIDIEN Sur le plateau neuvillais, se présente une des ultimes possibilités d’extension urbaine. Le Val d’Arquet 2 est en cours d’études fin 2016 avec un potentiel de 350 nouveaux logements. Une manière de capitaliser sur la réussite du Val d’Arquet 1. L’écoquartier habité depuis 2015 mêle habitat individuel et collectif, accession et location. Grâce à un important travail d’aménagement des voiries, il offre une jonction désormais totalement transparente entre ce nouveau quartier et l’ancien, construit dans les années 1970, qui a connu une rénovation urbaine d’ampleur. À Neuville-Nord, l’opération a touché le bâti, avec son lot de démolitions et reconstructions, ainsi que les espaces extérieurs et les équipements publics. Elle change en profondeur l’image mais aussi le quotidien de ce quartier populaire qui réussit à maintenir une forte attractivité comme en témoignent son offre de commerces et son marché, ainsi que la forte présence associative, scolaire, municipale et culturelle. Pour s’approprier les enjeux de la rénovation, élus et habitants n’ont pas hésité à bousculer le plan initial prévu par le programme national de rénovation urbaine. Dès 2008, quand certains voyaient dans la démolition du logement social une solution, la nouvelle municipalité d’alors décide de prendre le contre-pied. On ne construit pas de la mixité sur les ruines du logement collectif et encore moins en chassant la population. C’est la philosophie mise en œuvre au Val Druel, autre quartier prioritaire de la politique de la ville, avec les bailleurs Habitat 76 et Sodineuf habitat normand. Ici, pas de démolition, mais une réhabilitation à grande échelle : logements, espaces et équipements publics… « Nous gérons plus de 4 000 logements à Dieppe. Le logement social, ce n’est plus le HLM tel qu’on a pu le connaître par le passé. Aujourd’hui, nous adaptons les loyers aux ressources des gens et travaillons à la mixité sociale et urbaine à l’échelle du voisinage. Nous avons également réalisé de gros efforts en matière de réhabilitation de notre patrimoine avec un objectif de réduction du montant des charges des locataires mais aussi sur l’aspect des constructions. L’architecte Eric Martin nous a poussés à aller plus loin sur le plan architectural en utilisant des matériaux durables notamment avec l’idée que le logement social s’adresse à tous et qu’il ne soit plus considéré comme le logement des pauvres. » HENRY GAGNAIRE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SODINEUF HABITAT NORMAND Élus et habitants n’ont pas hésité à bousculer le programme initial de rénovation urbaine. On ne construit pas de la mixité sur les ruines du logement collectif. hhhhh
  • 35. 35 VILLE POPULAIRE OU VILLE DES CAS SOCIAUX ? On entend déjà les bonnes âmes persifler. Dieppe serait ainsi «la ville des cas sociaux». Outre le mépris de l’affirmation, elle fait fi de réalités. Le caractère populaire de la ville et donc la faiblesse relative des revenus, doit-il condamner des catégories entières à l’exil ? Cette vision sous-tend que la ville devrait appartenir aux riches, la banlieue aux pauvres, le périurbain aux classes moyennes, la campagne aux déclassés… Ou comment fabriquer de la défiance et de l’exclusion. C’est aussi reproduire les clichés sur le logement social en France: 64 % des ménages sont éligibles aux différentes gammes proposées par les organismes HLM. Raison de plus pour continuer à développer l’attractivité de la ville avec un programme de constructions neuves dans lequel le logement social tient toute sa place. Fin 2016, les grues sont à l’œuvre un peu partout : Logiseniors rue Le Guyon à Neuville, maisons de ville rue Jean-Mérault, chantier Quai Sud sur l’avenue du Général de Gaulle qui mixe hôtel, logements en accession et logements sociaux… Des travaux sont conduits dans les 5 résidences pour personnes âgées pour améliorer le confort et anticiper les évolutions démographiques et les besoins de cette classe d’âge toujours plus nombreuse. D’autres projets germent. On citera les 14 logements de la rue Jean-Puech derrière la mairie de Neuville, les 80logements et pharmacie en rez-de-chaussée avec la volonté de créer un nouveau centre de quartier sur le secteur Jean-Jaurès, à Janval, face à la Maison Jacques-Prévert. « Il faut vivre avec son temps, il y a de nouveaux locaux et ça va être bien. Et puis c’était nécessaire et utile, les bâtiments étaient vétustes, y’en avait besoin. Ça va remettre un nouveau regard sur le quartier et le réhabiliter ! » NATHALIE GUÉRAIN, HABITANTE DU VAL DRUEL Le dernier défi du logis dieppois est de taille. Il vise à réhabiliter le centre ancien classé comme secteur sauvegardé, aux habitations imbriquées. Un travail de fourmi que la Ville conduit sans relâche depuis plus de vingt ans, avec l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat. Pas moins de 1 361 logements ont déjà été réhabilités, dont une part non négligeable remise en location. Véritables dispositifs à effet 2 en 1, ces opérations programmées d’amélioration de l’habitat ont contribué à valoriser le patrimoine du centre ancien tout en luttant contre une paupérisation des quartiers historiques. Parmi les réhabilitations les plus emblématiques de ces derniers mois figure celle de la maison Miffant. La plus ancienne demeure de Dieppe a retrouvé les couleurs d’origine de sa façade. Dans le même mouvement, les Arcades de la bourse et de la poissonnerie ont été remises en lumière. Dernier joyau rénové, le collège des Oratoriens, livré en 2016, contribue à la majesté du quai Henri IV, tout comme le fera l’hôtel de charme bientôt construit sur le site de la Tour aux crabes. Reste le patrimoine des églises avec un plan de sauvegarde engagé fin 2016. Elles ne logent personne, mais tout porte à croire qu’elles sont habitées. Et les Dieppois, attachés à leur patrimoine culturel, y tiennent autant qu’à leur logement. Bruno Lafosse Selon certains, la ville devrait appartenir aux riches, la banlieue aux pauvres, le périurbain aux classes moyennes, la campagne aux déclassés. Ou comment fabriquer de la défiance… hhhhh PERSPECTIVES LOGEMENT
