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La dépendance se caractérise par des restrictions dans la réali-
sation des activités de la vie quotidienne et sociale. Ces restric-
tions peuvent être causées par des troubles du comportement
et / ou des atteintes physiques. La notion de dépendance est
utilisée pour qualifier la perte d’autonomie liée au grand âge.
Elle se distingue en cela du handicap.
Aujourd’hui, on compte 1,2 million
de bénéficiaires de l’APA (Alloca-
tion personnalisée d’autonomie)1
.
On prévoit une hausse de 35%
de cet effectif d’ici à 2030, et
son doublement d’ici à 20602
.
Une étude de la DREES éva-
lue la dépense des résidents
en établissement, en 2007, à
1 938 € par mois. Avec une aide
publique totale moyenne de
470 € par mois, le reste à charge
1 « Bénéficiaires de l’APA : données
2011 », DREES, mai 2013.
2 Questions d’économie de la santé,
Irdes, juin 2013.
moyen s’élève ainsi à 1 468 €
par mois3
.
Alors que Michèle Delaunay, mi-
nistre déléguée en charge des
Personnes âgées et de l’Autono-
mie, prépare le futur projet de loi
« Autonomie », la question du fi-
nancement du coût de la dépen-
dance n’a pas encore été tran-
chée. Dans ce cadre, les contrats
collectifs d’entreprise proposent
une réponse adaptée au finan-
cement du risque dépendance.
3 « Évaluation du reste à charge en
établissement », Étude DREES de février
2011, et « Synthèse du débat national
sur la dépendance », juin 2011.
Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 2013
COMMENT
COUVRIR LE RISQUE
DÉPENDANCE ?
1
LE RÔLE DES CONTRATS
COLLECTIFS D’ENTREPRISE
La prise en charge de la
dépendance aujourd’hui
Les prestations et services que
se voient proposer les personnes
en situation de dépendance
sont aujourd’hui essentiellement
financés par :
•	 l’assurance maladie, pour les
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en charge des personnes
dans les établissements et ser-
vices médico-sociaux,
•	 des prestations de compen-
sation de la perte d’autono-
mie : l’allocation personnali-
sée d’autonomie (APA),
•	 des aides au logement (aide
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bergement (aide sociale à
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•	 des avantages fiscaux (rédu-
ction d’impôt sur le revenu,
exonération d’impôt sur l’APA,
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ment, réduction d’impôt sur
les emplois à domicile).
Les institutions de
prévoyance : acteurs
reconnus de l’assurance
dépendance
C’est grâce à leur action sociale
que les groupes de protection
sociale ont détecté de manière
précocelesbesoinsenmatièrede
dépendance. Avec son contrat
SAFIR, AG2R LA MONDIALE est le
premier groupe à s’être position-
né sur ce risque en proposant un
contrat individuel.
Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 20132
L’allocation
personnalisée
d’autonomie (APA)
Cette allocation concerne les
personnes âgées de plus de
60 ans, résidant à domicile ou
en établissement. L’APA est une
prestation en nature personna-
lisée, affectée à des dépenses
adaptées aux besoins particu-
liers de chaque allocataire.
Elle est modulée en fonction
du taux de dépendance esti-
mé selon une grille (AGGIR), et
des ressources de la personne
dépendante.
Selon la DREES, le montant
moyen de l’APA à domicile
était de 489 € par mois à fin
décembre 2011.
Le montant moyen de l’APA
en établissement était de 517 €
par mois à fin décembre 2011*.
Le coût de l’APA est assumé
pour l’essentiel par les dépar-
tements qui traitent égale-
ment les demandes d’alloca-
tion et décident du montant
du plan d’aide.
____
* « Enquête sur l’allocation personnalisée
d’autonomie réalisée par la DREES au-
près des conseils généraux. Statistiques
au 4ème trimestre 2011.», DREES, 2012.
Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 2013 3
Se sont également développées
des offres collectives négociées
par les partenaires sociaux dans
le cadre de l’entreprise ou de
la branche professionnelle (bâ-
timent, salariés d’avocats…).
L’OCIRP a pour sa part lancé une
garantie distribuée en marque
blanche par les institutions de
prévoyance adhérentes à cette
union.
Malgré un marché encore peu
développé, la diffusion des ga-
ranties de dépendance collec-
tives proposées par les institu-
tions de prévoyance ne cesse
de s’élargir :
•	 les cotisations ont été multi-
pliées par 5 entre 2002 et 2012
(5,3 millions d’euros en 2002,
27 millions d’euros en 2011)4
,
•	 310 000 salariés sont couverts
au titre de la dépendance
par des contrats collectifs.
Par ailleurs, selon une enquête
du CTIP, 44 % des employeurs et
54 % des salariés se disent favo-
rables à la mise en place d’une
garantie dépendance collec-
tive dans leur entreprise5
.
La garantie dépendance
collective
Les garanties dépendance col-
lectives proposées par les institu-
4 Rapports annuels 2002 et 2012 du CTIP.
5 9ème
Baromètre des institutions de
prévoyance, CTIP/CRÉDOC, juin 2011.
tions de prévoyance prennent
plusieurs formes :
•	 les couvertures viagères : la
garantie proposée au salarié
est maintenue à l’issue de son
départ de l’entreprise, moyen-
nant soit le paiement d’une
cotisation, soit une réduction
de la valeur de la rente versée
en cas de dépendance ;
•	 les couvertures en points dé-
pendance : les cotisations du
salarié lui permettent d’obte-
nir des « points dépendance »,
tout comme il acquiert des
points de retraite. Ces points
seront transformés en rente
viagère mensuelle si l’assuré
se trouve en situation de dé-
pendance. Si le salarié quitte
ensuite l’entreprise ou part à
la retraite, il continue à béné-
ficier de la garantie puisque
les points restent inscrits à son
compte personnel. Il a la pos-
sibilité de poursuivre l’alimen-
tation de son compte à titre
individuel ou dans le cadre
de sa nouvelle entreprise ;
•	 les couvertures annuelles : le
salarié perçoit une rente via-
gère en cas de dépendance
survenue lorsqu’il est salarié
de l’entreprise. La garantie
n’est plus effective lorsqu’il
quitte son entreprise. Cette
couverture temporaire est
de moins en moins utilisée au
profit d’une couverture via-
gère.
Le montant de la rente est fonc-
tion du niveau de dépendance
de l’assuré, déterminé en fonc-
tion de la grille AGGIR ou AVQ6
.
Les institutions peuvent cepen-
dant utiliser d’autres grilles d’éva-
luation en complément, notam-
ment pour évaluer les fonctions
cognitives.
À la rente viagère peuvent éga-
lement s’ajouter des prestations
complémentaires (capital pour
l’aménagement du logement,
accès à une plate-forme de ser-
vices…).
Les contrats collectifs,
une réponse adaptée
au risque dépendance
Les dispositifs mutualisés dans
l’entreprise présentent des avan-
6 La grille AGGIR est utilisée par les
pouvoirs publics pour déterminer le ver-
sement de l’APA. La grille AVQ (acte de
la vie quotidienne) détermine le niveau
de perte d’autonomie en fonction de
sa capacité à réaliser les actes essentiels
de la vie quotidienne (se laver, se vêtir,
s’alimenter, se déplacer, etc.)
tages par rapport à la garan-
tie individuelle. En amenant les
salariés à cotiser très tôt, et en
mutualisant les cotisations sur
l’ensemble des salariés de l’en-
treprise, ils permettent de réduire
considérablement leur effort de
cotisation, et ce d’autant plus
que l’employeur participe au
financement (souvent à hauteur
de 50 %).
Ces dispositifs couvrent l’en-
semble des salariés de la même
manière, quels que soient leur
revenu, ou leur état de santé
puisqu’ils n’imposent pas de
questionnaire médical. De plus,
les contrats collectifs ne pré-
voient pas de délais de ca-
rence, ni de délais de franchise.
Ils offrent également la possibi-
lité aux assurés de couvrir leur
conjoint.
Les garanties dépendance col-
lectives permettent, dans le
cadre de l’entreprise, de sen-
sibiliser les salariés à un risque
« tabou  », souvent sous estimé
par ces derniers, en particulier
les plus jeunes.
L’offre individuelle apporte ce-
pendant une réponse aux per-
sonnes qui ne sont pas couvertes
par l’entreprise, ou aux anciens
salariés après leur départ en
retraite. Il n’y a donc pas d’op-
position entre dispositif collectif
et dispositif individuel, mais une
complémentarité nécessaire
Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 20134
Exemple
Dans le cadre d’un contrat en
points dépendance, un salarié
qui cotise pendant 35 ans, de
40 ans jusqu’à 75 ans, à raison
de 15 € par mois, bénéficierait
d’une rente en cas de surve-
nance du risque d’environ 400
€ par mois.
Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 2013 5
entre les produits collectifs et
les produits individuels, tout au
long de la vie professionnelle du
salarié.
La place du contrat collectif
dans la prise en charge du
risque dépendance
En complément des dispositifs
publics, les contrats collectifs
peuvent apporter une réponse
adaptée à la prise en charge
du risque dépendance grâce
aux mesures suivantes.