  • 36. 36 03 MAISON MIFFANT La Maison Miffant est l’une des seules maisons ayant échappé à l’incendie de 1694. La qualité architecturale de cet immeuble lui a valu d’être inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1927. L’inscription porte sur les façades situées rue d’Écosse uniquement. Une étude complète de la façade a été réalisée par un architecte spécialisé :diagnostic des bois à conserver ou à remplacer et relevé des détails constructifs afin de restituer le dessin de la façade d’origine et ses couleurs. Livrée en 2016, la maison accueille aujourd’hui cinq logements locatifs. COÛT DE L’OPÉRATION 761 974,16 € TTC FINANCEMENT Anah, Département, Ville de Dieppe 02 ANRU NEUVILLE Le projet de rénovation urbaine conduit sur Neuville vise au désenclavement du quartier avec l’ouverture au nord et au sud, un réaménagement de la trame viaire, qui intègre l’extension de ce quartier vers le Val d’Arquet. Il comprend un large programme de réaménagement des voiries sur Neuville nord et d’espaces publics: place Henri-Dunant, parc paysager, résidentialisation, création d’un équipement petite enfance… Le projet de démolition-reconstruction de 192 logements a permis la reconstitution d’une offre nouvelle en accession et en location plus diversifiée sur site et hors site, en lien avec l’écoquartier du Val d’Arquet et le projet du Clos des embruns. COÛT DE L’OPÉRATION 63 977 954 € TTC FINANCEMENT Anru, DDU, Ville de Dieppe,Département, Région, Sodineuf Habitat Normand, Caisse des dépôts et Consignations, Communauté d’agglomération 01 ANRU VAL DRUEL L’opération de rénovation urbaine du Val Druel a conduit à transformer le quartier en prenant appui sur deux leviers principaux : un programme d’équipements publics et une utilisation repensée de l’espace public. La rénovation s’est traduite par de nouveaux équipements avec démolition-reconstruction d’une maison de quartier, construction d’un équipement complémentaire, Le Triangle, et du centre sportif Oscar-Niemeyer. Les espaces publics ont été repensés avec la résidentialisation des immeubles, la création d’une nouvelle place Camille-Claudel et l’aménagement d’un chemin des écoliers, une voie de desserte du quartier, la route du Vallon, totalement réaménagée et de nouvelles aires de jeu. COÛT DE L’OPÉRATION 10 646 753 € TTC FINANCEMENT  Anru, DDU, Ville de Dieppe, Département, Région, habitat 76, Sodineuf Habitat Normand, Caisse des dépôts et Consignations, Communauté d’agglomération 02
  • 37. 37PERSPECTIVES FICHES PROJETS 04 ÉGLISES SAINT-JACQUES ET SAINT-RÉMY Les deux églises de Dieppe classées au titre des Monuments historiques nécessitent un plan de sauvegarde avec des travaux de première urgence. Il s’agit de travaux de maçonnerie/pierre de taille pour l’église Saint-Jacques et pour l’église Saint-Rémy de travaux de maçonnerie/pierre de taille, de couverture et dépose de vitraux. COÛT TOTAL DE L’OPÉRATION 839775 € TTC FINANCEMENT Drac, Département, Ville de Dieppe MAÎTRISE D’ŒUVRE Groupement Lympia Architecture, Fournigault Coefficient, Bestrema, Les Ateliers Verre Jade 05 COLLÈGE DES ORATORIENS Le Collège des Oratoriens est constitué d’un ensemble de bâtiments reconstruit au XVIIIe  siècle à l’emplacement de la maison de Jehan Ango et dont la volumétrie a été modifiée jusqu’au XXe  siècle. Il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1990. Les travaux prescrits par l’architecte des Bâtiments de France ont débuté en 2014. Ils ont consisté principalement en la restitution des façades, consolidation des structures, reconstitution des planchers et la réhabilitation complète des parties privatives (logements). 9 logements locatifs ont été mis à disposition courant 2016. COÛT DE L’OPÉRATION 1095806,10 € TTC FINANCEMENT Histoire et Patrimoine, Département, Anah, Ville de Dieppe 04 05 06 PROJET JEAN-JAURÈS Sur la friche d’un ancien garage automobile, Habitat 76 élabore un projet de construction d’environ 80 logements plus un local pour une pharmacie. Ce projet s’insère dans le cadre d’une réflexion municipale sur la création d’un cœur de quartier de Janval, avec des espaces publics repensés et apaisés à la jonction d’un groupe scolaire, d’une maison de quartier/mairie annexe et d’un équipement sportif. Sur Janval, ce projet s’ajoute à l’opération conduite par Habitat 76 rue de Dijon. Le projet, en cours de réalisation, se compose de 2 bâtiments d’habitations collectives à R+3, totalisant 46 logements.
  • 39. 39PERSPECTIVES FICHES PROJETS 08 RÉSIDENCE MARIE- THÉRÈSE FAINSTEIN Sur le site de l’ancienne école Fénelon emblématique dans le quartier du Pollet, la résidence Marie-Thérèse Fainstein a été conçue comme un programme de construction et de réhabilitation. Réalisée par le bailleur Habitat 76, elle a été inaugurée le 13 novembre 2015. L’ensemble regroupe 2 immeubles réhabilités et 1 immeuble neuf (27 logements locatifs sociaux et 1 cabinet médical en rez-de-chaussée). COÛT DE L’OPÉRATION 4 923 875 € TTC FINANCEMENT Habitat 76, État, Caisse des dépôts, Département, Dieppe-Maritime, Crédit foncier, Ville de Dieppe 07 L’ÉCOQUARTIER DU VAL D’ARQUET L’écoquartier est le fruit d’un partenariat engagé entre Sodineuf habitat normand, la Ville de Dieppe et l’Ademe. Il est conçu comme un quartier économe en matière de consommation d’espace, avec une diversité des types d’habitat proposée permettant la mixité sociale. La volonté était également d’orienter les logements au sud/sud ouest, de donner la priorité aux déplacements « doux » piétons et cyclistes, et de faciliter une bonne appropriation de ce quartier par les habitants. Au total, le Val d’Arquet comprend environ 230 logements (50 lots libres de constructeurs, 21 logements locatifs réservés à ErDF, 7 logements individuels en accession sociale et 153 logements locatifs sociaux individuels et collectifs). 09 RÉSIDENCES POUR PERSONNES ÂGÉES L’ensemble des résidences pour personnes âgées fait l’objet d’un important programme de travaux d’amélioration du confort et de l’accessibilité: pose d’ascenseurs, aménagement de salles de bains, isolation thermique…  Les travaux les plus spectaculaires sont conduits à la résidence Marcel- Paul du Pollet, permettant ainsi de requalifier la place sur laquelle elle donne. D’autres travaux seront engagés sur la RPA Victor-Hugo. Dans le même mouvement, la Ville participe à la reconstruction de l’Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, du Château-Michel ainsi qu’à la diversification de l’offre avec la création d’un Logiseniors de 24 logements à Neuville, sur l’ancienne emprise de la rue Le Guyon. 09
  • 40.
  • 41. 41 14 803 1 550 192 507 78,5% 8,9% 18  929 1 361 de résidences principales de résidences secondaires LOGEMENTS LOGEMENTS RÉHABILITÉS MÉNAGES LOGEMENTS RÉSIDENTIALISÉS AU VAL DRUEL ET À NEUVILLE- LÈS-DIEPPE LOGEMENTS DÉMOLIS ET RECONSTRUITS SUR LE SECTEUR DE NEUVILLE- LÈS-DIEPPE LOGEMENTS CONCERNÉS PAR L’AMÉLIORATION DES ASCENSEURS DIEPPE logement PHARES ET BALISES 36,5% dans le cadre des opérations programmées d’amélioration de l’habitat de ménages sont propriétaires de leur logement Sources : Insee,Ville de Dieppe
  • 42. 42
  • 43. 43 Dieppe est une ville populaire. Qu’est-ce que le mot signifie pour vous? Prenez Nice. C’est une ville populaire qui se protège de la mer et invente la promenade des Anglais. C’est tout de suite moins populaire. Dieppe, c’est une ville qui n’est pas hostile aux autres, dont les pauvres. Je ne parle pas de mixité, c’est un machin convenu, que tout le monde réclame. Je préfère le mélange, le métissage. La « bonne ville » est évidemment mixte, elle comprend tout le monde. Une ville trop spécifiée pour certaines catégories, par exemple pour les riches ou les congés payés c’est stupide. Ça donne Deauville. Mais je ne vois pas pourquoi Dieppe ne se prendrait pas pour Deauville, dans l’imaginaire ! Elle peut le faire tout en restant accueillante pour tous. Comment avez-vous découvert Dieppe? C’est une rencontre de hasard ! Je suis venu en vacances à Dieppe plusieurs fois l’été dernier. J’ai trouvé cette ville absolument formidable. Je m’y suis baladé avec mes enfants et mes petits-enfants, j’ai trouvé qu’elle dégageait une atmosphère incroyable. J’ai vu l’intérieur de la ville, extrêmement beau, riche d’une histoire accumulée. J’ai découvert une ville remplie de fantômes, d’hôtes de passages. Ça m’a plu qu’Oscar Wilde soit passé par là ! J’ai adoré le rapport entre le port et la ville, la mise en scène de la mer, qui est un peu touristique, et les ports. En revanche, je ne suis pas fasciné par le front de mer, bien que le site soit très, très beau. Mais il y a des éléments qui me mettent en colère, dans l’architecture de certains bâtiments.Tout comme je peste contre la taille ridicule de vos arbres, sur le quai Duquesne ou sur l’avenue Gambetta. Il faut les laisser pousser ! Une ville, ce n’est pas moyen, c’est une exception, une singularité «  Monsieur le maire. J’ai découvert votre ville cet été et j’en suis tombé amoureux. Pourrions-nous nous y promener ensemble afin que je vous fasse part de quelques évidences   ». C’est en ces termes que Roland Castro, architecte et urbaniste de renom international, concepteur du projet Banlieues 89 en 1981 et du Grand-Paris dans les années 2010 a écrit au maire de Dieppe, en septembre dernier. Quelques semaines plus tard, rendez-vous était pris pour un échange direct et savoureux sur la ville, les politiques de logement et de rénovation. PANORAMA URBANISME Propos recueillis par Bruno Lafosse
  • 44. 44 Comment? À Paris par exemple, je pense qu’il faudrait mettre les ministères en banlieue. J’aurais voulu que la grande bibliothèque (François-Mitterrand) s’installe là où est le Stade de France, et que l’Opéra de la Bastille soit construit au confluent de la Seine et de la Marne. Il faut mettre dans les endroits qui sont les plus fragiles les équipements les plus importants. À Nancy, on a construit la cinémathèque dans l’un des quartiers les plus difficiles. Ça a donné aux habitants de toute la ville des raisons d’aller dans ce quartier. Vous vous définissez comme un utopiste… Un utopiste concret ! Quand en 1936 l’Assemblée nationale issue du Front populaire a adopté les congés payés, ce qui était un séisme mental, elle l’a fait à l’unanimité. C’est un fait méconnu qui montre la capacité d’une utopie à s’imposer à tous. C’est ça une utopie concrète. C’est quand tout le monde est pour. C’est pareil pour le programme du Conseil national de la Résistance, avec la Sécu, le vote des femmes ou la nuit du 4 août 1789 avec l’abolition des privilèges votée à l’unanimité. C’est ça une utopie concrète, c’est quand une idée devient hégémonique et que tout le monde y adhère. On peut nous traiter de doux rêveurs, mais les grandes choses sont le fait des doux rêveurs. Sur le plan urbain, l’utopie concrète s’est réalisée dans le travail fait autour des cités- jardins dans les années 1930. Un travail aujourd’hui reconnu unanimement sur du logement urbain pour le plus grand nombre de qualités. C’est beaucoup mieux que ce que l’on a fait plus tard ! La ville moyenne c’est un concept qui a du sens? Une ville ce n’est pas moyen ou pas moyen. C’est une exception, une singularité. Or Dieppe est une ville singulière par son rapport entre le grand large et l’intérieur de la ville. Une ville ouverte sur la plage d’un côté, le port et le travail de l’autre. Ce n’est pas une ville moyenne enclavée et sinistre, dans laquelle seule existe la préfecture. C’est une ville active. Et puis c’est un port, ça change tout. Vous avez été critique sur les politiques de rénovation urbaine… Je suis contre la démolition comme pensée. Je suis pour le remodelage. Je pense qu’au lieu de démolir, il faut avoir pour projet de transformer l’existant, quitte à l’embellir, ce que j’ai réussi à faire par endroits. Je pense que la politique de rénovation urbaine démolit beaucoup, bêtement, et n’est pas assez ambitieuse. Pour réussir une politique de rénovation urbaine, il faut apporter une attractivité qui dépasse le simple cadre du quartier, qui donne aux autres des raisons de s’y rendre. Au lieu de démolir, il faut transformer l’existant 1 | Aubervilliers; place du Front populaire: habiter le Ciel est une tour, un village vertical. C’est l’invention d’un nouveau mode de vivre ensemble. Le sol monte avec les étages de la tour et façonne tous les 4 niveaux de grands jardins suspendus. Il est aujourd’hui en chantier à Aubervilliers. 2 | Paris XXe ; rue de Bagnolet : en créant un escalier parisien dans l’axe de la rue Daval nous avons réussi à construire un morceau de ville, de l’habitat , la plus grande médiathèque de Paris et un hôtel Mama Shelter. 1 2
  • 45. 45 La maison, ce n’est pas seulement un machin technique 3 | Vigneux-Big Babel: projet lauréat pour la réhabilitation et la transformation de la Tour 27 dans le quartier de la Croix Blanche à Vigneux-sur-Seine. 3 PANORAMA URBANISME Quels projets portez vous qui relèvent de l’utopie concrète? J’ai une vision de la ville qui est celle de l’égalité urbaine absolue : la fin du rapport banlieue-périphérie, les endroits les plus moches peuvent devenir les plus beaux. Ce que j’ai fait, parfois. J’ai transformé un quartier à Lorient, qui était le plus horrible et est devenu une carte postale ! Nous ne sommes plus habitués à l’idée qu’il y a du rêve possible et « fabricable ». On est accablé par des postures de renoncement. La ville ne s’est-elle pas figée dans ses quartiers, pour riches ou pour pauvres? C’est vrai, mais on peut faire des choses. En ce moment, je travaille sur un projet de tour avec des jardins suspendus. Ça ne va pas être que pour les riches. Il n’y a pas de fatalité. On parle de plus en plus de produit au lieu du logement…  Je n’emploie pas le mot de logement, je parle d’habitat. Habiter, ce n’est pas loger. On avait ce mot d’ordre en mai 68 ! La différence, c’est qu’habiter c’est pouvoir s’approprier, se sentir accueilli, reconnu dans sa dignité. Pour ça, il faut de la qualité  : que le hall d’entrée ne soit pas un trou à rats, que la maison, même dans un cadre collectif et locatif, ne soit pas un « machin » uniquement technique, qu’il y ait des pièces en plus pour ranger… Que cela donne un sentiment de fierté aux gens. Nous avons réalisé des logements sociaux à Boulogne-sur-Mer, avec des grands volumes, des logements de type atelier d’artiste. Au début, les gens n’arrivaient pas imaginer que c’était pour eux, dans un quartier où il y avait trois générations de chômeurs. Nous sommes retournés, pour Noël. Nous étions en larmes quand nous avons vu comment les gens avaient décoré les halls, les appartements… Ils se sont approprié leur « chez eux ». Plus t’es pauvre, plus il faut que ce soit beau. Vous liez le citoyen et le citadin… Dans les grandes villes, les gens se sentent citoyens et citadins.Toutes les enquêtes montrent que plus c’est moche, moins on vote. Quand tu prends la carte du vote Front national, tu as la carte de la merde urbaine. Il y a un rapport entre le sentiment d’appartenance à son quartier quand il est de bonne tenue et quand on est isolé dans son pavillon, au troisième cercle de la périphérie d’une grande ville.