Continuité de cotisation
pendant le parcours
professionnel et au-delà
Les contrats collectifs doivent
permettre, grâce au contrat à
adhésion individuelle associé,
de recueillir des cotisations indi-
viduelles du salarié à quelque
période que ce soit :
•	 dans le cadre de l’accord
collectif,
•	 dans le prolongement de
celui-ci après le départ de
l’entreprise,
•	 après le départ à la retraite
du salarié.
Portabilité des droits acquis
dans l’entreprise ou dans
un contrat individuel
La portabilité des droits consti-
tués dans le cadre d’un contrat
collectif de dépendance à
adhésion obligatoire est sou-
haitable pour faciliter le regrou-
pement des garanties acquises
tout au long du parcours profes-
sionnel du salarié.
Cette portabilité pourrait être
permise par l’attribution d’une
valeur de transfert des droits
acquis par le salarié, exprimée
en euros. L’assureur accueillant
cette valeur devra l’affecter à la
constitution immédiate de droits
individuels à rente dépendance,
dans le nouveau contrat, qu’il
soit collectif ou individuel.
Le nouveau contrat d’assurance
dépendance devrait pouvoir
être réalisé dans des condi-
tions « neutres » de marché (par
exemple sans sélection médi-
cale ou avec un chargement à
la sortie du groupe).
Exonérations sociales
et fiscales
Afin d’assurer un taux de cou-
verture important de la popu-
lation, l’assurance collective à
adhésion obligatoire serait plus
efficace si elle était accom-
pagnée d’une exonération fis-
cale et sociale de la cotisation
suffisamment intéressante pour
l’employeur et le salarié, comme
c’est le cas en prévoyance ou
en épargne retraite.
Une incitation fiscale et sociale
spécifique à la dépendance
permettrait d’éviter tout arbi-
trage dans la négociation entre
la garantie dépendance et les
garanties de prévoyance ou de
retraite supplémentaire.
Cette enveloppe d’exoné-
ration pourrait être globale,
incluant toutes les cotisations
versées, tant pour un contrat
collectif que pour un contrat in-
dividuel, à la manière de celle
existant pour la retraite (PERP,
épargne retraite, PERCO).
Au-delà des garanties :
l’action sociale
Au-delà des garanties qu’elles
proposent, les institutions de pré-
voyance interviennent grâce
à l’action sociale auprès des
personnes dépendantes et de
leur entourage  : services à la
personne, aides à l’aménage-
ment du domicile, places en
résidences spécialisées, soutien
psychologique, formation et so-
lutions de répit pour les aidants
familiaux…
Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 20136

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Comment couvrir le risque dépendance ? Le rôle des contrats collectifs d’entreprise

  • 1. La dépendance se caractérise par des restrictions dans la réali- sation des activités de la vie quotidienne et sociale. Ces restric- tions peuvent être causées par des troubles du comportement et / ou des atteintes physiques. La notion de dépendance est utilisée pour qualifier la perte d’autonomie liée au grand âge. Elle se distingue en cela du handicap. Aujourd’hui, on compte 1,2 million de bénéficiaires de l’APA (Alloca- tion personnalisée d’autonomie)1 . On prévoit une hausse de 35% de cet effectif d’ici à 2030, et son doublement d’ici à 20602 . Une étude de la DREES éva- lue la dépense des résidents en établissement, en 2007, à 1 938 € par mois. Avec une aide publique totale moyenne de 470 € par mois, le reste à charge 1 « Bénéficiaires de l’APA : données 2011 », DREES, mai 2013. 2 Questions d’économie de la santé, Irdes, juin 2013. moyen s’élève ainsi à 1 468 € par mois3 . Alors que Michèle Delaunay, mi- nistre déléguée en charge des Personnes âgées et de l’Autono- mie, prépare le futur projet de loi « Autonomie », la question du fi- nancement du coût de la dépen- dance n’a pas encore été tran- chée. Dans ce cadre, les contrats collectifs d’entreprise proposent une réponse adaptée au finan- cement du risque dépendance. 3 « Évaluation du reste à charge en établissement », Étude DREES de février 2011, et « Synthèse du débat national sur la dépendance », juin 2011. Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 2013 COMMENT COUVRIR LE RISQUE DÉPENDANCE ? 1 LE RÔLE DES CONTRATS COLLECTIFS D’ENTREPRISE