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  • 47. 4747MOT À MOT Durable Le difficile, délicat et subtil art de durer… Ce fut longtemps l’affaire des grands de ce monde, des monarques ensoleillés aux sombres potentats. Et l’éternel défi des amants, pourtant condamnés par la fuite inexorable du temps. L’enjeu de faire exister, toujours, ce qui par nature se dérobe… “Avec le temps va, tout s’en va”, chantait le vieux Léo. Être durable c’est inscrire son parcours dans un temps long, tout en prenant en compte le présent et en anticipant l’avenir. Dans un monde où rien ne dure, c’est à la fois le projet immodeste de laisser sa trace dans l’existence –  voire dans l’histoire ! – et la nécessité de dépasser notre propre fin pour penser à l’avenir, à celui des autres, des générations futures. Cela suppose d’agir pour ici et maintenant mais aussi pour demain. En donnant à ceux qui vont nous succéder de quoi continuer à vivre et à inventer leur présent et leur futur. Après moi, ce n’est pas obligatoirement le déluge ! Le durable, c’est comprendre que nous n’emporterons rien au paradis ou en enfer — ou si peu et en tout cas pas de bien matériel. Ce qui est sûr en revanche, c’est ce que nous laisserons ici-bas : nos bouteilles plastiques sur l’estran, nos déchets nucléaires plus ou moins enfouis, nos gaz à effet de serre, nos pesticides, nos réserves d’énergies fossiles à vide, nos eaux polluées. Que de bonnes raisons de penser durable et de répondre à l’invitation d’Edgar Morin «d’habiter poétiquement la terre». Mais brisons-là, durer ne veut pas dire s’éterniser. AB
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  • 49. 49 PERSPECTIVES NATURE EN VILLE La vraie nature de Dieppe Même si elle semble avoir été chassée par l’urbanisation, la nature n’a jamais totalement disparu de nos cités. Elle tente aujourd’hui de reprendre ses droits, pour peu qu’on accepte de lui faire une place et de changer de regard. C ontrairement aux idées reçues, la ville n’est pas qu’une succession de rubans de bitume et de cubes de béton. Elle est aussi constituée d’espaces naturels, poumons verts et petits coins de nature qui fleurissent et qu’il faut préserver ou aménager. Ils sont parfois invisibles à nos yeux, mais ils ont résisté tant bien que mal au mouvement d’urbanisation. Certains ont même été créés par elle à l’image du front de mer au XIXe ou, plus près du nous, du parc François-Mitterrand sur les remblais du bassin Bérigny. Si la ville n’a pas toujours su réserver à la nature la place qu’elle mérite, elle peut s’avérer plus accueillante qu’on ne le croit à la biodiversité. Les abeilles se portent mieux au pied des immeubles que dans certains champs gavés de produits phytosanitaires. Les ruches de Dieppe en apportent
  • 50. 50 l’illustration et leur miel régale les écoliers comme les nouveaux habitants auxquels il est offert. Les arbres s’y épanouissent et offrent en retour de nombreuses vertus sanitaires en réduisant la pollution de l’air et en apportant de la fraîcheur dans les rues. «Les arbres ne peuvent pas, et ne doivent pas, se substituer à d’autres stratégies d’assainissement atmosphérique, mais ils sont un puissant moyen de purifier et refroidir l’air, qui peut y être associé», estime l’organisation non gouvernementale américaine Nature Conservancy citée dans Le Monde du 3novembre 2016. L’opposition ville-nature relève de plus en plus d’un combat du passé. En se densifiant, comme sur Dieppe Sud, la ville préserve aux alentours des terres agricoles devenues précieuses. Elle peut même offrir à la nature des espaces nouveaux de conquête ou de reconquête: friches où les plantes vont au bout de leur cycle naturel, potagers et carrés potagers, comme les Incroyables comestibles, bois comme celui de Rosendal, chemins, coteaux de Neuville… D’ailleurs les habitants ne s’y trompent pas. Ils se sont mobilisés pour obtenir la réouverture du parc paysager de Neuville, totalement réaménagé dans le cadre de la politique de rénovation urbaine. Livraison est attendue au printemps 2017, avec un savant dosage entre les usages: cascade bucolique, promenade, espace de jeux pour enfants, chapiteau de cirque permanent… Ils sont également de la partie pour repenser le front de mer et sont consultés pour valoriser les 17 hectares du bois de Rosendal, avec des cheminements repensés, des points de vue depuis ce vallon et la préservation d’arbres remarquables tels que des séquoias, des hêtres, des pins et autres marronniers d’Inde. CONNAÎTRE LES MILIEUX NATURELS TERRESTRES ET AQUATIQUES Pour valoriser son patrimoine, laVille a décidé en 2016 d’identifier ses trames verte et bleue. Autrement dit de connaître plus précisément ses milieux naturels, terrestres (trame verte) et aquatiques (trame bleue). Le Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Normandie est chargé de mener les études et d’identifier les continuités entre ces espaces, mais aussi de mettre à jour leur richesse et les éventuelles espèces à préserver. Le travail est scientifique, il a aussi une portée pédagogique puisqu’il permettra à la population de mieux connaître ces réservoirs de nature en ville et d’en profiter chaque fois que c’est possible sans remettre en cause les fragiles équilibres. Ce souci passe également par une nouvelle gestion des espaces verts. L’interdiction des produits phytosanitaires oblige à repenser la place de la végétation et même le statut de nos «mauvaises herbes». « Nous avions comme enjeu la mise en valeur du parking de l’hôtel de ville dans sa fonction de parvis et son insertion dans le projet urbain: un lieu de vie, où il se passe des choses importantes dans la vie des familles et des citoyens. Le parti pris c’est de sortir de la plante annuelle ou bisannuelle, du fleurissement classique, connu des villes pour apporter plutôt une image de nature, de mouvement, d’espace vivant où des plantes qu’on appelle des vagabondes peuvent se ressemer et sont appelées à coloniser les espaces libres. » YANNICK FERRY, PAYSAGISTE, URBANISTE, ATELIER LIGNE L’opposition ville- nature relève de plus en plus d’un combat du passé. La ville offre même à la nature des espaces de conquête ou de reconquête : friches, potagers partagés, bois, chemins… hhhhh
  • 51. 51 Les jardins se font moins rigoristes, les herbes folles retrouvent droit de cité, jusqu’aux orties! L’économie de ressources nécessite également de réfléchir autrement les politiques de plantation et de fleurissement. Ce n’est plus la quantité qui fait la beauté, mais la qualité, y compris le respect d’un certain caractère naturel et sauvage. CHÈVRES ET MOUTONS: MÊME LES TONDEUSES SE FONT ÉCOLOS  Le tout nouveau parvis de l’hôtel de ville en fournit un bel exemple, avec ses fleurs vivaces, ses plantes couvre sol qui limitent les efforts de désherbage. L’objectif est de permettre à ces espaces de vivre en autonomie et en liberté, avec le moins d’intervention possible. Ailleurs, c’est en fonction des usages et des caractéristiques de chaque espace que l’on va mettre en œuvre une gestion différenciée. Entre le parc d’ornement, la pelouse de foot et le bois ou la friche, la fréquence des entretiens va être adaptée. « Je suis arrivée à Neuville il y a vingt-deux ans. Mes petits-enfants étaient tout bébés. Je les ai emmenés au parc paysager et je me suis dit, « quelle tristesse », il n’y avait rien, c’était sale. Il fallait faire quelque chose et prendre conscience qu’on avait un bijou. Ce parc, c’est un poumon extraordinaire. On y respire. Il y a de la flore. Cela rend vraiment rêveur de s’y rendre aujourd’hui. » FRANÇOISE GODARD, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION DES AMYS DU PARC  Même les tondeuses se font écolos: l’écopâturage a pris ses quartiers sur le port, à la résidence Lemeunier et aux abords du château. Les moutons et les chèvres entretiennent les espaces moins accessibles et régulent la présence de plantes invasives comme la renouée du Japon. Et pourquoi pas, demain, les pelouses de la plage ? Toutefois la main de l’homme ne reste pas suspendue au-dessus de la terre. Comme elle l’a toujours fait, elle continue de cultiver et modeler les jardins partagés dans tous les quartiers. Les derniers nés sont situés, ce n’est pas un hasard, dans les quartiers populaires duVal Druel et au Pollet, où ce sont des demandeurs d’asile qui travaillent la terre pour se nourrir et partager leur culture. Avec la conviction que nos espaces naturels produisent plus que du vert. Du potager au GR 21 tout juste réhabilité, en passant par les pelouses du front de mer qui accueillent le Festival international du cerf-volant ou la fête foraine, ils cultivent également du vivre ensemble. Et sèment l’idée qu’il existe bien des chemins pour la nature en ville. Bruno Lafosse PERSPECTIVES NATURE EN VILLE Le statut de nos mauvaises herbes est appelé à changer. Les jardins se font moins rigoristes, les herbes folles retrouvent droit de cité, jusqu’aux orties! hhhhh
  • 53. 53PERSPECTIVES FICHES PROJETS 02 RÉFECTION DU GR 21 Sur le GR 21, le chemin du Camp de César a été rouvert en 2016 en reprenant le tracé du chemin rural initial. Les travaux ont consisté en un débroussaillage puis reprofilage du chemin réalisé en cailloux concassés, avec la réalisation de pas-d’âne en chêne et la mise en place de chicane pour passage sélectif (piétons et vélos). Des travaux complémentaires ont été conduits suite à la découverte de deux bunkers : réalisation de dalles béton au-dessus des bunkers et aménagement du chemin de manière à passer au-dessus des bunkers. COÛT DE L’OPÉRATION 23 952 € TTC FINANCEMENT Ville de Dieppe, Département 01 PARC PAYSAGER DE NEUVILLE Dans le cadre de l’opération de rénovation urbaine, la Ville conduit le réaménagement du parc paysager de Neuville en vue de sa réouverture au public en 2017. Dans un espace désormais ceint de clôtures, les travaux consistent en l’amélioration et l’éclairage des cheminements pour piétons, la création d’une aire de jeux pour enfants et adolescents, la revitalisation de la rivière et de la fontaine ainsi qu’une plateforme pour l’accueil d’un chapiteau permanent dédié à une école de cirque. COÛT DE L’OPÉRATION 3 131 633 € TTC FINANCEMENT Ville de Dieppe, Région, Département, DDU 03 03 BOIS DE ROSENDAL Le bois de Rosendal borde la frange nord du quartier du Val Druel sur une surface de 17 ha. Il est doté d’arbres remarquables tels que des séquoias, des hêtres, des pins et autres marronniers d’Inde. Son réaménagement comporte un double enjeu : la valorisation du patrimoine paysager avec la réfection des cheminements et le désenclavement du quartier grâce à la traversée de nombreux piétons, sportifs et cyclistes avec un accès direct au centre- ville. La maîtrise d’œuvre désignée en novembre 2016 va permettre de mener le projet à bien. COÛT DE L’OPÉRATION environ 600 000 € TTC FINANCEMENT Ville de Dieppe, Anru
  • 55. 55PERSPECTIVES FICHES PROJETS 05 PAVILLON BLEU POUR LES EAUX DE BAIGNADE Pendant cinq années consécutives, les plages de Dieppe et de Puys se sont vues décerner le label Pavillon Bleu qui atteste de la qualité des eaux de baignade et des services proposés sur les plages. Côté qualité des eaux de baignade, l’effort est volontariste : contrôles réguliers entre la mi-juin et la mi-septembre, information du public. En parallèle, la propreté et l’hygiène sur le front de mer sont assurées par des agents municipaux et par le service littoral de l’Estran, ainsi que par la mise en place du tri sélectif, de douches et de toilettes. L’obtention du Pavillon Bleu dépend également de l’accessibilité de la plage avec un service d’accompagnement à la mer pour les personnes à mobilité réduite. FINANCEMENT Ville de Dieppe 04 TRAMES VERTE ET BLEUE La Ville de Dieppe et le Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Normandie se sont associés pour identifier et valoriser la trame verte et bleue sur le territoire communal. La trame verte concerne la partie terrestre. Elle est constituée de réservoirs de biodiversité reliés entre eux par des corridors écologiques. La trame bleue concerne les masses d’eau. Elle s’étend jusqu’à la laisse de basse mer et dans les estuaires, à la limite transversale de la mer. La convention permettra de lancer un travail d’identification de ces zones en vue d’intégrer ces préoccupations dans le plan local d’urbanisme en 2017. COÛT DE L’OPÉRATION 14 000 euros TTC FINANCEMENT Ville de Dieppe, Région 06 06 CHEMIN DES FONTAINES Le chemin des fontaines reliant Janval, au Petit-Appeville, sur 1 400 m environ était fermé depuis environ quarante ans, coupé en plusieurs endroits à cause de la végétation et de l’urbanisation. Dans le cadre de son Agenda 21, la Ville de Dieppe a lancé les travaux de débroussaillage et de nettoyage, en lien avec le service Littoral de l’Estran Cité de la mer et le lycée horticole d’Offranvillle. Ouvert en 2013, ce sentier de randonnée permet d’assurer la continuité avec les autres itinéraires pédestres autour de Dieppe. COÛT DE L’OPÉRATION 30 000 euros TTC FINANCEMENT Ville de Dieppe, Département
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  • 57. 57 PERSPECTIVES ATTRACTIVITÉ Force d’attraction Cette ville vous prend dans ses filets. Qu’on éprouve le coup de foudre pour son patrimoine, son front de mer et son port ou qu’on raisonne par réalisme économique, Dieppe ne manque pas d’atouts. C omment enrayer l’érosion des villes côtières normandes? Il ne s’agit pas là du problème de recul des falaises, mais de la démographie fléchissante contre laquelle luttent Dieppe, Le Havre et Fécamp depuis plus de trente ans. Une quadrature du cercle pour les urbanistes, les géographes comme pour les décideurs locaux. Qu’on ne s’y trompe pas. Cette difficulté est celle de l’ensemble des bassins de vie, car à ce petit jeu, le périurbain, en dépit d’un développement considérable basé sur le foncier disponible, ne tire pas son épingle du jeu. Les communes périphériques de Dieppe subissent le phénomène dans une moindre proportion, ce qui au passage invalide la thèse d’une imposition locale repoussoir. Bordeaux, ville aux impôts particulièrement élevés, n’est-elle pas considérée comme la plus attractive de France? Mais déplorer ne suffit pas, il faut d’abord comprendre. Dans une France qui a poursuivi sa croissance démographique et connaît une natalité supérieure à ses voisins, la fracture territoriale est une réalité. D’un côté, des territoires métropolitains qui continuent leur croissance. De l’autre, des villes petites et moyennes qui luttent tant bien que mal pour exister dans une diagonale du vide.