  • 2. La prise en charge de la dépendance aujourd’hui Les prestations et services que se voient proposer les personnes en situation de dépendance sont aujourd’hui essentiellement financés par : • l’assurance maladie, pour les prestations de santé, qui joue un rôle essentiel dans la prise en charge des personnes dans les établissements et ser- vices médico-sociaux, • des prestations de compen- sation de la perte d’autono- mie : l’allocation personnali- sée d’autonomie (APA), • des aides au logement (aide personnalisée au logement, allocation de logement à caractère social), et à l’hé- bergement (aide sociale à l’hébergement), • des avantages fiscaux (rédu- ction d’impôt sur le revenu, exonération d’impôt sur l’APA, crédits d’impôt et TVA réduite sur les dépenses d’équipe- ment, réduction d’impôt sur les emplois à domicile). Les institutions de prévoyance : acteurs reconnus de l’assurance dépendance C’est grâce à leur action sociale que les groupes de protection sociale ont détecté de manière précocelesbesoinsenmatièrede dépendance. Avec son contrat SAFIR, AG2R LA MONDIALE est le premier groupe à s’être position- né sur ce risque en proposant un contrat individuel. Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 20132 L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) Cette allocation concerne les personnes âgées de plus de 60 ans, résidant à domicile ou en établissement. L’APA est une prestation en nature personna- lisée, affectée à des dépenses adaptées aux besoins particu- liers de chaque allocataire. Elle est modulée en fonction du taux de dépendance esti- mé selon une grille (AGGIR), et des ressources de la personne dépendante. Selon la DREES, le montant moyen de l’APA à domicile était de 489 € par mois à fin décembre 2011. Le montant moyen de l’APA en établissement était de 517 € par mois à fin décembre 2011*. Le coût de l’APA est assumé pour l’essentiel par les dépar- tements qui traitent égale- ment les demandes d’alloca- tion et décident du montant du plan d’aide. ____ * « Enquête sur l’allocation personnalisée d’autonomie réalisée par la DREES au- près des conseils généraux. Statistiques au 4ème trimestre 2011.», DREES, 2012.
  • 3. Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 2013 3 Se sont également développées des offres collectives négociées par les partenaires sociaux dans le cadre de l’entreprise ou de la branche professionnelle (bâ- timent, salariés d’avocats…). L’OCIRP a pour sa part lancé une garantie distribuée en marque blanche par les institutions de prévoyance adhérentes à cette union. Malgré un marché encore peu développé, la diffusion des ga- ranties de dépendance collec- tives proposées par les institu- tions de prévoyance ne cesse de s’élargir : • les cotisations ont été multi- pliées par 5 entre 2002 et 2012 (5,3 millions d’euros en 2002, 27 millions d’euros en 2011)4 , • 310 000 salariés sont couverts au titre de la dépendance par des contrats collectifs. Par ailleurs, selon une enquête du CTIP, 44 % des employeurs et 54 % des salariés se disent favo- rables à la mise en place d’une garantie dépendance collec- tive dans leur entreprise5 . La garantie dépendance collective Les garanties dépendance col- lectives proposées par les institu- 4 Rapports annuels 2002 et 2012 du CTIP. 5 9ème Baromètre des institutions de prévoyance, CTIP/CRÉDOC, juin 2011. tions de prévoyance prennent plusieurs formes : • les couvertures viagères : la garantie proposée au salarié est maintenue à l’issue de son départ de l’entreprise, moyen- nant soit le paiement d’une cotisation, soit une réduction de la valeur de la rente versée en cas de dépendance ; • les couvertures en points dé- pendance : les cotisations du salarié lui permettent d’obte- nir des « points dépendance », tout comme il acquiert des points de retraite. Ces points seront transformés en rente viagère mensuelle si l’assuré se trouve en situation de dé- pendance. Si le salarié quitte ensuite l’entreprise ou part à la retraite, il continue à béné- ficier de la garantie puisque les points restent inscrits à son compte personnel. Il a la pos- sibilité de poursuivre l’alimen- tation de son compte à titre individuel ou dans le cadre de sa nouvelle entreprise ; • les couvertures annuelles : le salarié perçoit une rente via- gère en cas de dépendance survenue lorsqu’il est salarié de l’entreprise. La garantie n’est plus effective lorsqu’il quitte son entreprise. Cette couverture temporaire est de moins en moins utilisée au profit d’une couverture via- gère.