  • 58. 58 ADIEU TRENTE GLORIEUSES INDUSTRIELLES, BONJOUR BUSINESS L’attrait des métropoles se fait sentir. Elles concentrent les centres de décision, d’études, l’offre de soins, les infrastructures, les richesses. En Normandie, la fusion des deux anciennes régions conduit à accentuer la concentration des centres de décision sur les métropoles. Caisse d’allocations familiales, Pôle emploi, Agence régionale de santé, Banque de France, Chambres de commerce et d’industrie… on ne compte plus les fusions de structures et parfois la suppression pure et simple de directions ou de guichets. La fermeture de maternités ou encore d’instituts de formation aux soins infirmiers vient aggraver les effets d’une désertification médicale à hauts risques. La suppression de la ligne directe Dieppe-Paris s’inscrit aussi dans ce mouvement centrifuge qui consiste à renvoyer toujours plus en périphérie des pans entiers du territoire et de ses habitants. Au tournant des années 1980, certains ont imaginé qu’un modèle économique allait s’imposer sur les villes de la côte: l’économie résidentielle. Ce n’est plus l’industrie et la production qui donnent le“la”, mais les services marchands aux personnes. Autrement dit un modèle de développement basé sur le tourisme, les commerces, les services à la personne et le loisir. Adieu trente glorieuses industrielles, bonjour business, il fallait tourner la page et reconvertir à tout vent. Dans le Nord de la France les mines et leurs friches deviennent centres commerciaux voire piste de ski artificielle ! PAS QUESTION D’UN BRONZE-FESSES POUR PARISIENS FATIGUÉS Sur la côte d’Azur, le mouvement effréné de construction de logements, peu soucieux des ressources et du paysage, se poursuit. Au tourisme estivalier, s’ajoute le projet de capter une part de cette population vieillissante à fort pouvoir d’achat qui rêve depuis si longtemps de se faire une place au soleil… Certains ont imaginé ici à Dieppe un tel modèle, louchant vers Deauville et une sociologie qu’ils trouvaient plus valorisante. Mais Dieppe a refusé d’enchaîner les projets de résidence de standing, de réduire la pêche à un folklore de carte postale, d’engager une reconversion de la ville portuaire et industrielle en bronze-fesses pour Parisiens fatigués. Le raccourci illustre la nature des clivages et des choix faits. Dieppe a intégré le tourisme comme une donnée importante de son économie, aménageant dans les années 1990 son port de plaisance et son quai Henri IV, modernisant son front de mer. Le commerce a fait l’objet d’un accompagnement volontariste, en particulier celui du centre-ville et de proximité avec une opération Fisac. Mais du passé industriel, pas question de faire table rase. Dieppe n’a pas perdu de vue l’importance de son appareil productif qui pèse aujourd’hui encore pour près d’un quart dans le PIB local. « Nous réclamions depuis un moment une main-d’œuvre en CDI plutôt qu’intérimaire et nous avons été écoutés. Avec 90 CDI, En 35 ans de carrière chez Alpine, je n’ai jamais assisté à une telle vague d’embauches. » PATRICK CAREL, RESPONSABLE DE L’INTERSYNDICALE D’ALPINE Dans le Nord de la France les mines et leurs friches deviennent centres commerciaux voire piste de ski artificielle ! hhhhh « J’ai 28 ans : bien sûr qu’il y a un avenir dans la pêche. C’est vrai que c’est difficile, que les quotas et la concurrence déloyale sont des obstacles, mais c’est un métier magnifique et je le conseillerais à tous les jeunes qui y croient et que la mer attire. » LOÏC MARGUERIE , PATRON DE PÊCHE
  • 59. 59 La pêche nourrit plusieurs centaines de personnes et est soutenue par une charte de valorisation des produits locaux. Le transmanche s’est stabilisé puis a regagné des trafics fret et voyageurs avec plus de 400 000 passagers annuels, qui sont autant de visiteurs potentiels. Il offre aussi un débouché maritime crucial pour l’économie locale. Dépassée l’industrie? Après avoir résisté, elle se relance avec Alpine et crée même de l’emploi hyperqualifié pour répondre aux besoins de développement de l’entreprise qui vise le premium, comprenez la qualité de haut niveau imposée par les standards allemands. Des grappes d’entreprises Meca-Energies et Dieppe Navals regroupent les opérateurs et se mobilisent pour le maintien et l’ouverture de formations toujours plus qualifiantes pour les ouvriers et techniciens du XXIe siècle. ET DEMAIN? POUR SON AVENIR, LAVILLE MET CAP AU SUD, ASSURÉMENT La défense du service public est une constante, même si elle n’est pas un long fleuve tranquille. Menée dans un contexte de vents contraires, elle a permis de maintenir la présence publique sur le territoire. Un hôpital modernisé, un bâtiment duTonkin qui ancre à Dieppe la présence de Pôle emploi, un tribunal de plein exercice maintenu de haute lutte, une connexion à la fibre optique et une maison des services de l’État qui contrebalance partiellement le désengagement dans le fonctionnement des sous-préfectures… Avec, en tout, des centaines d’emplois à la clé. « Pour mon entreprise, la ligne transmanche est vitale. 50% de mon activité transport est réalisée par l’embarquement de semi-remorques vers l’Angleterre. La troisième rotation est une bonne chose. Elle offre bien plus de facilité et de souplesse. » BRUNO BÉLIARD, CHEF D’ENTREPRISE EURO CHANNEL LOGISTICS Et demain? Pour son avenir, la ville met cap au sud, assurément, avec Dieppe Sud, son quartier en mutation à deux pas du port et du centre-ville. Pas moins de 38 hectares de friches à aménager et à transformer selon une logique façon puzzle. Vision d’ensemble et pragmatisme sont ici combinés pour proposer une extension du centre-ville, avec un programme de 500 logements, l’arrivée de locomotives commerciales, mais aussi des espaces qui peuvent accueillir des activités portuaires comme industrielles. Le tout dans une architecture soignée qui fait écho au bâti existant, notamment aux façades du quai Henri IV. À deux pas, se trouvent la gare, espace à réaménager, la Halle à tabacs, la scène nationale, la médiathèque… et peut- être, allez savoir, cet aquarium avec sa fosse de plongée de 43 mètres, dont le projet se dessine peu à peu.Vivement demain! Bruno Lafosse PERSPECTIVES ATTRACTIVITÉ Dépassée l’industrie? Après avoir résisté, elle se relance avec Alpine et crée même de l’emploi hyperqualifié pour répondre aux besoins de développement de l’entreprise qui vise le premium. hhhhh
  • 60. 60 02 RÉSIDENCE PASTEUR Ce programme de résidence comprend 46 appartements se déclinant du T1 au T5 (avec terrasse pour la plupart) dans une résidence à l’architecture contemporaine, destinée au secteur tertiaire et à l’habitation. L’Avenue Pasteur, dans laquelle est située la résidence, bénéficie d’un emplacement de qualité, proche des gares SNCF et routière et à proximité immédiate du centre-ville, des jardins de l’Hôtel de Ville et du port. La résidence répond aux exigences de la réglementation thermique RT2012. FINANCEMENT SCCV de la Côte d'Albâtre 01 ZAC DIEPPE SUD Sur 38 hectares, la Zac Dieppe Sud, est conçue comme une extension du centre historique, entrée et vitrine de la ville aux fonctions urbaines combinées : commerce, industrie, logement, port, culture… Dans ce cadre, les opérateurs Gidec et Wilhelm & Co proposent de réaliser une offre commerciale sur 17000 m2 , complémentaire de celle de l’hyper-centre, avec des enseignes de renom ainsi que la construction de 500 logements et de 800 places de parking. L’opération sera complétée par des logements étudiants et la réalisation de nouveaux espaces publics. FINANCEMENT Gidec et Wilhelm & Co pour les programmes immobiliers Semad, Ville de Dieppe dans le cadre d’une concession d’aménagement pour les espaces publics MAÎTRISE D’ŒUVRE agence d’architecture Patrick Chavannes 03 AQUARIUM Porté par un opérateur privé, le projet consiste en la création d’un aquarium, musée de la mer et fosse subaquatique de 43 mètres sur un terrain de 11 000 m², dans Dieppe sud. Il est prévu une terrasse avec un restaurant d’un côté et un solarium de l’autre. Ouverture souhaitée pour 2019 avec une fréquentation escomptée de 250000 visiteurs/an. 01
  • 61. 61PERSPECTIVES FICHES PROJETS 04 BÂTIMENT DU TONKIN L’immeuble Le Tonkin, de 6 000 m² de bureaux et espaces commerciaux répartis sur 5 niveaux, a été inauguré le 13 octobre 2015. Cet équipement accueille la CPAM (propriétaire de ses locaux), Pôle emploi, la Caisse d’Épargne et le point d’accueil de la Macif Val de Seine-Picardie. La Semad y a relocalisé également son siège. FINANCEMENT Investisseurs Imfined (Groupe financière Duval) à hauteur de 51 % et à 49 % par la Caisse des Dépôts ARCHITECTE BE Baumschlager Eberle 05 MULTIPLEXE Dans le cadre de sa politique de développement des fonctions de centralité et d’attractivité, la Ville de Dieppe a impulsé le projet de création de cinéma multiplexe de centre-ville, à proximité du pôle gare, Dieppe Sud et de Dieppe scène nationale. Une étude de faisabilité a été validée le 23 septembre 2014. L’étude de programmation a été définie courant 2015 : programmation d’un multiplexe de 8 salles, comprenant environ 1 300 fauteuils. 04 06 ROUTE DE POURVILLE, ÉQUIPEMENTS SPORTIFS La fermeture de la route de Pourville (RD 975) en février 2016 est la conséquence de la fragilisation de la falaise. Cette fermeture a contraint le Département et la Ville de Dieppe à redéfinir un tracé pour 2017. Il implique de réaménager et de relocaliser les équipements sportifs, en lien avec la Région pour les deux lycées. Sur le site, seront aménagés une piste d’athlétisme de 250 mètres, une aire de lancer, une aire de saut et un espace mutable. Hors site, sur le complexe Auguste-Delaune, un terrain de rugby avec vestiaires et tribunes sera implanté par la Ville de Dieppe, ainsi qu’un terrain rénové en synthétique pour un usage rugby-football. COÛT DE L’OPÉRATION 7304000 euros FINANCEMENT Ville de Dieppe, Région, Département,Communauté d’agglomération
  • 63. 63PERSPECTIVES FICHES PROJETS 08 ALPINE Fin 2016, la marque sportive emblématique se relance, à partir de son site historique dieppois. L’entrée en production d’un nouveau modèle début 2017 s’ajoute à l’ouverture d’une chaîne de production de véhicules électriques, en 2014 et à l’intégration du département pièces et compétitions. Pour répondre à ses nouveaux besoins, la firme du groupe Renault réorganise et étend ses locaux. La Ville de Dieppe cède à l’euro symbolique le terrain de l’ancien stade Maurice- Thoumyre à l’agglomération Dieppe- Maritime afin qu’elle puisse le mettre à disposition d’Alpine pour accompagner son développement. VALEUR DU TERRAIN DU STADE 826 630 € 07 FIBRE OPTIQUE Le déploiement de la fibre optique jusqu’aux logements à Dieppe est une réalité en 2016 avec les 1 000 premiers foyers éligibles. L’opérateur Orange déploie la fibre en débutant sur les quartiers jusqu’alors les plus mal desservis en internet haut débit : Caude-Côte, Val Druel, Janval et le Pollet. Les débits de la fibre optique, jusqu’à 30 fois plus rapides que ceux de l’ADSL favorisent l’émergence de nouveaux usages Internet et multimédia à la maison. Fin 2017, environ 40 % des Dieppois auront accès à la fibre et 100 % en 2020. 09 09 QUAI SUD, RÉSIDENCE ET HÔTEL Lancé en 2016, le programme Quai Sud vise à construire soixante-treize logements et un hôtel de soixante deux chambres et 250 m² divisibles de locaux d’activité (bureaux ou activité libérale) sur le site de l’ancien garage Laffillé, entre le boulevard du Général de Gaulle et la rue d’Écosse.Du T2 de 45 m2 au T5 de 140 m2 avec terrasse ou balcon, ces appartements seront pour moitié en accession à la propriété et pour moitié loués par Sodineuf.