  • 4. Le montant de la rente est fonc- tion du niveau de dépendance de l’assuré, déterminé en fonc- tion de la grille AGGIR ou AVQ6 . Les institutions peuvent cepen- dant utiliser d’autres grilles d’éva- luation en complément, notam- ment pour évaluer les fonctions cognitives. À la rente viagère peuvent éga- lement s’ajouter des prestations complémentaires (capital pour l’aménagement du logement, accès à une plate-forme de ser- vices…). Les contrats collectifs, une réponse adaptée au risque dépendance Les dispositifs mutualisés dans l’entreprise présentent des avan- 6 La grille AGGIR est utilisée par les pouvoirs publics pour déterminer le ver- sement de l’APA. La grille AVQ (acte de la vie quotidienne) détermine le niveau de perte d’autonomie en fonction de sa capacité à réaliser les actes essentiels de la vie quotidienne (se laver, se vêtir, s’alimenter, se déplacer, etc.) tages par rapport à la garan- tie individuelle. En amenant les salariés à cotiser très tôt, et en mutualisant les cotisations sur l’ensemble des salariés de l’en- treprise, ils permettent de réduire considérablement leur effort de cotisation, et ce d’autant plus que l’employeur participe au financement (souvent à hauteur de 50 %). Ces dispositifs couvrent l’en- semble des salariés de la même manière, quels que soient leur revenu, ou leur état de santé puisqu’ils n’imposent pas de questionnaire médical. De plus, les contrats collectifs ne pré- voient pas de délais de ca- rence, ni de délais de franchise. Ils offrent également la possibi- lité aux assurés de couvrir leur conjoint. Les garanties dépendance col- lectives permettent, dans le cadre de l’entreprise, de sen- sibiliser les salariés à un risque « tabou  », souvent sous estimé par ces derniers, en particulier les plus jeunes. L’offre individuelle apporte ce- pendant une réponse aux per- sonnes qui ne sont pas couvertes par l’entreprise, ou aux anciens salariés après leur départ en retraite. Il n’y a donc pas d’op- position entre dispositif collectif et dispositif individuel, mais une complémentarité nécessaire Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 20134 Exemple Dans le cadre d’un contrat en points dépendance, un salarié qui cotise pendant 35 ans, de 40 ans jusqu’à 75 ans, à raison de 15 € par mois, bénéficierait d’une rente en cas de surve- nance du risque d’environ 400 € par mois.
  • 5. Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 2013 5 entre les produits collectifs et les produits individuels, tout au long de la vie professionnelle du salarié. La place du contrat collectif dans la prise en charge du risque dépendance En complément des dispositifs publics, les contrats collectifs peuvent apporter une réponse adaptée à la prise en charge du risque dépendance grâce aux mesures suivantes. Continuité de cotisation pendant le parcours professionnel et au-delà Les contrats collectifs doivent permettre, grâce au contrat à adhésion individuelle associé, de recueillir des cotisations indi- viduelles du salarié à quelque période que ce soit : • dans le cadre de l’accord collectif, • dans le prolongement de celui-ci après le départ de l’entreprise, • après le départ à la retraite du salarié. Portabilité des droits acquis dans l’entreprise ou dans un contrat individuel La portabilité des droits consti- tués dans le cadre d’un contrat collectif de dépendance à adhésion obligatoire est sou- haitable pour faciliter le regrou- pement des garanties acquises tout au long du parcours profes- sionnel du salarié. Cette portabilité pourrait être permise par l’attribution d’une valeur de transfert des droits acquis par le salarié, exprimée en euros. L’assureur accueillant cette valeur devra l’affecter à la constitution immédiate de droits individuels à rente dépendance, dans le nouveau contrat, qu’il soit collectif ou individuel. Le nouveau contrat d’assurance dépendance devrait pouvoir être réalisé dans des condi- tions « neutres » de marché (par exemple sans sélection médi- cale ou avec un chargement à la sortie du groupe). Exonérations sociales et fiscales Afin d’assurer un taux de cou- verture important de la popu- lation, l’assurance collective à adhésion obligatoire serait plus efficace si elle était accom- pagnée d’une exonération fis- cale et sociale de la cotisation suffisamment intéressante pour l’employeur et le salarié, comme c’est le cas en prévoyance ou en épargne retraite. Une incitation fiscale et sociale spécifique à la dépendance permettrait d’éviter tout arbi- trage dans la négociation entre
  • 6. la garantie dépendance et les garanties de prévoyance ou de retraite supplémentaire. Cette enveloppe d’exoné- ration pourrait être globale, incluant toutes les cotisations versées, tant pour un contrat collectif que pour un contrat in- dividuel, à la manière de celle existant pour la retraite (PERP, épargne retraite, PERCO). Au-delà des garanties : l’action sociale Au-delà des garanties qu’elles proposent, les institutions de pré- voyance interviennent grâce à l’action sociale auprès des personnes dépendantes et de leur entourage  : services à la personne, aides à l’aménage- ment du domicile, places en résidences spécialisées, soutien psychologique, formation et so- lutions de répit pour les aidants familiaux… Comment couvrir le risque dépendance ? - CTIP - 20136