  • 64. 1 925 1  250 3 9,7% 3e 21 000 400 000 4 PORTS 16 497 établissements à dieppe passagers transmanche Répartition des emplois EMPLOIS axes de liaison routière relient Dieppe au reste de la France et de l’Europe. ligne SNCF de Normandie avec 1million de voyageur par an Dieppe ville attractive PHARES ET BALISES64 Commerce, transports et services divers : 43,4 % Administration publique, enseignement, santé & action sociale : 42,1 % Secteur industriel : 10,3 % Construction : 3,1 % Agriculture/pêche : 1,1 %. 1 lycée général, 3 lycées professionnels, 4 collèges, 1 centre hospitalier, 1 tribunal de plein exercice, tribunal de commerce, tribunal des prud’hommes, police, port, poste, Chambre de Commerce et d’Industrie, Chambre de Métiers et de l’Artisanat, CPAM, CAF Taux de chômage sur la zone d’emploi emplois: transmanche, commerce, pêche, plaisance foyers équipés fibre optique en 2020 Sources : Insee, SNCF,Ville de Dieppe
  • 67. 67 Trouver des repères, tracer des frontières, partager de l’information, construire des représentations… Les cartes sont nées de ce besoin de donner une image du monde et de l’univers, de le rationaliser, de le mettre à plat. Outils scientifiques, elles permettent aussi d’imprimer sa marque car celui qui cartographie prend un ascendant sur le réel qu’il représente. Pour observer le dessous des cartes, les services culturels municipaux ont imaginé le projet“Ma ville, ma carte, mon territoire”. Ou comment la mise en carte de nos trajets convoque l’imaginaire, provoque l’échange de savoirs, interpelle le vécu de chaque personne à l’échelle de son habitat, sa rue, son quartier… sa ville. Ça tombe bien car Dieppe est une ville de cartographes et de marins. En 1540, elle se dote de sa propre école avec des figures telles que Nicolas Desliens, John Roze ou Pierre Desceliers. Leurs cartes sont des œuvres, à l’imagerie riche et complexe qui se mêle aux connaissances scientifiques de l’époque acquises aussi par la navigation. Du projet Ma ville, ma carte, mon territoire est née une exposition au Musée de Dieppe. Jusqu’en mai 2017, elle propose de découvrir six siècles de représentation de Dieppe et du monde à partir d’objets et cartes d’exception issues des collections municipales. Plans, atlas, portulans, mappemonde ou encore représentations topographiques, ou tout simplement fantaisistes. Le dessous des cartes Carte, plan, ville… Dès que l’homme s’approprie un espace, il lui faut le représenter. Même le ciel ne saurait nous échapper! Avec“Ma ville, ma carte, mon territoire”, Dieppe, ville historique de cartographie, révèle le dessous des cartes. D’autres interventions artistiques ont vu le jour dans le cadre de ce projet. De la carte participative construite par DieppeVille d’art et d’histoire au collectif conduit par l’artiste Drane autour d’une question : « Que modifieriez-vous dans votre ville ? » Les réponses, sérieuses ou fantasques, ont donné lieu à une installation grand format. Le thème a également inspiré Roland Shön, dont nous présentons dans les pages suivantes, l’invitation à la promenade dans Dieppe sur les traces d’une légende oubliée… Bruno Lafosse Exposition au Musée de Dieppe jusqu’au 8 mai 2017 1 | Pierre Desceliers, Grand planisphère portulan, 1546, (reproduction fin XIXe siècle), détail du Labrador et de Terre-Neuve. 2 | Nouvelle description hydrographicque de tout le monde, Jean Guérard (mort vers 1640), Dieppe, 1625, copie sur parchemin par Melle Tissot, 1885, original à la Bibliothèque nationale de France; détail du cartouche du plus ancien plan de Dieppe. 3 | Globe terrestre, William Bardin & Thomas Marriott, Londres, après 1807, dépôt du fonds ancien et local, Médiathèque Jean-Renoir au Musée de Dieppe; détail de l’Asie du sud-est. CHEMINS DE TRAVERSE
  • 68. 68 Avant eux il y avait la paix sur terre Quand pour dix éléphants il n’y avait qu’un militaire Mais ils sont arrivés et c’est à coups de bâtons Que la raison d’État a chassé la raison Car ils ont inventé le fer à empaler Et la chambre à gaz et la chaise électrique Et la bombe au napalm et la bombe atomique Et c’est depuis lors qu’ils sont civilisés Les singes, les singes, les singes de mon quartier. JACQUES BREL, 1961. D e toutes les villes en France qui ont connu la célébrité par un personnage illustre, une page d’histoire, un édifice, une industrie, un festival voire un fruit, un légume, une confiserie, Dieppe est la seule à la devoir à des animaux: la coquille Saint-Jacques, la sole, le hareng (poisson dieppois, poisson de choix, certifiait une ancienne publicité), l’éléphant qui a fourni l’ivoire dont les artisans ont fait leur beurre (selon une expression cauchoise), et le singe, ce grand oublié de l’histoire locale. Le minuscule singe demeure l’ancêtre que l’Homme majuscule hésite encore à inviter lors de ses fêtes de famille. Les singes sont pourtant les héros de l’étonnante odyssée de la Gyromance (du grec gyro, tourner, et de romance, pièce poétique populaire), l’art de conter à un public une histoire en l’illustrant par un déroulé d’images peintes sur un rouleau de toile. Des conteurs dieppois, les estournis, avaient inventé cette étonnante pratique. En faisant intervenir des singes dans leurs spectacles, ils avaient acquis une renommée, rarement accordée à des artistes de rue, qui leur avait permis de sillonner toute l’Europe du XVe à la fin du XVIIe siècle. Cette carte vous mène à la découverte de certaines des rues de Dieppe où passent encore les ombres des héros de cette épopée oubliée. Elle en dit long sur l’incurable vanité de l’homme. ROLAND SHÖN, 2016 POUR UNE PROMENADE DANS DIEPPE SUR LES TRACES D’UNE LEGENDE OUBLIEE Roland Shön a toujours pris un malin plaisir à guider ses visiteurs et spectateurs vers son univers onirique et décalé. Parmi les procédés utilisés, la gyromancie est mise en œuvre depuis son spectacle Ni fini, ni infini en 2008. Cet art singulier du récit consiste à raconter une histoire en déroulant des images peintes sur un rouleau de toile. Dans le cadre du projet “Ma ville, ma carte, mon territoire”, Roland Shön nous invite sur les traces d’une légende oubliée, celle des singes et de leur influence sur la destinée dieppoise. Une visite à suivre, images en main, samedi 6 mai 2017 à 15 heures, guidée par l’artiste lui-même. Renseignements au 0235066279. CHEMINS DE TRAVERSE